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Les abeilles , des ouvrières agricoles à protéger Sous la direction d’ Axel Decourtye Apiculture AGRI PRO DUC TION Préface Yann Arthus-Bertrand Préface Yann Arthus-Bertrand Les relations complexes entre agriculture et apiculture Les pratiques favorables à la protection des abeilles

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Pourquoi étudier les relations entre les abeilles et l’agriculture ? Car si elles sont complexes, elles sont aussi porteuses d’espoir. Au départ, cela revient à naviguer entre des principes opposés :

d’un côté le « gagnant-gagnant », les plantes cultivées apportant des ressources aux abeilles, qui en retour participent à la production de fruits et de graines par la pollinisation ;

de l’autre le conflit entre une intensification des pratiques agricoles et la protection des abeilles.Il n’est donc pas étonnant que le sujet soit source de vives controverses entre scientifiques et de tensions entre les apiculteurs et les agriculteurs. Pourtant les abeilles devraient être au cœur du défi actuel de l’agriculture, améliorer les bénéfices des processus écologiques pour moins dépendre des produits chimiques.

Ce livre a pour but d’éclairer le débat par un état des lieux des connaissances. Il démontre également que face à l’urgence de changer radicalement de pratiques, des mesures concrètes issues de la concertation entre scientifiques, apiculteurs et agriculteurs, permettent d’enrichir la flore et de réduire les risques d’intoxication des abeilles.

Partie 1 : La pollinisation par les abeilles, identité et valeurs

Partie 2 : Les abeilles et leur service gratuit ou payant

Partie 3 : L’apiculture, un secteur agricole à part entière

Partie 4 : Le gîte et le couvert

Partie 5 : Les risques liés à l’usage des pesticides

Partie 6 : Agir pour protéger les abeilles

Depuis janvier 2014, Axel Decourtye est le directeur scientifique et technique de l’ITSAP-Institut de l’abeille. Les travaux scientifiques d’Axel Decourtye portent sur l’influence des pratiques agricoles sur la santé des abeilles, d’abord lors de sa thèse à l’INRA, puis à l’ACTA depuis 2003. Il est responsable de l’unité Prade (Protection des Abeilles dans l’Environnement) à Avignon, associant l’INRA et des structures de recherche finalisée et de développement (ACTA, ADAPI, ITSAP-Institut de l’abeille, Terres Inovia).

ISBN : 978-2-85557-553-7

Les abeilles, des ouvrières agricoles à protéger

Sous la direction d’ Axel Decourtye

ApicultureAGRIP R OD U CTION

Préface Yann Arthus-BertrandPréface Yann Arthus-Bertrand

AGRIP R OD U CTION

Les relations complexes entre agriculture et apiculture

Les pratiques favorables à la protection des abeilles

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PréfaceMiel, pollen, gelée royale, cire, propolis, les bienfaits de l’abeille et de ses produits sont incroyables. L’abeille, cet être si petit, mais si utile à la production agricole, doit nous sen-sibiliser sur la cohabitation nécessaire de l’Homme avec la nature qui l’entoure.

Comment est-il possible que nous soyons aujourd’hui en pleine sixième extinction de masse de la vie sauvage ? Plus de 30 % des espèces de vertébrés sont en déclin, les insectes volants ont diminué de 76 % en moyenne en près de trente ans en Allemagne et les insectes pol-linisateurs connaissent également un fort déclin : en vingt ans, -50% des espèces de papil-lons dans les prairies d’Europe et jusqu’à -60 % aux Pays-Bas pour les espèces d’abeilles. Les pratiques agricoles intensives, banalisant les paysages et fragilisant les ressources natu-relles, ont un rôle majeur dans ces déclins. Les abeilles subissent un lourd tribut à l’inten-sification de l’agriculture et leur déclin actuel menace les bénéfices de la pollinisation, au premier rang desquels figure notre alimentation.

En 2016, mon ami apiculteur Olivier Fernandez me sensibilise à ses combats pour les abeilles et nous avons fondé « L’ Académie de l’Abeille d’Or® » afin de vulgariser la problématique de l’abeille auprès des décideurs. En France, le taux de mortalité annuel des ruches est passé de 5 % à 35 % en 30 ans. Des chiffres hallucinants, qui se retrouvent dans la produc-tion de miel passée dans le même temps de 33 000 tonnes à quelques 15 000 tonnes.

Face à cette situation, il est de notre devoir à tous d’agir et agir rend heureux !

À Paris, en plein cœur du Bois de Boulogne, avec la Fondation GoodPlanet que je préside, nous avons ouvert le Domaine de Longchamp, un lieu dédié à l’écologie et à l’humanisme, ouvert à tous pour s’émerveiller et apprendre sur notre environnement. À l’intérieur, une place spéciale est bien sur réservée à l’abeille.

Axel Decourtye, scientifique apicole connu et reconnu, nous offre ici un livre riche en docu-mentation sur le lien indissociable des abeilles à l’agriculture. Si les hommes et les abeilles se côtoient depuis des temps immémoriaux – avec une portée symbolique de ces insectes qui a traversé les âges – aujourd’hui l’abeille est l’égérie d’un nouveau défi que doit relever l’agriculture. Nous avons besoin de l’abeille pour notre environnement, cessons de mettre sur le marché des pesticides qui affectent leur santé et la nôtre.

Les apiculteurs et les agriculteurs aidés par les scientifiques peuvent construire, ensemble, un monde meilleur pour tous !

Yann Arthus-Bertrandwww.goodplanet.org

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PrologueL’abeille s’affiche partout. Nous avons probablement autant de chance de croiser cet insecte sur les publicités placardées sur les murs d’une ville, ou sur celles qui remplissent nos maga-zines préférés, que sur les fleurs de notre balcon ou de notre jardin. Le côté éclectique des produits mis en avant dans ces publicités est frappant – tout comme leur éloignement du monde de l’abeille pour certains – qu’il s’agisse d’un vin, d’un parfum, d’une banque ou d’un désodorisant. Le « beewashing » est une déclinaison du « greenwashing » qui a le vent en poupe. Il consiste à orienter le marketing et la communication des entreprises vers la protection des abeilles pour s’assurer un positionnement écologique. Bref, nous sommes tout proches d’une image éculée. Quelles valeurs cet insecte représente-t-il pour être si célèbre ? Quel regard portons-nous sur l’abeille qui justifie cette place privilégiée dans nos représentations ?

Nous avons toujours su nous inspirer de l’abeille pour défendre ou illustrer des valeurs que nous voulions voir appliquées à notre société. Du miel également puisque Claude Lévi-Strauss débute son ouvrage Mythologiques 2 : Du miel aux cendres (1967) ainsi : « Les méta-phores inspirées par le miel comptent parmi les plus anciennes de notre langue et d’autres qui l’ont précédée dans le temps. » Comme le développe le livre de François et Pierre-Henri Tavaillot, L’Abeille (et le) Philosophe : Étonnant voyage dans la ruche des sages, publié en 2015, l’abeille accompagne depuis les temps ancestraux nos représentations. Présente dans les œuvres des naturalistes, philosophes, écrivains et poètes, la voilà dorénavant employée par les supports modernes des communicants. Bon nombre de métaphores font référence à son fonctionnement comme modèle d’organisation politique et sociale. D’illustres pen-seurs, parmi lesquels Aristote, Pline l’Ancien ou Virgile, ont observé l’abeille et sa colonie, vanté les mérites de ces ouvrières laborieuses et idéalisé l’organisation naturelle de la ruche, perçue comme un modèle de structure politique. Quelques siècles plus tard, Shakespeare, par la voix de l’archevêque de Canterbury, dans la pièce Henry V, utilise la métaphore de la colonie d’abeilles pour faire valoir auprès du roi que l’ordre « naturel » pour maintenir la paix au sein du royaume nécessite d’utiliser des ressources extérieures (le butinage) et de guerroyer (les piqûres des ouvrières gardiennes). Le sacrifice de l’ouvrière piquant un intrus – puisqu’elle y laissera la vie – pour sauvegarder l’intégrité de la société flattait alors les valeurs guerrières. Toujours outre-Manche, les fervents défenseurs de la monarchie ne se sont pas privés de démontrer à travers le fonctionnement de l’abeille que la monarchie est une forme d’organisation politique naturelle, stable et la plus aboutie qui soit (comme Charles Butler dans La Monarchie féminine, un traité concernant les abeilles écrit en 1609). À toutes les époques, des monarches ou hommes politiques (Childéric 1er, règne 457-481 ; Louis XII, 1498-1515 ; Napoléon, 1804-1815) se sont appropriés les valeurs représentées par cette infatigable travailleuse, telles le sens de l’organisation, l’obéissance à la royauté ou la combattivité contre les intrus. Ce fut également vrai pour des cités, puisque l’abeille est présente sur le blason de Paris sous le Premier Empire (1811-1814) et reste le symbole de la ville de Manchester (un dessin d’abeille fut porté par des milliers de personnes en sou-tien à la population de Manchester durement touchée par des attentats en 2017). Selon l’évolution des valeurs qui nous sont chères, nous puisons chez cet insecte des caractéris-tiques qui viennent les conforter. On peut en effet supposer que la symbolique cachée

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derrière le titre de « reine des abeilles », affichée de nos jours par la chanteuse Beyonce, n’est pas tout à fait la même que celle défendue par le clergé sous le règne de Pape Urbain VIII (1623-1644) qui voyait en l’abeille un exemple de… virginité.

Le fait que la préservation de l’environnement constitue désormais une attente sociétale forte explique en grande partie que l’abeille ait de nos jours un statut d’égérie. L’abeille rejoint ainsi d’autres insectes, comme la coccinelle et le papillon, également très utilisés comme emblèmes de la nature. Mais l’abeille a cette particularité qu’elle est liée au travail – « l’ouvrière besogneuse et méritante » – et à la coopération – « l’entraide au service de la collectivité ». Des traits qui en font un symbole de choix pour certaines entreprises désireuses d’afficher leur engagement dans le développement durable.

L’abeille, avec un tel capital de sympathie, suscite l’intérêt du plus grand nombre. Le large public entend régulièrement parler des abeilles dans les médias, principalement au sujet de leur déclin, du rôle des pesticides dans ce déclin ou de leur importance dans l’alimen-tation. Ces évocations sont souvent liées à l’agriculture pour souligner soit l’interdépen-dance entre les abeilles et notre alimentation, soit l’impact négatif des pratiques agricoles sur la santé des abeilles. Selon le sujet, des termes, parfois très opposés, évoquent les rela-tions entre les abeilles et l’agriculture : « synergie », « mutualisme », « impact », « toxicité », « conflit »… Les abeilles sont au cœur du double défi auquel l’agriculture doit faire face aujourd’hui : comment produire en protégeant et en s’appuyant sur un service écologique ? Alors que la pollinisation par les insectes est un service générateur de bénéfices pour l’agri-culture (et au-delà), ces insectes sont affectés par certaines pratiques agricoles. L’enjeu agricole actuel consiste à miser sur des services tels que la pollinisation, le contrôle des ravageurs par des régulations naturelles ou la vie biologique des sols pour réinventer un nouveau modèle. Après la révolution qu’a connue l’agriculture dans la seconde moitié du xxe siècle, passant d’un modèle centré sur la force de travail des hommes et des animaux à un autre porté par les intrants et le machinisme, une autre révolution doit être mainte-nant réalisée pour que l’agriculture s’appuie davantage sur les ressources naturelles en tant que moyens de production. Le défi étant de réussir cela sans revenir à l’agriculture de nos ancêtres, mais au contraire en utilisant les technologies modernes et en conservant le même niveau de production.

Nous verrons au fil de ce livre qu’interroger les liens entre les abeilles et l’agriculture, c’est tout d’abord s’entendre sur les valeurs à conserver. Si les bénéfices économiques liés à la pollinisation par les abeilles sont maintenant reconnus largement, il ne faut pas les res-treindre à la production de nos denrées alimentaires, ni même à des intérêts purement monétaires puisque l’apiculture et la richesse de la flore s’inscrivent dans notre patrimoine, notre culture et nos activités récréatives. Souvent, lorsqu’on rappelle le rôle de la pollini-sation, seule l’abeille mellifère, appellée communément l’abeille domestique, c’est-à-dire l’espèce élevée par les apiculteurs, est évoquée. Or les abeilles au sens large forment une sous-catégorie d’hyménoptères appelés « apidés ». Les apidés regroupent pas moins de 20 000 espèces différentes dans le monde, 2 000 en Europe et presque 1 000 en France. Toutes ces espèces, discrètes et méconnues, sont nos alliées, des « ouvrières de l’ombre » permettant aux plantes cultivées ou sauvages de se reproduire.

Nous décrirons la situation des abeilles dans les zones agricoles par des résultats scienti-fiques, sans omettre les sujets de controverse. Les processus expliquant comment les abeilles vivent ou meurent dans nos campagnes sont mieux connus grâce à une recherche scienti-fique très dynamique. La production mondiale de documents traitant de l’apidologie

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(zoologie des abeilles) représente plus de 36 000 publications depuis 1975, et l’effort de publication augmente chaque année (+1 % d’articles par an depuis 2010, soit plus de 40 articles publiés par semaine). L’étude des relations entre les abeilles et l’agriculture concerne 15 à 20 % de ces publications, soit directement (pollinisation des cultures, pra-tiques agricoles), soit indirectement (pollinisation de la flore sauvage, paysages, ressources). Le but de ce livre n’est pas de recenser de façon exhaustive ces connaissances pléthoriques, mais plutôt d’éclairer le lecteur, qui prend part aux débats ou tout simplement qui s’y inté-resse, sur les principaux enseignements issus de la recherche. Aux résultats des travaux en apidologie – qu’il s’agisse d’écologie, d’écotoxicologie, d’agronomie ou de physiologie –, il faut ajouter ceux des études en sciences humaines et sociales qui s’intéressent de plus en plus aux relations entre les acteurs concernés par la question des abeilles en milieu agri-cole. À ce sujet, une simplification lexicale est largement utilisée – elle le sera aussi dans ce livre par commodité – qui distingue « l’apiculture » d’un côté et « l’agriculture » de l’autre. Cette séparation n’est pas strictement exacte puisque sous sa forme professionnelle l’apiculture est une activité agricole, non seulement d’un point de vue fiscal mais égale-ment d’un point de vue historique. Alors que de nos jours il ne viendrait pas à l’idée d’in-sérer des recommandations pratiques sur l’élevage des abeilles domestiques dans un traité d’agronomie, ce fut pourtant le cas pendant des millénaires. D’illustres penseurs, tels que Xénophon (430-455 av. J.-C.), Théophraste (371-287 av. J.-C.), Varron (116-27 av. J.-C.) ou Pline l’Ancien (23-79 ap. J.-C.), développaient dans leurs ouvrages des chapitres ou tomes entiers consacrés à l’apiculture, où ils maniaient avec un savant équilibre sciences natu-relles, recommandations pratiques et thèses philosophiques1. L’interdépendance de l’api-culture et de l’agriculture en fait deux activités « sœurs » de la famille agricole. Mais leur histoire de famille est turbulente, ponctuée de coopérations et de conflits violents sur le rôle des pratiques agricoles dans le déclin des populations d’abeilles.

Finalement, nous proposerons des solutions issues des travaux de recherche et de dévelop-pement qui visent à améliorer la situation des abeilles dans les zones agricoles et ainsi favoriser leur service de pollinisation. Il est une idée reçue qui consiste à considérer l’in-fluence de l’agriculture sur les abeilles de façon uniquement négative. Certes, nous verrons que les scientifiques ont largement documenté le lien entre certaines pratiques agricoles conduisant à un appauvrissement de la flore ou à l’emploi de pesticides toxiques, et le déclin des abeilles. Si ce constat est bien connu, on évoque moins le fait que l’apiculture s’est développée depuis les cinquante dernières années grâce aux plantes cultivées ; que les apiculteurs français ont commencé à pouvoir vivre de leur passion pour les abeilles quand les surfaces semées avec du colza et du tournesol se sont multipliées (facteur 3 en dix ans) ; que les miels issus des plantes cultivées par l’homme représentent les plus grandes quantités produites (au colza, tournesol, il faut ajouter la lavande, la luzerne, le sarrasin… sans parler des plantations de châtaigniers) ; que la pollinisation des plantes cultivées fait l’objet de contrats rémunérés entre le cultivateur et l’apiculteur (environ 2 millions d’euros par an). Ainsi, toutes les pratiques des agriculteurs ne sont pas délétères puisque des solu-tions existent déjà chez eux. Elles reposent sur une diversification des plantes semées, une valorisation des jachères, bandes enherbées ou intercultures, ou sur le non-usage de pes-ticides toxiques ou qui réduisent la flore. En faisant cela, les agriculteurs associent souvent l’enjeu de protection des abeilles à d’autres enjeux, comme le respect du cahier des charges Agriculture Biologique, le bicontrôle des ravageurs, l’amélioration de la fertilisation des sols ou de la qualité des eaux, l’autonomie alimentaire du bétail…

1. Tavaillot et Tavaillot, 2015. Les références bibliographiques sont répertoriées par chapitre en fin d’ouvrage.

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Sommaire

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . III

Prologue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . V

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . IX

Auteurs (par ordre alphabétique) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . XI

PARTIE 1 – LA POLLINISATION PAR LES ABEILLES : IDENTITÉ ET VALEURS . . . . 1

1 Les mécanismes de la pollinisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Bernard Vaissière

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2Les trois principaux modes de pollinisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3Quelle source de pollen ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Les conditions d’une bonne pollinisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6Pollinisation et abeilles : une relation de mieux en mieux comprise, mais une gestion qui demeure complexe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

2 Les abeilles au pluriel . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Orianne Rollin

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10Les atouts des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Un rôle majeur pour les écosystèmes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Tous les goûts sont dans la nature . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15

3 La valeur des services offerts par les pollinisateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Nicola Gallai

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Les valeurs économiques monétaires des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19La valeur d’usage directe de la pollinisation et des pollinisateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 20À quelle échelle géographique doit-on évaluer la valeur des pollinisateurs ? . . . . . . 22La valeur non marchande du service offert par les pollinisateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23

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PARTIE 2 – LES ABEILLES ET LEUR SERVICE GRATUIT OU PAYANT . . . . . . . . . . . . . 27

4 Les abeilles sauvages en milieu agricole . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28Orianne Rollin

Les abeilles dans nos paysages agricoles : le règne des abeilles communes . . . . . . . . 28Les variations saisonnières des espèces . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28Les variations selon le paysage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29L’intensité des pratiques agricoles influence la distribution des abeilles . . . . . . . . . . . 30L’occupation du sol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31L’utilisation de fertilisants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31La protection des plantes cultivées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32Les interventions mécaniques : le labour et la fauche . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

5 Le service de pollinisation sous contrôle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34Cécile Ferrus, Félicie Aulanier, Fabrice Allier, Orianne Rollin

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34Les caractéristiques des prestations de pollinisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36L’importance de la prestation de pollinisation dans les exploitations apicoles . . . . 39Les résultats économiques de l’activité de prestation de pollinisation . . . . . . . . . . . . 45Les besoins et la disponibilité en insectes pollinisateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49Une offre en pollinisateurs toujours plus diversifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52

PARTIE 3 – L’APICULTURE : UN SECTEUR AGRICOLE À PART ENTIÈRE . . . . . . . . . . 55

6 L’évolution des pratiques apicoles et agricoles en zones de grandes cultures : l’exemple du Gers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56Sylvie Guillerme, Eric Maire

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56Jusque dans les années 1950 : un système intégré associant agriculture et apiculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 58Entre les années 1950 et 1980 : mutations paysagères et professionnelles . . . . . . . . . 59Depuis les années 1980 : apiculture et agriculture, des activités dissociées mais interdépendantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 64

7 L’apiculture, une micro-filière au cœur de grandes problématiques . . . . . . . . . . . . . . . 67Paul Fert, Sophie Cluzeau-Moulay

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67En amont de la filière : les apiculteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 67La formation et l’accompagnement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 69Les aides à la filière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 70

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Sommaire

XVII

La recherche scientifique et technique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71L’aval de la filière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72Une succession de plans de développement de l’apiculture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 72Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73

8 L’apiculture professionnelle : aspects technico-économiques des exploitations . . 74Félicie Aulanier, Cécile Ferrus

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 74Les enjeux de production et de commercialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 76Le marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 79La diversité des systèmes apicoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85Le profil des apiculteurs et leurs ressources . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86Les produits apicoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 89La commercialisation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 90L’élevage et la gestion sanitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94Les résultats économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96Les charges des exploitations apicoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97

9 Abel l’apiculteur et Caïn le cultivateur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99Des frères aux relations tumultueuses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100Les lanceurs d’alerte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101Conflit d’usage ou gagnant-gagnant ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103Trop peu d’actions collectives . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 105Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106

PARTIE 4 – « LE GÎTE ET LE COUVERT » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

10 L’alimentation, le meilleur médicament pour les abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110Garance Di Pasquale, Cédric Alaux, Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110L’origine des nutriments des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111L’alimentation détermine l’abeille . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115L’alimentation en zones de grandes cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 118Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 126

11 L’habitat des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128Orianne Rollin

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128

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Les habitats semi-naturels et leur rôle majeur pour les abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128Les répercussions de la perte des habitats semi-naturels . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131Des refuges pour les abeilles mais pas seulement… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133

12 La disponibilité des ressources alimentaires pour l’abeille domestique en zones de grandes cultures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135Fanny Rhoné, Jean-François Odoux

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135Les impacts du contexte paysager sur la dynamique des récoltes de l’abeille domestique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137Une ressource alimentaire inégalement disponible . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139Les stratégies de butinage : une réponse au contexte paysager . . . . . . . . . . . . . . . . . . 142Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147

13 La variété d’une plante cultivée peut-elle influencer l’activité de butinage de l’abeille domestique et sa production de miel ? Le cas du tournesol . . . . . . . . . . 150Nicolas Cerrutti, Fabrice Allier

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 150Génétique et attractivité des cultivars . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151Sécrétion et accessibilité du nectar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 153Signature chimique du tournesol . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 156Des composés naturels mais toxiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 157Autres facteurs variétaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 158Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 159

PARTIE 5 – LES RISQUES LIÉS À L’USAGE DES PESTICIDES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 163

14 Les procédures avant la mise sur le marché des pesticides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164Julie Fourrier, Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 164Tests réglementaires évaluant la toxicité chez l’abeille domestique . . . . . . . . . . . . . . 164Schéma d’évaluation du risque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 167Réglementation française sur l’usage des pesticides  . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 168Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 169

15 Vingt ans d’épopée scientifique pour étudier les effets des faibles doses des néonicotinoïdes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171Une hypothèse posée par les apiculteurs et confirmée par les scientifiques . . . . . . 173

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Sommaire

XIX

Les mécanismes expliquant les effets du thiaméthoxam sur le vol de retour . . . . . 176Les controverses . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 177Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 183

16 La réalité du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185Cyril Vidau, Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185L’intoxication de l’abeille domestique par les pesticides : un problème récurrent . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 185De l’expérimentation à la réalité du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 187Identifier les cas d’intoxication . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 188Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 190

PARTIE 6 – AGIR POUR PROTÉGER LES ABEILLES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193

17 Mieux évaluer le risque lié aux pesticides avant leur mise sur le marché . . . . . . . . 194Julie Fourrier, Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 194Un changement annoncé . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 196Toxicité chronique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 197Test sur les larves . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198Effets comportementaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 198Tests en conditions semi-naturelles et naturelles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199Tests sur d’autres espèces d’abeilles qu’Apis mellifera . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 200Interactions entre pesticides et autres stress . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 202

18 Comment garantir l’absence de butineuses dans les parcelles avant de traiter ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203Axel Decourtye

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 203Facteurs modulant l’activité de butinage . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 204Fréquentation des cultures par les abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 209Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 213

19 La gestion des zones agricoles en faveur des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215Fabrice Allier, Axel Decourtye, Orianne Rollin

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 215Les bordures de champ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 216Les jachères et les bandes enherbées . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 220La conduite des parcelles en production . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 223

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Les cultures intermédiaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 225Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 227

20 Partager des savoirs pour imaginer et concrétiser collectivement des actions locales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229Marine Gourrat

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 229Partager le même constat : une première étape essentielle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 230Mise en situation par un jeu… sérieux ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 232Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 237

21 Les politiques publiques pour la protection des abeilles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Georgios Kleftodimos, Nicola Gallai

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 238Les mécanismes d’incitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 239Les politiques publiques concernant les produits phytosanitaires . . . . . . . . . . . . . . . . 242 « France, terre de pollinisateurs » : le plan national d’actions pour la préservation des abeilles et insectes pollinisateurs sauvages . . . . . . . . . . . . . 243L’adoption de l’enjeu de protection des abeilles chez les agriculteurs et apiculteurs : un exemple en Occitanie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 246Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 248

Épilogue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251Axel Decourtye

La pollinisation comme faire-valoir . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 251La remise en question des pratiques agricoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 252Les freins au changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253La question taboue . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 253Apiculture et agriculture : des valeurs opposées? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 254Que faire ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 255

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 257

Liste des figures et photos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 287

Index . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 291

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IntroductionLe xxe siècle est témoin de la mise en place d’une intense politique de modernisation des exploitations via une industrialisation rapide de l’agriculture et des modes de production. La perspective productiviste engagée dès le xIxe siècle se poursuit et se généralise en France et en Europe dès les années 1960, induisant des bouleversements extrêmement rapides des systèmes agraires et des paysages71. Le processus de modernisation se traduit par une réorganisation complète du parcellaire (remembrement des terres), la mise en place de grands projets régionaux (création de systèmes d’irrigation, assèchement de zones humides, drainage, etc.), et par l’agrandissement des exploitations72. Alors que 80 % d’entre elles comptaient moins de 20 hectares en 1955, aujourd’hui, un tiers des agriculteurs cultivent plus de 80 % de la SAU (surface agricole utile) métropolitaine73. Les pratiques agricoles évoluent de façon concomitante. On voit dès lors apparaître un usage croissant de fertili-sants, de produits phytosanitaires dont des pesticides de synthèse, des herbicides, ainsi que de nouveaux moyens mécaniques motorisés. Le nombre de cultures diminue, les assolements sont simplifiés, les labours se font plus profonds et l’irrigation se développe rapidement notamment pour le maïs74.

71. Barbault et al., 2008.

72. Idem

73. Pointereau et Bisault, 2007

74. Regnault et al., 2012.

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Fanny Rhoné, Jean-François Odoux

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Ces nombreuses transformations se traduisent par une homogénéisation du parcellaire et des paysages agricoles. Les espaces semi-naturels pérennes, dont les prairies permanentes, perdent 6,6 millions d’hectares entre 1960 et 2006, soit 25 % de la SAU métropolitaine75. Cette tendance se poursuit encore aujourd’hui avec un recul de 6,3 % entre 2006 et 201076. Les prairies temporaires qui se caractérisent par un couvert végétal simplifié et homogène sont privilégiées. La luzerne, initialement destinée au fourrage, est massivement remplacée par des tourteaux de soja importés77. Les prairies permanentes et artificielles connaissent alors un net recul, ne représentant plus que 3 % des surfaces prairiales métropolitaines en 200678. Parallèlement, de nombreuses haies sont abattues suite au remembrement. La France perd ainsi plus de 600 000 km de linéaires entre la fin des années 1960 et le début des années 198079. De nombreuses zones humides sont mises en culture favorisant l’essor du maïs qui progresse de 82 % entre 1970 et 200080. Les surfaces en jachères diminuent également passant de 1,4 million d’hectares en 1950 à 492 000 hectares en 2013. À l’inverse, les céréales et oléo-protéagineux connaissent un fort développement, recouvrant plus de 50 % de la SAU en 2010, soit près de 3 millions d’hectares81. Cependant, les cultures pro-téagineuses, intéressantes pour l’apport de pollen et de nectar aux abeilles, restent peu diversifiées (on trouve essentiellement le pois, la fève et le lupin) et peu présentes dans les assolements.

▲▲ Photos 12.1 :▲Gradient▲de▲complexité▲du▲paysage▲agricole

Source : F. Rhoné et L. Gendron

À l’heure actuelle, sept classes de cultures recouvrent plus de 90 % de la sole82 métropo-litaine : le blé tendre, le blé dur, l’orge et le maïs représentent 60 % (dont 17 % pour le maïs), le colza et le tournesol 11 % (deux tiers de colza et un tiers de tournesol) et les prai-ries temporaires 19 %, alors que les autres cultures n’atteignent que 11 %83.

75. Barbault et al., 2008.

76. Pottier et al., 2012.

77. Huyghe, 2007.

78. Agreste, 2010 ; Huygue, 2007.

79. Bazin et Schumtz, 1994.

80. Barbault et al., 2008.

81. Agreste, 2010.

82. La sole cultivée par exploitation correspond à la SAU totale diminuée des surfaces en prairies permanentes et temporaires de plus de cinq ans, en cultures pérennes, pluriannuelles et en gel fixe.

83. Schaller, 2012.

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L’ensemble de ces transformations paysagères se traduit par une importante homogénéi-sation et un net recul des ressources floristiques disponibles tout au long de la saison. Désormais, pour se maintenir, les apiculteurs et les pollinisateurs dépendent de la floraison de quelques cultures de courte durée (en particulier le colza au mois d’avril et le tournesol au mois de juillet)84. En dehors de ces périodes limitées à une cinquantaine de jours sur une saison d’une durée de six mois, les espaces semi-naturels ne suffisent plus à garantir un apport régulier et constant de la ressource alimentaire85. De plus, l’usage de variétés hybrides a parfois transformé le potentiel pollinifère et nectarifère des surfaces cultivées86 (voir chapitre 13) et des traitements phytosanitaires utilisés génèrent des risques impor-tants d’affaiblissement à long terme. Enfin, l’alternance entre périodes d’abondance et de raréfaction de la ressource oblige les butineuses à adapter leur territoire de prospection afin d’assurer la régulation de l’approvisionnement alimentaire87.

En effet, la flore est un élément indispensable au bon fonctionnement et à la survie de la ruche. Le nectar, première source de glucides, garantit la mise en œuvre du processus méta-bolique des ouvrières, et le pollen, première source de protéines et de lipides, est néces-saire à l’élevage du couvain (voir chapitre 10). Les besoins de la colonie évoluent au cours de la saison en fonction de sa dynamique de développement. Ceux-ci sont à leur apogée aux mois de mai et juin lorsque la population atteint son maximum. Pourtant au même moment, les ressources alimentaires disponibles dans l’environnement sont au plus bas… Au vu de ce contexte, il s’avère nécessaire de s’interroger sur la manière dont ces transfor-mations paysagères influencent la disponibilité des ressources alimentaires et les stratégies de butinage tout au long de la saison.

Les impacts du contexte paysager sur la dynamique des récoltes de l’abeille domestiqueLa forte influence des cultures de colza et tournesol sur la collecte de nectar et de pollenLes études montrent qu’en zone de céréaliculture intensive, la collecte de nectar et de pollen par l’abeille domestique suit une distribution bimodale avec un premier pic de récolte des ressources en avril et un second en juillet88.

84. Guillerme et al., 2015.

85. Requier et al., 2015.

86. Ion, 2012.

87. Steffan-Dewenter et Kuhn, 2003 ; Beekman et al., 2004.

88. Requier et al., 2015.

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▲▲ Figures 12.2 :▲a)▲Évolution▲du▲poids▲des▲réserves▲de▲miel▲sur▲la▲zone▲atelier▲Plaine▲et▲Val▲de▲Sèvre▲(▲dispositif▲ECOBEE)▲et▲b)▲Évolution▲de▲la▲récolte▲de▲pollen▲dans▲le▲Gers▲(32).▲Sur▲la▲figure▲b,▲les▲codes▲situés▲en▲haut▲du▲graphique▲correspondent▲à▲différentes▲périodes▲de▲la▲saison,▲à▲savoir,▲P1▲:▲avril,▲P2▲:▲mai▲à▲mi-juin,▲P3▲:▲fin▲juin▲à▲fin▲juillet,▲P4▲:▲août-septembre.

Source : d’après Odoux et al., 2014

Les quantités de nectar récoltées sur le tournesol sont nettement supérieures à celles issues du colza (figure 12.2a). Ce mécanisme s’inverse pour le pollen (figure 12.2b). En pleine période de floraison, ces deux cultures influencent directement la dynamique des récoltes (intensité de l’activité de butinage), la diversité des espèces butinées et, par répercussion, les pratiques apicoles. Bien qu’exploitant largement les ressources présentes en masse, les colonies ont besoin d’une alimentation pollinique diversifiée afin de couvrir leurs besoins nutritionnels89. Sur la zone atelier Plaine et Val de Sèvre (département des Deux-Sèvres), au cours de la période de butinage étudiée (avril à fin septembre), le dispositif ECOBEE a ainsi permis d’identifier 228 espèces – essentiellement sauvages – butinées pour le pollen et 82 pour le nectar90. La diversité floristique maximale y a été observée au mois de mai alors qu’elle n’intervient qu’au mois d’août dans le Sud-Ouest91. Ces résultats soulignent l’étroite dépendance des colonies aux assolements agricoles, et finalement l’extrême instabilité des paysages quant à la disponibilité de la ressource alimentaire.

Les périodes de disette et les conséquences à long termeEntre la floraison du colza et du tournesol, l’activité de butinage est limitée aux espaces semi-naturels (bois, forêts, prairies, bandes enherbées, haies, etc.) et aux adventices des cultures (coquelicot, bleuet, mercuriale, etc.). Au cours de la première période de disette

89. Di Pasquale et al., 2016.

90. Requier et al., 2015.

91. Rhoné, 2017, in prep.

A B

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(mai-juin), le nombre d’espèces en fleurs atteint son apogée92, de même que les quantités de couvain93. Cependant la ressource reste très dispersée en petites unités ou taches et ne permet pas d’importantes récoltes de pollen et de nectar. Cela entraîne une sévère réduc-tion des réserves de miel, une baisse significative des apports de pollen et finalement l’apparition d’une période de disette94. Les apiculteurs se voient alors bien souvent contraints de compenser ce manque par un apport de sirop, voire de pollen. Certains travaux montrent que ce déficit alimentaire dans la colonie se traduit par une réduction de la production de couvain, et à plus long terme par une baisse du nombre d’ouvrières95. En effet, une disette vers le mois de mai accentue la diminution naturelle de la population que l’on observe habituellement à partir de l’été. Les répercussions induites par ce manque de ressources se prolongent à plus long terme, avec une réduction d’effectif et des réserves de miel en début d’hiver. La mauvaise santé des colonies liée au manque de ressources se traduit éga-lement par une pression accrue de l’acarien Varroa destructor ainsi qu’une plus grande sensibilité aux parasites, aux pathogènes et aux pesticides96. Par effet de cascade, la survie de la colonie se voit affectée et les pertes en pleine saison, comme en sortie d’hivernage, augmentent. Ces constats soulignent et renforcent la nécessité d’une bonne connaissance des ressources floristiques disponibles dans le temps et dans l’espace, à proximité de l’emplacement d’un rucher.

Une ressource alimentaire inégalement disponibleL’évaluation du potentiel de production de miel d’un paysageEn plaine de grandes cultures, contrairement à ce qui pourrait être attendu, un grand nombre de plantes présente un intérêt pour l’abeille domestique (pollen, nectar, propolis). À l’INRA du Magneraud, plus de 522 espèces ont été identifiées à partir d’échantillons de pollen prélevés directement sur des colonies au moyen de trappes97. Toutefois, leur intérêt varie en fonction de nombreux paramètres : la morphologie et la position des fleurs, la période et la durée de floraison, la quantité de nectar sécrétée, les caractéristiques du pollen disponible (morphologie des grains – taille et structure de l’exine – composition nutritionnelle en protéines et en lipides), les conditions climatiques, la nature du sol, l’âge et la maturité de la plante, la compétition avec d’autres populations d’insectes, etc.98. En ce qui concerne le nectar, il est possible d’évaluer le potentiel de production de miel théorique des différentes composantes spatiales (cultures, haies, bandes enherbées, etc.).

92. Rhoné et al., 2015a.

93. Odoux et al., 2014.

94. Requier et al., 2015.

95. Requier et al., 2016.

96. Alaux et al., 2010.

97. Apibotanica, INRA, http://apibotanica.inra.fr.

98. Janssen et al., 2006 ; Chauzat, 2005 ; Sommerville, 2001 ; Koltowski, 2004.

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Cet indicateur peut ainsi permettre d’appréhender la dynamique spatio-temporelle des ressources floristiques disponibles à proximité des colonies, d’identifier les zones d’intérêt en période de disette, et par conséquent d’estimer la productivité attendue d’un rucher. Il peut se calculer pour chacun des éléments paysagers (une haie, un bois, un jardin, etc.) et pour un temps donné (journalier, hebdomadaire, mensuel, etc.). Il s’exprime en kilos de miel par hectare99. Pour un élément donné, il s’agit de multiplier le taux de recouvrement par espèce (indice d’abondance-dominance de Braun-Blanquet exprimé en pourcentage) par son potentiel de production de miel. Ce dernier est issu de la littérature scientifique ou obtenu à partir de mesures réalisées sur le terrain. Par la suite, on additionne le poten-tiel par espèce que l’on multiplie in fine par la surface totale de l’élément en question100. Le calcul de ce potentiel implique au préalable un travail d’inventaire botanique.

Une forte variabilité spatio-temporelle des ressources alimentairesEn zone de grandes cultures le potentiel de ressources mellifères disponible varie forte-ment dans l’espace, en fonction de la nature des éléments paysagers et du temps101 (figures 12.3 et 12.4). En pleine période de floraison, les cultures de colza et de tournesol sont net-tement prédominantes dans les apports en nectar chez l’abeille domestique. Au sein de la colonie, cette surabondance estivale de ressources se traduit bien souvent par un arrêt momentané de la ponte dû à un manque de place102. Hormis les espaces boisés en début de saison et les adventices des cultures et prairies durant la floraison du tournesol, la contri-bution des autres composantes paysagères reste très secondaire. Bien que prédominant, le potentiel nectarifère des cultures connaît de très fortes fluctuations passant pour le colza de plus de 500 kg de miel par semaine sur le territoire accessible autour d’un rucher (mi-avril) à moins de 100 kg par semaine (mi-mai) en l’espace de six semaines.

Entre colza et tournesol se produit une période de raréfaction soudaine et massive des ressources disponibles dans l’environnement. Cette raréfaction est étroitement liée aux importantes transformations paysagères et modifications des pratiques agricoles orches-trées au cours du xxe et du xxIe siècle103. Elle se traduit au sein de la colonie par une impor-tante diminution des réserves de miel, le contexte paysager ne pouvant plus garantir un apport continu de nectar (figure 12.2a). Durant cette même période, seules les adventices des cultures semblent présenter un potentiel nectarifère significatif (figure 12.3a). Celui-ci reste toutefois très secondaire en comparaison de l’apport en nectar des cultures de colza et de tournesol.

99. Janssens et al., 2006 ; Rhoné et al., 2015a.

100. Rhoné et al., 2015a.

101. Rhoné et al. (2015a).

102. Fluri et Imdorf, 1989.

103. Davaine, 2012.

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▲▲ Figure 12.3 :▲Potentiel▲nectarifère▲moyen▲d’un▲paysage▲de▲grandes▲cultures▲de▲la▲zone▲atelier▲Plaine▲et▲Val▲de▲Sèvre▲entre▲les▲semaines▲15▲et▲30La▲superficie▲retenue▲correspond▲à▲un▲cercle▲d’un▲rayon▲de▲1743▲m▲à▲partir▲du▲rucher.

Source : d’après Pouliquen, 2016.

Enfin, les prairies, bandes enherbées (bordures de routes, fossés, etc.) et autres types de cultures mellifères (sarrasin, pois, trèfle, etc.) contribuent de façon minime à ce potentiel. Cette tendance s’explique essentiellement du fait de leur faible représentativité dans la zone étudiée (< 1 %).

Plus au sud que les Deux-Sèvres, l’évaluation et la spatialisation de cet indicateur de poten-tiel mellifère pour six structures paysagères de 3,5 km de rayon situées d’est en ouest du département du Gers (paysage de grandes cultures) font également état d’un accès très inégal aux zones ressources. Ces disparités s’observent à plusieurs échelles spatiales et tem-porelles : entre les éléments paysagers d’un même rucher (bois, cultures, haies, etc.), entre différentes périodes de la saison (ici début et fin de saison) ainsi que d’un rucher à l’autre (figure 12.4). L’accès aux zones ressources est toutefois plus homogène dans le temps et dans l’espace au sein de structures paysagères surtout caractérisées par une forte présence de ligneux104 et de prairies temporaires que par de la céréaliculture.

104. Les ligneux désignent ici les bois, bosquets, forêts, haies, ripisylves, arbres isolés (Rhoné, 2015a).

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▲▲ Figure 12.4 :▲Dynamique▲spatio-temporelle▲du▲potentiel▲de▲production▲de▲miel▲de▲deux▲contextes▲paysagers▲de▲3,5▲km▲de▲rayon▲à▲partir▲du▲rucher▲(Taybosc▲et▲Saint▲Pierre-d’Aubeziès),▲dans▲le▲département▲du▲Gers▲(32)▲en▲2011

Source : d’après Rhoné, 2015a

Finalement la mesure du potentiel de production nectarifère de différentes composantes paysagères apparaît comme un indicateur pertinent pour identifier les zones à fort ou faible intérêt alimentaire, pour un temps et un espace défini. Celui-ci s’avère également intéressant pour guider l’implantation de ruchers et la densité de colonies.

Les stratégies de butinage : une réponse au contexte paysagerLe choix des ressources nectarifèresFace à un accès aux ressources alimentaires très irrégulier d’un point de vue spatio- temporel, il apparaît nécessaire de comprendre la façon dont les colonies d’abeilles domestiques adaptent leurs stratégies de butinage.

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La collecte de nectar doit s’effectuer de manière continue de la sortie jusqu’à l’entrée en hivernage, les besoins en énergie étant permanents et les quantités de miel requises pour passer l’hiver importantes. Le choix des aires de butinage dépend de stratégies basées sur la notion de « profitabilité énergétique ». La profitabilité est estimée par les butineuses pour chaque zone ressource – une douzaine par jour – à partir de différents critères tels que la distance au rucher, l’abondance, la qualité (teneur en sucres), l’accessibilité, l’efficience énergétique, les besoins de la colonie, etc.105 L’exploitation des ressources alimentaires est donc sélective.

▲▲ Figure 12.5 :▲Contribution▲des▲différents▲compartiments▲paysagers▲à▲l’apport▲de▲nectar▲dans▲le▲dépar-tement▲du▲Gers

Source : Rhoné, 2015b

Dans le Gers, sur l’ensemble de la saison (avril à fin septembre) et sur les six sites d’étude, en moyenne 88 % des ressources nectarifères butinées proviennent des espaces cultivés et ligneux (figure 12.5a). Colza et tournesol représentent plus de 80 % des réserves de miel issues des cultures, bien qu’elles ne recouvrent pas plus de 19 % de la superficie des sites (figure 12.5). Les ressources issues des plantes ligneuses interviennent en deuxième posi-tion (25 %). Leur contribution connaît d’importantes fluctuations au cours de la saison (figure 12.6). Leur niveau d’attractivité est élevé malgré un faible taux de recouvrement (11 %). Parmi les espèces les plus fréquemment butinées on retrouve de nombreux fruitiers domestiques et sauvages, l’érable, le saule, la ronce, le châtaignier, le cornouiller, etc. Les surfaces prairiales ont un taux d’occupation du sol plus élevé (20 %). Toutefois, les colonies n’y réalisent pas d’importantes récoltes de nectar (10 %). Parmi les espèces les plus buti-nées on retrouve le pissenlit, le lotier corniculé, les trèfles, diverses centaurées, des cruci-fères, de la luzerne, etc. Enfin, en milieu rural, les espaces verts (principalement les jardins) occupent une faible portion de l’espace (5  % dans le Gers), toutefois les ressources

105. Seeley et al., 1991.

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nectarifères qu’ils abritent semblent particulièrement attractives, représentant en moyenne 2 % du butin. Parmi les espèces les plus recherchées on trouve notamment la vigne vierge et autres espèces ornementales.

La spatialisation des éléments paysagers hébergeant les ressources nectarifères butinées106 a permis de définir les contours de l’aire maximale de prospection des colonies dans un rayon de 3,5 km autour du rucher. Pour ce faire, des relevés floristiques ont été conduits sur chacun des sites d’étude situés dans le Gers tout au long de la saison 2011 (mars à fin octobre). Couplés à une cartographie de l’occupation du sol et à une analyse de l’origine floristique des nectars prélevés dans chacune des ruches (analyses mélisso-palynologiques), il a été possible de localiser les aires de butinage privilégiées.

Les résultats soulignent un accès très inégal aux zones ressources (figure 12.6), comme l’a déjà fait ressortir la cartographie du potentiel de production de miel (figure 12.4). Entre le disponible (figure 12.4) et le récolté (figure 12.6), seule une partie du potentiel semble exploitée. Dans notre exemple ci-dessus, au mois d’avril, l’aire maximale de butinage varie

106. Les ressources nectarifères butinées ont été identifiées par la biais d’analyses mélisso-palynologiques, à partir d’échantillons de miel prélevés tous les 15 jours sur les colonies entre les mois d’avril et d’octobre (Rhoné, 2015a).

▲▲ Figure 12.6 :▲Répartition▲spatiale▲des▲aires▲de▲butinage▲hébergeant▲les▲ressources▲nectarifères▲collec-tées▲en▲début▲de▲saison,▲en▲avril▲2012▲en▲contexte▲paysager▲simplifié▲(TA)▲et▲complexe▲(PI)

Source : Rhoné, 2015b

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Pourquoi étudier les relations entre les abeilles et l’agriculture ? Car si elles sont complexes, elles sont aussi porteuses d’espoir. Au départ, cela revient à naviguer entre des principes opposés :

d’un côté le « gagnant-gagnant », les plantes cultivées apportant des ressources aux abeilles, qui en retour participent à la production de fruits et de graines par la pollinisation ;

de l’autre le conflit entre une intensification des pratiques agricoles et la protection des abeilles.Il n’est donc pas étonnant que le sujet soit source de vives controverses entre scientifiques et de tensions entre les apiculteurs et les agriculteurs. Pourtant les abeilles devraient être au cœur du défi actuel de l’agriculture, améliorer les bénéfices des processus écologiques pour moins dépendre des produits chimiques.

Ce livre a pour but d’éclairer le débat par un état des lieux des connaissances. Il démontre également que face à l’urgence de changer radicalement de pratiques, des mesures concrètes issues de la concertation entre scientifiques, apiculteurs et agriculteurs, permettent d’enrichir la flore et de réduire les risques d’intoxication des abeilles.

Partie 1 : La pollinisation par les abeilles, identité et valeurs

Partie 2 : Les abeilles et leur service gratuit ou payant

Partie 3 : L’apiculture, un secteur agricole à part entière

Partie 4 : Le gîte et le couvert

Partie 5 : Les risques liés à l’usage des pesticides

Partie 6 : Agir pour protéger les abeilles

Depuis janvier 2014, Axel Decourtye est le directeur scientifique et technique de l’ITSAP-Institut de l’abeille. Les travaux scientifiques d’Axel Decourtye portent sur l’influence des pratiques agricoles sur la santé des abeilles, d’abord lors de sa thèse à l’INRA, puis à l’ACTA depuis 2003. Il est responsable de l’unité Prade (Protection des Abeilles dans l’Environnement) à Avignon, associant l’INRA et des structures de recherche finalisée et de développement (ACTA, ADAPI, ITSAP-Institut de l’abeille, Terres Inovia).

Les abeilles,des ouvrières agricolesà protéger

Sous la direction d’Axel Decourtye

ApicultureAGRIP R OD U CTION

PréfaceYann Arthus-BertrandPréfaceYann Arthus-Bertrand

AGRIP R OD U CTION

Les relations complexesentre agriculture et apiculture

Les pratiques favorablesà la protection des abeilles

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