LEPH_042_0193

20
SOCRATE, LA MUSIQUE ET LA DANSE. Aristophane, Xénophon, Platon Aldo Brancacci Presses Universitaires de France | Les Études philosophiques 2004/2 - n° 69 pages 193 à 211 ISSN 0014-2166 Article disponible en ligne à l'adresse: -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- http://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2004-2-page-193.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Pour citer cet article : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Brancacci Aldo, « Socrate, la musique et la danse. » Aristophane, Xénophon, Platon, Les Études philosophiques, 2004/2 n° 69, p. 193-211. DOI : 10.3917/leph.042.0193 -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France. © Presses Universitaires de France. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit. 1 / 1 Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. © Presses Universitaires de France Document téléchargé depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. © Presses Universitaires de France

description

SOCRATE, LA MUSIQUE ET LA DANSE.

Transcript of LEPH_042_0193

  • SOCRATE, LA MUSIQUE ET LA DANSE. Aristophane, Xnophon, PlatonAldo Brancacci

    Presses Universitaires de France | Les tudes philosophiques

    2004/2 - n 69pages 193 211

    ISSN 0014-2166

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2004-2-page-193.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Brancacci Aldo, Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon, Les tudes philosophiques, 2004/2 n 69, p. 193-211. DOI : 10.3917/leph.042.0193--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Distribution lectronique Cairn.info pour Presses Universitaires de France. Presses Universitaires de France. Tous droits rservs pour tous pays.

    La reproduction ou reprsentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votretablissement. Toute autre reproduction ou reprsentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manire quece soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur enFrance. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.

    1 / 1

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • SOCRATE, LA MUSIQUE ET LA DANSE.ARISTOPHANE, XNOPHON, PLATON

    I

    Lorsque lon considre le tmoignage dAristophane sur Socrate, et quelon essaie de comprendre les raisons de son importance historique et tho-rique une importance telle quil ne serait point absurde denvisagerlensemble de la littrature socratique comme reprsentant en fin de compteune rponse, directe ou indirecte, au portrait de Socrate quon trouve chez legrand auteur comique , on pense surtout, et presque toujours, aux Nues. Defait, on ne saurait nier limportance intrinsque de ce texte, et encore moinsles chos et les traces de son influence que lon trouve non seulement chezPlaton, mais aussi dans les uvres des autres auteurs socratiques, quelles quesoient les limites de notre connaissance de ces uvres, tant donn leurnature fragmentaire. Mais la faon dont les Grenouilles font rfrence Socrate ne prsente pas moins dimportance ; la comdie comporte mme, certains gards, plus de radicalit, de prcision et de clart dans le jugementquelle porte sur Socrate. Le passage en question se trouve la fin de la pice,o il est formul par le chur, dans neuf vers lallure simple et solennelle la fois1. Le jugement contenu dans ces vers se caractrise la fois par uneremarquable srnit, chez celui qui le formule, et lgard de lunivers devaleurs qui est le sien, et par son caractre dfinitif, en lui-mme et par rap-port au personnage vis. Le jugement en question se trouve la fin de cettecomdie tonnante, reprsente en 405 et dans laquelle Aristophane, partirde la crise du genre tragique, illustre par les deux deuils majeurs qui ontfrapp Athnes lanne prcdente (Euripide et Sophocle sont morts tous lesdeux en 406)2, sattaque nouveau au problme du caractre politique de laculture, cest--dire au thme important et difficile du rapport entre lart et lavie de la cit. Mais lautre enjeu majeur, et non moins inquitant, qui se trouve

    Les tudes philosophiques, no 2/2004

    1. Il sagit de trois lcythiens, suivis de cinq dypodies trochaques et, finalement, dunithyphallique.

    2. Cf. Aristote, Const. dAthnes, 34.

    57S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:23

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • larrire-plan des Grenouilles, est aussi de nature politique. Il sagit en faitdune suite dvnements historiques et politiques auxquels le texte fait rf-rence, ou qui y sont prsupposs de faon transparente. La catabase de Dio-nysos est ainsi justifie a posteriori par une considration de nature la foispolitique et artistique : Dionysos est descendu ici-bas pour chercher unpote , et cela pour que notre cit puisse trouver son salut et maintenir sonthtre 1. Il sagit l dun propos quil convient naturellement de comparer ceux dans lesquels, suivant le rcit de Thucydide, Pricls, au dbut de laguerre du Ploponnse, vante orgueilleusement la supriorit du modle cul-turel athnien2 ; ces propos, pourtant si diffrents, prsentent nanmoins descorrespondances prcises avec ceux dAristophane par le lien quils tablis-sent eux aussi entre lart et la culture dune part, la polis et la vie de la citdautre part. Mais la guerre se dirigeait maintenant vers son issue fatale : le faitque rien ne pouvait plus sauver Athnes avait t paradoxalement illustr parlissue nfaste dune victoire, en octobre 406, peu avant la reprsentation desGrenouilles. Une flotte de guerre, dont larmement avait cot la cit ses der-nires ressources, avait dfait aux Arginuses les Lacdmoniens de Callicrati-ds, mais cela au prix de la perte de vingt-cinq navires, qui avaient coul lorsdune tempte, sans quil ft possible de sauver leurs quipages. Pour cetteraison, dans un accs dconcertant de fureur autodestructrice, les gnrauxvictorieux furent condamns mort. 3 Il faut rappeler ce propos que, selonles tmoignages concordants de Xnophon et de Platon4, ce fut justementSocrate qui sopposa au procs sommaire et illgal des gnraux, voulu parles dmocrates. Mais cet pisode malheureux trouve dans les Grenouilles uncho diffrent, lorsque Dionysos, en se rfrant ldipe dEuripide et auxmsaventures du roi de Thbes, fait le commentaire suivant : Mieux auraitvalu pour lui tre gnral avec rasynids. 5 Par la bouche du dieu tutlairedu thtre en tant quinstitution, la cit demande ses potes une attitude deresponsabilit absolue. Comme laffirme Euripide lui-mme en rponse une question explicite dEschyle, le pote est admir, en raison de son talentet de ses admonitions, et parce que nous rendons meilleurs les citoyens dansleurs cits 6.

    Une telle vision du rle du pote est videmment la raison essentielle dela victoire dEschyle, dans la joute entre Euripide et lui, quarbitre Dionysos.

    194 Aldo Brancacci

    1. Grenouilles, 1418-1419.2. Il suffit de rappeler la fameuse notion de jilokalom@n te g1r metB eteleBaV kaa

    jilosojomen 5neu malakBaV, dans Thucydide II 40, 1 ; mais cf. aussi ibid., I 38, 1.3. Paduano (1996), p. 18. Sur le procs des gnraux vainqueurs aux Arginuses,

    cf. Andrewes (1974).4. Cf. Xnophon, Hellniques I 7, 1-35 ; Mm. I 1, 17-19 et IV 4, 2 ; Platon, Apologie 31 c -

    32 c ; Gorgias 473 d - 474 a. Sur cet pisode de la vie publique de Socrate, cf. Giannantoni(1962). Les tmoignages sur Socrate et les sources anciennes relativement aux auteurs socra-tiques sont cits selon ldition de G. Giannantoni, Socratis et Socraticorum Reliquiae (= SSR),Naples, 1990, 4 vol.

    5. Grenouilles, 1195-1196.6. Ibid., 1009-1010.

    58S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:24

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • Et la victoire dEschyle est son tour relie une attaque porte soudaine-ment contre Socrate, rapide, dfinitive et, pourrait-on dire, libratrice. Touten renouvelant lattaque des Nues, ce passage reprsente aussi une innova-tion pleine de gnie :

    [1] Il est beau de ne pas rester, avec Socrate, assis bavarder (lalebn), en mpri-sant la musique (3poalpnta mousikPn) et en ngligeant totalement les fondementsde lart tragique (t0 te m@gista paralippnta tRV tragdikRV t@cnhV) : sattarderdans loisivet de discours rsonnants et de bavardages subtils, cela est le trait dunhomme insens (tq dB Cpa semnobsin lpgoisi kaa skarijhsmobsi lPrwn diatriQn3rgqn poebsai parajronontoV 3ndrpV)1.

    Socrate fut proche dEuripide2 qui, disait-on, prouvait pour lui uneimmense admiration3. Et cest la paire compose dEuripide et de Socrate, leur rationalisme, remplaant le monde du mythe par le logos et la dialec-tique, que Nietzsche fera remonter, la suite dAristophane4, la responsabi-lit de la dgnrescence et de la destruction de la tragdie. En particulier,Socrate apparatra Nietzsche comme lexpression ultime de lesprit anti-dionysiaque hostile lesprit de la musique ; il ne saurait donc exister quunrapport dantinomie entre le socratisme et lart5. Mais Aristophane lui-mme, dans cette comdie o il voque pour la dernire fois Socrate, pr-

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 195

    1. Ibid., 1491-1499 (= SSR I A 7). Sur ces vers, et sur les problmes quils soulvent, ilfaut considrer les points de vue divers de Dbner (1842), p. 692 ; Reinach (1916), p. 201-209 ; Dover (1993), p. 380-381 ; Lapini (1999), p. 345-358. Quelques lignes seulement sontconsacres ces vers par Strauss (1966), p. 261. Il faut remarquer que lallusion polmique la perte de temps reprsente par des conversations insenses, dans les vers 1496-1499, rap-pelle laccusation, adresse par Eschyle Euripide dans les vers 1069-1071, davoir amen lesjeunes gens dserter les gymnases pour user leurs fesses dans le bavardage. Par ailleurslaccusation adresse Socrate de rester oisif (3rgpV) et de perdre son temps dans des conver-sations prtentieuses (Cpa semnobsin lpgoiV) rappelle les charges portes contre lui dans lesNues (316, 334, 363).

    2. Le jugement de Wilamowitz-Moellendorff (1910, p. 24), repris par Radermacher(1967), selon lequel il faudrait nier tout rapport entre Socrate et Euripide, est manifestementbiais, en fonction de la polmique de lauteur contre la thse bien connue de Nietzsche. Lerapport entre Socrate et Euripide, tel que lesquissent les comdies dAristophane, a t tu-di par Gelzer (1956) ; mais on ne saurait partager le jugement de lauteur, selon lequel Euri-pide et Socrate nauraient t que des symboles des usages et des faons de voir quAris-tophane entend combattre. Comme le remarque Arrighetti (1944, p. 43), le rle jou par lesdeux personnages peut correspondre cela, pour une part, mais ne saurait sy rduire.

    3. Cette amiti devait remonter la priode o les deux hommes frquentaient le cerclede Pricls (mme sil parat peu probable que Socrate, qui resta toujours un cimonien ,proche des cercles philo-lacdmoniens et admirateur de la culture de Sparte, ait partag tou-tes les ides et tendances de ce cercle). Sur la prtendue collaboration entre Socrate et Euri-pide, cf. le texte controvers de Diogne Larce, II 18, avec les passages auxquels ce texterenvoie : les fragments 41 et 42 PCH de lauteur comique Thlclide, et le fragment 15 PCGde lauteur comique Callias (ainsi que le fragment 392 PCG dAristophane, appartenant lapremire version des Nues). Pour un examen rapide de la question, cf. Arrighetti (1944),p. 35-44.

    4. Snell (1963, p. 166-189) a retrac linfluence du jugement dAristophane sur Herder,Schlegel et Nietzsche.

    5. Cf. F. Nietzsche, Die Geburt der Tragdie, Unzeitgemsse Betrachtungen I-III, inF. Nietzsche, Smtliche Werke. Kritische Studienausgabe in 15 Bnden, hrsg. v. G. Colli undM. Montinari, Berlin-New York, 1972, Band III 1, 11-14.

    59S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:25

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • sente dj la dialectique et les discussions linguistiques auxquelles se livre lephilosophe comme un attentat contre la mousikP et les principes de la tra-gdie (musique, posie, danse), en laissant entendre que cet attentat, cegenre de philosophie, constituent llment corrosif qui parviendra lesdtruire1. ce propos, on ne peut sempcher de rappeler le jugementabrupt que lon trouve dans la Constitution des Athniens et selon lequel ledRmoV, la dmocratie, a dtruit la mousikP2. Dun point de vue strictementpolitique, cette remarque correspond parfaitement, pro tanto, au jugementdAristophane. Mais chez ce dernier on trouve en outre la mention dunnom, Socrate, et la rfrence une pratique intellectuelle, la dialectique, larrire-plan de laquelle se trouve malgr tout la sophistique, cest--dire endernire analyse la philosophie. Compte tenu du caractre radical du juge-ment port par Aristophane, une question surgit spontanment. Quelle futla raction des Socratiques la condamnation porte contre Socrate dans lesGrenouilles ? Est-il possible que cette condamnation soit tombe dans le vide,toute lattention des philosophes socratiques, y compris Platon, tantretenue par les anciennes accusations formules dans les Nues ? Cestjustement Xnophon mais non pas lui seul, comme on le verra aussi quipeut nous aider rpondre cette question. Il sagit dclairer un rseaudense de relations thoriques et thmatiques entre une srie de textes engnral ngligs, voire ignors, mais qui mritent notre attention, comptetenu de la richesse de leur sens.

    II

    Le Banquet de Xnophon est une uvre sensiblement diffrente desMmorables, par son style, par son caractre et par ses objectifs. Mme silssuivent un plan prcis et quils nont donc pas un caractre rhapsodique3,les Mmorables ne prsentent pourtant ni un ton uniforme ni une unitabsolue. Ils restent essentiellement dfinis par le passage qui, en I 1-2,contient une dfense gnrale de Socrate qui saccorde aussi bien au butapologtique de Xnophon quau contenu philosophique du portrait quilnous donne de Socrate. En revanche, le Banquet prsente un caractre plusvivant, plus proprement littraire, et, par son genre mme, une plus grandelibert et une plus grande facilit dans lexpression. Le portrait de Socrate

    196 Aldo Brancacci

    1. Il ny a aucun doute sur le fait que Socrate et Euripide sont, chez Aristophane, lespenseurs tenus pour tre lorigine de la dcadence de lthique et du sens civique : il fautconsidrer que les v. 1491-1499 suivent immdiatement le passage (1482-1490) o Eschyleest lou en tant quhomme pourvu dintelligence et de sagesse, et qui mrite dtre rendu lavie pour le bien de ses amis et de ses parents.

    2. Pseudo-Xnophon, Constitution des Athniens, I 13 : kaa tQn mousikQn CpithdeAontaVkatal@luken t dRmoV, ktl. Voir, propos de ce passage, les remarques de Lapini 1997,p. 98-103.

    3. Sur la question de lunit et du plan des Mmorables, je renvoie labondante discus-sion de Dorion (2000), p. CLXXXIII-CCXL.

    60S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:26

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • sinsre dans le cadre raliste dun banquet, un texte qui rapporte desconversations entre Socrate et des amis, des relations ou des lves, et quimet en scne leurs rapports. Ce contexte tout comme le caractre trsmobile du rcit permettent Xnophon de faire rfrence des aspects deSocrate peut-tre moins prvisibles, ou moins conditionns par des sch-mas ou des buts prdtermins1.

    Le contenu doctrinal du Banquet est une discussion sur lamour, thmeauquel sont relis celui de la vertu et une srie de digressions sur des sujetscaractristiques de la pratique et, par la suite, de la littrature des banquets.Une place importante appartient, dans ce cadre, aux thmes de la musique etde la danse, et plus gnralement de lart ; Xnophon donne ces thmesune paisseur particulire. On peut le constater ds le dbut de luvre.Lorsque les participants ont fini de manger et ont chant le pan, Xnophondcrit lentre sur la scne dun Syracusain, amenant avec lui une fltiste,une danseuse acrobatique trs habile et un garon trs beau et trs habileau jeu de la cithare et la danse 2. Aprs que la fltiste eut jou de son ins-trument, et le garon de la cithare, Xnophon met dans la bouche deSocrate un commentaire appropri, soulignant la douceur extraordinaire dela musique et la beaut du spectacle3. De mme, on insiste plus loin sur lemoment o, aprs avoir accord sa lyre avec la flte, le garon joue etchante ; tous les auditeurs le louent, tandis que Charmide remarque com-bien la beaut des garons, combine avec celle des sons, parvient apaiserles soucis et faire surgir lamour4. Par la suite, dans le dialogue entre Crito-bule et Socrate, on trouve une allusion aux arts de la peinture et de la sculp-ture, allusion o Srbom a discern une thorie esthtique acheve5. Cestencore Socrate qui affirme, dans un autre contexte, que comme le chantest plus doux lorsquil est accord la flte (sper T dQ TdBwn prqV tqnalpn), de mme les paroles dHermogne seront rendues plus douces par leson, surtout si, en suivant lexemple de la fltiste, il prend soin de les accom-pagner de gestes6. Et cest finalement Socrate lui-mme qui, un momentdonn, invite les participants chanter au lieu de parler, et qui entonne lui-mme une mlodie7. Cette insistance sur la musique et sur la danse nest pasle fruit du hasard, et elle ne reprsente pas seulement un thme naturel dansle cadre dun banquet attique8. Il sagit plutt de signaux littraires renvoyant lattention spcifique que le Socrate de Xnophon prte la musique et la danse. Cette attention sexprime, comme on le verra, travers une srie

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 197

    1. Sur le caractre du Banquet, voir Strauss (1994), p. 9-55.2. Banq. II 1.3. Cf. Ibid., II 2.4. Cf. ibid., III 1.5. Cf. ibid., IV 21-22, et, sur ce passage, cf. Srbom (1966), p. 78-98.6. Banq. VI 4.7. Cf. ibid., VII 1.8. Pour ce qui est des caractristiques du banquet grec, et sur ses diverses formes, je

    renvoie von der Mhll (1983), Rossi (1983), Murray (1990), Vetta (1992).

    61S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:26

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • dinterventions gnrales, de type thorique et assez tendues, et qui simpo-sent lattention, lorsque lon considre la structure du texte.

    Si lon examine attentivement lensemble des rfrences la danse,rparties travers le Banquet, et qui vont des remarques sur les danses excu-tes aux considrations plus gnrales sur la danse comme art, on constateque toutes ces rfrences correspondent en fait un plan prcis et uneprogression. Socrate passe en revue et ordonne hirarchiquement les diver-ses formes de la danse contemporaine, tout en opposant cela sa proprevision normative de la nature et du plaisir esthtique propres lart en lui-mme. Cette vision est fonde sur le principe selon lequel la forme sup-rieure de la danse se fonde sur une reprsentation de traits raffins et agra-bles, aptes au plus haut point susciter en nous des motions.

    Dans le deuxime chapitre du Banquet, nous assistons dabord au spec-tacle offert par la danseuse amene chez Callias par le Syracusain. Ce spec-tacle reprsente une forme dhabilet qui fait lobjet de louanges et dva-luations positives de la part des convives, mais qui selon Socrate se trouveau plus bas niveau de lvaluation esthtique de la danse. Dans la perspec-tive du jeu subtil de correspondances tablies entre la discussion sur lavertu et sur ers dune part, et les lments rels du banquet dautre part,cest la vertu du courage qui dun point de vue philosophique se rapporte la danseuse1. La performance de la danseuse se trouve dcrite, dabord parSocrate, puis travers le discours indirect de Xnophon, dans les termessuivants :

    [2] Je vois en effet la danseuse prte et quelquun qui lui passe les cerceaux. Et lautre dj commenait laccompagner avec la flte, tandis que quelquun, setenant prs de la danseuse, lui passait des cerceaux, douze en tout. Elle les saisissaitet continuait danser, tout en les lanant en lair, en les faisant tournoyer et encalculant quelle hauteur elle devait les lancer pour les reprendre en suivant lamesure (Cn um). [...] On emmena ensuite un cerceau avec, tout autour, deslames dresses. La danseuse sy jetait dessus en sautant (CkuBsta), puis passait travers elles avec un saut prilleux (CxekuBsta), et le spectateur craignait quellene se blesse, alors quelle accomplissait son exercice avec assurance et sansapprhension2.

    Au kuist2n, danse acrobatique, et au aumatopoiebn, danse o la vir-tuosit se combine avec le danger, et, dun point de vue musical, aux formesplus rigides de la danse Cn um ( qui suit la mesure ), Socratesempresse dopposer un modle de danse plus lev, reprsent par lespectacle de lenfant kiarBzonta kaa orcoAmenon. Ds sa prsentationen II 1, ce dernier apparat comme dou de deux comptences, relatives ladanse et la musique. Dans ce genre de danse plus raffine, aucune partiedu corps ne reste immobile ; le corps, les jambes et les bras bougent enmme temps. Il faut remarquer que lenfant, dont la beaut est propre

    198 Aldo Brancacci

    1. Cf. Banq. II 12.2. Ibid., II 7-8 et 11.

    62S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:27

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • mouvoir les spectateurs, correspond dun point de vue philosophique laswjrosAnh. Voici le passage qui le concerne :

    [3] Ce fut aprs le tour de lenfant de danser. Et Socrate commenta : Voyez-vous comment lenfant, aussi beau soit-il, apparat nanmoins encore plus beaudans ces attitudes que lorsquil est immobile ? Et Charmide de rpondre : Ilsemble que tu entendes louer le matre de danse. Sans doute, par Zeus, ditSocrate. Et je me suis aperu dune autre chose aussi, cest--dire du fait que, lors-quil dansait, aucune partie de son corps ne restait immobile, mais le cou, les jambeset les mains bougeaient ensemble : cest ainsi que doit danser celui qui veut accrotrela souplesse de son corps. En fait, Syracusain, je voudrais moi-mme apprendre detoi ces figures (t1 scPmata). Et lautre : quoi te serviront-elles ? Par Zeus, danser1 !

    Mais la forme suprieure de plaisir esthtique est celle qui se manifestelorsque musique et danse sont confondues de faon encore plus intime,quand la danse se droule prqV tqn alpn, au son de la flte ; elle correspondalors une forme libre, dans la mesure o elle est accompagne par unemlodie. Au-del de toute forme de danse objective , o les mouvementssont directement imposs par le rythme et ne permettent pas un degr levde libert expressive, cet autre type de danse peut en revanche, en vertu desa simple correspondance un melos, reprsenter de faon plus complte etacheve des scPmata ; il faut remarquer ce propos que le terme scPmata,sur lequel on reviendra, est dj apparu dans la bouche de Socrate, lorsque,dans le passage prcdent, il dclare quil veut apprendre les figures dontil a t le spectateur. Il faut considrer les mots mmes de Socrate, dans lepassage qui esquisse la troisime forme de danse, celle qui a une naturesuprieure :

    [4] Il se peut, Syracusain, que je sois vraiment quelquun qui pense, comme tu ledis. Maintenant, par exemple, je rflchis la faon dont ce garon et cette fillepourraient sexhiber de la faon la plus facile pour eux, et nous, en mme temps,tirer de leur vue le plaisir le plus intense. Toi-mme aussi, je le sais, tu ne cherchespas autre chose. Or sauter parmi les lames est une exhibition un peu dangereuse etnon adapte un banquet ; crire et lire sur une roue qui tourne peut certes sur-prendre, mais je narrive pas comprendre quel plaisir cela pourrait procurer ; fina-lement, admirer des jeunes gens beaux et en bonne sant, pendant quils plient leurcorps et font la roue, nest pas plus plaisant que de les contempler au repos. [...]Mais si ces jeunes gens dansaient au son de la flte (prqV tqn alpn), en imitant lesattitudes (scPmata) que les peintres attribuent aux Grces, aux Heures et aux Nym-phes, je pense que cela serait beaucoup plus facile pour eux et que le banquet nousserait plus agrable nous-mmes2.

    Au-del dune synthse parfaite entre musique et danse, illustre par laprescription de Socrate de composer des figures de danse (scPmata) au sonde la flte, ce genre de spectacle plus raffin se fonde encore sur la relation

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 199

    1. Ibid., II 15-16.2. Ibid., VII 2-3 et 5.

    63S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:28

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • entre la danse et la peinture : comme un tableau vivant, ce genre de dansesefforce en effet de mettre en mouvement les figures (scPmata) qui per-mettent aux peintres de reprsenter des sujets comme les Grces, les Heu-res, les Nymphes. Or il faut remarquer comment une justification esthtiqueplus prcise de ce type de danse est donne dans un chapitre important desMmorables qui rapporte une conversation entre Socrate et le peintre Parrha-sios, et une autre avec le sculpteur Cleiton, quil faut peut-tre identifier avecPolyclte1. La conversation avec Parrhasios prsente, en particulier, uneintressante thorie de lYoV propre la peinture, thorie quil est mainte-nant ncessaire de rappeler. La conversation commence avec une dfinitionde la peinture comme reprsentation des choses visibles (eckasBa tnsrom@nwn), ralise par le moyen des couleurs et ayant pour objet les corps,et dont la diversit est ramene une srie de qualits contraires : concave-convexe, sombre-lumineux, raide-souple, rugueux-lisse, jeune-vieux. Par lasuite, la notion dimitation, qui a jusque-l un caractre rigoureusementnaturaliste, se trouve largie, puisque son objet ne sidentifie plus auxs:mata, mais aux kal1 eidh. Socrate affirme en effet que leffort du peintrese rvle tre celui de faire apparatre wla t1 s:mata kal0, cest--dire deproduire des images de corps entirement beaux. Et comme il est difficile detrouver un homme qui soit parfait en chacune de ses parties, le peintre devrarunir (sun0gein), partir de plusieurs modles, ce quil y a de plus beau enchacun, pour reprsenter ainsi des modles de beaut 2. Cela est possibleen raison du fait que lartiste possde en son me une image (eedwlon) quilessaie de visualiser, en rendant lobjet reprsent le plus semblable possible(wmoion) cette image (eedwlon). Cette thorie est formule dans un passagedu Banquet concernant lart du peintre et du sculpteur3 ; cela confirmelexistence dun lien entre tous ces passages ayant pour sujet lesthtique.Toujours dans le dialogue avec Parrhasios, Socrate essaie de faire un autrepas en avant, en posant lexigence dlargir le domaine de la mBmhsiV lasphre du caractre moral de lme (tq tRV yucRV YoV). Il demande alorsau peintre sil est possible dimiter le trait qui inspire le plus de confiance(pianptaton), qui est au plus haut point agrable (Wdiston), amical(jilik:taton), dsirable (poeinptaton), aimable (Crasmi:taton). Face ltonnement de Parrhasios, qui demande comment on pourrait imiter cequi na pas de proportion ni de parties ni de couleurs, qui na aucune qualitphysique, et qui nest mme pas visible, Socrate nonce une thorie delYoV du peintre selon laquelle les diverses qualits morales magnanimitet dignit, troitesse desprit et servilit, modration et sagesse, insolence etvulgarit apparaissent (diajaBnein) aussi bien au moyen de lexpression (di1to pros:pou) quau moyen de lattitude (di1 tn schm0twn) des hommes,

    200 Aldo Brancacci

    1. Cf. Mm. III 10, 1-8. Pour une analyse dtaille de ces deux conversations, cf. Bran-cacci (1995) (cf. aussi Brancacci (1997) pour une version lgrement remanie de la mmetude).

    2. Cf. Mm. III 10, 1-2.3. Cf. Banq. IV 21.

    64S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:28

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • que ceux-ci soient immobiles (Cst:twn) ou en mouvement (kinoum@nwn)1.Les figures de la danse ne sont pas immobiles comme celles de la peinture,mais en mouvement : elles en partagent nanmoins le statut esthtique, et lathorie de lthos pictural dveloppe dans les Mmorables fournit une justifi-cation esthtique qui vaut aussi pour la conception de la danse dveloppedans le Banquet. Les figures en question sont par ailleurs dsignes par lemme terme : il ne faut pas oublier que scPmata, terme technique de lapeinture, sapplique aussi la danse, dont les lments constitutifs sont lesdeBxeiV, gestes indicatifs, les joraB, mouvements, les scPmata, figures dedanse2.

    Nous disposons maintenant de lensemble des cls ncessaires linterprtation du grand tableau final du Banquet consacr la danse. Il sagitde la clbre pantomime voque la fin de luvre de Xnophon, et quiaurait t rellement reprsente la fin du banquet qui se droule dans lamaison de Callias. Cette pantomime a t prpare et ralise par le Syracu-sain partir des critres esthtiques formuls par Socrate qui en est donc levrai metteur en scne. Le Syracusain en rsume brivement le thme auxspectateurs : Ariane est sur le point de rentrer dans la chambre nuptiale pr-pare pour Dionysos et pour elle ; survient alors Dionysos, qui stait arrtpour boire avec les dieux ; il rejoindra Ariane et ils feront lamour ensemble3.Voici la description :

    [5] Voici quAriane, habille en pouse, savana et sassit sur le sige. LorsqueDionysos tait encore invisible, la flte entonna le rythme bachique. Et tous admir-rent ici le matre de danse, car, lorsquAriane lentendit, elle fit comprendre chacunquelle lavait entendu avec plaisir : elle le fit comprendre par ses gestes. Elle nalla pas sa rencontre, elle ne se leva mme pas, mais il tait clair quelle avait du mal ne pasbouger. Lorsque Dionysos la vit, il dansa prs delle en homme amoureux, sassit surses genoux et, la prenant entre ses bras, lui donna un baiser. En matrisant sa honte,elle aussi lembrassa son tour avec tendresse. Les spectateurs alors applaudirenttous ensemble et rclamrent un bis . Alors Dionysos fit lever Ariane et, aprs, ilsse montrrent dans lattitude des amants qui se donnent des baisers et des caressesrciproques. En voyant la beaut de Dionysos et la dlicatesse dAriane, et quils sedonnaient rellement des baisers, et non de faon feinte, tous restrent regarder,saisis dune motion violente (3nepterwm@noi). Et ils entendirent Dionysos deman-der la jeune fille si elle laimait, et celle-ci jurer que ctait le cas, de faon telle quenon seulement Dionysos mais tous les spectateurs auraient jur que le garon et lafille saimaient lun lautre. Il semblait quils ne prenaient pas cette attitude parcequils lavaient apprise, mais parce quils voulaient satisfaire un dsir ancien4.

    Socrate aussi est donc capable de faire de la danse, qui est un des fon-dements (3rcaB) de lart tragique, un spectacle de valeur artistique parfaite,

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 201

    1. Cf. Mm. III 10, 3-5.2. Cf. Plutarque, Questions conviviales, IX 15, 2. Cf. ce propos Estve (1902), p. 52, n. 3.

    Sur les scPmata de la danse, cf. Schan (1930), p. 64-67.3. Cf. Banq. VII 2.4. Cf. ibid., IX 3-6.

    65S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:29

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • en combinant la danse et la musique, tout comme le fait le drame attique, eten combinant la danse et la peinture, comme cela aussi tait requis par legenre, bien que dans une perspective diffrente, puisque les dcors des sc-nes tragiques et comiques taient peints. Mais Socrate ne le fait pas dans lestyle austre et hiratique de la danse tragique des drames dEschyle, ni dansle style tout aussi grave et digne que Platon recommande dans les Lois, lors-quil parle de la danse dun point de vue thorique, mais dans le style dune danse de chambre raffine, genre que Socrate oppose dlibrment augenre ordinaire des danses de banquets 1. Le principe esthtique qui sous-tend la pantomime trs soigne de la fin du Banquet est visiblement celui dela mBmhsiV, laquelle le Socrate de Xnophon confre, de faon tout aussividente, une valeur positive. Limitation est applique aussi bien lamusique qu la danse. La flte qui excute un rythme bachique repr-sente Dionysos, et le reprsente justement, avec une finesse extrme, alorsmme quil est encore absent de la scne ; elle annonce ainsi son arrive. Ladanse reprsente les motions des personnages plaisir, trouble, honte,ardeur, dsir , aussi bien par les gestes que par les figures. Le modleemprunt pour la reprsentation, du fait quil est tir de la peinture, impliqueaussi une imitatio au carr, puisque la danse elle-mme est prsente commeune imitation de la peinture ; et la raison en est vidente : elle intensifie lesmotions de la peinture, en confrant aux figures la vie des corps en mouve-ment, dont les effets (et les affections) apparaissent comme parfaitementrels, et le sont en fait. Ce point nous ramne encore une fois aux conversa-tions des Mmorables autour de lesthtique, et cette fois-ci au dialogue avecCleiton, dont le thme est la sculpture. Dans cette conversation, Socratepose pour commencer les concepts du beau, de la nature ou de lart commereprsentant lobjet propre de la sculpture ; il insiste ensuite sur le thme detq zwtikqn jaBnesai, cest--dire sur leffet particulier de beaut que lesculpteur est capable dobtenir, pour faire apparatre ses statues pleines devie, plus semblables aux vivants rels et, de cette faon, plus crdibles(pian:tera) ; il indique ensuite que le but ultime de la sculpture se trouvetre la capacit de reprsenter les motions (p0h) des corps, reprsents entrain daccomplir des mouvements dune intensit particulire ; il sagit, aubout du compte, de reprsenter extrieurement (t eedei proseik0zein)lactivit mme de lme (t1 tRV yucRV Erga)2. Or il est vident que cela estaussi le but de la pantomime de la fin du Banquet : reprsenter avec le maxi-mum dintensit les motions des corps (peints et) reprsents commepleins de vie et de mouvement, pour faire apparatre ainsi les mouvementsde lme. Il faut prciser que cette reprsentation induit son tour le maxi-mum de participation et dadmiration chez les spectateurs, qui regardentcomme ensorcels, sous lemprise dune motion violente (3napter:menoi).Aux p0h objectifs des corps sculpts, qui appartiennent luvre dart et

    202 Aldo Brancacci

    1. Sur ces types de danse, cf. Moutsopoulos (19892), p. 15-155.2. Cf. Mm. III 10, 6-8. Sur ce passage, cf. Brancacci (1995), p. 117-120.

    66S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:30

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • dont il est question dans les Mmorables, et qui se transforment selon le Ban-quet dans les p0h des corps en mouvement de la danse, sassocient mainte-nant les motions subjectives des spectateurs, qui rsultent de la visiondu spectacle. Mais il y a aussi un autre aspect par lequel la pantomime duBanquet nous ramne aux conversations sur lesthtique dans les Mmorables,et en particulier celle avec Parrhasios. La conclusion de cette conversationest que si la peinture a pour but dimiter les caractres moraux manifestspar lexpression et par les attitudes humaines, le plus grand plaisir procurpar la peinture doit consister dans la contemplation dhommes dont laspectmanifeste des traits beaux, bons et dignes damour (kal1 kaa 3ga1 kaa3gapht1 Uh)1. Avec cette dfinition, on saisit le type de fusion qui englobeles sphres thique et esthtique dune part, et rotique dautre part, fusionqui caractrise les intrts et la trame du Banquet en gnral, et qui se trouversume ou en fait reprsente par la pantomime finale.

    III

    Dans les vers 1491-9 des Grenouilles, laprosdoketon de la mention finaledun Socrate dsuvr reprsente dans lintervention finale du chur untrait comique isol : mentionner un personnage comique (ce quest Socratechez Aristophane2) dans un discours de haute tenue thico-politique est ensoi un aprosdoketon comique. Ce trait permet dexpliquer le caractrecomique de la rponse de Xnophon, ou plutt de sa source socratique, quimontre Socrate comme un expert dans le domaine de la danse et comme undanseur lui-mme. On peut encore percevoir le thme comique dans unpassage du Banquet qui suit immdiatement celui o Socrate dit vouloirapprendre du Syracusain les figures de la danse et vouloir danser lui-mme,ce qui, par ailleurs, suscite immdiatement le rire des convives :

    [6] Alors Socrate rpliqua, avec un visage trs srieux : Riez-vous de moi, dit-il,parce que je veux mexercer pour mieux prserver ma sant, pour manger et dormirplus facilement ? Ou parce que je dsire pratiquer ces exercices et non seulementceux par lesquels les coureurs dveloppent seulement leurs jambes, alors que leurtorse reste grle, ou les lutteurs dveloppent leur torse, alors que leurs jambes res-tent grles, en exerant au labeur le corps entier, pour quil saccroisse de faon har-monieuse dans toutes ses parties ? Ou riez-vous parce que je naurai pas besoin deme trouver un camarade dexercice, ni de me dshabiller, mon ge, au milieu desautres, mais il me suffira dune chambre capable de contenir sept lits, comme cela a

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 203

    1. Cf. ibid. III 10, 5.2. On peut rappeler hormis, naturellement, la reprsentation de Socrate dans les

    Nues les v. 1282-1284 des Oiseaux (= SSR I A 5), o il est question des hommes qui lais-saient pousser leur tignasse, supportaient la faim, / vivaient dans la salet, socratisaient(Cswkr0twn), portaient des gourdins ; et, dans la mme pice, les v. 1553-1556(= SSR I A 6), o il est dit que prs des Sciapodes il y a un lac / o Socrate, qui ne se lavejamais, / voque les esprits .

    67S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:31

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • suffi ce garon pour quil transpire, et je pourrai donc mexercer pendant lhiver lintrieur et, lorsque la chaleur est excessive, lombre ? Ou riez-vous parce que jeveux rduire ses justes proportions mon ventre, plus gros que la norme ? Nesavez-vous pas que, il y a quelques jours, Charmide, ici prsent, me surprit le matinen train de danser ?1.

    Strauss a remarqu que le rire est un des grands thmes du Banquet2.Mais il faut ajouter que non seulement Socrate oppose au rire des convivesle srieux de ses propres arguments sur la ncessit de danser, mais que cesarguments srieux prsents encore une fois dans un registre lger ,et qui redevient mme comique dans lintervention de Charmide, quiconfirme le rcit de Socrate, tout en fournissant dautres dtails3 cachentune srie de contenus philosophiques, bien que ceux-ci soient exprimsavec une lgret dlibre, et sur un ton allusif, ironique et littraire. Le labeur auquel Socrate fait allusion rappelle un thme caractristiquedAntisthne et de sa reprsentation de Socrate, mais qui a d caractriseraussi le Socrate historique, puisque ce thme, ou dautres thmes sembla-bles, font lobjet de rfrences explicites chez Platon et chez Xnophon4. Larfrence l harmonie sous-entend que cette harmonie est surtout int-rieure, quelle est harmonie de lme. Le thme des justes proportions quon rencontre aussi dans la troisime conversation de Mmorables, III 10,celle mene avec le fabricant de cuirasses Pistias fait allusion la juste pro-portion ralise par la swjrosAnh, mme si, avec un effet proprementcomique, Socrate lui-mme rapporte cette juste proportion son propreventre. Socrate nous fait rire, pourrait-on dire, comme le font les auteurscomiques ; mais la diffrence de ceux-ci, Socrate prononce des paroles quicachent un enseignement utile, voil, qui nous invite la rflexion. Et cestSocrate lui-mme en effet qui, dans le passage o il envisage pour la pre-mire fois un nouveau style de danse, plus rflchie, se dfinit comme jron-tistPV, bien quavec une nuance de doute.

    Tout cela constitue une rponse raffine, gaie et subtile la reprsenta-tion de Socrate par Aristophane, une rponse qui nest ni hargneuse ni hos-tile, mais lgre dans le ton comme dans le contenu. Il sagit aussi dunerponse subtilement polmique lauteur comique qui avait oppos dans lesGrenouilles la paresse de Socrate la nomoqesBa engage du pote civique,et, implicitement, les discours prtentieux et les bavardages de Socrate aux

    204 Aldo Brancacci

    1. Banq. II 17-19. Sur ce passage, voir le commentaire de Huss (1999), p. 146-156.2. Cf. Strauss (1994), p. 12. Cf. aussi Huss (1999), p. 381-409.3. Cf. Banq. II 19 : Cest tout fait vrai, par Zeus, confirma Charmide : et, tout

    dabord, je fus surpris et craignis que tu ne fusses devenu fou ; mais lorsque tu me donnas desraisons comparables celles que tu viens maintenant dvoquer, je ne dis pas que moi aussi,revenu la maison, me mis danser car cela je ne lai jamais appris , mais je commenaiquand mme mouvoir mes mains en cadence : cela je savais le faire.

    4. Pour la SwkratikQ cscAV dont parlait Antisthne, cf. Diogne Larce, VI 11(= SSR V A 134). Pour la capacit extraordinaire de Socrate supporter la fatigue, on peutrappeler lloge dAlcibiade dans Platon, Banquet 220 a-d. Pour la temprance et la continencede Socrate, cf. Xnophon, Mm. IV 5.

    68S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:31

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • vers sublimes dEschyle. Cela nous parat tre confirm aussi par la rf-rence faite par Xnophon, dans un autre passage du Banquet, et cette fois-cide faon explicite et affiche, la reprsentation de Socrate dans les NuesdAristophane. Ce passage aussi, malgr son importance, na eu que peudchos chez les commentateurs, et il faut pour cela bien se le remettre lesprit :

    [7] Lorsque le Syracusain vit que, loccasion de ces changes, personne ne pr-tait plus attention ses spectacles, mais quils samusaient entre eux, il fut pousspar sa jalousie dire Socrate :

    Mais, Socrate, nes-tu pas appel savant (jrontistPV) ? Cela vaut mieux, rpondit-il, que dtre appel ignorant. Oui, pourvu que tu napparaisses pas comme savant des choses den haut

    (tn mete:rwn) ! Connais-tu, rpondit Socrate, quelque chose de plus haut que les dieux

    (metewrpterpn ti tn en) ? Mais ce nest pas de ceux-ci quon dit que tu toccupes, mais de choses hau-

    tement inutiles (tn 3nwjelest0twn) ! Mais mme ainsi, je moccuperais des dieux : cest den haut (5nwen) quils

    nous envoient la pluie, den haut (5nwen) la lumire. Si je dis des bons mots, cesttoi qui me provoques.

    Laissons cela, rpliqua le Syracusain, et dis-moi plutt de combien de sautsde puces tu es loign de moi : on dit que tu es expert dans ce genre de calculs (gew-metrebn).

    Alors Antisthne se tourna vers Philippe et dit : Toi, qui as vraiment un donformidable pour faire des comparaisons, ne te semble-t-il pas que cet homme res-semble quelquun qui veut tre insolent ?1.

    On trouve dans les propos du Syracusain, et cela en des termes extrme-ment prcis, lcho de limage dformante quAristophane avait donne deSocrate dans les Nues, et des accusations portes dans la pice : se prsentercomme un savant2, soccuper des phnomnes clestes (t1 met@wrapr0gmata)3, tre adroit dans llaboration de subtilits et de discoursfumeux et inutiles4, soccuper de questions drisoires comme la longueur dusaut dune puce5. Mme lutilisation par le Syracusain du verbe techniquegewmetrebn, pour signifier les mesures tablies par Socrate, sexplique par lesvers des Nues o sont ports sur scne les instruments de mesure, dont cer-tains reprsentent la gomtrie (gewmetrBa)6, dautres lastronomie et la car-tographie. Le Socrate de Xnophon rpond tout cela avec une rplique

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 205

    1. Banq. VI 6-7.2. Cf. Nues, v. 94 (o il est dit que yucn sojn totB Csti jrontistPrion), v. 841 (o

    Strepsiade assure son fils quil pourra dans le Pensoir apprendre tout ce quun homme peutconnatre, wsap@r Cstin 3nr:poiV soj0), et cf. aussi infra, n. 5.

    3. Cf. ibid., v. 226 ; cf. aussi v. 490 (pera tn mete:rwn).4. Cf. ibid., v. 358 (o Socrate est dfini comme prtre des plus subtils bavardages ).5. Cf. ibid., v. 144-152 (cf. aussi v. 831). Pour dautres inventions (jrontBsmata) de

    Socrate, dans le mme genre, cf. ibid., v. 155-179.6. Cf. ibid., v. 202.

    69S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:33

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • lgante : il comprend par exemple le terme met@wra qui dans le proposdu Syracusain a un sens physique, pour signifier, comme chez Aristophane,la recherche sur la nature en un sens spirituel, comme apte signifier lesdieux (de faon rpondre aussi laccusation dathisme, cruellementinsinue par Aristophane)1 : et il nest pas ncessaire de souligner le fait quejouer sur le sens des mots reprend une pratique bien connue chez Aristo-phane lui-mme. Le Socrate de Xnophon tablit aussi des assonances entreles mots, pour introduire de faon allusive des sens nouveaux : laccusation de soccuper de choses tout fait inutiles (3nwjel@stata), ilrpond en reprenant partiellement le mot utilis par le Syracusain, avec lemot 5nwen ( den haut ), qui fait de nouveau allusion laction provi-dentielle des dieux. La rponse laccusation de soccuper de questions ridi-cules, telle la longueur du saut dune puce, appartient ensuite au fidle etimptueux disciple de Socrate, Antisthne, qui accuse franchement le Syra-cusain dinsolence. Et laffirmation initiale selon laquelle le Syracusainobserve que en prsence de tels discours, personne ne prtait plus atten-tion ses spectacles , ressemble vraiment une plaisanterie ironique lgard dAristophane, de mme que parat aussi viser lauteur comique laremarque selon laquelle les accusations du Syracusain sont le fruit dune jalousie . Bref, le Syracusain apparat dans cette page du Banquet commeune transposition allusive dAristophane. Cela est confirm par un autretexte, dj cit, et sur lequel il vaut la peine de sarrter encore un instant :

    Il se peut, cher Syracusain, que, comme tu le dis, je sois vraiment un penseur(jrontistPV).

    Il est opportun de rappeler que jrontistPV et les termes apparents ilsuffit de penser au clbre FrontistPrion sont ceux quAristophaneemploie de faon rgulire et insistante dans les Nues, pour signifier la pr-tendue et subtile intelligence de Socrate2. Et le Socrate de Xnophon, en uti-lisant lexpression comme tu le dis , renforce lallusion. Un dernier signal,que Xnophon, ou sa source socratique, a voulu nous adresser de faondlibre, pour rendre encore plus apparente la rfrence Aristophane, setrouve finalement dans lloge inattendu du vin, loge que Socrate adresseaux convives un moment donn. Le modle littraire de ce passage est vi-

    206 Aldo Brancacci

    1. En appelant Socrate Swkr0thV t MPlioV (v. 830), avec un renvoi vident Diagorasde Mlos, connu pour son athisme.

    2. La smantique de jrontBzein, jrontistPV, jrontBV est largement utilise dans lesNues pour caractriser Socrate, ses disciples et le milieu de son cole. Lcole mme estemblmatiquement appele, comme on le sait bien, FrontistPrion (Pensoir) : cf. v. 94, 128,142, 181, 1144, 1487. Le disciple de Socrate qui se trouve dans le Pensoir affirme que Strep-siade, en frappant violemment la porte, a fait avorter la pense (jrontBdB, v. 137) quil avaitconue. Socrate lui-mme, dans son autoreprsentation, utilise comme termes apparemmenttechniques tq nphma kaa tQn jrontBda (v. 229), et dclare avoir mlang la pense subtile avec lair qui lui est semblable. Au v. 266, Socrate demande aux Nues de se montrer au pen-seur (t jrontist), qui est alors Strepsiade, et au v. 414 le coryphe demande Strepsiadesil est mnPmwn et jrontistPV. Le terme jrpntisma dsigne, par exemple au v. 155, une des inventions de Socrate. Et on pourrait citer dautres exemples.

    70S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:34

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • demment lloge du vin fait par Aristophane dans les Cavaliers, mais, pourrendre lallusion plus vidente, Socrate insre au dbut mme de son dis-cours une citation discrte du texte dAristophane, comme cela apparat sion compare les deux passages :

    As-tu le courage de mpriser le vin ?/ De nier quil stimule linvention ?/ Sais-tu trouver quelque chose qui pousse laction plus que le vin ?/ Tu le constates :lorsquils boivent, les hommes deviennent/ riches, ils font dexcellentes affaires, ilsgagnent leurs procs ; / sont heureux, aident leurs amis. / Va donc aussitt mechercher un conge de vin : / je veux arroser mon cerveau (tqn non gnB 5rdw), / direquelque chose dintelligent (Cavaliers, v. 90-96).

    Je veux boire moi aussi, mes amis ! En fait le vin, en arrosant nos mes (5rdwnt1V yuc0V), apaise les soucis, comme la mandragore les hommes, et, en mmetemps, rveille laffabilit (jilojrosAnaV), comme lhuile la flamme. Mais il mesemble que le corps humain ressemble beaucoup aux plantes : celles-ci, quand ledieu les abreuve trop gnreusement, ne parviennent pas rester droites ni treares par le souffle de lair ; quand, au contraire, elles boivent leur got, alors ellespoussent droites, elles fleurissent et parviennent produire leurs fruits. De mmenous aussi, si nous avalons trop de liquide, notre corps et notre intelligence com-mencent aussitt vaciller, nous ne parviendrons pas souffler et moins encore produire des mots : mais si les esclaves, en nous exprimant la faon de Gorgias,nous ladministrent par doses frquentes et dans de petits verres, il ne nous monterapas la tte (meAein) de faon violente, mais, son invitation gentille, nous nousdisposerons doucement la belle humeur (paigniwd@steron) (Banq. II 24-26).

    On remarque que, conformment au propos de Socrate dans lensembledu Banquet, lloge du vin, qui dans la bouche de lesclave des Cavaliers estune franche invitation livresse, dont dpend la russite en toute sortedactions, se transforme en une invitation la modration, rejetant lexcsdu meAein et disposant la jilojrosAnh, un tat desprit paigniwd@steron.

    IV

    On dit et on rpte depuis toujours que Socrate na rien crit. MaisCbs affirme dans le Phdon que Socrate a compos dans sa prison des po-mes, mettant en vers et en musique les fables dsope et un hymne Apol-lon. Cette singulire activit potique et musicale est prsente comme unfait la fois connu et discut, et saccompagne dune rfrence appuye vnos de Paros, rhteur, mais aussi pote lgiaque, rfrence qui cachepeut-tre des complexits que nous sommes incapables de dcrypter1. DionChrysostome affirme connatre, son poque encore, un pan de Socrate Apollon et Artmis qui correspond certainement lhymne Apollondont il est question dans le Phdon , et il prcise quil sagit du mmehymne que je chante encore moi-mme 2. son tour, Diogne Larce, pui-

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 207

    1. Cf. Phdon, 60 d.2. Dion Chrysostome, Discours, XLIII 10 (= SSR I C 121).

    71S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:35

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • sant dans une tradition ancienne, affirme que Socrate parvenu un geavanc, apprit jouer de la lyre, en disant quil nest aucunement trangedapprendre ce quon ignore 1. Il faut finalement rappeler toute la tradition,solidement fonde, daprs laquelle Socrate se fit dans son vieil ge llvedu cythariste Connos. Cette tradition doit remonter un dialogue socratiqueque nous sommes incapables didentifier2 et qui, probablement, rpondaitlui aussi lironie et au sarcasme des auteurs comiques, au sujet dun pisodeprobablement rel de la vie de Socrate3.

    Mais encore plus important est le fait quAthne, le plus grand ruditde lAntiquit, nous ait transmis des vers de Socrate appartenant, trs vrai-semblablement, ceux que le philosophe composa, pour la premire fois desa vie, lorsquil se retrouva en prison. Voici ce que dit Athne :

    [8] Autrefois, le genre de danse qui tait excut par les churs avait une formede dignit, en imitant, pour ainsi dire, les mouvements dune personne en armes.Socrate lui-mme affirme donc dans ses vers que les meilleurs danseurs sont aussiles meilleurs guerriers, en disant :

    Ceux qui honorent le mieux les dieux dans la danse sont aussi/ les meilleurs la guerre. 4

    Nous nallons pas souligner le paradoxe apparent qui rsulte du fait quetout ce qui nous a t transmis de Socrate, tout ce quil a crit, est de la posie un fait auquel il nous semble quon na pas prt suffisamment attention.Nous nous limitons remarquer que ces vers donnent un fondement et unecrdibilit additionnels la reprsentation de Xnophon, lequel met la danseau centre des intrts de Socrate. Ces vers montrent que Xnophon doittre trs prs du Socrate historique, et que celui-ci par ailleurs doit avoirdvelopp une rflexion vraiment approfondie sur la danse, puisque llogede la danse en armes, de la danse pyrrique, nous entrane dans une dimen-sion thico-esthtique qui est encore diffrente de la pantomime du Banquet,lgre et raffine.

    208 Aldo Brancacci

    1. Diogne Larce, II 32 (= SSR I D 1).2. Cf. Cicron, Ad familiares, IX 22, 3 : Un cithariste trs connu, habituellement appel

    Connos, apprit Socrate jouer de la cithare ; on trouve plus de dtails dans le tmoignagede Valre Maxime, VIII 7 ext. 8 ; et Sextus Empiricus, Adv. Math., VI 3. Mais le passage leplus important est celui de Maxime de Tyr, Dissertations, XXXVIII 4 : Je tentends souventdire, Socrate, que tu mets la science au-dessus de tout [...] et toi-mme, ton ge, tu suis sestraces et il ne te suffit pas delle comme matresse, mais tu apprends de Diotime lart daimer,de Connos la musique, dvnos la posie, dIschomaque lagriculture et de Thodore la go-mtrie. Laffirmation initiale ( je tentends souvent dire, Socrate ) renvoie ce queMaxime de Tyr pouvait lire dans la littrature socratique quil connaissait : dialogues de Pla-ton et dautres Socratiques. Lnumration qui suit confirme cette interprtation : alors que larfrence Diotime fait rfrence au Banquet platonicien, la mention de Connos renvoie undialogue socratique qui ne nous est pas connu, celle dIschomaque renvoie lconomique deXnophon, et celle de Thodore au Thtte. Pour la mention dvnos, cf. infra, p. 209 n. 1.

    3. On peut rappeler que dans le concours comique de 422, le mme o furent reprsen-tes les Nues, Ameipsas prsenta une pice intitule Connos (daprs le nom du matre demusique de Socrate), qui devait donc avoir un but analogue celui de la comdiedAristophane.

    4. Athne, XIV 628 e (= SSR I C 143).

    72S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:35

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • Mais revenons au Phdon, et considrons la rponse du Socrate platoni-cien Cbs, lorsque celui-ci demande ce quil devra rpondre vnos1, sice dernier linterroge nouveau sur les raisons qui ont amen Socrate composer en prison de la posie et de la musique :

    [9] Dis-lui la vrit, Cbs : que je les ai composes non dans le but de faire de laconcurrence lui-mme ou ses pomes je savais que cela naurait pas t facile ,mais pour vrifier le sens de certains rves et menlever tout scrupule, pour le cas oil se serait agi l de la musique (mousikPn) que ces rves souvent me commandaientde composer. Voil ce quil en est : souvent dans ma vie jai t visit par le mmerve, qui mapparaissait sous une forme ou lautre, mais en disant toujours la mmechose : Socrate, compose et fais de la musique. Je supposais autrefois que le rvemexhortait et poussait faire justement ce que jtais en train de faire et que, telsceux qui incitent les coureurs, le rve me poussait faire ce que jtais en train defaire, cest--dire composer de la musique : la philosophie est la musique suprme(V jilosojBaV mAn oshV megBsthV mousikRV), et jtais moi-mme occup la pra-tiquer. Mais aprs le procs et aprs que la fte du dieu eut empch que je meureaussitt, il mest apparu, pour le cas o le rve maurait recommand souvent decomposer de la musique au sens ordinaire (tQn dhm:dh mousikPn), que je ne devaispas lui dsobir, mais que je devais en composer, et quil tait plus sr de ne pasmen aller avant davoir apais mes scrupules en composant des posies, pour obirau rve. Jai ainsi compos dabord une posie pour le dieu dont ctait la fte ;ensuite, aprs le dieu, jai pens que le pote, sil veut tre pote, doit composer desrcits et non pas des raisonnements (poiebn mAouV 3llB o lpgouV), et que je ntaispas moi-mme expert en rcits (kaa atqV ok Y muologikpV). Jai donc mis envers les rcits (mAouV) que javais sous la main, en les connaissant par cur, ceuxdsope, les premiers auxquels jai pens2.

    la lumire de lanalyse mene jusquici, nous croyons pouvoir affirmerque la rfrence au rve est un moyen, riche par ailleurs en signification, quipermet Platon de rpondre laccusation, adresse par Aristophane Socrate, de ngliger la musique injure suprme dans la bouche dun Grec.

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 209

    1. La rfrence vnos prsente un intrt particulier en ce dbut du Phdon ; en outre,elle ne semble trouver une explication adquate ni dans lconomie du dialogue ni, en gn-ral, dans luvre de Platon, o vnos joue un rle minimal. Par ailleurs, la mentiondvnos dans le passage de Maxime de Tyr (cit supra, p. 208 n. 2) ne saurait tre interprtecomme un renvoi ce passage du Phdon, car Maxime, qui est videmment en train de dresserune liste de dialogues socratiques quil connat, affirme que Socrate a appris la posie auprsdvnos : mais rien de semblable nest dit dans le Phdon platonicien, o cest au contrairevnos qui demande des renseignements sur lactivit littraire et musicale de Socrate, lequellui fait comprendre quil nest pas intress par la posie en elle-mme, et qui fait mme dire vnos que, si celui-ci tait rellement philosophe, il devrait mourir, comme Socrate lui-mme sapprte le faire (61 b 7-8). Tout cela nous induit penser que Platon rpond samanire, et selon son gnie, un dialogue socratique dont Maxime nous conserve le souveniret dans lequel Socrate dialoguait avec vnos sur la posie et o il se prsentait, de faon iro-nique ou non, comme apprenant la posie du pote lgiaque. ce portrait de Socrate, Pla-ton se proccupe de rpondre avec une petite allusion, au dbut du Phdon, remettant ainsi leschoses leur place. On remarque par ailleurs, en [9], la dclaration de Socrate selon laquelle ilnaspire pas devenir le concurrent dvnos, et son attitude ironique au sujet de la difficultdune telle tentative.

    2. Phdon, 60 d 7 - 61 b 7.

    73S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:36

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • Le rve rcurrent montre au contraire que Socrate a toujours rflchi lamousikP, mais que, de la prescription composer et faire de la musique, il adonn une interprtation plus profonde, en oprant une transformationradicale du concept mme de mousikP. La musique suprme est la philo-sophie, et Socrate ne mrite pas le reproche que lui fait Aristophane : lamusique au sens ordinaire nest quune dhm:dhV mousikP, une musica vulga-ris , au-dessus de laquelle rgne une megBsth mousikP. Tout en remarquantquune telle transformation aurait fait frmir Aristophane, il faut dire que ladeuxime partie du passage platonicien mrite elle aussi notre attention : elleconfirme limpression dune rponse de Platon lauteur comique, dunefaon voile, mais en un autre sens mme trop explicite. Platon tend (enapparence) la main Aristophane, en affirmant, et cela en adhrant sansdoute pleinement lui-mme au contenu des paroles quil met dans la bouchede Socrate, que le pote, sil est un vrai pote, doit composer des moi etnon des lpgoi. Et comme Socrate nest expert que dans ces derniers, il aentrepris, pour apaiser ses scrupules, de mettre en musique et en vers lespremiers moi auxquels il a pens, ceux que lui-mme, comme tous lesGrecs, connaissait par cur, cest--dire les fables dsope. Le partage deschamps reste donc clair, et la hirarchie immuable : au pote le moV, auphilosophe les lpgoi, et lancien conflit entre philosophie et posie 1 seconclut avec un divorce, sanctionnant une nouvelle primaut. DfendreSocrate contre laccusation dAristophane ne signifie donc pas, pour Platon,maintenir quil fut mousikpV, en dpit des apparences, ou quil sut conciliermusique et philosophie, comme dans le cas du Socrate de Xnophon, maisraffirmer encore une fois les raisons pour lesquelles il fut jilpsojoV, et, parl, la position hirarchiquement dominante de la philosophie.

    Aldo BRANCACCI(Universit di Roma Tor Vergata).Traduit de litalien par M. Christiansen.

    Bibliographie

    Andrewes A. (1974), The Arginousai Trial , in Phoenix (27), p. 112-122.Arrighetti G. (1944), Socrate, Euripide e la tragedia. Aristoph. Ranae 1491-1499 ,

    in Storia poesia e pensiero nel mondo antico, Studi in onore di Marcello Gigante,Naples.

    Brancacci A. (1995), Ethos e pathos nella teoria delle arti. Una poetica socraticadella pittura e della scultura , in Elenchos (16), p. 103-127 ; reproduit, avecde lgres modifications, sous le titre Socrate critico darte , in G. Giannan-toni & M. Narcy (d.), Lezioni Socratiche ( Elenchos , XXVI), Naples, 1997,p. 121-151.

    210 Aldo Brancacci

    1. Rpublique, X 607 b 5-6.

    74S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:37

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France

  • Dorion L.-A. & Bandini M. (2000), Xnophon : Mmorables, vol. I : Introduction gnraleet Livre I, Paris.

    Dover K. J. (1993), Aristophanes. Frogs, Oxford.Dbner F. (1842), Scholia Graeca in Aristophanem, Paris.Estve J. (1902), Les innovations musicales dans la tragdie grecque lpoque dEuripide,

    thse, Nmes.Gelzer T. (1956), Aristophanes und sein Sokrates , in Museum Helveticum (13),

    p. 65-93.Giannantoni G. (1962), La pritania di Socrate nel 406 a.C. , in Rivista Critica di Sto-

    ria della Filosofia (17), p. 3-25.Huss B. (1999), Xenophons Symposion. Ein Kommentar, Stuttgart-Leipzig.Lapini W. (1997), Commento allAthenaion Politeia dello Pseudo-Senofonte, Florence. (1999), Panezio e l altro Socrate , in Elenchos (20), p. 345-358.Moutsopoulos E. (19892), La musique dans luvre de Platon, Paris.Mhll P. von der (1983), Il simposio greco , in M. Vetta (d.), Poesia e simposio nella

    Grecia antica, Rome-Bari, p. 3-28.Murray O. (d.) (1990), Sympotica. A symposium on the Symposion, Oxford.Paduano G. (1996), Aristofane. Le rane, Milan.Radermacher L. (1967), Aristophanes Frsche , III Aufl. von W. Kraus, Graz-Wien-

    Kln.Reinach S. (1916), Panaitios critique , in Revue de philologie (40), p. 201-209.Rossi L. E. (1983), Il simposio greco arcaico e classico come spettacolo a se

    stesso , in Atti del VII Convegno di studio. Spettacoli conviviali dallAntichit classicaal 400, Viterbo, p. 41-50.

    Schan L. (1930), La danse grecque antique, Paris.Snell B. (1963), Die Entdeckung des Geistes. Studien zur Entstehung des europischen Den-

    kens bei den Griechen [1946], Hamburg ; trad. ital. : La cultura greca e le origini del pen-siero europeo [19552], Turin.

    Srbom G. (1966), Mimesis and Art. Studies in the Origin and Early Development of an Aes-thetic Vocabulary, Uppsala.

    Strauss L. (1966), Socrates and Aristophanes, New York - Londres ; trad. fran. : Socrateet Aristophane, Combas, 1993.

    (1994), Prsentation du Banquet de Xnophon [1972], in Xnophon : Banquet suivi deApologie de Socrate, textes de Xnophon traduits par F. Ollier, prsentations parL. Strauss, traduites de langlais par O. Sedeyn, Paris, p. 9-55.

    Vetta M. (1992), Il simposio : la monodia e il giambo , in G. Cambiano, L. Can-fora, D. Lanza (d.), Lo spazio letterario della Grecia antica, vol. I : La produzione e lacircolazione del testo, t. I : La polis, Rome, p. 177-218.

    Wilamowitz-Moellendorff U. von (1910), Einleitung in die griechische Tragdie, Berlin.

    Socrate, la musique et la danse. Aristophane, Xnophon, Platon 211

    75S:\51121\51121.vpjeudi 29 avril 2004 10:45:37

    Color profile: DisabledComposite Default screen

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    83.

    44.2

    .196

    - 08

    /11/

    2014

    17h

    46.

    Pre

    sses

    Uni

    vers

    itaire

    s de

    Fra

    nce

    Docum

    ent tlcharg depuis www.cairn.info - - - 83.44.2.196 - 08/11/2014 17h46. Presses Universitaires de France