Léon denis intime

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description

"Hommes de peu de foi, disait Léon Denis, quand donc ouvrirez-vous les yeux à la lumière, quand donc reconnaîtrez-vous la parole de vérité ! » La vie tout entière de Léon Denis a été vouée à la survie. Plus que quiconque, il a nié l'anéantissement total de l'être pensant. Poète, sans doute, mais grand artiste méditatif, surtout ; il s'est toujours efforcé de prouver que ce n'est point pour l'éternité que nous perdons les êtres qui nous sont chers et que leur invisible présence se manifeste à la fois à notre esprit, à notre cœur, voire à nos sens, pourvu que nous nous défendions contre toutes forces d'oubli. Conscient de sa petitesse au milieu de la création, Léon Denis garda une foi invincible en la perfection des lois éternelles, en la bonté de Dieu. En retraçant sa vie vouée au service du spiritisme, on découvre qu’il a pris de l’avance et qu’il marche résolument devant nous pour nous frayer le chemin. C’est une longue et belle existence de bénédictin laïque.

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3Introduction

CLAIRE BAUMARD

LEON DENISIntime

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Léon Denis

Après la MortChristianisme et SpiritismeLe Problème de l’être et de la destinéeLa grande énigme (Dieu et l’Univers)Le génie celtique et le monde invisibleDans l’Invisible : Spiritisme et médiumnitéLe pourquoi de la vie

Allan Kardec tLe livre des Esprits

Le livre des MédiumsL’Evangile selon le Spiritisme

Le Spiritisme à sa plus simple expressionLa Genèse, les miracles et les prédictions

Oeuvres posthumesLe Ciel et l’Enfer

La prière

Disponibles sur la libraire spirite :www.editions-philman.com

Cette édition a été réalisée avec la collaborationdu Centre Spirite Lyonnais Allan Kardec

http://www.cslak.fr

Imprimé en Europe — Dépôt légal : juin 2010ISBN : 978-2-913720-59-6 — EAN : 9782913720596

Chico XavierIl y a 2000 ansNosso LarLes messagersMissionnaires de la lumièreDans le monde supérieurLes ouvriers de la vie éternelleDans les domaines de la médiumnitéAction et réactionEntre la terre et le cielLibérationCinquante ans plus tardAvé ChristRenoncementPaul et Etienne

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Léon Denis intime

Biographie de Claire Baumard(1ère édition : 1929)

Préface de Sir Arthur Conan Doyle

“La mort doit cesser d’être un objet d’épouvante,car derrière elle nous voyonsl’ascension vers la lumière.”

Léon Denis.Le Génie Celtique et le Monde Invisible

conforme à la deuxième édition de 1923

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Je dédie ces pages à la mémoire de Léon Denis,le maître vénéré auquel je dois

une juste compréhensionde la vie et de la mort.

Claire Baumard

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PRÉFACE

Je considère comme un honneur de répondre à la demande quim’est faite de préfacer par quelques lignes ces souvenirs intimes surle regretté Léon Denis.Je serai bref car j’ai peu connu Léon Denis et ne l’ai rencontré

que rarement, pourtant je dois dire en toute sincérité que peud’hommes ont produit, en un si court laps de temps, une plus viveimpression sur mon esprit. Je revois encore très nettement sa solideet forte carrure, son air majestueux et sa tête léonine qui rappelaientces vieux prêtres celtiques ou ces guerriers primitifs, figures mar-quantes d’un temps révolu qu’il aimait à évoquer. Fier mais bien-veillant, impétueux mais sage, émotif mais réfléchi, telles étaient lesqualités si différentes que je discernais sur ce remarquable visage.Comme écrivain, il m’émeut profondément. Je parle imparfaite-

ment le français mais je le lis fréquemment car j’estime que la litté-rature française est la première du monde. Je ne prétends pasm’ériger en critique d’une telle littérature, mais à mon avis la prosede Léon Denis, si vigoureuse et expressive, si élégante dans saforme, quoique si lourde de pensées, est d’un style absolument parfait.Elle allie à la richesse des connaissances une philosophie très préciseet définie.Sa Jeanne d’Arc médium m’a captivé au point que j’ai passé deux

mois à m’efforcer de transposer son inspiration en notre langue,mais la magique clarté de Léon Denis n’est pas aisément traduisible.C’est ainsi que j’ai pris la liberté d’en changer le titre, pourtant d’unesi courageuse franchise, en Le Mystère de Jeanne d’Arc. Il m’a paruopportun de ne pas risquer en heurtant le parti pris des profanes,de les rebuter et de les priver ainsi de la lecture d’un chef-d’œuvre.Ni Anatole France, ni Bernard Shaw n’ont émis comme Léon

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Denis une si concluante, si réelle appréciation de cette merveilleusehéroïne. Il donne en ce livre la seule explication plausible du fait leplus prodigieux de l’histoire.Quant à l’étude des origines celtiques et de leur importance eth-

nique, mes connaissances ethnologiques ne sont pas suffisantespour en apprécier la valeur, mais je suis sûr que jamais le sujet n’aété traité avec plus de charme.Maintenant, je m’efface pour laisser le lecteur s’initier plus inti-

mement à l’histoire terrestre de cet homme supérieur, histoire écritepar celle qui a eu des occasions si exceptionnelles de le connaître etde le comprendre.

Arthur Conan Doyle12 juillet 1929

Bignell Wood, Minstead, LyndHurst

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INTRODUCTION

Les ouvrages de Léon Denis me révélèrent la doctrine spirite.Jamais aucune philosophie ne m’avait procuré une impression dejoie aussi intense, ce fut un éblouissement. L’étude en est particu-lièrement captivante lorsque le mystère de la mort s’impose àl’esprit accablé par la tristesse de deuils successifs, mystère sur lequelaucune religion occidentale n’a jeté de clartés. On y trouve un véri-table trésor spirituel, la certitude des espérances religieuses, celled’une survie consciente étayée de preuves certaines.D’emblée, j’avais fait mienne la théorie réincarnationiste, elle ne

me paraissait pas nouvelle et semblait réveiller en moi des connais-sances déjà acquises. J’avais l’intuition d’avoir jadis parcouru lessentiers où nous conduit le maître.Quelque temps après avoir lu l’œuvre de Léon Denis, j’appris

que l’apôtre du spiritisme habitait Tours. Cependant, je laissais’écouler quelques années avant d’oser aller vers lui. Un jour lehasard - est-ce bien le hasard ? - mit sous mes yeux un journal de lalocalité où était annoncé le décès d’un M. Léon Denis. Cette nou-velle fut pour moi une source de regrets et de remords. Je me ren-seignai, c’était un homonyme !Sans plus différer, j’allai frapper à la porte du maître(1), l’accueil

qu’il me fit, empreint d’une bienveillante cordialité, me touchaprofondément. Il eut la bonté de me rendre ma visite, c’est-à-direqu’il noua lui-même le nœud qui par la suite devait se resserrer.A la fin de la guerre, Mlle Camille Chaise, réfugiée rémoise,

secrétaire du maître, devant quitter Tours, il la pria de me demanderde la remplacer. J’acceptai avec empressement. Ma collaboration autravail de l’écrivain spirite ne devait finir qu’à sa mort. C’est donc(1) C’était en 1909 mais j’ai le regret de n’avoir pas fixé la date.

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l’époque de sa pleine maturité que je décrirai particulièrement ici.Le temps amenant la confiance, notre intimité grandit et Léon

Denis prit l’habitude de penser tout haut en ma présence : il me fai-sait part de ses sentiments et de ses jugements sur les choses et lesgens.Maintenant que le maître vénéré de tous a été «rappelé à

l’espace(1)», un devoir s’impose à nous, celui de retracer cette belleet noble figure d’apôtre et de rendre durable son souvenir. La publi-cité donnée à ces pages n’a qu’un but : faire mieux connaître legrand écrivain français qui voua entièrement sa vie à la cause duspiritisme, cause qu’il a défendue vaillamment et propagée durantcinquante ans avec une ardeur jamais démentie.O Dieu, nous te demandons que Léon Denis devienne «vivant»

aux yeux de ses nombreux amis, connus et inconnus, particulière-ment auprès des innombrables correspondants qu’il a consolés.Moins privilégiés que nous, ils n’ont pas eu la joie de l’approcher,d’entendre sa voix et de bénéficier de son enseignement oral, que dumoins sa mémoire soit pieusement conservée dans leur cœurcomme elle l’est dans le nôtre !

Saint-Cyr-sur-Loire, le 12 octobre 1927

(1) Le journal local La dépêche, du samedi 16 avril 1927, annonçait en ces termes le décèsde Léon Denis : “Vous êtes priés d’assister aux obsèques de M. Léon Denis, homme delettres, rappelé à l’espace dans sa 81ème année.”

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PREMIERE PARTIE

Chapitre 1L’homme, sa demeure

Malgré les années écoulées, je garde très vivace le souvenir dujour où j’entrai en fonctions chez l’auteur d’Après la Mort. Commeelle me paraît proche encore cette journée du 2 novembre 1918 où,le cœur gonflé d’une joyeuse émotion, je pris place à sa table de tra-vail ! Il m’avait accueillie par cette parole affable :- Ici, vous êtes chez vous, mademoiselle.Ma voix tout d’abord tremblante, s’était peu à peu raffermie et

ce fut d’un ton presque naturel que je fis ma première lecture auphilosophe. Le début de mon secrétariat restera toujours lié àl’armistice ! Il était cinq heures, je venais de quitter l’écrivain, sou-dain je restai clouée dans la cour sous l’empire d’un grand saisisse-ment : les cloches de la cathédrale sonnaient à toute volée ! Jen’hésitai pas une seconde et, remontant les deux étages en courant,je fis irruption dans l’appartement en disant :- Ouvrez la fenêtre très grande, maître, pour mieux entendre les

cloches !Il se précipita vers la croisée, l’ouvrit, les vibrations sonores

emplirent la pièce et il fut en proie à une vive émotion.Ayant vu de très près Léon Denis durant dix-huit ans, je l’ai

connu sous deux aspects différents. La période de guerre opéra chezlui un grand changement physique ; sa barbe grise et drue lui donnaitl’aspect d’un patriarche, la physionomie avait acquis une majesté,comme un rayonnement. C’était un homme de taille moyenne,mince mais de large carrure. La tête forte, enfoncée dans lesépaules, donnait une impression de combativité ; le front étaitmagnifique d’ampleur, le nez, mince aux attaches, s’élargissait aux

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ailes et surmontait une bouche au dessin délicat que couvrait uneforte moustache ; les yeux d’un bleu gris très pâle étaient pro-fondément rentrés sous l’arcade sourcilière, dont la proéminence lesvoilait à demi. Que d’expressions diverses pouvaient prendre lesyeux du maître ; bien que voilés, hélas, par une cécité presque com-plète, ils étaient d’une mobilité surprenante, tantôt doux, pétillantsd’esprit, parfois tristes jusqu’aux larmes. Ils pouvaient aussi se fairedurs, tranchants comme l’acier. Un visiteur, mis pour la premièrefois en présence du philosophe, sentait tomber sur lui un regardaigu qui l’interloquait un peu, regard que l’on eût pu comparer à lasonde jetée à la mer par le marin qui veut en mesurer le fond. Maisaprès quelques instants d’entretien ce regard s’adoucissait et faisaitoublier sa dureté première. En un mot, l’être physique de LéonDenis révélait un penseur, un chef, un conducteur d’hommes.Il existe un portrait du maître, alors jeune, pastel en forme de

médaillon, on retrouve les traits de l’octogénaire dans cette gravephysionomie de vingt ans. Les yeux ont le même regard captivant,incisif, scrutateur ! L’enfance et la jeunesse de l’écrivain furent labo-rieuses et précaires(1). Est-ce la raison pour laquelle, dans le portrait,les yeux du jeune homme ne reflètent pas la gaîté qu’avaient parfoisceux du vieillard ? Bien superficiels sont ceux qui prêtent le pri-vilège de l’enjouement à la seule jeunesse, il est parfois un descharmes de l’âge mûr.Quand l’intimité du travail quotidien nous eut rapprochés, je dis

un jour au maître :- J’ai constaté que vous ressemblez d’une façon frappante à

Tolstoï.- Rien d’étonnant à cela, me répondit-il, puisque j’ai vécu une de

mes premières existences dans les pays du nord.Quand l’occasion s’en présentait, le philosophe évoquait volon-

tiers son passé qui lui avait été dévoilé par différents médiums abso-lument étrangers les uns aux autres. Ces révélations étaient néan-moins concordantes et identiques.Il me souvient qu’après une lecture ayant trait à la Grande

(1) Léon Denis l’a dit lui-même dans ses articles intitulés Socialisme et Spiritisme, parus dansla Revue Spirite en 1914.

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Chartreuse, le maître me dit :- Je n’ai pas manqué de faire cette excursion quand je parcourais

l’Isère, j’ai été voir le jardin où les moines creusent quotidienne-ment leur tombe, car je fus jadis un de ceux-là(1).Dans la brochure : L’Au-delà et la Survivance de l’Etre, le chef de

la doctrine spirite a écrit :- J’ai vérifié l’exactitude des révélations qui me furent faites par

l’introspection, c’est-à-dire par une étude analytique de moncaractère et de ma nature psychique. Cet examen m’a fait retrouvertrès accusés en moi les principaux types d’hommes que j’ai réalisésau cours des âges et qui dominent tout mon passé : le moine stu-dieux et le guerrier.Léon Denis, en effet, rappelait à certains égards le bénédictin. Il

était tout l’opposé d’un sybarite, en toute saison il préférait unechaise à un fauteuil ; son endurance au froid était extraordinaire, iltrouvait plus hygiénique de se couvrir énormément que de chaufferles appartements ; ses repas se composaient de légumes, œufs, lai-tages, il prenait peu de viande, buvait de l’eau, mais goûtait cepen-dant une tasse de bon café comme la plupart des intellectuels.L’apparence monacale du philosophe s’accentuait en hiver, revêtuqu’il était de sa grosse robe de chambre grise et, lorsque frappant àla porte on entendait sa voix grave prononcer : Entrez ! et qu’il seprésentait, on croyait vraiment pénétrer chez un moine d’un grandmonastère. N’était-ce pas en quelque sorte un travail de bénédictinque l’occupation à laquelle il se livrait ? Ses doigts caressaientpatiemment des feuillets de papier fort épais dont la teinte jaunierappelait celle des vieux parchemins. C’était La Lumière, revue enécriture braille, la seule lecture qu’il pût faire. L’impression de péné-trer chez un cénobite était doublée si nous soulevions les rideaux.Qu’apercevait-on ? Un seul pan de ciel vers la droite, un gros arbremasquant complètement la lumière à gauche. Cette uniqueéchappée laissait voir des toits d’ardoises de toutes formes, des che-minées ; plus loin de très vieux murs se dressaient, restes dumonastère des carmélites. Au fond, on découvrait une petite façade

(1) Voir La Grande Enigme, Léon Denis fait le récit de cette excursion au chapitre : LaMontagne.

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enrichie de sculptures et faisant partie du magnifique hôtel desXVème et XVIème siècles appelé jadis Hôtel Gardette, et dont la dési-gnation moderne est Hôtel Gouin, du nom des propriétaires quil’ont restauré.La chambre du maître n’avait pas les dimensions d’une cellule,

elle était de grandeur moyenne. Très simplement meublée, ses seulsornements étaient des effigies de Jeanne d’Arc, pour laquelle il avaitune profonde vénération. Tout d’abord des statuettes : l’une ensimili-bronze, à contre-jour sur une console, reproduisait l’œuvrede Mercier ; l’autre plus petite, en stuc, représentait la bergère, onla devinait la préférée, placée à portée de la main, sur la commode,un vase presque toujours fleuri était devant elle. Sur les murs desgravures représentaient Jeanne ; à la tête du lit la reproduction de lastatue de Barrias :- Celle que j’aime le mieux de toutes les œuvres statuaires, disait

Léon Denis.La jeune Lorraine, tête nue, raide sous sa cuirasse, a les deux poi-

gnets enchaînés. Du côté opposé, se trouvait une gravure en soietissée(1) représentant la bergère sous l’arbre des fées, gardant sesmoutons le rouet à la main, et une reproduction du tableaud’Ingres qui est au Louvre : Jeanne revêtue de la cuirasse, delaquelle se déroule un pan de jupe brodé aux armes royales, pose lamain gauche sur l’autel et tient son étendard de l’autre ; au pied decet autel un groupe de personnages en prière. C’est dans cette pièce,orientée au midi, que Léon Denis vivait la plus grande partie del’année ; c’est là qu’il méditait, priait, et travaillait environ huitmois.Quand juin approchait, il m’annonçait gaiement que nous

allions transporter «nos ustensiles» ailleurs et, s’emparant du petitpupitre sur lequel sa revue Braille reposait, il me le tendait en pro-nonçant gravement ces mots : «Voici votre tabernacle.» J’accueillaistoujours très favorablement ce déplacement annuel du midi aunord : changer d’horizon, c’est presque voyager. L’écrivain,dépouillé de son ample robe de chambre, semblait, avec le beau

(1) Devenue la propriété de M. Hubert Forestier, secrétaire général de l'Union SpiriteFrançaise.

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temps, quitter une personnalité pour en prendre une autre, ilm’apparaissait tout menu, comme rajeuni.Qu’on était bien dans cette grande salle à manger où la lourde

chaleur du dehors ne pénétrait jamais ! Son vieux mobilier évoquaittout un passé : un buffet renaissance, du style le plus pur et auxfines sculptures brillait dans l’ombre ; des vases de Chine le sur-montaient. Un écran d’acajou Empire voisinait avec un samovardont le cuivre étincelant mettait une note gaie dans la pièce. Untrès vieux pouf carré recouvert de cuir de Cordoue, un canapé àhaut dossier sculpté, quelques chaises anciennes complétaientl’ameublement.C’est pendant la guerre que le philosophe vint occuper le pre-

mier étage d’une grande maison blanche, en forme de quadrilatèredont la façade borde le quai de la Loire. Des fenêtres on jouissaitd’une vue splendide en toute saison, mais le site est particulière-ment enchanteur à l’automne, lorsque les coteaux de Saint-Cyr-sur-Loire se parent de toute la gamme des ors. De cette nature trèsreposante se dégage une impression de grande paix : aucun bruitentre les deux rives, le fleuve paresseux coule lentement ; il est silarge à cet endroit qu’une grande île le coupe en deux et y reflète lacime de ses peupliers. Malheureusement la vue de ce panoramaétait une joie refusée au philosophe, car sa cécité augmentait deplus en plus, seule la contemplation des étoiles, dont l’éclat est par-ticulièrement brillant dans le ciel de Touraine, le charmait encore(1).Vers la fin de septembre il fallait dire adieu à la grande salle ; la

fraîcheur se faisait sentir, le maître reprenait sa robe de chambre, sachancelière et disait :- Transportons nos pénates au midi !Dans ces déplacements successifs il était toujours suivi de ses

chats, personnages importants dont nous parlerons plus loin.

(1) Dans la Grande Enigme, on peut lire cette affirmation : «De ma vue affaiblie par le tra-vail, je jette encore un regard sur ces cieux qui m'attirent, et sur cette nature que j'aime. Jesalue ces mondes qui seront plus tard notre récompense : Jupiter, Sirius, Orion, les pléiadeset ces myriades de foyers dont les rayons tremblants ont tant de fois versé en mon âmeanxieuse la paix sereine et les ineffables consolations.

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TABLE DES MATIERES

Préface 9

Introduction 11

PREMIERE PARTIE

Chapitre 1 - L’homme, sa demeure 13

Chapitre 2 - Ses souvenirs d’enfance, sa piété filiale 18

Chapitre 3 - Ses dons 24

Chapitre 4 - L’écrivain, le moraliste 31

Chapitre 5 - Son courrier 47

Chapitre 6 - Ses visiteurs 65

Chapitre 7 - Ses distractions 71

DEUXIÈME PARTIE

Chapitre 8 - Quelques séances chez Léon Denis 78

Chapitre 9 - 1925, le congrès de Paris 95

Chapitre 10 - 1926-1927, Le Génie Celtique. Les derniers jours de la vie du

maître 107

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