L’enseignement de l’homéopathie en médecine générale : une nécessité ? État des lieux

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L'enseignement de l'homéopathie en médecine générale : une nécessité ? État des lieux § Is teaching homeopathy in general medicine a necessity? An overview a 6, rue de Nice, Appartement 142, 59200 Tourcoing, France b 42, rue de Tonvoy, 59990 Sebourg, France Disponible en ligne sur ScienceDirect le 12 février 2014 L e recours à l'homéopathie est une pra- tique très utilisée en France par les médecins, mais aussi directement par les patients. Pourtant, aucun enseignement n'y est consacré lors du cursus commun d'étu- des médicales des futurs spécialistes en médecine générale. Un travail de thèse de médecine générale, soutenue à la Faculté de médecine Henri- Warembourg à Lille en mai 2013, a cherché à étudier un motif de consultation de médecine générale relativement fréquent et pourtant non abordé au cours de la formation théorique des étudiants en médecine. L'objectif était de savoir s'il existait un intérêt à introduire l'homéopathie, en tant que médecine complémentaire et alternative, au cours du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale. Pour cela, il fallait savoir si l'homéopathie était effectivement un motif de consultation Yann Bové, médecin généraliste a Vincent Ryckman, médecin généraliste b Mots clés Enseignement Formation Homéopathie Médecine générale Keywords General medicine Homeopathy Teaching Training § Cet article est issu d'une thèse soutenue par les auteurs dans le cadre du doctorat d'État en médecine à la Faculté de médecine Henri-Warembourg à Lille le 29 mai 2013. Auteur correspondant. V. Ryckman, 42, rue de Tonvoy, 59990 Sebourg, France. Adresse e-mail : [email protected] (V. Ryckman) RÉSUMÉ Bien qu'aucun enseignement n'y soit consacré lors du cursus médical initial, l'homéopathie est très utilisée. Une étude descriptive des pratiques, connaissances, opinions et formations des médecins généralistes et internes de la région Nord-Pas-de-Calais a été réalisée. Elle démontre que 75 % des médecins en prescrivent au moins un fois par mois alors que 28 % reconnaissent avoir bénécié d'une formation minimale et que seulement 30 % déclarent la connaître plutôt bien. Perçue comme une possibilité de thérapeutique alternative ou complémentaire, l'homéo- pathie est qualiée d'« utile » par 52% des médecins et 62 % des internes interrogés. Sa meilleure connaissance permettrait de mieux orienter les patients dans le cadre de la médecine intégrative. © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. SUMMARY While no teaching is devoted to homeopathy during initial medical training, homeopathic remedies are extensively used. A descriptive study of the practices, knowledge, opinions and training of general practitioners and interns in the Nord-Pas-de-Calais region has been carried out. It shows that 75% of doctors prescribe homeopathic remedies at least once a month while 28% acknowledge having had minimal training and only 30% claim to have good know- ledge of homeopathy. Perceived as a possible alternative or complementary therapy, homeo- pathy is described as "useful'' by 52% of the doctors and 62% of the interns questioned. Greater knowledge would enable practitioners to better orient patients in the framework of integrative medicine. © 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved. La Revue d'Homéopathie 2014;5:1317 Savoirs © 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2014.01.010 13

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La Revue d'Homéopathie 2014;5:13–17 Savoirs

L'enseignement de l'homéopathie enmédecine générale : une nécessité ?État des lieux§

Is teaching homeopathy in general medicine anecessity? An overview

Yann Bové, médecingénéraliste a

a6, rue de Nice, Appartement 142, 59200 Tourcoing, Franceb42, rue de Tonvoy, 59990 Sebourg, France

Vincent Ryckman,b

médecin généraliste

Disponible en ligne sur ScienceDirect le 12 février 2014

Mots clésEnseignementFormationHoméopathieMédecine générale

KeywordsGeneral medicineHomeopathyTeachingTraining

§Cet article est issu d'une thèsesoutenue par les auteurs dans lecadre du doctorat d'État enmédecine à la Faculté de

RÉSUMÉBien qu'aucun enseignement n'y soit consacré lors du cursus médical initial, l'homéopathie esttrès utilisée. Une étude descriptive des pratiques, connaissances, opinions et formations desmédecins généralistes et internes de la région Nord-Pas-de-Calais a été réalisée. Elle démontreque 75 % des médecins en prescrivent au moins un fois par mois alors que 28 % reconnaissentavoir bénéficié d'une formation minimale et que seulement 30 % déclarent la connaître plutôtbien. Perçue comme une possibilité de thérapeutique alternative ou complémentaire, l'homéo-pathie est qualifiée d'« utile » par 52% des médecins et 62 % des internes interrogés. Sameilleure connaissance permettrait de mieux orienter les patients dans le cadre de la médecineintégrative.© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

SUMMARYWhile no teaching is devoted to homeopathy during initial medical training, homeopathicremedies are extensively used. A descriptive study of the practices, knowledge, opinionsand training of general practitioners and interns in the Nord-Pas-de-Calais region has beencarried out. It shows that 75% of doctors prescribe homeopathic remedies at least once a monthwhile 28% acknowledge having had minimal training and only 30% claim to have good know-ledge of homeopathy. Perceived as a possible alternative or complementary therapy, homeo-pathy is described as "useful'' by 52% of the doctors and 62% of the interns questioned. Greaterknowledge would enable practitioners to better orient patients in the framework of integrativemedicine.© 2014 Elsevier Masson SAS. All rights reserved.

e recours à l'homéopathie est une pra- à étudier un motif de consultation de médecinemédecine Henri-Warembourgà Lille le 29 mai 2013.

Auteur correspondant.V. Ryckman,42, rue de Tonvoy, 59990Sebourg, France.Adresse e-mail :[email protected]

L tique très utilisée en France par lesmédecins, mais aussi directement par

les patients. Pourtant, aucun enseignementn'y est consacré lors du cursus commun d'étu-des médicales des futurs spécialistes enmédecine générale.Un travail de thèse de médecine générale,soutenue à la Faculté de médecine Henri-Warembourg à Lille en mai 2013, a cherché

© 2014 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.revhom.2014.01.010

générale relativement fréquent et pourtant nonabordé au cours de la formation théorique desétudiants en médecine. L'objectif était de savoirs'il existait un intérêt à introduire l'homéopathie,en tant que médecine complémentaireet alternative, au cours du diplôme d'étudesspécialisées (DES) de médecine générale.Pour cela, il fallait savoir si l'homéopathie étaiteffectivement un motif de consultation

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Y. Bové, V. RyckmanSavoirs

fréquent en médecine générale, savoir quelles étaient lesconnaissances et opinions des prescripteurs d'homéopathie,savoir quelle était leur formation en homéopathie.

INTRODUCTION

Depuis plusieurs années, on semble assister à une demandecroissante en homéopathie. L'émergence du concept demédecine intégrative, dont le but est d'agir sur la santé dupatient en associant les soins de la médecine scientifiqueoccidentale et ceux des médecines complémentaireset alternatives, tout en se basant sur les données scientifiquesprobantes d'efficacité et d'innocuité des soins prodigués [1],mais aussi la sensibilisation de plus en plus forte de l'opinionpublique aux problèmes d'iatrogénie, responsable de plus de140 000 hospitalisations par an [2], peuvent en partie expli-quer ce phénomène.Dans de nombreux pays occidentaux, les études et les enquê-tes d'opinion ont montré que de nombreux patients avaientrecours à la Complementary and alternative medicine (CAM)avec ou sans l'avis de leur médecin généraliste et souventsans que celui-ci soit mis au courant.En 2007, aux États-Unis, 38 % des Américains avaient eurecours à des CAM dans les 12 mois écoulés. L'homéopathieétait classée au 10e rang des CAM utilisées par les Américainsadultes avec 1,8 % des répondants, et au 5e rang chez lesenfants avec 1,3 % [3]. En Suisse, à la suite d'un référendummené en mai 2009, la population a approuvé (à 63 %) unarticle constitutionnel « Pour la prise en compte des médeci-nes complémentaires ». Cet article prévoit le remboursementpar l'Assurance maladie de l'homéopathie, ainsi que de quatreautres CAM, pendant une période de six ans [4].En France, un sondage Ipsos, commandé par les laboratoiresBoiron, réalisé en février 2012, portant sur un échantillon de1 005 Français de plus de 18 ans représentatifs de la popula-tion, montre que plus de la moitié des Français utilisent desmédicaments homéopathiques (56 % de la population). Parrapport aux précédentes mesures Ipsos, on remarque uneaugmentation de la consommation (+ 3 points vs 2010 ;+ 17 points vs 2004) [5].La demande des patients semble donc bien réelle, pourtantl'homéopathie n'est pas mentionnée au cours du cursus stan-dard des médecins généralistes.En France, le DES en médecine générale répond au cadrelégal du Code de l'éducation [6]. Son but est de former desmédecins généralistes compétents à la prise en charge desproblèmes de santé des citoyens qui viendront les consulter[7]. Le thème de l'homéopathie, comme celui des autresmédecines complémentaires et alternatives, n'a pas été retenucomme support à un enseignement dirigé ou un séminaire.L'enseignement de l'homéopathie existant paraît hétérogèneau niveau des programmes d'enseignement et des diplômesreconnus. Sept facultés de médecine et une faculté de phar-macie organisent des formations universitaires en homéopa-thie sous forme de diplôme universitaire ou interuniversitaire(DU ou DIU). Mais il existe également des organismes privésproposant des formations en homéopathie [8] dont les duréessont variables d'un à quatre ans : École française d'homéo-pathie dont font partie le Centre homéopathique de France(CHF) et l'Institut national de l'homéopathie française (INHF),Centre d'enseignement et de développement de

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l'homéopathie, Collège français des sciences humaines, Ins-titut homéopathique scientifique et Société médicale debiothérapie.La présence de l'homéopathie dans le paysage médical fran-çais justifie-t-elle la mise en place d'un enseignement dans lecadre du DES de médecine générale ?

MATÉRIELS ET MÉTHODES

Une enquête descriptive a été réalisée par questionnairesdistribués à 70 médecins généralistes du Nord-Pas-de-Calaisparticipant à des sessions de formation médicale continue etpar 100 questionnaires remis à des internes de médecinegénérale en 5e semestre ayant au minimum réalisé un stagede médecine ambulatoire. Les questions ont utilisé principa-lement des échelles de Likert à cinq modalités. Elles ont portésur des données démographiques, sur le niveau de connais-sance de l'homéopathie, sur l'opinion concernant certainspoints liés à l'homéopathie (effets placebo, indésirables etthérapeutiques propres, besoin d'alternative à l'allopathie),sur la pratique de l'homéopathie (prescription ou non, indica-tions, fréquence), sur le niveau de formation et enfin surl'intérêt ressenti de l'introduction de l'homéopathie au coursdu DES de médecine générale. Les réponses aux questionsont été codées et intégrées dans des tableaux utilisant lelogiciel Microsoft Office Excel 2007. Les statistiques ont étéréalisées à l'aide du logiciel R (version 2.15.2). L'analyse a étéfaite en trois temps : description des variables une à une,analyses bivariées et matrice des corrélations (coefficientsde corrélation de Pearson) et analyse en composantesprincipales.

RÉSULTATS

Données démographiques

Sur les 70 questionnaires qui ont été distribués aux médecins,51 réponses ont été obtenues et 47 analysées, sur les100 questionnaires remis aux internes, 72 réponses ont étéobtenues et analysées.Pour les médecins, l'âge moyen est de 51 ans, la duréemoyenne d'exercice de 22 ans, 70 % sont des hommes,51 % exercent en ville, 40 % en milieu semi-rural et 9 % enmilieu rural ; 57 % exercent dans le Nord, le reste dans le Pas-de-Calais (ces données sont proches des caractéristiques durépertoire Adeli d'octobre 2011). Pour les internes, l'âge moyenest de 26 ans, 78 % sont en 5e semestre, 58 % sont desfemmes, 85 % s'orientent vers une pratique ambulatoire, tousont réalisé leur premier stage de médecine ambulatoire, 12 %ont réalisé un stage d'autonomie en soins primaires ambula-toires supervisés (Saspas) et 4 % ont déjà remplacé enambulatoire.

Opinions concernant l'homéopathie

Selon 89 % des médecins l'homéopathie peut être utiliséecomme une thérapeutique alternative ou complémentaire(53 % sont d'accord : intervalle de confiance (IC) 95 %[38.23-67.23] et 36 % tout à fait d'accord : IC 95 %[23.06-51.52]). 85 % pensent que l'homéopathie entraîne un

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effet placebo (57 % sont d'accord : IC 95 % [42.26-71.43] et28 % tout à fait d'accord : IC 95 % [16.09-42.87]).Chez les internes, 94 % pensent que l'homéopathie entraîneun effet placebo (53 % d'accord : IC 95 % [40.73-64.52] et42 % tout à fait d'accord : IC 95 % [30.35-53.88]) ; 94 %considèrent que l'homéopathie peut être une alternative thé-rapeutique pour leur patient (54 % d'accord : IC 95 %[42.07-65.82] et 40 % tout à fait d'accord : IC 95 %[29.09-52.51]) (Fig. 1).

Formation en homéopathie

Sur le plan de la formation, 28 %, IC 95 % [16,09–42,87] desmédecins affirment avoir bénéficié d'une formation minimaleà l'homéopathie, principalement sous la forme de diplômescomplémentaires (DU, DIU, informations au cours descongrès de formation continue) et au cours de leur formationmédicale continue (FMC).Seuls 4 % des internes (IC 95 % [0,87–11,7]) affirment avoirreçu des renseignements sur l'homéopathie au cours del'externat, 22 % (IC 95 % [13,61–33,85]) au cours de l'internatde médecine générale.

Pratique des professionnels de santé

Selon les estimations données par les médecins de leurs pro-pres prescriptions, la moyenne du nombre de prescriptionsmensuelles en homéopathie est de 29,543 par mois. Lamédiane est de 8,5. La perception qu'ont ces médecins de leurprescription montre que 20 % des médecins prescrivent del'homéopathie malgré un manque de conviction d'intérêt de cetteprescription (pas ou pas du tout convaincu, respectivement15 % : IC 95 % [6.41-31.21] et 5 % : IC 95 % [0.63-17.32]) et34 % malgré un manque de conviction d'efficacité (pas et pas dutout convaincu : respectivement 24 % et IC 95 % [12.91-40.64]et 10 % [2.72-23.13]) ; 52 % jugent l'homéopathie « utile dansleur pratique » avec IC 95 % [36.88-67.27].Malgré leur jeune expérience, 62 % des internes (IC 95 %[50.26-73.4]) ont déjà prescrit au moins une fois de

Figure 1. Opinions concernant l'homéopathie : t

l'homéopathie, et 62 % (IC 95 % [50.26-73.4]) déclarent avoirdéjà été en difficulté devant une prescription homéopathiqueou devant un patient en demande de prescriptionhoméopathique.

Intérêt d'une formation

Chez 73 % des médecins et 89 % des internes qui jugent aumoins « utile » une introduction-information à l'homéopathieau cours du DES de médecine générale, « utile » est l'adjectifle plus utilisé pour qualifier une telle introduction (51 % pourles médecins : IC 95 % [35.98-66.06] et 58 % pour les inter-nes : IC 95 % [46.12-69.65]).

DISCUSSION

Il semble exister un doute très présent sur l'efficacité pharma-cologique de l'homéopathie (39 % pensent qu'il peut exister uneffet pharmacologique, 26 % pensent que non et 35 % sontsans opinion). Ce constat peut être mis en relation avec l'hété-rogénéité des résultats des essais cliniques publiés dans lalittérature qui mettent tantôt en évidence un effet thérapeutiquede l'homéopathie supérieur au placebo [9] tantôt équivalent ettantôt inférieur [10]. Les différentes méta-analyses publiées à cejour dans le Lancet illustrent également ce propos [11,12].Malgré ce doute, mais devant la certitude d'un effet placeboefficace et l'absence d'effets indésirables, la majorité des méde-cins et des internes pense que l'homéopathie peut être unethérapeutique alternative et complémentaire utilisée dans lapratique de la médecine générale. Cette opinion générale reflètecertainement l'avis des prescripteurs occasionnels d'homéopa-thie. Mais il nous semble également en accord avec le discoursdes homéopathes qui, en tant que médecins, organisent leurraisonnement médical en se basant sur les données scientifi-ques récentes et validées, puis prescrivent leurs remèdes pro-pres en engageant leur responsabilité.Les résultats de l'étude montrent que la prescription homéo-pathique représente un phénomène courant en consultation

aux des réponses des médecins et internes.

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de médecine générale puisque 50 % des médecins prescri-vent entre une et 20 fois par mois de l'homéopathie (entre lepremier et le troisième quartile). Cette fréquence peut s'expli-quer par une utilisation par certains médecins, en tant queplacebo impur, plus facile à prescrire en ville et plus facilementaccepté sur le plan éthique qu'un placebo pur [13], ou commeoutil de « négociation coopérative » : en accédant à certainesdemandes du patient, on obtient une relation de confiancepermettant une meilleure adhésion à la prise en charge de lasanté. Enfin, son utilisation principale se fera en tant quemédecine complémentaire. De nombreuses études ont montréque la prévalence du recours à des médecines non conven-tionnelles était plus importante et en constante augmentation[14] chez les malades atteints de cancer que dans toute autrecatégorie de malades, et ce afin de lutter contre la passivité, demieux supporter les effets indésirables lourds des traitementscuratifs et d'améliorer leur stratégie de coping, c'est-à-dire leurcomportement d'adaptation face à cette maladie au pronosticsombre [15].Face à cette fréquence, on constate une relative absence deformation et de connaissances sur le sujet chez les internes et,dans une moindre mesure, chez les médecins. C'est pourquoila question d'une introduction à l'homéopathie s'est posée lorsde la Conférence des doyens de facultés de médecine en2012 qui a estimé que : « Considérant la responsabilité del'université dans la formation des disciplines médicales recon-nues dont l'homéopathie, la Conférence des doyens a pris actede cette réalité et s'est engagée à mettre en place un groupede travail et trouver les moyens de donner à l'homéopathie unejuste place dans la formation médicale. »[16].Dans d'autres pays, tels les États-Unis ou la Suisse, qui ontintégré les CAM au cursus général des étudiants en médecine[17,18], l'expérience acquise a permis aux étudiants de :� disposer de connaissances dont ils ont besoin lorsqu'ils sontconfrontés à des méthodes de médecine complémentairelors de la prise en charge des patients, par exemple lors-qu'ils doivent conseiller des patients qui souhaitent un trai-tement de médecine complémentaire ;

� disposer de connaissances leur permettant de prendre part,de façon autonome et sur une base scientifique, à desdiscussions et des réflexions concernant les méthodes demédecine complémentaire [19].

En Allemagne, un séminaire sur les CAM de 10 sessions de90 minutes (deux consacrées à la naturopathie, trois à l'ho-méopathie et trois à la médecine traditionnelle chinoise) a étémis en place à la Faculté de médecine de l'université Charitéde Berlin dans le cadre d'un module de sciences humainesd'un programme de réforme. Selon une étude de 2006, cetteinitiative était soutenue par 73 à 96 % des étudiants [20].

CONCLUSION

L'homéopathie existe de fait dans la pratique des médecinsgénéralistes, notamment par la demande des patients, et ilsemble que la maîtrise de ces prescriptions soit incomplète.Inclure un enseignement consistant de l'homéopathie lors duDES de médecine générale ne nous paraît ni indispensable niréalisable, néanmoins il nous paraîtrait utile de donner auxfuturs médecins généralistes des bases pour comprendrel'homéopathie comme les autres CAM, dans le but de favoriser

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un dialogue éthique sans tabou entre médecin et patient, ainsique d'orienter au mieux les patients dans une prise en chargeglobale.

Déclaration d'intérêtsLes auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d'intérêts en relationavec cet article.

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