L'enfant Loup

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Un conte écrit et illustré par la classe de 6e Rimbaud du collège St Louis, Aigueperse. Année scolaire 2013-2014. Projet pluridisciplinaire Français - Arts plastiques.

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Professeur de Français : Mme de Quatrebarbes

Collège Saint Louis

141 bis, Grande Rue

63260 Aigueperse

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En des temps très anciens,

vivait dans une petite chaumière en lisière de forêt un enfant loup. Il était blond comme sa mère et avait les yeux bleus de son père. Ses parents étaient fermiers et élevaient des poules, des cochons et quelques chèvres. Ils cultivaient un grand potager pour les aider à vivre. L’enfant loup, prénommé Wolf, avait une grande sœur Emma âgée de six ans qu’il aimait beaucoup. Elle était gentille mais un peu coquine. L’enfant loup grandissait dans un foyer uni. Tant qu’il était tout petit personne ne s’étonnait de sa différence et puis ses parents avaient fort à faire avec la ferme. Mais l’enfant ne parlait pas, il émettait des sons incompréhensibles qui ressemblaient plus aux grognements d’un chien qu’à des mots humains. A table Il lapait sa soupe plus qu’il ne mangeait. Il refusait de se servir d’une cuillère. A l’âge où tous les enfants marchent il courait partout à quatre pattes et ne voulait pas essayer de se mettre debout.

D’ailleurs il se déplaçait si vite que sa sœur avait imaginé lui passer une laisse autour du cou. Elle courait avec son frère en laisse et s’amusait beaucoup.

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Un après-midi d’été son père les vit traverser la cour de la ferme ainsi attachés et fut pris d’une colère noire. Il ordonna à sa fille de détacher immédiatement son petit frère parce que ce n’était pas un chien ! Mais le soir, après le souper il raconta à sa femme ce qu’il avait vu.

Son épouse ne semblait pas étonnée. Elle avait bien remarqué que leur fils n’était pas comme les autres mais son cœur de mère refusait d’admettre la réalité. Elle dit à son mari :

« - Ne t’en fais pas, ils jouaient. - Non ils ne jouaient pas, j’ai vu sa sœur le tenir en laisse et lui donner des

ordres - Et bien on donne bien des ordres à notre chien ils ont voulu faire comme

nous. - Ah oui et comment expliques tu qu’il court toujours à quatre pattes et qu’il lape

sa soupe au lieu de la boire ? - Ne t’en fais pas, notre enfant est comme les autres, il refuse juste de faire

comme tout le monde. - - il refuse de faire comme les autres mais il veut bien faire comme le chien, tu

ne trouves pas ça bizarre toi ? - Tais-toi c’est avant tout mon enfant et il a le droit à le même existence que sa

sœur - Eh bien moi je le considère comme un chien ! - Bien je vais me coucher…Toi tu dormiras sur le canapé à moins que tu ne

préfères aller dormir dehors avec le chien pour voir si cette nuit notre fils ne le rejoint pas pour jouer et gambader.

La bonne mère éteignit le foyer et monta se coucher.

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A la nuit tombée, une fois que la maisonnée fut endormie et alors qu’il entendait les ronflements bruyants de son père, l’enfant loup sortit dehors pour courir à sa guise. Son instinct animal le poussa vers le poulailler. Affamé, il essaya d’attraper une poule. Les poules firent un vacarme épouvantable. Elles s’agitaient et sautaient partout.

Le chien de garde se mit à aboyer. Les parents sortirent une torche à la main. Ils crurent voir un loup en train de dévorer une poule. Effrayé par la flamme l’enfant s’enfuit dans la forêt. Les fermiers organisèrent une grande battue avec tous les chasseurs de la région. Les parents chassèrent leur propre fils. Les chiens jappaient indiquant une piste. L’enfant loup courut toute la nuit. A l’aube il entendit les cors de chasse qui se rapprochaient ainsi que les aboiements féroces de chiens. Une épaisse brume était tombée sur la forêt. Il sentait ses forces l’abandonner. Il allait mourir. Levant les yeux il crut voir des ruines recouverts de lierre et de ronces. Il se glissa sous les décombres s’égratignant aux ronces et pénétra dans les ruines du château. Très vite ses yeux de lynx s habituèrent à l’obscurité. Il s’enfonça dans les profondeurs du château, jusqu’ à épuisement. Quand il ne put plus avancer il écouta les chiens. Leurs aboiements s’éloignaient. On n’entendait plus les cors de chasse. Ses

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poursuivants semblaient avoir renoncé à le chercher. Epuisé, il se coucha et se mit à gémir. Il comprit combien il était seul. Plus jamais il ne pourrait rejoindre sa famille sans risquer d’être chassé. Il ne connaitrait plus jamais la douceur des bras de sa maman quand elle le berçait comme un petit. Il ne pourrait plus jamais jouer au chien en laisse avec sa sœur. Il aimait tellement la voir rire, avec ses jolies fossettes et son petit nez retroussé. Petit à petit il comprit sa différence. Il n’était ni un homme ni un animal. Il n’appartenait à aucun des deux mondes. Un cri inhumain déchira la nuit. L’enfant loup hurlait à mort. A bout de force il s’endormit, voulant mourir.

Réveillé par le froid, il crut d’abord à un cauchemar puis se souvint de la course poursuite. Il grimpa en haut de la tour du château pour se repérer. Il n’avait qu’une envie : retrouver la chaumière de ses parents. De là- haut, il vit la cour de la ferme dans laquelle son père consolait sa mère et sa petite sœur. Il savait que sa disparition était là l’origine de leur inquiétude. Cette idée lui était odieuse car il ne supportait pas de faire du mal à sa famille. Profondément attristé par ce spectacle, il redescendit à la recherche de quelque nourriture.

Il entra dans le château et erra de pièce en pièce jusqu’à tomber sur ce qui devait être la salle du trône. Au fond sous des décombres il trouva le trône de l’ancien seigneur du château. Il s’approcha et aperçut une large fissure dans le mur. Une lumière mystérieuse en jaillissait. Il se faufila derrière le trône et se glissa dans

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l’ouverture. Après s’être habitué à l’obscurité il distingua quatre chemins devant lui ; un passage sombre comme la nuit, un passage éclairé par une bougie au loin, la lumière du jour éclairait le troisième. Le dernier brillait comme le feu. Soudain un loup sortit du passage. Il était vieux mais encore fort. L’enfant loup surpris se coucha par terre. Le loup se mit à parler :

« - N’aies pas peur je ne te veux pas de mal.

- Qui êtes-vous ? demanda l’enfant ? ) Je m’appelle Messire Loup ) Que faites- vous ici ? s’étonna l’enfant ) Je suis venu me réfugier ici à cause des chasseurs .Faisons alliance lui

proposa Messire Loup ) Quel passage doit-on prendre pour sortir d’ici demanda l’enfant ? ) Suis moi, ce lieu est dangereux dit le vieux loup, nous emprunterons le

passage le plus sombre.

Les deux amis pénétrèrent dans le labyrinthe. Le loup semblait connaître les lieux. L’enfant loup toujours affamé faisait de son mieux pour suivre le vieux loup. Celui-ci avançait régulièrement sans se retourner. Des os blanchis parsemaient le labyrinthe. Wolf avait peur mais n’osait rien dire. Ils arrivèrent dans une salle éclairée par quatre torches qui ne présentait aucune issue. Le Loup s’arrêta et prononça trois mots incompréhensibles qui ressemblaient à Mobilarbus. Un passage s’ouvrit à hauteur de la 3ème torche.

Ils s’y engouffrèrent et marchèrent encore peu de temps. Soudain la lumière fut vive : ils débouchèrent sur un immense marécage. Sur l’autre rive se dressait un rocher. Messire Loup mit en garde l’enfant contre l’hôte du rocher. C’était un sorcier qui commandait les eaux du marécage. Mais ils n’avaient pas le choix, ils devaient rejoindre le rocher pour sortir du marécage. Messire Loup prit l’enfant sur son dos. Il avançait

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prudemment. Soudain sa patte glissa dans l’eau. Il n’avait plus d’appui. L’eau se mit à tournoyer. Le Loup essaya de nager sans faire basculer l’enfant. Un affreux ricanement s’éleva au-dessus du marécage. La voix disait :

« - Vous allez mourir noyés ! Ah Ah Ah personne pour vous aider ! C’est moi l’âme du marécage !

Le loup s’épuisait. Il dit à l’enfant :

) Regarde sous tes poils autour de ton cou, tu trouveras un petit anneau d’or. L’enfant ne semblait pas comprendre. Le loup lui redit : « Regarde sous les poils de ton museau, tu trouveras un anneau d’or. C’est moi ton père qui te le remit à ta naissance. Je suis un homme loup. Tu es mon fils. Détache-le et lève le vers le soleil. Il te délivrera de ta malédiction d’enfant loup »

Aussitôt les eaux du marécage s’asséchèrent permettant à l’enfant et son père d’atteindre l’autre rive. A peine arrivés le sorcier les menaça d’une voix terrifiante :

« Tu n’iras pas loin sale bête ! Je vais déplacer ces marécages et t’engloutir dessous ».

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le marécage engloutit d’abord le vieux loup trop affaibli pour lutter, qui disparut sous les yeux affolés et éperdus de tristesse de son fils. Seule une patte émergea quelques temps encore avant de disparaitre à son tour. Au

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moment où Wolf allait couler à son tour, il se souvint de l’anneau d’or. Il le brandit en direction du sorcier et le pétrifia en un squelette blanchi.

Débarrassé de la malédiction du sorcier, il redevint un beau jeune homme, blond, et de grande taille qui faisait honneur à ses parents. Plus aucune trace de loup dans son allure. En l’observant de près, on pouvait apercevoir sur son front une légère ombre en forme de trèfle. Elle était la marque de la chance.

Il serra alors son anneau d’or dans la paume de sa main en pensant à sa famille. Ce dernier le guida dans la forêt jusqu’à la chaumière de ses parents. Ceux-ci ne le reconnurent pas car ils avaient gardé le souvenir d’un enfant sauvage. Seule sa sœur le regardait avec intensité. Au bout d’un long silence elle murmura : « Wolf ? ». Alors ce dernier la pris dans ses bras et la serra avec émotion contre lui. Sur le chemin du retour il avait rencontré un homme beau et bon, possédant de grands biens. Il le donna pour époux à sa sœur qu’il aimait tant. Très vite il devint prospère et son domaine vivait en paix. Dans tout le pays il était le seul à être épargné par les loups.

On a beau donner à manger au loup toujours il regarde du côté de la forêt.

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