l’enfant et les nouveaux médias

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conseil consultatif de Chan- ghaï (NdA: épelé comme Tintin, confraternité oblige). Pourtant, dans Wikipedia, la biographie de Vasella est bien maigre (huit lignes en anglais et le double en français, seul l’allemand étant plus étoffé); et celle mise par Novartis sur son site est autiste. Malgré tout, on en apprend de belles, sur notre monstre des affaires national. D’abord, qu’il a fait ses premières classes dans un collège… d’extrême gauche, le Cercle Gracchus (la presse alémanique s’en souvient)! En- suite, qu’il a travaillé comme médecin une dizaine d’années, à l’hôpital de Berne. Un rêve à septante-deux millions n’était donc pas dans sa vocation mé- dicale initiale: ayant perdu deux sœurs, étant lui-même malade chronique, Daniel a sans doute trouvé la médecine plus «hu- maine» que l’histoire, métier de son père Oscar (lui aussi, tôt disparu, après être devenu - tout de même - recteur). Bref, les in- grédients de départ faisaient de Daniel Vasella un ami du peuple (et des bêtes); en est-il devenu l’ennemi, après avoir épousé la musicale nièce de son patron chez Sandoz et avoir gravi les marches du pouvoir? Je l’ignore (ne l’ayant jamais côtoyé), mais c’est douteux; par contre, le culte des grands hommes, promu par l’industrie comme par les facul- tés, a de quoi tourner les têtes les plus modestes, ou les plus logiques. Première conclusion: pour devenir grand patron, rien ne vaut l’éducation rouge. Le point de vue de la Justice belge Mais la question à septante- deux millions dépasse de loin celle des mérites personnels de Daniel Vasella. Et celle de notre société du mérite est trop vaste pour un seul article… alors traitons-la une fois de plus par la bande. Nous savons tous que (par exemple) le «mérite» amoureux est capricieux: lors des joutes oratoires du Jeune Barreau genevois à mi-février, une oratrice belge a remarqué fort à propos que «le mariage pour tous» n’était pas pour les «moches», qui méritaient peu d’Eros! Et les «capacités» qui font un patron gagnant, ou un savant doué, ont des ingré- dients encore plus mystérieux qu’une potion magique… sinon, l’éducation et la formation se- raient une section de l’Ecole de mécanique. Dans une in- dustrie comme la recherche pharma, dont les secrets tien- nent le temps d’un congrès, qui vit aussi de banals génériques, et qu’on taxe parfois de «para- étatique» pour ses liens avec le «système» de santé, la question ne trouvera sans doute jamais de réponse claire. Pas comme celle du titre de cet article: en étant toujours aussi forte en annonces tandis que – de l’avis des chercheurs – le taux d’inno- vation faiblit, l’industrie pharma prouve qu’on peut parler quand (quasi) tout est dit. La parole sert à cacher ou trahir la pen- sée, ont ironisé, chacun à leur manière, Talleyrand, Stendhal et Mickiewicz. La pharma trou- vera-t-elle une issue à son im- passe scientifique? Sans doute, mais pas à coup de millions dans les «compensations», ni même dans la «recherche». Les labos – qui se grisent trop de leur «excellence» - ont encore besoin d’une grande secousse… c’est la seconde conclusion. n Boris Engelson tout l’emploi & formation • no 578 • 25 février 2013 formation l’enfant et les nouveaux médias nos enfants sont nés avec les nouveaux médias: téléphone portable, ordinateur, tablettes tactiles, télévision. mais ont-ils conscience des limites à poser quant à leur utilisation? Sûrement pas. C’est à nous, parents, de les éduquer. E t à tout âge ses plaisirs! Avant 18 mois, pas plus de 6 minutes devant l’écran. De toute façon, le bébé ne donne pas de sens à ce qu’il voit. Au delà de 18 mois, il peut se concentrer sur un film, jusqu’à 30 minutes. Ce temps passé, proposez-lui autre chose. Expli- quez-lui, d’ailleurs, pourquoi vous changez d’activité. Par exemple, «J’accepte que tu regardes la télévision 20 minutes, au-delà cela risque de t’énerver. Alors après on sortira, on dessinera…». A partir de six ans, le temps passé devant les écrans sera plus long. Attention aux jeux vidéo! Ils sont souvent excitants pour les enfants. Déterminez le moment de la journée où cette activité ne nuira pas au sommeil, aux devoirs, à l’humeur. Puis, c’est l’adolescence. Ils sont grands, plus difficiles à contrôler! Mettez tout de même des limites. Enfin, sachez qu’une trop grande consom- mation d’heures passées devant l’écran augmente le risque d’isolement et de baisse de performances scolaires. n Emmanuelle Allex PUBLIréDACTIONNEL a chaque âge ses normes... formation 35

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conseil consultatif de Chan-ghaï (NdA: épelé comme Tintin, confraternité oblige). Pourtant, dans Wikipedia, la biographie de Vasella est bien maigre (huit lignes en anglais et le double en français, seul l’allemand étant plus étoffé); et celle mise par Novartis sur son site est autiste. Malgré tout, on en apprend de belles, sur notre monstre des affaires national. D’abord, qu’il a fait ses premières classes dans un collège… d’extrême gauche, le Cercle Gracchus (la presse alémanique s’en souvient)! En-suite, qu’il a travaillé comme médecin une dizaine d’années, à l’hôpital de Berne. Un rêve à septante-deux millions n’était donc pas dans sa vocation mé-dicale initiale: ayant perdu deux sœurs, étant lui-même malade chronique, Daniel a sans doute trouvé la médecine plus «hu-maine» que l’histoire, métier de

son père Oscar (lui aussi, tôt disparu, après être devenu - tout de même - recteur). Bref, les in-grédients de départ faisaient de Daniel Vasella un ami du peuple (et des bêtes); en est-il devenu l’ennemi, après avoir épousé la musicale nièce de son patron chez Sandoz et avoir gravi les marches du pouvoir? Je l’ignore (ne l’ayant jamais côtoyé), mais c’est douteux; par contre, le culte des grands hommes, promu par l’industrie comme par les facul-tés, a de quoi tourner les têtes les plus modestes, ou les plus logiques. Première conclusion: pour devenir grand patron, rien ne vaut l’éducation rouge.

Le point de vue de la Justice belgeMais la question à septante-deux millions dépasse de loin celle des mérites personnels

de Daniel Vasella. Et celle de notre société du mérite est trop vaste pour un seul article… alors traitons-la une fois de plus par la bande. Nous savons tous que (par exemple) le «mérite» amoureux est capricieux: lors des joutes oratoires du Jeune Barreau genevois à mi-février, une oratrice belge a remarqué fort à propos que «le mariage pour tous» n’était pas pour les «moches», qui méritaient peu d’Eros! Et les «capacités» qui font un patron gagnant, ou un savant doué, ont des ingré-dients encore plus mystérieux qu’une potion magique… sinon, l’éducation et la formation se-raient une section de l’Ecole de mécanique. Dans une in-dustrie comme la recherche pharma, dont les secrets tien-nent le temps d’un congrès, qui vit aussi de banals génériques, et qu’on taxe parfois de «para-

étatique» pour ses liens avec le «système» de santé, la question ne trouvera sans doute jamais de réponse claire. Pas comme celle du titre de cet article: en étant toujours aussi forte en annonces tandis que – de l’avis des chercheurs – le taux d’inno-vation faiblit, l’industrie pharma prouve qu’on peut parler quand (quasi) tout est dit. La parole sert à cacher ou trahir la pen-sée, ont ironisé, chacun à leur manière, Talleyrand, Stendhal et Mickiewicz. La pharma trou-vera-t-elle une issue à son im-passe scientifique? Sans doute, mais pas à coup de millions dans les «compensations», ni même dans la «recherche». Les labos – qui se grisent trop de leur «excellence» - ont encore besoin d’une grande secousse… c’est la seconde conclusion. n

Boris Engelson

tout l’emploi & formation • no 578 • 25 février 2013

• f o r m at i o n

l’enfant et les nouveaux médiasnos enfants sont nés avec les nouveaux médias: téléphone portable, ordinateur, tablettes tactiles, télévision. mais ont-ils conscience des limites à poser quant à leur utilisation? Sûrement pas. C’est à nous, parents, de les éduquer.

Et à tout âge ses plaisirs! Avant 18 mois, pas plus de 6 minutes devant l’écran. De toute façon, le bébé ne

donne pas de sens à ce qu’il voit.Au delà de 18 mois, il peut se concentrer

sur un film, jusqu’à 30 minutes. Ce temps passé, proposez-lui autre chose. Expli-quez-lui, d’ailleurs, pourquoi vous changez d’activité. Par exemple, «J’accepte que tu regardes la télévision 20 minutes, au-delà

cela risque de t’énerver. Alors après on sortira, on dessinera…».A partir de six ans, le temps passé devant les écrans sera plus long. Attention aux jeux vidéo! Ils sont souvent excitants pour les enfants. Déterminez le moment de la journée où cette activité ne nuira pas au sommeil, aux devoirs, à l’humeur. Puis, c’est l’adolescence. Ils sont grands, plus difficiles à contrôler! Mettez tout de même des limites.Enfin, sachez qu’une trop grande consom-mation d’heures passées devant l’écran augmente le risque d’isolement et de baisse de performances scolaires. n

Emmanuelle Allex

P U B L I r é D A C T I O N N E L

• a chaque âge ses normes...

• f o r m at i o n 35