L'enfant de l'éclipse

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L’ entin Le Guennec

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À Stonehenge, les druides de Valador assistent à l'avènement de l'enfant de l'éclipse, qui sauvera les terres de Valador des Erutan qui la menacent. (nouvelle écrite sur le thème: « Un enfant prie la Lune »)

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L’enfant del’éclipse

�entin LeGuennec

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Chapitre 1

L’enfant

Les druides et druidesses du Valador étaient rassem-blés autour du monument de pierres. Ils étaientprésents en guise de bénédiction et de célébrationpour l’enfant à naître, Laika, dont le nom était issudes mots de la langue Valador « Lai », l’éclipse, et «Ka », l’enfant. Les augures avaient révélé que l’enfantserait un garçon, mais les druides étaient conscientsque les augures n’étaient pas toujours avérées.

La lumière faiblissait peu à peu tandis que la Luneobstruait le Soleil. Le druide primordial, Estheret, se

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tenait devant le phénomène et levait les bras tandisque l’éclipse se produisait. Sa longue fourrure tannéeà la teinture blanchâtre accompagnait gracieusementson mouvement. Estheret récita le premier événe-ment de la prophétie qui était sur le point de seproduire:

« Les âmes des Anciens ont investi les pierres gigan-tesques de la vallée, et ainsi se sont-ils concertés pourformer Stonehenge. En cercle, ils ont débattu pen-dant de nombreuses éclipses du retour des Autres. Ilsont alors décidé que seul l’enfant de l’éclipse pourraguider notre peuple face à la guerre qui nous op-posera à eux. »

L’enfant vint finalement au monde. Sa mère,épuisée sur l’autel central composé d’un uniquemonolithe, réchauffait l’enfant dans l’étreinte de sesbras. Le vent et la pierre étaient froids, ainsi la mèreet son bébé se partageaient leur chaleur. « C’est unefille! » proclama la druidesse sage femme. La com-munauté se réjouit alors que l’éclipse avait plongéla vallée dans une obscurité totale. Laika était née.L’espoir emplit le peuple de Valador.

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Mais les sourires de l’assemblée se dissipèrent,alors que la quiétude du ciel nuptial fléchit subite-ment. Les étoiles se mirent à illuminer la vallée,luisant d’une lumière diurne absolue. Des ombresse dessinèrent autour de Stonehenge. Loin au sud,les loups hurlèrent l’alerte. Et alors que la commu-nauté avait détourné leur regard du phénomène quileur brûlait les yeux, l’enfant, lui, le contemplait ensilence dans toute sa splendeur. À partir du centrede son iris dilaté, le faisceau concentré des étoiles sedéploya sur son œil, comme l’eau projetée par lescascades torrentielles. Quand l’éclat eût parcourula surface entière de sa rétine, le miracle qui avaitété témoin de sa naissance marqua son sceau sur sonregard.

Puis, en un instant, la nova pâlit et la valléeplongea dans l’obscurité. Les druides étaient en-core aveuglés. Le ciel leur apparaissait drastiquementdifférent: peut-être était-ce un effet d’optique, pen-sèrent les druides, car il semblait que les constella-tions avaient changé de place. Ce fût la premièreanomalie qu’ils remarquèrent. Quelques minutes

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après l’événement, ils furent choqués par un autredétail: la Lune avait disparu. La mère de Laika gisait,sans vie, sur l’autel.

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Chapitre 2

Le tuteur

L’événement tant attendu par Laika arrivait enfin.Les druides du temple étaient réunis dans la salle prin-cipale pour proclamer leurs adieux à l’enfant qu’ilsavaient au fil des années chéri, protégé et éduqué,depuis sa naissance jusque ses six ans. Laika lesconnaissait tous très bien, et malgré l’excitation quirougissait ses joues à l’idée de découvrir le monde,des larmes parcimonieuses humidifiaient l’orée de sespaupières. L’assemblée de druides, composée de cent-quarante recrues et druides titulaires, était attroupée

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de chaque côté du sillon qui menait à la porte dugrand frêne.

Assis sur ses talons, chaque druide priait pourla sécurité de l’enfant. Le tambour n’avait pas étéde mise pour accompagner la procession, car la dis-crétion devait être assurée. Nombreux à Valadormaudissaient la voleuse de Lune. Le surnom « Favela» des mots de la langue Valadorienne « Fave », voler,et « La », la Lune, lui était attribué, ou encore Fe-herutan, de Fehe, « Aimer », et Erutan, « les Autres». Certains Valadoriens se réunissaient, depuis ladisparition de l’astre sacré, pour comploter contrel’engeance qui l’avait subtilisée, et avait menacé lesdruides de mettre à feu leur temple pour qu’il leur lalivre. L’envol de la fillette demeurait donc un secrettotal.

Estheret, le druide primordial, pris la parole de-vant l’audimat. « Druides du temple sacré! Nousn’avons pas cédé au chantage des groupuscules Val-adoriens et Laika a bénéficié de tout l’amour quenous pouvions lui offrir. Mais un enfant n’en estpas un s’il ne découvre pas le monde lui-même. Le

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savoir que nous lui avons transmis lui sera utile dansson aventure. Prions pour que l’enfant réalise sadestinée à l’abri des Erutan qui menacent notre exis-tence! Et que la prophétie s’accomplisse! ». Commeun seul homme, les druides fermèrent les yeux etchuchotèrent: « Et que la prophétie s’accomplisse. »

Laika suivait Estheret. Elle aimait la sensation desa peau en contact avec le tapis d’herbe fraîche quirecouvrait le sol du temple. Lui manqueraient égale-ment l’odeur des fleurs et du bois d’eucalyptus quiflânaient dans l’air léger et composaient l’atmosphèreédénique du berceau de sa jeunesse. Elle avait gra-cieusement salué chaque oiseau et chaque cerf, qui luiavaient rendu la révérence. Chaque arbre et chaqueruisseau. Chaque druide, qui à son passage, levaitfurtivement son regard pour la bénir en silence, unedernière fois.

Le grand frêne déracina ses vielles ancres de la terrequand Estheret lui ordonna. Il étira ses branches,son sommeil avait été anormalement long. Puisil se déplaça latéralement pour offrir le passage auminuscule arbuste qui se tenait devant lui, les épaules

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hautes, mais le sourire hésitant et les joues humides.Ha! Il se souvenait bien maintenant. L’enfant del’éclipse. Un grand frêne n’oublie rien. « Ne tirepas cette moue, petite », pensa-t-il. « Ce n’est pas auvieux frêne qu’on apprend à faire la grimace! ».

Fehekan patientait devant la sortie du temple. Ilavait reçu la visite de druides éclaireurs il y a quelquesmois, et ils lui avaient demandé de guider Laika danssa quête, et de continuer son éducation à sa sortiedu temple. Le prénom de Fehekan signifiait en val-adorien « celui qui aime les enfants ». C’était ungrand honneur pour une famille valadorienne queFehekan choisisse leur fille, qui comblait souventl’amertume de voir sa progéniture quitter le nid. Fe-hekan pouvait passer de nombreuses années avecl’enfant, qui, malgré le manque d’affection parentale,en revenait grandit, tant sentimentalement que spir-ituellement. Fehekan était le Valadorien à qui lesfamilles et les druides accordaient le plus de confi-ance.

Mais cette fois, Fehekan n’avait pas choisi sapupille. Il aurait pu refuser, mais la description des

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capacités mentales de Laika avait piqué sa curiosité.Quand il contempla pour la première fois sa tutelle,il ne fut pas déçu de sa décision.

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Chapitre 3

La louve blanche

Isil poussait les premières limites de son corps. Sacourse avait déjà duré une journée et une nuit, etelle savait que l’inanition finirait par arriver. Sonpelage blanc épais s’agitait au vent et ses musclesétaient brûlants. La forêt était pour elle un paysagebien connu, ainsi elle contournait sans difficulté lesobstacles sans que cela ne gênât sa course. Sa frénésiene s’achèverait pas de sitôt. Afin de sauver sa meuteet de regagner sa confiance, elle devra trouver Favela,la voleuse de Lune, et l’assassiner.

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Les espoirs de sa meute animaient ses muscles etrepoussaient sa fatigue. Parmi les loups, Isil était laseule à avoir pu résister aux stigmates infligés à sonespèce depuis la disparition de l’astre. Ses camaradesavaient déjà perdu quelques-un de leurs sens les plusnécessaires à leur survie. Leur flair s’était atténué, etla chasse était devenue infructueuse. Les animaux dela forêt se riaient des anciens prédateurs.

Isil, elle, avait conservé son flair, sa nyctalopie etson instinct. Ses yeux jaunes dansaient dans la nuit etses grognements sonnaient le glas de la vengeance, etavertissaient à quiconque de ne pas entraver la quêtede la louve blanche.

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Chapitre 4

Le musicien

L’enfant de l’éclipse suivait à talons Fehekan, luitenant la main. La nuit était douce et fraîche, etvaporisait une brise qui calmait les ardeurs de laforêt. Laika appréciait la nuit, car le miracle qui avaiteu lieu lors de sa naissance lui avait laissé commeséquelle une cécité diurne. Elle était éblouie par leplus inoffensif rayon de lumière, et il est probablequ’une pleine lune aurait bridé sa capacité de vision.Ses yeux étaient en conséquence adaptés à la nuit.Arrivés à leur première intersection, Fehekan se re-

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tourna pour lui faire face et s’accroupit en tenant sesmains frêles. Une étoile filante raya le ciel.

« Nous devons être extrêmement prudents,chuchota-t-il. Des personnes ne te veulent pas dubien et je ne pourrai te défendre s’ils te menacent. Tudois me promettre d’être silencieuse, Laika ». D’ungeste circonspect, il déplaça ses longs cheveux de jaisderrière son oreille.

Puis il étudia son regard opalin. Il pouvait ob-server son reflet à sa surface, convergeant vers uniris noyé dans une brume hétérogène. Son regardoscilla, comme distraite par un élément plus intéres-sant que son interlocuteur. Elle disposait encore dece pouvoir infantile qui rend soluble la plus gravedes situations dans la plus insignifiante diversion.

Fehekan se libéra du sort exercé par la fillette etse détourna pour regarder dans la direction que sem-blaient suggérer son regard. Il fut courroucé parl’événement qui se déroulait. À quelques mètresd’eux, à l’extrémité du sentier qui bifurquait vers ladroite, était assis un homme, insolitement affublé defourrures d’animaux que Fehekan n’osait imaginer.

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Un tas de cendres blanches gisait à ses pieds. Il manip-ulait adroitement quelque instrument de musique im-posant en appuyant sur la série de touches blancheset noires qui le composait. L’instrument faisait lataille de Laika et reposait sur trois pieds disposésen triangle qui supportaient, derrière l’alignementde touches, un coffre entrebâillé laissait apercevoirdes cordes tendues. La mélodie était magnifique etse répétait, comme une berceuse. Le musicien nesemblait pas s’être aperçu que Fehekan et Laika leregardaient. « Décidément, ce voyage risque d’êtreinhabituel », pensa le sage.

Il se déplaça vers l’étrange personnage et lui tapotal’épaule. Celui-ci se retourna de surprise avant qu’iln’ai pu achever la phrase musicale qu’il avait com-mencé. Les deux individus se considérèrent pendantquelques instants. Fehekan fut le premier à romprele silence.

« Désolé d’interrompre votre lyrisme, barde, maiscet endroit parait fort peu commode à la pratique devotre engin, ne pensez-vous pas? Vous pourriez vousfaire repérer par des loups, vous savez.

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- Oh, ne craignez rien mon cher, les êtres vivantsne peuvent ni me voir ni m’entendre. Merci de votreconsidération. D’ailleurs, cela doit faire quelquesannées que je n’en ai pas croisé.

- Permettez-moi de vous contredire, ami, mais moiet ma fille sommes bien vivants », rétorqua Fehekan.Laika pressa une touche de l’instrument, et la notequi en résultât sonna creuse et vide de sens. Lemusicien lui lança un regard de travers.

« Alors voilà un phénomène bien singulier, mon-sieur. Cela a peut être à voir avec la disparition de laLune. Je vous promets d’étudier la question lorsquej’aurai fini de jouer pour la faire revenir. C’est un es-prit qui m’a offert cet instrument, voyez-vous. C’estun piano, selon ses dires. Il a certifié qu’il contenaitla clé de la survie de l’enfant de l’éclipse.

- Co. . . Comment? En êtes-vous sûr? dit Fehekanen parcourant les touches des doigts.

- Absolument certain. Maintenant, s’il vousn’y voyez aucun inconvénient, j’aimerai reprendrema sonate. Sur ces paroles, il se retourna face àl’instrument et démarra une série d’accords har-

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monieux.- Certainement, barde. . . Attendez. . . Ses yeux

parcoururent l’horizon autour de lui. Tremblant desueur, il s’accroupit pour regarder sous le piano et letabouret du musicien. Où est ma fille? »

Le musicien, las de devoir interrompre une nou-velle fois sa mélopée, fronça les sourcils.

« Dîtes-donc, monsieur, je ne suis pas responsablede vos affaires! Vous serez gré de retourner à vossinécures et de me laisser exprimer mon génie artis-tique! maugréa-t-il.

- Mes sinécures? Imbécile! Il s’appuya contre leclavier, enfonçant brutalement un octave et demientier (Fehekan avait de grandes mains). L’accordproduit un son atrocement absurde. Ce n’est pas mafille! C’est Laika, l’enfant de l’éclipse! »

Le musicien, choqué par la révélation de Fehekan,eut immédiatement le souffle coupé. Son visageblanchît, puis rougît, et fut enfin bigarré de tâchesjaunes verdâtres. Aussitôt qu’il expira, diffusant dansl’air une haleine de cadavre, il se leva et se para desa plus belle expression d’hardiesse. Les cheveux au

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vent, le regard à l’horizon, il déclara:« Alors nous devons la retrouver le plus vite possi-

ble.- Dois-je comprendre que vous m’accompagnez?

Ce serait évidemment très noble de votre part, maisj’ai cru comprendre que votre « piano » a un rôle àjouer dans notre quête, répondit Fehekan, calmantles ardeurs héroïques du musicien.

- Bien sûr, il contient la clé de la survie de Laika!Il n’est pas question de l’abandonner. Je l’emporteavec moi. » Il tira de sa poche une corde immense etl’enroula autour de l’instrument. Fehekan, fatiguéde débattre avec son nouvel allié, se garda de releverl’inefficacité évidente de s’encombrer d’un tel bazoren ayant comme dessein de pister une jeune fille. Enoutre, il ne souhaitait pas le décourager dans son élande bravoure.

- Très bien, ami, soupira-t-il. Prenez donc lechemin qui mène vers l’est, et je prendrai celui quimène à la direction opposée. Je vous remercie pourvotre renfort. Mon nom est Fehekan. Quel est levotre?

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- Jean-Sébastien Bach, pour vous servir! »Et ainsi ils se serrèrent les mains et se séparèrent

afin de retrouver l’enfant de l’éclipse..

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Chapitre 5

Le démon

Laika sentait sa vision s’atténuer à l’approche dujour. Le soleil ne se levait pas encore, mais un em-bryon d’aurore éclairait parcimonieusement les es-paces dégagés devant la fillette. Elle voyait à peinele sentier qu’elle arpentait, et craignait de bientôtdevoir s’abriter dans la forêt épaisse. Qui plus est,elle craignait de faire la rencontre d’un de ces illu-minés dont les druides et Fehekan lui avaient parlé, etcomme pour accentuer sa détresse, son ventre grog-nait famine. Irritée, elle tira avec son pied dans un

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caillou au sol, mais cela n’atténua en rien son agace-ment. Le caillou s’éleva plus haut qu’elle l’avait imag-inée, sa trajectoire décrivant une parabole. Laikaentendit un crissement aigu, qui s’échoua en gémisse-ment flasque et atone, et pensa tout haut: « Je medemande bien quel animal glousse ainsi, mais, poursûr, je n’ai aucune envie de le rencontrer! ». Etelle continua d’arpenter le chemin, qui s’enfonçaitbrusquement en pente.

Laika piétina le bord du dénivelé avec circonspec-tion pour vérifier qu’il était praticable, et s’y engagea,les yeux clos car le soleil l’éblouissait. Alors qu’ellefaisait preuve de prudence pour ne pas chuter, ellesentit un sifflement agaçant, puis un léger choc surson crâne. Elle fut affolée de constater qu’une besti-ole lui tournait au tour, titillant ses boucles blondes,et gesticula une danse chamanique en balançant sesbras autour d’elle, hurlant à tue-tête. Déséquilibréepar sa chorégraphie fortuite, elle dégringola la pente.

« Bien fait. Ça t’apprendra à jeter des cailloux surles autres! Criiik! se railla une boule de poils dans lesairs. On ne réveille pas le seigneur de Shéol quand il

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fait la sieste!- Qui es-tu? Pourquoi m’as-tu attaquée? demanda

Laika, quelque peu sonnée par sa chute.- Ouvre les yeux, et tu verras quel animal terrifiant

je suis! clama le volatile d’une voie suraiguë.- Je ne peux pas! La lumière du soleil m’éblouit. . .- Criiik! siffla-t-il. Reste ici quelques instants,

veux-tu! » Puis il disparut.Laika, pestant contre sa vulnérabilité et sa cécité,

enfonça sa tête entre ses genoux et se mis à verser deslarmes chaudes sur sa robe blanche. « Comment puis-je sauver le monde que je ne peux même pas voir?Tout le monde a tellement d’espoir en moi, mais jene suis qu’une gamine qui se sauve à la moindre oc-casion! ». Après quelques instants, la boule de poilsréapparut et lança un objet à Laika. « Tiens, mets çasur ton nez et tes oreilles et tu pourras contemplerle visage même de la peur! Criiik! ».

Ce n’était pas une offre très alléchante, mais Laikan’avait plus rien à perdre. Elle toucha l’objet pourse faire une image mentale de sa forme: deux cer-cles de quelques centimètres de diamètres, joints par

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un pont. Sur chaque cercle était accroché perpen-diculairement une branche de la taille de sa main,qui se terminait en virgule. Elle devina que le pontdevait être posé sur son nez et que les virgules corre-spondaient à la forme de ses oreilles. « Voilà. Tu peuxouvrir les yeux, maintenant que tu as des lunettesde soleil, criiik, et tu pourras me voir, moi Anatole,démon des enfers! » baragouina la créature.

Laika se risqua à ouvrir les yeux. Elle voyaitdifféremment, comme de nuit. Pour attester del’efficacité de l’objet, elle le releva de son nez, etla lumière lui brûla instantanément les yeux. Ellese précipita pour les reposer. Elle voyait! Pour lapremière fois de sa vie, elle n’avait plus besoin de sebander les yeux lorsque le soleil jaillissait de l’aurore!

« Alors, tu vois? nasilla Anatole.- Oui, merci infiniment. Elle se retourna vers son

bienfaiteur. Ah! Tu es donc une chauve-souris.- Je suis Anatole, la chauve-souris opticienne, cri-

iik, démon des enfers, sbire de Satan, criiik, incarna-tion du mal, ange déchu, criiik. . . »

Mais Laika était déjà partie, laissant Anatole renâ-23 41

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cler ses titres diaboliques à qui voudra bien l’écouter.Après qu’elle eut parcouru une trentaine de mètres,elle l’entendait toujours déblatérer ses simagrées. «Hé, reviens! J’ai pas fini! Criiik! »

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Chapitre 6

L’ingénieur

Jean-Sébastien Bach déambulait sur son nouveauvéhicule, qu’il avait bricolé pendant deux heures.Le piano, selon les dires de l’esprit qu’il avait ren-contré, renfermait la clé de la survie de Laika! Ilavait attaché son tabouret à son piano et avait lié lespédales dans un réseau complexe de cordes qui luipermettaient d’accélérer et de ralentir son nouvelengin. La pédale de gauche lestait du poids, celle dumilieu bloquait les roulettes des pieds du piano, etcelle de droite lui permettait, en cas d’absolue néces-

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sité, de décrocher le tabouret. Grâce à une pousséeinitiale, il avait conservé son inertie et il manipulaitle poids lourd avec habilité. Seul hic, il n’avait pas lapossibilité de tourner, heureusement, le sentier quimenait vers l’est était droit. Il avait composé unefugue pendant sa ballade (ou une ballade pendant safugue), « Le clavier bien tempéré », et il jouait gra-cieusement le morceau, tout en parcourant à grandevitesse le chemin.

Alors que la lumière de l’aurore pointait sonnez, il avait capté loin devant lui des hurlementsde détresse de jeune fille. L’enfant de l’éclipse! Elleest en danger, se dit-il. Alors il avait lesté tout lepoids qu’il restait pour atteindre sa vitesse maximale.Maintenant, le soleil était levé et éclairait le sentier.Son piano heurta un caillou, qui s’éleva et vint per-cuter une chauve-souris qui faisait la sieste, la têteen bas, accrochée à une branche. Jean-Sébastien neremarqua pas les injures balancés par le chiroptère àson égard.

Jean-Sébastien remarqua que le chemin s’enfonçaitbrusquement en pente à l’horizon. Il essaya donc

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de freiner, mais il avait gagné trop de vitesse et lapédale n’eut aucun effet. Le temps qu’il analyse lasituation et considère ses possibilités, il était déjà aubord du dénivelé et appuyait de toutes ses forces surla pédale de décrochage du siège. Il fut propulsé enarrière, tandis que le piano dévalait la longue pente.À la fin de sa course, il se retourna sur lui-mêmeen looping et explosa en morceaux sur le sol, dansun tintamarre de notes désaccordées, de cordes quis’arrachent brusquement dans un bruit de ressort,et de bois qui se brise. On aurait dit le condenséaccéléré en une seconde d’un carnaval de fous, d’unefanfare tribale exotique et d’une pièce de théâtredramatique. Le musicien, hagard, resta bouche bée,les yeux exorbités, et constata que l’alchimie sonorequ’il venait de découvrir valait bien la perte d’unpiano.

Quand il s’approcha du tas de débris, il aperçu unélément encore intact, qui devait se trouver dans lecoffre de l’instrument sans qu’il ne le sache: uneclé immense, aussi grande que lui. Elle était enfer rouillé, et son panneton était composé de deux

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branches de taille équivalente. Jean-Sébastien, égarédevant le mystère qui se présentait à lui, décida qu’ilvalait mieux prendre la clé et de continuer son aven-ture. Il espérait toutefois ne pas avoir à justifier deces débris devant l’esprit qui lui avait confié ce pi-ano. Il saisit la corde qui servait à animer son ancienvéhicule, et il attacha sa nouvelle acquisition dansson dos.

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Chapitre 7

La lapin chinchilla

Fehekan avait entendu le capharnaüm de la destruc-tion du piano et avait décidé de rebrousser cheminvers l’est. L’après-midi touchait à sa fin, et il avaitété guidé par la lumière tamisée d’un feu de bois,refluant de la fumée au-dessus de la forêt, proba-blement arrangé par le musicien pour s’accorderune pause. Quand il parvint à portée de vue ducamp, s’approchant à pas feutrés, il fut troublé pardifférents stades émotionnels. Il remarqua d’abord

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que la fillette était assise sur un tronc d’arbre, lesgenoux écartés, et ses yeux glissèrent par dessoussa robe. Il s’étouffa silencieusement en constatantqu’elle ne portait pas de sous-vêtements. Le barde etle lapin chinchilla qui venait de sortir de son chapeausemblaient également profiter de la vue, et Laika, in-nocente, riaient de leurs sinécures. Fehekan, jaloux,débarqua près du feu d’un saut agile, et le campe-ment poussa un cri de surprise. Le barde grimaçaune mine d’opprobre, et se précipita pour tenter derattraper le lapin, qui avait prit ses jambes à son cou.Laika tomba à la renverse de son tronc.

« J’espère ne pas vous surprendre en plein batifo-lage, mes compagnons! lança-t-il.

- Non. . . Je. . . je m. . .montrais juste à n. . . notreamie quelques tours de pa. . . passe-passe, bégaya Jean-Sébastien.

- Bien. Vous avez été bien avisés de monter uncamp. La traque m’a épuisé. Laika, je me suis faitun sang d’encre! Quelle distraction t’a donc traversél’esprit pour fuguer ainsi?

- Je suis désolée. Je n’ai aucune excuse » avoua-t-30 41

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elle en tirant la moue.Ainsi, ils s’installèrent près du feu, et Fehekan

sorti une venaison de sa musette, qu’il cuit sur lesbraises. Jean-Sébastien conta le décès de son in-strument à Fehekan et lui montra la clé qu’il avaitdéniché dans les débris. La prenant dans ses mainspour l’examiner, il médita sur les psaumes de l’espritqui avait offert le piano au barde. La clé de la surviede Laika. . . Il se creusa longuement la tête, sans re-marquer le regard exorbité et crédule du poète surlui, comme s’il attendait une sorte de révélation exta-tique qui viendrait lever l’énigme. Et alors que Laikaôtait ses lunettes car le soir était tombé, une créa-ture surgit de l’obscurité naissante pour se ruer surelle, une louve dont les yeux poudroyaient une lueurcadavérique et maladive, exposant sa gueule béante,incoercible. Fehekan, qui s’était assis sur le mêmetronc que Laika, fut premier témoin de l’assaut. Ilsaisit la clé par le panneton et contracta ses musclespour esquisser un coup latéral avec la clé, qui vintfrapper le flanc et la mâchoire de la louve. Celle-ciavala un bref gémissement et s’écrasa aussitôt contre

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le sol. Laika, qui avait vu le visage même du diable,se précipita pour se lover dans les bras de son héros,cachant son visage sur son torse.

« Qu’est-ce que c’était? pleurnicha-t-elle, horrifiée.- Chut, c’est fini maintenant » murmura Fehekan,

essayant de la rassurer.Jean-Sébastien s’approcha de la bête avec circon-

spection. Elle avait l’air assommée. Par précaution,il lia ses pattes avec sa corde. Pendant que les adultesdébattaient de l’assaut, Laika se libéra des bras deFehekan, car elle avait aperçu le lapin chinchilla quitenait un curieux récipient. Le lapin, constatant del’intérêt de Laika qui s’était accroupie devant elle,posa la sébile au sol. Laika se pencha pour observerson contenu: un liquide carmin épais. Le lapinmima à Laika de le boire. Celle-ci renifla le breuvage,qui sentait vaguement comme un mélange de fruitsrouges, de menthe fraîche, et de l’écorce des trèsvieux arbres du temple qu’elle avait quittée. Aprèsavoir ingéré la boisson, elle dût reconnaître, avecune mauvaise grimace, que le goût ne correspondaitpas vraiment à l’odeur. Le breuvage pesait lourd

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dans son estomac, elle décida donc de s’allonger etde fermer les yeux pour le digérer.

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Chapitre 8

La versipelle

Laika se réveilla. Désorientée, elle scruta l’horizonautour d’elle. Elle était seule, dans le temple de sonenfance. La forêt autour d’elle, bougrement épaisse,interdisait tout passage. Sur le sol apparaissaientsporadiquement des touffes d’herbes, rendus bistrespar l’éclairage tamisé de la Lune sur la terre. LaLune? Laika éleva ses yeux vers le ciel. « Suis-jedans un rêve? » pensa-t-elle tout haut. Elle ne serappelait pas s’être endormie. À vrai dire, elle ne

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se rappelait de rien, si ce n’est le temple. Elle fit unrapide tour sur elle-même et constata qu’un gouletformé d’une voûte d’arbustes se creusait dans la forêt.Elle y entra.

Seule la lumière de la Lune filtrait à travers la végé-tation dense, et d’obscurs phosphènes de branchageset de feuilles entouraient la vision de Laika. L’airétait chaud et suintant, alors elle ôta sa robe et ladéposa sur le sol. En tenue d’Eve, elle arpentait lechemin en caressant l’écorce ridée d’arbres inconnus,mêlés de racines puissantes plus grandes qu’elle, etdont les branches ne se ramifiaient qu’à des ving-taines de mètres au-dessus de sa tête. Des poussescroissaient rapidement en arbustes, s’étendaient pourêtre les premiers témoins du retour de la Lune, etleurs branches s’ornaient d’inflorescences de fruitssaugrenus, qui ressemblaient à des yeux recouvertsd’une paupière rouge écarlate, et qui semblaient ob-server Laika. Des lianes rosâtres se distordaient à sonpassage, tout en se raidissant, et reculaient tout enavançant à sa rencontre, hésitantes. La configurationde la forêt semblait évoluer à une vitesse surprenante

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tandis qu’elle la parcourait. L’humus du sol perdaitsa teinte bistre et se palissait au fil de ses pas. Laterre devint poussière grisâtre, imprimant les tracesdu passage de Laika. La voûte céleste bleuit, ainsique la lumière ambiante. Cachée par la canopée, laTerre illuminait le ciel lunaire.

« Quelle étrange terre sous mes pieds, remar-qua Laika. Je me demande comment de la végé-tation peut croître dans un sol pareil. » Puis ellesentit l’air s’épaissir et se changer en brume, puiss’agglomérer en séance de silhouettes éthérées. Laforêt disparut subitement, révélant la Terre dans leciel, et à l’unisson, les spectres qui l’entouraient com-mencèrent à chanter gracieusement une glossolaliequi lui évoquait une berceuse familière. « C’est lachanson du pianiste! » remarqua-t-elle, émerveilléepar la scène.

Mais son admiration fléchit subitement, alorsqu’elle tombait au sol. Elle ne pouvait plus respirer,l’air lui manquait. Autour d’elle, l’hymne se pour-suivait, dans un sabir mystique. Sa vision se troublaet les silhouettes se confondirent. Elle nageait dans

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une brume épaisse. Deux flammes ambrées se dessi-naient dans la houle. Laika suffoquait.

« Aie confiance. . . chuchota la voix qui venait desflammes, en rythme avec la berceuse. Crois enmoi. . .

- Je. . . je. . . peux plus. . . respirer. . . parvint-elleà exhaler.

- Ne respire pas. N’existe pas. Transcende. »Puis l’horizon avança violemment vers Laika, tan-

dis qu’elle-même reculait. La brume disparût et lesfantômes se changèrent en pierre. La Lune remplaçala Terre dans le ciel. Laika huma une longue bouf-fée d’air. Elle remarqua que Fehekan et le musiciense tenaient à ses côtés, la protégeant contre la créa-ture. La louve blanche détourna le regard de surprisepour observer la Lune qui venait de réapparaître dansun éclat de lumière absolue. Puis elle se raidit, sedressant sur ses pattes arrières dans un grognementatroce de supplice. Son museau rétrécit, sa colonnevertébrale se hissa et ses épaules s’élargirent. Dans undernier hurlement à l’intention de l’astre, la louve semétamorphosa en femme.

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Chapitre 9

Les Autres

La rumeur s’était levée que l’enfant de l’éclipse étaitretournée à Stonehenge. Elle filait de bouches àoreilles à travers les rues des villages valadoriens,anormalement peuplées en cette longue nuit. Lesmasures s’étaient inopinément éveillées d’un profondsommeil, au prélude de rêves sans Lune. Dans ladouceur et le calme de la nuit, les yeux des jeunesenfants brillaient, jusqu’alors vierges de la lueur del’astre. Les foules se dirigeaient vers Stonehenge pourobserver l’avènement.

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Laika, elle, était assise en tailleur et discutait avecla versipelle de la prophétie.

« Je me souviens, affirma-t-elle. J’étais loup, et jevoyais les esprits autour de moi. . . Tu as ce dont depouvoir les révéler, Laika. Ton peuple les appelle «Erutan », « les Autres », mais l’énergie qui les com-pose est identique à la notre. Il y a bien longtemps,des rochers massifs en flammes sont tombés du ciel,rayant l’obscurité de filaments écarlates. Beaucoup sesont échoués sur nos terres. Tout ce que tu peux ob-server est composé de poussière et de sang d’Erutan.Chaque oiseau et chaque cerf. Chaque arbre etchaque ruisseau. Chaque homme.

- Pourquoi t’es tu transformée, demanda-t-elle.Pourquoi avoir essayé de m’attaquer dans la forêt?

- Je suis une versipelle, une louve qui se transformeen femme à la pleine Lune. Quand j’étais louveteau,un homme m’a mordu. C’était un druide. Sa mor-sure m’a infligé cette malédiction. Depuis, ma meutene me fais plus vraiment confiance. Je devais la re-gagner en te tuant, et ainsi faire réapparaître la Lune.Elle marqua une pause. Vas sur l’autel de Stonehenge.

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Tu dois réveiller les Erutan, les libérer de leur prison.»

Laika s’exécuta. Fehekan fût étonné de la posturede la fillette. Sûre d’elle-même, le dos droit et leregard à l’horizon, elle marchait vers son destin. Ilse sentait quelque peu inutile dans son rôle de pro-tecteur. Il la suivait par sécurité, tenant la clé. Lesfoules s’aggloméraient autour de Stonehenge. Il re-marqua qu’elles se bousculaient pour laisser passerun druide. Fehekan le reconnut: c’était Estheret, ledruide primordial. Il bloqua le passage de Laika.

« Laika, tu ne dois pas faire ça! Je les ai enfermésici pour une raison, implora-t-il.

- Laissez-la passer, Estheret! Votre règne de men-songe est terminé, lui ordonna la versipelle.

- Isil. . . J’aurais dû te tuer quand j’en avaisl’occasion! Soyez maudits! »

Il leva son sceptre vers le ciel et débuta une incan-tation dans une langue que personne ne comprenait.Les nuages se réunirent dans le ciel et le tonnerregronda. Laika se retourna vers Fehekan et lui fit unsigne de la tête. Une clé massive vint s’écraser contre

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le crâne du druide. Des disciples vinrent emporterson cadavre.

Laika caressa un à un les monolithes de Stone-henge. Son contact formait sur la pierre des cendresblanches lunaires, qui se propageaient à la surface desrochers.

Libérés, les esprits Erutan saluèrent l’enfant.

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