L'Église collégiale de N.-D. du château de Loches

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L'Église collégiale de N.-D. du château de Loches, maintenant église paroissiale de Saint-Ours... par M. l'abbé A. [...] Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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  • L'glise collgiale deN.-D. du chteau deLoches, maintenantglise paroissiale deSaint-Ours... par M.

    l'abb A. [...]

    Source gallica.bnf.fr / Bibliothque nationale de France

  • Bardet, A. (Abb). L'glise collgiale de N.-D. du chteau de Loches, maintenant glise paroissiale de Saint-Ours... par M. l'abb A. Bardet,.... 1862.

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  • L'EGLISE COLLEGIALE

    DE

    M, DU CHATEAU DE LOCHES

    MAINTENANT

    EGLISE PAROISSIALEDE SAINT-OURS

    SONHISTOIREET SONCULTE

    SES TRSORSET SES PRIVILGESSPIRITUELSPAR

    M.L'ABBA.BARDET

    CUIlDELACROIX-DE-BLR

    DDIA Mgr L.-A. NOGRET

    EvqnedeSaint-Glande

    2tnrimaire if Uotre-Damtbt Sac\)ts

    TOURS

    IMPRIMERIE DE J. BOUSEREZ

    1862

  • A SA GRANDEUR

    MONSEIGNEUR LOUIS-ANNE NOGRET

    VQUE DE SAINT - CLAUDE

    MO>\SEIGNEUR,

    Au moment o vous quittez la belle glise duchteau de Loches, qui fut si longtemps votre gliseparoissiale, pour aller vous asseoir sur le sige pis-copal de Saint - Claude, jicrrnettez - moi de vous

    offrir ces pages, qui rsument l'histoire de l'antiquecollgiale.

    Je le sais, MONSEIGNEUR,VOUSn'aurez pas besoinde ce modeste opuscule pour vous rappeler toujourscette magnifique glise que vous avez fait restaureravec un got si parfait, o vous avez exerc le saintministre avec tant de consolation et tant de succs,o l'on aimait tant vous entendre annoncer, duhaut de la chaire, la parole de Dieu, et o votre sou-venir sera toujours durable.

    Je sais bien aussi qu'au milieu des pompeusescrmonies et des brillantes ftes religieuses que vous

    devrez prsider, soit dans votre ville piscopale, soitdans les grandes paroisses de votre diocse, vous

  • n'oublierez point les belles solennits que vous avez

    prsides dans votre antique glise de Loches.En vous faisant hommage de f histoire de /'GLISE

    COLLGIALEDE NOTRE-DAMEDE LOCHES, j'ai voulu,MONSEIGNEUR, vous donner un tmoignage de ma vivereconnaissance pour l'intrt si bienveillant dontvous avez daign m' honorer pendant les trop courtesannes que lai passes prs de vous.

    J'ai voulu vous remercier de m'avoir procur les

    moyens de faire sur l'glise collgiale cette intres-

    sante tude; car c'est grce aux riches matriaux quevous avez mis ma disposition avec une bont par-faite, que j'ai pu entreprendre ce travail.

    Mais, MONSEIGNEUR,cette offrande n'est pas seule-ment la mienne;elle est celle galement de tous les

    prtres de votre ancien doyenn, de MM. les Fabri-ciens de l'glise Saint-Ours, et d'un grand nombrede personnes de Loches et d'ailleurs, qui ont voulus'unir moi quand je leur eus communiquF in-tention ojetais de vous donner ce modeste souvenir.

    Veuillez agrer, MONSEIGNEuit,Phommage du pro-fond respect avec lequel j'ai l'honneur d tre,

    DE VOTREGRANDEUR,

    le trs-humble et trs-obissant serviteur,

    L'ABBBARDET,ancienvicairedeSaint-Ourtdehochet.

    fa reix-de-Blr,30juin1863. L

  • 1Sur la rive gauche de l'Indre, rivire si capricieuse dans

    son cours et qui promne ses eaux travers de si riantes

    campagnes, se dresse une charmante petite ville. C'est

    Loches, chef-lieu du deuxime arrondissement du dpar-tement d'Indre-et-Loire, situ quarante kilomtres sud-

    est de Tours, presque sur les confins de la Touraine et du

    Berry.Rien de plus charmant que le paysage qui l'environne

    de tous cts. Partout la nature s'y montre pleine de frai-

    cheuret de grce. Ici, s'lvent des collines verdoyantes,des coteaux avec leurs vignes grimpantes et leurs sommets

    boiss; l, se droule la superbe valle de l'Indre avec ses

    prairies mailles de boutons d'or chaque retour du prin-

    temps, ses peupliers, dont quelques-uns, runis par

    groupes, forment d'agrables massifs de verdure, tandis

    que les autres, rangs en ligne droite, se dveloppent en

    un double rideau d'une immense tendue; enfin, avec ses

  • Hcours d'eau dont le blanc argent tranche d'une manire

    gracieuse sur le vert d'meraude des herbes touffues.La ville de Loches semble baigner ses pieds dans les

    eaux de l'Indre; mais elle ne rampe point terre, elle

    s'attache, comme la fleur, aux flancs du coteau sur

    lequel elle est en partie construite; ses maisons et ses rues

    s'lvent en amphithtre; elle a pour couronnement les

    tourelles de son chteau, les pyramides de son glise, et

    l'immense donjon de son vieux fort (1).

    Il est difficile de rencontrer une ville d'aussi petite ten-

    due qui offre autant de souvenirs et de monuments histo-

    riques. Dans la ville proprement dite, vous voyez s'lever

    la belle tour de Saint-Antoine, ancien beffroi de la cit.

    Les portes des Cordeliers et de Picois, parfaitement con-

    serves, vous rappellent qu'autrefois Loches tait une ville

    forte. Vous ne pouvez vous empcher d'admirer les restes

    de cette triple enceinte qui autrefois, entourait le chteau

    et en dfendait l'accs, et ces forts assez bien conservs,et cette porte, unique entre du chteau, encore dans son

    entier, qui n'a perdu que son pont-levis dont on aperoitencore l'emplacement, et cette haute tour carre que les

    injures du temps et des hommes n'ont pu renverser, et

    (I) LaTouraine,histoireet monuments,publisousladirectionde M. l'abbJ.-J. Bourass;article Loches, par M. Eug.de laGournerie.Tours, Marne,1835.

  • III

    cette glise avec ses clochers jour et ses pyramides de

    pierre qui lui tiennent lieu de votes.

    Nous laissons d'autres le soin de dcrire les monu-

    ments que renferme la ville de Loches; nous voulons

    nous occuper exclusivement de sa belle et antique glisedu Chteau. Pour en parler convenablement, nous avons

    tudi les auteurs qui s'en sont occups, tels que Dufour,Dictionnaire de l'arrondissement de Loches; Chalmel,M. de Pierres, dans ses Tablettes chronologiquesde la ville

    de Loches; la Touraine, de M. Mame; les Chroniques

    Tourangelles et Angevines, et surtout les vieux manuscrits

    laisss par l'ancien Chapitre de l'glise collgiale.Notre travail n'est point une uvre d'amour-propre;

    nous ne tenons point passer pour un savant; nous nous

    contentons d'un rle plus modeste; nous voulons rsumer

    en quelques pages ce que l'on a crit de plus intressant

    sur l'ancienne collgiale, en faire l'histoire depuis sa fon-

    dation jusqu' nos jours, en donner la description archo-

    logique; nous voulons faire connaitre en outre quels sont

    les riches trsors qu'elle est fire et heureuse de possder,donner enfin quelques dtails sur les saints qu'elle a hono-rs par le pass et qu'elle honore encore d'un culte spcial.Tel est le plan de ce modeste travail.

  • L'EGLISE COLLGIALE

    DE

    N.-D. DU CHATEAU DE LOCHES

    PREMIRE PARTIE

    HISTOIRE DE LA COLLGIALE

    CHAPITRE PREMIER

    Fondation de GeoffroyGrisegonelle.L'an mille. DonsdeFoulquesNerra.Translationde saintBaud.

    962-1160.

    Un des plus anciens historiens de la France, le moineJean, connu sous le nom de l'Anonyme de Marmoutier,qui vivait dans la seconde moiti du Xlle sicle, rapporteque, vers l'an 372, l'illustre vque de Tours, saint Mar-tin, convertit la vraie foi le peuple de Loches, encoreplong dans les tnbres de l'idoltrie.

    On ne sait en quel lieu les nouveaux chrtiens de Lochesse runirent pour assister la clbration des saints mys-tres, depuis l'poque de leur conversion jusque vers lemilieu du ve sicle; ce qu'il y a de certain, c'est que vers

  • 6 l'an 450 ou 455, le cinquime vque de Tours, saintEustoche, fit construire une glise sous l'invocation desainte Marie-Madeleine, sur le coteau de Loches, dansl'emplacement du chteau (I).Cette glise subsista jusqu'au temps de Geoffroy, dit

    Grisegonelle (du nom de son vtement gris ou brun),comte d'Anjou et seigneur de Loches, qui, dans la secondemoiti du Xesicle, fit lever la place de l'glise primi-tive une nouvelle glise plus vaste et plus belle (2).

    Il est ncessaire, pour l'intrt de notre rcit, de sereporter ce temps de l'histoire o la pit de Geoffroyleva sa belle glise en l'honneur de la trs-sainte Vierge.Nous pourrons ainsi comprendre que le comte d'Anjou, enla construisant, faisait autant un acte d'amour et d'esp-rance qu'un acte de foi et de pit.Au Xesicle, les peuples, sur une fausse interprtation

    de l'Apocalypse, croyaient que la fin du monde arriveraitavec l'an 1000. Dans l'attente d'une catastrophe si terrible,les affaires languissaient, les intrts matriels taientngligs, et vers la fin du sicle les travaux de la cam-pagne eux-mmes taient abandonns comme inutiles.Il n'est pas tonnant que cette poque ait t strile en

    monuments religieux: aussi les glises qui datent de la findu xe sicle sont-elles excessivement rares.Pourquoi, disait-on alors, entreprendre d'lever au Sei-

    gneur des temples magnifiques, puisque le monde touche

    (1)Gregor.Turon., HistoriaFrancorum, lib. x, cap.xxxi,5.(2) chroniquesdeTouraine,publiespar AndrSalmon:Chro-

    niconTuronen.seabbrcvialiim, i85. Tours, SocitArchologiquedeTouraine,1834.

  • - 7 -

    sa fin? A peine seraient-ils construits qu'ils dispara-traient dans l'embrasement gnral qui dvorera la terreet tout ce qu'elle contient!Souvent les vques et les savants crivains de l'glise

    cherchrent combattre cette croyance si gnrale de lafin prochaine du monde. Malgr tous les avertissements,l'opinion populaire, fortement impressionne, refusait dese rendre, et plus on approchait de l'an 1000, plus lesterreurs redoublaient.

    L'attente gnrale du dernier jour produisit cependantde bons rsultats: souvent elle apaisa des querelles, mitfin des inimitis sanglantes et rprima des projets devengeance; elle fit pntrer plus profondment la foi et lapit dans le cur presque indomptable de ces seigneurs,toujours prts batailler au gr de leurs caprices et deleurs passions, et de ces gens du peuple la nature rude et

    quelque peu sauvage.La pense que tout homme serait appel bientt rendre

    compte de ses actes au juge suprme, empcha bien desinjustices et bien des brigandages. Le droit de chacun, dupauvre et du faible, de celui qui ne pouvait opposer queson bon droit la force, aussi bien que du riche tout puis-sant, fut plus respect. Beaucoup de hauts et puissantsseigneurs, qui jusque-l s'taient jets sur les biensd'glise comme sur une riche proie, sentirent le remordsde leurs mfaits, et, dans l'intention de rparer leurs injus-tices, on les vit rendre avec une gnreuse prodigalit lesbiens qu'ils avaient enlevs.

    Entran par ce courant religieux, GeoffroyGrisegonelle,comte d'Anjou et seigneur de Loches, entreprit vers l'an

  • 8

    9G2, le plerinage de Rome. Et comme gage de son repen-tir sincre, son retour en France il ne se contentait pasd'offrir Dieu et son glise des terres fertiles, des fortsmagnifiques, il fit ce que nul seigneur, dcourag par lacroyance la fin prochaine du monde, n'osait plus faire,il construisit, grands frais, dans l'enceinte mme du ch-teau de Loches, une trs-belle glise en l'honneur de lasainte Vierge Marie.

    La charte donne par le comte Geoffroy, l'occasion dela fondation de l'glise du chteau, a pu survivre la ruinede tant de monuments prcieux que renfermaient lesarchives du chapitre et qui disparurent pendant la Rvolu-tion. Nous avons eu entre les mains une copie trs-anciennede cette charte crite en latin. Il nous a sembl que cettepice intressante mritait d'tre connue, c'est pour celaque nous en faisons ici un rsum exact (1).

    Le comte d'Anjou, aprs avoir invoqu la trs-sainteTrinit, annonce qu'il veut, par cette charte, faire con-natre ses successeurs et tous les fidles enfants de

    l'glise, les motifs qui l'ont amen rebtir, en l'honneurde la sainte Vierge Marie, l'glise du chteau de Loches,ddie autrefois sainte Marie-Madeleine.

    Entrant immdiatement en matire, il parle du voyagequ'il fit Rome en 962, accompagn d'une suite nombreuse.

    Geoffroy Grisegonelle avoue humblement qu'il s'taitrendu Rome pour y demander Dieu le pardon despchs de toute sorte qu'il avait commis pendant sa vie. Ason arrive dans la ville sainte, il fut admis en la prsence(1) lliblioth. Impr., collection ms. de D. Ilousseau, i,

    chartes 186,487.

  • 9

    du souverain Pontife Jean, qui lui fit un accueil hono-rable. Pendant cinq jours conscutifs, le pape reut enaudience intime Geoffroy et sa suite. Il leur parlait tousavec beaucoup de bont et de force, comme il convient un vrai pasteur des mes, empruntant souvent le langagedes divines critures, ainsi qu'il avait coutume de le faire,selon la remarque de Geoffroy.

    Pour les disposer au repentir et au pardon de leursfautes, le zl Pontife les engagea passer le siximejour ainsi que le septime, dans le jene, la prire, lesveilles, et faire en mme temps d'abondantes aumnes.Dans son exhortation paternelle la pnitence et aux uvresde misricorde, il leur cita ces paroles des Livres saints:a On se servira pour vous de la mesure dont vous vousserez servi pour les autres. Et celles-ci: Celui qui smeavec parcimonie fera une mdiocre rcolte, tandis que celuiqui sme avec abondance moissonnera abondamment.

    Encourags par ces pieux discours, le comte d'Anjou etles siens accomplirent, autant et aussi bien que cela leurfut possible, les actes de religion et de pnitence que leuravait prescrits le souverain Pontife.

    Enfin, huit jours aprs l'arrive Rome de Geoffroy,le Pape entendit, dans la basilique de Saint-Pierre, la con-fession du comte d'Anjou, qui ne pouvait retenir ses larmesau souvenir de ses pchs. Le Pontife, de son ct, pleuraitaussi. En ce moment, le Pape, comme inspir du Ciel, dit son illustre pnitent que pour obtenir de Dieu le pardonde ses pchs, le salut de l'me de son pre, et pour pro-curer ses successeurs le temps de faire pnitence, il luiordonnait de construire une glise en l'honneur de la

  • iO-

    Vierge Marie, et d'y tablir perptuit, en mmoire desdouze aptres, douze chanoines qui devraient clbrerchaque jour les divins mystres, chanter l'office et prierpour le repos des mes de Foulques, de ses successeurs etdes bienfaiteurs de l'glise.

    Le comte d'Anjou accepta cet ordre du pape avec uneparfaite soumission et une grande joie.

    Voyant que Geoffroy promettait de mettre le pluspromptement possible excution les ordres qu'il venaitde lui donner, le souverain Pontife pronona l'anathmecontre tous ceux qui empcheraient le comte de tenir sapromesse, ou qui oseraient piller les biens de la futureglise, ou la priver de son clat premier. Quatre-vingt-deux vques ou prlats entouraient le Pontife Jean en cetinstant solennel et prononcrent avec lui l'anathme.

    Aprs avoir reu une dernire fois la bndiction apos-tolique, Geoffroy revint en son pays; il rapportait l'adresse du roi Lothaire et celle de l'archevque deTours, Hardouin, des lettres du Pape qui avait voulu faireconnatre lui-mme au roi et l'archevque les intentionsdu comte d'Anjou. L'archevque de Tours, ayant reconnupour authentiques ces lettres pontificales, engagea lecomte aller trouver, dans la ville de Laon, le roiLothaire et lui demander l'autorisation de construire auplus tt son glise. Le roi lui donna toute permission, etafin que nul ne pt le contester, il munit de son sceaul'acte qui mentionnait l'autorisation royale.Mais quel lieu le comte d'Anjou va-t-il choisir pour y

    lever son glise? Quelques-uns de ses braves hommesd'armes du pays de Loches, l'engagrent reconstruire

  • ii

    l'glise presque en ruine du chteau-fort de ce petit pays.Geoffroy suivit leur conseil; il fit commencer immdiate-ment les travaux de construction, qui se poursuivirent avecla plus grande activit; et sur les ruines de la chapelleddie sainte Marie-Madeleine, s'leva en peu de tempsune belle et vaste glise sous le vocable de la Mre deDieu.Mais ne voulant pas que le culte de sainte Madeleine fut

    abandonn, quoique l'glise cesst de porter le nom del'illustre pnitente, Geoffroy ordonna que la fte de cettesainte ft clbre, comme par le pass, avec une grandesolennit, chaque anne, dans la nouvelle glise du ch-teau.Aprs tous ces intressants dtails, la charte dit que le

    comte d'Anjou donna son glise le corps de saint Herme-land; puis elle fait connatre les biens et privilges dontl'enrichit le puissant et religieux fondateur.

    Cette charte est signe de Geoffroy, de ses deux filsFoulques et Maurice, de l'archevque de Tours, Hardouin,et de plusieurs autres personnages importants.C'tait en 962 que le comte d'Anjou avait fait son

    voyage de Rome, et en 905, l'archevque Hardouin con-sacrait solennellement la nouvelle glise du chteau de-Loches.

    Quelques annes plus tard, le comte d'Anjou donnait:encore sa chre glise de Loches un prcieux gage de sonaffection; il la faisait dpositaire d'une moiti de la cein-ture de la trs-sainte Vierge, apporte de Constantinopleau temps de Charles-le-Chauve, et garde prcieusementdans la chapelle royale, jusqu'au jour o la reine de

  • 12 -

    France, Emma, femme du roi Lothaire, la fit remettre auvaillant Geoffroy Grisegonelle (1).

    Nous entrerons plus loin dans de plus grands dtails surcette prcieuse relique; nous parlerons aussi plus longue-ment de saint Hermeland, devenu l'un des patrons del'glise collgiale.

    Foulques Nerra, fils et successeur de Geoffroy Grisego-*nelle, porta aussi le plus grand intrt l'glise du ch-teau de Loches.

    Pour tmoigner tous qu'il voulait, comme son pre,tre le bienfaiteur de la collgiale, ce prince fit placer surun pilastre du sanctuaire, en 990, la statue de son pre etla sienne. Ces statues reprsentaient les deux comtes dansl'humble attitude de la prire, agenouills dvotement;elles subsistrent jusqu'en 1792; cette poque ellesfurent brises par les rvolutionnaires.

    Foulques Nerra, dont le nom est connu dans l'histoire,et qui rsumait en lui le type du chevalier batailleur du

    moyen-ge et parfois celui du chevalier chrtien, se mon-trait le plus brave de tous sur le champ de bataille et dansles aventures prilleuses. Il eut souvent se reprocher desactes de cruaut; pour les expier il entreprenait frquem-ment des plerinages. Trois fois il se rendit Jrusalem,ce qui lui fit donner le surnom de Jrosolomytain. Afind'obtenir de Dieu le pardon de toutes ses fautes, il fitconstruire plusieurs abbayes, entre autres celle de Beau-lieu, prs de Loches, en 1007. Il plaa l'glise du monas-

    (1) Chroniquesd'Anjoll, publies par MM.P. MarchegayetA. Salmon: GesfaconsuliimAndegavorum,86, 87; J/isturiacomltvmAndcgavensium,325. Paris, Renouard, 1856.

  • 13

    tre sous le vocable de la sainte Trinit et des anges, et ydposa un morceau de la vraie Croix, qu'il avait rapportde Jrusalem, ainsi qu'un fragment de la pierre du saint

    Spulcre qu'il avait arrach avec ses dents (1).Ses gnrosits en faveur de l'abbaye de Beaulieu ne lui

    firent, pas oublier Notre-Dame de Loches, car nous le

    voyons dans l'anne 1034 donner au chapitre de la coll-

    giale un morceau de la vraie Croix qu'il avait rapportd'un nouveau voyage Jrusalem (2).

    En l'anne 1086 une crmonie imposante eut lieu Notre-Dame du chteau de Loches, l'occasion de la trans-lation solennelle des reliques de saint Baud, ancien vquede Tours. Aprs sa mort, le saint pontife avait t ensevelidans l'glise de Saint-Martin de Tours; mais quand on luirendit un culte public, son corps fut plac avec honneurdans l'glise deVeriieuil, petite bourgade situe deuxlieues de Loches, et dont saint Baud avait t seigneur (3).

    (t) ChroniconTuronensemagnumt p. 118.Chron.de gestisconsul.Andegavor.,96-103.- Ilislor. Comit.Andegav., 329. RaoulGlaber,lib. II, cap. iv. - D. IIousseau, 337,357.(2) En revenant d'un troisime plerinage en Terre-Sainte,

    FoulquesNerra mourut Metz. Son corps fut rapporten Tou-raine, et inhumdans l'glise de l'abbaye de Beaulieu, prs dela portede la sacristie, dans la croise droite. Onpeut voir ledessin de cemagnifiquemonumentet le texte des pitaphesplusmodernesqui l'accompagnaient,dans le tomeIer, ff.170-171,desTombeauxet pitaphes des glises de France, provenant de lacollectionGaignires,dposaujourd'hui la Biblioth.Bodlienned'Oxford.(3) Clii-oii.Ptri filii Bechini,23.ChronoTuron. magnum^

    81.- Clii-on. Archiepisc.Titi-on.,209.- Maan,EcclcsiaTitro-nensis, 94.

  • li

    Le corps du saint vque resta Verneuil jusque vers lafin du XIesicle; mais cette poque la guerre promenaitses ravages dans nos belles contres, comme dans le restedu pays de France; les glises taient souvent pilles et lesreliques des saints profanes. Les reliques de saint Baudpouvaient subir le mme sort; c'est ce dont voulut les pr-server, en 1086, le chanoine Ervenarus, prieur du cha-pitre de Loches, et en mme temps seigneur de Verneuil.L'enceinte fortifie du chteau de Loches mettait son glise l'abri du pillage et de l'incendie; Ervenarus prit donc larsolution de dposer dans ce saint asile le corps du bien-heureux vque de Tours. Pour cet effet, il obtint le con-sentement de Foulques Rchin, comte d'Anjou et seigneurde Loches, et celui de Raoul, archevque de Tours.A partir du jour o se fit la translation solennelle, dans

    l'glise du chteau, des reliques de saint Baud, ce saintpontife fut honor comme l'un des patrons de l'glise coll-giale. Jusqu' l'poque de la grande Rvolution, de chaquect du matre-autel ddi la sainte Vierge, principalepatronne de la collgiale, on apercevait dans des chssesprcieuses, couvertes d'argent, avec figures releves enbosse et dores, les corps entiers de saint Baud et de saintHermeland, patrons secondaires de l'glise.

    N'oublions pas de dire que les souverains Pontifesavaient plusieurs fois, depuis sa fondation, tmoign leursbienveillantes faveurs l'glise collgialede Notre-Dame deLoches. Par une bulle spciale, Jean XIII lui accorda le

    privilge de relever directement de la cour de Rome. Cettefaveur fut plus tard ratifie et confirme par les souverainsPontifes Innocent II, Jean XXII et Innocent VI. Inno-

  • 15

    cent II pronona mme la peine d'excommunication contreceux qui oseraient attenter aux droits et privilges duchapitre de la collgiale. Comme marque de sa dpendanceimmdiate du Saint-Sige, l'glise de Loches payait ancien-nement, chaque anne, l'glise de Rome, cinq sous quitaient employs en achat d'huile, pour brler devant letombeau de saint Pierre.

  • CHAPITRE II

    Restaurationde ThomasPactius.Sigede Loches.DreuxdeMello.Visitesprincires.AgnsSorel.

    1160-1300

    Deux sicles ne s'taient pas encore couls depuis laconstruction de l'glise du chteau de Loches, que djelle menaait de tomber en ruine. Mais heureusement pourle monument sacr, le chapitre de Notre-Dame avait cette poque en son prieur un homme plein de zle et depit, qui pouvait s'appliquer les paroles de David: J'aime, mon Dieu, la dcoration de votre maison et lelieu que vous avez choisi parmi nous pour votre de-meure. Cet homme s'appelait Thomas Pactius.En 1160, Thomas Pactius, nous dit une vieille chro-

    nique, s'aperutque le ciel du milieu de l'glise, form desolives peintes et consumes parle temps, menaait ruine.D'autres dgradations plus ou moins considrables compro-mettaient galement la construction de GeoffroyGrisego-

  • 17

    nelle. Le prieur du chapitre ne se dissimula pas qu'il nesuffirait point de faire quelques rparations ordinaires pourconsolider et restaurer l'glise collgiale, mais qu'il s'agis-sait d'une reconstruction presque complte. Toutefois il nes'effraya pas des travaux considrables qu'il lui faudraitexcuter; bien plus, il ne voulut pas S'en tenir unesimple rparation; tout en conservant de l'glise de Geof-froy ce qui pouvait tre conserv, il voulut mettre profitdans l'uvre magnifique qu'il allait entreprendre, lesimmenses progrs que l'architecture religieuse avait faitsdepuis deux sicles.

    Avec les croisades, en effet, un genre nouveau d'archi-tecture avait pris naissance en France. Les croiss, en tra-versant les riches contres de l'Asie, avaient vu desuperbes glises, dont les formes lances, les coupoleslgantes, fendant majestueusement les airs, contras-taient singulirement avec les glises d'Europe, aux formeslourdes et massives. Ils voulurent leur retour essayer dece genre d'architecture dans leurs monuments sacrs. Onvit donc ds ce moment l'ogive se mlanger au plein-cintre, mais ce mlange se fit timidement; le plein-cintrene cessa pas encore de dominer en matre dans les con-structions religieuses de l'poque; les formes byzantines semontrrent cependant et donnrent plus de grce et demajest aux difices sacrs.

    C'est ce mlange, ce style de transition entre l'architec-ture romane et l'architecture ogivale, que Thomas Pactiusadopta pour son glise.

    Se mettant donc l'uvre avec un zle au-dessus detout loge, il fit enlever, nous dit la chronique dj cite,

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    les solives peintes et consumes par le temps qui formaientle ciel du milieu de l'glise, il couvrit l'espace comprisentre les deux clochers d'une faon merveilleuse, c'est--dire par deux petites tours que nous appelons douves(dnbas) ou dmes. Il fit galement construire les arcs depierre et les colonnes qui soutiennent les douves, partie deson argent, car il tait riche, partie de celui que donnrentdans ce but les nouveaux chanoines, leur rception (l).Quand nous donnerons au chapitre cinquime de notre

    travailla description de l'glise du chteau, telle que nousla voyons maintenant, nous essaierons de montrer cequ'tait cette glise lorsque Geoffroy Grisegonelle la fitconstruire, et ce qu'elle devint quand le prieur ThomasPactius l'eut restaure, embellie, agrandie. Contentons-nous de dire en ce moment, que, grce aux soins de l'in-

    telligent chanoine, l'antique collgiale de Loches passe bon droit pour l'une des plus belles glises que le XIIesi-cle nous ait laisses.

    Lorsque la Touraine, jusque-l soumise aux comtesd'Anjou et aux rois d'Angleterre en leur qualit de comtesd'Anjou, redevint franaise par son annexion la cou-ronne de France, en 1204-1205, la collgiale de Lochescourut un grand danger. A cette poque, le gouverneurdu chteau de Loches tait Girard d'Athe, entirementdvou au roi d'Angleterre, Jean Sans-Terre. Somm parle roi de France, Philippe-Auguste, de remettre entre sesmains l'importante forteresse, Girard d'Athe refusa

    (1) Chronicon ecclcsibeat Mari de Lochis. ThomasPactiusmourut le 27avril) tG8, d'aprs l'ohituairede la collgialede Loches.

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    d'obir, et, comme il connaissait la force de la place dont ilavait le commandement, il n'hsita pas courir les chancesd'un sige conduit par le roi de France en personne. Pen-dant, un an Philippe-Auguste fit entourer le chteau; saforte arme ne cessa chaque jour de cette anne de lancerses traits contre les assigs, de battre avec de puissantesmachines les hautes murailles de ce vieux chteau qui osaitfaire rsistance. Les fortifications durent cder devantune attaque si prolonge; les murs s'croulaient avec fra-cas, et cependant les assigeatrts ne pensaient point serendre; ils luttaient avec une extrme nergie pour main-tenir sur les tours branles du chteau la bannire d'An-gleterre.Enfin vers Pques de l'anne 1205, le roi Philippe-

    Auguste, entour de troupes fraches, donna lui-mme lesignal de l'assaut, et aprs une dernire lutte sur les rem-parts avec les assigs, les gens du roi pntraient avec luidans la place, et les tendards de France flottaient bienttaprs sur le donjon (1). Dans l'enceinte du chteau,l'glise seule se dressait intacte au milieu des ruines quil'entouraient; par une faveur spciale de la Providence,elle n'avait pas eu souffrir d'un sige poursuivi et sou-tenu si vigoureusement.

    Avec le XlIlesiclecommence pour l'glise collgiale unebrillante poque. Les rois, les princes, les seigneurs semontrent gnreux envers elle; ils viennent s'agenouilleravec la foi qui rgnait au moyen-ge, :dans cette gliseconsacre la trs-haute et trs-puissante Reine du ciel etde la terre; ils viennent avec la plus profonde dvotion(1)Guillaumele Breton, Philippidos, lib. VIII.

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    rvrer la prcieuse relique de la ceinture de Marie; ils nequittent pas cet auguste sanctuaire sans y laisser despreuves de leur gnrosit.

    Dreux de Mello, qui le roi Philippe-Auguste avait con-cd la ville et le chteau de Loches, ainsi que leursdpendances, en fief et hommage-lige, devint un des prin-cipaux bienfaiteurs de l'glise collgiale et de sQnchapitre.

    En juillet 1223, il donna et concda l'glise du ch-teau de Loches:

    1 Tout le bois ncessaire, tant pour le chauffage deschanoines et chapelains que pour la rparation de leursmaisons et moulins. Ce bois devait tre pris dans la fortde Boisoger, qui s'tendait depuis l'arche de Cornill jus-qu'au pont de Saint-Pierre de Perrusson, en longueur, etdepuis la croix de Dolus jusqu' la Jonchre, en largeur;2 L'exemption de tout droit de terrage et vinage, sur

    toutes les terres et vignes situes dans les terrages etvinages de Loches, dont le chapitre jouissait l'poque dela donation, ou qu'il pourrait acqurir par la suite;

    3 Il exempta de taille de guerre et de tous autressubsides celui qui portait le dragon aux processions ainsique ses enfants. Dans les processions on portait autrefoisdes figures de dragons pour reprsenter le diable ou l'h-rsie dont l'glise triomphe. On le portait au bout d'uneperche, et un enfant avait une lanterne o tait un ciergepour rallumer le feu qui tait en la gueule du dragon, s'ilvenait s'teindre (1);

    'Il concda encore au chapitre le droit de justice, de

    1)Dufour, Dictionn.de l'arrondissementdeLoches.

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    page, de vente et de toutes les coutumes, depuis Primessonnantes, la veille de l'Assomption de la sainte Vierge,jusqu' la mme heure du lendemain dudit jour de l'As-somption ;

    5 Il donna aussi la moiti du mme droit, depuis laveille de saint Michel, Primes sonnantes, jusqu' la mmeheure du lendemain de cette fte ;6 Enfin, il reconnut et ratifia le droit de haute et basse

    justice dont jouissait le chapitre.En juillet 1239, Dreux de Mello concda encore la

    collgiale une rente de cent sous, assigne sur la fort deLoches, pour la fondation de son anniversaire et de celuid'Elisabeth, sa femme (1).

    Sur la demande du Chapitre, le roi saint Louis, par des

    lettres-patentes, dates de Loudun et donnes en octo-bre 1255, approuva la fondation de Dreux de Mello.

    Si un simple seigneur se montra si gnreux enversNotre-Dame de Loches, que ne firent pas pour elle lesrois trs-chrtiens et les princes du sang royal qui pas-srent souvent Loches et y sjournrent quelque temps?Le 4 octobre 1261, la ville de Loches eut l'honneur de

    recevoir dans ses murs le fils de Blanche de Castille, leroi de France saint Louis. Le pieux monarque voulut

    payer le tribut de ses hommages la Mre de Dieu enson glise royale du chteau, et nous pouvons croire qu'ilvnra la ceinture de la sainte Vierge avec la ferveur et ladvotion d'un saint. C'est probablement cette poque quele vertueux roi fit l'glise Notre-Dame la rente annuelle

    (1)Archivesdu chapitre.

  • n -

    de deux livres tournois, affecte sur le domaine, pourun annuaire de sa mre, inscrite dans les archives du

    Chapitre.Aprs saint Louis, l'glise du chteau fut visite par

    Philippe-le-Bel, son indigne petit-fils; par Jean II, simalheureux dans ses guerres avec les Anglais, dont ildevint le prisonnier; par Charles VII, qui rsida assezlongtemps Loches; par Louis XI, si dvt Marie, et

    qui, pour la faire honorer de tous ses sujets, ordonna desonner chaque jour l'Angelus le matin, midi et au soir,dans toute l'tendue de son royaume; par Charles VIII,Louis XII et la reine Anne, duchesse de Bretagne. Fran-

    ois 1eret son rival Charles-Quint, empereur d'Allemagne,Henri II et Catherine de Mdicis, sa femme, Charles IX etHenri III, quand il n'tait encore que duc d'Anjou, pas-srent quelque temps au chteau royal de Loches, enten-dirent la messe dans son glise collgiale et usrent dudroit que leur donnait leur naissance ou leur rang pourfaire exposer leur vnration la ceinture de la Mre deDieu.

    D'aprs le Cartulaire de l'glise collgiale, voici la rcep-tion faite par les chanoines de Notre-Dame au dauphinCharles (depuis Charles VII), les 5 et 6 novembre1418 :

    a Le samedi cinq novembre 4418, sur les quatre heuresde l'aprs-midi, le seigneur Charles, dauphin de Vienne etduc de Touraine, fils unique de notre roi, vint pour la pre-mire fois son chteau de Loches, accompagn d'une suitenombreuse.

    Voulant recevoir dignement le dauphin, en sa qualitd'abb de notre glise, et remplir ainsi notre devoir, aprs

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    en avoir dlibr entre nous, suivant les antiques statuts denotre glise, nous nous sommes rendus processionnelle-ment, en chape de soie, avec la croix, le livre des vangileset l'eau bnite, au-devant du prince jusqu'aux barriressitues devant la porte du chteau.

    Aprs une courte attente, le dauphin arriva; le prieurlui prsenta la croix et le livre des vangiles, qu'il baisa avecune grande dvotion et rvrence, mais comme l'heuretait avance, ledit seigneur ne s'arrta pas l'glise.

    Le lendemain matin, huit heures, nous nous ren-dimes sous le porche de notre glise, dans le mme ordreque la veille; le prieur portait la sainte croix dans sesmains. A l'arrive du dauphin, le prieur lui donna l'eaubnite, lui fit baiser la croix, puis se mettant genoux, illui exposa le crmonial avec lequel nous allions le recevoircomme abb de cette glise. Au nom du Chapitre et pourl'honneur de Dieu et de la susdite glise, le prieur suppliale prince d'observer et d'accomplir les statuts de l'glise,dans la crmonie de sa rception comme notre abb. Ledit

    seigneur rpondit avec bienveillance qu'il tait prt ob-server ces statuts. Alors le prieur mit sur les paules duprince d'abord le surplis, ensuite une chape de soie, et sursa tte le bonnet ecclsiastique.

    Puis au milieu des chants du chur, au son de l'orgue,au bruit des cloches, le duc, notre abb, entour d'ungrand nombre de seigneurs qui composaient sa suite, fitson entre solennelle dans notre glise, et entendit avecdvotion la grand'messe, dans le lieu qu'on lui avait pr-par.

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    Quand la messe fut termine, le dauphin vnra etbaisa la ceinture de la bienheureuse vierge Marie (1).A partir de Charles IX, les rois et les princes ne vinrent

    plus Loches aussi frquemment que par le pass; toute-fois les chroniques mentionnent que le 14 dcembre 1700,le ducd'Anjou, petit-fils de Louis XIV, passa dans cetteville en allant prendre possessiondu trne d'Espagne; qu'ils'y arrta avec une suite nombreuse, que le lendemain deleur arrive Loches, le roi et les princes qui l'accompa-gnaient entendirent la messe l'glise collgiale, et qu'a-prs la messe les chanoines leur montrrent la ceinture dela sainte Vierge.

    Les archives de l'ancien chapitre nous ont appris quePhilippe-le-Bel ratifia par lettres-patentes les privilges etimmunits dont jouissait la collgiale; que Jean II, encoreprince royal, donna l'glise Notre-Dame 60 livres tournoisde rente annuelle et perptuelle, pour la fondation d'unemesse, dite du roi, et d'un service des morts pour lui, lesrois et les ducs ses prdcesseurs. Quand il fut parvenu lacouronne, il confirma ce don, en 13a0. La messe du roitait dite chaque lundi par un chanoine; aprs cette messe,il tait distribu 13 sous chaque chanoine assistant et8 sous chaque chapelain.

    Charles VI, Charles VII, Louis XI, Charles VIII,Louis XII, Franois Ier, Henri II, Franois II, Henri III,Henri IV et Louis XIV confirmrent aussi par lettres-patentes ces mmes privilges et immunits. Parmi cesprinces, quelques-uns ne se contentrent pas d'une simple

    (i) D.Housseau,3828,3829.

  • c25

    2

    approbation, ils Voulurent eux-mmes donner l'glisecollgiale des marques royales de leur munificence et deleur pit.

    Charles VII tmoigna constamment une affection parti-culire pour Loches et la collgiale de cette ville; il voulutmme que ses chanoines ne pussent tre mis en causedevant aucuns juges que ceux du prsidial de Tours. Quel-ques annes aprs, il accorda encore au chapitre le privilgeda garde gardienne, tant pour ses membres que pour sesfamiliers, hommes et femmes, et autres serviteurs. Ce pri-vilge consistait en ce que la connaissance des causes deceux qui en jouissaient tait attribue aux juges royaux,avec exemption de la juridiction des seigneurs.

    Les chanoines de Loches dclinrent la juridiction du

    prsidial de Tours par une supplique qu'ils prsentrent Charles VII : ce monarque leur accorda le privilge d'avoirleurs causes commises au Parlement, tant en demande qu'endfense. Ce privilge leur fut accord aux charges et condi-tions de faire annuellement deux services solennels pour luiet ses prdcesseurs, l'un le lendemain de la mi-aot, etl'autre le lendemain de la fte de saint Hermeland. Cesservices se nommaient messesdesprivilges.

    Louis XI donna de son ct l'glise collgiale unesomme de 0,000 livres.

    Enfin Franois Ier ajouta encore aux dons de ses prd-cesseurs. Outre l'exemption des tailles et autres subsidesdont jouissaient l'huissier portant le dragon aux proces-sions et ses enfants, le monarque stipula la mme faveur

    l'gard du valet charg de faire les communes affaires del'glise, et des deux charpentiers des moulins banaux et

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    des moulins de Corbery (1). Cette exemption de tailles futaussi tendue aux btonniers du chapitre, en quelque en-droit qu'ils fissent leur rsidence.Parmi les domaines seigneuriaux qui appartenaient au

    chapitre de Loches, nous devons mentionner: le fief duChapitre, Nouans; le fief de la Lardire, Saint-Senoch;le fief de Rondeaux, Saint-Jean-sur-Indre; le fief deBrouillart, Genill; le fief du Chapitre, Francueil, quifut vendu en 1515 moyennant cent livres, ThomasBohier, seigneur de Chenonceau; etc., etc. Les fiefs de laLande et de la Follaine, Azay-sur-Indre, relevaient foiet hommage du Chapitre de Loches.

    Une femme clbre dans l'histoire par son patriotisme,et, il faut le dire, par le triste rang qu'elle occupait lacour de Charles VII, Agns Sorel, qui habita longtempsle chteau de Loches, et qui, nous l'esprons pour elle,racheta les fautes de sa vie par sa charit envers les pau-vres et par sa mort chrtienne, fit prsent la collgialed'une croix d'or destine renfermer le morceau de lavraie Croix donn Notre-Dame par Foulques Nerra.

    Les archives du Chapitre mentionnent aussi le don, fait

    par Agns, d'une statue d'argent dor de sainte Marie-Madeleine, autour de laquelle tait crit: En l'honneuret rvrence de sainte Marie-Madeleine, noble damoiselleMadamoiselle de Beaut a donn cest image en ceste glisedu chasteau de Loches, auquel image est enferme unecoste et des cheveux de la dicte sainte, l'an 1444.

    (1) Lesquatremoulinset la tour de Corberyavaientt donns la collgialepar ThomasPactius. Chron. ecclesiB. AI.deLochis.

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    Elle donna encore un bnitier d'argent, et plus tard, enreconnaissance de ce que les chanoines avaient acquiesc son dsir d'tre inhume dans leur glise, elle fit Notre-Dame un dernier prsent de 2,000 cus d'or.

    Voici comment un vieux chroniqueur, Alain Chartier,raconte les derniers moments d'Agns Sorel, atteinte subi-tement d'un mal qui la conduisit en six heures au tom-beau: Elle eut moult belle contrition et repentance deses pchs, et lui souvenoit souvent de Marie gyptiennequi fut grand'Pl'cheresse, et invoquoit Dieu dvotement etla vierge Marie son aide, et comme vraye catholique,aprs la rception de ses sacrements, demanda ses heurespour dire les vers de saint Bernard qu'elle avait escript desa propre main, puis trespassa.

    Le corps d'Agns fut inhum dans le chur de la coll-giale. Son tombeau en marbre noir tait lev au milieu decette partie de l'glise; il avait 2 mtres 67 centimtresde long, sur 1 mtre de large et 83 centimtres de hau-teur. Sur la table tait la statue d'Agns, reprsentecouche, les mainsjointes, la tte appuye sur un oreiller,le tout en marbre; on voyait de chaque ct un ange,placs l'un et l'autre derrire une couronne ducale taille

    cinq faces et creuse pour recevoir la partie suprieure dela tte de la statue d'Agns; ses pieds taient deuxagneaux, symbole de la douceur de son caractre (1).

    Entre toutes les inscriptions graves sur le monumentfunbre on lisait celle-ci: Cy-git noble damoiselle AgnsSeurelle, en son vivant dame de Beautt, de Roquesserieu,

    (1) Tahletteschronologiquesde la ville de Loches.

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    d'Issouldun, et de Vernon-sur-Seine, piteuse envers toutesgens et qui largement donnoit de ses biens aux glises etaux pauvres; laquelle trespassa le neuvime jour de fvrier,l'an de grce mil-quatre-cent-quarante-neuf. Priez Dieupour l'me d'elle. Amen.

    Comme ce tombeau gnait beaucoup pour le service duchur, les chanoines obtinrent de Louis XVI, en 1777,l'autorisation de le faire placer en une autre partie del'glise. Il fut mis dans un des cts de la nef; il y restajusqu'en l'anne 1794. A cette poque les rvolutionnairesle firent disparatre de l'glise; enfin en 1809 un prfetd'Indre-et-Loire, M. Lambert, en entreprit la restaura-tion, et par ses soins il fut plac l o il est aujourd'hui,dans la tour du chteau de Loches qui porte le nomd'Agns.

    Afin de mettre un peu de suite dans notre rcit, nousavons group ensemble plusieurs faits qui se rattachaient l'histoire de Notre-Dame de Loches, sans tenir un compterigoureux de l'ordre chronologique; nous allons reprendrecet ordre, autant qu'il nous sera possible, pour continuerl'histoire de l'glise collgiale, depuis le commencementdu XIVesiclejusqu' la rvolution franaise.

  • CHAPITRE III

    La processiondes Corpssaints. La processionde la peste.Les Huguenots.Fondationspieuses.

    1300-1792

    Le commencement du xive sicle fut pour la ville deLoches et ses environs une poque de calamit. En l'an-ne 1301 les biens de la terre furent gravement compro-mis par une scheresse extraordinaire. Pendant quatremois, du mois de fvrier au mois de juin., aucune gouttede pluie ne vint rafrachir la terre aride et dessche.Aussi les peuples des villes et des campagnes taient-ilsdans la consternation la plus profonde en se voyant mena-cs d'une famine gnrale.

    Mais alors on savait chercher dans la religion un remdeaux grandes calamits publiques. Plusieurs fois les habi-tants de la ville de Loches et des paroisses voisines taientvenus supplier les chanoines de l'glise collgiale d'or-donner quelque prire solennelle pour obtenir de Dieu lacessation d'une scheresse si dsastreuse. Le Chapitre avait

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    pendant quelque temps diffr de rpondre ce vu despopulations, dans la crainte, en cas d'insuccs, de voir sedcourager la foi et la pit des peuples. Toutefois lesinstances devinrent si vives, les paroisses qui demandaientces prires taient si nombreuses, enfin le mal occasionnpar la scheresse tait si grand, que les chanoines ne purentrefuser plus longtemps ce qu'on leur demandait.

    Ils dcidrent donc qu'une procession solennelle par-tirait de leur glise collgiale pour se rendre l'glise deNotre-Dame de Ferrires-sur-Bcaulieu, et que dans cetteprocession l'on porterait les reliques de saint Baud et desaint Ilermeland.Au jour indiqu, une foule immense de fervents chr-

    tiens se runit l'glise collgiale: vingt-huit paroisses setrouvaient reprsentes cette grande manifestation reli-gieuse, avec leurs croix et leurs bannires.

    Quand le cortge se mit en marche, ce fut un beau spec-tacle de voir tout ce peuple recueilli s'avancer dans unordre parfait, s'unissant de cur et de bouche aux prireset aux chants sacrs!

    Aprs les simples fidles, venaient sur deux lignes lesbndictins de l'abbaye de Beaulieu, les curs des vingt-huit paroisses que nous dsignerons bientt, puis le Cha-

    pitre de la collgiale, enfin les chsses des deux saints con-fesseurs portes par des prtres marchant nu-pieds.

    A l'arrive de la procession Ferrires, le saint sacrificede la Messe fut offert dans l'intention d'obtenir de la pluie.Aprs la Messe un chanoine monta dans la chaire del'humble glise; il annona aux assistants que, si Dieu

    exauait leurs prires en leur accordant une pluie bienfai-

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    sant, le Chapitre de Notre-Dame de Loches, tant en sonnom qu'en celui de toutes les paroisses qui assistaient la

    procession, faisait le vu de venir chaque anne, pareiljour (citait le lendemain de la Fte-Dieu) et perptuit,processionnellement Ferrires avec les saintes reliques;que de plus le Chapitre s'engageait faire recouvrir delames d'argent les chsses de saint Baud et de saint Her-ineland, en reconnaissance de leur protection efficace.A ces paroles le peuple fit clater sa joie et ratifia le

    vu qui venait d'tre fait en son nom.Dieu daigna montrer promptement combien cette pro-

    messe qu'on venait de lui faire lui tait agrable, car auretour de la procession, aprs que tous les fidles eurentbais dvotement les chsses renfermant les reliques dessaints confesseurs, le ciel se couvrit tout coup de grosnuages; une brise rafrachissante succda la chaleuraccablante qui avait fait tant de mal depuis plus de quatremois, et le soir mme de ce jour si saintement employ,une pluie abondante mit fin cette longue et dsolantescheresse.

    Les chanoines et les paroisses si promptement exaucsn'oublirent pas leur vu. Chaque anne, au vendredi dela Fte-Dieu, la procession dite des Corps-Saints, parcequ'on y portait les corps de saint Baud et de saint Herme-land, partait de l'glise du chteau pour se rendre Ferrires, huit heures du matin. Les bndictins deBeaulieu et les curs des vingt-huit paroisses dont nousallons donner les noms assistrent cette procession,depuis l'an 1301 jusqu' l'anne 1777. En cette annel'archevque de Tours ordonna que dsormais la proces-

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    sion se rendit de l'glise collgiale celle des bndictinsde Beaulieu, et il dispensa les curs des paroisses d'yassister.

    Les curs tenus sous peine d'amende, depuis 1301 jus-qu'en 1777, d'assister la procession dite des Corps-Saints,taient ceux de Loches, Beaulieu, Azay-sur-Indre, Cham-bourg, Chanceaux, Dolus, Saint-Baud, Mouzay, Vou,Cyran, ve-le-Moutier, Varennes, Saint-Senoch, Perrus-son, Saint-Jean, Verneuil, Vitray, Saint-Martin-de-Ceray,Saint-Germain, La Chapelle Saint-Hippolyte, Sennevires,Aubign,Genill, le Lige, Saint-Quentin, Saint-Pierre-de-Chdigny, Saint-Michel-de.Chdigny et Ferrires.

    Dans le XIVesicle l'glise collgiale de Notre-Dame futclbre comme lieu de plerinage, et cause des indul-gences nombreuses dont les souverains Pontifes se plurent l'enrichir.

    Le pape Nicolas IV, par une bulle date du 6 des kalen-des de janvier, la deuxime anne de son pontificat, avaitaccord prcdemment une indulgence de plusieurs annes ceux qui, aprs s'tre confesss, visiteraient l'gliseNotre-Dame du chteau de Loches aux jours de la Nativitet de l'Assomption de la sainte Vierge.Les souverains Pontifes Clment V, en 1306, Gr-

    goire XI en 1377, et plus tard Urbain VIII, accordrentaussi de nombreuses indulgences aux fidles qui visite-raient, avec les formalits d'usage, la collgiale aux prin-cipales ftes de l'anne.

    Il n'est donc pas tonnant que cette glise, enrichie des

    prcieuses reliques de la vraie Croix, de la ceinture de lasainte Vierge, de saint Hermeland etde saint Baud, et

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    qui pouvait procurer ceux qui la visitaient le grand bien-fait des indulgences, ait t en si haute vnration auprsdes peuples; que les chrtiens si pieux et si zls de cessicles de foi aient considr cette glise comme un lieusacr o Dieu se plaisait recevoir les hommages et lesadorations de ses fidles sujets, o il se montrait dispos exaucer tous ceux qui venaient lui adresser leurs prires,par l'entremise de la trs-pure Vierge Marie, patronne dece temple vnr.

    Aussi dans les besoins particuliers et les calamits pu-bliques, avec quel saint empressement ne venait-on paschercher aide et secours Notre-Dame de Loches!

    Nous avons vu au commencement de ce xive sicle lespopulations se rendre en masse la collgiale pour de-mander Dieu les ondes bienfaisantes que rclamait laterre; vers la fin du xve sicle, en 1484, une autre gn-ration, dsole par une calamit terrible, vint galement Notre-Dame du chteau en solliciter la cessation. La peste cette poque avait envahi nos riches et saines contreset y causait les plus horribles ravages. Depuis la Saint-Jeanjusqu' Nol, huit cents personnes avaient t frappes demort, Loches; dans ces jours de deuil l'on enterrait aucimetire de Vignemont jusqu' dix-neuf personnes chaquejour.

    Les habitants de Loches, si cruellement prouvs,tournrent leurs regards vers Notre-Dame du chteau, d'ole salut tait tant de fois venu pour leurs pres. Sur leurdemande les chanoines de la collgiale, suivis de tout lepeuple, se rendirent processionnellement l'glise des

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    Cordeliers (1), portant pieusement les reliques des deuxprotecteurs de la ville, saint Hermeland et saint Baud,ainsi que la prcieusevrelique de la vraie Croix. Pour fl-chir la justice divine, la ville et le Chapitre firent le vu dechmer perptuit la fte des deux saints confesseurs,comme on chmait cette poque la fte de l'Invention dela vraie Croix.Il nous faut maintenant aborder une des poques les

    plus tristes de notre histoire nationale. Nous sommesarrivs la moiti du xvie sicle, au commencement du

    rgne de Charles IX, qui monta sur le trne en 1560,

    l'ge de dix ans. En cemoment les protestants de France,nomms Huguenots, profitant de la minorit du roi,jetaient le trouble et la confusion dans l'tat par leurs

    exigences politiques et religieuses.. Ils avaient pour chef

    principal le prince de Cond, qui chercha, par tous les

    moyens possibles, par la trahison et la flonie, s'em-

    parer du pouvoir et mme de la personne de son jeunesouverain. Partout o les huguenots passaient, les glisestaient pilles, les saintes reliques brles et leurs cendres

    jetes au vent. Ils ne se contentrent pas de prendre desvilles pour augmenter leurs forces et rendre plus durableleur rsistance, ils osrent se montrer tratres envers leur

    patrie, comme ils l'taient l'gard de leur roi; on lesvit donc livrer des villes franaises aux mains de l'tran-

    ger, afin d'en acheter des secours; c'est ainsi que la villedu Ilvre fut ouverte par eux aux troupes anglaises!

    (1) Le couvent des Cordeliersfut fondvers l'an 1229;l'glisefut consacrele 9 avril 1237.Bibliolh.Imp , fondsGaignircs.

    - vol.078,p. 285.

  • - ;.35-

    Pendant le cours de ces affreuses guerres civiles et reli-

    gieuses, vingt mille glises furent dtruites par les hugue-nots; dans la seule province du Dauphin, ils gorgrentcent cinquante-six prtres et cent douze moines, et br-lrent neuf cents villes ou villages qui avaient voulu leurrsister.Le froce baron des Adrets, qui avait embrass le parti

    des huguenots, et s'en tait constitu le reprsentant etle chef dans ces provinces, se signala par d'effroyablesbarbaries. Il inonda du sang des catholiques le Dau-

    phin, le Lyonnais, le Languedoc et la Provence. Un jour, la suite d'une orgie, il se donna le plaisir atroce de voirsauter, de la plate - forme d'une tour fort leve, surla pointe de piques places en bas, les soldats catholiquesde la garnison de Montbrizon, qu'il avait condamns cegenre demort.

    Cond, furieux de n'avoir pu surprendre le jeune roiCharles IX, se vengea de cet chec en s'emparant des villessoumises encore l'autorit royale. Au mois d'avril 1562,il prit Orlans, dont il fit sa place d'armes. Pendant lanuit du 21 avril les temples catholiques de cette ville furentforcs, les images saintes brises, les orgues dtruites, lestrsors de l'glise mis sous le squestre et employs laguerre contre elle. Bientt aprs, Blois, Tours, Angers,Poitiers et Bourges tombaient entre les mains des religion-naires. Partout ce n'tait que pillage, incendie, meurtre,profanation des glises et des choses saintes.

    A Tours, les reliques de saint Gatien, aptre de la Tou-raine, de saint Martin, le thaumaturge desGaules, furentbrles par ces hrtiques forcens; quelques ossements de

  • 36 ces vnrs pontifes chapprent grand'peine leurfureur sacrilge. Le corps de saint Franois de Paule, quireposait dans l'glise du couvent du Plessis-ls-Tours, futaussi par eux livr aux flammes.En 1562, Loches subit le mme sort que tant d'autres

    villes; ses portes durent s'ouvrir aux ennemis du roi et dela religion; son chteau-fort tomba entre les mains deshuguenots, ses glises enfin furent profanes et pilles.

    La collgiale vit un jour son enceinte envahie par leshuguenots; ses votes retentirent de leurs blasphmes; sesautels furent dpouills, ses croix renverses et foulesaux pieds, ses statues mises en pices; mais heureusementon put soustraire aux mains sacrilges des profanateursles reliques saintes, qui faisaient la richesse de l'glise.

    Quand ces jours de dsolation et de deuil furent passe,que les hrtiques eurent t chasss et chtis comme ilsle mritaient, Notre-Dame du chteau de Loches prsentade nouveau la vnration des populations catholiques lessaintes reliques providentiellement conserves.

    Les fidles essayrent par leurs libralits de rparer lespertes que l'glise collgiale avait faites en ces temps dedvastation; ils voulurent aussi, par des fondations

    pieuses, s'assurer dans cette glise des prires perptuitpour le repos de leur me.Aux Xve,XVIeet XVIICsicle, ces fondations taient com-

    munes en France; elles le furent surtout Notre-Dame deLoches. Les archives du Chapitre nous ont conserv lesnoms des nombreux fidles qui avaient dot gnreuse-ment les chapelles de la collgiale, pour la plus grandegloire de Dieu, de la Vierge Marie et pour leur salut ter-

  • 37

    nel, pendant ces trois sicles que nous venons de signaler.Dans la pense des donateurs, c'tait comme une protesta-tion contre les sauvages fureurs des Rforms, destructeursdes glises et profanateurs des choses saintes; c'taitcomme une amende honorable faite au Dieu tout-puissant, la divine Mre de son Fils et tous les saints habitantsdu ciel pour les outrages qu'ils avaient reus de la partdes hrtiques.Parmi ces fondations de toute sorte, nous citerons de

    prfrence celles qui suivent, parce qu'elles offrent un in-trt particulier.Jean Picquene, chanoine de Notre-Dame, fit en 1480

    une donation en faveur de l'glise laquelle il appartenait,pour que chaque anne, au jour de la Purification dela sainte Vierge, fte qui se clbre le 2 fvrier et estappele communment Chandeleur, les chanoines et em-ploys du chapitre prsents au chur eussent un ciergeentre les mains. Il est dit dans l'acte de donation que leschanoines auraient un cierge d'un quarteron de cire, etceux qui gagnent demi un cierge de demi-quarteron.Un autre chanoine, Ren de Baraudin, charg, comme

    cur, de la paroisse Saint-Ours (1), voulant ajouter plusde pompe et d'clat la fte du patron de la ville deLoches, fit en 1634 une fondation Notre-Dame du ch-teau, pour que chaque anne, au jour de la fte de saint

    (1)L'ancienneglise paroissialedeSaint-Ours,aujourd'huid-truite, s'levaitau pied du chteau,dans la petite rue qui porteencoreson nom. Elle fut donne,ds le XIesicle, l'abbayedeReaulieu,par Geoffroy, comted'Anjou, fils de Foulques-Xerra.D.Housseau,453,475.

  • 38 -

    Ours, le Chapitre de la collgiale se rendit processionnelle-ment en l'glise paroissiale.Mais voici la fondation qui nous parait la plus remar-

    quable: c'est celle des Saluts solennelsde l'Octave du Saint-Sacrement, faite en l'anne 1667 par le chanoine-chantreClaude Quentin.La fte du Saint-Sacrement, appele Fte-Dieu, avait

    pris naissance dans la ville de Lige en 1249. Le souverainPontife Urbain IV, archidiacre de l'glise de Lige avantson lvation sur la chaire de saint Pierre , par une bulleadresse tous les vques, en 1262, avait ordonn quela fte, propre au seul diocse de Lige, fut clbre danstoute l'tendue du monde catholique, le jeudi aprs l'Oc-tave de la Pentecte. Urbain IV mourut peu de tempsaprs la publication de sa bulle; ses successeurs immdiatsn'en pressrent pas l'excution; mais en 1311 Clment V,dans le concile de Vienne, confirma l'institution de laFte-Dieu. A partir de cette poque la belle fte du Saint-Sacrement fut clbre dans toutes les glises du mondecatholique, au jour fix par Urbain IV, et le magnifiqueofficeque saint Thomas d'Aquin avait compospour cette

    grande solennit ne contribua pas peu en rehausserl'clat.

    Il est remarquer cependant que les bulles des papesqui tablirent et rendirent obligatoire la Fte-Dieu ne par-lent ni de l'exposition du Saint-Sacrement, ni de la pro-cession, ni des saluts de l'Octave.La Fte-Dieu, dans son origine, consistait en un office

    solennel qui ne se distinguait en rien de celui des autresgrandes ftes de l'anne. Bientt cette fte fut accompagne

  • 39

    d'une procession dans laquelle on ne portait pas le Saint-Sacrement, mais on y chantait des rpons, des psaumeset des hymnes en l'honneur de l'Eucharistie.

    Il y a trois sicles peine, crit un habile liturgiste,M. l'abb Pascal, que l'usage de porter le Saint-Sacrementen procession, de l'exposer l'adoration des fidles et defaire des saluts solennels o l'on donne la bndiction, estuniversellement tabli.

    Ces claircissements sur le dveloppement successif desdiffrentes parties de la fte du Saint-Sacrement nous fontdcouvrir dans la fondation qui fut faite en 1667, Notre-Dame de Loches, pour les saluts solennels de l'Octave duSaint-Sacrement, l'origine de ces saluts l'glise coll-

    giale.Avant la fondation que nous mentionnons, la procession

    solennelle du jour de la Fte-Dieu se faisait Notre-Damede Loches avec la plus grande pompe; celle de l'Octavese faisait galement, mais avec moins de solennit, puis-que l'on se contentait, cette occasion, de porter proces-sionnellement le Saint-Sacrement autour de l'glise, aprsla Messe du matin, tandis que le jour mme de la fte laprocession se rendait l'glise des Bndictins de Beaulieu.Mais les saluts de l'Octave ne se clbraient pas encore l'glise collgiale; s'il en avait t autrement, quel auraitt le but de cette fondation du chanoine Quentin?

    Voici l'ordre des saluts rgl par le fondateur lui-mme, avec les dcisions prises ce sujet par le Chapitre:

    i0 Chant de l'Antienne Christum Regem; 2* Pangelingua ou Sacris solernniis donn alternativement parl'orgue et le chur chantant l'hymne en faux-bourdon;

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    3 la Prose Lauda Sioh, en plain-chant avec accompagne"ment d'orgue; 4 un motet en musique, soit l'Antienne0 sacrum conviviam ou tout autre morceau en l'honneurdu Saint-Sacrement.Aprs ces chants, venaient les versets et Oraison au

    Saint-Sacrement, et ensuite la bndiction.Comme on le voit, c'est, peu de chose prs, l'ordre

    que l'on suit encore pour lessaluts solennels de l'Octave dela Fte-Dieu.

    Chaque chanoine devait officier son tour ces saluts,le prieur d'abord et ensuite les autres membres du Chapitre.

    Pour complter ce qui venait d'tre rgl l'occasion dela semaine du Saint-Sacrement, le Chapitre, en acceptantla fondation de Claude Quentin, dcida que le jourde l'Octave la procession, qui jusque-l s'tait faite lematin aprs la messe, dans l'glise, se ferait dornavant

    aprs le dernier salut, autour du chteau, et que le Saint-Sacrement serait port par le chanoine en exercice cemme jour.Par suite de la mme donation, les chanoines de Notre-

    Dame prirent l'engagement de chanter tous les jours enfaux-bourdon la strophe 0 salutaris Hostia, aprs l'lva-tion du Saint-Sacrement, la grand'messe.

    Terminons ce chapitre de l'histoire de Notre-Dame deLoches avant la rvolution franaise, en mentionnant quele 3 mai 1738 les chanoines de l'glise portrent la cein-ture de la sainte Vierge en procession, autour du clotredu chteau, afin d'obtenir de Dieu par l'entremise deMarie la cessation de pluies continuelles qui nuisaientgrandement aux biens de la terre.

  • CHAPITRE IV

    Dvastationet pillagede la collgialependant la Rvolution.Rouverturede l'glisede Notre-Damesous le vocablede saintOurs.

    1792 - 1862

    Le temps tait venu o cette glise vnrable, quicomptait plus de huit cents ans d'existence, allait tre in-dignement profane; son glorieux pass ne devait pas laprserver des outrages des rvolutionnaires! L'gliseNotre-Dame du chteau de Loches tait un temple con-sacr au vrai Dieu, un temple fond, enrichi, visit pardes princes et des rois; elle devait, pour ces raisons,porter les marques de la haine que les hommes de la Rvo-lution avaient pour Dieu et son culte, pour les rois et lesgrands.

    Aprs avoir exig de tous les prtres catholiques un ser-ment que leur conscience leur interdisait de prter et quidevint le signal de sanglantes perscutions, les chefsavancs de la Rvolution conurent le projet d'anantir enFrance la religion catholique. Des ordres furent donnspour le pillage de toutes les glises, et les comits rvolu-

  • H

    tionnaires, tablis dans les quatorze mille communes de larpublique, s'acquittrent en impies de cette impie com-mission. Partout on ne rencontrait que bchers o br-laient les livres d'glise, les chaires, les confessionnaux,les ornements sacrs: les tableaux, les reliques des saints,et l'on voyait autour de ce feu la populace ivre de vin etd'impit danser en blasphmant le Dieu de ses pres!On mutila les statues des saints, on brisa les croix, on

    enleva le fer des grilles, on fonditles cloches, on abattitmme quelques clochers, sous le ridicule prtexte que parleur lvation ils blessaient l'galit rpublicaine.Qui pourrait numrer les glises qui furent dtruites

    en ces temps malheureux? Parmi celles qui restrentdebout aprs leur profanation, les unes furent convertiesen magasins ou en curies, les autres servirent au cultenouveau que les hommes du jour voulurent substituer auculte du vrai Dieu, et devinrent les temples de la Raison.Cette nouvelle Divinit eut des statues vivantes, et ce futsous les traits d'infmes prostitues, qui se plaaient surl'autel, qu'elle reut l'encens et les hommages d'un peupleen dlire!

    Dans ces jours de funeste mmoire, les chants sacrs,qui depuis huit sicles retentissaient quotidiennement sousles votes de Notre-Dame de Loches, vinrent cesser; ledivin Sacrifice ne fut plus offert sur ses autels dpouills;les prtres fidles qui la desservaient furent obligs defuir la perscution et la mort.

    Enfin, une horde sauvage et impie fit irruption danscette glise autrefois si respecte; elle venait, le blasphme la bouche, piller l'antique sanctuaire de Marie. En un

  • 43

    instant les croix furent renverses et foules aux pieds, lesimages et les statues des saints furent dchires et brises,les orgues elles-mmes furent mises en pices; les vasessacrs et les ornements prcieux que possdait la coll-giale furent enlevs.C'est alors que disparurent pour toujours le trs-beau

    reliquaire d'argent dor, en forme d'glise, renfermant unautre reliquaire compos d'une agathe prcieuse montesur vermeil et qui contenait la ceinture de la sainte Vierge;Les chsses des corps de saint Hermeland et de saint

    Baud couvertes d'argent, avec figures releves en bosse etdores pour la plupart;

    Une colombe d'argent dor suspendue autrefois au-dessus du grand autel et dans laquelle avait repos le trs-saint Sacrement;Une belle croix d'or, orne de pierres et de perles pr-

    cieuses, qui contenait des reliques de la vraie Croix;Une statue d'argent dor de la sainte Vierge tenant

    J'enfant Jsus entre ses bras;Une petite statue d'argent dor de sainteMarie Madeleine,

    contenant quelques reliques de cette illustre pnitente;Plusieurs autres reliquaires en argent, de diffrentes

    formes, dans lesquels taient renfermes des reliques desaint Paul, de saint Matthieu, de saint Barthlemi, desaint Martin, de saint Grgoire, de saint Gilles, de saintBiaise et de saint Malo;Un superbe livre des saints vangiles (i) recouvert

    (i) C'taitpeut-tre le mmevangliaireque ThomasPactiusavait donn la collgialeavecd'autres manuscritsprcieux.rhroll. ecclesirrB.M. de Lochis.

  • u

    d'argent dor, enrichi d'un trs-beau crucifix au piedduquel se trouvaient reprsents la sainte Vierge et saintJean, en argent dor relev en bosse.

    Enfin, une grande croix de procession en argent massif,des chandeliers, des encensoirs, des burettes, un bnitier,des lampes, des calices en argent, deux trs-beaux calicesen vermeil, devinrent la proie des patriotes sacrilges etvoleurs.

    Ils n'oublirent pas non plus de mettre la main sur lesbellesclochesde l'glise Notre-Dame; ils descendirent, pourles briser, les deux grosses clochesplaces dans le clocherqui surmonte la tribune, et les quatre moyennes que ren-fermait l'autre clocher.Aprs avoir tout pill, tout dvast, les rvolutionnaires

    se retirrent chargs de leur riche butin. Ils pargnrent lemonument, qu'ils voulaient transformer en un temple dela Raison, mais ils eurent soin d'en faire disparatre tout cequi pouvait rappeler sa destination primitive.Que de mutilations ils lui firent subir!Quand vous entrez dans cette antique glise du chteau

    de Loches, vous trouvez sous le porche magnifique qui laprcde des traces ineffaablesde la fureur rvolutionnaire.Le portail qui met le porche en communication avecl'glise vous apparait affreusement mutil. Les statues dessaints, des anges, de la ViergeMarie, qui le dcoraient, ontt frappes par le marteau deces nouveaux vandales. Toutce qui faisait saillie, les ttes, les bras, ont t abattus;des nombreuses statues qui dcoraient le portail et le por-che, il ne reste plus que d'informes dbris!

    Dieu permit que cette uvre de destruction restt ina-

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    cheve pour montrer aux gnrations futures combien sonttristes les fruits que produit l'impit.

    Quand les glises furent rendues au culte catholique, cedut tre pour les dmolisseurs un chtiment terrible queces restes mutils chapps leur fureur et disant loquem-ment tous ceux qui s'arrtaient devant eux: Voil l'ou-vrage de ces fiers rvolutionnaires qui, ne pouvant s'atta-quer Dieu lui-mme, dont ils voulaient dtruire le culteici-bas, dversrent leur haine sacrilge sur ses temples etses images, sur celles de la Vierge et des saints.

    Jusqu' l'poque du Concordat de 1802, l'glise coll-giale servit de lieu de runion pour les ftes dcadaires.

    Enfin, ce moment Dieu mit un terme aux preuves ducatholicisme en France. Le gnral Bonaparte, tant devenupremier consul, et par la mme chef de l'tat, rtablit dansnotre pays l'exercice du culte catholique, de concert avec lesouverain Pontife Pie VII. La France entire accueillit avecdes transports de joie cette restauration religieuse; lesefforts que l'impit avait faits pour touffer en France lareligion n'avaient servi qu' procurer cette religion divineun clatant triomphe.Quoique rendue au culte, l'glise collgiale et royale du

    chteau de Loches ne devait pas revoir son brillant pass;elle tait pour jamais prive de son nombreux clerg, deses douze chanoines, de ses chapelains, de ses clercs, de sesriches possessions; elle devait cependant avoir encore unbel avenir, car l'glise de Saint-Ours ayant t dtruitependant la tourmente rvolutionnaire, la collgiale devintl'glise paroissiale de Loches, sous le vocable de saint Ours,le glorieux patron de la ville.

  • 46 On n'oublia pas toutefois Loches que la nouvelle glise

    paroissiale avait t primitivement ddie la sainte Mrede Dieu. Il semble mme que la divine Providence ait vouluque la sainte Vierge ft, partir de cette poque, honoreplus encore qu'autrefois dans l'glise du chteau. En effet,avec la ceinture de la Vierge sauve comme par miracle,lors du pillage de 1793, on y vnre une statue antique deMarie, connue sous le nom de Notre-Dame de Beautertre.Aussi le peuple de la ville et des campagnesvient-il avec

    empressement, diffrentes poques de l'anne, rendre seshommages la Reine des cieux, dans son antique sanc-tuaire du chteau, attir qu'il y est par le dsir de vnrerla ceinture de l'auguste Vierge et la statue de Notre-Damede Beautertre.Aprs avoir esquiss grands traits l'histoire de l'an-

    tique glise du chteau de Loches, nous allons, dans lechapitre suivant, en donner une description scientifiquedtaille. Nous essaierons de faire connatre quelle tait laforme de l'glise construite par GeoffroyGrisegonelle, cequi a pu en tre conserv quand Thomas Pactius entrepritde la reconstruire; nous tudierons ensuite dans tous sesdtails ce magnifique monument lev la gloire de laReine des cieux par le gnreux prieur du chapitre collgialet royal; enfin nous dirons les importants travaux que l'ona entrepris depuis une vingtaine d'annes pour rendre lavieille collgiale son cachet primitif et pour l'embellir enla restaurant selon les rgles de l'art chrtien.

  • CHAPITRE V

    Descriptionde l'glisedu chteaude Loches.- Diffrenles trans-formations de ce monument. Inscriptions tumulaires. Restaurationde M.l'abbNogret.

    L'glise du chteau de Loches, telle que nous la voyonsactuellement, prsente deux styles principaux: l'un quiappartient l'architecture romane primordiale, et qui nes'observe que dans les parties de l'glise de Geoffroy Gri-segonelleconserves par Thomas Pactius; l'autre qui appar-tient l'architecture romane tertiaire ou de transition, etqui consiste dans un mlange des formes romanes et desformes byzantines. C'est ce style de transition entre l'archi-tecture romane et l'architecture ogivale que Thomas Pactiusvoulut appliquer dans la reconstruction de sa collgiale; ille fit avec le plus grand succs.

    Ainsi le temple est prcd d'un vestibule ou pronaos;la toiture est en pierres plates, comme dans l'Orient; lesanciennes votes romanes qui pesaient sur la prire, fontplace des pyramides vides comme des coupoles; lesarceaux sont plus hardis, les colonnes plus hautes; partout

  • 48

    enfin se trouve un lancement inconnu jusqu'alors l'ar-chitecture et qui prend l'art byzantin comme expression,avant d'adopter dfinitivement l'ogive.

    A l'extrieur, Notre-Damede Lochesfrappe surtout parun caractre trange et original. Deuxclochers pyramidaux,de forme octogone, couronnent la faade et le transsept;autour d'eux s'lvent des clochetons, des tourelles, et dansl'espace qui les spare vous apercevez les deux cnes desdouves (dmes ou votes) semblables deux autres pyra-mides. Sans doute ces coupoles, ces campaniles, sont loind'avoir (malgr leur hauteur, qui atteint pour les plus le-ves 40 mtres) la lgret et l'lgance des flches del'art ogival, mais elles sont plus loin encore de la pesanteurmassive des tours carres de l'art roman. Ce qui agranditsurtout l'impression, c'est leur nombre, c'est cette suite noninterrompue d'lvations qui nulle part ne laissent place la ligne horizontale, dans la disposition des combles, et quimontent, comme les nues de l'encens, vers le ciel (i). Dans une intressante tude sur l'ancienne collgiale du

    chteau de Loches, M. l'abb Baunier a parfaitement indi-qu, selon nous, ce qui doit tre regard comme ayant fait

    partie de l'ancienne construction du comte d'Anjou et ce quidoit tre regard comme l'uvre deThomas Pactius.Nous allons faire de nombreuses citations de son beau

    travail.Quelle tait d'abord la forme de l'glise de GeoffroyGri-

    segonelle? Celle peu prs de l'glise actuelle, moins lesbas-cts, qui furent ajouts plus tard. Elle se composait

    (1)La Touraine,articleLoches.

  • 49

    d'une nef termine par un rond-point et de deux transseptsformant, avec la nef et son rond-point, une croix latine.Deux chapelles s'ouvraient sur le ct Est de ces deux trans-

    septs. Les deux clochers terminaient, comme aujourd'hui,la nef de l'glise ses deux extrmits.

    Quoiqu'il soit assez difficile de dsigner d'une manire

    prcise ce qui peut tre rest de l'glise de Geoffroy, voici,dit M. Baunier, les parties que nous croyons lui appar-tenir:

    Les deux arceaux sous lesquels on passe en entrantdans l'glise, soutenus par quatre demi- colonnes cylin-driques, courtes et basses, sans renflement au milieu, au

    chapiteau orn d'animaux et de feuillages; La tribune forme par le sommet de la tour quadran-

    gulaire qui la domine et qui devait se terminer par uneplate-forme, car cette poque on ne savait pas encoremarier le toit octogone aux tours quadrangulaires;

    La partie basse des murs de la grande nef et plusieursautres parties de mur rpandues et l;

    La pesanteur des colonnes d'entre, l'appareil formde pierres irrgulires spares les unes des autres par unecouche de ciment ou mortier assez paisse et saillante, toutcela semble retracer la grossire construction de cettepoque. L'uvre de Thomas Pactius comprend une grande partie

    de ce que nous voyons maintenant. Les trois chapelles cir-culaires de l'abside et leurs trois fentres doubles colonnescylindriques, les arcades ogivales de la grande nef, lescolonnes et les contreforts qui leur servent d'appui et quis'lvent jusqu'au comble de l'difice, les votes pyrami-

  • 50 dales soutenues par ces arcades et ces colonnes dont nousvenons de parler, les grosses colonnes cylindriques quimettent le chur en communication avec la nef et lestranssepts, un cordon en dentelures qui circule autour de lanef, paraissent avoir t construits, sinon en entier, dumoins en trs-grande partie par le prieur du chapitre.Les deux colonnes de l'entre du chur sont coupes au

    milieu de leur hauteur et termines en cul-de-lampe par ungroupe qui prsente quelque particularit. Il offre des per-sonnages grotesques que leur attitude pnible et leur facegrimaante, leur tunique serre et leurs formes hideusessemblent faire reconnatre pour des serfs. Ces corps parais-sent soutenir avec d'horribles grimaces le poids du saintdifice.La tour quadrangulaire avec ses quatre clochetons, place

    sur le milieu des deux transsepts, ainsi que le toit octogonequi la surmonte; les deux tourelles rondes runies par unesaillie et qui, places l'un des angles de la tour, renfer-ment l'escalier qui y conduit; le toit octogone, appuy surune base de mme forme, qui repose sur la tour de l'ouest,semblent par leur forme et leur construction avoir prisnaissance au xir sicle.

    Mais l'ouvrage le plus intressant de cette poque, c'estle portique de la collgiale. Il est carr et comprend la lar-

    geur de l'glise. L'on avait coutumed'installer sous ceporche le doyen du chapitre, qui prenait le nom de prieur.Voici, d'aprs les archives de l'ancienne collgiale, com-

    ment les chanoines procdaient l'installation du prieur.Celui que le roi avait lev la dignit de prieur du cha-

    pitre de la collgiale Notre-Dame de Loches venait d'abord

  • 51

    la salle capitulaire prsenter aux chanoines ses lettres denomination; il se rendait ensuite sous le porche de l'glise.Les chanoines, revtus de chapes de soie, allaient proces-sionnellement rejoindre le nouveau prieur l'entre de lacollgiale et recevaient le serment qu'il prtait debout. Leprieur prenait ensuite un surplis et une chape de soie, puisle chantre entonnait une antienne la sainte Vierge, et la

    procession revenait l'glise au son de toutes les cloches.Le chantre, l'arrive au chur, faisait asseoir le nouveau

    prieur dans la stalle qui lui tait destine, et quand l'an-tienne tait termine et l'oraison chante, tous se rendaient la salle du chapitre. L encore, le chantre donnait la pre-mire place au prieur, et tous les chanoines l'admettaient aubaiser de paix.On voit sur les voussures de la porte qui introduit dans

    l'glise deux rangs en relief de figures grotesques et mons-trueuses, corps humains surmonts de ttes d'animaux,ttes d'hommes gares sur des corps de btes, figurestantt grimaantes, tantt ouvrant une gueule im-mense, etc. Au-dessus de ces figures grotesques, sont lesstatues des bienheureux qui ont combattu pour le Christ.Elles sont places circulairement le long du cintre de la

    porte de l'glise. Des deux cts sont d'autres statues desaints de grandeur naturelle, tenant au mur, offrant de

    longs bustes, une sorte de roideur et d'absence de mouve-ment; leurs pieds, on voit une tte ouverte d'une ma-nire horrible.

    Le vandalisme rvolutionnaire a dtruit en partie ce pr-cieux travail.

    Dans tous ces monstres et ces grotesques, nous voyons

  • 5-2

    une personnification des esprits de tnbres, car le dmonjoue un grand rle dans les crations du moyen-ge. Lesartistes, dit M. Paul Lamarche, protestrent de leur hainecontre lui en accumulant dans sa personne tous les types dela mchancet et de la bassesse; ils empruntrent au rgneanimal les formes les plus hideuses; la nature ne leur suf-fisant pas, ils inventrent de monstrueuses combinaisons;chaque trait ajout l'opprobre du maudit fut de leur partun acte de pit. Aux angles du portique, le long des corniches, en regard

    des statues des bienheureux, on voit des animaux hideux :une tte qui grince des dents, image de ceux qui ne con-naissent ni esprance ni repentir; plus loin, deux lions enfureur, symbole de la colre; deux hiboux, l'un tted'homme, l'autre tte de femme, figure de la volupt. Uncavalier la physionomie inquite semble personnifierl'avarice. Chacune de ces crations traduit nergiquementle dicton populaire et chrtien: Laid comme le pchmortel.

    A un autre angle du mme portique, on distingue plu-sieurs colombes, symbole de la vertu; deux d'entre ellesboivent dans un vase deux anses, lev la hauteur deleurs ttes; deux autres semblent becqueter des feuillesd'arbre.Au-dessus des corniches, aux angles les plus rapprochs

    de l'entre de l'glise, taient autrefois des anges gardienssculpts en relief; on voit encore la forme de leurs ailes;ils ont entirement disparu sous le marteau des rvolution-naires.

    Aux deux autres angles, du ct de la porte principale de

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    sortie, on voit qu'il y avait des statues; on ne peut savoirce qu'elles reprsentaient, car elles ont t enleves

    l'poque de la Rvolution.Il est des personnes qui, ne voyant dans les grotesques

    de la porte de l'ancienne collgiale de Notre-Dame deLoches qu'un sujet de scandale pour la pit chrtienne,voudraient prcipiter des murs tant de figures mons-trueuses, si mal places, leur parat-il, l'entre du saintlieu. Quant nous, nous voyons ici une ide spirituelle et

    religieuse rappelant bien les sicles de foi qui ont produittoutes ces crations.

    En contemplant tour tour l'image du pch et de lavertu, ne se rappelle-t-on pas cette leon que nous donne

    l'Esprit-Saint par la bouche du roi-prophte: Dclina amalo et fac bonum, dtournez-vous du mal et faites lebien.

    Ce lion rugissant rappelle au chrtien qu'il doit joindrela prire la vigilance, s'il ne veut pas devenir la proie d'unennemi cruel et terrible.L'union de ces deux colombes dit qu'il faut que les bons

    s'unissent par les liens d'une troite charit pour lutterplus victorieusement contre les efforts des mchants.

    La figure du Christ et celles de la Vierge, des saints etdes anges qui s'offrent aux regards des fidles quand ilspntrent dans l'glise, leur donnent ce consolant enseigne-ment: Si la vie de tout homme, mais surtout du chrtien,istun combat continuel, si chaque instant, pour ainsidire, il faut qu'il lutte contre le dmon et contre ses pas-sions, reprsents par ces monstres hideux qui entourentla porte de l'glise, il doit se sentir grandement encourag

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    la pense qu'il a pour tmoins de ses combats Jsus-Christ, le Saint des saints, les bienheureux dj en posses-sion de la gloire cleste, et les anges, ministres des volontsdu Trs-Haut, gardiens et protecteurs de l'homme.On ignore qui a fait construire les deux parties de

    l'glise ajoutes au nord et au midi. La chapelle degothique flamboyant, qui est dans l'paisseur du mur de lanef du ct gauche, a t fonde en 1442 par Georges,seigneur de Praux, en Touraine, et de la Charprais. Unmausole tait autrefois lev dans cette chapelle; toutautour taient reprsents douze chanoines, l'aumussesur la tte; le doyen tait coiff d'une mitre, ainsique le chantre, dont le bton, fait presque comme unecanne, se terminait par une petite pomme (1).

    On voyait, avant la Rvolution, dans l'glise collgialeplusieurs chapelles et un grand nombre d'autels qui nui-saient peut-tre la rgularit du saint difice, mais quitaient ncessaires, cette poque, aux chanoines et cha-pelains pour la clbration quotidienne du saint sacrifice dela Messe.

    Dans le transsept du ct sud de l'glise se trouvait lachapelle de saint Pierre, devenue plus tard chapelle deNotre-Dame de Dlivrance; plus bas, s'ouvraient les cha-

    pelles runies de Saint-Nicolas et de Sainte-Marguerite,entirement isoles du reste de l'glise; la salle du Cha-

    pitre venait du mme ct, aprs ces deux chapelles.

    (i) Onpeut voir le dessinde ce magnifiquemausole, jamaisregrettable,dans le tome1er,fol.186,des Tombeauxet pitaphesdes glisesde France, coll. Gaignires, la biblioth.Bodlienned'Oxford.

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    Dans le transsept du ct nord, se trouvait la chapellede la Communion, actuellement chapelle de Notre-Damede Beautertre; puis venait la chapelle de Saint-Ren,chapelle gothique, que l'on voit encore, mais qui n'a plusd'autel. De ce mme ct, paralllement la salle du Cha-

    pitre, se trouvait la chapelle de Saint-Jean, grande et belle

    chapelle gothique, dont on ne sait plus l'origine et quiforme actuellement la majeure partie de la nef latrale dece ct.

    Dans la nef principale de l'glise il y avait quatre autels;deux taient situs au bas et l'entre du chur: c'taient droite l'autel de la sainte Vierge et gauche celui duCrucifix. Le chapelain de l'autel du Crucifix, devant lequelse faisaient les services funbres des employs de l'glise etles autres fonctions curiales, portait le nom de cur duChapitre.

    Les deux autres autels placs presque au milieu de lanef, mais adosss aux murs, taient celui de Saint-Louis, droite, et gauche celui de Saint-Hermeland.

    Voici quelques-unes des inscriptions que l'on voyaitautrefois dans l'glise collgiale, et dont plusieurs ont tconserves ou replaces:

    4 En mil quatre-cent soixante-sept, funda maistreLoys Furet, chanoine en l'glise de cans, une anniver-saire pour luy et des sians, au jour et feste de saint Loys.Dieu leur octroy paradis.

    20 Cy d'avant git le corps de vnrable discret maitreFranois Marcadet, en son vivant pbr. chantre et chape-lain ordinaire du roy, chantre et chanoine de l'glise decans, cur de Notre-Dame de Courgon, qui dcedda le

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    ite jour de jueillet 1556. Priez Dieu pour son me.3 Au bas de la porte du chur, il y avait une tombe

    garnie de lames de cuivre et de larmes de bronze; elle tait fleur de terre et on y lisait l'inscription suivante:

    Sous ce pieux difice dolentSi gist le corps de messire RolandDe Lescout, trez liai chevalierEn son vivant, chambellan, conseillerDu roi des Francs, et grand veneur de France;De Montargis baillifde grand'prudence,Matre des eaux et forts de Touraine;De Loches fust gnral capitaineEt de Bourgoin; moult vaillant et expert.Seigneur aussi estoit de IlripertEt de Kemblec, voire de Grillemont,Qui trespassa, comme tous vivants font,Le jour mortelle dixiesme de dcembreMil et cinq cents, de ce suis je remembre;Et puis luy mort fust mis soubs cette lame.Priez Dieu qu'il daigne avoir son me.

    A0Prs de la chapelle de Sainte-Barbe dans la nef, onlisait l'pitaphe suivante, surmonte des armes de Polas-tron de la Hillire, d'argent, au lion de sable, arm, lam-

    pass de gueules (1) :

    (1) Biblioth.Bodlienned'Oxford,Tombeauxet pitaphesdesglisesde France, tomeIer,fol.46.Nousdevonsla communi-cationde celtenote l'obligeancede M.l'abbC.Chevalier.

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    Cy gist le coeur de hault et

    puissant seignr Messire leanGabriel de la Hylliere, chevallier

    seigneur de Grillemont, sergentmajor au rgiment des gardeset commandant pour sa Majestes villes et chasteau de Locheset Beaulieu : le corps duquelrepose en l'eglise des Perres

    Minimes de Mongog : il decedale dernier iour d'aoust 1630,soubz le regne de Louis xiii.

    Priez Dieu pour son me.

    Cy gist le coeur de la Hylliere,Non: il est log dans le ciel,Qui rempli d'une humeur guerriere,N'eut onques de peur ny de fiel.

    Lorsque M. Nogret prit possession de son glise parois-siale, il la trouva dans un tat qui laissait fort dsirer.

    L'uvre de ThomasPactius tait en effet fort dgrade;les votes et les clochers ne prsentaient plus assez de soli-dit; les murs taient mins par l'humidit dans leurpartie infrieure; puis, des rparations anciennes faitessans aucun got, avaient t l'glise son cachet monu-mental, tant l'intrieur qu' l'extrieur. Ainsi, parexemple, les votes pyramidales avaient t extrieure-ment recouvertes d'ardoises, la belle fentre du milieu dusanctuaire avait t masque par des dcorations d'un mal-

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    heureux effet. M. le cur Nogret voulut rendre l'anciennecollgiale son cachet primitif et faire disparatre les ravagesde toute sorte qu'elle avait d subir. Grce au bienveillantconcours d'une amiti puissante qui intressa le Gouver-nement son uvre de restauration, M. le Cur put sefliciter d'un succs complet. La restauration du monu-ment sacr fut faite avec beaucoup d'habilet, sous ladirection de l'architecte M. Verdier, et sous l'inspection deM. Baillarg. On peut dire que l'glise a t reprise ensous-uvre presque en son entier, depuis la partie inf-rieure des murs jusqu'au sommet des clochers.

    L'il n'est plus choqu l'extrieur par cette couvertured'ardoise qui tait toute grce aux pyramides et les rendaitsi pesantes. A l'intrieur tout est remis neuf: on nepourrait croire que ce monument sacr a vu passer prs deneuf sicles; le sanctuaire tincelle de clart depuis que lestrois fentres, qui en sont le plus bel ornement, ont tentirement dgages. La lumire, se jouant travers lesvitraux peints qui dcorent les fentres, se rpand danstout l'difice, aprs avoir emprunt aux verrires leursteintes d'or et d'azur.

    La fentre du milieu a t orne d'un beau vitrail quireprsente la Reine du ciel, couronne en tte, sceptre enmain, tenant son divin Fils entre ses bras. (Cette verrire

    provient de la manufacture de vitraux peints de Tours,dirige par l'habile M. Lobin.) Les deux autres fentressont garnies de mosaques d'un bel effet, dues au gotintelligent de M. le marquis de Bridieu.On a su tirer un trs-bon parti des chapelles latrales

    qui s'taient trouves annexes diffrentes poques

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    l'glise collgiale. Primitivement, comme nous l'avons djdit, cette glise n'avait qu'une nef termine par le sanc-tuaire, et deux transsepts formant avec la nef une croixlatine. Les chapelles que l'on leva plus tard de chaquect de la nef furent pendant longtemps tout fait isolesde l'glise. Cellesdu nord furent converties en nef latrale, une poque dj recule. Des arcades perces dans

    l'pais