LEGENDES_cheval_PIOLA.pdf

101
CONTES CHEVAL  LEGENDES ET DU Anne Piola

Transcript of LEGENDES_cheval_PIOLA.pdf

  • CONTESCHEVAL

    LEGENDESETDU

    Anne Piola

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM

  • Les arts et lettres font une large part au Cheval dans la ralit, monture de guer-res et de conqutes, dapparat et de labeur, mais aussi dans les religions, dans la ma-gie, dans les mythologies et les lgendes, dans les contes et les croyances populai-res, dans le symbolisme, etc... Ces divers domaines relvent aussi, et dabord, de la tradition orale, voire de nos images men-tales. Entre eux stablissent des contacts et des continuits, et la saga du cheval forme un ensemble fort riche et complexe. Il faut, tout dabord, mentionner les cra-tures monstrueuses, monstrueuses si lon considre que le terme de monstre, comme cest le cas, dsigne une crature organise dont la conformation scarte de celle qui est naturelle son espce ou son sexe. Ces cratures qui nont du cheval quune partie du corps. Sa moiti postrieure de-vient celle dun curieux tre marin pour

    tirer les chars de Neptune et dAmphitrite. Son encolure est remplace par un torse humain chez les Centaures. Le plus sage dentre eux, Chiron, fut bless par Hercule et vaincu par Jupiter. Lhomme tte de cheval, Vjimukha, qui incarne Vishnu dans lart khmer, est beaucoup plus rare dans lart occidental, mais une Dmter tte et crinire de cheval tait statue Phigalie. Csar a ddi Vnus limage de son che-val, qui avoit les pieds de devant comme un homme (Montaigne). Seul Alexan-dre pouvait chevaucher Bucphale, ainsi nomm parce que sa tte voquait celle du buf (ou parce quil portait la marque au fer de la tte de buf apis ?). La Licorne est trs souvent reprsente comme une blanche cavale aux pieds four-chus, donc plus caprine ququine, et au front orn dune corne torsade droite ou

    courbe. La blancheur est presque inspa-rable des chevaux sacrs et lgendaires. Mahomet se serait lev au Septime Ciel sur sa jument aile Al Buraq. Cette mon-ture tait, dit-on, affuble dune queue et de pieds de dromadaire, elle est parfois gure sans ailes, mais avec une tte de femme. LHippogriffe tait une crature hybride, mi-griffon, mi-cheval, aile par sa partie aigle. Il fut enfourch par Roger pour la dlivrance dAnglique.

    Les plus vieilles civilisations de la Mdi-terrane ne connaissaient que lne et le buf. LEgypte, en particulier, semble avoir clos son panthon, si riche en animaux, avant que le cheval ne pntrt chez elle. Il le t avec les vagues des indo-europens qui allaient dferler jusqu lAtlantique, au galop de leurs chars.

    PROLOGUE

  • Ces vhicules de guerre devinrent ceux des dieux : Zeus, Hlios, Amphitrite, Cuchul-lain, Thor; de mme chez les Slaves et les assyro-babyloniens (Shamash ou Gilga-mesh). Les principaux utilisateurs furent les dieux du Soleil; or, la roue na peut-tre t, lorigine, quun disque rituel vou cet astre. Dans la mythologie grco-romaine, le pre-mier cheval, Pgase, avait le privilge de possder une paire dailes. Il naquit de la Gorgone Mduse lorsquelle fut dcapite par Perse. Sous son sabot jaillit la source dHippocrne (littralement la fontaine du cheval). Pgase permit Perse de librer Andromde, puis Bellrophon de vain-cre la Chimre et de tenter de slever vers lOlympe. Limprudent fut dsaronn et nit estropi la suite de sa chute. De mme, Phaton fut puni pour avoir voulu conduire les coursiers du char solaire.

    Le cheval (blanc) est donc li la lumire et aux sources jaillissantes qui symbolisent la connaissance libratrice. Il est galement li aux ots marins. Leur dieu, Posidon (Neptune), tait parfois tenu pour le pre de Pgase. Il aima Dm-ter change en jument. Son pouse, Am-phitrite, voguait sur une conque de nacre attele de coursiers blancs. Des chevaux taient offerts en sacrice au dieu de la Mer, de mme qu Bore, dieu du Vent, par les marins grecs. A Rome, au champs de Mars, une monture militaire, dite Oc-tober equus, tait immole au dieu de la Guerre. Sous son nom grec, Ares hippios, celui-ci tait lobjet dun culte associ ce-lui dAthena hippia, la desse de lIntelli-gence, qui avait appris tant de choses aux hommes, notamment le dressage et latte-lage des chevaux. Vnus (Aphrodite), ne de londe, poss-

    dait, elle aussi, un cheval blanc. Lani-mal tait son symbole, sous son double aspect astrologique : Pandmos, lamour physique et Uranie, lamour spirituel. Homre donne ses hros des chevaux nourris de lambroisie divine; Xanthos, un des deux chevaux dAchille, tait dou par Hra de la parole et de limmortalit. Cest au galop dun char que Vnus rega-gna lOlympe aprs avoir t blesse par Diomde, prince dArgos. Un autre Dio-mde, roi de Thrace celui-ci, fut livr ses juments anthropophages par Hercule qui vainquit aussi les Amazones et les Cen-taures. Il avait encore dlivr la princesse Hsione, mais le pre de celle-ci, Laom-don, lui refusa la paire de chevaux ma-rins promise en rcompense. Les rois de Perse immolaient, aux ftes de Mithra, des hippo-tigris. Selon Dion Cassius, ces chevaux du Soleil taient

  • des zbres que lon faisait venir dun le-vage situ sur les bords de la mer Rouge, en Erythre. Ne sagissait-il pas plutt dauthentiques chevaux la robe plus ou moins zbre, comme on en rencontrait parfois en ces rgions ? A Rome, cest du culte de Mars et de Con-sus, protecteurs des chevaux et des mulets, que sont drives les courses hippiques des arnes. Les peuples prceltiques adoraient aussi un grand dieu solaire, Balen (ou Bel), et son ls Gargan, quaccompagnait un cheval blanc capable de faire jaillir des sources. Les Celtes vnraient, au pays de Galles, la desse jument Rhiannon, et, en Irlande et en Gaule, la desse Epona, assi-se sur une jument suite. Au sacre des rois dUlster, on sacriait une jument blanche, avec bain rituel et hippophagie. Un cheval blanc tait la monture du dieu lituanien

    Svantovit et des Walkiries germaniques : parmi elles chevauchait, jusqu sa puni-tion, Brunehilde, la lle prfre dOdin. Les livres sacrs et les popes de lInde antique ont assimil les chevaux qui ve-naient dtre dresss dans la steppe eura-sienne des tres merveilleux dont la parent avec ceux de la mythologie grco-romaine est parfois frappante. Conciden-ce ? Deux rayons de soleil deviennent les deux chevaux du grand dieu vdique In-dra, parfois gur lui-mme sous les traits dun cheval ou dun cavalier cheval. At-tel de chevaux pourpres, le char dUshas, desse de lAurore, prcde celui du Soleil, Srya, tir par quatre ou sept chevaux. Il est mdecin, comme Apollon et comme les enfants de sa femme jument Tvashthri, les Avins, dont le nom signie qui possde des chevaux. La dixime et dernire incarnation du

    dieu Vishnu sera le cheval Kali : son coup de sabot anantira notre monde, pour faire place la connaissance et lamour an-nonc par le Bouddha. Pour aller prcher, ce dernier a fui le palais paternel sur un blanc coursier magique, Kanthara. Magique aussi celui du hros kirghiz dEr-Tshtk. Pour les peuples cavaliers de la steppe, le cheval guide les mes vers le monde souterrain (ou chthonien); il est leur conducteur (ou psychopompe), ce qui explique les nombreuses montures sacries qui ont t retrouves auprs des morts. A Passyryk, dans lAlta, depuis vingt-cinq sicles, sept dentre elles, tour-nes vers le levant, attendaient, comme leur matre, le retour du soleil et la rsur-rection. Et magique encore ltalon rouge Tarpan, galement appel Cerf sans bois, qui se se-rait uni une femme, Irguit, pour fonder

  • la tribu des Tourgoutes qui levait des che-vaux pour lempereur de Chine. Dans la Bible, les Hbreux nchappent aux chars du Pharaon que par le miracle de louverture des eaux de la Mer Rouge. Chez eux, on considrait le cheval comme un animal dangereux, emblme de dpra-vation et dorgueil, et la loi de Mose en interdisait lemploi dans les combats. Il fallut attendre le roi Salomon (971-932) pour que cette loi fut transgresse. Il ache-ta des talons en Syrie, et cra des curies de plus de 12000 chevaux de selle. Cest lne, et non le cheval, qui fut la mon-ture du Christ le jour des Rameaux, aprs lavoir rchauff dans la crche et avoir facilit sa fuite en Egypte. Cest le cheval (blanc) qui est le plus lhonneur dans les vies et les lgendes des saints, tels Flora et Laurus en Russie, et surtout Georges de Cappadoce, honor

    dans toute la chrtient. Ce cavalier, nou-veau Perse, qui recevait de sa monture de judicieux conseils, car elle parlait, libra une vierge dun dragon, devenu le symbole du dmon. Cest cheval que saint Geor-ges se serait manifest, en pleine bataille, Antioche, en 1098; que saint Jacques, ft Compostelle chaque 25 juillet, serait ap-paru sait Ferdinand, et que saint Wen-ceslas, ft en Bohme, se serait matrialis Chlumec devant le duc Sobieslav. Le ca-valier saint Martin ne put offrir au men-diant que la moiti de son manteau, seul bien quil possdait en propre. Quand saint Eloi, patron des marchaux-ferrants en mme temps que des orfvres, il t la preuve de ses talents en ressoudant le pa-turon sectionn dun cheval. La littrature du Moyen ge nous a transmis les noms de quelques montures clbres, tel Bride dOr, cheval de Roland,

    Entencedur de Charlemagne, Passebreul de Roger, Babieca du Cid, Broiefort de Ogier le Danois, etc... Toute la vie du chevalier tournait autour du cheval, et cest celui quil stait choi-si quil devait la victoire, souvent mme la vie. Il reconnaissait sa monture de lin-telligence, jointe une dlit et un atta-chement absolus. Jean Lemaire de Belges, pote et chroniqueur, ouvre aux meilleurs chevaux le Paradis... Le plus clbre cheval du Moyen ge est Bayard, que pouvaient monter ensem-ble les Quatre Fils Aymon. Lenchanteur Maugis dcupla ses forces et rendit blan-che sa robe pie (pourtant son nom vien-drait de ce quil tait bai...). Renaud, son cavalier, nargue Charlemagne. Cen est trop. Bayard doit fuir, traversant les-pace en bonds gigantesques, ou faisant jaillir leau sous ses sabots. Les frres

  • sont rduits la pire dtresse. Pour sen nourrir, vont-ils tuer leur monture, qui a compris et qui pleure ? Non. Ils vien-nent se rendre avec Bayard. Lempereur se venge en faisant jeter le cheval dans la Meuse, un lourd roc attach au cou. Vainement, dit la lgende :... En la fort des ArdennesEncore i est Baart, si lhistoire ne ment.Et encore ly voit-on feste Sainct-JehanPar toutes les annes hanir moult claire-ment Cette allusion au solstice conrme la pa-rent de Bayard et de Pgase, lie au Soleil et aux sources. Comme toutes les popes, surtout m-divales, celle-ci prend bien des liberts avec lhistoire. Mais elle traduit authen-tiquement la rsistance Charlemagne de Montauban et du Midi.Les contes folkloriques, qui sont dorigine

    moins littraire ou moins ancienne, peu-vent aussi porter ou sous-entendre des rf-rences historiques. Les hordes des Magyars furent difcilement vaincues, puis chris-tianises et civilises par les Slaves; long-temps aprs, la puszta hongroise chantait encore les exploits de ses cavaliers, bandits compris. Lorsque Tchques et Serbes eurent perdu leur indpendance, ils ne purent clbrer leurs gloires anciennes que sous le voile des contes populaires. Horymir, en parti-culier, le dfenseur des laboureurs. Selon la lgende, sa monture lui demanda et ob-tint une spulture : or, on a mis au jour, prs de Zurnay, en Moravie, la tombe dun cheval contenant des prsents (noisettes) et des ornementations de style viking. Parfois, des grands chefs taient enterrs cheval, califourchon sur leur monture sacrie. Do les lgendes qui annoncent

    le retour des hros nationaux, tout mon-ts et tout arms : ils ne sont quendormis sous la terre... On les retrouve au Tibet, en Allemagne, en Lusace, en Pologne, en Tchcoslova-quie, en Angleterre. Dautres lgendes de chevaux sortant de la montagne sexpliquent par un intense trac, depuis la Pomranie ou le Brande-bourg jusqu Bysance ou la Bulgarie. Les animaux prcieux hivernaient, en particulier prs de Prague, dans des grot-tes ou des mines o on les cachait : selon leur robe, ils passrent pour des cratures surnaturelles, faites de fer, de cuivre, dar-gent ou dor. Les contes les montrent assor-tis larmure de leur matre. Libuse, souveraine de Bohme, aurait laiss son cheval blanc, couvert de son manteau royal, le soin de lui trouver un poux. Lanimal choisit un laboureur,

  • Premysl, qui fonda la premire dynastie historique des Premyslides. Darius dut son trne de Perse au sens ol-factif de son cheval. Les sept princes pr-tendant la couronne avaient, en effet, dcid dattribuer celle-ci au postulant dont le cheval hennirait le premier au lever du soleil. Une jument, amene par ruse auprs de ltalon de Darius, le t hennir laube, et celui-ci adopta pour sceau limage de son cheval. Maintes lgendes voquent les mtamor-phoses entre chevaux et humains, mais le roi March, dans Tristan et Iseut, a seu-lement les oreilles et la longue crinire de son cheval. Des montures misrables reoivent beaut et pouvoirs magiques. Dautres, pour les tziganes, peuvent tre, tour tour, noires la nuit, blanches midi, alezane au cou-chant... mais les Bohmiens ont toujours

    t des matres maquignons, et les teintu-res navaient srement pas de secret pour eux. Beaucoup de lgendes sinspirent dun net symbolisme des heures ou des sai-sons. La jeune lle qui libre le cavalier et son cheval solaire est soit Aurore, lle de la sorcire Nuit, soit Nature, prisonnire du dragon Hiver. Les chevaux peuvent annoncer une inondation ou natre des eaux. En Fin-lande, ils sont rservs aux hros qui se seront plongs trois fois dans leau glace. On leur doit la dcouverte de bains de jouvence, comme ceux de Bagnoles-de-lOrne. Dailleurs, la vertu de jeunesse ternelle est souvent attribue aux qualits biothrapiques du lait de jument ! Les auberges du Cheval-Blanc que lon rencontre un peu partout rappellent que, dun coup de sabot, un cheval peut faire natre une source mais aussi, Salzbourg,

    des ots de bire, suivis de musique et de danses... Dautres lgendes sont lorigine de ftes folkloriques : ainsi, les cavaliers de Pques, en Lusace; la jument de la Saint-Pierre-et-Saint-Paul, en Russie; le poulain de Pzenas, dans lHrault. Au Pays basque volue encore le danseur-che-val Zamalzain. Au Moyen ge, de puissants fodaux se paraient du titre de grands chevaux de Lorraine. Ctait le signe de leur man-cipation comme, pour les grands dEspa-gne, le droit dentrer cheval dans les glises. Aux obsques des princes et ducs souverains (ainsi qu celle de Bertrand du Guesclin) assistaient leurs montures. Plusieurs sicles plus tard, celles de nos marchaux suivaient encore leur cercueil.

  • Le Premier Cavalier pages 01 02

    Croyances et Superstitions pages 03 06

    Les Montagnes du Caucase pages 07 08

    Pgase pages 09 12

    Bucphale pages 13 16

    Les Juments de Diomde pages 17 18

    Les Centaures pages 19 20

    Xanthos et Balios pages 21 22

    Le Cheval de Troie pages 23 24

    Les Chevaux Dansants de Sybaris pages 25 26

    Incitatus pages 27 28

    Le Cheval de Bronze pages 29 30

    Tchal Kouirouk pages 31 32

    Le Crne Magique pages 33 34

    La Licorne pages 35 38

    CONTESET

    LEGENDES DU

    CHEVAL

    SOMMAIRE

    Anne Piola

  • Lgendes Arabes pages 39 44

    Al Buraq pages 45 46

    Le Cheval dEbne pages 47 48

    Le Cheval dans la Culture Chinoise pages 49 54

    Onikage pages 55 58

    Les Hippocampes pages 59 60

    Epona et Rhiannon pages 61 64

    Oisin pages 65 66

    Sleipnir pages 67 68

    La Chasse Fantastique pages 69 72

    Le Cheval Noir de lIslet pages 73 76

    Les Tresses de Fes pages 77 78

    Le Mythe du Cowboy pages 79 80

    Le Cheval Fantme pages 81 84

    Le Fer Cheval pages 85 86

  • es chasseurs prhistoriques devai-ent tuer les chevaux dinnombra-bles faons plus ou moins viden-tes. On sait que les chevaux taient

    chasss vers de hautes falaises do ils se jetaient, dans leur panique. Les morts, en bas, taient corchs et dcoups en quartiers, les blesss achevs. Des animaux isols taient galement tus pendant laccouplement, les jarrets tran-chs par les chasseurs qui staient rap-prochs sans bruits derrire eux. Des hommes plus ingnieux creusaient peut-tre des fosses vers lesquelles ils pous-saient les chevaux affols, mais il tait plus simple de chasser un talon et son harem vers un canyon encaiss, o on les mettait mort coups de pierres et de javelots. Entre lhomme et le cheval, cette poque trs ancienne, il nexistait quun rapport de prdateur proie, de chasseur chass. La vue et lodeur du bipde gesticulant et hurlant affolait autant les troupeaux quune troupe de loups ou quun fauve. Aprs une de ces

    scnes, horrible carnage, parmi les ani-maux morts ou agonisant, imaginons un poulain qui, malgr sa taille - ou grce elle - aurait survcu au massacre. En qute de chaleur et daffection, plutt par curiosit juvnile, il suit un humain occup dpouiller un talon mort. Lhomme, avide, lve son javelot pour le tuer mais un de ces compagnons len empche. Ils ont bien assez de viande et de peaux. Quand la tribu sloigne des restes ensanglants, le poulain, attir par ces formes en mouvement - linstinct magntique du troupeau - peut-tre, sans doute, par lodeur de la peau de sa mre, se met les suivre. Plus tard, quand la tribu fait halte, les humains sont amuss et stupfaits de voir le poulain leur sucer les doigts, affam. Une des femmes prend alors une calebasse emplie dune boisson base de graines et laisse le liquide ruis-seler sur sa main, pour nourrir le petit animal. Et cest peut-tre ainsi que le cheval fut domestiqu. Quand le premier animal domestique fut-il dsign par un

    autre son que cheval, cest un mystre. Mais limagination de lhomme se dve-loppant, un animal de couleur claire lui rappela peut-tre la neige ou les nuages, et il lappela par ce nom. Un autre, pour sa vitesse, mrita dtre appel Vent, un autre encore, aux poils noirs sym-bolisa la nuit et rpondit dsormais ce nom. Ainsi, il se fit probablement que durant la prhistoire, le cheval fut domestiqu et qu partir de ce moment, jusqu il y a plus dun sicle, peu de gran-des batailles ne seraient remportes, et peu de civilisations importantes tablies sans que lempreinte des sabots des che-vaux nait prcd et accompagn celle de lhomme. Revenons notre poulain qui, en fait, tait une pouliche qui devint jument parmi les hommes mais qui, sau-vage et mfiante malgr tout - noublions pas, sans faire danthropomorphisme, que son nouveau troupeau avait massa-cr sa famille - suivit un jour un groupe de jeunes juments, et se fit couvrir par ltalon qui elles appartenaient.

    LE PREMIER CAVALIER

    -1- -2-

    chasss vers de hautes falaises do ils se

  • Onze mois plus tard, lheure de la mise bas est proche et notre jument se retire du troupeau. Cest alors que passe son sauveur. Celui-ci reconnat dinstinct limminence de la cration dune nouvelle vie, il le voit si souvent chez les femmes de son clan, la jument le reconnat, lui, et ne senfuit pas, sans pour autant le laisser sapprocher. Lhomme, une ide german-te en tte, la pousse jusqu un petit cir-que au pied de la falaise o, jadis, furent massacrs les chevaux de son troupeau. Puis il ferma cet enclos naturel avec des branchages et des pierres. Veillant toute la nuit sa jument, il assista la nais-sance dune jolie pouliche dore. Tous les jours, lhomme rendait visite aux deux animaux, se risquait mme caresser, malgr les dents de sa mre, la jeune pouliche dore qui finit, rapidement, par apprcier ses mains, son odeur, le rude son de sa voix quil voulait cajoleuse. Jour aprs jour, il lapprivoisait, jour aprs jour, il laimait un peu plus. La pouliche grandit dans lenclos, protge des pr-dateurs par son ami humain, premire captive. Elle devint une magnifique et robuste jument bai alors que sa mre

    mourrait, rendue trop folle dtre prison-nire. Un jour, elle schappa en sautant par dessus lenclos pour aller foltrer avec des juments de passage par l. Lhomme la vit en leur compagnie, si belle, si vive et rapide sur ses fortes jambes nerveuses, si libre de courir vers lhorizon et dans sa tte dhomme, il rva, il voulut faire comme elle, tre comme elle. Lide folle de monter sur son dos lui vint lesprit comme celle, plus primitive, de monter sur sa femme. Une ide dsir, sensuelle et imprieuse de ne faire plus quun avec sa jument. Il lappela alors par son nom, le nom quil lui avait donn et impro-nonable pour nous, hommes modernes, et elle vint vers lui. Il caressa son large front, ses oreilles poilues, son encolure massive, son poitrail puissant, son dos, sappuya sur elle comme un amoureux se presse sur sa conqute, tendrement. Elle se laissa faire et alors, enhardi, lhomme, dun bon mal assur, sauta sur son dos. Surprise dabord, la jument rua et vira son ami peu stable dans sa nou-velle position. Il recommena, plusieurs fois et elle finit par accepter son poids, habitue son corps depuis toujours,

    confiante malgr les gestes mal assurs de son compagnon deux jambes. Elle se mit marcher et lhumain saccrocha sa crinire touffue, riant, il se pencha pour la caresser encore et, dsquili-bre, la jument se mit au trot. Lhomme saccrocha plus fort, encaissant dans ses reins lallure inconfortable, ses jambes battant les flancs dors. La jument ren-cla, mcontente et leva brivement la croupe. Les jambes trop bavardes se serrrent alors, tau de chair. La jument bondit en avant, au galop. Le vent siffla aux oreilles de lhomme, souffla dans ses cheveux tandis quentre ses cuisses, le corps puissant de sa jument lemportait comme le vent dans la plaine, vers lho-rizon, la libert. Son corps se fondit ce corps en harmonie parfaite, en un couple parfait, en une mme volont, et la peur fit place livresse, lexaltation. Coll sa jument aussi intimement que dans une treinte damour, le visage riant dans le vent et braqu vers lhorizon, entre les deux oreilles pointes de sa bte, dans cette plaine des premiers temps du Monde, sous la lumire dore du Soleil, le premier cavalier tait n.

    -1- -2-

  • e nombreuses croyances, supers-titions et autres histoires de bonnes femmes tournent autour du cheval depuis des gnrations, jusqu nos jours

    encore, suintant dans certains clubs, levages, etc... comme autant de cho-ses savoir sur cet animal que lon dit aimer. Il est difficile de se dbarrasser de certains de ces on dit, mme si le con-cern en souffre. Suivant une croyance assez rpandue, base, comme beaucoup dautres, sur le besoin dexplication, les animaux dont la force est suprieure celle de lhomme lui obissent parce que leur il le leur fait voir beaucoup plus gros quil ne lest en ralit.Les paysans de Beauce et ceux du Loiret disent quaux yeux du cheval lhomme parat un gant, et que ce quadrupde voit tous les objets avec un fort grossis-sement. Il ny a pas queux dailleurs, on enseignait cette fantaisie il ny a pas si longtemps encore dans les coles dqui-tation... sappuyant sur les refus des chevaux certains obstacles ou leurs terreurs soudaines... Saluons alors tous ces champions de CSO qui passent sans hsitation des montagnes !

    Voici donc quelques croyances et supersti-tions relatives aux chevaux et aux nes :

    Dans les Ardennes, toucher aux rnes dun cheval en labsence de son propri-taire porte malheur.

    En Wallonie, un cheval qui hennit annon-ce du beau temps. Ce que tout le monde souhaiterait les matins dhiver brumeux lorsque, poussant la brouette, on entend lappel de nos chers amis...

    Dans la Flandre franaise, en cas de dcs dans la famille, il faut aller imm-diatement lcurie et en faire part tous les chevaux et aux juments en par-ticulier. Si lon ngligeait cette coutume, les chevaux taient en danger de mort pendant un an et les juments pleines avortaient presque certainement.

    Dans lYonne, on ne doit pas se servir des chevaux le jour du dcs du matre ou de la matresse.

    Vers 1830, dans le Finistre, on ne donnait jamais un coup de fouet ceux qui tra-naient un corbillard, noirs gnralement.

    Sils sarrtaient, on attendait quils se remettent en marche, et lon essayait seulement de les y dterminer par des paroles. En Hainaut, ceux qui transpor-tent un mort transpirent toujours.

    Plusieurs observances suivent laccou-plement ou saillie, celle qui consiste frapper la femelle est assez usite.Dans la Cte-dOr, on donne un coup de bton sur la hanche de la jument. Dans le Sud (je lai vu dans un levage de chevaux de trait o jai travaill !), on jette sur sa vulve un seau deau glace. Tout cela pour, soit disant, empcher la jument de recracher la semence de ltalon... Charmant ! Pour ltalon, un traitement pas plus agrable. Pendant le cot, une flagellation lortie frache sur les reins est sense augmenter la virilit et la fertilit... La mme chose tait, au Moyen-ge, prconis pour les hommes... Mesdames, si vous voulez procrer, vous savez ce quil vous reste faire !! Comique...

    Voici un procd en usage au XVme sicle pour adoucir un cheval rtif au dressage.

    CROYANCES ET SUPERSTITIONS

    -3- -4-

    encore, suintant dans certains clubs,

  • -3- -4-

    Quand vous veez un cheval si terrible quil ne veult souffrir quon monte sur luy, ou ne veult entrer en navire ou sur un pont, dites-luy en loreille ces paroles : Cheval, aussi vray que meschine de pres-tre est cheval au dyable, tu veuilles souf-frir que je monte sur toi. Et tantost il sera paisible et un ferez vostre volont. Infaillible ! Les chuchoteurs devraient en prendre de la graine...

    On croit, en Eure-et-Loir, que lne, en raison de son rle dans la lgende, nest jamais atteint par la foudre.Suivant un proverbe poitevin, lne garde longtemps un coup de pied son ma-tre, cest--dire, quil a beaucoup de rancune. Je ne pense pas une lgende, mais plutt une ralit dans bien des cas vrifie. Lne peut garder de trs mauvais souvenirs danciens propritai-res et les reconnatre des annes aprs. Une anecdote qui ma t raconte par un chamelier marocain : un ne qui tait pass entre plusieurs mains, dont de trs mauvaises en la personne dun marchant de tapis qui le battait grands coups de cravache mhari, atterri finalement sur un march o il attendait dtre vendu encore une fois. Comme il ntait plus trs beau, ni en tat, il tait tenu lcart et brad. Un passant sapprocha et lne tourna vers lui sa tte. Presque aussitt, il coucha les oreilles mais le

    visiteur sapprocha encore, pour le voir de plus prs. Un bourricot pas cher, cest toujours intressant. Et se passa une scne incroyable, lne se jeta littrale-ment sur lhomme, le mettant terre en se couchant sur lui genoux et le mor-dant sauvagement plusieurs fois au bras gauche. Ctait en fait, son ancien matre mauvais et... gaucher !! Jai quand moi vu la mme chose avec un vieux cheval de picador, un animal puissant, la robe bai couverte de cica-trices et borgne gauche. Ce cheval don-nait entire satisfaction sa propritaire qui le choyait et le qualifiait de bon vieux dbonnaire sa mmre. Le che-val de compagnie parfaitement heureux et quilibr. Un chanceux en somme. Un matin, un homme est venu lcurie, petit, rbl et en tenue un peu folklo-rique avec ses grandes zaones (grandes chaps espagnoles). Il a demand voir Bollicao. Sa propritaire a prcd le monsieur, sans se douter de rien. Il avait lair si avenant et professionnel. Le visiteur sest approch du box et a parl au cheval avec son fort accent du Sud. Bollicao a dabord cout, intress par le nouveau venu, sympa. Puis, lorsque sur autorisation de la propritaire, il a ouvert le battant du box et est ren-tr, le cheval a chang. Ce qui se passa ensuite dpasse lentendement de par sa violence destructrice, je ne lai jamais

    oubli tant ce fut impressionnant et horrible. Bollicao, le brave Bolli, sest chang en diable, en monstre ! Du fond du box, bouleversant sa paille, il sest ru vers lhomme dans un fracas de sabots ferrs, la bouche horriblement ouverte sur ses grandes dents jaunes, lil fou et les oreilles aplaties. Il le mordit sau-vagement lpaule, une morsure dar-rachage, violente et destructrice, puis dans le dos, la tte, faisant voler litt-ralement loreille droite et le projeta au sol. Furieusement, il le pitina, le roula, le malmena, lui crasant les mains et le mordit encore la fesse, le soulevant du sol pour le faire valdinguer plus de deux mtres de lui ! Nous avions devant nous, horrifies, non pas un paisible herbivore peureux et fuyant, un cheval de ballade aim et doux buveur de bire, mais un fauve dchan, une furie, un assassin qui poussait des rugissements et des cris stridents atroces qui mettaient en moi toute lcurie ! Bolli aurait, cest certain, tu cet homme si nous ntions intervenu... quatre, pour sortir le mal-heureux de cet enfer ! Lhomme tait son ancien propritaire, revenu dans la rgion et, passant par l, dsireux, pour on ne sait quelles raisons ou motiva-tions, de revoir son ancien cheval de picador. Nous apprmes rapidement que cet homme avait pour habitude de battre ses chevaux coups de garrocha et nous

  • -5-

    comprmes pourquoi Bolli tait borgne de lil gauche. La pointe en fer de la garrocha lui avait crev lil ! Bollicao navait jamais oubli ces tortures, sa souffrance, ni celui qui en tait lauteur et, ce jour-l, il sest veng, dtruisant une main, arrachant une oreille (ol !), dlabrant une paule...Alors, la mmoire chez les quids, une lgende ?

    Lusage dadmettre les animaux dans les glises tait assez frquent autrefois :Au Moyen-ge, lne y prenait part une crmonie pendant laquelle on rcitait une prose en son honneur.Cette fte est tombe depuis longtemps en dsutude mais, jusqu une poque rcente, des bufs ou des agneaux ont pu entrer, des jours dtermins, dans les temples catholiques. Il nest pas besoin den expliquer les raisons.

    En divers pays, et notamment en Bretagne, on prtend quil est bien plus dangereux de tomber dun ne que dun cheval. Allez savoir pourquoi... Dans les Vosges, une bague faite avec un morceau de corne blanche prove-nant du pied dun ne est excellente contre lpilepsie.

    Et ces balzanes que lon blmait selon

    leur nombre :Balzane un, cheval de rien ou, cest drle, Balzane une, cheval de fortuneBalzane deux, cheval de gueuxBalzane trois, cheval de roiBalzane quatre, cheval abattreOn sait bien prsent, sauf tudes contraire, que la corne blanche nest pas plus fragile que la corne fonce et quun membre portant balzane nest pas plus sujet aux maux. Mais beaucoup y croient encore...

    On sait galement, contrairement cer-taines croyances, quun cheval noir nest pas plus irascible ou mchant quun gris, et que ces derniers ne sont pas moins bons ou rapides quun alezan, un bai ou un noir. Et il ny a pas si longtemps que a que les pur-sang gris taient carts des champs de course pour lenteur ou faiblesse... On sait, bien entendu, quil nen est rien. La preuve en est de la ligne pur-sang amricain de White Beauty, ne en 1963 au Kentucky. White Beauty naquit de pre alezan et de mre presque noire. Une de ses descendantes, Patchen Beauty, dfraya la chronique en 1997. Et Show Me The Moolah, ce pur-sang alezan rubican amricain qui, sur 44 courses dcrocha 8 victoires, 6 secondes places et 11 troisimes pla-ces... Un tocard ?Sur les robes ont a dit beaucoup.

    On disait que les blancs, les vrais, peau rose, naissaient presque toujours la pleine lune, copiant sa blancheur. De l aller en conclure que les couleurs dominantes entourant la jument ges-tante auraient une grande influence sur la robe du poulain, il ny eut quun pas... allgrement franchi par des paysans crdules. On mettait donc dans le box de la jument un tissu jaune ou orange, ou mme de lor ! pour avoir un alezan, un noir ou brun ou marron pour avoir un noir ou un bai, on pouvait mme frotter de charbon ou de suif le ventre rond de la jument..., un drap blanc ou des seaux de lait boire pour un gris... Allons, restons srieux, les Nez-Percs ne mettaient pas de tissu pois devant leurs btes et, imaginez, quaurait t la robe dun poulain Highland dont la mre aurait eu sous les yeux le tartan de son matre !!

    Dans Les admirables secret de magie naturelle du Grand-Albert et du Petit-Albert un verre par mois durine de mule rend infertile une femme qui ne souhaite procrer, que la fume dune lampe teinte fait avorter juments et femmes, quune dent de poulain pen-due au cou dun enfant lui ferait sortir les dents sans douleurs, quon trouve parat-il au front des poulains et des juments un morceau de chair nomm

  • -6-

    Naccroche-ton pas encore des fers cheval au dessus de lentre des mai-sons, des chemines, sur la calandre des voitures, branches en haut, en bas, droite, esprant ou croyant dur comme fer quil portera bonheur, apportera fortune ou loignera le malheur ?Et bien si !

    Et quil est imprudent et mme dan-gereux pour une femme de monter ou soccuper dun entier si elle est en priode menstruelle !! Et que monter cru peut rendre strile ou mme faire perdre la virginit !! Pauvre de moi...

    Quil ne faut pas faire boire un cheval avec son mors, a lui ficherait des coli-ques ! Cest sr, quaprs une course de deux heure et demi dans la garrigue ensoleille, en plein mois de juillet, boire une fontaine glace et tout son saoul dun seul coup, le cheval risque fort des coliques. Mais quil porte un mors, un hackamore ou un licol ny changera rien !!

    Que lon reconnat un cheval gaucher un autre droitier au ct o retombe sa crinire. Les chevaux de trait, les poneys la crinire double seraient-ils donc ambidextres ?

    hippomane servant de diverses mani-res en filtre damour.On y explique galement comment ren-dre doux un cheval furieux. En trou-vant, au pied du mont Cenis, de petites pierres rondes et verdtres qui auraient la grande vertu, mises dans chacune des oreilles dun cheval furieux, en serrant des mains les oreilles, de rendre lanimal doux. Bien sr, en serrant fortement les oreilles dun cheval, on le paralyse en pinant un nerf spcifique ! Comment faire tomber un cheval comme sil tait mort ? Avec une langue de serpent envelopp de cire vierge et introduite dans loreille gauche du cheval. Si on lte, lanimal se relvera plus fringuant quauparavant. Ha, oui ? Et pour quoi faire, on se le demande...

    On a dit aussi que les juments ne savaient pas nager ou se remplissaient deau par larrire jusqu couler et se noyer et quun cheval dont les oreilles seraient mouilles ou remplies deau se noierait. On sait que certaines juments mal forme de la vulve pourraient, effec-tivement, y faire rentrer de leau en cas de baignade force mais pas de l les faire couler !!

    Jai mme entendu dire, dans la cam-pagne aveyronaise que si les chevaux ne criaient jamais lorsquon leur faisait

    mal, lorsquils avaient peur, lorsquils mettaient bas, cest parce quils navaient aucun nerfs et ne pouvaient donc ne res-sentir aucune douleur ! On leur plantait bien des clous dans les pieds ! Et, effec-tivement, on peut tuer un cheval debout sans quil ne pousse le moindre cri. Cela se passe de commentaire, lexplication scientifique, nous la connaissons. Mais on disait de mme des bbs et des jeunes enfants jadis que lon soignait ou oprait... vif !Et a, ce nest pas une lgende !

    En Roumanie, il existe plusieurs possibili-ts de se protger des... vampires ! Entre autre eau bnite, ail, crucifix, hostie consacre, branche daubpine ou de rosier sauvage, le cheval est bien utile pour localiser un vampire dans un cime-tire. Il faut faire chevaucher un cheval blanc qui na jamais sailli par un jeune homme pubre. Promener le cheval et son cavalier dans le cimetire qui est suppos abriter le vampire et lui faire enjamber chaque tombe, une par une. Si le cheval refuse de passer sur lune delles et sil se cabre, cest alors le signe que dans la tombe dort un vampire !

    Les femmes Tziganes ne doivent pas toucher les chevaux, cest interdit, et les hommes les parent de rubans pour les protger du Mauvais il.

  • ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM

  • l fut un temps o les montagnes se dplaaient. C'tait il y a trs long-temps, quelque 250 millions d'an-nes... La terre lanait ses conti-nents dans une immense drive qui

    n'tait pas prs de cesser, chamboulant sans complexe la cartographie qui n'exis-tait pas encore. Des forces extraordinai-res cheminaient souterrainement, crant d'normes turbulences gologiques. Les rifts se soudaient, se dfaisaient, se recol-laient dans la plus sauvage anarchie. L'une poussant l'autre, les plaques luttaient, se soulevant mutuellement en une concur-rence effrne. C'tait qui pousserait l'autre et gagnerait un combat sans merci. Bref, la plante s'en donnait coeur joie et changeait de visage comme un cam-lon change de couleur. C'tait inattendu et stupfiant... On n'y voyait que du feu - mais comme il n'y avait personne, a ne gnait personne. Les montagnes crapahu-taient, s'branlaient, s'levaient, s'effon-draient en de multiples boulis. Collisions et tremblements de terre soulevaient des successions de roches qui s'installaient sur le terrain en ceintures et cordillres... De temps autre, un volcan s'nervait et crachait sa fureur en jet de lave rouge, une source jaillissait oppresse par les rochers

    et s'talait immodrment en un large fleuve langoureux, une faille s'ouvrait, investie par une mer insolente, des mas-ses incontrles s'abmaient en un bassin insens occup par un ocan. Les neiges s'appropriaient avec tnacit d'immenses steppes qui ne semblaient faites que pour elles... Attire par ces tendues vierges, o Volga et Oural s'coulent majestueuse-memt vers la Caspienne, une ribambelle de montagnes indpendantes et fantai-sistes transhumaient bien avant les trou-peaux qui rcuprrent, plus tard, le mot pour leur usage personnel ! Ces monta-gnes firent halte, histoire de reprendre un peu du poil de la bte, avant la suite de leur prgrination. Au printemps, l'herbe est fine et tendre, mergeant timidement des flaques de neige encore rsistantes. Le soleil l'a dlicatement sucre et le vent sibrien lgrement sale. C'est l, sur ce tapis de verdure que, tout coup, le regard pointu des montagnes convergea vers un blouissant spectacle, une trange vision laquelle l'univers ne les avait pas encore habitues. Dans une mare de soleil gamba-daient d'tranges cratures : le chanfrein prtentieux, l'oeil sducteur, immense et noir, le poitrail orgueilleux, la crinire inso-lente et la queue en royal panache retourn

    sur la croupe, montes sur des jambes de ballerines elles se pavanaient, enchantes d'tre enfin remarques et admires la hauteur de leur prtention. Ces animaux de rve paradaient et caracolaient en de fougueux et brillants galops, en de trots puissants et ariens. Sous la tension de l'intrt, les montagnes se plissrent, puis elles se grandirent pour profiter pleine-ment du spectacle. Il ne s'agissait point d'un mirage, elles pouvaient l'affirmer pour en avoir t pour leurs frais dans de sahariennes expriences. Non! L'vidence tait flagrante, les montagnes venaient de rencontrer des chevaux de pur-sang, ceux-l mme que Mahommet nommerait plus tard Arabes. Elles en restrent ptrifies. Sidres et merveilles, elles comment-rent leur dcouverte au cours de la soire. Au petit matin, elles avaient fait leur choix, elles allaient demeurer l ! C'tait irrvocable ! Elles voulaient lire domicile auprs de cette valle privilgie. Il lui manquait, c'tait certain, des contreforts sur lesquels s'appuyer, de hauts sommets pour accrocher les nuages et contrarier les vents, et de solides massifs qui sauraient porter ombre aux canicules continentales. Ce fut un grand jour, une grande dci-sion... Le Caucase venait de natre.

    Les montagnes du Caucase

    -8-

    l fut un temps o les montagnes se dplaaient. C'tait il y a trs long-temps, quelque 250 millions d'an-nes... La terre lanait ses conti-nents dans une immense drive qui

    n'tait pas prs de cesser, chamboulant

  • maginez... Imaginez un cheval magnifique, le plus merveilleux des chevaux, blanc, blouissant, des crins longs comme des cheveux de comte, les yeux comme des

    toiles. Imaginez que sur son dos imma-cul jaillissent deux immenses ailes aussi blanches que lui et que, d'un puissant battement de ces ailes faisant voler la poussire, le cheval s'arrache la terre et s'envole vers le ciel. Vous avez alors vu Pgase, le cheval ail. Pgase est issu de la mythologie grecque. Il est le fils de la Gorgone Mduse et de Posidon, le dieu de la Mer. Mduse tait enceinte du dieu Posidon lorsque Perse, envoy par Polydects, le roi de Sriphos, lui trancha le tte. Du sang qui jaillit de son cou nacquit le Cheval Ail, favori des dieux. Plusieurs lgendes entourent cet animal merveilleux et nombres d'ar-tistes l'ont peint dans l'histoire de l'art. Pgase, lev au rang de divinit jouissait d'une grande libert. Fendant l'air comme une rafale, galopant au ras des flots, il daignait parfois descendre sur terre pour s'y reposer. Les potes taient en

    adoration devant cette crature, source d'inspiration, muse et fantasme. D'un coup de sabot, Pgase avait fait jaillir sur la montagne des Muses, l'Hlicon, une source prodigieuse, Hippocrne, dont l'eau offrait un don merveilleux qui la buvait : la posie. Bellrophon, amateur de chevaux, voulait tout prix s'emparer de Pgase. Pour le capturer, il demanda conseil un devin qui lui conseilla de se rendre au temple d'Athna. Alors qu'il dormait, il fut rveill par la voix de la desse et il dcouvrit prs de lui un objet merveilleux, une bride d'or magique. Bellrophon partit donc la recherche de Pgase qu'il trouva buvant une source proche de Corinthe. Il s'approcha lente-ment et russi passer la bride au cheval ail qui, immdiatement, devint docile. Le hros sauta alors sur le dos de Pgase et fut emport dans les airs dans un fra-cas de plumes blanches. Les ennuis pour Bellrophon commencrent par un meur-tre, comme son nom l'indique. En effet, il tua probablement un important person-nage de Corinthe car, durant son exil, il abandonna son nom d'Hipponous (Ami

    des chevaux) pour celui de Bellrophon (Tueur de Belleros). Bien que Protos - Roi d'Argos - l'accueillit sa cour, la pas-sion que nourrit alors la reine Sthnboa pour le jeune hros ne fit qu'accrotre ses difficults, surtout lorsqu'il repoussa ses avances, trop obnubil par son cheval ail et sa beaut. Sthnboa l'accusa de viol et Protos, fou de rage, envoya Bellrophon dans le sud de l'Asie Mineure, en Lycie, o il tait sens mourir. Mais le roi de la rgion l'pargna en raison des services qu'il lui avait rendus. En effet, grce la vlocit de Pgase, le hros put triom-pher de la Chimre, crature monstrueu-se mlange de lion, chvre et serpent, cracheuse de feu. Ils combattirent les guerriers Solymes puis les Amazones. Et Bellrophon finit par devenir champion de Lycie. Malheureusement pour lui, son succs lui monta la tte. Riant de se voir si beau, si fort et presque invincible et fier de pouvoir impunment voler plus prs des dieux grce son Pgase, il vou-lut affirmer sa place parmi les divinits de l'Olympe. Mais il n'en eut pas le loisir car Zeus, particulirement rendu furieux par

    Pegase

    -9- -10-

    maginez... Imaginez un cheval magnifique, le plus merveilleux des chevaux, blanc, blouissant, des crins longs comme des cheveux de comte, les yeux comme des

    toiles. Imaginez que sur son dos imma-

  • les vhmences et l'impudence du jeune hros envoya un taon la rencontre de Pgase qui emmenait Bellrophon jusqu' l'Olympe. Le taon piqua la croupe du cheval ail qui fit un gigantesque cart. Bellrophon fut dsaronn et chuta de si haut qu'il en fut estropi. Quand Pgase, il retrouva sa libert et regagna sa place dans le cur de Zeus qui l'accueillit dans ses curies de l'Olympe et donna son nom une constellation. Athna avant Bellrophon avait dompt Pgase. Une autre lgende contreverse raconte que le premier cavalier de Pgase fut Perse, qui grce lui attaqua le Krakken pour sau-ver Andromde. Et grce quoi en plus ? A la tte de Mduse qui lui montra au grand jour. Cette version est sans doute une vision de peintre ou de cinaste (Le choc des Titans) car la lgende de Perse lui attribue des sandales ailes et non un cheval volant... Les lgendes de Pgase ont plusieurs variantes et se perptuent jusqu' la Renaissance o il devient le compagnon des Muses et des potes.Voici dautres chevaux ails, et il y en a une vritable armada : Les chevaux ails queue de poisson du cortge de Posidon, bien que les dites ailes soient peut-tre, en fait, des nageoires... Al Burq, auquel revient l'honneur d'avoir port le Prophte Mahomet dans ses songes.

    Le folklore chinois du Ier sicle de notre re parle de chevaux ails. "Les sauterelles", chevaux androcpha-les ( tte humaine) ails illustrant les manuscrit de l'Apocalypse, un peu comme Al Burq, qui fut galement dcrit comme une "jument" androcphale et queue de paon... Un cheval ail domine la salle d'audience des bains du palais umayyade de Khirbat Al-Mafjar, contruit au VIIIeme sicle Jricho pour le calife Hisham. Le roi David et Bethsab ont mont un cheval ail. Ththis menait un chariot tir par des chevaux ails. Hlios, le dieu du Soleil, conduit dans le ciel un char de feu, attel quatre chevaux ails. De ses amours terrestres, Hlios eut un fils, Phaton. Selon le mythe le plus rpandu sur le Soleil, Phaton trouva un jour le palais du Soleil et le dieu, bienveillant, lui proposa d'exaucer son voeu le plus cher. Le jeune homme dsirait conduire le char de son pre. Le dieu accepta, mais Phaton ne put ma-triser les quatre chevaux ails et le char frla la Terre qui commena s'embraser. Zeus foudroya le jeune homme qui dispa-rut dans l'Eridan, un fleuve mystrieux, inconnu des hommes. Les chevaux ails trusques d'un fron-ton d'un temple de Tarquinia.

    Sinbad le marin, dans ses grandes aventures, chevaucha un cheval ail... On peut admirer, en Chine, Xi Chan, un massif cheval ail taill dans la pierre grise... Si l'on ne peut le considrer comme un cheval, l'Hippogriffe en a nanmoins quelques attributs et vole sans aucun doute... On parle de chevaux ails en Inde... Dans la mythologie nordique, Sleipnir, le cheval huit jambes serait capable de voler... Les Walkyries ne descendraient-elles pas sur les champs de bataille, montes sur des chevaux volants, pour emporter les mes des guerriers jusqu'au Walhalla... J'en oublie sans doute, certainement, vous de faire vos recherches. Que les chanceux et clairs m'aident met-tre jour ce dossier, je les en remercie d'avance. Le cheval ail ou volant est pr-sent partout dans le monde, reprsent en peinture, sculpture, bijoux, tapisserie, crits et autre... A moins que Pgase ait parcouru les cultures de son vol puissant, il n'est pas le seul et unique cheval " plumes" !Le cheval ail a, sans nul doute, une for-midable emprise sur les rves et inspira-tions des hommes depuis toujours. Il est le cheval fabuleux par excellence.

    -9- -10-

  • ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -- CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM

  • ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE

    PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.

  • ntre tous les grands conqurants, nul ne peut galer les exploits d'Alexandre le Grand. Jamais dans l'histoire connue on ne dcrivit plus grand gnie militaire (n'en

    dplaise aux fervents de Napolon...). Le trne d'o il commandait ses armes tait le dos d'un talon noir portant le nom peu romantique de Bucphale, Boukephalos, Tte de boeuf. Non seulement Alexandre adorait-il Bucphale, mais il semble avoir exist entre eux autant de sentiments qu'il est possible entre un homme et un cheval. Leur histoire fut souvent conte, tel point qu'elle est rentre dans la lgende, mais je laisse Mary Renault dans son Feu Cleste le soin de vous la relater ici : "C'tait une journe clatante... La foire aux chevaux de Pella tait un rite aussi honor que les ftes sacres. Les marchands venaient de Thessalie, de Thrace, d'Epire, et mme de l'Hellespont; ces derniers pr-tendaient toujours que leurs btes taient croises avec les lgendaires Nisaiens des rois de Perse. Les acheteurs de marque arrivaient seulement maintenant. Alexandre tait l presque depuis le dbut... La foire aux chevaux se droulait toujours dans une ambiance dcontracte, c'tait une runion d'hommes. Philippe, en tenue de cavalier, leva sa badine... monta sur l'estrade, et cria tel ou tel de ses amis de le rejoindre...

    On amena les chevaux d'armes... Le Roi descendit pour examiner les bouches et les sabots, palper les jambes et couter les poitrails. Les chevaux taient emmens, ou gards proximit, au cas o rien de mieux ne se prsenterait. Il y eut un ralen-tissement dans la prsentation, et Philippe regarda impatiemment autour de lui. Le gros marchand de Thessalie, Philonikos, qui fulminait depuis un certain temps, dit son commissionnaire : "Dis-leur que je ferai des cordes d'attache avec leurs boyaux s'ils n'amnent pas cette bte immdiatement." - "Kittos dit qu'ils peuvent l'amener, mais..." - "J'ai d dompter cette bte moi-mme, dois-je le dresser lui aussi ? Dis Kittos de ma part que si je manque cette vente, ils n'auront plus assez de peau eux deux pour faire une paire de sandales." Avec un sou-rire sincrement respectueux, il s'approcha du Roi. - "Sire, il arrive. Vous verrez qu'il correspond en tout point ce que je vous ai crit de Larissa. Excusez ce retard; on vient de m'annoncer que quelque idiot l'avait laiss dtach. Vu sa parfaite condition, il a t difficile rattraper. Ah ! Le voici." On amena, pas mesurs, un cheval noir avec une toile blanche. Les autres chevaux avaient t monts, pour montrer leurs allu-res. Bien qu'il ft en sueur, il ne respirait pas comme un cheval qui a couru. Quand on le trana devant le Roi et l'leveur, ses naseaux

    palpitrent et ses yeux noirs roulrent de ct; il essaya de redresser la tte, mais l'cuyer le fora la rabaisser. Sa bride tait de cuir rouge garni d'argent; mais il n'avait pas de selle... Une voix assourdie ct de l'estrade dit: "Regarde, Ptolme. Regarde a." - "Voil, seigneur !" dit Philonikos... "Voil Tonnerre. Si jamais monture fut plus digne d'un Roi..." Il tait vraiment en tous points le cheval idal selon Xnophon... Les os de ses pattes (chez le cheval, on dit les jambes...) taient forts mais flexibles; son poitrail tait large, son encolure arque, comme le stipule l'crivain, comme celle d'un coq de combat; la crinire tait longue, solide, soyeuse et mal dmle... Sa robe noire luisait; sur un flanc, il portait le trian-gle cornu, la Tte de Boeuf, qui tait la mar-que de cet levage fameux, de faon frap-pante, son front s'ornait d'une toile blan-che qui reproduisait presque cette forme. - "Voici," dit Alexandre avec respect, "un cheval parfait. Parfait en tout."... - "Ce che-val est un tueur. Que veut Philonikos, tuer notre Roi ?" Philippe, voyant que le cheval tait rtif, en fit le tour... "Oui, son aspect me plat. H bien, voyons un peu comment il court." Philonikos fit quelques pas en direction du cheval. Celui-ci poussa un hennissement pareil au bruit d'une trompe de guerre, releva la tte malgr le poids de l'cuyer qui s'y accrochait de toutes ses for-

    Bucephale

    -13- -14-

    ntre tous les grands conqurants, nul ne peut galer les exploits d'Alexandre le Grand. Jamais dans l'histoire connue on ne dcrivit plus grand gnie militaire (n'en

    dplaise aux fervents de Napolon...). Le

    Bucephale

  • ces, et se cabra... Alexandre dit : "Regarde le mors qu'ils lui ont mis. Vois ces pointes qui le garnissent." "Il semble que mme cela ne puisse le retenir," dit le gros Philotas... "Et pourtant il continue redresser la tte." Alexandre s'tait avanc. L'entraneur royal... s'approcha du flanc du cheval... Au dernier moment, son ombre passa devant les yeux du cheval. Ce dernier sursauta violemment, se droba et lana une ruade... Alexandre, qui avait retenu son souffle, se tourna vers Ptolme et dit d'une voix angoisse : "Il ne va pas l'acheter." - "Qui le ferai ?... Je ne comprends pas pourquoi on l'a montr... le cheval rtif ne te permettra pas de blesser l'ennemi, mais il te blessera, toi." - "Rtif ? Lui ? C'est le cheval le plus brave que j'aie jamais vu. C'est un combat-tant. Regarde les traces de coups, jusque sous son ventre, tu peux voir les marques du fouet. Si Pre ne l'achte pas, cet homme l'corchera vif...". Jason fit une nouvelle tentative. Avant qu'il ait pu approcher le cheval, celui-ci se mit ruer. Jason regarda le Roi, qui haussa les paules. - "C'tait son ombre," dit Alexandre Ptolme... "Il a peur mme de la sienne..." - ..."Monterais-tu un cheval pareil pour aller au combat ?" "Oui. Surtout pour aller au combat." - "Pour trois talents, je peux me procurer mieux qu'un cou bris... J'ai faire," dit Philippe.Alexandre lana de sa voix sonore: "Quel gchis ! Le meilleur cheval de la foire !"... Philippe se retourna, alarm. Jamais le gar-on ne s'tait montr impoli envers lui en public. - "Le meilleur cheval jamais prsent

    ici, et qui a seulement besoin de quelqu'un sachant le manier." Alexandre s'tait avanc sur le champ de foire... "Un cheval comme il n'y en a qu'un sur dix mille, ainsi rejet."... Rien ne vaut, pensa Philippe, la leon qu'on s'enseigne soi-mme. "Jason," dit-il, "dresse des chevaux depuis vingt ans. Et toi, Philonikos, depuis combien de temps ?"... "Ah, ma foi, sire, depuis mon enfance."-"Tu as entendu a, Alexandre ? Mais tu penses pouvoir faire mieux ?"... - "Oui. Avec ce cheval, je le pourrais." - "Trs bien," dit Philippe. "Si tu le peux, il est toi... Et si tu ne peux pas ?... Que mises-tu ?" Alexandre prit une profonde inspiration, sans quit-ter le cheval des yeux. "Si je n'arrive pas le monter, je le paierai."... "Pari tenu..." Alexandre se rappela alors qu'il n'avait pas demand si Tonnerre tait le vrai nom du cheval... L'animal avait manifest clairement que Tonnerre tait pour lui synonyme de tyrannie et de douleur. Il fallait donc lui trouver un autre nom. Il contourna le che-val, en veillant garder son ombre derrire lui, et regarda l'toile cornue sur le front. - "Tte de Boeuf," dit-il, en macdonien... Boukephalos." Le cheval dressa les oreilles. Au son de cette voix, la prsence dteste avait perdu de sa force... Il rencla et gratta le sol du sabot en guise d'avertissement.... "Passe-moi la bride sans tirer sur ce mors..." Il prit les rnes... Le cheval rencla, puis tourna la tte et le renifla. Alexandre prit les rnes dans une main, et passa l'autre le long du cou moite; puis il le tint par le licol, afin que le mors cruel ne le comprimt

    plus. Le cheval se braqua lgrement... Il tourna la tte du cheval vers le lumineux soleil... Leurs ombres disparurent derrire eux... Les rnes enroules (danger !) sa main gauche, il saisit la crinire... posa sa main la base de celle-ci... puis il bondit... il l'avait enfourch... Les hommes n'avaient pu le dompter, mais il obirait au dieu... Le cheval et son cavalier s'vanouirent au loin... Ils revinrent enfin, le soleil derrire eux, leur ombre nettement projete devant eux... Un homme l'attendait... C'tait son pre. La lgende, si 'en est une, dit que le Roi Philippe embrassa son fils et lui dit :" mon fils, il te faut chercher un royaume qui soit digne de toi, la Macdoine ne te suf-fit pas. Bien des batailles hroques furent remportes alors par ce couple merveilleux. Bien qu'Alexandre Roi mourt jeune, et Bucphale un ge respectable pour un cheval de guerre, ce fut le Roi qui survcut son compagnon. Aucune autre cit dans le Monde ne reu le nom d'un cheval, part celle qu'Alexandre le Grand honora du nom de son talon noir. C'est sur son tom-beau reprsentant sa statue de bronze qu'il fonda la ville de Boukephalia sur le fleuve Hydaspe. Pour qu'on ne l'oublie jamais.Ici, Mary nous dpeint un puissant talon noir alors que bien souvent, le Bucphale de l'antiquit est reprsent bai, parfois blanc. On l'identifia mme comme une licorne, ou un cheval tte de lion, ou par d'une queue de paon flamboyante. Pour susciter autant de fantasmes, il tait, sans aucun doute, un cheval extraordinaire et exceptionnel.

    -13- -14-

  • ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -- CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM

  • ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE

    PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.

  • Les juments de Diomedeiomde tait un roi de Thrace possdant des juments qui se nourrissaient de chair humaine. El les taient qua-tre et rpondaient aux noms

    de Podargos, Lampon, Xanthos et Dinos. Des deux traditions con-cernant cette lgende, la plus ancienne est cel le selon laquel le Hercule partit seul en Thrace, par la route de terre, et donna Diomde manger ses propres juments; aprs quoi les animaux, calms, se la issrent doci lement emmener. Lautre, plus rcente, l ie la lgende la fondation de la vil le dAbdre. Le huitime travail dHercule fut de ramener les juments du Thrace Diomde Mycnes . Diomde tait le fi ls dArs et de Cyrn et le roi des Bistones, un peuple de Thrace trs bel l iqueux. Ses qua-tre juments taient monstrueuses. Hercule, ayant pris la mer avec une troupe qui le suivait volontai-rement, fit violence aux serviteurs chargs des mangeoires des juments

    -17-

    de Podargos, Lampon, Xanthos et

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE

  • et conduit les animaux vers la mer. Comme les Bistones venaient en armes pour dfendre et rcuprer les juments, Hercule les donna garder Abdros. Celui-ci tait un fils dHerms, un Locrien dOponte quaimait Hercule. Les juments le turent en le dchirant coups de dents. Aprs avoir combattu contre les Bistones, Hercule tua Diomde et obligea les autres fuir, puis i l fonda la cit dAbdre ct de la tombe dAbdros, ramena les juments Eurysthe et les lui donna. Comme celui-ci les avait relches, el les se rendirent vers la montagne quon nomme Olympe et furent tues par des btes fauves. Hercule reut l ordre dEurysthe, pour le huitime de ses travaux, dal ler en Thrace et de capturer les juments mangeuses dhommes de Diomde, le fi ls du dieu Ars. Diomde tait cruel, comme son pre : i l donnait manger ses juments tous les naufrags qui accostaient Thrace. Hercule, accompagn de quelques volontaires , dbarqua en Thrace puis se dirigea vers les curies de Diomde. Il assomma le personnel et s empara de force des juments de Diomde. Il s apprtait embar-quer lorsque Diomde saperut du

    vol. Il lana les Bistones sa pour-suite. Hercule les combattit puis i l captura Diomde et le donna en pture ses propres juments, et Diomde subit le mme sort que tous les pauvres naufrags qui s taient chous Thrace. Il fut dvor vivant. Hercule les ramena Eurysthe qui les relcha, ntant plus sauvages aprs avoir dvor leur matre.

    -18-

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX

  • LES CENTAURESans la mythologie grecque, les Centaures sont des tres fabu-leux au torse et tte d'homme et au corps de cheval. Ixion, fils

    d'Ars, roi des Lapithes, tait tomb amoureux d'Hra, l'pouse de Zeus. Ce dernier lui envoya un leurre : une nue qui ressemblait son pouse. Ixion crut s'unir la desse, et de cette union trange nacquirent les Centaures. Ceux-ci lirent domicile dans les forts de Thessalie. Les Centaures taient brutaux et se nourrissaient de chair crue. On les disait adonns l'ivresse et la luxure (recherche sans retenue des plaisirs des sens...). Souvent, on les reprsentait dans le cortge des adorateurs de Dionysos, le dieu du vin, lui mme tant trs port sur la chose... Leur violence, leur sauvagerie et leur brutalit sont lgen-daires. Convis aux noces de Pirithoos, roi des Lapithes, ils s'enivrrent et vou-lurent enlever des femmes, dont celle du roi, Hippodamie. Ils se battirent avec leurs htes avec fureur, les Centaures d'un ct, arms de troncs d'arbres et de tisons enflamms et les Lapithes de

    l'autre, arms de leurs pes et de leurs arcs. Vaincus grce, notamment au cou-rage de Pirithoos et de son ami Thse, le tueur du Minotaure, ils durent quitter la Thessalie et furent contraints de se retirer aux abords du Pinde. Le combat des Centaures et des Lapithes est sou-vent reprsent dans l'art grec classique. Dans ce monde de brutes, il y avait deux exceptions : les Centaures Pholos, ami d'Hracls (Hercule), et Chiron rput pour son savoir, ses connaissances dans l'art de la mdecine, sa grande sagesse et sa bont. Ce dernier fit l'ducation de plusieurs hros grecs dont Achille (hros lgendaire de la guerre de Troie) et Jason (le chef des Argonautes qui ramena la fameuse Toison d'or garde par l'Hydre). CHIRON : La lgende rapporte que le Centaure Chiron est n des amours de la nymphe Phylire (Pindare), elle mme fille d'Ocan, et de Chronos mtamorphos en cheval pour chapper la vigilance de sa femme Rha. C'est ce qui explique sa forme mi-homme mi-cheval. Chiron appartient la mme gnration divine que Zeus et les Olympiens. Il a de solides

    connaissances en botanique et en astro-nomie. Il connat les vertus des plantes mdicinales, la chirurgie et l'art de la chasse. Ces connaissances, il les tient de prcepteurs divins : Apollon et Artmis. Il vivait dans une grotte du mont Plion en Thessalie. Contrairement aux autres Centaures, cruels et bagarreurs, c'est un tre pacifique et cultiv, presque un sage. Il eut des lves clbres : Esculape (Asclepios), Nestor, Hracls, Ulysse, Castor et Pollux, Jason, et Achille dont il prit un soin tout particulier... Lors de la guerrre entre les Centaures et Hracls, il fut atteint accidentellement par une flche tire par ce dernier. Or, les flches du fils de Zeus provoquaient des blessu-res ingurissables; toute les sciences de Chiron n'y purent rien. Comme Chiron tait immortel, il aurait d souffrir atro-cement ternellement. Il demanda alors Zeus d'intervenir : le dieu lui permit de donner son immortalit Promthe. Le Centaure put alors mourir en paix. Une autre lgende dit qu'il a t plac dans le Zodiaque o il forme la constellation du Sagittaire. C'est encore un Centaure,

    -19- -20-

    d'Ars, roi des Lapithes, tait tomb

  • Nessos, qui, aprs avoir tent d'abuser de Djanire, la fiance d'Hracls, lui fit ensui-te cadeau de la fameuse tunique qui cau-sera la mort du hros. NESSOS : Un jour, Nessos offrit ses services Hracls et Djanire qui voulaient traverser le fleuve Evenos. Le fleuve tant en crue, Nessos proposa de porter la jeune femme sur son dos comme un simple cheval. Djanire passa ainsi le fleuve sans encombres, mais, une fois sur l'autre rive, Nessos voulut enlever Djanire (mot doux signi-fiant qu'il n'avait d'autre projet que de la violer). Hracls, qui n'tait pas dispos abandonner son pouse, banda son arc et blessa mortellement le Centaure d'une de ses flches enduites du sang de l'Hy-dre de Lerne. Nessos, mourrant, feignit de s'excuser et remit sa tunique couverte de sang Djanire lui assurant que cette chemise aurait la vertu de lui ramener son mari ds lors qu'il voudrait s'attacher une autre. Une variante similaire raconte que Nessos confia Djanire un philtre compos de son sang et de sa semence, pour que cette dernire en enduise, par la suite, une des chemises d'Hracls et qu'ainsi, le hros lui reviendrait ga-lement. Plus tard, Djanire, craignant d'tre dlaisse par son poux au profit d'Iole, fit remettre Hracls la tuni-

    que de Nessos. Ainsi, la prophtie ayant annonce qu'Hercule succomberait de la main d'un mort se ralisa. En effet, ds que le malheureux hros revtit la tunique, sa chair se mit brler et, ne parvenant pas enlever ce terrible vte-ment sans s'arracher la peau, il demanda son fils Hyllos de dresser un bcher au sommet du mont Oeta. Il y mou-rut dvor par les flammes et Djanire se pendit de dsespoir. La tunique de Nessos eut ainsi raison du plus grand des hros grecs. PHOLOS : Un jour qu'il passait par l'Epire, Hracls demanda l'hospitalit Pholos, un sage et bien-veillant Centaure, fils de Silne et de la nymphe Hamadryade. Pholos reu le hros avec beaucoup d'gards, lui servit un riche repas et une abondante boisson. Il disposa de la viande rtie devant le fils de Zeus mais n'osa pas ouvrir la jarre de vin commune rserve aux Centaures, jusqu' ce qu'Hracls lui et rappel que c'tait la mme jarre que Dionysos, qua-tre gnrations auparavant, avait laisse dans la caverne par prcaution, en prvi-sion de ce qui allait arriver. Lorsque les Centaures humrent l'odeur enivrante qui s'tait rpendue dans la campagne, ils furent pris de fureur, assigrent la caver-ne de Pholos et attaqurent Hracls

    en brandissant des rochers, des sapins qu'ils avaient dracins, des tisons et des haches. Hracls en tua un grand nombre et mit le reste en fuite. Pholos ne prit pas part au combat en se cachant, terroris par le hros qui repoussait courageuse-ment Anchios et Agrios, deux jeunes et fougueux Centaures. Une flche du fils de Zeus traversa le bras d'Elatos et s'en-fona dans le genou de Chiron... Pholos, en enterrant ses semblables, arracha une des flches d'Hracls et l'examina avec tonnement. "Comment se peut-il que toutes ces flches tuent mme en une simple gratignure ?" Disant cela, la fl-che sanglante lui glissa des mains, tomba, et lui pera le pied, le blessant mortelle-ment car les flches d'Hracls taient toutes empoisonnes. Le hros accorda les honneurs funstes son involontaire victime et l'ensevelit sous une montagne, qui prit le nom de "Pholos". Il paratrait qu'il ait exist une race de Centaures ails, les Ptrocentaures. Mais on ne sait presque rien leur sujet si ce n'est qu'ils sont encore bien plus farouches que leurs cousins terrestres... Certaines gravures, peintures et autres reprsentations pic-turales, montrent d'tranges "centaures" mi-homme, mi-fauve, mi-biche mais cela est un autre sujet...

    -19- -20-

  • XANThOS et BALIOS-22-

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -COM ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -COM ANNE PIOLA

    - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM

  • XANThOS et BALIOS

    rrent amrement : Zeus eut alors piti deux et regretta de les avoir associs, en les donnant un mortel, aux souf-frances de ces cratures misrables. Le dieu leur donna suffisamment de force pour chapper Hector, et les deux ani-maux rejoignirent les lignes grecques au galop. Quand Achille lui-mme reprit le combat, il leur reprocha de ne pas avoir ramen Patrocle sain et sauf. Xanthos lui rappela que la mort de Patrocle, loin dtre due leur ngligence, avait t dcide par Apollon pour rehausser la gloire dHector. Et il ajouta que sa mort lui, Achille, tait aussi imminente. L-dessus, les Erinyes le frapprent de mutisme, et plus jamais il ne profra un mot. Achille, cependant, rpondit quon ne lui apprenait rien, sa mort lui ayant t dj prophtise par sa pro-pre mre. Effondr par la mort de son ami et frre darme, Achille alla trouver Hector et lobligea combattre jusqu la mort. Sa colre tait telle quil trana, attach derrire son char, douze jours durant, le cadavre dHector sur la tombe de Patrocle, fouettant ses deux chevaux rendus muets et pleurant de douleur.

    i la guerre de Troie fut clbre par son cheval de bois, elle ne mentionna que trs peu les deux chevaux merveilleux dAchille, Xanthos et Balios.

    Zphyr sunit un beau jour avec la Har-pye Podarga (Aux pieds agiles) qui, sous la forme dune pouliche, paissait dans les prairies du bord de lOcan. Ils engendrrent les chevaux immor-tels dApollon, Xanthos (Le Blond) et Balios (A deux couleurs mais non pas pie ! La dfinition de balios caract-rise plutt des chevaux avec une liste en tte). Daprs lIliade, Xanthos tait un crme dor et Balios, un palomino. Donc, de magnifiques chevaux sans aucun doute.Zphyr se vengera dApollon, qui avait sduit Hyacinthos, en dviant son dis-que qui frappera mortellement le jeune homme la tte. Les dieux offriront les chevaux en cadeau de mariage au roi Ple de Phthie, le pre dAchille. Achille les emmena la guerre de Troie et les prta Patrocle quand ce dernier prit la tte des Myrmidons. A la mort de Patrocle, les deux chevaux le pleu-

    -22-

    i la guerre de Troie fut clbre par son cheval de bois, elle ne mentionna que trs peu les deux chevaux merveilleux dAchille, Xanthos et Balios

    Zphyr sunit un beau jour avec la Har-

    ANNE PIOLA ANNE PIOLA - CHEVAUX ET

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.

    ANNE PIOLA ANNE PIOLA - CHEVAUX ET

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.ANNE

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.

  • -23-

    poque laquelle sest droule la Guerre de Troie reste encore incer-taine (sans doute entre 1190 et 1180). Elle nous est connue uniquement par des pomes piques qui nont

    pas t composs la mme poque que la guerre mais beaucoup plus tard, pour cl-brer les exploits des hros du pass et aider former la conscience collective des audi-teurs aux vertus de courage et dentreprise. Ce sont, chez les Grecs, lIliade et lOdys-se, dues un pote nomm Homre et, chez les Latins, une partie de lEnide (Li-vre II) due Virgile, et qui raconte la chute de Troie. Cette guerre mit aux prises les anciennes tribus grecques, les Achens, apparues en Grce au deuxime millnaire avant J.C. et les Troyens. Ces tribus guerrires pra-tiquaient, sur mer et le long des ctes, la piraterie. La dernire de leurs expditions fut lattaque de la ville de Troie, en Asie Mi-neure, puissante cit qui, place non loin du dtroit des Dardanelles, du moins cest ce que lon dit encore, stait enrichie en prlevant des droits sur les marchands qui gagnaient la Mer Noire par voie de terre. Les raisons de la guerre ont donc, en fait, t conomiques, mais les potes ont ima-gin des raisons hroques : Pris, ls de

    Priam, sarrta Sparte. Il y vit Hlne, une de ces victimes dAphrodite pour qui les Grecs avaient tant dindulgence, et lenleva. Une fable postrieure Homre, comme Hsiode, contait quAphrodite lui avait promis la plus belle des femmes, lorsquil lui avait adjug la pomme dor, prix de la beaut que cette desse, Hra, et mme la sage Athna, se disputaient. Ce rapt insolent rveilla la haine des Atrides, ils la rent partager la Grce entire et, de la Crte la Macdoine, tous les chefs sarmrent et se runirent sur la pres-qule pierreuse qui portait la petite ville botienne dAulis. Onze cent quatre-vingt-six vaisseaux furent rassembls dans son port mais des vents contraires les y retin-rent longtemps, et Calchas dclara quon nen obtiendrait de favorables quaprs que la lle du roi dArgos, Iphignie, aurait t immole sur lautel dArtmis. Larme exigea que le sacri ce ft accompli, et le prtre frappa, mais ses pieds tomba une biche blanche quArtmis avait substitue la royale victime. La otte grecque, dli-vre par le sacri ce dIphignie, conduisit en Asie plus de cent mille guerriers, r-solus, dit le sage Nestor, punir le crime de Pris en in igeant tous les Troyens la honte de Mnlas. Priam put peine leur

    opposer la moiti de ce nombre, bien quil lui ft venu des secours de la Thrace, de la Macdoine, et jusque de lEthiopie. Le sige de la ville dura dix ans avec des alternances de succs et de revers des deux cts. LIliade raconte la dernire anne de la guerre. Son sujet est la colre dAchille : Agamemnon lui ayant pris sa captive, Achille sest retir sous sa tente et a cess de combattre. On essaie de rgler le con it par un combat singulier entre Pris et M-nlas. Au dernier moment, Aphrodite sub-tilise Pris dans un nuage et le met labri. Le combat gnral reprend, o sillustrent des hros comme Diomde et Ajax. Cependant Hector, ls de Priam, donne bientt lassaut au camp des Grecs, com-mence incendier leur otte et tue le meilleur ami dAchille, Patrocle. Alors Achille, dsespr et furieux, aprs avoir rendu les honneurs funbres son ami, retourne au combat et aprs une longue poursuite parvient tuer Hector. Il trane le corps de celui-ci, attach son char, dans la poussire mais nit par rendre le cadavre dHector, sur les prires de Priam, aux Troyens. La n de la guerre ne nous est connue que par des pomes postrieurs lIl-iade (laquelle a t compose sans doute

    LE CHEVAL DE TROIE

    pas t composs la mme poque que la

    LE CHEVAL DE TROIE

  • -24-

    Cheval de Troie pour parler dun don se rvlant tre une maldiction, ou des m-canismes sous-jacents. On a aussi conserv la phrase Timeo Danaos et dona ferentes (Je crains les Grecs mme quand ils appor-tent des cadeaux), cest--dire attention aux Grecs porteurs de cadeaux, mis dans la bouche de Laocoon dans Lnide.Le texte dHomre tant un pome, il est lobjet dinterprtation. En particulier, on a suggr que le cadeau ntait pas un cheval cachant des guerriers dans ses ancs, mais un bateau porteur dune ambassade de paix, ore que les troyens trop peu mants ou trop heureux de faire la paix auraient im-prudemment accepte. Aprs la fte, les troyens dcouvrent la sinistre ralit... lappui de cette interprtation, on re-marquera que les civilisations marines grecques et vikings (entre autres ?), assimi-lent le cheval et le bateau. Ainsi, le cheval est-il lanimal de Posedon. Le sacrice dune construction de bois par simple abandon sur une plage est une pro-cdure assez originale pour un rite cens apport la protection de Posedon. Lqui-valent napparat nulle part dans la mytho-logie. Un petit muse a t construit en 1955 sur le territoire de lancienne ville de Troie, prs des Dardanelles (de nos jours en Tur-quie ). Il prsente les restes de la ville, ainsi quun cheval de bois construit pour sym-boliser celui de la lgende.

    au VIIIme sicle), comme lEthiopide (VIIme sicle) : Pris, aid par Apollon, tuera Achille dune che au talon. La chute de la ville nous est relate par Virgile dans lEnide, rcit des courses errantes du troyen Ene, aprs la chute de Troie, jus-quau pays que les oracles lui ont assign : lItalie. Aprs un naufrage, Ene est arriv en Afrique Carthage, au pays de la reine Didon. Celle-ci laccueille et le prie de lui raconter les malheurs de Troie. La ville a t prise par la ruse : les Grecs ont fait construire un norme cheval de bois quils laissent sur le rivage, cependant quils fein-dront de regagner leur pays. En fait, les vaisseaux grecs se dissimulent derrire une le proche de Troie, Tndos. Dans le che-val se sont dissimuls plusieurs chefs grecs, dont Ulysse le rus. Un tratre incite les Troyens faire entrer le cheval (prtendu-ment une orande) dans la ville. Le prtre Laocoon soppose cette ide mais deux normes serpents venus de la mer lenve-loppent, lui et ses deux enfants, dans leurs anneaux et les touent. Les Troyens font entrer le cheval dans la ville. Dans la nuit les guerriers en sortent, ouvrent les portes de la ville leurs compatriotes revenus en silence de Tndos. La ville est prise, in-cendie, saccage, ( Virgile, Enide ) Priam gorg ( Racine, Andromaque ) et les dieux eux-mmes sacharnent la chute de Troie. ( Virgile ,Enide )On dit cela galement : aprs avoir vai-

    nement assig Troie pendant dix ans, les Grecs ont lide dune ruse pour prendre la ville : pios construit un cheval gant en bois creux, dans lequel se cache un groupe de soldats mens par Ulysse. Lanimal est ensuite abandonn comme orande aux dieux alors que le reste de larme grecque fait mine de partir. Un espion grec, Sinon, russit convaincre les Troyens daccepter lorande, malgr les avertissements de Laocoon et de Cas-sandre. La cit fait alors une grande fte, et lorsque les Grecs sortent du cheval dans la nuit, les habitants sont pris par la torpeur de lalcool et dorment presque tous moi-ti. Les Grecs ouvrent alors les portes, per-mettant au reste de larme dentrer et de piller la ville : tous les hommes sont tus, les femmes et les enfants emmens comme esclaves. Cet pisode est relat brivement par Ho-mre dans lOdysse (et non dans lIliade, comme on le croit souvent) : Ulysse, hte anonyme d Alcinoos, demande l ade Dmodocos de chanter (VIII, 492495) : ...lhistoire du cheval qupios, assis-t dAthna, construisit, et traquenard quUlysse conduisit lacropole surcharg de soldats qui allaient piller Troie. Homre rsume ensuite sur une vingtaine de vers le rcit de Dmodocos. Virgile, dans Lnide, stend plus longuement sur cet pisode. De cet pisode mythique, on a cr le terme

  • les CHEVAUX DANSANTS DE SYBARISans le sud de lItalie, il y a trs, trs longtemps, spanouissait une colonie grecque nomme Sy-baris. La ville tait formidable-

    ment bien situe pour le commerce, les rgions environnantes taient trs fertiles et riches, le climat le meilleur du monde, et durant quelques sicles, les Sybarites, travailleurs et entreprenants, entretin-rent un commerce pro table avec dautres pays et amassaient dimmenses richesses. Mais cette trop grande fortune nit tout de mme par en corrompre beaucoup et Sybaris priclita jusqu sa dchance et sa ruine. Peu peu, ils abandonnrent leurs habitudes de travail et dpargne, sadonnant plutt aux plaisirs, laissant tous les travaux ncessaires leurs nou-veaux esclaves. Ils laissrent de ct leurs devoirs de citoyens et de communautai-res et passrent leurs jours et leurs nuits festoyer, danser, aux plaisirs de la chair en coutant de la musique ne, ou se diver-tissant au cirque en hurlant de joie devant gladiateurs, fauves et acrobates.

    Il est dit que des primes taient o ertes nimporte quel homme ou femme qui in-venterait un nouveau genre damusement. Hors, un certain homme eut lide densei-gner la danse aux chevaux, et puisque ces cratures taient aussi aimantes du plaisir que leurs matres, il ny trouva aucune dif- cult. Il ne fut pas long avant que le bruit de la te fut accompagn du claquement des sabots de tous les chevaux de guerre du pays dans un rythme aussi sauvage que joyeux. Imaginez, si vous le pouvez, une nation entire de gens dansant, de chevaux dansant. Le temps pour eux passait sans quils ne sen rendent compte, glissant sur eux et accomplissant ses mfaits...

    Mais toute bonne chose a une n, et pour ces sauterelles de Sybarites, il ny eu pas dexception. Ils avaient pour voi-sins une communaut de durs ouvriers, de marchands et dtudiants, les Croto-niates, qui vivaient paisiblement et sim-plement, buvant leau du euve prs de Crotone et en irriguant leurs cultures,

    coutant les confrences de Pythagore. Biensr, mme simples et bienheureux, ils enviaient et dsiraient ardemment les jardins luxuriants et les blancs palais ma-jestueux de Sybaris. Les sentant a aiblis par la luxure et les autres pchs, les Cro-toniates, humainement envieux, tentrent plusieurs fois dannexer Sybaris, mais leur arme tait beaucoup plus petite, et ils navaient aucune cavalerie. Ils taient bat-tus et repousss chaque bataille par ces hordes de cavaliers. Leurs pieds et leurs poings, leur courage et leur dtermination ne leur taient plus daucune utilit oppo-ss aux chevaux de guerre des Sybarites.

    Un espion Crotoniate revint un jour de sa mission avec une rvlation que le gnral de Crotone ne manqua pas de juger com-me une formidable chance de vaincre les Sybarites. Lespion avait vu, il le soutenait de toute sa raison, les chevaux de guerre, ces ers et puissants destriers aux cous ra-ss et aux sabots meurtriers, il avait vu les chevaux Sybarites danser au son entranant

    ment bien situe pour le commerce, les

    -25- -26-

  • les CHEVAUX DANSANTS DE SYBARISet sauvage dune te !! Aussitt le gnral de Crotone envoya une compagnie de ber-gers et de fres quips juste... de tes et de aulos suivie, quelques jets de ches, de larme Crotoniates. Quand les Syba-rites entendirent que les forces ennemies venaient, ils rassemblrent leur cavalerie et se mirent en position de combat pour les aronter.

    Les cavaliers Sybarites eurent, en voyant la petite poigne de pauvres fres, une sou-daine hilarit. Ils rirent tellement que les habitants de Sybaris sortirent de la ville pour assister la drouille des Crotonia-tes en si petit nombre. Un jeu pour eux.Quelle trange et insolite image que ces centaines de cavaliers en riches apparats et casque brillant, monts sur de ers chevaux prts pour la guerre face ce minuscule r-giment de bergers et de fres loqueteux !

    Les dames de Sybaris secouaient leur mouchoir et encourageaient leur cham-pion pour la charge qui promettait dtre

    dvastatrice. Les cavaliers lanaient mo-queries et railleries vers les musiciens et ajustaient leurs rnes pour se lancer dans une bataille qui, pour eux, ntait quune plaisanterie. La charge fut donne, pleine de cris et de grondement de sabots. Mais au fur et mesure que la cavalerie se rap-prochait des musiciens, les chevaux se d-sunissaient, renclaient et nentendaient plus rien aux ordres de leur cavalier. Ils ncoutaient alors plus rien que la musique des tes qui atteignait leurs oreilles bien avant celles des hommes. Leurs sabots se soulevrent lunisson de cette musique entranante.

    Larme Crotoniate, la vraie, apparut alors et les joueurs de tes sourent toujours dans leur instrument. Les chevaux dan-saient vraiment prsent, caracolaient, valsaient, pirouettaient, piaaient, passa-geaient, jetant ici et l leurs sabots devenus lgers, comme tourdis et enivrs par lhar-monique dlicieuse. Les Sybarites taient si srs de leur victoire quils navaient

    mme pas pris darmes leur poing.Certains dentre eux sont alors tirs aux bas de leur cheval dansant par des fantas-sins de Crotone, dautres glissent terre et courent, aussi vite que leurs jambes le leur permettent, se mettre labri des murs de Sybaris. Les bergers et les fres se retirent lentement vers Crotone, jouant toujours leur mlodie enleve et gardant les che-vaux dans une danse presque hypnotique.

    Les chevaux danseurs croisent les fronti-res entre les deux pays, ils valsent au-des-sus des territoires Crotoniates, caracolent gaiement par les portes de Crotone et quand les fres cessent leur musique, les rue de Crotone sont emplies de bons et beaux chevaux de guerre !

    Ainsi fut drobe la formidable et extraor-dinaire cavalerie de Sybaris dont elle avait t si re. Le renversement complet de sa puissance et sa conqute par les Crotonia-tes ne tarda plus. Comment pourrait-il en avoir t autrement ?

    -25- -26-

  • Incitatus

    ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM - ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM -ANNE PIOLA - CHEVAUX ET MERVEILLES.COM

  • 'Incitatus, on ne sait presque rien, part qu'il fut sans l'om-bre d'un doute un entier car, l'poque, on ne castrait pas les

    chevaux. Il fut la noble monture d'un illustre empereur romain, connu pour sa dbauche et sa cruaut : Caligula Julius Caesar Germanicus (12 - 41). Il est diffi-cile d'imaginer qu'un homme aussi fro-ce et cruel ait pu montrer un tel attache-ment pour un cheval ! Quoiqu'il en soit, Caligula aimait Incitatus passionnment et lui rserva toujours les plus grands privilges. L'curie que l'empereur fit construire pour Incitatus tait rige en marbre, quipe d'une auge et d'un rate-lier en ivoire. Les repas du cheval ne lui taient apports que dans des vases en or. Caligula lui offrit des couvertures de pourpre et un collier de perles d'Orient. Au fils du temps, l'empereur manifesta de plus en plus d'attachement. Il dcida de lui offrir un superbe palais tout en marbre blanc et par de mosaques ton-nantes. Les plafonds et les murs furent parsems de lames d'or et d'argent. Au milieu d'un mobilier d'une richesse inoue trnaient des statues des plus rputs sculpteurs. Afin que ceux qui y seraient invits en son nom soient reus avec magnificence, il assigna au service d'Incitatus une foule d'esclaves et d'of-ficiers. Incitatus, heureux pacha... ou

    pauvre "chose", tait aussi trs souvent invit la table de son matre qui le servait de sa main. L'un de ses menus a mme t de l'orge dore accompagne de vin que Caligula lui prsentait dans une coupe d'or cisel et dans laquelle il buvait le premier. Et puis, malheur celui qui arrivait chez l'empereur avant d'tre all prsenter ses hommages l'honorable quid. Il tait cruellement puni... trs souvent de mort. La veille des courses du cirque, Caligula, inquiet du repos de son destrier, envoyait des soldats pour veiller ce que le silence rgne autour de la demeure du coursier et que son sommeil ne soit pas troubl ! Le comble des extravagances de l'empereur fut atteint lorsqu'il nomma Incitatus pontife, en attendant de lui donner le titre de consul. Cependant, Caligula n'avait pas prvu de mourir avant cette prestigieuse nomination. Ainsi plac au rang des plus hauts magistrats de l'Em-pire, le clbre Incitatus tait, comme eux, prcd des licteurs chacun de ses dplacements (il s'agissait de gardes qui portaient les faisceaux consulaires, symbole de l'autorit suprme). Lorsque Caligula prsenta son cheval au peuple, il ordonna que tous s'inclinent devant lui. Un tribun, refusant un jour de saluer respectueusement le cheval, fut tout simplement mis mort ! Caligula mou-

    rut, il fut assassin dans une galerie de son palais par le tribun Chaerea. Aprs un rgne aussi dmoniaque, le snat dcida de le rayer de la liste des empereurs. On peut supposer qu' la mort de son matre, Incitatus eut la vie sauve, mais il y a de fortes chances que son train de vie princier ait beaucoup diminu... Un autre empereur romain, nomm Lucius Vrus (161 - 169 avec Marcus Aurlius), tmoignait lui aussi une affection dmesure pour son che-val. Appel Volucris (L'Oiseau), celui-ci n'tait nourri que de raisins secs et de pistaches et son matre ne se dpartis-sait jamais de sa statuette fondue dans l'or. Il alla jusqu' faire appeler Volucris un grand vase boire dont il se servait durant ses orgies... Encore un romain donnait en plus des noisettes, des dattes et des figues trempes dans un excellent vin son coursier favori. N'oublions pas Borysthne (Nom grec du Dniepr, fleuve du pays des Alains, d'o provenait le bel animal), le cheval de chasse d'Hadrien (117 - 138), auquel il dcernait des hon-neurs excessifs et qui eut droit un tom-beau monumental, dot d'une pitaphe crite de la main de l'empereur. Nron, pour sa part, accordait des gratifications pcuniaires ses chevaux vainqueurs aux jeux Olympiques... Dcidement, ils sont fous ces romains...

    -28-

    chevaux. Il fut la noble monture d'un

  • histoire de Gygs le Lydien fait partie du discours initial de Glaucon au livre II, 359-360 de la Rpublique (Pla-ton). Glaucon intervient aprs que Thrasymaque ait t rduit au silence par Socrate, pour soutenir lopinion

    selon laquelle les gens ne pratiquent pas la justice pour elle-mme, mais simplement par peur de ce qui leur arriverait sils ne le faisaient pas. Voici lhistoire.Il tait une contre dAsie Mineure nomme la Lydie. Candaule, la tte de la dynastie des Hraclides, dirigeait ce pays jusquau jour o une tempte rvla Gygs, lun de ses sujets, un terrible secret. Ce berger, qui rvait de pouvoir et de gloire, en ferait-il bon usage ?Nous sommes probablement vers 690 avant J.C. La vie est paisible dans les collines qui entoure Sardes, la capitale de la Lydie. Des bergers surveillent leur troupeau sous un ciel o les nuages prennent peu peu une allure menaante. En quelques heures, un orage violent sabat sur les pturages, des pluies torrentielles ravinent le sol au point d