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VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement Hors-série 16 (juin 2013) Patrimonialiser la nature ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Avertissement Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de l'éditeur. Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue, l'auteur et la référence du document. Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV). ................................................................................................................................................................................................................................................................................................ Référence électronique Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher, « Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 16 | juin 2013, mis en ligne le 30 mai 2013, consulté le 01 septembre 2016. URL : http://vertigo.revues.org/13621 ; DOI : 10.4000/vertigo.13621 Éditeur : Les éditions en environnements VertigO http://vertigo.revues.org http://www.revues.org Document accessible en ligne sur : http://vertigo.revues.org/13621 Document généré automatiquement le 01 septembre 2016. La pagination ne correspond pas à la pagination de l'édition papier. Les contenus de VertigO sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.

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VertigO - la revueélectronique en sciences del'environnementHors-série 16  (juin 2013)Patrimonialiser la nature

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Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher

Valeur, fonction et médiation dansles espaces naturels sensibles : unepatrimonialisation inachevée de lanature. Exemples dans les Pays de laLoire................................................................................................................................................................................................................................................................................................

AvertissementLe contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive del'éditeur.Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sousréserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluanttoute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,l'auteur et la référence du document.Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législationen vigueur en France.

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Référence électroniqueCéline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher, « Valeur, fonction et médiation dans lesespaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature. Exemples dans les Pays de la Loire »,VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement [En ligne], Hors-série 16 | juin 2013, mis en ligne le30 mai 2013, consulté le 01 septembre 2016. URL : http://vertigo.revues.org/13621 ; DOI : 10.4000/vertigo.13621

Éditeur : Les éditions en environnements VertigOhttp://vertigo.revues.orghttp://www.revues.org

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Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisatio (...) 2

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Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et AntoinePancher

Valeur, fonction et médiation dansles espaces naturels sensibles : unepatrimonialisation inachevée de la nature.Exemples dans les Pays de la LoireIntroduction

1 Avec l’extension du champ patrimonial de la nature à la biodiversité (Maris, 2010), laprotection de la nature revêt aujourd’hui une dimension sociétale planétaire qui tend, d’unepart, à l’affranchir des périmètres qui lui ont été initialement réservés (Parc National, RéservesNaturelles, Arrêtés de Protection de Biotopes) au profit d’une logique de réseaux (Natura2000, trames verte et bleue des lois Grenelle) et, d’autre part, à multiplier les espaceset les acteurs par lesquels ces stratégies de patrimonialisation peuvent s’opérer (espacesnaturels sensibles des départements, sites du Conservatoire du littoral ; collectivités locales,associations, propriétaires privés… ).

2 C’est ainsi que la nature, dans ses dimensions écologique et fonctionnelle, devient un bien àpréserver, à conserver et à valoriser, quels que soient les milieux et les espaces de référence(naturels - au sens de peu anthropisés -, mais aussi urbains, périurbains, de loisirs…) au nomdu développement durable et du droit des générations futures à bénéficier d’un environnementde qualité au moins égal à celui que nous connaissons aujourd’hui. Patrimonialiser lanature repose donc sur des fondements culturels et sociétaux  (Grandjean, 1995  ; Micoud,1995  ; Héritier et Guichard-Anguis, 2009) dont les objets évoluent, de la reconnaissancede monuments naturels et espèces remarquables à différents titres, à celle d’une nature plusordinaire dont les enjeux de protection ne cessent de croître (Godet, 2010).

3 Dans un contexte d’écologisation des politiques publiques, plusieurs questions se posent alorssur les logiques de patrimonisalisation en cours et sur le sens donné à la protection :

• quels sont les lieux et les objets identifiés comme patrimoine naturel, notamment sur desmilieux de plus en plus artificialisés ?

• Quel est le degré d’appropriation, matérielle et immatérielle, de ces lieux et objets parles différents acteurs et groupes sociaux impliqués par ce processus : peut-on réellementparler d’appropriation du patrimoine naturel (Ripoll et Veschambre, 2005) ?

• quel changement de valeur induit la patrimonialisation ? En effet, l’interprétation de ceslieux n’entraîne-t-elle pas un changement d’identité ? Ce changement n’est-il d’ailleurspas l’une des finalités recherchées ?

4 S’il ne s’agit pas d’évaluer si une pelouse calcaire en site périurbain, une zone humidereconstituée dans une friche industrielle, x kilomètres de talus routiers ou encore l’avifaune(exemples non exhaustifs, mais représentatifs de l’évolution actuelle) peuvent être considéréscomme des biens dignes d’être transmis aux générations futures selon la définition usuelle dupatrimoine, il demeure néanmoins utile de s’interroger sur l’émergence de ces catégories dansla typologie des patrimoines naturels, sur les valeurs qui y sont associées et sur la médiationqui en est faite afin de mieux cerner les modalités d’appropriation en cours.

5 Ciblé sur les Espaces Naturels Sensibles (ENS) des départements, cet article repose sur lestravaux menés dans le cadre du CPER1 « Évaluation des ENS en Pays de la Loire : protectionde l’environnement et projet de territoire » et privilégie une approche pluridisciplinaire. Ils’appuie sur une évaluation des politiques départementales des ENS en Pays de la Loire,croisée à une analyse du rôle et de l’action des principaux acteurs impliqués dans la protection,la gestion et l’ouverture des sites au public2. Une attention particulière est enfin portée auxdispositifs de médiation et d’interprétation présents sur deux sites-tests afin de révéler lesmessages et les discours véhiculés sur les patrimoines identifiés.

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De l’appropriation de l’outil ENS à son évaluation : despolitiques patrimoniales départementales inégalementréalisées

6 L’ancienneté relative de l’outil juridique ENS n’explique pas totalement la diversité dumaillage des ENS observable à travers la France. Il faut y ajouter un critère : l’ENS représentel’un des premiers instruments décentralisés du droit de l’environnement. Nul étonnement de cefait à constater une diversité d’appropriations de cette réglementation non seulement à l’échellenationale, mais aussi, logiquement, à celle des départements ligériens ; la maîtrise foncièreautorisée au titre de cette politique environnementale en constitue certainement la meilleureillustration.

L’ENS, un outil juridique décentralisé et donc différemment approprié7 Si les ENS ne représentent bien entendu qu’un dispositif de protection des espaces

naturels parmi une large gamme d’outils nationaux et internationaux (Collectif, 2005),ses caractéristiques en font un instrument à la fois original et potentiellement diversifiéd’intervention environnementale.

8 L’outil ENS se différencie effectivement de nombreux instruments de patrimonialisationinstitutionnelle tant par la collectivité compétente pour l’exercer, par les mécanismesjuridiques lui donnant corps, que par la diversité textuelle des objets susceptibles d’êtrelabellisés ENS. Sur ce point, le droit international comme le droit français reposent le plussouvent sur une spécialité thématique qui ne souffre guère l’hybridité logique des composantesenvironnementales  ; ils sont, à leur manière, sectoriel, pour ne pas dire monomaniaques…Ainsi, de Natura 2000 aux réserves naturelles, parcs nationaux ou arrêtés de protection debiotopes, pour ne citer qu’eux, ce droit de l’environnement ne jure que par la biodiversité,rien que la biodiversité, toute la biodiversité. En sens inverse, la loi du 2 mai 1930 relativeaux sites et monuments naturels, comme les trop rares directives paysagères ouvertes parla loi du 8 janvier 1993, offrent le moyen de patrimonialiser les joyaux esthétiques duterritoire national. Le régime juridique des ENS réussit quant à lui cet exploit, que devraitégalement permettre la notion de trame verte récemment consacrée par la loi dite Grenelle IIdu 12 juillet 2010, de viser dans la même disposition les deux faces de ce même patrimoineenvironnemental : paysage et biodiversité. Pour les gérer, le choix des outils révèle égalementde fortes spécificités : l’autorité habilitée est une collectivité territoriale, le Département, cettecompétence étant remarquable au regard de la place prépondérante jouée par l’État en matièrede protection de l’environnement. Enfin, le mode de gestion décentralisée ainsi établi court-circuite le standard juridique des logiques de conservation environnementale que représenteune réglementation unilatérale et déconnectée de tout support financier. Or, l’ENS repose surun miracle organisé par la loi : il s’autofinance ! Cette seule affirmation sonne comme un défipour de nombreux gestionnaires d’espaces naturels accaparés par une course permanente auxressources budgétaires.

9 Ces différentes marques de fabrique s’expliquent en partie par l’histoire relativement ancienne(Prieur, 2004) des ENS au sein du droit de la « nature ». L’outil trouve en effet son originedans une succession de textes réglementaires puis législatifs courant de 1959 à 1977 et visantà une mise en place progressive de « périmètres sensibles », en zones littorales tout d’abord,pour être ensuite élargis à l’ensemble des départements français (1968).

10 Dans cette optique, 28 départements avaient déjà délimité des périmètres sensibles et unedouzaine étaient sur le point de le faire lorsque fut votée la loi d’aménagement urbain85-729 du 18 juillet 1985 transformant le dispositif existant en un système d’Espaces NaturelsSensibles. L’article principal ainsi créé au sein du code de l’urbanisme, le L.142-1 remaniépar la loi Barnier du 2 février 1995 puis par la loi Bachelot 30 juillet 2003, offre ainsi auxdépartements une nouvelle compétence pleinement décentralisée « afin de préserver la qualitédes sites, des paysages, des milieux naturels et des champs naturels d’expansion des crues etd’assurer la sauvegarde des habitats naturels selon les principes posés à l’article L.110 ». Ledépartement est ainsi considéré « compétent pour élaborer et mettre en œuvre une politiquede protection, de gestion et d’ouverture au public des espaces naturels sensibles, boisés ou

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non », trois étapes essentielles à toute politique patrimoniale. Pour cela, plusieurs outils sontà disposition des conseils généraux, telles la protection des espaces boisés, les conventionsde gestion ou l’adoption d’une réglementation de protection (L.142-11). Mais les mécanismesjuridiques les plus importants, les plus connus et les plus usités sont au nombre de deux : leprélèvement d’une taxe départementale et le recours au droit de préemption.

11 La TDENS, héritière de la taxe sur les espaces verts au sein des périmètres sensibles, est perçuepar tout département s’engageant dans la politique ENS sur la totalité de son territoire et àl’occasion de toute construction, reconstruction, etc., et travaux visés par l’article L.442-1 ;le taux peut varier jusqu’à un plafond de 2  % de la valeur de l’ensemble immobilier, etson produit (151 millions d’euros chaque année !) se trouve légalement affecté (L.142-2) àl’acquisition directe ou indirecte d’espaces ENS ainsi qu’à leur gestion, leur aménagement età leur ouverture au public, sauf contrainte majeure. L’article L.142-3 autorise quant à lui ledépartement à délimiter des zones d’exercice d’un droit de préemption, opérationnel lors detoute aliénation volontaire à titre onéreux d’un terrain non bâti, le droit de préemption pouvantêtre délégué à certaines structures comme le Conservatoire du littoral ou les communes.L’étude de l’usage de ces deux outils s’avère particulièrement instructive tant ce dernier révèlel’appropriation par chaque département d’une compétence éminemment décentralisée.

12 Cette évaluation fut réalisée au niveau national par l’Inspection générale de l’environnementlors de la remise du rapport du 5 mars 2003 dit rapport Balland consacré à « La contributiondes départements à la politique de protection des espaces naturels ». Cette étude, examinéel’année suivante par les conseils généraux, a souligné à la fois une généralisation de l’outilENS dans la mosaïque départementale de l’hexagone, mais aussi de fortes disparités dansson utilisation territoriale. La carte nationale des ENS formait ainsi, au début des années2000, sur les trois quarts des départements français3 ayant activé l’article L.142-1, «  unensemble extrêmement hétérogène qui va de l’espace vert traditionnel, fortement aménagé etartificialisé, à des initiatives très avancées et coordonnées de préservation des espèces et desmilieux, d’entités paysagères ou de création d’itinéraires verts » (Assemblée des départementsde France, 2004). Le rapport Balland décrivait ce faisant un patchwork de « politiques encoretrop souvent opportunistes  », «  un patrimoine hétérogène et mal identifié  », une TDENS« inégalement répartie entre les départements » ainsi qu’« une gestion à géométrie variable »des espaces reconnus comme ENS. Huit ans plus tard, il n’est pas certain que le constat puisseêtre inversé à en examiner le collectif des départements ligériens.

Une maîtrise foncière des ENS révélatrice d’enjeux patrimoniauxdifférenciés

13 Bien que la propriété juridique du foncier ne conditionne pas à elle seule les différentes formesd’appropriation d’un espace, il n’en demeure pas moins que les structurations juridiques del’espace orientent, au moins en théorie, les pratiques et les usages de celui-ci (Bergel, 2005).Appliquée aux ENS, l’opportunité donnée aux départements d’exercer un droit de préemptionsur les espaces sensibles et de mener une politique d’acquisition foncière peut constituer unpremier niveau d’appropriation par la maîtrise de l’espace. Rares sont en effet les conseilsgénéraux qui n’utilisent pas ce droit (14 % selon l’enquête réalisée en 2004 par l’Associationdes départements de France). Face à la baisse de ce poste de dépense dans l’usage de laTDENS, le rapport Balland (2003) soulignait d’ailleurs que « la politique d’acquisition devraitrester une priorité pendant encore quelques décennies afin d’éviter la disparition rapide denombreux espaces naturels ».

14 À l’image de ce constat observé à l’échelle nationale, les cinq départements de la région desPays de la Loire révèlent un usage et une prise en main inégaux de l’outil ENS et de sesdispositions (fig. 1). Ces variabilités entre les départements s’observent aussi bien sur les datesd’adoption de la TDENS, que sur l’utilisation qui en est faite. On notera en effet des politiquesd’acquisitions foncières très disparates : 2 500 hectares pour la Vendée et 54 hectares pour laMayenne à titre d’exemple. Les départements de la Loire-Atlantique et de la Vendée peuventêtre présentés comme les départements pionniers, au sein de la région des Pays de la Loire.Avec une mise en place de la TDENS dès 1971 pour le premier et 1985 pour le second, qui se

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substituait en fait à la Taxe départementale, existante depuis 1973, sur les Espaces Verts, cesdeux départements proposent une politique volontariste en termes d’acquisitions foncières4,de mise en valeur des sites et d’ouverture au public. La TDENS et le droit de préemptionsont considérés comme consubstantiels à toute politique de protection et présentés commeles leviers incontournables à la mise en œuvre d’une politique patrimoniale à l’échelle dudépartement. Tous les ENS présentant un intérêt départemental sont donc acquis (2 500 ha enVendée ; 830 ha en Loire-Atlantique) et au préalable intégrés dans un périmètre de préemption(20 000 ha en Vendée et 37 148 ha en Loire-Atlantique) élaboré en concertation avec lescommunes et le Conservatoire du littoral pour le second.Tableau 1. Comparatif des politiques ENS des 5 départements de la région des Pays de laLoire

Départements Loire-Atlantique Vendée Maine-et-Loire Sarthe Mayenne

Année de vote et % de la TDENS

1971 => TDEV1992 => TDENS1 à 2 % (selon lacatégorie du site)

1973 => TDEV1985 => TDENS1 %

1989 =>0,7 % 1992 =>0,5 %1999 =>0,7 % 2007 =>1 %

Sites/surfacespropriétés duCG versus Sites/surfaces affichésENS

860 ha propriétésdu CG

110 sitespropriétés duCG soit 2 500ha propriétés dudépartement

3 sites propriétésdu CG sur 89sites affichés ENS

4 sites propriétésdu CG

3 sites ( = 54ha)propriétés duCG sur 22 sitesinventoriés

Direction /service

Direction del’aménagementet dudéveloppement /Environnement

ServiceEnvironnement /Pôle Ens

Commissionenvironnement etcadre de vie

Direction del’aménagement,agriculture etenvironnement

Serviceenvironnement,sécurité sanitaire

Inventaire ENSConseil Général(CG)

Conseil Général(CG)

Conseil Général(CG), Comitéde pilotage(*) => mise enplace du Plandépartemental desENS

Conservatoire dupatrimoine naturelsarthois (CPNS)

Mayenne NatureEnvironnement(MNE)

Périmètre depréemption

37 148 ha 20 000 ha Non défini (encours) Non défini Non défini

Intervention

Acquisition,gestion, suivitechnique(interne au CG),aménagement.

Acquisition,gestionaménagement,communicationet études diverses(inventaire...)

Veille surzonage Ens,accompagnementdes porteursde projets,aides (plan degestion, suivi,aménagement etacquisition pourles collectivités)

Gestion, aides(dont subventionau CPNS)

Acquisition,gestion, PDIPR

Plan de gestion :maîtrised’ouvrage /maître d’œuvre

CG / Bureaud’études,associations

CG / Bureaud’études,associations ouétablissementpublic (ONF)

Variable enfonction dessites et desgestionnaires

Conservatoire dupatrimoine naturelsarthois (CPNS)

Mayenne NatureEnvironnement(MNE)

Gestion des sites

Avant 2004 :communes.Depuis 2010 :comités degestion sur siteclé (partenariatCG, collectivitésterritoriales,association)

CG en direct sur 2sites + délégationde gestion auxcollectivitésterritoriales etassociations.

Variable enfonction des sites(dont acteursdu comité depilotage)

Conservatoire dupatrimoine naturelsarthois (CPNS)+ collectivités +agence de l’eau

Mayenne NatureEnvironnement +collectivités

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Accueil despublics,animation

CG : conventionsde partenariatet de prestationauprèsd’associationsnationales etlocales+

CG : conventionsde partenariatet de prestationauprèsd’associationsnationales etterritoriales.++

Collectivités(porteusesde projet ougestionnaire),conventions departenariat et deprestation auprèsd’associationsnationales etterritoriales._

Conservatoire dupatrimoine naturelsarthois (CPNS),collectivités_

Mayenne NatureEnvironnement,collectivités_

Ce tableau présente les différences de politiques dans les 5 départements de la région des Pays de la Loire, qu’il s’agissede nombre de sites dont chaque conseil général est propriétaire ou des partenariats établis pour gérer ces espaces.This board presents the differences of policy in 5 departments of the region of Pays de la Loire, that it is about numberof sites every General Council of which is an owner or on partnerships established to manage these spaces.

15 À l’opposé, le conseil général du Maine-et-Loire défend une approche radicalement différenteet considère que sa politique ENS ne doit pas « se restreindre à cette notion de propriété. Lebut c’est d’avoir une vision des enjeux de milieux et d’espèces sur le territoire départemental(…). La préemption c’est une chose différente : c’est une possibilité donnée par le législateurau département, mais aujourd’hui nous n’avons pas décidé d’aller dans ce sens. Il n’y a pas depérimètres de préemption ENS sur le territoire départemental » (conseil général 49). Malgréune TDENS votée assez tôt (1989), les acquisitions sont donc peu nombreuses (3 sites). Demême, les démarches d’ouverture au public et de mise en valeur des sites en tant qu’ENSrestent faibles et peu visibles. Le département envisage ainsi son intervention plus sous laforme d’un zonage ENS et par le biais d’un soutien aux acquisitions pour les communes,tout en laissant entrouverte la possibilité de préempter sur les espaces ligériens à forts enjeux,naturel, emblématique et culturel (classement de la Loire à l’Unesco).

16 Enfin, les départements de la Sarthe et de la Mayenne ayant instauré le prélèvement dela TDENS plus récemment (respectivement 1992 et 2007) ont privilégié l’acquisition dequelques sites remarquables, mais sans faire usage du droit de préemption, la propriété et lecoût élevé du foncier agricole constituant pour le second un enjeu économique de taille etun facteur de tensions. Une spécificité caractérise cependant le conseil général mayennais :une politique d’acquisitions foncières antérieure au vote de la TDENS, sous l’impulsion del’association naturaliste Mayenne Nature Environnement. 54 hectares répartis sur trois sitessont aujourd’hui propriétés du département, alors que 22 sites ont été inventoriés en 2007.La Mayenne, tout comme la Sarthe, n’ont en revanche, que très peu investi les dimensionsde mise en valeur et d’ouverture au public. Le rôle stratégique évident de cette associationnaturaliste mayennaise dans l’impulsion et la définition de la politique ENS du départementn’est cependant pas une exception. L’étude menée dans les Pays de la Loire révèle une montéeen puissance de l’approche écologique dans la définition des ENS.

Les ENS, une politique patrimoniale départementale à viséestrictement naturaliste ?

17 De la définition des critères de sélection des ENS à leur acquisition, de la détermination desmodalités de gestion et d’accueil des publics à leur réalisation et attribution, chaque conseilgénéral est amené à opérer des choix (plus ou moins concertés) qui vont orienter la constructiondu patrimoine départemental, ses usages, son marquage ou encore sa valorisation. L’analyseplus fine des sites dits «  ENS  » associée à celle des configurations d’acteurs en présence(tableau. 1) impulsées par les départements (en tant qu’institution et territoire) permet ainsi deposer la question de l’appropriation du dispositif ENS et de ses répercussions.

Une montée en puissance des critères écologiques18 La carte des «  ENS  » (figure 1) réalisée en assemblant les informations cartographiques

délivrées par les cinq départements de la région se lit à plusieurs niveaux. Tout d’abord, onobserve une répartition relativement homogène des ENS, toutes couleurs confondues, attestantd’une politique dynamique, et ce, quel que soit le département concerné. La réalité rejoint

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l’analyse faite dans la précédente partie. Les départements côtiers sont propriétaires de leurssites et leur importance, avec une forte représentation sur le littoral notamment, atteste del’ancienneté de leurs acquisitions. Le Maine-et-Loire présente une « vitrine » ENS qui cacheune politique de non-acquisition, malgré un vote de la TDENS « ancien » par rapport auxdépartements de la Sarthe et de la Mayenne.Figure 1. Carte des espaces naturels sensibles dans les Pays de la Loire

Cette carte présente les sites ENS des cinq départements de la région des Pays de la Loire. Il est nécessaire de distinguerdeux catégories de sites : ceux qui sont propriétés des conseils généraux (en rouge sur la carte) et ceux qui sont gérés,par chaque conseil général (en bleu sur la carte), sur le type des propriétés du conseil général, mais sans que celui-ci en soit pour autant propriétaire.This map presents the ENS’s sites of five departments in the region of Pays de la Loire. It is necessary to distinguish twocategories of sites : those who are properties of the general advice (in red on the map) and those who are identifiedby each council as ENS (in blue on the map) but without land property.

19 La cartographie proposée illustre également la forte superposition des sites ENS (quelle quesoit leur couleur) avec les ZNIEFF5 (aplat vert sur la carte, les ZNIEFF 1 et 2 étant confonduespour faciliter la lecture) et traduit une nette tendance à choisir, depuis quelques années, desespaces naturels par ailleurs reconnus pour leur riche biodiversité. D’ailleurs, les conseilsgénéraux ne s’en cachent pas et si la Vendée souligne l’accumulation de valeurs contribuantau classement en y intégrant notamment la notion de « zone naturelle d’intérêt historique »,tous considèrent aujourd’hui l’importance d’une mise en cohérence écologique des espacesnaturels protégés :

« Concrètement, si on parle aujourd’hui de trames verte et bleue au niveau nationalet régional, nous dans notre réflexion sur les ENS, ce sera des éléments qu’on devraprendre en considération, même si instinctivement on le prend déjà en compteautour des rivières (trame bleue) ; la trame verte, c’est un peu moins évident : y’atoute une réflexion à avoir sur les relations entre les ENS mais aussi entre l’ENS,les réserves, les forêts domaniales, etc. » (conseil général 85)

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20 D’ailleurs, la Sarthe et la Mayenne plus récemment impliqués ont dès le départ élaboré leurslistes de sites ENS en s’appuyant sur les dispositifs existants (ZNIEFF, Natura 2000, Réservenaturelle régionale, etc.). La collaboration forte qui existe entre les conseils généraux deces départements et les associations de protection de la nature (Conservatoire du PatrimoineNaturel Sarthois, CPNS et Mayenne Nature Environnement, MNE, comme nous le verronspar la suite), n’est pas étrangère à cette influence. Cependant, les départements côtiers ne sontaujourd’hui pas en reste et la lecture de leurs dépliants consacrés aux ENS, la consultationde leurs sites internet, les entretiens menés confirment cette tendance, alors que la priorité, àl’origine, était bien, grâce aux acquisitions, de créer une « protection » contre l’urbanisation,notamment sur le littoral :

« Il y a 10-15 ans, il y avait une approche qui était plus touristique. Maintenanton est plus dans une sensibilisation environnementale, naturaliste. Cela sefait progressivement, on sent de plus en plus les élus motivés sur l’approchebiodiversité » (conseil général 85) ; « Aujourd’hui, depuis une dizaine d’années,les problématiques environnementales, les espaces naturels sont réaffirmés  :les élus veulent vraiment faire de la protection de paysages, de la nature. Ensachant qu’on ne pourra jamais faire de la protection de la nature au sens d’uneassociation » (conseil général 44).

21 Le protocole d’évaluation des ENS dans le Maine-et-Loire illustre pleinement cette évolution(fig. 3) : alors qu’en 1996, date du premier schéma départemental des ENS, les potentialitésà caractère socio-économique présentaient un score de 90 points contre 45 pour les critèresscientifiques, en 2001, l’indicateur de l’accueil du public (seul critère faisant directementréférence à la valeur sociale de la nature) ne compte plus que pour 6 points (sur un total de40) dans le choix d’un site, soit au même niveau que les services écosystémiques rendus parla nature.Tableau 2. Protocole d’évaluation des ENS du Maine-et-Loire (1996 et 2001).

Source : conseil général du Maine-et-LoireCe tableau illustre la progression des critères écologiques dans l’évaluation des ENS dans le département du Maine-et-Loire. This board illustrates the progress of the ecological criteria in the evaluation of the ENS in the department of Maine-et-Loire.

22 On assiste donc, depuis une quinzaine d’années, à une montée en puissance des critèresécologiques dans les logiques d’identification du patrimoine naturel des ENS et l’on estprogressivement passé d’une préoccupation centrée sur des paysages singuliers, des sitesemblématiques (littoraux notamment, mais aussi des parcs et jardins, des lieux de mémoiredans le Maine-et-Loire et en Vendée) à des critères de sélection basés sur les habitats naturelset la biodiversité qu’ils abritent. Les milieux et les espèces annexés dans la directive Habitats

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en particulier servent de référence, contribuant à focaliser l’attention sur certains d’entre eux,jugés emblématiques (par exemple, des pelouses calcaires). La patrimonialisation par le biaisdes ENS s’effectue donc de plus en plus, et presque exclusivement pour certains départements,à travers des habitats et espèces, évolution qui s’explique aussi en partie par les groupesd’acteurs impliqués.

Des groupes d’acteurs plus ou moins impliqués entraînant unmarquage de l’espace différencié

23 Si chaque conseil général se présente généralement comme maître d’ouvrage de sa politique,tous font néanmoins appel à des partenaires afin, d’une part, de légitimer leurs critères desélection et leur choix de protection et, d’autre part, d’assurer le suivi de la gestion et l’accueildes publics. Parmi les cinq départements des Pays de la Loire, on observe ainsi différentesformes de gouvernance qui ne sont pas sans incidence sur la visibilité des ENS de la région.

24 La Vendée et la Loire-Atlantique disposent de moyens financiers considérables et de servicesbien pourvus en personnels, autorisant une élaboration et un suivi étroit des différentesétapes de la politique ENS. De l’inventaire des sites à la délimitation des périmètres depréemption, les choix sont réalisés en interne (présence d’un service «  environnement  »voire même, pour le 44, d’une « véritable » section dédiée aux « ENS ») et validés par lacommission permanente des élus. Néanmoins, ces deux départements ne disposent pas derégie directe ce qui les oblige à rechercher une concertation auprès des acteurs associatifset des collectivités pour la gestion de leurs propriétés. Leur rôle est alors assez proche decelui du Conservatoire du littoral (Barthon et al., 2009) dont le patrimoine foncier en Loire-Atlantique est d’ailleurs géré par le département depuis 2005. Les plans de gestion sontélaborés en interne ou par des bureaux d’études ou des associations. Ils sont partagés sur leterrain avec les acteurs locaux, communes, agriculteurs, riverains et associations, bien que cesdiverses parties prenantes n’aient pas toujours la même vision du rôle et des objectifs d’unespace protégé. De nos entretiens auprès des services départementaux, il ressort que si lescommunes ont évolué vers plus d’environnement, les associations gardent de leur côté unevision plus sectorielle où priment les enjeux d’espèces et d’habitats qui ne cohabitent pastoujours très bien avec ceux liés à l’ouverture au public. Aussi le conseil général de Vendéeprivilégie-t-il l’intégration territoriale de sa politique en déléguant (et finançant) la gestionde ses sites aux collectivités… ce que celui de la Loire-Atlantique a abandonné en 2004,suite au changement de majorité départementale, au profit de la mise en place de comités degestion partenariale sur les sites emblématiques et à enjeux. Pour autant, ces deux départementsgardent la mainmise sur l’aménagement des sites, leur équipement et leur signalétique, etsi la Loire-Atlantique s’appuie sur la charte des ENS de l’Assemblée des départements deFrance (2006), la Vendée a choisi de son côté une charte spécifique privilégiant l’appartenanceau département, avant la thématique « naturelle et sensible » de l’espace. Il en résulte unpatrimoine totalement approprié par la collectivité départementale, mais dont les objectifsde conservation restent flous, à l’exception des deux réserves, celle biologique de Nalliers-Mouzeil et celle ornithologique des landes de Genusson (Cité de Oiseaux) gérées par le conseilgénéral.

25 Le deuxième ensemble comprend les départements de la Sarthe et de la Mayenne, moins biendotés d’un point de vue financier (et donc en propriétés ENS) et dans lesquels on observeune forme de délégation de la politique ENS au Conservatoire du Patrimoine Naturel Sarthois(CPNS) et à Mayenne Nature Environnement (MNE). Par leurs compétences naturalistes etleur rôle fédérateur dans ce domaine, ces acteurs associatifs se sont imposés dès la définitiondes critères de sélection des ENS tout en étant sollicités pour la gestion (réalisation des plansde gestion et suivi des espèces patrimoniales) des sites (acquis ou non) par les départements.Si l’on peut parler de partenariat fort entre conseil général et associations, il reste cependantplus nuancé pour le volet « accueil du public et équipement », considéré par ces dernièrescomme secondaire par rapport aux enjeux de préservation : « sur les sites suivis par le CPNS,l’ouverture au public n’est pas un enjeu fort. Ils n’ont pas mis l’accent là-dessus parce quece sont des scientifiques et que leur intérêt à eux c’est de suivre les espaces et aller dans

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le sens de la préservation… même si après ils organisent une sortie ou deux dans l’année »(conseil général 72). Aussi les deux départements se tournent-ils aujourd’hui vers d’autresacteurs (CPIE6, collectivités et Agence de l’eau) afin d’élargir leur politique aux territoires etaccroître leur visibilité auprès du public.

26 Enfin, le Maine-et-Loire représente un cas à part  : dans le cadre de la réalisation de sonplan départemental des ENS (2010), ce département a totalement réorienté son approche etses objectifs en s’appuyant sur un comité de pilotage7 à forte représentation naturaliste pourdéfinir ses priorités en matière de sélection d’ENS et de suivi. Cette démarche, qui privilégiela concertation en amont tout en mettant en avant des critères présentés comme « objectifs »,trouve néanmoins ses limites dans la faiblesse des acquisitions. Les modalités de gestion etd’accueil des publics sur les périmètres éligibles semblent donc négociées et instituées au caspar cas, tout en dépendant étroitement de la capacité des acteurs locaux et des partenairesassociatifs à s’approprier le dispositif ENS. Plus que la maîtrise des sites et leur gestion, leconseil général se positionne donc comme un accompagnateur de projets en espace sensible,en finançant des actions très diverses et en soutenant des programmes d’actions déjà existants(Natura 2000, actions agro-environnementales...). Il ressort ainsi un manque de lisibilité et devisibilité de l’action départementale que l’on retrouve d’ailleurs sur les sites où aucun élémentde marquage et d’identification (au département comme aux ENS) ne paraît (Collectif, 2010).

27 De cette analyse, on retiendra finalement la diversité des formes de gouvernance des ENS(ascendante / descendante ; introduisant des niveaux de participation et une maîtrise foncièredu patrimoine naturel très inégale) dont découle en partie le manque de lisibilité globalede cette politique. La visibilité des conseils généraux dans leur capacité à se positionnercomme « acteur clé » de la protection des espaces naturels se traduit parallèlement par uneappropriation matérielle et symbolique de l’espace très différente selon les départements, maiségalement selon les sites. Plus largement, le changement de valeurs qui s’est opéré depuisune dizaine d’années, notamment dans le choix des sites à acquérir et/ou à gérer selon lesdépartements, vise à mettre en avant la biodiversité dans ces espaces, dont le décryptage, àune échelle plus fine, permet de mieux saisir le processus de patrimonialisation de la natureen cours.

Un changement de valeur révélateur de nouveaux usages28 Quelle que soit la nature des sites ou des espaces naturels protégés, leur mise en patrimoine

implique un changement de valeur qui dépend étroitement des groupes d’acteurs impliqués,des rapports qu’ils entretiennent vis-à-vis des lieux et des patrimoines identifiés, des intentionsqu’ils y projettent, mais aussi des usages de l’espace qu’ils souhaitent (ou non) voirse développer. Ainsi, l’analyse du processus de patrimonialisation et des dispositifs demédiation associés sur deux sites-tests du Maine-et-Loire et de Loire-Atlantique se révèleparticulièrement instructive pour comprendre les manières de faire et de transmettre lepatrimoine naturel sur des ENS de plus en plus artificialisés.

Les ardoisières de Trélazé (49) : quand la nature sesurimpose à l’héritage industriel d’un site minier

29 Localisées dans l’agglomération d’Angers, les Ardoisières de Trélazé représentent un desderniers sites miniers du département. Exploité à ciel ouvert dès le XVe siècle puis extrait auXIXe, le schiste va être à l’origine d’un paysage particulier composé de terrils et de carrièresponctués de cheminées et de chevalements emblématiques de l’activité (fig. 4.4). Près de cinqsiècles verront ainsi se succéder les différentes phases d’exploitation au gré de l’évolution destechniques. Puis viendra progressivement le temps de l’abandon et de la reconversion (2000).Mais alors que les traces et la mémoire ouvrière du site et de la commune de Trélazé laissaientsupposer une mise en patrimoine d’un héritage industriel, c’est une tout autre interprétationqui s’est mise en place en quelques années.

30 En effet, acquises par l’agglomération d’Angers en 2002 et gérées par le service « Parc etJardins » d’Angers Loire Métropole (ALM), les Ardoisières vont tout d’abord être identifiéescomme ENS par le département sur des critères historique et paysager. Le schéma de

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recensement et de gestion des ENS de l’Anjou de 1996 évoque «  un site unique pourl’exploitation du schiste ardoisier et pour sa culture industrielle  » avec pour enjeux «  lagestion du paysage, du patrimoine historique et industriel devant conduire à l’élaborationd’une charte de gestion accompagnée d’une étude de risque et de protection du site ».

31 De 2002 à 2006, les Ardoisières vont donc faire l’objet d’un premier inventaire du patrimoinenaturel, suivi d’un plan de reconversion de friche industrielle pour sécuriser le site. Laclôture des petits et grands carreaux d’exploitation, accompagnée de la démolition debâtiments d’exploitation et de chevalements, contribuera d’ailleurs à la forte mobilisation desassociations de défense du patrimoine et au processus de patrimonialisation du site et de samémoire ouvrière (Veschambre, 2008).

32 Néanmoins, la période 2007-2010 marque un tournant puisque les Ardoisières vont alorsfaire l’objet de deux études portant sur l’aménagement de la «  Loire à Vélo  » et sur lavalorisation du site en parc de loisirs (Boughenou, 2010). Au-delà de la protection et dela valorisation du patrimoine paysager, historique et industriel faisant l’esprit des lieux, cesaménagements doivent désormais répondre à des objectifs de requalification récréative dusite : pistes cyclables, sentiers de découverte, points de vue, stationnement, rampe pour accéderaux plans d’eau (ancienne excavation) réservés à l’activité de plongée encadrée… autantd’équipements qui permettent aujourd’hui de relocaliser le site au cœur de l’agglomérationtout en y découvrant un patrimoine renouvelé : celui de la friche (non plus industrielle), maisennoblie par de nouvelles fonctions écologiques et des zones humides associées.

33 Le nouveau plan départemental des ENS de 2010 requalifie d’ailleurs les Ardoisières sur descritères exclusivement naturalistes. La présence de zones humides (aujourd’hui réaménagées– figure 2.3), de pelouses schisteuses, de prairies et d’étangs conjugués à un intérêt faunistiquepour les invertébrés lui permet désormais d’assurer la fonction « de corridor avec la valléede la Loire, jusqu’au cœur de l’agglomération ». Cette évolution des critères d’identificationse répercute sur le plan d’interprétation du site qui privilégie les références naturalistes auxdépens de l’héritage industriel, tout en proposant une lecture de son histoire sur le temps longen partant de ses origines post-industrielles. Le plan d’interprétation du site (Atelier Cépage,2008) débute sur un visuel dont le titre « Avant l’ardoise, il y avait des prés, des vergers, dumaraîchage » est sans équivoque : l’exploitation de l’ardoise n’est qu’un épisode de l’histoiredu site dont la valorisation patrimoniale, essentiellement technique, ne représente qu’une cléde lecture parmi d’autres. Sur les treize panneaux programmés, plus des deux tiers sont dédiésaux milieux et notamment à la végétation pionnière (figure 2.1) contribuant à modifier l’imagedu site et progressivement son identité. Si la mémoire ouvrière n’est pas totalement occultée,il reste que la biodiversité et le paysage naturel chaotique et minéral des Ardoisières, issusde leur abandon, sont désormais les patrimoines mis en valeur par la collectivité... dans unparc public périurbain où les usages récréatifs (promenade, jogging, plongée... - figure. 2.2)sont dorénavant analysés à l’aune de leur répercussion sur la nature et où la fréquentation etl’urbanisation sont perçues, par le comité de pilotage ENS, comme des menaces (PDENS,2010).

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Figure 2. Planche photographique présentant quelques aspects des deux ENS, LesArdoisières (Maine-et-Loire) et le Marais de Lyarne (Loire-Atlantique).

34 Les dépliants élaborés par les conseils généraux illustrent leur volonté de valoriser les habitatsnaturels de leurs sites. Cependant, ces espaces sont avant tout des lieux de promenade et sontplus intégrés, par les habitués, comme tels que comme des milieux naturels possédant unebiodiversité singulière.

35 Leaflets elaborated by the general advice illustrate that they want to value the natural habitatsof their sites. However, these spaces are above all places of walk and are more integrated, byregular pedestrians, as such as natural circles possessing a singular biodiversity.

Le Marais de Lyarne (littoral 44) : préserver la nature, maisaussi les usages sur un site d’origine anthropique

36 Le marais de Lyarne est situé sur la commune des Moutiers-en-Retz, à l’extrémité sud dulittoral du département de Loire-Atlantique. Dès le XIe siècle, le site a subi de nombreusesmodifications avec la réalisation d’aménagements hydrauliques et la constitution de bassins

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salicoles. L’envasement de la baie de Bourgneuf, mais aussi la concurrence avec d’autressalines plus productives, n’ont pas permis à cette activité de perdurer. L’agriculture aprogressivement remplacé la production de sel, au gré des comblements des anciens bassins ;l’ostréiculture a pris la place du sel, contribuant à maintenir un paysage fait de marais et dedigues enherbées.

37 Le marais de Lyarne offre une grande diversité de milieux naturels imbriqués les uns dans lesautres : anciennes salines, fossés en eau, végétations pionnières de prés salés, dunes, roselièressaumâtres. Un cordon dunaire protège les bassins et les prés de la mer.

38 Cet ENS8 illustre bien les paradoxes qui peuvent exister, sur ce type d’espace, entre l’ouvertureau public du milieu naturel, qui est une volonté du conseil général (mais aussi de la commune)versus sa préservation, qui passe par la résolution de la dialectique ouverture/fermeture du site(souhait souvent émis par certaines associations conservatrices de protection de la nature). Orle marais de Lyarne est une construction anthropique dont la gestion actuelle dépend encoreen partie de la gestion hydraulique du marais et du maintien du cordon dunaire.

39 Intégré au sentier littoral (figures  2.5 et 2.7), l’accès y est libre (bien que délimité) et leséquipements plutôt conventionnels pour ce type d’espace naturel protégé : un cheminement aété aménagé (passage entre des ganivelles) à travers le site et un observatoire, installé au niveaude la station d’épuration (comme souvent dans les marais littoraux). Quelques panneaux duconseil général (figure 2.8) donnent des explications sur le marais, mais la médiation la plusimportante se fait en période estivale, avec l’arrivée d’étudiants recrutés sur le budget ENS,pour l’animation. L’objectif de la visite guidée qu’ils élaborent n’a pas une visée strictementnaturaliste : elle est globale et intègre l’approche historique, l’idée étant d’« arriver à la naturepar le lien culturel, historique (constitution du marais) pour arriver au milieu naturel, lemarais tel qu’il est aujourd’hui avec quelques espèces à repérer, visibles, qu’on voit sur lemarais, la dune. Ce n’est pas une visite de spécialistes » (conseil général 44). La vision globaledu site est privilégiée et cherche à sensibiliser le visiteur sur l’origine des marais et les impactstouchant ce type d’espace tel que ceux relatifs à la fréquentation, l’envasement de la baie, etc.

40 Le renouvellement du plan de gestion illustre la volonté du conseil général de travailler dansune démarche partenariale  : la commune, les associations de protection de la nature, lesriverains et les usagers du site sont associés à l’élaboration de ce nouveau document dontles objectifs combinent à la fois des enjeux écologique, hydraulique, socio-économique, maisaussi culturel. Si les inventaires faunistiques et floristiques en sont une composante essentielle,l’ouverture au public et ce que cela implique en termes de piétinement, de dégradation relativedu milieu naturel est pris en compte, sans pour autant que celle-ci soit remise en question.L’éducation à l’environnement, au sens général du terme (et pas seulement du point de vuede la nature) est l’axe majeur qui guide le travail mené sur cet ENS dont l’acquisition etl’aménagement ont parallèlement permis de rendre accessible cet espace de transition entre leport du Collet et le quartier balnéaire des Moutiers-en-Retz.

41 Sans être représentatifs de l’ensemble des ENS des départements, ces deux exemples illustrentl’importance du rôle du gestionnaire, de sa perception de la nature à préserver et des usages del’espace à intégrer dans la gestion et l’accueil des publics. À ce titre, les deux gestionnaires dessites analysés soulignent le rôle social des espaces de nature en ville et sur un littoral de plusen plus urbanisé. Néanmoins, alors que le marais de Lyarne est présenté comme un espaceanthropisé dont la richesse écologique et patrimoniale résulte des activités passées et dansune moindre mesure, actuelles, le site des Ardoisières « renaît » aujourd’hui de son activitéminière héritée sur des référents quasi exclusifs de biodiversité, issus de sa déprise. Ces deuxexemples soulignent l’une des principales ambiguïtés du patrimoine naturel dans son rapportau temps « changeant et mobile » (Micoud, 1995), les enjeux liés à sa préservation et à satransmission pouvant justifier une réinterprétation des lieux sans toutefois les placer totalementhors de portée du temps.

Conclusion42 À l’image des départements de France, ceux des Pays de la Loire observent de fortes inégalités

dans l’appréhension de la compétence ENS et dans la mise en œuvre des objectifs qui leur sont

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assignés. Si la maîtrise foncière ne constitue pas à elle seule la marque d’une appropriationmatérielle du patrimoine, reconnaissons que l’action des départements est d’autant plusmarquée et visible dès lors qu’ils disposent de cette assise spatiale. Cette dernière est d’ailleursà corréler avec des services ENS anciennement structurés dans les départements et, danslesquels, le droit de préemption, comme la gestion des sites, restent étroitement encadréspar les conseils généraux. Ainsi, les départements littoraux apparaissent plus actifs que lesdépartements intérieurs où la constitution d’un patrimoine repose moins sur une politiqued’acquisition que sur la mise en place d’une gouvernance environnementale où acteursassociatifs naturalistes et services « environnement » des territoires sont étroitement associés.

43 Cependant, si les types de gouvernance diffèrent entre les départements (top-down pour lesdépartements littoraux, bottom-up pour les départements intérieurs), la montée en puissancedes critères écologiques dans la définition des ENS et dans leur valorisation souligne un traitcommun. Alors que l’on pouvait assimiler les ENS à des « géotopes, dont la protection sedifférencie d’une simple protection de biotope en ce qu’elle concerne aussi la protectiondes sites culturels et des paysages, envisagés dans leur double dimension naturelle etsociale » (Depraz S., 2004), ils tendent aujourd’hui à calquer leurs objectifs de protectionsur ceux relatifs à la biodiversité, établis aux échelles régionale, nationale et européenne.Dès lors, la spécificité des ENS tend à se diluer dans les autres dispositifs de protectionet ce, d’autant plus que l’on y retrouve fréquemment les mêmes acteurs  : bureau d’études,associations naturalistes, conservatoires, collectivités locales, etc. pouvant, en fonction deleurs compétences, intervenir à tous les niveaux de la gouvernance environnementale et de lachaîne patrimoniale.

44 La question du rôle du Département dans la mise en œuvre d’une politique patrimonialed’ENS prend d’ailleurs une connotation particulière dans le contexte actuel de réforme descollectivités territoriales privilégiant une fusion des compétences des départements à la région.2012 a marqué d’ailleurs la fin de la TDENS en tant que telle, celle-ci devant intégrer unetaxe globale d’aménagement associée à la taxe locale d’équipement. Si la politique ENSdes départements des Pays de la Loire laisse entrevoir une patrimonialisation inachevée dela nature, son avenir semble aujourd’hui conditionné à la capacité des conseils généraux àappréhender le caractère multi scalaire et multi fonctionnel de la biodiversité sans toutefoismésestimer ses dimensions patrimoniale, sociale et culturelle.

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Notes

1 CPER : Contrat de Plan État Région, 2007-2013, volet Sciences Humaines et Sociales, axe 2 intitulé :« Espaces, environnement et cadre de vie  : entre héritages et prospectives. Groupe « Évaluation desEspaces Naturels Sensibles en Pays de la Loire : protection de l’environnement et projet de territoire ».2 Cette analyse repose sur une série d’entretiens menés auprès des services «  environnement  » desconseils généraux et de quelques gestionnaires de sites clés (9 personnes).3 Début 2011, 95 départements mènent une politique ENS sur 170 000 hectares acquis et/ou gérés, ausein de plus d’un million d’hectares en zones de préemption.4 La première acquisition de la Vendée date de 1975, sur les fonds de la Taxe Départementale sur lesEspaces Verts.5 ZNIEFF : Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique.6 CPIE : Centre permanent d’initiative pour l’environnement.7 Associations et institutions du comité de pilotage du PDENS 49 : l’Association des maires de Maine-et-Loire, la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (DREAL), leParc naturel régional Loire Anjou Touraine, le Conseil d’architecture, d’urbanisme et d’environnement(CAUE), la Chambre d’agriculture, l’Agence de l’eau Loire Bretagne, la Sauvegarde de l’Anjou, la Liguepour la protection des oiseaux (LPO), le Conservatoire botanique national de Brest (CBN-B), le Centrepermanent d’initiatives à l’environnement (CPIE) Loire et Mauges, la Fédération pour la pêche et laprotection du milieu aquatique (FPPMA), la Mission bocage, le Conservatoire des rives de la Loire etde ses affluents (CORELA) ainsi que l’association d’études des équilibres naturels (EDEN). À noter queles organismes en italique sont ceux ayant participé au protocole de détermination et hiérarchisation desENS.8 Inclus dans la Znieff 2 du marais Breton identifiée pour son patrimoine écologique faunistique etfloristique et pour ses intérêts paysager, géomorphologique archéologique, scientifique et pédagogique.

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VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement, Hors-série 16 | juin 2013

Pour citer cet article

Référence électronique

Céline Barthon, Céline Chadenas, Arnaud de Lajartre et Antoine Pancher, « Valeur, fonction etmédiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisation inachevée de la nature.Exemples dans les Pays de la Loire », VertigO - la revue électronique en sciences de l'environnement[En ligne], Hors-série 16 | juin 2013, mis en ligne le 30 mai 2013, consulté le 01 septembre 2016.URL : http://vertigo.revues.org/13621 ; DOI : 10.4000/vertigo.13621

À propos des auteurs

Céline BarthonUMR ESO-Angers 6590 CNRS, Université d’Angers. 5 bis Boulevard Lavoisier, F 49 045 ANGERSCedex, France, courriel : [email protected]éline ChadenasUMR LETG 6554 CNRS (Géolittomer), Université de Nantes, Campus du Tertre, BP 81227, 44 312NANTES Cedex 3, France, courriel : [email protected] de LajartreCentre J. Bodin – EA 4337 – Université d’Angers. 13 allée François Mitterrand, BP 13633, 49 036ANGERS Cedex, France, courriel : [email protected] PancherUMR ESO-Le Mans 6590 CNRS, Université du Maine. Avenue O. Messiaen 72085 LE MANSCedex, France, courriel : [email protected]

Droits d’auteur

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Résumés

 L’article suivant propose une évaluation des usages du dispositif «  Espaces NaturelsSensibles » (ENS) au sein des cinq départements - Loire-Atlantique (44), Vendée (85), Maine-et-Loire (49), Sartre (72) et Mayenne (53)- de la région Pays de la Loire (France). Partantdu constat d’un usage inégal et diversifié de l’outil ENS entre les départements, révélateurdes fortes disparités d’appropriation du dispositif, nous mettons en évidence un trait commundans l’évolution générale des critères de sélection des sites affichés comme ENS : la montéeen puissance des critères écologiques dans la définition des sites retenus comme ENS. Cettetendance illustre le passage d’une patrimonialisation d’espaces emblématiques d’un pointde vue naturel, paysager, culturel ou historique, à la patrimonialisation de la biodiversitédes espaces. L’analyse de deux sites-tests du Maine-et-Loire et de la Loire-Atlantique, etnotamment de leurs dispositifs de médiation sera enfin l’occasion, de mettre en évidence unchangement de valeur révélateur des nouveaux usages de ces espaces et donc d’affiner lacompréhension du processus de patrimonialisation de la nature à l’œuvre. The following article proposes an assessment of the use of the «  EspacesNaturels Sensibles  » (Sensitive Natural Areas) or ENS programme within the five“départements” (counties) of the region “Pays de la Loire”. We started from the observation ofan unequal and diversified use of the programme among counties. That disparity reveals largedifferences in the appropriation of ENS concerning the aims (whether legal or administrative)as well as the stakeholders/users. We were able to put forwards a common feature in theevolution of the criteria for the selection of ENS sites : the growing importance of ecologicalcriteria. This tendency illustrates the drift from identifying emblematic sites – natural, scenic,cultural or historical sites – as heritage to identifying biodiversity in an area as heritage.

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Valeur, fonction et médiation dans les espaces naturels sensibles : une patrimonialisatio (...) 17

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The two tests sites’ analysis (Maine-et-Loire and Loire-Atlantique), and in particular of theirmediation mechanisms, will be the opportunity of illustrating this new tendency, but moreimportantly, of highlighting a relevant change in values for the use of these areas. We willthen be able to refine our understanding of how the identification of nature as heritage works.

Entrées d’index

Mots-clés :  patrimonialisation, protection de la nature, appropriation, valorisation,Espace naturel sensibleKeywords : patrimonialisation, nature protection, appropriation, valorisation, SensitiveNatural AreasLieux d'étude : Europe