L’écoute réflective : un nouvel usage en psychothérapie, spécificités de l’entretien...

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Journal de thérapie comportementale et cognitive (2013) 23, 181—187 Disponible en ligne sur www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL L’écoute réflective : un nouvel usage en psychothérapie, spécificités de l’entretien motivationnel Reflective listening: A new use in psychotherapy, specificities of motivational interviewing Antonia Csillik a,, Céline Paillot b a Laboratoire de psychologie clinique Evaclipsy, département de psychologie, université Paris Ouest Nanterre La Défense, 200, avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, France b North Fork neuropsychology, St. John’s university, New York, États-Unis Rec ¸u le 25 octobre 2012 ; rec ¸u sous la forme révisée le 2 mai 2013 ; accepté le 2 mai 2013 Disponible sur Internet le 10 juillet 2013 MOTS CLÉS Reformulation ; Écoute réflective ; Entretien motivationnel ; Approche centrée sur la personne ; Thérapies cognitivo- comportementales ; Discours- changement ; Analyse psycholinguistique Résumé La reformulation, marque d’une écoute empathique initialement développée par Rogers, trouve aujourd’hui de nouvelles orientations et applications dans le champ de la psy- chothérapie. L’objet de cet article est d’expliquer plus avant cette technique et d’examiner son rôle et ses principales formes dans la thérapie centrée sur la personne de Rogers et l’entretien motivationnel (EM), et de faire le point sur les études empiriques portant sur l’influence de la reformulation et de l’empathie dans l’efficacité des psychothérapies validées scienti- fiquement, et notamment de l’entretien motivationnel. Les changements et enrichissements apportés par l’entretien motivationnel à la reformulation sont mis en évidence à travers les nouveaux objectifs visés et techniques employées, et notamment en lien avec la production de discours-changement. Les effets du discours-changement sont étudiés à travers une revue de la littérature et notamment des études psycholinguistiques. Enfin, de nouvelles pistes de recherche sont proposées. Ainsi, il est intéressant de vérifier quel rôle joue l’écoute réflec- tive, technique centrale de l’EM, dans la production du discours-changement du client et dans l’efficacité de l’EM et des psychothérapies. Enfin, il semble important d’élargir son utilisation aux différents types de psychothérapie et d’en évaluer ses effets. © 2013 Association franc ¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. KEYWORDS Change-talk; Summary Reflection, a key element of empathic listening, initially developed by Carl Rogers, has found new purposes and applications in modern psychotherapy. The aim of this article is to explain this technique in more depth and to examine its role and main forms in Rogers’ Auteur correspondant. Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (A. Csillik). 1155-1704/$ see front matter © 2013 Association franc ¸aise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. http://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2013.05.001

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Journal de thérapie comportementale et cognitive (2013) 23, 181—187

Disponible en ligne sur

www.sciencedirect.com

ARTICLE ORIGINAL

L’écoute réflective : un nouvel usage enpsychothérapie, spécificités de l’entretienmotivationnelReflective listening: A new use in psychotherapy, specificities ofmotivational interviewing

Antonia Csillika,∗, Céline Paillotb

a Laboratoire de psychologie clinique Evaclipsy, département de psychologie, université Paris Ouest Nanterre La Défense, 200,avenue de la République, 92001 Nanterre cedex, Franceb North Fork neuropsychology, St. John’s university, New York, États-Unis

Recu le 25 octobre 2012 ; recu sous la forme révisée le 2 mai 2013 ; accepté le 2 mai 2013Disponible sur Internet le 10 juillet 2013

MOTS CLÉSReformulation ;Écoute réflective ;Entretienmotivationnel ;Approche centrée surla personne ;Thérapies cognitivo-comportementales ;Discours-changement ;Analysepsycholinguistique

Résumé La reformulation, marque d’une écoute empathique initialement développée parRogers, trouve aujourd’hui de nouvelles orientations et applications dans le champ de la psy-chothérapie. L’objet de cet article est d’expliquer plus avant cette technique et d’examiner sonrôle et ses principales formes dans la thérapie centrée sur la personne de Rogers et l’entretienmotivationnel (EM), et de faire le point sur les études empiriques portant sur l’influencede la reformulation et de l’empathie dans l’efficacité des psychothérapies validées scienti-fiquement, et notamment de l’entretien motivationnel. Les changements et enrichissementsapportés par l’entretien motivationnel à la reformulation sont mis en évidence à travers lesnouveaux objectifs visés et techniques employées, et notamment en lien avec la productionde discours-changement. Les effets du discours-changement sont étudiés à travers une revuede la littérature et notamment des études psycholinguistiques. Enfin, de nouvelles pistes derecherche sont proposées. Ainsi, il est intéressant de vérifier quel rôle joue l’écoute réflec-tive, technique centrale de l’EM, dans la production du discours-changement du client et dansl’efficacité de l’EM et des psychothérapies. Enfin, il semble important d’élargir son utilisationaux différents types de psychothérapie et d’en évaluer ses effets.

se de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier

© 2013 Association francai Masson SAS. Tous droits réservés.

KEYWORDSChange-talk;

Summary Reflection, a key element of empathic listening, initially developed by Carl Rogers,has found new purposes and applications in modern psychotherapy. The aim of this article isto explain this technique in more depth and to examine its role and main forms in Rogers’

∗ Auteur correspondant.Adresses e-mail : [email protected], [email protected] (A. Csillik).

1155-1704/$ – see front matter © 2013 Association francaise de thérapie comportementale et cognitive. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.http://dx.doi.org/10.1016/j.jtcc.2013.05.001

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Client-centeredtherapy;Cognitive behaviortherapy;Motivationalinterviewing;Psycholinguisticanalysis;Reflective listening;Reflection;Rogers (Carl)

client-centered therapy and motivational interviewing (MI), and to review empirical studiesbased on the influence of reflection and empathy in the effectiveness of empirically validatedpsychotherapies, and in particular MI. In fact, in the Rogers’ approach, (Rogers et Kinget, 1962[2]), as well as in MI and in CBT, in spite of their orientation towards change and a certaindirectivity, reflection is considered as the main way to express accurate empathy. Empathy isa central feature in several therapeutic approaches and has been particularly associated withpositive results in the treatment of various problems (Miller et Rollnick, 2002; Miller et Baca,1982; Greenberb et al., 2001 [8—10]). This therapeutic attitude, widely used by Rogers (1951,1959, 1968 [11—13]), has been adopted by the authors of MI, Miller et Rollnick (2002, 1991 [4,8]),as well as by other forms of effective psychotherapies. Reflective listening plays a central rolein both MI and the Rogers’s client-centered approach; in MI, it was adopted and enriched withnew, more complex forms, as well as with objectives which differ from Rogers’ approach. InMI, the client’s talk which reflect their intentions to change (change-talk) are predominantlyreflected upon. MI requires thus a selective method of response to the client’s speech to reduceambivalence and guide the person towards change. Four sub-categories, including cognitive,emotional and behavioral dimensions of commitment to change, constitute the preparatorychange-talk: the desire, ability, reason and need to change, ‘‘commitment’’ and the ‘‘firststeps’’. The sustain talk consists of statements opposing change, and resistance talk consists ofinterruptions and disagreements with the therapist. According to Miller et Rose (2009 [18]), theeffectiveness of MI is based on its influence on change-talk. These authors hypothesized thatbehavioral change is directly linked to client change-talk during MI sessions, and that it is inver-sely linked to sustain talk. According to those authors, the effective use of the MI techniqueincreases change-talk in clients and reduces sustain talk, which predicts effective change inbehavior. Studies comparing MI to more traditional treatment models or minimal interventionshow the links between MI-consistent behaviors and the emergence of more change-talk com-pared with other approaches or minimal intervention (Apodaca et Longabaugh, 2009; Moyerset al., 2007 [23,24]). Current research by Amrhein et al. (Amrhein et al., 2003; Amrhein, 2004[14,26]) shows that the intensity of commitment to change by the client and the first stepspredict long-term change in behavior. Expressions of change-talk such as desire, ability, thereason and the need to change do not systematically initiate change but they announce thereinforcement of commitment to change. The effect of the intensity of client commitment talkon behavior change has been verified in a study on CBT for hospitalized cocaine addicts (Aha-ronovich et al., 2008 [27]). In conclusion, reflection allows the therapist to evoke the client’sstatements in the direction of the desired change, and to reinforce it, which should then leadto an effective change in behavior. However, it is still too early to make any conclusions aboutthe efficiency of reflective listening. Despite its frequent use in psychotherapy, the specifictherapeutic effectiveness of reflecting is still rarely assessed in empirical studies. It would thusbe interesting to assess the role that reflective listening, a central technique in MI, plays in theproduction of the client’s change-talk, in the building of the therapeutic alliance and in theeffectiveness of MI and other empirically validated psychotherapies. Finally, it is important toexpand its use to different types of psychotherapy and to assess its impact.© 2013 Association francaise de thérapie comportementale et cognitive. Published by Elsevier

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Qu’est-ce que l’entretien motivationnel ?

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’écoute réflective : un nouvel usage ensychothérapie, spécificités de l’entretienotivationnel

a reformulation est une pratique de communication quionsiste à redire en d’autres termes et d’une manière plusoncise ou plus explicite, ce que le sujet vient d’exprimer1,2]. Cette notion de reformulation est si fréquente dansa pratique des psychologues, qu’elle en est banalisée. Trèsouvent évoquée, la reformulation est méconnue dans sesuances. La reformulation est un élément central des psy-hothérapies et notamment d’orientation humaniste, dont

ogers est l’un des principaux représentants.

L’objet de cet article théorique est d’expliquer cetteechnique, d’examiner son rôle et ses principales formes

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ans les thérapies brèves, notamment dans l’entretien moti-ationnel (EM) et l’approche rogérienne dont elle est issue.ous proposons de faire le point sur les emprunts de l’EM

l’approche rogérienne quant à la reformulation, à traversn examen approfondi de la technique de reformulation,ans chacune des deux approches. Nous proposons égale-ent, dans un second temps, de faire le point sur les études

mpiriques portant sur l’influence de la reformulation ete l’empathie sur l’efficacité des psychothérapies validéescientifiquement.

’EM est une méthode de psychothérapie brève et scienti-quement validée, émergeant à l’origine de l’expérience

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lcentrale. Mais elle a été reprise et enrichie avec de nou-

L’écoute réflective : un nouvel usage en psychothérapie

clinique de Miller, psychologue et professeur émérite del’université du Nouveau Mexique [3]. Ses principes et straté-gies cliniques ont été développés par Miller et par Rollnick,en s’appuyant sur des études préalables montrant l’intérêtdes interventions psychothérapeutiques brèves. Miller etRollnick [4] ont défini l’EM comme étant une méthode direc-tive, centrée sur le client, permettant de faire ressortirla motivation intrinsèque au changement par l’explorationet la diminution de l’ambivalence. L’EM est centré sur leclient, comme dans l’approche rogérienne, dont il est issu,ce qui signifie que le thérapeute aborde la personne dansson ensemble et ne se limite pas au comportement problé-matique ; le problème est donc abordé du point de vue dela personne concernée.

L’EM est concu pour mettre en place un changementde comportement. La conception originale de l’EM étaitcelle d’une préparation à un traitement, afin d’augmenter lamotivation et l’adhésion du patient. Actuellement, à la suitedes recherches expérimentales ayant montré son efficacité,l’EM est reconnu comme une approche thérapeutique à partentière [5—7]. L’EM est concu en deux phases aux objectifsdifférents. La première vise à faire ressortir la motivationintrinsèque au changement, à résoudre l’ambivalence faceau changement, et à renforcer l’importance et la confiancedans le changement. La seconde a comme objectif de conso-lider la décision de changement, de commencer les actionsnécessaires à son accomplissement, et de développer unplan pour les accomplir.

Cinq techniques principales sont utilisées dans l’EM, etnotamment dans la première phase de celui-ci. Quatrede ces techniques dérivées de l’approche rogérienne sontutilisées, avec l’objectif d’aider la personne à explorerl’ambivalence du client et de clarifier les raisons qu’il a dechanger : les questions ouvertes, le fait de valoriser, l’écouteréflective, désignée ainsi dans l’EM — ou la reformulation —qui est une reprise par le thérapeute des paroles du sujet, etle résumé. La cinquième méthode consiste à faire ressortirle « discours-changement », qui désigne les propos du clientqui vont dans le sens du type de changement désiré, proposqui reflètent l’intention du client de changer. Cette der-nière méthode est plus directive, spécifique à l’EM, tout enintégrant et orientant l’utilisation des quatre autres. Dansla seconde phase de l’EM, bien que continuant à utiliserles techniques de la première phase, l’intervenant intro-duit plusieurs méthodes permettant d’engager la personnevers le changement : récapitulation des raisons de changer,questions clés afin de clarifier ses projets, informer (parexemple, sur les différentes méthodes de changement) etenfin négocier un plan de changement et obtenir un enga-gement clair. L’emploi des reflets, des questions ouvertes,etc. est encore recommandé, mais cette fois pour consoli-der l’engagement au changement et la mise en place d’unplan de changement.

L’EM est souvent associé aux thérapies cognitivo-comportementales (TCC) et constitue un complément quipermet d’optimiser les TCC, notamment pour les patientspeu ou pas motivés pour le traitement. Le manque de moti-vation et l’ambivalence face au changement conduisent àdes résultats médiocres et à un taux d’abandons parfois

très importants. L’EM permet d’augmenter la motivationinterne au changement et donc l’adhésion au traitement etde consolider l’impact des TCC. Il peut être utilisé en pré-

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ude aux TCC comme prétraitement ou bien comme style’intervention utilisé dans le cadre d’une TCC. Faire émer-er les réflexions du client grâce à une majorité de questionsuvertes et par un recours systématique à l’écoute réflec-ive sont des stratégies d’importance primordiale, utiliséesans ces deux approches complémentaires.

ôle de l’écoute réflective et de l’empathien psychothérapie

’un des intérêts principaux de l’écoute réflective résideans le feedback recu par l’intervenant : il s’assure qu’il

bien compris le message du client et en même temps il’encourage à continuer son élaboration. L’écoute réflectiveerait donc un moyen de vérifier que l’on a une connaissanceûre de ce dont il s’agit et permettrait aussi de consolider’alliance thérapeutique. La reformulation est la marque’une écoute empathique. En effet, dans l’approche deogers [2], aussi bien que dans l’EM et dans les TCC, mal-ré leur orientation vers le changement et une certaineirectivité, l’empathie se traduit principalement sous laorme de l’écoute réflective. En effet, l’écoute réflectivest l’une des meilleures facons d’exprimer aux clients qu’ilsont entendus. L’empathie est une caractéristique centraleans plusieurs approches thérapeutiques et a été particu-ièrement liée avec des résultats positifs dans le traitemente différents problèmes. Plusieurs études indiquent en effetue l’empathie des intervenants peut être un facteur pré-ictif significatif des réponses des clients au traitement ete l’efficacité de ce dernier [8—10].

Cette notion, abondamment utilisée par Rogers [11—13], été reprise par les auteurs de l’EM [4,8], ainsi que dans’autres formes de psychothérapies efficaces. La penséet la pratique rogérienne ont, en effet, profondément ins-iré l’EM, à la fois dans les attitudes thérapeutiques etans les stratégies d’intervention. Comme dans l’approcheogérienne, dans l’EM, les attitudes du thérapeute enverse client ont une importance centrale. En effet, le style’intervention empathique est l’une des attitudes de basee l’EM. Ces auteurs ont repris le cadre et la définition don-ée par Rogers à ce concept. Ce principe implique celui de’acceptation : l’intervenant cherche à comprendre les sen-iments et les perspectives de la personne sans les juger, nies critiquer. Il cherche ensuite à répondre aux propos dea personne en les considérant comme compréhensibles etalides, tout au moins dans le mode de pensée propre à cetteernière. Reformuler et attendre ensuite la confirmation dulient suppose une certaine conception de la conscience etes aptitudes humaines. Cela suppose en effet que le clientst considéré comme étant la personne la plus informée dea situation et de ses affects. Il s’agit donc de faire confianceu client en ce qui concerne la manière dont il éprouveubjectivement la situation problématique pour laquelle ilonsulte.

Dans le cadre de l’EM, la technique de reformulation ou’écoute réflective occupe, comme chez Rogers, une place

elles formes plus complexes, et avec un objectif parfoisifférent de celui de la perspective rogérienne. Pourtant,es emprunts faits par les auteurs de l’EM à l’approche

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ogérienne, et notamment ceux en rapport avec la refor-ulation, ont été peu examinés dans la littérature.

ormes de la reformulation selon Carl Rogers

elon Rogers et Kinget [2], refléter consiste à résumer, àaraphraser ou à accentuer la communication, soit mani-este, soit implicite, du client. La reformulation rogériennee présente sous différentes formes. Trois catégories ontté établies a posteriori, par les collaborateurs de Rogers,t notamment par Mucchielli [1], sur la base de l’analyse’entretiens conduits par Rogers. On distingue ainsi : leeflet simple, la reformulation par renversement rapportorme-fond et la reformulation clarification.

La réitération, ou le reflet simple, est la forme élé-entaire de la reformulation et s’adresse au contenu

trictement manifeste de la communication. Ce type deéponse se présente sous trois formes. La « reformulationcho » est la forme la plus simple qui consiste à répéter leserniers mots du client. Un deuxième type de reformula-ion consiste à reprendre les propos du client en utilisant’autres termes équivalents, ou synonymes. La reformula-ion résumée reprend l’essentiel des propos du client. Laéitération est le type de réponse qui a été privilégié parogers dans ses entretiens. N’ajoutant rien de plus à ce qui

été exprimé, elle représente l’expression la plus pure desrincipes d’empathie et d’acceptation, qui sont à la base dea thérapie.

La reformulation par renversement du rapportgure/fond donne au client la possibilité de voir autrementa propre perception. C’est une image à double sens,’apparition de l’autre point de vue survenue suite auhangement de perspective (changement figure-fond)aciliterait une prise de conscience plus réfléchie et plusbjective de la situation. Ce type de réponse est appeléeflet du sentiment car il vise à extraire les sentimentsnhérents au comportement verbal et non verbal du client.a personne en besoin d’aide a souvent des difficultés àdentifier ou reconnaître ses émotions ; si l’aidant le recon-aît, il peut ainsi favoriser l’accès du client à ses propresentiments. La reformulation clarification vise à relever desentiments et attitudes qui n’apparaissent pas directementans le discours du client, mais qui peuvent être déduitse la communication et de son contexte, par voie logiquet non psychodynamique. Il s’agit de mettre en lumière etenvoyer au sujet le sens même de ce qu’il a dit, ce qui peutvoir un effet de « miroir clarifiant ». La clarification doitester strictement au niveau de l’essentiel ; elle supposear conséquent une intuition fine de la part de celui quia fait, une capacité de tirer au clair ce que le sujet ditouvent d’une manière confuse et inorganisée, et donc deaire ressortir l’essentiel.

articularités de la reformulation ou de’écoute réflective dans l’entretien

otivationnel

’écoute réflective dans l’EM est considérée comme l’unees techniques les plus importantes de cette approche. Mil-er et Rollnick [4,8] ont repris la définition et le cadre

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A. Csillik, C. Paillot

héorique du reflet donnés par des auteurs précédents, etotamment par Rogers. En revanche, dans l’EM, l’écouteéflective est un processus directif et sélectif. Ce sont enffet les propos du client qui reflètent son intention dehanger (discours-changement) qui sont sélectionnés pré-érentiellement. L’intervenant décidera donc ce qu’il vaefléter et ce qu’il va ignorer. Les reflets de l’intervenantont plus loin que la simple répétition de ce que le client

dit, car il essaie d’anticiper la phrase suivante. C’est’ailleurs la raison pour laquelle ce type de reflet a étéommé « prolonger la phrase ».

L’EM requiert donc une facon sélective de répondre auiscours du client pour réduire l’ambivalence et guider laersonne vers un changement. Cependant, l’EM peut êtrelus ou moins directif, en fonction du type de change-ent générant l’ambivalence. Il existe des comportementsour lesquels il y a un consensus social quant à l’intérêt’un changement de comportement. C’est le cas notammentes comportements addictifs nuisibles pour la personnelle-même et pour les autres, pour lesquels a été déve-oppé initialement l’EM. Dans ces conditions, l’EM est définiomme directif. Toutefois, il peut être utilisé égalementour aider des personnes qui ne parviennent pas à résoudreeur ambivalence et à engager un changement, commeans le cas d’un choix décisionnel difficile. Dans ce cas,’intervenant n’a pas d’opinion, d’idée précise quant à’option que choisira la personne, et l’EM est alors moinsirectif. Dans ce cas, l’écoute réflective s’effectue de faconoins sélective, comme dans l’approche de Rogers, tout en

ardant l’objectif de résolution de l’ambivalence que n’aas forcément l’approche rogérienne.

Quelles sont les différences et les apports dans les typese reflets utilisés dans l’EM par rapport à l’approche rogé-ienne ? Tout d’abord, en ce qui concerne le reflet simple,’est-à-dire la répétition des derniers mots du client et lesaraphrases de son récit, il est utilisé en premier lieu,orsque le sens du discours du client n’est pas encore assezlair. Cependant, son utilisation prépondérante est peuonseillée dans l’EM, car il est supposé ralentir le progrèsn direction du changement.

Les résumés sont une autre forme de reflet utilisé parogers, employés également dans l’EM, mais ils y sont beau-oup plus fréquents. Il s’agit d’une quatrième méthodetilisée assez tôt dans l’EM, puis durant tout son dérou-ement. Ce type de résumé joue un rôle important dans’EM : il relie et renforce ce que le client a dit, lui montreue l’intervenant a écouté attentivement, et le prépare

élaborer davantage ses propos. Cela permet aussi à laersonne d’entendre pour la troisième fois son propreiscours-changement.

Le reflet du sentiment, souvent considéré comme laorme la plus profonde du reflet, met l’accent sur la dimen-ion émotionnelle. Il consiste à refléter les émotions etes sentiments exprimés et ce que les personnes semblentessentir durant l’entretien. Dans l’EM, il est conseillé deinimiser légèrement le contenu émotionnel lorsque le

lient évoque le changement (discours-changement). Celaeut être réalisé par le choix des mots ou bien par l’ajout’adverbes modulant cette intensité en la diminuant. En

ffet, si l’intensité de l’émotion exprimée est reflétéee manière excessive, la personne aurait tendance àier celle-ci, à la minimiser, et à annuler sa formulation
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L’écoute réflective : un nouvel usage en psychothérapie

d’origine, alors que lorsque l’on en minimise l’intensité, lapersonne poursuivrait son exploration. Le reflet clarificationest également utilisé dans l’EM. Il s’agit d’une modificationplus substantielle des phrases, dans laquelle l’intervenantfait une hypothèse sur le sens de ce qui a été dit et lereflète en l’élargissant. Dans sa forme subtile, il consiste às’avancer dans la phrase suivante du client, à l’encouragerpar le reflet à poursuivre son discours-changement.

Deux autres formes de reflet sont proposées et intro-duites par les auteurs de l’EM [4] : le reflet amplifié et ledouble reflet. Le reflet amplifié consiste à refléter ce que lapersonne a dit mais de facon amplifiée ou exagérée, afin del’exposer d’une manière encore plus extrême à son ambi-valence. Quand cela réussit, la personne revient un peu surce qu’elle a dit et aborde l’autre côté de son ambivalence,ce qui a pour effet de favoriser la prise de conscience decelui-ci. Le double reflet prend en compte les deux versantsde l’ambivalence. Si le récit de la personne exprime seule-ment l’aspect opposé au changement (résistance), le refletdouble consiste à confirmer ce qu’elle vient de dire en yajoutant l’autre aspect de son ambivalence, ce qui a pourconséquence de faire émerger les deux aspects. Pour cela,il peut être nécessaire d’utiliser ce que le client a expriméantérieurement.

Le « discours-changement » désigne les propos du clientqui vont dans le sens du type de changement désiré, c’est-à-dire les propos qui reflètent son intention de changer. C’estce type de réponse qui permet de percevoir vraiment ladifférence avec la méthode rogérienne. Le principe fonda-mental de l’EM est de faire en sorte que le client exprimepar lui-même les arguments en faveur du changement :c’est donc le discours-changement qui sera reflété princi-palement dans l’EM. Quatre sous-catégories, incluant lesdimensions cognitives, émotionnelles et comportementa-les de l’engagement dans le changement composent cediscours-changement. Le discours-changement du client estcomposé actuellement, suite aux travaux d’Amrhein (ana-lyse psycholinguistique de séances d’EM) [14] de quatretypes de récits : le « discours préparatoire », regroupant sousl’acronyme DCRB : le désir de changer (ex. J’aimerais arrê-ter de fumer), la capacité (ex. Je suis capable d’arrêterde fumer), les raisons (ex. Fumer aggrave vraiment monasthme) et les besoins du changement (ex. Il faut quej’arrête de fumer). Ces auteurs ont estimé nécessaire dedifférencier le discours préparatoire, de « l’engagement »(ex. Je vais arrêter de fumer), et des « premiers pas » (ex.Cette semaine, j’ai commencé à. . .), qui comportent lesphrases qui indiquent que la personne a mis en œuvredes actes spécifiques en direction de l’objectif de chan-gement. Six catégories composent donc actuellement lediscours-changement [15] : le désir (déclarations en faveurdu changement), la capacité (déclarations sur l’aptitudeau changement ou l’auto-efficacité), les raisons (argu-ments spécifiques en faveur du changement), les besoins(déclarations sur la nécessité de changer), l’engagement(déclarations sur la probabilité du changement) et enfin lespremiers pas (déclarations sur les actions entreprises).

En contrepoint du discours-changement, il existe le« discours-maintien » (sustain talk) et le « discours de résis-

tance » (resistance talk). Le discours de maintien désigneun discours s’opposant au changement, qui est composéde propos exprimant l’incapacité de changer (sentiment

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’efficacité faible), le désir, les raisons et le besoin de main-enir la situation actuelle et l’engagement dans le statuuo. Le discours de résistance désigne les interruptions,es désaccords avec l’intervenant, le fait de ne pas tenirompte de ses paroles ou de changer de sujet lorsque celui-i concerne le changement. Il s’agit d’une modification dee qui auparavant portait le même nom, mais incluait égale-ent le discours du client en faveur du statu quo et tendait

insi à « pathologiser » le phénomène de l’ambivalence.Dans l’EM, le reflet est utilisé dans un but supplé-

entaire, comparativement à son usage par Rogers : celuie faire entendre à la personne son propre discours-hangement, en présumant qu’en agissant ainsi, la personneera amenée à effectuer réellement le changement. Selones auteurs de l’EM, le discours du client durant la thérapiest lié au changement effectif de comportement [4]. Faireurgir le discours-changement est l’un des principaux objec-ifs de l’EM car le fait d’exprimer l’intention de changert développer un plan de changement mène à un engage-ent personnel de modifier son comportement [16]. Les

uteurs de l’EM se sont appuyés, dans cette direction, sura théorie de Bem [17]. Selon Bem, les personnes n’auraientas une compréhension immédiate de leurs états internes,lles ne sauraient pas immédiatement ce qu’elles ressententt feraient donc des inférences à partir des informationsont elles disposent. Bem [17] a également émis l’hypothèseu’une personne en vient à croire quelque chose, même siela ne correspond pas au départ à ses valeurs fondamen-ales, simplement en s’écoutant le dire. Selon cet auteur,n s’écoutant parler, la personne découvre ce en quoi elleroit. C’est cet aspect de sa théorie qui est utilisé dans l’EM.

e rôle du discours-changement dans’efficacité de l’entretien motivationnel

elon Miller et Rose [18], l’efficacité de l’EM réside surtoutans ses effets sur le discours-changement. Ces auteurs ontmis l’hypothèse que le changement de comportement estirectement lié au discours-changement des clients pendantes séances d’EM et qu’il était inversement lié au discourse maintien. Selon ces auteurs, l’utilisation efficace desechniques de l’EM augmente le discours-changement deslients et diminue le discours de maintien, ce qui prédit lehangement effectif de comportement.

Des études comparant l’EM à des modèles plus tradition-els de traitement montrent que l’EM conduit à plus deiscours-changement que les autres approches [14,19,20].’appui le plus fort allant dans cette direction provient desnalyses psycholinguistiques de sessions effectuées avant etprès la formation à l’EM. Après la formation, les clients deshérapeutes EM ont montré une fréquence et une intensitélus importante de discours-changement, et ce spéciale-ent quand la formation des thérapeutes à l’EM a été

ntensive [21], suivie d’une forme de supervision. Moyerst al. [22] ont fourni des appuis supplémentaires quantux liens entre l’EM et le discours-changement. En effet,ls montrent que les réponses des thérapeutes ayant une

e client du discours-changement, tandis que les réponseses thérapeutes n’utilisant pas l’EM produisent du dis-ours de maintien. Les données de recherches montrent le

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lleddimdle rôle précis de la reformulation dans la production

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ien entre les comportements cohérents avec le style de’EM (MI-consistent behaviors) avec l’émergence de pluse discours-changement comparativement avec d’autrespproches ou une intervention minimale [23,24].

Le psycholinguiste Amrhein a proposé un nouveau schémae classification, fondé sur l’analyse du langage utiliséar les individus lorsqu’ils s’engagent à effectuer unhangement de comportement [14,25]. Ce chercheur a lar-ement contribué aux études portant sur les mécanismes de’efficacité de l’EM. Plutôt que d’enregistrer la fréquenceoyenne de discours-changement, il a établi une taxino-ie de l’intensité des expressions du client concernant,’une part, le changement et, d’autre part, le maintienu comportement. Seules deux des six catégories linguis-iques mises en évidence par ce chercheur ont pu prédireirectement, et de facon fiable, le changement de compor-ement : il s’agit des premiers pas et de l’intensité de’engagement au changement du client. Ce n’est donc pasant la fréquence d’apparition dans le discours du cliente son intention de changer qui se révèle importante,ais l’intensité avec laquelle celui-ci l’exprime. Ainsi, plus

’intention de l’engagement au changement exprimée par lelient est forte, et plus son changement de comportementera effectif. En revanche, les quatre autres catégories,elles que le désir, la capacité (ou le sentiment d’efficacitéersonnelle), les raisons et le besoin de changer, ne pré-isent pas directement le changement de comportement,ais ont un effet prédictif sur l’intensité de l’engagement.

ar ailleurs, ce chercheur a montré que la prédiction la plusmportante concernant le discours d’engagement apparaîters la fin des séances d’EM. En revanche, le niveau de’engagement du client au début des sessions d’EM ne préditas le changement effectif de son comportement [14,26].

Cet effet de l’intensité du discours d’engagement dulient sur le changement de comportement a été éga-ement vérifié dans une étude portant sur une thérapieomportementale et cognitive destinée aux patients hospi-alisés dépendants de la cocaïne [27]. Puisque les déficitsognitifs sont fréquents dans la consommation abusivee certaines substances et que l’engagement au chan-ement est important dans le processus thérapeutique,es auteurs ont étudié la relation entre le fonctionne-ent cognitif des patients et la production des expressions’engagements verbaux durant la thérapie [27]. Plus parti-ulièrement, ils ont étudié les relations du fonctionnementognitif et de l’engagement au changement, ainsi que leshangements de celui-ci durant une séance de thérapieognitivo-comportementale et leur influence sur le change-ent de comportement. Ces chercheurs ont calculé à la fois

n score moyen de l’engagement au changement à traversous les segments d’une séance thérapeutique, ainsi qu’uncore concernant les changements survenus dans le discoursu client dans le sens d’un engagement plus important auhangement vers la fin de la séance. Ce dernier score (Com-itment Shift Score) a été calculé pour chaque patient, en

aisant la différence entre l’intensité de l’engagement auilieu de la séance et son intensité à la fin de la séance.

es scores moyens d’engagement au changement ont pré-it l’adhésion à la thérapie ainsi que la diminution effective

e la consommation de drogue, et ce indépendamment desapacités cognitives. Ces données suggèrent que les patientsui s’inscrivent à une thérapie comportementale et cog-

dcE

A. Csillik, C. Paillot

itive, avec un engagement à l’abstinence important ettable, réduisent effectivement leur consommation, et cendépendamment de leur niveau cognitif. Une autre étudeffectuée auprès de consommateurs de cocaïne a égale-ent montré qu’un engagement écrit et fort à l’abstinence,rédit un faible risque de rechute chez les consommateurs28].

onclusion

’objectif principal de cet article est de mettre en évi-ence les différentes formes de la reformulation dans deuxpproches thérapeutiques : la thérapie centrée sur la per-onne de Rogers, dont elle est issue, et l’EM, qui s’ennspire, ainsi que son rôle dans l’efficacité des psychothé-apies validées scientifiquement dont les TCC. Les étudesontrent que l’EM conduit à une production par le cliente discours-changement grâce aux stratégies utilisées, etotamment grâce à la reformulation. Cette stratégie permete reprendre tous les propos du client qui vont dans la direc-ion du changement souhaité, et de les renforcer, ce qui estensé conduire à un changement effectif de comportement.

Actuellement, les travaux de recherche s’inscrivant dansa mouvance initiée par Amrhein montrent que ce sont’intensité de l’engagement au changement du client etes premiers pas qui prédisent un changement durablee comportement. Les expressions de discours-changementels que le désir, la capacité, les raisons et le besoin de chan-er, ne déclenchent pas systématiquement d’elles-mêmese changement, mais elles annoncent le renforcemente l’engagement vers le changement. Cependant, il estncore trop tôt pour conclure quant à l’efficacité de’écoute réflective et du discours-changement. En effet,ertaines preuves s’accumulent graduellement pour lier unnsemble de comportements cohérents avec le style de’EM (MI-consistent behaviors) avec l’émergence de pluse discours-changement qu’avec d’autres approches ou unentervention minimale [23,24]. La plupart des études sure sujet comparent cependant l’EM dans son ensembleincluant les éléments relationnels relatifs à l’esprit de l’EM,t non seulement les techniques) à un traitement diffé-ent. Les données de recherche concernant le lien entre lesechniques de l’EM et le discours-changement sont encoreiscutées. Lorsqu’on analyse spécifiquement l’emploi de’écoute réflective dans l’EM, il n’y a cependant à cette dateucune preuve scientifique publiée qui prouve le lien entre’emploi de l’écoute réflective (prise séparément des autresechniques de l’EM) et les résultats du traitement.

Malgré son utilisation fréquente en psychologie,’efficacité thérapeutique spécifique de la technique dea reformulation est encore peu évaluée dans des étudesmpiriques. Cette technique est à ce point importanteans la maîtrise de l’EM qu’elle mériterait plus d’attentionans la littérature scientifique. En voici donc une directionntéressante pour la recherche : quel rôle joue réelle-ent l’écoute réflective, technique centrale de l’EM,ans son efficacité ? Ainsi, il serait intéressant de vérifier

u discours-changement du client et d’approfondir nosonnaissances quant à la technique de reformulation.n termes de pistes de recherche, il serait intéressant

Page 7: L’écoute réflective : un nouvel usage en psychothérapie, spécificités de l’entretien motivationnel

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L’écoute réflective : un nouvel usage en psychothérapie

d’étudier si certaines formes de reformulation conduisentà plus de discours-changement ou sont une expression plusprécise de l’empathie que d’autres ? Quels seraient lesmécanismes d’efficacité de l’écoute réflective ? D’autresquestions demeurent et nécessitent une attention particu-lière : quelles seraient les particularités des clients qui lesrendent plus ou moins réceptifs à cette technique ? Étantdonné la profondeur et la complexité du phénomène, ils’avère nécessaire d’approfondir la question et de mettreen place des recherches empiriques dans ce domaine.Cela offrira la possibilité d’apporter une aide efficace auxpersonnes en détresse psychologique et de mieux cibler lesinterventions psychothérapiques.

Déclaration d’intérêts

Les auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enrelation avec cet article.

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