L'économie française en 1986©sumé La chute du prix du pétrole, la faiblesse du prix des...

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Monsieur Patrick Allard Monsieur Pierre Villa L'économie française en 1986 In: Economie et statistique, N°201, Juillet-Août 1987. pp. 3-14. Citer ce document / Cite this document : Allard Patrick, Villa Pierre. L'économie française en 1986. In: Economie et statistique, N°201, Juillet-Août 1987. pp. 3-14. doi : 10.3406/estat.1987.5101 http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1987_num_201_1_5101

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Monsieur Patrick AllardMonsieur Pierre Villa

L'économie française en 1986In: Economie et statistique, N°201, Juillet-Août 1987. pp. 3-14.

Citer ce document / Cite this document :

Allard Patrick, Villa Pierre. L'économie française en 1986. In: Economie et statistique, N°201, Juillet-Août 1987. pp. 3-14.

doi : 10.3406/estat.1987.5101

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1987_num_201_1_5101

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RésuméLa chute du prix du pétrole, la faiblesse du prix des matières premières et la baisse continue du dollarmodifient profondément l'environnement international de la France et les conditions de la croissance.Les gains des termes de l'échange, qui représentent 2,2 % du PIB marchand, procurent un revenu quis'ajoute aux revenus de la croissance. Tous les agents en bénéficient. Mais le partage des revenus sedéforme à l'avantage des entreprises, au détriment des administrations et surtout des ménages. Eneffet, les entreprises ne répercutent pas complètement la baisse du prix des matières premièresimportées, les hausses de salaires sont modérées par rapport aux gains de productivité et le taux desprélèvements obligatoires diminue légèrement, principalement à cause de la baisse des cotisationssociales. La consommation augmente assez fortement. En effet, la désinflation permet de diminuerl'épargne affectée à la reconstitution des encaisses et elle accroît le pouvoir d'achat des intérêts reçuspar les ménages. Les comptes d'exploitation des entreprises s'améliorent : leur investissementaugmente plus que la consommation, mais insuffisamment pour combler le retard des annéesprécédentes.Le desserrement de la contrainte extérieure obtenu grâce à la baisse de la facture pétrolière permet undésendettement. Mais la forte réduction de l'excédent des échanges de produits industriels indique quela contrainte extérieure a changé de nature. Des problèmes structurels subsistent : insuffisance decapacités compétitives dans l'industrie, inachèvement de la désinflation, déficit tendanciel desadministrations sociales et montée continue du chômage.

AbstractThe French economy in 1986 - The drop in oil prices, the weakness in the price of raw materials and thecontinuing decline of the dollar profoundly modified France's international environment and theconditions for growth. The profits from trade terms, which represented 2,2 % of the trade GrossDomestic Product, procured revenue which was added to growth revenue. All agents benefitted from it.But revenue sharing was deformed to the advantage of companies and to the detriment ofadministrations and, above all, households. Indeed, companies did not completely pass on the drop inthe price of imported raw materials, salary raises were moderate in relation to gains in productivity, andthe rate of mandatory withholding decreased slightly, principally because of the lowering of socialcontributions. Consumption increased rather significantly. Disinflation permitted a decrease of savingsallocated for the reconstitution of reserves. It increased the purchasing power of interest received byhouseholds. On the other hand, while company development accounts improved, investment increasedvery little.The loosening of the foreign trade constraint, obtained thanks to the drop in the oil bill, permitted adiminution of debt. But the significant reduction of the trade surplus of industrial products indicated thatthe foreign constraint had changed in nature. Structural problems remained : insufficiency of competitivecapacity in industry, incomplete disinflation, deficit tendencies in social administrations, and acontinuous rise in unemployment.

ResumenLa economia francesa en 1986 - La caida del precio del petróleo, el escaso precio de las materiasprimas y la baja constante del dólar modifican profundamente el contexto internacional de Francia y lascondiciones del crecimiento económico. Las ganancias en terminos de intercambio, que representan2,2 % del Producto Interno Bruto comercial, proporcionan un ingreso que se anade a los beneficios delcrecimiento. Todos los agentes sociales benefician del mismo pero la distribución de la renta esdesigual ya que aventaja a las empresas en detrimento de la administración y sobre todo de loshogares. Ciertamente, en las empresas no se repercute completamente la baja del precio de lasmaterias primas importadas, el aumento de los salarios es moderado con relación a las ganancias deproductividad y la tasa de deducciones obligatorias disminuye levemente a causa de la baja de lascotizaciones sociales. El consumo aumenta considerablemente. La desinflación permite disminuir elahorro destinado a la reconstitución de los encajes, acrecentando el poder adquisitivo de los interesespercibidos por los hogares. Por el contrario, si bien las cuentas de explotaciôn de las empresasmejoran, la inversion aumenta poco.El aligeramiento de las obligaciones externas obtenido gracias a la baja del importe correspondiente a

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las importaciones petroleras trae aparejado un desendeudamiento. Pero la fuerte reducción delexcedente de intercambios de productos industriales indica que la presión externa cambió denaturaleza. Siguen subsistiendo problemas estructurales taies como la insuficiencia de capacidadescompetitivas en la industria, la persistencia de la desinflación, el déficit de la administración social y elaumento constante del desempleo.

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COMPTES

L'économie française

en 1986

par Patrick Allard, Pierre Villa *

La chute du prix du pétrole, la faiblesse du prix des matières premières et la baisse continue du dollar modifient profondément l'environnement international de la France et les conditions de la croissance. Les gains des termes de l'échange, qui représentent 2,2 °/o du produit intérieur brut marchand, procurent un revenu qui s'ajoute aux revenus de la croissance. Tous les agents en bénéficient. Mais le partage des revenus se déforme à l'avantage des entreprises, au détriment des administrations et surtout des ménages. En effet, les entreprises ne répercutent pas complètement la baisse du prix des matières premières importées, les hausses de salaires sont modérées par rapport aux gains de productivité, et le taux des prélèvements obligatoires diminue légèrement, principalement à cause de la baisse des cotisations sociales. La consommation augmente

assez fortement. En effet, la désinflation permet de diminuer l'épargne affectée à la reconstitution des encaisses, et elle accroît le pouvoir d'achat des intérêts reçus par les ménages. Les comptes d'exploitation des entreprises s'améliorent : leur investissement augmente plus que la consommation, mais insuffisamment pour combler le retard des années précédentes. Le desserrement de la contrainte extérieure obtenu grâce à la baisse de la facture pétrolière permet un désendettement. Mais la forte réduction de l'excédent des échanges de produits industriels indique que la contrainte extérieure a changé de nature. Des problèmes structurels subsistent : insuffisance de capacités compétitives dans l'industrie, inachèvement de la désinflation, déficit tendanciel des administrations sociales et montée continue du chômage.

La dévalorisation continue du dollar et la chute des cours du baril de brut sont à l'origine de la plus forte baisse du coût des importations de pétrole jamais enregistrée (53 % en moyenne sur 1986). Il en résulte un allégement de la facture pétrolière qui peut s'interpréter comme un surplus de revenu. Il peut être évalué, avant distribution entre les agents, en calculant l'économie entraînée par la variation des prix du pétrole entre 1985 et 1986, pour l'achat des quantités effectivement consommées en 1986. Le surplus est de 85 milliards de F. Il se décompose en une économie de 98 milliards de F sur les importations de pétrole brut et de produits raffinés et une perte de 13 milliards de F sur les exportations de produits raffinés. Il est distribué aux agents intérieurs par le jeu des baisses de prix des produits pétroliers qu'ils consomment. La répartition de ce surplus dépend donc de la diffusion de ces baisses le long des

filières de production, de leur importance, mais aussi de la fiscalité sur les produits pétroliers et de la structure des demandes des différents agents.

Le partage du surplus pétrolier

Si la baisse des prix a été plus forte en amont qu'en aval, la fiscalité spécifique a accentué les

* Pierre Villa fait partie de la direction des Synthèses économiques de l'INSEE et Patrick Allard du bureau des Projections économiques d'ensemble de la direction de la Prévision du ministère de l'Économie, des Finances et de la Privatisation.

L'article reprend pour l'essentiel la « vue d'ensemble » présentée au début du « Rapport sur les Comptes de la Nation de l'année 1986 », paru dans Les Collections de l'INSEE, série C, n° 142-143.

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DANS LES COLLECTIONS DE L'INSEE

SERIE C

COMPTES ET PLANIFICATION

RAPPORT SUR LES COMPTES DE LA NATION

1986

nouvelle présentation

Tome 1 LE RAPPORT : Document de synthèse sur la situation économique en 1986, telle que permettent de l'apprécier les comptes nationaux. Tome 2 COMPTES ET INDICATEURS ÉCONOMIQUES : Document de base regroupant par thème :

► les comptes nationaux ► les indicateurs macroéconomiques essentiels ► les tableaux de synthèse (tableaux économiques d'ensemble, tableaux d'opérations financières, tableaux d'entrées sorties) ► les notes méthodologiques et lexiques.

Les comptes nationaux sont présentés en base 1980. Cette nouvelle base conduit à une révision de données de longue période. Séries disponibles . 1977-1986.

LES COLLECTIONS DE L'INSEE

SÉRIE C COMPTES

ET aAMHCARON NM2-143

230 F Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

BON DE COMMANDE a retourner au CNGP INSEE BP 2718 80027 AMIENS Cedex Veuillez m'adresser exemplaire(s) de "RAPPORT SUR LES COMPTES OE LA NATION 1986" paru dans les collections de l'INSEE Série C n 142-143 au prix de 230F. Nom ou raison sociale Activité Adresse

.Tel

Ci-joint en règlement, la somme de. D cheque postal D cheque bancaire a l'ordre de 1INSEE

. F par D mandat.

Tableau 1

Répartition du surplus pétrolier En milliards de F

Répartition entre l'ensemble des agents

Ménages

32,8 Administrations

publiques

3,1

Entreprises (sauf raffineurs et distributeurs)

39,4 État

(TIPP et TVA) - 0,7

Raffineurs et distributeurs

10.4

Total

85,0

Répartition entre les entreprises Agriculture Sylviculture et pêche

3,0 Transports

pour autrui

9,9

Énergie

1.0 Commerce et services marchands

5,9

Industrie BTP

19,6 Total

entreprises hors pétrole

39,4

'Le surplus est évalué hors TVA déductible et après paiement de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP). Les indices de prix à la consommation des ménages, y compris TVA et TIPP (base 100 en 1985) étaient en 1986 : essence : 86,5, supercarburant : 85,2, gasoil : 79,9, fioul domestique : 70, 1. L'indice de prix du fioul lourd était de 65,0 et celui du naphta, pour la pétrochimie, de 42,0.

écarts. La presque totalité du surplus a été répartie entre les ménages (38,6 °/o) et les entreprises (58,6 %), dont 12 % au secteur pétrolier (tableau 1). Les raffineurs et les distributeurs ont retenu un surplus important, mais leur situation économique ne s'est pas autant améliorée à court terme, puisqu'ils ont subi des pertes supérieures au surplus en raison de l'obligation de détenir des stocks correspondant à 90 jours de vente 1. La répartition du surplus entre les autres entreprises s'est faite en fonction des prix et de l'importance de leurs achats de produits pétroliers. Les activités les plus bénéficiaires sont les industries chimiques — en particulier la pétrochimie — et les transports.

Le surplus de l'État collecteur d'impôt est négatif. La baisse des prix de vente du pétrole a réduit les recettes de TVA de 8,8 milliards de F tandis que l'augmentation du taux de la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP) a rapporté environ 8,1 milliards de F. Il ne faudrait cependant pas en déduire que les recettes ont diminué ex-post, car la croissance de la consommation (surtout en biens durables),

1. Cette obligation est commune à tous les pays de la Communauté économique européenne.

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Tableau 2

Répartition du revenu national En % du PIB

1981 1982 1983 1984 1985 1986

Ménages dont : Salaires nets

Prestations sociales Excédent brut d'exploitation des entreprises individuelles Revenu de la propriété Impôts sur le revenu et le patrimoine

Epargne brute des sociétés Revenu des administrations publiques Revenu des autres secteurs Solde des revenus et transferts avec le reste du

Monde

73,1 36,9 21,9

17,9 3,6

- 6,2 5,4

20,5 1,1

- 0,1

73,0 36,4 22,8 18,0 3,1 6,3 5,4

20,3 1,0 0,3

72,0 35,6 23,2 18,0 3,1 6,7 5,7

19,9 1,8 0,6

70,7 34,7 23,5

17,6 2,9 6,9 6,3

20,0 2,3 0,7

70,5 34,0 23,7

17,5 3,2 6,7 6,6

19,9 2,5 0,5

70,0 33,0 23,6

17,6 3,5 6,7 7,2

19,6 2,6 0,6

Source : Comptes nationaux annuels.

consécutive aux gains de pouvoir d'achat, a procuré des recettes supplémentaires.

La baisse des prix du pétrole et des autres matières premières procure des gains substantiels des termes de l'échange, et donc des revenus supplémentaires à l'ensemble des pays de l'OCDE. Elle accélère et confirme, surtout aux États-Unis et en République Fédérale d'Allemagne, le mouvement de désinflation antérieur. Elle procure aux ménages des gains de pouvoir d'achat, qui favorisent la croissance des demandes intérieures. La demande adressée à la France par les pays de l'OCDE continue donc de croître à un rythme relativement soutenu.

Au contraire, la baisse des recettes réelles d'exportation des matières premières et du pétrole se traduit par une forte réduction de la demande des pays de l'OPEP, des autres pays en développement et des pays de l'Est. En raison d'une spécialisation géographique plus défavorable, parce que axée sur les pays pétroliers et les pays en développement, la France connaît un ralentissement de la demande mondiale en produits industriels beaucoup plus important que ses principaux partenaires commerciaux.

Le partage du revenu : avantage aux entreprises...

Les revenus tirés des gains de termes de l'échange (2,4 % de hausse du rapport prix du PIB marchand/ prix de la demande intérieure) s'ajoutent à ceux tirés de la croissance (2,2 °/o aux prix de 1980). La répartition des revenus résulte non seulement du partage primaire du revenu mais aussi de la politique fiscale.

du développement des marchés financiers ainsi que des mouvements de prix relatifs occasionnés par la baisse du dollar et du prix des matières premières. Globalement, le surplus pétrolier et la croissance ont bénéficié à toutes les grandes catégories d'agents grâce à la désinflation. Cependant le partage des revenus s'est déplacé à l'avantage des entreprises (0,6 point) et du secteur financier (0,1 point), au détriment des administrations (— 0,3 point) et surtout des ménages ( — 0,5 point) (tableau 2).

Les entreprises ont pu accroître fortement leurs marges bénéficiaires en ne répercutant pas totalement les baisses de prix des matières premières et en obtenant des gains de productivité du travail supérieurs à la croissance du salaire réel. Ce comportement a surtout bénéficié aux entreprises situées en amont des filières (énergie, transports, biens intermédiaires). Il s'agit là d'une inversion des tendances observées dans le passé pour ces industries, où le taux de marge était relativement plus bas. La diffusion de la baisse des prix des produits importés a donc été entravée, provoquant ainsi une distorsion des prix relatifs : le prix du PIB marchand augmente de 5,0 %, celui de l'investissement de 2,6 °/o, celui de la consommation de 2,7 %.

Le taux des prélèvements obligatoires baisse très légèrement sous l'effet de mesures fiscales et de l'évolution des assiettes. Pour l'impôt sur les sociétés, la baisse du taux d'imposition de 50 °/o à 45 % a été compensée par la hausse des acomptes. La baisse du prix du pétrole et des emplois intérieurs taxables, qui sont la base de calcul de la TVA, ont plus que compensé la hausse de la taxe intérieure sur les produits pétroliers. Enfin les rentrées de prélèvements sociaux reflètent la baisse de la part des salaires dans la valeur ajoutée.

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IMA'

Pour constituer un ensemble cohérent de données individuelles et statistiques sur les entreprises, l'INSEE a mis au point SUSE:Systè- me Unifié de Statistiques d'Entreprises. Ces données sont issues à la fois des enquêtes annuelles d'entreprises et des déclarations fiscales au titre des Bénéfices Industriels et Commerciaux.

Une première présentation des résultats à un niveau relativement agrégé sur l'ensemble du système productif marchand a été élaborée dans la collection INSEE n° E92 sous le titre Images Economiques des En

treprises. Faisant suite à cet ouvrage et afin de

fournir des informations sectorielles beaucoup plus détaillées, sept dossiers ont été publiés.

N°5 Les Biens

de Consommation

Courante 72 F

Dans cette première version chaque cahier comprend pour chaque secteur d'activité des données sur la structure des entreprises par tranche d'effectifs et de chiffres d'affaires, sur leur concentration et sur la diversité des branches, mais aussi les listes des plus grandes unités.

Ouvrages publiés dans la série Archives et Documents CONSULTATION, VENTES: B 51 Dans les observatoires économiques régionaux de l'INSEE (adresse en fin de publication) et chez les libraires spécialisés.

S.VCX33 Institut National de laStatistiqueetdes Etudes Economiques

Energie, Transports & Télécom

munications 82 F

Industries Agricoles

& Alimentaires

52 F

Les Biens d'Equipement

72 F Les Biens Intermédiaires

72 F

... au détriment des salariés

La baisse de la part des revenus des ménages s'opère surtout au détriment des salariés. Ceux-ci ont bénéficié de hausses de salaire assez faibles en regard des gains de productivité globale (deux points d'indice rétroactifs pour les fonctionnaires en début d'année, glissement du SMIC de 3,4 %, hausse du taux de salaire horaire nominal ouvrier de 4,2 o/o contre 2,3 °/o de croissance de la productivité horaire et 5 o/o de prix du PIB marchand). En revanche, les revenus de la propriété (dividendes et surtout intérêts) augmentent fortement en raison du remboursement de l'emprunt obligatoire de 1983, de la rigidité à la baisse des taux d'intérêt et de l'amélioration des résultats des entreprises.

La croissance incertaine

La croissance en 1986 est supérieure de près d'un point à celle de 1985. Ce mouvement tranche avec l'évolution relativement morne des trois années précédentes et repose sur une forte reprise de la demande intérieure (tableau 3). La bonne tenue de l'investissement se conjugue à la consommation pour stimuler de façon importante les importations, alors que les exportations déclinent en raison de pertes de parts de marché (tableau 4). Toutefois, l'importance de la contribution des stocks à la croissance du PIB (0,7 point, soit autant que l'investissement) et l'affaiblissement au cours de l'année des principaux ressorts de la croissance amènent à nuancer l'appréciation du bon résultat de l'année dans son ensemble.

La reprise de la consommation des ménages correspond au redressement de la croissance du pouvoir d'achat du revenu des ménages qui commence dès le début de l'année 1985. En 1986, l'amélioration du revenu est acquise pour l'essentiel dès le premier trimestre de l'année sous l'effet d'une forte progression du pouvoir d'achat des revenus salariaux et sociaux (y compris prestations sociales) à laquelle s'ajoute le paiement des intérêts de l'emprunt obligatoire de 1983. La consommation des ménages stagne au quatrième trimestre en dépit du gonflement des revenus de la propriété et de l'entreprise qui compense partiellement l'impact du freinage des revenus salariaux et sociaux maintenu à partir du second trimestre.

Investissement : une reprise fragile

La croissance de l'investissement des entreprises est plus forte en 1986 (4,0%) qu'en 1985 (1,9 %). Mais cette reprise est mal assurée. L'investissement

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Tableau 3 La croissance du Produit intérieur brut marchand

Taux de croissance aux prix de 1980 Années 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986

PIB marchand Importations Total

Consommation nette des administrations Consommation finale des ménages Investissement dont : Sociétés et quasi-sociétés et entre

prises individuelles Exportations Demande intérieure hors stocks

Valeur ajoutée des branches manufacturières

Effectifs salariés des branches manufacturières

Effectifs salariés des branches marchandes non agricoles

1.5 2,5 1,8

1,0 2,1 0,4

2,4 2,6 2,4

0,5 2,7 0,2

1,4 2,8 1,7

1,4 4,7 2,1

2,2 6,6 3,1

3,2 1,3 2,6 4,8 2,7 1,7

5,8 2,1 1,9 2,9 3,7 1,2

4,8 3,5 1,4 0,0 1,7 2,3

1,7 1,0 3,6 4,4 3,7 0,2

0,2 1,0 2,3 2,1 7,1 0,1

3,3 2,4 1,1 1,9 2,1 2,2

5,0 3,5 3,0 4,0 0,6 3,4

0,2 1,6

0,0

1,8 3,7

-1,3

0,2 1,7

0,2

1,1

2,4

1,1

0,2 3,3

1,8

1,1 3,4

1,7

0,2 2,5

0,4

Source : Comptes nationaux annuels.

Tableau 4

Contribution à fa croissance du Produit intérieur brut marchand En points de PIB marchand aux prix de 1 980

Consommation nette des branches non marchandes Consommation des ménages Investissement .%

dont : sociétés et quasi-sociétés et entreprises individuelles. Variations de stocks Commerce extérieur

Exportations Importations

Total .

1982

0,3 2,4 0,4 0,0 1,2 1.1 0,4 0,7

2,4

1983

0,1 0,7 0,9 0,6 1,0 1,6 0,9 0,7

0,5

1984

0,0 0,7 0,6 0.3 0,1 1,1 1,8 0,7

1.4

1985

0,1 1,7 0.3 0,2 0,1 0,6 0,6 1,2

1.4

1986

0,3 2,4 0,7 0,5 0,7 1,9 0,2 1,7

2,2

Source : Comptes nationaux annuels.

des grandes entreprises nationales augmente de 3,1 °/o. Mais leur investissement productif décroît de 3 °/o tandis que leur investissement logement retrouve un niveau normal après d'importantes cessions d'actifs immobiliers par les charbonnages- en 1985. L'investissement baisse dans l'énergie (contre-choc pétrolier et ralentissement du programme électronucléaire) et augmente dans les transports et télécommunications. Les services marchands et les commerces jouent un rôle moteur. Leur formation brute de capital fixe augmente respectivement de 12,3 % et 11,3%. De même, l'investissement dans le bâtiment repart (3,8 °/o contre — 5,5 % en 1985). Dans l'industrie manufacturière, l'investissement décélère

(3,5 % en 1986 contre 10,7 °/o en 1985). Il s'accélère pour les industries de matériels de transport terrestre et pour les biens de consommation courante alors qu'il décélère pour les biens d'équipement professionnel (8,9 % contre 20,2 °/o en 1985) et diminue pour les biens d'équipement ménager ( — 1,4 % contre 13,2 % en 1985) ainsi que les industries intermédiaires (— 2,2 % contre 12,7 °/o en 1985). L'investissement des entreprises non financières ne paraît plus guère souffrir de contraintes de financement : le taux d'autofinancement retrouve en 1986 un niveau élevé, comparable à ceux prévalant avant le deuxième choc pétrolier. À un niveau sectoriel, cependant, le rétablissement des résultats d'exploitation peut être encore

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Tableau 5 Résumé des échanges avec le reste du monde

En milliards F Soldes 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986

Echanges de biens dont : industrie

énergie Échanges de services dont : tourisme Echanges de biens et services Opérations de répartition Capacité de financement de la Nation

87,6 35,1

133,5 53,2 9,2

34,4 15,7 18,7

87,1 55,4

162,6 56.6 7,7

30,5 2,7

27,8

136,4 29,7

179,6 67,2 11,7 69,2 10,7 79,9

88,4 60,2

168,9 81,7 21,8 6,7

28,3 35,0

69,3 97,1

190,5 97,9 28,6 28,6 32,5 3,9

69,4 83,0

181,9 97,4 30,1 28,0 26,7 1,3

- 33,1 32,7

- 91,4 85,7 21,8 52,6

-23,7 28,9

Source : Comptes nationaux annuels.

insuffisant, comme c'est le cas dans l'automobile, pour lever toute contrainte financière sur l'investissement.

Malgré la vigueur de la demande intérieure en 1986, les pertes de parts de marchés intérieures et extérieures enregistrées par les producteurs nationaux (sauf dans l'automobile) ont pu atténuer, voire annuler l'effet d'accélération habituel dans une phase de reprise de l'activité. L'impact de la demande sur l'investissement (effet d'accélération) dépend en effet de la capacité des producteurs à capter celle-ci, c'est-à-dire de la compétitivité de l'offre en termes de prix et de produit.

En 1986, comme l'année précédente, les petites et les moyennes entreprises (de moins de 500 salariés) font preuve de plus de dynamisme en matière d'investissement que les grandes, quoiqu'elles bénéficient moins de la nette amélioration des résultats. Les petites et moyennes entreprises (surtout celles de moins de 100 salariés) prennent le relais des grandes entreprises en 1986 pour assurer la poursuite de la reprise de l'investissement industriel entamée en 1984.

Le rythme de croissance de la production a réagi à l'accélération de la demande dans chaque secteur, mais la mauvaise appréciation de l'évolution de celle- ci par les industriels et les commerçants à partir du milieu de l'année a conduit à un gonflement des stocks. Les stocks utilisateurs et les stocks des commerces se sont accrus de 20,1 milliards de F de 1980 mais les stocks producteurs ont légèrement diminué (— 3,2 milliards de F 1980).

La contrainte extérieure change de nature

Cette croissance moyenne est accompagnée d'un considérable accroissement du solde des échanges de

biens et services, la baisse de la facture pétrolière masquant la dégradation du solde des produits manufacturés (tableau 5). L'amélioration des échanges commerciaux résulte intégralement de gains de termes de l'échange (108,5 en 1986 contre 98,8 en 1985 et 96,5 en 1984, base 100 en 1980). Ainsi le taux de couverture en valeur augmente (105,1 en 1986 contre 102,6 en 1985), mais en volume l'évolution est défavorable. Les importations augmentent de 6,6 % alors que les exportations diminuent de 0,6 % après les augmentations de 7,1 et 2,1 % l'année précédente. Il y a plusieurs explications. Tout d'abord, la demande des pays hors OCDE baisse. Ensuite, la France enregistre un décalage conjoncturel avec les pays de l'OCDE : la demande intérieure augmente de 3,7 % en France contre 3,2 dans ces pays. De plus, les entreprises françaises ont perdu leur compétitivité aussi bien sur le marché intérieur (—4,1 points) que sur les marchés extérieurs ( + 2,1 points vis-à-vis de nos quatre principaux concurrents du Système monétaire européen, mais — 0,9 point vis-à-vis des sept principaux partenaires de l'OCDE). Enfin, en raison d'une spécialisation géographique axée sur les pays en développement ou les pays de l'OPEP, la demande mondiale en produits manufacturés augmente moins vite pour la France que pour ses principaux concurrents ( + 3,2 °/o contre 4,3 °/o pour l'OCDE). Il en résulte une diminution des exportations de produits industriels (0,2 °/o) et une augmentation du volume des importations (8,0 %) que ne peut compenser la baisse des prix du commerce international parce que celle-ci joue aussi bien pour les importations que pour les exportations. Le prix des exportations baisse de 2,5 % tandis que le prix des importations diminue de 2,8 o/o.

Cependant le solde des transferts avec le reste du monde, tout en restant négatif, s'améliore à la faveur de la baisse des taux d'intérêt nominaux et du cours du dollar. Les évolutions de ces différents soldes permettent de dégagef. une capacité de financement de la nation de 29 milliards de F.

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- X fu

Tableau 6 Equilibre Epargne - Investissement

En % du PIB

Épargne brute privée dont : ménages

sociétés institutions financières et administrations privées

Besoin de financement des administrations Investissement privé Variations de stocks Capacité de financement de la nation

1982

18,8 12,6 5,4 0,8

1983

18,7 11,5 5,7 1,5

1984

18,7 10,3 6,3 2,1

1985

18,6 9,8 6,6 2,2

1986

19.5 9,8 7,2 2,5

2,7 18,0 0,3 2,2

3,1 17,1 0,6 0,9

2,7 16,5 0,3 0,8

2,9 16,1 0,4 0,0

2,9 15.9 0,1 0,6

Source : Comptes .nationaux annuels.

L'analyse de l'équilibre global épargne-investissement donne un éclairage différent de la manière dont a été obtenu l'excédent de la balance courante (tableau 6). Le partage des revenus s'est déplacé des ménages vers les entreprises, qui ont accru fortement leur taux d'épargne et leur taux d'autofinancement. De plus les ménages ont accru leur taux d'épargne financière. On assiste donc à une croissance de l'épargne privée (près d'un point de part de PIB), supérieure à celle de l'investissement. Le déficit des administrations est stationnaire à 2,9 points de PIB.

Ainsi, la réduction de la part des revenus des ménages dans le PIB et la croissance modérée de l'investissement procure un excès d'épargne sur l'

investissement. La capacité de financement de la Nation ainsi dégagée a été mise à profit pour opérer un désendettement. De l'ordre de 480 milliards de F en fin d'année, la dette extérieure a diminué de 67 milliards de F, dont 46 résultent de remboursements et 21 de modifications de parité.

Le rétablissement de la situation financière des entreprises

Après un étiage de 1980 à 1983, le taux de marge des sociétés du secteur concurrentiel s'est redressé de plus en plus rapidement (25,1 °/o en 1984, 25,9 en 1985, 28,1 en 1986), pour atteindre un niveau supérieur à celui d'avant le deuxième choc pétrolier. Ce redressement est imputable à deux facteurs. D'une part les entreprises n'ont que partiellement répercuté dans leurs prix en 1985, et surtout en 1986, le ralentissement puis la baisse des prix des consommations intermédiaires. Ainsi la hausse importante du taux de valeur ajoutée (44,9 % en 1984, 47,5 % en

1986) s'oppose à la baisse observée lors du deuxième choc pétrolier en 1979 et 1980. De plus, la part des frais de personnel dans la valeur ajoutée diminue de manière continue depuis 1983, pour atteindre un niveau inférieur à celui qui prévalait entre les deux chocs pétroliers (64,2 % en 1986 contre 66,6 % en 1977). La forte baisse de 1986 (plus de 2 points), obtenue sans diminution notable des charges sociales traduit les effets de la modération des salaires et de la brusque remontée du taux de valeur ajoutée.

Le taux d'épargne des sociétés (épargne brute/ valeur ajoutée), qui se redresse depuis 1982, atteint en 1986 un niveau comparable à celui de l'entre- deux-chocs pétrolier. Sa hausse (12,7 % de la valeur ajoutée en 1986 contre 11,1 % en 1985) est plus forte que celle du taux de marge, malgré la croissance de l'impôt sur les sociétés et des frais financiers. En outre, rapportés à l'excédent brut d'exploitation, les intérêts versés continuent de diminuer, confirmant l'amélioration de la solvabilité des entreprises en cours depuis 1983.

L'évolution des ratios de rentabilité en 1986 marque une accentuation du redressement en cours depuis 1984 (encadré p. suivante). L'amélioration est suffisamment ample pour assurer une remontée de la profitabilité, malgré la rigidité à la baisse des taux d'intérêts réels. Le taux de rentabilité brute d'exploitation progresse de deux points. Compte tenu de la baisse de la productivité du capital et du taux d'utilisation depuis le début des années soixante-dix, ce ratio ne retrouve pas son niveau d'avant 1973, mais dépasse nettement celui de 1978-1979. La rentabilité économique nette de la totalité de l'actif se rétablit sensiblement au-dessus de son niveau de 1979, r

etrouvant même celui de 1974. La rentabilité financière a été profondément affectée par la montée des frais financiers réels depuis le début des années 1980. Malgré un redressement en 1986 (plus d'un point), elle ne parvient pas à se rétablir à son niveau d'avant

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On s'est efforcé de rester près de la méthodologie retenue pour les évaluations antérieures. Mais dans un souci de précision, on a légèrement modifié la définition des ratios. Les différences d'évaluation avec les précédents rapports sur les comptes portent principalement sur la mesure des actifs non financiers. Ces derniers comportent outre le capital fixe net, les stocks, les terrains déjà retenus dans les publications antérieures, les logements et les immobilisations incorporelles. De plus les aides à l'investissement ont été incorporées à l'autofinancement La rentabilité des en-

QUELQUES INDICATEURS DE RENTABILITÉ ET DE COÛT treprises est évaluée à partir des trois indicateurs définis ci- après.

Le taux de rentabilité brute d'exploitation P1 = Excédent brut d'exploitation/capital fixe productif. Le capital fixe brut est composé des équipements et des bâtiments. Il est évalué à la valeur moyenne de l'année et calculé comme la demi-somme des encours de fin d'année.

Le taux de rentabilité économique Autofinancement + intérêt, dividendes, loyers, redevances sur brevets et licences nets versés

P2 + participation des salariés + Impôts sociétés — amortissements Actifs non financiers

Les actifs non financiers comprennent le capital fixe productif net des amortissements, les stocks, les terrains, le logement et les actifs immatériels. Ils sont calculés en milieu d'année. L'autofinancement comprend l'épargne brute

et les aides à l'investissement Les dividendes s'entendent y compris avoir fiscal, tandis que l'impôt sur les sociétés est minoré des avoirs fiscaux utilisés l'année précédente par les ménages.

Le taux de rentabilité financière P2 _ Autofinancement + dividendes + participation des salariés 4- érosion de la dette amortissements

Fonds propres au coût de renouvellement En %

1971 1972 1973 1974 1975 1976 1977 1978 1979 1980 1981 1982 1983 1984 1985 1986

Rentabilité

Brute

18,1 18,3 17,5 16,5 14,2 14,1 13,8 13,5 13,5 12,7 11,8 11,9 11,9 12,2 12,7 14,5

Economique

8,7 9,0 8,6 7,7 6,2 6,5 6,1 5,9 6,2 5,8 5,2 5,1 5,2 5,8 6,1 7,8

Financière

7,2 7,9 7,6 6,6 6,7 5,8 5,0 5,7 6,3 5,5 3,9 3,9 3,7 3,6 3,9 5,1

Coûts d'opportunité

Rendement nominal des obligations de 1re catégorie

8,4 8,0 9,0

11,0 10,3 10,5 11,0 10,6 10.9 13,8 16,3 16,0 14,4 13,4 11,9 9,1

Taux d'intérêt apparent de la dette nette des sociétés

10,5 10,9 10,8 12,6 11,0 10,5 10,2 9,2 9.0

11,0 12,9 13,4 12,9 12,8 11,7 11,6

Hausse moyenne du prix

du PIB marchand aux prix de 1970

5,4 6,0 7,4

10,3 12,7 9,7 8,5 9,2

10,3 12,0 11,3 12,2 9,4 6,8 6,1 4,3

Ratio dette nette sur fonds propres

29,0 30,8 32,1 32,6 31,6 30.6 31.5 31,3 30,1 28,9 26,8 25,9 26,3 26.6 27,4 26,4

Sources : Comptes nationaux base 1971, Comptes de patrimoines. Comptes de secteurs. Banque de France. Champ : Sociétés et quasi-sociétés non financières, hors grandes entreprises nationales.

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n

'■- /A

D'OPPORTUNITÉ L'érosion de la dette est le produit de la dette en milieu d'année par le taux de croissance annuel du prix du PIB marchand. Ce ratio est le taux de croissance des fonds propres réels si les dividendes sont réinvestis. On entend par fonds propres, la valeur nette des entreprises, c'est-à-dire l'ensemble des actifs non financiers moins l'endettement. Ce dernier est le solde des dettes et des créances en obligations, crédit et liquidités. Ce calcul ne tient pas compte des actions détenues par les sociétés, ni des plus-values qu'elles pourraient générer; mais il tient compte des parts d'OPCVM (1) détenues qui apparaissent comme des substituts aux liquidités. Ces ratios peuvent être rapprochés de coûts d'opportunité différents selon les agents économiques et les choix envisagés. On obtient ainsi des indicateurs de profitabilité. On présente comme mesure des coûts d'opportunité : — le rendement avant impôt des obligations de première catégorie; — le coût apparent de la dette pour les entreprises. Les calculs ont été faits en base 1971 par suite de l'indisponibilité des données de capital productif en base 1980. Les données pour 1985 et 1986 sont des évaluations. Les résultats pourraient différer quelque peu en base 1980 : les hôpitaux ne sont plus considérés comme des sociétés, l'investissement inclut la FBCF en crédit-bail, les variations de stocks et les appréciations sur stocks ont été réévaluées.

1. Organisme de placement collectif en valeurs mobilières (Sicav, fonds communs de placement..).

l

le second choc pétrolier. La profitabilité courante de l'investissement par rapport aux placements en obligations publiques reflète la diminution de la rentabilité financière des investissements passés et la montée des taux d'intérêts réels. Elle reste à un niveau historiquement bas, même si son évolution confirme un redressement.

L'amélioration de la situation financière des sociétés se traduit également dans leur structure de bilan. Ainsi, après avoir augmenté jusqu'en 1974, le ratio endettement net/fonds propres a diminué fortement ensuite (si l'on mesure les fonds propres à partir d'actifs physiques évalués à leur coût de renouvellement). Depuis 1982, il est à peu près stable. Au cours de cette dernière période les entreprises ont fortement augmenté leurs ressources en fonds propres. Cela pourrait signifier que, depuis 1982, elles maîtrisent mieux leur endettement.

Des déséquilibres importants subsistent

L'économie sort assainie du contre-choc pétrolier : la désinflation et l'excédent de la balance courante sont obtenus malgré la croissance de la consommation et de l'investissement, dans un contexte de modération de la croissance des dépenses publiques. Cependant cette situation cache quatre problèmes durables.

L'industrie peu compétitive

Pour des raisons structurelles — spécialisation par produit et orientation géographique des exportations défavorable, compétitivité fragile — l'industrie n'a pas pu satisfaire la demande. Il en résulte un accroissement du taux de pénétration et des pertes de parts de marché à l'extérieur (tableau 7).

Les industries intermédiaires sont confrontées à un problème de rentabilité de l'offre. Malgré un investissement important dans le passé, qui visait surtout des gains de productivité (baisse des effectifs), le taux de pénétration augmente. À cause de baisses de prix inférieures à celles des importations, le secteur perd des parts de marchés et n'a pas suffisamment de capacités compétitives.

Les industries de biens d'équipement professionnels seraient en partie inadaptées à la demande. En effet, malgré un important investissement de capacité (la productivité horaire du travail augmente peu), le taux d'utilisation diminue tandis que la demande intérieure s'accroît fortement. Cette inadaptation est sen-

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Tableau 7 Quelques indicateurs de la situation dans l'industrie

Taux de croissance en % et aux prix de 1 980 Importations

Volume Prix Taux de pénétration

Production

Volume Prix Coût

salarial par unité produite Productivité

du travail

Exportations

Volume Prix

Biens intermédiaires : 1984 1985 1986

Biens d'équipement professionnel 1984 1985 1986

Matériels de transport terrestre : 1984 1985 1986

Biens de consommation courante 1984 1985 1986

Biens d'équipement ménager : 1984 1985 1986

Ensemble : 1984 1985 1986

5,9 6,1 7,5

1,8 6,2 5,0

- 3,9 5,8 7,1

3,1 3,9

10,1

5,6 10,8 29,0

3,1 5,8 8,2

11,0 2,4

- 8,0

9,9 4,9 0,0

8,2 4,9 5,7

10,2 5,9

- 1,5

3,3 - 1,4 - 1,3

9,9 3,9

- 2,9

28,7 30,4 31,9

34,1 34,9 35,9

32,2 34,7 34,6

21,2 22,0 23,4

41,1 47,7 52,5

28,5 29,9 31,2

2,0 1,1 0,4

0,7 0,7 0,1

5,0 2,4 5,6

0,4 0,4 0,7

1,7 1,5 8,0

0,1 0,7 1,1

8,8 5,6 2,5

9,7 6,6 2,6

8,5 6,0 2,6

8,5 6,0 3,3

4,0 4,3 3,8

8,9 6,0 0,9

2,1 2,8 2,1

7,3 4,8 1,7

10,1 3,3

- 7,8

7,0 4,2 3,3

3,2 1,5

- 7,4

5,7 3,6 1,1

6,5 2,4 2,4

2,1 1,3 1,9

- 0,2 4,3

12,1

3,8 3,5 2,7

5,8 6,8

12,3

3,9 2,6 3,5

8,5 3,5 0,0

6,5 - 5,2 - 2,0

3,2 1,9 2,8

8,8 4,4

- 1,8

7,3 5,8

13,9

7,1 0,6

- 0,4

10,3 3,9

- 7,3

11,9 8,9

- 0,6

9,7 4,4 2,6

9,5 5,4 0,1

9,8 6,3 1,9

10,5 5,8

- 2,3

Source : Comptes nationaux trimestriels.

sible aussi sur les marchés extérieurs puisque les exportations diminuent en 1986.

L'industrie automobile enregistre une amélioration. Le taux de pénétration sur le marché intérieur diminue tandis que les exportations augmentent. Cette situation est le fruit d'investissements de productivité (les investissements augmentent de 5,8 % et la productivité du travail de 12,1 % en 1986). Mais les marges restent serrées : selon l'indice de prix trimestriel des véhicules, la hausse des prix en cours d'année des modèles français n'a été que de 5 % au lieu de 7,3 %. pour les modèles étrangers.

Les industries de biens de consommation courante souffrent d'un manque de capacités compétitives. Par exemple, les hausses de prix dans l'habillement ou le textile traditionnel et synthétique semblent importantes en regard de la baisse du coût des matières premières : laine et coton (jusqu'à l'été), pétrole. Le taux de pénétration augmente, bien que la croissance

de la demande intérieure soit modérée; les exportations diminuent.

Les industries de biens d'équipement ménagers manquent surtout de la capacité technique à produire certains biens. Malgré la croissance des investissements de capacité et de productivité dans le passé, ces industries ne peuvent satisfaire la très forte demande des ménages de l'année 1986. Le taux de pénétration augmente de cinq points. Par contre, les exportations croissent fortement. Il y a donc une spécialisation croisée accrue dans ce secteur.

La désinflation inachevée

Malgré la décélération très sensible des prix de détail (glissement annuel de 2,1 °/o en 1986 contre 4,7 % en 1985), le mouvement de désinflation reste

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Graphique

Ecart d'inflation avec les principaux partenaires

Ordonnée» arithmétiques

l'indice des prix :

toujours d'actualité

1981 'L'indice des prix des principaux partenaires est une moyenne géométrique des indices de prix de détail en monnaie nationale des pays de I'O.C.D.E. Les pondérations correspondent à la part dans les exportations industrielles vers le reste du monde des principaux partenaires de la France, au cours des années 1976-1978, aux prix et aux taux de change courants : République fédérale d'Allemagne (31,8 %), Royaume- Uni (14,4 %), Italie (1 1,4 %), Belgique (9,2 %), Pays-Bas (7,3 %).

inachevé. La croissance des prix de détail a suivi en 1986 l'évolution des prix des produits pétroliers : l'inflation diminue fortement au premier semestre, se stabilise au second. Hors énergie, le gain est beaucoup plus faible (4,0 % en 1986 contre 5,2 °/o en 1985). Si l'écart France- Allemagne a diminué de 3,3 points à 2,6 points hors énergie, il a augmenté lorsqu'on introduit les produits pétroliers (+ 2,6 points fin 1984, + 0,5 point en février 1986 et + 1 point fin 1986). L'écart d'inflation avec les principaux partenaires s'est accru au cours de l'année (0,6 point en janvier pour 1,1 point en décembre), (graphique ci-dessus).

Les problèmes de financement des administrations publiques

Le déficit des administrations reste important pour des raisons structurelles. Le besoin de financement de l'État se réduit de 16 milliards de F, passant de 3 °/o du PIB en 1985 à 2,5 % en 1986. Les recettes fiscales augmentent faiblement, ce qui permet de poursuivre la baisse du taux des prélèvements obliga-

Pour tout comprendre depuis sa définition jusqu'à son calcul, consultez la 2e édition de l'ouvrage de référence. Vous y trouverez, sous une forme claire et accessible, une information de première main sur : • ce qu'est un indice des prix, • les méthodes d'observation et de calcul mises en oeuvre à I'lNSEE, • les résultats que l'on peut attendre de cet instrument, ouvrage, format 16x24, 134 pages, prix : 40 F. ?QQ Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques

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Ci-joint en règlement la somme de :_ □ mandat □ chèque bancaire □ chèque postal à l'ordre de l'INSEE.

Francs

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toires entamée en 1985 (—0,1 point de PIB en 1986). Cette évolution va de pair avec une moindre croissance des dépenses obtenue grâce au freinage des dépenses de fonctionnement (— 0,7 point de PIB) et de transferts (— 0,2 point de PIB). Par contre la charges des intérêts de la dette continue de croître (0,4 point de PIB) en raison de la rigidité des taux d'intérêt nominaux et du poids de la dette passée. Surtout, la Sécurité sociale est en déficit. Par delà le jeu des mesures exceptionnelles, on peut estimer que la dégradation du régime général est proche de sa tendance de moyen terme, de l'ordre de 15 milliards de F par an, liée à une augmentation des dépenses (consommations médicales) plus rapide que celle des recettes qui évoluent comme la masse salariale.

L'augmentation tendancielle du chômage

Après une stabilisation au cours de l'année 1985 à 10,2 °/o, le taux de chômage n'a cessé de croître : de 10,2 °/o au mois de janvier 1986 à 10,7 % au mois de décembre, alors qu'il a régressé en République Fédérale d'Allemagne. La population active continue de croître au rythme de 230 000 personnes par an, dont 160 000 par effet démographique et 70 000 du fait de l'augmentation des taux d'activité. L'activité des femmes augmente toujours (+ 100 000), alors que celle des hommes diminue, reflétant l'entrée plus tardive des jeunes sur le marché du travail. Par ailleurs, l'abaissement de l'âge de la retraite épuise ses effets (40 000 partants entre mars 1 985 et mars 1986), d'autant plus que les dispositifs institutionnels qui ont encouragé les sorties d'activité ont disparu, sauf les départs en préretraite pris en charge par le Fonds national de l'emploi.

Face à l'accroissement des disponibilités de main- d'œuvre, l'emploi total est stable et l'emploi salarié augmente faiblement dans l'ensemble des entreprises non financières non agricoles (0,3 % en glissement). Seul le secteur tertiaire crée des emplois. Les effectifs totaux s'accroissent de 100 000 dans les services et les commerces. La baisse de l'emploi est fortement freinée dans le bâtiment-génie civil et agricole grâce à la reprise de l'activité. Par contre, l'emploi continue à diminuer dans l'industrie. Il faudrait une croissance très forte, compte tenu des tendances du progrès technique pour que l'emploi industriel puisse être maintenu.

La quasi-stabilité de l'emploi en 1986 résulte du développement de formes particulières d'emplois : contrats d'adaptation et de qualification (près de 200 000 entrées en 1986), stages d'initiation à la vie professionnelle, dont le nombre de titulaires passe d'environ 20 000 en début d'année à 70 000 en fin d'année. Les contrats d'embauché à durée déterminée se sont également développés en 1986. L'extension de ces formes d'emploi précaires compense difficilement la baisse des emplois stables. Elle rend plus floue la frontière entre chômage et emploi et peut conduire à modifier l'appréciation sur l'évolution du chômage. Le travail intérimaire, les contrats à durée déterminée, les travaux d'utilité collective ou les formations en alternance représentent en mars 1986 un million de personnes, soit 4,6 % des actifs occupés et 5,5 °/o des salariés. Leur développement entraîne aussi une modification de la structure des demandes d'emploi : les fins de contrats temporaires représentent maintenant près de la moitié des causes d'entrée à l'Agence nationale pour l'emploi. Cependant, le chômage des jeunes est moins élevé au sortir de l'année 1986 en raison du plan d'emploi des jeunes, qui est venu relayer le dispositif des Travaux d'utilité collective : le taux de chômage des moins de 25 ans, qui avait dépassé 25 °/o à la fin de l'année 1984 est passé en dessous de 23 °/o à la fin 1985 pour atteindre 22 % fin 1986. □

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