L'Ecole valaisanne, juin 1960

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9 JUIN 1960 IVr.1E ANNÉE L1'ECOLE VALAISA E

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Nil 9 - Juin 1960 L'ECOLE VALAISANNE '\::'-\ 3 ,mlf~Année '~'f' ~d\··E:)'3{Ae ~ ;Ç;\9 't:{

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" .',) G:)!) S10~SS):X ,)3 ' ~~FF) Pour les trois quarts du personnel enseignant valaisan;v ~~~~.aG~1f~~3~~~,

.le sens où l'entendent la plupart des citadins, sont une dél;i~~9'!G.,:AifYi~~; 00, signifient pas du tout repos, loisirs, villégiature, plages ou voyages, mais un sim­ple changement d'occupation, changement qui est souvent lo'in %11 êtFè-"è/iln allé­,gement. , ',:,: ' ~) [Ü~;c\ sm , ê. \"~98

Le systèm.e sU1:~nn~ de sept ou huit mois de ~colarité, ~y~~~~ViÛt~nt~A9 '~~~ respondant, oblLge ILnstLtuteur de la montagne a se trouver' it1tf! ' octù~aïmn extr~.scola.ire, dont le moins qu'on puisse dire est qu'elle e~t : ~!t~11~~~~ ~he!!~~ de dLsperswn. " , _'J .. ,J .:d\j è,S, 9'-l~;)

Pour l'institutrice chargée de famille, tant en plaine' qu,.é':, :dapsd$~Cvallées, les mois d'été représentent ordinairement un surcroît de travail ::~éruig,.em~ni(j, et déménagement pour les « mayens », conserves d'hiver, travQu.~ :dè':.);<Ukj:mglt~;;. ,etc. "::" .':~:: ~:1 GJ\'. ~9 l', '~:'::()J

Ce n'est donc pas à ces travailleurs qui troquent uneJourde lClasrerà2.thuSJ les degrés contre un pénible travail de 10 heures au chaht.ier::;vlkbctl"nJœ,e'J th'i soucis de ménage accrus, que s'adressent les considérations su,iuànte$.;)fY :Jh,p/NI:se'B va aux heureux titulaires de classes à 9 mois, payés à l'ann~è:,~',d(jqtJb:t ~1~s!J:s -es"6 .la seule occupation - sinon préoccupation - quand bien même ilS-. riRmie'ft,lli pour l'été un emploi saisonnier dans quelque administr~tion ou . lar< charge écrasante d'un canari et de trois lapins! ,i'q 9\ ,m\SI8 , ,

L'heureux mot que celui de vacances, tout chargé de7/b~1(e~~f}\i}~l}~fs} , ,de souvenirs! Et comme on nous l'envie! «Ah! vous â~iri;- 'îft~ titlll'k1r.s.15.~'~

. " dl' 'E l '" 3~~1'-:::,n~C\ .r;iJ 'Ge.Lm ,qw avez trOLS mOLS e vacances pour e moms ... . » t " ,4; _rr'{!:_ "C~, .gQP,ulau'~ de nous blaguer à ce sujet. Ne dit-on pas, en Suisse alémanl i/ü f}.,g'itfi<JJe .sRr~#'~~r être humain envoyé par fusée dans l'espace sera un in,ftit4i~~,Jr.s ~ar~e, ~%~~ celui-là reviendra sûrement . ... pour les vacances ! Bien ql!-~ ;t~f:~~i!,ilf d{slre~t prendre notre place durant l'année scolaire, c'est un fait que )no'sû,f/auc;;Jcër'io~~ un ob jet d'envie. Raison de plus pour les bien utiliser.

Ce terme de «vacances » (lat: vacare, vacuus = vide) se prête à des rapprochements étymologiques intéressants.

Beaucoup de snobs font de leurs vacances un vide agréable, un n éant attrayant ; ils passent près de la nature et près des hommes sans leun:'l'Ïen...de-man:" ,der d'enrichissant. Point de lectures nourrissantes, point de contacts profitablef !sur les routes des hommes ou dans la solitude de Dieu. EmQtiohs;' 's Uflf!lSfiJ;ielle~'' admirations factices, palpitations romantiques, flirts sans lende-n;taiIis,)" ç e qu devait être plénitude n'a été que remplissages trompeurs. ils (/ii?~Jnto'Adu 1 merveilleuse évasion avec l'égoïste désertion. De ces belles semaines offertes j la quête de la vraie joie, il ne leur restera que l'amertume d'une âme qui ne s'es ni aérée ni rajeunie.

:Couvelr,tl:Jre: Clkhé OFE,L, Lausanne .. -~~~:-=.".,

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Il faut par contre «faire le vide» en 'soi, se débarrasser de tout encombre-· ment superflu qui nuirait" à la reprise de notre ac'tivité pédagogi'que : vieilles routines, calculs égoïstes, préventions injustifiées contre tel élève, _ partis pris qu'on n'ose pas toujours s'avouer à soi-même. Les vacances sont l'occasion rêvée d'un examen de conscience pédagogique, à l'abri de l'énervement. Il est bon

, de revoir son comportement' à l'égard des enf.ants, des parents, des collègues, des autorités; l'éloignement dans le temps et dans l'espace permet une plus juste appréciation des choses; telle attitude que l'on avait adoptée paraît dès lors su jette à révision. On a moins ' de peine à se confier' à un, collègue ami, ' à raconter ses expériences, à avouer ses 'déboires.

Faire le vide ne suffit; pas. Il faut du positif: une détente totale des nerfs, un bain d'air pur et de soleil, des muscles aguerris, une santé fortifiée.

! Combien d'institutrices vous confient" à la fin d'un trimestre épuisant: « Je n'en puis plus ... je suis à bout. Vivement les vacances!» Les enfants usent plus que des machines: on finit par l'apprendre ' à ses dépens. Et c'est la raison d'être des vacances.

Pour quelques-uns d'entre nous; il y aura la famille ' à redécouvrir! Eh oui! L'école est parfois un prétexte commode pour éviter d'être aimable et serviable. Chacun connaît l'étudiant acharné au travail, qui pour « bloquer» ses cours et ses manuels, vit en sauvage et se coupe de toutes relations sociales. Il y a des maîtres et maîtresses qui lui ressemblent. A ceux-là, les vacances donneront l'occasion de se racheter socialement, de frayer , avec la parenté et le voisinage, de participer à la vie de la communauté villageoise. Nous ne sommes pas d'une caste élue et privilégiée : pourquoi nous retrancher -du milieu naturel qui nous

. a formés?

Enfin, le principal devoir des vacances est de nourrir l'esprit. S'il n'y a jamais de vacances pour Dieu et les choses ' de l'âme, il n' y en a pas davantage pour l'intelligence. Malheureux celui qui ne ressent pas cette faim de lectures, aussi impérieuse que la faim matérielle! En cours d'année, ' les journaux, les revues nous ont signalé tels et tels livres « qu'il faudrait» avoir lus; des amis nous en ont parlé. Nous avons allégué les exigences de la classe, le manque de loisirs... En vacances, toutes nos bonnes raisons sont tombées; ce n'est plus qu'une question de volonté. Alors' ?

Crocus

Un petit de quatre ans disait à sa maman: «'Si tu cries, je ne peux

pas t'obéir. En classe, mademoiselle ne crie ' jamais, alors ' j'obéis ».

Cité par Mme Lubiens.ka de Leuval

«Le Silence à l'ombre ' de la parole »

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-.;. 246 _ .

S'INSTRUIRE EST UN IMPERATIF

DE PLlfS EN PL(JS CATEGORIQUE

On sait, depuis la découverte des possibilités invraisemblables de la chimie de synthèse, de l'exploitation de la force nucléaire, de l'automation, que l'avenir économique et politique des nations se jouera surtout à coups de progrès scien­t ifiques et techniques.

L'évolution dans ces secteurs est même si l'apide qu'elle est en tl'ain de faire de la matière grise, du cerveau, la matière par excellence de l'avenir.

Le jour n'est plus loin, annonce quelque part le professeur Henri Riehen, où l'on verra quelques savants pesel' aussi lourd dans le destin économique d'un peuple que la propriété, au siècle dernier, de tout un bassin minier.

D'ailleurs le Dr Libby de la Commission américaine ne nous a-t-il pas averti dernièrement et d'une façon catégorique que « la signification d'un savant de premier ordre est incommensurable. Ses contributions sont si décisives et si uniques qu'une nation peut considérer avoir atteint un très grand objectif simple­ment en réunissant une demi-douzaine de ces hommes ».

Nous sommes incontestablement à un tournant de l'histoire dans le mode d'acquérir les biens. Des réformes de structure de plus en plus vastes s'opèrent sous nos yeux étonnés et admiratifs.

La matière grise qui, autrefois, n'était utilisée que par une petite minorité d'ingénieurs et de techniciens - la grande masse des travailleurs n'ayant qu'à exécuter le travail pensé par d'autres - prend une importance de plus en plus marquée et les tn:w ailleurs de tous les secteurs doivent de plus en plus employer leur cerveau et de moins en moins leurs bras.

Il y aura donc de moins en moins de manœuvres. Ceux-ci finiront par disparaître pour faire place aux ouvriers qualifiés. Ces derniers, à leur tour, ver­ront leurs rangs s'amenuiser, car l'économie aura de plus en plus besoin de techniciens, d'ingénieurs et de spécialistes.

Cette évolution pose, d'une manière extrêmement aiguë, le problème de la formation professionnelle de la jeunesse actuelle, en même temps qu'elle confère à la profession d'enseignant un prestige jamais égalé.

Il ne sera plus guère possible de réussir dans la vie à l'homme qui ne sera pas muni d'un minimum de connaissances professionnelles. S'instruire est donc un impératif de plus en plus catégorique, pour employer un mot célèbre du philosophe Emmanuel Kant.

Cette évolution ne va non plus sans poser d'épineux problèmes aux gou­vernants des pays qui doivent s'occuper de préparer, pour toutes les disciplines, des maîtres en nombre suffisant et de créer les écoles nécessaires.

Je crois que la chance du Valais est d'avoir à la tête du département de l'Instruction publique un magistrat clairvoyant, courageux et énergique, dont les réalisations en faveur de la promotion de la jeunesse valaisanne par la forma­tion professionnelle dénotent une claire conscience des exigences de l'heure.

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, On. est, heuI:eux d'entendre le magistrat préposé à la défense des valeurs de 1 esprIt s exprImer comme il l'a fait récemment à Martigny au congrès du syndicalisme chrétien :

, . .«. On ne l'épèter.a jamais assez que notre première richesse et la seule, en clefulltIve, est notre Jeunesse. Aujourd'hui, partout dans le monde, on se l'end com~)te ~u.e le p.remier, le meilleur, le seul investissem.ent décisif c'est celui qui c,?nslste a mvestlr en hommes et à les former pour qu'ils soient prêts à toutes les taches ».

Le gouvernail de l'instruction est en des mains sÎlres et solides dans notre canto~, et M. le Conseiller d'Etat Marcel Gl'08S ne m'en voudra pas de lui dire com):nen nous sommes nombreux à l'en féliciter et à l'en remercier. .

" O-?- ne peut que se réjouir de ce développement de l'instruction, imposé par ~ evolutIOn ,?lu n~onde ~od~rne, auquel, d'ailleurs, tout enseignant, à quelque echelon qu Il SOIt de 1 enselgnenlent, doit concourir de toutes ses forces et de tout son cœur.

. ,Si l'instruction est le lI~oyen par excellence pour augmenter le standard de VIe d un peuple, elle est aUSSI le nl0yen par excellence pour favoriser l'épanouis­sem~l1t de la personne humaine, pour ouvrir l'esprit aux préoccupations désinté­ressees correspondant aux transcendentaux de l'être, le vrai, le bien et le beau.

Le développement de l'esprit donne le gOÎlt de connaître. A mesure que ~'on connaît davantage et mieux, l'esprit s'affine et devient capable de mieux Juger des choses. La formation de l'esprit permet donc de mieux orienter et diriger sa vie.

D'autre part, les loisirs et la formation de l'esprit permettent de consacrer plus de, !~mps et d'activ~té à la formation morale. A mesure que le niveau moral s eleve, tout va mIeux et les hommes sont plus heureux.

, A mesur~ que le niveau intellectuel et moral s'élève, le gOÎlt du beau se developpe aussI. Le beau est la splendeur du vrai. La contemplation de la beauté provoque chei l'homme une joie suprême.

Le goüt du beau amène à créer de la beauté - c'est l'art - et à goÎlter la beal~t~. Le ,goÎlt Ch~l vrai s'u~it alors au goùt du beau, car il y a une jouissa.nce esthetlque a connaltre ce qlU est. Le beau « est la bonté du vrai ». -

• • _« S'il est une autre joie d'essence intellectuelle qui soit comparable à la JOIe de c,on~aîtl'e ~.a proclamé l'illustre géologue Pierre Termier - c'est la joie de la creatIOn artIstIque, la joie de l'artiste qui vient d'achever son œuvre. Car l'œuvI:e, pOUl' l'artiste, c'est toute sa vie; il lui semble qu'il a toujours vécu pour son œuvre; il la sait impérissable; il sait que jusqu'à la fin des temps assignés .à la race humaine, e~le réjouira des yeux ou charmera les oreilles des pauvres hom­~~s, en tout cas reconfol'tera leurs âmes. Oui, ces deux joies sont comp;:trables : JOIe du ,savant. ou, du philosophe; joie de l'artiste ou du poète; et, sur le même plan qu elles, Il n en est pas d'autres. C'est un peu vainement qu'on cherche à les dire; elles sont indicibles, ayant en elles quelque chose d'infjni. L'une procède cl;.Ia :v é~'ité,. l'autre de la Beauté; elles sont donc toutes deux quasi divines. J y ,VOIS. d.es. ,1l11a~eS, ou cles reflets, de la joie du Créateur, quand il se repose, apl'es le SIXleme Jour, trouvant que sa création est parfaitement bonne ».

Abbé Crettol

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Pourquoi ce mur entre nos . enfants et 110US? • •

De la belle Lettre pastorale du Cardinal-archevêque de Paris, Son Excellence Mgr Feltin, sur

Autorité et L~berté, nous extrayons le passage suivant:

Vos enfants ont grandi. Sans perdre de leur fermeté, vos interventions se sont peu à peu nuancées. Et vous voici maintenant devant des adolescents et des adolescentes. Même si vous avez jusque là bien fait votre devoir, ils vont s'estimer, une fois ou l'autre, brimés. Ils préten­dent que leurs camarades sont bien plus libres qu'ils ne le sont eux-mêmes. Ce mécontentement vient souvent à bout des meilleures patiences, et il rend délicate la question pratique de vos interventions. On vient, 'par exemple, vous dire que vous êtes vieux jeu de ne pas permettre telle sortie; que toutes les camarades ont vu ce film; que vous êtes un despote d'interdire telle émission de télévision; que c'est une brimade ridicule de ne pas permettre la lecture de

ce roman ... Et vous voilà dans l'embarras.

Quand vous parlez amicalement avec vos enfants d'un film, d'une pièce, d'une sortie, d'un camarade, d'une jeune fille ou d'un garçon, donnez-leur, pour étayer vos jugements, des raisons qui vaillent. Après avoir été nous-mêmes, dans notre adolescence, avides d'idéal, nous ne sentons plus parfois, dans notre âge mûr, que des jeunes ne puissent se satisfaire de jugements sommaires et conventionnels. Allons au fond des choses : nous sommes sûrs d'avoir alors, non pas l'immédiate adhésion, mais l'audience, la réelle audience de nos jeunes.

Prenons l'exemple du cinéma. Un certain nombre de films actuels mettent en cause les grands problèmes de la vie. Certes, c'est fait, le plus souvent, sans grand discernement. Mais il y a là l'amorce de beaucoup de réflexions, de mises au point, pour des parents qui ne se con­tentent pas d'être à côté de leurs enfants, mais qui vivent vraiment avec eux. N'abordez pas alors les choses de manière étriquée; ne faites pas état que de vos réserves, de vos agacements, de vos incompréhensions; ne vous arrêtez pas non plus à un point de vue d'adulte; écoutez, cherchez, réfléchissez; et n'ayez pas peur de vous livrer dans ce que vous avez de meilleur. Pour des adolescents, de tels échanges, quand ils sont possibles, sont extrêmement précieux. Soyez-en sûrs: ils fondent votre autorité sur la plus solide des bases, celle de la droiture. Si votre cœur est large et discret et que votre enfant ne vous sente pas impatient d'obtenir à tO <1 t prix qu'il juge comme vous, vous lui apportez alors, pOUl' la difficile construction de son être,

une pierre de choix.

Il reste toutefois des occasions où vous devez engager très nettement votre autorité. C'est le cas, par exemple, lorsque vos enfants veulent lire, voir, entendre ce qu'ils ne sont pas encore prêts à supporter sans dommage. La plupart du temps vous ne pouvez alors faire admettre vraiment les motifs de votre réserve, car la difficulté vient de ce que l'adolescent, insensible encore, faute de maturité, à la nature de certains risques, ne peut en percevoir le danger. Il en est souvent ainsi pour des films. L'adolescent se croit vite très fort; il ne sent pas que tel film est plus nocif par une atmosphère que par les choses qui s'y disent ou qui s'y font ... Vous ne disposez à ce moment que d'un seul argument: «Fais-moi confiance ». Le même problème se

retrouve d'ailleurs pour d'autres loisirs.

Il est de première urgence de prendre conscience du grave devoir qui vous incombe sur ce point. Trop de jeunes, aujourd'hui, affrontent des dangers qui ne correspondent pas à leur âge. Cela nuit à leur vie morale; cela nuit tout autant, et davantage peut-être encore, à leur viO"ueur intellectuelle et à leur équilibre humain. Sur ce point, mes Frères, nous avons tous à noous reprendre et il n'est pas trop d'un effort d'ensemble pour venir à b~ut d'un mal qui .c~n~­promet gravement la vie de nos jeunes. Il faut savoir dire « non ». San~ raIdeur, sans agressl:lte, mais sans faiblesse. Pour vous y aider, songez que l'adolescent, quand Il vous demande certames latitudes vous met à l'épreuve en quelque sorte, pour voir jusqu'où vous le laisserez aller. De même q~e si souvent il vous «sonde », vous réclamant ceci ou c~la dont il .pr"étend - "vous con­naissez cet argument - que les autres l'ont. C'est de son âge. MalS ce devraIt etre du votre, ~our l'aider à dépasser ce stade revendicatif, de savoir être fermes. Ayez ce courage, mes Freres.

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ANTICIPA TION Ceci se passait en l'im 2052. La pédagogie avait progressé aussi rapidement que la science

et que la technique. On avait fait table rase de toutes les méthodes de contrainte; seule, l'activité spontanée de l'enfant était sollicitée et la libre investigation était à l'honneur. La salle de classe était le plus souvent déserte, et les élèves essaimaient par petits groupes à travers la ville ou la campagne pour recueillir le pollen d'une documentation variée et éclectique.

Dans un élan de libéralisme, parfaitement logique et conséquent, on avait dû adapter la nature des épreuves d'examens à la spécialité de chaque élève et établir des équivalences pour ne pas avantager telle discipline au détriment d'une autre. On avait instituée des bac­calauréats de lettres, de sciences, de mathématiques, d'agriculture, de rugby, de linogravure, d'imprimerie, d'échecs, de philatélie, de vol à voile, etc.

L'adaptation avait été un peu lente en raison de la difficulté rencontrée pour la constitu­tion des jurys. L'Université était impuissante à sanctionner valablement des épreuves aussi diverses. On avait dû faire appel à des spécialistes agrégés par le Ministère de l'Education nationale, et le rang d'agrégé leur était conféré pour la durée des épreuves de l'examen. Ce titre transitoire n'était pas leur propriété et ils ne pouvaient s'en prévaloir lorsqu'ils reve­naient à leur atelier, à leur champ ou à leur moteur. Cette institution ressemblait beaucoup au jury des Cours d'Assises.

Grâce à l'ensemble de ces mesures, la possession du titre de bachelier n'était plus l'apanage injustifié de quelques jeunes mandarins encombrés d'une culture désuète, et la connaissance d'une orthographe périmée n'était plus nécessaire pour conquérir les grades universitaires. Les queues de classe n'existaient plus et l'on avait perdu le souvenir de ce spectacle affligeant: le pédagogue entêté et incompréhensif s'efforçant d'inculquer, à un élève qui n'en peut mais, les rudiments d'une science pour laquelle l'enfant n'éprouve qu'indif-férence ou aversion. '

Ainsi, la qualité, quelle qu'elle fût, était reconnue, et le gradué en judo ou en pê,che à la truite était à égalité avec le chartiste et le physicien.

Cependant la tâche des maîtres primaires n'était pas facile car les jeunes enfants avaient besoin d'être guidés dans leurs recherches.

Pour satisfaire les multiples curiosités de leurs élèves et contrôler leur travail, ces maîtres devaient se procurer une documentation quasi universelle. Ils étaient au sommet de la hiérarchie du personnel enseignant, car une érudition aussi étendue demandait beaucoup plus d'études qu'une spécialité bien définie.

Or, un de ces maîtres, submergé par sa tâche, contemplait un soir la multitude de dossiers, de fiches, de documents que ses élèves enrichissaient chaque jour et parmi lesquels ils puisaient selon leur goût. Cet éparpillement lui donna le vertige et il se prit à réfléchir. Que faire pour endiguer cette frénésie, pour ordonner et contrôler des activités aussi diverses et qui lui échappaient parfois.

Il prit avec lassitude un des dossiers, compulsa les fiches, examina les gravures, vérifia les cartes, écartant celle-ci, retenant celle-là, ratura, simplifia et constata avec plaisir que son travail n'avait pas été inutile. Il avait en mains les éléments d'une connaissance créo<Yraphique suffisante pour les élèves de sa classe. Pour rendre plus maniable les d,ocu­~nel~ts qu'il avait rassemblés, pour éviter qu'il ne se perdissent, il les réunit et les relia solidement.

Il contemplait avec satisfaction le résultat de son effort lorsqu'il eut une illumination soudaine. Quelle facilité d'emploi, quel gain de temps, s'il était possible de faire reproduire cet ouvrage à de nombreux exemplaires d'un format commode et d'en m';lnir chaque élève!

Sa trouvaille révolutionnaire eut un retentissement considérable et bouleversa les méthodes péàagogiques dans le monde entier.

Il avait découvert LE LIVRE. Marcelin TRAVERSE

(Extrait de Manuel Général, 16 février ]952)

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L'ART A TRAVERS LES AGES V

LA GRECE

L' histoire d'un peuple divisé

L'étude de l'art crétois nous a déjà montré l'arrivée des Achéens dans la péninsule hellénique au Ile millénaire avant notre ère, puis leur développement au contact de la Crète. Une grande expédition des Achéens vers l'Est nous est connue par le fameux épisode à demi légendaire de la Guerre de Troie.

Leur civilisation - la civilisation dite mycénienne - est ruinée par l'arrivée des Doriens qui provoque un double mouvement de populations hors de la Grèce:

une nombreuse émigration vers les îles et vers les côtes de l'Asie mineure (XIIe-VIlle siècle) ; la création de comptoirs commerciaux en relation avec les villes de la métropole; ces établissements atteignent le littoral de la Mer Noire et bientôt l'ensemble de la Méditerranée (VIle siècle). Mais, si intense que soit déjà l'activité commerciale des Grecs dans le

monde méditerranéen, les cités vivent politiquement séparées les unes des autres. Seules la religion et la langue permettent de sentir, au cours des grandes céré­monies religieuses, l'unité de ce peuple. Les seules alliances que les Grecs sachent conclure entre eux leur sont dictées par l'imminence d'un danger commun.

Deux villes tentent d'imposer leur autorité au reste du pays: Sparte, au régime très sévère: tous les citoyens vivent pour la cité; les enfants sont retirés de leur famille pour être confiés à des éducateurs officiels qui s'occupent presque exclusivement de leur développement physique. Athènes, où règnent au contraire la démocratie et le sens des valeurs intellectuelles épanouies dans un être humain équilibré. Les guerres médiques (début du Ve siècle) naissent des heurts survenus

entre les colonies grecques de l'Asie mineure et l'Empire perse en pleine expan­sion. La première s'achève en 490 par la victoire grecque de Marathon. La seconde voit d'abord Xerxès battre les Spartiates de Léonidas aux Thermopyles, mais se termine par la victoire de la flotte athénienne à Salamine, en 480.

Hégémonie d'Athènes. Fière des succès remportés, Athènes veut prendre la tête des cités grecques en organisant la Confédération de Délos. Gouvernée par des chefs éminents - Thémistocle, Aristide, Cimon, Périclès -, elle profite de quelques années de paix, au milieu du Ve siècle, pour prendre un essor extraordinaire. Périclès active la démocratisation et entreprend un essai d'unité que les autres cités, jalouses, refusent. Il embellit la ville par des constructions magnifiques sur la colline de l'Acropole. La Confédération ne tarde pas à trou­ver tyrannique l'autorité d'Athènes. Certaines cités se groupent autour de sa rivale, Sparte.

La guerre du Péloponnèse est issue de cette tension. Les ennemis d'Athènes ravagent l'Attaque (430) dont les habitants se réfugient dans la ville. Une épidémie de peste et la mort de Périclès amènent une paix provisoire. Après un échec en Sicile, une défaite maritime (Aigos-Potamos) et le siège de la ville, Athènes finit par capituler.

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HégéTnonie de Sparte. Sparte établit à Athènes le I:égime des ~rer;tte tyrans mais une coalition groupe contre elle Athènes et Thebes. Les Thebains [l'yant 'eu la victoire à Leuctres en 371, ~parte s'écro~~e à son tour.,. "

Hégémonie de Thèbes. Thèbes essaIe de se c0l1clher la Perse, ~ attHan~ aInSI l'indignation de toute la Grèce .et sus cit~:nt ~'all~ance cl~s ;leux ~nclennes nvales, Athènes et Sparte. Thèbes obtIent la VI ct OHe a 1I1antmee, malS elle y perd et

son roi Epaminondas et sa force. . , La Macédoine, ayant vu s'épuiser successivement toutes les grandes CItes

grecques, cherche à imposer son autorité. Qualifiée, cle. barbare par les Grec,s, puisqu'elle ne parle pas la mêlue ,l~ngue, la, ~acedoI~e est un. pet~~le tres discipliné, ouvert à la culture hellenlque. Plnhppe, r01 en ,3~O, Int,ervwnt, en Grèce. Personne ne s'en inquiète, ~auf le fameux orateur athenlen Dem,ost.hene. Les Grecs se groupent trop tard contre Philippe et snhiEls~nt en 338 l.a def~Ite de Chéronée. Philippe assassiné, son fils Alexandre, âgé de VIngt ans, lUI succede en 336. Nous l'avons déjà rencontré en étudiant la Mésopotamie et nous l'avons vu conquérir tout l'Empire de Darius, s'imposant de la G:rèce à. l'Indu~ .. S~ mo~·t prématurée en 323 l'empêche de consolider son EmpHe qUI est dIVIse entre

ses généraux. ' La puissance romaine naissante, battant les succ~sseurs d'Alexa?dre a

Cynocéphales (197) et à Pydna (168), fait de la Macédome et de la Greee des

provinces romaines.

La culture grecque .Quand on parle de civilisation, ce mot appliqué à ~a Grèce ~rend un s~ns

beaucoup plus élevé que lorsqu'il s'agit de la MésopotamIe o~ .de l Egyr,te., ~ est une véritable culture: bien plus qu'au luxe et au c~nfol't m3tene~, :lle s Interesse à la philosophie, à l'art littéraire, aux arts plastIques et. aux sClen~es . .

Avant de résumer l'immense production née des mams de~ a~·tl~tes, ~ltO~S les principaux genres littéraires dans lesquels les Grecs nous ont laIsse le temoI-

gnage de leur activité intellectuelle : _ Poésie épique et poésie lyrique. Dès le VIlle siècle,. Homère nG~~ racon~e

La Guerre de Troie et le retour d'Ulysse dans sa patne. Au VUe slecle, poe-tes et poétesses chantent leurs passions et leurs joies. , Histoire. Esprits curieux, plus ou moins objectifs. et precul, H~rodote, Thucydide et Xénophon sont les prin?ipaux h~st.oner;ts, de l~" Grec~. Philosophie. Tous les problèmes humaIns - spIrltuahte de l am.e, educa­tion, morale, réalités métaphysiques - sont posés par les ~,hIlosophes (Socrate, Platon, Aristote), préparant ainsi, en plein monde palen, la doc-

trine spiritualiste du christianisme: . . ' .,,' n Art oratoire. La démocratie et la VIe pohtlque mtense f avonsent l ecloslo

des talents oratoires (Démosthène). . Théâtre. Enfin, la littérature grecque s'enorgueillit d'une productlOn dra-matique extrêmement puissante, née des fêtes religieuses : _ tragédies d'Eschyle, Sophocle, EUI'ipide ; - comédies cl' Aristophane. Athènes détient surtout la gloire d'avoir cultivé les lettres et les arts. C'e: ;1.

en elle que se rencontrent les influences de diverses cultures dont elle opère une harmonieuse synthèse. Ceci peut étonner, quand on considère les multiples diffi­cultés politiques qu'elle dut affronter. Mais la vie intellectuelle et artistique profite de toutes les périodes de paix, et notamment de la brève p~riode de

- 252-

prospérité (le « siècle» de Périclès) du milieu du Ve siècle pour développer les dons que la race tient en réserve. Même après l'écroulement de sa puissance politique, Athènes continue d'être le centre culturel du monde hellénique. L'art grec, miracle de mesure et d'équilibre .

N'a!~nt recherché le colossal en aucun de ses domaines, l'art grec peut se caractenser par le sens de la mesure et des proportions.

Architecture. Le temple est ordinairement formé d'une simple construction centrale à deux salles, entourée d'une colonnade surmontée par un entable­ment orné de bas-reliefs, un fronton triangulaire venant s'inscrire entre l'entablement et les deux pans du toit. On distingue deux sortes de temples, caracté:risés surtout par les colonnes employées: .

l'ordre dorique, de construction très solide avec des colonnes massives posées directement sur le f50ubassement et, en guise de chapiteau, un simple coussinet' portunt un cube purement géométrique;

l'ordre ionique, plus féminin, avec des colonnes plus minces ornées de tores cl leur hase et d'un chapiteau à volutes. Ces deux orches, d'origine différente~ voisinen t à Athènes, s'influençant mutuellement.

Un troisième ordre, l'ordre corinthien, se caractérise, par le souci d'une oZ'nementation plus luxueuse, avec des chapiteaux travaillés (feuille d'a­canthe). Cet ordre aura grand succès dans l'architecture romaine. Signalons enfin que (bns l'Erectheion, sur l'Acropole d'Athènes, les colon­nes sont remplacé~s par des statues féminines (Caryatides).

Sculpture. Les frontoIls des temples, ainsi que les métopes et les ' fdses, fournissent de belles surfaces que les sculpteurs ornent de bas-reliefs. La statu.aire se développe aussi très vite. Après une période de formation (idoles en bois), on peut distinguer trois phases dans l'évolution de la statuaire: Dè::; la fin du VIle siècle, apparaissent des statues de jeunes hommes nus et de jeunes filles vêtues de peplos (dieux et déesses?) très droites, figées dans leur frontalité, rappelant souvent les statues égyptiennes. Peu à peu (VIe-Ve siècle), ces statues s'assouplissent, pour parvenir à un équilibre calme et . méditatif, à la grande période athénienne. Phidias sculpte de splendides statues de dieux, ainsi que les frises et les frontons du Parthénon, sur l'Acropole. Polyclète ' exécute de puissantes statues d'hommes, avec un sens très poussé de l'anatomie, tandis que Myron étudie les gestes et les attitudes des athlètes. Au IVe siècle, la souplesse veut encore se perfectionner et la sculpture perd de sa vigueur, notamment avec l'élégant Praxitèle. On sent à ce mo­ment le début d'une décadence qui, pourtant, produira encore, durant deux ou trois siècles, des œuvres remarquables, d'une beauté un ·peu sensuelle ou, au contraire, d'une expression intense et d'un ' mouvement plein .de fougue. . '.

Céramique. Partant d'un décor géométrique, les vases s'ornent bientôt de scènes, représentées en noir sur fond rouge, puis en roug.e sui' fond ,noir. Le dessin, dans sa perfection, n'a d'égale que la beauté de la forme sur laquelle il s'inscrit.

- ·M. ' V.

- 253-

Page 7: L'Ecole valaisanne, juin 1960

CAMPAGNE EN FAVEUR DE L'HYGIE NE DENTAIRE

DANS LES ECOLES ENFANTINES ET PRIMAIRES

Une dangereuse nwladie de la population

La carie dentaire a pris une telle extension depuis la dernière guerre mondiale que l'on peut à juste raison en parler comme d'une maladie de toute la population.

2 % de dents saines !

Du point de vue statistique, c'est la Suisse qui détient le peu glorieux record de la carie dentaire; chez nous, sur 100 enfants et adolescents, 2 seulement ont encore une dentition absolument saine.

150 millions par an Notre population consacre annuellement plus de ISO millions de francs à des traitements

dentaires. En outre, dans de nombreux endroits où il existe un service dentaire scolaire, le

canton et la commune dépensent annuellement quelque 20 francs par enfant traité. De telles dépenses exigent sans aucun doute aussi que l'on lutte efficacement contre la carie dentaire.

Une campagne générale Grâce à l'aide financière d'importants fabricants de pâtes dentifrices, Pro Juventute a pu

organiser une campagne en faveur de l'hygiène buccale et dentaire dans les écoles enfantines

et primaires. En collaboration avec la Société suisse d'odontologie, la Régie fédérale des alcools, la Centrale de propagande de l'industrie laitière et des spécialistes de la propagande, un

programme a été établi. Il correspond au caractère de l'enseignement donné aux divers degrés de la scolarité.

La collaboration des maîtres et indispensable Les organisateurs sont convaincus que le succès de cette campagne Pro Juventute dépend

largement de la collaboration du corps enseignant, car les notions élémentaires de l'hygiène dentaire et la prévention de la carie dentaire, c'est-à-dire les soins dentaires ad hoc et réguliers

ainsi que la saine manière de se nourrir doivent faire véritablement l'objet de leçons.

Quatre cantons à l'avant-garde La campagne en faveur de l'hygiène dentaire sera organisée pendant l'année scolaire 1960-

61 dans les cantons de Berne, St-Gall, Schaffhouse et Thurgovie. Les départements de l'instruc­tion publique de ces quatre cantons ont reconnu l'urgence d'une telle campagne et en ont encouragé la réalisation par un subside financier.

Et les autres? Mais les ressources mises actuellement à disposition par les diverses branches de

l'économie ne suffisent pas à assurer l'organisation du travail de propagande dans les autres

régions de notre pays. C'est pourquoi Pro Juventute s'adresse à tous les responsables et leur demande de soutenir efficacement les efforts actuels accomplis dans la lutte contre la carie dentaire.

DES EXCUSES DEMANDÉES ... Le dernier numéro de l'ECOLE VALAISANNE a annoncé prématurément la parution des

fiches de calcul et de problèmes pour le Cours inférieur. Des imprévus ol1t occasionné d'im­

portants retards à l'imprimerie, de sorte que ces fiches ne nous ont été livrées que les premiers

jours de juin, alors que les maîtres et maîtresses comptaient les utiliser pour leur révision de fin d'année. Nous prions les intéressés de nous en excuser. Aujourd'hui toutes ces fiches, y

compris celles de géographie valaisanne sont à disposition du personnel. Nous précisons encore

que c'est l'Economat qui en a la vente et qu'elles figureront sur la prochaine liste des livres scolaires que publie chaque automne le Dépôt scolaire cantonal.

- 254-

E. V. n" 9 juin 1960

Centre d'intérêt: LES BARRAGES VALAISANS

Ce Centre d'Intérêt a été préparé, en collaboration, par les normaliens de IVe année. Il lui manque d'avoir été expérimenté en classe et paraîtra de ce fait un peu théorique. D'autre part, il ne prétend point être exhaustif: le sujet est très vaste et présente des aspects techniques au-dessus de l'école primaire. Tel quel, il sera néanmoins utile aux classes de fin de scolarité et aux classes secondaires. Adapté et simplifié, il pourra servir encore au cours moyen, Se et 6e années.

L'ECOLE VALAISANNE se plaît ·à remercier la Direction de la Grande Dixence, celle .du Mauvoisin et celle de la Gougra qui ont fourni une abondante documentation; MM. les ingénieurs Jacques Wolff (Département des Travaux Publics) et Charles Desfayes (EOS) qui ont bien voulu revoÎl' la partie technique (Exposé du maître); la Maison Giovanola Frères ·à Monthey (conduite forcée) ; M. le Colonel Koenig, Etat-major général, Berne (Dispositif de sécurité); l'Office d'Electricité de la Suisse Romande, Lausanne (cliché de la couverture).

De nombreux clichés photographiques auraient pu accompagner ces pages: ils nous ont paru superflus, l'illustration étant extrêmement abondante dans ce domaine. Nos élèves, pour peu que nous y insistions, auront joie à constituer eux-mêmes un cahier thématique vivant ·et riche sur les Barrages Valaisans.

Exposé du maître

A. G E N E R A LI TES

'CE QU'EST L'ELECTRICITE

Les enfants d'aujourd'hui connaissent tous l'ELECTRICITE: lampe de chevet, rasoir .électrique, fer à repasser, aspirateur, cuisinière élech'ique, locomotives électriques ....

Mais jamais aucun savant n'a pu définir l'électricité. On constate simplement ses effets: chaleur, lumière, force ... Et on connaît quelques­

unes de ses propriétés, par exemple sa prodigieuse vitesse de propagation: 300 000 km. à la sec. Imaginez qu'on tende un fil de la Terre à la Lune - distance: 385000 km. - l'élec-

1:ricité ne mettrait qu'un peu plus d'une seconde pour parcourir cette distance!

DEPUIS QUAND CONNAIT-ON L'ELECTRICITE?

. Seules les applications de l'électricité sont récentes . .. Avant 1900, on éclairait les rues au gaz et les appartements au pétrole. Avant 1920, le fer à repasser de maman était au charbon de bois ... Avant 1955, sur la ligne St-Maurice-Bouveret ... locomotives à vapeur.

On ne savait pas utiliser cette force, mais on la connaissait depuis longtemps. Six cents ans avant J.C., un savant grec nommé THALES avait découvert qu'un morceau

d'ambre jaune frotté (substance résineuse appelée électron) avait la propriété d'attirer les ·corps légers ....

Au XVIIIe siècle, on découvrit que non seulement l'ambre, mais un grand nombre d'autres corps (soufre, résine, corne, verre, porcelaine, caoutchouc) avaient aussi la propriété d'attirer les corps légers ...

Expérience que chacun peut faire. Un porte-plume, un stylo frotté sur la manche attire ·de petits morceaux de buvard ..• Les cheveux secs se dressent au passage du peigne •..

Dès lors, on appela ELECTRICITE cette force d'attraction, ce courant, cette énergie .qui va du porte-plume frotté vers les morceaux de papier.

Page 8: L'Ecole valaisanne, juin 1960

AUTRES FORMES D'ENERGIE

Il y a d'autres formes d'ENERGIE dans la nature: l'énergie musculaire: le biceps, le jarret ... l'énergie mécanique: l'eau, le vent qui fait marcher le moulin. l'énergie calorifique: la vapeur qui soulève le couvercle de la casserole. l'énergie chimique: des substances mélangées qui produisent une explosion. l'énergie atomique: la plus puissante, provoquée par la désintégration de la matière.

D'autres sources d'énergie existent dans la nature, mais les hommes n'ont pas encore réussi à les exploiter (les marées, la chaleur solaire ... )

Ces énergies peuvent être au repos, inutilisées : le biceps d'un dormeur, un morceau de charbon, de l'eau derrière un barrage. Mais si l'on fait brûler le charbon, si on ouvre les vannes, cette énergie devient agissante, dynamique.

COMMENT PRODUIRE DE L'ELECTRICITE: LA DYNAMO

Puisque l'électricité est une force, une énergie, les savants ont cherché à en produire en grande quantité pour pouvoir l'utiliser ensuite.

Ce fut un savant belge nommé GRAMME (t 1901) qui réussit à construire en 1869 la première machine à produire de l'électricité. On l'appela la machine Gramme ou DYNAMO.

Le principe en est simple. En faisant passer une bobine de fil de cuivre, dans un mouve­ment de va-et-vient, entre les deux branches d'un aimant, il se produit un déplacement, c'est-à· dire un courant d'électricité. (fig. 1).

Dans la dynamo, ce sont plusieurs aimants qui tournent devant des bobines fixes, reliées entre elles. Le courant est pour ainsi dire additionné et devient considérable. (fig. II).

L'électricité fournie par la machine de Gramme était seulement consommable sur place. Un savant américain EDISON étudia le problème du transport de l'électricité. En 1882.

il construisit à New-York la première usine électrique proprement dite: elle vendait Je courant électrique à 59 clients.

De timides essais furent tentés en Suisse les années suivantes. Zurich fut la première ville­sui'lse à avoir son électricité «officielle» en 1892.

COMMENT ACTIONNER LA DYNAMO

Pour faire tourner à grande vitesse les électro-aimants à l'intérieur de la dynamo - donc pour produire de l'électricité - il faut une force mécanique. Par exemple :

une manivelle actionnée à la main (cela existe encore pour de petites radios militaires). la force des jarrets sur les pédales pour faire marcher la dynamo du vélo.

- la l1wchine à vapeur dans les pays qui ont beaucoup de charbon. (usÎl1es thermiques). - un moteur à essence, un moteur Diesel, même un moteur ... électrique.

Dans les pays de montagne, on a songé tout naturellement à l'eau des torrents, déjà utilisée pour faire marcher les ,;cieries et les moulins.

On perfectionna la grosse roue à ailettes des scieries en une roue de métal à aubes ou turbine.

On remplaça le bief du moulin par une conduite forcée en forte pente pour augmenter la pression du courant et par suite la vitesse de la turbine.

Le premier qui utilisa une conduite forcée de 200 mètres fut l'ingénieur français BERGES, pour sa fabrique de papier de Lancey, sur l'Isère, en 1869.

C'est lui aussi qui, le premier employa l'expression HOUILLE BLANCHE et la popu­larisa par ses écrits.

En Valais, la première usine qui fabriqua du courant électrique en utilisant une conduite forcée fut celle de Zermatt, en 1894 (torrent du Triftbach).

Malgré les améliorations apportées au cours des années, on s'aperçut bientôt que les cours d'eau de montagne n'avaient pas un régime favorable à une production rationnelle de l~électricité. En effet, les torrents ont beaucoup d'eau en été, alors que la demande est faible; et leur débit est insignifiant en hiver, alors que l'éclairage et le chauffage consomment le plus ...

De là l'idée des barrages pour retenir l'eau d'été non nécessaire et l'utiliser en hiver. Le premier barrage construit en Valais fut celui de Fully (1915), sur un lac qui existait

déjà. Durant quinze ans, cette chute fut la plus haute du monde. Mais c'est BARBERINE, appartenant aux CFF, avec son lac artificiel, qui ouvrit l'ère des

grands barrages (1924).

1

2

2 2

Fig. 1

Si l'on déplace la bobine entre les 2

branches de l'aimant, la petite lampe

s'allume.

Coupe schématique de la dynamo.

1. Les aimants qui tournent à l'intérieur

2. Les bobines fixes

Page 9: L'Ecole valaisanne, juin 1960

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QUELQUES NOTIONS PRELIMINAIRES: CHEVAL-VAPEUR ET KILOWATT

Les usines électriques utilisant l'eau des torrents avec conduite forcée sont appelées usines de haute chute ou à haute pression. Le débit de l'eau est faible, mais la pression est considérable pal' suite de la hauteur de chute.

Les usines électriques de plaine, en bordure des rivières et des fleuves, sont dites usine .. au fil de l'eau ou à basse pression. La chute de l'eau est faible (10-15 mètres au maximum), mais son volume est considérable. Dans ce cas, la turbine a des pales qui ressemblent à l'hélice d'un avion.

Les deux systèmes d'usines peuvent prétendre à une même puissance. En effet, 100 litres d'eau tombant de 1 mètre ont une puissance sensiblement égale à celle d'un litre d'eau tombant d'une hauteur de 100 mètres (fig. III). D'où la formule: POIDS de l'EAU (en kg) X HAUTEUR DE CHUTE (en m.)

TEMPS (en sec.) = PUISSANCE (en kgm/sec.)

On appelle CHEVAL-VAPEUR (CV ou HP) une puissance de 75 kgm en 1 sec. Mais en électricité, la puissance s'exprime en watt ou mieux, en kilowatt (= 1000 watt). Quand il s'agit d'acheter et de payer le courant, on le mesure en kilowatt-heure (= 3600 kilowatt)

B. L E BAR RA G E. T R A V A U X PRE L 1 MIN AIR E S

Les travaux préliminaires à la construction d'un barrage sont très nombreux, très com­pliqués et peuvent durer des années ..•

C'est d'eux que dépendra la réalisation ou l'abandon du projet. Quand les ingénieurs ont repéré un emplacement apparemment favorable à la construc­

tion d'un barrage : haute vallée alpestre présentant un étranglement, glaciers et torrents nom­breux, ils alertent de puissantes sociétés hydro-électriques comme

EOS (Energie Ouest-Suisse, Lausanne) ELECTROWATT NOK (Nord-Ost Schweiz Kraftwerke) BKW (Bernische Kraftwerke) ATEL (Aaar-Tessin Electricité) SUISSELECTRA, MOTOR COLUMBUS etc.) Celles-ci constituent une société pal' actions, demandent l'appui des Banques et consa-

crent un important capital aux études préliminaires. Ces études se font à la fois sur le terrain et en laboratoire. Elles comprennent :

L'étude géologique du sol, les études hydrographiques et glaciologiques, les tractations avec les communes et les Autorités.

ETUDE GEOLOGIQUE DU SOL Une équipe de géologues étudient les l'oches de toute la région. A l'aide de sondes

animées d'un mouvement de rotation, ils forent le roc jusqu'à une profondeur de 80 à 100 mètres. Les carottes extraites sont déposées dans des caisses et envoyées en laboratoire. 1. C'est spécialement l'emplacement du futur barrage, la gorge profonde, le verrou où s'ancrera

le mur de retenue qui est examiné minutieusement. On mesure d'abord la couche alluviale qui recouvre la roche (terre, graviers, conglomérats). Puis des sondages profonds s'effectuent de place en place (tous les 10-15 mètres). Toutes les fentes sont mesurées afin d'en évaluer l'importance. Le laboratoire contrôle la nature, la dureté, l'élasticité de la roche, sa perméabilité, son homogénéité, sa résistance à la pression et à certains facteurs chimiques. Les rapports de laboratoire permettront ou non la construction du barrage et en détermine-ront le type : barrage-voûte ou barrage-poids.

2. On procède aux mêmes sondages sur toute la superficie du futur lac, afin de déceler s'il y a des fentes, des failles et des couches perméables. (à Salanfe, par exemple, les fuites d'eau sont certaines, car le lac n'a encore jamais atteint le niveau prévu par les ingénieurs).

Page 10: L'Ecole valaisanne, juin 1960

3. Le tracé des galeries, qui vont collecter l'eau dans les vallées voisines pour l'amener au lac, exige un travail semblable. Mais ici les surprises sont toujours possibles, car les son­dages ne peuvent traverser toute l'épaisseur de la montagne! Les ingénieurs doivent parfois modifier le tracé primitif.

4. On étudie encore le tracé de la future conduite forcée, souterraine ou à ciel ouvert. ainsi que les paliers prévus pour les différentes usines.

5. Enfin les géologues voient la possibilité de trouver sur place ou à proximité immédiate la moraine glaciaire qui fournira les agrégats nécessaires à la fabrication des sables et graviers.

ETUDES HYDROGRAPHIQUES ~T GLACIOLOGIQUES

On ne construit pas un barrage sans savoir d'avance s'il est rentable, c'est-à-dire sans calculer la quantité d'eau disponible.

1. Pour cela, les ingénieurs étudient avec le plus de précision possible le volume des eaux de source et de ruissellement dans le bassin naturel du barrage, ainsi que le régime de ces eaux suivant les saisons. Ils établissent le diagramme des variations de débit au cours d'une année, au cours des mois, au cours d'une journée. Ce travail se répète durant plusieurs années: ils peuvent ainsi déterminer la quantité d'eau utilisable.

2. Ils pratiquent aussi des forages dans les glaciers pour connaître leur volume. Mais les forages glaciaires ne sont pas toujours concluants: il n'est pas rare que la sonde arrive sur des dépôts morainiques au lieu d'atteindre la roche proprement dite. On provoque alors sur le glacier de fortes explosions : les ondes sonores pénètrent dans le glacier, se réfléchissent sur le rocher et remontent à la surface où des sismographes les enregistrent. Connaissant le temps écoulé entre l'exploision et le retour des ondes aux sismographes, ainsi que la vitesse de pénétration dans la glace (1700 m./sec.) on peut alors calculer l'épais­seur du glacier. (fig. IV).

3. Les ingénieurs cherchent aussi à «amener» le plus d'eau possible dans le lac d'accumula­tion, en captant les eaux des vallées voisines. A la Grande Dixence, les galeries d'amenée représentent plus de 100 km. de longueur. La pente doit être étudiée avec minutie. Quant à la forme du tunnel, c'est ordinairement celle d'un fer à cheval. Quand les eaux captées sont à une altitude inférieure à celle du lac d'accumulation, on prévoit des stations de pompage. Mais la technique récente évite cet inconvénient en captant l'eau sous le glacier. (prises sous-glaciaires). Parfois des barrages auxiliaires sont construits, avec lacs de retenue (Cleuson), qui déver­sent leurs eaux dans le lac principal. Dans ce travail de captation des eaux, des conflits peuvent surgir entre sociétés rivales. (Forces Motrices du Mauvoisin - Grande Dixence). Ces études hydrographiques permettent aux ingénieurs de dire d'avance le volume d'eau retenue derrière le barrage, le niveau du futur lac, la poussée .;le cette masse liquide contre le mur, la hauteur et l'épaisseur du futur barrage, la puissance d'hiver et d'été de l'usine à construire ... On reste confondu devant la somme extraordinaire de travaux nécessaires simplement pour établir un «projet » ... Les responsabilités des ingénieurs, techniciens, géologues, hydrau­liciens, etc., sont énormes. Tous ces serviteurs de la Houille Blanche suscitent une légitime admiration.

TRACTATIONS AVEC LES COMMUNES ET LES AUTORITES

Tous les travaux préparatoires sommairement décrits ci-dessus se font simultanément, par des équipes spécialisées.

Dès que l'avant-projet dans son ensemble est estimé rentable, s)engagent les tractations avec les communes.

En Valais, rivières et torrents appartiennent aux communes; seul le Rhône appartient à l'Etat.

Il s'agit donc pour les sociétés constructrices d'obtenir l'autorisation des propriétaires. Il n'est pas question d'un achat, mais d'une location, d'une concession valable généralement pour 80 ans. Ce laps de temps écoulé, la Commune redevient seule propriétaire de ses eaux, acquiert gratuitement le barrage, la conduite forcée, les usines et les turbines ; mais elle devra racheter certains éléments électriques comme les dynamos, les alternateurs, les transformateurs, etc.

Fig. IV

Haute pression

75 1. d 'eau à la seconde

tombant de 100 m.

= 100 CV

Explosion

Fig. III

Equivalence

100 W\ Basse pression

750 1. d'eau à la seconde

tombant de 10 mètres

= 100 CV

Page 11: L'Ecole valaisanne, juin 1960

1 Dans la commune, le Conseil communal (municipalité) étudie l'avant-projet. Mais c'est l'ASSEMBLEE PRIMAIRE seule qui ratifie la concession, moyennant certaines garanties: réserve d'eau pour l'arrosage (bisses), prix de faveur du kilowatt-heure, redevances annuelles pour la commune, reconstruction de chalets noyés sous les eaux, expropriations, contrats con­cernant les routes d'accès etc.

Parfois, il faut discuter encore avec les bourgeoisies et les consortages d'alpages (sortes de syndicats) qui ont sur les eaux et sur les pâturages des droits anciens.

L'Assemblée primaire est souveraine et peut refuser la concession (Ex. Urseren). Lorsque les eaux appartiennent à plusieurs communes - ce qui est le cas la plupart

du temps - toutes les communes doivent prendre la décision d'un commun accord. Si l'une d'elles est opposée, le Conseil d'Etat tranche alors le cas et peut obliger la commune à s'aligner sur la majorité. (Ce fut le cas pour le Mauvoisin: seule des sept communes, Sembrancher fit opposition au projet.)

Quand les communes ont accordé la concession - et seulement alors - la société constructrice demande au Conseil d'Etat l'homologation (Loi cantonale sur les forces hydrau­liques de 1957).

L'Etat du Valais fait examiner l'avant-projet par ses techniciens. Il le transmet, accompagné d'un rapport, au Département Fédéral des Postes et Chemins

de fer (Service fédéral des Eaux) pour approbation. Ce service examine le projet de barrage au point de vue SECURITE et au point de vue

MILIT AIRE. Il peut exiger éventuellement des modifications (Ex. Barrage de Cleuson). Le dossier fait retour au Canton qui accorde finalement l'autorisation de construire, après la mise à l'enquête publique au Bulletin Officiel du projet définitif.

C. L E BAR RA GEE N CON S TRU C T ION

LES INSTALLATIONS DE BASE

L'autorisation de construire étant accordée, on peut commencer les travaux d'approche et les installations de base : - construction de la route d'accès ; l'ancienne route, en aval, est élargie, corrigée, consolidée;

le dernier tronçon est généralement à construire du tout au tout. - Construction de parcs et garages pour véhicules. Ce n'est pas si simple à plus de 2000

mètres d'altitude ... - Construction d'un téléphérique, soit pour le ciment, soit pour le matériel. - Construction d'un village ouvrier avec cuisines, dortoirs, cantines, foyers, chapelle, infir-

merie, salles de loisirs, poste ... logements pour techniciens et ingénieurs (et parfois leurs familles), baraquements pour direction des travaux, etc.

- Adduction d'eau potable et d'eau nécessaire aux travaux; - Adduction de la plaine de la première électricité pour éclairage, chauffage, force motrice.

On peut aussi créer sur place une petite usine provisoire. - Construction d'un chantier de travail A à proximité du futur barrage: tour à béton,

mélangeurs, silos à ciment, laboratoires, blondins (gros cables d'une grande mobilité avec chariots transporteurs traversant la vallée au-dessus du barrage) ... Puis forges, ateliers de menuiserie pour les coffrages, ateliers mécaniques pour révision et réparation des machines, etc.

-- Construction d'un second chantier de travail B en haute altitude (pras-Fleuri: 2800 m.) pour extraire les agrégats nécessaires à la fabrication du béton. Concasseuses, laveuses, trieuses. Les sables et graviers sont conduits par benne ou par tapis roulant souterrain jusqu'au chantier A.

~ On amène enfin sur place camions, trax, bulldozers, silobus, pelles mécaniques, perforatrices, etc. dont le travail inappréciable remplacera des milliers de bras.

LA MISE SUR PIED DES DIFFFERENTS SERVICES

Tous ces travaux s'effectuent simultanément. L'entreprise concessionnaire passe des contrats et adjudications avec une foule d'entrepreneurs spécialisés qui assurent chacun une petite partie de la gigantesque réalisation.

En même temps que sont engagés des centaines, voire des milliers d'ouvriers de tous les corps de métiers, o"n met sur pied un ensemble de services qui fonctionneront jusqu'à l'achève-

Page 12: L'Ecole valaisanne, juin 1960

ment des travaux : services techniques, service médical, service social, service de la protection ouvrière, service religieux, service des loisirs, service de sécurité, service des transports, service des visites, etc., jusqu'au poste de gendarmerie, en passant par la banque, la caisse d'épargne, les PTT, le cordonnier, le coiffeur, le restaurant et le bazar ...

Que de choses sont nécessaires à la vie normale d'une communauté humaine! Jamais un homme seul n'y saurait suffire. Aussi la Direction Générale est-elle répartie sur plusieurs têtes et les responsabilités «démultipliées» d'une façon aussi précise que merveilleuse. Com­bien admirables sont les réalisations des hommes quand ils travaillent en équipe !

Les différents services organisés, les matériaux à pied d'œuvre, le chantier commence à travailler en plein. Il faudrait pour le décrire, être présent sur tous les secteurs à la fois. C'est impossible. La meilleure description ne peut donner qu'une idée fragmentaire des opérations.

FOUILLE ET ENROCHEMENT DU BARRAGE

Le mur de retenue ne commence pas à sortir de terre dès les premiers mois! L'opéra­tion première est même négative, puisqu'il s'agit d'enlever au lieu d'amener.

En effet, on commence par mettre à nu le rocher, à déblayer complètement ce qui le recouvre : buissons, terre, graviers ....

Puis on l'entaille profondément à coups de mines: une bonne quinzaine de mètres de profondeur sur 30 ou 40 mètres de large.

Les coups de mine exigent une technique précise pour ne pas entailler plus que prévu, ébranler toute la montagne et provoquer des fissures. Des pelles mécaniques montées sur chenilles, et de lourds camions de trente tonnes évacuent ensuite les restes de la fière montagne. On lave encore toutes les parois et on y fait de profondes injections de ciment qui feront corps avec le .futur barrage. Ainsi, ce dernier sera solidement ancré, appuyé, épaulé dans la montagne. Et ce travail est très important, surtout s'il s'agit d'un barrage - voûte, puisque dans ce système, l'effort principal est transmis aux deux extrémités du mur.

LES ASSISES SUCCESSIVES

On peut maintenant commencer les premières assises du mur géant. Et c'est ici que s'accomplit le merveilleux travail à la chaîne. ,

Dans la moraine glaciaire, à près de 3000 mètres d'altitude, les perforatrices et la dynamite dégagent les agrégats que des trax emmènent aux concasseuses giratoires. Comme d'immenses moulins, celles-ci disloquent et pulvérisent les blocs pesant jusqu'à trois tonnes. Broyés, triés, lavés, sables et graviers voyagent par tapis roulant jusqu'à la tour à béton. Là, ils sont mélangés automatiquement avec l'eau et avec le ciment que les CFF, les bennes du téléphérique (800 kilos à la minute) ou les camions-silos ont transporté jusqu'aux silos. Con­trôlé dans sa teneur par des appareils perfectionnés, le béton est pris en charge par les blon­dins bennes de 6 m. cubes) déversé à raison de 8 à 9000 m 3 par jour sur le barrage, étalé régulièrement par les bulldozers, «travaillé» par les pervibrateurs électriques pour éliminer

les poches d'air et abondamment arrosé pour assurer un bon collage. Chaque mouvement s'exécute avec précision (temps et distance); le téléphone du

poste de commande joue un rôle capital. Le mur n'est pas construit d'un seul bloc, mais par «plots» qui se joindront après coup;

cette manière de faire facilite la prise du ciment. Outre les galeries de vidange qui font baisser le niveau du lac, des galeries de contrôle s'ouvrent dans l'épaisseur du mur, qui serviront au dépistage des fissures éventuelles.

On travaille ainsi jour et nuit, en 2 équipes de 10 heures, jusqu'à l'arrière-automne. L'hiver, meutrier à cette altitude, se passe en travaux d'intérieur: révision du matériel

et des machines, préparation des coffrages, creusement des galeries.

TRAVAUX ANNEXES: GALERIES, CONDUITES FORCEES Tandis qu'aux différents paliers s'édifient les usines électriques, les techniciens posent

déjà la conduite forcée et creusent les galeries d'amenée. Ces dernières déroulent leur labyrinthe souvent jusqu'à 40/50 km. du barrage. Ainsi la

Grande Dixence va chercher ses eaux jusqu'au pied du Cervin et sur le versant ouest des Mischabel. Son bassin versant s'étend sur 430 km2, dont 250 km2 de glaciers.

De lourdes perforatrices montées sur rails grignotent la roche à l'intérieur de la mon­tagne. Dans les couches cristallines, l'avance est de 8 à 15 mètres par jour, mais seulement de 1 à 2 mètres en terrain friable où les travaux de soutènement sont particulièrement longs, dangereux et compliqués.

Quant à la conduite forcée - il y en a souvent deux pour un même barrage avec deux usines sises à différents paliers - son histoire détaillée témoign~ elle aussi de l'admirable travaii des hommes qui œuvrent en équipe.

LA BELLE HISTOIRE D'UNE CONDUITE FORCEÈ

Il s'agit ici de la conduite forcée de NENDAZ (Grande Dixence ,S. A.) et plus spéciale­ment du tronçon à ciel ouvert usiné par Giovanola Frères, S. A. à Monthey.

L'eau récupérée à la sortie de la première usine ~e Fionnay est con~uite pa; l~n tU~!lel de 15 km. jusqu'à Péroua (Commune de Nendaz) et de la descend en cOlld~LLte !orcee Jusqu a la centrale de Bieudron (Nendaz) située au niveau du Rhône, en face de Samt-Pterre de Clages).

Dans une mine de Pennsylvanie, aux USA, les mineurs extraient le f~r qui a fai~ la fortune de cette région. Après passage dans les hauts fourneaux et les converttsseurs, le metal, devenu acier, est confié aux laminoirs qui le transforment en tôles. . , ,

La dimension de ces tôles dépend de l'usage qu'on va en fane. Celles de Nendaz ont ete commandées sur 10 mètres de long, 2 m. 80 de large et une épaisseur variant de 16 à 33 mm.

Chaque tôle a son pedigree, c'est-à-dire un certificat d'origine J?o~·ta!1t .le nun~~ro de coulée les dimensions la composition les qualités ... A propos de quahte, 1 aCIer ChOISI pour Nenda~ est un acier aziié - l'acier Tl ~ (manganèse, nickel, wolfram, molybdène, chrome, etc.~ et traité thermiquement. Des maisons internationales spécialis~e.s dans l'inspe~tion e,t l'ess~I des matériaux ont vérifié cette composition et donné un certIficat de garantle, apres aVOir poinçonné toutes les pièces. Dès le départ, toutes précautions sont prises pour s'assurer un métal de première qualité. " .

On a charO'é environ 2000 tonnes de ces tôles d'acier sur un cargo. CelUl-ci a faIt route pour Rotterdam d'où les tôles sont arrivées à Bâle par chaland du Rhin. , , . ,.,

Par wagons CFF, le chargement est arrivé à Monthey, accompagne d un «dossIer» deJa considéraLle.

Le prix de revient de la' tonne, y compris les frais de transport, assurances, douane, exper-tises, etc. est à peu près de 1700.- Fr.

Voici donc le métal rendu à domicile. A l'usine, les tôles sont coupées, équarries et chanfr'eiliées (c'est-à-dire qlie les' bords sont taillés en > pour permettre la. soudure.

Elles sont ensuite roulées c'est-à-dire cintrées, incurvées sous de pUlssantes rouleuses américaines pour former un cy~lindre de diamètre extéri~ur cO~lstant, égal à 3 m. 15, pui; enfin soudées longitudinalement. On obtient ainsi ml premIer cylmdre haut de 2 ~l. 80 appel.e virole. Trois viroles soudées ensemble donnent un tuyau de 3 m. 40 (3 X 2.80) qu on pourraIt appeler 1'« unité» de la conduite forcée. . , ., . ..

Si le diamètre extérieur reste constant, par contre le dtametre mte~'Ieur, dlmmue d.e plus en 'plus vers l'aval, l'épaisseur de la conduite augmentant ,avec la preSSIOn d ea~. On salt en effet que la pression augmente d'une atmosphère pour 10 m~tres de chute. ye~'s 1 a~ont, la tôle d'une virole 'aùra environ 16 mm'. d'épaisseur pour attemdre 50 mm. a 1 entree de la turbine où la vitesse de l'eau est de 145 mètres-seconde, soit 520 l~m. ~ l'heure! . .

Chaque soudure est contrôlée d'une façon extrêmement nunuheuse par des radwgraphtes et par les ultras-sons qui détectent porosités et fissures plus fines qu'un ~he,:eu !

Puis ' le tuyau entier (8 m. 40 de longueur sur 3 m. 15 de dlamett'e) passe dans un four électrique géant où il est recuit à 650 degrés., . .

La ' souduré en effet, crée des tensions dans le metal : c'est la raIson de ce traItement au four électrique, appelé « traiteme'nt de détente ». ~ . . , , .

A la sortie du four, le tuyau est soumis au controle hydraultque, qUl .epro~vera ~a reSlS­tance 'à la pression. En service, les tuyaux auront à supporter une J?ressIOn d e.au enorm~, surtout s'ils sont au bas de la conduite; à l'usIne déjà, on leur tait sl~]Hr ~ne pre~sIOn une fots et demie plus forte, dans des installations en rapport avec les chmensIOns ImpreSSIOnnantes des

tuyauxL'élément_unité va maintenant recevoir sa peinture p~otec,trice., On. commence .. par décaper ou sabler toute sa surface. Cela consiste à mettre le met~l ~ nu, a lU.1 e,nlever rOUllle, calamine 'et croûtes de laminage. Cette opération de sablage se faIsaIt au~refols a ~a. ~oudre de silex; pour éviter la silicose, on remplace aujourd'hui le silex par du conn don artIfICIel prove-

nant d'Allemagne. , ., 1 ) A La peinture, à base de poudre de zinc, est appliquée a la mam (pmceau et l'OU eau .

l'intérieur, une couche de bitume recouvrira la peinture. A ,

Tant à l'extérieur qu'à l'intérieur, la couche est controlee électriquement de façon à être absolument uniforme. ' . '

Tous ces contrôles successifs (soudur~, traitement de d.étente, preSSIOn hydraul~(!ue, peinture) sont notés sur fiche, datés et signés des différents ouvners responsables. Le certIfIcat de fabrication d'un tuyau est plus volumineux qu'un passeport d'homme !

Page 13: L'Ecole valaisanne, juin 1960

Notre tuyau-unité est terminé: suivant son épaisseur, il pèse entre 10 et 25 tonnes. Reste à le transporter à pied d'œuvre. Nouvelles difficultés. Si la route cantonale valai­

sanne est, dans son ensemble, une belle route moderne, il n'en va pas de même des ponts et des routes de montagne!

A Martigny, par exemple, le pont de la Bâtiaz, bête noire des trains routiers, n'est plus adapté au trafic moderne et ne permet pas les gros tonnages.

Il a donc fallu recourir aux wagons CFF jusqu'à Sion (Chandoline), recharger sur camions jusqu'à Haute-Nendaz (péroua) et, de là, descendre les 870 mètres de conduite sur un portique roulant manœuvré par un treuil, car on commence toujours à poser les tuyaux par le bas de la conduite. Toutes les soudures de montagne ont également été contrôlées par radiogra­phies et au moyen des ultra-sons.

Indépendamment des travaux de génie civil, la pose de la conduite et la soudure des différents éléments a demandé 7 mois de travail.

Il faudrait encore décrire le travail spécial des coudes, des renforcements, des joints de dilatation, des vannes ainsi que les autres tronçons de la conduite forcée.

Le puits blindé vertical d'une centaine de mètres a été confié à la maison Escher-Wyss de Zurich. Sulzer à Winterthur a fourni et posé la partie inférieure du puits blindé ainsi que les pièces de bifurcation répartissant l'eau aux différentes turbines.

La firme Tubificio, à Brescia, Italie, a fourni les tuyaux frettés ou cerclés pour la dernière partie souterraine de la conduite forcée.

L'usine souterraine est équipée de 12 turbines Pelton produisant chacune une puissance de 45000 CV et de six groupes de génératrices d'une puissance totale de 366000 kW. L'usine électrique de Nendaz sera, lors de sa mise en service, la plus puissante de Suisse.

LE DISPOSITIF DE SECURITE

1. En temps de paix

Un barrage en haute altitude représente un danger aussi permanent que ... théorique, pour les populations de la vallée et de la plaine. S'il venait à se ~·ompre.! disent les gens, quelle catastrophe! Ce serait, bien sûr, une catastrophe, comme les ll10ndatIOns, les avalanches, les raz de marée, les volcans, les tremblements de terre ... ou la guerre. , , .

Ces menaces sont permanentes sur terre, comme chacun est menace a tout Instant de se casser une jambe ou de mourir. Cela n'empêche pas les hommes de vivre, ni de bâtir.

Les causes qui pourraient provoquer la rupture d'un barrage sont de deux sortes : 1. de graves erreurs de calcul chez les ingénieurs, ou de graves malfaçons dans l'exécution

des travaux; ,. . , d' d 2. des secousses sismiques imprévisibles qui disloqueraient le sol dans la regIOn Imme Iate u

barra<Ye et feraient céder le verrou. CO~ltre les unes et les autres, on peut affirmer qu'en Suisse, on a pris le maximum de

garanties humaines. , ., , .. , Les calculs des ingénieurs prévoient de larges marges de secunte et sont VerIfIeeS et

revérifiées maintes fois par des instances diverses. Les normes exi?ées chez. nous ne ~ont ga~ comparables à celles de certains barrages ,de l'Etra~g~r, dOl~t la mll1ceu~ a ,Justem~nt I~qUIete les populations. Quant aux travaux exécutes, la quahte du beton ~mploye, 1 ~ntrepnse d a~o~d, puis les inspecteurs de la C~nfédération et du ~anton exercent a ~ous. les ech~lons u~~sever~ contrôle. Les arrêts de travaIl pour cause de greves ou de revend~c~tIOns SOCIales, a~I;ts qUI pourraient compromettre la qualité du travail lui-mê?Ie, ~le s.~nt d aIll~ur~. pa,s .autonses. pne fois le barrage terminé, des contrôles sont effectues. reg'-!lterement a II?teneur du beton (galeries de contrôle), pour déceler les effets, de la dilata~IOn, de l,a preSSIOn, les. tassements et les affaissements possibles. Quelque chose d anormal est-Il constate, les organes respons.ables sont immédiatement avertis et I?rendront les mesu~es ~~gentes opportunes. ~n peut. ?ffirmer ans crainte que les barrages SUIsses - et tout parhcuherement ceux du ValaIS - pl esentent, ~ vues humaines, une sécurité absolue et rendent inutile tout système d'alarme en temps de paix.

Il. En temps de guerre

Il n'en va pas de même en temps de guerre. , .., . , La destruction d'un barrage, hélas! est un moyen d affaIbhr 1 ennemI. Qu on se

rappelle l'acharnement des bombardiers anglais à détruire les barrages de la Mohne sur la Ruhr (135 millions de m 3) ou celui de l'Eder (200 millions de m 3 ).

Le mieux serait donc de vider les lacs de retenue: ce faisant, on priverait le pays d'un bon quart de son énergie hydro-électrique. Ouvrir les vannes partiellement et faire baisser le niveau des retenues affaiblirait d'autant la production. Mieux vaudrait diminuer l'accumu­lation d'eau en forçant la consommation, c'est-à-dire en travaillant sans discontinuer, jour et nuit.

Contre l'attaque par surprise, l'armée a prévu des détachements spéciaux sur chaque barrage, avec un système d'alerte particulier. Dans des casemates camouflées, à proximité im­médiate du barrage, des hommes veillent jour et nuit. Ils sont en relations téléphoniques directes, par câbles souterrains et par radio, avec un poste cenh'al situé dans la plaine. Pour les barrages valaisans, trois postes centraux fonctionnent à Naters, Sion et Aigle. Au moment où le chef de barrage, dans son bunker, presse sur le bouton d'alarme, la sirène (ton grave) se met à hurler dans tous les hameaux et localités situés en aval, à 30 minutes du flot dévasta­teur, pour avertir la population de se réfugier sur les collines et sur les pentes, à des points désignés d'avance et hors d'atteinte des eaux.

Pour une zone plus éloignée (au delà de 30 minutes), l'alarme est donnée par radio et transmise par les sirènes ordinaires (ton aigu). Par des calculs précis et des expériences faites à l'échelle «sur le terrain» et en laboratoire, on sait, dans chacune des localités menacées, le temps disponible pour fuir. Ces calculs et ces expérimentations ont été ordonnés et contrôlés par la Confédération. Ils coûtent très cher et sont à la charge des sociétés électriques (alerte rapprochée) ou de la Confédération (alerte éloignée). Du côté de l'armée, le système est au point; plusieurs pays étrangers sont actuellement en train de copier ou d'adapter chez eux le système suisse. C'est du côté «Protection civile» que l'organisation est encore en souffrance. Des embouteillages et des paniques ne manqueraient pas de se produire si la guerre était déclarée demain. C'est pourquoi il importe que la population civile se prête de bonne grâce aux exercices qui sont ou seront organisés à cet effet.

Quant à l'usure du temps, on peut y remédier dans une certaine mesure. Nos barrages dureront-ils autant que les Pyramides d'Egypte ? Pourquoi pas? Mais peut-être que dans cent ans, ils ne seront plus du tout nécessaires.

VALAIS: LES 10 PREMIERES USINES ELECTRIQUES EN DATE

Il s'agit naturellement de petites usines qui ne sont pas comparables à celles d'aujour­d'hui. La hauteur de chute était faible : 60 m. à Zermatt, 200 m. à la Lienne ; mais déjà 865 m. à l'usine de Vouvry. Leur puissance initiale était faible: 450 CV à Zermatt. Mais elles ont été transformées, agrandies au cours des années et il est aujourd'hui difficile d'établir leur puissance initiale et leur production annuelle.

Sauf pour Vouvry et Chippis, ces usines ne comptaient pas de bassin d'accumulation.

Usine Date Concessionnaire

1. Zermatt 1893 Bourgeoisie de Zermatt 2. Gampell 1898 Lonza 3. Vernayaz 1898 Lonza 4. Zermatt 1898 Gornergrat-Bahn 5. Massaboden 1899 CFF (Simplon) 6. Gampel II 1900 Lonza 7. Vouvry 1902 Forces Electr. de la Gde Eau 8. Bois Noir 1902 Ville de L\lusanne 9. Lienne 1 1907 Municipalité de Sion

10. Chippis 1908 AIAG

Puis viennent Aproz et Martigny-Bourg e~l 1908 Vissoie (Serv. Ind. Sierre), DaIa, Ackersand en 1909 Monthey (CIBA) en 1910 La Souste (AIAG) en 1911 Fully en 1915

Rivière:

Triftbach Lonza Salanfe Findelenbach Massa Lonza Lac Tanay Rhône Lienne Navizence

Note: Vouvry fut la première usine suisse à utiliser un bassin d'accumulation naturel (lac de Tanay).

. Fully fut durant une quinzaine d'années la plus haute chute du monde.

Page 14: L'Ecole valaisanne, juin 1960

QUELQUES GRANDES USINES AU FIL DE L'EAU

Puissance à la turbo

Chute (en 1000 Nom Canton (en m) CV}

Sur le Rhin:

Kembs France (Suisse 20 %) Il 223 Ryburg AG (Suisse 50 %) 8 158 Laufenbourg AG (Suisse 50 %) 6,7 125 Albbruck-Dogern AG (Suisse 54 %) 7 112 Birsfelden BS (Suisse 50 %) 4.7 120 Rheinau ZH (Suisse 59 %) 7,9 56

Sur le Rhône :

Verbois GE 17 126 Lavey VD 39 112 Chancy-Pougny GE (Suisse 72 %) 9,5 53

Sur l'Aar:

Wildegg-Brugg AG 10 62 Sosgen SO 14 82 Klingnau AG 5,20 58 Rupperswil AG Il 46 Mühleberg BE 18 48

Sur la Limmat :

Wettingen AG 21 34,5

QUELQUES GRANDS BARRAGES SUISSES

Volume Volwne du d'eau retenue Energie ac- béton en en millions cumulée en Hauteur du millions de

Nom de ma GWh barrage ma

Gde Dixence VS 400 1500 284 5,89 Mauvoisin VS 180 585 237 2 Vogorno TI 100 55 220 0,5 Luzzone TI 86 242 200 1 Zeuzier VS 50 140 160 0,33 Moiry VS 72 262 145 0,8 Zervreila GR 100 244 151 0,65 Emosson * VS 170 531 170 0,85 Grimsel BE 100 250 114 0,33 Goscheneralp UR 75 185 134 8 Wiiggital SZ 147 133 110 0,23 Lac de Gruyère FR 180 57 83 0,25 Marmorera GR 60 108 70 2,7 Les Toules * VS 20 51 80 3,2 Mattmark * VS 100 350 100 10

* En projet.

Prod. ann. (en mil-lions de

kWh}

864 732 540 532 477 215

430 400 195

300 278 230 217 134

100

Type

poids voûte voûte voûte voûte voûte voûte voûte poids-voûte enrochements poids voûte en terre voûte-coupole enrochements

QUELQUES GRANDES USINES DE HAUTE CHUTE

Nom de l'usine ou de complexe hydroélectrique

Grande Dixence * Oberhasli

Maggia

Mauvoisin

Gougra

Zervreila

Goscheneralp

Val Bregaglia

Chan doline

Amsteg CFF

Vernayaz CFF

Lucendro

Etzel

Lienne

Wiigr;Ïtal

Hauterive

Ackersand II (Lonza)

Miéville (Salanfe)

VS

BE

TI

VS

VS

GR

UR

GR

VS

UR

VS

TI

SZ

VS

SZ

FR

VS

VS

Puissance à la turbine en milliers

de CV

990

570

276

481

230

314

224

188

258

90

98

66

129

122

160

80

80

127

* L'usine de Nendaz est la plus puissante actuellement prévue en Suisse:

Puissance à la turbine : 540000 CV

Puissance à l'alternateur: 360000 kW

Production annuelle d'énergie: 890000 kWh

Production annuelle en

millions de kWh

1510

1225

792

761

555

533

320

44·0

350

350

233

270

212

184

123

203

242

130

Bibliographie: Ces chiffres ont été puisés dans l'ouvrage: « Forces Hydrauliques et économie énergétique de la Suisse.

Edition: Association Suisse pour l'aménagement des eaux, Zurich 1957.

Page 15: L'Ecole valaisanne, juin 1960

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L'extration de la moraine

D'énormes griffes métalliques grattaient, labouraient la moraine, lui arrachaient, au bord du ciel, d·ans des grincements de catastrophe, ses cailloux et ses graviers, ses pellicules de gazon et ses sables. D'énormes blocs polis par les glaces au fond des millénaires surgissaient dans les plaies béantes, basculaient, maculés de terre, roulaient, repris brusquement par la main de métal, suspendus en l'air, balancés en l'air et déposés sur le Mack ...

La griffe de fer les arrachait, les suspendait en l'air; les grues des pelles mécaniques dessinaient à l'horizon de curieux profils de girafes. Quels monstres antédiluviens montaient des plaines pour défaire ce qu'avaient fait les glaciations primitives, pour rompre l'ordre d'une création dont on n'imaginait pas qu'elle pût obéir aux caprices des hommes? La proie des mâchoires d'acier croulait sur le pont des énormes véhicules. Les Mack, si hauts sur roues qu'ils semblaient conçus pour traverser le chaos, dans une légende des temps mécanisés, se gor­geaient de pierres, de sable, de lambeaux terreux où pendaient encore des moignons de - plantes, des lambeaux d'un gazon où, quelques minutes plus tôt, encore, fleurissait les androsaces. Ils n'avaient pas un frémissement sous l'avalan­che qui les surchargeait et, dans un l'onflement sinistre, roulaient vers le «moulin ».

(Maurice Zermatten) - Le lierre et le figuier

La pelle mécanique

Une pelle mécanique énorme, montée sur chenilles, attaque ce fond de gorge et remplit les trente tonnes qui viennent à tour de rôle prendre leur charge de pierre. Pendant longtemps, une heure, deux heures, je regarde travaillel' l'in­secte d'acier aux prises avec les blocs. Tel un organiste maître de ses registres, le conducteur qui s'en sert a rendu sa machine docile et comme vivante. Entre la main et l'outil, une amitié millénaire s'est nouée que la machine n'a pas détruite. Le bras s'allonge, la pelle s'engage sous un bloc, les chenilles tremblent sous l'effort comme les muscles tendus d'un lutteur. Le bloc est mal placé, le bras se replie puis revient; la pelle, attaquant de biais, pousse la pierre, la fait tour-

Page 16: L'Ecole valaisanne, juin 1960

11er, sem.ble la caresser et enfin, la reprenant depuis dessûus, la sûulève. Un demi­tûur de carrûusel de la machine entière et le blûc, lûurd de plusieurs tûnnes, est dép .osé, légèrement, sur le pûnt du camiûn qui plûie sur ses ressûrts. Le blûc est trûp sur l'arrière; d'une dernière chiquenaude, cûmme amicale, la pelle, fermée, le pûusse à sa place. Un demi-tûur de carrûusel et la gueule de fer aux dents luisantes, va tâter un autre blûc et l'enlever à sûn tûur. Ainsi, pendant des heures, des jûurs, des mûis ! Dans deux .ou trûis mûis, à trente mètres plus bas, l'hûmme et la machine fer .ont le même travail, la machine vingt deux heures durant, l'hûmme .onze heures de jûur .ou de nuit. Parfûis il semble que, sûn effûrt fûurni, le bras d'acier retûmbe épuisé, et le mûteur halète .ou rûnfle, pûumûns fatigués.

A. Guex - «Barrages»

Dans le tunnel

Rûulant d'un bûrd à l'autre, tanguant cûmme un canût qui peine dans la hûule , le wagûnnet aveugle, cûnduit par des rails de fûrtune, s'enfûnce dans la nuit, qu'il nûus semble .ouvrir à cûup d'épaule. Sans cesse, devant nûus, le mur de ténèbres recule. Et la vûûte glisse sur nûs têtes. Nûs lampes éclairent tantôt des bancs de schistes étincelants de mica, tantôt de grès terne et rugueux. Ailleurs, des cintres de métal .ou des pûutres mal équarries étayent la masse mal­saine de graviers et de bûue qu'il faut cûntenir, sûutenir mètre par mètre, pûur l'empêcher de s'écrûuler et d'ensevelir. Sûudain quelques gl'ûsses gûuttes sûnnent, cûmme au début d'une fûrte averse, et maintenant, la pluie augmente et ruisselle dans le frûid devenu glacial. Rapide éblûuissement, au passage, dans l'humidité nûire, d'une caverne .où des hûmmes s'agitent. Certains se sûnt redressés, 'et nûus regardent passer, appuyés sur leur piûche, immûbiles cûmme des sentinelles. Leur lampe au frûnt, fait d'eux d'étranges cyclûpes, aux visages mâchurés de bûue, .où brillent les yeux dilatés par la nuit qui nûus fixent un instant.

A. Guex - «Barrages»

Galeries

Des centaines d'ûuvriers s'engûuffrent, jûur et nuit, dans l'intérieur des galeries. Tûut ce mûnde y disparaît cûmme dans la bûuche d'un métrQ. Les mineurs Sûnt en grande majûrité, puis viennent les bûiseurs, les maçûns, les terrassiers, les mécaniciens et les machinistes.

A mesure qu'ûn s'apprûche du frûnt d'attaque, le bruit sûurd des perfûra­trices va en s'amplifiant. Au fûnd de la galerie, .on aperçûit les premières lueurs. Cûmme des .ombres chinûises, à travers une nébuleuse de vapeur d'eau, .on dis­tingue de mieux en mieux les silhûuettes des mineurs. A l'avancement, le bruit des perfûratrices est devenu aussi assûurdissant que celui de plusieurs mûteurs d'aviûn. Les hûmmes ne se cûmprennent que par signes, seul langage pûssible.

Ici, la tenue de la l'ûche est bûnne. Revêtus de lûngs manteaux imperméa­bles, bûttés, un petit prûjecteur électrique fixé à leur casque, lés mineurs sûnt en train de perfûrer une vûlée. Au chariût de fûrage sûnt fixés de rûbustes bras d'acier pûrtant les lûurdes perfûratrices de 60 kilûs. Les mineurs, juchés sur leur chariût, n'ûnt plus qu'à régler la pûsitiûn des machines, à actiûnner les manettes d'air cûmprimé d'eau, et à changer les burins. Une fûis le frûnt d'attaque criblé de trûus cûmme une passûire, le chariût est retiré, les trûus bûurrés de munitiûns et les charges allumées. Tûut le mûnde se retire à une centaine de mètres et attend, dans les niches, que. la vûlée sûit partie. Api'ès les explûsiûns à vûus

déchirer le tympan, une fûrte ventilatiûn aspire les gaz vers l'extérieur. Aussitôt s'avance, sur rails, une puissante pelle mécanique accûuplée à un silû élévateur. Ces deux machines chargerûnt sur wagûns tûus les déblais de rûche en un temps recûrd. Une fûis le train chargé, les tracteurs électriques le remûrquent vers la sûrtie. Au fûnd, le cycle recûmmence. Il recûmmence jusqu'à neuf fûis en vingt­quatre heures et, ainsi, la galerie s'allûnge jûurnellement de 14 mètres.

Passûns maintenant dans une galerie ûlila rûche est mauvaise. Le danger guette les mineurs. Le chariût de fûrage a disparu. C'est le marteau-pic et la piûche qui sûnt en actiûn. Au fur et à mesure de l'avancement, les bûiseurs étayent la roche. De ,puissants caches se succèdent et la galerie se transfûrme en un lûng cûulûir bûisé,

A quelque cent mètres derrière le frûnt d'attaque, les n'laçûns sûnt à l'~u­vre. Ils exécutent, en bétûn et en briques, le revêtement de la galerie. Des plan­ches fixées sur des cintres métalliques servent de mûules pûur l'exécutiûn de ce revêtement. Au fur et à mesure du bétûnnage et de la maçûnnerie, il s'agira d'en­lever le bûisage sans prûvûquer d'effûndrement. Il faut autant de métier que de prudence. Plus en arrière encûre, les maçûns exécutent le revêtement définitif du t~nnel. Ch. Fûnjallaz .

LES EAUX DE LA MONTAGNE (Dictée pûur fin de 6e année)

Les eaux de la mûntagne ne ressemblent pas à celles des plaines : rien ne les sûuille ; elles n'ûnt jamais pûur lit que le sable, et la pierre nue. Si prûfûndes qu'elles sûient, .on peut cûmpter leurs caillûux bleus: elles sûnt transparentes cûmme l'air. Quand l'eau dûrt Sûus les rûches, verte et prûfûnde, ses yeux d'éme­raude .ont le l'egard perfide d'une naïade qui fascinerait)e passant pûur le nûyer; puis, la fûlle qu'elle est, bûndit en aveugle à travers les rûches, bûuleverse sûn lit, se sûulève en tempête d'écume, se brise, impuissante et furieuse cûntre le blûc qui l'a vaincue. Trûis pas plus lûin, elle s'apaise et vient frétiller capricieu­sement près du bûrd en remûus changeants, diaprée de bandes claires et sûmbres, se tûrdant cûmme un,e cûuleuvre vûluptueuse. Quand la rûche .de sûn lit est large et pûlie, elle s'y étale, veinée de l'ûse et d'azur, .offrant sa place unie à tûute la lumière du sûleil. Sur les herbes cûurbées, elle file silencieusement, en ligne drûite et tendue, cûmme un faisceau de jûncs, avec l'élan et la 'vélûcité d'une truite pûursuivie~ Adrien Martin

LA FEE DE LA MONTAGNE (Dictée de 6e année)

Une l'lVlere naît du glacier, tûut là-haut dans la mûntagne. «L'eau est trûp précieuse pûur qu'ûn la laisse ainsi vagabûnder, sans prûfit, dans le vaste mûnde» .ont pensé les ingénieurs. Bientôt une multitude d'ûuvriers sûnt venus et .ont bûuleversé le terrain; ils .ont fûré la rûche, l'ûnt minée jusque dans sûn sein, .ont fûuillé les entrailles de la terre, puis ils .ont élevé un gigantesque bar­rage derrière lequel se sûnt accumulées tûutes les eaux de la régiûn. Par de grûs tuyaux d'acier, celles-ci .ont été amenées à l'usine .où elles fûnt tûurner turbines et dynamûs ,qui prûduirûnt l'électricité, cette fée merveilleuse qui nûus éclaire, nûus réchauffe, cuit nûs repas, nûus aide dans nûs travaux, nûus diStl'ait, nûus prûmène à travers les pays, ~ûus rend tant de services que nûus ne pûurriûns plus nûus en passer. ~. B.

Page 17: L'Ecole valaisanne, juin 1960

POU R ou CON T R E

LE BARRAGE

1

Si c'étaient des castors qui creusaient la roche et barraient la route aux eaux libres, tous les amis de la nature admireraient. Mais ce sont des hommes ! Alors, ils profanent la nature. Comme s'ils étaient capables de l'abîmer, cette nature t~llement .plus grande, tellement plus forte qu'eux! Tous les barrages accum~les ne feraIent pas une colline. Parce qu'on égratigne les Alpes, ne criez pas qu O? les egorge. Elles sont grandes, elles restent secrètes, elles sont beaucoup plus pat~entes ~ue nous, ~t plus durables. Elles ont le temps de panser ces pau­vres petItes p.lales. Et pUIS, prenez garde ! Ces barrages on les trouvera beaux quand les artIstes se seront chargés de montrer qu'ils le sont. Le Pont du Gard ou l'aqueduc de Lisbonne, si on les construisait aujourd'hui désoleraient les défenseurs de la nature. Des travaux qui ont demandé ta~t d'audace tant d'intelligence, qui ont coûté tant de fatigue et tant de sang, ne profane~t pas plus la nature que les châteaux de sable des enfants ne profanent les plages de la mer.

André Guex

II

Les. inconvénients ~es entr~prises hydro-électriques ne manquent pas, cela va de SOI. Il y a les aCCIdents, SI nombreux que le gouvernement valaisan s'en préoccupe. Avec des chantiers d'une telle envergure, placés pour la plupart en montagne, dans d~~ conditions si inhospitalières, il ne peut guère en être autrement. Il y a la SIlIcose, maladie si sournoise, si grave, qui continue à faire des victimes malgré les précautions prises ; les grands travaux sont actuellement presque tous dans des terrains siliceux. A tel point qu'on peut parler de «la rançon sanglante de la houille blanche ». Il y a des influences d'ordre moral et social p.e~t-être plus gra-yes en?ore, e~ qui ne se manifesteront qu'à la longue. La ment alIte des montagnards qUI travaIllent dans ces chantiers côte à côte avec des ouvriers de toutes sortes, se modifiera peu à peu et, lors~'ils auront vécu ainsi pendant dix ou vingt ans, ils ne pourront plus reprendre leur viè habituelle ce. seront des méco~tents~ des m~lheureux. Si du moins ils avaient l'esprit d'écono­mIser pour leurs VIeux Jours; Il Y en a qui le font, mais on est écœuré de voir les jeunes dépenser follement au fur et à mesure tout ce qu'ils gagnent pOUl' se procurer non pas un bien-être meilleur, mais des amusements déplorables.

Ignace Mariétan

III

Les barrages introdui~ent une note artificielle dans les paysages, le temps n~ .le~Ir do~era pas la patln~ des roches du voisinage, car le ciment ne sait pas VleIl~Ir. CelUI de la Gra~de DIxence, le plus grand de tous, vu depuis Pralong, ne par~It~~ 'pas trop volUmlnt~ux par rap~ort à l'énorme verrou naturel sur lequel il est edlfIe. Il en sera de meme de celUI de Mauvoisin, vu depuis Mazeriaz. Celui de Zeuzier, enchâssé dans une gorge étroite n'apparaîtra guère.

Les lacs de barrage sont vides au début du printemps, alors leur fond , ~aseux est laid, mais on ne va guère en montagne à cette saison. Ils se remplis­sent durant les mois de juin, juillet et août. Vers le milieu de l'été, ils deviennent très beaux, et embellissent les paysages. Nous pensons à celui de Mauvoisin qui s'étendra tout au long de la vallée triste et monotone, jusqu'au pied de Chanrion, il aura toute la beauté des fjords de Norvège. Celui de la Grande Dixence sera plus beau encore que l'ancien parce que plus grandiose. Celui de Zeuzier embel­lira le cirque de l'alpage du Rawyl dont il occupera la partie inférieure. La montée au col, à travers ces belles parois calcaires avec la vue sur le miroir de la

, nappe d'eau et les grandes sommités lointaines du Weisshorn et du Rothhorn de Zinal sera magnifique. Celui de Moiry embellira ce vallon austère. Ceux de Salenfe, Barberine, Cleuson attirent déjà les touristes.

Ignace Mariétan

COURS SUPERIEUR: DICTEE ET LECTURE FOUILLEE LA CONSTRUCTION DU BARRAGE

Un essaim gris et noir s'agitait autour d'une proie magique :' le barrage. Ce n'était pas seulement , un mur qu'on érigeait là : une puissance fabuleuse ancrait dans les rochers ses assises vivantes; un dieu naissait de la peine des hommes. Jour et nuit, des milliers de mains pétrissaient sa statue colossale, dans la pâte granuleuse du béton; jour et nuit, les machines broyaient pour elle des bouillies étranges que les blondins lâchaient au-dessus du gouffre en mons­trueuses becquées. Des milliers et des milliers de tonnes de matériaux s'accumu­laient afin que le barrage prît vie. D'immenses fatigues suscitaient cette force iné­puisable qui s'opposerait aux éléments. Le barrage aspirait, se gonflait, organi­saÜ les monceaux de nourritures dont on le gavait, les transformait en cellules, en muscles, en membres. Les fourmis humaines, minuscules, ployant sous le far­deau, allaient, venaient, se croisaient. Dans l'air, au-dessus de la rivière, cou­raient les bennes; brusquement freinées, elles se cabraient, hésitaient, se ren­versaient, lâchant leur provende qui s'écroulait, dévalait dans un sifflement d'avalanche. Des griffes d'acier s'emparaient aussitôt de cette proie; des pilons martelaient ces chymes inodores; la fourmilière s'agitait, suait, ahanait de fatigue, communiquait sa vie à ces masses inertes. La statue grossissait d'un cen­timètre. Une rumeur d'eau, de métal heurté, de coups, de cris, de freins, de mo­teurs, une vibration de machines montaient, emplissaient la montagne. D'im­menses bulldozers passaient dans des vrombissements de flotte aérienne; des pelles mécaniques uhulaient.

Lecture par le maître, puis par quelques élèves.

Analyse du morceau.

Qui formait « un essaim gris et noir» ?

A qui l'auteur compare-t-il le barrage?

Maurice Zermatten (Le lierre et le figuier)

Relever quelques passages qui montrent que le barrage est vivant. Expliquer le travail' des blondins et des bennes ! Pourquoi l'auteur emploie-t-il l'expression «bouillies étranges » ? Comment qualifier le travail des «fourmis humaines» ? Quels outils, machines aidaient les «fourmis humaines» ?

Page 18: L'Ecole valaisanne, juin 1960

Les mots.

noms: barrage, assise, béton, bouillie, blondin, gouffre, becquée, provende, sifflement, griffe, fourmilière, bulldozer, pelle mécanique, vrombissement ...

adjectifs: fabuleux, colossal, monstrueux, inodore, inerte, inépuisable ...

verbes: ancrer, pétrir, susciter, gaver, emplir, uhuler, se cabrer, marteler, ahaner.

Phraséologie.

Employer dans des phrases, les verbes suivants: ancrer, gaver, ululer, ahaner.

Donner des mots de la même famille que: matériaux, cabrer, frein, naître.

Trouver des homonymes aux mots suivants et les faire entrer dans des phrases : eau, statue, mur, ail'.

Employer les mots suivants tantôt au sens propre, tantôt au sens figuré: frein, se gaver, gouffre, cellule.

Conjugaison.

naître : passé simple plus imparfait du subjonctif.

courir: futur simple plus présent de l'indicatif plus présent du subjonctif. broyer : passé simple plus futur simple.

prendre: imparfait de l'indicatif plus imparfait du subjonctif.

Analyse.

A. Grammaticale: dans les deux premières phrases du texte - les noms communs

- les pronoms

- les mots invaûables. B. Logique

Le barrage aspirait, se gonflait, organisait les monceaux de nourritures dont on le gavait, les transformait en cellules, en muscles, en membres.

Des milliers et des milliers de tonnes de matériaux s'accumulaient afin que le barrage prît vie.

Grammaire.

Règle des verbes en ayer loyer et uyer 1 eyer.

Accord des participes passés pronominaux.

Application avec: s'agiter, s'accumuler, se gonfler, s'écrouler, s'emparer, se cabrer. Quelle figure de style utilise l'auteur dans ce texte?

AUTRES EXERCICES:

Formes du langage.

Mettez à la forme indiquée la phrase : «Les quêteurs de houille blanche tournent les yeux vers les glaciers ». affirmative négative

interro-négative

exclamative

impérative

les quêteurs

les quêteurs pourquoi ... .

pourquoi ... .

excellente idée ! allons ! quêteurs

Faites entrer dans des phrases les mots suivants:

conduite forcée, château d'eau, canal de fuite, barrage-poids, barrage-voûte, torrent, rivière, usine, turbine, dynamo, alternateur, godets, transformateur, pylone, isolateur, fusible, ampère, volt, watt coupe-circuit.

Avec l'adjectif entre parenthèses, formez l'adverbe correspondant.

Au fond de la vallée, le barrage dresse (élégant) sa silhouette. Les bulldozers creusent (bruyant) la montagne. Le mineur travaille (prudent). Le veilleur de nuit appuie (fort)

sur le signal d'alarme. Le géomètre siffle (gai) en montant au barrage. Un ouvrier a répondu (insolent) à son patron. Les foreurs travaillent (intelligent). (Récent) l'aumô­

nier s'installa au barrage; il se mit à l'œuvre (immédiat), et améliora ainsi les institu­

tions lancées (antérieur).

Rem~lacez l'expression entre parenthèses par un adverbe correspondant.

Récemment arrivés au chantier, les ouvriers répondaient (avec vivacité). Les ingénieurs étudient la roche (avec passion), luttent (avec ardeur) contre les difficultés, et répondent

(sans se troubler) à toutes les objections formulées (avec ingénuité) par les visiteurs.

L'aumônier combat (avec opiniâtreté) les abus. Le veilleur qui ne travaillait pas (avec conscience) fut punis (avec sévérité) et (sans pitié). Le foreur émérité fut remercié

(avec chaleur).

Complétez par: «plus, davantage ».

Le maçon est têtu, mais son camarade l'est .... Le trax est ... solide que la pelle mécanique. Ouvrez .... vos yeux! Un ouvrier consciencieux est . .. considéré qu'un ou­

vrier qui ne l'est pas. Travaille ... rapidement. Le torrent débite : .. d'eau en été qu'en hiver. Qui gagne .... le mineur ou l'ingénieur. Le contremaître a .... de responsabilité

que l'ouvrier. Mon patron ne peut me payer .... Le barrage de la Dixence est ... grand que celui du Mauvoisin. En travaillant .... le mineur obtient .... de primes.

Complétez par: «bien, beaucoup, très ».

Il a ... de chance. Il a .... de la change ..... des mineurs se plaignent de lem' sort. La Dixence est .... plus grande que le Mauvoisin. Proportionnellement aux capitaux

engagés, le barrage de la Lienne est ... plus rentable que le barrage du Mauvoisin. Cet ingénieur accomplit . . .. son travail. Un maçon gagne .... d'argent. Ce patron a félicité

son chef de chantier en lui disant: «Tu as .... .... exécuté cet ouvrage, je te

confierai encore .... d'autres travaux à diriger ». Un ingénieur disait: «Si j'établis ... les plans, ce bassin de compensation sera ... solide ». Les actionnaires de la Dixence

doivent .... aux ingénieurs qui ont mené l'œuvre à ..... Ce barrage est .... petit, pour­

tant il a fallu ... d'ouvriers pour le construire.

Composition:

Une promenade au barrage. Lettre d'un enfant à son père, ouvrier au chantier du barrage.

Décrire le travail d'une pelle mécanique. En quelques lignes, imaginez les doléances d'une rivière que la main de l'homme

empêche de vagabonder librement. Durant l'été, vous voulez travailler dans un barrage. Faites la demande à la direction.

Votre classe a choisi le barrage de Zeuzier comme but de promenade. Ecrivez à la direc­

tion pour lui demander de vous réserver un guide ce jour-là.

Page 19: L'Ecole valaisanne, juin 1960

EXERCICE SUR LES PARTICIPES PASSES

Dans l'exercice suivant, remplacer l'infinitif par le participe passé et faire l'accord.

V oir du couronnement du barrage, les maisons ouvrières semblent minuscules. V oi,. la pluie, nous avons remettre à samedi notre promenade à la Dixence. Les machinistes

se sont succéder au tableau des commandes des blondins. Les ouvriers sont bien loger et bien nourrir. Que d'efforts il falloir pour mener à bien une telle entreprise. La

grande centrale, précéder de la floraison métallique des portiques de départ des lignes,

est asseoir au mÜieu des chalets. Les barrages ont introduire une note artificielle dans les paysages. Une pointe de métal s'est loger dans le doigt d'un ouvrier. A la cantine

deux mineurs, prendre de vin, se sont quereller. Les nouveaux ingénieurs se sont plaire à admirer les travaux. Les visiteurs se sont sourire, puis se sont saluer. La maison que

l'ingénieur en chef s'est fait construire est très belle. Le peu d'attention que les ouvriers ont appor.ter à ce travail, a provoquer un accident mortel. Cette pierre est plus dure

que je ne l'avais croire. Atteindre au visage par des blocs de glace, deux ouvriers se sont évanouir. La masse de roche s'est écrouler dans le fond de la gorge.

LA RONDE DES METIERS

Dans l'exercice suivant, reTl!'placer les points de suspension par un des mots suivants:

ingénieur, techniciens, dessinateur, cuisinier, géologue, sirène, aumônier, pasteur, mé.

decin, infirmier, chef d'équipe, dragueur, géomètre, théodolite, chauffeur, charpentiers, mineur, perforatrice, surveillant, contremaître.

Dans un chantier de haute montagne, le travail est bien organisé. Dans les bureaux, les

.... dirigent le travail; les .... élaborent les plans, et les .... dessinent croquis et profils à longueur de journée. Parcourant en tous sens la montagne, et stationnant sur tous les

points topographiques, le ... . . prend des mesures avec son .... Les .... et les .... surveillent le travail. Le .... prospecte la cuvette qui contiendra l'eau du futur barrage.

De petites équipes d'ouvriers sont sous les ordres d'un .... Les .... clouent les coffrages;

les .... percent le roc au moyen de puissantes .... ; les .... conduisent de lourds

camions. Le .... déblaye les alluvions au moyen d'un puissant trax. A l'infirmerie, le .. " et l' .... soignent les blessés. Un .... et un .... s'occupent de la santé morale des

ouvriers. Quand le sifflement des ... . a retenti, les ouvriers se rassemblent -à la cantine pour prendre le repas que le .... leur a préparé.

PROBLEMES

Travail:

1. Quel travail faut-il fournir pour élever un poids de : 25 kg. à 4 m. de hauteur? Rép. 100 kgm. 5 kg. 6 à 12,5 m de hauteur? 70 kgm. 18 q. à 56 m. de hauteur? 100800 kgm. 120 tonnes à 500 m. de hauteur ? 60 000 000 kgm.

Exp1'Ïmez votre réponse en kgm. (Rappel de la formule: Travail = Poids X Distance)

2. Quel travail (en kgm.) fournit un garçon qui porte une corbeille de bois de 10 kg., de la cour au galetas, en gravissant 65 marches de 0 m. 18 ? Réponse: 117 kgm.

3. Un camion de 6 tonnes monte de Martigny (aIt. 470 m.) au Mauvoisin (aIt. 1960 m.). Quel travail fournit le moteur, abstraction faite des frotte­ments?

Réponse: 8940000 kgm.

Puissance:

4. Quelle puissance en CV développe le moteur d'un treuil qui élève une charge de 150 kg. à 1 m. en 1 seconde? (Rappel de la formule: Puissance = poids X hauteur

Répons~ : 2 CV. temps (en sec.)

5. Quelle puissance en CV développe un moteur de grue qui élève une charge de 400 kg. à 21 m. en 45 secondes? Réponse: 2 CV ~ de 1 tonne à 12 m. en 80 secondes? Réponse: 2 CV de 4 quintaux à 17 m. en 15 minutes? Réponse: 1/10 CV

6. La puissance d'une turbine est de 45 000 chevaux; le débit de l'eau à l'en­trée dans la turbine est de 3,5 m 3 par seconde; on demande quelle est la hauteur de la chute (conduite forcéef Réponse 964 m Ys

Volume:

7. Les eaux accumulées dans le lac de Mauvoisin représentent un volume de 180 millions de m 3

• Ce volume équivaut à celui . qu'il faudrait pour élever de 31 cm. le niveau du lac Léman. Quelle est en ha la surface du Léman? Réponse: 58064 ha 5

8. De combien de cm monterait le niveau du Léman si l'on y déversait l'eau de la Grande Dixence (400 millions de m 3 ) ? Réponse: 68 cm. 8

Page 20: L'Ecole valaisanne, juin 1960

9. Le volume du béton du barrage Grande Dixence est de 5,8 millions de m 3•

Si, avec ce béton, on construisait une tour compacte de un ha de base (100 m. de côté), quelle serait la hauteur de la tour?

Réponse: 580 mètres

10. La longueur d'une conduite forcée est de 1770 m. Elle est formée de 2 conduites parallèles. Quel est le volume du métal employé si le diamètre

intérieur d'un tuyau est de 3 'm. 12 et le diamètre extérieur 3 m. 16? (Pi: 3,14) Réponse: 698 m 3 059

Pour cent:

Il. De 1947 à 1957, le nombre des chauffe-eau (boiliers) électriques à passé en Suisse romande de 60000 à 130000. Quelle est l'augmentation % ?

Réponse: 116,6 %

12. En 1955-56 les usines thermiques suisses ont fourni 67 millions de kWh, alors 'que la production hydraulique était pour la 'même année de 15,381 m:illiards de kWh. Quel pourcentage fournissent les usines thermiques par rapport à la production totale suisse? Réponse: 0,43 %

13. En 1955-56, la Suisse a produit 15381 millions de kWh; elle a exporté 2 009 millions de kWh et importé 625 millions de kWh de l'Etranger. Quel est, par rapport à sa production, le pourcentage des exportations et celui des importations? Rép. : Exp. 13,1 % ; Imp. 4,1 %

Divers:

14. Quel est le poids total des bennes transportées journellement à la Grande Dixence par téléphérique si une benne pèse 400 kg. et si le transport d'une journée équivaut à 50 wagons de 48 bennes? Réponse: 9fjO 000 kg.

15. Sachant que la longueur d'un cable est de 17 km. et que 2 bennes arrivent à chaque minute, trouver la distance entre deux bennes. Une benne met 2 heures pour faire le trajet. Réponse: 70 m. 80

16.

17.

18.

Deux bermes de 400 kg. arrivent à chaque minute aux silos. Une pompe enlève du silo 40 tonnes par heure. Quel est l'excédent de ' ciment par heure et par minute? Réponses: 8000 kg. et 133 kg. 1/3

Combien faut-il de tôles d'acier de 10 m. de long, sur 2,8 m. de large pour fabriquer un tuyau de 8 m. 40 de long et 3 m. 15 de diamètre? Dans quel sens cintrer les tôles pour ne pas devoir les couper? Réponses: 3 tôles de 2,8 m. donnent un tuyau de 8 m , 40. Il faut les cintrer sur 10 m.

Quand un orage éclate au Saentis, les rivières gross~ssent et l'effet. s'en ressent à Bâle 20 heures après environ. Bâle étant dIstant du Saentls de 220 km., quelle est la vitesse de l'eau? Réponse: 11 km. à l'ho

EXEMPLE DE QUESTIONNAIRE

Cours d'eau :

1. Quelle est l'utilité d'un fleuve? d'un simple torrent?

2. Précisez la notion d'érosion. D'alluvionnement. Citez des exemples en Valais, dans votre district, en Suisse.

3. Qu'est-ce qu'un cône de déjection?

4. Où sont bâtis villes et bourgs de la plaine en Valais? (cônes de déjection).

5. Pourquoi le Rhône en Valais zigzague-t-il d'un bord à l'autre de la vallée? (Regards sur la carte; monter sur une colline ... )

6. Précisez la notion l'ive droite, l'ive gauche, aval, amont, étiage, crue, etc.

7. La plupart des villes suisses sont bâties à la sortie des lacs et non à l'entrée. Faites cons­tater sur la carte: Genève, Zurich, Lucerne, Bienne, Thoune. Pourquoi ne bâtit-t-on pas

une ville à l'entrée d'un lac? (Terrain d'alluvions marécageux et mouvant; il n'y a pas de fond solide; le littoral avance chaque année d'un mètre à l'entrée du Léman (Port-Valais).

Cf. Adria, aujourd'hui à 25 km. du littoral adriatique ; POl't-St-Louis, à 10 km. de la mer ... )

8. Les exceptions confirment la règle : Ex. Yverdon. Conséquences ?

9. Le régime des eaux valaisannes. A quelle époque de l'année nos cours d'eau ont-ils leur

crue ? leurs plus basses eaux ?

10. Régime des cours d'eau jurassiens.

Il. Chez nous, l'époque des basses eaux (hiver) est justement celle où la consommation d'électricité est la plus forte. Il y a des régions climatiques où les hautes eaux sont en

hiver; Lesquelles? (Régions méditerrannéennes).

12. Faites sur la carte - ou dans un cercle - la représentation graphique des bassins versants

suisses: Rhin: 63,4 % - Rhône (+ Doubs) : 22,6 % - PÔ :10,3 % - Danube: 3,5 % -Adige : 0,2 %.

13. Le Valais est le 1er canton suisse pour le nombre de kWh fournis annuellement; mais

Argovie vient au 2ème rang : Pourquoi Argovie?

14. Le 60 % de la production électrique suisse provient des usines au fil de l'eau. Nommez quelques grandes usines au fil de l'eau.

TRAVAUX MANUELS

Degrés moyen et supérieur :

- Confectionner avec des planchettes ou de minces branches de noisetier, une barraque

de chantier.

- Avec du papier peint, confectionner le paysage d'un barrage (papier rocher).

- Confectionner une roue à ailettes qui sera actionnée par une chute d'eau. - Avec de l'argile ou de la pâte à modeler, confectionner une usine avec la conduite

forcée. - Avec des morceaux de papiers déchirés de diverses couleurs, reproduire le paysage d'un

barrage en l~s collant sur un carton.

Page 21: L'Ecole valaisanne, juin 1960

HISTOIRE

Thèmes proposés:

a) Le rôle de la montagne dans notre histoire (rôle économique, politique, social, ethnique, rôle militaire) ;

b) Les cols alpins dans notre histoire ; c) L'histoire de notre économie électrique.

Nous nous permettons de développer ce dernier thème, étant le moins connu. Il complè­tera d'autre part l'exposé du maître figurant au début de ces pages.

L'HISTOIRE DE NOTRE ECONOMIE ELECTRIQUE

Dans l'histoire notre économie hydro-électrique, il y a lieu de distinguer les étapes suivantes:

1. Jusqu'à la Première Guerre mondiale (1914)

Les premiers essais furent strictement privés. 1882 L'ingénieur Raoux fonde à Lausanne la première société pour l'éclairage des maga­

sins. Son usine est alimenté par les eaux du lac de Brèt. 1886 Cormoret (J. B.) est le premier village suisse à avoir son électricité. 1882 A l'Exposition Universelle de Paris (rôle de Bergès), l'électricité tient la place que

l'Exposition de Bruxelles fera à l'atome ... 70 ans plus tard. Les villes suisses organisent leurs services municipaux d'électricité: 1892 : Zurich, 1896 : Genève, 1898 : Lausanne. L'usine du Bois Noir est mise en service en 1902 ; le transport à Lausanne (50 km.) se fait par courant continu de 23000 volts: c'est une performance tout à fait remar­quable pour l'époque ... La distribution en ville se fait par cables souterrains.

1900 La production annuelle suisse est déjà de 204 millions de kWh. De nombreuses usines au fil de l'eau se construisent: Rhin, Aar, Reuss, Rhône ... Ce sont surtout de petites usines régies par des entreprises communales travaillant chacune pour son propre compte, d'où enchevêtrement, différence de p"rix, surpro­duction locale en été ... Rien n'est organisé sur le plan régional ou national ... Le courant sert surtout à l'éclairage; il est consommé sur place, car le transport du courant est encore exceptionnel ...

1910 La production nationale se monte à 1250 millions de kWh. 2. Après la première guerre mondiale (1914-18)

En 1912, le 78 % de l'énergie suisse vient de l'Etranger ... La guerre 1914-18, en raré­fiant le charbon, montre la nécessité: a) d'exploiter au maximum les ressources hydro-électr. du pays même ; b) de s'organiser méthodiquement dans ce domaine, en créant d'abord une législation

fédérale. C'est sur le Valais tout d'abord que se tournent géologues et ingéni~urs. Etudes, mémoires,

projets se multiplient. 1916 1ère Loi Fédérale sur l'aménagement des Forces hydrauliques (révisée en 1952).

Fondation de l'Office Fédéral de l'Economie Electrique. 1919 Les principales sociétés électriques de Suisse romande fondent l'EOS (Energie de

l'Ouest-Suisse) avec siège à Lausanne. Son but: rationaliser la production et la con-sommation; établir les connexions nécessaires entre producteurs. .

Fondation d'autres grandes firmes: NOK, BKW, ATEL, etc. Les CFF donnent l'exemple. Ils se constituent un réseau autonome complet (Bar­berine 1924, Ritom, etc ... ) Ils seront de loin les premiers au monde dans le domaine de l'électrification. Dans tous les secteurs ménagers l'électricité trouve de nouveaux débouchés. Slogan 1930 : «La femme suisse cuit à l'électricité! » (!)

1930 Production annuelle suisse: 5,2 milliards de kWh.

3. Troisième étape: après 1933

a) Création de super-centrales au fil de l'eau (Klingnau, Verbois) ou de haute chute avec accumulation (1ère Dixence, Etzel).

b) Normalisation du réseau quant à la tension: courant alternatif à 220 volts. (En 1950, le

70 % du réseau suisse est à 220). c) Création de liaisons internationales: vente de notre production d'été, achat l'hiver ....

1939 Production nationale: 7 milliards de kWh. La seconde guerre mondiale (1939-45), accélère à la fois la production et la consommation: Bientôt la première ne peut suivre le rythme de la seconde. D'où les restrictions, le ration­nement d'hiver. 1946 Production nationale 10 milliards de kWh (production mondiale: 400 milliards) 1959 Production nationale : 17,4 milliards de kWh. Cette énergie couvre le 22 % de nos

besoins en énergie brute, celle-ci étant de 80 milliards de kWh annuellement. En 1975, on prévoit que l'électricité couvrira le 30 % de nos besoins, les combustibles li­

quides (mazout, benzine) le 46 %, le charbon le 19 % et l'énergie nucléaire le 5 %.

GEOGRAPHIE

Thèmes proposés:

a) Le régime des cours d'eau en Suisse et l'économie électrique. Pluviosité (Jura, Plateau, Alpes) Hautes et basses eaux Comparaisons entre les différents bassins fluviaux de Suisse.

b) Le travail des eaux courantes : Erosion - Alluvionnement Utilisation des eaux courantes

c) Les glaciers: Formation Mouvement et fonte Travail du glacier : érosion et transport

Les glaciers en Suisse Les glaciers dans le monde.

d) Les roches : Roches dures et roches tendres Roches perm:éables et imperméables Roches cristallines et volcaniques Roches sédimentaires. On choisira l'un de ces thèmes et on l'étudiera en fonction de l'économie hydro-électrique.

Page 22: L'Ecole valaisanne, juin 1960

DE QUELQUES AUTRES GRANDS BARRAGES DANS LE MONDE ...

Le plus grand barrage du monde sera celui d'Assouan (Egypte) sur le Nil. Il aura

1 300 mètres de large, nécessitera 40 millions de m 3 de matériaux; le lac artificiel aura la surface du Léman et retiendra 150 milliards de m 3 d'eau.

Les grands fleuves de l'Ouest américain se prêtent aussi aux barrages gigantesques.

Sur le Colombia par exemple, le barrage de la Grande Coulée 1 270 mètl'es de long, 150 mètres de largeur à la base, 180 mètres de hauteur; il a nécessité 8 millions de m !l de

béton et le lac artificiel ainsi créé atteint 140 km. de longueur.

L'ensemble des usines électriques du seul fleuve Columbia produira, après achèvement,

150 milliards de kWh.

Cette région, jusqu'ici pauvre et peu habitée, a vu sa population augmenter de 32 % de

1940 à 1950.

Sur le Colorado, le barrage du Boulder Dam a 127 mètres de haut et le lac artificiel

330 km2, avec 36 milliards de m 3 d'eau retenue.

Niagara: Tout en respectant le site des célèbres chutes, 7 centrales ont été installées

de part et d'autre qui ont une puissance de 1,3 millions de kW.

RELIGION

Thèmes proposés 1. Le service religieux.

2. Le service des loisirs. 3. La responsabilité.

Le service religieux

Le service religieux des chantiers est assuré par l'aumônerie. Aperçu historique.

A l'ouverture des grands travaux de haute montagne, les curés des paroisses sur lesquelles se trouvaient les chantiers y déléguèrent des aumôniers. Par exemple en 1949, le curé de

Bagnes, M. le chanoine Ducrey, désigna M. le chanoine Putallaz pour s'occuper régulièrement

des chantiers de Mauvoisin, et, dès 1951, ce dernier devint aumônier-résident.

En 1953, la loi valaisanne sur les forces hydrauliques rend obligatoire l'institution d'une aumônerie sur les grands chantiers. Dès lors, un prêtre catholique réside dans chaque lieu de travail important.

L'aumônerie.

Dans les grands chantiers, l'homme, en face de la technique, devient un numéro et cesse d'être une personne. L'ouvrier ne voit rien autour de lui qui lui rappelle la proximité de

Dieu. Au contraire, le climat est rude, le travail aussi, la vie collective noie son homme dans la masse.

Par conséquent, le prêtre qui représente Dieu a quelque chose à rappeler à l'homme. - qu'il a un Père céleste.

- qu'il est aimé par ce Père et non abandonné à son sort. - qu'il n'accomplit pas une corvée, mais qu'il participe à une œuvre.

L'aumônier doit également:

- dire quotidiennement sa messe. - assurer les sacrements.

- porter secours en cas d'accidents.

Comment le prêtre se voue-t-il à son apostolat: - par leur présence d'abord : le prêtl:e habite sur le chantier même.

- par les contacts avec chacun : - le prêtre mange à côté des uns et des autres dans les réfectoires.

- il visite les hommes là où ils travaillent. - il passe des soirées au «Foyer ».

Le service des loisirs

En gagnant uniquement de l'argent, l'homme n'est pas heureux: le cœur humain, en

effet, sous quelque rude écorce qu'il puisse cacher ses impérieux désirs, a besoin d'autre chose que de sous pour être heureux. L'argent, tout porteur de promesses qu'il soit, n'apporte pas le

bonheur.

Donc d'autres grands problèmes se posent, en particulier celui des loisirs.

Comment les ouvriers de haute montagne passent-ils leurs loisirs :

- ils ont le cinéma, une bibliothèque. - ils passent leurs loisirs dans leurs chambres qu'ils ont ornées

compagnie de camarades d'équipe.

- ils ont aussi un foyer où règnent la joie et la tranquille amitié.

leur gré, ou en

Page 23: L'Ecole valaisanne, juin 1960

Enfant, comment peux-tu passer tes loisirs:

- en faisant du football ou d'autres sports.

- en organisant des promenades dans les environs. - en participant à des jeux de société. - en lisant (mais oui, pourquoi pas ?)

La responsabilité

Le responsabilité se rencontre à plusieurs étages du travail.

1. . L'ingénieur doit prévoir et calculer juste.

Une erreur de calcul peut entraîner la mort de centaine d'ouvriers (Est-ce le cas de Fréjus).

2. Le vérificateur des travaux doit mettre beaucoup de conscience dans l'accomplissement

de son labeur. Une distraction peut être fatale par la suite.

3. Le simple ouvrier a aussi sa part de responsabilité. Il ne peut se permettre de malfaire son ouvrage si petit soit-il.

CIVISME

En Suisse, la haute surveillance sur les forces hydrauliques a un caractère très fédéraliste. Dans la plupart des cas ce sont les cantons qui ont le droit de disposer de la force hydraulique

des cours d'eau publics.

Font exception : Uri et Schwytz : propriété des districts ou corporations. Glaris : propriété des riverains.

Grisons et Valais : propriété des communes. En Valais seuls le Rhône et le Léman appartiennent au canton. D'après la loi promul­

guée le 22 décembre 1916 sur les forces hydrauliques, l'octroi des concessions reste de la com­pétence des cantons. Il ressortit cependant à la Confédération de trancher les conflits entre deux

cantons propriétaires d'un même cours d'eau. Celle-ci est également compétente pour accorder des concessions, d'entente avec l'autorité cantonale, dans le cas de cours d'eau formant frontière

avec un pays étranger. En vertu de l'article 24· bis de la Constitution fédérale, l'exportation d'energle a l etran­

ger ne peut avoir lieu qu'avec l'assentiment des autorités fédérales. Malgré une certaine autonomie des cantons, l'utilisation des forces hydrauliques est

placée sous la haute surveillance de la Confédération. (Constitution fédérale, art. 24). Sur le plan cantonal, les communes, les bourgeoisies doivent soumettre à l'approbation

du Conseil d'Etat tous les projets importants de vente, d'échange, de concessions ou transferts

des forces hydrauliques. (Constitution du Valais, art. 83). Le Conseil d'Etat transmet la demande à l'Office de l'Economie électrique qui a son

siège à Berne. (Service fédéral des Eaux). Le Chef du Département des CFF, PTT (actuellement, le Conseiller fédéral W. Spühler),

est le chef ordinaire de ces différents services.

QUESTIONNAIRE 1. Qui est-ce qui exerce la surveillance sur les forces hydrauliques en Suisse ?

2. Dans quels cantons les eaux appartiennent-elles :

a) au district ?

b) aux riverains ?

c) aux communes?

3. Quelles sont les eaux du Valais qui appartiennent au canton ?

4. A qui appartient l'octroi des concessions sur les forces hydrauliques?

5. Dans quels cas la Confédération peut-elle intervenir pour trancher le conflit?

6. Est-ce que la commune peut de son propre chef exporter l'énergie électrique? Le Canton peut-il le faire ?

Qui détient cette compétence?

7. Quand une commune veut vendre les eaux de la rivière à une société comme l'E.O.S., à quelle autorité doit-elle exposer le fait?

Appartient-il au Conseil d'Etat de prendre une décision définitive ou doit-elle recourir à une autorité supérieure?

Comment s'appelle l'autorité compétente? Où a-t-elle son siège?

8. Comment s'appelle le Conseiller fédéral actuellement Chef du Département de l'Intérieur?

Revenons à la Commune :

9. Quelle est en général la durée du contrat entre la Commune et les sociétés intéressées?

10. Est-ce que la commune participe en général à la construction des voies d'accès? A celles des téléphériques? Justifiez votre réponse.

11. Quelles réserves fera la commune dans le contrat de vente?

12. Qu'est-ce qui décide dans la commune de la vente des eaux?

13. En France, on dit que tout se décide à Paris : cela a peut-être des avantages. Quel système préférez-vous?

14. Connaissez-vous des exemples de communes suisses ayant refusé la concession de leurs eaux?

15. Quelles raisons pouvaient-elles opposer à la concession ?

DESSIN

1. Degré moyen :

- Dessiner un paysage avec une ligne électrique.

- Dessiner au choix: une pelle mécanique, une grue ...

- Dessiner la face d'un barrage avec les deux flancs de la montagne (aussi avec la pein-ture).

- Dessiner une pelle mécanique qui charge un camion.

- Dessiner divers véhicules qui circulent sur le chantier avec des ouvriers qui travaillent. - Dessiner une usine quelconque, une conduite forcée.

2. Degré supérieur:

- Dessiner en perspective une vue extérieure d'usine.

- Avec de la gouache, peindre un barrage et le paysage environnant.

- Dessiner le schéma d'un barrage-voûte et d'un barrage-poids. - Dessiner une turbine, une dynamo simple.

- Dessiner le croquis du chemin de l'électricité depuis le barrage à la maison (éclairage, chauffage).

- Exécuter à l'aide de la caisse à sable un barrage avec son entourage, une usine avec la conduite forcée et dessiner ensuite ce que l'on a construit.

Page 24: L'Ecole valaisanne, juin 1960

'i CHANT

En dépit de la symphonie «Barrage» du compositeur Jean Daetwyler, le chantier de haute montagne n'est pas encore entré dans la chanson populaire.

Il faudra donc se contenter des thèmes habituels du ruisseau et du glacier.

Dans «Valaisans, Chantons» :

Le Ruisseau (Mozart) N0 72; Salut, glaciers sublimes! (Leib) N0 23; La Source (parchet) N0 138.

Dans «Chanteclerc» : Le Ruisseau (Bovet) N0 68; La Montagne (Bovet) N°67; La Lune rose N0 95.

Presque tous les corps de métier trouvent emploi dans un chantier de haute montagne. Chantons donc les métiers.

A signaler le petit recueil de R. Delsinne: «Ton métier, chante-le! », aux Editions ouvrières, Paris.

Ce charmant recueil contient une cinquantaine de chœurs à l, 2 et 3 voix sur le travail ct les travailleurs.

Hymne au travail - Sois fier ouvrier - Chant des menuisiers, des terrassiers, des

mineurs, des metallos, des mécaniciens, des forgerons, des rouliers, etc.

« La matière elle-même à l'usine ennobl-ie « Se magnifie entre nos mains : « Se peut-il que notre âme en ressorte avilie « Par ce bel effort des humains?

TEST DE CONNAISSANCES PRATIQUES

]. Quelle est la puissance en CV (réponse approximative) : -- - d'une vespa?

-- d'une moto Norton 500 cm3 ?

- d'une Opel Record? - d'un camion 5 tonnes? - d'un car Saurer 32 places (montagne) ?

- d'un grand transatlantique?

2. Pourquoi les parois d'une conduite forcée sont-elles plus épaisses en aval?

3. En faisant le montage d'une conduite forcée on commence toujours pal' l'aval:

pourquoi? Qu'est-ce qu'une usine thermique? Sont-elles destinées à un grand développement

chez nous? Pourquoi ?

4. Quelles sont les maisons suisses capables de fabriquer des conduites forcées?

(Sulzer, Winterthur; Escher-Wyss, Zurich; Georges Fischer, Schaffhouse; von

Roll, Gerlafingen ; Ateliers des Charmilles, Genève; Constructions mécaniques,

Vevey; Giovanola frères, Monthey; Zwahlen & Mayr, Lausanne).

5. Les grandes maisons suisses pour l'équipement électrique: Brown-Boveri, Baden; Oerlikon, Zurich; Sécheron, Genève; Laudis et Gyr, Zoug,

etr., etc.

Page 25: L'Ecole valaisanne, juin 1960

a 1. B LlO Gi R A P t-t 1 E

René Zazzo, Manuel pour l'examen psychologique de l'enfant.

Collection: Actualités pédagogiques et psychologiques. Oelachaux & Niestlé S. A., Neuchâtel, 1960, 430 p., fI'. 25.-.

René Zazzo n'est plus un inconnu. Depuis une vingtaine d'années le dil'ecteur du Labo­ratoire de psycho-biologie de l'Enfant et du Laboratoire de psychologie de l'Hôpital Henri Rouselle fait paraître assez régulièrement ses ouvrages qui ont presque tous trait à l'examen psychologique de l'enfant.

Le manuel présent qu'il édite avec des contrihutions d'un certain nombre de ses colla­borateurs contient la description minutieuse d'une quinzaine de tests, tous expérimentés et adaptés soit par l'auteur lui-même, soit par ses collaborateurs.

Si ce manuel est destiné plus spécialement au clinicien, il peut néanmoins être utile à l'instituteur intéressé aux questions de la psychologie. Les tests décrits dans ce manuel servent principalement à examiner la motricité de l'enfant ou les facultés qui sont en relation Spéciale avec elle. C'est ainsi que nous trouV011S dans une première partie intitulée «Organisation motrice» des tests relatifs à la latéralité et aux syncinésies (= combinaisons de différents tests, examiner 1'« Orientation temporelle et spatiale », comme par exemple le rythme, l'orien­tation droite-gauche et l'organisation perceptive_ Mais c'est incontestablement la troisième par­tie « Efficience psychomotrice » qui est la plus importante du livre. C'est ici que M. Zazzo lui­même nous décrit d'une façon fort intéressante, même pour le profane, le test des deux barrages. M. Zazzo n'est pas l'auteur de ce test que ron connaît déjà depuis assez longtemps et qui est très répandu; mais il y a apporté des modifications intéressantes qui en facilitent et simplifient l'application, surtout en l'enrichissant de nombreuses tables et figures. Le matériel du test se trouve d'ailleurs en annexe à la fin du volume. La quatrième et dernière partie enfin est consacrée aux «Epreuves de la personnalité » et contient à côté d'un test de persévération un long exposé sur l'épreuve du Bestiaire.

Tous les chapitres sont rédigés d'après un schéma identique, ce qui facilite beaucoup l'accès à ce livre qui, par la force des choses, ne peut éviter le « jargon scientifique ». De nombreuses remarques fort judicieuses, comme par exemple sur la latéralité, sur l'orientation droite-gauche, etc., touchent directement des problèmes que nous rencontrons journellement dans nos classes et pour lesquels nous sommes souvent très empruntés de trouver une solution adéquate. En nous ouvrant les yeux sur les causes et même sur la portée de certaines de ces déficiences de l'enfant, ce livre est utile tout autant à l'éducateur qu'au psychologue.

Le titre du livre est quelque peu trompeur. En effet, ce n'est pas un manuel pour un exa­men psychologique complet de l'enfant, mais bien, comme il a été dit plus haut, pour l'examen de la motricité et des facultés avec lesquelles celle-ci est plus directement en connexion.

Charly Clerc: Une Patrie à refaire.

Fr. 5.50, 105 pages, 1960. Delachaux & Niestlé, Neuchâtel.

Ce livre publie une douzaine de conférences radiodiffusées que Charly Clerc a pronon­cées les derniers mois de sa vie. C'est comme le testament patriotique de cet homme cultivé, « enraciné et évadé, cœur fidèle et esprit affranchi », éminent serviteur des Lettres romandes, qui toute sa vie a contribué à rapprocher les deux versants de la Sarine en une mutuelle compré­hension et en un identique amour de la patrie commune ... C'est précisément de la notion de patrie qu'il s'agit ici. Pour lui, le concept de la Patrie, la réalité politique et sociale ne sont point choses immuables, fixées une fois pour toutes. La patrie a besoin d'être repensée par cha­que génération et par chaque citoyen. On ne naît pas Suisse, on le devient par une réflexion consciente. Ces pages fortement pensées, illustrées d'anecdotes vécues, plairont au lecteur et lui seront salutaires en ces temps d'indifférentisme et d'abstention civiques.

Relisez encore le savoureux petit livre «La Suisse » dans la collection « Petite Planète » (Ed. du Seuil) : vous n'aurez pas tout à fait gaspillé vos vacances!

E. C.

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Page 26: L'Ecole valaisanne, juin 1960

«PARENTS ET MAITRES », Revue du Centre d'Etudes Pédagogiques, 15 rue Louis-David, Paris, 16e, publie deux numéros spéciaux de plus de 80 pages. Le premier est consacré à la LOYAUTE.

On se plaint un peu partout de ce que les jeunes de «la nouvelle vague» manquent de loyauté: ils trompent leurs parents, ils trichent en classe, ils «roulent» leurs camarades, ils se mentent à eux-mêmes. « C'est un virus dans l'air» disent certains éducateurs,' ne se rendant pas compte qu'ils sont souvent eux-mêmes la première cause de cet état de choses.

Dans ce No spécial, plusieurs auteurs, sou.:; la direction du R. P. Faure sj., nous présen­tent d'une manière souvent fort concrète divers aspects de ce grave problème de l'éducation à la loyauté. Parents et éducateurs qui ont à s'occuper d'enfants et d'adolescents tireront cert,es un grand profit à lire cette plaquette.

DIEU PARMI NOUS. Tel est le titre du deuxième numéro spécial (avril 1960).

La place d'honneur de ce fascicule est réservée à la lettre de Carême 1960 que ~:i. E. le Cardinal Feltin, archevêque de Paris, consacre à «Autorité et liberté dans la famille '». L'actualité du sujet fait de cette lettre un document de premier plan. Dans sa première partie, la lettre traite le problème de «la Famille et la vie du chrétien»; la seconde s'intitule «Au service de la liberté spirituelle» ; la troisième s'adresse aux jeunes: «Comprendre vos parents» ... « Comprenez l'obéissance» ... «Comprenez et aimez la liberté ».

Dans un dialogue avec une mère de famille" un éducateur révèle que Dieu est tout proche de nous : «Où donc allais-je te chercher? ».

« L'Incomparable» : Le R. P. Rideau découvre à ses lecteurs, comment par la foi, le chrétien moderne peut accéder à «la certitude d'un monde gouverné par un Amour personnel ».

André Brien aborde un problème que se posent beaucoup de parents: «Pourquoi ce mur entre vous et votre fils? »

Jean Poli né recense un livre audacieux publié pour les jeunes aux Editions Alsatia : «L'Apocalypse ». «L'originalité de cette introduction - qui s'adresse aux jeunes répétons-le - est de présenter une vérité tou jours actuelle dont on n'a pas de trop pour affronter 'le scandale de l'absurde. C'est tout le message de l'Apocalypse mis à la portée des jeunes par un « éducateur-théologien ».

L'article intitulé «Le pain et le vin» reprend pour des adultes tout le problème d'une compréhension virile du sacrifice de la messe.

Signalons, pour terminer un test destiné à déceler l'ouverture de notre esprit chrétiei1 face aux problèmes du monde contemporain.

A.T.

Au Club du Livre Catholique International, 5 rue Bériot, Bruxelles 3, C.C.P. Banque Jenni V. 29 256, Bâle, nous signalons les derniers ouvrages parus :

Ernest Hemingway: Mort dans l'après-midi.

400 pages, 13 fI'. Toute l'Espagne ardente de soleil et de passions, les toreros et les corridas.

Julien Grenn : Le Voyageur sur la Terre, Fr. 1l.-.

Pierre Benoit: Le Lac salé, Fr. 12.-.

Ces 2 derniers ouvrages, à réserver aux lecteurs formés dont la foi ' éclairera la déses­pérance de certains personnages.

«L'Electricité pour tous », revue trimestrielle éditée par «OFEL », Lausanne, conjointement « Electrodiffusion », Zurich, No 1 / 1960, 38ème année, 36 pages, nombreuses illustrations et dessins.

Ce numéro réserve une très large place à la protection civile dans notre pays. Les articles présentés intéresseront le lecteur sur les différents aspects de la défense aérienne passive. Une nouvelle rubrique «Le monde sous tension» donne quelques aperçus d'événements de différents pays se rapportant au domaine de l'énergie électrique.

Enfin, les rubriques habituelles: «L'actualité », «Votre horoscope» 'et les mots croisés, complètent fort heureusement ce numéro.

- 256 '-

9

Courses d'écoles et sociétés Instituteurs, institutrices ... Voici de beaux buts pour vos promenades de classes et de sociétés!

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Restaurant - Terrasse pour pique-nique

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Page 27: L'Ecole valaisanne, juin 1960

Crocus

Abbé Crettol

M. Traverse

M. Veuthey

SOMMAIRE

Vacances

S'instruire est un impératif de plus en plus catégorique

Pourquoi ce mur entre nos enfants et nous?

Anticipation

L'Art à travers les âges

Campagne en faveur de l'hygiène dentaire da1ls les écoles

enfantines et primaires

Bibliographie

Partie Pratique: Centre d'intérêt: Les barrages valaisans

RENSEIGNEMENTS

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249

250

251

254

255

«L'Ecole valaisanne» paraît Sion le 15 de chaque mois d'octobre juillet. Reprise le 15 septembre.

Rédaction E. Claret, Ecole Normale

Edition et administration

Impression et expédition

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Page de couverture,' 1/1 Fr. 1/2 Fr. 1/4 Fr.

1/1 Fr. Page ordinaire,' 1/2 Fr.

1/4 Fr. 1/8 Fr.

Prix de l'abonnement annuel Fr. 10.­

Délai de rédaction le 5 de chaque mois.

Département de l'Instruction publigue, Sion

Imprimerie Fiorina & Pellet, Sion

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CAISSE D'ÉPARGNE DU VALAIS Notre établissement traite toutes les opérations de ban­que. Il exerce son activité dans le canton depuis 1 ~6. Il ne poursuit pas de buts essentiellement lucratifs puis­que ses bénéfices, après les prélèvements nécessaires à sa consolidation financière sont entièrement affectés à des œuvres humanitaires et sociales.

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