L'Ecole valaisanne, février 1963

22
- Cl) C c ra (f) ra > Cl) - février 1963 - septième année 6

description

 

Transcript of L'Ecole valaisanne, février 1963

Jlessieurs les P ofesseurs, Vous n ' ignorez pas que la publicité - et plus parti­

culi èrement la publicité··presse --:- est en constant déve­loppement. Son évolution se manifeste sous les formes les plus diverses, parmi lesquelles l'ILLUSTRATION

occupe une place prépondérante.

En conséquence, les milieux intéressés à la publicité

sont en mesure d'offrir des situations intéressantes aux j eun es gens ayant une bonne formation générale et des

aptitudes pour le dessin.

Pour compléter son équipe de spécialistes, notre entre­prise désire former un nouveau dessinateur-rédacteur en publicité.

Vous connaissez certainement parmi vos anciens ou actuels élèves, des jeunes gens ayant les aptitudes re<!uises pour cette activité. Si tel est le cas, il nous

serait agréable que les intéressés se mettent en rap­port avec nous. Nous examinerons leur candidature avec attention. Permettez-nous d'ajouter que l'âge idéal

pour débuter dans une profession de ce genre se situe entre 17 et 22 ans.

En nous proposant des candidats, vous nous rendrez service tout en offrant à ces jeunes gens la possibilité de se perfectionner dans une activité intéressante et variée, offrant de belles perspectives d'avenir.

En vous remerciant de votre collaboration, nous vous prions d'agréer, Messieurs les Professeurs, l'expression d e nos sentiments l es meilleurs.

PUBLICITAS S. A. SUCCURSALE DE SION

-

Cl) C c ra (f)

ra > Cl)

- février 1963 - septième année 6

C'est clair

votre économie

est à 'Ia ({ Source )}

Soullml.1 Fr. 265.- ~~

Mme E. OLiVIER-ELSIG et MICHEL RUDAZ, SION

FERS - QUINCAILLERIE

ARTICLES DE MENAGE

ARTICLES DE SPORT

s , • :J N FOURNEAUX POTAGERS

Avenue du Midi - Téléphone (027) 21021 CALORI FERES

Ah! quel beau choix aux

MONTHEY - MARTIGNY - SAXON - srON - SlERRE - VIIEGE

L'ECOLE V A LAIS ANNE •

Bulletin mensuel du Personnel Enseignant du Valais Romand

VIle année No 6, février 1963

CroCUS

Jean Follonier

SOMMAIRE

Partie générale

Ceux qui n'ont pas compris L'automation. Chez nous et ' ailleurs

Bulletin Cuisenaire .

Partie pratique

2

4 37

13

Pourquoi nos dents sont-elles constituées d'émail, d'ivoire, etc. 15 Est-il vrai que le sucre nuit aux dents? . . . . . . 19

V. Joris

En vrac: à propos de la campagne dentaire 25 E. Claret Travail manuel: Poissons d'avril 27

Partie officielle et corporative

A. M. G. V. R.: Journée à ski - Comptes rendus Editions Rencontre: communiqué

Bibliographie et Divers

L. Barbey Marcelle Pellissier Rémy Abbet

L'orientation religieuse des adolescents La magnifique aventure (Yves et Colette) Choisir une profession .

R~NSEIGNEMENTS

L'ECOLE VALAISANNE paraît à Sion, le 15 de chaque mois, juillet et août exceptés.

Rédaction: Eug. Claret, Office de l'En­seignement, Sion.

Délai de rédaction: le 1er de chaque mois.

Edition. administration et expédition: Office de l'Emeignement, Sion.

Impression: Fiorina & Burgener, Sion.

Abonnement annuel: Fr. 10.-, C.c.P. II c 12, Etat du Valais, Sion (pour le per­sonnel enseignant, l'abonnement est retenu Bur le traitement du mois d'avril).

Publicité: Publicitas, Avenue du Midi, Sion . Téléphone 24,422.

Pages 3 et 4 de la couverture (10 insertions) Ih Fr. 700.-

7f Fr. 380.­X Fr. 200.-

Pages ordinaires, l insertion:

1/1 Fr. 60.-7f Fr. 33.­X Fr. 18.­l/S Fr. 10.-

5 insertions: rabais de 5 % 10 insertions: rabais de 10 %

39 39

40 40 4,1

l

2

Une phrase de l'Evangile de saint Luc m 'a toujours coupé le souffle. Jésus venait d'être « retrouvé» au Temple, discutant et dis­sertant avec les docteurs d'Israël, le plus naturellement du monde, comme peut le faire un adolescent de douze ans qui n'a emcun complexe. A ses parents qui, trois jours durant, l'avaient cherché tout angoissés, le Fils aveât dit : «Me chercher! Mais pourquoi donc? Ne saviez-vous pas que je devais m'occuper des affaires de mon Père? ». Et l'évangéliste d'ajouter: « Ils ne comprirent pas cette

parole ».

Ainsi, la sainte Vierge n'avait pas compris. N'y a-t-il pas là de quoi surprendre, étonner, scandaliser presque?

La théologie nous enseigne que le péché originel, en viciant notre nature, a affaibli notre volonté, détraqué notre sensibilité, obscurci notre intelligence. Mais elle enseigne aussi que la Vierge n'avait pas le péché originel et que pal' conséquent son intelligence devait être exceptionnellement pénétrante.

D'autre part, ce même saint Luc, particulièrement bien informé sur Marie, nous prévient que dès la naissance à Bethléem, «Elle recueillait toutes ces choses, les méditant dans son cœur ».

Il y a donc douze ans que Notre-Dame réfléchit aux événements, les reprend, les médite, les co'mpare. Et voici qu'Elle achoppe à la parole de son Fils, troublée, interdite, ne comprenant pas ...

Jean Guitton fait remarquer que cette sorte de retard à com­prendre est la conduite habituelle de Dieu. On ne comprend un événement qu'après l'avoir dépassé dans le temps et dans l'espace . Les bergers de Bethléem, les mages de l'Orient n'ont dû saisir que bien plus tard le sens de l'invitation qui leur fut faite. C'est seule­ment après l'Ascension que les Apôtres comprirent le message du Christ, à l'instar des Disciples d'Emmaüs de qui les yeux « s'ouvri­rent» une fois l'Hôte disparu . L'humble bergère de Lourdes, au mo­ment des apparitions, ne comprenait même pas le sens des mots: «Je suis l'Immaculée-Conception ». Comment aurait-elle saisi, sous l'opacité des paroles, l'ineffable Privilège?

C'est quand l'arbre est tombé, dit le langage populaire, qu'on peut mesurer sa hauteur. C'est après leur mort que nos amis, nos intimes prennent leurs vraies proportions. Notre vie tout entière est faite d'approximations, d'opinions, de demi-vérités. L'absolue certi­tude n'est pas de ce monde. C'est au seuil de notre VLe que nous pourrons dire: «Maintenant, je comprends! ».

Quelles applications pédagogiques ferons-nous à ce propos? La première sent de nous méfier de ceux qui comprennent vite. De ceux qUI, comprennent tout.

Ils saisissent, embrassent, étreignent: ils n'assimilent pas. Quand une proposition a la fulguration de l'éclair, elle éblouit, mais n'ap­porte ni chaleur ni lumière durables. L'expérience enseigne que les premiers de classe sont rarement ceux qui réussissent le mieux leur vie. Tandis que nous connaissons tous des cancres notoires dont la carrière a été fort enviable! Le peuplier pousse vite, mais c'est du bois tendre; le chêne y met du temps, mais c'est du solide.

La deuxième application concerne ceux qui ont beaucoup de peine à comprendre ou même qui ne comprennent pas du tout. Disons-nous bien que c'est dans l'ordre. Ayons envers eux la patience inaltérable du Christ pour ses apôtres, roturiers, pêcheurs du lac, gens de la campagne dont les capacités intellectuelles étaient plutôt modestes. Répétons inlassablement nos explications. Ce que ces en­fants ne comprennent pas aujourd'hui, ils le saisiront peut-être dans deux mois. Il faut savoir attendre l' heure. «Au département des choses humaines, le temps est le premier ministre de Dieu» dit Joseph de Maistre. Combien d'éducateurs impatients sèment le soir un grain de blé et dès le lendemain matin grattent la terre pour voir si le grain a déjà levé ! Etre pressé, dit Pradel, c'est pire qu'avoir tort.

D'ailleurs, la nature est riche en compensations. Les connais­sances de ces prétendus retardés sont peut-être d'un autre ordre, tout aussi important dans la vie que la règle d'accord du participe passé suivi de l'infinitif ou la division des fractions. C'est toujours à la vie qu:il faut en revenir. C'est la vie qui est la justification des connaissances acquises, non le maître, aussi savant, aussi dévoué, aussi exigeant qu'il soit.

Crocus

3

un monde

nouveau:

1. - L'Evolution humaine

Qu'il est long, semé d'embûches et de sang, le chemin parcouru par l'homme, de ses

origines à nos jours! Errances et tâtonnements ont succédé aux réussites et aux échecs. Pressentant la magnificence de sa mission terrestre et éternelle, l'homme de tous les temps chercha à se libérer et à dominer. Se libérer des servitudes et contraintes inhérentes à une

existence, pour mieux dominer, aussi bien ses semblables que ses inférieurs. La Guerre, sous toutes ses form es, dans toutes ses dimensions, n'a pas poursuivi d'autres buts.

Roi de la cr éation, ou se considérant du moins comme tel, l'homme, sous tous les climats et toutes les latitudes, chercha donc, depuis toujours, à se créer des serviteurs plus ou moins

dociles qui l'allègent de ses travaux pour le laisser entièrement à son rôle d 'être intelligent, capable de réfléchir et d 'améliorer sa condition. S'il a réussi à améliorer sa condition, on ne se permet pas d'être aussi affirmatif quant à l'usage qu'il a fait de son pouvoir de réfléchir ...

Mais passons! Lente ou foudroyante , l'évolution humaine s'est faite. Certes, il y eut

des périodes peu glorieuses durant lesquelles cette ascension se fit plutôt à reboUl's. Avec une application digne d'une meilleure cause, certaines générations se sont évertuées à détruire

ce que patiemment les générations précédentes avaient élaboré. Malgré cela, pendant les quelques millions d'années ou plus que représente la durée de notre race, il faut reconnaître que l'homme, avec des moyens pas toujours avouables, n'a cessé de marcher vers sa libération.

Un rapide tour d'horizon nous permettra de mieux fixer les idées. On imagine sans peine ces hordes primitives, pour lesquelles comptait seule l'âpre lutte pour la vie. Tout se liguait contre elles, éléments, bêtes fauves, tribus ennemies. Comment, avec de rudimentaires instru·

ments faire face à tant d'hostilités? Cependant, les siècles aidant, les premiers outils firent leur apparition. Ils nous feraient sourire, mais ils n'en étaient pas moins de précieux auxi· liaires. Couverte de ronces, la terre se soumit peu à peu aux désirs de l'homme. Elle commença à produire selon des plans plus clairement définis. On finit aussi par comprendre que tous ces animaux qui, avec un ensemble touchant, s'évertuaient à ravager vos emhryons de cultures pouvaient jouer un autre rôle. Quelle aventure, me semble-t-il, que la domestication des ani· maux. Quand on pense avec quelle peine l'homme se civilise, il est facile de s'imaginer quels

efforts durent être entrepris pour faire de ces êtres inférieurs des collaborateurs plutôt que des

ennemis. Ainsi, bien schématiquement décrits, les premiers essais d'émancipation. Cela demanda

certainement quelques dizaines de siècles. Il en résulte cependant que l'homme, en ces temps

nébuleux, a fait un bond remarquable en avant.

4

Le plus fort ou le plus puissant cherchant toujours à dominer le plus faible ou le moins

(avorisé par la nature, la brutalité de l'homme pour l'homme, entre autres, provoqua la nais­sance de l'esclavage. Quel spectacle affligeant nous offrent l es peuples de cette époque qui se

(aisaient une sorte d'orgueil national de cette horrible déchéance! Il n'est pas absolument certain que notre siècle de super-mécanisation se soit libéré de cette forme d'exploitation.) Cependant, l'esclavage, même sous sa forme la plus honteuse, demeure un élément capital dans beaucoup de grandioses réalisations humaines. Qu'on pense seulement aux témoignages

laissés par certaines civilisations - grecque, romaine ou égyptienne - dans différents domaines d'urbanisme ou d'architecture pour se rendre compte de la part primordiale qu'occupe l'escla­vage dans l'édification de ces œuvres. A une époque où l e moteur était remplacé par les hras humains, que de vies n'a-t-il pas fallu sacrifier pour qu'une Pyramide d'Egypte élève son monstrueux orgueil dans le ciel, pour que l e Colisée permette le massacre des chrétiens? On ne veut pas faire le procès de ces époques r évolues, mais simplement situer le débat dans

son eusentlJle. Jusqu'à quand dura cette conception de l'émancipation d'une seule classe de la popula­

tion ? Alors que tout paraissait permis aux privilégiés, la grande masse croupissait dans son inutile révolte, naissait et mourait dans des conditions bestiales, attendant Dieu sait que libé­

rateur trop lent à venir ... Peut-on vraiment employer le mot de progrès pour qualifier ce mode de vie de l'huma­

nité? Bien entendu, à l'orgueil des gens de l'époque, cela permit des réalisations qui, aujour­

d'hui encore, forcent une certaine admiration. Mais toute œuvr e qui demande le sacrifice d'une vie humaine pour sa réalisation ne peut être qu'imparfaite. Ainsi, l'esclavage demeurera toujours une tare dans les étapes de notre évolution. Il n'en marque pas moins une étape vers

la mécanisation et, peut-être, selon l'utilisation des serviteurs que nous nous donnons, vers

un peu plus de bonheur.

Il. - L'Avènement du Moteur

La rivière qui murmm'e inutilement dans le bosquet, le torrent qui échevèle son écume

8ur la pente, qui eût jamais pensé que le génie de l 'homme en fît un jour ses alliés? L'eau fertilise les cultures, emporte nos détritus et nos illusions, voile les horizons interdits, mais qu'elle devienne jamais la précieuse alliée de l'homme, quelle utopie ...

Et pourtant ... L'homme n'a jamais fini d 'étonner. On vit donc naître les premières instal­lations bien primitives au bord de l'eau. Un moulin broya le grain, un foulon prépara les textiles, cependant que, plus loin, une scie débitait les poutres. Quelle porte ouverte sur l'avenir et que de possibilités offertes au génie créateur de l'homme! Docile ou fantasque, l'eau est maintenant là, entièrement disponihle. Il suffit de lui fixer son rôle.

Et ce fut ainsi l'origine des premières industries mécaniques, le long des cours d'eau. L'ancêtre du moteur était né. L'énergie motrice de l'eau étant connue, de nouvelles étapes pouvaient être franchies vers la connaissance et l'utilisation d'autres moteurs. Ne devait-on pas se sentir mieux à l'aise dans un monde qui avait fait de l'eau sa précieuse alliée?

Mais un long chemin reste encore à parcourir.

Ce brave Denis Papin pouvait-il se douter de tout le profit que les hommes tireraient de sa découverte? L'élasticité de la vapeur allait connaître des utilisations multiples et sans cesse perfectionnées.

5

Apparut alors le moteur à explosion qui devait représenter le couronnement de tOUte les recherches humaines . Quel bouleversement dans la conception traditionnelle d'une écono~ mie aussi bien industrielle qu'agricole!

De la mécanisation primitive rendue possible par la domestication des animaux et l'utilisation de l'homme-esclave, on passait à l'ère du moteur. La grande révolution est en

marche. Nous sommes maintenant relativement près de notre époque. L'histoire nous rapP011e fidèlement quelles furent les transformations qui secouèrent l'humanité. Le moteur fut partoUt remplaça l'homme ou l'animal, éventra la terre, supprima les distances, rendit possihle 1; dialogue d'un pôle à l'autre. L 'industrie connut un essor fantastique. Des fabriques surgirent partout. Le génie créateur de l'homme, avec cette aide, pouvait entrevoir la réalisation des

r êves les plus fous.

Partout, on mécanisa à outrance. Chaque pays modifia la structure de son industrie. Le travail à la chaîne fait déjà son apparition dans quelques grands centres. Travail à la chaîne ...

Que devient l'homme dans ce monstrueux engrenage? Rivé à sa place, servilement soumis à la machine, peut-on vraiment parler d'évolution sociale, de libération? Certes, ce n'est qu'Ulle étape dans la marche ascendante de la mécanique, mais il n'en demeure pas moins que chaque

étape doit servir l'individu en premier lieu.

Cette course à la mécanisation, dans tous les secteurs de l'économie, ne devait pas s'arrêter à mi-chemin. Ce qui apparaissait tout d'abord comme un point culminant permit aux

chercheurs d'entrevoir d'autres possibilités offertes par les multiples registres encore inexplol'és du moteur électrique. De la mécanisation, on passa, comme par enchantement, à l'automa.

tisation.

On frémit à la pensée de la formidable révolution qui découla de ce simple mot. D'un

jour à l'autre, voilà réduites à l'état de vieilles ferrailles toutes les machines qu'on avait crues d'un perfectionnement insurpassable. Jusqu'à ce jour, on voulait bien confier à la machine le soin de remplacer l'homme dans des rôles extrêmement variés. Néanmoins, partout où il y

avait machine, s'imposait la présence de l'homme: contrôles, entretiens; la machine est un dieu

exigeant et l'homme est son esclave. L'automatisation, en revanche, comporte des commandes automatiques. La part manuelle, dans un programme d'automatisation, devient moins impor· tante. Travail moins astreignant, physiquement, mais qui demande, par contre, une plus grande

intelligence.

L'automatisation de la mécanique bouleversa complètement le programme de fabrication des grandes industries. Une machine automatique permet en une journée d'accomplir un travail

bien plus précis que ne pourraient le faire une quinzaine de spécialistes. D'ailleurs, en ce moment, le rôle de ces derniers se résume à continuer leurs recherches, à contrôler la machine

et à lui procurer de l'ouvrage.

Cependant, on ne tarda pas à Se rendre compte que cette merveilleuse mécanique corn· portait, malgré tout, ses faiblesses . Une machine automatique permet de fabriquer en quantité

illimitée des objets de formes définies, et cela à une cadence surprenante. Malheureusement, elle n'est pas absolument parfaite, puisqu'on n'est pas parvenu à éliminer toutes les possibilités d'erreurs, qu'elle commet, d'ailleurs, automatiquement... Donc, insuffisance de l'automatisation

et nécessité de poursuivre les recherches.

Le succès devait couronner le travail d es chercheurs. Il s'appelle le cerveau électronique

et ses possibilités d 'application sont inouïes. Il consacra l'automation. Ce néologisme ne tardera pas à être admis pal' l'Académie, car il marque l'entrée de l'humanité dans une ère absolument

nouvelle.

6

III. - Qu'est-ce que l'Automation?

Si l'automatisation permet la fabrication automatique d 'ohjets divers, elle ne permet

endant pas à la machine de détecter et de corriger les erreurs de fabrication. L'électronique, cep contre, dote la machine d'un véritable cerveau aux fabuleu ses rapidités de travail et qui, par , ~ d d' 1 ') l' , d' d 1 1 1 l . lui, est a meme e ece el' toute pOSSI)I Ite errelU' ans e ca cu , et (e cornger sponta-'ment cette erreur. C'est extraordinaire, tout simplement. Bien sûr, dans ces propos qui n'ont

":ur but que d'annoncer, en quelque sorte, une science nouvelle, il ne sera pas possible de ;rtÙgariser ces notions d'électroniques au point de l es rendre familières à tout le monde. Elles

sont du reste si compliquées que nous n'y parviendrons pas. Cependant, il est utile de savoir, our l'intelligence de ce qui va suivre, que l'électronique est une science appelée à bouleverser

p 1 "'dd . 'Id" con1plètement a SOCIete e emain - ou a a etrUIre ... Si l'on se rappelle qu'elle est à la base d es vols interplanétaires, on admettra la place

capitale qu'elle occupe. Des calculs qui exigeraient par un autre moyen, des années de travail sont exécutés en quelques fra ctions de secondes. La grande industrie, tant automobile que ulétallurgique, fait déjà une très large place à l'électronique. On l'applique également dans l'hydraulique et même dans la traduction automatique des langues. Il existe une machine

électronique en Angleterre, capable de traduire 1000 mots à la minute, et cela sans possibilité d'erreur- Une multiplication de deux nombres de trente-deux chiffres s'effectue en moins d'une seconde. Ce même temps suffit à la machine pOUl' effectuer d'autres besognes mathéma­tiques qui demanderaient des années de travail. Elle peut aussi fabriquer un bloc moteur complet en cinq minutes. On pourrait multiplier les exemples. Ceux qui précèdent doivent permettre de mieux comprendre les possibilités ahurissantes de cette machine.

Certes, ce n'est pas pour demain que nos industries de seconde importance seront d otées

de ces appareils extrêmement perfectionnés. Cela demande en premier lieu de très importants investissements, souvent disproportionnés ; cela suppose une main-d'œuvre spécialisée, un

personnel technique assez rare. Cette dernière réflexion doit attirer notre attention. L'automa­tion est là, elle marche, et rien, apparemment, ne saurait freiner sa marche. Demain ou plus

tard, dans tous les secteurs de l'économie, elle réclamera des spécialistes à son service. Il n'est pas trop tôt, dès aujourd'hui, de commencer à formel' ce personnel technique. Que nous

le voulions ou non, l'emploi des ouvriers manuels diminuera de plus en plus dans le monde de demain. y penser dès maintenant permettra peut-être de mieux faire face aux engagements

(lui attendent la future société. Qu'on ne me fasse pas dire· le contraire de ma pensée. La machine de demain ne saura

jamais se passel' entièrement de l'homme. Le cerveau électronique ne remplacera jamais l'autre. n n'est qu'ml merveilleux instrument que l'homme s'est donné. Mais celui-ci devra toujours être à son poste, soit de chercheur, soit de coordinateur ou de directeur. L'automation suppri­mera beaucoup de gestes routiniers, elle en créera d'autres, physiquement moins pénibles,

mais non moins fastidieux. Je ne crois pas que le vrai progrès soit là, pas davantage qu'il se trouve dans ce monde de spécialistes de demain. (D'ailleurs, on est spécialiste quand on s'aper­çoit que les choses qui vous intéressent cassent l es pieds à tout le monde!) Le progrès est

ailleurs, peut-être plus secret, plus silencieux, plus individuel. Qu'importe le cerveau électro­nique aux hommes qui ont froid et faim! Il y aura progrès véritable quand l'électronique permettra de produire plus de riz et de blé, afin que sur toutes les tables du monde · il y ait

à manger. Cela, d'ailleurs, demeure tout à fait dans le domaine du possible. L'instrument que l'homme s'est donné, mis au service de l'humanité qui a faim, marquerait ce siècle de la victoire dont il a le plus besoin.

7

Je le répète, ces propos n'ont aucune prétention scientifique. Ceux que la chose passionn trouveront quantité de moyens de se familiariser avec les mystères de l'électronique. Po; nous ce qui importait avant tout c'était de faire rapidement connaissance avec cette philoso• phie' nouvelle. C'était aussi de prendre conscience de notre responsabilité d'homme en face de cette réalité. Cette responsabilité s'étend à tous les secteurs de la société; on ne peut Pas se désolidariser d'une si extraordinaire invention. Au contraire, si chaque homme, quelqUe responsabilité qu'il assume, musèle cette machine et la met pleinement au service de toUs,

alors, il y aura vraiment du nouveau sous le soleil. Car l'automation, conune toutes les étapes qui l'ont précédée et qui ont permis SOn

avènement, doit avant tout soulager l'homme et diminuer ses peines. La conscience des savants devrait être pleinement engagée dans ce sens. Tout progrès technique, si bouleversant soit.i1, n'est qu'un moyen. Le but demeurera toujours l'homme et l'accomplissement de sa destinée.

IV. - Conséquences économiques

Un moyen aussi formidable que l'automation mis au service de la mécanique ne peut que

transformer la manièœ d'être de la société. A côté des nécessités d'adaptation d'une main·d'œuvre technique spécialisée à une tâche

toute nouvelle se dresse l'inconnue des conséquences économiques et sociales qui découlent inévitablement de tout ordre nouveau. Il est d'ailleurs prématuré de vouloir tirer des conclu. sions définitives' dans un domaine pareillement évolutif, peut-il y avoir des conclusions

définitives? Cep~ndant, la réflexion aidant, il semble possible de déceler dan~ la soci~té de demain quelles pourraient être les conséquences économiques découlant de 1 au~omat~on et atteignant aussi bien la grande industrie que la nation. Prévisions tou~es som~alres, Il f.aut l'avouer, car les données manquent encore pour caractériser toutes les reperCUSSIOns prodUItes

par l'automation - et toutes les perturbations aussi. , Il paraît cependant probable et presque évident qU,e le March.e,. ,ave~ cette n.ouvelle et

incommensurable possibilité créatrice, se verra profondement modIfIe. L automatIOn accen· tuera la concurrence entre les entreprises en même temps qu'elle permettra de réduire consi· dérablement les stocks, ainsi que l'espace nécessaire à l'entreposage, les ateliers et les bureaux.

E 'd 'sant les marchandises de réserve, on diminue considérablement les déchets. Ces appa· n re Ul . d' 'b'

reils permettant une exploitation plus continue, le prix de reVIent de la marchan Ise s a aIs sera. L'adaptation d'une industrie à l'automation suppose le remplace~lent presqu~ ~otal .de

son équipement, ainsi qu'une rééducation complète de ses cadre~ techl1lq~e~ et adm~l1lstrahrs. On se rend aisément compte que ce n'est pas encore pour demam, maIgre 1 allure ou v~nt les événements. Il est toutefois évident qu'un pays qui voudrait ignorer cette nouvelle pUlssa.nce

de fabrication ne saurait jamais être à la tête de l'évolution. Il n'est pas ai,sé, dans ce ~0n:~1I1~, si l'on tient compte des investissements nécessaires, à vouloir jouer au precurseur. MalS 1 mdl' vi du que passionne l'avenir de la Cité ne peut rester sans cesse en marge des grands courants

qui. précisément, donnent à l'avenir sa forme nouvelle. ,.' Dans l'économie générale de la nation, les conséquences de 1 automatIOn apparaIssent

plus clairement. Avec ce moyen généralisé de productio~l,. i: faut s'att~nd~'e à un ac~rois~eme~~ considérable de celle-ci, compte tenu de l'eHarente rapldlte de travaIl dune machme ~le.ctr~ nique. La qualité de produits se verra sérieusement améliorée .et l~ui' prix de vente dllmnue. D'où, conséquence logique, une considérable élévation du pOUVOIr d achat de la classe moyenne.

Travailler dans des entreprises dotées de ces machines présentera une plus grande sécu­.' Des spécialistes s'accordent pour admettre une diminution de 60 % des accidents profes­r!le.

sionnels. La grande industrie ayant toujours de plus en plus besoin des produits préparés à son

intention par la peti,te et moyenne industrie, il est fort probable qu'on assistera à une décen­tralisation industrielle plus poussée encore. Cette perspective ne devrait pas déplaire à ceux ue préoccupe fort justement l'avenir des petits centres démographiques.

q Il est également fort probable que l'automation suscite la naissance de nouvelles pro­

fessions, de nouvelles industries annexes et lancera de nouveaux produits sur le marché. On ne pense pas généralement que le chômage menace les pays équipés de machines électroniques. Cela sera examiné plus loin. Il est toutefois probable et même certain que la charpente de la société sera modifiée et que les loisirs des travailleurs augmenteront. On voit déjà les pro­blèmes qui attendent tous les responsables d'un sain équilibre social et tous ceux que préoccupe

la sauvegarde des valeurs autres que matérielles. Quelles tâches nouvelles et absolument inédites attendent les pouvoirs publics en face de

l'automation? La question est tellement vaste que vouloir y répondre valablem:ent apparaît comme une gageure. Tâches immenses et multiples: coordonner les recherches des divers groupements scientifiques; servir de fil conducteur à l'effort entrepris; rassurer à temps les travaiHeurs sur les conséquences de l'automation; les préparer à ce transfert de manière qu'il se fasse sans trop de heurts; développer, par tous les moyens, les possibilités de recherches et les aider, aussi bien les individuelles que les collectives; permettre le libre accès à la connais­sance à toutes les couches sociales; créer des bourses pour les économiquement faibles. Il y en a quantités d'autres qui ne peuvent échapper à un esprit clairvoyant et soucieux de main­tenir l'harmonie dans la société de demain.

Ce souci au moins d'accompagner le progrès, si ce n'est de le prévenir, devrait dominer certaines activités de ceux qui ont accepté la lourde et belle responsabilité de diriger les hommes. On évitera précisément que les conséquences de l'automation provoquent de tro.p grandes perturbations dans la société future si ce moyen extraordinaire est mis au service d'une évidence supérieure et du respect de la personne humaine.

v. - Conséquenc~s sociales

Aucune révolution de la mécanique industrielle ne peut se faire sans que se dresse devant la foule des travailleurs le spech'e du chômage. Ceux qui l'ont connu sous des formes plus ou moins aiguës comprelUlent ce que cette menace représente pour la famille et la société.

Cependant, que l'on se rassure d'emblée. Le chômage ne sera pas la première consé­quence sociale de l'automation. La situation qui en résulte dans les pays à mécanisation extrême nous permet de l'affirmer. D'ailleurs, dans ces mêmes pays, l'automation n'affecte que 20 % environ des travailleurs.

Naturellement, s'il y avait chômage comme première conséquence sociale, on se demande si l'effort vaudrait la peine d'être poursuivi. Et puis, d'autres incidences se grefferaient certai­nement sur cette plaie: chômage équivaut à perte de temps pour se trouver un nouvel emploi, découragement, démoralisation de l'individu et souvent, renoncement à une lutte trop pénible.

Ecartons donc cette menace qui n'apparaît que fort incertaine et mettons à profit les expériences faites dans d'autres pays.

On y constate que l'automation a un effet très favorable sur l'ambiance de travail. Certes, elle ne permet pas à l'ouvrier un total épanouissement de sa personnalité - où est-ce pos-

'9

sible ? - mais elle le plonge dans un milieu de travail très propre, hygiénique, sans trop de

bruit, ce qui n'est pas sans influencer favorablement son psychisme. Par conh'e, la luain. d'œuvre non qualifiée diminue dans de très fortes proportions, l'automation assurant une

meilleure utilisation des ressources physiques et humaines de l'ouvrier.

Par suite d'une production accélérée, la durée du travail diminue. Ici, dans les grands centres industriels se pose l'urgent problème des loisirs de cette masse provisoirement désœu. vrée. Une partie de cette masse, avide de culture ou de sport, résoudra spontanément le pro.

blème. Mais une partie seulement. Livrée à elle-même, la grande masse est capable de tous les abaissements: débauches, désordres et que sais-je? 01', un progrès qui provoquerait ces malheureux extrêmes, en quoi pourrait-il encore être appelé progrès? Il ne faudrait pas qUe les loisirs devenus possibles grâce à des moyens de fabrication perfectionnés créent des troubles

sociaux aux conséquences plus grandes que les bénéfices qu'on retire de la modernisation. A quoi bon chercher la lumière pOlU' retomber plus profondément dans les ténèbres? Toute

la claivoyance des hommes doit veiller à éviter ~ne telle déchéance. Mieux vaut une popula. tion saine, à l'atelier ou à l'usine, que des ouvriers aux congés payés et qui utilisent leurs

loisirs à se détruire, à détruire lem' famille et tout ce que la société a fait pour eux. Au point de vue social, l'automation appliquée à une large échelle demandera encore

d'autres mesures des pouvoirs publics. On pense spécialement à la réadaptation dans un autre secteur de la main-d'œuvre congédiée. Cette réintégration doit pouvoir se faire sans trop de

heurts pour les plus jeunes, étant par définition plus maléables et plus réceptifs à une nouvelle forme de travail. Par contre, les ouvriers d 'un certain âge, qui ont p eut-être consacré une bonne

partie de leur vie au service g'une entreprise, et qui sont des éléments anonymes de la réussite de celle-ci, accepteront difficilement un licenciement du jour au lendemain. Ce serait d'ailleurs commettre à leur égard une impardonnable injustice. Si les événements imposent leur licen·

ciement, au moins que l'entreprise ait la sagesse et le sens de la justice de prévoir pOUl' eux une forme de compensation de licenciement. Une améliol'atioll de certaines assurances sociales s'imposerait également, de m ême que tout auh'e moyen de venir en aide aux travailleurs

déplacés ou licenciés prématurément.

Il est bien évident que ces transformations, dans l'entreprise, devraient se faire avec

prudence et progressivement, de manière à éviter à l'ouvrier et à sa famille des troubles de tous ordres et à faciliter sa réadapttation. On se demande si on fait toujours preuve de ces ménagements ou si, au contraire, les seuls impératifs de la rationnalisation et du rendement

ne dominent pas toutes les autres préoccupations. Car on doit à la vérité d'avouer que la per· sonne humaine, avec ses droits les plus imprescriptibles, n'est pas toujours au centre des préoccupations des puissants de ce monde. L'argent à produire guide trop souvent les pensées.

Et cela est bien triste. Le monde de l'électronique, encore bien jeune, conquiert cependant la société, que celle·

ci le veuille ou non. La figure de l'univers se modifie sans cesse. L'homme devra inévitablement s'adapter aux nouvelles formules d'être qu'il se fixe pour demain. En définitive, l'important

est que l'homme puisse s'intégrer sans trop de difficultés dans le monde à venir, qu'il puisse suivre cette formidable évolution et la dominer de manière à la mettre toujours davantage au

plein service de l'humanité. A cette condition, l'automation apparaîtra vraiment comme un bienfait. Dans l'autre cas,

les savants auront fait dangereusement fausse route et leur erreur, ainsi que celle de tOU8 les hommes qui seraient tentés de faire un mauvais usage de ces découvertes, risquerait fort d'être

irréparable.

10

VI. - En guise de conclusion

Faut-il conclure et peut-on conclure? Le chapitre de l'automation vient de s'ouvrir; on

/le connaît que les premiers épisodes de la merveilleuse ou tragique aventure que cette science

/lOUvelle veut nous raconter et aussi nous faire vivre. Merveilleuse, oui, si toutes les incalculables possibilités de l'électronique sont mises au

service de la société humaine, pour que celle-ci puisse aspirer à plus de bien-être, atteindre plus pleinement sa destinée et devenir plus fr aternelle. Atteindre à la connaissance, beau rêve dont la réalisation paraît possihle grâce à l'électronique! Mais aventure tragique aussi, si les

hommes, assez fous, se mettent à jouer avec ces engins nés de leur démoniaque cerveau pour

supprimer une honne fois la race humaine et ses misères. La première étape de l'expérience électronique se franchit chaque jour. Toute conclusion

/le saurait donc être que hien imparfaite. Cependant, l'automatique, née de la conjonction de la technique des réglages automatiques, du développement des servo-mécanismes, de l'utilisa­tion des calculateurs électroniques, sous leur forme arithmétique et analogique, a pris une telle extension ces dernières années qu'il y a peu de domaines de l'activité scientifique, technique ou administrative, qu'elle n 'ait contribué à développer. Elle n'est donc plus l'apanage du

spécialiste seul, mais doit intéresser toute personne curieuse de l'évolution actuelle. Cela suppose une prise de position de notre part. Vouloir rester à l'écart de cette évidence

serait volontairement avouer son désintéressement à l'un des aspects le plus nouveau de la

chose publique. Ce monde se précise chaque jour. Il faut y entrer parfaitement préparé, si on veut y jouer

UI1 rôle. La société, par ses dirigeants, doit prendre pleinement conscience de ses responsabi­lités. Cette préparation à une nouvelle forme de vie doit s'enraciner au plus profond de l'être.

Elle commence à l'école pri11laire et dans la famille, pour se poursuivre à tous les autres échelons de la formation professionnelle de l'individu. Il n'est pas exclu que certains pro­grammes d'enseignement devront être revus en fonction de ces impératifs. Nouvelle orientation

également des enseignants à tous les échelons pour leur permettre de remplir pleinement leur rôle. On admettra que divers problèmes fort complexes se posent, qu'il faudra cependant

résoudre. L'électronique de demain nous ouvrira certainement les portes de l'univers. Il est pro­

bable que les hommes iront sur la lune ou Mars, ou ailleurs, comme certains se sont déjà

baladés autour de notre planète. Mais qu'importe ces exploits scientifiques, si merveilleux soient-ils, aux millions d'êtres humains qui ont faim, qui ont froid ou qui souffrent? Le pre­mier ohjectif de la science devrait être mis au service de cette cause urgente. La population

du globe augmente chaque année. Elle atteindra six à sept milliards d'ici un siècle, si le rythme continue. Y aura-t-il, à cette époque, cinq milliards d'affamés, de loqueteux, de pauvres déchets? La question nous angoisse. Si la société se détourne de' son devoir le plus sacré qui

consiste à donner à tous les hommes le moyen de vivre, qui se souciera d'eux, alors? Quel miracle garnira les tables et remplira les estomacs? Faut-il poursuivre les recherches spatiales,

en donnant libre cours à son orgueil ou bien, au contraire, avec les moyens que la science met à notre disposition, se préoccuper, avant tout, de nourrir les hommes, de leur permettre une vie plus digne? La réponse jaillit spontanément d'un cœur généreux. Malheureusement,

ce ne sont pas toujours les cœurs généreux qui dirigent le monde. Ceux à qui on clame aux oreilles que leur pays est à l'avant-garde de toutes les recher­

ches scientifiques, mais qui ont froid, qui se cherchent une demeure;

11

ceux qui essaient de faire pousser le blé, ou le maïs ou le riz et à qui manquent les machines de travail les plus élémentaires;

ceux qui meurent d'épuisement, dans les villes grouillantes, à l'aube remplie de miasmes qui ont eu faim, qui ont mal et qui ont perdu la force de lutter; 1

ceux que la maladie ronge, incurable, parce que, dans son laboratoire, le savant manqUe de moyens financiers pour poursuivre ses recherches et trouver le remède à certains maux qui ravagent l'humanité;

ceux à qui on promet un frigo, mais qui n'ont rien à y mettre;

les déracinés, les cloisonnés dans ,les taudis, les ventres-creux, les crève-de-faim qui peu. plent des quartiers entiers, qui errent dans le désert de la solitude du cœur, en quête d'un peu plus de fraternité entre les hommes;

les orphelins, les infirmes, les laissés-pour-compte de toute sorte:

Pensez-vous une bonne fois que ces millions, ces centaines de millions, tirent vanité de toutes les merveilleuses réalisations dues à l'électronique et à l'automation?

S'ils lèvent les yeux ver-s le ciel, ces centaines de millions, ce n'est pas pour y chercher le rapide passage d'une fusée interplanétaire, mais pour y découvrir une toute petite lueur d'espérance.

Jean FOLLONIER

« ... Ce n'est pas un paradoxe de dire que la Pl'emière vertu de l'intelligence est d'avoir l'impression qu'elle ne comprend pas. Comme il est utile à un professeur d'avoir dans SOli

auditoire un élève intelligent et qui ne saisit pas ce que vous dites! Julès Lemaître disait: «Mon meilleur élève est celui qui n'est pas de mon avis ». Meilleur encore peut-être celui qui comprend qu'il ne comprend pas. La plupart du temps nous nous imaginons que nous com. prenons. Et, lorsque nous voulons expliquer, nous sommes dans l'embarras. En réalité, nOliS

avions eu l'illusion de comprendre; les mots remplaçaient les choses; une certaine émotion factice nous laissait croire que nous avions pénétré le sens des formules. Mais le contact de l'esprit avec la chose ne s'était pas opéré . .. »

« ... La première démarche de la pensée est une certaine inintelligence devant ce que le monde croyait comprendre.»

* Une maman de 83 ans écrit à son fils:

Jean GUITTON «Nouvel Art de Penser»

«Voilà, je viens de rentrer de promenade dans la rue avec l'aide de Mlle X ... et de deux cannes. Il y a 50 cm de neige bien tassée et 13 degrés sous zéro; nous en avions assez de rester confinées sans air, et il ne fait pas si mauvais dehors. Nous voilà bien regaillardies! Demain, nous recommencerons . .. il n'y a que le premier pas qui coûte!»

12

les nombres Février 1963 6

en couleurs Bulletin Cuisenaire

PARAIT 5 FOIS PAR AN • ABONNEMENT: F. 3.- - CHEQUES POSTAUX 1 16713, GENEVE

REDACTEUR: S. RaLLER, ECOLE DU MAIL, GENEVE, S, RUE DU VillAGE SUISSE. TEL. (022) 247960

LA QUESTION DES PROGRAMMES par

Madeleine Goutard, conseiller pédagogique, Département de l'Instruction publique (Canada)

L'extraordinaire efficacité de la méthode Cuisenaire-Gattegno a rendu complètement désuets les programmes de mathématiques actuels de l'enseignement primaire.

Constatant cette différence dans les niveaux atteints par les élèves, les maîtres qui suivent un stage de formation ne tardent pas à deman­der: « Quel programme suit-on en méthode Cuisenaire ? » Mon premier mouvement est toujours de répondre qu'on n'en suit aucun, ce qui ne manque pas de scandaliser et de jeter les esprits dans le désarroi. L'enseignement est, d'ordinaire, tellement lié au parcours d'un pro­gramme qu'on a alors l'impression de tomber dans le néant: «Mais que va-t-on enseigner alors? », s'écrie-t-on naïvement.

J'ai déjà fait remarquer, en d'au­tres occasions, qu'adopter la mé­thode Cuisenaire, ce n'était pas troquer Ur.Le méthode contre une autre, mais accomplir une conver­sion pédagogique. Un maître dont toute la préoccupation est de rem­plir scrupuleusement un program­me, quel qu'il soit, ne peut pas enseigner selon les principes d'une méthode qui doit ses succès au fait qu'elle s'est détournée des pro­grammes et, en général, de toute

idée préconçue et de tout plan préétabli, pour s'intéresser unique­ment aux enfants, à leurs possibi­lités encore insoupçonnées, à leurs modes pro pres de pensée, à leurs découvertes émerveillées, afin d'a­juster l'enseignement toujours da­vantage aux aspects particuliers de la psychologie enfantine.

La première chose que doit faire tout éducateur désireux de se lan­cer dans cette voie, c'est donc de renoncer à toutes ses sécurités an-

13

térieures, se délivrer de l'obsession du programme et acquérir la liber­té d'esprit nécessaire pour envisa­ger la réalité pédagogique sous un jour complètement nouveau.

Remplacer tout simplement l'an­cien programme par un nouveau, ce serait remplacer un certain dog­matisme par un autre et ne rien changer réellement. Il y aurait encore des enfants qui se ferme­raient ,à l'enseignement des mathé­m atiques, car ce n'est pas unique­ment la possession des réglettes Cuisenaire qui assure le succès, mais aussi l'instauration de rap­ports nouveaux entre le maître et les élèves, l'apports exempts de toute coercition mentale.

Ce sont les programmes qui doivent s'adapter à la science pé­dagogique et non l'inverse. Les maîtres doivent apprendre qu'une chose ne doit pas s'enseigner parce qu'elle figure à un programme, mais parce qu'elle vient naturelle­ment s'insérer dans un processus authentique de pensée. Plutôt que de s'ajuster passivement à un nou­veau programme, il importe donc que les maîtres apprennent d'abord à se sensibiliser à la vie mentale enfantine et à synchroniser leurs démarches éducatives, leurs inter­ventions adroites, leurs suggestions discrètes, aux mouvements d'une pensée qui se cherche elle-même et qui a droit à son plein épa­nozLÏssement et non pas à ce pi­toyable faux-semblant de pensée, . mécaniquement monté à force de iépétitions et d'exercices vides de toute expression créatrice.

S'il veut savoir quoi enseigner, c'est donc vers les motivations in­rieures, vers la vie de l'esprit que tout éducateur doit chercher, et non pas vers une liste de matières arbitrairement imposées.

Cela dit, il va de soi qu'un cer. tain programme se trouve effecti­vement couvert dans les classes de méthode Cuisenaire, programme très variable d'ailleurs selon le de­gré de capacité et de préparation des maîtres. Mais ce «programme», fruit des expériences menées dans ce domaine, doit toujours rester très élastique.

En effet, en imposant un pro­gramme qui ferait état de tout ce qui peut être enseigné à des en. fants de 6 ou 7 ans, on risquerait de dépasser très largement les pos­sibilités actuelles d.es maîtres qui sont tous débutants en ce domaine. Ils auraient alors tendance à recou­rir aux moyens habituels pour im­poser le programme aux enfants. Il faut les laisser acquérir progres­sivement de l'expérience pédago­gique et dépasser leur propre pro­gramme d'année en année.

Par ailleurs, si on regarde du côté des enfants, on verra qu'il est injuste et illogique de demander la même chose à des êtres diverse­ment doués, De plus, il existe bien des manières de couvrir une cer· taine matière et d'arriver à un cer­tain but. C'est le cheminement spontané de la pensée enfantine qui doit fournir une forme parti­culière au programme plutôt que l'inverse, sinon c'est la stérilisation de la pédagogie. Si bien qu'un

V. No 6, février 1963

COURS MOYEN ET SUPERIEUR

Elles font partie d'un ensemble de 4 leçons ainsi distribuées:

1. Pourquoi notre bouche est-elle munie de dents ?

2. Pourquoi nos dents sont-elles constituées d'émail d'ivoire, de nerfs et de vaisseaux sanguins ? '

3. Montre-moi tes dents, je te dirai ce que tu manges. 4. Est-il vrai que le sucre nuit aux dents?

Nous donnons ici les leçons 2 et 4.

Pourquoi nos dents sont-elles constituées

d'émail~ d'ivoire, de nerfs, de vaisseaux sangUIns

Les élèves des ~o~us moyens et supérieurs connaissent déjà les parties de la dent et sa composItIOn. La phrase SUIvante peut les aider à se les remémorer' ~< Votre dent, dit le dentiste, s'est brisée au coBet; puisque sa l'a cine est encor~ mtacte, nous allons visser une couronne nouvelle ».

Les écoliers esquissent une dent et écl"Ïvent en regard de chaque partie les mots couronn~ - collet, - racine. Pour leur remettre en mémoire la composition d,e la ~ent, f altes-Ieur lll~~trer l.a I?h~~se ~uiva.nte: ,~ C?mme le dé à coudre pro­tege l mdex de la coutunere, aInSI l emall cOlffe Ilvoll'e de vos dents ».

MAIS QU'EST-CE QUE L'IVOIRE?

. TI est cette matière très résistante dont sont tournées les boules de billard qUI p:uvent se heurter tr~s violemment sans se briser. L'ivoire de vos dents est de meme nature que celUI des défenses d'éléphant qui a servi à la fabrication de ces boules.

Cependant, on aff~rme que l'émail de vos dents est bien plus dUl' encore . TI est de toutes les partIes du corps celle qui contient le moins d'eau et par consé­quent la plus dure. Puisque l'émail est si dur, poul'quoi vos dents n'en seraient­elles pas constituées uniquement?

La Providence se serait-Elle mépl'Ïse?

15

E.V. No 6, février 1963

le.s nerfs

quels • valsseau)C

.so.noulY'\5 i)

o..lJYnQ..nta.n+ la l>C'Vh.t '?

,",ota, de. choc.un ~

B.V. No 6, février 1963

Voici une hache suspendue à une ficelle. Frappez-en la lame, puis la tête. Les deux parties émettent-eUes le même son ? La lame est en acier, tandis que la tête est en fer. L'observation attentive de l'outil vous permet de suivre la ligne de soudure des deux métaux.

Vous savez que l'acier est bien plus dur que le fer.

Pourquoi le forgeron, qui ne l'ignore pas, n'a-t-il pas fabriqué une hache tout en acier ?

Elle se briserait en frappant un objet très dur, un nœud par exemple, tant les vibrations seraient fortes. Le fer, plus mou, les amortit et confère, par con­séquent, de la résistance à l'acier de la hache.

Constituées uniquement d'émail, vos dents seraient aussi fragiles qu'une hache en acier. L'ivoire les consolidera en amortissant les vibrations.

L'émail de vos dents, si dur soit-il, peut se fissurer. Et malheur aux impru­dents qui ont la manie de vouloir tout cassel' entre leurs mâchoires. Par ses fentes, s'introduisent les microbes de la carie dentaire qui a fait souffrir chacun d'entre vous. A queiJ.s signes, avez-vous reconnu que vous en étiez atteints?

Or, toutes nos sensations sont transmises au cerveau par des nerfs. Si un camarade vous marche sur le pied, les nerfs en avertissent votre cerveau qui ordonne à votre bouche .de crier et à vos .muscles de le retirer. Puisque vos dents malades sont sensibles au chaud et au froid, que contiennent-elles donc?

Ce sont eux qui donnel'ont à vos jambes l'ordre de courir chez le médecin qui pourra obturer le trou cl'eusé par la carie dentaire.

Dessinons ce réseau de nerfs. Par où les fel'ons-nous enh'er? Quel nom donnera-t-on à ce canal? Les introduira-t-on dans l'ivoire? Les Pl'olongera-t-on jusque dans l'émail ?

Pourquoi les bras du forgeron sont-ils bien plus musclés que les vôtres? Dès que celui-ci martèle une balTe de fer, les nerfs de ses mains, de ses bras, signalent au cerveau que le marteau est très lourd. Immédiatement l'Ol,dre est donné au cœur d'envoyer un sang abondant et riche. Les vaisseaux sanguins se dilatent, les muscles ~e gonflent .

Les nerfs de vos gencives, de vos dents, sont aussi sensibles à la pression de la mastication. Dès que celle-ci est laborieuse, le sang va affluer dans votre bouche. Les dents, les gencives, les ligaments en seront ilTigués. Ces exercices se répètent fréquemment, vos dents seront fortes et saines.

Sur notre 3ème esquisse, dessinons les vaisseaux sanguins

Les ancêtres de l'hom,me comptaient 4 molaires. Aujourd'hui, nous n'en avons plus que trois, et cette troisième est en voie de disparition; elle ne pousse qu'à 20 ans et sa régression c~ntinuera, si l'homme persiste à l'echercher des aliments dont la mastication ne réclame aucun effort.

V oulez-vous garder des dents intactes, ornement de votre bouche et auxi­liaires indispensables à une bonne digestion:

17

18

La production d'articles scolaires est plus abondante que jamais. Le corps enseignant est abreuvé de prospec­tus, d'avis de parution. Il est sollicité par de nombreuses

annonces. Nous sommes là pour l'aider. Nous nous documentons, nous sélectionnons, nous im-

portons pour lui. Confiez-nous tous vos problèmes d'approvisionnement.

Nous les résoudrons pour vOus. Notre organisation nous permet de vous fournil' tout

ce dont vous avez besoin aux meilleures conditions du

marché. Une seule commande - Une seule facture. Conservez votre confiance il la maison valaisanne

spécialisée qui connaît vos problèmes.

FOURNITURES SCOLAIRES EN GROS

E.V. No 6, février 1963

brossez-les énel'giquement au moins tous les soirs; évitez de casser entre vos dents des aliments trop durs: noix, noisettes; préférez aux sucl'eries des fl'uits crus qui réclament une mastication éner­gique; remerciez vos parents, si à l'occasion, ils ont la sagesse de vous servir du pain un peu l'assis; toujours, lnastiquez longuement avant d'avaler - les gloutons creusent leur fosse avec leurs dents; recourez au docteur dès qu'une dent devient sensible;

l'idéal seI'ait que chaque année vous vous imposiez une visite chez votre dentiste.

V. JORIS Maître de classe d'application

LEÇON DE SCIENCE POUR LE COURS MOYEN ET SUPERIEUR

Est-il le dents? .

vraI sucre nuit que aux

Vos parents vous le répètent fréquemment. Que vous disent-ils? Un apprenti pâtissier me confiait qu'après deux ans d'apprentissage, il avait dû arracher toutes ses dents.

Qu'est-il obligé de faire à tout inst~nt dans la pâtisserie? Comment les sucreries peuvent-elles nuire aux dents ?

1. - Observation de la nature

Observez bien l'expédence suivante et notez-en toutes les actions, ainsi que vos observations.

Le maître approche un morceau de sucre de la flamme d'une lampe à alcool. Il se ramollit, fond, brunit et parfume la salle d'une odeur de caramel.

Le maître prend un deuxième morceau de sucre, il le saupoudre de cendres (celles d'une cigarette sont suffisantes à la réussite de l'expérience).

Il l'approche de la flamme. Après quelques instants, le sucre flambe comme une torche.

Les deux expériences sont refaites par deux écoliers. Le 1er parlera en agissant: je ... Le 2ème se conformera aux ordres d'un camarade (emploi de l'impératif) .

19

E.V'. No 6, février 1963

1ère constatation:

Les cendres sont indispensables à la combustion du sucre.

Que contiennent-elles donc ? Des écoliers sont invités à les goûter. Après un instant, ils déclarent qu'elles

ont un goût salé. Des cendres, on peut en effet extraire de nombreux sels: sel de fer, de po­

tasse, etc ... une douzaine environ. (Bien préciser la notion: sel de cuisine et sels minéraux.)

Laissons tomber une goutte d'acide chlorhydrique sur les cendres et sur une pierre calcaire (celle que vous cueillerez au bord de chemin le sera presque assurément).

Qu'observez-vous? Qu'entendez-vous? Les cendres et la pierre contiennent une même matière que nous appellerons

le calcaire.

2ème constatation:

C'est le calcaire ainsi que les autres sels contenus dans les cendres qui font brûler le sucre.

Il. - Application à notre corps

Voyons maintenant ce qu'est le sucre pour notre corps. C'est un aliment très riche, qui produit de l'énergie. Pris en grande quan­

tité, il coupe l'appétit: le garçon qui vient de sucer un cornet de bonbons avant le dîner refusera la soupe, fera la grimace aux légumes ...

Que devient le sU'cre que vous avalez? Il se dissout dans la salive qui l'entraîne dans l'estomac où il s'arrête à

peine. Il pénètre ensuite dans l'intestin qui le transforme pour que le foie puisse le stocker. C'est là que le sang vient le chel'cher pour le transporter dans les 40 milliards de cellules qui composent notre corps. Au contact de l'oxygène, il se transforme, il « bri"ùera » lentement, produisant force et chaleur.

On peut dire que le sucre est pour notre organisme ce que l'essence est pour le moteur.

Mais attention ! Comme dans l'expérience de tout à l'heure, la combustion du sucre dans

vos cellules ne s'e.ffectuera que si le sucre trouve autour de lui les mêmes sels que dans les cendres.

En même temps que le sucre, il faudrait que nous absorbions des aliments riches en sels calcaires, tels que fruits, légumes, céréales.

21

1----------------------------------------------------,

Une Olympia

ne déçoit pas

Dès Fr. 265.-

Demandez-nous une démonstration ou une mise à l'essai sans eng'agement.

Conditions spédalement avantageuses pour le personnel enseignant.

Place Centrale et Rue du Gd Verger

Visitez che'z nous la plus importante expoS'ition d'insta'l1ations de bUlreaux du Canton.

E.V. No 6, février 1963

Si le sucre est absorbé seul, en trop grande quantité (par exemple plus de 100 grammes par jour) et entre les repas, il devient néfaste pour la santé. Par suite de l'absence de sels minéraux (les cendres de tout à l'heure), la combustion du SUCl·e est incomplète; il se forme des produits intermédiaires qui sont de véritables toxiques.

De plus, le sang ne trouvant pas dans les aliments ces sels indispensables à la combustion du sucre, il ira les chm·cher là où il peut en trouver, c'est-à-dire dans les os et dans les dents, constitués principalement de calcaire.

Si l'on pouvait faire l'expérience de nourrir un adolescent uniquement avec des sUCl·eries, on le verrait très vite devenir rachitique et avoir de très mctuvaises dents.

Conclusion

Le sucre attaque nos dents de deux façons:

de l'extérieur: lorsque des particules de sucre restent entre les dents et se transforment en acide qui attaque l'émail;

de l'intérieur: lorsque le sang, ne trouvant plus dans les aliments les sels minéraux dont il a besoin pour la combustion complète du sucre, vient les chercher dans les os et les dents.

Méfions-nous des sucreries! Mangeons-les modérément (surtout pas hors des repas), en les accompagnant toujours de fruits, légumes et autres aliments riches en calcaire et en sels minéraux.

V. JORIS Maître de classe d'application

23

B.V. No 6, février 1963

A PROPOS DE LA CAMPAGNE DENTAIRE:

Beaucoup de parents estim.ent superflus les soins dentaires durant la pre­mière enfance «puisque la première dentition doit tomber de toutes façons ». En fait, il faut qu'ils sachent qu'une dent de lait cariée peut contaminer, par simple contact, une dent définitive en voie de formation.

* TI est beaucoup plus efficace de se laver les dents après les repas de midi et du soir, qu'au lever et au coucher. Ce qui importe avant tout, c'est que des particules d'aliments - et surtout de sucre - ne restent pas en contact avec les dents et soient éliminées le plus tôt possible.

* De l'usage du chewing-gum. En soi, le chewing-gum nettoie et fortifie les dents: il est donc théorique­

ment à recommander. Mais, outre qu'il peut être nocif pour l'estomac, il contient du sucre nuisible aux dents. Or, c'est un fait que certains enfants le rejettent dès qu'il a perdu sa saveUT sucrée, c'est-à-dire au moment où ses bons effets commencent à se faire sentir. D'autre part, la consommation du chewing-gum entraîne des inconvénients d'un autre ordre. Les enfants étant très peu disci­plinés et très peu soucieux du bien commun, on trouve des restes de chewing­gum partout: sous les bancs et 1es chaises, dans les trous de serrure, dans les encriers, sur les parquets où il adhère forte.ment. Les personnes préposées à la propreté des locaux ne l'apprécient guère et on les comprend! En outre, la vue d'un mâchonneur de chewing-gum, dont les mâchoires vont et viennent en tous sens pendant des heures, est un spectacle disgracieux dont on se passe volontiers. On ne saurait le tolérer que sur un terrain de sport, un chantier de travaH ou en récréation.

En l'ésumé, l'usage du chewing-gum, pour être bénéfique, doit être soumis à des règles disciplinaires strictes.

* Les sucre1'Îes. Ce sont des règles disciplinaires semblables qui devraientt accompagner la

consommation des sucreries. Les douceurs de toutes sortes - bonbons, cara­mels, chocolats - sont d'un usage si général et si constant qu'on ne peut songer à leur déclarer la guerre. La meilleure tactique est d'en limiter les dégâts.

On recommande donc aux parents et aux enfants: 1. de ne consommer des sucreries qu'aux l'epas; 2. de se rincer la bouche et de se laver les dents après chaque repas; 3. de préférer un fruit (la pomme classique) à toute autre friandise pour les

« dix heures» ou les «quatre heures»; 4. de porter sur ce point les efforts de volonté et de maîtrise de soi, tant indi­

viduels que collectifs, auxquels il faut accoutumer les enfants (campagne de Carême, par exemple),

25

26

INS·TITUT DE COMMERCE DE SION 9, rue du Vieux-Collège

Cours commer'oi'a'ux compl'e,ts de 6 et 9 mois

Formation de stén-oda'CtYllographes

Pré'pa're: aux examens d'admission PTT et CFF

Nouveaux cours: 23 avril Sedions pour débutants 'et élèves avancés

P 902-32 S

Diplômes: de commerce, de sténo et de langues

Professe'urs ave'c grades untiversilfa'Ïlres

Dema.nde'z le programme d'études à la

DIRECTION:

Dr Alexandre THELER professeur diplômé

Téléphone (027) 2.23.84 Ecole

2.14.84 Privé

E.V. No 6, février 1963

TRAVAIL MANUEL FACILE POUR COURS MOYEN ET SUPERIEUR

Matériel: ruban de ramie, ciseaux, colle Cementit, fil mince. Le ruban de ramie ressemble au raphia al,tificiel, mais sa largeur est cons­

tante ; contrairement au raphia, il n'a pas besoin d'être ouvert.

On le trouve dans le commerce en écheveaux de 25 mètres pour le prix de Fr. 0.95, dans une dizaine de teintes.

Il faut 90 omo pour un poisson. Il est avantageux que chaque enfant en confectionne quatre ou cinq, de couleurs différentes.

A. Poisson plat

1. Couper 6 brins de ruban-ramie de 14 à 15 cm. de iong; plier en deux chaque b rin, sans écraser le pli.

2. Tresser trois par trois comme l'indique la figure 1, ne pas manquer de re­t ourner le tressage très souvent pour vérifier la l'égularité au verso ! . On mettra une touche discrète de colle en A, B et C pour immobiliser le tressage.

3. En A et en C, découper aux ciseaux selon la figure 2. En B, ou pourra lais­ser un petit onglet carré qu'on repliera et collera sur le carré précédent.

4. A l'intel'section des premiers carrés, coller une petite rondelle pour l'œil (pel'forateur de bureau ... ).

Quatre ou ' cinq de ces poissons peuvent être collés sur une grande feuille de papier fort, sur un rectangle de rabane ou de feutrine. Avec du fil de laine ou du pap ier gommé, on pourra dessiner des plantes aquatiques. Cela donnera de très jolies décorations pour les murs de la classe ou pour une chambre d'enfants.

B. Poisson rembourré

Ce poisson tressé peut aussi donner lieu à un gl'acieux mobile qui se balan­cera dans la salle de dasse ou au salon, de préférence à proximité du radiateur.

P our cela, avant de coller les rubans en A, B et C, on introduira à l'intérieur du tressage une bourre quelconque (papiel' fin, laine, ouate) pour que le poisson prenne du volume. Les nageoires resteront plates et fines.

En M, centre de gravité probable, on passera un fil très fin rattaché aux brins de paille ou de rotin du mobile.

E. Claret

27

E.V. No 6, février 1963

fig~ 1

1 1

Au Personnel enseignant du Valais central:

Salle Supersaxo, Sion DU 9 AU 15 FEVRIER

EXPOSITION DE

DESSINS D'ENFANTS organisée par la Société SULsse des Maîtres de Dessin

E xposition ouverte de 10.00 à 12.00 et de 14.00 à 18.00

JEUDI 14 FEVRIER, à 16.00 h.

L'enseignement du dessin

et son application aux travaux manuels

par

C. E. HAUSAMMANN, professeur de dessin

à Nyon

Invitation à tous!

même programme en puissance peut prendre des visages très di­vers selon les classes. Ne voit-on pas des découvertes scientifiques apparaître simultanément par des voies différentes? Pourquoi faut­il qu'à l'école primaire, à l'âge où

l a scu$traction avec retenue

32 14

Composons 32: 3 Ro, 1 RI' dessous 14: 1 Ro, 1 Rc Disposons ces deux Hgnes de

teHe sorte qu'une séparation ver­tica'le sépare les dizaines des uni­tés. On peut, pour préciser cela, tracer sur la table une verticale en notant, à droite, U pour Iles uni­tés, à gauche D pour les dizaines,

D U

Les 3 Ro du nombre 32 butent, à droite, contre la verticale; i'l en va de même pour la Ro du nom­bre 14.

Grand terme: 32; petit terme: 14. Que faut-il ajouter au petit terme pour obtenir le grand ?

Commençons par les unités. Au grand terme: 2; au petit ter'me 4 ...

Augmentons le petit terme. Pour cela, prenons des Rb et compo­sons: 4 plus 1 ... 5; plus 1 ... 6; plus 1... 7; plus 1... 8; plus 1 ... 9; plus 1 ... 10.

l'esprit est toute fraîcheur et spon­tanéité, on ne connaisse que la pensée standardisée et banalisée ?

Extrait de «L'Instruction Publique », Québec, octobre 1962.

Attention! Dans la colonne des unités, je suis parvenu à 10; je dois donc passer cette dizaine (f ai te de lIa Rc et des 6 Rb) dans la colonne des dizaines; ce que je f ais en faisant glisser cette dizaine dans la colonne des dizaines. A ce moment, dans la colonne des di­zaines, apparaît, au niveau du petit terme (14), une nouveHe di­zaine qui sera la retenue que nous pourrons noter:

3 2 - 1+1 4

Continuons maintenant à ajou­ter des Rb au petit terme, dans la colonne des unités. On en ajoutera encore 2 pour atteindre le 2 du grand terme (32) :

Combien ai-je, en tout, ajouté de Rb ? Mesurons avec une R ... ce sera la Rm (8). Notons:

3 2 1+1 4

8 Que faut-il enfin ajouter dans

la colonne des dizaines ? - Une Ro (une dizaine).

Notons: 3 2 1+1 4

1 8 '

31

Réponse: n faut ajouter 18 à 14 pour trouver 32.

REMARQUES

a) La retenue est notée une seule fois dans la colonne des dizai­nes, au petit terme.

b) Cette retenue apparaît à la suite d'une manipulation (g'lis­sement de la nouveliLe dizaine à gauche).

c) Cette retenue est quelque chose qui s'ajoute au nombre de di­zaines du petit terme. (Dans l'enseignement de la soustrac­tion «par compensation », la retenue est notée deux fois, au grand et au petit terme; mais, au grand terme, elle ne s'ajoute pas au nombre des unités, elle se P1lace à gauche de celui-ci pour composer, avec lui, un nombre de deux chiffres, la retenue étant le chiffre des di­zaines.)

d) Après un certain nombre de manipt-rlations faites avec des Rb, les enfants verront proba­blement qu'i'l faut d'abord ajouter au nombre des unités du petit terme son complément à 10 (dans notre exemple, iiJ. faut ajouter 6 au 4 de 14). A ce moment la dizaine nou­vellement formée peut être glissée, à gauche, dans la co­lonne ·des dizaines. C'est la re­tenue. Reste à ajouter une R égaile à celle des unités du grand terme (dans notre exem­ple 2). ·Ce qui fait que le chif­fre à trouver dans la colonne

des unités est toujours égal, dans les cas de retenue, au comp'lélnent du chiffre des uni­tés à 10, plus le chiffre des unités du grand terme.

S.R.

BibUographie

* GATTEGNO (Caleb). «Les nombres jusqu'à 1000 ». (procédé de calcul). Col­lection «Mathématiques avec les Nom­bres en couleurs », vol. B, Neuchâtel, 1962, Delachaux et Niestlé.

Table des matières: 1. Groupes . Prix d'achat, prix de vente, bénéfice. - II. Calculs écrits verticalement. - III. Les nombres jusqu'à 1000. - IV. Lecture et écriture des nombres. - V. Les procédés de calcul.

* GATTEGNO (Caleb). «Enfin, Fred­dy comprend l'arithmétique ». (L'emploi des réglettes Cuisenaire expliqué aux parents). Tract de René Fouéré.

Neuchâtel, 1962, Delachaux et Niestlé, 13 x 20 - 100 p.

* ROLLER (Sa~uel) et E.XCO,FFIER (Evelyne). «La methode Cwsenau'e-Gat­tegno des nombres en couleurs ». (Trois années d'expériences avec des élèves de 2e et de 3e années primaires .)

Genève, 1963, Service de la recherche pédagogique et Neuchâtel, Editions Dela­chaux et Niestlé. 2e édition.

Cours de Zoug

Dans le cadre de ses cours d'été, la Société suisse de travail manuel et de réforme scolaire organise des cours Cui­senaire à Zoug (fin juillet - début août). Le cours en allemand sera dirigé par Léo Biollaz; le cours en français sera dirigé par Evelyne Excoffier. Les départements de l'Instruction publique recevront les inscriptions dès février-mars .

Vu en Angleterre

Les leçons auxquelles nous avons assisté, en juillet 1962, nous permettent de constater, une fois de plus, que le matériel Cuisenaire donne à l'enfant et au maître une grande liberté. Les trente-quatre classes visitées travaillaient différemment et partout les résultats sanc­tionnaient la valeur de l'enseignement donné avec les réglettes.

A. BURNHAM (Berkshire)

1. Leçon donnée à des enfants de 7-8 ans et portant sur l'addition des fractions. .

Conditions de travail: 40 élèves, 1 boîte pour deux enfants. 1/8 + 1/3 = ?

L'enfant prend une Rb et une Rm. La Rb est le mesuré, la Rm le mesurant. Il place la Rb sur la Rm et représente ainsi le rapport 1/8.

La Rb et la Rm forment un couple ordonné (1 ; 8).

Pour représenter 1/3, l'enfant prend une Rb et une Rv ; il place la Rb sur la Rv. La Rb est le mesuré; la Rv, le mesurant. On obtient le couple ordonné (1 ; 3).

Il s'agit maintenant de construire deux lignes, une marron ~t · u~e vert clair de même longueur (recherche du dénominateur commun).

On obtient: 3 Rm soit 24 ; 8 Rv soit 24.

Sur chaque Rm, l'enfant place une Rb (le mesuré). Nous avons alors:

1/8 = 3/24. Sur chaque Rv, l'enfant place une Rh (le mesuré). Nous avons

alors: 1/3 = 8/24 1/8 + 1/3 devient 3/24 + 8/24.

Dans son cahier, l'enfant va noter ce qu'il voit et ce qu'il a fait.

1/8 + 1/3 = 3/24 + 8/24 = 11/24. Il peut prendre les Il Rb dans sa main.

La maîtresse propose toute une série d'exercices de ce genre: 1/5 + 1/2 = ? 1/2 + 5/7 =? 1/2 + 5/8 = ?

Ces deux derniers calculs ont été réalisés, devant nous et sans ré­glettes, par un enfant de 8 ans.

Une fillette note dans son cahier :

2/8 + 7/8 = 9/8 = 1 1/8

B. KIDDLINGTON (Oxfordshire)

1. Fiche remise à des enfants de 7-8 ans pour exercer 18. a) Fais le tapis de 18 et écris-le dans l'ordre de ton choix. Cherche combien de lignes tu as pu former.

b) Peux-tu remplir les trous? 9 +. = 18 18-.=6 2 X 9=. 18 - 16 + 1/8 X 16 = . Il +. = 18 2 X 6 +. = 18 18 -. = Il 18 - (2 X 4) = 2 X . 18 - (1/2 X 10) = . 18 - (3/4 X 16) = .

c) Quels sont les facteurs de 18 ?

C. WESTWOOD SCHOOL 1. Travail réalisé dan; une classe d'enfants retardés dont quelques­

uns ne parvenaient pas encore à lire. Conditions: Il élèves de Il ans, travaillant avec les R depuis dix

mois.

34

a) Les châteaux. Formez 360 avec 3 R seulement. On obtient deux sortes de châteaux (R en croix).

f X f X 0 soit 6 X 6 X 10. c X a X 0 soit 4 X 9 X 10.

Conservons la deuxième solution et effectuons le travail Inverse. Chaque élève divisera selon son désir.

Nous obtenons : 360 --7-- 10 = 1/10 X 360 = 36 ; 36 --7-- 4 = 1/4 X 36 = 9 ; 360 --7-- 4 = 1/4 X 360 = 90 ; 90 --7-- 10 = 1/10 X 90 = 9 ; 360 --7-- 360 = 1/360 X 360 = 1 ; 360 --7-- 90 = 1/90 X 360 = 4 ; 360 --7-- 40 = 1/40 X 360 = 9 ; 360 --7-- 36 = 1/36 X 360 = 10.

Pendant ce travail, l'enfant ne touche pas son château. Reprenons 111aintenant c X a X 0 soit 4 X 9 X 10. Remplaçons c par r X r

l'Xl' X a X 0 = 1'2 X a X 0

Remplaçons a par v X v ~.2 X V X v X 0 = r 2 X v2 X 0

Remplaçons 0 par r X j 1'2 X v 2 X l' X j = 1.3 X v2 X j

On voit, par ces équivalences, que la formation c X a X 0 qui pourrait paraître statique contient une dynamique très forte.

b) Les puissances.

r X l' X 1'=1'3=8 2 X 2 X 2= 23 =8

Combien font 35 ?

3X3X3X3X3 3 X 3 ... 9, X 3 ... 27, X 3 ... 81, X 3 ... 243.

Au tableau noir :

3 X 2 = 3 X 21 = 6 3 X 2 X 2 = 3 X 22 = 12 3 X 2 X 2 X 2 = 3 X 23 = 24 3 X 2 X 2 X 2 X 2 = 3 X 24 = 48 3 X 2 X 2 X 2 X 2 X 2 = 3 X 25 = 96 3 X 2 X 2 X 2 X 2 X 2 X 2 = 3 X 26 = 192 3 X 2 X 2 X 2 X 2 X 2 X 2 X 2 = 3 X 27 = 384

Les enfants ont ces calculs sous les yeux. Ils doivent essayer d'ef­fectuer cette division:

384 --7-- 48 = ? Ils voient que

384 = 3 X 27 et que 48 = 3 X 24

3 X 27 --7-- 3 X 24 = 27 - 24 = 23 = 8 ; d'où 384 --7-- 48 = 8.

Ils réalisent encore d'autres exercices :

384 --7-- 24 = ? 768 --7-- 96 = ? 768 --7-- 24 = ?

Cette notion avait été présentée le jour précédant notre visite et les enfants semblaient l'avoir déjà parfaitement acquise.

Ces enfants retardés nous ont encore montré qu'ils savaient:

35

c) multiplier

8964 X 3229

Cette opération fut calculée aisément et le produit 28 944 756 lu par les élèves.

d) soustraire

9764 - 3849

Une discusion s'engage. On tente de simplifier cette opération.

9764 + 6 = 9770 3 849 + 6 = 3855 9 770 + 30 9 800 3 855 + 30 3 885 9800 + 200 10000 3885 + 200 = 4085

10000 + 15 10 015 4085 + 15 4100 10015 + 900 10915 4100 + 900 = 5000

Nous obtenons alors:

10915 - 5000 5915

e) doubler

La maîtresse note au tableau noir un nombre premier. Les élèves le douhlent aussi loin qu'ils le peuvent.

3, 6, 12, 24, 48, 96, 182 ... 6 144 ! 7, 14, 28, 56, 112, 224 ... 7 168 !

f) calculer, sans R,

3/4 X 60 + 1/2 X 24 - 6/7 X 42 = 4/5 X 20 - 3/9 X 36 + 4/7 X 35 + 5/8 X 32 =

La maîtresse attire l'attention d es élèves sur

3/9 = 1/3.

Constatations de la maîtresse. Avant l'introduction du matériel Cuisenaire, le calcul était la hête

noire de ces enfants. Ils étaient persuadés qu'ils échoueraient toujours.

A la vue des R, leur première réaction fut négativ~ : « C~s réglettes, c'est pour des hébés» ; mais très vite, ils se. sont, J?l'lS a~ Jeu. Q~a?~ ces enfants ont réalisé qu'ils faisaient de l'al'lthmetlque, Ils o,nt reahse en même temps qu'ils savaient calculer. Ils ont donc retr~uve ,une cer­taine confiance en leurs possihilités. A l'heure actuelle, Ils reclament la leçon de calcul.

Quant à nous, la vivacité, l'attention, la discipline de ces onze élèves nous ont rappelé que souvent, nous sommes responsahles du retard des enfants.

Ev. Exc.

36

LA FEMME DANS L'ENSEIGN/eMENT

Les récentes statistiques ont montré que le 50 % du corps enseignant secondaire fTançais se coml)ose d'éléments féminins. Dans l'enseignement pri­maire, cette proportion oscille entre 60 et 70 %.

Aux U.S.A. les femmes représentent le 49,6 % du corps enseignant secon­daire et le 87,2 % du personne.! enseignant primaire.

Chez nous, les institutrices primaires et ménagères représentent le 70 % du personnel enseignant du premier degré. Et dire que ce 70 % n'a pas le droit de vote... Cela donne à penser.

ECOLft: NORMALE DY GOUt Pour parer à la pénurie des maîtres, l'Espagne a créé à Machid en 1958, une

école normale du soir qui délivre le hrevet d'enseignement après quatre ans de cours. Ce système offre à toutes sortes de travaiHeurs la possibilité d'obtenir une formation pédagogique complète tout en continuant à gagner leur vie. La première promotion vient d'entrer en fonction en automne 1962. (BlE)

FORMATION DE MAITRES POUR LES C'LASSES SPECIALES

L'Institut de pédagogie curative de l'Univel'sité de Fribourg organise un cours de fOl'luation pour les classes spéciales à l'intention des maîtres primaires. Les cours commenceront le 23 avril 1963 pour se terminer au début de mars 1964, et les candidats seront tenus de faire des stages pendant les vacances aca­démiques. Un diplôme de capacité pour l'enseignement dans les classes spéciales leur sera délivl'é après réussite des examens de fin des cours. Le programme comprend des cours théoriques très complets et des exercices dans les classes spéciales. (BlE)

ANAlPHABETI,SM'E

Sur un milliard 600 millions d'adultes et d'adolescents qui peuplent la terre, 700 millions au moins sont analphabètes. A ceux-ci s'ajoutent d'innom­brables enfants de moins de 15 ans qui sont analphabètes en raison d'une sco~a­rÏsation insuffisante ou nuli}e. On estime qu'en 1959, pIus de ~a moitié de la population mondiale d'âge scolaire ne recevait pas d'instruction primaire. Sur les 198 pays et territoires du monde, 97 ont lm taux d'alphabétisation supérieur à 50 %, 17 comptent de 80 à 95 % d'analphabètes, 6 de 86 à 900/0, 17 de 90 à 95 % et 20 de 95 à 99 %. (BlE)

37

ECOLE'S FLOTTANTES

Il y a quelque temps, en Grande-Bretagne, un bateau de transport mili. taire a été transforrné en école flottante pour élèves de plus de 12 ans. Ce sys. tème permet d'organiser des croisières éducatives d'une dluée de 10 à 17 jours autour de la grande île, dans les pays maritimes d'Europe, voire aux U.S.A. et

au Canada. L'an dernier un second transport militaire a subi cette intéressante affec.

tation. Chacun des navires peut recevoir 830 enfants répartis en 37 classes tandis que 200 maîtres, moniteul's et membres de l'équipe enseignante trouvent place dans des cabines individuelles. Au cours d'une année, 24 cI'oisières diverses sont possibles, permettant à 38000 enfants et adolescents d'étudier les pays visités tout en continuant leur programme scolaire normal. On imagine aisément de quel profit enrichissant peuvent être ces cI'oisières.

Ce que l'histoire ne dit 'pas, c'est le coût de cette chsse-promenade. Les participants paient-ils le minimum concevable ou est-ce un bonheur réservé

aux riches?

fAUT-IL PUNiR EN PAREIL CAS?

C'est une farce apparemment sans importance, où la préméditation est impensable, gerInée en une fraction de seconde dans l'esprit turbulent des élèves, mais qui peut avoir de bien tristes conséquences. Vous la connaissez pour ravoir vu faire dans votre classe, en .colonie, à la sane à manger ou ailleul's: un cama­rade retire la chaise du voisin à l'instant où celui-ci allait s'asseoir, et le mal­heureux atterrit plus ou moins rudement sur le sol dans un éclat de rire général. Le plus souvent, la victime se remet sur ses pieds, sans mal, en prenant le parti de rire. Mais il peut arriver qu'élle se crispe en ne trouvant pas le point d'appui escompté et ne puisse plus se relever par suite d'une fracture.

Dernièrement, un' élève de l'école professionnellle a dû être transporté à l'hôpita~ à la suite de cette farce stupide: il avait heurté de la nuque une barre de métal fixée sous le banc de derrière et le médecin craignait le pire. J'ai connu jadis une fililette qui dut faire six mois de lit, alilongée sur une planche, après être ainsi tombée ma1lencontreusement. EUe ne fut ja1mais complètement guérie et souffrit de la colonne vertébrale durant toute sa vie.

Que faire si une pareil1le imprudence se produit dans votre classe ou sous votre surveillance? Intervenir immédiatement, avec calme, mais autorité et énergie, comme dans une circonstance grave. Flétrir publiquement ce geste inconsidéré, montrer les conséquences irréparables qui auraient pu se produire, et qui, de fait, se sont produites en d'autres cas semblables. Donner ou amlon· cel' _ tOUjOluS pubHquement - une punition exemplaire, moins par la sévérité de la peine que paT sa durée, tout en faisant remarquer qu'il ne s'agit pas d'une faute morale, 'mais d'une leçon à donner pour la vie. Il faut que le coupable d'abord, puis tous les élèves ensuite s'en souviennent et n'aient plus l'envie de

recommencer.

38

OFFIOIELLE [

PARTIE

-------~ Comptes rendus: COURS DE SKI A. M. G. V. R.

Chaque année le cours de ski de MOl'gins bat son 1'0 , ', ' ' • pation, Ce furent cette année près de cinquante m 1, pIe} IepcoId de partlc~-

t t t " , , ' em les c u ersonne1 enseI-gnan ,a1n, lPnmanes q~e, secondaIres qui fraternisèrent sportivement sur les pentes le ea e,Inent ennelgees.

Heures ] oyeuses et sereines qui ' I l d

marquerent (e eur effet bienfaI'sant le début e cette nouvelle année.

UNE RENCONTRE BiEN SYMPA n-UOUE Samedi 26 janvieI'. Une dizaine d'instituteuI's d'Orbe déb ' ,.

pour tille rencontre sportive avec le personnel enseignant de la ac~~~~:e.a SIOn Un match de voJley une raclette " 1 , l' ' pnse en comlnun et tille 'f'

journee (e sIn scellèrent des amitiés' ' , " magni lque et des échanges de vue du plus haut 'i!tIé~,~~.queient des chscussIOns intéressantes

Communiqués: A. M. G. V. R. - JOURNEE A SKI

Une journée, à ski est prévue pour les membres de l'A M G V R skieurs moyens et a~Tances dans la magnifique région de Verbier le 1'9' '.' .,

Le subSIde " d F 5 ,nlaiS. . . pIevu est e r. .- par participant. . ~es mscnptIOns sont reçues par Paul Glassey, 24 avenue de la G' . Jusqu au 3 mars. Toutes les indications seront commt~niquées . t~Ie, ~IOn, temps opportun. ' aux ln el'esses en

LES EDITIONS «RENCONTRE» ••• . ... ~ Lausanne, nous font savoir qu'eliles ont ouvert un «Bureau éda 0

gIque» qu~ cherche à atteindre deux objectifs: p g-1. dObtet~lr la coIl,adborat~on de maîtres compétents et actifs pour participer à

es Iavaux pe agoglque ' 1 EDITIONS «RENCONT~Ea;:uyes sur que 'ques-unes des col'lections des

2 Apporter le b' 'f' d ' . IiI. "t . ~nellce e ces travaux à tous ceux qui en expriment le désiI' . s,agI pn.nclpa em,ent d'aider les maîtres dans leurs préparations et d~

proposeI des sUJe~s d.e debats en classe ou de conférences d'é[èves

cOl'l'e~;~~c~:~::st~;~ant; in~éressés par les lignes ci-dessus peuvent ~dresser leur nanc e e e renseIgnements, collaboration, suggestions) à:

Jacques Laufer, au Bureau pédagogique des Editions «Rencontre », Bellevaux, LAUSANNE.

PHOTOGRAPHES AMATEURS Nous vous signalon ,l' PRO PHOTO 'V sUIn COUIS e onne au personnel enseignant par la société

,a evey, (U 1er au 5 avril· coût· Fr 50 Th' . l vues macro dans 1 l' l"" .-. eme: pnses c e PHOTO F Il ~ e Ûlmalne r~pproc le. Inscriptions jusqu'au 15 mars à PRO

, a œnstIasse 23, Zunch 8 UEC . OLE VALAISANNE de mars signalera d'autres cours placés en été.

39

BIBLIOG~AF='HIE

Léon Barbey: L'ORIENTATION RELIGIEUSE DES ADOLESCENTS.

Editions de l'Ecole, rue de Sèvres, Paris, 1962. Nous connaissons tous l'abbé L. Barbey, éducateur et psychologue fribour geois, profes.

seur aux Facultés Catholiques de Lyon. Il a déjà signé, seul ou en collaboration, de nomhreUlt

articles et ouvrages sur l'enfant. La plaquette que voici est dans la ligne des œuvres précédentes: grande sùreté de doc.

trine, information très abondante dont témoigne, à la fin de l'ouvrage, une riche bibliographie

sur l'adolescence, densité du fond et concision de l'exposé. Parmi tant de livres actuels sur l'adolescence, celui-ci plaît particulièrement parce qu'il ne s'y trouve rien de complaisamment étalé, ni bavardage ni r emplissage. C'est du ramassé, du serré, du nerveux. Sur les 140 pages de la plaquette, la moitié SOllt consacrées à la psychologie de l'adolescence, affectivité, intelli. gence et caractère. Le reste est une étude pertinente sur la formation religieuse à cet âge de

transition, qui déroute plus d 'un éducateur pressé ou simpliste, mais qui est si lourd d'avenir. Cette brochure es t à recommander chaleureusement à tous l es éducateurs et éducatrices,

de l'école primaire au service des apprentissages, à tous l es prêtres et séminaristes, à tous les parents. Le « Journal d'Alme·Marie» était l'exemple concret, l'illustration vécue; cette Iwo. chure est l'exposé du maître, la codification, la synthèse. Les deux se complètent admirahle.

ment. E. C.

Marcelle Pellissier: LA MAGNIFIQUE AVENTURE. (Vie de Don Bosco pour les enfants .)

Il y a bien dix ans, sauf erreur, que j'ai lu, parue aux Editions bon Bosco à Marseille, la MAGNIFIQUE AVENTURE de Marcelle Pellissier. Ce livre m'avait emballé, par son style

alerte, tellement à la portée des enfants, ses mots simples et évocateurs, ses réflexions cocasses

et profondes. Et je n'étais pas le seul à goùter le charme plein de fraîcheur et de spontanéité de ce livre. Le grand historien de Don Bosco, le R. P. Auffray, n'écrivait-il pas dans la pré­face: «Je me flatte d'avoir lu à peu près tout ce qui est paru sur le grand apôtre moderne de la jeunesse, en français, en italien, et même en anglais; mais un livre charmant comme celui·ci,

je ne l'ai jamais eu sous les yeux ». C'est pourquoi, tout en redisant mon admiration à Marcelle Pellissier, l'auteur aussi talen·

tueux que modeste, je me plais à féliciter les Editions St-Augustin à St-Maurice, d'avoir réim·

primé cet ouvrage, épuisé ces dernières années, dans la collection YVES ET COLETTE pour enfants. La MAGNIFIQUE AVENTURE est à recommander sans aucune restriction comme

livre de bibliothèque dès 8 ans, comme livre de prix ou comme livre·cadeau, pour la 1ère Communion ou la Confirmation par exemple. Il se lit comme un roman; mais c'est bien plus

beau qu'un roman, puisque c'est VRAI. Dans la même coUection YVES ET COLETTE, nous nous plaisons à signaler aussi le

dernier paru parmi les 17 livres que comporte cette série: TOLLAR L'HINDOU, de Paul

Clémence. 133 pages, Fr. 4.80, 1963. C'est un joli récit à 2 épisodes dont l'action se passe aux Indes, au temps de la domination

anglaise. La mention porte «pour lecteurs de 8 à 12 ans ». Nous pensons toutefois que ce double récit, tant par le style que par les problèmes soulevés, conviendra mieux à des lecteurs plus

mùrs, dès l'âge de 12 ans par exemple. E. C.

40

/lérny Abbet: CHOISIR UNE PROFESSION.

Rémy Abbet est directeur des Cours d'Orientation professionnelle en Valais, selon une formul e très originale et qui a fait ses preuves.

Il écrit - à l'intention des parents - une brochure d'information, d 'une lecture très facile et très dynamique, qui devrait se trouver dans toutes les familles. Quelle école faut.il faire suivre à nos grands garçons? Où l'école secondaire conduit-elle? De quels facteurs faut-il tenir compte avant de commencer un apprentissage? Le contrat d'apprentissage. Le choix d'un patron. Le travail en équipe. Bref, il y a là 50 pages que l'on sent écrites avec le cœm' par quelqu'ull qui veut le bien des jeunes et qui a plus de 20 ans d'expérience dans le domaine de l'orientation professionnelle.

Cette brochure doit se trouver dans toute classe de fin de scolarité. Elle sera envoyée gratuitement à tout maître qui en fait la demande (s'adresser à l'Office de l'Enseignement) et les maîtres ne manqueront pas de la conseiller aux parents.

«La culture, c'est ce qui reste lorsqu'on a tout oublié, disait plaisamment ~tJ. Edouard Herriot. Et il n'avait pas si tort: lorsqu'on a perdu la métrique, on devient naturellement un poète; lorsqu'on ne sait plus la grammaire, on écrit en bon style; lorsqu'on est devenu inca­petble de se réciter la liste des péchés capitaux, alors on peut vivre honnêtement; et quand un général néglige la stratégie apprise à l'Ecole de guerre, il peut gagner sa bataille.»

Jean GUITTON «Nouvel Art de Penser»

(Extrait)

Les Jeunes d'aujourd'hui préfèrent

le ~ YOGHOURT}

LG'"

CONFECTION

A. B LA N C SION

VERBIER

CONFECTION SPECIALISEE pour

Messieul's, Juniors et Garçons

COMPLETS « Mesure-Modèle» pour toutes les tailles au prix

de la confection

Av. de la Gare 18 & Cie

SION

41