L'Ecole primaire, 31 janvier 1942

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SION, 31 ' Janvier 1942. No 8 PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION AB 0 N NE MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 61ma Année.. les ol1onnements se règlent par postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre iJouI ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Slerre , -- Les annonces sont reçues exclusivement par -- PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

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Page 1: L'Ecole primaire, 31 janvier 1942

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SION, 31 ' Janvier 1942. No 8

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORGANE DE LA SOC1~TÉ VALAISANNE D'EDUCATION

AB 0 N NE MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

61ma Année..

les ol1onnements se règlent par ch~que postal Il c 56 Sion. ou à ce défaut contre rembourse~ent iJouI ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Slerre

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-- Les annonces sont reçues exclusivement par --PUBLICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de la Gare Téléphone 2 12 36

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c r po r t a

médecins de sport el samaritains,

pOUl' les troupes de m ontagne et la chasse dans les Alpes

Puhlié il ln demancle rlo nnLcl'associntion pOUl' le . ki

pal' l e

Dr Paul SUT

T J' Llrl uction fr ançaise de A. S. CHAUSAZ.

U n \ olumo in-1G, bl'ocllé U\'ec 1'2;) illustrat ions. . . . . . Fr. 2.50

A l'intention de.s 6·ki eur~ et des al p iili stes, lE' Dr P . Gu t, de St­Moritz, p u hli e 'une édit ion fr ançaise p lus complète que ~a pI~~mi ère édi­tion a ll emande. Ce manu el, au format de poche, traIte l lmportante qu estion des secou rs ·en cas d'accident. de l'hygiène dans le sport hi ­ver nal et dans l 'alp inisme est iva l. Les nombreux eXE'rnples cités ont été pris ,3Ul' le vif e.t ,sont au ssi li,ti les qu e suggestifs,

U.n e illustl'ation abondante e·t bien ,choisie est souvent p lus élo­quente qu'un texte trop dét.ailüé, aussi l'auteur fa it- il ap1-lel ù. la m.é­moire v i,.' u e:ll e et dte des cas p,r écis p lu tôt qu e de présenter dies théo­r ie.s 'a.lJ.straitE,g, Il faut connaître le danger que l'on cou r t en monta­gne pour le neutTalis er 'par un e ,prépar ation a,déqua~E'. La grande ex­périenr e de l'ali'teur, 'es compétences dans le clOmalllE' du s.a uveta',2:e font de .lui u n sp' cialiste en l a matière et un conseill e·r judicie'ux touj our soucieux de. ,développel' les connaissances techn~ crues ct pT?­tiqUE13 des amateurs de 6'ports : « Le bon .-coeur r~ e suf,fl t pas, ~It-l'l, il faut au ssi avoir la tète so lide et les mall1s h ab il es », Pou r agIr ra­,p idement dans u ne situation ·critique, il importe d' êüe p l' éparé, Pré­voi]' vaut miNi.'x quïn1!proviser. La ,cause d'un a'c'cident n 'est 'pas dans le danger extérieul' su rvenu ·en cours de route' on la trou ," e pl'oooqu e tou jours dans une prép.aration défe'ctu eu se ou dans u ne 'mauvaise organisation ou encore par défaut de conna is. ances ou dE' caparités su ff isan tes .

Ce sera. pour les guides et lelS instru cteurs de sk i un ,co n eill l' ,sûr et précieux. Il est indispensabl a ux skie,ur et à tous ceux qui ,parcourent la montagne ·en hiver comme en été, P u blié ,sous les aus­pi'ces ,de l'InteTasso'Ciation ·suisse pour le ski, i l rendra le p lus gran d,s ser vicE" au x mé dedns de sport, aux samaritains, al,'X tl'ou,pes de monta.gno et au x c'h asseurs a lp ins ,

. J. ·1 , T .,l.., il~, .s~~,n., , . G~me,' ys ': Neu châtel ' ~ ~ '~-irévey ~- Mmitreu.x • :Ser~é":'- lfâlé .. ,~ ;,::j "'"'-~

.. " . . , .... , .'" ' .. ,.- ",' ' ,. : ",_,; ' . _ "J,~) ~ :::o: .. iil~

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SION, 31 Janvier 1942. No 8. 61 ème Année.

L'ÉCOLE P IMAIRE ORGANE DE LA SOCIËTË VALAISANNE D'ËDUCA TlON

SOMlMAIRE: COMMUNICATIONS DIViE:RSE!S: .A!ppel du Départe­.ment de l'Instruction pUJblique., - Co!mité de La 'SI. V. lE. - ISociété valaisanne d',éducation a:Dstinente. - POUl' Ile « Don lNatiollJai». -La TaJdio là l',écoIe. - PARTIIE BEnAGOGIQUlE: JL'em;eirgneme'nt -Ïndiv.idu,alisé, - Aime,r et ·connaître. - !Le :trésor ,c8;('Jhé dans ,le 'ChaJIllip. - Faut-il iprendTe .l'a bête? - A Iprnpos .de pe,nsums. -Centralisation en 'matière 'seolair e. - p AHTIE ,PRATIQUE: Lan­gue française, 'ce.ntres d'intérêt, 1ère et 2ème semaines. - SdencE's 'naturelle,s. - Géoigraprhi'e. - INiFORlMlATIONiS PEID.AlGOGIQUES. - BIBLIOGRAPHIIE. - NlEIClRO'UOG'IIE.

~MuNl[(CAT][ON§ D][VERSES 2 ; DÉPARTEMENT @ S.V.E. @ S.JLV.R. @ UNION ~

flppel du Département de l'Instruction Publique au Personnel enseignant valaisan

Mesdames, Messieurs,

Vous avez 'certainement été informés qu'actuellement ch"cu­lent dans le canton les listes destinées à rècueillir des signatures en faveur de l'initiative populaire pour la défense de, la famille.

L'initiative veut poser les fondements du statut familial et faire reconnaître les droits sacrés de la fmnille. Le Conseil fédéral a déclaré récemlnent, à deux reprises, que les bases constitution­nelles d'une législation familiale faisaient défaut. L'initiative y remédie en prévoyant que la Confédération agira en collabora­tion avec les cantons.

L'initiative veut placer Ja famil1e au centre de la législation sociale. Elle demande que la politique fiscale, sociale, éconQmi­que de la Confédération tienne compte des droits et des devoirs de la famille.

Le Valais est encore, grâce à Dieu, le pays des belles et nOln­breuses familles. Elles doivent être protégées et défendues. C'est ce que veut l'initiative .

Le personnel enseignant s'est toujours intéressé aux 'ques­tions sociales et particulièrement à celles qui ont trait à l~ défense de la famille.

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II faut- continuer cette tradition. L'occasion vous est donnée d'agir dans ce sens en signant et en faisant signer par tous vos concit-oyens l'initiative pour la défense de la famille. .

Nous comptons sur votre collaboration et votre dévouement et vous prions d'agréer, Mesdames et Messieurs, nos salutations distinguées.

Sion, le 2B janvier 1942. Le Chef du Dépar.tement de l'Instruction publique:

Cyr. PITTELOUD.

Comité de la S. \7. E. Résumé- da procès-verbal de la séance du 8 janvier 1942.

a) Secours au décès. La question, traitée en séance du 23 novembre 1940, est sou­

mis:e pour étude au Comité de la Caisse de retriate. b) « Ecole Primaire ». La majoration de fr. 1.50 du coût de l'abonnement a été im­

posée par l'augmentation des frais d'impression, si nous voulions conserver à notre revue la bonne tenue qui la distingue !actuelle­ment.

c) Situation matérielle du personnel ·enseignant. Le Comité prend connaissance de la décision du Conseil

d'Etat du 28 août 1941, qui assimile notre situation à celle des traitements fixes de l'Etat. Par cette heureuse mesure, due à l'initiative du Chef du Département, ainsi qu'à l'appui d'amis d}évoués auxquels il est rendu hommage, nous sommes un peu mieux à l'abill des intempéries, et des vicissitudes dont nous me­nacent les remous de la situation économique générale.

d) Assemblée générale. Elle .aura lieu à Sion dans la deuxième quinzaine d'avril

prochain . . e) Enseignement ménager. Les dispositions de la loi actuelle ne permettent pas de le

rendre obligatoire, le Département de l'Instruction publique fait tout son possible pour le répandre dans nos villages, et étudie les moyens d'en faire profiter toute notre jeunesse féminine.

f) Les oubliés. Les ·membres du Personnel enseignant qui n'ont pu en temps

utile se ,mettre au bénéfice de la Caisse de retraite ne sont pas oubliés du tout, et le Département ne manquera pas de prendre à leur égard une décision favorable dès que l'occasion se présen­tera.

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g) Fédération des employés de l'Etat. Les statuts de cette organisation sont actuellement à l'étude

et nous seront soumis pour adhésion éventuelle. Cur.dy, secr.

Société valaisanne d'éducation abstinentes

Le 11 janvier, le comité de la Société · yalaisanne d'éduca­tion abstinente a tenu sa séance ordinaire à Sion sous la présiden­ce de Mlle M. Carraux, de Monthey. Notre société avait ,pris l'.ini­·tiative de l'Exposition « Jeunesse saine et forie» qu'elle .avait organisée dans dix localités pour seize communes. La mOBilisa­tion et d'autres circonstances :sont venues inter:romp:re la série de ces manifestations. Mais nou~ ne renonçons pas pour autant à la poursuite de notre but, l'éducation abstinente de toute .la jeunesse valaisanne. 1

Le comité se permet de renouveler la cordiale invitation aux personnes du corps enseignant qui voudront venir se joindre à nous pour renforcer notre action. Outre les menlbres actifs, notre Société accueillera aussi dorénavant des membres amis qui veu­lent joindre leurs efforts aux nôtres en vue de promouvoir l'édu-

. cation abstinente sans prendre un engagement personnel d'abs­tinence. Les membres actifs et les membres amis peuvent s'an­noncer chez les membres du comité de notre Société: Mlle M. Carraux, présidente, Monthey; M. G. Bérard, caissier, instituteur, à Bramois; M. C. Gribling, professeur, à Sion ..

Pour le "Don nationalli

Confédérés,

Vous attendez de il'Armée ,qu'elle accomplisse son devoir. Vous a vez raison : elle n'y ,manque pas.

Pour cela, elle s'instruit et se développe sans ces.s.e; elle p.os­sède aujourd'hui des armes modernes qui accroissent la for.ce de ses unités. Nos soldats s'entraînent aux sports de combat qu'exige la guerre moderne.

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- 236-

'Comptez sur eux: l'Arnnée tiendra. Mais la population ne doit pas rester étrangère à son effort.

Mieux que cela, il faut qu'elle s'associe à l'œuvre qui contribuè à maintenir le moral de l'Armée.

Le « Don National Suisse», centre d'entr'aide volontaire, se­court les soldats. Afin de poursuivre son activité bienfaisante et nécessaire, cette œuvre a ,besoin de ressources nouvelles. Elle fait appel au peuple suisse, à son sens de solidarité, à sa générosité.

Les charges ,qui incombent au Pays en ce troisième hiver de guerre sont lourdes, je le sais. Mais il suffit de jeter un regard sur les misères de tant d'autres peuples pour éprouver un senti­ment de reconnaissance. Aussi je ne doute pas que l'appel du « Don National Suisse» sera entendu et suivi. Chacun, dans la mesure de ses moyens, concourra au but -commun: donner aux défenseurs du Pays cette tranquillité d'esprit que leur doivent ceux de l'arrière. .

Pour notre Pays, pour notre Armée, soutenez le « Don ' Na­tional Suisse ».

La Radio à l'Ecole Feuillets de documentation

2me série: Février-Mars 1942

1. ('G) Mercredi 4 février, à 10 h. 10 : Une élniSl8JÎon ipour IIE's ,petits: Ro­by -che·z l,e,s fées. ,Adaptation :radioip:honique d'une; :féerie musi­'cale de P.aul Ohar.rnont, par lM/me ,Grange, avec le ,concours de Jeanne Davier et d'un .gr:OUlpe d'enfants. 1 feui.llet

2. (·L) Mercredi 111 février, à '10 h. 10 : La vie de la mlOutalgne. Causerie­,audition :par lM/M. L. pa;ge et JE'an 'Pkcand" iprofe,sseurs, avec l'e Iconcours dU! r.hœur de J:'Ecole s,ec.ondaire des Jeunes filles de ,Romont. 1 Œ'euillet

3. (G) Mercredi 18 février, à 10 h. 10: Quelques slcènes de {( L'Avare» de ,Molière Iprésentées par lM. Ed. Ha;st, d.i:J:'elCteur d'écolle,s, ave,c le 'concours d'.artiste,s de -la Comédie die Genève. 1 feuHIE<t

4. (L) Mercredi 25 février, à 10 h. 10 : Les Croisades. :Evocation radio-Iphoni'que par 'M. BenJarnin Romieux. 2 iÎooHlets

:5. (G) Vendredi 27 février, à 16 h.: Une émission destinée là .l'ensei­gnement .se'condaüe: SouveniTSt d'un voyage.au Siam} par MUe Jeanne Hers'ch. 2 feuiHets

6. (Gj Mercredi 4 mars', à 10 h. 10: Jean-Henri Pestalozzi, brève évo-catiton d'une nohle vie, [par Oncle Henri. 2: feuiUets

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7. (L) Mercredi 11 mars. à 10 h. 10: Les tigres du Bengale, Causerie par ,M. le Dr Fl:ed. tBlanchod. 1 feui1:let

8. (G) Mercredi 18 mars, à 10 h. 10: AB!)e.cts du -génie -de Baoh. Cause­rie-audition 'Par 'M. A1beJ.'t PaylC\hère, Iprolfesseur, avec le ,concours 'de queJ.lques artÏtstes. 1 feuHlE·t

9. (L) Mercredi 25 mars, à 10 h. 10: Une de·mi-heure ,avec Ra-muz. Pré­sentaticm de G.-H. Blanc. 1 f.euillet Nous signalons là MlVll. les .instituteurs ,que .les {( Feui1lets de do­

cumentation» sont ,en vente dans tous .les dépôts de jüurnaux de Suis,se ro'm,ande au iprix de 30 .ct. la ,séri€! trill11'estrialle. Les €'Illfants peuvent aussi Iles ohtJe,nÎl' 'directement là l',rudr,es,s'e ({ La Radio à l'E-co­le », à Gem.ève, 6'6, bouleval~d ICarl-VtO:gt ou là !LaUls'anne, ?M\a~son -de la Radio, !La Salla'z.

Nous rappelons que :les oremarques, Iles ,suggestions et Il;eSl V'œux -de MlM. le.s instituteurs ,ainSii que ,leurs impressions d':écoute düivent être env'oyés en utUi,sant le ,que·stio:nnaire ,établi à Icet ,eiffet et joint à ces FleuiUets.

ll'Enseignement individualisé Travaux des candidats au Brevet de capacité

1er ARTICL!E

Continuant le système adopté en 1940 et en 1941, nous don­nerons une sorte de compte rendu des travaux annuels fournis par les candidats au Brevet de capacité.

Nous ne referons pas, point par point, l'analyse de l'ouvrage de M. Robert Dottrens: « L'enseignement individualisé» 1); nous xelèverons seulement les passages qui ont été plus particulière-

1) ({ L'Enseignem,ent iindividualisé »,) Ipar Ri. J)otttrenSI. Librairie D.eIaohaux et Niestlé, NeuClhâtEll.

Nous ,rons-ei.llons à tous les maîtres :de se :procurer l'ouvJ'8!ge de 'M. Dottrens" le di,stillgué Directeur de .l'ECoQl,e expérimentale du 'MaiJl, là Genève, ,et :de la lire ,attentivement. Il g.arde sa valeur même pour ,ceux ,qui ont obtenu de_pui,s longtemp.s déj'à leur BrE\vet de ,ca;pacité. )Les ,arti,oles de .J' ({ Elcole PrÎ'maire », qui .donnent ucn ,cor.mpte ,rendu -des travaux des instituteurs', ne peuvent il'emplacer ,la Il'ectUl~e -du livre ,lui~même, et ils ne serollt ,co:ffiIp,lète,mEmt ,compréhensibles e.t vrai'lnent J)rofitabiles Ique lPour ,ceux qui se sE·ront .résolus ,a enrichir leur ,petit0 'bibliothèque pédago.gtque .de 'cette étude très suggestive,

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ment mis en relief par les instituteurs., soit par leur approbation chaleureuse, soit par leur opposition non moins chaleureuse. Nous reproduirons les raisons de leur sympathie ou .de leur -ré­serve, en citant les auteurs eux-n'lêmes. Nous nous efforcerons ainsi de rester aussi objectifs que possible, nous éclairant ' mu­tuellement de nos propres lumières, faisant app.el aux expérien­ces tentées chez nous et ailleurs, redressant au besoin des appré­ciations tendancieuses ou erronées, désireux ' de faire notre profit de tout ce qui peut apporter une alnélioration certaine à notre système d'enseignement et d'éducation, en tenant cOlnpte de la ,situation spéciale qui est faite à la plupart des écoles primaires valaisannes.

Après avoir parcouru aUentivement tous les travaux envoyés au Département de l'Instruction publique - près de 150, et il en manque encore quelques-uns ! - je tiens à souligner combien les jeunes instituteurs et les jeunes institutrices ont pris au sérieux Je travail qui leur était demandé. Presque tous les devoirs font preuve d'une application soutenue. Il est réjouissant de constater que la plupart des candidats ne se, contentent pas d'un simple ré­sumé du livre à analyser, n'lais qu'ils « réagissent» à ce qui leur est proposé; ils discutent le pour et le contre des changen'lents en­visagés et donnent en toute shnplicité leur manière de vo!r.

Il n'l'est revenu qu'une candidate, qui a 'eu l'honneur, l'année dernière, de trouver un passage de son travail sur « l'Etude du milieu» « censuré» par l' « Ecole Primaire». est inquiète sur la valeur de son travail et en souci pour l'obtention de son brevet de capacité. Qu'elle se rassure - elle, et beaucoup d'antres! Les devoirs les meilleurs sont ceux qui font preuve de « réaction per­sonnelle », même si la réaction devait être en opposition avec les idées émises par l'ouvrage proposé à l'examen, même si parfois ' la réaction devait paraître ou être quelque peu exagérée. Les « mi­se's au point» de l' « Ecole Prhnaire» ne SOl:lt pas des bUhues ; notre Revue ne se ,propose qu'un but: servir.

Après ce préambule un peu long, venons-en à l'ouvrage de M. DoUrens : « L'enseignement individualisé ».

Quel accueil lui fut-il réservé?

Un accueil bien différent, suivant les caractères ... En général, le premier contact se fit sous le signe de la dé­

fiance - défiance assez naturelle à l'égard de tout ce qui est nouveau, de tout ce qui ne cadre pas avec les positions acquises.

« Le titre de cet ouvrage pédagogique m'a fait haussel' les épaules et l'épaisseur du volume a fait naître un gros soupir, écl'it une candidate. Encore une nouvelle méthode que cet enseigne­lnent individualisé! Or, dit le proverbe: Pierre qui roule n'a­masse pas mousse. A vouloir changel' l'ancienne manière dè faire

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que d'aucuns dévorés pal' la soif de l'inédit prétendent surannée, pOUl' instaurer un système neuf, n'est-ce pas aller au-devant d'un échec presque certain, n'est-ce pas perdre son temps et sa pei­ne ? » (S. S.)

Mêm.e note de réserve dans l'appréciation n'lalicieuse de Rde Sœur M. :M.:

« NIe voilà depuis quelques jours en cOInpagnie du livre de 111. Robert Dottrens: L'Enseignement individualisé. Je ne peux dire que le premier contact avec cet ouvl'age pédagogique a pas provoqué en moi beaucoup d'enthousi?s~e. C':st "qu'ay~nt ~u le plus souvent pratiquer et ayant pratlque moz-meme 1 enselgne­ment collectif je suis pleine de préjugés contre ce nouveau IIwde d'enseigneInel;t qui tend à prendre la place de l'ancien que (es­time et qui a certes bien sa valeur. ]1,1. R. Dottrens et ses Clldes sont très savants, je le comprends; je sais aussi que, dans son Ecole du Mail, il a expérimenté tout ce qu'il nous expose dans son ouvrage et je ne doute pas de ses résultats.~ .. J e ne veux pas,. tou~ tefois, critiquer M. Dottrens, ni I~Ec~le exper.lmentale du, NIall .qw a partout si bon renom. Ce serCllt blen hm'dl pour u:ze Jeu~e ,zn,s: titutrice comme moi! Je ne voudrais pas encouru' la sevel'lte du distingué Directeur qui a vite fait de prendre la plume pOUl' défendre point pal' point sa méthode. Nous nous ,rappelon.s en.core comme il a bien su cette année, dans notre « Ecole Pl'lmazre »,

justifier son écriture script. ' D'ailleurs, si d'une façon générale cette méthode ne me plaît

guère, j'avais, même avant d'avoir entendu pm}er r?-e l'E}cole du Mail, employé de temps en temps, pour des recapltulatzons pal', exemple, des fiches individuelles.

J'ai entendu dire que certaines institutrices, comme moi tout d'abord opposées à cette méthode nouvelle, s'en étaient, Œf!rès renseignements plus précis , et essais, tout simplement épl'lses. Peut-être, comme elles, me laisserai-je enthousiasmer! » ,

Comme l'indique le dernier paragraphe de la citation précé­dente, la défiance fit bientôt place, en général, à la curiosité, puis à la sympathie :

« Le titre de l'ouvrage imposé à notre étude par le Départe­ment de l'Instruction publique avait éveillé en moi une vive cu­riosité écrit une candidate. Sa lecture répétée ne m'a point dé­çue p~r la suite, mais au contraire me réservait une véritable sa­tisfaction. Cet ouvrage court et clair qui ne pose point de dog­me, mais propose des suggestions, se révèle d'un intérêt' capti­vant. » (R. G.)

Et la sympathie se Inua chez certains - chez certaines, sur­'tout - en enthousiasme; non pas un enthousiasme en parqles, seulelnent, Ilnais un enthousiasme qui se traduisait immédiate­ment en actes, témoin cet aveu qui fera pla~sir à M. DoUrens : .

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« Après la lecture de cet oUVl'age, nous étions si emballée que nous avons confectionné 150 fiches! » (S. S,)

Ne croyons pas cependant que to'us soient si « emballés» pour le moment !

Si quelques-uns eurent l'avantage de faire l'étude de l'ou­vrage de M. Dottrens dans une ambiance charmante - ce qui ajouta au charme du livre - telle cette heureuse candidate qui écrit:

« Ce pl'Ïntemps, je lisais le livre de NI. Dottrens avec avidité dans une atmosphère toute faite de la paix du mayen de S ... , des senteurs enivrantes des forêts d'az'olles et de sapins, et de la fraîche musique des sources à la voix de cristal. » (A. V.) il en est d'autres qui versèrent quelques lannes que la difficulté apparente de la tâche firent jaillir prématuréInent; (nous ne tra­hirons pas, par des initiales indiscrètes, ces cœurs tendres) ;

- il en est d'autres surtout qui durent s'astreindre à un tra­vail pénible, ,quelque part « En campagne», après les heures de service; ce qui contribua sans doute à diminuer leur enthousias­me pédagogique, et les incita sournoisem,ent à donner leur appré­ciation dans un langage assez Inilitaire, tel ce caporal qui écrit:

« J.11. Dottrens a fait malgl'é tout, pour nous Valaisans, un li­vre purement théorique. Il eût été intéressant qu'il vînt lui-même dans une de nos écoles de montagne où le maître do.it simultané­ment enseigner les règles de géométrie, les rudiments d'al'Ïthmé­tique, le syllabaiz'e, et qu'il entl'eprit cette rénovation et nous communiquât ses résultats ...

Dans ces chemins glissants, il faut êtl'e prudent. Une péda­gogie ne s'écrit pas. C'est un art et l'art n'a pas de règles fixes. Le véritable éducatez..lr sent en lui-même sa vocation d'où dé­coule le désir de se perfectionner. Celui qui est conscient et digne de sa tâche, naturellement, apportera les modifications utiles à sa méthode. Quant à écouter toutes les voix de l'extérieur l'élémen­taiz'e bon sens condamne cette naïveté. Cal' aucun prin~ipe péda­gogique venu de l'étl'anger n'a l'épondu pleinement aux besoins de notre canton dont le caractère ne supporte aucun parallèle.

IIlais, l!-ne fois, chez nous, ne sera-t-on pas capable de faire quelque chose d'adapté qui nous aidera à mieux formel' les Va­laisans de demain? »

Et voilà!

La suite des articles nous montrera qu'entre un enthousias­me aveugle, sans conditions, et un refus catégorique, il y a place pour une solution intermédiaire qui sait tirer parti et faire son 'pr~fit. de ce qui para!t à premi~re vue complètement inadapté et IrrealIsable; et peut-etre en VIendrons-nous à conclure avec Mme B.:

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« L'enseignement au moyen des fiches sentit d'un pl'eCleux secours dans nos classes à plusieurs degrés où il faut partager son temps entre trois divisions et des élèves de force très inégale. Si nous avions à la disposition des élèves des fiches préparées avec soin, le temps serait mieux employé, la discipline sauvegardée et l'émulation renforcée. »

Ou avec Mlle R. G.-C. : « Il y a du plaisir à constater que la méthode Dottl:ens s'ap­

plique pw,ticulièrement bien aux écoles à plusieurs degrés et pal' conséquent convient li. notre .yalais; n?us le rép~tons : on pO,!l'Ta ainsi se consacrer plus entzerement a un degre, ou aux fwbles d'un degré, pendant que les autres besognent seuls avec leurs fi­ches. »

En faut-il davantage pour nous réconcilier, si c'était néces­saire, non pas avec un enseignement individuali.sé intégra~, ü:r~­alisable et non souhaitable, mais avec un enseIgnement IndIVI­dualisé partiel, complém,entaire de l'enseignenlent collectif?

(A suivre.) L. B.

fUmer et connaître L'éducateur qui veut 'faire œuvre utile doit connaître les en­

fants sur lesquels s'exerce son action afin d'adapter son ensei: .. O'nement au caractère, au tempérament de chacun. C'est un prin­~ipe acquis. Les pédagogies ;les plus anciennes déJà ~'ont posé ~t plus près de nous, S. Jean-Baptiste de la Salle dIsaIt: « Ce dOIt être une des principales attentions de ceux qui sont ernployés à l'instruction d'es autres que de savoir connaître leurs élèves et de discerner la Inanière dont on ;doit se conduire à l'égard :de chacun d'eux. Cette conduite dépend de la connaissance et du discerne­ment des esprits. Vous devez souvent demandel' à Dieu ce discer­nement comme une des qualités qui vous sont le plus nécessaires pour la conduite de ceux dont vous êtes chargés». Pour rendre pratiqtle cette reCOInIl1andation, l'éminent pédagogue prescrit la Tenue de Catalogues des défauts et qualités des élèves, catalogue que le Inaître passait au maître de la division supérieure dès la fin de l'année scolaire. La tenue de ces cahiers, soigneuselnent conservés dans les archives de l'Institut est un éloquent témoi­gnage de l'importance attribuée à ce travail.

La ;pédagogie moderne a renchéri 'encore. Venant à une ép~­que d'inventions, elle a apporté à l'étude de l'enfant cet espnt avide de recherches, de contrôle qui caractérise notre temps. Elle a multiplié les expériInentations, dressé savamment d'innombr~­bles « tests» sur les lois de la vie et souvent Inême, les a empn­sonnées dans de brèves formules mathénlatiques. Il en est sorti

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une vaste littérature, des lnéthodes nouvelles, qui, sans nous ap­porter toujours plus de lumière, nous a sans cesse .ramenés au problème central de l'éducation: connaître l'enfant. Elle aussi, reprenant l'idée chère au Fondateur des Ecoles chrétiennes .a in­sisté, avec la ténacité d'une grande conviction, pour faire péné­trer <;lans l'école le systèIlle de la « Fiche scolaire».

Tel est le signe sous lequel nous vivons. Mais, il faut bien vite le reconnaître, la paresse et la Toutine sans cesse nous lllenacent de leur rouille. La flamme tend bien vite à s'éteindre sous les coups de vent, au tournant du cheluin. Une lourde besogne luaté­rielle nous alourdit et je songe à nos classes de 40-50 élèves. Or­ganisation, leçons, corrigés, tout cela c'est tellem.ent astreignant. Peu à peu, une sorte de mécanisation envahit notre activité. Sans nous en rendre bien cOlllpte ou dans un vague sentiment de dé­faitisme, nous passons au rang de machine. Le beau métier , que nous faisons perd de sa ;saveur parce que nous en perdons le sens profond.

Alors il faut réveiller dans notre cœur, l'intérêt de l'enfant; il sera comme la sève nouvelle qui monte au printemps dans l'ar­bre dépouillé et le fait éclater en frais bourgeons. Cet aIllOU!' in­dispensable, ce souci de la « terre» 'que l'on travaille, rétablit les contacts nécessaires et tout intimes, l'esprit de recherche, d'adap­tation à la vie jeune en perpétuelle évolution. Il opère un renou­vellement constant dans l'âme de l'éducateur, le tient en haleine, fait ouvrir les yeux, chercher, ,conclure, et aboutit à ce flair péda­gogique qui est la meilleure récompense d'un vrai dévouement. CornIlle dans le cœur de la mère, il devient l'inspirateur d'une psychologie fine et avisée. S'il est vrai qu'il faut connaître pour aimer, il n'est pas moins évident, qu'il faut aimer pour connaître.

L'expérience des autres peut nous aider puissamment dans ce travail personnel. Au hasard d'une lecture, on rencontre par­fois telle stylisation ou classification de caractères très suggestive; opportune, parfois, elle oriente ou aide nos observations, et jette tout à coup dans l'horizon .psychologique de notre classe une lu­mière appréciable. A titre d'exemple, la classification de M. Da­niélou dans « l'Education selon l'Esprit.' Elle a pour base une vertu fondamentale et des plus menacées dans l'âme de nos en­fants: le désintéressement, c'est-à-dire l'aptitude du cœur à ai­mer, à ·apprécier ce qui dépasse les intérêts matériels inlmédiats, ou le cadre de nos préoccupations égoïstes. Elle aboutit aux cas suivants:

Al1- bas de l'échelle, les âmes arachnéennes, les égoïstes pas­sionnées, incapables d'entendre un autre son. Elle seront toujours au centre de leur toile.

OR SA T, vins du Valais, vins de soleil et de ' santé.

- 2.43 -

Puis, les ânles « sensitives» dont la violence des ilnpressions envahit tout le champ de la conscience et emprisonne toute l'acti­vité : thnes d'adolescents, âmes en état de crise, toutes guér:issa-hIes.

Les égoïstes avides de jouissances, à qui tout est dû, incapa-bles de sacrifice et d'effort, jalouses du bien des autres; ou en­fants gâtées, riches et jolies, habituées aux adulations, âmes à ouvrir à l'adIlliration, ou à approfondir au contact des leçons aus-tères de l'Evangile. .

. Enfin, les désintéressées dans l'ordre restreint de la fanlille, sentiment qui relève de la chair et du sang et tout au sOlnmet, les désintéressées selon l'esprit qui sont l'élite, l 'espèce rare, ayant le sens inné du bien génér al prÏlnant le bien particulier, du bien spirituel, dépassant le bien matériel.

De ce point élevé, jugeons notre classe, nos élèves, étahlis­sons des niveaux, jaugeons les déficiences. Ecoutons parler nos . enfants de cette oreille-là. Faiso11s COnl111.el1ter les événelnents et nous saurons jusqu'à quel point le nlilieu an1.biant a matérialisé les jeunes ànles et les a rendues inaptes à apprécier des valeurs supérieures, COlllbien l'idéal a de la peine à se faire jour tant les intérêts matériels, le goût du plaisir, les appétits de lucre ont , poussé dans leur {hue une végétation touffue. Dans une cl,asse d'enfants de 15 ans on donnait ce sujet de composition française: « Vous êtes en place, donnez de vos nouvelles à une aïnie ».' Sur les 30, compositions, cette phrase. : J'ai tille bonne place, j'ai peu de travail el" je gagne beaucoup. Aucune ébauche de préoccupa-tion supérieure. . ,

C'est décevant. On s'attendait à voir bouillonner un flot de nobles et généreux desseins . Et c'est un laillentable état l11.orà( qui transparaît. Essayons un peu. Les indices seront très con-cluants. .

Ainsi la lecture, le livre ou -la feuille, tant9t d'une façon, tant­tôt d'une autre, nous aidera à nous mainteni,r en ,forme, éveillera notre attention, soutiendra notre activité dans un ordre où donnir c'est mourir. Sr. L.

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he trésor caché dans le champ (Suite et .fin)

IV

·L'i'mmense .majorité de Il'a 'clientè1e 'de l' « .gcole> 'p,rin'laire» en li­,gant les réflexions de lM. Jean Follonier sur « l'Enfant paysan »', 'Peut trépéte.r: « J'ai été, autrefois, cet ,enfant.» AMons quelques pas plus iloin et réveiLlons 'nospl~emières réminiscen:res: Que,llee i1mages ont Ipeuplé notre âme novke, Quels pressentiments ont agi1ïé notre ,cœur vierge? Quels désirs propuLseurs ont mû nos rêves, Qu elles aS'pi-ra­tions ont sou.levé nos ailles toutes neuves?

Cette rétrospection vers une phase brumeuse de notre évolu­,tion personnelle nous fournit 'la clef die l'étroite prison où souffrernt inconsciemlment le,s jeunes âmes paySannes et imp,lorent la i1um.i~Te

du grand jour. E,t si nous essayions de ,se,couer le 'sou'ci in'1po,rtun des jeunes ex-istences qui ,S'ol1k-itent Iplus de -clarté, si, ·avec la désinvolr ture .de gens instruits ,qui ont ,col1lq'uis .leur ,placeau sOlleU, nous nous débarrassions des 'quémandeurs infatigables en disant: « Après tout, 'Ce n'est qu'un .enfant de 'Paysan; i,l est toujoli'rs as,sez' bon ;pour ,re­muer la terre», nous entendrions le M;aître de la vie prendre la ' dé­fenSe de ces petits, de ces plus petits. Quel est ·d'.aiJleursl [l'otre don !prophétique pour que nous IPréjugions ainsi les ,d·e,süiIlées? Dieu ·choisit l.es :princes des nations, 'Où il Ilui Iplaît, slans Ifaire halte 'devant :la chaumière, et si ces élus Igrandiss·ent danJS Ile sentÏoment d'avoir ,été négligés, rebutés, voir rué,prisés, leur .ress,enti'ment .retombe loull'­dement s,ur lIa sOrciété Iconte·mptri,ce. !C'est d.ans le sillon des vr,émières aJnnées qu'e torrilie .la s'emence qui .lèvera en hléou en .ivraie.

L'école rurale soucieuse du trésor ,caché dans le ,®alllp ne peut être conçue, eSquissée, élaborée et réalisée que par ceux qui possèdent la connaissance expérimentale, personnelle de l'existence rurale. A ,cet égard le Valais se trouve dans une s·ituation privilégiée; Ison 'coJ'p's

. 'enseignant, soncle,rg·é, ·se·s ,ch e·f.s , ,ses autorités sodale:s sortent en grande majorité de l·a soucIhe !paysanne. Bien plus, nous- avons des. é!cil'ivains, des poètes, des ,artis-les \pour Iqui ira vie [rurale et 'Illon ta­.gnarde n'est vas 'seŒl.e:ment un thème d 'heureuses ·trou.vail'les, mai,s ia s,ource .féconde d'inspiration et, ,ce ,qui ·est :rare, un cham,p d'action Ténova,trice; ce n"eJst ·pas peu que de pouvoir nous enrichir odes Ibiens des Géorgiques ·chrétiennes du ter.roiT. Mais pour monnayer ces tré­sors dans la vie scolaire courante, il faut la ctlairvoyance et l'ini­tiative des maîtres et des maîtresses p1'Ïmaires : celles ,des vétérans ,qui ,maintiennent 'la liaison vivante, la circulation .féconde entre hie'l' et aujoUl~d\htui, Ice,lles 'des jeunes Ique nous avons vu sortir de .la Ie'hry­salïde jucvènile et qui, moins ·encomlb:rés d'un bagage qui ,s'est alourdi .le long ,c-hem.in f.aisant, 'frayent ,d'une 'main de nouvel.Les voie'S' tout èn ' ·continuant de 'l'·autre à tendre .la ,chaîne du passé.

~ 245-

La vérité substantielle, les idées fécondes et propulsives, la vue claire de la tâc'he prochaine, nous n'avons Ipas besoin de lels déte,rrer dans les 'parchemins pous'siére.ux., d~ les ·sur.prendre dans les -discus­sions des salons et d€ts .cénaf'l.es, de 11'é'Pie.y dans les ondes raJdiophoni­ques, de tl'ente.ndrre vibTe.r c1aJl1s le·s trémo'ussemerrrts du théâtre; ,l,a ,fas­cination de la bagateHe ne peut que donner Ile ,change.

L'humanisme paysan viaJble et 'calJ)a!ble .de mettre elfi valeUil' le trésor ,spirituel enfou'i dans nos 'poipulatiollis rur.rules se·ra, ,comme nos iruits, nos blés et nos foins, le :produit ex:quis de .la vie ,po'Pu}.a,ire où ,persiste encore un .fond de santé ·spiritueHe enrichi, fortifié et enno­bli ,d'éne'l1gies s'urnatureJ'les.

Ce qui vient d'·ailleurs n'est ,certes ,pas à -d.édai,gner. iL'autarrcie économique peut être lune dure :née,essité; dans le do,maine spirituel, 110US aurions tort de mé~omlaîh:e la fécondité d'un échange fraternel. Ce ·que d 'au·tres édur.ateur,s ,ont vu peut servir de ,catalyseur !psycho­logique, d'étinceUe d'alluma,ge, s i vous voulez, ,pour Iprovoquer chez Inous-mêmes ,des .réalisations vivifiantes, rénovatrices. lMlais' que.krue

désirabl,e que ,soient Iles ruppOJ:'ts .d'aiTleurs, ·c'est à nous de 'Péüir le Ipain spirituel des jeunes générations" d'éclairer le sentier de lIa vie ,montante.

v.

Nous avons fait allusion ,plus haut là une note 'caractéristique de t'é­vO'lution de l'enfant 'Pay,s'an: une cerlain,e lenteur à franchir le seuil de la puberté, comme on P€·ut le c-onstater dan·s les école-s ,cantonales .où de-s l'Ul' aUX de 1'5 ans avoisinent ave'c de·s C'ondisdprle.s sensiblem'ent IPJlus jeunetS. Mesurré .à .l'aune bien imparf.a ite ,des notes de classe, ill y aurait ,lJà un retard de deux ou -de trois ,ans. Il est il'l'utillie de dire jus­qu'à quelle 'mesure Jes situations di:f.férentes ont maintenu ,ce -dér.a­lRge Rpparent que le robuste :pas ,camp.élIg'lnard rattrrupera aü' 'cours des études.

Ce que nous voudrions souligner) ,e'elst que, Inêlue en -dehor·s tele toute idée -de rivalité, l'enfant paysan, devenu adolescent, arrive au bout de sa scolarité primaire sans avoir atteint l'achève1ment provisoi .. re que l'éducation iPopulaire doit assurer à .l'ensemblle des jeune·s. Au Imoment où les portes -de récoTe se referme-nt -derrière, lui, s'ouvren.t devant lui de noü'Vea,ux horizons, s'éveillent en lui de nouvelles cu­riosités qu'on ne peut ,pas 'congédie,r ave'c :les livres us·és et la ,dis-ci­[pline s'co,laire. Nous sommes lià devant u.ne situation Iqui n',est évi­demment 'pRS p.artilculière à nos émandpés qui restent .à lIa ·ca'l11!pagne, 'mais qui semble s'imposer à notre attention avec une plus grande insistance. Le,s ·maî.tr8ls .qui ont eu là ,cœur de mettre leur enseigne­ment à la portée des différernts âges et q'ui ont eü' affaire avec les mêm€\s élèves à Il'école Iprim,aire etau ,coü'rs ·complémentaire, auront ,pu ,cons­tater 'luaintes fois la nouveLle 'pouss·ée intelledueUe 'qui n'est autrE'

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que lIa manif~station de 111. pub.er.té spirHu.eUe ,reta,rdée. Une partie du trésor ,caché est roesté ~nfouie, r éserve qui -doit enrichir une no'uvelle , étape de la vie.

Lorsqu:e les cours ·d'adoles,c'ents · ,n 'étaiEnt que la répétition de iIl1>atières déJà a'p.prises ,et répondant à peu près à la capacité rie : 'àge ,pré;pubère, i:ls ne Ipouvaient ipas convenir à ,des ·esprits plus mûml's qui les Isubissaient. POUl' que nos . jeunes paysans ne restent pas 9lIl1-

prisonnés dans un certain infantilisme intellectuel et mo,ral, mais aniv·ent à la maturité (sa'l1S ,le diplôme qui est a cces·soire), il llE'ur faut un nouvel a:liment ,à leur nouv.el 1a.ppétit; il ,faut creuser 'plus pro.fon­dément à la reooeJ'·che du re·ste du trésor. Au lieu qu'un ·coup de pic ,au hasard vi enne heurter maladroitement la masse p.r é.cimLs ,~ , 'un s ondage ,prudent ,peut l'amener au jour ,sans dom1mage.

L'époque actuelle réclame enCOll.'e plus impérieusement l'apostom

lat de l'initiation juvénile. Par la Ifol'oe des ·changements, tant d'ins­tHutions vidées de 1elU' sens traditioa:~:ne,l tomiberont en désuétu'de; mais l'idée qui ,leur a donné naissance doit se créer une autrE' .forme. La transition de l'.ancien au nouveau est odéJkate.· Le ,trésor caché est tlouhlemem: m enacé: ,par l'incoTD.préhension de ·ce'ux qui s.' attardent aJUx situation s a1cq'uises et ,par l'emipressement intempestif, irr.espe'Ciu­eux des n ovateurs pouss és ipa r la ,glorioIE\ de l'il1'novati01'1. 'L'inse r.te Iprend 60,n te.mps pour sortir de sa ·co,que.

Réu ssÜ', au mÙieu des ·catadys·mes en cours, à sauver la partie du trésor' caché :réservée à il'adolescence, ·c'e's't le problème le plus difu ficHe de l'école populaire, .de l' éducation r urale. IP,réparer le ,citoy,en, le ,professionnel et le ,père de -dem·ain, initier la fùture Iuère et ména­gère à sa mis·sion, voi,1à .qui exige toute .l'expérience et le dévouement de's amis de Ja jeunes se.

Nos autorités y SGngent. !Mais les maîtres et les maîtresses les mieux nantis d'expérience doivE'nt y aider, .ainsi que les jeunes ani. més du. désir de faire honneur fa leur mission. Faut-il pour 'c'e/la des loisirs extr.aOl~dinaires ? Lorsqu'un jour, au retour d 'une excursion de botaniq'ue, .nous 'èc'hangeàmes ·quelques réf.l,exions avec un jeune ré­gent, 'ceilui-lci nous répondit: «!La s'ciemc·e, c'est bien ibeau; mais ,le moyen? » S'il s'agissait id d'une ques tion s'c.ientifique, nous Ipour­rions 'hésiter là juste titre. Nous s'Ü'mn1es en . face d"nn problème pra­tique où :l'étude 'n'est sans doute pas sUlp el' f,l u e, mais où il ,faut avant tout éclair.cir, Ipré.ciser et .ap:pro,fondir ,des :sü1utions 'pratiques dont plusieurs possèdent d'es notions ·as·sez viva'l1te'S pou·y se.rvir de !points de départ.

VI

Nous eùmes un jour lIa visite de deux paysans qui .vinrent en toute confiance noutS montrer un trésor. Hs lE' retirèrent s01gneuse­ment de leur ,sac et le déballèrent aver. iprécautiol1. C'étaient des Ipla­ques d'un beau schiste bJeuté .incrusté de cristaux :

« C'est en d·étfonçant notre vi,gne que nous avons décou,\lert cela. »

« ,Ce sont, en effet, de jo.lis ,c-ristaux. );

« Qu'est-ce ,que ça 'peut 'bien ètre ? » demandèrent-ils, et lE'urs yeux brilolèrent d'<un espoir évident.

,Pouvions-nous, de but en b1.anc" souffler les i.llusions .de Ices bra­ves gens qui avaient même envoyé des ,spécimens d ,e leur trouvaillle à l'-étral1Jgel'? Nous ,l'avons 'attentivernent regardéE\, tournée et retour­née, examinée, esslaY'ée au ·ohalu,me·a·u et ,autrement encore. Et 'pendant toutes ,C'es .manipulations, nos deux vis<iteurs nous ont .suivi avec UtIl

intérêt tel qu'ils avaient là r·endre de·s Ipoints ,àno·s spedateurs' ha­hitue.ls. L 'examen est :fini, et nous revenons -à ,côté ·de nos visiteurs:

« Et alor.s?» « Ce sont v,raiment de jo,lis ,cristaux, bien régul,iers. »

« Est-'re ,que ·ce serait peut-être ...

Le ,mot 1eur l'esta dans .la gorge. Nous dÛ'mes enfin .les tirer de la pénible i'ncertitude :

« C'est bien dummage que ,ce ne ISOit ,pas de l'or. Ce sont les cris.­taux d'un minerai .de f.er, de la .pyrite, qu'on rencontre. quelquefois cla.ns 1'.ardois'e.

« Nous ·croyions que peut-être· ...

C'est très natm.' el. La ,c-ouleur Ipeut bien faire [pens·er à !l'or. »

Nos bons :paysans n'ont pas 'per-du toutE' leur Ipe,ine en creusant leur v~gne . Leur vieux régent, un -de 'ceux qui ont m-oissonné leur ,provision Ipédagogique aux ,alentours de 1860 ,pendant les cOlurs d 'été, leur am.'a dit que 1.e travail ,est ,un trésor.

n est un .autre trésor .auque1 ils songent ·peu, tant la .f.atigue cou.rbe ,leurs ,cor'ps vers le sol .récËllcitrant : les âmes de leur, enfants.

Allons-nous nous ériger en justiders? De ,quel droit? C'est d.e notre tâche ,que noli'S rendrons compte. Le ·clinquantdes ,paroles sua­ves, le orÜ'urmure des comp.liments Ipeut-être mérités, .la hâte ode re'l1-trer de·s gerbes au lel1!de'main des se'mai11es, ,peut-être aussi la dére,p­ti'on e·n Jace odes ohstaclE'S', :la dureté naturelile des ,cœUll'S ,de 'chair, tout ,cela ternit aussi à nO:8 yeux ode: oprofessionne'ls·, -d'a,pôtres -de la jeunesse, .c·omm.e nous d.isons ,que1que.fois, J'éclat du trésor Icaché dans les âmes paysannes.

La grande .gToire, la .bene réussite, ,l.a réco'm,pense >de ,l'école ru­rale, ,c'e.st -de .m·ettre au jou'r ce trésor, -de. 1e odébarras'8'€Il' de ,la gangue terreuse et ,de ile faire valoir, ·disa:nt à la suite' -du -divin (Maître des âmes:

« Je suis venu ,pour qu'elles ai,ent la vie e.t qu 'eUes l'a,ient plus albondarnment. » C. G.

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Faut ... iJ prendre la bête? Nous étions une denli-douzaine de galopins à peu près du

même âge. Notre directeur spirituel, un jeune vicaire zélé comme un apôtre et qui comillle un pinson, nous suggéra l'idée d'aller en pèlerinage au Grand Saint-Bernard. Faut-il prendre la bête? in­terrogea Emile, dont le papa possédait un fort beau mulet. Pour toute réponse, Monsieur le vicaire partit d'un tel éclat de rire qu'Emile en fut scandalisé ... Evidemment, pensa-t-il, la bête, c'est moi! Et il se delnanda s'il devait atteler. puis, réfléchissant: Après tout, se dit-il, Mr le vicaire n'avait pas tort de .... ne .pas compren­dre; j'aurais dû préciser, car mon corps n'est-il pas aussi une « bête» qu'il faut soigner mieux que toutes les autres, car on lui demande beaucoup plus.

Le long de. la route, pendant que « l\1arquis» (c'était le nom du mulet), nous véhiculait à tour de rôle, je pensais à la « malice» de Monsieur le Vicaire et à la nlanière dont nous soignons le com­pagnon et le serviteur de notre âme, notre corps, la « bête» de tout à -l'heure.

Ne le dorlotons-nous pas un peu trop notre corps? Nos pa­rents déjà, notre maIn an surtout ne l'ont-ils pas aussi un peu « gâ­té », se laissant guider plus par l'affection que par les règles d'une éducation virile?

JaJmais peut-être la nécessité d'endurcir, de mâter le corps, de le rendre souple, solide et soumis, ne ressort plus clairement que de nos jours où il doit s'habituer à fournir le maxinluln d'er­fort et de travail avec le nîÏnhnum de consommation.

Jamais aussi, semble-t-il, les jeunes ne furent plus exposés à renverser les rôles. L'abus des sports, une idée fausse de la vraie beauté (qui doit être le reflet d'une belle âme), un luatérialisme raffiné, exposent bien des gens à faire pour ainsi dire de leur corps une idole. Se laissant difficilement mâter, ' le corps tente parfois de conlmander à l'âme au lieu de lui obéir promptelnent.

L'école aussi bien que la famille doit, surtout à notre époque de luttes et d'épreuves de tous genres, veiller à ce que l'enfant ne soit plus gâté mais qu'il reçoive une éducation virile. Pour 'le cor.ps, exercices sagelnent combinés, résistance sereine aux in­tempéries' à la douleur, à la fatigue, etc.; pour l'âme, une autorité absolue sur le corps: c'est d'ailleurs l'hannonie voulue par la Providence qu'on ne saurait ,troubler Îlnpunélnent. Cette autorité d.e l'~spri~ s~r la Inati.ère, autrement d~t de l'ânle sur le corps n'in­c~te JamaIS a sousestimer .la valeur d un physique bien équilibré, VIgoureux et endurant, bIen au contraire. N'avons-nous pas,

- 249"':'"

come exemples ' e,ntre mille, celui de saint Jean Bosco (dont tous les éducateurs devraient lire la vie), lequel, doué d'une force phy­sique et d'une souplesse extraordinaires, se servait de ces pré­cieuses qualités physiques pour attirer, retenir, enthousiasmer 1es jeunes toujours avides d'exercices qui exigent de la vigueur et de l'adresse; nous avons celui du cardinal Lavigerie d.ont la taille et la force athlétiques ne contribuèrent pas peu à faire de lui « un géant de ·l'apostolat» au sens du !maréchal Pétain, qui au temps de Verdun (et peut-être encore lnaintenant) s'exerçait quotidiennenlent à assouplir et endurcir un corps pourtant na­turellement vigoureux, faisant de la marche, de la gymnastique, de l'équitation et de l'escrime comme un gars de vingt ans. Et, sans aller si loin, ne voyons-nous pas, dans notre entourage mê­me des exelnples à imiter d'âlnes viriles conlmandant sans répli­que à des corps vigoureux, « les bêtes», qu'il faut mieux soigner que les autres parce qu'on leur demande beaucoup plus.

N., inst.

fi propos de pensums

Un judicieux article sur « les punitions», paru il y a quel­'ques jours dans l' « Ecole primaire », ,nous engage à faire part d'expériences qui ont donné de bons résultats. C'était au temps où l'on pouvait se procurer des séries de pi'oblèllnes groupés se­lon les notes adoptées pour. les examens par cartes contenant ex­clusivement des calculs de note 4, d'autres de note 3,: 2 ou 1. Sui­vant la force de l'élève, au lieu de « lignes », de « verbes» ou d'e­xercices de langue à présenter en retenue nous lui donnions à résoudre 1, 2, 3 ou 4 problèmes légèrenlent plus difficiles que ceux dont se composait son devoir ordinaire d'arithmétique, ceci afin de lui faire 11lieux sentir combien il est pénible de devoir de­mander des éclaircissements lau maître quand on a Inanqué d'ap­plication. Nous avons vu des élèves « batailler» pt:ndant 20 mi­nutes sur un seul problème, levant de temps en temps vers le maître des regards suppliants, plutôt que de se résoudre à deman-' der · une petite explication.

Il est regrettable, à notre hurrnble avis, que le genre de ,calies précité, ne se trouve plus. On peut y suppléer par l'usage de celles qui s'éditent actuellement. en réservant telle ou telle date pour les retenues. Tous les problèmes d'ailleurs sont bons. L'es­sentiel est que 'personne ne puisse manquer de franchise et que la tâche de ,contrôle du maître ne lui prenne pas trop de temps.

Un vétéran.

Vins du Valais 0 R S A T dissipent la tristesse.

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- 250 .-

Centralisation en matière scolaire Monsieur Eugène Dietschi, député de Bâle-Ville, a déposé en

son ten1ps au Conseil National un postulat dont voici la teneur :

« Le Conseil fédéral est invité à faire rapport aux Conseils législatifs sur la question de savoir s'il n'y a pas lieu d'encoura­ger l'instruction et l'éducation civiques: a) en développant à tous les degrés l'enseignelnent obligatoire sur la connaissance de la Constitution et les bases de la vie nationale; b) en introduisant à titre général au programn1e des écoles moyennes et supérieures des leçons consacrées à des souvenirs patriotiques; c) en ëditant et répandant largement des n1anuels unifonnes servant à la for­mation d'un esprit national et démocratique; d) en facilitant, pendant les vacances ou les loisirs, les échanges intellectueb:. en­tre Confédérés. »

Les intentions du député bâlois sont excellentes, nous en sommes persuadé, mais quelques-unes de ses idées sont particu­lièrement dangereuses. Pour essayer de nous le démontrer, d'au­cuns ne manqueront pas de faire revivre le spectre du Bailli fé­déral de l'enseignen1ent, cet épouvantail que l'on a Inaintes fois fait apparaître aux yeux des électeurs rOlnands surtout. Ce n'est pas cet argument qui nous inquiète. Il nous est même pennis de voir la figure de ce bailli sous les traits ave­nants et ain1ables d~ certain inspecteur fédéral de l'enseignelnent commercial que nOllS connaissons bien et qui rendit et rend en­core de signalés services à notre canton.

Que le savoir de nos élèves soit contrôlé par certains COlTI­

miss aires fédéraux, cela non plus ne saurait nous émouvoir au­trement, car nous avons l'impression que l'instruction de hase donnée dans nos classes peut soutenir la comparaison avec ee que l'on obtient ailleurs.

Dans la règle, nos élèves ne sont ni plus instruits, ni m.oins instruits que ceux des cantons confédérés. Il y a chez nous COIn­

me ailleurs d'excellentes classes, de 1110ins bonnes aussi. Ayant dirigé pendant de longues années une institution comprenant des élèves venant de toutes les régions de la Suisse, nous nous SOln­mes forgé une opinion à ce sujet et elle est basée sur des faits précis. Nous pourrions dire, dans le mên1e ordre d'idées, que les classes de la montagne ont souvent des élélnents meilleurs 'que celles de la plaine et que l'on obtient parfois avec ces élèves plus travailleurs, plus appliqués, Inoins distraits, d'aussi bons résul­tats avec une scolarité moindre.

Mais il ne faut pas vouloir généraliser; on peut seulement poser en principe que trois facteurs concourent à déterminer le niveau d'une classe : le maître, les élèves · et le milieu. Or nous soutenons que la comparaison ne nous est pas défavorable. Aussi

- 251-

nous ne craindrions pas de mettre nos élèves en présence d'un inspecteur fédéral. Ce n'est donc pas cela non plus qui nous in­quiète dans l'intervention ·du député bâlois.

Ce qui fait aujourd'hui la force de notre pays, son originalité aussi, c'est le système fédératif tel que nous le concevons. Dans bien des domaines les cantons ont conservé leur entière autono­mie; ils peuvent légiférer comme des Etats souverains. Tout en constituant l'Etat fédératif, donc en cOlnposant par leur groupe­ment un tout solide et bien équilibré, ils n'en conservent pas moins leurs particularités, leur caractère propre, leur n1anière de vivre et de penser. Chaque canton apporte ainsi à la communau­té en offrande ses biens, sa culture. Et COlnn1e tout cela varie seiol1 les Etats,' le patrimoine national présente une richesse que l'on ne saurait retrouver dans un pays unitaire.

Or, l'enseignelnent prin1aire sert de base à toute culture; il imprÎlne dans l'âme ·de l'enfant une en1preinte souvent profonde qui se traduit dans la il11.anière de sentir, de penser, de vivre. Uni­fonniser cet enseignement, surtout celui qui s'adresse au cœur et à l'esprit, c'est tout n1ettre en œuvre pour changer le caractère 111ême de notre patrie, c'est renoncer à ce qui fait notre gloir e, à notre raison d'être Suisse., à ce qui nous différencie des autres, à ce qui enfin, a puissalnn1ent contribué à assurer notre 'indé­pendance. Car on est de son village d'abord, de sa COlnlnune en­suite, puis de son canton et parce qu'on est attaché ' à ces petites patries, et à tous les souvenirs particuliers qui s'y rappor­tent, on aÎlne plus intel~sélnent la grande patrie, la Suiss'e. Et l'on considère les Confédérés non pas comme des étrangers, mais comine des frères qui travaillent de leur côté à la grandeur du pays comn1un.

Voilà pourquoi nous ne saurions admettre un n1anuel uni­que, niveleur de pensées, chargé de fixer dans tous les cœurs un même credo politique afin d'obtenir par là le citoyen « standard» officiellen1ent étalonné et contrôlé.

Evidemment nous ne devons pas être des fédéralistes à tout crin, aux yeux fern1és. Il est des dOimaines où la Confédération a raison de légiférer; les circonstances actuelles, l'évolution éco­nomique, politique et sociale que subit notre hUlnanité exigeront peut-être que nous accordions de nouvelles compétences au pou­voir central. A cette en1prise nous ne pourrons nous opposer d'emblée sans avoir au préalable bien considéré le problème. L'intérêt supérieur du pays, pour autant que cela ne heurte pas nos convictions intimes, doit rester la suprême loi. :Mais ne lais­sons échapper aucune des prérogatives qui touchent à notre cul­ture, à notre esprit, à notre caractère de citoyens d'un canton suisse.

C'est encore le meilleur ln oyen de conserver les valeurs in­dividuelles 'originales et .créatrices, et c'est collaborer loyalement à la défense spirituelle du 'pays ... à sa défense. Cl. Bérard.

Page 12: L'Ecole primaire, 31 janvier 1942

PARTIE PRATJIQUE

LANGUE fRANÇAISE

Pliemière semaine

Centre d'intérêt: NAVIGATION

~ A consul~el': Jean Peit~equin: ~e canal transhelvétique du Rhone au RhIn. - Pages sUIsses, cahIer No 3 (prix fI'. 0.60 dans toutes les librairies). '

Sur la Iner qui brame Le bateau partit, Tout seul, tout petit, Sans voile, à la rame. Si nous chavirons, Plus ne reviendrons, Sur les avirons,

Tirons!

X. RECITATION

Le bateau Sur la !luer qui branle Il est revenu Tout seul et tout nu Le bateau sans rani~. Plus ne partirons, Plus ne reviendrons. Sous les goémons,

Dormons! Jean Richepin

Le départ du bateau

J'ai vu l'escalier noir, le radieux cordao'e ~ , Les courageux petits canots de sauvetage Toujours 'Prêts à sauter sur l'océan vermeil. Les nègres transportaient bagage sur bagage; On vendait sur le quai le portrait du bateau; La fumée annonçait qu'on partirait bIentôt, Car le dernier flocon touche au 'Premier nuage. Ah ! quel que soit le but et quel que soit le bleu Un navire qui part , tremble toujours un peu; , Le pont est plein d'écume et le ciel plein d'alarme' Un navire qui part n'a jamais le cœur fort: ' A cause d'une vague il tremble dans le tport. : Il tremble dans les yeux à cause d'une larme.

Rosemonde Gél'Ql'd.

Vins du Valais ORSAT bonnes bouteilles.

II. VOCABULAIRE

NOMS. - Types 'de bateaux: on expliquera les noms sui­vants : vapeur, transat1antique, navire à aubes (aube, roue, tam­bour) , navire à hélice, à hélices jumelles, à turbine; voilier; brick; brigantin, goélette; sloop, côtre ou cutter.; clipper; baleinière; charbonnier; vapeur à citerne; caboteur; chaland, gabarre; ba­teau-pilote; barque; canot de sauvetage; flotte, escadrille, esca­dre; vaisseau amiral; cuirassé; croiseur; croiseur çuirassé; éclai­reur; canonnière; torpilleur; contre-torpilleur (destroyer); sous­marin; aviso; porte-avions; affréteur, vaisseau-école, garde-côte; corsaire; anciens types: frégate, · corvette, corsaire, trois-ponts, négrier; embarcations, yole, canot, chaloupe, pinasse, canot au­tomobile; youyou.

Marins: capitaine au long cours; patrons de barque; second; voilier; armurier; timonier, chauffeur, vigie; amiral, vice-amiral, contre-amiral, comniandant, capitaine de frégate, lieutenant, ca­pitaine d 'armes, enseigne, aspirant, quartier-n1aître, mousse, fu­silier, canonnier, mécanicien, soutier, . maître-coq, loup de mer, Iuathurin; mutin, corsaire, flibustier, pirate, galérien.

VERBES. - Construire un bâtinient, lancer un sous-marin, armer un navire, blinder la coque d'un navire, calfater un bâti­ment (bourrer d'étoupe les fentes), radouber un vaisseau (répa­rel') , renflouer un vapeur, affrêter des caboteurs; prendre des ris; raccourcir une voile dans le sens de la hauteur, tirer des bords : naviguer au plus près du vent pendant un cèrtain temps, dérou-

-1er le loch; mettre à la cape: se disposer à supporter un coup de vent; épisser un cordage: réunir ensemble deux bouts du même cordage; amener les voiles; hisser la voile de cap: doubler le cap; jeter l'ancre; faire escale, etc. saborder, couler.

Le pont, les cabines, les hublots, les mâts, les cordages, les voiles, "l'ancre, les amarres, le pavillon, la coque, la quille, la carène, le bastingage, la hune, la sirène, les soutes, la proue, la poupe, le roulis, le tangage, à babord, à tribord.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: Voir le nUlnéro du 15 octobre. Le petit bateau de Jean

Papa a acheté un .bateau 'pour son petit Jean. C'est un vrai bateau, avec une coque arrondie, terminée par une quille mince, avec un pont, avec un mât, et sa voile blanche.

Aujourd'hui, sur la plage, dans une flaque d'eau que la Iuer a laisséE:1 dans le sable, c'est le lancement du bateau. Jean pose délicatement le bateau sur l'eau Iuiroitante; il n'ose le lâcher; s'il allait chavirer !... Enfin, il le lâche; le bateau penche à droi­te, à gauche .. . ; mais une petite brise gonfle à droite, à gauche, et le bateau vogue sur la mer.

Jean bat des ,mains.

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Le départ d'un paquebot

Depuis un instant, les ilnachines se sont lnises à ronfler et le . paquebot tremble de toute sa cal'casse. Prévenus par la cloche, visiteurs et parents viennent de quitter le bord, et le pont soudain paraît vide. Sur le quai, qu'on domine ain"si que d'un cinquième étage, la foule s'épaissit. Des inconnus, la tête renversée, échan­gent les suprêmes paroles, avec ceux de là-haut, pauvres mots inutiles où l'on met tout son cœur. Enfin la cloche retentit une dernière fois, de l'avant à l'arrière. Des chaînes grincent. La sirè­ne pousse un cri. 'Cette fois , c'est fini; nous levons l'ancre.

Roland Dorgelès.

A bord du paquebot ({ Pasteur })

1. Le Havre surgit à notre droite, en silhouette, tandis qu'à gauche des bassins étoilent cet hinterland lnaritime et industriel coupé de voies, hérissé de grues, de ponts et de ulâts, que com~ pose un grand port moderne.

2. Sur le pont-promenade, où se fait exceptionnellenlent l'embarquelnent, une année de stewards attend les passagers. C'est l'heure ch armante des rencontres impréru es, des randon­nées à travers les coursives, de l'installation dans les cabines si gaies avec leurs panneaux de bois clair, t~ndus d'étoffes IUlni~eu­ses.

3. La sirène 111Ugit. Presque insensiblement, l'énorme masse du bateau s'éloigne de la gare Inaritinle. Un remorqueur - bou­ledogue rageur et têtu - la hale et la déplace, faisant touTner lentelnent le beau navire ,qui, bientôt, dans le bruisselnent adou­ci de ses hélices, va se conduire lui-mêlne. La n1Înute est élnou­vante et belle. Les trois cents passagers accotés aux 'rambardes debout sur les ponts, les passerelles, 'les escaliers, regardent d~ tous leurs yeux. Des lnôles et des bassins du vieux port des ac­clamations mêlées de bravos s'exaltent. La sirène mugit à nou­veau plus profondément. Le large s'ouvre, calnle et maO'nifique ,sans "Lille rid~. Puis, tandis que l~ côte s'éloigne et s'estor:pe dan~ une brume tenue, les ponts se VIdent. Paul-Emile Cadilhac.

En bateau

Nous glissions légèrenlent sur l'eau; les deux rives boisées fuyaient derrière nous; et l'on n'entendait d'autre bruit que celui du remous contre la carène dont le clapotelnent se mêlait à la son-11.erie des grelots que le~ chevaux' portaient à leur cou. H. ]I,falol.

Sur mer: l'entrée du port

Et on voyait d'autres navires, coiffés aussi de funlée accou­rant de tous les points de l'horizon vers la jetée courte et blanche qui les avalait comme une Ibouche, l'un après l'autre. Et les bar-

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ques de pêche et les grands voiliers aux . mâtures légères glissant sur le ciel, traînés par d'imperceptibles remorqueurs, arrivaient tous, vite ou lentenlent, vers cet ogre dévorant, quJ, de temps en temps, semblait repu et rejetait vers la pleine mer une autre flotte de paquebots, de bricks, de goélettes, de trois-mâts chargés de ra­mures emmêlées. Les steamers hâtifs s'enfuyaient sur le ventre plat de l'océan, tandis que les bâtiments à voile, abandonnés par les mouches qui les avaient halés, demeuraient immobiles, tout en s'habillant, de la grande hune au petit perroquet, de toile blan­che ou de toile brune, qui semblait rouge au soleil. Maupassant.

Un bâtiment en détresse

Un coup de vent la rapprocha d'eux: alors, ils virent que l'équipage n'était plus maître du bateau. Les voiles arrachées, dé­chiquetées par le vent, pendaient, lalnentables; le grand lnât était brisé, et les homnles, cralllponnés au bastingage, faisaient des ef­forts inouis pour résister aux vagues qui, à chaque instant, sub-lnergeaient la barqu~. T. Tl'ilby.

Exercices d'applicaHon

S'en référer au numéro du 15 octobre.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phr.ase - Le paragraphe - La rédaction

1) Faites des phrases avec les IllOtS du vocabulaire. 2) Conjuguez dans des phrases les verbes du vocabulaire.

RédactJ:ons. - 1. Dans la forêt vous avez vu débiter un gros chêne; c'est pour construire une barque de pêche. Imaginez ce qu'elle sera. Montrez-la se balançant dans le port, avançant sur les flots, luttant contre le gros temps.

Il. Décrivez un départ de bateaux pour la pêche, puis le re·· tour de ces ,mêmes bateaux.

3. On vous a emmené faire une promenade en bateau ou en barque; décrivez l'embarquement, le bateau sur lequel vous avez pris place, les paysages qui se sont déroulés sous vos yeux, le dé­barquenlent. Dites le plaisir que vous avez éprouvé et le désir que vous avez de voir une semblable promenade se renouveler.

4. Un sauvetage. - « Deux homllles de bonne volonté! }) Sien des marins étaient là, mais la plupart avaient leurs

femmes qui leur disaient que la lutte était impossible, et qu'ils allaient au-devant de la mort.

Deux hommes de bonne volonté! Dans le canot, seul, le grand Nicolas partit.

Page 14: L'Ecole primaire, 31 janvier 1942

D'abord il gaudilla, essayant de prendre la mer. 'Plusieurs fois de suite, il fut rejeté, mais, toujours intré­

pide, il recommençait. Alors deux mousses, deux enfants de sei­ze ans, enthousiasm.és, étaient venus le rejoindre. Et le petit ba-teau, enfin, s'en était allé sur la mer en furie. '

Par momen,t, il disparaissait entièrement; Marie ne vivait plus, nl.ais elle restait là, vraie fille de marin, fière de celui qui, bravant la tempête, cherchait à sauver ceux que la Inort voulait prendre. Sans avaries, le petit bateau était arrivé près de la gran­de barque; alors ce fut le sauvetage, le retour avec tous les honl-mes de l'équipage; il n'en Inanquait pas un. T. Tl'ilby.

5. hnaginez ce Ique devait être la navigation avant l'invention de la-boussole.

6) Imagination d'un texte de dictée. 7) Composition libre (exercice d'imagination).

Deuxième semaine

Centre d'intérêt: AViATION

Documentation: « L 'appel des nuages », de Walter Aclœr­mann - « Pro Aéro et l'école» . Ces deux publications ont été remises gratuitement à toutes les écoles de la Suisse par Pro Aéro.

J. RECITATION

L'aviateur tombé dans la campagne

Il gît panni la sauge et parmi la bruyère Où le troupeau le prend pour un pâtre qui dort, Et, broyé, l'appareil a l'air d'une volière Dont les débris épars recouvrent l'oiseau mort.

Indifférent au sol qu'un sang si noble arrose Le soir Inéchant s'anime et se métamorphose, Tout, fumée ou parfum, se libère du sol.

Un combat d'aigles noirs fuit au fond du ciel rose Un nuage au couchant s'étire, se repose, ' Le silence atterrit et la nuit prend son vol. Pre Fl'ondaie.

Premier passage sur mon jardin

J'avais sur la montagne un grand jardin secret 'Nlais, ce soir, se levant du fond de la campagl~e ,Le long biplan 'que l'œil des bergers accompagn~ Vint à ma solitude infliger un soufflet.

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Car, doublant nl,on toit basque où presque il s'éraflait, Le monstre pour lequel il n'est pas de montagne Passa sur mon jardin comme le vent -d'Espagne, Et Inon sahle eut son ombre, et mon lac son reflet.

J'aurais dû t'en vouloir, ô beau monstre de toile, Moi qui, n'ayant cherché ,que l'aigle et que l'étoile, Suis venu sur ce mont, loin du plaisir hUInain, '

Pour avoir à moi seul un ciel qui se déploie! Mais j'ai crié -d'orgueil et j'ai pleuré de joie Lorsque j'ai vu mon ciel devenir un chemin! E . Rostand.

U. VOCABULAIRE

NOMS. - L 'avion, l'escadrille, le monoplan, le biplan, l'hé­lice, le moteur, les ailes, 'la carlingue, le réservoir, le siège, la ca­bine, l'aéroplane. Le 1?ilote, l'observateur, l'aviateur, le mécani­cien, le passager. L'atterrissage; le hangar, l'aéroport, l'hydra­vion, le fuselage, les cOffilnandes, le train d'atterrissage. Un avion de transport, de tourisme, de bon1bardement, de reconnaissance, de cOllubat; les ailerons, les haubans, le radiateur, le gouvernail; les roues de l'avion, les flotteurs de l'hydravion; -les appareils de bord : la carte, la boussole, l'altimètre, le gyroscope, l'antenne de T. S. F.; un terrain -d'atterrissage, une base pour les hydravions; une combinaison, un casque d'aviateur, un hangar.

ADJECTIFS. - Un avion léger, géant, bimoteur, trimoteur ; un aéroplane lourd, gigantesque; une escadrille nombreuse; l'hé­lice rapide; le moteur fort, puissant; les ailes immobiles; le pilote courageux; l'observateur attentif; le mécanicien habile; le passa­ger craintif, heur~ux, malade. Un aviateur hardi, audacieux. Un vol périlleux. Un avion trépidant. Une descente vertigineuse. Un atterrissage impeccable. Un bruit de moteur assourdissant ...

VERBES. - Rouler, ,décoller, s'élever, prendre de la hau­teur, planer, glisser sur l'aile, virer, piquer du nez, faire un loo­ping, se redresser, descendre en vrille, en feuille morte, atterrir.

III. ORTHOGRAPHE

Préparation: S'en Téférer au numéro du 15 octobre.

Le départ de l'avion

Le moteur gronde -de sa voix profonde. Le pilote monte dans la carlingue, fait signe d'ôter les cales qui bloquent les roues; il abaisse ses lunettes sur ses yeux. Le vent de l'hélice courbe l'her­be rase ... puis, l'avion libéré court sur le sol, de plus en plus ra­pide, et tout à coup il s'élève, plane sur ses ailes immobiles.

Jacques Boulanger.

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En avion

Les voyageurs gravirent un petit escalier situé dans le vesti­bule, entre les réservoirs d'eau potable, traversèrent la ChaàTlbre du moteur central, la chambre des réservoirs d'essence, la cabi­ne du pilote, prirent un nouvel escalier et atteignirent le poste du pilote.

Tifernand se sentit enveloppé dans un courant -d'air vif et frais. Au-dessus de lui, c'était le ciel ensoleillé. Au-dessous, çà et là, dans l'espace, des nuages que l'avion dépassait bien vite.

Cil. Vildrac.

Le dép/art cl'un avion

L'hélice tournait, jetant derrière un oragan glacé. L'avion gagna la ligne de départ. Le pilote donna les gaz. Le lTIOnstre rou­la de plus en plus vite, la queue soulevée. Soudain, il gravit la pente du ciel. Le gros oiseau décrivit une courbe et piqua vers le Nord. Il disparut et l'air cessa de fréluir. Gabriel Chevalier.

SUl' le terrain d'aviation

Sur le terrain, cinq avions vibraient. La voix nlonstrueuse des moteurs effaroucha la douceur du matin naissant. Autour d'eux, l'air palpitait. Les nlécaniciens chantaient, les hélices bourdonnaient comme ivres de leur puissance, le 'grand oiseau frémissait. L'aviateur oublia tout pour goûter le bonheur d'être sain, d'être fort et de monter dans l'azur en même temps que l'aurore. J. Kessel.

Le départ de l'avion

Voici le pilote elumitouflé dans sa conlbinaisol1 -de toile ca­outchoutée et fourrée, la tête sous son casque de cuir jaurie, le visage aminci par le passe-montagne, les pieds informes à cause des chaussons doublés de peau de ITIOuton qu'il porte sur ses sou­liers. Il examine soigneusement le biplan, inspecte, les COlUluan­des, éprouve de la main la tension des haubans d'acier. Il se his­se dans la carlingue suspendue entre les nlâts légers et les toiles fragiles. Il s'assied sur son siège, s'attacqe, vérifie les instruments. L'observateur grimpe à son tour. Il dispose sa ,carte, vérifie 'sa mi­trailleuse, exaluine l'antenne de T. S. F. Le mécanicien lance la grande hélice d'acajou. Le moteur gronde. L'avion vivant frémit, tremble du désir du ciel, souffre des cales qui entravent ses roues, des bras qui arrêtent son essor et l'enchaînent à terre. Le pilote fait alors signe d'ôter les cales. Il abaisse ses lunettes sur ses yeux. Le vent de -l'hélice ;courbe l'herse rase, puis l'avion libéré

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court sur le sol, de pltis en plus rapide, et, tout à coup, il y a du jour sous les roues. Il plane sur ses ailes inlmobiles. Il s'élance dans l'azur. Jacques Bou/enger ..

Un avion passe

Très haut dans le ciel bleu vif était suspendu un avion blanc qui glissait à travers l'atnîosphère. L'air ét~it pl~in .d'un ronfle­ment d'acier et tous les gens, dans la vallee, qUIttaIent leur ou­vrage. Ils sOl:taient en courant de leurs maisons et :egaLdai~nt au ciel. F. Tzmmel'mans.

Exercices d'application

S'en référer au numéro -du 15 octobre,

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le parag.raphe - La rédaction

Vous voyez passer dans le ciel un avion. Essayez de vous re­présenter la somme d'efforts persévérants qu'a nécessités une telle invention. Vos réflexions.

Conseils, - 1. L'apparition de l'avion. - Ce qu'mi entend d'abord. Ce que l'on voit ensuite: un l1lonoplan, les deux ailes étendues. Au-dessus le ciel bleu. Vole-t-il haut?

2. La SOlTIIUe d'efforts qu'a nécessités une telle invention. -La conception d'abord de l'appareil. Le travail de l'ingénieur. Ses plans, ses calculs. Ses déceptions. Sa satisfaction ·ensuite,

Puis viennent les travaux des coi1structeurs, des ouvriers, des spécialistes. La construction délicate, difficile du moteur, ~a. mise au point de ce dernier. Le travail de l'acier, du fer, du bOlS. La besogne Ininutieuse des ajusteurs.

Vous rappellerez les progrès fonTIidables accOllnplis dans le domaine de l'aviation depuis ,quelques années. Vous rappellerez les premiers essais des homn1es volants; la preluière traversée de la ~1anche par Blériot. Et aujourd'hui! ...

3, Vos réflexions. - L'aviation est une des plus merveilleu­ses découvertes de l'humanité. De plus en plus elle supprime les distances pratiquement par suite de la vitesse progressive de l'a­vion par suite aussi des services réguliers institués partout, de son ~tilisation sous une fornle rationnelle, de la sécurité. Hélas! pourquoi faut-il que cette magnifique invention serve à répandre la mort et la destruction ?

II. Vous êtes en récréation. Un bruit de moteur dans le ciel. C'est un avion. Il approche, il passe, il s'éloigne, il disparaît.

Aattitudes, conversations, réflexions des élèves pendant cette scène.

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Sujet .traité. - La récréation bat son plein. Tout à coup, mon oreille perçoit un léger ronronnenlent qui grandit rapidement. A n'en pas douter, c'est un avion.

Vite, les écoliers cessent leurs jeux let, le nez en l'air, se mas­sent au centre de la cour. Brusquement l'avion, que l'église voi­sine nous dissimulait, surgit majestueusement et survole l'école en faisant un bruit infernal. Il s'éloigne rapidenlent, décrit une courbe gracieuse, passe une nouvelle fois au-dessus de nos têtes, à faible altitude, et, après un dernier virage sur l'aile, le gros oi­seau prend encore de la vitesse, se dirige vers l'est puis dispa­raît à nos regards.

C'est un appareil n1ilitaire suisse; on distingue nettement la croix blanche et les initiales C. H. :Malgré la fréquence de leur passage, les avions ne nous laissent jamais inlpassibles, mes ca­marades et nloi. Les petits les saluent de leur lnouchoir ou de leur béret en poussant des cris de joie, tandis que les grands échangent leurs impressions.

- Tu as vu, dit Pierre, ,quel virage sur l'aile ! Je pensais que le monoplan allait s'écraser au sol.

- C'est un nouvel appareil ultra-rapide, précise Jacques ,qui se passionne pour l'aviation.

- Encore quelques années et ce sera mon tour de piloter un tel avion, dit Louis, qui tout songeur fixe le point du ciel où l'ap-pareil a disparu. .

Les vertus se Iperdent clans l'intérêt comme les fleuves dans l,a

ILa: Rochefoucauld.

,portabil-es et m8Jchines de bureau, neuves et d'ooca.slion

Vent!:', 'lolcation, éohange; révisiorus 'Par tecihniden ditpl1ôané.

PAPIER CARIBON'E RUBANS

El' n r er, • 1 •

- 261-

SCIENCES NATURELLES

L'Ruion

1. Forces agissant SUI' ['avion. - Quatre forces agissent sur un aéronef en vol: ,la propulsion produite par l'hélice entraînée par le moteur, la portance réalisée par les ailes et le moteu~, .la gravitation qui attire l'appareil vers le sol et la traînée ou reSlS-tance de l'air.

2. Organes de l'avion. - Organes passifs: le fuselage, le t~'ain d'atterrissage, le radiateur, l'appareil de T. S. F. Organes actIfs: le moteur, l'hélice, les ailes, les gouvernes ou commandes.

3. Le fuselage. - 'C'est le corps de l'avion, la carcasse. Il est constitué en poutres légères, en treillis, en bois contreplaqué, en aluminium. Il est aérodynamique, car sa forme est conçue de façon à donner le moins de prise possible à la résistance de l'air, la traînée. (Forme hydrodynamique, celle du navire.) La carlin­gue abrite les pilotes, le lnécanicien, le radio-télégraphiste.

4. Le train d'atterrissage. - C'est l'organe de départ et de contact avec le sol. Il comprend un bâti solidaire du fuselage et un train de roulement comportant un essieu et deux roues. L'hydravion a des flotteurs; l'avion anlphibie, des roues et des flotteurs qui se lèvent et s'abaissent au gré des nécessités. Dans un avion aérodynamique, le train d'atterrissage s'escamote dans le fuselage sitôt après le décollage, ce qui diminue sensiblement la résistance de l'air de la traînée.

5. Les radiateurs sont nécessaires pour refroidir le moteur. Il en existe à eau froide et à air.

6. T. S. F. - Les avions de transport, les avions postaux et les avions militaires sont lnunis d'appareils récepteurs et émet ... teurs de T. S. F. C'est pour rec~voir les comnlunications venant du sol et pour transmettre les leurs. Pour les atterrissages de nuit, la radio-balise entre en fonctions.

7. La voilure. - Elle comprend les ailes en toile ou métalli­que. Les ailes sont tendues par la lnelnbrure, les longerons et les entrecroises. Elles peuvent être rectangulaires, trapézoïdes, ellip­tiques et en fonne de V. Cette dernière forme est la plus aérody­namique. Avec une paire d'ailes, on a un monoplan; avec deux, un biplan; avec trois, un triplan; avec plusieurs, c'est aussi un multiplan. C'est le monoplan qui dOlnine. Sur le bord des ailes sont les ailerons, espèces de volets mobiles pemnettant d'incliner et de relever les ailes dans les virages ou de rétablir la' stabilité de l'avion.

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8. Groupe Inotopulseur) moteur à hélice. - Le moteur doit offrir le maximum de rendelnent avec le Ininimum d'enconlbre­~ent. Le moteur Diesel est lourd, nIais il a un grand rayon d'ac­hon. Il conSOInme du mazout. Les autres llloteurs sont alimentés par la benzine. Les réservoirs à carburants sont en tlnétal léger, duraluminium. Les tôles des réservoirs sont soudées et rivées. Elles doivent être insensibles aux vibrations, inattaquables aux oxydes et à l'eau de mer. Ces réservoirs sont placés ,près du 'centre de gravité de l'avion pour que la consoInInation ne produise pas un déséquilibre. Ils sont pourvus d'un vide-vite pernlettant de libérer l'essence. Il existe des avions monomoteurs binloteurs tri­moteurs. Pour le parcours Zurich-Londres, par eX~Inple, l'aér~bus postal charge 1800 litres de benzine ou carburant. .

9. L'hélice. - Elle fait partie de l'organe propulseur. On peut la comparer aux roues Inotrices de l'automobile. Le Inoteur la fait tourner jusqu'à 2600 tours à la n1.Ïnute. L'hélice a un Inouve­ment de rotation et un autre de translation en vertu duquel elle se visse en quelque sorte dans l'air, pour faire avancer l'avion. Elle est en bois ou métallique; elle conlprend deux', trois ou qua -' tre pales. L'avion porte en plus plusieurs petites hélices qui agis­sent co.mme des nlagnétos sur des génératrices pour l'alünenta­tion électrique de l'appareil de vol.

10. Gouvernes ou comlnancles. - Le gouvernail se trouve dans la queue de l'avion. Le gouvernail de profondeur est formé par un pl~n nlob.ile hori~o~tal; le ?ouvernail de direction, par un plan mobIle vertIcal. Le pIlote agIt sur le gouvernail de profon­deur au moyen d'un levier vertical placé devant lui et sur le O'ou­vernail de direction par un palonnier horizontal installé à El ses pieds, sur le plancher. Le levier porte le nonl de Inanche à balai ou, par abréyiation, de nlanche. Le pilote pousse le manche en ayant pO~.lT la descente; il le tire :\ lui pour la Inontée. Une pous­see du pIed gauche sur le palonnier dirige l'avion à gauche; une po~ssée d~ pied droit l~ fait partÎI~ à droite: Le Inanche, poussé à d,rOIte ou a gauche, agIt sur les mlerons qui se lèvent ou s'incli­nent, en entraînant les ailes dans leurs nl0uvements Le manche à balai et le palonnier sont reliés aux gouvernails et 'aux ailerons par des câbles. La aouble commande est exercée par deux pilotes.

,11. Stabilité. - C'est la tendanoe naturelle de l'avion en plein vol a garder ou à reprendre son équilibre. Il existe une stabilité automatique, et une .stabilité de comnlande. L'équilibre naturel :st ~ro,:oque p~r, le Je,~ d~s. quatre forces : portance, propulsion, t)ravltahon, trmnee. L equlhbre de cŒnmande est rétabli par les manœuvres du pilote.

. 12. Aviation militaire. - Elle comprend trois types d'appa­reIls : le m~noplace d~ chasse, lemultiplace léger de défense et le bombardIer. Leur vItesse peut atteindre 500 km. à l'heure. Ils

L

- 263 ~

sont annés de canons, de mitrailleuses, de bombes. Ils sont pour­vus d'un équipement électrique permettant l'éclairage, le chauf­fage, la photographie autonlatique d'objectifs, le déclenchelnent électro-lnagnétique des bOInbes, le fonctionnement de la T. S .. F. Les hydravions militaires sont catapultés du pont du navire porte­avions pour pouvoir s'envoler .sur les mers.

13. L'avion postal. - Il transporte les leUres, les colis,- les voyageurs. On y trouve un certain nombre de places assises, un restaurant, des toilettes. Par exem~ple, ' l'aérobus postal qui fait le service entre Zurich et Londres offre vingt et une places pour voyageurs; son poids total approche de 10,000 kg. et la durée du parcours est de 3 heures.

14. Aérodromes ou aéroports. - Le départ et l'arrivée de l'a­vion se font sur un aérodrome. C'est une place assez vaste, amé­nagée pour permettre aux appareils de vol d'évoluer avec facilité et sécurité. L'aérodrome peut se comparer à une gare avec ses restaui'ants, ses salles d'attente, ses bureaux, ses guichets, ses ter­rasses, ses nlurs tapissés d'affiches, son va-et-vient de voyageurs, d'employés, de curieux. Il existe, en Suisse, des aérodromes civils à Zurich-DübendOI~f, Berne, Bâle, La Chaux-de-Fonds, Lausan­ne (Blécherette), Genève (Cointrin), Locarno. On y prend l'avion pour se rendre à Berlin, Vienne, Londres, Paris, ROIne. De là, d'autres services conduisent à d'autres destinations et même jus­qu'au contrées lointaines -de l'Amérique, de l'Afrique, de l'Asie et de l'Australie. Avant d'entreprendre un voyage en avion, on s'adresse au service des renseignements des aérodromes ou à une agence de voyage. (Pavoni, Aubert et Cie, Banque populaire.) Toutes les indications concernant les horaires, escales, bagages, assurances, prix des parcours sont fournies gratuitement et ra­pidement. Du « IBulletin pédagogique de Fribourg ».

GEOGRAPHIE

Canal à écluses et bateaux Le cemal. - C'est un cours d'eau artificiel, c'est-à-dire c~eusé

de main d'homme. On s'en aperçoit. à la régularité de son tracé, aux berges surélevées provenant du creusement du lit, au~ che: mins qui le longent, aux arbres qui bordent ces chemins extérieu­rement, à la constance relative du niveau de l'eau ... Le canal a très souvent pour voisine une rivière naturelle, située un peu plus bas, et les ruisseaux qui s'y rendent, du côté du canal, passent sous celui-ci sans le couper, dans des caniveaux maçonnés.

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Barrages et biefs. - Tandis que cette rivière coule plus ou moins vite, le courant du canal est presque nul. S'il l'acconlpagne assez longtemps, il descend .pourtant avec elle; nlais . il descend par à-coups, de loin en loin, brusquement, et là, un barrage re­tient l'eau, en règle et en modère le débit. Le cours du canal est ainsi divisé en sections appelées biefs ou biez (prononcé bief ou bié) , qui sont presque horizontales, d'où l'extrême lenteur du courant. Cela pennet d'y retenir une eau abondante et profonde, capable de porter de gros bateaux. Opposer le canal à la rivière naturelle, où il passe beaucoup plus d'eau, nlais à telle allure que la profondeur y reste faible: le lTIoindre canot en racle le fond de temps à autre.

Il est clair que les barrages du canal sont d'autant plus rap­prochés - les biefs d'autant plus nombreux - que la pente est plus considérable.

Les bateaux. - Ils sont ordinairement en bois, matière qui floUe d 'elle-lnême ; lnais leur flottabilité tient surtout à ce qu'é­tant creux, ils déplacent un volunle d 'eau très supérieur à celui de leur s parois. En faire évaluer à vue les trois dimensions: la hauteur est souvent peu visible, la largeur est ,assez faible pour que deux bateaux puissent se croiser facileU1ent. Sur les trois di­lll ensions, faire calculer la capacité approxiInative, COlnlTIe s 'il s 'agissait d 'un prisme droit rectangulaire: elle est considérable, il y a place pour beaucoup de tll1.archandises. Si elles sont lourdes, - pierre, sable ... - le bateau émerge peu, conformément au prin­cipe d'Archinlède. Pour les marchandises qui craignent la pluie, il y a des bateaux b âchés ; il y en a mên1.e de pontés - le pont n 'est qu'une toiture basse en hois grodronné.

Le halage. - Le courant est trop faible pour transporter lui-mênle les bateaux qui descendent, lllais c'est un avantage précieüx pour ceux qui lTIontent. Ils n e sont pas autOl11obiles : on les hale au llloyen de cordes, qu'on tire des deux rives - des chemins de halage. Sollicité à droite et à gauche, un bateau ne va ni d'un côté ni de l'autre, si les deux efforts sont convenable­ment proportionnés: il avance dans l'axe du canal, avec l'aide occasionnelle d'un gouvernail qui permet d'en modifier la direc­-tion. Deux bateliers peuvent suffire à le !l1l0Uvoir, mais la traction est faite plus ordinairelTIent par des ânes ou des lTIulets : force toujours modeste, qu'on s'étonne de voir actionner la l11asse énor­me du bateau. C'est que le mouvement reste lent, ce qui rend très faible la résistance de l'eau, qu'atténue en outre la forme arrondie de la proue. On ne saurait d'ailleurs accélérer l'allure, car les barrages doivent être abordés sans vitesse, crainte d'ccident . .

Le bateau a un logis et une écurie, auxquels on accède de la l'ive par une passerelle volante.

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Ecluse. C'est un:e construction intermédiaire entre deux biefs consécutifs et qui pernlet de faire passer un bateau de l'un à l'autre sans les amener au mênle niveau. Il y a donc là deux barrages, deux portes, séparant l'écluse des deux biefs. For­tement charpentées pour résister à la pression de l'eau, ces por­tes sont faites chacune de deux battants qui, en se joignant, for­ment un angle dont le sommet est. tourné vers l'amont, d'où il résulte que la pression les appuie l'un à l'autre.

Considérons un bateau montant, et supposons ouverte la por­te d'aval: il entre sans peine dans l'écluse, où l'eau est au Jnême niveau que dans le bief inférieur. La porte du bas fermée, il faut ouvrir celle dù haut, mais cela ne peut pas se faire sinlplement par la manœuvre de ses battants, parce que: 1. la pression de l'eau opposerait une résistance invincible; 2. le flot entrant se­rait si violent qu'il projetterait le bateau sur la porte du bas et enfoncerait celle-ci . On n'ouvre donc qu'une vanne dans la porte du haut, de lnanière que l'écluse mette à s'emplir quelques minu­tes. Le bateau est soulevé progressivement, malgré son poids; son ascension n'est que la contre-partie de la chute de l'eau du bief d'anl0nt dans l'écluse. Leurs niveaux. égalisés, on ouvre sans pei­ne la porte qui les sépare.

Considérer le cas d'un deuxièn1e bateau l11ontant, puis celui d'un troisième ... L'éclusage de chaque bateau déverse du bief d'amont dans celui d'aval un volume d'eau égal à la capacité de l'écluse, diminuée pourtant de ce que déplace le bateau. On ré­duit cet écoulement au nlinÏ.lnUlTI en faisant les écluses étroites.

Examiner le cas d'un bateau ' des~endant : décrire l'opération.

Remarquer que, pour faire passer deux bateaux consécutifs en sens contraire, il suffit ordinairement de relnplir et vider l'é­cluse une fois seulement.

La fenneture et l'ouverture directes des portes et des vannes seraient très pénibles; on les manœuvre à l'aide de leviers et de roues dentées actionnant des crémaillères.

Canal latéral. - Toute rivière naturelle COIDlnence à sa sour­ce; y a-t-il quelque chose d'analogue pour un canal? Distinguons les canaux latéraux et ceux de jonction.

Un canal latéral longe une rivière, de plus ou lTIoins près; son bief supérieur s'alimente à cette rivière, l'inférieur s'y déverse. Le canal en est donc ce qu'on appelle une déviation: c'en est un deuxième lit, lit artificiel et divisé en biefs, où l'eau ne descend que par à-coups et par petites quantités, comme nous l'avons dit. Cela permet, répétons-le, d'en conserver un volume et une pro­fondeur considérables. Avant qu'on creuse le canal, l'eau passait toute à la rivière, et cela ne suffisait pas à la rendre navigable ... Il la rejoint là où elle le devient.

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Canal de jonction. - Il joint d'ordinaire deux nVleres navi­:gables, en passant sur un seuil de terrain qui les sépare. Seuil fort large - canal long - mais bas, et franchi en un point bas - une sorte de col. Là est le bief supérieur, d'où l'eau descend sur les deux versants, allant aux deux rivières. De chaque côté .de ce col, le terrain, plus élevé, a des plateaux dons les eaux plu­viales vont au bief supérieur . . Les ruisseaux ne s'y jettent pas di­rectement, d'ailleurs: on en reçoit l'apport dans de grands ré­servoirs intermédiaires qui permettent de régulariser l'alimenta­tion du canal. Cela ne pennet pas toujours d'en éviter le chô­mage en été.

Utilité. - Moyen de transport très peu coûteux, mais qui ne 'convient pas à beaucoup de lnarchandises, à cause de sa lenteur.

C. IVlorisot.

Intéressez les élèves au canal du Rhône au Rhin; indiquez-en le tracé. Montrez quels en seraient les avantages pour la Suisse, pour le Valais. Signalez les grands canaux inter-océaniques, leurs particularités, leur importance.

1 INlFORJMIATliONS 1

PÉDAGOGIQUES ~ ~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~

Chez nos voisins

« L'Educateur» du 10 janvier nous apprend:

a) que le Grand Conseil du canton de Genève n'a pas accep­té en bloc le projet d'arrêté du Conseil d'Etat concernant le traite­ment des fonctionnaires et allocations de vie chère.

Il y a apporté des mesures restrictives qui atteignent parti­culièrement le corps enseignant féminin. Il faut rappeler qu'il ne s'agissait pas d'une augmentation des salaires, mais d'une at­ténuation de la réduction subie par les fonctionnaires depuis 1934.

b) Que le chônlage sévit dans le canton de Neuchâtel au sein du corps enseignant, où le nombre des chôlneurs s'élèverait à 200. Les instituteurs proposent de limiter les candidats et de concentrer l'enseignement pédagogique dans une seule école nor­male; à défaut de quoi ils demandent que l'on fasse une sélec­tion parmi les stagiaires et ,que l'on réserve le droit de postulaiion aux meilleurs éléments.

- ,267 -=-

c) Que les instituteurs du Jura-Bernois delnandent d'être mis au bénéfice d'allocations de renchérissement comme les au­tres fonctionnaires et salariés de l'Etat de Berne et que le légis- ' lateur doit agir par voie de décret pour éviter la votation popu­laire. Ils proposent aussi la lnodification de la loi scolaire afin de supprimer la disposition légale prévoyant la nonlination des , instituteurs ' par l'assemblée primaire.

B IBLIOG R APHI E

pâ~s en rIeurs 1)

·C' est un meSS1élJg e .qui nous vient d"un frère éù'oigné et ,qui s'élJdres- \ S 6 à tous ,les Valaisarus'; une s:orte de ,chant d e ,re'connais sance et d 'amour a u p ays; un serment ,de fidélité.

De 'loj.n, Jean Grav,eIn a ·chanté et ,pleuré s'e'lon l 'état d'e Bon àm e, des ve-rs qu'on ,ne lit !pas s,an s 'pJaisir ni -Uerté.

Avec Ifierté. Car c'est :peut-être la voix la p.lus P'UiJ' E' ·.qui a.it cé­·léùJré le Valais avec autant de Tichess'e, .d'ai,sance et de tendressC' ... · Je ·ne C'ompare pas id les romancier et ,les 'Poètes .. Les :premie'rs ont : une mis'S,ioTI drf.féJlente des seconds. ILes Iprem.iers burinent dans l 'âm.E' d'un Ipeuple, s,c.rutent ·sa vie jusque dans Tes détaHs et 'cam.pe.nt de.­vant nous des épisodes d 'une existence. Les scroncLs" ·e'n revanche,. BO.nt eeux qui ,Cihantent, qui sont nés 'pour ohanter, qui, avec des .mots sitJllJples, modèlent devant noü's des ,figUTE1S inoublialhles dan.s leur ·pureté. Ceux qui s'avent faire pile.ureT; ,qui v.ont vibrer ,les· .'Plus se··. crètes Ifibre.s de nous-.rri:êmes.

Jean Graven e:st un dec-e'ux-.1là. On ne iPourl'a ja'l.n.ais le dissocier du Valai,s. C'est som rpays, s'a ,r.ai·son de viv-re. Et 'ma,lgré l'exil où le fm'·ce !sa -pro!fession, c'e·st en V·alai.s qu'il r.evient puiser dE'S fo,rce,SI, s'i,mprégner de .la ,confiance Ide ,ce peuple de travahlle'UI's.. ,Ce « pays arrêté 'entre la terre et tl,eS' deux» ,f,ait Ipartie - on le ·s'e/nt - d.e tou­tes ses pensées les ,plus selcrètes. La terre l'a ,conqui.s' Eln entier de­[püis ·touj-oü'!'s. D'.ai,~leurs, OIn 's'.en rend co·mpte là 'chélJcun de ses. v·ers; GIIaven n'est pas le' Ipromeneulr indi,fférent qui s'ubiten1!ent s',e:xtasie devant un iIDor'ceau de lIlotresol... Lui, c'est l'enfant d'li :pays·, ,sim'ple 'comme tout le mond,e, ,qui comprE'nd s·es Ihwbitants et ,qui par ,consé~ ,quent les aime. .

1) Un beau vOlr~me de Jean ,Grav.en, aux Editions de La BaJcon­ni ère, Boudry, ' Neuchâtel.

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-t 268 -

« Pays 'en Fleurs » est ,né .de Il'amour m1Ï<qu81ment. !L'auteur n'.a 'pas voulu montrer d'au'tres Inérites que 'celui ,de la fidélité à sa patrie. Sa voix ,s'est faite beHe Ipour Ile dire.

,Car G.raven, en écrÏ\'laJIlt 'ces ,pa.ge·s, n ',a ,certainement :pas 6'ongé avant tout à quelile 'cadenae ,se vE,nd:rait son .livre. IiI ,a eu oon.science de nous donner que,lque ,Clhos,e de rare - un bo:n vin qu'on déguste entre amis - um. 'ca;deau précieux. Peu importe .alors ·que .l'ml vende son œuvre ·à des 'miLliers d'ex emrp.1air e-s. Avant tout il s aclre'sse aux 'cœurs ,quoi r·es,sentent ,la même tendresse qu~ 'lui.

« Pays E'n Fleur,s » est .dono ,un livre à tlire par ,étape!s',' comiJ.ue .le vin qu'on 'boit par lentes gorgées 'Pour en savourer tout ,le fumet. Il ne ,se livre Ipas tout entier au pre'mier ,contact; ill ,faut avoir ,le .cou­ifoag.e de le J."I8Jprendre pour découvrir tout ·ce qu il co-ntient de beau. Le ,courage? Que dis,-je! Point n 'est besoin ,de f.aire un 81ffort de vo­lonté Ipour relirE' 'ces ,poèmes. Hs a.giTont tou's avec une teUe insistance sur vous 'que vous n.e ,rés'iste.rez Ipas à la joi,e de Iles retrouver. ICe n'est qu'en ,ae imomelIlt qu'Hs aUil~ont toute ,leur sav,eur.

Par ,« Pays en F.leurs », 'Graven prouve qu 'i,l est 'poète, le ·ooantre de notre ter,re. Nous Le .connais,sions !par la Fête des Vooda.Thges pour ;laquelle il1 écrivit dE' si .beNe,s ,choses déjà. Diverses' revues' où 11 a publié de's vers - tous venufS de 'cette même souI'lce - nous ont a:p­pris à ,mieux l'aimer 811oore. On ,a tOUjOUToS 'senti que son cœu.r avait beaUlcou.p de ,choses à nous dire.

Ce livre ,co'l1lfirm.e nos :premièroes impressions., La .preuve de son talent est maintenant vivante, ·d,evant nous, avec 'ce :pTéCliE'UX « Pays en F,leur-s» 'que nous attend'io:I1s ·sans ·i,mpatience. (Car on ,attemd ja­mais .avec impatienoe !Un ibÛ!I1 Ifruit . .on ,lui .laIsse le temps de se dorer au solœl, de mûrir .. )

J.ean Graven a écrit ·ces poèmesavEtc .ais!ance. Il a Lais8'é .paI'11er son 'cœur, simple,ment. Rien n'est forcé dans c.es pag,es auxqueHes on reviendra toujours avec s'YilDjpatJhie.

GT.aven a ,longuement .appris son 'métier; il le ,possède maintenant. Aucune contrainte .da.ns sa phrase; ·rien de gauche dans son vers ,qui 'coule ·colmme l'.eau de la ,s,ource. Il ·Sle 'contEtnte de traduire en Janga,ge d .air, souple, ,harmonieux, ,ae que -son 'cœur 1uli dit.

Et .personne ,qui ,puis8'e lui reproooer une tendance qU8Ikonque, ni une faiblesse'. Ces't un homme consc.iencieux a\ I8'~ son art, qui di-t quelque ,ohose ,parce qu'i11 en TessEmt Le bEtSoin, lihre'ment, ·comme iJl l'e juge utile. n ,n'y a qu 'une façon de bi'en ,éJcr,i;re. ILa ,sienne e,s-t la bonne.

Ali' cours de 'C:S'S pages Graven a été .dur enver-s .lui-m'ême. ,p.arce que 'ce qu'il avait là dire valait la peine d',être bieifi dit. Il a 'choisi le mot juste, qui ,chante 'par hü-mêmE'; i.l a trouvé des .rinl8S rioc'h.es, ,comme un musicien Ipour qui .co·mpte ,l' a.cror,d doux ·à ~'oreiUe. .

Graven, on ne le répète.ra jamais ·assez,· ·est un vérita!b1le enfant valaisan. Pèlerin de nos véùllée,s, il a s u compl'endre nos populations '

- 269-

et il a gra,.vé en des vers ,qui lui 'survivront Coe qui dem,euJ.·e -de' beau dans ce ,pays en f.l euil"S. IPou'l'tant il a trouvé des aocents dU:J;s et gra­\ 'E'S, parfois. Par·ce qu 'il y a IpLus souve.nt -des pie·rres. que :de·s fleurs dans ·ce Ipays.

n aime .181 travai,neur. Il faudrait citer en enti8!l." ·cette « G.loire de notre Vigneron )} qui e1s,t autre 'chosle que de lIa s.imple littérature. Il faudrait 'Citer tous .les Imots :de « L',hiver », -de « ,l'Eté » et comJJien d'autres encore -où il n'y a pas une défaillance.

A'près Rilke, Graven a écrit de s ve·rs lEts plus purs 81.11' netre terre. Et ,Graven nous Ip,romet autr.e chose ,encore. « La Symphonie Valaisanne» com.prendra plli'sieurs ouvrages dont «( Pays 811 F leur,s» est ,le ipremier . .Nousatte,ndons la suite com,me le paysan qui regar­de mûrir son blé, avec c,alme.

,Mais il faut s.ouhaiter que Je·an Graven nous donne Ip lem:;,>:; cIe déguster son prem ier Hvre, de Ilaisser fondre 'Sur la l:tngu./3 ses -y" ars où ,coule un goût de râcl ette, de soleil et de vin. Que :l0 ' ,s puissions comprend.Te son premie'r message qui ne s'a;va.le pas COll'.me ces tex­tes billets de caramE'ls, mais qui a besoin de .fermente·r qnelque tem,ps en nous.

Le Valais est heureu'x de « Pays en F leurs ». Jean FoUnnier.

Pour \708 lectures

o.n ,se :plaiInt parfois de'la sécheresse :de notre !littérature ro'man­de . .caJ.' les ouvr a.g es venant de France étant extrêm-ement .r.ares, on S'a ·croU isolé de toutes l.es produr.tions -de l' es'prit. iNous avons· fait de l,a France notre nourri,ce ·srpiritueLle €·t bien ·souvent nous avon s volontairement méC01l11UI nos auteurs romands,. Cet .état de ,ohoses tend maLheureu·sem.ent à continuer et' Iparce que la France ;ne nous envoi.e f>resque .plus rien on s'i.magine que Ile .reste ne méritE' 'Pais mêm,e d'être lu. Et l'on se ,contente alo.rs du journal P 0.1 i ti.qu e.

'Pourtant, C'hez nous', d'ex·celtl·ents ouvrag,es voient Ile jour. De,s ,l'ivres 'que Jl'hésiteraient pas tà sÏJgner l,es meil1e,u:rs- auteurs français de l',époque. En voici qU'€tlquel8'-uns pUlbliés par les E'ditions ·d,e !la Ba.connière, Neuohâtel.

{( Destinée », d 'Hélène Cha,l11pvent, 'mérite beaucoup d 'éloges. P,ar­Coe 'que l'auteur, ,qui est ·un 'poète, a ·des a-c,ce,nts profondém-ent vrais,. raI' ,la m.agie de ,sa ·p'brase, il évoque .les grandes dou1euJ.'s de l'â:me. Un ,sÎ1TIlPle mot, m·ais tloul'lCl de sens, m,ais là sa plar.e su fifit tà HéLène üh.a;mpVE!Ilt !pour trace:].' devant noUiS tout un état d'âm,e . . Ced est peut­être un des plus grands ,s'e'CTets de l'art.

Agnès est ,le Iper8'Ollliéùge 'central de «,Destinée ». Jeu'ne fille .aé­,rienne, qui ,f,lo,tte .dans tounes les :f,euiltleSi ,du livre sa.ns .ja;m~ais ·s'y

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arrêter, Ico.rn'Ine un Ip'llJ.pil'lon, une nébuleuse, et ,qui IS61mlb.le avoir un 'cœur fait pour autre ,chose que le bonheur. E1-le nous ,est ,ce,pendant extrêmement sympathique, nous 'parüligeons ses déchirements se,crets, ,ses espoirs ir;réalis,ables.

Tout 'le récit vit étrangern'ent ISOUS la <plume de l'auoteurr qui a un i'nstruID'ent tragique !par moment, mais toujours humain.

Par « Destinée» Hélène Charnpvent mérite une bBi!J}'e !place d 'ans Jes .lE-ttres romandes. Elle honore la bonne ~litté.rature.

*** Jean Gabus nous entraîne réell'em.ent au ,bout du monde. Il ,a fallu

deux talents qui ·se comp.lètent aJdmiraililemen't - ·oelui 'd,e J,e·an Ga­bus et de ·Marcel North qui illu'Stre ,à Ime'rveiJile tous le,s ,chapitres du livre -- ,pour que revive là ,nOB yeux toute ,l',é,po;pée du Pôle No,rd.

Tous ces hO'Inmes ,qui ,avaient besoin d'espa:c.e, d ,ésireux de 'r.on­quérir du .pays 'par -leur cow'a:ge, sa,ns armes, sams vers'er de sang. Tous ,ces hommes, de Pythéas à Peary,8Jll passant par .Franklin, Nan­,sen, AndTée et tant d'autres, et Iqui ont voulu connaître .le my,srtère des neiges infinies du \bout de .la terr.re.

C'est u'ne ,bene histoire, une histoire :grandiose, qu'il :faut 'con­naître. L.a IcOtIliquête 'paci.fi'que d',une !partie de la terre.

Jean ,Gabus fait ,partie de tous ,ces :poètes ,ex,plorateurs qui ont besoin du g,rand sou.ffle. ,« Au bout du :M1onde », esi un bea'u llivre', écrit avec as,surance, s,impl1cité et fior,ce. Et 'rnagistr,ale-ment itl'lustré.

Je -lai'Slse au lectE'ur d' « Au Ibout du lM1onde» lIa joie de découvrir et d'aimer c:ette Ipartie de .la terre. tL'oc(',as-ion de s 'évader ave,Co Jean -G.a­bus v,ers ,les lieux qui Iparlent de grandeur.

*** On a souve.nt 'conté la vie ode sociétés v~IJ'llJ.geois'es où il n'est ques­

tion que de réunions, ,discou;r,s, Ipolitique. C'était fatigant, par,ce que trop souvent le livre devenait une .s-ortE' ,d',ap'Ologie des fOIl~ces qui divisent et détruisent.

Allbert Muret n'a Ipas rfai.lli. IJ In'a connœ aucune ,de ceS' failbile,sses,. Pourtant, av·ec « Le,s 1-8'55» .il nous re,late la vi,e d'une sodété d.e 'C'O'Il­te,rnporains, ,ceux de « ,55». Il nous !parI,e de réunions, 'maisave'c que:l entrain endiablé elles 'se dérou.lent!

On ISE'llt dans ces lignes battre .la \'ie od'une bOU1~gaJde vaudoise: les vignerons, l'entre'prenel1r, le dodl-ard « qui .lance ·ses cTaClhats dans Je lac ». Tous ,sont nés au milieu -du ,sièalede la vapeur.

W~ais, -plus loin, avec ,ces ,homilnels, 'c',est la soci'été tout entière qu'i nous 8ùlparaît.

E'crit sans gaucherie., simplement, ·ce ro-man nous lais,se Iplein de re,grE'ts ,s.a .le,cture achevée. Nous ,avons vu naître -des hOlrnrnes. Puis vivre. Pui,s mouri:r . Nous les avons vu ,souHrk, al1e,1' la min dans la

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main mus pal' le bel idéal de ,camaraderie là .la bas'e .des statut~ ,d'e , . '1 TIble que nous voud1'l0ns 185'5. No,u,s .8'OlIl'l11eS ,devenus 'deS' a;1111S, I ser , . .,

pleurer quand la tEtrre se re!ferme sur eux, au ' c~iIn.~tIerle. . . , Et ,p.ou-rtant Il'action se déroule en un ode'lnl-BIec.}e. \Mlalls 11 n y a

Ipas une lacune dans .le récit, pas 'unE' .sur,cha.l,g~. Al-~ert !1V1lurret nous' tient en, hal,eine, s'ans ces,se. Il faut lui en saVOiT gre.

*** .William Pel'l"lenoud a bien fait de traduire ,et '~e Ipréfrucerr ~0U'l'

nOli'.s « ,Conducteurs de IPeupiles », ode '8-CJhille-r. tCertam,es. ,conclU!slO~1.S qu'on tire de ce rérit hi,sitoil'i,que ,porurraient se,rvir de l\lgne d,e 'con-

-duite à qUE.lques diri\g.e,ants actue1s, Et en lisant ·ce Ipetit livre, mouS -découvrons un Sc,ruJoloelJ.' historien,

fougueux, Il'op,le et ,pllein -d'éneI1gie.

*** L'eXocelle:nt ,critique v,audois, Emnla.l1Ue'l IB-uenzod pulblie un .if01:t

bel ouvrage ,su'r la .littérature ,pré-c-ontemporaine_ « Une époque lItte­;raire 1890~1910» nous donne une t1,as belle vue d'ensem.ble .de ~E'tte péri;de féconde, une -des rp.lU!S !bellels -de Il"histoire ·des· l,e-ttres françaIs,es. Une vingtaine d.es 'meüleurs rep-résentants de 'ce,tte e'P0que ,so~t, ana­lYlsés ,avec .finesse 'E,t subti,lité. :Beaucoup d~entre eux sont tires ~~ ,l'ombre. Car Buenvod ,a s,ais.i 'ce qu'il y avaIt -de d.uJoable -daJns lem,s œuvres. Ceci rcomble,ra une ,gr,atnde lacune, ,car ,cÛ'~nl)len e'Il1?ore ~e 'con­naissetrlt pas ou pll' esque pas J.-K. HUy8'mans, ,PIer~'e LOUIS,. ~egu-y et ta;nt d-'autres dont Buenz'od nous Iparle avec !Clarte ,e,t 'COIliCI,swn.

Un liw'e ,agréable, Iqui ne lasse :pa.s ipar trolp de oCita.tiOl1S ,0:1, d,e f.aits d'o,rdre -cohronologi'quE" mais qui a ,le grand souf'·i de .la ver.lte.

J . F.

t Mort de :Mgr Eugène Dévaud Un grand ;deuil vient de ,frapper l~ cantOI~ et l'l!niversité d:

Fribourg. Mgr Dévaud n'est plus. La SCIence pedagogIque. e.I~ paI­ticulier perd en lui un de ses représentants les plus qu~hfles. Le Valais a, lui aussi, bénéficié des méthodeS et. des enselgnement.s de ce grand pédagogue dont une plume amIe retracer~ l~ cal­rière si féconde dans le prochain numéro de l'Ecole Pl'lmazl'e.

En attendant, ayons rune pensée pour ~e grand maître de la pédagogie et prions pour le repos de son ame.

Page 22: L'Ecole primaire, 31 janvier 1942

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