L'Ecole primaire, 15 janvier 1942

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SION, 15 Janvier 1942. No 7 PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE ORGANE DE LA VALAISANNE D'EDUCATION .,1,' :,: "" . .. .. ... .. .. '.: '. AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50 6lme Année. Les abonnements se règlent par chèque postal .\1 c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Sierre -- Les annonces sont reçues exclUSivement par -- PUBlICITAS, Société Anonyme Suisse de Publicité, SION Avenue de la Gare TéléDhone 2 12 36 ----------------------------------------

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Transcript of L'Ecole primaire, 15 janvier 1942

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SION, 15 Janvier 1942. No 7

PARAISSANT 14 FOIS PENDANT LE COURS SCOLAIRE

ORGANE DE LA SOC1~TÉ VALAISANNE

D'EDUCATION .,1,' :,:"" . .. .. ~ '': I ,;!.~.··':~I.,.' ... ~I (,.':.I! . . .. '.: '.

AB 0 N N E MEN TAN NUE L: Fr. 7.50

6lme Année.

Les abonnements se règlent par chèque postal .\1 c 56 Sion, ou à ce défaut contre remboursement Tout ce qui concerne la publication doit être adressé directement à M. CI. BÉRARD, Instituteur, Sierre

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SION, 15 Janvier 1942. No 7. 61ème Année.

L'ÉCOLE PRIMAIRE ORGANE DE LA SOCltrÉ VALAISANNE D'EDUCATION

SOMlMAIRE: CQll\l1lMlUNI.cATIOiNS DIVE.RSES: Films de l'Armée. ~ Un danger pour les enfan.ts. - Sœur Laurence. - PARTIE PEDA­GOGIQUE. - Le sentiment d'infériorité. - Le trésor c'ac'llé dans le cha,mp. - L'édu'cation par la langue materne,lle. - r ARTIE PRATIQUE: ,Langue françai se, ,centres' d'intérêt, 1ère et 2ème se­.maines. - Sciences 'nature'lles, 'Leçons de 'choses. - iBibliographie.. - Nécrolo:gie.

t'i1ms de l' flrmée

Conformément au désir du Général, en vue d'évenler et d'ac­croître l'esprit de défense, de développer le sentiment de l'amour du prochain, de renforcer l'esprit patriotique et l'amour du pays dans l'ensemble de la jeunesse et de la population suisses, l'Adju­dance générale de l'Arn1ée a décidé de présenter cette année, COffi­

tlne l'hiver dernie:r, un choix de filIns de l'armée.

Cette tâche sera assumée, pour la Suisse française, par l'As­sociation 'Cinématographique Suisse Romande.

Dans les localités possédant un cinéma permanent, on pré­sentera le dit programlne aux écoliers, en séance spéciale dans le courant de la journée. Le .prix d'entrée ne dépassera pas 20 ct.

Dans les endroits où il n'y a pas de cinéma 'Permanent, le même programme sera présenté par des équipes mobiles (cinéma ambulant) dans la journée aux écoliers, et le soir aux adultes.

Nous attirons l'attention des autorités scolaires sur le carac­tère officiel de cette entreprise pédagogique et patriotique et nous prions les autorités précitées d'accorder leur bienveillant appui à l'association chargée de l'exécution de cette tâche.

Le Chef du Département de l'Instruction publiq4e : Cyr. PITTELOUD.

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Un danger pour les enfants

Il circule aujourd'hui des nlilliers de véhicules à moteur mus aux carburants de ,remplacement, notamment aux gaz de bois et de charbon de bois. Lors de la mise en lnarche de ces véhicu­les, il est rejeté à l'air libre une grande quantité de gaz nocifs, en particulier de l'oxyd~ de carbone.

Attirés par le sifflement du ventilateur qui propulse ce gaz, les enfants s'empressent de faire Icercle autour de la machine, s'exposant ainsi à de graves accidents, surtout si l'air est immobile.

A la demande de l'Automobile Club de Suisse, nous signalons ce danger au personnel enseignant qui voudra bien en entretenir les élèves. Ceux-ci ne doivent pas s'approcher d'un véhicule fai­sant entendre le bruit caractéristique de la ventilation, et pour plus de prudence, se tenir éloignés de tout véhicule automobile, que le moteur soit en marche ou non.

Le Chef du Département de l'Instruction publique: Cyr. PITTELOUD.

Sœur Laurence En décelnbre dernier nous parvenait l'affligeant message du

décès de Rde Sœur Laurence, trois fois :directrice des Ecoles des filles de la ville de Sion. Par son activité féconde et ,bénie, elle s'était acquis la reconnaissance de tous )ceux qui l'avaient connue, aimée, admirée et dont la vie, à son 'contact, s'était enrichie de va­leurs inestünables.

Marie-Victorine Pittet, originaire de Villars-le-Terroir, dans le canton de Vaud, naquit à Bottens, en 1873, de parents profon­dément chrétiens, aux traditions paysannes vigoureusement an­crées qui marquèrent, dès sa plus tendre enfance, l'âme de l'i­noubliable défunte.

Elle était un des fleurons ,de la couronne de dix enfants qu'au cours de leur carrière fertile comme la terre vaudoise, ses valeu­reux parents s'étaient tressée dans le labeur et la vertu. Deux de ses sœurs se consacrèrent au service de Dieu, l'une chez les Re­ligieuses de la Charité de la Roche, l'autre chez les Dominicaines d'Estavayer. Le reste de la famille demeura sur le sol ancestral, continuant la tradition, reprenant la tâche pour que demain s'a­joute à son noble passé.

Marie-Victorine est attirée vers ce foyer de lumière et de piété qu'est Sainte Ursule, au cœur même de Fribourg. Elle y com­mence des études en 1893, dans la radieuse floraison de ses vingt ans. Novice en 1895, elle fait sa profession religieuse en 1879, et

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débute dans f'enseignement au grand pensionnat de la Rue de Lausanne. En ;1901, elle se rend à la mission que les Sœurs Ur­sulines desservent à Sion depuis de nombreuses années.

C'est l'époque de l'Ecole secondaire qui dispense à l'élite sédunoise une belle culture généraJe à base de langue maternelle, d'allelnand et d'ouvrages manuels, Maîtresse de français, Sr Lau­rence s'applique à doter ses élèves d'un solide instrulnent d'ex­pression, tout de correction ,et de clarté. A l'instar de sa 1nère dont elle évoque maintes fois le souvenir, elle empreint de force et d'énergie chrétiennes l'âlne de ses élèves qui, cinquantenaires aujourd'hui, parlent encore avec émotion du zèle, de la ferme bonté et du savoir-faire de leur inoubliable éducatrice. Rares sont les anciennes qui ont voué à leur maîtresse plus de fidélité tou­chante et d'affectueuse reconnaissance: elles sont, il est vrai, d'une génération où les qualités du cœur primaient les aptitudes sportives et lnondaines.

Si richement douée, ardente à la tâche et d'une inlassable :ac­tivité, Sr Laurence s'impose naturellement à l'attention de ses Supérieures: quand elle revient à Sion en 1908, après une absence de cinq ans, c'est pour assumer la direction des Ecoles des filles qu'elle exerce avec n1aîtrise jusqu'en 1912. Elle la reprend,. avec un succès et une expérience accrus de 1917 à 1924, et enfIn de 1930 à 1933, ayant dirigé dans l'intervalle l'Ecole Inénagère de la Rue de Morat, à Fribourg.

Pour se plier aux exigences nouvelles et à la loi du progrès, l'Ecole secondaire s'est transfonnée en une Ecole de commerce de trois ans avec un cours Inoyen préparatoire. Dans ce cadre nouveau et ce cycle d'études déjà spécialisées, Sr Laurence se lneut à l'aise, étudie et perfectionne les progralnmes, équilibre les horaires, coordonne l'action des maîtres, adapte les Inatières aux nécessités de l'heure, allie, en pédagogue avertie, ' la formation professionnelle à une culture générale largelnent humaine et fé­minine essentiellement.

Diligente et maternelle, sa sollicitude s'étend à toutes les classes pri'maires dont elle sait le rôle primordial. Elle les visite fréquemment, stîmulant élèves et maîtress~s, élevant vers les réa­lités surnaturelles l'âlne délicate de ses chères enfants.

Elle innove, et fait paraître aux catalogues des Ecoles de la Ville de substantiels rapports : « Parcourir un programme, écrit­elle, préparer la réussite Œun examen, telle n'est pas l'œuvre es­sentielle d'une année scolaire. Elle est plus haute, plus difficile aussi: elle doit façonner des caractères où s'harmonisent la force et la bonté, former des cœurs aimants et des volontés fermes. :Cet­te conquête du « moi» est une œuvre de longue haleine: tous les exercices de la journée y contribuent, et ici encore les moyens les plus simples, ceux que les parents modèles ont employés, sont les

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plus efficaces. Le souci de commencer la journée par l'assistance à la messe, les tâches quotidiennes faites avec soin, les réponses exigées toujours correctes, précises et sensées; des cahiers irré­prochablement tenus sont pour nos grandes élèves, comme pour les petites, l'occasion d'une vraie gymnastique de la volonté. A ce régime, elles acquièrent le courage et l'amour du travail, le désir de bien remplir la tâche 'que la conscience leur présente comlne le devoir. » .

Ces seules lignes révèlent Sr Laurence, mett~nt en lumière l'idéal qui la guide, les méthodes qui la servent.

Elle innove encore en instituant pour les jeunes commerçantes, un internat où règne la même atmosphère familiale que dans la grande maison de Fribourg, avec une note plus intime: « L'Inter­nat, écrit-elle, ce mot qui serre tant de cœurs, résume pour les nouvelles pensionnaires de la Rue de Savièse une vie de famille cordiale et entraînante, une vie d'étude et de piété, de vraies et bonnes affections. L'appartement qui constitue l'internat rappelle aux élèves le home familial et rend moins pénible la transition en­tre la maison paternelle et le pensionnat. Il permet aussi de sui­vre les conseils de Madanle de Maintenon aux éducatrices de St Cyr: Employez vos élèves au service de la maison ; rendez-les ménagères laborieuses ; elles en seront plus propres à tous les partis qu'elles peuvent prendre. Qu'elles se servent les unes les autres, qu'elle.s balayent et fassent les lits; elles en seront plus for­tes, plus adroites et plus humbles. »

Aussi Sr Laurence ne devait-elle pas tarder d'introduire l'enseignement ménager à 'l'école de commerce, mesure des plus heureuses, observe l'expert fédéral, car une école de COlnlnerce ne doit pas être une spécialisation trop poussée; elle doit prépa-rer, dans la jeune fille, la femme de demain . .

Elle innove enfin dans sa chère Congrégation des Enfants de Marie où elle s'est dépensée sans cOlnpter, ouvrant son cœur à toutes et à chacune. Elle inaugure des séries de conférences religieuses, sociales, littéraires qui obtiennent le plus vif succès .

. Nous vîmes Sr Laurence pour la dernière fois, à Morges où elle était chargée d'une classe primaire de l'Ecole catholique. Elle nous parut un peu fatiguée et pâlie, mais toujours vaillante, avec son regard clair, l'expression de force et d'énergie qu'elle tenait de ses origines terriennes, son parler catégorique et droit qui sa­vait dire oui ou non, non point... oui et non. Elle nous fit les honneurs de la maison, nous présenta quelques-unes de ses peti­tes élèves, nous dit sa satisfaction de travailler dans sa belle terre vaudoise, nous entretint de ses nouveaux manuels, les compa­rant aux nôtres, énlettant à leur endroit de judicieuses réflexions. Comme nous 'la félicitions d'habiter ces rivages idéals où Juste Olivier rêvait d'avoir son tombeau: « Mais, dit-elle, je ne puis

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oublier Sion, j'y ai vécu 17 ans et laissé tant de cœurs fidè~es, cela compte dans une vie 1 » Nous lui serrâmes la main en lui disant un au revoir qui ne s'est point réalisé ici-bas 1

Sœur Laurence n'est plus 1

Elle dirigeait le pensionnat Ste Agnès lorsqu'elle sentit en automne 1940 les premières atteintes du mal iInplacable qui de­vait la conduire au tombeau, après des souffrances physiques et morales inénarrables qui firent surabonder la mesure de ses mé­rites. Un brisement se produisit en elle lorsqu'elle dut s'avouer vaincue, abandonner sa tâche et n'être plus qu'une inutil,e 1 Les derniers espoirs s'étant effeuillés l'un après l'autre, elle ne pro­nonça jamais le vocable 'cruel : « Si je dois partir, si je vous quit­te, je ne vous oublierai point, disait-elle avec une extrême délica­tesse, aux Sœurs qui lui prodiguaient des soins héroïques et à sa bonne Mère Benedicta qui l'aida dans ses derniers moments.

A l'église Ste Ursule, une assistance recueillie suit l'Office que psalmodie pour la chère disparue le chœur des Religieuses. Au nl aître autel l'auITlônier chante la Messe de Requiem tandis que deux Capucins célèbrent le Sacrifice aux autels latéraux. Au chant de l'ln PaI'adisium, suivie de la longue théorie de ses consœurs, des parents, des élèves et des amis, la dépouille mor­telle de Sr Laurence est portée dans le caveau où désormais elle repose au sein même de son cher couvent 1

Reconnaissantes envers cette femm e d 'élite qui consacra à leurs enfants le meilleu r de son intelligence, de son cœur et de ses forces , les familles sédunoises présentent à la Com lnunauté des Ursulines de Fribourg l'expression ém u e de leu r profonde et respectueuse sympathie. Dr Ill.

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Le sentiment d'infériorité On parle souvent de n os jours du sentiment d'infériorité, car

on a compris, ces dernières années surtout, l'immense rôle que ce sentiment pouvait jouer dans la vie d'un individu et dans l'éclo­sion de Icertains troubles nerveux. Cette question est très impor­tante, autant pour la psychologie que pour l'éducation.

D'où provient ce sentiJnent d 'infériorité? Il 'a surtout origine dans 'l'échec de la tendance dominatrice, tendance qui est au fond

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du cœur de tout ind ividu et Ide toute nation. Nous la retrouvons à chaque p age de l'histoire de l'h u manité : les gu erres sont d esti­liées à satisfaire 1e besoin de supr ématie d'une n a tion, les décou­vertes scientifiques perm etten t à l'hoffilne d e se r endre m.a ître du monde p hysique, etc. Or, cette tendance 'à l' expansion de sa p er­sonnalité est p lus forte encore chez l'enfant que chez l'adulte : il touche à tout, voudrait obtenir tout 'ce qu'il désire, questionne sans fin, exerce son pouvoir sur ceux qui l'entourent, (et souven t ty­r an nise son entourage p ar ses exigences .et son despotislne, si on a toujours cédé à ses p rem.iers cap rices .)

Normaleluent, è ~ s les p renliers jours de la vie, des obstacles invincibles s'opposent à l'expansion de la personnalité nai,sante, à la rationalisation ,des désirs de l'enfant : on lu i fait prendre des habitudes qui l'ennuient, on lui interdit de toucher à tout, on ne lui donne pas tout ce qu'il réclame, on lui fait toutes sortes de dé­fenses, etc.; l'enfant se rend alors cOlnpte qu 'il n 'est pas le maî­t re des per sonnes ,qui l'entourent, et que les adu ltes sont plus fort s que lui: c'est dans cet inévitable échec qu'il reçoit le sentÎlTIf'nt de son infériorité. Ce sentiment est clOllC naturel à tout enfnni. Loin d'être nuisible, il est plutôt salutaire, - bien que péniblE à sup­p orter à certains ffinnlents, - car il stimule le désir de gi'andir , de faire « COlnme papa », d 'imiter les aînés; il provoque d 'innom­brables jeux où l'enfant Îlnite les adultes et s'éduque aiI~ si lui­même. E t il disparaît peu à peu à mesure que la personnalité s'affirme .

Malheu reusement il n'en est pas toujours ainsi: di.fférentes causes peuvent amplifier ce sentÏlnent d 'infériorité, le fixer, créer ainsi un point douloureux qui fera souffrir l'enfant toute sa vie, influ encera son caractère et pourra Inême provoquer des troubles n erveux, Les principa les causes qui peuvent fixer un seHtlment d'infériorité primitivelnent nOlilllal peuvent être ranlenées à qua­tre ; ce sont :

l'influence défavorable du -milieu, une inf ério rité réelle, une anomalie ou une bizarrerie, des causes a ffectives.

1. Influence du milieu

Certains parents et éducateurs ne se rendent pas compte qu'en faisant journellement des observations désoblig'eantes i u n cufant m oins doué, au lieu de l'encou rager , ils ancrent dans son esprit l'idée qu ' il est un incap able, qu'il n'arrivera à rien, qu'il d é­~evra toujours son entour age : d e là un violent sentÎInent d 'infé­riorité fixé peut-être pour toute sa vie, un Inanque de eonf iance en soi, la conviction de l'inutilité de tout effort. « A quoi hOll es­sayer » doit se dire un enfant à qui on a ,répété à :jo uraée faite : « tu seras toute ta vie un maladroit » ~ « tu ne feras janlais rien

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de bon dans ta vie » - je me demande ce que tu feras plus tard avec ton vilain ·caractère » - « quel empoté tu es » - « c'est per­dre son telnps que d'essayer de t'apprendre quelque chose », etc., etc. Si l'enfant avait été encouragé à faire des efforts, dans un do­maine ou dans un autre, pour lutter ,contre ses points faiL~es, H aurait p eut-être !ll1algré tout fait quelques progrès et repris con­fiance en lui.

Quelquefois aussi des parents vaniteux, blessés de n'a voir pas un enfant génial, le compareront à tout moment à un cama­rade mieux doué, en lui r eprochant de n e pas obtenir d'~ussi bonnes ,notes. Si cet enfant a conscience d 'avoir fait tout ce qu'il a pu, il souffrira vivement de ces reproches et ressentira un pro­fond sentiment d 'infériorité vis-à-vis d 'écoliers m ieux doués, et plus t ard vis-à-vis de ses camarades de travail, nlênle s'lI chosit un métier pour lequel il est bien doué.

Parfois des frères ou d es camarades plus fo r ts ou plus :lgés en profitent pour opprimer les plus fa ibles, pour toujour s (")111-

mander les jeux et prendre les Im-eilleures part s. Les ca dets se ~wn­tent Îln puissants, a ccepten t cet état de ch oses, s'habituent ;l plier toujours, et n'oseront jamais s'affirmer plus tard Iquand ils le devront.

En r ésùlll é, exiger d 'un ,enfan t plus qu 'il n 'est cap ab le de don ner, le prédispose au sentiment d'infériorité, car il e ~t e 011-

damné à n e jamais obtenir u n résultat satisf aisant , il ne se con­tente pas soi-n1.ênle et il ne contente pas les autres.

Mais n e r ien .exiger d 'un enfant, le laisser se contentér d'un succès facile le conduit au ssi au sentiment d' infériorité, car il n e prend pas l'habitude de l'effort: s'il est p lacé un ,jour devant une tâ che qui exigera de lui quelques efforts et qu'il ne réussit p as, cet échec imprévu risqu era de lui faire perdre confiance en lu i d'un seul coup.

2. Infériorité réelle

Un enfant infinne ou est ropié, sourd ou très Inyope, b oîteux ou manchot, arriéré ou malingre, r isqu e de souffrir deu x fois de son inférior ité: d'abord parce qu'il est r éellen1ent en état d 'infé­riorité vis-à -vis de son entourage, ensuite p arce qu'il est peut-êt r e un sujet de m oquerie ou de cu riosité ou encore d'im p atience.

3. Une anomalie ou bizarrerie

Sans qu'un enfant soit atteint d'une infirn1ité r éelle, il (peut être h andicapé par u n e _ bizarrerie qui lui attirera des moqueries ou un sobriquet : par ,exemple d es cheveux rouges, une taille trop petite, un corps trop gros, une grande laideur, un nom ridicule. Les canlarades sont quelquefois sans pitié, et l'enfant ridiculisé peut garder toute sa vie ce sentiment pénible d'une infériorité personnelle, mêlne si ce sentîment n 'est vraiment pas objectif.

4. Des U}auses affectives

Souvent un enfant se croit moins aimé de ses parents, soit qu'il s'imagine qu'on préfère les autres, soit parce qu'il est ·mé­chant désobéissant se fait souvent gronder et ressent de ce fait de vi~lents sentim~nts de culpabilité. ' « S'il est Inéchant on doit moins l'aiIner »; s'il pense qu'on l'aime Inoins, il ressentira péni­blement cette infériorité.

L'individu qui souffre d'un sentiment d'infériorité ressent une vive souffrance. Comment va-t-il faire pour s'en protéger? Il réagira très différemment suivant son caractère, lnais toujours par une cOlnpensation . La compensation est un moyen de contre­balancer un sentiment d'infériorité tout en protégeant l'individu d'une trop cuisante souffrance.

La compensation peüt triompher objectivement de l'insuffi­sance ou bien elle peut siInplement protéger le sujet contre la douleur de son insuffisance.

Dans le prelnier cas l'individu doué d'un vif amour-propre qui souffre d'une infériorité de cause organique par exemple, travaille avec énergie et ténacité à surmonter cette infériorité: c'est le cas par exemple du Inanchot qui devient très habile à se servir de son seul bras, de l'uni-janlbiste qui a appris à Inonter à bicyclette, de tous les estropiés qui pratiquent un nlétier Inalgré leur infirmité. Ceux-là ne se sont pas laissés abattre par une infé­riorité physique réelle, ils ont voulu la surmonter et souvent, après des efforts d'adaptation persévérants, réunissent fort bien à me­ner une vie nonnale.

La compensation idéale consiste à racheter l'infériorité par des qualités supérieures: être assez humble et philosophe pour accepter d'être inférieur aux autres sur un certain point et déve­lopper en soi des qualités d'un autre ordre: intellectuelles, mora­les.

Lorsque l'individu qui souffre d'infériorité n'a pas assez de volonté pour compenser son infériorité en développant en lui des aptitudes qui lui fassent équilibre, et lorsqu'il ne peut pas sup­porter d'être inférieur aux autres sur un certain point, il cher­chera à donner le change.

Il sera vantard, blagueur, se donnera des airs importants, parlera de tout d'un air entendu.

Ou bien il se perdra dans la rêverie, bâtira des châteaux en Espagne, vivra dans l'irréel, pour fuir la réalité qui le blesse.

Ou encore il deviendra méticuleux, pédant, donnant une im­portance ,exagérée à des détails mesquins, parce qu'il se sent inca­pable de faire de grandes choses, mais veut dissimuler son infé­riorité, il l'exagérera pou.r attirer ainsi sur lui 'l'attention et la pi­tié, jouer un rôle sans s'exposer à ,la critique qui ferait souffrir en touchant le point sensible.

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Enfin il pourra donner le change sur son infériorité d'une autre façon encore: On n'est pas capable de s'élever soi-même, eh bien on abaissera les autres, on les ridiculisera, on les criti­quera, etc.

Comment empêcher qu'un sentiment d'infériorité primitive­ment normal chez un enfant ne se fixe et 'l'handicape plus tard dans sa vie adulte? En développant harmonieusement sa person­nalité, en enlployant une méthode d'éducation qui ne soit ni trop autoritaire, ni trop tendre. La première méthode forme des indi­vidus disciplinés, mais étouffe leur personnalité, leur originalité, et provoque précisément le sentiment d'infériorité .. Les êtres pas­sifs supportent cette nléthode, mais ils deviennent peu à peu des être conventionnels, incapables de prendre une décision en face d'une nouvelle situation. Les êtres actifs se révoltent 'et deviennent souvent des indisciplinés.

La méthode de la gâterie ne vaut pas mieux: elle ne dévelop­pe pas la spontanéité, la volonté réfléchie de l'être humain, elle ne lui donne pas l'occasion de vaincre une difficulté, de se déci­der par lui-même.

La méthode éducative juste est celle qui vise à développer la personnalité dans le cadre des exigences morales, sociales et re­ligieuses auxquelles tout être est soumis; à faire aimer le travail qui permet à 'l'enfant de satisfaire ce besoin de puissance; à faire de la fanlille et de l'école un n1Îlieu vrainîent social où l'on s'aime et l'on .s'entr'aide au lieu de vouloir dominer à tout prix; -c'est celle enfin qui tient compte des différences individuelles - du caractère ou de l'intelligence -, qui encourage l'enfant dans ses points faibles et lui donne confiance en lui-même quand c'est né­cessaire.

J. Sautl1iel', Service médico-pédagogique.

ùe trésor caché dans le champ l

La neige s'est évanouie jusqu'à l'ruLpe. La teTTe imbibée, attiédie boit le soleil d'av·ril. Au bas ,du vi11age, l'herbe l'everdit face au sud. Le père ay'ec. ses deux garçons de douze et de quatorz·e a·ns va net­toyer le· .pré, ·casser les IIDottes de fumier, arranger les 'pierres sèches ,du mur et nettoyer Iles œ1goles·. Vannée prochaine, Ile·s dellx jeunes .pourTont Ifaire cela tout seuls.

Mai est là avec sa nostalgie printanière. La mère a emmené ' au mayen .la m.ar.maille qui com_pte !plus à table qu'au cham'p. Les pe­titsont toute ili.berté d'ébats autour du mazot. ChélJque année ils éten­d·et .le domaine exploré et IprEtnnent ,une part de .pl,us en plus active

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aux soins du ménage. Le passant inconnu qui é.change quelqu'es pa­roles ave·c le ,chef de ,céans Se voit guetté Ipar des yeux étonnés' qui vont ,de .lui au visa,ge familier et rassurant.

Juin a été chaud. Les- gourmands s 'a llongent démesurément dans ' lIe parche-t d 'hybrides. Il faut ébourgeonner, attacher, d ésher.b eT'. Fil­les et garçons au chômagE' s'colaire vont à la journée,; .le métraI a vite fait ,de .Ileur expHquer la besogne. Il fau1 .suivre la montée de toute l'équip e.. Pas le temps de muse1r. Le soir venu, ils remontent le rai ­dillon, les traits tirés, les jambes raides, les hras ballants. On a ga­g'né son iPain et c-ontrÏlbué au .budget familial. Ça vous ,grandit.

Viennent ,les ,foins, les t r aises, les Ic'erises, la moisson, la IcueU­lette, les vendanges, les pOTrumes de terre; les en!ants du paysan sont là, à la fois apprentis et ouvll'iers. Et ,lorsqu'ils veulent savoir par ha­sard pOUirqu'Oi on fait ,comme c.ela, il y la toujours une réponse prête: « On a toujours fait comllle ça.»

La fillette se signe en s'inclinant com1me sa ·mèrE' devant la ,croix grise, et lorsqu'e sonne l'angélus, le .garçon s,e découvre ·et ,priecoI'nme son père. Ils rongent le 'même pain de seigle, boivent à mê.me le ba­rillet, reposent sur ,le 'même ,garçon, .imitE'nt le même ,p as lent. mesuré, retiE'nnent les signes du ten1Jps, modulent leur voix s ur le-s intonations maternelles et r.é:f.léchissent aux réflexions laconiques du père.

II

.c'est l'ér.ole de la vie paysanne, école toute concrète, le 'Plus souvent .muette, infiniment 'plus riche et pIus expressive que les plus o.p.ulentes c·o lle,ctions des ,musées élic'halandés avec munificence. Aux IE'çons vivantes de :p.rovenance hU'maine s'ajoutent celles du pays avec sa physionomie si accusée, du so,l prodigue ou .avare, des productions végétales sauvag.es ou ·cultivées, des animaux utiles ou nuisibles, du deI, du .climat, d.u rythme des saisons, Idu .flux .de la vie et des rêves que brode l 'i,magination enfantine sur tout .cela .

Ecole spontanée, primesau·tière, ,p leine d 'imprévus, sans apprêt, sans intention, envoûtant les jeunes âJmes à la façon d'unE' ,musique ,qui accom .. pagn erait d'une 'po,ly,phoni.e harmonieusement adaptée le mouvement de ,f'existence paysanne ·et pénétl1erait dans la subcons­dence, dans le tréfonds des âmes.

Leçons douces et maternelles quelquefois, .mais souvent rudes et implacables à la façon du te·mps qui intercale parcimonieuse'ment les jouT'nées tièdes entre les semaines ,froides et ,chaudes.

Enseignement générale'ment impli~'ite, enveloppé, plutât soup­çonné que nettement perçu. Les rares ex.plications .du père, .de la mère ou de gu e!lqu 80 a-du.lte, Itoujours 'O,c,casionne-lles, pré,caires, ne jet.­tent ,qu'une lueur incertaine dans lIa masse o(·.onfuse. 'Lorsqùe les ipa­rents jugent à Ipropos de compléte'r la phrase commencée oà l'école de la vie, ils ag,issent ajprès une long.ue rumination ou sOUfS .l'explosion d'un amour, .d'un ,ch8Jgrin, d'un souC'i ou d'un ,dé.pit .longte'mps (oOn-

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tenu, E't tout ·cela ,s'intègre tant .bien que 'mal dans la ·rumeur de fond de l'existence .paysanne.

'Cette école a .maintenu ode nombreus,es générations sur la voie tr8Jditionnelle; eUe a formé des élèves ·do·ciles; elle a 'pétri le .pain indispensable dE! l' fume et .ducorps .. A-t-eUe fait son te'mps?

Terre inC'ulte, dira li'n espJ.'it 'fasciné par l'attrait .de l'inédit, par le .miroitement de la réclame ... ,pédagogique.. Les jeunes âmes pay­sannes, en eUet, ne .payent pas de mine; e,lles ne vous débitent Ipas de ces réflexions ou mots terrihles qu 'ailleurs on ,colporte ('·ommE· des éclairs ode génie. Que représente le « bou èbe » oà ,côté -d 'un jeune cita­din astiqué? Il n 'a pas Il'a~plomb du .petit ·co·médien de salon. La. ·« mat­tette» n'a pas consc-Ïel1!C'e de 'ses avantages ·comm.e une petite personne du même âge que sa maman adore. LE'S meilleurs, les plus privilé­giés de ·ces enfants .paysans ressemblent à ces ,masses arrondies, hru­nes, terreuses, à ces géodes informes dont la ·cavitéest t~pissée de ,cristaux resplendissants. L'âme du petit rural es't un t r ésor cac'hé dans le SO'l. Sa valem' est plus intérieure.

Faut-il le regretter? .Les nègres afie·ctionnent la verroterie; ,Ile ('onnaisseur ,préfère les .pierres frustes où se ,cachent le rubis et Ile diama.nt.

III

M,ais ce trésor caché, il :faut le faire valoir. Heureux l'enfant des champ.s ·dont .les parents trouvent au milie·u de leurs trava ux le temps et le moyen de cultiver l'âme tout en soigna:nt et ,e·n Q,C'c·upant le corps. Nous savons que les ressou'rces et .les ·compétences éducatives .des famille·s paysannes moyennes sont un ipeu Iprécaires. C'·est .1à jus­tement .la raison d 'être de fleurs auxiliairE's, de ,notre profession.

Le trésor -caché que nons avons a faire valoir, il faut d'abord le connaître, l'estimer, en éprouver de la joieco'illme l'ho·mme de l'E­vangile. Est-ce '\Tai'ment utile d'en .parle-r? N'est-'ce .pas risquer de froisser la suslceptibilité des -lecteurs de «.l ',Ecole ,primaire», 'PrEB­que tous ,fils de lIa tel"re, ·que ,de leur re,commander le reslpect ,de ,la jeune âme pays·anne? Nous le faisons quand ·même ·en prenant la leçon ,à notre ·C'ompte.

Naguère circu.lait encore l'idée que la ipaysannE'rie, ·c'est .un peu l'e quart de notre peUJple laissé pour co'mpte, tandis que les autres ,se s·eraient heureus,ement d.épouillés de la gangue terrienne. Et ce qui 'Pis est, bea.ucoup de .paysans avaient ,per.du la Ifoi en leur proJes­sion. Ce dépriment sentiment d'infériorité avait déteint sur leurs enfants. La famillle paysanne avait ,perdu Bon équilibre, disloquée, écartelée; les ,p.lus débrouillards s·'en allaient ,à la ville et le,s autr·es les suivaient .d'un ,cœur envieux. La réalité est diftférente. La popu.­lation rurale co,nstitue l'élément 'national de réserve, la source du renouveau.

Les néceSsités impérieuses du ravitaillement ramènent la faveuer de l'opinion ;publiqueautour du f.oyer rural. Les pouvoirs ipublics

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,s,e .p:eéoccup·ent ,d'assurer l'existence de la Jamille paysanne ,mainte­nant et plus tard; les c-onditions de vie à la campagne ne ,doiv~nt pas s'ouffril' 'cl'.une injustice ·criant·e en com'paraison ,de celles, de l'indus­'trie et ,du ,com'luerce.

La vie, en se précipitant et en s"hY'PertJro!phiant dans loes cen­tres populeux, s'est usée ,et appauvrie, anémiée dans s'a ,puissance de régénération. La ·campagne était restée féconde ·et généreuse; pour dire toute la vérité, il faut avouer que sa vitalité est actue,uement fort atteinte; ,la villE' llA'i ,a :pris ses enfants et ,lui a ,r,endu ses produits et ses habitudes 'antivitales. Il est grand temps de ,murer -les fis,su­res qui laissaien.t se gas!piller !la sève ,pay.sanne.

Les constatations démographiques récentes ,ont ·encore ,renfor,cé la ,position de la camp~gne dans l'existenoe nationale.

Il faut davantage: rendre à la campagne sa physionomie spiri­tuelle, la cultul'e rurale, l'humanisme paysan. Si .l'on peut reprocher à la ville une hypertTophie anormale, on doit aussri IP'laider la ,cause de l'enfant 'paysan ,dont l'âme s'atrophie faute de soins et 'reste en renard. S'il ,fallait Ic'hoisir, nous ,préférerions des ,germes sains en retard ,de croissance à ces ;p.lantes forcées dont ,la vitalité s'épuise avant .le temps. On voit quelque.iois de jeunes prodigE\S qlA'i brülent dans les ,classes inférieures d,e l'e·nseignement moyen, mais sont bien­tôt à bout de souffle. Par ·contre nous avons ,rencontré dans difrférents ty.pes d'écoles des ,campagnards de 14, 15 ou 16 ans qui, sans autre pr~paration, ont ;profité plus .fructueuse'ment de l'aliomentation intel­lectueJle qUE' des 'camarades Iplus .favorisés 'Par les 'circollstanc.es.

Mais nous n'a~ons ,pas .à ,choisir. Dès le premier regard de la jeune âme SUI' le monde, .les pa'rents ,devraient éclai:re.r les o:bj ets familiers de la douce lu.'mière de lElur expérience; il y a Ilà une ,lacune qui ne ,sera ·comblée que par l'école des parents, suttout ,par l'initiation péda­gogique de la mère.

C'est aux éducateurs ruraux que -revient la tâche de fouiller le sol de l'existence campagnarde Ipour y découvri.r .le trésor cac.hé dans les âmes neuves" de le dégager -de son obscure 'Prison ,et de lE' faire valloir. Cett'e 'l'lob.le .mission .peu1 s'acc-omplü' dans l'école au style rural, à la physiono'mie ;paysanne, une sorte de protection du visage spirituel, une école intégrée dans l'existence terrienne.

L'instituteur 'et l'insti'tutrke du vinag.e sOll'tsemblab.lEls' à ces exégètes respectueux ,et feJ.'vents qui a-c-cue.i11ent 1a .papo,}e divine telle quelle et n'ont qu'un sOUüi: écarter les ·nuages qui e,mpêchent l'esprit de voir Ja vérité ,céleste brilla:nt de son Ipro:pre éclat. iLa jeune âme paysanne EtSt en face d'une révélation naturelle enveloppée, implicite, mystérieuse; elle réclame ,le secours d'un exégète ,pour interJ)réter .les 'parÜiles énigmatiqlA'es de la nature et de la vie aussi bien 'que ·c.elles de .la Bible; eUe doit J.'egarder ,ce qu'eNe voit, écouter ,ce qu'·elle Etntend, .palper ce qu'elle ,frô.le, examiner tce 'glu'eHe ,perçoit ,et :réfléchir aux ,sons ,éphémères; voillà qu.i l'ouvre, la déploie et l'épanouit. C. G.

(A suiv~e.)

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li' éducation par la ùangue maternèlIe * Notre savant compatriote et distingué collègue d'Ecole Normale,

le R. P. Veuthey, a publié il y a quelques années une remarquable biographie du grand pédagogue fribourgeois.

Voici qu'une œuvre nouvelle, qui s'effOl~ce de n:nettre en h~­mière tout le système d'éducation du Père GIrard, VIent de sort~r de presse. L'auteur, Ml' Casimir Both, professeur de pédagogIe à l'Ecole normale de Fribourg, a soutenu en effet une remarqua­ble thèse de doctorat dans laquelle il analyse l'œuvre du savant cordelier en extrait toute la doctrine qu'il nous présente dans un style clair et concis. C'est là un. travail de b~n~dictin entr;pris avec méthode et conduit avec SCIence et perseverance. Apres sa lecture on est édifié sur l'œuvre adlnirable du père Girard et l'on s'incline avec respect devant cette belle figure qui a coüsacré sa vie à l'éducation des enfants.

Le Père Girard a écrit trois ouvrages pédagogiques qui de­vaient révolutionner les méthodes en usage dans les écoles de l'é­poque. Ce sont: La Grarrunaire des Campagnes - L'enseigne­ment de la Langue maternelle dans les écoles et les familles, et enfin comme couronnement de l'œuvre et résultat de toute une vie d~ recherches: Le Cours éducatif de langue maternelle à l'u­sage des écoles et des familles.

Le but du Père Girard consiste à faire servir l'enseignement de la lanaue maternelle à la formation de l'homme total, person­nel et so~ial; pour cela il crée un système séduisa~t qui ro~~t hardinl.ent avec la tradition et fait table rase des methodes utIlI­sées jusque là dans les classes.

L'auteur de la thèse que nous analysons aujourd'hui nous montre d'abord ce qu'étaient les écoles de l'époque et quelle était la valeur des manuels en usage. On y abusait de la mémoire. C'est ainsi qu'on faisait enregistrer une foule de définitions abs­traites véritables notions de métaphysique, sans aucune valeur pratiq~e. Les règles précèdent tou~ours les. exemples et ~eux~ci sont choisis au hasard. Le vocabulaIre y est InsuffIsant ou IneXIS­tant et l'on ne fait aucune ,place à la composition française. En-fin les granlilnaires ne poursuivent aucun but éducatif. .

Voyons maintenant l'illustre cordelier à l'œuvre. Il va pUlser tout le secret de son enseignement auprès de la mère de famille. « L'enseianement maternel se fait toujours de vive voix et tou­jours sel~n l'occasion. Dans cet apprentissage de la langue, .la mère ne nomme rien sans l'avoir montré; elle rattache donc le mot à la chose ... La mère part des choses sensibles, mais ne s'y

~': L'édutcation par la langue 'maternelle ,selon Ile f . Girard, Ipar M. Both, prix fr.. 4.-.

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arrête pas ; procédant du connu à l'inconnu, elle quitte progressi­vement le monde visible pour s'élever jusqu'à Dieu, au Père d,es cieux, l'auteur des œuvres m agnifiques de la terre. Y a-t-il une m éthode plus éducative que cette Inéthode maternelle, vrai'ment adluirable dan s ses moyen s comme dan s son but. »

Voilà la source de tout l'enseignement du Père Girard, son but et ses m oyens. Mais avan t de se mettre à l'œuvre le savant pé­dagogue a subi l'in fluence d'un autre édu cateur de renom, P esta­lozzi.

« Cultiver l'esprit de la jeunesse écrit -il, était luon inten­tion corn lue mon désir; luais je ne comprenais pas encore bien quel éluinent service la langue pouvait me rendre à cet égard. C'est en visitant l'institut de Ml' Pestalozzi, à Yverdon, que le clair obscur où j'étais se changea en vive lUlnière pour :rnoi.. . » Il retint le principe de l'Institut: organiser tout l'enseigneluent primaire autour d'une branche centrale. A Yverdon on avait choi­si les mathématiques : il donna la prééminence à la langue luater­n elle comme moyen général de culture. C'est l'origine du Cours éducatif de langue m aternelle.

Il com posa d'ab ord la Grammaire des Campagnes, montrant à la fois cOlnbien son cœur était généreux et désintéressé. « J'ai une profonde pitié pour cette masse qui constitue p artout le gen­re hUluain et que les savants négligent partout ... . » Hélas ! un si beau dévoueluent fut m al r écom pen sé. La gramn1aire fut con­damnée par l'évêque de F ribourg, lVlgr Yenni, à cause d e l'emploi du mode n1utuel et de la prétérition des dogmes catholiques. Faut­il s'étonner si le Père Girard se récria lorsqu'on lui cOlllI11uniqua une telle m esure. « Et voilà la Gramluaire des campagnes qui tout entière est rédigée dans l'intérêt de la religion, la voilà ré­prouvée par un évêque! Qui est-ce qui aurait pu le prévoir? ... Une grammaire est une grammaire, précise-t-il encore, elle n 'est pas un catéchisme, elle ne .doit pas en être un et elle ne peut pas l'être. »

Cette grammaire s'adresse aux petits villageois; aussi les dé­finitions abstraites en 'Sont bannies. « De quel intérêt peuvent être ces petits traités sur les dix parties du discours, quand il faut au campagnard le fond d'une langue qu'il n'a pas. C'est plu­tôt un vocabulaire qu'un recueil de règles sur l'élocution et l'or­thographe. C'est pourquoi le verbe joue le premier rôle depuis le COlnmencement jusqu'à la fin. Avez-vous bien réfléchi, dit-il, jusqu'à quel point une proposition peut s'étendre en concentrant sur un seul verbe entre le sujet et l'objet de l'action plusieurs. circonstances prises du lieu, du temps, de la manière, .de la fin de la raison, de la qualité ou d'autres encore qui sont nombreu­ses. » Et encore: « La conjugaison sera tout entière au service de la syntaxe. Elle sera elle-même une syntaxe continuelle. Tan-

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tôt elle préparera des propositions et des phrases qui plus tard seront soumises à une analyse régulière, tantôt elle s'emp arera de propositions et de phrases analysées, pour les faire passer par les différents temps et les diverses personnes, et graver ainsi dans la méluoire des élèves les bonnes locutions. La langue sera donc apprises par l'usage, comme cela doit être, luais l'usage sera éclairé par la règle. » COll1me tous les autres, ces exercices de conjugaison doivent être menés progre,ssiven1ent. On ne conju­gue jamais le verbe seul; on 'le joint d'abord à son sujet puis on y ajoute successivelnent les divers ·compléments. De la sorte, l'en­fant est amené peu à peu à la cOlnposition.

Cette grammaire qui procède par questions et réponses ' est sageluent graduée et pleine d'exercices variés qui tiennent cons­tarument en éveil l'esprit de l'enfant et l'élèvent vers le Créateur, grâce à l'heureux choix d 'exeluples ou de thèmes que l'on a ha­bilen1ent su composer pour atteindre le but f ixé.

Peu de Tègles, b eaucoup d'exercices; de fréquentes répéti­tions systématiques ou occasionnelles permettent de donner aux élèves une bonne conn aissance de la langue française . Le Père Girard a r éelleluent substitué une grammaire d'idées aux gram­n1aires de 11UOts en usage jusque là. « Comlue la mère de famille, les instituteurs doivent cultiver COlume but la mémoire des cho­ses, et ne faire qu'un luoyen de la luémoire des n10ts. »

On laisse généralen1ent à Décroly le mérite d'avoir créé les centres d'intérêt et de les avoir appliqués dans l'enseignen1ent de la langue maternelle. Or le Père Girard pose déjà dans son Cours éducatif de langue Inaternelle les neuf « objets» que voici qui forment un enchaînement logique : L'homme - La famille -La patrie - Le genre hlnuain - La nature et ses merveilles -Le Créateur et le Maître de l'Univers - La vie de l'hOlume au­delà du tOlubeau - Le Sauveur des h ommes - La n10rale de l'enfance .

Programme én1inemment éducatif que l'auteur développe en un non1bre imposant de chapitres pour chaque centre d'inté­rêt, et qui nous font penser à la « Cathédrale», ce livre de lecture encyclopédique en usage dans toutes les écoles des Etats-Unis. Ces leçons ont d'ailleurs pour but de développer l'esprit d'obser­vation et d'appr endre à l'enfant à penser juste et à sentir morale­luent bien. Comme on peut le voir, ici encore l'auteur ne s'écarte pas de la ligne de conduite qu'il s'est tracée.

Monsieur le professeur Both a réussi dans son ouvrage do­cumenté à nous faire comprendre toute Fœuvre pédagogique du P ère Girard, à n ous faire tou cher du doigt le sens p sychologi­que du maître, sa parfaite connaissance de l'âme enfantine et .des moyens p édagogiques qu'il faut employer pour r endre l'en ­seignen1ent de la 'langue profitable.

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Si nous songeons que le savant cordelier fribourgeois a éla­boré ses ouvrages il y a cent ans et plus, nous restons peTlplexe-s, car nous nous rendons compte que la voie qu'il nous a tracée ou qu'il a déblayée à notre intention est encore singulièrement obstruée. Pendant un siècle l'on s'est plu à piétiner sur place: on a peut-être sem.é des idées, mais on n'a rien fait pour en per­mettre l'épanouissement. On n'a pas encore su créer des gram­maires d'idées; nous en sommes malheureuseinent restés, ou à peu près, aux grammaires de mots aux sèches définitions. Si nous comparons en effet la gramm.aire du Valais en usage au début de ce siècle au manuel q.ue nous avons en ce moment et aux li­vres utilisés à l'époque du Père Girard, nous n'y trouvons pres­que pas d'amélioration. Mêmes définitions abstraites, même plan de l'ouvrage, mêmes exercices décevants, même insuffisance de vocabulaire. Seule la grainmaire Sensine et Briod condamnée après une vie éphémère, se rapprochait de celle que Ile Père Gi­rard avait conçu. On a eu le tort de l'éliminer au lieu de l'aIné­HOl'el'.

Sans doute il est assez difficile de juger de la valeur d'une grammaire autrement que par les fruits qu'elle porte. Or, celle du Père Girard, outre qu'elle n'a jamais été expérhnentée puis­qu'elle a., été interdite par l'autorité religieuse et civile, présente une mahere trop touffue, trop abondante dans laquelle le maître inexpérimenté risque de se perdre. Mais n'y aurait-il pas eu n10yen après quelques essais, d'élaguer, de modifier, de changer, tout en conservant à ce manuel 'le mêITIe plan logique et sûr?

Nous ~ouhait0I?-s que quelqu'un l~eprenne le travail du pé­dagogue fnbourgeOls pour nous fournIr un livre pratique et bon que nous attendons depuis longtemps.

lVlonsieur le professeur Both qui s'.est penché sur l'œuvre du cordelier de Fribourg avec une patience et une persévérance qui n'ont d'égale que son admiration pour l'éminent pédagogue, se­rait particulièrement qualifié pour continuer et perfectionner l'œuvre du maître. Cl. Bérard.

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PARTIE PRATIQUE ~

LANGUE fRANÇAISE

'Première semaine

Centre d'intérêt: CHEMIN DE FER

J. RECITATION

Le petit train

Il s'arrête, important, et fait de la fumée (ainsi qu'un gros Monsieur qui fume son cigare) \à la petite halte où fleurit IJ' azalée ou le tournesol roux. Et, quand la blanche gare d'un village l'accueille, au milieu des herbages, il halète, trépide et stoppe, plein d'entrain 1

Fier de tout son vacarme, il traîne sur ses freins ! On lui sourit, avec un air de connaissance, dans le silence clair du quai plein de soleil où la garde-barrière et le facteur rural font la haie, au milieu des sacs et des corbeilles.

Paul Hubert.

Emigrants

Il fait nuit. Et la voûte est ténébreuse où monte, Par la sonorité du bâtiment de fonte, Le jet de vapeur blanche au sifflement d'enfer, Hennissement affreux du lourd cheval de fer Qui vient à reculons et lui-même s'attelle, Avec un bruit strident d'enclume qu'on martèle, Au long train des wagons béants le long du quai. Attirés par ce bruit de fer entre-choqué, De pâles voyageurs, aux figures chagrines, Regardent, en collant leurs fronts las aux vitrines, Les machines qui vont les entraîner si loin, Chacun d'eux, sans le dire à l'autre, dans son coin, Se sentant envahir par l'effroi taciturne Qui nous prend au début d'un voyage nocturne,

François Coppée.

Vins du Valais ORSAT bonnes bouteilles.

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IL VOCABULAIRE

NOMS. - La gare, le train, la 10COlTIotive, les wagons, un compartiment, le voyageur, ~es bagages, le chef de gare, .le mé­canicien, le chauffeur, la voIture, la banquette, les coussIns, les vitres, le voyage, le tender, un wagon-li~, un wa~on-restau~ant, la portière, la sonnette d'~lar~le; , ul1.che~TIln ,de f.er, a vapeur, e.lec­trique, à voie nonnale, a VOle etrOlte, a cremaIllere, un funIcu­laire. La chaudière, le foyer, la vapeur, les soupapes, le mano­mètre, l'indicateur de niveau, le piston, le cylindre, le volant, les bielles, les freins à main, à air COlTIprinlé, les essieux. Le quai, la marquise, les voies, les rails, les traverses, les aiguilles, la ma­nœuvre, un cul de sac, un taITIpOn, une voie de garage; le disque, le sémaphore, une plaque- tournante, un remblai, un tunnel, un viaduc. La salle d'attente, le guichet, ,la halle aux marchandises, un billet simple course, aller et retour, conlbiné. Le cOlTImis, le receveur-voyageur, l' aiguilleur, un manœuvre, le chef de train, le sifflet, la palette, 'la manœuvre, un avis, un récépissé, la leUre de voiture grande vitesse, petite vitesse. Les C. F. F., la flèche rouge, une Micheline.

ADJECTIFS. - Une gare gran de, spacieuse, rustique, ITIO­derne, aniITIée, b ruyante, calme; un train rapide, omnibus, ex­press; un ' cOlnpartÏrnent confortable, vide, b ondé; un voyageur pressé, chargé. .

VERBES. - Partir en voyage, pTéparer les bagages, aller à la gare, monter dans le train, s'installer, d isposer les bagages dans le filet; enregistrer une malle; mettre en marche, admirer le paysage, expédier des marchandises, consulter les horaires, con­signer les bagaes à main .

III. ORTHOGRAPHE

Préparation : s'en référer au nUlnéro du 15 octobre.

Le jeu du chemin de fer

On traîna les chaises le long des allées pour tracer les voies, et bientôt une ligne, de la villa au bassin, fut Inise en service. Arthur faisait la locomotive; Françoise, dans une chaise roulante, faisait les voyageurs . Marcel était chef de train et devenait aux stations chef Qe gare. Trois trains par jour, don t un rapide, de­vaient circuler su r ce parcours.

Un rapide ayant déTaillé, Françoise, le genou écorché, ne voulut plus faire les wagons. et devint un petit train local, un tortillard, qui dut desservir la campagne autour des six nlassifs du jardin. Bientôt un tun nel p assa sou s une tonnelle. La maison du jardinier fut la gare terminus. Avant d 'en trer dan s la gare principale, la locomotive prenait de l'eau au bord de l'étang, puis

\ .

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elle entrait en sifflant. Un jour, un train supplémentaire, un train de pla isir, entra ·en · collision avec un train de marchandise. Ce fut terr ible.

Une autr e fois, Arthu r . eut l 'idée de faire faire aux petits ch iens de ,la villa des circuits sur tout le réseau . On leur délivra des billets gr atuits, ou à tarif rédu it . T out le m~nde s'amusa et cela dUTa pendant toutes les vacances, sans ennuI.

Valéry Larbaud.

Le rapide

L'énorme machine 'semblait animée; elle vivait, soufflait , reniflait hurlait· le bruit assourdissant de ses roues semblait le galop effréné d'~n animal gigantesque. Ces sifflements stridents, déchirants conlnle des cris, ces tunnels dans lesquels .on s'enf?n­çait, ce ,sol de fer qui tremblait sous les pieds, cett~ g~eule aVIde et rouge du foyer où la large pelle du chauffeur JetaIt le tas de houille qui d isparaissait dans la fournaise, cette val?e~r blanc~e sortant du tuyau par bouffées rauques, tout donnaIt a ce ~raIn quelque chose de fantastique et d'effrayant. J. ClaretLe.

Le petit train

Le petit train nous emITIène ... Il s'arrête quand il veut, quand les voyageurs lui font signe.

On a jugé inutile de tendre des fils de fer de chaqu~ côté de la voie. Au passage à niveau, p oint de bar rière. L e tr aIn donn~ aux r a res voitures le temps n écessaire, r egarde pru demment a d roite et à gauche, siffle longuement, s'assure qu'il n 'y a plus personne et repart.

Dans les prairies, les vaches r egardent passer ce long ani­mal noir ·qui s'en va et revient tous les jours aux mêmes heures.

J. Renard.

En chemin de fer

Le train roula longtemps. Il traversa des rivières sur de longs viaducs, se ,glissa sous de sombres tunnels, escalada des .colline~, dévala vers la plaine. Les arbres et les ruisseaux semblaIent fUll' avec rapidité. Aux abords arrondis de l'horizon, d'autres arbres, d'autres maisons semblaient aussi en mouvement dans la même direction. Pérochon.

A la gare

SUT la place parurent les omnibus de la vine; ils se placèrent à trois pas de la sortie. Un charretier, conduisant un tombereau de charbon, traversa la plac~.

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On commençait à murmurer contre le train, qui allait encore avoir du retard, lorsqu'un sifflement lointain s'entendit, p_uis un roulement confus d'abord, bientôt bruyant. Le convoi apparut à l'orée d'u~ petit bois voisin; le bruit augmenta, le sifflet déchira l'air, le train ralentit et fut en gare. E. Guillaumin.

Dans le train

Nulle part, on n'est mieux qu'en wagon; je parle de trains rapides. On y est fort bien assis, nlieux que dans n'iInporte quel .fauteuil. Par de larges baies, on voit passer les fleuves, les val­lées, les collines, 'les bourgades et les villes; l'œil suit les routes à flanc de coteau, des voitures sur ces routes, des tr:ains de ba­teaux sur le fleuve; toutes les richesses du pays s'étalent, tantôt des blés et des seigles, tantôt des champs de betteraves et une raffinerie, puis de belles futaies, puis des herbages, des bœufs, des chevaux. Les tranchées font voir les couches de terrain. Voi­là un merveilleux album de géographie, que vous feuilletez sans peine, et qui change tous les jours, selon les saisons et selon le temps. Alain.

Exercices d'application

S'en référer au numéro du 15 octobre.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

1) Faire des phrases avec 'les mots du vocabulaire. 2) Faire conjuguer les verbes du vocabulaire. 3) Imiter un texte de dictée. 4) Vous êtes arrêté à la barrière d'un passage à niveau. Le

train approche ... passe ... disparaît... Racontez. 5) La garde-barrière. - 1. Où habite la garde-barrière?

2. Que fait-elle quelques instants avant le passage du train? 3. Où se tient-elle pendant le passage du convoi? - 4. Qui at­tend de chaque côté de la barrière. - 5. Que fait-elle dès que le train a franchi le passage à niveau? - 6. Que font les voitures qui attendaient?

6) Vous êtes allé à la gare accompagner quelqu'un. Ce que vous avez vu, fait, ressenti.

a. L'occasion: Il s'agit d'un parent ou d'un ami qui est venu passer le journée chez vous. Vous l'accompagnez le soir.

b. La salle d'attente,' Décrivez-la sobrem·ent, les fauteuils, les banquettes, les affiches, etc.

Vins ,du Valais ORSAT dissipent la tristesse.

- 221-

c. Les voyageurs,' Ceux qui arrivent essoufflés, portant des valises, des paquets. Ceux qui se précipient au guichet. Ce que fait l'employé. Le train est annoncé. Les voyageurs sortent sur le quai. L.a sonnerie qui retentit. L'arrivée du train - Les émo­tions, les impressions éprouvées.

7) L'arrivée du train. - Décrivez l'animation qui règne dans la gare la plus voisine de votre de.meure au moment de l'arrivée du train.

8. Composition libre.

Deuxième semaine

Centre d'intérêt: L'AUTOMOB!LE

J. RECITATION

Voyages

Si j'avais une bicyclette, J'irais, dès le soleil levant, Par les routes blanches et nettes; J'irais plus vite que le vent.

Si j'av1ais une automobile, Je roulerais au clair matin; Je roulerais de ville en ville Jusqu'aux murailles de Pékin.

Je voudrais une paire d'ailes Pour m'envoler au ciel profond Parmi les vives hirondelles .... Qu'on me donne un petit avion!

Ou bien des bottes de sept lieues ... Car je suis un petit Poucet Qui voit flotter des choses bleues Comme si l'Enchanteur passait. Ernest Pérochon.

IL VOCABULAIRE

NOMS. - Se servir d'un tableau, par exemple de celui que la maison Peter, Cailler, Kohler a gracieusement mis à la dispo­sition des classes pour montrer les dangers de la rue; ou tracer un schéma au tableau. Toute bonne leçon de vocabulaire est le complément d'une leçon de choses"

Une automobile a un châssis sur lequel est fixé un moteur. Ce châssis est monté sur quatre roues garnies de pneus. Divers engrenages .permettent à la voiture de rouler. Pour éviter que le

- 222-

moteur s'échauffe trop, on m et de l'eau dans un radiateur; il faut aussi de l'essence, dont l' explosion a~surée dan s. ,le moteur met en mouvement d es pistons et la m achIne tout ~nhere. Sur I.e châssis à l'a ide de ressor ts, on f ixe u n e carrossene; on conduIt à l' aid~ d'un volant, d 'u n levier qu i ~ennet d"a gir su r les en gre­nages, de p édales qui permettent d'agIr sur le m oteu r ou su r .les freins . Parfois, pour amortir les chocs, on .me~ a"?-~ automobIl~s des anl0rtisseurs. Une torpédo, une conduIt~ In terIeUr e, une l~­mou sine. Le capot, le calburateur , les bou gIes, l e volan t, le de­marreur.

ADJECTIFS. - Un châssis robuste et léger; un moteur puis­san t qu i peut entraîner de lourdes charges; nerveu~ qui démarre vite' mou qui monte m al les côtes; une carrossene confortable; lux~euse simple, spacieuse, étroite, lou rde, légère; un volant dur, difficile 'à manier , ou Inobile facile à manier; des freins puis­sants; des amortisseurs perfectionnés; une voiture rapide, sou­ple, silencieuse, aérodynalnique.

VERBES. - Il faut graisser les engrenages pour éviter qu'ils grippent; un bon mote~T tire bien; q\la.nd il .est viei!li et qu'~l fait du bruit, on dit qu'Il cogne; une VIeIlle vOIture faIt un bruIt de ferraille; le moteur ronfle, l 'auto démarre, le chauffeu r frei ­n e, accélère, ralentit, aver üt les p assants; corner, garer, prendre de la vitesse, dépasser.

III. ORTHOGRAPHE

Prépavatiol1 : S'en référer au nUln ér o du 15 octobre.

En automobile

Dimanche, Jean a fait une longue promenade dans l'auto­mobile d 'un ami de sa famille. Les maisons et les arbres de la route défilaient à toute vitesse. PaTfois les chiens aboyaient fu­rieusement. L 'un d'eux bondit derrière l'automobile, mais il ahan­donna bientôt la poursuite, le poil fumant, la langue pendante.

A. Souché.

Mise en marche de l'automobile

Il avait ouvert la cage du moteur. On apercevait confusé­ment toute une triperie métallique et surtout un lourd volant de fonte placé dans le sens des roues et que mon père saisit à pleine­main. Il retint son halein e et fit un geste énergique pour impri­mer au volant un mouvement de rotation. La machine renifla ionguement,· éternua, puis lâcha quelque chose comme un aboie- ­ment.

OR SA T, vins du Valais, vins de soleil et de santé.

- 223 -

Une dizaine de fois, mon p ère lança le ,Volant sans r ésultat. Le moteur toussait, râlait, renâclait sans se décider. Et, soudain, il partit : « tap, tap~ tap », et la voiture se mit à trembler tout en-tièr e avec un bruit de fusillade . - Gegres Duhamel.

En automobile

C'était une automobile de tourisme, grise C0J11me un tOI'pil­leur, très basse, longue de capot, avec des roues pareilles à des boucliers et des nickels étincelants. Deux sièges seulement sous une capote de toile blanche. Le coffr e se recourbait en dos de scarabée. Les mains au volant, les pieds aux pédales, fendant l'air humide qui se divisait en un double courant mystérieuse­ment musical, Geneviève allait, confondue avec lalnachine, pa­reille à quelque oise~u Inigrateur et solitaire. 1I1arcelle Tinayl'e.

Vous avez une auto

Vous ouvrez le robinet d'essence, vous fermez le volet du carburateur, Vùus Inettez le con t act, vous appuyez sur le carbu­rateur. Voilà votre moteur qui tourne doucemen t, ·sans bruit , com­nlO l'~:;nge la mécanique moderne. N'était cetk J~f;~re trépidation, il est tellement silencieux que vous ne sauriez pas qu'il iSe prépar e D moudre des kilomètres . Vous voilà parti. Vous êtes attentif au changement de vitesse, au ronron de la machine. Votre m oteur, lui-mêlne vous invite à l'accélération. Votre voiture vous conduit, à une fo;te moyenne, sur les dos de ces serpents entrelacés qui sont aes /routes . Le démon de la vitesse vous glisse à l'oreille de pernicieux conseils. P renez ..garde! lM. Constantin- Weyer .

En automobile

L 'automobile, lâchée, bondit et r oula sur la route. Ah ! quel­le r oute 1. .• E lle était large, étalée comme une belle lavenue, douce et unie comm.e une étoffe de soie, et toute droite, si droite que je n'en voyais pas ~e bout. Sur ce sol merveilleux la machine glis-sait sans bruit. O. Mirbeau .

La basse-cour devant l'automobile

Les poules sont absurdes. Elles se laissen t écraser p our la joie de picorer, un instant de

plus, sur le sol nu de la route, on ne sait quoi, le crottin laissé, de p lace en place, pat les chevaux.

On dirait qu' elles ne tr aversent que pour 'le plaisir de ·se faire h eur ter au radiateur. Si, par hasard, elles l'ont évité, ce n'est que pour m ieux se fracasser contre u n poteau télégraph ique, un tronc d 'arbr e, un pan de m u r, s'emp'êtr er d ans les broussailles de la haie ...

- 224-

Les canards sont bien mieux doués. C'est toujours à l'écart que leurs petites troupes boitent en cancanant. Ils n'occupent ja-­mais le milieu des routes,' sachant parfaitement qu'ils n'ont rien à craindre sur les bas-côtés.

Quand passe une auto, immanquablement les oies s'écartent sans désordre, sans le moindre signe de terreur. Elles s'alignent, l'une près de l'autre. .

Exercices d'application

S'en référer au numéro du 15 octobre.

IV. COMPOSITION FRANÇAISE

La phrase - Le paragraphe - La rédaction

Sujets proposés. - Une autOlnobile s'est arrêtée sur le bord de la route: c'est une panne ... Le chauffeur s'empresse autour du moteur. Les voyageurs descendent. Quelques curieux s'appro­chent. On peut repartir. Décrivez cette scène.

Préparation. - a. Entrée en matières. - Une automobile ra­pide et souple arrive dans un nuage de poussière, quand, tout à coup, elle ralentit et ...

b. Premier paragraphe. - Le chauffeur va réparer: Il des­cend rapidement de la voiture, soulève le capot, examine le mo­teur ... Il a trouvé ... les outils ...

c. Deuxième paragraphe. - Les voyageurs et les curieux: Ceux-là questionnent le chauffeur sur la durée de la réparation, puis s'éloignent.... Ceux-ci s'approchent, examinent, font leurs réflexions. ~ .

d. Troisième paragraphe, - La réparation est tenninée : Les essais du chauffeur ... Tout va bien ... les outils sont ram·assés les voyageurs rappelés ... On s'installe ... L'automobile s'éloigne. '

2. Il vous est arrivé de voir une automobile en panne. Dé­crivez la scène et montrez-nous les divers personnages: le chauf­feur, les voyageurs, les curieux.

Sujet traité. - C'est un spectacle bien comnlun, et toujours réjouissant... pour les curieux, que de voir .une 'automobile en panne,

La scène s'est passée jeudi dernier sur la route, non loin des premières maisons du village. Une superbe limousine, rangée sur le côté de la route, était en panne. Le chauffeur, descendu de son siège, avait enlevé le capot du moteur et considérait ce1ui-ci avec une extrême attention. Il tournait quelques vis, faisait mou­voïr la manivelle, inutilement d'ailleurs, et se penchait pour écou­ter... Deux personnes, deux vieilles daInes, étaient restées dans l'automobile et senlblaient !attendre avec patience la suite des événenlents. Une jeune fenlme et un jeune homme étaient des­cendus et donnaient, au contDaire, des signes de 'la plus vive im-

- 225-

patience. « Quel .lnalheur, Pierre, nous arriverons en retard pour le déjeuner ... ....c- Si seulelnent nous arrivons ... ! s'écria le jeune homlne en haussant les épaules, c'est la déveine la plus noire. Ja­mais, jusqu'à présent, l'automobile n'était restée en panne!» M,ais le chauffeur s'évertuait en vain; quelques curieux s'étaient approchés et considéraient d'un œil amusé le spectacle qu'ils avaient sous les yeux. De guerre 'lasse, il fallut aller chercher se­cours au village voisin, et ce fut un gros cheval, un cheval de la­bour, qui ramena .dans nos murs la superbe limousine.

S. Oh ! l,a belle auto! Tout le monde l'admire. Ce qu'on en dit ... Décriv·ez et racontez.

Sujet traité. - Oh ! la belle auto qu'a achetée M. Durand lors de son dernier voyage à Paris! ,C'est une limousine tout à fait moderne: une 401 Peugeot, une conduite intérieure aérodynazni­que cinq places. Elle est basse et très bien suspendue. Les pneus bien gonflés atténuent les durs cahots. A l'extérieur elle est recou,.. verte d'un vernis bleu ,roi et les marchepieds forment une bor­dure d'un bleu plus foncé. Sur la vitre de dev1ant, face au chauf­feur, est accroché un essuie-glace destiné à effacer les ,gouttes d'eau pour que le chauffeur voie toujours bien clair en face de lui. En arrière, il y 'a trois places garnies d'épais coussins. Contre la glace de derrière se balance une toile d'araignée artificielle qui fait l'émerveillement des petits.

A ce monlent, M. Durand r evient de la ville en auto. Le mo­teur puissant de la voiture l'annonce de loin. Les ménagères, les poings sur les hanches, .s'interpellent : « Vous avec vu ça ? Quelle belle 'Voiture! Quand on est dedans, il paraît qu'on ne sent pas rouler. C'est tout de nlême merveilleux le p rogrès! »

Devoir d'élève. 4. Au cours d'une randonnée en automobile 'avec des pa­

rents, des amis, vous apercevez, sur le talus de la route, la car­casse d'une voiture qui a été labandonnée là à la suite d'un grave accident, sans doute. Vos amis stoppent, descendent, examinent ce qui reste de la voiture. Rapportez leurs réflexions.

Jolis et authentiques mots d'enfants Veille de Noël - Entendu pendant une récréation.

D. (9 ans) et M. (6 ans) très sérieux: lM. : Moi, j'aimerais bien que le petit Jésus m'apporte une

auto. D. : Oui, moi aussi, mais il faudrait une auto pour s'asseoir

dedans. M. : Pour s'asseoir dedans? nlais c'est trop lourd, le petit

Jésus ne pourrait pas la porter. Et puis, tu sais, c'est la guerre 1. .. D. : La guerre ... la guerre ... Il n'y a pas de guerre au Para­

dis!

SCIENCES NATURELLES

La machine à vapeur Matériel .. - Une casserole contenant .de l'eau; un tube de fer

obtenu par emboutissage (par exemple tube cylindrique de ther­momètre médical) ou boîte de comprimés.

Un récipient contenant de l'eau froide. Un excentrique. La monture d'un vieux parapluie dont on a suppriIné les ba­

leines, sauf 2 diamétralement opposées; piquer une petite pomme de terre à l'extrémité de chacune de ces 2 baleines; on ,a ainsi réa­lisé le principe du régulateur à houles.

1 Force élastique de la vapeur d'eau. - Expérience. - Met­tre 2 ou 3 cm3 d'eau dans le tube métallique; le boucher forte­ment; chauffer: le bouchon saute, projeté violemment. De la va­peur se condensant en buée s'échappe: l'eau bout à l'intérieur.

C'est la force élastique de la vapeur qui a fait sauter Je bouchon.

Il y a Heu de faire remarquer que si on avait fait chauffer le tube sans ùnettre d'eau, sous l'action de la dilatation de l'air le bouchon aurait pu sauter. '

II. Eléments principaux d'une machine à vapeur. a) Organes de production de vapeur: Le foyer, la chaudière; b) Organes de distribution de la vapeur de part et d'autre

du piston.

III. La chaudière, le foyer . - Expérience. - Faire bouillir de l'eau dans une casserole; approcher la ,main autour, au-dessus, etc. On constate qu'une grande partie de la chaleur produite est perdue. C'est pour éviter cette perte, le plus possible, que les chau­dières et les foyers des machines à vapeur ont des formes parti­culières : à bouilleur, tubulaires , à tube d'eau, surchauffeur (la force élastique de la vapeur augmente rapidement avec la telnpé­rature) .

IV. Organes de distribution de la vapeur. - a) Le cylindre et son tiroir (voir livre de lecture) ;

b) L'excentrique; en montrer le principe au moyen d'un ap­pareil que l'on peut facilement bricoler.

V. Autres organes: organes régulateurs. - 1. Nous savons par expérience qu'un foyer n'a pas une production de chaleur régulière: la quantité de combustihle n'est pas rigoureusement constante, non plus que l'arrivée de l'air.

- ,227-

La quantité de vapeur produite ainsi que la température de cette vapeur peuvent donc varier: d'où variation de la force élas­tique et irrégularité dans le m.ouvement transmis.

Il faut denc que des organes régulateurs corrigent ces in-convénients :

a) Le volan~ ; b) .Le régulateur à boules. Etudier la liaison ·et le rôle de ces différents organes sur les

gravures d'un lnanne!.

VI. Autres organes: organes de sécurité. - Remarque. - Si nous avions bouché' le tube très fortement, au lIDoyen d'un bou­chon vissé par exenlple et que nous eussions chauffé assez long­temps, le tube aurait éclaté.

Cet accident peut évidemnlent se produire dans la machine à vapeur; 'c'est pour cette raison que nous trouvons sur une ma­chine 2 organes de sécurité et de contrôle:

a) la soupape de sûreté (sécurité); b) Le manoHlètre (contrôle).

Expérience . - Souffler dans un tube en papier enroulé; il s'allonge en se déroulant: c'est le principe du manolnètre.

De même, le Inanque d'eau peut provoquer une explosion: la chaudière en effet est portée à une tenlpérature très élevée qui provoque, à la rentrée de l'eau, une très grosse production de vapeur; nous 'avons aussi pour cela trois organes de sécurité et de contrôle :

a) Le sifflet d'alarm.e et la soupape de sûreté (sécurité) ; b) Le niveau d'·eau (contrôle).

VII. Puissance d'une machine à vapeur. - La valeur d'une Inachine à vapeur -dépend du travail qu'elle peut produire en un temps donné: une seconde par exemple; ce travail par seconde s'appelle sa puissance.

La puissance du courant qui passe dans une lampe se me­sure en watts; si l'on Ines ur ait en watts la puissance d'une ma­chine à vapeur on comlnettrait une faute analogue à celle qui consisterait à évaluer en nlètres la distance de Paris à Marseille; le nombre aurait trop de chiffres parce que l'unité employée est trop petite; pour les machines à vapeur, comme pour les autres moteurs, y compris les moteurs électriques, l'unité est le cheval­vapeur (C. V.) qui vaut 736 watts.

Exercice de conversion : Dans un catalogue, je lis qu'un mo­teur électrique a une puissance de 0,75 cheval-vapeur . . Conver­tir ce nombre en watts.

Réponse: 736 watts X 0,75 = 552 watts.

LEÇC>NS DE CHC)SES

1. L'automobile

~Matériel. - Catalogues de fabriques d'automobiles, bougies, dessins, une automobile d'enf'ants .

1. Presque tous, vous êtes montés dans une automobile. Bien souvent, vous avez regardé avec attention une automobile qui passait, soit parce que vous la trouviez jolie, ou démodée, ou très grosse, ou une automobile arrêtée, un camion, par eXeJnple, ou une automobile devant un poste d'essence, ou une automobile en panne.

2. Je suis sûr que vous connaissez déjà beaucoup de mots qui se rapportent à l'automobile: la carrosserie, les glaces, les por­tières, le châssis, les roues, les pneus, le volant, l'accélérateur, les freins, la malle, les phares, les essuie-glace, le moteur, le capot, le radiateur, les pistons.

(Ces noms, cités par les enfants sans aucun ordre, seront écrits au tableau en colonnes qui correspondront aux différents points de la leçon.)

3. Automobile veut dire: qui marche toute ,seule. L'automo­bile, en effet, n'est pas tirée par un animal comme les voitures qui existaient avant elle, elle ne lllJarche pas toute seule, cependant, mais grâce à son moteur.

L'essence, logée dans le réservoü', se rend par un petit -tube dans le carburateur où elle est transformée en un gaz qui se mé­lange à l'air avant de passer dans les cylindres où des bougies provoquent une explosion. C'est cette explosion qui pousse les pistons. Ceux-ci font tourner le vilbrequin, qui fait tourner les roues de derrière.

Vou n'avez vu ni les parties de l'auto que je viens de nom­mer, ni l'explosion de l'essence, ni les mouvements .des pistons.

Le capot les abrite. Vous savez tous ce que 'c'est que le capot : c'est à sa forme que vous reconnaissez les différentes marques d'autos. Il est souvent muni de charnières en son milieu, de poignées sur 'les côtés pour pouvoir être soulevé, il est percé de fentes qui permettent à l'air extérieur de refroidiT le moteur. Ce refroidissement se fait surtout par 'l'eau contenue dans le Tadia­teur, que vous connaissez également.

4. Je vous ai déjà dit que, le plus souvent, les roues de der­rière font avancer la voiture. 'Celles de devant, reliées au volant, servent à la direction.

(Que fait le conducteur qui veut tourner à droite, à gauche? Aller tout droit? ) Certaines roues .sont pleines: elles sont faites

~ 229-

de grosses plaques. émaillées, d'autres ont des rayons. Toutes sont munies de pneus' de oaoutchouc épais et solides (pourquoi? ) contenant une chambre à air gonflée (comment? ) .

5. Peut-être avez-vous vu passer sur une route un ouvrier essayant un moteur d'automobile. Son auto ne comportait que: le moteur, les roues, un grand cadre d'acier, le châssis.

C'est le châssis qui supporte la carrosserie: portes, glaces, sièges, etc.

Les carrosseries peuvent être très simples ou très luxueuses: elles sont faites généralement de tôle émaillée.

Presque toutes les autos de tourisme sont actuellement des conduites intérieures (voitures fermées); il y a quelques années, on ·voyait beaucoup de torpédos (voitures ouvertes).

Certains cars, certains camions ont des carrosseries de di­mensions tout à fait extraordinaires.

6. Dites-moi le rôle des accessoires que vous connaissez: freins, accélérateur, puis phares, malle, essuie-glace, compteur de vitesse, d'essence, ailes, etc.

7. Qui s'est assis à côté d'un conducteur d'auto et pourrait nous décrire ses différents mouvements?

II. L'essence rnjnérale

"Matériel. - Essence, eau, huile, étoffe tachée de graisse, al­lumette, lampe à essence.

1. Voici une ·bouteille d'essence. Elle porte une étiquette avec ces mots en gros caractères: Essence nlinérale. J'ai voulu qu'il fût impossible de la confondre avec une autre bouteille.

2. En effet, à la voir dans la bouteille, on la prendrait pres­que pour de l'eau: liquide incolore.

3. Je débouche la bouteille, je sens: l'essence a une forte odeur qu'il est nécessaire de reconnaître.

4. Je mets quelques gouttes d'essence sur ma main, regardez: ma main est sèche. J'en verse une plus grande quantité sur ce torchon, je le secoue: il est sec. On dit que l'essence est volatile.

5. Je mets une petitè quantité d'essence sur une plaque de métal. (Je rebouche la bouteille et l'éloigne de mon bureau: re­tenez bien ces précautions). J'approche une allumette enflammée. L'essence s'enflamme avant que l'allumette ne l'ait touchée: les vapeurs d'essence ont pris feu les premières et ont enflammé le reste. (Que pourrait-il arriver si une bouteille d'essence débou­chée était placée près d'une flamme, d'un réchaud à g~z, par exemple ?)

- 230-

6. Approchons rapidement de cette flamme une petite casse­role d'eau. Que se passe-t-il? La fI.amme de j'essence est très chaude. L'essence, très inflammable, est un cOlnbustible.

7. Versons un peu d'essence dans ce verre d'eau: plus légè­re, elle reste à la surface. J'agite tout le liquide, l'essence remon­te à la surface: l'eau ne la dissout pas.

N'essayez pas d'éteindre un feu d'essence avec de . l'eau : montée à la surface, elle continuerait de brûler. Etouffez-le avec de ~a terre, du sable, des couvertures, etc.

8. Versons un peu d'huile dans l'essence, elle disparaît: l'es­sence dissout les graisses. Que fait votre Inaman quand elle veut dégraisser un vêtement? Quelles précautions prend-elle? Rap­pelez-vous que, chaque année, des ménagères m.eurent atroce­ment brûlées pour avoir manqué de prudence en enlployant de l'essence.

9. L'essence est un des produits que l'on obtient en raffinant le pétrole brut. . Elle actionne actuellement de nombreux nloteurs, elle est de plus en plus utilisée dans tous les pays. La Suisse est obligée d'acheter son essence aux autres pays. L'essence circule d~ns des pipe-lines, des wagons-citernes, des bateaux surtout.

D'après «L'Ecole de la Vie».

-- 231 -

BIBLIOGRAPHIE

L'ENF ANT, CET INCONNU 1)

.L'eIllf.ant, cet inconnu, suite de tableaux véridiq:JPs. L'auteur, e11 re·cueillant des .souvenirs et -des observations ,cherch8 il rendre sen­~ible le ,mystère qu'Ï .enveJo1p'Pe un petit être, vivante énig-mG, secret bhm gar,dé. Il habite un monde imaginaire, si différ(:;nt dE' celu( des adultes ,qui s'effor,cent d€' l'ac·climater dans .le ,monde réel. Un abîme sépare l'enfant des gr.andes personnes. Elles s·ad.re3~ent a lui et il leu.r rélpond au travers de cet abîme, dont elles ü:morent la profon­de'ur. Il ,parle une ,la;ngue qu'e·lIes ont, dE'puis ·longt~, rnpsJ perdue. Le IYtprveilleux ne J'étonne point. Ne pénètre-t-il ,pas c.hacflll'\ jour dans le pays de l'inconnu et de [ 'inex'plicahle? Néanmoin::", c ·~ fami!ier de l'invisible est un observateur étonnant. Il ouvre -des yel.l.\)( npufs: il a de . ., sens de sauvage qu'il ,émousse'ra au fur et à me::l~ll·'~' que. s·~ fa­m.ilIf) et l'école le 'Civiliseront. Ses véritahles sentiru.mt3, j~ ' ne l(.s ·révèle point. Le rô.le des .parents et 'des Mlucateurs n'est-il point d'ab­souldre ,cette correspondanre avec l'innommable ,qui ex,plique tant de bizarreries, de si curieux mutis.mes? Le secret de J'âme enfantine doit être res,pe·cté. Pourquoi .la tirer avant 1',hE'ure, du beau jardin _ son domaine - interdit là ·ceux qui ont dépassé l'adoles'cence?

1) Noëlle Roger - L'ENFANT, CET INCONNU. Un vr;:ume in -lB, Fr. 3.50. Labrairie Payot, Lausann€'.

Où m·anque la prudence, trouvez la ,grandeur, ,si vous le pou-vez. La Bl"uyère.

* * * La r,a:ncune est une dépense improductive. V. Hugo.

-Viole s s

RADIOS ET DISCOPHONES

Magasin de musique H. Hallenbarter, Sion

NËCROLOGIE

madame Elise Debons rappelée à Dieu

Ce n'est pas sans élnotion que nous avons appris la mort de Madanle Elise Debons, de Savièse.

Après avoir supporté une longue et pénible maladie avec un courage et une résignation vraiInent exemplaires, sa belle âme s'est envolée vers Dieu dans la nuit du 11 décenlbre.

Son ensevelissement eut lieu à Savièse le 13 décembre. De nombreux parents et amis y prirent part.

Une délégation du Département de l'Instruction publique, les membres du Personnel enseignant de la commune et des envh~ons groupés autour du drapeau de la S. V. E. s'étaient faits un de­voir de rendre les derniers honneurs à celle qui fut leur collègue et amie.

Entrée dans l'enseignelnent en 1895, Madan1.e Elise Debons pratiqua pendant 8 années consécutives dans sa chère COlnmune de Savièse, puis elle quitta l'enseignelnent pour se vouer entière­ment à sa famille.

Il y a une vingtaine d'années, elle reprenait l'école enfantine de son village où elle enseigna jusqu'en 1938.

Educatrice dans l'âme, pleine de dévouement et d'amour, elle ne laissa que des regrets lorsque ayant atteint la limite d'âge, elle dut abandonner son poste. .

Bien qu'ayant quitté l'enseignement elle avait conservé de solides attaches à l'école et à « ses chers petits», comme elle ai­mait tant les appeler.

Nous la revoyons encore, bO~lne malnan, au milieu d'une classe qui chérissait cette âme droite et simple, hnprégnée d'une grande bonté que reflétait une figure toujours souriante.

Cœur très sensible, Elise n'a pas été indifférente à la mi­sère d'autrui. Combien d'œuvres de charité ont bénéficié de ses largesses ! Que de souffrances soulagées et de lnalheureux récon­fortés ! On n'aura jamais frappé en vain à sa porte!

Et maintenant, du haut du Ciel où vous jouissez d'une ré­compense bien méritée, soutenez le courage de ceux qui restent et qui vous gardent un souvenir ému et reconnaissant. A.

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