L'École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

4
Page 1 L’École Pratique Itinérante de Forêts Modèles L’émergence d’un leadership local par la gouvernance environnementale et la conduite et création d’entreprises Un résumé basé sur l’expérience en cours au Cameroun Les Forêts Modèles comme concept et projet de vie Les Forêts Modèles sont maintenant connus comme des processus résilients de gouvernance locale et supra locale. Réunissant l’ensemble des groupes d’intérêts d’un territoire de grande envergure, le processus Forêt Modèle est une entreprise multi générationnelle du très long terme axée sur la gouvernance multi acteurs, le développement durable intégré des paysages et l’innovation par les partenariats. Une Forêt Modèle appartient aux acteurs locaux eux-mêmes – les « partenaires », généralement réunis au sein d’un Conseil d’Administration et d’autres structures techniques ou représentatives. Au sein de celles-ci, toutes les parties prenantes sont égales, qu’elles soient représentantes de l’État, des collectivités et communautés locales, du secteur privé, de la recherche, des universités ou de la société civile en général. Une Forêt Modèle, ce n’est pas seulement la forêt – dense, humide, boisée ou sèche – mais l’ensemble des usages de l’espace terrestre et aquatique et l’ensemble des valeurs et intérêts portés sur cet espace. C’est donc un espace géographique multifonctionnel autant qu’un espace social et un lieu de création de valeurs. Ancrée dans les réalités et les dynamiques rurales, les Forêts Modèles intègrent les villes et les espaces périurbains du territoire dans un projet de vie solidaire et inventif où l’environnement est valorisé par les générations présentes et conservé pour les générations futures.

description

L’émergence d’un leadership local par la gouvernance environnementale et la conduite et création d’entreprises - basé sur l’expérience du Réseau Africain de Forêts Modèles, en cours au Cameroun

Transcript of L'École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

Page 1: L'École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

  Page  1  

L’École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

L’émergence d’un leadership local par la gouvernance environnementale et la conduite et création d’entreprises

Un résumé basé sur l’expérience en cours au Cameroun

Les  Forêts  Modèles  comme  concept  et  projet  de  vie  

Les Forêts Modèles sont maintenant connus comme des processus résilients de gouvernance locale et supra locale. Réunissant l’ensemble des groupes d’intérêts d’un territoire de grande envergure, le processus Forêt Modèle est une entreprise multi générationnelle du très long terme axée sur la gouvernance multi acteurs, le développement durable intégré des paysages et l’innovation par les partenariats. Une Forêt Modèle appartient aux acteurs locaux eux-mêmes – les « partenaires », généralement réunis au sein d’un Conseil d’Administration et d’autres structures techniques ou représentatives.

Au sein de celles-ci, toutes les parties prenantes sont égales, qu’elles soient représentantes de l’État, des collectivités et communautés locales, du secteur privé, de la recherche, des universités ou de la société civile en général.

Une Forêt Modèle, ce n’est pas seulement la forêt – dense, humide, boisée ou sèche –

mais l’ensemble des usages de l’espace terrestre et aquatique et l’ensemble des valeurs et intérêts portés sur cet espace. C’est donc un espace géographique multifonctionnel autant qu’un espace social et un lieu de création de valeurs. Ancrée dans les réalités et les dynamiques rurales, les Forêts Modèles intègrent les villes et les espaces périurbains du territoire dans un projet de vie solidaire et inventif où l’environnement est valorisé par les générations présentes et conservé pour les générations futures.

Page 2: L'École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

  Page  2  

Les  Forêts  Modèles  comme  réseau  

Les Forêts Modèles, c’est, enfin, un réseau mondial horizontal de 100 millions d’hectares – le Réseau International de Forêts Modèles – comptant plus de 60 Forêts Modèles établies dans 30 pays sur les cinq continents et fondé sur la recherche, l’action, la mutualisation des connaissances, la solidarité et le développement des capacités locales. À l’heure actuelle, cinq réseaux régionaux, dont le Réseau Africain de Forêts Modèles, facilitent, impulsent, et supervisent ces processus dans différentes régions du monde. De plus, parce que le dossier de candidature pour la création d’une Forêt Modèle doit être porté par les États, un lien organique est forgé entre les politiques locales et les politiques nationales, facilitant l’intégration du processus dans les orientations décrites par les États dans leurs Document Stratégique de Croissance et de Réduction de la Pauvreté et dans les Objectifs de Développement du Millénaire (ODM).

Le développement d’entreprises par les communautés rurales est nécessaire aux économies locales dans un contexte d’émergence de nouveaux marchés environnementaux. La place des micros et petites entreprises du Bassin du Congo et d’autres régions africaines dans les marchés mondiaux, quoiqu’en croissance, demeure très restreinte et essentiellement limitée au secteur informel. Les gouvernements des pays de la région, tout comme leurs partenaires internationaux et les organisations régionales et sous-régionales africaines, sont d’accord sur la nécessité de stimuler la croissance économique locale par le développement de chaînes de valeurs et de nouveaux marchés. Mise en œuvre à toutes les échelles, cette dynamique fournit un cadre propice à l’atteinte des Objectifs de Développement du Millénaire.

L’École  Pratique  Itinérante  des  Forêts  Modèles  

Les Forêts Modèles africaines sont impliquées depuis quelques mois au Cameroun dans une démarche pilote de formation-accompagnement en Conduite et Création d’Entreprises. Des modules sur la Gouvernance et la gestion des conflits ainsi que sur le Suivi-Évaluation Participatif complètent actuellement cette formation pour constituer la première version de l’École Pratique Itinérante des Forêts Modèles (EPI). D’autres modules portant sur

Page 3: L'École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

  Page  3  

la gouvernance ou répondant à la demande technique locale en matière d’énergies alternatives, de gestion de l’eau, de restauration des paysages, d’écoagriculture, de tourisme solidaire, de produits ou sous produit du bois et de productions alimentaires, cosmétiques, aromatiques et pharmaceutiques, par exemple, seront progressivement intégrés à l’EPI en s’appuyant sur le réseau croissant des partenaires du RAFM. Un label de qualité Forêt Modèle Green Business est déjà en cours de développement au sein de l’EPI. Il s’agit d’un outil de recherche-action participatif, à la fois pédagogique et commercial, permettant de faire le lien entre la génération de revenu, la demande des marchés et l’intégration des valeurs de qualité, de durabilité environnementale et de gouvernance démocratique dans les productions des Forêts Modèles. Le principe moteur de l’EPI repose sur une formation de masse s’appuyant sur la recherche scientifique et combinant des contenus techniques et théoriques ainsi qu’une démarche d’accompagnement terrain, de coaching, de mentoring et de suivi relayée par des Experts Facilitateurs Locaux (EFL) formés à cet effet.

En plus de l’engouement créé localement, cette formation s’affirme comme démarche efficace de stimulation de l’économie et du leadership local. Les processus Forêts Modèles sont des cadres pertinents pour sa mise en œuvre à plusieurs niveaux. D’abord, le fonctionnement, la structure et les orientations du Réseau Africain de Forêts Modèles (RAFM) favorisent la création de partenariats techniques et opérationnels permettant d’appuyer la création et la mise en œuvre de ces entreprises. Ensuite, l’infrastructure sociale et les principes de gouvernance des Forêts Modèles offrent un cadre structurant propice aux effets multiplicateurs des interventions et des leçons apprises ainsi que leur amélioration dans le temps. Ils permettent aussi d’harmoniser et de lier différentes entreprises et secteurs d’activités en développement dans le paysage pour faciliter la mise en œuvre de complémentarités et de véritables chaines de valeurs.

La structure en réseau favorise le partage de connaissances et des leçons apprises au niveau régional. De plus, elle favorise à plus long terme la mise en relation des pôles d’entreprenariats locaux des diverses Forêts Modèles afin d’améliorer l’environnement macro-économique de divers pays et de sous-régions telles que le Bassin du Congo. Finalement, la nature même des formations - accompagnement en conduite et création d’entreprises favorise l’égalité entre les genres et les couches sociales.

Page 4: L'École Pratique Itinérante de Forêts Modèles

  Page  4  

En effet, elle donne une opportunité aux acteurs habituellement marginalisés de changer leur situation par la valorisation des immenses ressources de leurs milieux naturels et la transformation de leurs idées en entreprises réelles. Comme le suggère le prix Nobel Amartya Sen, c’est par l’acquisition de nouvelles capabilités que les gens se donnent les moyens de transformer leurs connaissances et leurs avoirs naturels en commande légitime sur des paquets de biens et services ; c’est par ce biais qu’ils peuvent se réaliser

comme sujets de démocratie et assumer leur liberté. Dans les situations post-conflits caractérisant de nombreux pays africains, dans le Bassin du Congo et ailleurs, cette démarche pourra faciliter la sécurité humaine, la reconstruction du tissu économique local et la consolidation de la paix.

Les  perspectives  de  consolidation  et  d’extension  de  l’EPI  

L’objectif est maintenant de renforcer la démarche pilote des deux Forêts Modèles du Cameroun mais aussi de sécuriser des ressources permettant d’étendre la démarche de formation-accompagnement dans d’autres pays africains. Ceci devrait concerner d’abord les Forêts Modèles en construction dans le Bassin du Congo, soit, en République Démocratique du Congo (3), en République Centrafricaine (1), au Rwanda (1) et possiblement au Congo. L’intérêt pour les Forêts Modèles manifesté par des pays tels que le Sénégal, la Sierra Léone et le Ghana ferait de l’Afrique de l’Ouest un terrain d’extension logique de cette expérience prometteuse.