Le violoncelle no 17

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N°17 Décembre 2005 Le Violoncelle

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N°17Décembre 2005

Le Violoncelle

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Présidents d’honneur :Maud Tortelier, Janos Starker,

Étienne Vatelot2, rue Jacques Cœur

75004 ParisSite internet : www.levioloncelle.com

Webmaster : Gilles Romiguière

EDITORIAL

SOMMAIRE

Editorial . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .…………….p.2Courrier des lecteurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .………..p.3Informations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .…………..p.4-6Du Son à la musique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .….p.7Le Concours Rostropovitch . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .…p.8-11Le Musicien, un sportif de haut niveau . . . . . . . . . .….p. 12-13Histoire du vibrato . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .……p.14-16Lutherie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .……p.17Coin fumeur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .….p.18Disques et DVD . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .….p.19-21Le Coin des poètes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .….p.21Le Coin des amateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .…p.22Transporter son violoncelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .…p.22Le Coin des plasticiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .…p. 23-24

Cinq ans déjà…

Lorsque, le 20 décembre 2000, nous avons créé l’AFV, beaucoup de gens se sont montrés sceptiques et ont craint qu’ennous cantonnant à notre instrument, notre association fasse preu-ve d’un esprit réducteur. Aujourd’hui, encouragés par nosquelque 850 adhérents, nous avons le plaisir de constater quenotre objectif à la fois modeste et ambitieux a été compris. Jel’avais exprimé de la façon suivante dans un texte qui figure surnotre site internet : « Bien sûr, il existe des structures qui s’adres-sent aux mélomanes, et le violoncelle fait partie d’un tout. Maisle général n’exclut pas le particulier. Par définition, une revue ou

un site inter-net généralis-te publie cer-tains articlesqui ne nousconcernentque de loin ;inversement,ils ne peuventfaire état decertains pro-blèmes spéci-fiques à notre

instrument, qui ne concernent pas la majorité de leur public. »D’une autre manière, tel est le sens de la version intégrale du

texte que j’avais soumis à « La Lettre du musicien » en guise d’in-troduction au dossier consacré au violoncelle qu’elle m’avait demandé de préparer pour son numéro de la première quinzainede novembre 2005 :« Il n’est pas toujours facile d’éviter l’esprit de chapelle. Il est eneffet normal que beaucoup de musiciens idéalisent la beauté desinstruments qu’ils pratiquent, et les violoncellistes n’échappentpas à la règle, car les interprètes entretiennent des liens amou-reux avec ce qui leur permet d’exprimer la beauté de la musique.Or l’amour implique une exclusivité, une idéalisation de son par-tenaire, qu’illustre bien cette citation de Paul Bazelaire, l’un desprotagonistes de l’école française du 20ème siècle : « Le violon-celle ? Le plus bel instrument du monde. Et le plus tendre, le pluspersuasif, le plus émouvant. Son rôle se confond avec celui de lamusique la plus inspirée. C’est un poète qui nous découvre lesrégions les plus hautes de la pensée ; un guide qui nous introduitdans les sanctuaires les plus intimes du cœur ; un magicien qui

crée en nous ces appels et ces prolongements mystérieuxqui, d’un coup d’aile, nous emportent vers le Beau ».En nous attachant à présenter quelques aspects du violon-celle, de son histoire, de sa facture, de ses accessoires, deson répertoire, de ses interprètes, et de ses perspectivesd’avenir, nous serons amenés à en souligner les qualitésparticulières qui nous tiennent profondément à coeur, cequi ne signifie pas que nous sombrions dans un quelconqueesprit de clocher. Tous les instruments ont leurs propresqualités, et en définitive, c’est leur immense variété qui faitla richesse de la musique. Il arrive d’ailleurs que dans cer-taines langues, un même terme désigne la trompette et lesinstruments à cordes, comme par exemple le mot asiatiquefedilo, ce qui implique une valorisation de la musique audétriment des spécificités de tel ou tel instrument, une atti-tude adoptée, je l’espère, par la grande majorité d’entrenous. »

Michel Oriano

En couverture : Arman : Violoncelles soudés.

Décidément, Yo Yo Ma séduit le monde politique. Dans notre dernier numéro, nous le présentions en compagnie deCondolezza Rice. Le voici aujourd’hui entrain d’initier au violoncelle le premierministre du Canada, Paul Martin.

Agathe, 15 ans.

Aude Dubois, élève d’Odile Bourin.

Bruno Brunetti.

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COURRIER DES LECTEURS

« J'ai réalisé 11 grands dessins dont le sujet est levioloncelle. J'ai ensuite également réalisé 11 violon-celles peints (voir site:www.jose chapellier.be). Jedemande à 11 violoncellistes internationaux de bienvouloir me réaliser 1 texte écrit à la main et signé quiraconte une de leurs plus grandes émotions d'artistes(qui sera vendu par la Fondation KAMP, pour lesenfants atteints de leucémie) ; y joindre leur C.V. et unephoto. Je vais (tout ceci à mes frais), éditer un livre oùseront repris les textes, les photos et les c.v. des artistes,ainsi que mes violoncelles. Chaque violoncelle porterale nom d'un violoncelliste célèbre. Le but n'étant pas defaire de l'argent, mais une émulation entre l'Art visuel etla Musique. Je suis un ami de Monsieur José Van damet, encouragé par celui-ci, j'ai relevé le défi ; nous espérons, l'année prochaine, présenter le projet, soit à l'Opéra Bastille, soit à la Monnaie à Bruxelles.Nous accompagnent déjà dans ce projet : Mme MaryAlling, MM. David Cohen, Justun Stadimin, AlexanderOratovsky, et Peter Wispelwey. »

José Chapellier, tél et fax 00 32.68.84.24.24. Rue de l'Estaque, 2 a, 7830 Silly - Belgique

« Je tenais à vous adresser ce complément d'informa-tion concernant les instruments joués par Hubert Varron,ancien violoncelle solo de l'opéra de Paris. Depuis sep-tembre 1989 il jouait un violoncelle contemporain fabri-qué à son intention par le luthier stéphanois Patrick

Charton, visible sur lesite :

www.charton-luthier.com » Daniel Toralba

« Je joue depuisaoût 2004 dans unquintette présentantles compositions deFayçal Salhi mélan-geant jazz, Orient et

Espagne. Il estconstitué de Fayçal

Salhi (oud et guitare), Vladimir Torres (contrebasse),Christophe Panzani (saxophone soprane/ flûte traversiè-re), Etienne Demange (batterie/ percussions), AnaïsBodart (violoncelle). Nous avons enregistré en Août2005 un album "TIMGAD" à Besançon. Le mixage etle montage sont aujourd'hui terminés, et le disquedevrait sortir dans le courant du mois de novembre.Cette expérience musicale et humaine a été pour moi, etpour nous cinq, venant tous d'univers différents, unebelle rencontre musicale extrêmement enrichissante.Notre site officiel est en cours de conception, vous pou-vez vous rendre sur le site personnel de VladimirTorres, qui présente notre groupe, ainsi que la maquet-te du cd. »

Anaïs Bodart

« Pour découvrir Histoire de... du rock français+violoncelle, rendez-vous sur notre site http://www.his-toirede.com/ » Nico

« Depuis quelques années je travaille a l'élaborationd'un modèle de violoncelle electro acoustique, dont laphoto ci-jointe vous donnera une idée. J'ai également mis au point un système de prise de sonne nécessitant aucune transformation du chevaletposable et déposable très rapidement ( 2 a 3 minutes),permettant indifferemment le jeu de pizz et d'archet enrespectant ladynamique,et ne néces-sitant pasd 'équal isa-tion particu-lière.

Je sais quevous êtes plutôt orientés vers l'acoustique pure, mais ànotre époque où tout le monde est confronté à la scène"branchée", autant que cela se fasse dans les meilleuresconditions possibles, en tout cas avec une sonoritéadaptée à la sonorisation!!! »

[email protected]

Dessin de notre adhérent Jean-Yves Lacombe.

S ophie, une jeune adhérente de l’AFV nous a écrit :« Je fais du violoncelle depuis 8 mois et je vous pro-

pose une devinette. Quand un violoncelle est mort, va-t-il en enfer ou au paradis ? Réponse : ni l’un ni l’autre,car il va chez le luthier.Et aussi je vous donne cette partition que j’ai écritequand j’avais 7 ans. Bisous.»

Un bon conseil : ne mettez pas votre violoncelle au congélateur !

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INFORMATIONS

Disparitions- Au moment de mettre sous presse, nous apprenons la mortdu luthier Frédéric Boyer, bien connu de nombreux violon-cellistes. Dans la famille Boyer, on est luthier de père enfils, un cas devenu rare de nos jours. L’AFV avait projeté depublier un entretien avec Frédéric, son fils Serge, qui arepris son atelier rue de Rome, récemmenttransféré rue de Liège, à Paris, et son petit-fils Florent, en cours d’apprentissage àMirecourt. Dans un prochain numéro denotre revue, si Serge en est toujours d’ac-cord, nous ne manquerons pas de rendrehommage à notre cher ami Frédéric.

- Le violoncelliste anglais ChristopherBunting est décédé le 27 juillet dernier.Elève de Casals, il avait concilié la multiplecarrière de soliste, chambriste, chefd’orchestre et professeur. En 1982, il a pub-lié Essay on the Craft of Cello Playing,réédité en 2000.

- Violoncelliste amateur, le DocteurEberhard Mayer est décédé le 28 juillet àLeising. On lui doit notamment la redécou-verte de la compositrice Mel Bonis (1858-1937), qu’il fit éditer, et dont il interprétales œuvres en Allemagne et en France avec son ensemble demusique de chambre.

Créations- Le 14 février 2006, Truls Mörk créera Reflexions onNarcissus de Mathias Pintscher, dans le cadre du festivalPrésences, avec l’Orchestre de Paris dirigé par ChristophEschenbach.

- Après plusieurs œuvres pour violoncelle, dont 2 concerti,Colin Matthews a écrit Berceuse pour Dresde pour violon-celle seul, créée le 17 novembre par Jan Vogler.

- Jean-Guilhen Queyras a créé le Concerto pour violoncel-le de Bruno Montevani à Sarrebrück, et celui de PhilippeSchoeller à Donauschingen.

- Steven Isserlis prépare actuellement un disque deMusique pour enfants dans lequel il interprètera des mor-ceaux pour jeunes violoncellistes de niveaux différents.

- Création mondiale de Lumière pour 20 violoncelles, chœur,orgue et mezzo soprano solo de Elena Gantchikova, le 3 décembre 2005 à Anvers. www.cellopaladio.be

- La violoncelliste Sonia Wieder Atherton et la pianisteImogen Cooper ont créé 3 œuvres de Bach, repensées etréécrites pour violoncelle seul, violoncelle et piano et pianoseul par le compositeur Franck Krawczyk, dont l’objectifétait d’éclairer de manière étonnante aussi bien l’univers deBach que celui de Brahms. Voir le site de Sonia WiederAtherton, qui figure parmi les liens de celui de l’AFV,www.levioloncelle.com

Musiques du monde- La Violoncello Society of London a pris l’initiative d’orga-niser une série de concerts intitulée Global Cello, dans le

but d’encourager ses membres à étendre leur définition duvioloncelle et à découvrir diverses traditions mondiales.Parmi d’autres, seront invités des violoncellistes connus parleurs disques et leurs concerts dans le domaine de lamusique brésilienne, argentine, hongroise, écossaise etirlandaise,

JazzClaude Bolling est sans douteactuellement l’un des musiciensfrançais les plus réputés dans lemonde, dans les domaines allant dujazz à la variété et la musique defilm (Borsalino, Les Brigades duTigre...). Il invente une forme nou-velle d’expression, sorte de patch-work musical, la “CrossoverMusic”, qui fait, sans les dénaturer,cohabiter, dans des pièces très orga-nisées, les syntaxes du jazz et duclassique. Sa Suite pour Violoncelleet Jazz Piano Trio, écrite à l’inten-tion de Yo Yo Ma et enregistrée aveclui, connaît un immense succès auxEtats-Unis.

Concours- En 2006, la remise des prix des concours de violoncelleVatelot/Rampal aura lieu dans le Salon d’Honneur del’Hôtel de Ville de Levallois-Perret le dimanche 21 mai. Leconcours de violoncelle comporte 10 sections : Débutants1 et 2, Préparatoires 1 et 2, Elémentaires 1 et 2, Moyens 1 et 2, Supérieur, et Excellence. Informations : AssociationArtistique Le Parnasse, 4 rue de Gravelle, 91580 Etrechy ;tél. 06 80 84 40 40 ; e-mail : [email protected]; site :http://www.leparnasse.org

Stages- Gyorgy Kurtag donnera un cours public d’interprétation àla Cité internationale des arts de Paris le 22 décembre, aucours duquel des quatuors travailleront des œuvres durépertoire (Mozart, Haydn, Beethoven, Bartok, Kurtag).

Ensembles de violoncellesCréé en 1989 par Elias Arizcuren, et basé aujourd’hui àAmsterdam, l’Octuor de violoncelles Conjunto Ibérico seprésente comme « une formation à plein temps », et aenregistré une douzaine de CD. En 2006, il s’apprête àcréer entre autres des œuvres de Régis Campo, Betsy Jolas,Gil Shohat, et des transcriptions pour huit violoncelles depièces de Samuel Barber, Leonard Bernstein, Manuel deFalla, Granados, Hindemith, Tchaikowsky, Piazzola,Ginastera, etc., ainsi que des œuvres du répertoire avec voixsoliste ou chœur de compositeurs espagnols. Voirhttp://cello-octet.com

Documentation- La Cité de la musique a ouvert au mois d’octobre une nou-velle médiathèque où sont regroupés le centre d’informa-tions musicales, la documentation pédagogique et le centrede documentation du Musée de la musique. On y trouve

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également mille enregistrements de concerts donnés à laCité depuis 1995, l’accès à 35 000 partitions, 15 000ouvrages, 6 000 CD, 2 000 documents sur les facteursd’instruments, etc.

- Plusieurs universités, notamment aux Etats-Unis, ont misen ligne les fichiers de leurs bibliothèques, ce qui permet deconsulter les travaux, thèses, articles, partitions, etc. consa-crés à tel ou tel sujet, parmi lesquels figure le violoncelle.C’est par exemple le cas de l’Université d’Indiana et decelle de Californie à Santa Barbara (UCSB).

- Le Conservatoire de Musique de Genève a le privilèged’être le légataire de la bibliothèque que le violoncelliste etmusicologue Dimitry Markevitch (1923-2002) consacratout au long de sa vie à son instrument. Informations :[email protected]

Livres- Anna Dalos et alii : From Budapest to Bloomington :Janos Starker and the Hungarian Cello Tradition. (TheStrad Library)- Valérie Walden: One Hundred Years of Violoncello: AHistory of Technique and Performance. (The Strad Library)- Martin de Briey : La Maria Fosca, Chronique desmaîtres luthiers, (éditions du Sapin d’or, à Epinal) :réédition d’un roman publié en 1926 dont l’action se dérou-le à Mirecourt au XVIIème siecle, et qui raconte l’histoired’amour de la fille du luthier Antoine Lupot avec le rebellePierre de Joly. ISBN : 2-85712-010-9- Pierre Charvet : Comment parler de musique auxenfants, ( éditions Adam Biro, 2003, ISBN 2-87660-378-0, CD inclus).- Michel Butor : Appel, suite pour violoncelle en détresse,(éditions Dumerchez, ISBN 2-912927-37-4).- Yann Debaye : Suite n°1 pour violoncelle, roman, ed. Lanore littérature 2001, ISBN 2-85157-210-5.- Gand, Charles Eugène : Stradivarius-Guarnerius delGesu, Catalogue descriptif de leurs instruments, EditionsLes Amis de la musique, Spa, Belgique. Fac-similé du car-net de notes du célèbre luthier.- A signaler également deux ouvrages consacrés à la musi-cothérapie par les éditions Van de Velde: Léon Bence etMax Méreaux : La Musique pour guérir, et Jean-MarieGuiraud-Caladou : Musicothérapie, paroles des maux.Et, chez le même éditeur , deux livres de Claire Renard sus-ceptibles d’intéresser tout particulièrement les enseignants,les animateurs, mais aussi les parents : Le Geste musical,(qui répertorie des jeux permettant de révéler les possibili-tés sonores à partir de la voix, du corps et des instruments,et offre une réflexion sur les bases d’un nouvel apprentissa-ge possible de la musique) ; et Le Temps de l’espace (quidonne des pistes pour permettre à l’enfant de développerune écoute intérieure au milieu du déferlement sonore dumonde actuel).

Partitions- Maria Koval : Sonate pour violoncelle et piano(Armiane)- Raymond Salmon : Romance en fa pour violoncelle etpiano (Armiane)- Bruno Rossignol : Trois Bagatelles pour hautbois, violoncelle et piano (Armiane)- Jean-Louis Petit : Dérive, pour violoncelle et piano(Armiane)

- Mozart : Deux duos pour violon et violoncelle K. 423 et424, d’après les duos pour violon et alto (Armiane).- Carol Barratt : Bravo ! Cello, 25 pièces progressives pourdébutants (Boosey and Hawkes).- Charles-Henry Joubert : Quatre tables, pour violoncelleet piano (Combre).- Armando Ghidoni : Fantasy pour violoncelle et piano(Alphonse Leduc)- Armando Ghidoni : Concert-Trio pour clarinette, violoncelle et piano (Alphonse Leduc)- Jean-Louis Florentz : Psaume et Litanies II, extrait duSonge de Lluc Alcari (Alphonse Leduc)- Schumann : A l’Auberge, 3 pièces pour violoncelle etpiano, d’après des pièces pour piano seul (L’Oiseau d’or)- Cello Music by French Composers: Couperin, MarinMarais, Caix d’Hervelois, Lalo, Massenet, Saint-Saëns,Fauré, Debussy (Schirmer’s Classic Library)- C.P.E. Bach: Concerto pour violoncelle, cordes et bassecontinue, conducteur et version séparée pour violoncelle etpiano (Breitkopf)- Karol Beffa :Rhapsodie pour violoncelle (Billaudot)

- Maté Hollos : Canto Nostalgico pour violoncelle seul(Akkord)- Jean-Marc Allerme :Cello Party, vol. 3, « quelques pièces jazzy,classiques ou de variétépour ceux qui aiment levioloncelle » (HenryLemoine).- Jean-Baptiste-JosephMasse : Sonates à deuxvioloncelles (Fac-SimileJean-Marc Fuzeau)

Noël au violoncelleIl existe un certainnombre d’arrangementsd’airs de Noël pour vio-loncelle. Nous en avonsrepéré deux que l’on peut se procurer sur internet(www.orpheus musicshop.com) :Christmas Jazzing : About Cello (Faber) ;Cellos for Christmas (Schott).

Guitare et violoncelleLe site www.duo46.com/cello-guitar-rep.html ébauche uneliste de partitions pour guitare et violoncelle, et signale lesenregistrements suivants :- Œuvres de Baumann, Biberian, Falla,Gnattali, Granados, Villa-Lobos. Mandala, 1993.(Christine Heurtefeux, guitare, Reine Flachot, violoncelle)- Impressions d’Espagne, Triton (Jean-Marc Zvellenreuter,guitare, Christophe Beau, violoncelle)- Original music for cello and guitar. EMEC, E-001. (DuoJones-Mauri)Voir aussi : http://home.earthlink.net/~guitarandlute/cello.html

Spectacles- Notes d’amour pour violoncelle, chansons et poésie : unechanteuse (Sylvie Lyonnet) et une violoncelliste (StéphanieFelly) nous transportent dans l’univers de l’amour.« L’alchimie de la voix parlée, de la voix chantée et de la

Cello party

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profondeur du timbre du violoncelle, met en relief les émo-tions animant des textes ». Contact : Araignée Théâtre II,B.P. 50062, 57102 Thionville Cedex. E-mail : [email protected] Les Contes de Grimm, duel musical et verbal entre l’ac-teur Pierre Baux et le violoncelliste Vincent Courtois.L’Atelier du Plateau, 5 rue du Plateau, 75019 Paris (réservations 0142412822, ou www.theatreonline.com ).- Dreams Of Ireland. Avec le réalisateur vidéo SergeGauthier-Pavlov, la violoncelliste-chanteuse Brigit Yew amonté un spectacle original dont elle décrit la genèse de lafaçon suivante : « A partir d’une gigue de Bach, je me suismise à la recherche de ses origines. En chemin, mon violon-celle a croisé la tradition irlandaise, la faisant renaître,ancienne et moderne à la fois, par le biais de sonorités ori-ginales. Parfois mon chant rejoint l’instrument dans un dia-logue intérieur. Ces airs remontent aux sources ancestralesceltiques, aux confins de l’Europe et jusqu’aux porte de laMongolie. » Pour son partenaire vidéaste, Dreams ofIreland est une invitation au voyage. « Ma rencontre avecle violoncelle de Brigit procède de celle du peintre avec sonmodèle… A la fois libre et rigoureuse, par touches, aplats,transparence ou lignes de force, ma palette dessine dansl’espace la fugitivité du mouvement »[email protected]@free.frhttp://lescriban.blogspot.com

Bach dans le SaharaDu 21 au 29 janvier 2006, une ran-donnée sera organisée en compagniede Dominique de Williencourt, quidonnera chaque soir un concert sousles étoiles.D’autre part, deux croisières musi-

cales dans les fjords norvégiens (10-17 juin), et la MerNoire (9-20 septembre) seront organisées l’été prochainsous la direction artistique de Dominique de Williencourt.Parmi les musiciens qui participeront aux concerts donnésà bord du navire figurent la soprano Inva Mula, les violon-cellistes Philippe Muller et Arto Noras, les violonistesNicolasz Dautricourt, Régis Pasquier, Patrice Fontanarosaet Gérard Poulet, les altistes Gérard Caussé et BrunoPasquier, etc. www.williencourt.com

Cinéma : la Russie à l’honneur- Dans le cadre de l’exposition L’Art russe dans la deuxièmemoitié du XIXème siècle, le Musée d’Orsay a proposé une pro-grammation cinématographique retraçant la naissance ducinéma russe et soviétique de 1908 au début des années 30.Le violoncelliste arménien Félix Simonian, et sa fille, la pia-niste Lucine Simonian, ont participé à cette exploration, enaccompagnant des films muets avec des œuvres du répertoi-re russe connues (la sonate de Prokofiev, Pezzo Capricciosode Tchaikowxski), ou méconnues (Sonate de Miaskowsky,Concertino de Prokofiev, musiques de films écrites parChostakovitch, etc.), ainsi que des romances russes et tzi-ganes. Cet univers qui leur est proche a pris une couleur etune dimension nouvelles à travers le travail avec l’image.- Alexandre Sokourov est entrain d’achever un documen-taire sur Mstislav Rostropovitch et son épouse GalinaVichnevskaia. Ce film comprendra des interviews, desrépétitions de l’opéra « Guerre et Paix » au Bolchoi, unepremière à l’Opéra de Vienne, des réceptions offertes dansdes résidences de Saint Petersbourg, une master class don-

née dans le Conservatoire de Moscou, et, bien entendu, dela musique interprétée par le couple qui s’apprête à fêter lecinquantième anniversaire de son mariage.- Toujours désireuse de vagabondage, Sonia Wieder-Atherton accompagnée par Laurent Cabasso, a de nouveaucollaboré avec la cinéaste Chantal Akerman dans D’Est enmusique, long périple documentaire effectué d’Allemagneen Russie, en jouant Rachmaninov, Janacek, Prokofiev etSchnittke, enveloppée par les images du film. Un mariageexceptionnel entre image et musique dont la cinéaste a pudire : « Les deux petites silhouettes des musiciens se mari-aient avec celles qui dansaient à l’avant-plan comme sijamais le film n’avait existé sans elles. »

Manifestations organisées par l’AFV

Après sa participation cet automne au ConcoursRostropovitch, à l’organisation du colloque sur l’a-coustique du violoncelle et de l’Hommage rendu àMaurice Baquet le 17 décembre au Conservatoire deSaint Maur les Fossés, l’AFV ne manque pas de pro-jets. Pour n’en citer que trois :- Le 6 octobre 2006, l’AFV célèbrera à Lyon le cente-naire de Pierre Fournier ;- Notre association a été sollicitée par la London CelloSociety pour co-patronner en Angleterre, et peut êtreailleurs, une manifestation centrée sur l’écolefrançaise de violoncelle intitulée The FrenchConnection dans le courant de l’année prochaine ;- En 2007, nous projetons en France une rencontreinternationale des violoncellistes.Dans notre prochain numéro, nous rendrons comptedes concerts de Saint Maur, et vous donnerons davan-tage d’informations sur ces projets.Mais dores et déjà, il convient de rappeler qu’en sus dela préparation de notre revue, de la gestion de notresite internet et de l’exécution des corvées administra-tives, ce développement spectaculaire des activités denotre association n’est rendu possible que grâce autravail accompli par une poignée d’adhérents bénév-oles qui, même lorsqu’ils n’en prennent pas directe-ment l’initiative, acceptent de les coordonner, ou aumoins de donner un coup de main à notre petiteéquipe de bénévoles.N’oubliez pas que, jusqu’ici, l’AFV n’a bénéficiéd’aucun autre financement que celui produit par voscotisations et nous appelons une fois de plus ceux quine s’en sont pas encore acquittés en 2005 à corrigerrapidement cette négligence. Parallèlement, merci decontinuer à nous faire connaître autour de vous et àsusciter de nouvelles adhésions .N’hésitez pas par ailleurs à nous communiquer desinformations et des idées. L’AFV n’appartient à per-sonne d’autre qu’à vous tous.Enfin, faites vous connaître si vous avez un peu de disponibilité en contactant notre webmaster sur le site www.levioloncelle.com, notre président([email protected]), ou d’autres membres denotre bureau, au sein duquel nous serions enchantésde vous accueillir.

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Le samedi 3 décembre, grâce à Laurence et EtienneCardoze, l’AFV a activement participé à l’organisationd’une journée consacrée à l’acoustique du violoncelleintitulée « Le Violoncelle sous toutes ses cordes », quis’est déroulée à l’Ecole de Musique et d’art dramatiquede Bourg la Reine /Sceaux, dont les élèves ont pu seproduire sur scène entre chacune des sept conférences.

Le luthier FranckRavatin nous a d’aborddécrit les différentesétapes de la fabricationd’un violoncelle, surfonds d’images proje-tées sur un grand écranet avec certains élé-ments « bruts » enco-re non assemblés. Deson côté, après avoirinsisté sur les liens entre la naissance et l’évolution del’archet avec celle de l’histoire sociale et politique del’Europe, l’archetier Edwin Clément a décrit l’évolutionde l’archet depuis la période baroque jusqu’à Tourte,Peccate, Voirin, Lamy, Sartory, etc., sans oublier lesgrandes écoles anglaise et allemande. Tout en se réjouis-sant de l’explosion actuelle de grands talents dans ledomaine de la facture d’archets, il a souligné les pro-blèmes soulevés par la disparition progressive de maté-riaux essentiels tels que le pernambouc, l’ébène deMadagascar, etc., en soulignant que « les archets dits desubstitution constituent l’arbre qui cache la forêt ».

En illustrant leurs propos d’images vidéo, des chercheurssont également intervenus. Xavier Boutillon, Directeurde recherche au CNRS, a décrit le processus du passagede la vibration de la corde au son émis par le violoncel-

le, en analysant au microsco-pe le rôle des crins, de la colo-phane, de « l’alternanceadhérence-gl issement »,transmis par le chevalet etl’âme à la caisse de résonanceet jusqu’à notre oreille. Puis,René Caussé, responsable del’équipe acoustique instru-mentale de l’IRCAM, a analy-sé le phénomène du « loup etdes notes défectueuses », quene résolvent pas totalementdes outils tels que les anti-rou-leurs, les chevilles à variations

variables, et autres plaques ou bouchons fixés sur les par-

ties de la caisse qui vibrent trop. Et Jean- François Petiot,Maître de conférences à l’Ecole Centrale de Nantes, aparlé de l’analyse sensorielle d’un point de vue essentiel-lement méthodologique, en donnant des pistes pour appli-quer à l’étude de l’écoute d’un instrument des techniquesscientifiques qui, en analysant « la qualité perçue», ontjusqu’ici été appliquées au goût des produits alimen-

taires, à la perception de la pollution sonore des voitures,etc.

Quittant l’analyse physique pourla démonstration , Jean-PhilippeAudin, violoncelliste multi cartes,nous a parlé des nouvelles tech-nologies en prenant à bras lecorps divers modèles expérimen-taux de violoncelles amplifiés.Enfin, en n’illustrant plus ses

propos que d’échantillons musicaux, le violoncellisteEtienne Cardoze nous a donné un aperçu de l’évolution durépertoire de notre instrument de Bach à Berio, liée à l’exploitation progressive de toutes les capacités sonoresdu violoncelle.

La boucle était bouclée : on était passé du son à lamusique, et l’on déboucha sur un concert intitulé « Bricà Brac Cellistik » au cours duquel se côtoyaient la «

Sequenza XIV » de Luciano Berio et le répertoire tziga-ne de Sébastien Giniaux ; l’on put également entendrepour la première fois « Tuma peylen » d’OlivierKoundouno, pour violoncelle, sampler et pédales d’ef-fets, et « Palomaniana » pour violoncelle seul etpigeons de Jean-Philippe Audin.

Dès qu’il sera paru, nous indiquerons à nos lecteurs lessites internet sur lesquels sera affiché le compte-rendudétaillé de ce colloque novateur et passionnant.

DU SON À LA MUSIQUEUn Colloque consacré à l’acoustique du violoncelle

Qui a peur du grand méchant loup ?Dessin de Nanouche.

Intervention de Franck Ravatin

Intervention de Jean-Philippe Audin

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LE CONCOURS ROSTROPOVITCH 2005

Témoignage de Philippe Muller,membre du jury

Il y avait cette année une énorme affluence de candidaturesau Concours Rostropovitch. L’événement est de taille pour lesjeunes violoncellistes, d’autant plus que le Maître s’investit àfond par une présence constante, en dépit de toutes les sollici-tations dont il est l’objet.

Pour résoudre ce premier problème, l’association ACDAavait décidé d’innover. Certains candidats déjà titulaires deprix internationaux ou présentant un CV solide et convaincantont été, comme dans le passé, acceptés d’office. D’autres sesont vus proposer une participation à un tournoi de qualifica-tion. L’été dernier, Mstislav Rostropovitch s’est rendu à Paris,Washington, Moscou et Tokyo, et, accompagné de deux vio-loncellistes vivant dans le pays concerné (en France il s’agis-sait d’Anne Gastinel et de Xavier Phillips), a auditionné plusde 150 postulants pour en sélectionner environ le tiers.

Cette méthode a permis de réduire à 90 le nombre de can-didats autorisés à participer au concours proprement dit. Nousverrons plus loin à quel point la décision d’organiser ces qua-lifications fut judicieuse.

9 novembre : début du premier tour. Finalement 77 violon-cellistes sont présents et se lancent dans le tournoi. Comme àl’accoutumée, les styles de jeu sont très variés, surtout dansBach. Entre l’interprétation romantique et fougueuse d’unDavid Cohen et celle beaucoup plus dogmatique d’IgorBobovych qui lui succède sur la scène de la salle Berlioz auCNR de Paris, il y a un monde ! Comment départager descandidats si différents ?

D’abord en accordant une grosse importance à la perfec-tion technique : pureté de l’intonation, maîtrise de la pulsationrythmique, qualité de ce qu’on appelle, dans le jargon violon-cellistique, la « prise de son », ont été des critères détermi-nants. Ces qualités doivent être réunies au service d’une per-sonnalité qui doit séduire et retenir l’attention du jury. Danscette optique, nous remarquons particulièrement EnricoBronzi, 5ème prix de l’édition précédente, Julian Steckel,Maya Bogdanovic, élève de Michel Strauss, Renaud Déjardin,Leonard Elschenbroich, Kaori Yamagami, Giorgi Kharadze,ancien élève de Roland Pidoux au CNSMDP, ainsi qu’unejeune Allemande que personne ne connaissait : Marie-Elisabeth Hecker, originaire de Dresde et issue des qualifica-tions.

Les délibérations ne seront pas longues. Au premier tour descrutin, 25 noms sortent des urnes, soit exactement le chiffrerequis.

Je regrette un peu l’élimination prématurée de GuillaumeMartigné qui a joué la 6ème suite avec beaucoup de sérénité etde poésie, et celle d’Eve-Marie Caravassilis, pleine de fouguedans la sonate de Ligeti.

Changement de décor pour le second tour : nous nousretrouvons dans l’amphithéâtre de l’Opéra Bastille. Tout lemonde semble un peu surpris par l’acoustique. Le son est plusdiffus qu’au CNR, et si l’on ne focalise pas bien sa sonorité,l’équilibre avec le piano est précaire.

A cela s’ajoutent des problèmes matériels : cordes cassées,partition tombant du pupitre. La vie de musicien réserve toutessortes de surprises.

Qu’à cela ne tienne, le concours continue. Le second tourconfirme le premier, à quelques exceptions près. A mon grandétonnement, là encore, un seul tour de scrutin suffit à dégagersix finalistes : Steckel, impérial dans sa « Danse des Elfes,

Hecker, qui sait créer le climat idéal dans tout ce qu’elle joue(décidément les Allemands sont très forts), Déjardin, ElizavetaSushchenko, Yamagami, et Kharadze qui nous éblouit par unetrès belle interprétation des « Stücke im Volkston » deSchumann.

Enrico Bronzi s’est montré un peu irrégulier, malgré despassages absolument superbes. Boris Andrianov, ancien lau-réat lui aussi, donne l’impression d’être pressé, surtout dans lasonate de Prokofiev.

Le jeune Américain, Alan Toda Ambaras, benjamin duconcours (14 ans), effectue une très bonne prestation maismanque un peu de maturité musicale. Cela viendra, sans aucundoute. Richard Harwood joue magnifiquement la sonate deDebussy, nous rappelant opportunément que l’œuvre avait étécréée à Londres en 1916 par Warwick Evans et Mme AlfredHobday.

Comme il y a quatre ans, je déplore l’élimination deMatthieu Lejeune, excellent dans tout son programme maisdont la personnalité un peu réservée paraît manquer un peud’éclat pour ce genre de « joute » où il importe de briller.Mentionnons aussi Sebastien Van Kuijk, remarquable de sûre-té, mais dont certains partis pris dans l’interprétation n’ont pasconvaincu, et Umberto Clerici, aussi lyrique qu’un tenor ita-lien.

Finale, au Théâtre du Châtelet.Catastrophe : Les six finalistes ont choisi de jouer la

même œuvre : le premier concerto de Chostakovitch. C’est unpeu ennuyeux pour le public, mais cela va peut-être faciliter latâche des membres du jury. Il est plus facile de comparer lesqualités de chacun lorsqu’ils jouent la même chose.

Renaud Déjardin a tiré le numéro un. Manifestement ilconnaît bien sa partition, mais est obligé de se battre pour fairesonner un violoncelle manquant de puissance et de timbre.C’est un appel à ceux qui pourraient l’aider : il mérite unmeilleur instrument.

Viennent ensuite les deux Allemands: Hecker, sublime debout en bout, et Steckel, toujours aussi solide mais un peu plusrigide dans son interprétation.

Après la pause, Kharadze commence admirablement, maisse désunit quelque peu à la fin de la cadence et dans le final.

Yamagami propose une version très rythmique. Elle joueun magnifique Stradivarius prêté par le « Conseil des Arts »du Canada, pays dont elle est citoyenne malgré son originejaponaise.

Elizaveta Sushchenko se montre moins à l’aise, dans lepremier mouvement surtout. Il faut dire que la pression esténorme à ce stade de la compétition.

Finalement, le verdict tombe : Marie- Elisabeth Heckerremporte le premier Prix haut la main ! Cette jeune fille dedix-huit ans qui était issue des qualifications, a séduit tout lemonde par sa maturité, sa maîtrise et surtout son extraordinai-re pouvoir expressif.

Deuxième, Julian Steckel, élève d’Heinrich Schiff et duregretté Boris Pergamentchikov. Bravo à l’Allemagne pour cemagnifique doublé.Troisième, Giorgi Kharadze, géorgienmais formé essentiellement en France.

Quatrième, la Canadienne-Japonaise Kaori Yamagami.Cinquième, Renaud Déjardin qui mène une double carriè-

re de violoncelliste et de chef d’orchestre.Enfin, sixième Elivaveta Sushchenko, dix-huit ans elle

aussi, qui nous vient de Moscou.

Le 8ème Concours Rostropovitch : un très grand cru !

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Le Violoncelle N°17 - Décembre 2005 - P 9

Témoignage d’un lauréatSeul Français retenu pour les épreuves finales, RenaudDéjardin a obtenu le 5ème prix. Il nous livre ici quelquesréflexions.

Malgré mes hésitations, deux choses m’ont poussé à meprésenter à ce concours. La première, c’est que, contrairementà ce que pensaient beaucoup de gens, je n’ai jamais eu l’inten-tion de laisser tomber le violoncelle pour me consacrerentièrement à la direction d’orchestre : j’ai la chance et la joiede pouvoir partager la musique avec mon épouse pianiste,Márta Gödény, qui est certainement la musicienne dont j’ap-prends le plus. La deuxième raison : je veux jouer de monbiniou ! J’ai en effet passé tout l’été sans un concert : quié-tude, inquiétude… Je me suis donc à nouveau lancé dansl’aventure d’un concours international.

Je dois dire que mes expériences et désillusions passéesm’ont aidé à garder la tête sur les épaules. La préparationdu concours n’est pas venue perturber ma vie de tous lesjours, mon équilibre mental, et… j’ai continué à gagner mavie... J’ai commencé à travailler pour le concours pendantle mois d’août ; puis, en septembre, j’ai enchaîné des coursde direction et divers remplacements dans des orchestres,jusqu’à une semaine avant le concours avec une masterclass de direction d’orchestre avec János Fürst (que j’airetrouvé en finale du concours !) et l’Orchestre Nationald’Ile-de-France, une formule toute nouvelle et très réussiequi permet à des jeunes chefs d’apprendre à travailler avecun orchestre professionnel.

Cela peut paraître étrange, mais on ne joue pas Bach ouBritten de la même façon quand on a dirigé Taras Bulba deJanácek cinq jours avant ! Sens de la structure, imaginationdans la sonorité, clarté du message et de l’impulsion, voilàdes choses qui se développent en dirigeant un orchestre.

Au cours du déroulement de ce concours, chaqueépreuve a déclenché sa part de souffrance ou d’inconfort :la demi-finale par exemple ne fut que persévérance et obsti-nation ! Mais à aucun moment je ne me suis laissé tomber :il faut rester conscient de sa valeur et surtout du travailaccompli. Je me souviendrai toujours de mon premier con-cours, le Paulo Cello, à Helsinki en 1996. Au premier tour,j’avais failli quitter la scène tellement j’étais désespéré.Résultat: unanimité pour le second tour. Pendant le deux-ième tour : je m’ « éclate à fond » dans cette Sonate deBeethoven op.102 n°1 travaillée depuis 2 semaines (je m’é-tais trompé et j’avais préparé la Sonate n°1 op5 !), je trépi-de dans le finale de la Sonate de Kodály pour violoncelleseul. Le grand bonheur. Je croyais avoir pris ma revanche ,mais c’est le jury qui l’a prise ! Une seule voix, et c’étaitgentil. En me remettant le Prix spécial du jury « for ayoung talent », Arto Noras me dit : « C’est pour le talent,pas pour le travail ! »

C’est ce genre d’expérience qui fait comprendre quel’ego de l’artiste n’a rien à faire avec sa musique, quid’ailleurs n’est pas sa musique mais celle du compositeur.Ce qui est dur quand on participe à un concours, c’est quel’on vient pour une reconnaissance personnelle, alors quequand on joue Beethoven, c’est pour Monsieur Beethovenet non pas pour soi. Ou alors le musicien devient un clown,car le danger de faire une démonstration publique de per-formances est toujours là ! («Ecoutez ce son volumineux,

regardez cette technique éblouissante, perdez-vous dans ceregard expressif que je vous jette, etc… »)

J’ai particulièrement apprécié la gentillesse et ladisponibilité de toute l’équipe organisatrice. En effet pourmoi un concours n’est crédible que si l’on est accueilli etsoutenu. Mes meilleurs souvenirs de concours ne dépen-dent pas du résultat, mais de l’organisation, du cadre, del’accueil.

Pour ce qui est du résultat, je trouve qu’on accorde tropd’importance au classement final. Pour moi, seul le 1er Prixremporte le Concours ; être le numéro 2, 3, 4, 5, ou 6 a relativement peu d’importance. Le bonheur de jouer ceConcerto de Chostakovitch pour la première fois, avecl’Orchestre de Paris, le bonheur de jouer en récital avecMárta au piano, seul ce bonheur-là compte. Le reste est unjeu dont il vaut mieux ne pas chercher à comprendre lesrègles.

Je tiens à ajouter que j’ai éprouvé un plaisir immense àtravailler la pièce écrite par Mme Franghiz Ali-Zadeh : « Oyan ». J’aime beaucoup écouter les musiques populairesoriginales des pays étrangers : folklore hongrois, musiqueorientale, musique africaine, tout cela réjouit mon oreille, etpouvoir se mettre dans la peau d’un improvisateur demugam azerbaïdjanais, dont je n’aurai jamais la science,cela a quelque chose de rafraîchissant !

Témoignages d’ auditeursPlus d’un auditeur a été subjugué par la pièce de Franghiz Ali-Zadeh, commandée spécialement pour être créée par les candidatsdu dernier concours Rostropovitch, et par son exécution parElizabeth Hecker, qui a remporté le premier prix. Voici deux extraitsde ce qu’on a pu lire sur le forum du site internet de l’AFV (levioloncelle.com) :

Maria Elisabeth Hecker est une extraterrestre ! Je n’ai jamais rien vu d'aussi tripant - au sens des tripes - que sonexécution du morceau de Franghiz Ali-Zadeh (qui avait été com-mandé pour le concours)... Assis sur un strapontin, je l’ai vue entrer à petits pas farouches,puis commencer a tambouriner le bois de son violoncelle : on sedemandait une seconde si le personnage planté sous les pro-jecteurs convenait réellement a une entrée en matière aussi brute.J'ai observé avec une curiosité mêlée d’un je-ne-sais-quoi de trou-blant - serait-ce de l'inquiétude ? - cette frêle musicienne, au petitnez pointu et dont les mèches blondes semblaient avoir déjà com-plètement renoncé à se ranger en chignon. Après avoir impriméune dernière note de la paume, elle se saisit de l'archet. Unevapeur étrange se dégage de cette introduction, les mots deSchoenberg "ich atme Luft vom anderen Planeten" me viennent àl'esprit. Les cordes crissent et vrombissent, et il ne faut pluslongtemps pour comprendre que les vapeurs susmentionnées sonten vérité, je vous le dis, un véritable envoûtement….Saviez vous au fait que Franghiz Ali-Zadeh est une femme ? Desurcroît une femme d’un pays musulman ? Vous en connaissezbeaucoup vous, des femmes compositeurs (-trices ?) ?

Nicolas

Il y avait une jeune fille russe qui faisait la danse des Elfescomme moi je ferais une mayonnaise. Elle avait l'air de franche-ment prendre son pied et à la fin, le public a du se contenir pourne pas applaudir (son programme n'était pas encore terminé).C'était vraiment très émouvant. La participante suivante, la pau-vre, avait un visage très fermé, une frange qui lui pendait au-dessus des yeux, et... son jeu était à l'instar de ce qui émanait deson physique: un peu terne, froid, sans vie.

Anonyme

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Le Violoncelle N°17 - Décembre 2005 - P 10

« L’intervention des jeunes violoncellistes devant lesmembres du jury du Concours Rostropovitch a été particu-lièrement remarquable etunanimement appréciéepar le public venu nom-breux au Foyer du Châtelet.Bravo pour cette heureuseinitiative de l’AFV ».Ce petit mot que nous aadressé Madame MoniqueBazelaire résume bien lesentiment général desquelque 300 auditeurs qui sepressaient le 17 novembredans le Foyer du Châteletpour assister au concertd’élèves des conservatoires municipaux de Paris organiséepar notre association, en partenariat avec l’ACDA et laVille de Paris, et remarquablement coordonnée par Marie-Paule Milone et Frédéric Borsarello, membres du bureaude l’AFV et respectivement professeurs dans les conserva-toires du centre et du 11ème arrondissement de Paris.Cette initiative a remporté un tel succès que les respon-sables des affaires culturelles de la Ville de Paris envisa-gent de reproduire cette expérience à l’occasion deconcours concernant d’autres instruments tout en se mon-trant désireux de continuer à collaborer avec l’AFV pourorganiser d’autres événements. De son côté, ClaudeSamuel, président de l’ACDA, a invité les enfants quenous avions sélectionnés à se joindre aux lauréats duConcours Rostropovitch pour interpréter une Brasileira deVilla Lobos sous la direction de Frédéric Lodéon, lorsd’une soirée de gala organisée le 21 novembre à la SalleGaveau. Un grand honneur dans un contexte délibérémentfestif.

Les directeurs desconservatoires pari-siens avaient mobiliséles professeurs de vio-loncelle de leurs éta-blissements, qui, auprix d’un travail consi-dérable, (MartineBailly nous a dit parexemple qu’elle avaitdu consacrer plusieursdimanches à la prépa-ration de ses gamins),ont présenté une tren-taine de jeunes demoins de 15 ans.Puisqu’il fallait bien

limiter lenombre d’en-fants appelés àjouer le 17novembre, unjury composé dePaul Boufil,Claude Burgos,G e n e v i è v eTeulière, un ins-pecteur de laVille de Paris etle président del’AFV, n’a pu enretenir quedouze, mais a

tenu à féliciter tous les jeunes qui avaient si bien travaillépréalablement. Il ne s’agissait nullement d’un concours,mais d’une occasion donnée aux élèves de jouer en public,sans aucun esprit de compétition. De ce point de vue, cha-cun a reconnu que cet événement s’est avéré fructueuxpour les élèves, trop souvent confinés, alors que, à la sur-prise de certains d’entre nous, ils n’ont nullement été para-lysés par un trac quelconque, et se sont déclarés heureuxde jouer. Tant il est vrai que mieux vaut ne pas attendred’être entré trop avant dans l’adolescence pour faire sespremiers pas sur scène.

Bravo, donc, aux élèves, mais aussi à leurs parents, qui sesont montrés disponibles pour les soutenir physiquementet affectivement, démontrant à quel point la pratique ins-trumentale n’a guère de chance de se prolonger au-delà del’enfance sans le soutien des familles, dont des ensei-gnants déplorent souvent qu’elles jettent trop souventl’éponge devant les réticences passagères et inévitables deleur progéniture.

Il va de soi que l’AFV ne néglige nullement les conserva-toires régionaux ou nationaux. Mais pour une fois, nousnous sommes délibérément concentrés sur les conserva-toires municipaux, dont les professeurs effectuent dansl’ombre et dans des conditions difficiles un travail remar-quable que la préparation des enfants à cette audition apermis de mettre en lumière. Outre le dévouement qu’ilsont déployé pour faire travailler leurs élèves, plusieursd’entre eux nous ont fait remarquer que cette occasion leuravait permis de reprendre contact, d’échanger des idées etde confronter leurs expériences avec des collègues qu’ilsn’avaient plus eu l’occasion de rencontrer depuis long-temps. En contribuant à décloisonner un peu leur univers,l’AFV réalisait l’un des objectifs fondamentaux qu’elles’était assignée lors de sa création, à savoir la mise encontact de tous les amoureux du violoncelle.

La valeur n’attend pas le nombre des annéesConcert de jeunes élèves en présence des membres du jury du Concours Rostropovitch

Furoy

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Le Violoncelle N°17 - Décembre 2005 - P 11

Théâtre du Châtelet : après leur audition par le jury, Philippe Muller félicite les enfants.

Quelques uns des élèves qui ont joué devant le jury.

Amélie Anaïs Anna Aude Aurélien Clémence Ingrid Juliette

Laure Lou Maïda Marc-Antoine Noémie Salassa Samuel

Salle Gaveau : les élèves des conservatoires parisiens se sont joints aux lauréats du concours pour interpréter Villa Lobos sous la direction de Frédéric Lodéon

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Le Violoncelle N°17 - Décembre 2005 - P 12

Auteur d’un ouvrage intitulé « Le Musicien, un sportif dehaut niveau» (éditions Ad Hoc, Paris, 2005), CoralieCousin est une kinésithérapeute qui a créé à Paris en2002 son propre cabinet « Kiné des musiciens ». Bienqu’un nombre important de livres soit consacré à ce sujet,celui-ci comporte de nombreux passages susceptiblesd’intéresser les violoncellistes. Il nous a particulièrementséduits, et nous avons rencontré son auteur.

Votre cabinet est situé dans le 13e arrondissement, rueSamson.Drôle de nom (Samson = sans son), en effet, pour quelqu’unqui s’occupe de musiciens. Mais rassurez-vous, je suis sensibleaux sons, surtout lorsqu’ils sont harmonieux. J’ai côtoyé de très nombreux musiciens, et, dans mon livre, je cite textuellement les propos d’une gamme très large d’entre eux,professionnels ou amateurs d’âges divers, qui témoignent desproblèmes physiques qu’ils ont eu à affronter.

Qui vous a poussé à écrire ce livre ?Ce livre est né d’une histoire d’amour entre un éditeur etune kinésithérapeute. Mon mari éditeur avait apprécié mafaçon de parler de mon métier et m’a encouragé à m’expri-mer dans un langage simple et compréhensible de tous.Amatrice de peinture, j’aiégalement tenu à ce que lesillustrations conservent unevaleur esthétique, superbe-ment illustrée par BlandineCalais-Germain.

Vous avez exercé dans desécoles de musique. Est-ceun cas exceptionnel ?Je n’ai rien d’exceptionnel,et il existe des Coralie par-tout. S’ils se donnent la peine de chercher, les musicienspeuvent trouver d’excellents thérapeutes dans leur environ-nement. Simplement, j’ai eu la chance d’exercer à l’EcoleNormale de Musique de Paris. En ce lieu, j’ai travaillé dansle vif du sujet avec les élèves comme avec les professeursqui m’ont accueillie dans leurs classes.Grâce à l’aide de Marc-Olivier Dupin et au CE del’Orchestre de l’Ile de France j’ai été choisie pour unepériode de trois mois à l’essai : une kiné d’orchestre, unepremière en France ! Je me réjouis de cette perspective detravail sur le terrain. Cette consultation à l’orchestre m’apermis de bien comprendre leur demande ainsi que leursprojets musicaux, qui demeurent essentiels.En France, on commence à voir se développer ce type deposte, mais nous avons pris du retard sur des pays commel’Angleterre, où des kinés, des ostéopathes et des masseurssont affectés dans les écoles de musique, considérant que,comme celle des sports, la pratique de la musique est uneactivité physique qui nécessite le suivi du corps.

La Méthode Alexander est en effet beaucoup plusrépandue dans les pays anglo-saxons que chez nous.Qu’en pensez vous ?J’en pense le plus grand bien. La pratique de relaxation est uneexcellente chose surtout dans un travail de prévention, et desprofesseurs comme Patricia Boulay dispensent des cours très

utiles dans un conserva-toire. Mais il ne faut pastout mélanger. Quand unmusicien a mal, il faut lesoigner, guérir soninflammation sans pourautant l’isoler du mondede la musique. Puis il fautdéprogrammer le gesteparasite ou un comporte-ment excessif qui sontsouvent à l’origine dutraumatisme. Oui, unmusicien peut continuerla pratique de son instru-ment tout en se faisantsoigner. Pour la même

raison, je pense qu’il faut cesser de dire aux musiciens queleurs problèmes sont simplement psychologiques... Bien sûr, ladimension psychologique existe, mais le corps dit non avantl’esprit : le stress, par exemple, provoque la création d’acidesdans les muscles. Dans un tel contexte, il convient de démêlerles nœuds petit à petit, dans un climat de confiance. Ceci doitêtre accompli par une équipe interactive. Il faut avant tout

dédramatiser, et chasser le sen-timent de culpabilité.

Qu’entendez vous par équi-pe interactive ?Ce qui me tient le plus à cœur,c’est de travailler en collabo-ration avec les professeurs demusique. Les professeurs, qui ne dispo-sent souvent que d’une demi-heure avec leurs élèves, sont

surchargés, et ils devraient parfois déléguer aux personnesqualifiées. J’observe, je regarde les musiciens jouer. Quandj’interviens, je joue le rôle du garagiste à qui on confie unevoiture endommagée. Un mécano ne dit pas : « c’est psy-chologique ». Il répare la panne, et le professeur prend lasuite. Il suffit parfois de quatre ou cinq séances dans l’an-née : je débloque et le conducteur reprend le véhicule enutilisant ses propres compétences sans que j’intervienne surla technique instrumentale. Une fois la panne réparée, si lemusicien a peur de rejouer, alors là, c’est psychologique !Il s’agit donc d’une collaboration qui s’effectue idéalementlorsque le kiné est autorisé à intervenir dans les classes oudans les stages. On modifie quelques petits détails, et

LE MUSICIEN, UN SPORTIF DE HAUT NIVEAU

« On l’oublie trop souvent, le corps d’un instrumentiste est sollicité dès le plus jeune âge et parfois bien au-delà de celui dela retraite. Même pour ceux qui arrêtent leur carrière à 65 ans,cela signifie que leur corps est en jeu au moins pendant plus de cinquante ans, ce qui n’est jamais le cas d’un sportif profes-sionnel. Il est donc vital de comprendre comment ce corps fonc-tionne, dans la pratique de l’instrument, dès l’apprentissage ettout au long de l’évolution de notre corps d’adulte. »

Marc-Olivier Dupin.

« Baissez les épaules pour qu’elles soient bien détendues », « laissez-les tomber », « tirez-les vers le bas ». Ces phrases que les élèves musi-ciens entendent à longueur de journée me paraissent dangereuses. Enles appliquant, l’élève est convaincu qu’il se place dans une bonneposition…La grande confusion est là. Halte au massacre ! En tirantvos épaules vers le bas, vous risquez d’inhiber les muscles qui permettent de soutenir et de verrouiller les omoplates. Un déséquili-bre s’installe alors sur cette plate-forme très complexe. La souplessedes épaules est essentielle, mais elle est la finalité, et non le point dedépart. (Faute de quoi on en arrive à entendre des musiciens déclarer : « Plus je me détends, plus je me crispe » P.72).

Comment être mal à l’aise en position assise

Cage thoracyquedésaxée

L’épaule a perduson socle : elle tombe

Déviation de lacolonne vertébrale

Assiseasymétryque du

bassin

Ill. Blandine Calais-Germain.

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ensuite, les choses se développent toutes seules. Mon vœule plus cher, c’est de continuer à trouver des professeurs quifassent appel à moi pour assister à leurs cours.

Chaque instrument provoque des problèmes corporels dif-férents. Y en a-t-il qui sont spécifiques au violoncelle ?Le défaut le plus fréquent, c’est de cambrer le bas du dos pourse tenir droit en étant assis à l’extrémité de la chaise : cela pro-

voque une tension de la nuque, ce qui crée une coupure entrela fluidité des jambes et le haut du corps. Ce blocage du bas-sin peut entraîner des compensations au niveau du dos, voiremême des attitudes scoliotiques. Le but est d’obtenir unebonne mobilité au niveau des hanches. Jouer n’est pas dange-reux à condition d’adopter une position correcte.Il ne s’agit nullement de médicaliser le musicien, mais del’aider à conserver une position naturelle. Contrairement àla flûte traversière, le violoncelle n’est pas un instrumentdésaxé au niveau des vertèbres cervicales. C’est un instru-ment parfaitement équilibré, qui se prête à cette positionnaturelle lorsqu’on trouve une stabilité dans la positionassise grâce au réglage de la hauteur de la pique, qui joueun rôle essentiel et permet de ne pas projeter la tête enavant. Cet équilibre se joue à quelques millimètres près etpermet un alignement de la colonne vertébrale.

Certains violoncellistes portent les marques de leur ins-trument sur la poitrine.Ceci peut dénoter une mauvaise position qu’il est préférabled’éviter. Il faut conserver une cage thoracique souple etronde : c’est la clef de la liberté respiratoire. Il ne faut pasoublier que les poumons se trouvent dans le thorax, et quel’hyper appui de l’instrument à ce niveau peut entraîner desraideurs de la cage thoracique, et donc une gêne à la respi-ration. Il convient donc tout simplement de conserver unebonne assise du bassin, sur lequel repose la cage thora-

cique, ce qui permet une liberté des épaules et des omo-plates, qui doivent coulisser librement.

Diriez-vous que la respiration joue un rôle fondamentalau violoncelle ?Respirer correctement contribue à soulager la musculature.De plus la respiration doit s’adapter à l’effort. Si la cagethoracique se raidit, on respire moins, et, comme une usine,le corps se charge de toxines qu’il n’arrive pas à évacuer.Ceci entraîne chez certains violoncellistes une respirationbruyante (songez à Casals, par exemple !) : au lieu d’inspi-rer librement avec son diaphragme, on se sert des musclesdu cou. Pensez si possible à éviter d’appuyer votre instru-ment trop fort sur votre poitrine.

Vous venez de mentionner Casals. Lui auriez-vousconseillé de changer de posture ?Changer la posture d’un musicien qui joue admirablement?Bien sûr que non. Mais on peut l’encourager à avoir unehygiène de vie parallèle qui lui apprendra à détendre leschaînes musculaires qui sont très sollicitées. Car, si Casalsy a échappé, beaucoup de musiciens risquent de se détério-rer au fil des ans, s’ils n’y prennent garde.

Les professeurs conseillent de « laisser aller le poids dubras droit dans le son ».Je suis d'accord avec cette formule mais parfois elle peutêtre mal interprétée. Il ne faut pas confondre un poids pas-sif et un poids actif. Il faut comprendre que le travail dupoids du bras commence à partir de l’axe de l’épaule, c’està dire à la frontière qui relie le bras (l’humérus) et le thorax(l’omoplate). Mais pour que le membre supérieur travailleen souplesse, il ne faut pas décoller l’omoplate. On peut tra-vailler le poids du bras sans recourir à une force de haut enbas (oublions la pomme de Newton). On se suspend un peu,et on lâche dans le son ; si on le fait au niveau de la corde,on l’écrase. C’est la force de la détente qui se dirige vers leson et qui donne la puissance sonore.Quant au bras gauche, il se travaille au niveau de la premiè-re position, en évitant de projeter la tête en avant.Il faut aussi noter que le 3ème doigt étant moins musclé, ilne se placera naturellement que lorsque l’on aura maîtriséle fonctionnement du 4ème doigt qui doit toujours resterdans l’alignement des autres doigts sans jamais se replier ensens inverse de la dynamique de la main.

Donneriez-vous d’autres conseils aux violoncellistes ?Beaucoup, mais il est difficile de généraliser, car je n’ai jamaisrencontré deux musiciens identiques, et qu’il faut tenir comp-te non seulement de la morphologie, mais aussi de la person-nalité de chacun. Je dirai simplement qu’il faut être vigilantquand on change d’instrument, veiller à l’épaisseur dumanche, au réglage des cordes, ne pas se fixer obsessionnelle-ment sur telle ou telle posture (les adolescents grandissent par-fois de dix centimètres en un an, ce qui implique une modifi-cation de la posture et de l’équilibre).Mais j’ajouterai que les premiers médecins des musiciens sontles luthiers que j’admire sans réserve. Quand on a un problè-me, ce sont eux que les musiciens consultent en premier. Je lesai côtoyés dans le stage de Flaine (Haute Savoie) et je les ai vusaccomplir des prouesses…Mais, il n’y a pas que l’instrument. Et le musicien doit aussiapprendre à accorder son corps Nous sommes les luthiers ducorps…

La revanche des musiciens : selon un cardiologueanglais, une bonne dose de musique améliorerait lesperformances des sportifs, ainsi que le QI des élèves.

Comment être à l’aise en position assise

Ill. Blandine Calais-Germain.

Travaillez la sensationd’être prête à vous lever

Votre colonne vertébrale est dans l’axe de votre cage thoracique

Répartissez vos appuis pour avoir une assise de bassin symétrique

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Ancienne élève duQuatuor Manfred, deGagnepain, puis deJean-Marie Gamard etde Michel Strauss auConservatoire, SophieMagnien enseigneaujourd’hui à Abbevilleen Picardie. En 2004-2005, elle a réalisé untravail sur le vibrato enguise de mémoire derecherche. « Le binômevibrato-expression mequestionnait depuislongtemps, dit-elle :

d’où la volonté d’aller fouiller dans les traités anciens,peut-être pour trouver une argumentation à mon envieinstinctive de jouer la musique classique sans, ou avectrès peu de vibrato « audible ».

Le vibrato des cordes, lié à la question de l’expressivi-té du discours musical, est un élément d’interprétationlaissé à la discrétion des instrumentistes. Parce qu’iln’appartient pas directement au domaine de l’écriture,le vibrato appelle une histoire de ses définitions et deson utilisation. Nous nous proposons ici de retracerson évolution, afin d’ima-giner quels moyens tech-niques et artistiques utili-saient les interprètes dessiècles passés. Les origines du vibratosont difficiles à cerner :imitation de l’art vocalévidemment, mais aussides techniques utiliséespar les luthistes del’époque médiévale quicherchaient à prolonger leson en relançant sa résonance par un mouvement laté-ral de la main. À l’époque baroque, sur la viole, plu-sieurs ornements peuvent être considérés comme lesancêtres de notre vibrato. Ils se caractérisent par unediversité des réalisations sonores, des notations, desdescriptions, et des nominations (plainte, langueur,balancement de la main, pincé, flottement, tremble-ment sans appuyer, tremolo…) Ils possèdent desconnotations émotionnelles précises, et servent àexprimer deux sortes d’affects : la tristesse, la déplora-

tion, la langueur, ou alors la terreur, le froid, la mort.En aucun cas ils ne véhiculent un caractère aimable ougracieux. Deux techniques sont employées couram-ment sur la viole : le “vibrato à deux doigts” est untrille très précisément rythmé, exécuté à l’intérieur dela frette, alors que le “vibrato à un seul doigt”, utilisélorsque le premier est impraticable - c’est-à-dire avecle 4° doigt, sur les doubles-cordes, et dans les tessi-tures aigues - est un balancement du doigt.La technique de l’ondulation de la main sur le violon estempruntée à cette deuxième manière, et conserve toutparticulièrement son caractère métrique régulier.Jusqu’aux traités de L. Mozart ou G. Tartini (1756 et1771), le balancement de la main ou tremolo est utiliséprincipalement sur les notes longues, sur les notesfinales, et dans les doubles-cordes.

À partir du moment où les ornements se trouvent de plusen plus intégrés à la mélodie par les compositeurs, le sta-tut du vibrato évolue, passant d’ornement à “moyend’expression” ou “effet”. Tous les textes du XIX° siècletémoignent paradoxalement d’une attirance pour cemoyen d’expression, et d’un immense sentiment de pré-caution, voire de prohibition. “Un violoniste de goût etde sentiment sain regardera toujours la sonorité pleinecomme la seule normale, et n’emploiera le vibrato que làoù les nécessités de l’expression l’exigent impérieuse-ment… Nous répétons encore ici que l’emploi trop fré-

quent de ce moyen d’ex-pression, surtout à unmoment inopportun, éveillechez l’auditeur un malaisecapable d’aller, comme ledit Schumann, jusqu’à lanausée.” (J Joachim, 1904).Pour C.A. de Bériot, levibrato est une “dangereusequalité”, car l’instrumentis-te qui en fait usage dépassel’idée de l’auteur, ets’éloigne donc d’une certai-

ne vérité de l’interprétation. “Le son vibré est une quali-té chez l’artiste qui sait en ménager les effets et s’en abs-tenir à propos, mais il devient un défaut quand on en faitun usage trop fréquent. Cette habitude, involontairementacquise, dégénère en un tremblement ou chevrotementnerveux qu’on ne peut plus maîtriser, ce qui produit unemonotonie fatigante.” (Bériot, 1858) Une mélodie de sacomposition, éditée dans sa méthode de violon avec lessignes de vibrato, confirme ces propos. Le vibrato a pourfonction de traduire la couleur sombre voulue par

HISTORIQUE DU VIBRATO POUR LES INSTRUMENTS À CORDES par Sophie Magnien

1 – Agitez votre main comme si vous secouiez des dés. Tousles os de la partie supérieure de votre bras vont se mettre àtrembloter ! Le vibrato, c’est la même chose2 – Quand je songe au vibratro du violoncelle, j’imaginedeux murs parallèles séparés par environ un mètre. Je voisune balle immatérielle lancée contre un des murs. Ellerebondit aussitôt contre l’autre mur, puis revient sur le pre-mier. J’ai l’impression que ceci pourrait continuer pendantdes années.

Phyllis Young « Playing the String Game »

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l’auteur, et est employé, accompagnéde ports de voix, uniquement surquelques intervalles expressifs, et aupoint culminant de la pièce. Le vibra-to au XIXe siècle, d’une amplitude enmoyenne plus faible qu’aujourd’hui,est donc fortement lié aux diversesaccentuations du discours musical. Ilest une aide pour souligner un phra-

sé, une prosodie, une harmonie, ou imiter le timbre carac-téristique d’un instrument. L. Spohr et J. Joachim classentainsi les différentes vitesses de vibrato:

vibrato rapide à l’usage des sons que l’on veut faire ressortir vigoureusement

vibrato lent, qui convient aux sons longuement tenus des mélodies passionnées

celui qui commence lent et devient rapide,pour enfler les sons prolongés

celui qui commence rapide et devient lent,pour diminuer les sons prolongés

On peut lire les premières allusions à un vibrato auvioloncelle dans les méthodes de J.F. Dotzauer en1825, et B. Romberg en 1840. Voilà ce que ditRomberg, contemporain de Beethoven, du tremolo(nom ancien pour vibrato): “Employé rarement etappuyé d’un archet rigoureux, il donne de la chaleur etde la vie au son ; mais ce n’est qu’au commencementqu’il faut le faire, et ne pas le prolonger pendant toutela durée de la note. (…) Cette vibration doit occupertout au plus le tiers de la note.”Début XXe siècle, sous l’influence des adeptes du“vibrato français” (vibrato continu, d’une intensitéimportante, assez large, qui aurait été beaucoupemployé et popularisé par H. Wieniavski), le vibrato

devient progressivement un élément constitutif de laproduction sonore. Les écrits à son sujet se multiplient :études psychologiques, recherches acoustiques,méthodes d’apprentissage du vibrato – véritablesméthodes de torture !… Dans les années 1930, aprèsde sévères polémiques entre partisans du vibrato conti-nu et partisans des sons purs (dont Joachim, Capet, etAuer sont les principaux représentants), le vibratocontinu est normalisé, au point de devenir le symboledes instruments à cordes. Il est perçu comme un para-mètre de personnification et d’identification du jeu.

Le vibrato n’est-il pas précisément fait pour compenser etdépasser l’incertitude de l’exécutant dans le frémissement dela vie ?

Pierre SCHAEFFER (Traité des objets musicaux p556)

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C’est “l’expression la plusdélicate de notre concep-tion spirituelle, de notreémotion artistique, et ilexprime, pour ainsi dire,notre tempérament lui-même” (Flesch, 1928).Ainsi, toutes difficultéséprouvées pour vibrer sontvécues comme un obstacle

à la liberté d’interprétation, un frein à l’épanouisse-ment de la personnalité, et même “interdisent l’accès àla carrière de virtuose” (Flesch)… Désormais, lesnotions de vibrato et expression sont quasiment syno-nymes. Mais si le vibrato continu est adopté unanime-ment, sa mise en œuvre engendre des discussions surles fonctions qui lui sont attribuées (pour Alexanianpar exemple, il “amplifie la portée émotive du son”,aide au legato, et est un “facteur des plus actifs de laplénitude du timbre”), sur le travail technique qu’ilrequiert (le vibrato résulte-t-il plus d’une réaction pro-duite par une sensibilité inconsciente, ou d’une volon-té lucide ?), sur la gestion de sa vitesse et de sonamplitude, ou encore son rapport avec la justesse. À cesujet, Alexanian propose une justesse de vibratoexpressive : une tierce majeure sera vibrée vers le bas,alors qu’une sensible sera vibrée vers le haut.

Bref, le vibrato est une mode d’interprétationqui n’a que peu de rapports avec l’histoire de lamusique. Aujourd’hui, libre à chacun de rester dans lalignée de cette tradition d’interprétation, ou de méditersur les traductions instrumentales contemporainespossibles des divers vibratos-ornements, vibratos-effets, ou vibratos continus…

Le dictionnaire des synonymes s’avère souvent utile pourexpliquer un concept et indiquer ce qu’un mot peut signifier d’un point de vue positif aussi bien que négatif. Lemot vibrato dérive du latin vibrare (bondir). Il implique unsurcroît de beauté et d’émotion exprimé par des termes telsque frémissement, frisson, tressaillement, ébranlement.Inversement d’autres synonymes du mot vibrer suggèrentles pièges tendus par un vibrato exagéré ou non contrôlé :par exemple : trembloter, frétiller, osciller, papilloter, flageoler, gratiller, sucrer les fraises ou avoir les grelots.

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Le Festival de Cordes sur CielJ’ai eu le plaisir d’assister au 33ème Festival de Musiquequi s’est déroulé dans la magnifique ville médiévale deCordes sur Ciel, dans le Tarn, et qui a pour but de jumelerla promotion de jeunes talents avec des rencontres deluthiers européens. Le président de cet événement, leluthier Christian Urbita, a été formé à Mittenwald, avant d’effectuer un compagnonnage européen à Stuttgart chezBernhard Franck, puis à Lubeck chez Rudolf Masurat.Après trois années chez Hill and Sons, il a regagné sa villematernelle au nom prédestiné de Cordes avec sa sympa-thique épouse anglaise, professeur de violoncelle. C’est surson initiative qu’a été conçu « le plus grand violoncelle dumonde », hébergé dans le Musée de la Lutherie deMirecourt.

Cette « cuvée 2005 » du Festival de Cordes (nous sommesdans le pays du Gaillac, à consommer avec modération…),dont l’invité d’honneur était le compositeur hongroisGyörgy Kurtag, a réservé une place privilégiée au violon-celle. Après Jérôme Pernoo, qui a ouvert le festival sur uninstrument de Frank Ravatin, un violoncelle baroque ita-lien, ainsi qu’un violoncelle piccolo du 18ème, plusieursjeunes violoncellistes se sont en effet produits , à savoir :Fabrice Bihan , formé par Pierre Champagne, FlorianLoridan, et Jean Deplace, qui joue en duo avec l’accordéo-niste Philippe Bourlois, et travaille avec des acteurs ou desdanseurs ; Raphaël Merlin, membre du Quatuor Ebène, issudu CNR de Boulogne Billancourt, qui joue un violoncellede Paul Tortelier, qui lui a été confié par le FondsInstrumental Français ; Sébastien van Kuijk, ancien élèved’Erwan Fauré, de Jean-Marie Gamard et de PhilippeMuller : titulaire du Prix du Meilleur Espoir au ConcoursRostropovitch et du 5eme prix au Concours InternationalPablo Casals, ce dernier joue un Storioni prêté par unmécène anonyme et un Stephan von Baeher, jeune luthierallemand installé à Paris.

Les rencontres de Lutherie de Cordes sur Ciel permettent àdes musiciens professionnels ou amateurs de s’initier à lalutherie. Cette année, François Peregro, artiste peintre etchercheur dans le domaine des matériaux et de la restaura-tion, donna des conférences sur les vernis et les jeux de lalumière dans les vernis des instruments du quatuor. Parailleurs, André Calvet, spécialiste d’archéologie musicale,présenta des instruments médiévaux gravés sur le tympande Moissac. Une galerie de lutherie contemporaine propo-sait aux violoncellistes, altistes et violonistes amateurs etprofessionnels l’essai de plus d’une cinquantaine d’instru-ments et archets. Les solistes du Festival se firent un plaisirde les jouer : Sébastien van Kuijk pour les violoncelles,Renaud Capuçon et Julien Chauvin pour les violons, et LiseBerthaud pour les altos. En finale, Renaud Capuçon jouasur son « Strad », ce qui démontra que la lutherie contem-poraine n’avait pas à rougir de sa production.

Pour clore ces rencontres, d’éminents luthiers et archetierseuropéens se sont réunis pendant six jours en un atelier : lepublic put ainsi observer la facture d’ instruments en coursde création. Jacques Bauer et son fils ont commencé unvioloncelle, Bruno Dreux, un alto, tandis que FrankRavatin terminait le vernis d’un superbe violoncelle,Pascal Gilis, de Bruxelles, la table d’un violon, et MarcRosenthiel la tête et la table d’un violoncelle . De leur côté,Yannick Lecanu, Arthur Dubroca, Sylvain Bigo et MélodiePinchedez peaufinaient de futurs archets.Un vrai régal que ces quinze journées passées à Cordes surCiel. J’y retournerai, promis…

Jean-Luc Deville

Rencontre d’archetiers à MirecourtDepuis fort longtemps, la Sainte Cécile suscite à Mirecourtdes concerts, des conférences sur la lutherie, des réunionsde luthiers, tout cela dans un cadre officiel. Cette année, àl’initiative de Bruno Dreux (luthier à Orléans), qui appréciede venir passer quelques jours à Mirecourt, une rencontreamicale et productive a vu le jour : des archetiers venusd’un peu partout ont partagé une semaine de travail etd’échanges divers dans un atelier improvisé grâce à labonne volonté de chacun. Ils ont souhaité revivre l’atmo-sphère des grands ateliers d’antan, en installant des établisdans un gîte loué pour la circonstance ; certains ont eu leprivilège de s’asseoir sur le vieux tabouret en bois deMorizot, d’autres se sont penchés sur l’établi de Maline, etle foret de Lotte a percé les baguettes (trois noms illustresde l’archèterie française mirecurtienne). Ayant apporté aveceux leur outillage peu volumineux et leurs fournitures, tra-vaillant côte à côte, échangeant leurs savoir-faire indivi-duels, les huit compères ont observé et commenté les tech-niques propres à chacun d’entre eux. En effet, l’archetier,au fil des années d’un artisanat solitaire, élabore insensible-ment sa méthode de fabrication, son style, ses astuces, sesoutils ; il apprécie plus ou moins une étape de la réalisation,la simplifiant, ou, au contraire, la perfectionnant. Dans une

société de concur-rence et de producti-vité massive, ils ontsu valoriser l’amitié,laissant de côté touteanimosité entre col-lègues. Je tiens ici àles nommer et à lesencourager :Catherine BAROIN(Mirecourt), JeanClaude Condi

(Mirecourt), Arthur Dubroca (Paris), Boris Fritch (Paris),Michaël Hattala (New York),Yannick Le Canu (Lille),Georges Tepho (Quimper), Stéphane Tomachot (Cucuron).

Fabienne Ringenbach

LUTHERIE

Atelier Poussay.

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Profitons du répit qui nous est donné avant que la loi n’interdise de fumer dans les magazines pour noter que contrairement au violon ou aux instruments à vent, le violoncelle et la guitare font partie des rares instruments qui permettent defumer en jouant.

Maurice Baquet sortant du train

Il est vrai que Sempéreprésentait presquetoujours ses pianistesavec une cigarette à labouche.

Sans conseiller aux jeunes de suivre l’exemple de certains de leurs aînés, notons que le tabac est lié à l’image de grandsvioloncellistes du 20e siècle.

Mais unchanteur quifume n’irapas loin…

Et pour un flûtis-te, la seule solu-tion consiste àbourrer son ins-trument detabac…

Il paraît que les démanchés deFeurmann avaient une odeur de

tabac...

Pour Navarra, la cigarette renforçait son autorité légendaire

Par exemple, tous ses anciens élèves se souviennent queMaurice Maréchal nequittait jamais sa pipe etles enfumait pendant lescours.

A quatre vingt balais,Starker continue àconsommer son paquetpar jour.

Quant à Casals, on raconte qu’après sa mort, on découvrit des monceaux de cendre de pipe à l’intérieur de son Stradivarius.

Et pendant qu’on y est, buvons un coup à la santé du violoncelle !

COIN FUMEUR

Bouteille de vin allemande. Cellocello whiskywhisky.

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Titres des nouveaux CD et DVD relevés par FabienneRingenbach dans quelques revues de septembre à novembre 2005.

Violoncelle seul :-Tim HUGH : J.S. Bach, 6 Suites. 2cd. Kevin Mayhew PremierRelease 1490174.-Truls MORK : J.S. Bach, 6 Suites. 2 cd. Virgin Classics 5 456502 (EMI).-Viviane SPANOGHE : Georg Philipp Telemann, Fantaisiespour violon seul transcrites pour Vlcelle. Etcetera KTC1281(Codaex).

Violoncelle et piano :-Lisa ERBES, Catherine Dubosc (soprano), Lara Erbès : MarieJaëll (1846-1925), Cinq lieder, Sonate, Quatre mélodies sur despoèmes de Victor Hugo, Solstice SOCD 227.-Anne GASTINEL, Claire Désert : Franz Schubert, SonateArpeggione D.821, Sonatine op.137 D.384, Ständchen, An dieMusik, Litanie pour la fête des défunts, La Truite, DerDoppelgänger, Auf dem Wasser zu singen, Der müller und derrBach, transcriptions pour Vlcelle et piano. Naïve V5021.-Anssi KARTTUNEN, Tuija Hakkila : Fauré, Sonate op.13,Elégie op.247, Romance op.69, Papillon op.77, Sérénade op.98,Sicilienne op.78, Duparc, Sonate. Saphir 00 1048 (CodaexFrance).-André NAVARRA, Pierre Sancan : Beethoven, Sonates, 1966,réédition. Accord, 2 cd. 476 7786.-Maxine NEUMAN, Joan Stein : Arnold Rosner (né en 1945),Sonate n°1 et d’autres oeuvres de musique de chambre sansVlcelle. Albany Records TROY 163 (Distrart Musique).-Jan VOGLER, Bruno Canino : Intégrale des oeuvres pourVlcelle et piano de Beethoven et Schumann, (1994-1996), réédi-tion . Berlin Classics 00 13492BC.-Agnès VESTERMAN, Bertrand Giraud : Kodaly, Sonate op.4,Neuf Epigrammes, Janacek, le Conte, Prokofiev, Sonate op.119.Anima records (Fnac Virgin)

Musique de Chambre :-Christophe BEAU, Françoise Kubler (soprano), Armand Angster(clarinette), ensemble Accroche Note, Ensemble Linea, dir. Jean-Philippe Wurtz : Michael Jarell (né en 1958), Assonance III(1989) pour clarinette basse, Vlcelle et piano, Eco IIb (1994) poursoprano et six instruments, Aus Bebung (1996) pour clarinette etVlcelle, Trei II (1982) pour soprano, flûte, clarinette violon,Vlcelle et piao, Essaims Cribles. Accord 476 7196, (Universal).-Teodora CAMPAGNARO, Lucia Sciannimanico (soprano),Andrea Vio (violon), Aldo Orvietto et Marco Rapetti (piano) :Gianfrancesco Malipiero (1882-1973), Sonata a tre, Il Cantodella lontananza, Sonatina pour Vlcelle et piano, Armenia,Parafrasi, Dialoghi I-III. Stradivarius STRAD33557(Abeillemusique.com).-Colin CARR, Charles Neidich (clarinette), Philippe Graffin (vio-lon), Pascal Devoyon (piano): Olivier Messiaen (1908-1992),Quatuor pour la fin du temps, Paul Hindemith, Quatuorpour clarinette, violon, Vlcelle et piano. Cobra Records COBRA0014 (Codaex).-Natalie CLEIN et Paul WATKINS, Marianne Thorsen et MalinBroman (violons), Lawrence Power et Garfield Jackson (altos),Duncan McTier (contrebasse) : Dvorak, Sextuor à cordesen la majeur op.48, Quintette à cordes en sol majeur op.77,Intermezzo pour quintette à cordes. ASV Gold GLD 4011

(Abeillemusique.com).-André EMELIANOFF, Richard Woodhams (hautbois), PaulNeubauer (alto), Chee-Yun (violon), Ursula Oppens, Joan Tower,Melvin Chen (piano), Quatuor de Tokyo : Joan Tower (née en1938), Musique instrumentale. Naxos 8.559215 (IntegralDistribution).-Yan GARAC et Chrisophe BEAU, Nathanaëlle Marie et Jin-HyPaik (violons), Françoise Renard et Ingrid Normand (altos),Esther Brayer (contrebasse) : Renaud Gagneux (né en1947), oeuvres pour cordes, Quatuors n°1 et 2, deux Dansespopulaires, op.52. Triton TRI 331131 (Integral Distribution).-Emilia GLIOZZI, Jürgen Banholzer (contre-ténor), MargitUbellacker (psaltérion), La Gioa Armonica : Antonio Caldara,Cantates pour alto, Arie pour Alto, 2 Sonates pour Vlcelle.Ramée RAM 0405 (Codaex).-Michael GROSS, Trio Parnassus : Wolfgang Schröder (violon),Chia Chou (piano) : Louis Ferdinand de Prusse (1772-1806),Trio op.2, Grand Trio op.10. MDG 303 1047-2 (CodaexFrance).-David HETHERINGTON, Ensemble Amici : Max Bruch, Huitpièces op.83, Vincent d’Indy, Trio pour clarinette, Vlcelle etpiano op.29. Naxos 8557347 (Integral Distribution).-Hungarian Piano Trio : Marco Enrico Bossi (1861-1925), Triosop.107 et 123. Hungaroton Classic HCD 32293.-Maria KLIEGEL, Nina Tichman (piano), Ida Bieler (violon) :Beethoven, Trios n°5 “des esprits” et n°6, 1 et 2, Variations en mibémol majeur op.44. Naxos, 8.557723 (Integraldistribution).-Jennifer LANGHAM et Ronald THOMAS, Richard Stoltzman(clarinette), Daniel Spepner (violon), Carol Wincenc (flûte),Robert Schultz (percussion), James Guttman (contrebasse),David Taylor (trombone basse), Carol Meyer (soprano), JudiBrown Kirchner (Mezzosoprano), Matthew Kirchner (tenor),Richard Lalli (baryton, Yehudi Wyner (récitant, piano) :Yehudi Wyner (né en 1929), Le Miroir, L’Offrande de Pâques,Tants un Maysele. Naxos 8.559423 (Integral Distribution).-Elisabeth LEGUIN, Eisabeth Blumenstock (violon), TomBeghin (piano-forte): Joseph Haydn, 3 Trios “Bartolozzi” n°43-45 Hob.XV.27-29, Muzio Clementi, Trio op.27 n°2.Etcetera KTC 4010 (Codaex).-Richard LESTER, Paul Barrit (violon), Christopher Herrick(orgue) : Joseph Rheinberger (1839-1901), Suite pour orgue,violon et Vlcelle op.149, 6 pièces pour violon et orgue op.150.1996, réédition. Hyperion”Helios” CDH55211.-Alison MCGILLIVRAY, David McGuiness (clavecin), EligioQuinteiro (guitare baroque), Joseph Crouch (Vlcelle continuo) :Geminiani, Six Sonates op.5 pour Vlcelle. CKD 251 (Codaex).-Robert MAX, Annemarie Sand (mezzo-sopano), DanielPailthorpe (flûte), James Kirby et Fredrick Stocken (piano),Quatuor Bochmann : Margaret Hubicki (née en 1915), Piècesde musique de chambre. Chandos CHAN10322 (Codaex).-Christophe MARKS, The Gaudier Ensemble : Carl Maria vonWeber, Quintette pour clarinette et cordes, Trio pour flûte,Vlcelle et piano, Quatuor pour piano et cordes. HyperionCDA67464 (Abeillemusique.com).-Alain MEUNIER, Boris Garlitsky (violon), VladimirMendelssohn (alto) Claire Désert (piano), Benoît Fromanger(flûte), Jean-Louis Capezzali (hautbois), Michel Lethiec(clarinette), Hervé Joulain (cor), Amaury Wallez (basson) :Salvatore Sciarrino, (né en 1947), Musique de chambre compo-sée entre 1975 et 1985. Arion ARN68689 (Night & Day).-Truls MORK, Hélène Grimaud (piano), Ann Sofie von Otter(mezzo soprano), Staatskapelle de Dresde dir. Esa-Pekka Salonen :Robert Schumann, Concerto pour piano et orchestre,

DISQUES ET DVD

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Le Violoncelle N°17 - Décembre 2005 - P 20

Clara Schumann, deux Lieder sur des poèmes de Rückert,Brahms, Sonate pour Vlcelle et piano n°1, Rhapsodies op.79.DG 4775892 (Universal).-Pratum Integrum Orchestra : Anton Ferdinand Tietz (1742-1810) : Symphonie n°4, Quintette à cordes n°6, Duo pour violonet Vlcelle en ut majeur, Concerto pour violon en mimajeur, Quatuor en ré mineur. Caro Mitis CM0022004(Distrart).-Arnau Tomas REALP, Cuarteto Casals : Abel Tomas Realp etVera Martinez Mehner (violons), Jonathan Brown (alto) :Mozart, Les 13 Quatuors à cordes de jeunesse, 3 DivertimentosKV.136, 137, 138. 3 cd. Harmonia Mundi HMI 987060 62.-Eckart RUNGE, Natalia Prischenko et Heime Müller (violons),Volker Jacobsen (alto) : György Ligeti, Quatuors à cordes n°1“Métamorphoses nocturnes” et n°2. Virgin Classics (EMI).-François SALQUE, Philippe Bernold et Romain Guyot (clari-nettes), François Leleux (Hautbois), André Cazalet (cor), GilbertAudin (basson), Guillaume Sutre (violon), Miguel da Silva (alto),Vincent Pasquier (contrebasse), Brigitte Engerer et Jean FredericNeuburger (piano) : Louise Farenc (1804-1875), Nonette pourcordes et vents op.38, Mélodie en la bémol majeur, Variationsconcertantes pour violon et piano op.20, Etudes op.26 n°17 et 18,trio pour clarinette, Vlcelle et piano op.44. Naïve V5033.-Jan SCIFFER, Quatuor Spiegel, Jan Michiels (piano) : CesarFranck, Quintette en fa majeur, Ernest Chausson, Quatuor pourpiano, violon, alto et Vlcelle en la majeur op.30. MDG 644 13512(Codaex).-Torleif THEDEEN, Ulf Wallin, Roland Pöntinen (piano): AntonWebern (1883-1945), Deux Pièces pour Vlcelle et piano, Sonatepour Vlcelle et piano, Trois petites pièces pour Vlcelle et pianoop.11, Rondo pour piano, Mouvement pour piano, Variationspour piano op.27, Pièce pour piano op. posthume, Kinderstück,Quatre pièces pour violon et piano op.7, Arnold Schoenberg, LaNuit transfigurée op.4 arr. Eduard Steuerman, Sonnet dePétrarque de la Sérénade op.24 arr.Félix Greissle. Bis CD-1467(Codaex).-Helen THATCHER, Martin Roscoe (piano), Gina McCormaacket Catherine Yates (violons), Sarah-Jane Bradley (alto) :Chostakovitch, Quatuors à cordes n°1 en ut majeur op.49 etN°12 en ré bémol majeur op.133, Quintette pour piano et cordesen sol mineur op.57. Chandos CHAN 10329 (Codaex France).-Bion TSANG, Alexandre Brussilovsky (violon) : Zoltan Kodaly,Duo pour violon et Vlcelle op.7, Sonate pour Vlcelle et piano op.8,Capriccio pour Vlcelle seul. Suoni e colori SC253282(M10).-Quirine VIERSEN, Benjamin Schmid et Hanna Weinmeister(violons), Silke Avenhaus (piano) et d’autres musiciens pourd’autres oeuvres : Erich Korngold (1897-1957), Suite op.23pour deux violons, Vlcelle et piano. Oehms Classics (Codaex).-Raphaël WALLFISCH, John York (piano), Yuko Inoue (alto) :Beethoven, Sonate en la majeur op.47 “Kreutzer”, Sonate en Famajeur op.17, Duo “des Lunettes” WoO 32 pour alto et Vlcelle.Cello Classics CC1014.-Pauline WARNIER, le Salon Romantique : George Onslow(1784-1853), Quintettes à cordes n°7 et 8. Pierre VeranyPV705051 (Abeillemusique.com).

Violoncelle et orchestre :-Arturo BONUCCI, Ensemble Strumentale Italiano, dir. ArturoBonucci : Leonardo Leo (1694-1744), les 6 Concertos pourVlcelle, Concerto à 4 violons obligés et continuo. 2 cd,Arts 47760 (DOM) réédition d’un enregistrement de 1988.-Enrico BRONZI, Accademia i Filarmonici di Verona dir. EnricoBronzi : Luigi Boccherini, les 12 Concertos pour Vlcelle. 3 cd,Brilliant Classics BRI92618 (Abeillemusique.com).-Pablo CASALS, Orchestre de la BBC dir. Adrian Boult, et autre

orchestre dir. Landon Ronald : Boccherini, Concerto en si bémol,Bruch, Kol Nidrei, Haydn, Concerto en ré majeur, Elgar,Concerto, enregistrés de 1938 à 1945. Naxos “Historical”.-Bruno COCSET, Les Basses Réunies : Luigi Boccherini,Concertos 475 et 480 (arrgt), Sonates G.4, 17 et 565. Alpha 084(Abeillemusique.com).-Emanuel FEUERMANN, Franz Pupp et Arpad Sandor (piano),New York Philharmonic dir. Alexander Smallens : “Feuermann inConcert”,Saint-Saëns, Concerto n°1 en la mineurop.33, J.S. Bach, Sarabande et Bourrées de la Troisième Suite,Adagio en la mineur arr. Siloti-Casals, Popper, Papillon, Fauré,Après un Rêve arr. Casals, et un petit film visible sur ordinateurenregistré en 1939 avec un Rondo de Dvorak et Spinning son dePopper. Cello Classics CC 1013.-Alban GERHARDT, BBC Scottish Symphony Orchestra,Carlos Kalmar (dir): Ernö Dohnanyi, Konzert-stück en rémajeur op.12, Georges Enesco, Symphonie concertante ensi bémol mineur op.8, Eugen d’Albert, Concerto en do majeurop.20. Hypérion CDA67544 (Abeillemusique.com).-Alexander IVASHKIN, Orchestre Symphonique d’Etat de Russiedir. Valeri Polyansky : Giya Kancheli (né en 1935), Simi, Pleurépar le vent. Chandos CHAN 10297 (Codaex).-Alexandre KNIAZEV, Orchestre de chambre de Moscou dir.Constantine Orbelian : Tchaikovsky, Variations sur un thèmeRococo op.33, Nocturne op.19 n°4, Andante cantabile op.11a,Romances (10). Warner 2564 62061-2 (WEA).-Libero LANA, Trio di Trieste, Friedrich Gulda (piano), WeinerSymphoniker, dir. Karl Böhm: Beethoven, Triple Concerto,Concerto pour piano n°4. Enregistrement de 1953. ArchipelARPCD077 (Dom).-Antoine LEDERLIN, Marc Desmons (alto), Orchestre d’Auvergnedir. Armin Jordan : Othmar Schoeck (1886-1957), Concerto pourVlcelle, Sommernacht, Benjamin Britten, Lachrymae pour alto etorchestre. Saphir LVC 001052 (Night & Day).-Jean-Guihen QUEYRAS, Isabelle Faust (violon), AlexanderMelnikov (piano), Orchestre Philharmonia de Prague, dir. JiriBelohlavek : Dvorak, Concerto en si mineur op.104, Trio n°4op.90 “Dumky”. Harmonia Mundi, HMC 801867.-Alexander RUDIN, Musica Viva Chamber Orchestradir.Alexander Rudin : Jean Balthasar Tricklir (1750-1813),Quatre Concertos pour Vlcelle. Cello Classics CC0015.-Stanimir TADOROV, Christina Astrand (violon), Per Salo(piano), Orchestre symphonique d’Helsingborg dir. Hannu Lintu :Emil Hartmann (1836-1898), Concerto pour violon, Concertopour Vlcelle, Concerto pour piano. Dacapo 6220511 (Integral).-Paul TORTELIER, Philharmonia Orchestra, dir Herbert Menges,City of Birmingham Symphony Orchestra, dir Louis Frémaux :Tchaïkovsky, Variations Rococo, Fauré, Elégieop.24, Saint-Saëns, Concerto n°1, Allegro appasionato op.43,Lalo, Concerto. Enregistrements 1955, 1975. Emi 4768672.-Yuli TUROVSKY, I Musici de Montréal dir. Yuli Turovsky :“Violonchelo espanol”, Cassado, Requiebros, Sonate dans lestyle ancien espagnol arr.Messier, de Falla, Sept Chansons popu-laires espagnoles, Danse rituelle du feuarr.Messier,Glazunov, leChant du Ménestrel, Sérénade espagnole op.20 n°2, Albeniz,Malaguena d’Espagne, Borodine, Sérénade espagnole,Shchedrin, A la manière d’Albeniz. Analekta AN 2 9897.-Quirine VIERSEN, Henk Swinnen (hautbois), Kerstin Scholten(harpe), Orchestre de chambre de la Radio néerlandaise dir.Kenneth Montgomery : Franck Martin (1890-974),Concerto pour Vlcelle, Trois Danses pour hautbois et harpe,Ballade pour Vlcelle et orchestre de chambre, Passacaille pourcordes. Etcetera KTC1290 (Codaex).-Li WEI, Elizabeth Campbell (mezzo-soprano), Adelaïde

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Symphony Orchesta dir. Nicholas Braithwaite : Elgar, Concertoen mi mineur op.85, Sea Pictures op.37, Prelude to the Kingdomop.51. ABC Classics 476 7966.

Ensembles de violoncelles :-Josep BASSAL et Wolfgang LEHNER : Facco, Balletto n°3 en domajeur Porretti, Sonate en ré majeur, Boccherini, Sonates en domajeur G74, sol majeur G5 et do mineur, Vidal, Andante gracio-so. Naxos 8 557795.-Jean Luc BOURRE, Stéphane MANENT, Emma SAVOURET, etd’autres musiciens: Max d’Ollone(1875-1959), Andante etScherzo pour 3 Vlcelles et d’autre oeuvres de musique dechambre. Maguelone MAG 111162.

Divers :-Alio Modo : J.S.Bach, Passacaille en do mineur BWV582 etautres oeuvre transcrites pour violes. Harmonia Mundi HMU907395.-Guido BALESTRACCI (viole de gambe) et d’autres musiciens :Schaffrath, Sonates pourviole, Quatuor pour viole, violon, Vlcelle et clavecin, et d’autresoeuvres. Zig-Zag Territoires ZZT 050401.-Vittorio GHIELMI (viole de gambe) et Luca Pianca (luth) :Johann Schenck, Carl Philipp Emanuel Bach, Carl FriedrichAbel, Georg Friedrich Haendel, W.A. Mozart, Andreas Lidl,Christoph Willibald Gluck : oeuvres pour luth et viole degambe du Baroque allemand. Harmonia Mundi HMI 987063.-Soazig LE LAY, (Vlcelle, chant et guitare basse), Sylvie Jourdan(chant, accordéon, orgue) : Les Oisives, “l’Intangible”. PuddingProductions (Coop Breiz).-Arto NORAS, Mari Palo (soprano), Petteri Salomaa (baryton),Riikka Rantanen (mezzosoprano), Juha Kotilainen (baryton-basse), Topi Lehtipuu (ténor), Kalle Holmberg (narrateur), MikaVäyrynen (accordéon), Elina Vähälä (violon), Ilpo Mansnerus(flûte), Michel Lethiec (clarinette), Ari-Pekka Mäenpää (percus-sions), Ralf Gothoni (dir. et piano) : Aulis Sallinen (né en 1935),Barabbas Dialogues. CPO 777077 (Codaex).-Paolo PANDOLFO, Thomas Boysen (théorbe et guitarebaroque) : Sieur de Sainte Colombe, Pièces de Viole. GlossaGLO920408 (HM).-Quirine VIERSEN, Christiane Stotijn (mezzo-soprano), MattijsVan de Woerd (baryton), Erwin Wiersinga (orgue), The gents,choeur de femmes, dir Peter Dijkstra :”Lux Aeterna” Duruflé,

Requiem, Messe cum Jubilo, Notre Père, Poulenc, Quatre petitesprières de saint François d’Assise, Laudes de saint Antoine dePadoue, Messiaen, O Sacrum Convivium. Channel ClassicsCCS22405 (HM).-Sophie WATILLON (dessus de viole), Friederike Heumann etBrian Franklin (basses de viole), Matthias Spaeter (théorbe),Luca Guglielmi (orgue) : Christopher Simpson (1606-1669),The Seasons (Winter, Spring), The Monthes (January-June),Divisions. Alpha 088 (Abeillemusique.com).-”THE BRITISH CELLO PHENOMENON” : John BARIBOLI,Beatrice HARRISON, Cedric SHARPE,...et beaucoup d’autresvioloncellistes : Rossini, Bach, Popper, Godard, Grieg,Massenet, Debussy, ...et beaucoup d’autres compositeurs. 2 cdprésentent le Vlcelle en Angleterre depuis les premiers enreg-istrements jusqu’à aujoud’hui. Cello Classics CC1010.

DVD :-Jacqueline DU PRE, Daniel Barenboim (piano), Itzak Perlman(violon), Pinchas Zukerman (alto), Zubin Mehta (contrebasse) :Franz Schubert, La Truite (documentaire et exécution, 1969),Le plus grand Amour et le plus grand Chagrin (documentaire deChristopher Nupen). Opus Arte CN0903 (Codaex).-Maurice GENDRON, Denise Duval (soprano), Gabriel Bacquier(baryton), Jean-Pierrre Rampal (flûte), Robert Veyron-Lacroix,Gabriel Tacchino, Christian Ivaldi, Jacques Février,Francis Poulenc (piano), Jean-Jacques Grunenwald (orgue),Orchestre national de la RTF, Orchestre Philharmonique del’ORTF, dir Georges Prêtre : “Francis Poulenc and Friends”,enregistrements de 1959 à 1958. Emi 31 02009.-Leonard ROSE, Isaac Stern (violon), Eugene Istomin (piano),The Bell Telephone Hour Orchestra dir. Donald Voorhees :Beethoven, trio op.1 n°3, Brahms, Trio n°2 op.87, Saint-Saëns, Introduction et Rondo capricioso. Enregistrements de1959 et 1965. VAI 4337 (Codaex).- Gregor SMITH, The Lindsays : Peter Cropper et Ronald Birks(violons), Robin Ireland (alto) : Josph Haydn, Quatuors à cordesen ut majeur et en fa mineur op.20 n° 2 et 5, en ut majeur op.33“l’Oiseau”, en ré mineur op.42, en sol majeur et en ut majeurop.54 n°1 et 2, en ré majeur op.76 n°5. 2 DVD, Opus Arte OA0920D (Codaex France).-Paul TORTELIER, “La Musique et la Nature”, film documentai-re de Bruno Monsaingeon réalisé en 1972. EMI DVB 3101979.

Violoncelle lancé dans la terre comme un flèche tombéeton corps ondulant sur sa fine épine dorsaletremble suspendu Des coups d’archet caustiques menacentta table d’harmonie de ver et de sève

Tes doigts pour monter descendre plus bas aspirent une toile invisible pour t’élever vers l’immensité astraleTes doigts caressent le ciel Ton corps dittoute la lumière pour soulever et écarter son voile

Tu avances à grands pas tu mords l’iode à chaque tonRien ne peut t’intimider casse-cou de la musiqueexplorateur du pouls rebelle

Condamné est le mur sur lequel tu te propulseras

Tu mords le vermillon au goût de miel avec tant de véhémenceFrère de sang mon sang coule dans tes veinesDans tes affres je te fais tournoyer te tapote en douceurLà où vibre le gland tu sanglotes en moi de tes sons les plus sombres

Entracte puis tu gémis aux éclats des étoiles polairesEt celui qui t’a brûlé de son archet te sourit maintenantTu respires plus calmement Nous nous arrêtons Nirvana

Keith Barnes

LE COIN DES POETES

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40 ans, un passé plein de musique ... trois accords de gui-tare, quelques cantates et pas mal de flûte ...40 ans et une évidence soudaine face à un orchestre àcordes : les violoncelles m’attirent, me parlent, m’en-chantent ...40 ans et la ronde des commentaires ... “ à ton âge ? ““t’as pas peur du ridicule ? “ “c’est ta dernière lubie ?”Après tout, ça m’est égal, je jouerai du violoncelle ...Ma fille me souffle les notes (les flûtistes et la clef defa... ), son frère m’encourage : “deuxième doigt, M’man,ouais, super ...”. C’est peut-être tremblotant, ce n’est cer-tainement pas très juste mais il se passe quelque chose debouleversant, comme si, dans mon archet fragile secachait toute une musique qui ne demandait qu’à naître.J’ai foncé chez le luthier et rapporté fièrement mon pre-mier compagnon, sous les regards goguenards ou atter-rés des copains ... Après tout, ça m’est égal, je jouerai duvioloncelle ... Premiers cours, mal aux doigts, premierduo, premiers bonheurs ... Premier concert, je suis prêteà jouer toutes les basses continues du monde pourvuqu’on me laisse participer, premières angoisses ... je vaisme planter ... je vais me planter ... je me suis plantée ...

ah ! bon, personne ne s’en est aperçu, prenons l’air déga-gé et poursuivons ...Premier octuor, ouh la, ça décoiffe, je m’accroche auchef, même pas perdue ; par contre, écouter l’ensemble,ce sera pour la prochaine fois, je ne m’entends même pasmoi-même ! Le chef a dit : “tant que tu ne t’entends pas,c’est que c’est juste”, essayons pour voir, un doigt à côté,ouille, c’est vrai, regard du chef, j’le ferai plus, promis ...enfin, pas exprès ... Un professeur tornade qui enchaînesans répit : “première position, quatrième position,deuxième, troisième ... Tu as compris ? C’est toujourspareil ! ... Cinquième, sixième, septième ... Tu vois, tu yarrives ...! ... On fait une pause avant le pouce ?” On faitune pause, par pitié ... Une année. Malgré les supplices journaliers de notrecher Feuillard, les doutes (c’est fauuuux !) et les blocages(non, pas quatre bémols !), c’est un plaisir sans cesserenouvelé, une drôle de sensation au creux du ventrequand je partage la musique des “grands”, des éclats derire et des tonnes de joie partagée. Dernière heure : leprofesseur-la-tornade m’a promis les Suites de Bach ...Et bien, voilà, je joue du violoncelle !

L a presse a rendu compte de la pétition lancée par l’Association

de bassistes et contrebassistes de Franceaprès que deux jeunes musiciens

aient été verbali-sés pour excé-dent de bagages

parce qu’ils voya-geaient accompagnés de leur contre-basse.

Un certain nombre de violoncellistesse sont également exprimés sur le

problème du transport des violoncelless u rl eforum du site del’AFV dans larubrique « le thèmedu moment ». L’und’entre eux a notam-ment écrit le 4 décembre 2004 : « J’ai eu une contra-

vention SNCF (sur le TER) pourtransport d’instrument de musique

(70 €) alors que 2/3 des placesétaient vacantes ». Il arrive aussi

parfois que ceci seproduise surd’autres lignes, etn o t a m m e n tEurostar.Si, comme l’écritune autre violon-celliste, « il ne faut pas trop se prendre latête, les contrôleurs qui font appliquer ler è g l e -ment à

la lettre sont très rares »,il convient de réagircontre l’excès de zèled’une petite minoritéd’entre eux. Faitescomme l’AFV, signez lapétition lancée par nosamis contrebassistes

LE COIN DES AMATEURSRencontrer un violoncelle ...

Yanne Vivier-Baillon nous raconte son expérience de « grande débutante »

TRANSPORTER SON VIOLONCELLE

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Le Violoncelle N°17 - Décembre 2005 - P 23

LE COIN DES PLASTICIENSArman, un artiste incendiaire

Né à Nice en 1929, le grand artiste plasticien Arman, l’undes fondateurs du mouvement du nouveau réalisme, s’estéteint il y a quelques semaines à New York, où il s’étaitinstallé depuis 1971. Dans une société de consommation oùles objets sont de plus en plus produits en série jusqu’àatteindre une saturation, il avait combiné une doubleapproche : ainsi que l’écrit Bernard Lamarche-Vadel, « quece soit en isolant un objet soumis à la destruction (coupe,combustion, pétrification, etc.), ou en se livrant à la procé-dure accumulative, il a démontré le surplus, le stockinépuisable d’objets, l’addition sans cesse croissante desséries, mais résorbée par extraction et soustraction dans ladéperdition violente de leur nature, dans l’état définitif deleur annulation… » Il est clair que toute l’œuvre d’Armanest un vaste processus dialectique de confrontations sanscesse relancées entre totalité et régions, infini et séquences.En effet, Arman n’a jamais cessé de s’intéresser aux objets,qu’il a délibérément détachés de leur fonction initiale. C’estainsi qu’en coulant en bronze, en découpant, en calcinantou en accumulant des rasoirs, des meubles, des téléphones,des instruments de musique, etc., il avait l’intention demontrer qu’ayant perdu fonction matérielle, ces objetsétaient susceptibles de revêtir une beauté abstraite, unevaleur esthétique nouvelle et inattendue.Parmi ses modèles, le violoncelle figure en bonne place.Nous en reproduisons quelques uns et laissons aux lecteurs lesoin de réfléchir à la convergence de sa démarche et de cellede certains compositeurs contemporains.Page suivante :

1/ Sérénade 12/ Samouraï3/ Violoncelle bleu4/ Violoncelle électrique

5/ Sérénade 26/ Colère de violon sur moquette7/ Colère de violoncelle8/ Portrait de J.S. Bach9/ La Tour Rostropovitch

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Arman, un artiste incendiairesuite

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