LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION -...

Jean-Serge ELOI SOCIOLOGIE UTLB 2015-2016

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LE VIEILLISSEMENT DE LA POPULATION

INTRODUCTION

L’agence de notation américaine Moody’s estimait en 2014 que, dès

2015, 67 pays au monde seraient classés « vieillissants ». Le Japon, l’Allemagne et l’Italie sont aujourd’hui membres d’un club « très senior ». Ils seront rejoints par la Finlande et la Grèce en 2015 et par la France en 2020, une « France ridée ».1 Jusqu’à présent, le vieillissement a surtout touché les pays du Nord, les pays développés, mais il n’épargne personne dans la mesure où il commence à gagner des pays moins développés. On peut en effet considérer que des pays émergents comme la Russie ou la Chine sont vieillissants.2 Le vieillissement de la population devrait donc être « l’un des grands changements sociaux de l’humanité au cours du XXIe siècle ». 3

On sait que dans les pays développés l’espérance de vie, l’âge moyen au décès, augmente, mais le vieillissement de la population ne peut se ramener exclusivement à cette augmentation. Quelques précautions de définition sont nécessaires. De quoi parle-t-on quand on évoque le vieillissement de la population ? Quelles sont ses caractéristiques, sa mesure et sa représentation ? Le vieillissement de la population se manifeste avec le plus d’évidence dans les pays qui ont achevé leur transition démographique entendue comme le passage d’un équilibre démographique de haut niveau (forte natalité, forte mortalité) à un équilibre de bas niveau (faible natalité, faible mortalité). En quoi le vieillissement de la population constitue-t-il le stade ultime de la transition démographique ? Analyser un phénomène revient, après l’avoir caractérisé, à l’expliquer, c’est-à-dire à en rechercher les causes, avant d’en dégager les conséquences tant sur le plan économique que social. Sont-elles toutes négatives comme on l’entend trop souvent affirmer en surestimant ses coûts ?

L’objet du propos se décline en quatre temps. Dans le premier, on cherchera à caractériser, mesurer et représenter le vieillissement (I). Dans un deuxième temps, il s’agira de montrer qu’il apparaît comme le stade ultime de la transition démographique en voie d’achèvement (II). Le troisième temps sera consacré aux causes du vieillissement (III) alors 1 - Pierre Chaunu, Gérard François Dumont, Jean Legrand, Alfred Sauvy, La France ridée, Paris, Pluriel, 1979. 2 - Charles Perrac, « Le vieillissement ralentira la croissance mondiale », Le Figaro, 7 /08/2014 3 - Institut National d‘Études Démographiques (INED), lexique, www.ined.fr


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que dans le quatrième et dernier temps, on s’attardera sur ses conséquences tant économiques que sociales (IV). I/CARACTÉRISTIQUES, MESURE ET REPRÉSENTATION DU VIEILLISSEMENT

Les pays du nord, qui ont achevé leur transition démographique, connaissent un vieillissement de leur population et cette question se pose inéluctablement dès lors que l’évolution de la fécondité et de la mortalité transforme la pyramide des âges.

A/ LE VIEILLISSEMENT : DÉFINITION ET MESURE Le vieillissement de la population n’est pas forcément une notion

simple à appréhender. Tout d’abord, comment le définir ? En fonction de cette définition, comment le mesurer ?

1/ Définition

Au sens démographique du terme, le vieillissement se traduit par

l’accroissement de la part des personnes âgées dans la population. Si l’on retient comme indicateur la part des personnes âgées de 65 ans et plus, on constate que leur poids a progressé, lentement dans les premières décennies du vingtième siècle, passant de 8,5 % à 10 %, avant de s’alourdir à partir des années 1960. En 2000, en France, la part des 65 ans et plus représente 15, 9 % de la population (TABLEAU 1)

Les années 1980 ont connu un bref répit qui s’explique par l’arrivée dans ce groupe d’âges des générations creuses de la Grande Guerre nées 65 ans plus tôt. Le vieillissement reprend son cours ordinaire jusqu’en 2010, date à laquelle on prévoit une accélération pour culminer à 30 % vers 2050. La raison de cette accélération s’explique parce que l’année 2011 correspond au soixante-cinquième anniversaire du début du baby boom en 1946 (cette année-là, la France a enregistré 200 000 naissances de plus que l’année précédente) qui s’est prolongé jusqu’en 1974. De façon symétrique, il faut s’attendre à un ralentissement du vieillissement 65 ans plus tard. La part des 65 ans et plus retrouvera un rythme de progression plus lent à compter de 2040.

Au total, la vague de haute fécondité des années 1946-1974 se répercutera directement sur les années 2011-2040 par une vague de vieillissement accéléré. Bien entendu, si l’on retient le seuil de 60 ans pour le vieillissement, l’impact du baby boom devient sensible dès 2006-2035. À l’inverse, si l’on estime que le seuil de 80 ans s’avère pertinent


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pour définir un risque d’incapacité sévère, le contrecoup ne sera visible que dans les années 2026-2055.

2/ Mesure

En France, par exemple, la proportion de personnes de plus de 60 ans est passée de 5 % vers 1750 à 9 % au début du vingtième siècle, 20 % au milieu des années 1990 et 22 % au début du vingt et unième siècle. La même évolution s’est produite dans presque tous les pays développés et elle atteint aujourd’hui des grands pays en développement comme la Chine. TABLEAU 1 Structure par âge de la population (en %)

0-14 ans 15-64 ans 65 et + 1950 2000 1950 2000 1950 2000

ALLEMAGNE 23,2 15,6 67,1 68,1 9,7 16,3 ESPAGNE 27,1 14,6 65,6 68,6 7,3 16,8 FRANCE 22,7 18,8 65,9 65,3 11,4 15,9 ÉTATS-UNIS 26,9 21,8 64,9 65,9 8,2 12,3 JAPON 35,5 14,6 66,8 68,2 9,6 17,2 Source : ONU

B/ LA PYRAMIDE DES ÂGES D’UNE POPULATION QUI VIEILLIT

Pour étudier de manière synthétique la distribution de la population par âge et permettre des comparaisons internationales et selon les époques, les statisticiens ont préféré, plutôt que de calculer un âge moyen à la manière de l’espérance de vie, utiliser des représentations graphiques.

C’est ainsi qu’Émile Cheysson (1836-1910) invente en 1883 la pyramide des âges. Elle représente séparément la population masculine et féminine, la première à gauche, la deuxième à droite. On a l’image d’un escalier dont la largeur des marches est proportionnelle aux effectifs de chaque classe d’âge, des enfants de 0 à 1 an aux personnes de 99 à 100 ans. Il s’agit en fait d’un double histogramme renversé.


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1/ La pyramide des âges reflète l’histoire d’une population Pour la France, en 1965, on note un creux du côté gauche pour la

population masculine dans les tranches d’âges de 65 à 85 ans environ, creux qui ne se retrouve pas du côté droit de la pyramide. On explique cette différence par les pertes militaires subies au cours de la guerre 1914-1918 et qui ont frappé les hommes ayant à cette époque de 18 à 40 ans (pour la France un million et demi).

Les encoches qui marquent les deux côtés de la pyramide pour les personnes âgées de 46 à 50 ans s’expliquent par le fait que les naissances (naturellement aussi bien de filles que de garçons) ont été considérablement réduites pendant la guerre de 1914-1918 en raison des séparations familiales. FIGURE 1

Source : INSEE Les personnes qui, le 1 er janvier 1966, avaient entre 46 et 50 ans étaient nées entre 1915 et 1919. Elles constituent des « classes creuses ».


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Les encoches qui marquent les deux côtés de la pyramide pour les gens âgés de 20 à 35 ans résultent de deux phénomènes. Elles ont pour première cause le fait que les personnes qui arrivaient à l’âge de la fécondité entre 1935 et 1944 étaient celles qui constituaient les classes creuses de 1915-1919. Les morts à la guerre de 1914-1918 n’ont pas pu avoir d’enfants dans l’entre-deux-guerres pas plus que ceux qui n’étaient pas nés à cause du conflit. À cette cause s’en est ajoutée une seconde à savoir qu’en raison des séparations familiales pendant la guerre de 1940 à 1945, le nombre de naissances a été considérablement réduit, même si les prémisses du renouveau démographique se repèrent dès 1942. La largeur de la pyramide au niveau inférieur, correspondant aux personnes de moins de vingt ans, s’explique par le très fort accroissement des naissances enregistrées depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le « baby-boom » (FIGURE 1). FIGURE 2

Source : INSEE


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2/ La pyramide des âges d’une population qui vieillit voit sa

base se rétrécir et elle prend la forme d’une urne Émile Cheysson a imposé le terme de pyramide qui acquiert une

visée normative : la pyramide est d’autant plus stable que sa base est large, donc que sa population est jeune ce qui apparaît comme la caractéristique d’une population qui s’accroît rapidement. La bonne pyramide, selon Cheyssson, « équilibrée », est celle d’une population qui augmente rapidement.

Quand une population vieillit la pyramide peut changer de forme. Elle peut avoir la forme d’une urne quand la natalité décroît et que les adultes sont plus nombreux que les jeunes. La pyramide des âges en ogive indique une population en voie de vieillissement.

Si l’on compare les pyramides de 1965 et de 2015, on constate une évolution de la pyramide vers la forme d’une urne (FIGURE 2). La population vieillit, le ventre de la pyramide se gonfle, le « baby-boom» des lendemains de la seconde guerre mondiale s’est transformé, dans les premières années du vingt et unième siècle en « papy boom ». L’évolution démographique peut se comparer à des effets d’accordéon.

II/ LE VIEILLISSEMENT COMME STADE ULTIME DE LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE

En 1934, le démographe français Adolphe Landry (1874-1956), propose un schéma explicatif de l’évolution de toute population. Une « révolution démographique » conduirait d’un régime ancien caractérisé par une forte natalité et une forte mortalité à un régime moderne fondé sur une faible natalité et une faible mortalité. Dans les deux cas, l’accroissement de la population est faible. Ce schéma a été repris après la seconde guerre mondiale sous le nom de « transition démographique » à laquelle certains n’hésitent pas à attribuer un caractère universel.

A/ LE RÉGIME DÉMOGRAPHIQUE ANCIEN Dans le régime démographique ancien, la natalité est importante, de

l’ordre de 36 ‰, la mortalité de l’ordre de 35,5 ‰, l’excédent naturel reste très modeste.


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1/ L’importance de la mortalité

« La mort était au centre de la vie comme le cimetière au centre du village » écrira Jean Fourastié (1907-1990) en 1959.4 Ce faible accroissement est périodiquement remis en cause par des crises de surmortalité : guerres, famines, épidémies. Emmanuel Leroy-Ladurie, (historien français né en 1929) parle de « marées démographiques » pour désigner ces oscillations autour d’un point fixe.

2/ Fixité et précarité

La population pouvait s’accroître quand la quantité de nourriture

disponible augmentait sous l’effet de la mise en culture de nouvelles terres ou de la découverte de nouvelles techniques. La crise finissait cependant par devenir inévitable. La vie ne tenait plus qu’à un fil. Fixité et précarité telles sont les deux grandes caractéristiques des populations soumises au régime démographique ancien.

Dans le régime de bas niveau que connaît aujourd’hui la France par exemple, le taux de natalité s’élève à 12,2 ‰ et le taux de mortalité à 8,1 ‰. Le taux d’excédent naturel est donc de 4,1 ‰ (12,2 – 8,1). Ce qui est important, c’est la transition elle-même, le passage du régime de haut niveau à celui de bas niveau s’effectuant d’abord par la baisse de la mortalité puis, après une période de latence, la fécondité diminue entraînant celle de la natalité.

B/ LES DEUX TEMPS DE LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE Le changement intervient en Europe au dix-huitième siècle sous

l’effet de la Révolution industrielle et des transformations sociales et culturelles qui l’accompagnent.

1/ La baisse de la mortalité

Dans un premier temps, la mortalité baisse de manière importante

et durable sous l’effet de facteurs comme les progrès de la médecine (à ne pas surestimer cependant) et de l’hygiène (pavage des rues, construction de réseaux d’égouts), mais aussi du développement économique et de l’amélioration de l’alimentation. La culture de la pomme de terre, importée en Europe au seizième siècle, parvient, par exemple, à partir du dix-huitième, à détendre le ressort hommes-subsistances.

4 - Jean Fourastié, 1959, « De la vie traditionnelle à la vie tertiaire. Recherches sur le calendrier démographique de l’homme moyen », Population, 3, 417-432.


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La lutte pour la survie a toujours été une préoccupation majeure pour les hommes, mais, ce qui est nouveau, au dix-huitième siècle, c’est qu’elle commence à produire des effets. Les États européens parviennent, avec une efficacité croissante à endiguer les grandes épidémies, à améliorer les rendements agricoles. Le développement des transports et du commerce atténue, de son côté, l’ampleur des disettes.

2/ La maîtrise de la fécondité

La baisse de la natalité apparaît plus lente, elle se produira avec un

décalage de près d’un siècle (fin dix-neuvième). La forte fécondité du régime ancien répondait à la forte mortalité.5 La fécondité est puissante parce que les risques de mort précoce sont importants. Les couples font de nombreux enfants pour finir par en élever quelques-uns. Les règles religieuses et matrimoniales des sociétés traditionnelles se sont construites autour de ce culte de la fécondité.

La baisse de la mortalité a radicalement changé la donne, mais la réalisation de ces conditions nouvelles demandait un délai nécessitant la transformation des mentalités. L’arme absolue de la baisse de la fécondité n’interviendra que dans la deuxième moitié du vingtième siècle avec la contraception chimique (la pilule) et le stérilet.

De moins de 150 millions en 1750 la population de l’Europe est passée à près de 600 millions en 1950, soit un quadruplement en 200 ans. Durant la même période, la population des USA passe de 20 millions en 1750 à 350 millions en 1950.

3/ La singularité du cas de la France

Par rapport aux autres pays européens, la France a anticipé de près

d’un siècle la chute de la natalité de telle sorte que les deux phases de la transition démographique apparaissent confondues. Comment expliquer la baisse précoce de la natalité en France ? Plusieurs facteurs ont pu être avancés sans qu’aucun d’entre eux n’emporte l’adhésion.

Certains mettent en avant la suppression du droit d’aînesse par la Révolution. Les paysans français auraient volontairement limité leur descendance par crainte du morcellement des propriétés puisque chacun de leurs enfants pouvait désormais hériter. « L’Ancien Régime produisait le fils aîné, le nouveau produit le fils unique ».6

5 - Pour la distinction natalité fécondité voir l’annexe 1. 6 - Marcel Reinhard, « La Révolution française et le problème de la population » in Population, 1ère année, n° 3, 1946.


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D’autres évoquent des facteurs religieux. La religion est un puissant

facteur de refoulement sexuel et la limitation des naissances viendrait d’une profonde intériorisation des normes religieuses. Pierre Chaunu (1923-2009), historien français, affirme, qu’au contraire, ce malthusianisme (Voir Malthus et le principe de population, ANNEXE 5) des paysans français serait la conséquence d’une «réforme intérieure », une manière de mettre en cause l’Église et sa toute puissance puisqu’elle condamne les « funestes secrets » de la contraception.

En 1951, de son côté Jean Bourgeois-Pichat avançait l’idée que la crainte du vieillissement le faisait apparaître. L’individu restreint sa descendance pour se constituer une rente pour ses vieux jours.7

C/ LA TRANSITION DÉMOGRAPHIQUE : SCHÉMA UNIVERSEL Dans le tiers-monde, la domination européenne s’est accompagnée,

dans le domaine de la santé, de progrès rapides du fait de l’exportation de techniques efficaces. Dés l’entre-deux-guerres, certains pays d’Amérique latine et d’Asie ont connu un recul important de la mortalité. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, ces progrès se sont accélérés avec la mise au point de moyens simples de lutte contre les maladies parasitaires et infectieuses et le lancement de programmes concertés avec le concours de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

1/ L’explosion démographique du tiers-monde

Des pays comme le Sri Lanka et le Mexique ont gagné, en une ou

deux décennies, autant d’espérance de vie que la Suède en plus d’un siècle Aucune baisse de la fécondité ne s’est dessinée avant la fin des années soixante. La fécondité reste même à un niveau plus élevé qu’elle n’était dans l’Europe ancienne.

Résultat, le taux d’accroissement atteint souvent, voire dépasse, le rythme de 3 % l’an, soit deux à trois fois plus qu’en Europe durant la transition. À cette allure, le doublement se fait en 35 ans. De 1950 à 1987, la population mondiale est passée de 2.5 à 5 milliards. Depuis, cependant, la fécondité a commencé à baisser dans la plupart des pays du tiers-monde.

7 - Jean Bourgeois-Pichat, « Évolution générale de la population depuis le dix-huitième siècle » in Population, 6e année, n ° 4, 1951)


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2/ La baisse de la fécondité dans le tiers-monde

La transition qui a eu lieu en Europe fait son chemin dans le tiers-

monde, en Chine notamment, qui se rapproche des standards européens. L’Inde, l’Indonésie, la plupart des pays d’Amérique latine sont sur la voie. Les premiers signes de baisse de la fécondité en Afrique tropicale se manifestent dans les années 1990.

La transition démographique apparaît de plus en plus comme un schéma universel qui permet de rendre compte de l’histoire démographique de ces derniers siècles. On peut donc faire l’hypothèse d’une prochaine stabilisation de la population mondiale à 11.5 milliards d’habitants vers 2150. Cependant, des différences importantes apparaissent selon que la prévision de la fécondité s’élève à 2.1 ou 2.5 enfants par femme. 2,1 enfants par femme est considéré comme le seuil de renouvellement de la population (ANNEXE 1). III/ LES CAUSES DU VIEILLISSEMENT

Il existe trois façons de vieillir pour une population : par le bas de la

pyramide, par le haut, par une onde de choc de bas en haut. A/ VIEILLISSEMENT PAR LE BAS Une population vieillit par le bas de la pyramide des âges si, toutes

choses égales par ailleurs, le recul de la natalité vient réduire la part des jeunes dans la population.

1/ Transition démographique et baisse de la fécondité.

La baisse de la fécondité, entamée en France, dès le milieu du dix-huitième siècle, avant tous les pays européens, se prolonge sur plus de deux siècles. Le nombre moyen d’enfants par femme dépassait 5 vers 1750, il n’était plus que 4 vers 1810, 3 vers 1890, 2,5 vers 1910 pour ne guère dépasser 2 au milieu des années 1930.

C’est ainsi que 10 % de la population française avait 65 ans et plus contre 5,5 % vers 1760. La France a longtemps été le pays le plus vieilli au monde, mais, à cette époque, l’espérance de vie demeurait faible et les personnes âgées étaient peu nombreuses.


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2/ Baisse de la fécondité et vieillissement par le bas

C’est la baisse de la fécondité qui explique le vieillissement par le bas. Le taux de fécondité se définit comme le nombre d’enfants par femmes en âge de procréer (par convention de 15 à 49 ans).

En France, après la parenthèse du baby-boom au lendemain de la seconde guerre mondiale, la fécondité se maintient à un niveau élevé et décline à partir de 1965 pour provoquer la baisse de la natalité à partir de 1974. Pierre Chaunu assimile le phénomène à une « peste blanche ».8 L’expression désignait en fait la tuberculose. Cette dernière, contrairement à la peste se propageait de manière invisible. Ni rumeurs, ni cloches, ni grands feux annonciateurs comme pour la peste ! La « peste blanche » renvoie chez Chaunu à l’indifférence et au sentiment du bonheur immédiat qui poussent à limiter sa descendance.

On doit noter une corrélation entre le travail des femmes et la baisse de la fécondité. La hausse de la population active féminine est concomitante de la baisse de la fécondité. L’individualisme progressant, les femmes affirment leur volonté d’échapper à la tutelle conjugale en travaillant. Corrélation ne signifie pas cependant causalité et on ne sait pas si les femmes ont moins d’enfants parce qu’elles travaillent ou, au contraire, si elles travaillent parce qu’elles ont moins d’enfants.

Une population, moins alimentée en éléments jeunes, finit par voir la part des personnes âgées augmenter en son sein : moins de naissances, moins d’enfants, donc la base de la pyramide se rétrécit (d’où l’expression vieillissement par le bas)

B/ VIEILLISSEMENT PAR LE HAUT Le vieillissement peut intervenir par le haut quand le recul de la

mortalité aux grands âges accroît la part des personnes âgées. 1/ Vieillissement par le haut et transition épidémiologique.

La transition épidémiologique accompagne la transition démographique. Elle correspond à une baisse de la mortalité provoquée par une amélioration de l’hygiène, de l’alimentation de l’organisation de la médecine. Les causes de décès se transforment, des maladies infectieuses aux maladies chroniques et dégénératives ainsi qu’aux accidents.

8 - Pierre Chaunu, La peste blanche, Paris, Gallimard, 1976.


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Les gains d’espérance de vie commencent à s’effectuer dans

l’enfance avant de se concentrer sur les âges élevés. Jusqu’au début des années 1970, la progression de l’espérance de vie, surtout masculine, était encore due pour moitié à la chute de la mortalité infantile (dans la première année d’existence) et de la mortalité juvénile (avant l’âge de 20 ans).

Depuis, les taux de mortalité, infantile et juvénile, sont trop bas pour dégager de nouveaux gains d’espérance de vie. Si l’espérance de vie continue de progresser, ce ne peut être qu’à cause du recul de la mortalité chez les personnes âgées, recul plus important pour les femmes que pour les hommes.

2/Le recul de la mortalité aux âges élevés, principale cause du

vieillissement

Depuis le début des années 1970, l’espérance de vie s’est accrue à un rythme inconnu jusque-là, de deux mois et demi chaque année (France 2013 : 85 ans pour les femmes, 78,7 pour les hommes). Même si la fécondité des Françaises atteignait le seuil de renouvellement des générations (2,1) la population continuerait à vieillir. La part des plus de 60 ans pourrait atteindre 30 % en 2040.

Il convient d’en ajouter un troisième qui tient aux variations passées de la fécondité. La baisse tendancielle de la natalité et celle de la mortalité aux âges élevés ne sont pas les seuls facteurs du vieillissement.

C/ UNE ONDE DE CHOC DE BAS EN HAUT DE LA PYRAMIDE Si une baisse de la fécondité entraîne le vieillissement par le bas de

la population, à l’inverse une hausse conjoncturelle de la fécondité peut conduire au même résultat, mais de manière différée en quelque sorte.

1/ L’effet différé d’une hausse exceptionnelle de la fécondité

Une hausse exceptionnelle des naissances, sur une période limitée,

par exemple le baby boom, conduit, dans un premier temps au rajeunissement de la population puis, progressivement, à son vieillissement quand les enfants mis au monde seront sexagénaires. C’est le stade atteint par les enfants du « baby boom » à partir de 2006. C’est le « papy boom ».


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2/ À l’encontre d’une idée reçue Le choc de 2006 va à l’encontre d’une idée reçue selon laquelle le

seul mouvement de la fécondité qui provoquerait le vieillissement serait une baisse. Dans le cas d’espèce évoqué, c’est une hausse de la fécondité qui provoque le vieillissement. La fin du « baby boom », entendue comme la baisse du nombre des naissances à partir de 1975, rajeunira la population à partir de 2025 quand les générations creuses, nées à partir de 1975, arriveront à l’âge de soixante ans. IV/ LES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES ET SOCIALES DU VIEILLISSEMENT

Il est de bon ton de présenter le vieillissement de la population comme un handicap pour des sociétés qui, en vieillissant, perdrait le goût de l’innovation et le dynamisme de la jeunesse. Alfred Sauvy, un démographe français, est resté célèbre pour avoir produit ce type d’analyse. De plus, le vieillissement de la population ne rendrait-il pas plus difficile le financement de la protection sociale (retraite et santé) ? Cependant, est-il totalement impossible de considérer le vieillissement comme une chance ? Après avoir examiné en quoi le vieillissement pose un problème à la protection sociale, il est nécessaire d’en faire ressortir les aspects positifs tant sur le plan économique que social.

A/ RETRAITES ET SOLIDARITÉ INTERGÉNÉRATIONNELLE Le problème le plus important posé par le vieillissement de la

population concerne le financement des retraites. En France, il s’agit d’un système par répartition.

1/ Les cotisations d’aujourd’hui servent à payer les pensions

d’aujourd’hui.

On comprend immédiatement que si la population vieillit, le nombre d’inactifs retraités va augmenter plus vite que celui des actifs. Pour le dire autrement, le nombre des ayants droits va croître plus rapidement que celui des cotisants. Un système par répartition est donc sensible aux déséquilibres de la démographie.

La population vieillit, les classes nombreuses du « baby boom » d’après-guerre arrivent à l’âge de la retraite et le rapport entre cotisants et retraités se dégrade : de deux cotisants pour un retraité en 1980, il n’est plus que de 1,5 en 2006.


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2/ Cette situation a conduit les pouvoirs publics à prendre

plusieurs décisions

En 1993, la durée de cotisation pour les salariés du secteur privé pour bénéficier d’une retraite à taux plein a été portée de 37,5 ans à 40 ans. En 2003 c’est au tour des fonctionnaires de voir leur durée de cotisation passer à 40 ans. À partir de 2009, cette durée augmente pour les salariés du public comme du privé d’un trimestre par an jusqu’en 2012. La réforme de juillet 2010 relève progressivement de 60 à 62 ans (en 2018) l’âge légal du départ à la retraite.

Ne voulant pas relever les cotisations pour ne pas handicaper la compétitivité des entreprises, ne pouvant se résoudre à diminuer le niveau des pensions, les pouvoirs publics ont opté, de fait, pour le recul de l’âge de la retraite. Le Japon et l’Allemagne ont également retardé l’âge de départ à la retraite : de 60 à 65 ans au Japon, 67 ans en Allemagne à partir de 2029. Tous les pays ont donc plus ou moins augmenté les cotisations des actifs ou tenté de réduire le montant des pensions en modifiant leur mode de calcul.

3/ La capitalisation, une solution ?

Certains économistes, les plus libéraux, affirment qu’un régime de

retraite fondé sur la capitalisation serait insensible aux variations de la démographie et notamment au vieillissement de la population, dans la mesure où chacun cotise pour son propre compte auprès d’un fonds de pension. Un tel régime repose sur l’achat d’actifs par les cotisants et que ces derniers revendent au moment de leur retraite pour obtenir un revenu.

Dans l’hypothèse d’un déclin démographique et d’un vieillissement de la population, il y aura plus d’individus atteignant l’âge de la retraite et souhaitant vendre des actifs que d’individus souhaitant se constituer un patrimoine en vue de leur retraite. Le prix des actifs diminuera et avec lui le revenu des retraités.

De plus un système de retraites fondé sur la capitalisation se révèle très inégalitaire dans la mesure où la capacité d’épargne des ménages est très différente selon leur niveau de revenu. En outre, un retour de l’inflation ne peut être exclu (les périodes d’endettement se sont souvent soldées dans l’histoire par l’inflation qui allège les dettes) et si elle allège les dettes, elle contribue à ruiner les épargnants (dont ceux qui ont


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économisé pour leur retraite). Les crises financières peuvent aussi conduire à la faillite de fonds de pension. Enfin, comment assurer le passage d’un régime de répartition à un régime de capitalisation ? Tant que la capitalisation n’aurait pas atteint son régime de croisière, les actifs devraient contribuer par leurs cotisations à assurer le financement de la répartition tout en devant se constituer une épargne personnelle.

Il est donc illusoire de penser qu’un régime de retraite fondé sur la capitalisation puisse répondre aux problèmes posés par le vieillissement de la population.

B/AUGMENTATION DES DÉPENSES DE SANTÉ ET

FINANCEMENT DE LA PROTECTION SOCIALE En France, on note une augmentation structurelle des dépenses de

santé dont on attribue, en partie, la responsabilité au vieillissement de la population.

1/ Une population qui vieillit doit faire face à de redoutables

défis médicaux Un certain nombre de pathologies graves, lourdes et coûteuses

(cancers, maladie de Parkinson, maladie d’Alzheimer) ont une plus forte probabilité de survenir avec l’âge. Le très grand âge, au-delà de 80 ans, est souvent celui de la dépendance. Les dépenses de santé s’accroissent et cette augmentation pose le problème de leur financement.

Comme ce dernier repose, depuis la seconde guerre mondiale, sur un système collectif qui combine assurance et solidarité, les dépenses de santé, en augmentant, le mettent en tension. Les bien portants payent pour les malades et ces derniers sont plus souvent des personnes âgées.

Cependant on ne peut attribuer au nombre de personnes âgées (dont le rythme de croissance annuel moyen est de l’ordre de 0, 4 %) la responsabilité intégrale des dépenses de santé qui augmentent à un rythme annuel moyen dix fois plus important (4%). L’augmentation des dépenses de santé tiendrait alors au caractère de plus en plus technologique (scanners, IRM, analyses biologiques) de la médecine qui pousserait à la hausse des coûts.

2/ Comment faire face au financement de l’assurance

maladie ? Pour faire face au financement de l’assurance-maladie, pour combler

le fameux « trou de la sécurité sociale », on peut procéder à l’augmentation des cotisations patronales et salariales. Le risque est alors


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de voir les entreprises perdre leur compétitivité-coûts et les ménages une partie de leur pouvoir d’achat. Faut-il procéder à des déremboursements de médicaments ? Doit-on augmenter le ticket modérateur c’est-à-dire la part restant à la charge des malades ? Le risque est alors de voir un nombre grandissant de personnes renoncer aux soins, faute de moyens financiers et de tiers-payant.

C/ VIEILLISSEMENT ET INNOVATIONS

Alfred Sauvy pensait qu’une société vieillissante n’a plus le goût du

risque et de l’innovation. Il avance l’idée que le retard de l’économie française jusqu’à la seconde guerre mondiale pouvait s’expliquer par l’absence de pression démographique. « En refusant l’effort de renouvellement, les générations françaises ont perdu le goût de l’effort et celui du renouveau ; en renonçant à créer, elles ont perdu l’esprit de création, au moment où tout se créait ».9

Si une population vieillissante répugne à l’innovation, les gains de productivité seront ralentis et avec ce ralentissement la croissance moindre. Aujourd’hui, dans une économie mondialisée, la perte de compétitivité et le manque de dynamisme sont des handicaps de première importance.

D/ LE VIEILLISSEMENT N’A PAS QUE DES ASPECTS NÉGATIFS On peut même considérer qu’il peut représenter par certains aspects

une chance plutôt qu’une série de handicaps.

1/ Les personnes âgées ont en général des capacités d’épargne importantes.

Cette épargne est ainsi mise, par l’intermédiaire des placements, à la

disposition des agents économiques qui ont des besoins de financement pour leurs investissements, les entreprises. Les retraités d’aujourd’hui disposent de revenus plus importants que ceux d’hier, du fait de la généralisation du système des retraites, ce qui leur ouvre des possibilités de consommation. Cette dernière alimente la demande qui détermine le volume de production des entreprises et leur niveau d’emploi (schéma keynésien).10

9 - Sauvy (Alfred), La montée des jeunes, Paris, Calman-Levy, 1959. 10 - John Maynard Keynes (1883-1946), économiste anglais qui a révolutionné la pensée économique dans la première moitié du vingtième siècle. Pour lui, la demande est l’élément moteur de la croissance économique.


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2/ La demande des personnes âgées en matière de loisirs et de santé est importante.

Les retraités des générations du « baby boom » sont nés dans une

société de consommation, il n’y a donc aucune raison qu’ils renoncent à leur niveau de vie. L’effet de génération viendra contrecarrer l’effet d’âge responsable de la diminution de la consommation. Leur demande en services de proximité ne peut qu’augmenter et aider à la création d’emplois (aides ménagères, hospitalisation à domicile), ce d’autant plus que le risque de dépendance progresse avec l’âge.

3/ Malgré la « crise » de la famille, les relations entre

générations se maintiennent L’allongement de l’espérance de vie provoque souvent la

transmission de tout ou d’une partie du patrimoine du vivant de celui qui a quelque chose à transmettre. Cette transmission, en direction des enfants, voire des petits-enfants, contribue à soutenir leur demande. Elle peut aussi les aider à se constituer un patrimoine (achat d’un logement par exemple).

On sait par ailleurs que malgré la montée des divorces et l’éclatement de la cellule familiale sous l’effet de la crise du mariage, les relations entre générations se maintiennent par des actions de soutien et d’aides quotidiennes. La famille, grâce aux actions précédemment décrites, constitue un rempart contre l’exclusion de ses éléments les plus jeunes. Bien entendu, quand une société s’en remet à la famille et à ses générations les plus anciennes pour protéger les jeunes de l’exclusion, cela ne peut que renforcer les inégalités.

E/ THÉORIE DU CYCLE DE VIE ET MOUVEMENTS

INTERNATIONAUX DE CAPITAUX Si les comportements d’épargne dépendent du cycle de vie de

l’individu, la structure par âge de la population a un impact, au niveau macroéconomique, sur le financement de l’économie mondiale.

1/ Présentation succinte de la théorie du cycle de vie (Franco

Modigliani, 1918-2003)

Franco Modigliani propose, pour analyser les comportements d’épargne, un modèle fondé sur le cycle de vie. Selon lui, les jeunes épargnent peu et s’endettent en début de vie active et familiale. À l’âge mûr, ils remboursent leurs dettes et épargnent pour se constituer un


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patrimoine. À la retraite, face à la perte de revenu, ils désépargnent de manière à maintenir leur niveau de vie.

Malgré les nombreuses critiques adressées à ce modèle, il permet de comprendre que le besoin ou la capacité de financement d’un pays est lié à la structure par âge de sa population. Un pays dont la population est jeune a un besoin de financement alors qu’un pays, où la population est d’âge mûr, dispose d’une capacité de financement.

2/ Théorie du cycle de vie et besoin de financement

Si le marché mondial de capitaux est efficient, il va permettre aux pays à population jeune (qui épargne peu et a de gros besoins d’investissement) de se procurer les capitaux auprès de pays à population d’âge mûr (qui épargne beaucoup) qui trouvent ainsi l’occasion de placer leur excès d’épargne.

La globalisation financière apparaît ainsi comme une « aventure obligée »11, mais le problème est de savoir si le marché mondial des capitaux peut se montrer efficient surtout s’il est livré à lui-même. Il peut se révéler porteur de crises financières. CONCLUSION

Si la transition démographique arrive à son terme, vient ensuite le temps du vieillissement qui ne concerne encore que les pays développés et une partie des pays émergents mais auquel seront confrontés les pays achevant leur transition démographique. Croître ou vieillir, tel est le dilemme ! Les conséquences du vieillissement, tant sur l’économie que sur la société, ne sont pas toutes négatives. L’augmentation de l’espérance de vie est une bonne nouvelle tant pour l’économie que pour la société. Cette dernière troquera un peu moins de dynamisme contre un peu plus d’expérience et devra finir par s’adapter à cette nouvelle donne démographique.

La Chine, dont on craignait autrefois l’explosion démographique (« bombe P », P comme population), voit sa population vieillir. Certains agitent alors le spectre d’une « bombe V » (V comme vieillissement) (ANNEXES 2 et 4). Si cette alternative apparaît inéluctable, les problèmes posés aux sociétés qui vieillissent sont-ils de même nature que ceux que rencontrent des économies peu développées en croissance démographique ? Le vieillissement caractérise des économies

11 - Michel Aglietta, Anton Brender, Virginie Coudert,, Globalisation financièe : l’aventure obligée, Paris, Economica, 1990.


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développées. N’apparaissent-elles pas plus aptes que les précédentes à relever les défis auxquels elles ont à faire face ?

BIBLIOGRAPHIE

Aglietta (Michel), Brender (Anton), Coudert (Virginie), Globalisation financière : l’aventure obligée, Paris, Economica, 1990. Bourgeois-Pichat (Jean), « Évolution générale de la population depuis le dix-huitième siècle » in Population, 6e année, n ° 4, 1951 Chaunu (Pierre), La peste blanche, Paris, Gallimard, 1976 Chaunu (Pierre), Dumont (Gérard-François), Legrand (Jean), Sauvy (Alfred), La France ridée, Paris, Pluriel, 1979. Dagorn (René-Éric), «7 milliards de terriens en 2012... et après ?» in Sciences Humaines, n° 241, Octobre 2012) - « De la bombe P à la bombe V» in Sciences Humaines, n° 241, Octobre 2012) Fourastié (Jean), 1959, « De la vie traditionnelle à la vie tertiaire. Recherches sur le calendrier démographique de l’homme moyen », Population, 3, 417-432. Lebras (Hervé), « Démographie » in Encyclopaedia Universalis, 2012. Perrac (Charles), « Le vieillissement ralentira la croissance mondiale », Le Figaro, 7 /08/2014 Reinhard (Marcel), « La Révolution française et le problème de la population » in Population, 1ère année, n° 3, 1946. Sauvy (Alfred), La montée des jeunes, Paris, Calman-Levy, 1959.

SITOGRAPHIE Institut National d‘Études Démographiques (INED), lexique, www.ined.fr Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), www.insee.fr


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ANNEXE 1

LES OUTILS DE LA DÉMOGRAPHIE

De manière couramment admise, la démographie se définit comme

l’étude scientifique des populations. Elle s’intéresse à la mortalité et construit des tables de mortalité qui se résument par une espérance de vie moyenne au décès. On calcule également un taux annuel de mortalité qui s’exprime de la manière suivante : (nombre de décès constatés dans l’année/population de l’année) x 1000.

La natalité pour une année donnée se mesure grâce à un taux annuel de natalité qui s’exprime de la manière suivante : (nombre de naissances vivantes dans l’année/population de l’année) x 1000. La différence entre le taux de natalité et celui de mortalité détermine le taux d’excédent naturel. Si le taux de natalité est supérieur au taux de mortalité l’excédent naturel est positif et la population augmente. L’augmentation de la population dépend aussi du solde migratoire, différence entre individus résidant qui sont entrés et ceux qui sont sortis.

Le taux de natalité, en rapportant le nombre d’enfants nés à la population totale ne peut mesurer l’aptitude des femmes à mettre au monde des enfants. En 1911, Alfred Lotka (1880-1949) a décidé de mesurer la fécondité c’est-à-dire à ne tenir compte ni du mariage ni des hommes mais de l’âge de la femme à la naissance de l’enfant. Depuis, on calcule un taux de fécondité en rapportant le nombre d’enfants mis au monde aux seules femmes en âge de procréer (par convention de 15 à 49 ans). Ce taux de fécondité s’exprimera par un nombre d’enfants par femme. Pour appréhender le nombre moyen d’enfants d’une génération de femmes au cours de son existence, il faut attendre la fin de la période féconde c’est-à-dire l’âge de 49 ans (on a en a une bonne anticipation à l’âge de 34 ans). On parle alors de descendance finale. Si l’on effectue la somme de tous les taux de fécondité observés aux différents âge, on parle d’indice conjoncturel de fécondité (voir ci-dessous).

On utilise, à la suite de Robert Kuczinsky (1876-1947) un taux de reproduction. On considère qu’une population se reproduit quand 100 femmes mettent au monde 100 filles. Le taux de reproduction est alors égal à 1. Pour mettre au monde 100 filles, les femmes doivent avoir 210 enfants sachant qu’à la naissance, malgré une fréquence théorique de 50 %, on ne constate que 48,8% de filles. De plus un certain nombre filles mourront avant d’atteindre l’âge de procréer. Le seuil de 2,1 qui assure le renouvellement des générations n’est pas immuable dans la mesure où il dépend de la mortalité des jeunes filles qui peut varier dans le temps.


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On peut obtenir cependant un indice conjoncturel de fécondité en effectuant la somme de tous les taux de fécondité observés aux différents âges au cours d’une seule année. Il peut différer de la descendance finale si le calendrier des naissances se déplace sous l’effet conjugué de l’activité féminine et de la contraception. Les femmes ont aujourd’hui des enfants à un âge plus élevé qu’autrefois. Les plus faibles indices conjoncturels de fécondité se rencontrent actuellement dans l’Europe méditerranéenne et orientale où ils sont parfois inférieurs à 2. La France, les pays nordiques et l’Angleterre ont un indice conjoncturel de fécondité qui s’échelonne de 1,75 à 2 enfants par femme. (France : 2,01 en 2012). Les USA sont à 2,1. La plupart des grands pays en développement se situent actuellement entre 2 et 3 enfants par femme.

(D’après Hervé Le Bras « Démographie » in Encyclopaedia Universalis, 2012)

L’indicateur conjoncturel de fécondité

L’indicateur conjoncturel de fécondité est la somme des taux de fécondité par âge d’une année. Il peut être interprété comme le nombre moyen d’enfants que mettrait au monde une femme si elle connaissait, durant toute sa vie féconde, les conditions de fécondité observées cette année-là.

D’un niveau souvent comparable à la descendance finale des générations, cet indicateur peut s’en écarter durablement lorsque le calendrier de la fécondité se modifie : un retard de calendrier conduit ainsi à une baisse de l’indicateur conjoncturel de fécondité, même si la descendance finale des générations n’est pas modifiée.

Synonyme : indice synthétique ou somme des naissances réduite. France, 2013 : indicateur conjoncturel de fécondité, 1,97.

Descendance finale (1962) : 2,12. Estimations : 2 (1970) ; 2,13 pour 1975.

(Source : INED)


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ANNEXE 2

7 milliards de terriens en 2012… et après ?

Le 31 octobre 2011 est né le 7 milliardième habitant de la planète Terre. C’est une petite Philippine, Danica May Camacho (2,5 kg), si l’on en croit les officiels de l’UNFPA, le fonds des Nations unies pour la population. Ils ont apporté le gâteau, félicité la maman, offert une bourse pour les futures études de la petite fille et une aide pour l’ouverture d’un magasin à ses parents.

Les Philippines sont le douzième pays le plus peuplé au monde : 94,9 millions d’habitants, dont 54 % ont moins de 25 ans (selon les chiffres de cette même UNFPA). Ce pays est révélateur de l’une des grandes caractéristiques de la démographie mondiale actuelle : des populations qui continuent à croître rapidement dans les pays du sud, alors que les pays du nord ont terminé leur transition démographique et voient leurs populations n’augmenter que très lentement (quand elles ne diminuent pas comme en Russie ou en Allemagne).

La fin de l’explosion démographique

Cette 7 milliardième naissance est l’aboutissement (provisoire) de l’un des phénomènes majeurs du vingtième siècle : l’explosion démographique planétaire. Le monde comptait 1 milliard d’individus en 1820 et moins de 2 milliards en 1920. L’après 1945 est marqué par une augmentation à peine imaginable du nombre d’êtres humains : 3 milliards en 1960, 4 milliards en 1974, 5 milliards en 1983, 6 milliards en 1999 et enfin 7 milliards en 2011. Et le temps de passage d’un milliard à l’autre se réduira considérablement à l’avenir.

Ces chiffres vertigineux ont donné lieu à certaines des grandes peurs du vingtième siècle : la peur de la bombe P (pour population) a remplacé la peur atomique dans les années 1960 (…) Nous sommes arrivés aujourd’hui à la fin de cette explosion démographique mondiale. Le nombre d’enfants par femme est en train de diminuer partout et les projections de l’ONU vont vers une stabilisation progressive : 9 milliards en 2050 et sans doute une stabilisation finale à 10 milliards en 2100. Si ces chiffres se confirment, cela signifie tout de même que la population mondiale va encore augmenter d’un tiers … et dans des conditions (rapport rural/urbain, sécurité alimentaire, rapport du nombre hommes/femmes) qui sont elles aussi en train de changer.

(René-Éric Dagorn, «7 milliards de terriens en 2012… et après ?» in Sciences Humaines, n° 241, Octobre 2012.


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ANNEXE 3

Transition démographique, transition démocratique ?

Les comportements démographiques de tous les pays du monde ont jusqu’à présent suivi un même modèle : celui de la « transition démographique ». Au départ (XVIII e siècle pour les Européens, début du XX e pour les pays du sud), les taux de natalité et de mortalité sont élevés, aux alentours de 40 ‰. La population augmente donc peu (il y a presque autant de morts que de naissances).

Dans la phase A (XIX e occidental, milieu du XX e), la mortalité chute fortement du fait de l’extension progressive des systèmes de santé à l’ensemble des sociétés ; mais la natalité restant très élevée, la population augmente fortement. C’est cette phase A qui explique l’explosion démographique des années 1950-2000.

Dans la phase B de la transition, les taux de natalité baissent à leur tour du fait de l’extension de l’importance de l’individu (chaque nouvelle naissance est considérée comme fondamentale et ne se dilue plus dans la fratrie) et des changements sociaux (place de ce nouvel individu unique et non interchangeable dans la production domestique). L’accroissement naturel devient alors de plus en plus faible au fur et à mesure que les courbes de mortalité et de natalité se rapprochent).

C’est à la fin de cette phase B que se trouvent l’essentiel des pays du Sud aujourd’hui (Chine, Inde, Iran). Le nombre d’enfants par femme est de plus en plus proche de 2,1, le taux de stabilité d’une population. Ainsi, en Iran, le nombre d’enfants par femme est de 1,77 en 2010, bien inférieur au taux de fertilité de la France (1,97).

Fécondité, alphabétisation, démocratie…

Finalement, à la fin de la phase B, la natalité et la mortalité se retrouvent au même niveau : chaque année, il naît et y meurt environ 10 personnes pour 1000 habitants. La population n’augmente plus que très peu, voire diminue si les taux de natalité passent sous ceux de la mortalité. C’est la situation actuelle des pays développés et d’une partie des pays émergents.

Certains auteurs ont proposé de voir des liens entre la transition démographique et la lente évolution planétaire vers la démocratie. Emmanuel Todd et Youssef Courbage affirment que la baisse de la fécondité et l’augmentation de l’alphabétisation vont systématiquement de pair : lorsqu’ils savent lire, écrire et compter, les hommes en viennent à prendre le contrôle de leur environnement matériel. « Ensemble, alphabétisation de masse et contrôle des naissances dessinent une


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histoire du monde autrement plus encourageante que celle diffusée par les actualités télévisées. Ces paramètres révèlent une humanité en train de s’arracher au sous-développement ».

Ceci ne signifie pas que la transition démographique/démocratique mène immédiatement à une société apaisée. Au contraire : « Très souvent, peut-être même dans la majorité des cas, le décollage culturel et mental s’accompagne d’une crise de transition. Les populations déstabilisées ont des comportements sociaux et politiques violents. »

C’est peut-être à ces changements qui lient alphabétisation, démographie et politique, que nous assistons avec les révolutions au Moyen-Orient, en Iran en 2009, puis en Tunisie, en Égypte, en Libye et en Syrie depuis 2011.

(René-Éric Dagorn, « Transition démographique, transition démocratique ? » in Sciences Humaines, n° 241, Octobre 2012)


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ANNEXE 4

De la bombe P à la bombe V

La bombe P (population) a été la grande peur démographique des années 1960. Lorsque Paul Ehrlich publie l’ouvrage qui porte ce titre en 1968, les analyses malthusiennes, qui insistent sur les dangers d’une surpopulation par rapport à des ressources limitées, sont alors dominantes. La couverture de l’édition originale en anglais porte ce sous-titre : « Le temps de lire ces mots, quatre personnes, essentiellement des enfants, seront morts de faim dans le monde ».

Si la peur de la surpopulation se maintient encore aujourd’hui, ce n’est désormais plus elle qui inquiète les démographes. La bombe P a été remplacée par la bombe V (pour vieillissement). En effet, au fur et à mesure que la transition démographique avance, que les protections sociales s’étendent et que les modes alimentaires changent, la durée de vie moyenne s’allonge, et les pyramides des âges se chargent dans les hauts et se dépeuplent dans les bas.

Ainsi de la Chine : sur 1,3 milliard de Chinois en 2012, 200 millions ont plus de 60 ans. Les conséquences se font déjà sentir : augmentation de la main d’œuvre migrante interne vers les villes (pour pallier le manque de jeunes dans certains lieux de production urbains), extension et ségrégation urbaines plus marquées par exemple.

Mais ce sont les conséquences à long terme qui inquiètent le plus : comment assure un système de retraite quand 400 millions de Chinois auront dépassé les 70 ans, dans vingt à trente ans ? Les Chinois ont résumé ce défi en un slogan radical : « Être riche avant d’être vieux ».

(René-Éric Dagorn, « De la bombe P à la bombe V» in Sciences Humaines, n° 241, Octobre 2012)


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ANNEXE 5

Malthus et le principe de population

Dans son Essai sur le principe de population (1798), Thomas-Robert Malthus (1766-1834) avance l’idée que la population augmente plus rapidement que les subsistances. Alors que la première augmente au rythme d’une suite géométrique (on passe d’un terme à l’autre en multipliant par la raison : par exemple les nombres 1, 2, 4, 8, 16), les secondes ne progressent qu’au rythme d’une suite arithmétique (on passe d’un terme à l’autre en ajoutant la raison : par exemple les nombres 1,2,4, 6, 8). Il en résulte un écart croissant entre augmentation de la population et augmentation des subsistances.

Il existe cependant deux séries d’obstacles au désajustement entre la courbe de la population et celle des subsistances ; des obstacles destructifs et des obstacles préventifs. Les premiers renvoient aux maladies, aux guerres, aux travaux pénibles qui s’opposent à l’accroissement de la population. Les obstacles préventifs, quant à eux, relèvent de la contrainte morale : le retard de l’âge au mariage, la chasteté, l’abstinence. Malthus préconise la contrainte morale pour empêcher la population d’augmenter au-delà des possibilités de subsistances.

Malthus pense qu’on ne peut augmenter durablement les subsistances car cette augmentation se heurte à la loi des rendements décroissants dans l’agriculture. La production agricole ne peut résulter que de la mise culture des terres les moins fertiles et il ne croit guère à la possibilité d’améliorations importantes des rendements sur les terres les plus fertiles. Dans un monde où « la propriété est établie »12, c’est la population pauvre qui augmente et tout nouvel arrivant ne peut trouver de place au grand banquet de la nature. L’aide aux pauvres ne peut qu’aggraver la situation en favorisant la surpopulation. (D’après Thomas-Robert Malthus, 1798, Essai sur le principe de population, Paris, Flammarion, 2010).

12 -Malthus (Thomas-Robert), 1798, Essai sur le principe de population, Paris, Flammarion, 2010.

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