Le tympan de l’Eglise SAINte-Foy de Conques

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Frédéric Hosteing – Collège François Mitterrand Noisy le Grand, Académie de Créteil Photos originales : www.ac-limoges.fr

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Page 1: Le tympan de l’Eglise SAINte-Foy  de Conques

Frédéric Hosteing – Collège François Mitterrand

Noisy le Grand, Académie de Créteil

Photos originales : www.ac-limoges.fr

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L’église de Sainte-Foy de Conques ,dans le département de l’Aveyron (12), en région Midi Pyrénées, était une étape importante sur la route des pèlerins de St Jacques de Compostelle. Sa construction, commencée en 1041, a été achevée au XIIe siècle.

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Au moyen-âge, la plupart des gens ne savaient pas lire. On utilisait donc les façades sculptées des églises comme des « bandes dessinées géantes » pour raconter au peuple des épisodes de la Bible. Le tympan occidental de l’église de Sainte-Foy représente « le Jugement dernier », c’est-à-dire le moment où le Christ décidera du sort de chaque homme après la fin du monde.

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Observez tout d’abord la profusion des personnages sculptés dans le calcaire : il y en a 124 en tout ! Vous remarquez peut-être que certaines sculptures portent encore des traces de peinture : en effet, au moyen-âge, les façades sculptées des églises et des cathédrales étaient peintes de couleurs éclatantes pour rendre les scènes plus vivantes et frapper l’imagination des fidèles… Hélas, le temps les a souvent effacées !

Intéressons-nous maintenant à la composition de ce tympan…

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Si on surligne les bandeaux de pierre portant les inscriptions latines, on se rend compte que le tympan se compose principalement de trois grands registres horizontaux superposés.

Registre supérieur

Registre médian

Registre inférieur

Par quelle partie du tympan l’œil est-il immédiatement attiré ?

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Le regard du spectateur est naturellement attiré vers le personnage central, de proportion plus grande que les autres personnages du tympan, et qui représente le « Christ en majesté » venu pour juger les hommes à la fin des temps.

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On retrouve les caractéristiques traditionnelles du Christ en majesté : ce dernier est assis sur un trône céleste en forme de mandorle étoilée (amande qui symbolise la lumière de la gloire divine), avec la mer de cristal à ses pieds.

« Et voici, un trône se dressait dans le ciel, et, siégeant sur le trône, quelqu’un. Celui qui siégeait avait l’aspect d’une pierre de jaspe et de sardoine. Une gloire nimbait le trône de reflets d’émeraude.[…] Devant le trône, comme une mer limpide, semblable à du cristal. »(Apocalypse IV, 2, 3, 6)

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Le Christ est revêtu d’une tunique et d’un riche manteau (le pallium) échancré pour laisser voir le coup de lance que lui donna un soldat romain au côté pendant son calvaire. Il porte autour de la tête un nimbe crucifère, c’est-à-dire une auréole dans laquelle s’inscrit une croix, symbolisant à la fois sa divinité et son martyre.

Sur le nimbe (aujourd’hui en partie abîmé), on pouvait lire en latin Judex et Rex : « Juge et roi ».En tant que souverain céleste, le Christ vient pour juger les hommes.

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Les anges qui entourent le Christ sont ses « messagers ». Ceux à ses pieds portent des flambeaux, pour éclairer les ténèbres de la fin des temps. Ceux au dessus de sa tête brandissent les rouleaux (ou phylactères) qui contiennent le jugement divin, résumé sous forme d’inscriptions latines. La position du Christ est également symbolique :

De la main droite, il invite les élus dans le Paradis céleste.«  Alors le roi dira à ceux qui seront à sa droite : Venez, vous qui êtes bénis de mon Père ; prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde. » (Evangile de Matthieu, XXV, 34)

De la main gauche, il indique les profondeurs de l’Enfer aux damnés.«  Ensuite il dira à ceux qui seront à sa gauche : Retirez-vous de moi, maudits ; allez dans le feu éternel qui a été préparé pour le diable et pour ses démons. » (Evangile de Matthieu, XXV, 41)

Revenons maintenant à une vue plus générale de ce Jugement Dernier…

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En schématisant la position des corps, on se rend compte que les personnages du Paradis se tiennent droit et/ou sont organisés de manière symétrique dans la composition. Cette construction équilibrée symbolise l’ordre, la paix, le calme, la sérénité et l’harmonie qui règnent dans les cieux…

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En revanche, les corps des personnages de l’Enfer sont tordus, agglutinés, torturés et dissymétriques : cela symbolise le chaos, la confusion, la violence et les souffrances qui se déchaînent dans les profondeurs infernales…

Observons maintenant plus d’un peu plus près les scènes du Paradis…

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D’après la Bible, le Fils de l’homme viendra dans sa gloire accompagné « de tous les anges » (Matthieu XXV, 31). En effet, à côté du Christ en majesté, on aperçoit quatre anges : à droite, l’un montre le livre de vie (qui contient le nom des justes) et l’autre porte un encensoir. À gauche, deux anges armés (l’un d’une épée et d’un bouclier, l’autre d’une lance) contiennent les damnés de l’Enfer.

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Regardez tout en haut du tympan, juste au dessus du Christ en majesté : Reconnaissez-vous le symbole religieux qui occupe la plus grande partie de l’image ?

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Il s’agit de la sainte croix, sur laquelle Jésus a été supplicié, le symbole des chrétiens. Sur la partie latérale, l’inscription latine ([h]oc signum crucis erit in celocum) signifie « Ce signe de croix sera dans le ciel » et renvoie à l’Evangile de Matthieu.

Au dessus, on aperçoit les mots (en partie effacés) Iesus Nazarenus Rex Iudeorum : « Jésus de Nazareth roi des Juifs. » Il s’agit de l’inscription que Ponce Pilate fit placer au sommet de la croix au moment du supplice. On la trouve plus généralement sous sa forme abrégée INRI.

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La croix est soutenue par deux anges, qui tiennent également les instruments ayant servi au supplice du Christ : la lance (lancea) et les clous (clavi).

De chaque côté de la croix , on aperçoit le soleil (sole) et la lune (luna) personnifiés, qui sont censés se cacher à la fin des temps : « Aussitôt après ces jours de détresse, le soleil s'obscurcira, la lune ne donnera plus sa lumière. » (Matthieu XXIV, 29)

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Sur les côtés, en haut du tympan, on aperçoit deux anges sonneurs qui soufflent dans un cor (ou olifant) pour annoncer le retour du Christ. « Il enverra ses anges avec la trompette retentissante, et ils rassembleront ses élus des quatre vents, depuis une extrémité des cieux jusqu'à l'autre. » (Matthieu XXIV, 31)

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Répondant à l’appel des anges, le cortège des élus s’avance. D’après l’Eglise, ce sont les chrétiens fidèles qui sont directement montés au Paradis, sans attendre le Jugement Dernier. D’autres anges brandissent des phylactères rappelant les 4 « vertus théologales » (c’est-à-dire les qualités qui viennent de dieu) en latin : FIDES, SPES, (« la foi » et « l’espérance » aujourd’hui effacées), CARITAS et (H)UMILITAS (« la charité » et « l’humilité »).

Reconnaissez-vous les deux personnages qui mènent le cortège des élus ?

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Il s’agit de la Vierge Marie, la mère de Jésus, qui s’avance les mains jointes vers son fils glorifié. Elle porte traditionnellement un manteau bleu, « de la couleur du ciel ». Derrière elle vient Saint Pierre, apôtre de Jésus et fondateur de l’Eglise catholique romaine. Il est généralement représenté avec clés du Paradis dans les mains.

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Les autres personnages du cortège sont davantage liés à l’histoire de l’église Sainte-Foy de Conques : l’ermite Dadon (qui fonda le premier une chapelle en ce lieu au début du VIIIe siècle), l’abbé Oldoric (qui commença la construction de l’église au XIe siècle) et Charlemagne (bienfaiteur de Conques). L’empereur est entouré de moines, qui attestent de ses bienfaits envers l’église.

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L’église doit son nom à Sainte Foy, jeune chrétienne martyrisée à Agen en 303 sous le règne de l’empereur Dioclétien. Comme elle était condamnée à être brûlée vive sur un gril, un orage miraculeux éteignit le gril. Sainte Foy fut finalement décapitée (à l’âge de 13 ans !) mais de nombreux miracles se produisirent sur sa tombe : elle rendit les yeux à un homme auquel on les avait arrachés et délivra des Maures (des envahisseurs musulmans) des prisonniers chrétiens qui lui avaient adressé une prière. C’est ce miracle que symbolisent les chaînes représentées sous les arcades de l’église.

La Sainte est ici en prière, et Dieu tend sa Main vers elle en signe de bénédiction. Les reliques de Sainte Foy, d’abord conservées à Agen, furent volées au IXe siècle par un moine nommé Arosnide et ramenées à Conques. Leur vénération entraîna la construction de l’abbaye de Conques.

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Le Paradis est représenté comme la Jérusalem céleste décrite dans l’Apocalypse : la cité de Dieu. On l’identifie à ses colonnes et ses arcades, surmontées de croix et de tours crénelées. Qui sont les habitants de cette ville sainte ?

La réponse est inscrite en latin sur le toit : « Les chastes, les pacifiques, les doux, les amis de la piété ; c'est ainsi qu'ils se tiennent, joyeux, en sécurité, sans rien craindre. »

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Au milieu de la Jérusalem céleste, trône Abraham (1) tenant entre ses bras les Saints Innocents : il s’agit des jeunes enfants massacrés par le roi Hérode peu après la naissance de Jésus. Les prophètes (2), identifiables à leur barbe et aux rouleaux qu’ils détiennent, incarnent l’Ancien Testament. Les apôtres (3), glabres et tenant un livre, symbolisent le nouveau Testament.

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Les martyrs (4) sont identifiables à leur couronnes et à leur palme. Tous deux tiennent une coupe, symbole de l’épreuve. Les Saintes Femmes (5) sont les premières à voir le Christ ressuscité, alors qu’elles venaient embaumer son corps (Marc XVI, 1-10). Voilà pourquoi elles tiennent un pot de myrrhe et un flacon d’huile parfumée. Les deux femmes qui tiennent un livre et des lampes allumées sont probablement les vierges sages (6) de la parabole (Matthieu XXV, 1-13).

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Que se passera-t-il maintenant pour ceux qui ne sont pas montés directement au Paradis, comme les élus ? Le livre de l’Apocalypse l’annonce dans ce verset : « La mer rendit les morts qui étaient en elle, la mort et le séjour des morts rendirent les morts qui étaient en eux ; et chacun fut jugé selon ses œuvres. » (Apocalypse XX, 13).

C’est ce qu’on peut voir sur cette partie du tympan : des anges ouvrent les tombeaux et les morts en sortent pour être jugés.

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La manière dont les morts sont jugés est expliquée par cette petite scène, juste en dessous du Christ en majesté. À votre avis, qui sont les deux personnages en haut, au centre de l’image ? Que font-ils ?

Un petit indice : Reconnaissez-vous l’objet tenu par le personnage de droite ? Il n’en reste plus que deux plateaux…

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Il s’agit de l’archange Saint Michel et d’un démon : ils sont en train de peser les âmes des morts pour décider de leur sort. L’archange tient la balance (hélas très abîmée aujourd’hui), tandis que le démon essaie de tricher en appuyant son doigt sur le plateau !

Heureusement pour cette âme, la balance penche du bon côté…

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Les justes sont accueillis par des anges à la porte du Paradis. Effrayés par les horreurs auxquelles ils viennent d’échapper (montrées par la scène de gauche), ils se tiennent par la main et semblent presque se bousculer pour entrer !

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Les damnés sont précipités la tête la première dans l’antichambre de l’Enfer. Ils sont accueillis par des démons qui les poussent dans la gueule du Léviathan. Le démon hirsute qui brandit sa massue semble désolé de voir les âmes des justes lui échapper…

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La pesée des âmes (ou psychostasie) n’est pas vraiment un thème biblique. On la trouve notamment dans la civilisation égyptienne : le cœur du défunt était pesé sur une balance par Anubis, dieu des morts à tête de chacal. S’il était plus lourd que la plume posée sur l’autre plateau, il était livré à Ammout, « la dévoreuse » (à gauche de l’image). Ne trouvez-vous pas qu’Ammout a un petit air de ressemblance avec le Léviathan ?

Papyrus du Livre des Morts d'Ani (1240 avant JC), British Museum, Londres

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Voyons maintenant ce qui attend les damnés… L’Enfer est le royaume de Satan, qui trône dans les flammes au milieu du chaos des démons. Autour de ses jambes s’enlacent des serpents, symboles de la tentation et du péché originel. Avec un rictus mauvais et les yeux exorbités, il désigne de la main gauche le sort réservé aux pécheurs.

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Au moyen-âge, on pense que les pécheurs seront punis « par là où ils ont péché », c’est-à-dire que leur châtiment sera en en rapport avec la faute qu’ils ont commise. Les sept péchés capitaux sont représentés ici : l’avarice, la paresse, le mensonge, la vanité, la luxure, l’orgueil et la colère… Sauriez-vous les reconnaître ?

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L’orgueil (1) est représenté par un chevalier, désarçonné par deux démons munis d’une fourche. La paresse (2) est incarnée par l’homme couché aux pieds de Satan, surveillé par un crapaud. L’avarice (3) est pendue par un diable avec sa bourse autour du cou. Enfin, la colère (4) est précipitée dans un chaudron bouillant.

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La vanité (5) est symbolisée par ce musicien auquel un démon arrache la langue avec un crochet, après s’être emparé de sa harpe. La luxure (6) est représentée par un couple ligoté par le cou : un démon demande à Satan le supplice qui leur sera réservé… Quant au mensonge (7), il est incarné par cet homme assis dans les flammes, auquel un démon s’apprête à couper la langue…

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Tous les pécheurs sont menacés par les tourments éternels, qu’ils appartiennent au peuple, au clergé ou à la noblesse. Par exemple, des mauvais moines sont capturés dans un filet, et l’un d’entre eux est obligé de se prosterner devant un démon.

Un braconnier est rôti comme un lapin à la broche par deux diables…

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Un démon s’agenouille par moquerie devant un roi déchu, nu, dont il arrache la couronne avec les dents : même les puissants seront punis et humiliés !

Un faux-monnayeur est obligé par un diable à boire du métal en fusion…

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Tout en bas du tympan, un ultime avertissement en latin : O PECCATORES TRANSMVTETIS NISI MORES IVDICIVM DVRVM VOBIS SCITOTE FVTVRVM«  Ô pécheurs, à moins que vous ne réformiez vos mœurs, sachez que vous subirez un redoutable jugement ! »

Imaginez l’impression que devait produire une telle œuvre sur les pèlerins du moyen-âge qui venaient se recueillir devant l’église de Conques !