LE TROUBLE DÉFICIT DE L ATTENTION AVEC OU … · Médicaments à longue durée d’action Famille...

14
JUIN 2006 Lignes directrices LE TROUBLE DÉFICIT DE L ATTENTION AVEC OU SANS HYPERACTIVITÉ TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR) du Collège des médecins du Québec

Transcript of LE TROUBLE DÉFICIT DE L ATTENTION AVEC OU … · Médicaments à longue durée d’action Famille...

JUIN 2006

Lignes directrices

LE TROUBLE DÉFICIT DE L’ATTENTIONAVEC OU SANS HYPERACTIVITÉTRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)

du Collège des médecins du Québec

Table des matières

Les nouveautés dans le traitementpharmacologique du TDAH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Les diverses classes de médicaments utilisées . . . . . . . . 4

Le choix de la médicationdans le traitement du TDAH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

L’importance du suivi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11

Annexe : Traitement pharmacologique du TDAH . . . . . . 12

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

Les nouveautés dans le traitement pharmacologique du TDAH

Le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et sontraitement pharmacologique suscitent un intérêt sans précédent depuis plusieursannées. Afin de fournir un cadre de référence relatif à l’approche du TDAH chezl’enfant et l’adolescent, le Collège des médecins du Québec publiait, en 2001, depair avec l’Ordre des psychologues du Québec, les lignes directrices Le troubledéficit de l’attention/hyperactivité et l’usage de stimulants du système nerveux central.

Au cours des dernières années, la mise en marché de nouveaux médicaments a élargil’arsenal thérapeutique lié au traitement du TDAH. Elle a par conséquent généré denombreuses publications, ce qui a enrichi les connaissances scientifiques sur letraitement et le suivi des patients présentant un TDAH. Il est donc devenu nécessairede mettre à jour le volet pharmacologique des lignes directrices publiées en 2001.

Les diverses classes de médicaments utilisées

Classe des psychostimulants

Les psychostimulants sont à ce jour les médicaments les plus utilisés dans le traitementdu TDAH. Ils se regroupent en deux grandes familles de stimulants: le méthylphénidateet les dérivés de l’amphétamine. Ces molécules ont été reformulées, au cours desdernières années, pour permettre notamment une administration uniquotidienne.Chaque famille comprend des préparations dont la durée d’action peut varier : onparlera alors de médicaments à courte durée d’action (3 à 6 heures), à durée d’actionintermédiaire (6 à 8 heures), ou encore, à longue durée d’action (10 à 12 heures).Ainsi, selon leur durée d’action, chaque famille est répartie en diverses catégories.

Médicaments à courte durée d’action

Famille des méthylphénidatesMéthylphénidate (RitalinMD)Méthylphénidate (Apo-MethylphenidateMD)Méthylphénidate (PHL-MethylphenidateMD)Méthylphénidate (PMS-MethylphenidateMD)Méthylphénidate (Ratio-MethylphenidateMD)

Famille des amphétaminesDexamphétamine (DexedrineMD sous forme de comprimés)

Médicaments à durée d’action intermédiaire

Famille des méthylphénidatesMéthylphénidate (Ritalin SRMD)

Famille des amphétaminesDexamphétamine (DexedrineMD sous forme de capsules spansules)

4 COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

Médicaments à longue durée d’action

Famille des méthylphénidates HClMéthylphénidate (ConcertaMD)

Famille des amphétaminesSels mixtes d’amphétamine (Adderall XRMD)

Depuis leur introduction, les préparations psychostimulantes à longue durée d’actionsuscitent un vif intérêt, étant donné leur facilité d’administration et leur biodisponibilitépermettant une meilleure régulation, et méritent qu’on s’y attarde.

Le méthylphénidate HCl, ou OROS (ConcertaMD)

Le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) est disponible au Canada depuis 2003. Cemédicament possède une technologie unique, qui permet une biodisponibilité de lamédication sur une période de 12 heures. Ainsi, le méthylphénidate contenu dansl’enrobage (22 % de la dose initiale) est d’abord libéré pour une action rapide, puisle reste du médicament se libère par un minuscule orifice sur une période pouvants’étendre jusqu’à 12 heures. Les taux sériques augmentent graduellement durant lespremières heures grâce à la libération immédiate du médicament.

La prise uniquotidienne de méthylphénidate HCl (ConcertaMD) à longue durée d’actionreprésente, comparativement à la prise du méthylphénidate à courte durée d’action, unavantage non négligeable, car elle permet une meilleure régulation et ne nécessite pasl’intervention du personnel scolaire dans l’administration du médicament. De plus,son effet prolongé permet une stabilité continue des taux sériques thérapeutiques,notamment chez les patients pour qui le méthylphénidate à courte durée d’actionn’agissait que partiellement. Par conséquent, la médication reste efficace tout aulong de la journée et permet d’éviter, chez la majorité des enfants, l’ajout d’une dosed’appoint en fin d’après-midi.

L’ingrédient actif de ce médicament étant aussi celui trouvé dans les préparationsde méthylphénidate à courte durée d’action, on rencontre des effets secondairescomparables, les plus fréquents étant l’insomnie vespérale et la perte d’appétit.

Des céphalées, des nausées et des douleurs abdominales peuvent parfois se manifester,mais elles sont habituellement transitoires. La perte de poids, un ralentissement de lacroissance et l’apparition de tics font partie des effets indésirables possibles.

Le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) est disponible en différentes concentrations(annexe). Il faut rappeler que les capsules doivent être avalées et ne doivent pas êtremâchées ni saupoudrées.

Le tableau présenté à la page suivante permet de faciliter la transition du méthylphénidateà courte durée d’action ou à action intermédiaire vers le méthylphénidate à longuedurée d’action (tableau I).

5LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)

Les sels d’amphétamine (Adderall XRMD)

Bien que les sels mixtes d’amphétamine (Adderall XRMD) soient commercialisésdepuis quelque temps aux États-Unis, ils ne sont disponibles au Canada que depuisjanvier 2004, date à laquelle ils ont été autorisés par Santé Canada. Ce médicament seprésente sous forme de capsules, qui contiennent des granules composées de selsd’amphétamine à libération immédiate et, en parts égales, d’autres granules à libérationlente. Cette technologie permet une libération biphasique, amenant ainsi unebiodisponibilité de la médication sur une période de 12 heures.

Ce médicament offre aussi les avantages d’une libération prolongée : une priseuniquotidienne, une meilleure régulation des taux sériques et une meilleure adhésionau traitement.

La littérature sur le sujet confirme que les sels d’amphétamine (Adderall XRMD) sontefficaces pour améliorer les paramètres associés au TDAH (impulsivité, inattention,agitation, agressivité). Cependant, aucune étude ne permet de comparer son efficacitépar rapport à celle obtenue avec d’autres médicaments appartenant à la classe desméthylphénidates ou des dextroamphétamines.

Les effets secondaires les plus fréquents de ce médicament sont la perte d’appétit,l’insomnie, les douleurs abdominales et la labilité émotionnelle. Quant aux effetsindésirables, la commercialisation des sels d’amphétamine (Adderall XRMD) a étésuspendue au pays par Santé Canada en 2005, en raison de préoccupations concernantl’association possible de ce médicament à un risque accru de mort subite, de décès liéà des troubles cardiaques ainsi que d’accident vasculaire cérébral chez des enfants etdes adultes prenant les doses recommandées.

Divers examens exhaustifs ont montré qu’en théorie tous les médicaments indiquésdans le traitement du TDAH ont un potentiel pharmacologique pouvant accroîtreces complications, mais ce risque n’est toutefois pas prouvé. De fait, on ne disposepas de suffisamment de preuves selon lesquelles la prise de sels d’amphétamine(Adderall XRMD) puisse être responsable de ces manifestations. Au terme de cetteanalyse, ce médicament a été réintroduit sur le marché canadien pour le traitementdu TDAH. Cependant, des mises en garde récentes viennent baliser l’utilisation de

6 COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

Méthylphénidate (RitalinMD) (15 mg) bid/tidouMéthylphénidate (Ritalin SRMD) (60 mg)

54 mgune fois par jour

Méthylphénidate (RitalinMD) (10 mg) bid/tidouMéthylphénidate (Ritalin SRMD) (40 mg)

36 mgune fois par jour

Méthylphénidate (RitalinMD) (5 mg) bid/tidouMéthylphénidate (Ritalin SRMD) (20 mg)

18 mgune fois par jour

POSOLOGIEDU MÉTHYLPHÉNIDATE

POSOLOGIE ÉQUIVALENTEDU CONCERTAMD

Tableau I Équivalences pour la transition du méthylphénidate à courtedurée d’action ou à action intermédiaire vers le ConcertaMD

tous les médicaments liés au traitement du TDAH quant au risque cardiovasculaire.Dans son approche thérapeutique du TDAH chez l’enfant, le clinicien doit doncs’assurer d’éviter de prescrire ces médicaments aux patients atteints d’anomaliescardiaques structurelles et doit rechercher les facteurs de risque, notamment desantécédents de syncopes à l’effort, de trouble du rythme ou des antécédents familiauxde mort subite.

Les sels d’amphétamine (Adderall XRMD) sont disponibles en plusieurs concentrations(annexe). Rappelons que l’objectif thérapeutique est de viser la dose optimale,c’est-à-dire celle qui améliore les symptômes associés au TDAH, tout en causant lemoins d’effets secondaires possible : il est donc important d’amorcer le traitementavec une faible dose pour ensuite l’ajuster en fonction de la réponse thérapeutiqueet des effets secondaires observés. Afin de faciliter l’administration du médicament,il est possible de scinder la capsule pour saupoudrer les granules sur un aliment aimédes enfants (compote de fruits), ou de l’absorber avec un repas, et ce, sans que labiodisponibilité en soit affectée.

Classe des non-stimulants

Les non-stimulants constituent une toute nouvelle classe de médicament, qui comportejusqu’à ce jour un seul médicament commercialisé.

L’atomoxétine (StratteraMD)

L’atomoxétine (StratteraMD) est le tout dernier des médicaments à longue durée d’actionmis en marché pour le traitement du TDAH. Bien qu’il soit utilisé depuis quelquesannées aux États-Unis, il n’est disponible au Canada que depuis le printemps 2005. Cemédicament suscite un grand intérêt, car il s’agit d’un agent non stimulant, efficace dansle traitement du TDAH chez l’enfant, l’adolescent et l’adulte.

L’atomoxétine, qui agit en inhibant le recaptage synaptique de la noradrénaline, estbien absorbée par voie orale et est métabolisée par le foie via le cytochrome hépatiqueP450 2D6 (CY2D60). Environ 7 % à 10 % de la population est considérée comme«métaboliseur lent», c’est-à-dire ayant une capacité de transformation plus lente dela médication. La demi-vie de l’atomoxétine est alors variable, soit environ 5 heureschez le métaboliseur rapide ou 20 heures chez le métaboliseur lent. Toutefois, cettevariation ne semble pas avoir un impact clinique significatif.

Les études confirment que l’atomoxétine (StratteraMD) est efficace pour améliorer desparamètres du TDAH, et cet effet est comparable au méthylphénidate. L’intérêt particulierde cette nouvelle molécule réside dans sa longue durée d’action (24 heures) et par unprofil différent de celui des psychostimulants. Ainsi, l’atomoxétine (StratteraMD) s’avèreun bon choix lorsque la médication stimulante est inefficace ou qu’on trouve descomorbidités susceptibles d’être exacerbées par les psychostimulants. À ce titre,l’atomoxétine s’avère un médicament particulièrement intéressant dans le plan detraitement des patients avec un TDAH ayant des tics chroniques ou le syndrome deGilles de la Tourette, ou encore, avec des symptômes anxieux et dans les situationsà risque d’utilisation illicite de médicaments.

7LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)

Somnolence, dyspepsie, nausées, vomissements, perte d’appétit sont les effetssecondaires le plus fréquemment rencontrés lors de la prise de l’atomoxétine(StratteraMD). Parmi les effets indésirables, de récentes analyses montrent de très rarescas de pensées suicidaires, de dépression suicidaire, de tentative de suicide et de suicidechez les enfants, les adolescents et les adultes sous cette médication. On recommandedonc aux professionnels de la santé et aux proches de surveiller étroitement, chez lespatients de tout âge, l’apparition de sentiments inhabituels (agressivité, hostilité,anxiété, impulsivité) ou de tout autre indicateur de risque de comportement suicidaire,plus particulièrement dans les premières semaines de traitement ou après un ajustementde la dose. De plus, des indices ou des antécédents familiaux de maladie bipolairedoivent inciter à la prudence dans le choix de l’atomoxétine (StatteraMD), des viragesbipolaires ayant été décrits chez ces patients. De rares cas d’atteinte hépatiqueréversible ont aussi été rapportés.

L’atomoxétine (StratteraMD) est disponible sous forme de capsules en différentesconcentrations (annexe). Comme cette molécule peut prendre près de quatresemaines avant d’être efficace, il faut qu’elle soit administrée sans répit et tous lesjours pour que les niveaux sériques voulus soient obtenus. Le tableau II permet defaciliter le titrage de l’atomoxétine (StratteraMD).

Le traitement au StratteraMD peut être amorcé au moment où le patient est souspsychostimulant ; son introduction se fait alors en croisé. De rares patients devrontprendre une combinaison des deux molécules, mais la combinaison prolongée deces deux classes de médicaments est très peu documentée.

• Dose maximale de 100 mg ou de 1,4 mg/kg/jour.• Comprimés de 10, de 18, de 25, de 40 et de 60 mg.

65-70 Kg 40 mg 60 mg 80 mg

45-64 Kg 25 mg 40 mg 60 mg

30-44 Kg 18 mg 25 mg 40 mg

8 COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

20-29 Kg

POIDS

10 mg

DOSE INITIALE(0,5 mg/kg/j)

18 mg

DOSE INTERMÉDIAIRE(0,8 mg/kg/j)

25 mg

DOSE ÉLEVÉE(1,2 mg/kg/j)

Tableau II Posologie et ajustement des doses lors de l’utilisationde l’atomoxétine (StratteraMD)

Le choix de la médication dans le traitement du TDAH

Devant un plus large choix de médicaments, le médecin se doit de procéder à uneévaluation globale et rigoureuse afin de mieux orienter le plan de traitement et lapharmacothérapie. Les discussions relatives à la décision de prescrire un médicamentdoivent se faire avec l’enfant ou l’adolescent, avec le soutien et la participation desparents. Ils doivent recevoir toute l’information pertinente sur le TDAH, sur les diversmodes d’intervention possibles, les effets bénéfiques recherchés par la médication etses effets secondaires.

Plusieurs facteurs pourront orienter le choix de la médication, notamment :

La pharmacologie

L’administration uniquotidienne d’une médication est souvent moins problématiquechez l’enfant, et surtout chez l’adolescent. Elle devrait être préconisée dans lamesure du possible.

L’administration sous forme de comprimés ou de capsules, comme c’est le caspour le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) et l’atomoxétine (StratteraMD), supposeque l’enfant est capable d’avaler le médicament sans le mâcher ou le croquer.

L’innocuité de la médication utilisée dans le TDAH n’a pas été établie chez lespatients âgés de moins de six ans.

La nécessité d’une administration continue

Compte tenu de l’impact des symptômes du TDAH, il est fortement recommandéd’envisager l’administration de la médication continue chez la majorité despatients alors que, pour quelques autres, notamment l’enfant présentant un déficitd’attention sans hyperactivité, les parents pourront opter pour une médicationlimitée dans le temps, soit les jours scolaires.

L’adhésion au traitement

Une médication uniquotidienne favorise l’adhésion thérapeutique, diminue lastigmatisation associée à la prise de ces médicaments et assure la confidentialité.

L’importance de la rapidité d’action de l’effet thérapeutique

Les médicaments du TDAH ont un effet thérapeutique rapide, mais il faut serappeler que l’action de l’atomoxétine (StratteraMD) peut prendre jusqu’à trois àquatre semaines à dose thérapeutique pour se manifester.

La présence d’effets secondaires significatifs

Le médecin devra rechercher les effets secondaires rapportés avec un médicamentdéjà administré et considérer ces données dans son choix thérapeutique.

9LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)

La présence d’antécédents ou de facteurs de risque de maladie cardiovasculaire

En théorie, tous les médicaments pour le TDAH sont des sympathomimétiqueset ont un potentiel pharmacologique pouvant accroître les complications cardio-vasculaires. Il est donc important de rechercher, avant d’instaurer un traitement,les antécédents personnels et familiaux de même que les facteurs de risque demaladie cardiovasculaire, notamment: des antécédents personnels de syncope àl’effort ou de trouble du rythme cardiaque ; des signes de maladie cardiaquesymptomatique et d’hypertension artérielle modérée à sévère ; la présenced’anomalies cardiaques structurelles; des antécédents familiaux de mort subite oude décès lié à des troubles cardiaques.

En présence de ces facteurs de risque et selon le jugement du clinicien, il sembleprudent de considérer une évaluation cardiovasculaire plus approfondie auprèsd’un spécialiste cardiologue avant d’entreprendre le traitement.

La présence de comorbidités associées

En présence de comorbidités telles que les tics chroniques, le syndrome de Gillesde la Tourette et les troubles anxieux, l’atomoxétine (StratteraMD) constitue unbon choix.

D’autres problèmes de santé doivent être recherchés, notamment : la présence deproblèmes psychotiques et d’indicateurs de risque suicidaire. Tous ces facteursdoivent être considérés dans le choix du médicament.

En présence de troubles de conduite laissant suspecter un potentiel d’abus ou devente de substances, particulièrement chez l’adolescent, les nouvelles moléculesprésentées peuvent s’avérer un choix intéressant. À ce titre, le potentiel d’abus del’atomoxétine (StratteraMD) est inexistant, alors que celui des psychostimulants àlongue durée d’action est moindre que les médicaments à courte durée d’action.

L’accessibilité financière

À l’heure actuelle, les nouveaux médicaments pour le traitement du TDAH ne sontpas inscrits sur la liste de médicaments courants de la Régie de l’assurance maladiedu Québec. Le méthylphénidate HCl (ConcertaMD) et l’atomoxétine (StratteraMD)sont inscrits comme des médicaments d’exception dont le coût est admissible àun remboursement selon certaines conditions. La majorité des assureurs privésremboursent le coût de la prescription des nouvelles molécules.

10 COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

L’importance du suivi

Les enfants et les adolescents chez qui l’on diagnostique un TDAH requièrent unsuivi régulier. Ils devraient être revus mensuellement durant la période d’ajustementde la médication.

Le médecin doit s’assurer que la posologie de la médication permet d’atteindre lesobjectifs thérapeutiques et que les effets secondaires ou indésirables sont recherchés.Il doit aussi s’assurer de la réponse thérapeutique afin de procéder à l’ajustementet au titrage de la médication : pour mesurer objectivement cette réponse, il estsouhaitable de recourir à une échelle qui devrait être remplie par les parents, lesenseignants et le patient lui-même, si possible.

Lorsque la situation est stable, le suivi régulier demeure important : outre l’évaluationde la réponse thérapeutique et la recherche d’effets secondaires, l’évaluation cliniquedevrait comprendre le suivi de certains paramètres, dont le poids, la taille, le rythmecardiaque et la tension artérielle.

Conclusion

Le médecin dispose maintenant de plusieurs médicaments dans l’approche thérapeutiquedu TDAH. L’intérêt des nouvelles molécules réside dans leur efficacité, une meilleurerégulation des taux sériques et une meilleure adhésion au traitement, facilitée par uneprise uniquotidienne. Outre la médication, l’enfant ou l’adolescent et sa familledoivent pouvoir bénéficier de mesures thérapeutiques psychosociales. Ils doivent deplus participer activement aux décisions relatives au choix de la médication et êtreinformés des effets thérapeutiques visés de même que des effets secondaires etindésirables pouvant survenir en cours de traitement. Le choix d’un médicament etl’ajustement de la posologie doivent être individualisés et nécessitent une évaluationcomplète, notamment en ce qui a trait au risque cardiovasculaire. Ceci ne saurait se fairesans un suivi régulier et une solide alliance thérapeutique.

11LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)

Classe des non-stimulantsAtomoxétine (StratteraMD)(capsules de 10, 18, 25, 40, 60 mg)

N.B. Les doses maximales indiquées sont celles recommandées dans les monographies. Dans les cas où l’effet ciblé aux doses indiquéesn’est pas atteint et qu’il n’y a pas ou peu d’effets secondaires, certains cliniciens utilisent des doses plus élevées.

24 heures 0,5 mg/kgmatinpendant 10 jours

• Augmenter à 0,8 mg/kg et, sinon-atteinte de l’objectif cibléaprès un délai de 10 jours,augmenter à 1,2 mg/kg, au besoin.

• Dose maximale = 1,4 mg/kgou 100 mg

1,4 mg/kg/jourmais ne pasdépasser unedose totale de100 mg

Famille des amphétaminesSels d’amphétamine (Adderall XRMD)(capsules de 5, 10, 15, 20, 25et 30 mg)

12 heures 10 mgmatin

• Augmenter de 5 mg tous les5-7 jours jusqu’à l’atteinte del’objectif ciblé ou l’apparitiond’effets secondaires

30 mg

Famille des amphétaminesDexamphétamine (DexedrineMD)(spansules de 10 et 15 mg)

6 à 8 heures 10 mgmatinou10 mgmatin et midi

• Augmenter jusqu’à l’atteintede l’objectif ciblé ou l’apparitiond’effets secondaires

• Envisager 3e dose d’un compriméde dexamphétamine (DexedrineMD)à courte action vers 16 h

40 mg

Annexe – Traitement pharmacologique du TDAH

12 COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

MÉDICAMENTDURÉED’ACTION

DOSEINITIALE TITRAGE

DOSEQUOTIDIENNEMAXIMALE

Famille des amphétaminesDexamphétamine (DexedrineMD)(comprimés de 5 mg)

4 à 6 heures Enfants : 2,5 mgmatin et midiAdos et adultes :5 mgmatin et midi

• Augmenter de 2,5 à 5,0 mgpar dose jusqu’à l’atteinte del’objectif ciblé ou l’apparitiond’effets secondaires

• Envisager 3e dose vers 16 h

40 mg

Famille des méthylphénidatesMéthylphénidate (Ritalin SRMD)(comprimés de 20 mg)

3 à 6 heures 20 mgmatin

• Augmenter à 40 mg le matinou 20 mg le matin et le midiou

• Ajouter, au besoin, une dosede méthylphénidate à courtedurée action

60 mg

Famille des méthylphénidatesMéthylphénidate HCl (ConcertaMD)(comprimés de 18, 27, 36 et 54 mg)

12 heures 18 mgmatin

• Augmenter de 18 mg tous les5-7 jours jusqu’à l’atteinte del’objectif ciblé ou l’apparitiond’effets secondaires

54 mg

Famille des méthylphénidatesMéthylphénidate (PHL-MethylphenidateMD,PMS-MethylphenidateMD,Ratio-MethylphenidateMD)(comprimés de 5, 10 et 20 mg)

3 à 5 heures Ados et adultes :10 mgmatin et midi

• Augmenter de 2,5 à 5,0 mg pardose jusqu’à l’atteinte de l’objectifciblé ou l’apparition d’effetssecondaires

• Envisager 3e dose vers 16 h

60 mg

• Augmenter de 2,5 à 5,0 mg pardose jusqu’à l’atteinte de l’objectifciblé ou l’apparition d’effetssecondaires

• Envisager 3e dose vers 16 h

60 mgEnfants : 2,5 mgmatin et midi

3 à 5 heuresFamille des méthylphénidatesMéthylphénidate(RitalinMD, Apo-MethylphenidateMD)(comprimés de 10 et 20 mg)

À COURTE DURÉE D’ACTION

À DURÉE D’ACTION INTERMÉDIAIRE

À LONGUE DURÉE D’ACTION

13LE TDAH — TRAITEMENT PHARMACOLOGIQUE (MISE À JOUR)

Bibliographie

BIEDERMAN, J., et autres. «A randomized, double-blind, placebo-controlled, parallel-group studyof SLI381 (Adderall XR) in children with attention-deficit/hyperactivity disorder», Pediatrics,vol. 110, no 2, partie 1, août 2002, p. 258-266.

GREENHILL, L.L., et autres. «Practice parameter for the use of stimulant medications in the treatmentof children adolescents, and adults», Journal of the American Academy of Child and AdolescentPsychiatry, vol. 41, no 2, supplément, février 2002, p. 26S-49S.

KONDRO, W. « Inconclusive evidence puts Adderall back on the market», CMAJ: Canadian MedicalAssociation Journal, vol. 173, no 8, 11 octobre 2005, p. 858.

KRATOCHVIL, C.J., et autres. «Atomoxetine and methylphenidate treatment in children with ADHDa prospective, randomized, open-label trial », Journal of the American Academy of Child andAdolescent Psychiatry, vol. 41, no 7, juillet 2002, p. 776-784.

MCGOUGH, J.J., et autres. « Long-term tolerability and effectiveness of once-daily mixedamphetamine salts (Adderall XR) in children with ADHD», Journal of the American Academyof Child and Adolescent Psychiatry, vol. 44, no 6, juin 2005, p. 530-538.

MICHELSON, D., et autres. « Atomoxetine in the treatment of children and adolescents withattention-deficit/hyperactivity disorder: a randomized, placebo-controlled, dose-response study»,Pediatrics, vol. 108, no 5, novembre 2001, p. E83.

—. «Once-daily atomoxetine treatment for children and adolescents with attention deficit hyperactivitydisorder: a randomized, placebo-controlled study», American Journal of Psychiatry, vol. 159,no 11, novembre 2002, p. 1896-1901.

PELHAM, W.E., et autres. «Once-a-day Concerta methylphenidate versus three-times-dailymethylphenidate in laboratory and natural settings», Pediatrics, vol. 107, no 6, juin 2001, p. E105.

SANTÉ CANADA. Advisory: Health Canada suspends the market authorization of Adderall XR, a drugprescribed for Attention Deficit Hyperactivity Disorder (ADHD) in children, Ottawa, Santé Canada,9 février 2005. [En ligne], www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/advisories-avis/2005/2005_01_e.html.

—. News release: Health Canada allows Adderall XR back on the Canadian market, Ottawa, SantéCanada, 24 août 2005. [En ligne], http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/nr-cp/2005/2005_92_e.html.

—. Nouvelles mises en garde à propos des troubles cardiaques rares associés aux médicaments pourtraiter le THADA, Ottawa, Santé Canada, 26 mai 2006. [En ligne] http://www.hc-sc.gc.ca/ahc-asc/media/advisories-avis/2006/2006_35_f.html.

SPENCER, T.J., et autres. « Effects of atomoxetine on growth after 2-year treatment among pediatricpatients with attention-deficit/hyperactivity disorder», Pediatrics, vol. 116, no 1, juillet 2005, p. e74-e80.

SUBCOMMITTEE ON ATTENTION-DEFICIT/HYPERACTIVITY DISORDER AND COMMITTEE ON QUALITY IMPROVEMENT.« American Academy of Pediatrics: clinical practice guideline: treatment of the school-aged childwith attention-deficit/hyperactivity disorder», Pediatrics, vol. 108, no 4, octobre 2001, p. 1033-1044.

WILENS, T., et autres. «ADHD treatment with once-daily OROS methylphenidate: final results froma long-term open-label study», Journal of the American Academy of Child and AdolescentPsychiatry, vol. 44, no 10, octobre 2005, p. 1015-1023.

WOLRAICH, M.L., et autres. «Randomized, controlled trial of oros methylphenidate once a day in childrenwith attention-deficit/hyperactivity disorder», Pediatrics, vol. 108, no 4, octobre 2001, p. 883-892.

YATES, T. «Mini review: tomoxetine», Child and Adolescent Psychopharmacology News,vol. 9, no 6, 2004, p. 1-5.

Membres du groupe de travail

Dr Yves LajoiePédopsychiatre

Dr Pierre-Claude PoulinPédiatre

Dr Marie TêtuOmnipraticienne

Dr Pauline GrefInspecteur-enquêteurDirection de l’amélioration de l’exerciceCollège des médecins du QuébecCoordonnatrice du groupe de travail

SecrétariatDenise Huet

14 COLLÈGE DES MÉDECINS DU QUÉBEC

Publication duCollège des médecins du Québec2170, boulevard René-Lévesque OuestMontréal (Québec) H3H 2T8Téléphone : 514 933-4441 ou 1 888 MÉDECINTélécopieur : 514 933-3112Courriel : [email protected]

Coordination, révision linguistique et correction d’épreuvesDirection des affaires publiques et des communications

GraphismeBronx Communications

IllustrationOlivier Lasser

ImpressionIntegria

La reproduction est autorisée à conditionque la source soit mentionnée.

Dépôt légal : 2e trimestre 2006Bibliothèque nationale du QuébecBibliothèque nationale du CanadaISBN 2-920548-42-5 (version imprimée)ISBN 2-920548-43-3 (PDF)

© Collège des médecins du Québec, 2006