Le territoire à l’heure numérique · 2017. 10. 9. · le schéma directeur territorial...

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TERRITOIRE SEPTEMBRE 2015 : 38 © Ville de Marseille Le territoire à l’heure numérique CHIFFRES-CLÉS 23 millions C’est le nombre d’abonnements haut-débit en France (200 000 au début du XXI e siècle) 300 milliards de mégabits de données échangées en 2014. C’est 280 milliards de plus qu’en 2009 95% C'est la part des Bouches-du-Rhône que les opérateurs privés s'engagent à relier au très haut débit d'ici 2020 38 840 C’est le nombre d’emplois salariés privés relevant de la filière économie numérique sur AMP + 2400 C’est le gain d’emplois pour les logiciels et services informatiques sur AMP entre 2008 et 2013 L’impact du numérique sur les villes et les territoires, et sur l’activité des acteurs qui les font, est transversal et omniprésent. Transversal, car il affecte tous les domaines de l’action publique et privée, de la citoyenneté à l’inclusion sociale, de la mobilité à la transition éner- gétique et au développement économique, etc. Omniprésent, car il engendre la multipli- cation de nouveaux services, visant à faciliter et enrichir le quotidien de tous les usagers et acteurs des villes et territoires. Ceux-ci prennent appui sur des outils et dispositifs techno- logiques toujours plus nombreux et connectés entre eux. La quantité d’informations et de données ainsi produites en continu, liée à l’ouverture et à la mise à disposition progressive de ces dernières à l’usage de tous, constitue une opportunité autant qu’un défi pour les acteurs qui pensent et conçoivent la ville. La disponibilité de ces données (open data) et les moyens existant aujourd’hui pour les stocker, les analyser et les mettre en relation afin de produire du sens ("Big data") peuvent en effet permettre d’affiner la compréhension de phénomènes urbains et territoriaux. Pour autant, l’irruption désormais inéluctable et avancée du numérique nécessite une adapta- tion de ces acteurs car il remodèle les relations entre habitants, acteurs privés, associatifs et collectivités. Il permet par exemple des interactions plus fréquentes et une co-construc- tion de la pensée sur la ville autant que des politiques publiques qui la façonnent. "La technologie, c’est de la culture". Les travaux de l’Agam se retrouvent naturellement au cœur de ces enjeux qui nécessitent anticipation et compréhension fine des mouvements à l’œuvre. Deux études récentes ont ainsi traité de ces sujets : l’une portant sur l’aménagement numérique, condition sine qua non du développement de ces nouveaux usages et services, l’autre traitant de la filière "économie numérique" sur le territoire métropolitain.

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T E R R I T O I R E

S E P T E M B R E 2 0 1 5 : N ° 3 8

portrait

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© V

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de M

arse

ille

Le territoire à l’heure numérique

CHIFFRES-CLÉS

23 millionsC’est le nombre d’abonnements haut-débit en France (200 000 au début du XXIe siècle)

300 milliards de mégabits de données échangées en 2014.

C’est 280 milliards de plus qu’en 2009

95%C'est la part des Bouches-du-Rhône que

les opérateurs privés s'engagent à relier au très haut débit d'ici 2020

38 840C’est le nombre d’emplois salariés

privés relevant de la filière économie numérique sur AMP

+ 2400C’est le gain d’emplois pour les

logiciels et services informatiques sur AMP entre 2008 et 2013

L’impact du numérique sur les villes et les territoires, et sur l’activité des acteurs qui les

font, est transversal et omniprésent. Transversal, car il affecte tous les domaines de l’action

publique et privée, de la citoyenneté à l’inclusion sociale, de la mobilité à la transition éner-

gétique et au développement économique, etc. Omniprésent, car il engendre la multipli-

cation de nouveaux services, visant à faciliter et enrichir le quotidien de tous les usagers et

acteurs des villes et territoires. Ceux-ci prennent appui sur des outils et dispositifs techno-

logiques toujours plus nombreux et connectés entre eux. La quantité d’informations et de

données ainsi produites en continu, liée à l’ouverture et à la mise à disposition progressive

de ces dernières à l’usage de tous, constitue une opportunité autant qu’un défi pour les

acteurs qui pensent et conçoivent la ville.

La disponibilité de ces données (open data) et les moyens existant aujourd’hui pour les

stocker, les analyser et les mettre en relation afin de produire du sens ("Big data") peuvent

en effet permettre d’affiner la compréhension de phénomènes urbains et territoriaux. Pour

autant, l’irruption désormais inéluctable et avancée du numérique nécessite une adapta-

tion de ces acteurs car il remodèle les relations entre habitants, acteurs privés, associatifs

et collectivités. Il permet par exemple des interactions plus fréquentes et une co-construc-

tion de la pensée sur la ville autant que des politiques publiques qui la façonnent. "La

technologie, c’est de la culture".

Les travaux de l’Agam se retrouvent naturellement au cœur de ces enjeux qui nécessitent

anticipation et compréhension fine des mouvements à l’œuvre. Deux études récentes ont

ainsi traité de ces sujets : l’une portant sur l’aménagement numérique, condition sine qua

non du développement de ces nouveaux usages et services, l’autre traitant de la filière

"économie numérique" sur le territoire métropolitain.

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2 Le territoire à l'heure numérique

La "révolution très haut débit" est en marcheA l’aube du XXIe siècle, on dénombrait seulement 200 000

abonnements haut débit en France. Ils sont près de 23

millions aujourd’hui, auxquels il faut ajouter plus de 3

millions d’abonnements très haut débit (THD), c'est-à-dire

un accès Internet supérieur à 30 mégabits par seconde.

Les usages s’intensifient et se diversifient, catalysés par

des services de plus en plus innovants. Apprendre, par-

tager une con versation ou du contenu via des visiocon-

férences en haute définition, se divertir, accéder à des

services publics innovants, développer son activité dans

des territoires ruraux… tels sont les multiples usages per-

mis par le très haut débit. L’équipement des personnes en

ordinateurs, smartphones ou tablettes tactiles est en forte

progression (voir par ailleurs). La croissance des données

consommées est d’ailleurs exponentielle : selon l’Autorité

de régulation des communications électroniques et des

postes (ARCEP), son volume annuel est passé de 20 à 300

pétabits 1 entre 2009 et 2014.

Généraliser l’accès au THD, c'est-à-dire proposer un accès

à Internet performant à l'ensemble des logements, des

entreprises et des administrations, est un enjeu majeur

pour l’attractivité et la compétitivité d’un territoire. Réseau

fixe ou mobile, la question des infrastructures est centrale

dans l’optique d’une montée en débit. La fibre optique

est la solution d’avenir privilégiée : elle a le potentiel mais

aussi le coût le plus élevé. Le chantier est colossal, compa-

rable au développement du téléphone dans la première

moitié du XXe siècle : un défi à relever pour tous les acteurs

du numérique.

Aménager le territoire numériqueAfin de pérenniser le développement de nombreux usages et services reposant sur les technologies numériques, il est essentiel d’anti-ciper et de planifier le déploiement des réseaux et infrastructures sur lesquels ils s’appuient.

La position géostratégique de Marseille lui confère une place de choix au cœur d’une concentration de réseaux télécoms internationaux. La ville est un point important d’atterrissage des câbles sous-marins, et des voies de transit du trafic internet mondial. Elle se positionne ainsi comme la porte principale d’entrée de ces réseaux au sud du continent européen en Méditerranée.

Ce sont en effet plus de huit câbles sous-marins qui sont reliés notamment à l’Afrique, au Moyen-Orient et à l’Asie, aires géographiques qui constituent une part croissante du trafic internet mondial. L’arrivée prochaine de deux nouveaux câbles viendra renforcer la connectivité, les capacités de trafic et permettra des temps de latence très compétitifs avec ces zones en croissance. Rapprocher le contenu des marchés et ainsi diminuer les temps de connexion constitue un objectif majeur des opérateurs et des

producteurs de contenus, dans l’optique d’une amélioration continue de l’expérience des utilisateurs.

L’arrivée récente d’Interxion à Marseille, "opérateur d’opérateurs" qui permet à ces derniers de se connecter entre eux et de transporter leurs flux, fait désormais de Marseille un point d’interconnexion des réseaux et de diffusion de contenus, et non plus un simple lieu de transit de ces derniers.

S’ajoute à cela la présence d’entreprises telles que Jaguar Network, dont les certifications en matière de sécurité et de qualité de transit permettent de répondre aux besoins des grands industriels du numérique, qui investissent lourdement, notamment pour aller toucher les marchés africains.

Marseille, point d’interconnexion des réseaux

N L'ÉQUIPEMENT DES PERSONNES EN PROGRESSION CONSTANTE

2000 20141 ORDINATEUR OU PLUS

34%

82%

TABLETTES TACTILES

2011 2014

4%

29%

2011

SMARTPHONES

2014

17%

(89% chez les 18-24 ans)

46%

Source : ARCEP, 2014

1. 1 pétabit = 1 milliard de mégabits

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Le territoire à l'heure numérique

L’aménagement numérique, nouvelle dimension de l’action publiqueLancé au printemps 2013, le Plan France Très Haut débit

vise à couvrir l’intégralité du territoire en très haut débit

d’ici 2022. Pour atteindre cet objectif, il mobilise un inves-

tissement de 20 milliards d’euros en dix ans, partagé entre

les opérateurs privés, les collectivités territoriales et l’État.

20 000 emplois sont concernés. Le Plan vise à dévelop-

per les réseaux d’initiative publique en complément des

déploiements privés, pour assurer l’équité des territoires

dans l’accès au THD et ainsi limiter le risque de "fracture

numérique".

Dans les zones les plus denses, les opérateurs privés s’en-

gagent à déployer des réseaux de fibre optique jusqu’à

l’abonné (FttH) d'ici 2020, dans le cadre de conventions

signées avec les collectivités territoriales et l'État. 95 % du

territoire des Bouches-du-Rhône fait partie d’une zone

"conventionnée". En dehors des grandes agglomérations,

ce sont les collectivités territoriales qui déploieront des

réseaux publics mobilisant plusieurs types de réseaux

d’accès à Internet : FttH, amélioration des débits sur le

réseau ADSL, satellite, Wimax, 4G…

Vers un projet numérique commun Le Plan France Très Haut Débit positionne les collectivités

comme acteurs principaux de l’aménagement numérique

et de l’évolution vers le THD. Elles doivent planifier l’amé-

nagement numérique de leur territoire, en organisant le

déploiement du THD en cohérence avec leur projet ter-

ritorial.

La Région, le Département, la future Métropole Aix-Mar-

seille, ses Conseils de territoire et ses communes, joueront

en ce sens un rôle majeur. Un projet numérique partagé

devra être construit à l’échelle du territoire métropolitain,

pour soutenir l’économie numérique, accompagner ou

compléter le développement des réseaux privés, équi-

per les établissements recevant du public, mutualiser et

rationaliser les moyens, proposer des services numériques

performants… Ce projet pourra être traduit dans les do-

cuments de planification tels que le SCoT et les PLUi.

L’évolution du cadre législatifLa loi du 21/06/2004 offre la possibilité aux collectivités de réaliser un réseau de communications électroniques afin de pallier un déficit des offres privées en dehors des zones "conventionnées".

La loi du 17/12/2009 relative à la lutte contre la fracture numérique crée le schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN) pour favoriser la cohérence entre initiatives publiques et privées.

La loi du 12/07/2010 dite Grenelle II permet d’intégrer la dimension de l’aménagement numérique dans les documents d’urbanisme, comme la possibilité de fixer des conditions de desserte par les réseaux dans les secteurs à urbaniser. La loi du 24/03/2014 pour l’accès au logement et un urbanisme rénové (ALUR) reprend certaines de ces dispositions.

La loi du 8 août 2015, portant Nouvelle organisation territoriale de la République, dite loi NOTRe, n’attribue pas la compétence en matière d’aménagement numérique à une seule collectivité. Si une région est couverte par plusieurs SDTAN, les collectivités les intègrent conjointement au sein d’une stratégie qui peut être insérée dans le SRADDT.

N DÉPLOYER DES RÉSEAUX DE FIBRE OPTIQUE POUR RÉPONDRE AUX BESOINS DES ABONNÉS

T CABLE SOUS-MARIN A FIBRE OPTIQUE

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#AMFT - Aix-Marseille French Tech : un écosystème métro-politain d’innovation labellisé

La French Tech, lancée en 2013 par le gouvernement fran-

çais, repose sur trois volets : une marque qui fédère les

acteurs français du numérique, notamment par la label-

lisation d’écosystèmes métropolitains ; 200 millions €

d’investissements destinés à soutenir des programmes

d’accélération des start-up du numérique ; une action de

promotion à l’international (15 millions €). Elle vise à "déve-

lopper l’emploi en stimulant les filières à fort potentiel de

croissance et à faire rayonner le savoir-faire de la France à

l’international".

La candidature métropolitaine, portée conjointement par

les quatre collectivités (Aix, Communauté d’aggloméra-

tion du Pays d’Aix, Marseille et Marseille Provence Métro-

pole), a été labellisée au mois de novembre 2014. La gou-

vernance stratégique est assurée par un Conseil territorial

du numérique (49 membres, dont 31 issus du privé), et la

gouvernance opérationnelle a été confiée à Medinsoft, ré-

seau de promotion des industries du numérique en PACA.

Le territoire est désormais en phase d’expérimentation

pendant l’année 2015, avant une possible confirmation de

la labellisation pour trois ans. Parmi les dispositifs opéra-

tionnels qu’#AMFT s’est engagée à mettre en œuvre pour

voir cette labellisation confirmée, certains sont déjà effec-

tifs (les accélérateurs P-Factory, NFC Factory de Gemalto,

Start-up studio de Netangels ; "Connectwave", à Rousset,

plateforme d’expérimentation et d’usages pour la com-

préhension des objets connectés et du sans-contact) ;

d’autres devraient voir le jour d’ici à la fin de l’année (le

studio de motion capture à la Belle de Mai ; le programme

"attirer les talents").

Projets numériques : une multiplicité d’initiatives à coordonnerL’élaboration d’une vision partagée du développement numérique du territoire apparaît nécessaire. Elle doit permettre l’interopéra-bilité entre les différents dispositifs et la cohérence dans les politiques mises en œuvre.

N LE PÔLE MULTIMÉDIA DE LA BELLE DE MAI

Le service Ressources et données urbaines de l’Agam, associé à son service informatique, a développé ces dernières années plusieurs outils permettant de répondre aux nouveaux enjeux de la numérisation des données et de l’importance croissante de leur exploitation à des fins décisionnelles et de partage de la connaissance.

En termes d’information géographique : une base de données pure SIG (avec identifiant unique, géométrie aux projections légales). Elle permet un croisement multiple des données de tous horizons. Elle est en perpétuelle évolution ; un géocatalogue (en cours de développement). L’objectif assigné à cet outil est d’archiver et d’avoir un suivi de la donnée : qui, quoi, comment, où, quand… ? Il s’agit donc de structurer et de référencer les métadonnées.

En termes de développement logiciel : E-PLU : plateforme visant à recueillir les interrogations des citoyens en ligne. Les secteurs incriminés étant géolocalisés en temps réel, cela a permis de créer des rapports automatisés des secteurs à étudier, facilitant et accélérant d’autant le travail des commissaires enquêteurs ;

Des outils numériques déployés par l’Agam

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5Le territoire à l'heure numérique

Le projet économique s’articule autour de cinq piliers, ou

secteurs d’activités, à développer : l’internet des objets, le

big data/cloud, le transmédia, la e-santé et la smart city.

La prise en compte du numé-rique par la Ville de MarseilleLe conseil municipal de la Ville de Marseille a voté le 29

juin 2015 deux délibérations relatives à la "ville numé-

rique".

La collectivité y affiche la volonté de "fixer un cadre dans

lequel seront développés en cohérence l’ensemble des

projets et services qui contribueront à faire de Marseille

une ville intelligente." Elle entend pour cela agir autour

de quatre axes principaux : une meilleure gestion de la

ville dans les différentes fonctions qu’elle doit assurer

(transport, sécurité, déchets…) ; l’intégration du numé-

rique dans les enjeux d’aménagement urbain (quartiers

attractifs et connectés, smart-grids…) ; le développement

de l’attractivité et de l’emploi ; le renforcement de la cohé-

sion entre les populations et la proximité avec le citoyen.

L’atteinte de ces objectifs nécessite la mise en place

d’offres de services mutualisées entre acteurs du territoire,

qui reposent sur : le développement d’infrastructures de

réseau très haut débit ; des équipements de collecte et de

transmission des données ; des data-centers et des outils

de traitement de la donnée. Pour ce faire, Marseille inscrira

4 millions d’euros de crédits au budget primitif des exer-

cices 2016 à 2020.

La ville souhaite également valoriser ses dispositifs de

sécurisation des espaces publics (vidéo-surveillance, ver-

balisation électronique) au travers de l’opération "Big

data de la tranquillité publique", porteuse d’une "nouvelle

approche de résolution de situations". Celle-ci reposera

notamment sur le développement d’outils d’intelligence

décisionnelle basés sur la masse des données récoltées

par les dispositifs de surveillance.

PAROLES D’ACTEUR

Jean-Marie ANGIDirecteur des systèmes d’information,

délégation générale de la Modernisation et de la Gestion des Ressources de la Ville de

Marseille

“ Le numérique va permettre de faire de la ville une ville intelligente. L’expansion des réseaux et des technologies in-novantes, la multiplication des objets connectés et la crois-sance exponentielle des données que ces capteurs récoltent permettent aujourd’hui de faire des choses nouvelles. La direction des systèmes d’information apporte à cet effet des outils et des technologies pour mieux concevoir la ville, mettre de l’intelligence dans les systèmes et réseaux afin de développer une "smart city". Notre but est de mettre en place des infrastructures : des réseaux filaires, la fibre, le wifi, etc. qui permettent de connecter les objets entre eux et de capter des données. Il faut ensuite récupérer, stocker et analyser ces données, c’est ce qu’on appelle le big data. Cette capacité de traitement de l’information et de mise en relation des don-nées entre elles, crée cette intelligence recherchée. Pour citer un exemple : des capteurs peuvent être installés sur une place de parking de livraison, indiquant si elle est libre, des outils existent aujourd’hui pour communiquer sur cette donnée en temps réel grâce aux smartphones et facilitent ainsi les usages. Cette place de parking devenue intelligente permet ainsi de fluidifier la ville et d’éviter que des camions se garent en double file. Quand l’information est disponible, la popula-tion s’adapte et change ses comportements. L’ensemble des données de la ville reliées entre elles vont permettre d’infor-mer en temps réel, de prévoir pour favoriser une meilleure qualité de vie et rendre la ville plus attractive. Plusieurs do-maines sont concernés : l’énergie, le scolaire, la circulation, le stationnement… Un comité technique du numérique a été créé récemment à la Ville de Marseille pour coordonner et mettre en cohérence l’ensemble des différents services pour une gestion améliorée et donc durable de la ville. ”

E-entreprise : plateforme web pour la démarche quadripartite (MPM, Ville de Marseille, Euroméditerranée, Établissement Public Foncier) afin de localiser en temps réel les potentiels fonciers des entreprises ; E-dvf : plateforme web et dataviz permettant de connaître les prix au m², prix moyen, et type de logement vendus par quartiers et communes. La base est mise à jour trois fois par an ; E-stat : plateforme de cartographie interactive, avec une classification automatique, où l’utilisateur peut observer sur plusieurs années l’évolution des données Insee, intégrant des fonctionnalités de calcul ; Le WebSig, une plateforme de crowdsourcing : cartographies en ligne donnant la possibilité d’intégrer de la donnée manuellement. Il y a donc partage du savoir et correction des incohérences. Cette application est utilisée par l’Agam (base de données aménagement) et ses partenaires dans leurs travaux communs (ateliers de territoires). ODET : outil d'analyse en ligne de l'Enquête Ménages Déplacements. Transport Analyst : outil de visualisation qui présente et compare l'accès global à un territoire et ses services à partir d'un point.

Des outils numériques déployés par l’Agam

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La filière numérique : définition

La filière se décompose en deux niveaux : le Cœur, qui comprend les activités relevant strictement de l’économie numérique (la fabrication de TIC, les logiciels et services informatiques, la pro-duction de contenus – notamment audiovisuels – et les réseaux et services télécoms), et les activités liées à la filière, qui sont fortement impactées par le secteur de l’économie numérique (la distribution et réparation comprenant le commerce de gros et de détail spécialisé et les centres d’appel, les activités scien-tifiques et techniques liées à la fabrication de TIC, la produc-tion de contenus notamment publicitaire, et la construction de réseaux et services télécoms).

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6 Le territoire à l'heure numérique

Marseille-Aix, troisième capi-tale régionale de l'économie numériqueLa métropole Aix-Marseille-Provence compte 38 840 em-

plois salariés privés relevant de la filière économie numé-

rique en décembre 2013 (ACOSS). A l’échelle des grandes

capitales régionales, l’aire urbaine de Marseille-Aix-en-

Provence (qui représente à 96 % l’emploi métropolitain de

la filière) 1, occupe la 3e position, après Lyon et Toulouse

(hors Paris). Ce classement se vérifie que ce soit pour le

Cœur de filière ou pour les activités liées à cette filière (cf.

encadré ci-contre).

Les emplois de la filière "économie numérique" de la

métropole AMP, se concentrent essentiellement dans les

grands centres urbains, à l’exception notable de la ville

de Rousset. Avec 10 % des emplois numériques métropo-

litains (3 850 emplois), Rousset est un lieu majeur du terri-

toire dans le secteur de la fabrication de composants élec-

troniques, avec notamment l’entreprise STMicroelectro-

nics. Aix-en-Provence comptabilise, quant à elle, près de

10 100 emplois (26 % des "emplois numériques" d’AMP).

La ville fait état d’une certaine spécialisation autour des

activités de logiciels et services informatiques (5 470 em-

plois), ou encore des agences de publicité (1 170 emplois).

Cependant, Marseille reste le premier employeur de la

métropole avec 37 % des emplois de la filière (14 350 em-

plois), aux activités diversifiées.

Un recul de l’emploi malgré une dynamique de l'informatiqueEntre 2008 et 2013, au sein des grandes capitales régio-

nales françaises, l’aire urbaine de Marseille-Aix-en-Pro-

vence parvient à maintenir sa 3e place, malgré un recul si-

gnificatif de l’emploi. La filière connaît en effet une baisse

de 3 % tandis qu’elle progresse de 4 % en moyenne dans

les autres territoires.

A l’échelle de la métropole AMP, le recul de l’emploi de la

filière est de 2 % (- 730 emplois). En cause, les activités liées

à la filière qui enregistrent une baisse de 13 % (- 2 100 em-

plois). Si les activités des centres d'appels sont très dyna-

miques (+ 1 130 emplois, essentiellement à Marseille), les

Une filière portée par le dynamisme des activités informatiquesAvec près de 40 000 emplois salariés privés sur le territoire métropolitain, la filière numérique se positionne dans le trio de tête des capitales régionales, avec un poids certain de la production audiovisuelle, de la fabrication de TIC et de la publicité.

1. Afin d’effectuer des comparaisons nationales, le périmètre de l’aire urbaine est privi-légié. L’aire urbaine permet une analyse plus précise de l’économie locale, en s’affranchis-sant des limites strictement administratives. Elle se base sur un ensemble de communes, d'un seul tenant et sans enclave, constitué par un pôle urbain de plus de 10 000 emplois et par des communes rurales ou unités urbaines en fonction des déplacements domicile-tra-vail (au moins 40 % de la population résidente d’une commune ayant un emploi travaille dans le pôle ou dans des communes attirées par celui-ci).

N EMPLOIS SALARIÉS PRIVÉS DE LA FILIÈRE ÉCONOMIE NUMÉRIQUE DANS LES 9 PRINCIPALES AIRES URBAINES FRANÇAISES (HORS PARIS)

0

10 000

20 000

30 000

40 000

50 000

60 000

STRASBOURG NICE GRENOBLE BORDEAUX NANTES LILLE MARSEILLEAIX

TOULOUSE LYON

CŒUR DE FILIÈRE

ACTIVITÉS LIÉES

EMPLOIS

Source : Acoss déc. 2013

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7Le territoire à l'heure numérique

agences de publicité chutent lourdement (- 1 910 emplois

dont - 1 050 emplois à Aix-en-Provence), ainsi que la répa-

ration d'ordinateurs et d'équipements périphériques (-750

emplois), ou encore le commerce de gros d’ordinateurs

(- 410 emplois). Ces secteurs sont parmi les plus touchés à

l’échelle des grandes capitales régionales.

A l’inverse, le Cœur de la filière connaît une croissance

de 7 % (+1 470 emplois). Les logiciels et services informa-

tiques progressent de près de 2 400 emplois, notamment

grâce aux activités de programmation, de conseil et d'édi-

tion de logiciels. Ce secteur se révèle très dynamique dans

de nombreux territoires de la Métropole (+ 490 emplois

à Marseille, + 1 010 emplois à Aix-en-Provence, + 890 em-

plois dans le reste de la Métropole), ainsi qu’à l’échelle des

capitales régionales (+ 31 % pour Nantes, + 23 % pour Mar-

seille-Aix, + 20 % pour Bordeaux). On notera néanmoins

l’importante perte d’emplois des télécommunications

filaires (- 970 emplois), essentiellement à Marseille, mais

également le recul de Rousset dans le domaine de la fabri-

cation de composants électroniques (- 505 emplois).

Sur Marseille Provence Métropole, l'emploi résiste dans la filièreA l’échelle de la communauté urbaine de Marseille Pro-

vence Métropole, la filière compte près 17 200 emplois,

soit 44 % des emplois métropolitains. Les activités sont

relativement diversifiées. Au sein du Cœur de filière, on

retrouve tout d’abord les activités de logiciels et services

informatiques (4 580 emplois), essentiellement localisées

à Marseille (82 %), et de façon moindre à La Ciotat (10 %).

Puis, les télécommunications filaires avec plus de 2 400

emplois (98 % à Marseille), notamment avec la société

Orange. La production de contenus représente un peu

moins de 1 600 emplois. Parmi ces activités, on retrouve

l’édition de chaînes généralistes (810 emplois) dont France

Télévision à Marseille, ainsi que la production de films et

de programmes pour la télévision avec 550 emplois sala-

riés privés (TelFrance…). Enfin, MPM compte un peu plus

de 1 060 emplois dans la fabrication de TIC, dont 930 à Gé-

menos dans la fabrication de cartes électroniques assem-

blées, avec la présence de Gemalto.

Concernant les activités liées à la filière,

le premier employeur est le secteur de

la distribution et de la réparation (3 715

emplois), avec les centres d’appels

(1 800 emplois). On retrouve ensuite la

PAROLES D’ACTEUR

Jocelyn MEIREDirecteur de la Maison de l’Emploi

de Marseille et de la Cité des Métiers de Marseille et de PACA

“ Depuis 2014, la Maison de l’Emploi de Marseille anime, dans le cadre de la Plateforme d’appui aux mutations éco-nomiques de la Métropole Aix-Marseille-Provence, une dé-marche de Gestion prévisionnelle des emplois et des com-pétences territorialisée (GPECT) sur la filière Commerce-Eco-nomie numérique. Deux priorités sont à l’œuvre dans cette démarche. D’une part, permettre au territoire de mieux ré-pondre aux besoins nouveaux des entreprises. Sur ce volet, nous faisons un focus sur l’industrie du contenu car Marseille y concentre 46 % de l’emploi du département. Or, les acteurs soulignent des problématiques de recrutement importantes, sur des profils de développeurs mais aussi des profils plus créatifs voire mixtes. Avec l’appui du pôle PRIMI, nous lançons cette année des diagnostics auprès des entreprises pour défi-nir les réponses à apporter.Mais la GPECT vise aussi à sécuriser les parcours profession-nels, accompagner les personnes face aux transformations des métiers. C’est pourquoi notre approche vise aussi les com-merces du centre-ville. En effet, nous avons fait le constat, avec les fédérations de commerçants, d’une transformation des exigences des clients, en lien avec le développement du tourisme, mais aussi avec la montée du e-commerce et la généralisation des TIC. Or, si ces mutations vont conduire à une transformation des compétences, elles peuvent aussi pré-sager d’une baisse relative de l’emploi à moyen terme sur ce secteur. De fait, il s’agit d’organiser des processus de transfé-rabilité des compétences entre des métiers "menacés" et des métiers porteurs, qu’ils soient liés aux nouveaux besoins des commerçants ou à d’autres opportunités du territoire, portées par la croissance de l’économie numérique.Ce sont des outils concrets et opérationnels qui ont été conçus cette année avec l’ensemble des partenaires. Nous sommes en phase d’expérimentation mais ils seront, dès 2016, diffusés et appropriés par le territoire au service d’une fluidité amélio-rée du marché du travail. ”

A propos de... l’étude réalisée en mars 2015 par le Journal des entreprises "Numérique. Et la première métropole régionale est...".

Basée sur une sélection de NAF plus restrictive (35 contre 63 pour notre étude), Aix-Marseille occupe la 2e position des capitales régionales, après Lyon. Par ailleurs, l’étude fait état d’un recul de l’emploi numérique d’Aix-Marseille plus net que celui que nous observons (-3 100 emplois, contre -730 pour notre étude). Cette différence s’explique notamment par l’exclusion de certaines NAF qui se sont révélées particulièrement créatrices d’emplois (+1 130 emplois pour les activités de centres d’appels…).

Page 8: Le territoire à l’heure numérique · 2017. 10. 9. · le schéma directeur territorial d’aménagement numérique (SDTAN) pour favoriser la cohérence entre initiatives publiques

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Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaiseLouvre & Paix – La Canebière – CS 41858 13221 Marseille cedex 01Tél : 04 88 91 92 11 - e-mail : [email protected]

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T E R R I T O I R E

Directeur de la publication : Christian BrunnerRédaction : Sylvain Crespel, Édouard Emptaz, Aurélie Soulier, Isabelle ColletConception / Réalisation : Pôle graphique AgamMarseille - Septembre 2015Numéro ISSN : 2266-6257

Le territoire à l'heure numérique

Bibliographie• Filière économie numérique à Marseille : enjeux et perspectives économiques, Agam pour la MDE Marseille, mars 2015

• Panorama Services et TIC, MDER Paca, 2013

• Aménagement numérique et documents d’urbanisme, le point sur la situation de MPM, Agam, avril 2014

• Réseaux et territoires intelligents : quelles contraintes et quel positionnement pour les collectivités ?, Étude TACTIS pour la Fédération Nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR), 2013

• Le site du plan France Très haut débit : www.francethd.fr

• Le site de la French Tech Aix-Marseille : http://amft.io/

• Carte animée des 550 000 miles de câbles déployés sous l'océan qui alimentent le trafic Internet dans le monde : http://urlz.fr/2rOe

production de contenus (2 650 emplois), dont le secteur

de la publicité (1 715 emplois dans les agences et régies

publicitaires).

Entre 2008 et 2013, dans un contexte de baisse de l’emploi

à l’échelle métropolitaine, Marseille Provence Métropole

parvient à enregistrer une légère hausse (+ 2 %, soit + 260

emplois) malgré le net recul des télécommunications

filaires. Le Cœur de filière progresse de 4 % (+ 385 em-

plois). Les activités de logiciels et services informatiques

en particulier se montrent très dynamiques (+ 840 em-

plois). Concernant les activités liées à la filière économie

numérique, MPM enregistre un léger recul (- 2 % soit - 125

emplois), soit sensiblement moins qu’à l’échelle métropo-

litaine. En effet, les importantes hausses d’emplois du sec-

teur des centres d’appels (+ 1 090 emplois), compensent

en bonne partie les pertes observées dans les autres sec-

teurs d’activités liés à la filière.

Source : Acoss 2013, traitement Agam

27%

17%

9%6%

22%

15%

3% 1%

Logiciels et services informatiques

Réseaux et services télécoms

Production de contenusFabrication TIC

Distribution et réparation

Production de contenusactivités liées

Fabrication TIC activités liées

Réseaux et services télécomsactivités liées

N EMPLOIS SALARIÉS PRIVÉS DE LA FILIÈRE ÉCONOMIE NUMÉRIQUE AU SEIN DE MPM

Cœur de filière

Activités liées

LISTE DES NAF SÉLECTIONNÉES

CŒUR DE FILIÈRE

Fabrication TIC 2611Z,2612Z,2620Z,2630Z,2640Z,2680Z,2651A

Production de contenus 1820Z,5821Z,5911A,5911B,5911C,5912Z,5920Z,6010Z,6020A,6020B,7420Z

Logiciels et services informatiques 5829A,5829B,5829C,6201Z,6202A,6202B,6203Z,6209Z,6311Z,6312Z

Réseaux et services télécoms 6110Z,6120Z,6130Z,6190Z

ACTIVITÉS LIÉES

Distribution et réparation 4651Z,4652Z,4666Z,4741Z,4742Z,4743Z,4763Z,4791B,9511Z,9512Z,8220Z,4799BFabrication TIC activités liées 2651B,2660Z,2670Z,3320C,3320D

Production de contenus activités liées 5811Z,5812Z,5813Z,5814Z,5819Z,5913A,5913B,5914Z,6391Z,6399Z,7021Z,7311Z,7312Z

Réseaux et services télécoms activités liées 4222Z