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L'AUTEUR

MEMBRE DE L'« ACADEMIA GENTIUM PRO PACE (ROM A)

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TABLE DES MATIÈRES

Page :

Le Temps Alchimique 5

Appendice n° 1 — Elucidation inédite de 7 axiomes hermétiques 17

Appendice n° 2 — Légende alchimique de la Quête du Saint-Graal 31

Appendice n° 3 — Commentaire inédit sur les douze clefs de la Philosophie de Bazile Valentin par Jean de Clairefontaine 87

Appendice n° 4 — Une réflexion sur l'Alchimie spirituelle par Raymond Panagion ...................................................................................... 114

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Piotr PHÉNIX COLLECTION

« LA CONQUÊTE DE L'IMMORTALITÉ »

LE TEMPS ALCHIMIQUE ou

« LA MAÎTRISE DU TEMPS DANS LE GRAND-OEUVRE »

UNE ÉLUCIDATION AU MYSTÈRE DE FABRICATION DE LA MÉDECINE UNIVERSELLE OU PIERRE PHILOSOPHALE à l'usage des Fils de Science

1983 EDITIONS Pierre BENACCHIO 37, route de Thionville, 57700 HAYANGE ( FRANCE )

ISSN : 0751-4077

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LE TEMPS ALCHIMIQUE OU

LA MAÎTRISE DU TEMPS DANS LE GRAND-OEUVRE

L'OEUVRE D'IMBIBITIONS

« Car tout corps se dissout par l'esprit auquel il est mêlé, et par là est fait spirituel. La coagulation est procurée par la froideur de l'air qui l'environne et par la solidité de la terre qui l'étreint par une grande quantité de feu, c'est-à-dire d'Esprit Universel corporifié, et par un continuel mouvement, attendu que n'imbibant que goutte à goutte, il faut toujours remuer pour qu'elle aille partout, et surtout une longue patience et maturité de TEMPS.»

( Le Chevalier inconnu, La Nature à découvert pour les Enfants de la Science seulement et non pour les Ignorants sophistes, Aix, chez J.Bapt. et Estienne Roize, M.DC.LXIX )

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1. Le thème du TEMPS pose un problème fondamental dans le cadre des activités hermétiques jusqu'à l'accomplisse- ment du GRAND-OEUVRE. « Maîtriser le temps alchimique » pré-suppose la connaissance préalable et parfaite d'une Doc- trine Hermétique, sans laquelle il est impossible de prévoir les jalons successifs qui scandent le parcours du Magistère. Qu'est-ce qu'en effet le temps alchimique, sinon la succession des événements dans le processus historique qui conduit une Matière brute, imparfaite, informe, nommée « Pierre des Philosophes jusqu'è son stade final de Matière raffinée, par- faite et structurée harmonieusement selon les lois éternelles de la Création, nommée « Pierre Philosophale » vulgairement et « Elixir de Vie » ou « Médecine Universelle » philosophi- quement. Contrairement à ce que peuvent penser certains au- teurs non-initiés à l'ART ROYAL, l'Alchimie ne correspond pas à une période pré-chimique de l'Histoire des Sciences, en affirmant de surcroit que les Alchimistes n'ayant pas de doctrines bien définies seraient passés à côté de phénomè- nes immenses (1).

2. Maitriser le temps peut paraître prétentieux. Sur le plan de la biologie humaine, cela suggérerait la volonté de conquérir l'immortalité. Mais notre propos principal n'est pas là. Encore que, faut-il le préciser, si une immortalité même relative ( elle ne pourrait d'ailleurs être que relative car tout ce qui a un commencement aura forcément une fin ) pouvait être acquise 1 elle peut l'être, mais à quel prix ! ), elle ne se- rait possible d'une part que par l'usage régulier de l'Elixir de Vie et d'autre part par la pratique constante d'un mode de vie adéquat et donné, afin de hausser la conscience de l'âme au niveau de la vie de l'Esprit, seul lieu à partir duquel l'Esprit, via l'Ame Humaine, peut espérer contrôler parfaitement la Matière du corps humain. Pour le Fils de Science, le Temps s'avère le plus grand des Maîtres. Tout se fait avec lui. Rien ne se fait sans lui.

3. FULCANELLI l'a bien compris quand il fit le commen- taire de la statue appelée « La Tempérance » ( 16ème siècle ), au Tombeau de François Il à la Cathédrale de Nantes, tenant en sa main gauche une Lanterne-Horloge symbolisant la Lumière de la Sagesse qui s'acquiert à l'aide du Temps figu- ré par l'horloge sur la lanterne 12). Cet auteur moderne, rare Maître contemporain, dit en clair : « Le sens de la lanter- ne complète celui de l'horloge. En effet, si la lanterne éclaire parce qu'elle porte la lumière, l'horloge apparaît comme la dispensatrice de cette lumière, laquelle n'est point reçue d'un jet, mais peu à peu, progressivement, au cours des ans et avec l'aide du temps. Expérience, lumière, vérité sont des synonymes philosophiques ; or, rien, sinon t'age, ne peut permettre d'acquérir l'expérience, la lumière et la vérité. Aussi figure-t-on le Temps, sçul maître de la Sagesse, sous l'aspect d'un vieillard, et les philosophes dans l'attitude sénile et lasse d'hommes ayant longtemps travaillé à l'obtenir » (3).

4. L'élément TEMPS est donc un facteur de tout premier plan dans l'Oeuvre des Sages ; c'est de lui que dépend l'ob- tention de la Lumière de la Sagesse, c'est-à-dire la Pierre Philosophale concrétisée physiquement. C'est ce qui a fait dire à François RABELAIS que « par le temps seront inventées toutes choses latentes et c'est la cause pour laquelle les an- ciens ont appelé Saturne le Temps, père de la Vérité, et la

Vérité fille du Temps » (4). Plus que tout autre homme, le Disciple Elu connaît la valeur du temps. La pratique alchimi- que accapare entièrement la vie et les loisirs du Philosophe, de sorte que l'on n'a jamais vu un seul Candidat réussir dans le Grand Magistère s'il n'a préalablement pas sacrifié sa vie profane et mondaine.

5. Comme l'a dit très exactement l'Abbé Dom BELIN : « Il est vrai qu'il faut être tout à soi et que ce divin emploi ( la pratique alchimique 1 requiert un homme tout entier et le possède entièrement. C'est un ouvrage d'ermite, c'est l'occu- pation d'un solitaire, c'est l'exercice d'un homme qui connaît le monde et lui a dit un dernier adieu » (5). C'est ce qui a con- duit Dom Belin à faire encore cette remarque fort judicieuse s'adressant à tous les vrais Amateurs de l'Art Divin : « Si la théorie est facile et certaine aux hommes qui sont hommes, je dis qui veulent raisonner, la pratique est beaucoup ennuyeu- se ; il faut être sujet, un an et davantage, à demeurer auprès de ses fourneaux, afin d'aider au besoin la nature ; il faut con- gédier toute sorte d'affaires et d'occupations, il faut être entièrement à soi ; la visite d'un ami pourrait suffire pour gâ- ter l'ouvrage en détournant le Philosophe en un temps qu'il ne devrait quitter. Et puis les vaisseaux sont de verre, la matière est fragile : un venant à casser, adieu les espérances, il faut recommencer. Dis-moi combien en connais-tu qui puissent avoir une pareille patience ? Se captiver un an entier à regar- der par le trou d'un fourneau et faire autres choses sembla- bles. Est-ce le propre des humains dont l'esprit ne court qu'a- près la liberté ? » (6).

6. Assurément, maîtriser les processus de l'Oeuvre exige sur le bout des doigts la connaissance de la Doctrine Secrète. Qu'on ne vienne point nous dire que les Philosophes l'ont ca- chée. Nous disons quant à nous qu'ils ont tout révélé de cette Doctrine. Pour preuve nous livrons au public spécialisé tous nos travaux où la Doctrine y est enseignée jusque dans ses moindres détails pour ceux ou celles qui savent nous lire. Mais il appartient à chacun de reconstituer le puzzle comme les bons Maîtres le firent pour nous. Nous avons révélé l'importance du temps dans l'œuvre des Chevaliers à la Quê- te du Graal. Qu'on s'y reporte et qu'on y médite les moindres détails.

7. N'y-a-t-il pas un rapprochement à faire entre l'année de travail de Dom Belin et la durée de la quête du Graal indi- quée par le personnage romantique, Messire GAUVAIN, quand il dit : « Aussi fais-je pour moi le vœu d'entrer au matin dans la QUÊTE, de la maintenir un an et un jour, et davantage s'il est nécessaire ; je ne reviendrai pas à la cour, quoi qu'il en puisse advenir, avant d'avoir vu plus manifestement ce qui nous a été montré ici I le Saint-Graal ), s'il se peut que je doive et puisse le voir » (71. Puisse le Candidat méditer les Rituels d'Apprenti et de Compagnon-Chevalier s'il désire sérieuse- ment être introduit sur le Sentier de l'Art Royal. Qu'il prenne en considération les paroles du noble LAMBSPRINCK : « Il faut que le temps et la patience soient dans votre balance si vous voulez jouir du noble Fruit. Ne regrettez ni votre temps ni votre labeur, car vous devez cuire la semence des Métaux de jour en jour et durant des semaines » (8).

8. Les Adeptes ont parfois comparé le temps qui préside

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à l'élaboration de la Merveilleuse Pierre Philosophale dans les entrailles de l'Oeuf Philosophique à celui qui régit la naissance d'un enfant nouveau-né dans le ventre de sa Mère-Nature. A cet égard, un Adepte anonyme du Nord nous instruit de la difficulté de l'accouchement de cet enfant lorsqu'il écrit : « Ce qui rend cet œuvre difficile, c'est : 1. La connaissance et le soin des heures de l'accouchement, car cet œuvre res- semble fort à la génération de l'homme en ce qu'il a ses heures de conception et d'accouchement. 2. Le gouvernement du feu, en quoi ceux qui n'emploient pas les précautions requi- ses pèchent souvent et ruinent par là tout l'édifice ; écueil qu'on peut aisément éviter lorsqu'on est attentif et circons- pect. 3. Le secret de l'art que j'ai appris promptement en re- montant à sa première source. Le reste est facile et nullement désagréable, excepté l'odeur puante qui frappe au commence- ment. Les couleurs sont trois en nombre : le noir, le blanc qui égale la neige, et la troisième qui ressemble au rubis, quoique le mélange de ces trois en produise encore d'autres » (9).

9. BRUNO de LANSAC, plus d'un demi-siècle avant cet auteur anonyme, nous donne l'explication de cette indéter- mination dans le temps de la naissance, car, dit-il : « Le temps de la naissance n'est point déterminé par les Philosophes qui varient fort entre eux sur cela ; mais il suffit d'avertir le lecteur que tout fruit se doit cueillir en sa maison, et que la nature qui se plait dans ses propres nombres est satisfaite du nombre mystérieux de SEPT, surtout dans les choses qui dé- pendent du globe lunaire,laLune nousfaisant voir sensiblement une quantité infinie d'altérations et de vicissitudes dans ce nombre septénaire. C'est par ce nombre magique que la natu- re et tout ce qui en dépend est secrètement gouvernée » (10).

10. La lecture des différents auteurs a créé dans l'esprit des profanes une confusion panique due à l'idée particulière qu'ils donnaient du temps. Il est vrai, en apparence seule- ment, que chacun paraissait ne pas s'accorder sur la valeur ou la durée du temps alchimique. Les uns s'exprimaient en année hermétique ( c'est d'ailleurs aussi notre cas particulier ), d'autres en mois philosophiques ( c'est le cas de Roger CARO, de KAMALA-JNANA, de JEAN de CLAIREFONTAINE pour citer les modernes, et de Saint JEAN de l'Apocalypse pour citer un Ancien relativement proche ), d'autres encore en semaines(cas deSaintTHOMAS d'AQUIN ), en jours ( cas de Raymond LULLE ) ou en heures ( cas de Jacques TOLL ). En fait, peu ont cherché à établir des concordances et à décou- vrir la clef qui serait comme le dénominateur commun du temps hermétique, c'est-à-dire la clef de base qui permettrait de réduire tous les temps fictifs en un temps réel. Il nous faut en principe poser deux bases solides et dire que la durée du temps est variable car le Sage ne travaille jamais deux fois dans les mêmes conditions de température extérieure, de pu- reté de la Materia Prima, du degré d'humidité de l'Agent Secret, de manipulations du vase et d'interventions dans les délais requis par la Nature.

11. Cette première base étant posée, il convient de pré- ciser que, malgré tout, le retard ou l'avance pris dans la pro- gression de l'Oeuvre jusqu'à sa finalité ne fait varier la durée finale que dans une proportion relativement restreinte. Com- me seconde base il nous faut poser en principe que les temps de la Pierre sont indiqués, comme le précise JEAN D'ESPA-

GNET, par l'Eau Philosophique et Astronomique en fonction de l'un des sept régimes du gouvernement de feu. Au régime de Mercure correspond une durée déterminable ; il en est ainsi des régimes de Saturne, de Jupiter, de la Lune, de Vé- nus, de Mars et du Soleil. Ainsi, quand les Sages parlent de leur temps, il nous faut examiner en fait de quel type de temps parlent-ils : temps global ou temps particulier. S'il s'agit du temps global, ils se réfèrent à la durée totale des opérations nécessitées pour le perfectionnement et la purification de leur Pierre, qui dépend de leur propre système de coordonnée qui existe simplement pour décourager le profane en lui ca- chant le temps réel.

12. S'il s'agit du temps particulier, les Adeptes attri- buent autant de durées particulières qu'il y a d'opérations, de stades, de phases opératoires ; toutes ces durées parti- culières additionnées donnent le nombre qui détermine la durée totale du temps. Il faut ensuite examiner si le Sage parle de la pratique d'élaboration par voie humide ou par voie sè- che, car, comme l'a fait si précisément remarquer FULCA- NELLI : « Chimiquement, rien ne s'oppose à ce qu'une métho- de, employant la voie humide, ne puisse être remplacée par une autre utilisant des réactions sèches pour aboutir au même résultat. Le Grand-Oeuvre peut s'accomplir par deux voies, l'une dite voie humide, plus longue, mais plus en honneur, et l'autre, ou voie sèche, beaucoup moins appréciée. Dans celle-ci, il faut cuire le sel céleste, qui est le mercure des Philosophes, avec un corps métallique terrestre, dans un creuset et à feu nu, pendant quatre jour » 1111. Sachant dans quelle voie œuvre un Philosophe, le Fils de Science doit prendre en considération le plus sérieusement du monde deux propositions émanant chacune d'un Adepte.

13. La première proposition est celle du Bénédictin Dom Antoine PERNETY qui déclare : « Les Philosophes réduisent les années en mois, les mois en semaines, et les semaines en jours » (121. Cette affirmation permet au mental affiné de découvrir le temps réel de la durée totale de l'Oeu- vre. La seconde proposition est celle d'un anonyme qui affir- me avec assurance et certitude que : « Le Grand Secret des Sages pour abréger le temps est de diviser la matière pour que les jours aient moins de longueur » (13). Nous avons ici le secret du partage de l'Eau Primordiale distribuée parcimo- nieusement à la Terre Philosophique tout au long de la prati- que du Grand Magistère. Il nous faudra peut-être prendre partiellement en considération le propos de J.F. HENCKEL qui, n'étant aucunement Adepte, permettra de concilier les points de vue contradictoires à propos du temps lorsqu'il dit : « Quand je pense que l'artiste ELIAS, cité par HELVÉTIUS, prétend que la préparation de la pierre philosophale se com- mence et s'achève en quatre jours de temps, et qu'il a montré en effet cette pierre encore adhérente aux tessons du creuset, il me semble qu'il ne serait pas si absurde de mettre en ques- tion si ce que les Alchimistes appellent des grands mois ne seraient pas autant de jours, ce qui serait un espace de temps très borné ; et s'il n'y aurait pas une méthode dans laquelle toute l'opération ne consiste qu'à tenir longtemps les matières dans le plus grand degré de fluidité, ce qu'on obtiendrait par un feu violent, entretenu par l'action des soufflets ; mais cette méthode ne peut pas s'exécuter dans tous les laboratoi- res, et peut-être même tout le monde ne la trouverait-il pas

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praticable» (14).

14. A ce propos d'HENCKEL, notre devoir est d'y oppo- ser deux remarques : la première est de constater que les qua- tre jours dont il fait allusion n'ont trait ni à la pratique de la voie humide ni à celle de la voie sèche, mais bien plutôt à la voie sacerdotale qui permet de réaliser toute l'Oeuvre Hermétique en moins d'une semaine de temps réel, en l'oc- currence trois ou quatre jours ; la seconde est de mettre en garde le Fils de Science qui serait tenté de prendre à son compte la recommandation supposée d'Henckel par l'usage des soufflets et du feu violent ( admissible dans la transmuta- tion et la préparation hors alchimique de l'Eau Secrète ). S'il est un domaine dans lequel les Adeptes se sont particu- lièrement complus à cacher le Mystère de la Durée Temporel- le, c'est bien celui de la Kabbale numérique, comme nous aurons l'occasion de le voir plus d'une fois, ce qui ne peut laisser aucune place au hasard et aux spéculations fantai- sistes.

15. Sur le thème de la durée déterminée du temps pour la perfection de l'Oeuvre, on trouve tant de différence dans les ouvrages des vrais Adeptes que les observateurs superficiels vont jusqu'à déclamer fièrement que l'étude des Anciens ne peut conduire à aucune conclusion certaine. Or, parmi les Philosophes, il en est qui parle de la préparation des Agents, des Matériaux de l'Oeuvre ; d'autres traitent de l'extraction de la Quintessence ; d'autres encore de l'Elixir au Blanc ou au Rouge, et, souvent, mêlent les deux. Selon leurs inten- tions particulières, ils ont traité ou de l'Oeuvre au Noir, ou de l'Oeuvre au Blanc ou encore de l'Oeuvre au Rouge. Comment alors s'étonner que les uns disent qu'il faut douze ans et les autres, dix ans, sept ans, six ans, trois ans, deux ans, un an, ou encore des mois, des semaines ou des heures pour parfaire la Pierre. Dom PERNETY nous parle d'un Philosophe qui a intitulé son ouvrage : « L'Oeuvre de trois jours » (15).

16. BLAISE de VIGENÈRE paraît se rallier au mystère du temps alchimique fixé dans la FABLE DE PROMÉTHÉE qu'il cite en exemple disant du feu que : « Les fictions poéti- ques portent que Prométhée l'alla dérober dans le ciel pour en accomoder les mortels ; dont il fut si grièvement puni par les Dieux, que de demeurer par 30 ans attaché à une roche du Mont du Caucase, où un vautour lui dévorait assidûment ses entrailles, qui renaissaient à tour de rôle » (16). Comme quoi, le nombre 30 est ici significateur de la durée totale du temps de l'Oeuvre. On s'en convaincra par un extrait d'une Lettre de l'Adepte Raymond LULLE adressée à Robert, Roi de Fran- ce, dans lequel il déclara : « Si tu travailles en mélangeant comme il a été dit, tu pourras réaliser la pierre en 30 jours. Cela n'est pas absolument nécessaire, car ses solutions et ses coagulations se font rapidement » (17).

17. Naturellement, ce nombre 30 inclut toutes les durées particulières et notamment celle ayant trait à la préparation du Lait Virginal. Nous avons mis aussi particulièrement en évidence la valeur du nombre 33 dans l'Appendice n°2 du présent ouvrage ( voir « Généralités » et « Commentaire » au chapitre 33 ), intitulé « Légende alchimique de la quête du Saint-Graal », comme facteur du temps hermétique en y incluant la durée de méditation précédant toute espèce

d'opération. Car, de même que le Créateur - avant le com- mencement des temps cosmiques - se mit d'abord à imaginer sa création et les préparations nécessaires à cette manifesta- tion, ainsi le Sage rêve objectivement les détails des travaux qu'il va entreprendre sous les auspices du Dieu intérieur. En excluant les durées préparatoires, nécessaires pour se disposer soi-même au Grand Magistère et disposer la Matière Unique comme il se doit, les vrais Auteurs ayant conquis l'Adeptat sont d'accord sur les deux nombres qui déterminent les temps propres aux voies sèche et humide : 24 et 28.

18. Le nombre 24 représente la valeur totale du temps alchimique selon la voie impliquant les réactions sèches. La Chine, à l'époque de sa splendeur intiatique, avait bien connu l'importance de ce nombre 24 ( assimilable aux 24 Vieillards de l'Apocalypse de St Jean ), puisqu'elle le transmit aux générations futures par le symbole du PA-KOUA, qui est une représentation de l'origine et du déploiement de la vie cosmique dans la substance des Formes Universelles. Ce symbole a été publié dans notre ouvrage « Le Secret de l'Eli- xir d'Immortalité » dans la grande Figure-Paradigme du Saint- Graal précédant la page 347 ( bas de page ). On y reconnaît le Cercle du Centre partagé en deux grosses gouttes d'eau figurant le YIN et le YANG, le négatif et le positif, la femelle et le mâle, l'EVE et l'ADAM cosmiques, le Père-Mère éter- nels, c'est-à-dire l'Ethiops minéral, le tout étant concentrique dans un octogone dont la substance figure le Mercure des Sages. Dans une couronne octogonale, divisée en huit sec- teurs ( nombre particulièrement important dans l'Ordre des Templiers du Moyen-Age et dans le Cycle historique de la spiritualité cistercienne ), sont représentéis 8 Tri-grammes formés chacun par une combinaison de 3 lignes entières ou hachées, donnant ainsi naissance à 24 lignes symboliques, en rapport chacune avec une signification cosmique précise dans les détails de laquelle nous n'entrerons pas dans le ca- dre de la présente étude.

19. Nous faisons simplement remarquer que, dans la peinture à huile de PIERRE de KALAHAMSA ( signalée ci-dessus ), représentée en réalité avec des couleurs nette- ment tranchées, afin de souligner le contraste des significa- tions primaires et secondaires ( malheureusement, la repro- duction noir et blanc de ce document en couleurs et sa réduc- tion pour les nécessités d'impression, ôtent aux symboles une grande partie de leur valeur ), les différentes couleurs permettent de suivre le processus des diverses opérations ou rythmes qui scandent le Grand-Oeuvre. La reconnaissance de ces couleurs est utile puisqu'elle permet de déterminer les durées particulières composant linéairement le Temps global. Ce nombre 24 était également connu des Anciens Mésopotamiens.

20. Nous aurons sûrement la possibilité de revenir en une autre occasion sur le symbole numérique 24 qui ressort de l'addition dite kabbalistique de la durée des règnes rela- tifs aux rois anté-diluviens, transcrite sur les tablettes de la collection Weld-Blundell (18). L'étude des Traditions Ancien- nes permettra de retrouver en beaucoup d'autres occasions l'existence de ce nombre 24 comme symbole figuratif de la durée du temps par voie sèche. Pour finir de nous en convain- cre, ne craignons pas de faire appel à un Adepte consacré par

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tous les Fils de Science, nous avons nommé L.P.François CAMBRIEL qui a enseigné le temps de fabrication de la Pierre par voie sèche, quand il a écrit : « Il s'agit de faire par un travail de 24 mois, une poudre rouge comme le coquelicot ou poudre de projection qui, comme la fleur à cailler le lait, opère sur le mercure vulgaire chauffé dans un creuset, le mê- me effet que la fleur à cailler fait sur le lait : et dans une heure, une pincée de cette poudre rouge comme une prise de tabac mise dans ledit creuset, dans lequel on aura mis quatre li- vres de mercure, le caillera ou le fixera et le réduira en or le plus fin à vingt-quatre carats, et plus, ce qui paraîtra extraor- dinaire, même impossible, quoique naturel et très vrai » (191. Raymond LULLE est d'accord lui aussi sur ces 24 mois car il déclare que : « Tout le cours de la nature est de deux an- nées » (20).

21. Si nous sommes fixés maintenant sur le temps de la voie sèche, nous allons l'être aussi sur celui de la voie humide. Nous avons rapidement examiné précédemment l'idée selon laquelle les Adeptes convenaient que la durée de conception ou de fabrication de la Pierre Philosophale était analogue à celle d'un Etre humain. C'est une idée que nous avons intérêt à creuser car elle va grandement nous éclairer sur le temps global de la voie humide. Voici ce qu'en pensait le Docteur Louis GRASSOT sur le temps d'achèvement de la Pierre qui surviendrait : « Lorsque la bénédiction divine vous aura donné le fils du Soleil et de la Lune, ayant obtenu sa régénération de la nature, qu'il se sera revêtu de son man- teau de pourpre ; ce qui arrivera en 8 ou 9 mois, suivant le soin qu'on en aura pris, et selon les grâces que Dieu y aura répandues » (21). Ces nombres 8 et 9 sont équivalents à 240 et 270 jours. Il s'agit bien entendu alchimiquement de jours philosophiques.

22. David LAGNEAU citant le Philosophe LIBAVIUS écrit que : « Le temps auquel tout l'ouvrage est achevé, n'est point défini certainement par tous, car les uns prennent 9 ou 10 mois ( 270 ou 300 jours ), auxquels l'enfant est para- chevé dans la matrice » (22). De nombreux Adeptes se rallient à ce nombre de 280 jours qui est le temps de conception de l'enfant humain, soit 9 mois et un demi. SEVERILIUS dit : « Sachez que notre Matière est un œuf, la coque est le vais- seau, et il y a dedans le blanc et le rouge. Laissez-le couver à sa mère par sept semaines ou neuf jours ou trois jours ou une ou deux fois ; ou vous le sublimez 280 jours à petits bains. Et il s'y fera un poulet ayant la crête rouge, la plume blanche et les pieds noirs » (23). Le Philosophe IFINDRIUS est du mê- me avis puisqu'il déclare : « Et sachez qu'après 283 jours. Environnez l'environné, du dedans au-dehors, contenant le contenu, et tout vaincra, un blanc, un noir, un rouge » (24).

23. PYTHAGORE, parlant en années, n'est pas en con- tradiction avec ce nombre de 280 ; écoutez ce qu'il dit : « Sa- chez que le monde vivait en premier 280 ans ; mais le temps vient que le fils de ce temps ne dure que 3 ans » (25). Si nous réduisons les années de Pythagore en autant de jours comme Severinius et Ifindrius, nous obtenons bien le nombre de 9 mois et demi et comme BERNARD LE TRÉVISAN nous po- sons la question : « De quoi nous servirait la longueur de ce temps de NEUF et DEMI ? » (26). Ce à quoi le même auteur répond : « Ainsi donc il appert que Nature Métallique ne s'a-

mende qu'en sa nature métallique, et non en autre chose, quelle qu'elle soit. Et par notre Art, nous achèverons en quel- ques mois, là où Nature met milliers d'ans » (27). Il nous en- seignera aussi avec plus de précision que le corps masculin ( le Roi ) se parfait par l'Art Royal suivant les lois de la Nature (28) en se baignant dans la Fontaine des Sages pendant la durée de 282 jours, ce qui rajeunira tellement le Roi qu'aucun Homme ne pourra le vaincre » (29).

24. Si nous nous souvenons constamment que chaque Adepte-Instructeur établit son propre système de coordonnée, plus rien ne s'oppose à ce que - en fonction des réductions kabbalistiques ou d'un mode de langage cryptographique - les 282 jours soient autant d'années, de mois ou de semaines ou, pour mieux ramener les durées au temps standard miné- ral, divisez ce nombre par dix, ce qui donnera le nombre ar- rondi et fort estimable de 28 que, par convention, nous dirons qu'il s'agit là d'autant de mois philosophiques. Ce dernier système de coordonnée temporelle a été choisi par l'Adepte KAMALA-JNANA pour qui la durée totale du temps de cuis- son est de 28 mois philosophiques (30). Ce à quoi se rallient Roger CARO et JEAN de CLAIREFONTAINE. Selon ce sys- tème, Kamala-Jnana révèle les durées particulières propres aux quatre phases essentielles de l'Oeuvre : 2 mois pour la préparation, 8 mois pour Solve, 16 mois pour Coagula et 2 mois encore pour la Multiplication (31 ).

25. Ce nombre 28 est à rapprocher des 28 têtes de Roi, aujourd'hui disparues ( mais dont, aux dernières nouvelles, on a retrouvé les vestiges à Paris lors de travaux de terrasse- ment ), qui, dressaient jadis fièrement leurs faces au-dessus des 3 portes d'entrée de la Cathédrale Notre-Dame de Paris, environ à la hauteur de la rosace. Il est à rapprocher égale- ment des 28 perles fines qui garnissent le pied de la Sainte Relique en agathe ( importance du vert comme symbole de l'Agent Secret ) qui fut en la possession d'Alphonse V le Ma- gnanime, quand il vint habiter le Palais Royal de Valence, avant d'être remise le 11 avril 1424 dans la Cathédrale de Valence où elle se trouvait encore à la date du 30 septembre 1964 (32). Nous attirons aussi l'attention sur la correspondan- ce de ce nombre-clef du temps de la voie humide avec les 28 lumières qui jaillissent du Nom de DIEU-ROI et qui ne sont accessibles qu'à la vision de l'Initié porteur du sceau sacré et secret, permettant à son âme de traverser les sept cieux et les sept palais, brisant l'hostilité des archontes ( lé- gions célestes ), déjouant les ruses des portiers, passant par des périodes cruelles d'épreuves avant de parvenir à la con- templation du Dieu-Roi dans sa gloire (33). PERCEVAL, le Héros de la quête symbolique du Graal, connaîtra de même bien des vicissitudes avant de parvenir à la vision du Graal, d'en devenir le dépositaire, pour enfin s'élever à la droite de Dieu le Père.

26. Puisque nous sommes dans la Légende du Graal, restons-y, car en ce domaine tout n'est que Mystère des Nom- bres. Donnons un instant la parole au COMTE de DOUET qui abrège dans les termes suivants l'origine de la Légende du Graal basée sur l'Evangile apocryphe de NICODÈME : « A- près la mort de Jésus, les Juifs retinrent en prison, durant 42 ans ( - 504 mois ), JOSEPH D'ARIMATHIE ; il en fut pourtant délivré grâce aux victoires de Vespasien, vécut

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plus de deux siècles ( 200 ans - 2400 mois ), et ne mourut qu'après avoir mis en possession du Saint-Graal son neveu ALAIN » 134). Or, si nous additionnons ces deux nombres d'années, nous obtenons 242 ans, soit encore 24,2, ce qui cor- respond au nombre déterminant la maîtrise des réactions provoquées dans la voie sèche. En outre, 242 ans sont l'équi- valent de 2904 mois, ce qui pourraient être 290,4 jours ; par réduction au moyen de la division, on a aussi bien 29, nombre proche de 28, auquel on peut l'assimiler ; nous aurions alors le nombre-clef de la maîtrise des réactions humides provoquées dans la voie humide.

27. Nous n'avons pas manqué de vous signaler que la durée totale de l'Oeuvre varie d'un Magistère au suivant, car l'Adepte n'œuvre jamais dans les mêmes conditions extérieures ( dont les dispositions ne dépendent pas de lui ), ce qui a pour tendance à décaler ou à avancer la maturation du Fruit Philosophique. Mais qu'on n'aille surtout pas penser de là que les Adeptes œuvrent à l'aveuglette. Ce qui est vrai pour les souffleurs, qui œuvrent par tâtonnements et par essais successifs sur différentes matières, par l'usage du feu vulgaire, sans jamais savoir où ils vont, n'est pas vrai pour l'Adepte qui doit, dans tous les cas, posséder à fond la Doctrine enseignée le plus souvent par un Maître-Guide anonyme, ami de Dieu et des hommes, et plus rarement par inspiration directe quant à la théorie des pratiques. Cepen- dant, la pratique elle-même reste entièrement dépendante de l'intuition de l'Ame qui, de cette manière, reçoit de Dieu les impulsions rendant possible le juste mouvement dans un travail adéquat. C'est pourquoi l'œuvre du laboratoire est toujours indissociable de celle de l'oratoire. C'est à leurs dépens que les mécréants, les impies et les athées s'aventure- ront dans la pratique du Magistère qui ne leur sourira jamais.

28. Aigris, ils seront tout au plus des souffleurs. L'Hom- me qui se refuse à reconnaître l'existence d'un Créateur Su- prême, d'un Etre Eternel, Seigneur de tous les mondes, devra tôt ou tard paria force même du Destin ( le Karma ) plier genoux à terre et courber l'échiné devant Celui qui mé- rite toute adoration : le SEIGNEUR ETERNEL. C'est à force de prières sincères et désintéressées, d'incursion de la pen- sée mortelle dans la supra-conscience des plans spirituels de conscience, que le Mystère de la Durée du Temps alchi- mique va se dévoiler aux yeux du Disciple Appelé. Alors on comprendra que la conception du Temps selon THOMAS d'AQUIN rejoint toutes les autres conceptions orbitant autour des nombres 24, 28, 30 et 33. En effet, cet auteur, savant en l'Art d'Alchimie, écrira que : « Lorsque 26 semaines se sont écoulées depuis le commencement de l'œuvre, alors ce qui était grossier deviendra subtil, ce qui était rude deviendra mou, ce qui était doux deviendra amer et par la vertu occulte du feu la conversion des principes sera achevée » (35).

29. On a dit que l'Alchimiste Traditionnel devait néces- sairement connaître tous les rythmes cosmiques et donc être astrologue s'il voulait avec quelque chance de succès aboutir au terme des opérations du Grand-Oeuvre (36). Nous nous inscrivons en faux contre une telle idée. Certes, l'astrologie initiatique - inconnue du grand public et même d'un public plus spécialisé - permet de comprendre sous un autre angle le processus alchimique au plan du Cosmos, mais les

rythmes cosmiques - au sens où l'entend le profane - ne servent en rien l'Opérateur si celui-ci est parfaitement igno- rant de la Doctrine d'Hermès. Ne dit-on pas que les Astres inclinent, mais n'imposent pas. En fait, sans vouloir verser dans la question astrologique ( qui fera l'objet par ailleurs d'une étude complète et indépendante ), le Sage est sensé disposer des énergies existant potentiellement en sa nature. Le fait de suivre le Sentier Alchimique invite déjà le Disciple- Elu à la maîtrise des énergies et forces qu'il porte en lui et à les employer au profit de son avancement spirituel dont la pratique du Grand-Oeuvre constitue une des quatre disci- plines majeures parmi la Science du Yoga, la Théurgie et l'As- trologie initiatique.

30. Il est certain que si l'esprit d'un homme se voue tout entier à la recherche alchimique et qu'il parvient à pren- dre les sept grades initiatiques majeurs, cet Homme - cou- ronné par l'Adeptat - est déjà placé sous les auspices céles- tes et par conséquent rien ne s'oppose à ce qu'il entreprenne le Magistère dès qu'il se sera disposé entièrement à une telle Oeuvre, laquelle peut être commencée à n'importe quel mo- ment de l'année. Seules des questions de commodités clima- tiques peuvent inciter l'Adepte à œuvrer en telle saison de l'année plutôt qu'en telle autre. Quand les Sages parlent qu'il faut commencer leur œuvre en telle saison, ils entendent leur saison philosophique, reliée directement au temps ou à l'époque hermétique. Salomon TRISMOSIN, précepteur de PARACELSE, ne laisse planer aucun doute là-dessus car, dit-il : « Les philosophes disent que le vin des Sages se par- fait en 7 jours, d'autres en 4 jours, d'aucun à 8 reprises, d'aucun en un an, la Tourbe et Alphidius dans les 4 saisons : printemps, été, automne, hiver. Item en un jour, en une semaine, en un mois. Geber et Hortulanus disent 3 ans. Le tout ensemble n'étant rien d'autre qu'une chose, en une chose, aux dispositions multiples relativement au temps, aux poids et aux dénominations qu'un Artiste entendu doit apprendre par l'expérience ou bien il ne pourra rien faire » (37).

31. Or, nous sommes bien d'accord que les quatre sai- sons remplissent une année composée de mois, de semaines et de jours. Comprenez tout cela au sens philosophique. C'est pourquoi Jacques TOLL nous déclare : « Pour ce qui re- garde le temps, ce qu'en a dit PARACELSE est très véritable. Les Philosophes, dit-il, s'entendent bien quand ils parlent des temps. L'Année des Philosophes n'est autre chose que le tour que fait le Soleil Philosophique, quand par le Zodiaque il parcourt la Terre. Le Mois Philosophique est celui de la Lune. La semaine, celui des sept Planètes. Et le jour, celui de la lumière et des ténèbres. Le Monde est la matière même » (38).

32. Ainsi, quand les Philosophes Hermétiques nous sug- gèrent de gouverner l'Oeuvre par les Mois, les Années et les Saisons, car autrement tout périrait, ils veulent bien nous faire entendre par là la nature du régime de feu à observer, ce qui est fonction de la connaissance du mouvement de la chaleur en telle ou telle saison. C'est pour cette raison qu'ils nous assurent que notre œuvre ne peut être commencée n'importe quand (39). Voyons les saisons de l'année hermé- tique. Partons du principe que cette année est équivalente à

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24 mois philosophiques, en excluant les 2 mois de prépara- tion du sel rutilant, les 2 mois de la multiplication, le temps de l'élaboration du Feu Secret des Sages et celui de la réflexion, ce qui nous donnerait une durée globale de 33 mois philoso- phiques. De plus, sachons que l'année des Philosophes

HIVER PHILOSOPHIQUE : durée 6 Mois - Putréfaction. PRINTEMPS PHILOSOPHIQUE : durée 2 Mois - Végétation. ETE PHILOSOPHIQUE : durée 7 Mois - Albification. AUTOMNE PHILOSOPHIQUE : durée 9 Mois - Rubification. - - - - - - - - - - - - - - - - - ANNÉE HERMÉTIQUE : durée 24 Mois - SOLVE-COAGULA - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -

33. L'examen de ces saisons (40) nous fait comprendre que l'hiver est froid, pluvieux et aquatique ; il conduit à la mort, à la destruction, à la désagrégation, à la putréfaction : donc un feu léger est conseillé ( feu de bain de Marie et un feu de fumier de cheval ). Le printemps est tiède, un peu chaud ; il conduit à l'élévation de la sève, à la végétation, à la rénovation de la nature par l'apparition de la couleur verte : donc un feu qui couve sous la cendre est suggéré ( feu de cendres ). L'été est chaud ; il conduit à l'évaporation des vapeurs, d'où nécessité d'abreuver sagement la Terre sèche qui a tendance à former une croûte blanche saline à la surface du globe : donc un feu plus fort est conseillé ( feu de sable ). L'automne est très sec ; il conduit la Terre à absorber une nourriture liquide, mûrie par le Soleil ; la Nature entière a tendance à rougir, à produire des fruits prêts à être recueil- lis ; d'où nécessité d'un feu fort 1 feu vif ). Par ces saisons toutes philosophiques, ARTEPHIUS nous enseigne que la chaleur du Soleil emploie fort peu de temps à digérer et à pro- duire un seul Métal au moyen du Feu Secret, c'est-à-dire de l'Eau ignée sulfureuse, tandis que la Nature emploie une cen- taine d'années pour le même effort dans les Mines terres- tres 1411.

34. L'irrespect des saisons philosophiques et des régimes particuliers de feu qu'elles commandent de manière rigou- reuse est une cause principale d'échec, surtout au commence- ment de l'ouvrage de la Nature lorsque s'accomplit la coc- tion du mercure philosophai dans l'Oeuf des Philosophes, dans lequel on ne voit qu'eaux et que ces eaux montent en vapeurs, redescendent en bruine, et retombent sur celles qui sont en bas au fond du globe 142). Ce premier ouvrage est ce- lui de la solution, d'une durée de 40 à 42 jours, au terme du- quel on voit apparaitre la noirceur. Nicolas FLAMEL, notam- ment, met en garde l'Opérateur lorsqu'il écrit que : « On doit craindre une couleur orangée, ou demi-rouge, parce que si en ce commencement tu la vois dans ton Oeuf, sans doute tu brûles et as brûlé la verdeur et vivacité de la pierre. Cette couleur, qu'il te faut avoir, doit être entièrement parfaite en noirceur semblable à celle de ces Dragons en l'espace de 40jours»(43l.

35. Gaston LE DOUX, dit DE CLAVES, précise égale- ment que : « Le signe de la dissolution achevée est une noir- ceur au-dessus de la superficie ; car la chaleur qui agit sur l'humide fait la noirceur. Cette dissolution s'achève presque

dans quarante jours » (44). MELOTUS enseigne qu'il faut pourrir la Matière par quarante jours, et puis la sublimer neuf fois en son vaisseau (45). Quant à ARSUBOFFES, il donne une précision supplémentaire : « Mettez l'homme rouge avec la femme blanche en une maison ronde, environ- née de chaleur lente, continuellement : et les y laissez tant que tout soit converti en eau, non pas vulgaire, mais philoso- phique. Alors vous verrez dessus, si vous avez bien gouverné, une noirceur, laquelle est signe de pourriture et durera 40 ou 42 jours. Laissez-les là tous deux continuellement, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de noirceur. Voyez noir, voyez blanc, voyez rouge : c'est tout ; car cette mort est vie éternelle, après la mort la vie glorieuse et la vie parfaite » (45).

36. Ces couleurs sont relatives à l'une des saisons philosophiques : le noir correspond à l'hiver, le blanc à l'été et le rouge à l'automne ; quant au vert, correspondant au prin- temps, l'auteur la passe sous silence. Le nombre 42 apparaît dans le cadre de la phase SOLVE comme une clef de la putré- faction qui survient par la mort de la Matière. On le retrouve dans les 42 lettres sacrées du Nom de Dieu. Il est indiqué en toute lettre dans l'Ancien Testament : « Alors deux ours ( c'est là une image de Janus bi-front coloré en brun-marron comme le pelage de l'ours)sortirent de la forêt, et déchirèrent 42 de ces enfants » ( Il Rois 11-24 ). Il y est donné deux fois dans l'Apocalypse de Saint Jean comme se référant au pro- cessus de la putréfaction. Mais écoutez plutôt : « Alors on me donna un roseau en guise de bâton d'arpenteur, et l'on me dit : Debout ! arpente le temple de Dieu et l'autel avec les adorateurs qu'il renferme ; mais le parvis extérieur du Tem- ple, laisse-le en dehors de l'espace arpenté : il est livré aux païens, qui vont fouler la ville sainte pendent 42 mois » ( Apoc. 11 : 1/2 ). Deux chapitres plus loin, Jean nous dit : « Je vis alors monter de la mer une Bête à 10 Cornes et 7 Têtes ; elle portait sur les cornes 10 diadèmes et, sur les têtes, des titres blasphématoires. Elle avait l'allure d'une panthère, les pat- tes d'un ours et la gueule d'un lion. On lui accorda la faculté de proférer des paroles arrogantes et blasphématoires et de sévir 42 mois » ( APOC. 13: 1/51.

37. HERMÈS va nous préciser que ce nombre 42 est la clef de l'obscurité de la Matière : « Rôtissez donc ces Ma- tières ; et cuisez-les ensuite par l'espace de 7 jours, de 14 et de 21, dans ce qu'il vient du ventre des chevaux ( fumier de cheval ). Quand la Terre sera donc réduite en Eau, et brûlée.

démarre par la saison de I hiver, suivie par le printemps, puis l'été et enfin l'automne philosophique. La durée parti- culière, propre à chaque saison, se présenterait alors comme suit :

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Thème : L'ALCHIMIE TRADITIONNELLE

MYSTÈRE D'ÉLABORATION DE L'ELIXIR DE VIE

Ce livre développe le thème alchimique du TEMPS comme facteur de la succession des événements « extra-ordinaires » survenant à chaque stade ou étape du GRAND-OEUVRE. A chaque instant l'ALCHIMISTE doit être en mesure de maîtriser le temps qui rythme les phases du par- cours hermétique. Sans cette maîtrise il ne pourrait jamais parvenir au terme de son but : la possession de la PIERRE PHILOSOPHALE. Pour aider le lecteur sincère, l'auteur donne une Elucidation inédite de 7 axiomes hermétiques, analyse sur le plan purement pratique La légen- de alchimique de la quête du SAINT-GRAAL avec commentaires inédits

et résumé du Roman de Chrétien de Troyes.

De plus, les Amateurs en la Sainte Science et tous les Curieux de la Nature y trouveront un Commentaire inédit et concis des 12 Clés de la Philosophie hermétique de Basile VALENTIN par l'Adepte JEAN de CLAIREFONTAINE avec gloses de l'auteur, plus les douze figures hiéroglyphiques et des fragments essentiels de l'enseignement de B.V. On y trouvera aussi Une réflexion sur l'Alchimie spirituelle

par l'Adepte Raymond PANAGION.

Cet ouvrage, publié dans le cadre de la Collection « La conquête de l'immortalité », vient compléter sous un autre éclairage les travaux de Piotr PHÉNIX que l'on trouvera dans « LE SECRET DE L'ELIXIR D'IM- MORTALITÉ ou LES CLEFS DE LA DOCTRINE SECRÈTE ». Il renou- velle les études alchimiques et approfondit la quête spirituelle de l'Hom-

me qui s'est engagé dans la course à la perfection.

COLLECTION « LA CONQUÊTE DE L'IMMORTALITÉ »

ISSN : 0751-4077 BIBLIOTHEQUE NATIONALE DE FRANCE)

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