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TAIJI QUAN, QI GONG,ARTS, TRADITIONS et CULTURE

LECTURES

association

 AU FIL DU TEMPS

(AFDT)

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Sommaire

Le TAIJI QUAN Par Cyrille Javary ...................................................................................................... 5 

Le TAIJI QUAN Par Catherine Despeux ............................................................................................. 7 

La rencontre avec l'exercice, la sensibilité et la technique Lionel Seité .............................................. 11 

L'ENERGIE au travers du MOUVEMENT Par Li Ghanghua ........................................................... 21 

La force intérieure Par Catherine Despeux ......................................................................................... 23 

Les TROIS aspects du TaiChi Chuan par Jean-Claude Sapin ............................................................ 29 

Les principes essentiels du TaiJi Quan De Yang ChenFu .................................................................. 39 

Légende et Histoire du Tai Chi Chuan Synthèse par Au Fil Du Temps ............................................. 43 

Le grand Taï Chi et le petit Taï Chi Par Maître Tung Kai Ying ......................................................... 49 

Les Chevaliers errants Par Catherine Despeux ................................................................................... 53 

Le Taiji Quan Art Martial Par Catherine Despeux ............................................................................. 57 

HUANG SHAN, les montagnes célestes ............................................................................................. 59 

Structure de l'occasion (moment opportun) par François Jullien ...................................................... 65 

Le Vide Médian par François CHENG ................................................................................................ 71 

La Tradition de l'Ecole Yang Par Jean Gortais .................................................................................... 75 

La notion de Centre, La Sagesse et la Connaissance par Jean Claude Sapin ...................................... 87 

Citations des Textes Classiques sur le Taijiquan Synthèse AFDT ...................................................... 91 

Wu-Wei, le principe de non-agir Par Roland Habersetzer................................................................. 95 

Pré-mouvement et Organisation gravitaire Par Hubert Godard ........................................................... 99 

Yin Yang le milieu juste par Cyrille JAVARY ................................................................................ 103 

Le Bouddhisme et son influence en Chine Par Cyrille Javary .......................................................... 115 

La tranquilité, arme secrète du Tai Chi. Par Bob Mendel.................................................................. 133 

ENERGIES, les différentes expressions du Souffle par Michèle Petit .............................................. 139 

Et la Respiration ? par Rolland Gaillac .............................................................................................. 151 

 Nourrir le Souffle par Chen Gong...................................................................................................... 159 

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Histoires du Taiji Quan Par Gérard Edde ......................................................................................... 165 

Le schéma du GRAND RETOURNEMENT par Cyrille J.D. JAVARY ......................................... 173 

Le gouvernement du Corps et l'entretien de la Vie par Jean-Marc Kespi ........................................ 179 

Les racines du CHI-KUNG par le Dr Yang Jwing-Ming ................................................................ 193 

Tai Chi Chuan, Squelette et Fluidité par Stephan ZIMMER ........................................................... 197 

Le Tàiji Quân et l 'assise par Yang Cheng-Fu ................................................................................... 201 

CHI, SANTE, et CHI GONG par le Dr Yang Jwing-Ming ............................................................... 203 

Le battement YIn YANG par Cyrille J.D. JAVARY ........................................................................ 207 

LE VIDE MEDIAN (2) par François CHENG ................................................................................. 211 

Le corps d'énergie Par Gérard Edde .................................................................................................. 213 

Lectures de l'association au fil du temps , disponibles sur internet .................................................. 217 

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Le TAIJI QUAN Par Cyrille Javary

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesseptembre10.htm - haut 

Le Tai Ji Quan (parfois écrit Tai Chi Chuan) est un art corporel de plus en plus pratiqué en Occident.Les deux premiers caractères de son nom, "Tai Ji", sont ceux qui désignent le dessin du " grandretournement ". Le dernier, "quàn", composé du signe de la main surmonté d'une forme ancienne quiévoque l'idée d'un enroulement montrait à l'origine une main s'enroulant.

Le Tai Ji Quan est constitué d'une suite de mouvements lents et fluides destinés à favoriser et àréguler la circulation du souffle vital à l'intérieur du corps. À partir de traditions très anciennes, sesdifférentes formes actuelles ont été systématisées et développées au XIXe siècle par les sociétés

secrètes qui cherchaient à délivrer la Chine de l'occupation étrangère, mandchoue et occidentale.Comme la logique de beaucoup de ces mouvements est issue des ans martiaux, les coloniaux, fortintrigués par ces exercices, imaginant que ceux qui les pratiquaient étaient en train de boxer avec leurombre, les avaient appelés Boxers. De cette méprise vient la traduction souvent proposée del'appellation Tai Ji Quan : boxe du faîte suprême, évoquant un sport brutal au service d'on ne saitquelle réalité transcendantale ! Plus conforme à sa pratique, dans laquelle la main parfois enroulée,

 parfois étendue, évoque la grande loi dont il s'inspire : tout ce qui s'étire (Yang) finit par revenir, toutce qui se contracte (Yin) finit par s'expanser, serait de l'appeler : l'art (martial) du grandretournement.

La pratique du Tai Ji Quan est complémentaire avec une autre discipline physique chinoiseégalement de plus en plus en plus pratiquée en Occident : le Qi Gong. Alors que le premier vise à

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faire circuler le plus fluidement possible le Qi (Chi, le souffle-énergie), le second cherche à lerenforcer et à le concentrer pour le mettre à l'oeuvre de manière à le faire agir sur les organes et lesméridiens, d'où ses importantes vertus thérapeutiques.

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Le TAIJI QUAN Par Catherine DespeuxPréface de Grégorio Manzur"L'art du combat avec son ombre, l'esprit du Chi Gong et du TaiChi"

En France, le tai-chi chuan (et, en pinyin, taiji quan) était encore peu connu en 1971, alors que jefinissais d'écrire ma thèse sur ce sujet. C'était principalement le style Yang qui était enseigné par

quelques personnes, lesquelles, de par leur formation, insistaient soit sur l'aspect esthétique de cette "danse avec l'ombre ", soit sur le travail corporel à une époque à laquelle toutes sortes de méthodes,telles la méthode Feldenkrais, la méthode Garda Alexander ou ce qu 'on a appelé l'" anti-gymnastique", commençaient à fleurir. Son rôle martial était alors quasiment ignoré, si ce n'est de quelques-unsayant appris le tai-chi de l'école Wu.

 Nous sommes en 2009, quarante ans plus tard. Après avoir connu une éclipse en Chine durant une période autour de la Révolution culturelle (entre 1966et 1980), le tai-chi chuan a pris un nouvel essor pour atteindre aujourd'hui un développement sans précédent. Les écoles se sont reformées, desdocuments nouveaux sont apparus sur le village de Chenjiagou dans le Henan, berceau de cette

discipline, et les monts Wudang dans le Hubei, lieu d'origine légendaire du tai-chi chuan, ont vufleurir des écoles d'arts martiaux. En Occident aussi, cet art de combat est devenu florissant, lalittérature sur le sujet abonde, différents styles sont enseignés : ceux de l'école Chen, très martiale, del'école Yang, la plus répandue, des écoles Wu, Sun et Li, moins populaires. Nombreux sont ceux quiy trouvent une source d'enrichissement et de renouvellement.

Désormais, le tai-chi chuan fait partie du monde occidental, que ce soit dans le domaine des sports,des pratiques de santé, des arts martiaux ou encore des disciplines psychosomatiques alliant travail ducorps et épanouissement de la personne.

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Il convient de noter cependant qu'en Chine, ces multiples fonctions sont rarement séparées les unesdes autres. S'il s'agit bien à l'origine d'acquérir une maîtrise martiale par la technique, celle-ci ne peuts'acquérir sans une connaissance de soi et de l'autre qui implique une discipline spirituelle pour

 parvenir à ce que les Chinois nomment la " réalisation du dao ". Lors d'un voyage aux monts Wudangen juin 2009, j'ai pu constater que les jeunes taoïstes s'exerçant au tai-chi chuan manifestent la

 perfection du geste et leur belle connaissance de l'art martial, mais aussi déploient une intériorité

issue de leur longue pratique quotidienne de la méditation à laquelle ils s'exercent dans l'école d'artsmartiaux, dans un temple ou dans un ermitage sur la montagne.

Comme dans les arts martiaux japonais, la puissance intérieure et martiale ne saurait être développéesans une maîtrise de l'esprit, car l'art du combat est aussi un combat avec soi-même pour ne pas avoirà lutte.

...

L'exercice du tai-chi ne se limite pas au temps de la pratique de l'enchaînement ou de la poussée des

mains ("tuishou") ; il est constant. Je me souviens de deux occasions au cours desquelles Yao Longji,un élève de Gu Meisheng venu en France nous donner des cours, m'a conduite vers cette attention dechaque instant. La première fois, c'était un jour où nous devions aller à la mairie du 12ème pourétablir sa carte de séjour. Je marchais devant lui dans la rue de Charonne, pressée d'arriver avant lafermeture des bureaux. Il me rattrapa et m'arrêta brusquement pour me tancer vertement : je marchaissans tenir compte des principes essentiels du tai-chi chuan. Il m'expliqua comment toute situation doitdevenir un tai-chi, une unité ; je me pliai à cette leçon impromptue et bien sûr nous trouvâmes porteclose à la mairie du 12ème.

La seconde fois, c'était alors que je faisais la vaisselle et nettoyais les assiettes par des mouvementsqui ne partaient pas du yao, ce point ou cet axe central entre les deux reins ; il me montra comment le

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mouvement du bras devait être la résultante d'un mouvement de tout le corps formant un tout ettournant comme une roue autour du moyeu qu'est le yao. J'eus droit ensuite à une démonstration de

 balayage : le balai, prolongement de lla main, exécutait des cercles qui partaient toujours du yao, unevéritable danse qui, hormis la beauté esthétique, avait l'avantage de se montrer très efficace à moindreeffort.

Il existe constamment un va-et-vient entre l 'exercice des règles de base, telles que " maintenirl'énergie au sinciput ", " distinguer le vide et le plein ", " former une roue avec les pieds et les mainsautour de la taille (le yao) ", " effacer les traces ", " écouter avec les mains, puis avec les yeux ", et leyi, l'intention ou pensée créatrice qui guide la pratique ainsi que l'esprit d'où provient la pensée.

L'auteur nous rappelle que l'observation des règles dans le tai-chi est importante, mais que l'essentielse trouve dans la démarche du pratiquant qu'il décrit avec précision et justesse. Il part d'une formule,

 par exemple " effacer les traces ", qu'il prend pour l'exercice du jour, puis se prête à un va-et-viententre le mouvement, la perception qu'il en a, son esprit, ce qui change ; puis il revient à laconcentration quand l'observateur se disperse trop et, progressivement, cela vit en lui, sans effort pour

observer, sans conscience d'être observateur, sans intervenir : le wuwei de Laozi, non-agir ou non-interférence dans le cours des choses.

Un principe ne peut rester purement théorique, il doit se réaliser à travers l'exercice, notamment celuidu corps. C'est ainsi que doit être comprise et vécue la pensée chinoise. Une amie chinoise me voyant

écrire un article académique sur un point de l'histoire de la médecine chinoise me demanda à brûle- pourpoint : " Mais à quoi ça sert ? Quand tu tousses, tu n'es même pas capable de te soigner!"

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Ébranlée par cette remarque, j'en fis part à un ami, éminent japonologue et académicien, et luidemandai : " Mais à quoi servent toutes nos recherches académiques ?" Sur-le-champ et avec verve ilme répondit : " Mais à la connaissance, bien sûr ! "

Dans les disciplines chinoises relatives à la santé ou à l'épanouissement de soi, les exercices du ch'i,le souffle/énergie, remplacent à bien des égards le travail occidental avec la parole au cours d'une

analyse : construction ou déconstruction de soi, de son rapport à l'autre et à l'environnement. Il existeà partir des exercices du ch'i un véritable apprentissage d'une façon d'être au monde beaucoup plusfacile à développer pour un Chinois qui baigne déjà dans cette approche que pour un Occidental qui aété coupé de cette attention à son corps interne, au sentir, à l'espace dans lequel il évolue.

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La rencontre avec l'exercice, la sensibilité et la technique Lionel Seité

ASPECTS Structurels, Emotionnels et Energétiquesen pratique TAIJIQUAN & QIGONG

 par Lionel Seitéhttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesjanvier10.htm - haut

 

La pratique, au sens noble du terme, n'est pas simplement l'apprentissage d'une forme particulière demouvement; c'est aussi une perception sensible et ouverte. Aussi le sens de l'exercice n'est pas laréalisation rigide, automatique d'un geste ou d'une posture déjà connus, mais le développement, àtravers la pratique, d'une sensibilité nouvelle en relation avec l'espace et l'énergie cosmique. Le cœur

de l'exercice est chaleur, écoute dans la stabilité, silence dans le mouvement.

Etre présent dans les postures, dans les gestes des différents exercices du TaiJi Quan & Qi Gong, iln'y a pas autre chose à chercher. Extérieurement le mouvement est sans rupture. Intérieurement songoût devient plein et ouvert à l'espace. Ce goût ne peut être saisi, il apparaît avec la pratique etrésonne au-delà de la pratique. Cela demande de l'attention.

Devenir de plus en plus sensible dans le mouvement ne signifie pas s'y diluer sans racines. Devenirde plus en plus précis dans la technique ne signifie pas devenir technicien. Il arrive que, dans la

 pratique, on ait l'impression de gagner en sensibilité et de lâcher un peu la technique ou bien degagner en précision et d'être moins sensible. Mais la pratique bien sentie unit ces deux pôles. Il s'agit

 progressivement de devenir un avec la technique. Etre la technique, au sens profond, c'est être présent, c'est sentir, c'est s'oublier dans le mouvement. Alors le TaiJi Quan & Qi Gong est un art et

une méditation.

Yang-Lu-Chan Yang-Cheng-Fu

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ASPECTS Structurels, Emotionnels et Energétiques en pratique TAIJIQUAN & QIGONG 

Ancrage 

Enracinement des pieds et des jambes, du bas du corps vers le solStabilité en fente avant (65% jambe avant - 45% jambe arrière),

Sustentation par un rapport équilibré longueur largeur du pasBords interne et externes des pieds collés au solArc de jambes, jambe arrière fléchie, genoux ouverts, position bassePratique assidue de l'arbre

Assise

Le bassin est la coque du " bateau-corps ". S'y installer avec confort, l'habiter complètement pourfavoriser l'assise sur " les flots " et ne pas tanguer. La taille est le maître de tout le corps, les piedsn'ont de la force et le bassin de l'assise que si l'on est capable de relâcher la taille. Les passages du

vide au plein s'effectuent à partir des mouvements tournants de la taille. L'intention du mouvement part du cœur -esprit, le souffle se met en branle dans le tantien et le mouvement débute du centre,rencontre des axes du corps, et des énergies. Le bassin sous la conduite du centre impulse la directiondu mouvement tantôt par léger enroulement du sacrum dans le sens de la ligne de l'action, tantôt parune rotation de l'assise autour de l'axe vertical, c'est la notion de pivot créateur.

La rétro ou l'antéversion du bassin se mesure à partir de l'épine (crête) iliaque supérieure. Si elleavance dans le mouvement, la partie basse du bassin recule, il y a antéversion qui creuse leslombaires. Si elle recule, la partie basse du bassin avance, il y a rétroversion et étirement de la zonelombaire. Pour ne pas rester dans une interaction fixée, verrouillée, et fermée, s'ajoute à cetteéventuelle rétroversion du bassin, un travail subtil à l'intérieur du bassin qui tend à rapprocher lesacrum du pubis (non pas par contraction des fessiers qui ferme) et permet de libérer la coxofémorale et le plancher pelvien pour laisser passer la fluidité de l'énergie. Nutation et contre nutation.

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Conserver l'image que le sacrum ne s'infléchit pas tout de suite ; il s'écarte d'abord (recule) puis plonge ensuite vers le bas.

Axe vertical

La colonne vertébrale est le pilier vertical, le mat du bateau-corps, le véhicule de transit principal de

la remontée de l'énergie vers le haut du corps par le méridien merveilleux Du Mai, méridien contrôleet gouverneur mère des yang. La colonne vertébrale est souplement étirée par une éventuelle légèrerétroversion du bassin et un enroulement du sacrum vers le pubis permettant l'ouverture deslombaires, une nuque ouverte par un menton légèrement baissé, par une conscience de notre lien versle ciel qui nous connecte et nous maintient dans cette verticalité.

Tung-Ying-Jie

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Verticalité anti-gravitaire

Centrer le corps biomécaniquement, sur n'importe quelle position des formes et des chi gong,correspond à la recherche d'une position de la coque (bassin) dans l'espace horizontal (avant, arrière)tel que le " poids " de la gravité sur le squelette verticalisé soit le plus minime possible. Position

 précise de l'alignement dit anti-gravitaire où les chaînes musculaires ne luttent pratiquement pluscontre la chute gravitaire, d'où l'acquisition d'un relâchement global du corps, confortable en son

 bassin, remontée de l'énergie par le dos et processus de circulation énergétique plus fonctionnel.Cette recherche débouche le plus souvent chez l'élève pratiquant par un recul du bassin vers l'arrièrecalant ainsi l'axe vertical sur la ligne verticale de référence dite anti-gravitaire. C'est ce quicorrespond également à " moins dans les genoux et plus dans les plis de l'aine " ou " repasser par soncentre puis le garder avant d'exprimer un nouveau mouvement ".

Etat d'esprit

Chercher le calme par la centration méditative. Centrer son esprit, c'est parvenir à ramener sonattention, ses émotions, et son centre de gravité affectif au plus profond de soi-même, et vers le basdu corps (rétablir le contact à la terre ou s'enraciner), pour ne plus que le quotidien ait d'emprise surles sentiments (avoir la tête ailleurs, dans les nuages). Que seul, par cette méditation _silencerecherché et l'esprit vide de toutes pensées où l'instant est entre parenthèses du passé et de l'avenir_ ledialogue du " cœur -esprit " et du corps puisse s'établir. Alors le travail de la recherche de l'harmonieentre ces deux derniers peut commencer pour qu'ils puissent enfin évoluer de concert, en conscience

et proprioception.

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Respiration abdominale classique 

Respiration basse privilégiant la poussée du diaphragme vers le bas (respiration de la tortue) et nonl'écartement des muscles intercostaux (côtes) pour augmenter le volume inspiré, les échanges, et les

 pressions sur les organes et viscères. Respiration régulière éventuellement synchronisée aumouvement : ouverture du mouvement = inspiration, fermeture = expiration. " Eventuellement " caril vaut mieux privilégier une synchronisation devenant peu à peu " naturelle " (= d'elle-même) en

fonction de la vitesse d'exécution, qu'une synchronisation " rationnelle " mue par la seule volonté. Legeste juste donne la respiration juste.

Yin Yang

Afin d'avoir une base de recherche empirique lors de la pratique, transférable ensuite sur un " art devie ", appréciation des aspects relatifs et complémentaires du couple synergétique " yin/yang".Connaissance théorique nécessaire des règles générales des mutations et des alternances, croissanceet décroissance, des quatre phases du nycthémère

Tung-Hu-Ling

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Conscience du centre 

Le Tan-tien bas ou champ de cinabre bas est le centre énergétique en Nei Dan (Styles internes typeWudang), élément majeur dans la pratique énergétique TAI CHI. Il se situe à 3 cm au-dessous dunombril et à un tiers de la distance entre le ventre et le dos. Il peut être comparé à l 'image d'unchaudron de stockage (condensation) et de barattage de la " vapeur " CHI issue et produit de larencontre de Kan le CHI eau, celui des reins, et de Li le CHI feu, celui du cœur. Kan, l'eau,

représente le Yin relativement à Li, le feu, qui représente le Yang. Le Tan-tien moyen ou champ decinabre moyen est le centre énergétique en Wai Dan (Styles externes type Shaolin). Il se situe entre lediaphragme et le plancher pelvien (le " hara ").

Energétiquement le centre est composé à la fois du tan tien bas et du tan tien moyen. C'est un lieu derencontre et de diffusion des forces, un lieu de convergence et d'équilibre des énergies " du ciel et dela terre ", un lieu d'échanges entre les forces qui enfantent le mouvement. Bio-mécaniquement, larégion de ce centre où se crée l'alchimie des énergies, est à la croisée des chemins entre deuxtriangles de muscles souples (à étirer) dont les pointes se confondent : c'est sur cette région qu'il faut

 porter son attention car le mouvement doit être animé, dirigé par l'intention qui part du centre."Enrouler le fil de soie avec énergie".

Cercles, spirales, rondeur et fluidité

Participant à une meilleure circulation du Chi, toutes les trajectoires épousent le cercle ou la spirale.Rondeur des bras & arc de jambes. Toutes les trajectoires de la forme s'enchaînent les unes aux autressans aucune interruption. La forme est un seul et même mouvement continu.

Mouvement holistique 

Toutes les parties du corps sont liées et participent à la réalisation du mouvement global. Non localiséà un seul groupe d'articulations chaque mouvement contient toute la pratique. Le corps, l'âme etl'esprit participent également de façon inter-liée au déroulement de l'action, c'est ce que l'on entend

 par rechercher l'harmonie du corps et de l'esprit.

Relâchement 

Suprématie de la souplesse et de l'élasticité pour le profit d'une " puissance vitalisée ". Les muscles etle mental doivent être relâchés et souples ; c'est la condition sine qua non pour qu'ils puissentdialoguer et se " nourrir de tous les plus " que la pratique propose. Il faut apprendre à se relâcher

 pendant la pratique lente, et non après. Le " lâcher-prise " et " se laisser porter par la vague " en font partie. La sensibilité de proprioception d'un muscle est plus développée lors de l'allongement. Lesétirements anté et post-pratique sont utiles.

Harmonies 

C'est ce qui va permettre l'optimisation du développement de l'énergie et son utilisation pendant laréalisation des mouvements. Etude avancée des coordinations, alignements et connexions.

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Respiration abdominale inversée 

Le ventre ne se gonfle pas à l'inspiration. Tantiens bas et médian rentrent en connexion pour unemeilleure alchimie de Kan et de Li.

Tung-Kai-Ying

Régularité de la pratique 

Sans elle, rien ne pourra se développer au niveau énergétique et psychique.

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Développement du Jing 

La détente du corps et le calme du mental, associés à au travail du souffle effectué lors del'enchaînement, vont permettre le développement d'une force intérieure appelée JING, que les maîtresde Taiji quan opposent à la force musculaire considérée comme inférieure et limitée. Le terme jingétait employé dans les textes anciens bien qu'assez rarement avec le sens de force. A l'heure actuelle,il désigne dans le langage courant le ressort d'un individu, sa vitalité, son dynamisme, en mettant

l'accent sur l'intériorité de cette force (force intérieure / art interne), qui précède la forme musculaireet lui préside, et qui est liée à l'attitude psychologique d'un individu. C'est aussi le sens qu'à ce termedans le Taiji quan.

Yi, Intention du cœur-esprit

A un haut niveau de réalisation, l'Intention du cœur -esprit, le Yi, guide le souffle et l 'action.L'intention qui préside au mouvement part du cœur -esprit, le souffle se met en branle dans le tantienet se met à circuler. Le mouvement débute du centre, rencontre des axes du corps, et des énergies. Le

 bassin sous la conduite du centre impulse la direction du mouvement. L'énergie est dirigée jusqu'aux

quatre "extrémités du corps" (pointes des deux mains et des deux pieds). C'est l'exemple de l'énergiede la mer, nécessaire pour pousser la dernière vague sur le sable.

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L'ENERGIE au travers du MOUVEMENT Par Li Ghanghua

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesnovembre09.htm - haut L'ENERGIE au travers du MOUVEMENTPar Li Ghanghua,

Chaque mouvement correctement accompli, et stable, est un exercice de l'énergie qui s'accroîtgraduellement. L'eau peut user les montagnes. Par la douceur on vient petit à petit à bout de ce qui estdur. Cette énergie intérieure nourrie par le souffle et l'esprit est bien plus forte que la force extérieure.C'est pourquoi on dit: " être d'abord dans l'intention et ensuite dans le corps " et " l'énergie s'obtient

 par la souplesse ".

Les mouvements sont réalisés sans rupture d'une manière harmonieuse, de bas en haut et de haut en bas, de droite à gauche et de gauche à droite, selon des lignes circulaires. C'est ce qu'on appelleénergie d'enroulement. La direction de l'énergie se change tout le temps en suivant les gestes à partirde l'axe vertical. Il est profitable de connaître et de sentir où se trouve la pointe d'énergie, c'est-à-direson point d'arrivée et le parcours de l'énergie.

Selon la pratique du Tàiji quân l'énergie vient des pieds qui sont les racines, passe par les jambes,monte à la taille qui est le centre de contrôle et s'épanouit dans les mains et les doigts. Le parcoursdes pieds aux jambes et à la taille est absolument homogène. Ainsi on peut avancer et reculer à l'aise,utilisant l'énergie au moment voulu et à la condition requise. Cela veut dire que, dans l'entraînement,l'énergie doit suivre son parcours naturel d'une manière harmonieuse et équilibrée. Les fleurss'épanouissent grâce à la sève intérieure.

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Prenons comme exemple le mouvement de transition correspondant au "repousser" du GrandEnchaînement: les pieds prennent appui sur le sol et sont les racines de l'énergie, car si on pousse unecharrette, l'appui sur le sol est nécessaire. Il est impensable de pousser une charrette avec les piedssuspendus. Les racines de l'énergie sont les pieds. La jambe droite fléchie vers l'avant et la jambegauche tendue (pressant) (ndrl) vers l'arrière se posent comme deux rails où passe l'énergie. "L'énergie passe par les jambes. "

Durant le déplacement du centre de gravité de l'arrière vers l'avant, la taille s'élevant d'abord ets'abaissant ensuite, effectue une légère courbe afin de canaliser l'énergie et contrôler le mouvement.De même pour les pivots du corps, c'est la taille qui dirige le mouvement et canalise l'énergie. " Lataille est le centre du contrôle ", c'est-à-dire qu'elle est le moyeu, le centre du mouvement.

A travers le dos et la colonne vertébrale, l'énergie s'étend et se dirige vers les épaules, les coudes, les paumes qui s'appuient vers l'avant jusqu'aux doigts qui sentent parfois l'arrivée de l'énergie. C'est cequ'on appelle " l'énergie s'élance du dos et se manifeste dans les doigts ".

Il convient de noter que chaque déplacement de la pointe d'énergie doit suivre le même processus : pieds, jambes, taille, dos, bras, mains. Cependant, en dépit des gestes successifs, il faut éviter des à-coups, des saccades, et à plus forte raison des interruptions. Le tout se réalise d'un seul trait. Une

 partie bouge, la totalité bouge, une partie s'arrête, la totalité s'arrête. La poitrine et le ventre semeuvent suivant la direction de la taille; il ne faut pas crisper les régions pectorales et ventrales et lesretenir immobiles. Ainsi le Taiji demande une grande harmonie des gestes qui, dans l'alternance et lacomplémentarité du Yin et du Yang, sont conduits dans une forme spirale. Yin et Yang forment uncercle sans faille.

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La force intérieure Par Catherine Despeux 

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Le terme jing était employé dans les textes anciens bien qu'assez rarement avec le sens de force. Al'heure actuelle, il désigne dans le langage courant le ressort d'un individu, sa vitalité, sondynamisme, en mettant l'accent sur l'intériorité de cette force, qui précède la forme musculaire " lu "

(ndlr) et lui préside, et qui est liée à l'attitude psychologique d'un individu. C'est aussi le sens qu'à ceterme dans le Taiji quan.

Les maîtres définissent le jing comme la manifestation du " souffle véritable " sous sa formedynamique. Ils établissent donc une distinction entre le souffle, élément circulant dans le corps, et laforce issue de ce souffle. Mais cette distinction semble assez superficielle, car les textes utilisent

 parfois le terme de souffle là où l'on attendrait celui de force intérieure et vice versa. C'estvraisemblablement pour se distinguer de l'école exotérique " shaolin " (ndlr) que les maîtres de l'écoleésotérique " wudang " ( ndlr) se sont servis du mot jing et l'ont érigé en un nouveau concept.

Le jing est aussi défini comme le " souffle central qui part du cœur ". Chen Fake définit la force

intérieure du sinciput comme " le souffle central du cœur au point Baihui (sinciput) ".

Le souffle central part du cœur, passe dans les vertèbres cervicales, parvient au point Baihui ; les

artères de souffle sont débloquées et la force intérieure se répartit dans les quatre membres. Le jingne peut en effet apparaître que si le souffle circule sans aucune gêne dans toutes les parties du corps,d'où la nécessité d'un entraînement intensif à l'enchaînement individuel, avec lenteur et souplesse,accompagné de tous les exercices de respiration et autres, permettant de débloquer le souffle dans lecorps.

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Samourai de Chomo

Le jing est conçu dans le Taiji quan comme une force enroulée, force de repli ou de déploiement, fineet ininterrompue. Les maîtres de l'école Chen ont forgé l'expression " force enroulée comme un fil desoie " (chansi jing). Cet enroulement ne caractérise pas la force elle-même, mais la façon dont on doitl'utiliser. Et Chen Fake, maître contemporain de l'école Chen, nous précise que " la force intérieuredu Taiji n'est pas un cercle horizontal, mais une spirale qui s'élève dans l'espace. "

Dans le Taiji quan tushuo de Chen Pinsan, nous trouvons deux illustrations de la force enrouléecomme un fil de soie. Il est à noter que Chen Pinsan emploie parfois pour le jing désignant la forceintérieure, le caractère homophone jing désignant " l'essence séminale ", ou la quintessence d'unechose.

Le premier schéma représente la force enroulée qui doit être utilisée dans les membres :

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Le second schéma a pour titre : " Dessin de l'essence (force) enroulée comme un fil de soie dans le

Taiji quan " et est accompagné du commentaire suivant : " J'ai étudié la représentation circulaire duTaiji selon les différents philosophes, et je me suis rendu compte, que pour exécuter (correctement) leTaiji quan, il faut comprendre ce qu'est l'essence enroulée comme un fil de soie. L'enroulementcomme un fil de soie est la méthode pour faire mouvoir le souffle central. Qui ne le comprend, necomprend pas la boxe. Les premières spirales blanche et noire représentent le Yin et le Yang du Taijiexistant naturellement au sein du Wuji" . Les deuxièmes spirales blanche et noire représentent le Taijiengendrant les deux principes primaires (le Yin et le Yang) ; les deux principes primaires sont le Yinet le Yang, ou le ciel et la terre. Les troisièmes spirales blanche et noire représentent l'homme.

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C'est par les souffles du Yin et du Yang et des cinq éléments que l'homme existe. La quatrièmespirale noire représente ce que Mencius appelle " le souffle cosmique ". La quatrième spirale noirereprésente le souffle et le sang du corps humain ; unis au sens juste du Dao, c'est le souffle correct,c'est-à-dire le souffle cosmique. La cinquième spirale blanche représente ce par quoi l'esprit du Daodirige le souffle. Le souffle sans le Principe ne peut se manifester, c'est un principe inhérent à toutechose. La cinquième spirale noire représente l'esprit de l'homme, ou ce que les Sages ont appelérécemment " l'ego ". Le point blanc au sein du noir représente les pensées contrôlées, le point noir ausein du blanc représente les pensées égarées.

Le Sage, lui. garde les pensées contrôlées et chasse les pensées égarées. Les pensées égarées ont été

nommées par Gaozi la nature des désirs et des appétits . Tous la possèdent, mais celui qui peutchasser cette seule idée du moi et faire en sorte qu'elle ne naisse plus jamais devient purement commele ciel et exécute les mouvements du Taiji quan en accord avec le mouvement du mécanisme céleste.Il n'est rien qui ne soit spontanée, vivacité à l'image du Taiji, et qui ne s'écoule de notre corps. Lestrois grandes spirales intérieures expliquent l'origine du Yin et du Vang. Les trois spirales intérieuresindiquent que le Yin et le Yang ont un gouverneur (L'idée des trois cercles intérieurs est entièrementdans le troisième cercle intérieur, qui est le fondement donné à l'homme. Ce n'est pas la peine d'enfaire un autre schéma). "

Ce commentaire est imprégné de philosophie néoconfucéenne, notamment de la distinction entre le

souffle et le principe. Il met aussi en relief la nécessaire conformité des actes de l'homme au rythmede la nature et du mécanisme céleste. Cette notion de forces cycliques se rencontre très tôt dans les

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écrits chinois relatifs aux arts de la guerre. Ainsi, dans le Sumi bingfa, Sunzi écrit-il : " Les forcesextraordinaires s'achèvent puis se reforment, cycliques comme les mouvements du soleil et de lalune. Elles expirent puis renaissent à la vie, se répétant comme les saisons qui passent . "

L'école Chen distingue en particulier deux formes de force intérieure :

1) La force intérieure enroulée en sens normal (shun chansi jing), déployée lorsque les paumes desmains sont tournées de l'intérieur vers l'extérieur ; dans ce cas, elle part du cœur. Circule dans les

épaules et parvient aux doigts. Cette force est aussi appelée " la force qui pare " (peng jing).

2) La force intérieure enroulée en sens inverse (ni chansi jing) déployée quand les paumes des mainssont tournées de l'extérieur vers l'intérieur. La force part alors des doigts, circule dans les épaules et

 parvient au cœur. Elle est aussi appelée " la force qui tire en arrière " (lu jing).

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Dans son ouvrage, Chen Pinsan donne deux schémas représentant ces deux forces enroulées autourdu corps. Le commentaire suivant les accompagne : " Tout le corps est une force spiralée. L'ondistingue globalement une force enroulée vers l'intérieur et une force enroulée vers l'extérieur ; l'uneou l'autre est émise, selon le mouvement exécuté... Il y a une seule force et non plusieurs : c'est lesouffle émis du cœur. Si l'on est bien centré, il est le souffle central qui lorsqu'il est entretenu devient

le souffle cosmique. "

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Les TROIS aspects du TaiChi Chuan par Jean-Claude Sapin

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L'art du Tai-chi chuan / éditions Dangles

Photo de Shangaï / Lionel Seité

LES TROIS ASPECTS DU TAIJI QUAN

Avant-propos

La séduction de la culture orientale n'a jamais été aussi forte qu'aujourd'hui. Cette tentation pour unOrient peut apparaître légitime pour deux raisons :

- D'abord parce que notre culture à nous, l'occidentale, a privilégié le discours et l'intelligence ; lesdeux ont porté leurs fruits, mais il apparaît de plus en plus nettement que les fruits en question se

découvrent des angles acérés et que le chemin qui a de l'intelligence commence à faire peur. Nombreux sont ceux qui vont alors traquer dans les spiritualités hindoues ou chinoises, dans lesdiverses traditions " la voie qui a du cœur ".

- Mais il y a une deuxième raison : la curiosité, le désir de possibilités mentales enfouies dans lecerveau de l'homme, mais dont il ne posséderait pas le mode d'emploi. Ainsi les neurobiologistescommencent à admettre ce que, avec une autre formulation, l'Orient a toujours affirmé : l'idée d'unfonctionnement psychologique différent. Alors se trouve réactualisé le nihuan des taoïstes, la portemystérieuse localisée au centre du cerveau qui, franchie, permet de découvrir la " source " qui est ennous depuis le commencement. Mais la tradition a de l'avance sur la " parapsychologie " dans lamesure où elle prétend posséder les méthodes pour parvenir au surgissement de cette nouvelleconscience, à travers la réalisation de ses maîtres ou gourous. C'est ainsi qu'un mot ancien,

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méditation, entre en mode, opposant la recherche de l'être et celle de l'avoir, la sagesse et laconnaissance.

Ce qu'il faut nécessairement constater, c'est que cette approche de l'Orient et d'un comportement deméditation est difficile pour une forme de culture qui s'est développée selon d'autres valeurs.Succinctement, nous pouvons nous définir comme une culture fascinée par les mots et décapitée pource qui concerne le corps. Je ne pense pas être excessif. L'Orient c'est tout le contraire : méfiance pourtoute démarche exclusivement intellectuelle, conviction que l'essentiel ne peut être " engrangé " ettransmis par des mots. Pour s'en convaincre, il suffit de comparer les trajets respectifs des maîtres à

 penser des deux cultures : Socrate, Platon, le Christ d'une part, le Bouddha, par exemple, de l'autre.

D'un côté nous avons des histoires d'intarissables bavards, remplies de miracles et de démonstrations,

de l'autre l'histoire d'un muet qui se contente d'une assise silencieuse, interrompue seulement, racontela tradition, par le mouvement furtif d'une fleur dans sa main en direction du disciple privilégié dontla compréhension sera immédiate. Et pourtant, que la tentation est grande de parler de ce que

 promettent les spiritualités hindoues ou chinoises, ne serait-ce que pour trouver un alibi à une critiquede notre propre culture. Ce qui est évident, c'est que toute notre éducation nous porte beaucoup plus àdiscuter qu'à expérimenter ou à éprouver. Qu'est-ce que la liberté, qu'est-ce que la passion, qu'est-ceque le Tai-chi chuan ? demande l'élève occidental avec beaucoup de courtoisie, mais sans réaliserl'extrême violence de son interrogation qui exige une réponse, un éclaircissement théorique immédiat

 pour un problème qui n'a jamais été posé, affronté par celui qui interroge.

Pour la tradition, le droit à la question suppose pour l'élève une réflexion préliminaire,l'aboutissement d'une recherche personnelle. Mais l'Orient, c'est aussi la certitude surprenante que le

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corps est un moyen lumineux de parvenir à la réalisation, à l'Eveil spirituel. Nos écoles préparent des bacheliers capables de disserter sur l'unité du corps et de l'âme chez Platon mais qui, par ailleurs, setrouvent en grande difficulté pour porter leur attention (sinon leur âme) sur leurs sensations ou sur lerythme de leur respiration ; ou bien encore, dans le même temps, ils persévèrent à ne voir dans leBouddha qu'un " gros type " qui se tient d'une manière curieuse. Évoquer une position correcte

 permettant un bon placement du bassin et de l'axe vertébral n'est efficace que si l'on fait allusion audéficit de la Sécurité sociale aggravé par la pathologie du dos. L'idée d'un homme estimant qu'il est

mieux placé que n'importe quel professeur pour trouver ce qui est en lui, jugeant prioritaire de secomprendre lui-même avant d'expliquer aux autres comment ils fonctionnent (pour autant qu'il faillel'expliquer), est une idée " originale " dans notre mentalité.

Dans son livre " Hara " K.-G. Dürckheim (Le Courrier du Livre, 1982) constate que la cultureoccidentale est une culture sans ventre, et qui ne peut s'investir qu'à un niveau de tête. Cette difficultéà approcher le corps, à " dégeler " le ventre, je l'ai rencontrée dans une école secondaire où un grouped'élèves pratiquait le Tai-chi chuan. Il nous a fallu plusieurs mois pour parvenir à oublier le regardextérieur et à fermer les yeux en seiza (assise silencieuse), pour que réchauffement à partir demassages individuels (ou sur le dos du copain) ne soit pas compensé par des rires ou des plaisanteriessusceptibles de... mettre à l'aise. La démarche n'impliquant aucune compétition ou comparaison avecle partenaire, mais réclamant une attention à soi et à l'autre, était vécue comme extrêmement difficileet nouvelle. A cela s'ajoutait la nécessité de substituer un mouvement lent et continu, animé del'intérieur, à une occupation du temps discontinue et décidée de l'extérieur. Enfin, le Tai-chivéhiculait un certain nombre d'idées qui s'opposaient aux principes habituels et redoublaient sonétrangeté :

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- Nous l'abordions comme une technique de " dégonflement " privilégiant le vide, l'expiration, laréduction du thorax et la détente du ventre. Toute leur formation (comme la nôtre) reposait sur desnotions opposées : aspiration esthétique d'une cage thoracique développée et d'un ventre gommécorrespondant sur le plan intellectuel à l'ambition légitime de " se gonfler " de connaissances pourréussir aux examens ou dans la vie. Il leur était demandé de passer de l'inspiration permanente etconseillée à l'expiration mal vue, mal notée.

- Nous insistions sur l'aspect mouvement, changement perpétuel du Tai-chi chuan. Pratiquer unedémarche où l'on est propriétaire de rien, où l'installation n'est pas possible ni souhaitée, leur donnaitl'impression de jouer les caméléons tristes. Et puis un jour, sans le vouloir bien sûr, Jacques Brelm'aida par l'intermédiaire d'un élevé qui rapporta une boutade du chanteur apparemment très...Tai-chi: " Moi, j'habite toujours ma valise ! " De cette manière, le mouvement n'était plus synonymed'indifférence et il devenait possible d'être attentif à ce qui surgit et disparaît.

Je voudrais ajouter deux remarques : La volonté intellectuelle d'atteindre le maximum de clarté, dedégager des possibilités de recherche n'est pas à brûler. Mais ce qui est important, c'est de délimiter le

 point où la démarche intellectuelle doit obligatoirement passer le relais à l'expérience directe quiimplique ressenti et apprentissage. Le proverbe japonais qui demande d'oublier le doigt lorsqu'on a

 perçu ce qu'il indiquait (la lune ou les étoiles) ne dit pas que le doigt était inutile. Nous priver de nosmoyens d'analyse face à l'opacité spirituelle de l'Orient serait sans doute aussi dangereux que de lessanctifier à l'extrême. Cela est valable pour le langage ; conscient de ses limites, nous n'avons pas

 pour autant à le dévaloriser totalement. Significative à cet égard, la première et célèbre phrase deLao-Tseu dans le Tao-te kîng : " Le Tao dont on parle n'est pas le Tao ", qui néanmoins, précède

quelques milliers de mots s'efforçant de saisir l'informulable : le Tao. La conception relativementrépandue qui consiste à poser une culture occidentale complètement démunie, " nue comme un ver "

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dans sa tentative d'approcher la quête des traditions orientales, ne me semble pas véritablementfondée. L'Art, vers lequel nous ne tournons pas suffisamment le regard, participe d'intentions quin'ont rien à envier aux recherches hindoues ou chinoises. Nous aurions à gagner à être attentifs à nosmusiciens, peintres et poètes. Il est vrai que nous sommes loin de les considérer comme des gourousdignes d'écoute.

Les trois aspects du Tai-chi chuan

Depuis quelques années, le public français attentif aux démarches corporelles a pu voir apparaître denombreux articles sur le Tai chi chuan dans les principaux journaux et magazines. Sa présentation estmultiforme : quelquefois, assimilé à une acupuncture en mouvement, ses bénéfices thérapeutiques

sont privilégiés ; d'autres analyses le proposent comme une activité physique susceptible de s'intégreraux nouvelles formes de gymnastique psychosomatique supposant une prise de conscience destensions, une écoute musculaire et respiratoire. Enfin, des spécialistes des arts martiaux au Japon, auxU.S.A, et même en France, consacrent des essais à cette grande origine chinoise des techniques decombat à mains nues. Certains professeurs de Tai-chi insistent sur la démarche de méditation qui lesoutient, d'autres sur l'aspect gymnique de la pratique, d'autres enfin sur l'aspect martial. Pour lesChinois, les trois aspects sont inséparables.

Méditation, gymnastique et acupuncture en mouvement, art martial : les aspects du Tai-chi chuan

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sont multiples, mais supposent tous l'actualisation et l'utilisation d'une énergie particulière appeléech'i. Cette énergie est comparable au sang, non seulement parce qu'elle est conçue commeabsolument nécessaire, mais aussi parce qu'elle circule également à travers le corps en suivant desvoies de passage nommées " méridiens ". La notion de ch'i s'exprime dans le deuxième groupe ducaractère chinois, où l'on voit un homme de profil dont la main droite sait transformer l'énergie issuede la bouche (nutrition).

Tai-chi chuan méditation 

La notion de méditation dans sa relation au Tai-chi chuan est à définir à deux niveaux :

- II est évident que lorsque la " Longue forme " (l'enchaînement des mouvements) est acquise,maîtrisée et respirée, on dispose d'un moyen de relaxation physique et mentale particulièrementefficace. Je ne connais pas de styles externes ou internes offrant un mouvement-kata aussi long que leTai-chi, et cela a sans doute compté pour beaucoup dans sa popularité. Dès ce premier niveau, la

démarche nous introduit dans une situation d'espace et de temps très différente du quotidien : le plussouvent, nous ne sommes pas là - ici et maintenant - mais nous digérons du passé et délirons del'avenir, capturés par l'imaginaire entre des événements finis et des moments rosés qui n'arriveront

 jamais ou qui n'arrivent pas toujours de la manière escomptée. D'une façon lapidaire, disons que lemouvement tai-chi nous oblige à cesser de " bourdonner ", c'est-à-dire à focaliser notre attention surchaque instant présent, sur le surgissement du geste nouveau dans celui qui s'efface. Mais les maîtresde Tai-chi chuan ont eu, pour leur art, d'autres prétentions qu'une simple finalité de relaxation, siintéressante soit-elle.

- La méditation propre au Tai-chi chuan est à éclairer à partir du taoïsme, et nous reviendrons sur

cette forme de spiritualité chinoise et ses intentions. Nous préciserons cette méditation qui présentedeux pratiques essentielles : une attitude mentale (Cunsi ou le " Cœur vide ") et une recherche

 particulière au niveau de la respiration et de l'énergie (Taixi ou la " Respiration embryonnaire ").

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Tai-chi chuan gymnastique 

II est tout à fait légitime d'assimiler le Tai-chi chuan à une gymnastique douce. " La " Longue forme" est un exercice pour se connaître soi-même ", disent les maîtres chinois. La signification de la

 phrase traditionnelle implique une approche du corps et du mouvement à partir d'une triple préoccupation :

- Découvrir, observer comment " Je fonctionne " dans le mouvement, qui domine et entraîne : lesépaules ? les bras ? le ventre ou les jambes ? D'habitude, nous ne nous posons pas de telles questions,et grande est la surprise de celui qui débute de constater qu'un corps - le sien en l'occurrence - est fait

de parties, d'éléments qui n'acceptent pas toujours de vivre ensemble ou alors qui s'opposent, quel'autogestion désirée au niveau social n'est déjà pas très claire, facile, au niveau corporel, individuel.Le Tai-chi chuan exige une conscience de la totalité du corps, mais le mouvement doit être animé,dirigé par le ventre. Cette conscience impérative du ventre est une des plus grandes difficultés de ladémarche. On entend, on comprend, on pense ce qu'il faut faire, mais on constate que c'est le pied oula jambe qui ont décidé et entraîné le corps. Ainsi, le bassin/ventre est transporté par la périphérie etne joue aucun rôle. La coordination, l'articulation du mouvement supposent un déplacement ventre,épaules, coudes, et poignets/mains. Je prends souvent l'exemple de la mer, milliards de vagues dontl'énergie est nécessaire pour pousser la dernière vague sur le sable.

- Rechercher constamment l'énergie minimum pour développer le mouvement et assurer tous lesdéplacements dans l'espace. Idée chinoise ancienne, mais aussi très moderne : l'énergie est donnée à

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l'origine, mais son entropie inévitable est une bonne raison pour ne pas la gaspiller.

- Gommer les tensions afin d'économiser l'énergie, mais aussi pour gagner en sensibilité et enattention : une contraction est toujours une rupture, donc une vulnérabilité.

Je ne voudrais pas présenter le Tai-chi chuan comme la panacée. Cette dernière est toujours un choixindividuel et c'est bien ainsi. Il s'agit pour chacun de trouver ce qui lui convient le mieux, et cela peutêtre aussi le yoga, la danse, la gymnastique classique, le karaté, etc. Néanmoins, sans entrer encompétition avec la gymnastique européenne qui garde sa spécificité et son efficacité, le Tai-chi avecses mouvements lents est très bénéfique au niveau musculaire ; les muscles n'ont pas à être brutalisés

 pour se développer harmonieusement. Cela permet également à la démarche d'être pratiquée àn'importe quel âge, sans aucune contre-indication en ce qui concerne l'axe corporel.

Tai-chi chuan art martial

A Hong Kong, un maître de Tai-chi m'a raconté une petite histoire qu'il pensait éclairante sur sonart... " II était une fois un vieux maître qui posait un oiseau dans sa main - sans doute une hirondelle

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de Chine - et ceux qui l'entouraient pouvaient s'étonner de voir les efforts inutiles de l'oiseau pours'envoler. Minuscule force incapable de trouver un point d'appui, sentie et captée par un autremouvement invisible : l'extrême sensibilité de la paume ouverte. " J'ai beaucoup marché à HongKong, mais je dois avouer ne jamais avoir rencontré le vieux Chinois de l'anecdote paisible.

 Néanmoins, elle illustre bien la recherche et la spécificité du Tai-chi chuan en tant que technique decombat.

Les arts martiaux chinois se répartissent en styles externes (wai chia / écoles exotérique) et en stylesinternes (nei-chia / école ésotérique). Dans les premiers, il s'agit _ même lorsque les intentions sont

 plus ambitieuses _ de développer essentiellement la force musculaire et la rapidité ; en d'autrestermes, de bloquer l'énergie de l'autre et de détruire sa capacité d'agression. Le Shaolin qui,transformé à Okinawa sera à l'origine du Karaté, en est l'exemple type. Le Tai-chi chuan est classédans les styles internes avec le Pa Kua chuan (ou boxe des 8 trigrammes). Ce qu'il faut développerici, c'est une énergie particulière qui s'obtient à la fois par une maîtrise de la force musculaire et une

 position du corps respectant des exigences très précises, enfin par un travail particulier etfondamental de la respiration.

Pour ce qui concerne les styles internes, il s'agit de " prendre " et de " ressortir " l'énergie qui agresse.Tout cela est bien sûr facile à dire et à écrire, mais beaucoup plus difficile à réaliser. J'ai travaillé àTaipeh avec un maître qui n'était pas très vieux, qui ne fixait pas les oiseaux dans sa main et qui

 pourtant avait un grand art pour " ressortir " la force. En riant, il projetait à .plusieurs mètres, d'unesimple caresse _ apparemment _ le partenaire qui lui avait frappé l'épaule. Chacun des spectateursavait la possibilité de tenter l'expérience en disant au maître : " Ce n'est pas possible qu'un petit coup

 puisse déséquilibrer à ce point "... Essai immédiat et gratuit, sans douleur, mais qui " blanchissait " lecerveau durant une seconde fulgurante.

La question de savoir si les styles internes ont précédé les styles externes ou si, à l'inverse, le Tai-chichuan s'est développé à partir du Shaolin est fréquemment posée. La réponse est souvent liée à ladémarche d'élection. Ce qui est certain, c'est que Shaolin et Tai-chi constituent une des grandesorigines des arts martiaux orientaux ; ce qui est également évident, c'est que ceux qui pratiquent lesformes martiales dures fondées sur la rapidité et la force finissent souvent par une recherche del'énergie interne liée à une plus grande relaxation musculaire. Cela revient à retrouver, consciemmentou non, les intentions du Tai-chi chuan séculaire. Ainsi, le plus ancien se découvre le plus actuel.

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Les principes essentiels du TaiJi Quan De Yang ChenFu

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extrait de TaiJi Quan, art martial, technique de longue vie / Catherine Despeux / Trédaniel

1) Vider la nuque et maintenir l'énergie au sinciput :

Maintenir l'énergie au sinciput, c'est tenir la tête et le cou droits, et "suspendre la tête par sonsommet". Celui qui peut maintenir l'énergie au sinciput commence à être capable d'exécuter lesmouvements correctement ; son énergie spirituelle est alors reliée au sommet de la tête. II convient dene pas employer la force musculaire qui raidirait le cou, gênant la circulation du sang et du souffle.Pour vider la nuque, il faut chasser toute pensée ordinaire, de sorte que le souffle pur monte et lesouffle impur descende. Si l'on peut vider la nuque et maintenir l'énergie au sinciput, la force vitale semet en branle d'elle-même ; léger et agile, le corps entier est bien centré, sans pencher d'un côté ni del'autre, et les jambes sont dans la position du cavalier en selle d'une grande stabilité.

2) Rentrer légèrement la poitrine et étirer le dos :

Pour rentrer légèrement la poitrine, il faut la retenir vers l'intérieur, tout en la gardant relâchée. La poitrine est plus ou moins rentrée selon les mouvements. Une fois la poitrine rentrée, les épaules peuvent être solidement accrochées et les bras allongés Si l'on bombe la poitrine, le souffle estcomprimé à ce niveau et ne peut circuler dans les bras ; la partie supérieure du corps est lourde, la

 partie inférieure légère et les pieds ne tiennent pas fermement au sol. Pour rentrer la poitrine, il fautétirer le dos, c'est-à-dire relâcher la colonne vertébrale, comme si elle était tirée par le haut. Dans lemême temps, il faut relâcher les épaules et laisser tomber les coudes le long du corps, sinon les

 poumons sont comprimés et le processus physiologique gêné. De même, il faut veiller à ce que lesouffle adhère au dos, pénètre dans la colonne vertébrale et s'y accumule ; il faut rentrer légèrementla poitrine et étirer le dos pour se ramasser avant l'émission (de l'énergie) L'énergie décochée part dela colonne vertébrale, il ne s'agit pas uniquement de la force musculaire des bras.

3) Relâcher les épaules et laisser tomber les coudes :

Dans la pratique du Taiji quan, il convient d'employer la pensée créatrice et non la force musculaire.Les épaules doivent être relâchées et les coudes tomber le long du corps. Ainsi, les épaules peuventêtre solidement accrochées et les bras être étirés S'il y a le même écart entre les deux épaules et lesdeux coudes, l'énergie commence à pouvoir circuler jusque dans les mains et être émise. Sinon, lescoudes sont à l'horizontale, les épaules haussées ; il en résulte que les bras ne sont pas maîtres de laforce musculaire et n'ont absolument pas de légèreté, d'agilité, de rondeur et de vivacité ; il ne sauraità plus forte raison être question d'émettre l'énergie.

4) Relâcher la taille :

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La taille est le maître de tout le corps. Les pieds n'ont de la force et le bassin de l'assise que si l'on estcapable de relâcher la taille. Les passages du "plein" au "vide" s'effectuent à partir de mouvementstournants de la taille. C'est pourquoi l'on dit : "La source du commandement est à la taille". Lemanque de force provient de la taille et des jambes.

5) Employer la pensée créatrice et non la force musculaire :

Il est dit dans le Traité sur le Taiji quan : "Tout réside dans l'emploi de la pensée au lieu de la force"'.Pendant la pratique du Taiji quan, tout le corps est détendu, de sorte que pas la moindre énergiegrossière ne subsiste et ne stagne entre les os, les muscles ou les veines, vous ligotant ainsi vous-même. C'est alors seulement que l'on peut effectuer les passages d'un mouvement à l'autre aveclégèreté et facilité, et exécuter les mouvements tournants avec naturel. Certains doutent qu'il soit

 possible d'avoir une force durable sans l'emploi de la force musculaire, mais le corps humain possèdedes canaux de circulation du souffle, de même que la terre a ses rigoles. Si les rigoles ne sont pasobstruées, l'eau coule ; si les veines ne sont pas bouchées, le souffle circule. Lorsqu'une énergie raideemplit ces canaux, le sang et le souffle sont gênés, les mouvements tournants manquent d'agilité et il

suffit de tirer un cheveu pour que tout le corps suive. Si au lieu de la force musculaire on emploie la pensée créatrice, là où la pensée parvient, le souffle parvient. De la sorte, le sang et le soufflecirculent continuellement dans le corps sans s'arrêter un seul instant. Grâce à un long entraînement,l'on acquiert la véritable énergie intérieure, et comme il est dit dans le Traité sur le Taiji quan : "Lasouplesse et la flexibilité extrêmes produisent la résistance et la rigidité extrêmes ." Ceux qui sontfamiliarisés avec la technique du Taiji quan et la maîtrisent ont les bras semblables à du fer entouréde coton, la force y est enfouie profondément, tandis que les disciples de l'école exotériquemanifestent la force musculaire dans l'action et semblent flotter dans l'inaction. Cela prouve que leurforce musculaire n'est qu'une énergie superficielle. Quand on emploie la force musculaire à la placede la pensée créatrice, l'adversaire peut très facilement vous inciter à vous mouvoir, cela ne mérite

 pas notre estime.

6) Relier le haut et le bas : 

Relier le haut et le bas c'est se conformer à ce principe énoncé dans le Traité sur le Taiji quan :"L'énergie prend racine dans les pieds, se développe dans les jambes, est commandée par la taille etse manifeste dans les doigts. Des pieds, aux jambes, à la taille, il faut une unité parfaite." Toutmouvement des mains va avec un mouvement de la taille ; quand les pieds se meuvent, l'énergiespirituelle des yeux (le regard) se meut en même temps et les suit ; dans ce cas, l'on peut dire que lehaut et le bas sont reliés ; mais si une seule partie du corps ne se meut pas avec le reste, il y adésordre et dislocation.

7) Unir l'intérieur et l'extérieur :

Le travail du Taiji quan est un travail de l'énergie spirituelle. C'est pourquoi l'on dit : "L'énergiespirituelle est le maître, le corps le valet." Si l 'on peut mettre en branle la force vitale, lesmouvements sont spontanés, légers et agiles. L'enchaînement des mouvements suit les principes(d'alternance) de "plein" et de "vide", d'ouverture et de fermeture. Quand on parle d'ouverture il ne

s'agit pas uniquement d'ouverture des pieds et des mains, mais aussi de l'ouverture de la pensée et del'esprit. De même, la fermeture n'est pas seulement une fermeture des pieds et des mains, mais aussi

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de la pensée et de l'esprit. Si l'intérieur et l 'extérieur peuvent être unis en un seul souffle, tout est parfait.

8) Lier les mouvements sans interruption :

Dans les arts de combat de l'école exotérique l'énergie employée est l'énergie grossière du "ciel postérieur". Il y a donc des départs, des arrêts, des enchaînements, des interruptions. C'est au moment précis où l'ancienne force arrive à sa fin et où la nouvelle n'est pas encore née que l'on peut le plusaisément être vaincu. Comme, dans le Taiji quan l'on utilise la pensée et non la force musculaire, toutest lié sans interruption du début à la fin ; quand une révolution est terminée, une autre commence, lemouvement circulaire se déroule à l'infini. II est dit dans le Traité originel : "La longue boxe estsemblable aux flots d'un long fleuve ou de la mer, qui se meuvent continuellement et sans fin." Ouencore : "Faites se mouvoir l'énergie comme un fil de soie que l'on dévide d'un cocon." Toutes cescomparaisons suggèrent que tout est relié par un seul souffle.

9) Rechercher le calme au sein du mouvement : 

Dans les arts martiaux de l'école exotérique, la capacité de sauter est considérée comme trèsimportante, et l'on y utilise jusqu'à épuisement la force musculaire et le souffle. C'est pourquoi, aprèss'être exercé, le boxeur est toujours haletant. Dans le Taiji quan, on dirige le mouvement par le calme; bien que mouvant, l'exécutant reste calme ; c'est pourquoi il est préférable d'exécuter l'enchaînementdes mouvements le plus lentement possible. Grâce à ta lenteur, la respiration devient longue et

 profonde, le souffle est concentré dans le champ de cinabre, et le pratiquant n'a naturellement pas lesartères battantes. Les adeptes doivent s'appliquer à comprendre cela, mais peu y arrivent.

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Légende et Histoire du Tai Chi Chuan Synthèse par Au Fil Du Temps

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesnovembre03.htm - haut 

En Chine, les monts Wudang sont aux arts internes ce que le temple de Chaolin est aux arts externes.C'est dans ces monts, hauts lieux renommés du Taoisme, dans les brumes de la province du Hébai,que se trouvent les sources des arts internes. Les monts Wudang sont associés au personnage deZhang Sanfeng, philosophe et ermite taoïste qui y séjourna et qui vécut entre le début du XII siècle etla fin du XIIIème siècle. On lui attribue la création du Tai Chi Chuan...

La légende :  

Le sage Chang San-Feng était natif de I-Chou dans la province de Liaotung. Il était haut de sept pieds, charpenté comme une grue et avait l'allure d'un pin. Son visage était comme une anciennelune, avec de gentils sourcils et des yeux généreux. Ses moustaches étaient taillées comme des lanceset, été comme hiver, il portait le même large chapeau de bambou. Portant un cache poussière en crinde cheval, il pouvait parcourir un millier de miles en une journée. Au début du règne de Hung-wu, ilvoyagea jusqu'aux montagnes T'ai-ho dans le Sichuan pour pratiquer les arts taoïstes et s'établit dansle Temple du Jade Vide. Il pouvait réciter les classiques par cœur après une seule lecture. Dans la

vingt-septième année du règne de Hung-wu, il se rendit dans les monts Wudang, dans le Hubei, où ilaimait discuter des classiques et de philosophie avec la population locale.

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Un jour, il était à l'intérieur récitant les classiques lorsqu'un oiseau plein d'allégresse se posa dans lacour. Son chant sonnait comme les notes de la cithare. Le sage observa l'oiseau de sa fenêtre…

L'oiseau reprit de l'altitude, puis scruta, tel un aigle, un serpent lové sur le sol. Les cris aigus,courroucés, de l'oiseau percèrent la quiétude de la chaude journée d'été : l'oiseau hésite, rôde dans leciel bleu pendant un moment ; quand tout à coup il pointe son bec affûté et attaque en piqué pourtuer.

Mais le serpent est alerte. Il esquive de la tête en un mouvement aisé et spiralé. L'oiseau fonce denouveau en se battant avec ses ailes ; le serpent se contorsionne encore. Le long serpent agite la tête,ondulant çà et là pour échapper aux ailes de l'oiseau qui, frustré et déconcerté, retourne en altitude.Puis encore et encore, l'oiseau plonge frénétiquement, mais le serpent évite tout effort avec talent, etse porte hors de danger grâce à un nouveau mouvement en spirale. Le serpent feint alors la fatigue eninvitant l'oiseau à l'approche. L'oiseau tombe dans le piège et le serpent se dresse et enfonce ses dentsdans la victime surprise.

Pendant ce combat pour la survie, les yeux de Chang Sen-Fong, surveillent attentivement. Intrigué par l'habileté du serpent à éviter soigneusement les féroces coups d'estoc de son adversaire, le philosophe étudie et mémorise ses mouvements. L'oiseau fait des mouvements saccadés et dispersés.Le serpent se meut en souplesse et en cercles. Il comprend alors que la souplesse et l'attention

gagnent sur la raideur et la dispersion.

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De ce combat, Chang San-Feng reçut une révélation : le serpent alliant force et souplesse reflètait,dans sa forme lovée, l'image des énergies yin et yang, symbole du Tai Chi Chuan, comprenant le

 principe du souple enveloppant le dur. Se fondant sur les transformations du Tai Chi (le GrandUltime), le sage développa le Tai Chi Chuan pour cultiver l'énergie et l'esprit (shen), le mouvement etle repos, croissance et décroissance… Chang commença par travailler sur un système de self défense

 basé sur les mouvements du serpent et les principes du Yin et du Yang. Ses efforts ont marqué lesdébuts du Tai Chi Chuan en Chine. Il pratiquait chaque jour pendant des heures avant d'enseigner lanouvelle forme de self défense à quelques étudiants choisis. Le secret ne fut pas dévoilé au grand

 public avant le XXème siècle.

La chronologie histori que :  

L'essence de la création du Tai Chi Chuan provient d'éléments divers apparus au fil du temps et des

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siècles dans l'histoire de la Chine :

3500 av JC: Premières traces de la pratique de la médecine traditionnelle chinoise.

1400 av JC : Premières traces de la pratique martiale en Chine sur poteries et fresques.

3ème s. av JC : Hua To, médecin crée une gymnastique thérapeutique, jeu des 5 animaux.

4ème s. ap JC : Ge Hong, taoïste introduit des exercices respiratoires dans la pratique martiale.

6ème s. ap JC : La rencontre de différentes disciplines -arts martiaux, médecine chinoise, techniques de méditation-

fonde l'origine des arts martiaux "internes ".

  Dynastie des SONG du Nord (960/1127) 

Les arts martiaux se diversifient, la pratique jusqu'ici réservé aux militaires et aux religieux se popularise aux civils tel les paysans qui apprennent pour se défendre et se battre.

  Dynastie des MlNG (1368/1644) 

Chan San Feng Ermite taoïste, observe le combat d'un serpent et d'un oiseau, et en tire l'enseignement de l'efficacité,de la rondeur et de la souplesse sur la rectitude et la dispersion.

Général Qi Jiguang 16ème (1528-1587)Répertorie et regroupe les points forts de 16 écoles d'arts martiaux et codifie un enchaînement de

 boxe "longue", "chang quan " de 32 mouvements.

  Dynastie des ING 1644-1911 Mandchous 

Les arts martiaux sont formellement interdits par décret impérial. Cette décision favorise ledéveloppement des arts internes, plus "discrets " que les arts externes.

Chen Wang Ting 17ème (1600-1680)9ème génération de la famille Chen (Chen Bu 1372)Originaire du district de Wenxian, province du HenanMilitaire en retraite, on lui attribue la paternité du "style Chen"Compilation de techniques martiales, tuishou, médecine traditionnelle chinoise, alchimiste...Onretrouve en autres 29 techniques des 32 mouvements de la boxe de Général Qi Jiguang

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Yang Lu-chan 19ème(1799-1872)Originaire du Yongxian. Province du Hebei.Serviteur au sein de la famille Chen (Chen Changxing).Est admis par le maître dans son cours, et perfectionne son apprentissage.Est le déclencheur de la popularisation de l'enseignement jusque là réservé aux familles privilégiées

Yang Cheng-fu fin 19ème début 20ème (1883-1936)

Petit-fils de yang Lu-Chan.Développa le standard actuel forme "styleYang".

Dong (Tung) Ying-Jie (1898-1961)Originaire de Xintai, province du Hebei.Assistant principal de Yang Cheng-Fu pendant 17 ans, et co-auteur de ses livres.

Dong (Tung) Hu-Ling (1917-1992)Fils de Dong Ying-Jie

Dong (Tung) Kai-Ying (1941-)Petit-fils de Dong Ying-Jie

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Le grand Taï Chi et le petit Taï Chi Par Maître Tung Kai Ying

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesdecembre03.htm - haut 

Paru en Mars 1977 dans Tai Chi vol.1 n°2 Los Angeles

L'univers est un grand Taï Chi et le corps humain est un petit Taï Chi. Comme le corps humain possède les caractéristiques du Taï Chi, tout être humain peut pratiquer le Taï Chi Chuan. Ens'accordant à l'esprit interne chacun peut re-cultiver l'énergie et la santé qu'il a possédées, développerses potentialités. Le corps humain est comme une machine qui se rouille si elle n'est pas utilisée

 pendant longtemps. La rouille peut bloquer le passage du Chi ou énergie vitale, et la circulation dusang. Ainsi commencent tous les maux…Si quelqu'un veut discipliner son corps, la pratique du Taï

Chi Chuan est le meilleur exercice. En pratiquant, il faut accomplir le Chi par l'esprit et la nature etnon par l'exercice physique de la force. Ainsi n'y a-t-il pas à souffrir de fractures osseuses, de lésionsmusculaires ou d'écorchures sur la peau.

Mais s'il n'y a pas d'effort physique, d'où vient donc la force ?

L'explication est celle-ci : pendant les exercices, les épaules du pratiquant doivent être relâchées, lescoudes abaissés, la respiration descendue au"Tantien (région située en arrière du nombril). Le Tantienest le quartier général du Chi. C'est là que le Chi prend son départ pour circuler à travers le corps, lesorganes et les extrémités. Lorsque quelqu'un a pratiqué le Taï Chi Chuan pendant un certain temps,son esprit peut diriger le Chi à volonté, sa force est illimitée.

Le Taï Chi Chuan est basé sur un système interne d'exercices. Celui qui veut développer sa force et se

garder en bonne forme, quel que soit son âge, son sexe et sa vigueur, peut l'apprendre. Aprèsquelques mois d'étude et de pratique, l'élève constatera une amélioration graduelle de sa santé et serafamiliarisé avec les formes de base. Après trois ans de pratique attentive, les formes pourront être

 bien exécutées et, ainsi, appliquées automatiquement. L'étudiant qui pratique jour après jourdeviendra plus talentueux. Le guide ci-dessous l'y aidera.

- Il est préférable de pratiquer chaque jour, matin et soir. Deux ou trois fois par jour, c'est bien.

- Reposez-vous au moins une demi-heure ou une heure après un repas avant de pratiquer.

- Ne surestimez pas vos forces. Ne faites que ce que votre force et votre santé vous permettent de

faire. Si vous avez été soigné pour une indisposition, ne pratiquez pas tout de suite - attendez d'avoirrécupéré.

- En été, ne vous baignez pas dans l'eau froide après avoir été échauffé par l'exercice. Des bainsfroids risquent de renfermer hermétiquement la chaleur dans le corps, ce qui peut être nocif. Reposez-vous un moment et prenez le temps de vous rafraîchir.

- En hiver, mettez un manteau tout de suite après avoir pratiqué pour éviter de prendre froid.

- Ne vous asseyez pas tout de suite après l'exercice. Marchez quelques minutes pour faciliter lacirculation du Chi ou énergie interne, et pour équilibrer la circulation sanguine.

- Pendant la pratique ne laissez pas votre esprit devenir la proie des soucis et des préoccupations. Il

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doit être vide, sauf d'une totale concentration sur le Taï Chi Chuan.

- Le débutant, au départ, n'apprend qu'un ou deux pas à la fois. Il doit essayer d'être détendu et, enmême temps, sérieux dans son étude.

- Le Taï Chi Chuan semble bien difficile quand on commence à l'apprendre. Mais une fois que lesformes de base sont devenues familières, pratique et étude sont plus aisées.

Citations 

de Yang Chenfu :  

" Je souhaite que les élèves futurs ne soient pas détournés par les formes externes, mais recherchenttoujours la vérité interne."

de Tung Kai Ying :  

" Le TaiJi doit être aspiration à la sérénité et à la révélation de soi. C'est vraiment un exerciceintérieur....C'est aussi une méthode de self défense très élaborée et efficace...Plus de pratique

 permettra d'acquérir une subtilité sans fin. "

"Le propos du TaiJi n'est pas l'étalage de la force ou de la puissance, mais la recherche de la sérénitéintérieur et de la découverte de soi. La pratique reconstruit le soi intérieur tout autant que le corps. "

" Le propos de base du TaiJi c'est de vivre en meilleure santé par des exercices appropriés.Cependant, il en découle deux autres desseins : l'application de l'art au sport, et l'application de l'art àla self défense. Pour apprécier pleinement l'aspect exercice, l'étudiant doit se familiariser avec le

 principe du Taï Chi Chuan (Faîte Suprême). Le Chi est considère comme le coeur central du Taï ChiChuan (Poing du Faîte Suprême). C'est un concept semblable à celui du Ki en Aïkido. C'est une forcementale qui donne à celui qui l'utilise plus de puissance et de vigueur quand elle se combine à laforce physique. "

" Le TaiJi ne se copie pas; il faut apprendre ce qu'il y a sous la technique."

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de Tung Ying-Jie :  

" Pour devenir habile, vous devez suivre votre instinct : vos mouvements et votre repos, ombres etlumières, ouvertures et fermetures, tout se met peu à peu en ordre ; alors votre instinct se révèle

 pleinement. "

" Au début de l'exercice, on ressent des courbatures dans tout le corps. C'est la transformation de la

force brute. Il n'y a lieu ni de s'inquiéter, ni de se décourager. Au bout de quinze jours, lombes et jambes deviennent légers et allègres ; l'esprit et le souffle s'amplifient. .Avant la pratique de l'artmartial, les vaisseaux sont bloqués ; les tendons se rétractent et se raccourcissent ; c'est pourquoi laforce se fixe aux épaules et au dos. Après l'entraînement, les vaisseaux communiquent librement ; lestendons s'allongent et la force se déploie. Des épaules et du dos, elle passe par le bras, le poignet et semanifeste aux doigts. Progressivement, on abandonne ainsi la nature acquise et on retrouve la natureinnée. Si l'on acquiert la capacité de la nature innée, c'est la merveille prodigieuse."

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Les Chevaliers errants Par Catherine Despeux

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesjanvier2004.htm - haut 

extrait de TaiJi Quan, art martial, technique de longue vie / Trédaniel

Pour l'Occident, la Chine, lorsqu'elle n'est pas envisagée sous son aspect actuel, n'est trop souventque l'empire du Milieu, celui des lettrés, des calligraphes, à la recherche du raffinement en toutescirconstances. C'est oublier la réalité quotidienne d'un peuple innombrable et essentiellement rural,oublier que la Chine fut sans cesse menacée par les guerres frontalières autant qu'intérieures, etqu'elle a par conséquent développé une forte tradition d'autodéfense. Les arts militaires ont donc detous temps joué un rôle important dans la civilisation chinoise, dont l'idéal était d'ailleurs un équilibreentre les vertus civiles et les vertus militaires. Le Taiji quan est l'une de ces techniques d'autodéfense.Ce terme signifie " technique de combat à main nue du Faîte Suprême " ; il s'oppose au Taiji jian "technique de l'épée du Taiji " ou Taiji dao, " technique du sabre du Taiji ". Il a été classé par lesChinois dans les arts martiaux (wushu).

Dans la tradition chinoise, la force guerrière n'est pas tant destinée à attaquer, qu'à se défendre et àinstaurer la " grande paix " (taiping), un thème que l'on retrouve tout au long de l'histoire de l'empire.Cet idéal de la grande paix, des groupes ou des sociétés secrètes aussi bien que certains individus se

 présentant comme défenseurs de la justice, se sont efforcés de le concrétiser. A côté de l'arméeimpériale, des héros sont apparus dont l'idéal était de prôner la justice, allant pour cela jusqu'àsacrifier leur vie, et n'hésitant pas à s'opposer à l'ordre impérial lorsqu'il était source d'injustice. Unadage chinois dit à leur propos : " Dès qu'ils trouvaient du désordre sur leur chemin, ils sortaient leursabre pour apporter leur aide. " On s'en doute, ces actions chevaleresques étaient fort respectées etadmirées d'un peuple qui avait parfois autant à souffrir de la rapacité des fonctionnaires que des

attaques de brigands.

La littérature populaire abonde en histoires de ces héros, présentés en modèles au lecteur. Parmi les plus célèbres, citons le roman Au bord de l'eau de la dynastie des Ming, qui retrace les exploits dechevaliers redresseurs de torts, et reflète fort bien l'état de la société paysanne de l'époque. Tout aussicélèbre est le Roman des Trois Royaumes, récit des exploits de Zhang Fei, Liu Pei et Guanyu, cedernier ayant d'ailleurs été divinisé pour devenir le protecteur des villages. La dynastie des Qing(1644-1912) a connu une floraison de ces romans de cape et d'épée, dont les héros sont dotés demaints pouvoirs surnaturels.

L'existence de ces héros chevaleresques si populaires a été considérée par Sima Qian, premierhistorien officiel de la Chine, comme un phénomène suffisamment important pour qu'il leur consacre

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dans ses Mémoires historiques deux biographies, la " Biographie des assassins " et la " Biographiedes chevaliers errants ", cette dernière étant introduite par cette citation du Hanfeizi, ouvrage légistedu IIIe siècle av. J.-C. : " Les Confucéens embrouillent la loi avec leurs écrits, les chevaliers errantsviolent les interdits en usant de leur force, tous deux sont à désapprouver. "

Sima Qian étant historien de la Cour ne pouvait nous livrer directement son opinion personnelle,mais il semble bien qu'en mettant cette citation en tête de ces biographies, il veuille se démarquer de

la suite du texte, qui laisse percer une certaine sympathie pour ces chevaliers dont il nous rapportel'existence. Ces chevaliers errants étaient un objet de crainte de la part du pouvoir central, auquel ilsn'hésitaient pas à s'opposer, crainte justifiée puisqu'ils participèrent au renversement de plusieursdynasties, telle celle des Yuan.

Dans ces biographies, Sima Qian distingue plusieurs sortes de chevaliers : les chevaliers plébéiens,les chevaliers des villages et ceux des villes. Cependant, les différentes études consacrées à ceshommes ne s'accordent pas pour en faire un groupe social particulier. Ces chevaliers errants et ceshéros agissaient le plus souvent à la tête de milices qu'ils constituaient eux-mêmes ou qu'ilstrouvaient déjà constituées dans les villages. Il semble qu'au cours de l'histoire chinoise, la plupartdes villages se soient dotés d'une structure d'autodéfense plus ou moins élaborée suivant leur

importance. Ce pouvait être ainsi une famille entière au sein de laquelle se développaitl'enseignement des arts martiaux. Quant à l'origine sociale des membres de ces milices, la littérature populaire la précise rarement, encore qu'il semble établi qu'elles accueillaient un grand nombre de filsde familles pauvres.

C'est dans l'une de ces milices paysannes que le Taiji quan apparut au XVIIème siècle. La plupart desmaîtres étant de basse extraction, nombre d'entre eux ne savaient ni lire ni écrire ; les documentsauthentiques, écrits par les maîtres eux-mêmes, sont donc fort rares et relativement récents. Cetouvrage a donc été réalisé à la suite d'une enquête sur le terrain combinée à une expérience

 personnelle du Taiji quan, ce qui nous a permis de recueillir oralement un certain nombred'informations introuvables dans les écrits. De plus, l'existence de documents de qualité n'a guère étéfavorisée par le mépris des lettrés pour les paysans souvent incultes qui pratiquaient les arts martiaux,ni par les rivalités entre les milices, qui maintenaient jalousement le secret de leur enseignement.

De fait, ce n'est qu'entre la fin du XIXème siècle et le début du XXème que certains boxeurs se sontefforcés de noter ce qu'ils savaient ou de transcrire les paroles de leur maître. Mais le plus souvent.l'art se transmettait oralement de père en fils, au sein d'une même famille ou d'une même milice. Uneexception à cette règle fut constituée par Yang Luchan, maître de boxe qui se rendit dans la familleChen dont il reçut l'enseignement du Taiji quan, qu'il propagea par la suite à Pékin. C'est à partir dece même Yang Luchan que le Taiji quan évolua de la technique de combat vers la discipline

 psychosomatique et le sport popularisé. A partir de 1925, on essaya de l'introduire dans l'éducationscolaire et il fut enseigné aux professeurs de gymnastique. Les mouvements difficiles à exécuter

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furent supprimés pour mettre sa pratique à la portée des vieillards et des amateurs, même nonspécialistes d'arts martiaux. Il est donc devenu surtout une gymnastique, mais aussi une techniquethérapeutique. C'est ce dernier aspect qui tend à se développer actuellement en Chine populaire. Parailleurs, cet art martial faisant usage et développant une énergie intérieure par un travail du souffle, ils'apparente aux techniques taoïstes de longévité et est aussi considéré comme un art de longue vie.

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Le Taiji Quan Art Martial Par Catherine Despeux

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturessept04.htm - haut 

extrait de TaiJi Quan, art martial, technique de longue vie / Trédaniel

L'observateur occidental qui assiste au déroulement du Taiji quan a peine à croire qu'il s'agit là d'unart martial, la même réaction pouvant être le fait des jeunes Chinois qui se rient de cette gymnastiqueet lui préfèrent des sports plus combatifs et aussi plus agressifs.

Pourtant, les anciens maîtres considèrent le combat comme la fonction première du Taiji quan, etcertains de plus en plus rares, y témoignent de capacités impressionnantes. Il faut noter aussi quel'aspect martial est plus évident dans l'école Chen qui n'a pas poussé à l'extrême la notion desouplesse et la lenteur (école Yang) et a conservé une exécution plus martiale et plus sèche dumouvement.

D'un point de vue tant historique que pratique, le Taiji quan participe de la tradition chinoise de lastratégie et de l'art du combat. Plusieurs passages du Daode jing traitent de stratégie et I'on peut sedemander si ce n'était pas à l'origine un des aspects majeurs de cet ouvrage. Il faut d'ailleurs préciserque la notion de combat en Chine ne se réduit pas à l'idée de lutte contre un adversaire réel, maisenglobe aussi bien les combats contre les démons (tels que ceux engagés lors de rituels et desexorcismes), contre les tendances profondes, contre tout obstacle rencontré dans son existence.

S'il est vrai donc que l'exécution de mouvements d'une lenteur extrême, sans l'usage de la force, peut paraître constituer un curieux entraînement au combat, il ne faut pas oublier que cet enchaînementn'est que la première étape, le travail préliminaire.

La détente et le travail du souffle effectués lors de l'enchaînement vont permettre le développementd'une force intérieure et illimitée appelée jing, que les maîtres de Taiji quan opposent à la forcemusculaire considérée comme bien inférieure et limitée.

Le terme jing était employé dans les textes anciens bien qu'assez rarement avec le sens de force. Al'heure actuelle, il désigne dans le langage courant le ressort d'un individu, sa vitalité, sondynamisme. en mettant l'accent sur l'intériorité de cette force (force intérieure / art interne), qui

 précède la forme musculaire et lui préside, et qui est liée à l'attitude psychologique d'un individu.

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C'est aussi le sens qu'à ce terme dans le Taiji quan.

Le jing va être affiné lors des exercices à deux par un travail du souffle, un développement dessensations et des perceptions, une étude psychologique de soi-même, de la stratégie et de laconcentration de l'esprit.

La préparation au combat se fera plus particulièrement à partir d'exercices à deux appelés " poussée

des mains " (tui shou), " grand déplacement " (da lu), " dispersion des mains " (san shou) et à partird'exercices libres.

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HUANG SHAN, les montagnes célestesPhotos de Marc RiboudIntroduction François Cheng http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesdecembre04.htm - haut 

Huang Shan / 1989 / Flammarion

Le Huang Shan se trouve dans la province centrale de An-hui, immédiatement au sud du fleuveYang-tsé. Immense chaîne de montagnes, le Huang Shan est composé d'une multitude de monts dontles plus renommés, selon la tradition, sont au nombre de soixante-douze. Au milieu de cet ensembleimpressionnant se dressent une vingtaine de sommets aux falaises abruptes et aux ravins profonds.Les trois plus hauts, tous au-dessus de 1800 mètres sont la Capitale du Ciel au sud, le Lotus-éclos

 plus à l'ouest, et la Cime-lumineuse plus au nord. Au triangle que forment les trois pics viennent se joindre deux autres pics, moins hauts mais équipés de structures d'accueil : le Paravent de Jade, situé

entre la Capitale du Ciel et le Lotus-éclos, et puis l'Oie-blanche, dans le secteur des Mers du Nord.Ces cinq pics principaux, reliés entre eux par des chemins, forment ainsi, au cœur du Huang Shan,une constellation qui offre, à partir de n'importe quel point, de vertigineuses perspectives…

Entre toutes les montagnes de Chine, célébrons le Huang Shan. Elue entre toutes en effet, cettechaîne de montagnes, située au cœur de la Chine. Par la splendeur de ses sites qui composent unensemble à la fois contrasté et harmonieux, par l'étrange dialogue noué entre ses pins et ses rochers àl'aspect vivace ou fantastique, dialogue que ponctuent les échos des sources et des cascades, par la

 présence de ses brumes et nuages, fascinants de nuances colorées et de mouvements variés et quil'auréolent d'un mystère sans cesse renouvelé, et enfin, par tous les mythes attachés à ce haut lieuhanté par des figures légendaires et par les meilleurs peintres et poètes à travers les siècles, elle

incarne, par excellence, ce qu'il y a de plus constant et de plus profond dans l'imaginaire chinois.

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Pourpres ou azurés, passés au lavis ou nimbés d'un halo lumineux, brumes et nuages ont leur paletteen accord avec celle des rochers et de la végétation. On les voit monter de la vallée vers le sommet etévoluer d'un mont à l'autre, les entraînant dans un processus de métamorphoses perpétuelles. Comme

 pour accomplir un rituel sacré, avant l'aube on se rend sur la haute terrasse ou sur le mont Lion-accroupi pour voir les flots de nuages déchirés par le soleil levant, et le soir, irrésistiblement, on sedirige vers l'ouest, jusqu'au belvédère Nuages-déferlants pour voir les marées de nuages emporter le

soleil couchant. A ces heures la nature même, avec ses monts, ses pins, ses rochers, le Singe-contemplant-l'océan, la Déesse-offrant-des-fleurs, l'Immortel-séchant-ses-bottes, silhouettes soudainfigées là, au premier plan, semble frappée de stupeur. Spectacle grandiose auquel on ne se lasse pasde participer, tant il change de lumière et d'aspect à chaque instant.

Faute de mots, là aussi, pour les décrire, nous nous contentons de souligner, une fois encore, lessentiments profonds que nourrissent les Chinois pour les brumes et les nuages. Matière insaisissableet évanescente entre toutes, ceux-ci leur apparaissent pourtant comme des substances charnelles. Dèslors, ils entretiennent avec eux des rapports quasiment "sensuels". Les poètes ne parlent-ils pas de"dormir au sein des brumes et nuages" ou de "caresser brumes et nuages"? Et les adeptes du taoïsmeconseillent, eux, de se "nourrir de brumes et nuages".

Tout Chinois qui parvient au Huang Shan éprouve l'étrange sensation de retrouver "son lieu et sonmilieu", de "toucher au but". Pour peu qu'il s'y attarde toutefois, il fait l'expérience d'un amour

 passionnel qui le dépasse, il éprouve la présence d'un être combien réel et pourtant désespérémentinaccessible, à la fois comblé de beautés palpables et chargé d'indicibles mystères, tour à tour attirantet fuyant, révélant et cachant... Rien d'étonnant à ce que, de tout temps, poètes et peintres lecomparent à une ensorcelante figure féminine qui hante et féconde leur imagination.

Une question surgit : que signifie donc, aux yeux des Chinois, la montagne? Pour y répondre, il nousfaut faire un léger détour, en évoquant brièvement la cosmologie chinoise. D'après celle-ci, le souffle

 primordial émanant du Vide originel se divise en deux souffles vitaux Yang et Yin, lesquels, par leurcontinuelle interaction, régissent le fonctionnement de Dix mille êtres du monde créé. Le Yang et leYin, représentant respectivement le principe de la force active et celui de la douceur réceptive,s'incarnent, à différents niveaux de l'univers vivant, dans des entités formant couple. C'est ainsi que leCiel-Yang s'accouple avec la Terre-Yin ; dans l'ordre céleste, à leur tour, le Soleil-Yang s'accoupleavec la Lune-Yin, et dans l'ordre terrestre, la Montagne-Yang avec l'Eau-Yin, etc.

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Il ne s'agit point, entre les entités accouplées, d'une opposition rigide et statique. Grâce au Videmédian, les deux entités s'attirent dans la tension et se complètent dans l'harmonie. Elles sont dans unrapport de devenir réciproque. Chaque entité, douée de sa propre nature Yin ou Yang, est amenée àsolliciter l'autre et à acquérir par-là les vertus de son partenaire. En sorte que dans l'idéal le véritableYang doit contenir du Yin, et le Yin du Yang. Comme dans un couple humain où il convient quel'homme possède des vertus féminines et la femme des vertus masculines, la Montagne, par exemple,n'est pas murée dans sa nature Yang. N'oubliant pas qu'à son origine, elle n'était que "vague figée",

elle n'a de cesse de s'approprier les qualités de l'Eau. Quant à l'Eau, Yin en son état naturel, ne serévèle-t-elle pas capable du Yang lorsqu'elle se mue en vague puissante?

Ainsi, la Nature, sous son apparente fixité, se présente comme un ensemble dynamique, en perpétueldevenir. Soulignons, cependant, que la Montagne constitue une entité exceptionnelle entre toutes,

 possédant une sorte de complétude en elle-même. Avant tout Yang par ses rochers et ses pics, ellen'est point dépourvue de Yin grâce à ses sources et ses cascades. Et surtout elle recèle en son sein

 brumes et nuages qui l'entraînent sans cesse dans de secrètes métamorphoses. En effet, selonl'imaginaire chinois, le nuage, à la fois condensation de l'eau et en même temps, forme de montagne,est éminemment un Vide médian qui participe des deux natures. Avec brumes et nuages baignant sesflancs, la Montagne semble prête à plonger pour se fondre dans l'Eau, et l'Eau, elle, à monter pours'ériger en Montagne. Ainsi, la Montagne réalise en elle-même un mouvement circulaire aussifondamental qu'exemplaire.

Les sages et artistes en Chine l'ont compris, eux qui ont cherché avec tant d'ardeur à communier avecla Montagne. Ils se perdent volontiers au cœur des "mille cimes et dix mille grottes" pour admirer

quelques beaux sites certes, mais avant tout pour se ressourcer aux forces vitales, celles-là mêmes quianiment l'Univers, rétablissent l'alliance entre Terre et Ciel et confirent, selon le rêve taoïste,l'immortalité. Rien d'étonnant d'ailleurs à ce que le mot désignant un Immortel soit en idéogramme uncomposé du signe "l'homme" et du signe "Montagne". Et le mot en son entier est emblématique d'unesagesse millénaire authentiquement vécue. Au VIIIe siècle, Li Pô, le grand poète de la dynastieT'ang, toujours en quête de rencontres avec des ermites et de cet état de communion totale avec laCréation, faisait de fréquents séjours en montagne. Il n'est pas un sommet de quelque renom en Chine

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où il n'ait laissé ses traces. Ses riches expériences, il les résumera dans un célèbre quatrain intitulé:"A un ami qui m'interroge":

Pourquoi demeurer au cœur de ces vertes montagnes?

Je souris, sans répondre, le cœur tout serein.

Fleur de pêcher, au gré de l'eau : mystérieuse voie...Un ciel-terre autre, non celui des humains!

Ce paysage si typique du Huang Shan, constamment baigné dans une brume colorée et mobile,incarne l'idéal de la peinture chinoise. D'ordinaire, pour qualifier un tableau de paysage bien exécuté,on dit qu'il est "plus vrai que nature". Ici, au sein du Huang Shan, le visiteur subjugué ne manque

 jamais de s'exclamer: "Mais c'est plus vrai que la peinture chinoise!" En effet, cette peinture montresouvent des paysages si éthérés, comme irréels, que ceux-ci donnent l'impression d'avoir été

 purement imaginés par les artistes. Or, le Huang Shan est justement un de ces lieux en Chine quidémentent cette impression. S'il a depuis toujours inspiré les peintres, c'est surtout à partir du débutdu XVIIe siècle, lors de la chute de la dynastie Ming, qu'il a partie liée avec l'art pictural. Un groupede peintres éminents - Hungjen, Mei Ts'ing, Shih T'ao, K'un Tsan, etc. - s'y retirèrent alors, en plus

ou moins longs séjours, et formèrent une école de peinture. Depuis lors le Huang Shan est devenu unvéritable berceau de l'art.

A chaque mouvement de renouveau, c'est là qu'on vient puiser énergie et inspiration nécessaires.Pour ne citer que les plus grands noms de l'époque moderne, un Huang Pin-hung, un Chang Ta-ch'ien, un Fu Pao-shih, se sont pris de véritable passion pour lui. Après la terrible période de laRévolution Culturelle, les peintres, une fois de plus, n'ont rien trouvé de mieux que le Huang Shancomme lieu de ressourcement, pour tenter de renouer avec la grande tradition du passé. Un besoinurgent, presque pathétique, pousse des centaines, voire des milliers d'entre eux à entreprendre le

 pèlerinage du Huang Shan, à y venir et revenir.

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Comment d'ailleurs ne pas être frappé, ici, par la présence odorante et bruissante de ces fameux pins

de Huang Shan, découpant dans le vide leurs silhouettes majestueuses ou tourmentées? Certainss'élancent en véritables seigneurs du lieu, esquissant les gestes d'un cérémonial millénaire: le pinAccueillant-les-hôtes, le pin Coussin-de-prière, etc. Aussitôt après les pins, s'imposent les massesnoires des rochers granitiques aux formes fantastiques et portant des noms évocateurs: le rocherEcureuil, le rocher Immortel, le rocher Paon-jouant-avec-le-lotus, etc. Et si l'on pousse plus loin la

 promenade, on aboutit au rocher Venu-d'ailleurs-en-volant, à juste titre célèbre. Sur le sommet platd'un précipice, se dresse verticalement un roc précairement penché comme la tour de Pise, haut de 12mètres et pesant 360 tonnes. Vestige de l'époque glaciaire comme tous les autres rochers, il a été posélà, dans une attitude "éternellement provisoire", pareil à un oiseau géant faisant halte un instant avantde reprendre son envol.

Signalons ici un fait particulier qui a sa signification profonde: au Huang Shan, les pins et les rocherssont intimement liés; plus que solidaires, ils sont inséparables. Beaucoup de pins poussent en effet àmême le rocher, s'arrachant du dur carcan avec une force stupéfiante. Leurs racines sécrètent un acidequi érode la pierre et la transforme en une sorte d'humus. Malgré vents et tempêtes ils tiennent bons.Il s'établit alors entre pins et rochers un jeu de contrepoint jamais lassant, tant sont variées lesattitudes qu'ils prennent et contrastés les rapports qu'ils entretiennent. D'un côté, les rochers auxteintes mauves claires ou noires luisantes; les uns austères, veillant avec gravité, les autres presquetendres, arrondis comme des mamelles; de l'autre côté, les pins couleur d'argent ou d'émeraude, tantôtélancés, les bras ouverts vers le haut, tantôt recourbés, jouant avec les ombres. Toutefois, si lesChinois sont sensibles au jeu formel entre ces deux espèces minérales et végétales, ils le sont encore

 plus au dialogue essentiel, plein de connivence qu'elles nouent entre l'enracinement dans la Terre etl'élan vers le Ciel, entre la rigueur et la grâce, dialogue auquel participe en profondeur l'esprithumain. On se trouve en présence de ce mouvement circulaire de devenirs réciproques dont nousavons parlé à propos de la cosmologie chinoise. Un poème d'inspiration taoïste ne dit-il pas :

Rocher propulsant arbreArbre aspirant rocher

Cercle ouvert renouant l'alliance terre et cielCercle fermé renouvelant le mystère à trois faces

Dans l'ombre offerte homme errantAsseoit enfin son royaume.

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Structure de l'occasion (moment opportun) par François Jullienhttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesfevrier05.htm - haut 

Traité de l'efficacité. Edition GrassetIllustrations de Marie France Chauvière et Jeannine Hénon

1.Le hasard d'une part, l'art de l'autre : entre tuché et techné, un troisième terme s'interpose pour penserl'action - l'occasion (kairos). Qu'il s'agisse de la navigation, de la médecine ou de la stratégie, tellesque Platon les aligne à la suite, entre ce qui, d'un côté, relève de la fortune (ou de la " divinité ") et, del'autre, ce qui est " nôtre " (la technique), l'occasion opérerait la jonction d'où provient l'efficacité :elle est le moment favorable qui est offert par le hasard et que l'art permet d'exploiter; grâce à elle,notre action est en mesure de s'insérer dans le cours des choses, elle n'y fait plus effraction maisréussit à s'y greffer, profitant de sa causalité et s'en trouvant secondée. Grâce à elle, le plan concertétrouve à s'incarner, cet à-propos nous donne prise, il assure notre maîtrise. En politique aussi,reconnaît le philosophe, "j'attendais toujours pour agir le bon moment ". Car l'occasion est nécessaire

 pour qu'il puisse espérer mettre en pratique la "théorie ". But-action-occasion : le schéma désormaisest complet, l'occasion venant ajuster l'un pour assister l'autre. Car " la fin de l'action " est elle-même" relative à l'occasion", rappelle Aristote.

Dernière coordonnée à prendre en compte, par conséquent, pour penser l'action efficace, celle dutemps Car l'occasion est cette coïncidence de l'action et du temps qui fait que l'instant soudain devientune chance, que le temps alors est propice, qu'il paraît venir à notre rencontre, occurrit, qu'il est uneoccurrence. Temps favorable, qui conduit au port, "opportun" - mais temps fugace aussi : temps

minimal en même temps qu'optimal, qui point à peine entre le pas encore et le déjà plus et qu'il faut "saisir" pour réussir. Alors que la science porte sur l'éternel (ce qui est toujours identique et qu'on peutdémontrer: toujours l'idéal des mathématiques), l'utile est éminemment variable, reconnaît Aristote :car "ceci est utile aujourd'hui mais ne le sera pas demain". " En vue de la fin qu'il faut ", convient-ildonc de préciser de la façon qu'il faut et quand il faut : le bien se trouvant à décliner selon lescatégories, dès lors qu'on ne croit plus à une idée du Bien qui soit générale, l'occasion sera le bienselon la catégorie du temps, autrement dit "le temps en tant qu'il est bon". Et même à l'intérieur decette catégorie du temps, "ce sont des sciences différentes qui étudient des occasions différentes", etl'occasion se concevra différemment en médecine et en stratégie; à la limite, il y aurait même autantd'occasions spécifiques que de situations. Mais du même coup - et c'est là à nouveau le contre-coupde la critique adressée à Platon, l'occasion court le risque d'être insaisissable. Car, éparpillée comme

elle est à travers la diversité de ses occurrences, peut-elle être encore objet de "science", et même de"technique" - puisque la technique aussi veut du général ?

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L'importance de l'occasion - kairos - n'en est pas moins affirmée d'un bout à l'autre de notreAntiquité. "Rien ne vaut mieux que de la connaître" (Pindare) elle est "le meilleur des guides danstoute entreprise humaine" (Sophocle), sa "toute-puissance" est affirmée. Dès les premiers poètes,Homère et Hésiode kairos apparaît lié à la définition de l'acte efficace, nous dit Monique Trédé, et"c'est bien là, semble-t-il, la clé de la notion", à laquelle l'essor des techniques, au Ve siècle,conférera son plein développement : dans son entreprise de persuasion, l'orateur ne s'aide pas

seulement du raisonnement pour mettre en valeur le vraisemblable (eikos), il s'attache également àtirer parti des circonstances en saisissant l'occasion et s'exprimant à propos (de Gorgias à Isocrate);de même, la médecine hippocratique se défie des préceptes trop généraux et vise à adapter lathérapeutique, en l'absence de tout élément "stable" (kathestekos), à la particularité et la "bigarrure "des cas rencontrés : non seulement en vue de réaliser le bon dosage - et le kairos médical est d'abordune affaire de mesure - mais aussi, au cours du traitement, en réponse à la " crise ", pour intervenirquand il faut.

Sous le fond d'évidence qu'ils ont fini par tisser, au point que notre pensée de l'occasion paraîtdésormais aller de soi (ou ne serait-ce pas plutôt notre "im-pensée"?), nous commençons d'apercevoir

les partis pris théoriques de ce "temps opportun" - autrement dit, quelles sont les composantesgrecques de l'occasion. Car son arrière-plan n'est autre que celui de l'ontologie en opposant l'être audevenir, le " stable " au " mouvant " c'est pour adapter la règle à l'instabilité des choses - ou plutôt

 pour que celle-ci s'y trouve enfin adaptée - qu'on "attend" l'occasion; de même sa conception repose-t-elle sur la relation qui a le plus marqué l'essor de la philosophie, celle du particulier et du général au

 point même d'en radicaliser l'opposition (et, s'enfermant alors dans la particularité, comme chezAristote d'échapper à la théorie). Elle est alors l'ultime ressource qui nous reste dans un monde privéde la fixité des essences, livré au temps et dans lequel nous sommes forcés d'agir; mais ressourcenéanmoins parce quelle reste habitée par l'harmonie : entre le trop et le trop l'occasion est summetros,elle rejoint l'idéal grec du nombre et de la mesure. Enfin, c'est à partir des technai, qu'est conçuel'occasion, et celle-ci l'est en relation a l'action. Aussi la question ne peut-elle être évitée : que reste-t-

il de cette conception du temps opportun (et s'agit-il encore de " temps "?), dès lors qu'on la sort deces choix implicites : dès lors que nous ne l'envisageons plus dans la perspective de l'action, mais

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selon cette autre logique que nous avons commencé de suivre - celle de la transformation? Sil'"occasion" n'en disparaît pas pour autant, sa structure, en revanche, on le conçoit d'avance, est àrepenser.

2. Nous trouvons pourtant aussi, en Chine, la notion de moment opportun, "adapté", à "ne pas manquer"

(au risque sinon de perdre son efficacité stratégique). La aussi, le bien se voit distribué selon unemultiplicité d'aspects : de même que pour l'"esprit " le bien est la "profondeur", ou pour "les affaires"la "capacité" pour la "mise en mouvement" il est le "moment " et ce moment du "déclenchement" nedoit pas être "retardé ". Reste à voir de plus près comment l'ancienne littérature stratégique comprendcelui-ci. A la suite du potentiel de situation illustré par le torrent qui, dans son élan, est à même decharrier les pierres, ce moment du déclenchement est évoqué par l'image de 1'oiseau qui, fondantsoudain sur sa proie, d'un seul coup lui rompt les os. C'est qu'il a frappé pile à l'instant qu'exigeait ladistance le séparant de sa cible (cf. la notion de jie désignant d'abord le nœud de la tige du bambou

 puis de là la conjoncture et la juste mesure); et si l'attaque déclenchée possède alors le plusd'intensité, au point de briser net le corps de la victime, c'est qu'un maximum de potentiel estaccumulé. Car, comme le précise un commentateur (Wang Xi), "l'élan foudroyant de l'oiseau de proie

résulte du potentiel de situation", à l'instar du torrent qui charrie les pierres, et "c'est du potentiel desituation que découle ensuite le moment qui convient pour attaquer". Ou, selon le texte canonique, le potentiel crée la tension vertigineuse d'où vient l'élan, après quoi le moment adapté est très "court". Àl'accentuation préalable, et progressive, s'oppose le bref instant de la prise; mais l'enchaînement se

 poursuit au sein d'une même image : "le potentiel de situation est comme bander l'arbalète et lemoment opportun est comme en déclencher le mécanisme ".

Voici donc que s'esquisse une autre conception de l'" occasion " : non plus comme la chance quis'offre au passage, par un heureux concours de circonstances, incitant à l'action et favorisant sonsuccès; mais comme le moment le plus adéquat pour intervenir au cours du processus engagé (au

 point que, à la limite, cette intervention n'en est plus une - tellement on y est poussé), celui oùculmine la potentialité progressivement acquise et qui permet de dégager le plus d'efficacité. Commele précise un commentateur (toujours Wang Xi), ce potentiel de la situation " vient de loin " même sile moment de l'attaque est si bref. Dans l'optique de la transformation, l'occasion n'est plus quel'aboutissement d'un déroulement, et la durée l'a préparée; d'où, loin de survenir à l'improviste, elleest le fruit d'une évolution qu'il faut prendre à son départ, dès qu'elle apparaît.

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Cette occasion est autre, ou plutôt elle est double, puisqu'on la rencontre aux deux bouts de la durée :derrière l'occasion qu'on croit voir surgir à l'improviste, et dont il faut savoir à l'instant profiter, s'en

 profile une autre, en amont d'elle, qui est le point de départ du processus engagé et dont celle-là procède au terme du déroulement. Nous avons affaire, en effet, non pas à un mais à deux instants

cruciaux (i.e., au début et à la fin de la transformation) : celui, terminal, où l'on tombe enfin surl'ennemi avec un maximum d'intensité, au point que celui-ci se trouve aussitôt défait; et celui, initial,où a commencé à s'opérer le clivage à partir duquel le potentiel a progressivement basculé d'un descôtés. Autant, au stade terminal, l'occasion est devenue flagrante, autant, à son stade initial, elle n'estencore que très difficilement perceptible; mais c'est cette première démarcation qui pourtant estdécisive, puisque c'est d'elle que débute la capacité d'effet et que l'occasion finale n'en est, sommetoute, que la conséquence. Il était donc logique que la réflexion stratégique, en Chine, reporte sonattention du moment du déclenchement au moment initial où s'esquisse la tendance qui conduit àcelui-ci. La réflexion s'attache à discerner le " potentiel de la situation " à son stade " embryonnaire","à l'état d'amorce". Car, nous l'avons vu, le stratège pourra ensuite compter sur son développement etse laisser porter par lui ; plus tôt donc il percevra cette amorce de potentiel et mieux il saura en

 profiter. Tout se joue au stade du plus infime et le moindre processus qui s'engage, serait-ce l'" envold'un insecte " ou le " rampement d'un ver ", tel le battement d'aile du papillon, de Lorenz à Prigogine,a lui aussi son incidence.

Et la sagesse, sur ce point encore, recoupe exactement la stratégie. Car qu'il s'agisse de se conformeren soi-même à la moralité, ou de déployer dans le monde son efficacité, l'un et l'autre, sage etstratège, sont conduits à scruter le point de départ de la tendance, et c'est même là leur premier souci.Si minime soit-elle, en effet, dès lors qu'elle s'affirme, la tendance modifiera infailliblement lasituation : le premier scrute la moindre déviation de son for intérieur car, à moins qu'il ne la corrigeaussitôt, elle l'écartera de plus en plus de la voie; le second scrute la moindre propension favorable

qui s'amorce au sein du monde car, dès lors qu'il la repère, il pourra s'appuyer sur elle jusqu'à soiaboutissement. Au moment de l'amorce, en effet, rien ne se voit encore mais déjà une orientation est

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engagée Ou, comme l'explicite un commentateur à propos de la morale, aucune marque sensible nes'est encore actualisée mais la mise en mouvement a déjà lieu, et cet ébranlement infime, si l'on n'y

 prend garde, aura des conséquences infinies. Car, à peine commence-t-il à poindre qu'il infléchit déjàle cours des choses (ou de la conscience) et peut déployer de plus en plus loin ses effets - à la longue,dans la durée. De cette précieuse notion d'amorce, la leçon est donc facile à tirer : le potentiel de lasituation qu'on voit surgir à l'occasion était à déceler à sa première préfiguration; car, au lieu quecette occasion soit fugitive, on pouvait en suivre alors pas à pas le déploiement et donc être sûr - et

 prêt - de frapper au bon moment.

Toute l'attention stratégique est donc à reporter à ce stade initial, en amont de l'" occasion ", momentdiscriminant bien que non encore patent, qui fait imperceptiblement pencher la situation, et d'oùdécoulera progressivement le succès. Là est le premier déclenchement, secret mais commandantl'autre, où se " tranche " de la façon la plus subtile ce qui fera ensuite tout basculer. En même tempsque l'occasion se dédouble, la notion de "crise" (krisis au sens de "décision") est donc elle-même àrepenser. Car le moment critique ne correspond plus au stade de la manifestation (cf. dans lamédecine hippocratique où la crise est le moment où la maladie se "juge "), mais se déplace en amont

 jusqu'au stade le plus infime - celui de l'amorce - où commence à s'opérer le clivage et qui est "

décisif". Il n'est plus lié au spectaculaire, comme dans l'action théâtrale, mais au plus discret. Maissait-on le détecter, on peut alors prévoir l'évolution et la gérer; et la " crise " peut être désamorcée.

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Le Vide Médian par François CHENGhttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesdecembre05.htm - haut 

Le livre du vide médian. Albin Michel

Selon la juste vision du Tao, le Vide médian intervient chaque fois que le yin et le yang sont en présence. Drainant la meilleure part des deux, il est ce troisième souffle qui élève l'un et l'autre versune transformation créatrice, et leur permet de se dépasser. Tant il est vrai que l'accomplissement dechacun n'est point en soi, mais en avant de soi. Les anciens Chinois - notamment du côté des taoïstes,mais les autres courants de pensée, sur ce point, ont fini par épouser leur vue - ont développé uneconception unitaire, et organique de l'univers vivant où tout se relie et se tient. À la base de cettevision originale : le souffle. Le souffle primordial constitue l'unité originaire ; de tous les éléments etne cesse d'animer toutes choses vivantes, les reliant en un gigantesque réseau d'engendrement et decirculation, appelé le Tao : "la Voie".

Comment se manifeste la fécondité du souffle ? Son mouvement fondamental est ternaire, selon lessages de la Chine antique qui se fondaient sur une approche phénoménologique de la vie en soninfinie variété, à travers les "Dix mille" êtres. Ces penseurs distinguaient trois types de souffleémanant tous du souffle primordial et agissant de façon concomitante : le souffle yin, le souffle yanget le souffle du Vide médian. Le yin et le yang commencent à être familiers à l'esprit occidental. Onsait que le premier incarne la douceur réceptive, que le second incarne la puissance active. Chaqueêtre acquiert sa spécificité en entrant en interaction avec d'autres êtres, et en premier lieu avec son

 partenaire privilégié, son complémentaire. Car la vie s'exprime naturellement par paire. Ainsi en va-t-il de l'homme et de la femme, du mâle et de la femelle, bien entendu. Mais la dialectique du couple

régit aussi les grandes entités de l'univers : le ciel yang et la terre yin, le soleil yang et la lune yin, lamontagne yang et le fleuve yin, le rocher yang et l'herbe yin, l'oiseau yang et les fleurs yin...

Mais si l'on s'en tient à cette simple énumération binaire, on pourrait croire que la pensée chinoise estduelle, voire dualiste. C'est que l'on oublie souvent le Vide médian, ce grand Trois né du Deux, et qui

 permet au Deux de se dépasser. Le Vide médian, tirant son pouvoir du Vide originel, intervientchaque fois que le yin et le yang sont en présence. Dans l'idéal, il a le don de créer un espace vivifiantet d'y entraîner le yin et le yang en vue d'une créative interaction. Drainant la meilleure part des deux,il les élève vers une transformation bienfaisante. Cette circulation ternaire a lieu aussi bien àl'intérieur d'une entité vivante - puisque tout être est habité par le yin et le yang, avec un pôle plus

marqué pour l'un ou pour l'autre - que dans la relation entre toutes les entités vivantes. La montagneet le fleuve, par exemple, ne sont pas seulement deux partenaires qui se trouvent en vis-à-vis. Ilsentretiennent un rapport bien plus intime, une relation d'entrecroisement, d'interpénétration, dedevenir mutuel - les Anciens ne racontent-ils pas que la montagne est formée à l'origine par des "vagues figées " ? Et les eaux du fleuve, en s'évaporant vers le ciel à chaque instant et en setransformant en pluie pour ré-alimenter la source au sein de la montagne, ne montrent-elles pasqu'elles habitent la montagne, étape temporaire dans leur incessante circulation ? Oui, le vraimouvement de l'être est circulaire, il se fait non en ligne droite mais en cercles concentriques, ce quilui permet d'aller sans cesse à la rencontre d'autres cercles nés d'autres êtres.

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D'où l'importance accordée par les Anciens au rôle constant joué par le souffle du Vide médian, et par suite, à tout ce qui se passe entre. " Dans l'idéal ", avons-nous dit. Mais ce qui se passe entre nerelève pas toujours du bien, tant s'en faut. L'humain fait souvent l'expérience du contraire, faussesrencontres ou échanges néfastes qui n'engendrent que blessures, souffrances ou mal extrême - réalités

que nous n'entendons pas éluder dans notre poésie. S'impose donc la nécessité d'un critère de valeur.Celui qui est avancé par les maîtres du Tao est au demeurant simple, pour ne pas dire élémentaire.L'un des commentaires du Livre des mutations (Yi Jing) n'affirme-t-il pas : "La Vie engendre la Vie,il n'y aura pas de fin " ? Ainsi, la bonne relation est celle qui va dans le sens de la vie ouverte, cellequi porte à leur plus haut degré promesses et virtualités en vue d'une réalisation plénière, à l'instard'un arbre ou d'une fleur dont la croissance tend vers la plénitude de leur forme.

Ainsi centrée sur l'entrecroisement et le relationnel - et proche en cela de l'idée de " chiasme " prônée par Merleau-Ponty -, la pensée chinoise a peut-être manqué de porter l'attention nécessaire sur lestatut des êtres en soi et sur le droit qui les protège. Mais elle s'est avérée particulièrement opérantedans le domaine esthétique : dès le IVe siècle environ, s'était élaborée une philosophie esthétique quitentait de penser la " beauté " révélée par l'intime dialogue entre l'homme et la nature, et par lesdiverses formes de la création artistique. Une telle philosophie s'appuyait sur les deux grandes figuresrhétoriques issues de la très ancienne tradition du Livre des Odes, à savoir le bi, comparaison parlaquelle l'homme cherche dans la nature un élément pour illustrer un sentiment jailli en lui, et le xing,incitation par laquelle certains éléments de la nature éveillent en l'homme des sentiments latents. Deces deux idées fondatrices, les maîtres ont dégagé un ensemble de réflexions qui se cristalliseront

 plus tard, sous les Song (XII-XIlI siècle), autour de la notion centrale de qing-jing, "" sentiment- paysage ". Celui-ci désigne l'interpénétration de l'esprit humain et de l'esprit du monde, tous deuxétant censés mus par le même qi, "souffle-esprit", et par le même yi," désir, élan, intentionnalité ".

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Selon une célèbre pensée de Confucius, " l'homme d'intelligence aime l'eau, l'homme de cœur aime la

montagne ". Qu'est-ce à dire ? Que la vision des éléments naturels est de même essence que la visiondu monde intérieur de l'homme. Cette idée de " sentiment-paysage ", à son tour, connaîtra au coursdes siècles un approfondissement continu. Elle s'exprime tout entière dans cette parole de Shitao, legrand peintre du XVIIe siècle : "Je détiens le nœud de la montagne, son cœur bat en moi. " On

 pourrait d'ailleurs en trouver un écho lointain et inattendu chez le peintre occidental le plus prochedes grandes intuitions chinoises, Paul Cézanne, qui disait à propos de la Sainte-Victoire : "La

montagne pense en moi, je deviens sa conscience. " Cézanne comme Shitao savent que toute œuvred'art est justement un Trois qui, drainant la meilleure part du Deux, permet aux deux - l'artiste et sonsujet - de se transcender. Ainsi s'épanouira une grande tradition de pensée, valable aussi bien pour la

 poésie que pour la peinture, et dans laquelle la " beauté " est essentiellement considérée comme un processus de devenir résultant d'une rencontre. Le poète ou l'artiste passe par une transformationinitiatique dont le rythme est encore ternaire, et dont les phases ont pour nom yin-yun, " éléments eninteraction ", qi-yun, " souffles rythmiques ", puis shen-yun, " résonance divine ". Au faîte de cetteélévation il atteint l'état suprême, lequel sera suggéré par des expressions d'inspiration souvent

 bouddhique telles que xiang wai zhi xiang, " essence par-delà les figures " et yi-jing kong-ling, "l'âme humaine résonant à l'unisson de l'âme universelle ".

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Le propos de la poésie et de la peinture chinoise est de traquer le mystère né de l'incessant échangeentre les grandes entités : bien entendu entre le ciel et la terre, entre la montagne et la mer, entre leval et les nues, entre les arbres et les rochers, mais aussi entre les choses apparemment minimes etfurtives, non moins " illuminantes " : entre un rayon du couchant qui s'attarde et le muret moussu qui

n'est qu'attente, entre les feuilles de bananier assoiffées de chant et l'arrivée de la pluie bienfaisante,entre le papillon qui referme un instant ses ailes et les anémones qui déploient leurs pétales, entre la branche gorgée de sève et l'oiseau perché qui, sentant l'irrépressible poussée, lance son cri...

Rien de nouveau sous le soleil ? Certes. On a découvert tous les continents et recensé (presque)toutes les espèces. On a même lu tous les livres. Mais n'ayons garde d'oublier les innombrables "entre " qui ont lieu à tout instant sous nos yeux. Acceptons le constat que ce qui surgit entre lesvivants, fait d'inattendus et d'inespérés, est toujours neuf. Assurément, le Tao se manifeste dans cequi est pleinement donné, là. Mais il se dévoile tout aussi bien, sinon davantage, dans ce qui sedevine, dans ce qui advient au creux des interstices. Nous ne doutons pas que c'est au "royaume de

l'intervalle", dans la "vallée où poussent les âmes " - selon l'expression de John Keats - qu'en réalitéchacun des vivants prend conscience de son unicité et devient par-là présence. Et, de présence en présence, le Tao offre à ceux qui savent l'accueillir la dimension ouverte de la Transfiguration.

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La Tradition de l'Ecole Yang Par Jean Gortaishttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesmars06.htm - haut 

TaiJi Quan / édition Le courrier du Livre

SENTIR LE MOUVEMENT 

Chaque mouvement naît, se développe, décline et n'est pas séparé de celui qui le précède ni de celuiqui le suit; il est partie intégrante d'un mouvement plus vaste qui se déploie sans rupture, tel un flotcontinu. La pratique du Tàiji quân permet de percevoir et d'équilibrer notre dynamisme vital intérieuret extérieur. Elle nous met en relation avec le grand cycle de la vie et nous aide à conduire l'énergiesans effort dans la stabilité. Le premier mouvement que réalise un débutant contient déjà toute la

 pratique. C'est pourquoi sentir le mouvement ne dépend pas simplement de la difficulté technique del'exercice. C'est un état d'attention, d'ouverture et de calme. La constance de la pratique développecette présence à soi-même Sur la base des principes du Tàiji, la technique apparaît non pas unerecherche de performance mais devient, au contraire, le support qui permet de développer la stabilité,d'enrichir la créativité, de s'ouvrir plus largement à soi-même aux autres, à l'espace.

ENTRE TERRE ET CIEL 

L'homme est en mouvement entre terre et ciel. La marche en est l'exemple le plus simple et le plusévident. La pratique du Tàiji quàn réalise une union entre le haut et le bas; elle relie notre aspirationvers le ciel et notre enracinement dans la terre. Par la présence de la souplesse et de la stabilité, le

mouvement peut alors être à la fois ouvert, ferme et mobile. De là naît la vraie fluidité dans laquellela légèreté n'est pas flottement et l'enracinement n'est pas lourdeur. Privée de ses racines, une plantene peut grandir; privée de la lumière, elle ne peut s'épanouir.

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LA RENCONTRE AVEC L'EXERCICE

Le sens de l'exercice n'est pas la réalisation rigide, automatique d'un geste ou d'une posture déjàconnus, mais le développement, à travers la pratique, d'une sensibilité nouvelle en relation avecl'espace et l'énergie cosmique. Le cœur de l'exercice est chaleur, écoute dans la stabilité, silence dans

le mouvement. Etre présent dans les postures, dans les gestes des différents exercices du Tàiji quân, iln'y a pas autre chose à chercher. Extérieurement le mouvement est sans rupture. Intérieurement son

goût devient plein et ouvert à l'espace. Ce goût ne peut être saisi, il apparaît avec la pratique etrésonne au-delà de la pratique. Cela demande de l'attention.

LA SENSIBILITÉ ET LA TECHNIQUE

Devenir de plus en plus sensible dans le mouvement ne signifie pas s'y diluer sans racines. Devenirde plus en plus précis dans la technique ne signifie pas devenir technicien. La pratique, au sens nobledu terme, n'est pas simplement l'apprentissage d'une forme particulière de mouvement; c'est aussi une

 perception sensible et ouverte de l'énergie et de l'espace. Il arrive que, dans la pratique, on ait

l'impression de gagner en sensibilité et de lâcher un peu la technique ou bien de gagner en précisionet d'être moins sensible. Mais la pratique bien sentie unit ces deux pâles. Il s'agit progressivement dedevenir un avec la technique. Etre la technique, au sens profond, c'est être présent, c'est sentir, c'ests'oublier dans le mouvement. Alors le Tàiji est un art et une méditation.

L'ÉCOUTE DU SILENCE

L'attention silencieuse éveille un sentiment de présence dans la pratique. Ce silence n'est passimplement celui que procure un endroit calme. C'est un silence intérieur où l'activité mentale

s'apaise pour s'ouvrir à la perception sensible du ici et maintenant. Dans l'expérience consciente de la posture et du geste silencieux se découvre alors l'union de l'immobilité et du mouvement.

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LE CHANT DES TREIZE GESTES

Le chant des treize gestes est un texte traditionnel chinois sur le Tàiji quân.

II importe de ne pas négliger les treize gestes.La commande de l'intention prend sa source dans la taille.

On porte attention au changement et à la rotation du vide et du plein.Le souffle circule dans tout le corps sans la moindre interruption.Dans le calme, on se met en mouvement et, dans le mouvement, on demeure calme.Selon le changement de l'adversaire, se révèle le mouvement merveilleux.Avec le cœur, dans tous les gestes, on emploie l'intention.

On l'obtient et on ne le trouve pas difficile.On porte attention, chaque instant, à la taille.Le souffle se vaporise lorsque le ventre se détend complètement.Quand le coccyx est au milieu, l'esprit peut parvenir au sommet.Tout le corps est habile et la tête est suspendue.On cherche minutieusement avec le cœur.

Se rassembler et se déployer, ouvrir et fermer s'effectuent librement.Passer le seuil et guider le chemin se réalisent oralement.Le Gongfu est sans limite; la méthode se pratique.Si on parle des principes et de la pratique, quel est le but ?L'intention et le souffle sont le roi; les os et la chair sont les ministres.Si on demande: pourquoi a-t-on l'intention de pratiquer ainsi ?C'est afin de bénéficier de la longévité, de durer sans vieillir, comme au printemps.Ce chant, ce chant contient cent quarante mots.Chaque mot est vrai, précis et le sens est complet.Si on ne cherche pas et n'étudie pas cela,On gaspille le temps et c'est regrettable.

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Vingt Propos tirés de l'expérience de Tung Ying Chieh http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesavril06.htm - haut 

Asie, destination Tai Ji par J. et M.T. Liron / Edition You Feng / AFDT

Un peu d'histoire ... 

Le maître YANG LU CHANG mit au point le grand enchaînement de la forme longue dite 108 dusyle Yang.

Le maître YANG CHENG FU, l'un des petits fils de YANG LU CHANG, démocratisa la pratique

du TaiJi Quan, jusque là réservée à des cercles fermés.

Le maître TUNG (DONG) YING CHIEH, principal assistant de YANG CHENG FU durant plus de30 ans, transmit part l'intermédiaire de ses descendants, jusqu'à nos jours, le style YANG de formeTUNG.

Le maître TUNG (DONG) KAI YING, l'un des petits fils de TUNG YING CHIEH, retransmet àtravers le monde le Tai Chi Chuan tel que vous le pratiquez actuellement.

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 Les conseils suivants sont ceux de TUNG YING CHI EH  , tirés de sa longue expérience : 

1 - Le taiji appartient à l'école interne de boxe. La force brute (li) sort des os ; la force interne (jing)

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s'accumule dans les tendons. On n'y recherche, ni dureté de peau, ni développement musculaire. La profondeur du souffle alliée à une ossature solide, est sa finalité. Ecartant agitation et fatigue inutiles,on cherche à suivre le cours naturel et à cultiver les capacités innées. C'est un travail (gongfu) deretour aux racines et à la source originelle (fan ben gui yuan).

2 - Dans la pratique du taiji quan, il y a trois accomplissements : accomplissement de l'esprit, de la

 pensée et du corps. Si la position du corps est correcte et si l'esprit et la pensée arrivent là où ilsdoivent arriver, la progression est rapide. Les sensations, chaque jour sont différentes et l'élève doits'efforcer de les ressentir lui-même.

3 - Si les postures ne sont pas conformes, si l'esprit et la pensée n'arrivent pas à se diriger, même entravaillant jusqu'à la vieillesse, on n'aboutit à rien ; c'est comme si on faisait bouillir une marmite videsur le feu. Il existe un dicton railleur : "Dix ans de taiji quan, ne valent pas trois ans de boxe de l'écoleexterne." C'est pourquoi il faut, premièrement s'appliquer. En second, pénétrer par l'intelligence. Leniveau de l'entraînement dépend de l'intelligence, mais l'assiduité peut suppléer le manqued'intelligence ; effort et persévérance sont indispensables.

4 - Pendant l'exercice, on doit respirer naturellement (huxiziran) ; ne pas se forcer à une respiration profonde. Lorsqu'on arrive à un niveau élevé, la respiration devient naturellement régulière ethomogène. Dans le cas contraire où on forcerait cette respiration, il n'y aurait qu'inconvénients etabsence de bénéfice.

5 - Les treize postures du taiji sont, à vrai dire, l'exercice du daoyin. Le daoyin, c'est diriger le souffle(qi) et le sang (xue). A. un niveau élevé, le souffle et le sang circulent à un rythme régulier ;

 prévention et guérison de toutes les maladies. Que l'élève se croyant intelligent, surtout n'ajoute rien(zi xuo cong ming) ; par exemple en appliquant la langue sur le haut du palais, ou en s'efforçant defaire descendre le souffle au dantian (bas ventre). Lorsque le niveau sera atteint, le souffle,naturellement descendra au dantian et circulera dans tous les vaisseaux. C'est l'ordre et le principe de

la nature. On ne peut l'imposer par la force.

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6 - Détendre les épaules et baisser les coudes ne veut pas dire, accumuler la force dans les épaules etdans le dos. Il faut que la force arrive jusqu'à l'avant-bras. Comprendre ceci, doit venir de soi-mêmeet ne peut être transmis par la parole. L'élève doit s'efforcer de le ressentir et non de le réaliser en s'entenant à la lettre, en bloquant les épaules et baissant lourdement les coudes, ce qui empêcheraitagilité, souplesse et efficacité.

7 - Redresser le vertex et suspendre l'entrejambe. Pour redresser le vertex, il faut tenir droite lacolonne vertébrale et la tête. Suspendre l'entrejambe, c'est faire monter l'énergie par le coccyx.Lorsqu'on concentre la force, la poitrine rentre légèrement et lorsqu'on projette la force, la colonnevertébrale se redresse légèrement. On ne doit surtout pas contracter la poitrine, ni courber le dos.

8 - L'exercice doit être répété au minimum trois fois. La première, fois, pour assouplir tendons etvaisseaux. La deuxième, pour corriger les postures. La troisième, pour coordonner esprit etmouvement Une fois bien entraîné, dès qu'on se lance, esprit et mouvement se confondent et on

 progresse très rapidement.

9 - La sensibilité permet d'appréhender la force, il convient donc de s'exercer assidûment aux tuishou,afin de saisir la subtilité d'adhésion - coller et suivre, ou céder - Si on n'a pas de partenaire, il fautsans se lasser, pratiquer les postures et avec les bras constamment rechercher où est la force ens'imaginant attaqué par un adversaire et en se demandant comment le maîtriser. Avec le temps, onarrive aussi à appréhender la force.

10 - Pendant l'exercice de tuishou, on doit chercher attentivement à pénétrer et ne pas s'amuser àenvoyer l'adversaire dans le décor. Il faut absolument empêcher le partenaire de localiser mon centrede gravité et à tout moment, se rendre compte où se trouve le sien.

11 - Les exercices de taiji peuvent se faire dans n'importe quelle position ; en marchant, debout, assis

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ou couché. Le principe reste le même : toujours diriger le souffle par la pensée, afin de ressentir(acquérir la sensibilité). Par exemple, étudier la sensation dans le geste de prendre une tasse de thé,avec ou sans effort ; marcher en levant les pieds, avec ou sans effort. Se tenir debout appuyé sur un

 pied ou sur deux pieds. On peut faire l'expérience de tout cela.

12 - Au début de l'exercice, on ressent des courbatures dans tout le corps. C'est la transformation de

la force brute. Il n'y a lieu ni de s'inquiéter, ni de se décourager. Au bout de quinze jours, lombes et jambes deviennent légers et allègres ; l'esprit et le souffle s'amplifient.

13 - Lorsqu'on est bien entraîné en postures, on commence à étudier le tuishou pour s'exercer àacquérir les différentes forces. Dans l'art martial du taiji, il y a la force du mouvement collant, laforce de suivre, la force de souplesse agile, la force de fermeté, la force interne, la force de traction,la force de frottement, la force de pétrissage, la force d'adhésion, la force d'appui, la force detâtonnement, la force de pression, la force de pénétration jusqu'aux os. la force de jeter à terre, laforce d'accrochage, la force de secouer, la force d'entrer en action, la force minime, la force légère, laforce de faire trembler, la force de partir, la force du coup inattendu, la force de mesure, la force deréserve, la force de tirer des flèches, la force d'attente, etc... Plus haut, nous n'avons fait qu'un exposéapproximatif. Pour se rendre compte des différentes forces, il faut les rechercher en s'entraînant à la

 perception. Les rechercher seul, est plus difficile ; les rechercher à deux, est plus facile, car l'hommeest un être vivant En plus de la force d'entrer en action, il possède aussi la capacité d'intuition. Il fautla chercher dans le corps de l'homme. S'il n'y a pas de partenaire et qu'on la cherche dans l'air, c'estcomme si l'on tapait dans un sac de sable ou que l'on roulait des boules en acier - c'est totalementinutile.

14 - Le traité sur le taiji dit : "L'énergie" prend racine dans les pieds. Elle chemine dans les jambes,est dirigée par la taille et se manifeste dans les doigts. C'est le principe du développement de la force

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Oing). Les interdictions sont celles-ci : quand on plie les jambes, le genou ne doit pas dépasser laligne de la pointe du pied. Quand on tend le bras. la main ne doit pas dépasser la ligne du nez. Quandon lève la main, celle-ci ne doit pas dépasser la ligne des sourcils. Quand on appuie avec la main, ne

 pas dépasser le creux de l'estomac. Ce sont les enseignements laissés par les anciens. Si on enfreintces interdictions, on est dépossédé de sa force. La subtilité des transformations est dirigée par la taille; par exemple, si on pousse quelqu'un, avec la main droite, de biais vers la gauche et qu'on dépasse la

 pointe du nez, la force est perdue. Mais si on rentre légèrement la poitrine vers l'arrière en poussant

un peu la taille vers la gauche, la force redevient suffisante. Ces changements s'effectuent par la poitrine mais sont en fait dirigés par la taille. Se manifester dans les doigts signifie que le corpsrestant détendu et souple, la dureté de la force (jing) se situe dans les doigts. C'est comme si àl'extrémité souple d'une baguette d'acier, il y avait un marteau de fer. Lorsque celui-ci est projeté enavant, rien ne résiste à son coup destructeur. L'élève attentif à approfondir tout ceci, pourra sous peu,appréhender la véritable force de l'école interne. Ces interdictions ne s'appliquent pas aux procédésspéciaux.

15 - L'homme, comme l'animal, possède des réflexes. Si je lui donne un coup de poing, il va l'écarteravec sa main ou l'esquiver. Il ne reste certainement pas là, immobile, à attendre de recevoir le coup.

Résister, est l'instinct de l'homme. Les objets immobiles ne sont pas ainsi. Si un sac de sable estsuspendu, il reste suspendu sans bouger. On lui donne un coup de poing, il se balance d'avant enarrière. Mais ces balancements ont une trajectoire fixe. Si on le frappe du côté gauche, il va aller àdroite ; là est la réaction des objets. Pour l'homme, ce n'est pas ainsi. Si on le frappe du poing, il peutrésister ou reculer ; c'est imprévisible ; ce sont des réactions d'homme. Dans les arts martiaux, il y atrois mots clefs : stable, précis, féroce. Tant que j'attends, je ne lance pas la force. Mais dès que je lalance, elle est irrésistible. Mais comment faire pour arriver à stable, précis, féroce ? Il faut d'abordacquérir l'intuition. Comment l'acquérir ? Le lecteur doit chercher dans le chapitre précédent (Ausujet de la pratique de l'entraînement - Texte de maître Wang Zongyue). A savoir si l'adversaire ne

 bouge pas, je reste immobile. Dès qu'il commence à bouger, je bouge avant lui. Il faut dans l'instantoù il semble qu'il va bouger mais n'a pas encore bougé, ou que sa pensée n'a pas encore surgi et son

corps, pas encore bougé, que je prenne les devants et lui porte un coup irrésistible.

16 - Certains disent qu'après s'être entraîné en taiji, il ne faut pas soulever d'haltères ; pas employer laforce brute. Ce n'est pas tout à fait exact. Avant d'apprendre le taiji on était plein de force brute ; lecorps entier était tendu, contracté. Après avoir appris le taiji, tout le corps est détendu, les tendonsallégés ; le souffle circule sans entrave. Il ne faut pas s'exercer à supprimer la force brute du corpsentier mais il faut la conserver. Par la détente générale, elle devient une vraie force (zhen /jing).Autrefois, on appelait la force brute, luli (lü : épine dorsale), (li : force), car cette force se situe entreles épaules et l'épine dorsale. Elle ne peut pas être dirigée par la taille, ni se manifester au niveau desdoigts.

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17 - Le Canon dit : "Un yin, un yang , c'est le dao" (La Voie). Le taiji est le ying et le yang. A notre"époque atomique", qu'est-ce qui n'est pas le ying ou le yang ? C'est pourquoi dans " Au sujet de la

 pratique de l'entraînement ", il est dit : "Si l'on plonge d'un côté, on perd l'initiative. Si on appuie desdeux pieds, on est bloqué. Car plonger d'un côté et appuyer sur les deux pieds, c'est le déséquilibre duyin et du yang. Aussi le pratiquant doit-il faire attention, lorsqu'il lève la main ou avance le pied ; unyin, yang ; un vide, un plein. Laozi dit : "Les réserves permettent l'efficacité". Pensez à cela etessayez de l'appliquer.

18 - En ce qui concerne l'explication du taiji civil et militaire, civil, c'est prendre soin de sa santé ;militaire, c'est se défendre.

19 - Les articles ci-dessus proviennent tous de l'expérience. Plus que dans la théorie, il faut surtoutchercher tout cela dans les treize postures. Lorsque l'entraînement a atteint là-maturité, on saisitnaturellement la subtilité de l'unité de l'esprit et dû geste. Quand on s'entraîne, le mieux c'est de ne

 pas trop rechercher la théorie et faire davantage d'exercices. Nous disions que les anciens étaient fortsen art martial et les modernes, forts en théorie. En fait, dès que l'on fait trop de théorie, on nes'applique pas à l'entraînement et le progrès ralentit Les adeptes des arts martiaux accordent une

grande importance à la loyauté. L'élève doit respecter son maître et être dévoué à son Art. Si onremercie de façon généreuse le maître pour son enseignement, le maître sera touché et instruira avectout son cœur. (Les coutumes chinoises sont ainsi, on ne peut pas les ignorer). Ceux qui aimeraientapprendre le véritable art martial, doivent y faire d'autant plus attention.

20 - Mencius dit : "Celui qui cultive parfaitement son intelligence, connaît sa nature. Celui quiconnaît sa nature, connaît le ciel." La flamme du feu monte vers le haut. c'est sa nature. L'eau fécondecoule vers le bas, c'est sa nature. Ceci est la nature des choses. Fleurir au printemps, dépérir enautomne, c'est la nature du ciel. Détester la peine, aimer le plaisir, craindre la mort, tenir à sa vie,c'est la nature de l'homme. Cependant le feu peut rencontrer le vent qui le souffle vers le bas ; l'eau

 peut rencontrer le feu qui la fait s'évaporer vers le haut. Le pin et le cèdre ne perdent pas leurfeuillage en automne. L'homme qui connaît le "rite", accomplit courageusement ce qu'il voit être son

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devoir. C'est changer la nature acquise pour retrouver la nature innée. Avant la pratique de l'artmartial, les vaisseaux sont bloqués ; les tendons se rétractent et se raccourcissent ; c'est pourquoi laforce se fixe aux épaules et au dos. Après l'entraînement, les vaisseaux communiquent librement ; lestendons s'allongent et la force se déploie. Des épaules et du dos, elle passe par le bras, le poignet et semanifeste aux doigts. Progressivement, on abandonne ainsi la nature acquise et on retrouve la natureinnée. Si l'on acquiert la capacité de la nature innée, c'est la merveille prodigieuse. L'apprenti quiobtient cette force, saura que mes paroles ne sont pas fausses.

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La notion de Centre, La Sagesse et la Connaissance par Jean Claude Sapinhttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesnovembre06.htm - haut 

L'art du Taï Chi Chuan / Editions Dangles

- La notion de Centre : 

Considérons le T'ai-Chi inscrit au centre du cercle où sont localisés les 8 trigrammes. Lieu de projection de tous les autres points du cercle, il peut nous sembler facile de comprendre en quoi lecentre est privilégié. Tout aussi clair et évident peut nous apparaître l'organisation de l'espace selonles croisées cardinales. En d'autres termes, cela revient à dire, à se dire : " II y a le Nord, il y a le Sud,l'Est, l'Ouest, et moi qui sais cela, centré, je peux m'orienter et me situer. "

Attitude parfaitement juste, mais aussi parfaitement insignifiante en regard de ce que veut nous direla tradition taoïste. Pour le tao-shi le privilège du T'ai-chi n'est pas de l'ordre du constat géométrique.Et lorsque le maître de T'ai-chi chuan demande à son élève de se placer au centre de l'espace, il ne seréfère pas à une connaissance scientifique ou intellectuelle de l'espace. C'est tout autre chose qui estrecherché et exigé ; d'une certaine manière c'est même tout le contraire. Le centre n'est pas conçudans le taoïsme comme réceptif, point de référence, mais comme pivot créateur et origine d'undéploiement. Il est " la perle " dont parle la tradition, " l'œil du ciel ", mais en tant que matrice du

temps et de l'espace. Ce point pivot dont émane le monde, c'est aussi l'homme uni au Tao, le T'chenJen.

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Ainsi, familiarisé avec la mentalité occidentale qui découvre des répétitions, formule des lois

capables d'applications à partir de sa compréhension de l'espace et du temps, nous nous trouvonsconfrontés à la position inverse : temps et espace ne sont pas le produit d'une connaissance générale,mais dépendent d'une création individuelle.

Ainsi l'indication du maître de T'ai-chi chuan ne vise pas à se situer dans un espace connu, parce que pensé et mathématisé. Ce que le maître pourrait dire, si son intention n'était pas de faire ressentir c'estque vivre le T'ai-chi chuan ne consiste pas à opérer un mouvement face au Nord ou au Sud, mais quel'un et l'autre sont à découvr ir, à naître dans le mouvement même. Mais avant de développer " l'œil du

ciel ", il faut tourner le regard vers l'intérieur, et le premier déploiement sera celui du Ch'i à partir ducentre du corps-univers, le Tan tien inférieur.

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- La Sagesse et la Connaissance : 

Dialogue entre un pratiquant et un Maître :

Le pratiquant :

" En Chine, il y a des bouddhistes, et il y a aussi des taoïstes. Et il est bien clair qu'ils ne sont pasidentiques. Puisque le but est le même, c'est donc par leurs méthodes pour y parvenir qu'ils diffèrentles uns des autres. "

Le Maître:

" Alors ce dont vous avez soif, ce n'est pas la sagesse, mais des connaissances ! Quel dommage ! Lasagesse est presque aussi satisfaisante qu'une bonne bouillie de millet. Tandis que la connaissance amoins de corps que de l'eau tiède versée sur de vieilles feuilles de thé. Mais puisque c'est cela quevous êtes venu me demander de vous servir, je vais vous en donner autant qu'en pourrait contenirvotre ventre si maltraité. Je me demande quelle sorte de vieilles feuilles de thé vos maîtres

 bouddhistes peuvent employer. Nous autres taoïstes, nous en utilisons de toutes sortes... Ceux quicherchent les connaissances ressemblent à des ruisseaux de montagne qui sont à un millier de lieuxde la mer. Ils se hâtent et puis lanternent, et se jettent dans de profonds précipices ! Mais au fur et àmesure que le cours d'eau s'élargit, il s'apaise et prend conscience de son but. Il devient une rivière.

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Alors quel calme, quel silence ! A l'approche de l'océan, la rivière paraît même ne plus bouger. Vosmaîtres vous ont offert la sagesse ; alors pourquoi perdre votre temps à acquérir des connaissances ?Maintenant, comprenez-vous ? "

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Citations des Textes Classiques sur le Taijiquan Synthèse AFDT

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesdecembre06.htm - haut 

Photos d'Isabelle Johnston

- Yang Chengfu, Explications sur le grand taiji et le petit taiji :

Le ciel et la terre sont un grand taiji, le corps humain est un petit taiji. L'être humain étant taiji, il luiest naturel de pratiquer le taijiquan. Dans la pratique du taijiquan, on se concentre sur le mouvementet on oublie naturellement le reste.

- Wang Zongyue, A propos du taijiquan :

Le taiji, né du wuji (Sans Pôle), est la mère du yin et du yang. Quand il se meut, il se divise; quand ilse repose, il se fait tout.

- Wu Yuxiang, Les principes essentiels sur la poussée des mains :

Bien que le corps soit en mouvement, le cœur demeure serein, le qi retenu et l'esprit détendu. Il fautsavoir que quand une partie du corps se meut, toutes les autres le font également et que quand une

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 partie du corps se repose, toutes les autres le font également. Un mouvement apparent est un reposréel et un repos apparent, un mouvement réel. A l'intérieur, il renforce l'esprit, et à l'extérieur, il fait

 preuve de calme et d'aisance. Calme comme la montagne, mouvant comme le fleuve. Faire un pascomme au bord d'un abîme,déployer sa force comme pour filer la soie. Le qi, directement cultivé,n'est pas nuisible; la force, indirectement accumulée, donne de l'excédent. Le Qi est enraciné dans les

 pieds, passe par les jambes, est contrôlé par la taille et s'épanouit dans les doigts. C'est pourquoi des pieds aux jambes, puis à la taille, on doit exécuter les mouvements de façon cohérente.

- Li Yishe, La Formule en cinq mots :

Si l'esprit n'est pas tranquille, il n'y aura pas de concentration, de sorte que, une fois la main levée,vous serez désorienté. Il faut donc garder l'esprit tranquille. Si le corps est rigide, l'avance et le reculne sont pas aisés. Il faut donc assouplir le corps. L'énergie du corps entier doit être un tout. Il fautdistinguer le vide et le plein et déployer l'énergie à partir de sa source. L'énergie est enracinée dansles talons, contrôlée par la taille, déclenchée dans le dos, et s'épanouit dans les doigts. On doit être en

 bon état d'esprit. Grâce à !a concentration, l'ouverture et la fermeture sont régulières; le vide et le

 plein sont nets. Quand la gauche est vide, la droite est pleine, et vice versa. Le vide ne signifie pasl'absence totale d'énergie, car le changement de mouvements est nécessaire; le plein ne signifie pasl'immobilité totale, car la concentration de l'esprit est nécessaire.

- Li Yishe, Points essentiels sur la poussée des mains :

Si l'on veut que l'ensemble du corps soit exempt de défauts, on doit tout d'abord mettre en valeur leqi. Si l'on veut que le qi soit mis en valeur, on doit tout d'abord concentrer l'esprit sans le disperser. Si

l'on ne veut pas que l'esprit soit dispersé, on doit faire pénétrer l'esprit dans les os. Si l'on veut quel'esprit pénètre dans les os, on doit tout d'abord renforcer la partie antérieure des cuisses.

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- Yang Chengfu, Méthodes de pratiquer le taijiquan :

L'immobilité c'est le wuji (Sans Pôle), la mobilité le taiji. Le mouvement de l'air produit le taiji diviséen yin et yang. Par conséquent, avant de pratiquer le taiji, il faut apprendre yin et yang, qui englobent

tout. Il existe à la fois une promotion et une domination mutuelles qui donnent lieu au changement.Le taiji, né du wuji, est la mère du yin et du yang.

- Chen Weiming, Art du taijiquan :

Yin et yang sont nés du taiji qui vient du wuji. Le taijiquan insiste sur la distinction nette entre le videet le plein, yin et yang, dans tous ses mouvements. C'est pourquoi on l'appelle " taiji ".

- Chen Xin, A propos du taijiquan :

La boxe, dénommée taiji, est en effet le mouvement naturel du ciel, ou l'ouverture et la fermeturenaturelles du yin et du yang. Elle n'est pas faite dans la contrainte, car la contrainte n'est pas lalogique naturelle du taiji. Il faut mettre en valeur le qi accumulé au cœur et le faire circuler dans le

corps tout entier. Bien que le corps soit parfois incliné, il reste l'énergie vitale qui contrôle lesmouvements du corps incliné. Quand il n'y a rien dans le cœur, l'esprit est vide et vif. Dès qu'il y a

quelque chose, il n'est ni vide ni vif. Seul le calme le soutient. Il est besoin de cultiver la sincérité

 pour équilibrer mobilité et silence. Les changements sont imprévisibles. Le plein est dans le vide etvice versa, il s'agit là de l'application du principe naturel du taiji. Ce n'est qu'après avoir obtenu des

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résultats que l'on pourra comprendre cette théorie merveilleuse. La pratique de la boxe permet derégulariser le sang et le qi et de rendre la respiration naturelle; ... réajuster la respiration doucement etrenforcer l'énergie primordiale dans le corps et- prêter attention au dantian; ... se déplacer lentement,s'arrêter silencieusement et se mettre en mouvement avec l'intention. L'esprit doit être vide. Quandl'esprit est vide, toutes les parties du corps sont vides. Le dantian, la taille et les talons doivent être

 pleins. Quand ces trois parties sont pleines, toutes les parties vides du corps deviendront pleines.C'est ce qu'on appelle "du vide au plein". Quant aux mouvements des mains et des pieds, ils

s'effectuent en suivant une ligne courbe, non droite. Les cercles décrits sont verticaux ou obliques. Néanmoins, un cercle représente un taiji. Le mouvement est sans rupture dans le calme et sans hâte.La pratique de la boxe dépend de la position initiale, quand celle-ci est correcte, vous exécuterez lesmouvements sans encombre. Il faut maintenir la tête droite tout au long de la pratique, pour ne pas

 perdre l'appui des quatre membres et disperser l'esprit. La tête peut guider les mouvements du corpsentier. Pour pratiquer le taijiquan, il y a trois points à retenir: Premièrement, au début, vous devez

 pratiquer lentement sans raideur; deuxièmement, pratiquez à un rythme accéléré, sans confusion;troisièmement, pratiquez doucement de nouveau après avoir exécuté des mouvements rapides. C'estla vraie douceur qui abrite la fermeté après une longue période de mouvements doux. La fermeté estdans la douceur et la douceur dans la fermeté.

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Wu-Wei, le principe de non-agir Par Roland Habersetzer

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Tai Ji Quan / Amphora

Trois principes convergent dans ce sens : celui du wu-wei  (" le non-agir " : ne jamais forcer en rien pour ne pas contrecarrer par des gestes intempestifs le rythme naturel des choses; ne pas faire, maislaisser SE faire), celui du wang o  (faire le vide en soi, s'oublier soi-même, afin d'être réceptif), celuidu tzu jan  (l'efficacité du spontané, de l'immédiateté).

Wu-wei réfère à la non-action, à la non-ingérence, au lâcher-prise (le wei est une action quicontrecarre le rythme des choses). Ce n'est ni l'indifférence ni le laisser-aller, c'est la recherche dunaturel, de l'ouverture d'esprit, du détachement des choses et, plus loin, de la tolérance, de lasouplesse, de l'abnégation du " moi " en tant que créateur d'illusions, donc ennemi du vrai. Wu-weivise à l'état sans désir, à la quiétude, à la sérénité, facteur de réalisation.

Un esprit agité déforme la réalité et perd tout contrôle sur le corps ; la pensée doit rester claire, non

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agitée par des passions perturbatrices; elle devient alors parfaitement réceptive aux faits les plusinattendus, et le corps suit. L'action qui découle alors d'une telle attitude est si franche et si naturellequ'elle dépasse la portée de l'action ordinaire, " vulgaire ", toujours précédée d'hésitations. Une telleaction est vraiment efficace parce que en conformité avec le Dao. Seule la spontanéité crée lemouvement parfait, car il s'inscrit alors, en dehors de soi, dans l'harmonie du grand mouvementcéleste.

Wu-wei est donc une passivité créatrice. De la non-action surgissent toutes les potentialités d'action ;ne rien faire, c'est par là même tout faire. L'esprit du wu-wei est partout en Chine. Kuo Ksiang dit : "Par wu-wei, il ne faut pas entendre ne rien faire, il faut entendre qu'on laisse chaque chose se fairespontanément, de sorte à être en accord avec les lois naturelles " et Lin Yu-tang : " c'est l'art demaîtriser les circonstances sans leur opposer de résistance ; le principe d'esquiver une force qui vientsur vous en sorte qu'elle ne puisse vous atteindre. Ainsi, celui qui connaît les lois de la vie, jamais nes'oppose aux événements ; il en change le cours par son acceptation, son intégration, jamais par lerefus. Il accepte toutes choses jusqu'à ce que, les ayant assimilées toutes, il parvienne à leur maîtrise

 parfaite. "

 Non-résistance, non-violence; laisser couler autour de soi la violence dont on peut devenir l'objet;répondre en faisant le vide, comme l'eau qui cède au couteau, mais demeure invulnérable. Réaliserl'art du Tai ji quan, ce qui va bien au-delà de sa seule perfection physique, c'est être imprégné de cettevision chinoise de l'univers. Il ne nous a pas paru inutile d'en évoquer les grands principes, car il estimpossible d'évoquer le Tai ji quan sans faire état de ce fond culturel indissociable, mais aussi dansl'espoir de susciter une curiosité qui pourrait devenir le point de départ d'un fantastique vécu

 personnel. Car :

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" Quand un homme est dans son jeune âge,II ne comprend habituellement par le Dao.Et même s'il en entend parler ou le connaît par les livres,Il conserve des réticences et ne le pratique pas.Lorsque vient la vieillesse vulnérable,II voit alors l'importance du Dao Mais il est souvent trop tardCar la maladie l'empêche d'en éprouver les bienfaits. "

(Soen Sse-mo / "Recettes inestimables")

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Pré-mouvement et Organisation gravitaire Par Hubert Godard

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Extrait d'un article intitulé " le Geste et sa Perception "Photos de Xavier et Isabelle VAYRON

Développons la notion de " pré-mouvement " ou le langage non conscient de la posture. La postureérigée, au-delà du problème mécanique de la locomotion, contient déjà des éléments psychologiques,expressifs, avant même toute intentionnalité de mouvement ou d'expression. Le rapport avec le poids,c'est-à-dire avec la gravité, contient déjà une humeur, un projet sur le monde. C'est cette gestion

 particulière à chacun du poids qui nous fait reconnaître sans erreur, et au seul bruit, une personne denotre entourage qui monte un escalier. Inversement, en apesanteur, comme les cosmonautes nous lemontrent, l'expressivité est radicalement autre, car le repère essentiel qui nous permet d'interpréter lesens d'un geste est profondément modifié.

 Nous nommerons " pré-mouvement " cette attitude envers le poids, la gravité, qui existe déjà avantque nous bougions, dans le seul fait d'être debout, et qui va produire la charge expressive dumouvement que nous allons exécuter. La même forme gestuelle - par exemple une arabesque - peutêtre chargée de significations différentes selon la qualité du pré-mouvement, qui subit de très grandesvariations alors même que la forme perdure. C'est lui qui détermine l'état de tension du corps et quidéfinit la qualité, la couleur spécifique de chaque geste. Le pré-mouvement agit sur l'organisationgravitaire, c'est-à-dire sur la façon dont le sujet organise sa posture pour se tenir debout et répondre àla loi de la pesanteur dans cette position. Tout un système de muscles dits gravitaires, dont l'actionéchappe pour une grande part a la conscience vigile et à la volonté, est chargé d'assurer notre posture; ce sont eux qui maintiennent notre équilibre et qui nous permettent de tenir debout sans avoir à y

 penser. Il se trouve que ces muscles sont aussi ceux qui enregistrent nos changements d'état affectif etémotionnel. Ainsi, toute modification de notre posture aura une incidence sur notre état émotionnel,et réciproquement tout changement affectif entraînera une modification, même imperceptible, denotre posture.

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Ces muscles gravitaires, parce qu'ils sont chargés d'assurer notre équilibre, anticipent sur chacun denos gestes : par exemple, si je veux tendre un bras devant moi, le premier muscle à entrer en action,avant même que mon bras ait bougé, sera le muscle du mollet, qui anticipe la déstabilisation que va

 provoquer le poids du bras vers l'avant. C'est le pré-mouvement, invisible, imperceptible pour le sujetlui-même, qui met en œuvre en même temps le niveau mécanique et le niveau affectif de son

organisation. Selon notre humeur et l'imaginaire du moment, la contraction du mollet qui prépare ànotre insu le mouvement du bras sera plus ou moins forte et donc changera la signification perçue. La

culture, l'histoire d'une personne, et sa manière de ressentir une situation, de l'interpréter, va induireune " musicalité posturale " qui accompagnera ou prendra en défaut les gestes intentionnels exécutés.

Les résistances internes au déséquilibre, qui sont organisées par les muscles du système gravitaire,vont induire la qualité et la charge affective du geste. L'appareil psychique s'exprime à travers le

système gravitaire, c'est par son biais qu'il charge de sens le mouvement, le module et le colore dudésir, des inhibitions, des émotions. Le tonus résistant du système gravitaire s'induit avant même legeste, dès le moment où se formule le projet d'une action, et ce à l'insu du sujet, en amont de saconscience vigile.

Dans le film Zîegfeld Follies de Vincente Minelli (1945), Fred Astaire et Gène Kelly exécutent unduo où ils réalisent en même temps et précisément les mêmes gestes. Cependant, pour chacun desdanseurs, l'effet produit est radicalement différent. Comment expliquer cette différence ? Le passagedu film au ralenti, image par image, nous montre que malgré leur intention de produire les mêmesmouvements, l'anticipation de l'attaque du geste - le pré-mouvement - est à l'opposé chez l'un et

l'autre : Gène Kelly s'assure d'abord du sol par un mouvement de jambes et de rassemblement ducorps (mouvement concentrique) puis s'oriente dans l'espace par le regard ou le bras et amorce sonattaque dans un repoussé du sol, suivi d'une extension dans la direction choisie. Il organise sonrapport à la gravité de bas en haut, du dedans vers le dehors. Fred Astaire, à l'opposé, commencetoujours par un mouvement d'orientation dans l'espace, regard, tête ou bras : cela provoque d'abordune extension, une suspension (mouvement excentrique), puis entraîne un déséquilibre qui est ensuitestabilisé par un mouvement de jambes vers le sol. Il organise son rapport à la gravité de haut en bas,du dehors vers le dedans. Dans le ralenti, Gène Kelly démarre toujours légèrement plus tard, maisarrive avant, tant cette concentration anticipatrice lui donne une qualité " explosive ", particulière à laqualité féline de son mouvement. La manière de Fred Astaire est plus étale dans le temps, par lagrâce de son inimitable suspension.

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Ces flux d'organisation gravitaire, qui se jouent avant l'attaque, vont alors modifier profondément laqualité du geste et le colorer de nuances qui nous " sautent " aux yeux, sans que nous puissionstoujours en donner la raison. On peut dès lors distinguer le mouvement compris comme un

 phénomène relatant les stricts déplacements des différents segments du corps dans l'espace - mêmetitre qu'une machine, produit un mouvement - et le geste qui s'inscrit dans l'écart entre ce mouvementet la toile de fond tonique et gravitaire du sujet : c'est-à-dire le pré-mouvement dans toutes sesdimensions affectives et projectives. C'est là que réside l'expressivité du geste humain, dont estdémunie la machine.

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Yin Yang le milieu juste par Cyrille JAVARY

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Photos de Lionel Seité

Parler du Yin/Yang, c'est décrire les couleurs de l'ombre. Sa danse spiralée ne passe pas par les mots,elle est plus subtile. Comme tout ce qui nous vient de Chine, le Yin/Yang ne se prouve pas, ils'éprouve. Seul le corps peut se mettre à son écoute, vibrer à son unisson. La simple pratique du"mouvement à deux" en apprend beaucoup plus sur le Yin/Yang que tous les discours. Cemouvement se nomme en chinois Dui Shou [1], ce qui veut signifie littéralement "couplage (par les)mains". Un nom qui s'explique par le contact, caractéristique de ce mouvement, mais qui parle aussid'une autre mise en relation, plus subtile, plus personnelle : celle de chaque partenaire avec le rythme

 profond du Yin/Yang.

Ce rythme, pour l'esprit chinois, se confond avec le rythme même de la Vie. Or la vie, en Chinecomme ailleurs, ne s'explique pas ; le corps la ressent, pas l'esprit. Sur cette évidence, les Sages del'Antiquité chinoise ont relié le corps et l'esprit dans une relation énergétique. Un des résultats de ce

 point de vue est cet art physique que vous pratiquez, que vous étudiez, que vous enseignez : le Tai JiQuan (Tai Chi Chuan). Pour le profane, cela ressemble à une gymnastique lente, mais vous savezmieux que moi que ça n'a rien à voir avec une gymnastique. Ce n'est pas de muscles qu'il s'agit. À lasource du Tai Ji Quan, il n'y a pas tellement le corps, mais plutôt la vie. Le corps ne sera que leviolon sur lequel chacun jouera, à sa façon, sa partition dans la grande mélodie de la vie qui animetoutes choses "sous-le-Ciel". Du corps humain lui-même, de cet instrument subtil, les Chinois ont une

 perception complètement différente de la nôtre. Comparée aux autres grandes civilisations du globe,

la civilisation chinoise est une de celle qui s'est le plus préoccupée du corps humain. Pourtant, ilconviendrait mieux de parler de son fonctionnement plutôt que du corps humain à proprement parler.

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En effet, ils ne le voient pas comme un ensemble de chairs, mais comme un réseau de flux. Tout se passe comme si il n'y avait pas en Chine d'image du corps. De fait, ils en ont carrément négligé lareprésentation dans leur art. La culture chinoise, qui a créé une médecine étonnante, toute faited'énergie et de massages, d'aiguilles et de plantes, ne s'est jamais préoccupée d'anatomie. Les peintreset les sculpteurs encore moins. Les rares portraits de personnages réels ou mythiques qu'elle nous alégués sont figés et conventionnels, seul le regard vit. Quant aux statues, d'empereurs, de héros ou dedieux, elles sont absentes des palais, très rares dans les temples et toujours noblement vêtues.

Quant au style de statues géantes qui a prévalu des années cinquante aux années quatre-vingts, ilappartient plus au stalinisme russe qu'à la tradition chinoise. L'art du nu y est inconnu, même dans undomaine où il semblerait avoir sa place, comme les estampes érotiques. Les personnages représentésen train de faire l'amour sont toujours à moitié habillés et leurs corps sont ébauchés sans la moindretrace de sensualité. Cela nous choque, parce que la représentation du corps humain fait partie depuislongtemps de notre univers mental occidental. Depuis nos arrière-grands-pères les Grecs, qui nousont appris l'art et la civilisation, d'innombrables statues à moitié dénudées peuplent nos villes et nos

 palais, nos temples et nos églises, jusqu'au frontons des gares du XIX° siècle. Tenez, regardez dans

votre portefeuille, vous y trouverez sur les billets de 100 F un tableau de Delacroix représentant "laLiberté guidant le peuple" ... sous l'apparence d'une femme les seins à l'air.

En Chine, le corps de chair ne sera ni encensé, ni rejeté ; il sera vécu comme une incarnationéphémère de souffles Yin/Yang. En conséquence, ce n'est pas l'image du corps, sa représentation quiles intéressera, mais celle de l'énergie qui y circule, cette énergie qui est commune à toutes les chosesvivantes et qui donc relie l'être humain à chacune d'entre elles. Cette idée ouvre une toute autre

 perspective sur l'art chinois. Les peintures de paysages, par exemple, semblent représenter desmontagnes perdues dans les nuages et d'où s'écoulent des cascades et des fleuves. Mais à les regarder

 plus longtemps, on s'aperçoit que l'artiste n'a pas du tout cherché à représenter un paysage réel, laforme de telle montagne, la courbe de tel fleuve. C'est l'énergie de la montagne, l'énergie de l'eauqu'il veut nous évoquer. La peinture de paysage ne cherche pas à décrire un paysage naturel, mais

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l'énergie qui le traverse. Son but n'est pas naturaliste, mais moral, elle cherche à nous apprendre à percevoir et à développer en nous la fermeté de la montagne et la souplesse de l'eau.

Mais comment définir cette énergie qui continuellement flue et reflue à l'intérieur des êtres ? LesChinois parlent de Qi [2]. C'est un mot qu'on peut traduire par "souffle", bien qu'en fait, il ne veuille

 pas dire grand-chose de précis. C'est justement ce qui le rend très utile, parce que son flou permet de parler avec efficacité de quelque chose qui, une fois encore, ne peut que s'éprouver, pas se dire. Le

Qi, c'est ce qui passe entre Yin/Yang. On ne peut le décrire avec précision, mais ça n'empêche pas detravailler dessus, C'est le matériau de base du Tai Ji Quan (Tai Chi Chuan) et du Qi Gong [3], cetautre art chinois du corps. Voila sans doute la raison pour laquelle dans le nom chinois de ces deuxdisciplines, il n'y a aucune référence au corps lui-même.

Pour expliquer le sens de Tai Ji Quan, commençons par le mot Quan [4]. Il s'écrit en chinois encombinant un idéogramme signifiant la main, et un autre qui concerne tout ce qui est roulé. Destableaux sur soie qu'on roule pour les ranger aux "rouleaux de Printemps" en passant, et c'est ce quinous intéresse, par le geste du chevalier saluant son suzerain : une main le poing roulé, l'autre larecouvrant, l'ensemble porté à hauteur du visage légèrement incliné. Ensuite, par analogie de forme,ce signe du "poing roulé" a été utilisé pour écrire : boxe. Le Tai Ji Quan est parfois appelé "boxechinoise", mais c'est une facilité de langage. Vous savez très bien que cela n'a pas grand-chose à voiravec le Noble Art que pratiquait George Carpentier, le champion à qui est dédié cette halle où sedéroule la Fête de la Fédération. On utilise aussi quelque fois l'expression "Boxe avec son ombre".Ce n'est pas une bonne traduction des mots Tai Ji Quan, mais c'est déjà une meilleure évocation de cequ'ils évoquent. Art de combat, le Tai Ji Quan l'était certainement à l'origine, mais son aspect de lutten'apparaît plus, c'est d'un combat avec soi-même qu'il s'agit. Pratiquer le Tai Ji Quan, c'estfondamentalement faire allégeance à la vie qui nous possède et nous relie au mouvement cosmique. Ilfaut chercher la raison de ce poing roulé du nom du Tai Ji Quan dans cette soumission volontaire d'unlibre chevalier à son suzerain. La langue chinoise le confirme bien, avec une expression formée du

redoublement de ce "poing roulé" : quan quan, qui signifie : avec empressement, avec diligence, avecefficacité, comme doit se comporter le vrai chevalier.

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Les deux idéogrammes qui restent, Tai Ji, forment un tout. C'est le nom d'un dessin, un diagrammefort connu : le Tai Ji Tu, le dessin (tu) du Tai Ji.

Pour son emblème, l'ex-FTCCG a choisi cette figure, mais dans un autre style de représentation, tout

aussi traditionnel, mais plus dynamique car il souligne mieux le mouvement qui anime les partiesnoires et blanches.

C'est aussi celui que l'on retrouve sur la pavement du tout nouveau musée de la ville de Zhengzhoudans la province du Henan, un des berceaux de la Chine ancienne

En Occident, on entend souvent cette figure nommée "le dessin du Tao". C'est assez évocateur, maisun peu inexact, dans la mesure où, comme le dit Lao Zi : "Le Dao qu'on peut voir, ou qu'on peuténoncer, n'est pas le Dao véritable" [5]. Il ne s'agit donc pas plus de cela que de boxe. Pourcomprendre ce dont il est question, il faut donc creuser un peu plus les deux idéogrammes quicomposent cette expression.

Le premier (Tai) est une sorte de superlatif d'un caractère qui veut dire "grand". Tai signifie donc

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"immense, suprême", le grand du grand. Mais l'écriture chinoise n'est jamais description statique deschoses ; elle est avant tout dynamisme. "Suprême", à travers l'idée d'apogée, contient naturellementl'idée de culmination, de finalité vers quoi cet "immense" tendait et donc, de mutation. Comme dansle Dui Shou, l'apogée d'un mouvement dans un sens entraîne aussitôt la naissance d'un mouvement àla fois opposé et corrélé. Le second idéogramme, Ji, désigne au sens propre la poutre la plus hautedans la charpente du toit d'un bâtiment. C'est pour cette raison que Tai Ji a été souvent traduit par"poutre faîtière", voire "faîte suprême". Ces expressions ont été introduites par les missionnaires du

XIX° siècle colonial. Pareille traduction avait à leurs yeux un grand mérite, elle renvoyait à unecertaine notion de "Seigneur d'en haut", sommet du toit couvrant la terre, vers lequel convergenttoutes les charpentes des constructions terrestres, fussent-elles de l'esprit. Voila qui leur était véritable

 pain bénit. En effet, ce "faîte suprême" devenait ipso facto un symbole du "Fait Suprême" : le Dieudes Chrétiens. Par ce jeu de mots, ils travaillaient plus pour leur propre boutique que pour lacompréhension en profondeur de la pensée chinoise, ils se souciaient plus d'amener les "indigènes" àleur idéologie qu'à chercher la raison qui avait amené les Sages chinois à choisir pareille image pournommer ce dessin.

Elle est pourtant simple et, comme bien souvent les raisons chinoises, très terre-à-terre. Pour la saisir,

il suffit de changer de perspective. Cette poutre d'en haut du toit, il ne faut pas la regarder del'intérieur, comme un absolu, une convergence inaccessible, mais de l'extérieur, c'est-à-dire enintégrant le ciel dans l'ensemble Yin/Yang que le bâtiment qu'il recouvre forme avec la terre.Aussitôt, ce n'est plus l'élévation suprême du toit qu'elle emblématise, mais bien plutôt l'endroit, où ilchange de pente. Vous connaissez les toits chinois avec leurs coins recourbés comme des "ailes de

 phénix". Si on suit des yeux la pente du toit, on monte, on monte de plus en plus haut, jusqu'aumoment où l'on parvient à la poutre faîtière qui n'est pas située sous la couverture, mais à l'extérieurdu toit et, dans les bâtiments importants, décorée aux deux extrémités de sculptures de dragons,génies des eaux, pour protéger la construction des risques d'incendie. Parvenu à cet endroit, lemouvement du toit redescend. La poutre faîtière extérieure marque donc non le point culminant del'ensemble, mais le point d'inflexion, celui où la pente du toit change de sens, mute, s'inverse, passant

de Yang (montée) à Yin (descente). Dans cette perspective, l'expression Tai Ji prend tout son sens,elle symbolise le retournement de toutes choses. Il faut donc traduire Tai Ji Tu, comme "Diagramme

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du Grand Retournement". N'est-ce pas d'ailleurs exactement ce que suggère la danse immobile desdeux "gouttes" l'une noire (Yin) et l'autre blanche (Yang) de cette épure ?

Yin et Yang, comme Qi, sont des mots très flous. Leur sens particulier est relativement imprécis,disons simplement qu'à l'origine, ils signifiaient : adret & ubac, le versant d'une montagne exposé auSud et celui exposé au Nord. Mais cette imprécision ne porte pas à conséquence car on ne peut guère

 parler de Yin ou de Yang de manière isolée. Ils n'ont de sens qu'en tant que duo d'opposéscomplémentaires. C'est leur couplage qui en fait les emblèmes du changement, de la mutation.Pareille complémentarité à deux est exprimée en chinois par un idéogramme : le caractère Dui, celuiqui est employé dans l'expression Dui Shou. Imaginerait-on pratiquer le Dui Shou sans partenaire ?Sans la présence d'un complice accompagnant la poussée que j'accomplis, et accomplissant la

 poussée que j'accompagne, comment éprouver dans mon corps l'importance, la nécessité et ladifficulté de ces moments où la poussée de l'autre parvenue à sa culmination extrême, se transforme,sans violence et sans ambiguïté, en son contraire, pour devenir alors réceptacle de cette poussée néede ce retournement même ? Si le Tai Ji Quan nous apprend à être dans le mouvement, le Dui Shounous fait vivre la mutation dans notre chair.

La mutation, le changement, c'est ce que nous avons le plus de mal à réaliser en Occident. Parce que

toute notre manière de penser est basée sur l'idée qu'au-delà du monde sensible de tous les jours, ilexiste un fondement immuable, absolu et éternel. Pour Platon, c'était le monde des Idées, pour lesreligions judéo-chrétiennes, c'est Dieu. Quel que puisse être notre sentiment intime sur ce sujet, lacaractéristique de ce "Fait Suprême" est qu'il est irréductiblement extérieur à notre univers quotidien,

 parce qu'absolu et éternel. L'éternité est une notion que les Chinois ont du mal à imaginer. Commeme le disait un jour un ami chinois, c'est une idée qui manque d'avenir. Il voulait dire par là que c'estune manière de voir qui s'oppose à l'évidence chinoise du changement exprimée par Yin/Yang. C'estcette différence fondamentale qui rend inutile en fait la traduction de ces idéogrammes. Car dès qu'onva les rendre avec des mots pris dans notre langue, on va tuer leur fonction essentielle : rendrecompte de la mutation, base chinoise de la réalité. Pourtant on entend trop souvent pour ces termesl'équivalence Yin = féminin ; Yang = masculin ! Il est difficile d'imaginer plus désastreuse

simplification. En donnant à ces attributs du changement les noms des catégories les plus stables quisoient - car à de rares exceptions près, femme on naît, femme on meurt ; homme on naît, homme on

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meurt - on passe toute l'originalité de la pensée chinoise à l'eau de Javel : tout est blanchi, il ne reste plus rien de jaune. On peut alors tout à loisir blablater sur le Yin/Yang sans avoir à faire le moindreeffort pour chercher à comprendre ce que ces mots expriment de radicalement différent par rapport ànotre manière habituelle de penser. Autant alors pratiquer le Body Building !

Ce que le Yin/Yang indique, ce que le Tai Ji Tu représente, ce que le Tai Ji Quan incarne, c'est uneidée à la fois simple et complexe : toute chose parvenue à son extrême, mute, et se transforme en son

contraire. Comment imaginer l'expliquer avec les mots féminin et masculin. Pourtant, cette évidencedu Yin/Yang, nous la vivons tous les jours. C'est ce qu'on pourrait appeler la théorie de la crème auchocolat. Vous connaissez bien la crème au chocolat : la première bouchée, c'est délicieux, ladeuxième bouchée, c'est excellent, la troisième, c'est très bon, la quatrième c'est bon, la cinquième, çava encore, et la sixième ... Ce n'est pas la crème au chocolat qui a changé, ni notre goût pour la crèmeau chocolat, c'est simplement la tendance. Le simple fait de déguster ce merveilleux dessert, poussé àson extrême l'a transformé en son contraire, le plaisir est devenu écoeurement. Cette loi immuable duchangement, est aussi surprenante pour les Chinois que pour nous. Mais eux, se sont donné depuisfort longtemps un outil pour la comprendre et s'y conformer. Cet outil, c'est le Yi Jing (que l'on voitsouvent écrit "Yi King"), le grand livre du Yin/Yang.

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Ce livre est sans doute un des livres parmi les plus étranges jamais rêvés par une civilisation [6]. C'esten effet un livre qui ne se lit pas, et cela pour deux raisons. D'abord parce que l'essentiel du Yi Jingn'est pas un texte, mais un ensemble de figures linéaires formées d'un empilement de 6 traits pleinsou brisés. Ensuite parce que, comme le Tai Ji Quan, on n'y pénètre vraiment que par la pratique. Etcette pratique remonte aux plus anciens moments de l'histoire de la Chine, aux tout débuts de sonhistoire, à l'Age du Bronze, il y a environ trente-cinq siècles. Depuis lors, le Yi Jing a été tenu en sihaute estime que, par exemple, à l'époque impériale, sa connaissance était exigée de tout candidat auxexamens officiels pour devenir mandarin. Confucius lui-même, le plus respecté de tous les Chinois

avait dit-on usé trois rouleaux du Yi Jing à force de l'étudier. Et il disait encore que si le Ciel lui permettait de vivre encore quelques dizaines d'années supplémentaires, il les passerait à étudierencore plus profondément le Yi Jing, et qu'alors, peut-être, il ne commettrait plus d'erreurs. Mais cequ'il y a de plus intéressant pour nous dans ce livre, ce n'est pas tant qu'il soit un des monuments les

 plus impérissables de la civilisation chinoise, c'est qu'au niveau de la vie quotidienne, il nous apporte,à nous qui ne sommes pas chinois, le même genre de réponse que celle que le Tai Ji Quan nousapporte au niveau de l'instant : l'attitude juste à un moment donné. Cette attitude, elle est faite d'une

 balance harmonieuse et efficace entre toutes les composantes de ce moment, quelles qu'elles soient,comme nous gardons notre corps toujours équilibré, même dans les mouvements où l'élongation estextrême. Comment le Yi Jing peut nous enseigner cela, je ne vais pas vous l'expliquer ici, ce serait un

 peu trop long, et puis il existe maintenant des lieux en France où c'est possible [7]. Mais je voudrais

simplement vous préciser un peu ce qu'on entend en Chine par une position "juste", celle décrite parle mot chinois Zhong [8].

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Cet idéogramme représentait à l'origine une flèche qui atteint le milieu de la cible, qui "tape dans lemille". C'est pourquoi, avant de s'étendre à "juste", son sens était "milieu". Et puis comme les anciensChinois vivaient leur pays comme une île de civilisation au beau milieu d'un océan de nomades

 barbares, il en est venu à signifier la Chine elle-même. C'est d'ailleurs toujours son nom en chinois,Zhong Guo, le pays (guo) du Milieu Juste (zhong). J'ai bien dit le "Milieu Juste" et non pas le justemilieu ; la nuance est d'importance. Le juste milieu est quelque chose qui n'est guère intéressant. C'estdans notre langue une attitude molle et hypocrite qui arrondit les angles en évitant les extrêmes, la

 politique de l'eau tiède. Rien à voir avec l'idéal que proposait Confucius. Zhong n'a pas du tout cesens là en Chinois. Il signifie un accord juste entre une attitude et un moment, au sens ou lesmusiciens entendent le terme d'accord juste. Il s'agit d'une résonance profonde, même si la note eststridente ou suraiguë. Car l'attitude juste d'un confucéen si elle est toujours réfléchie et mesurée, saitêtre folle quand la situation l'exige. Bien qu'elle se traduise souvent par une attitude de modération, ils'agit toujours d'une attitude de totale implication. Des confucéens, c'est-à-dire des êtres libres, qui sesont formés eux-mêmes par l'étude des paroles du maître et des textes qu'il recommandait comme leYi Jing, il en a toujours existé en Chine, et il en existe encore. Et nous en avons vu un, il y amaintenant quatre ans passés. Je pense à cet obscur pékinois - heureusement pour lui resté anonyme -qui, au lendemain de Tian An men, a eu l'audace folle de s'opposer physiquement à l'avance d'unecolonne de chars. Quelques dizaines de kilos de chair vivante stoppèrent alors plusieurs centaines de

tonnes d'acier meurtrier. La situation était excessive, son attitude aussi. Voila l'équilibre chinoisaccordé au moment, voila le Milieu Juste, voila ce qu'apprend le Yin/Yang : se tenir droit, même faceà un raz-de-marée.

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Aussi, pour finir, je voudrais vous parler d'un sport très moderne qui pourtant aurait bien plu àConfucius, le surf. Avez-vous remarqué que depuis que les premiers clubs de surf se sont formés, il ya une trentaine d'années sur la côte californienne, ils ont tout de suite choisi comme emblème le Tai JiTu ? Quand on rencontre un de leurs membres et qu'on l'interroge sur les raisons de ce choix, a prioriétonnant, les réponses deviennent hésitantes "Oh, ben ... ça représente des vagues !" Eh bien lessurfeurs californiens avaient tout compris, mais ils n'imaginaient pas l'importance de ce qu'ils avaientcompris, ou bien ils n'avaient pas les mots pour le dire. Ils avaient ressenti que ce qui s'appelleYin/Yang en général, Tai Ji Quan quand il s'agit du corps et Yi Jing quand il s'agit d'agir, c'est ce queConfucius nommait le Milieu Juste. Les vagues, celles de la mer, celles de la vie, sont toujours là,même quand nous n'y pensons pas. Elles roulent, elles déferlent, libres et puissantes, magnifiques etindifférentes aux êtres humains. Mais chacun d'entre nous peut, par son observation et son

intelligence les utiliser. Qui sait se placer à l'endroit favorable d'une vague, au point où culminel'équilibre Yin/Yang entre vitesse et portance, peut alors magnifier ses forces et réaliser un certaintemps le miracle de voler à la surface de l'océan. Voila le trésor que nous offrent les Chinois. LeYin/Yang, le Yi Jing, le Tai Ji Quan, chacun à sa façon nous enseigne la même chose. La vie n'estque marées d'énergie et les vagues du Qi roulent et déferlent continuellement en nous, comme entoute chose sur terre. Si seulement nous savons trouver à chaque instant notre Milieu Juste àl'intérieur de ce mouvement, alors nous pouvons décupler notre puissance d'action en magnifiantnotre dignité d'être humain.

[1] prononcez "touai cho"[2] prononcez "tchi"[3] "travail sur le Qi", "oeuvre du Qi" sont les 2 sens des mots Qi Gong[4] prononcez "tchu-ann"[5] Dao De Jing (Tao Te King), chapitre 1, verset 1. Placé en tête, il s'agit donc d'un chapitreessentiel qui pose les bases de ce dont le Dao De Jing veut parler : l'invisible qui est au coeur de toutce qui existe.[6] François Jullien, directeur du département Asie orientale de l'université de Jussieur- Paris VII,dans la préface de son ouvrage : "Figures de l'immanence pour une lecture philosophique du Yi Jing"Ed. Grasset.[7] En particulier au centre DJOHI (c'est le nom chinois du Yi Jing) Association pour l'étude &l'usage du Yi Jing. Site : www.djohi.org[8] prononcez "djong"

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Pour en savoir plus sur le Yi Jing :

- Le discours de la Tortue. Découvrir la pensée chinoise au fil du Yi Jing par C. Javary. ÉditionsAlbin Michel.

- Yi Jing, le livre des Changements traduction originale par C. Javary commentée avec l'aide de P.Faure Éditions Albin Michel.- Les Rouages du Yi Jing, introduction au Livre des Changements par C. Javary. Éditions PhilippePicquier.- Le Yi Jing, par C. Javary. Editions du Cerf, collection Bref, n° 20.- Le Yi Jing en Dessins. Bande dessinée bilingue, traduit du chinois par C. Javary & WangDongliang. Editions You-Feng

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Le Bouddhisme et son influence en Chine Par Cyrille Javary

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Conférence 2006. Photos de Véronique Bizord & de Lionel Seité

" Les enseignements des Cinq Classiques ne contiennent pas tout. Même si le Bouddha n'y est pasmentionné, est-ce là une raison d'en douter? Selon les écritures bouddhiques, tous les êtres entrelesquels coulent du sang appartiennent au clan du Bouddha. C'est pourquoi je révère ces écrituressans pour autant rejeter celles de Confucius et de Lao Zi. L'or et le jade ne se nuisent pas l'un l'autre.Dire qu'autrui est dans l'erreur c'est se tromper soi-même" .

En ce matin de Printemps de l'an 61 de notre ère, dans Luoyang sa capitale fleurie de pivoines,l'empereur est troublé. Son esprit est habité par le songe qu'il fit la nuit précédente. Il y voyait unmagnifique cheval blanc portant sur son dos un bagage d'où filtrait une lueur à la fois singulière etrassurante. Apparaissait ensuite un mystérieux personnage, assis, les jambes croisées sur une fleur delotus. Il portait une tunique dont le drapé retombait en plis gracieux, mais son épaule droite étaitdécouverte comme celle des chevaliers vaincus qui implorent merci. Ses cheveux, noirs comme ceuxdes Chinois, sont étonnamment bouclés et ramenés en un chignon différent de celui des lettrés. Sonhabit aussi n'était pas chinois. Et dans son regard l'empereur ne lisait pas cette respectueuse frayeurque ses sujets manifestent habituellement en sa présence, mais une infinie mansuétude. Il y songeaitencore quand son chambellan lui annonça l'arrivée d'une caravane venue du lointain Occident lui

apporter hommages et présents.

S'étant avancé jusqu'au parvis de la salle d'honneur de son palais, l'empereur, stupéfait, vit alors leschefs de la caravane pousser vers lui un splendide cheval blanc, semblable à celui de son rêve. "

 Notre présent, dirent alors les étrangers, sont des textes où est enseignée la plus grande sagesse aumonde ; ainsi qu'une statue du prince " éveillé ", le sage qui leur avaient transmis ce joyau ".L'empereur en fut très surpris. Non qu'on lui fît des cadeaux, c'était là chose normale, mais que le

 présent soit une statue.

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Les Chinois d'alors ne sculptaient ni leurs dieux ni leurs sages. Ils ne réalisaient des statues que pourun usage bien particulier : en garnir les tombes. Substituts de la réalité, les sculptures représentaienttous les éléments de la vie quotidienne des grandes maisons des souverains et des princes, les damesde cour, les chambellans, les serviteurs, les musiciens, les gardiens, les cuisiniers mais aussi, le

 poulailler, le chenil, la porcherie, les fosses d'aisance, etc., bref tout l'attirail de ce qui pouvait servir àleur maître dans le monde invisible mais réel où il se rendait après son décès. Les guerriers en terrecuite de Qin Shi Huang Di répondaient à cette préoccupation, un empereur se doit d'être protégé parson armée où qu'il aille. Dans cette optique utilitaire, l'idée de représenter une personne noble et sage,et cela dans le but de la vénérer, paraissait tout à fait exotique.

Quand la statue offerte à l'empereur fut débarrassée des tissus qui la protégeaient, celui-ci ne putretenir un geste de saisissement : le personnage qu'il avait devant lui était exactement celui qu'il avaitvu dans son rêve. L'infinie sollicitude du sourire de la statue l'envoûtait. Jamais en terre de Chine onn'avait vu pareille représentation de la douceur, de la compassion.

" Si les textes que leur a transmis ce sage comportent autant de bienveillance que ce visage - pensa-t-il en lui-même - il faut qu'ils se répandent dans tout mon empire ". Et pour que cela advienne,l'empereur promit aussitôt de faire bâtir un temple assez grand pour les entreposer et pour que

 puissent s'y installer les doctes personnes venues des confins occidentaux pour en expliquer le sensaux habitants du Milieu.

C'est ainsi que la tradition rapporte l'arrivée du Bouddhisme au pays de Confucius, son implantationsous la protection des empereurs de la dynastie des Han de l'Est et la création vers la fin du premiersiècle de notre ère, à Luoyang, du plus ancien temple bouddhiste de Chine. Ce temple existe toujours,il s'appelle Bai Ma Si : le Temple du Cheval Blanc.

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Légende, bien sûr, que tout cela, c'est-à-dire vérité à la chinoise. Car ce que proclame le nom de cetemple, plusieurs fois démoli et reconstruit, mais jamais débaptisé, c'est que le Bouddhisme est entréen Chine par l'Ouest dont la couleur symbolique est, dans le système chinois des cinq orients, le

 blanc, et qu'il venait du pays des chevaux. Pour le reste, les choses se sont évidemment passéesautrement.

Le Bouddhisme est né en Inde, au V° siècle avant notre ère et il se fonde sur un certain nombre decroyances et de mode de vie empruntés à son aire d'origine. À cette époque, c'est l'Indouisme etl'enseignement des Véda qui dominent. De ce socle, le Bouddhisme garde la doctrine de latransmigration des âmes, appelée Samsara (littéralement : l'écoulement circu-laire) selon laquelletous les êtres vivants, y compris les dieux, sont engagés dans un cycle incessant de naissance, de vie,et de mort, ainsi que la loi de la rétribution des actes appelée Karman. Mais il se dégage radicalementdes conceptions hindouistes sur trois points :

- il accorde au Karman une valeur primordiale : l'être humain sera, dans sa vie future, ce qu'il a faitdans sa vie actuelle.

- il ne reconnaît pas l'idée d'un principe permanent en l'homme (Atman) se réincarnant au cours desvies successives, principe qui est une sorte d'équivalent de ce que les religions monothéistesappelleront l'âme.

- il réfute enfin le vaste système socio-religieux des castes et des classes issu des Véda, ainsi que lestatut méprisable dans lequel il enferme les femmes.

Le Bouddhisme s'ordonne principalement autours de trois piliers :

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1) un homme éminent : le prince Sakyamuni (560-480) appelé : l'être " éveillé " (Bouddha) à lavérité.

2) une loi (le Dharma) qu'il fait découvrir à tous ceux qui s'attachent à ses pas : les quatre " noblesvérités " :

- l'omniprésence de la douleur

- la cause de la douleur, qui est la soif d'existence- la possibilité de l'extinction de ce qui cause la douleur- la voie de la délivrance de la douleur, c'est-à-dire les huit voies correctes d'existence qui s'ordonnentau-tour de trois pôles : moralité, concentration et discipline mentale déterminée par le discernementnécessaire pour pouvoir percevoir l'illusion de la réalité du monde et son caractère fondamentalementsoumis au changement. Ce dernier point sera une grande porte d'accès du Bouddhisme vers le modede pensée chinois, formé depuis longtemps déjà au balancement Yin Yang du Yi Jing, le Livre desChangements.

3) une communauté (la Sangha), osmose organique des religieux et des laïcs unis par des liens dedons mutuels. En subvenant aux besoins des moines, les laïcs espèrent que le fruit de leur générosité

les fera accéder à une vie future moins douloureuse, voire à la délivrance.

Même si, aux environs du tournant de notre ère, le Bouddhisme s'est divisé en deux grands courants :le Grand Véhicule (Mahayana) et le Petit Véhicule (Hinayana), il n'a pas généré, d'" écoles " ou de "chapelles " à proprement parler, comme les religions monothéistes. Un maître attirait à lui desdisciples qui se regroupaient dans un monastère; par la suite, différentes communautés pouvaient serassembler par affinités électives, mais la transmission se faisait toujours d'un patriarche à undisciple. Le mot chinois utilisé pour désigner les différentes " écoles " du Bouddhisme asiatique estzong, dont la signification propre : ancêtre, clan, etc., montre bien le primat de l'idée de lignage, de

filiation, de famille spirituelle, assez différent de l'esprit " missionnaire " qui animera les religieuxeuropéens à partir du XVI° siècle, ainsi que les querelles entre les différents ordres religieuxcatholiques, qui iront jusqu'à provoquer en Chine des proscriptions impériales.

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Des caravanes marchandes franchissaient souvent les portes majestueuses de la capitale des Han. Cequi avait motivé la poussée des Han vers le couchant n'était pas le seul intérêt commercial, c'étaientaussi les chevaux, les solides chevaux afghans qui équipaient les cavaliers des peuples nomades dessteppes d'Asie centrale. Ces chevaux, les meilleurs du monde, avaient déjà excité la convoitise de

Cyrus le perse et après lui d'Alexandre. Le premier n'y fit qu'un raid temporaire, le second y installade façon permanente des hommes à lui, dont les descendants formaient le prospère royaume desSéleucides, conservatoire des traditions artistiques de la Grèce classique, point médian de cette routetranseurasienne où, à l'orée du second siècle avant notre ère, transitaient marchandises précieuses etidées nouvelles.

À cette époque vivait en Inde le roi Asoka qui, fervent bouddhiste, en favorisa l'expansion autant versle Sud-Est que vers le Nord-Ouest. C'est alors que, franchissant la Khyber Pass, les paroles duBouddha retentirent en Afghanistan. Et c'est ainsi que très loin de l'endroit où il avait dit à sesdisciples " ne faites pas d'images de moi ", des artistes habitués à faire des représentations sculptées

de leurs dieux et de leurs héros réalisèrent les premières statues de l'Éveillé, lui qui jusqu'alors n'avaitété figuré que par des symboles : empreintes de pieds, roue de la loi, parasol, arbre de l'éveil, trônevide, etc. Pour sa coiffure, ils s'inspirèrent de celle des Indiens, mais pour ses vêtements ils imitèrentles tuniques de lin dont Phidias savait si bien modeler le plissé. De cette rencontre insolite naîtra l'artgréco-bouddhique du Gandhara qui, tout au long de la Route de la Soie, depuis Bâmyân à l'Est deKaboul jusqu'à Longmen tout près de Luoyang, allait égrainer ces gigantesques statues directementtaillées dans le flanc des falaises.

En Chine comme ailleurs, le Bouddhisme s'est répandu à la manière des fraisiers. Sa diffusionconstitue même un exemple parfait de marcottage spirituel. Le marcottage (appelé provin quand il est

appliqué à la vigne) est une forme de propagation naturelle par laquelle une plante mère projette dessortes de ramifications aériennes qui se développent en l'air puis, s'alourdissent; ces surgeonstouchent terre, s'enracinent et finalement la nouvelle implantation devient autonome et à son tour

 projette alentour de nouvelles ramifications. C'est pour cette raison que les plants de fraisiers doiventau départ être plantés très espacés les uns des autres, car si la terre est bonne, ils auront tôt fait decouvrir toute la surface disponible. Cette image horticole prend tout son sens lorsqu'on considèrel'expansion du bouddhisme du point de vue économique. Dans ce point de vue, les communautés

 bouddhistes constituent " des groupes purement parasitaires, puisqu'ils se composent de religieuxmendiants qui vivent uniquement de dons, même pour leur nourriture quotidienne. Le territoire d'unetelle communauté est la sima, le " circuit de la mendicité" dont les limites sont définies par ladistance que le moins mendiant peut parcourir à pied dans ses tournées journalières. Sa superficie estdonc très restreinte. D'autre part, la communauté a normalement tendance à grandir et, comme lamarge de surproduction - c'est-à-dire la capacité à entretenir un groupe économiquement parasitaire -est limitée dans toute économie pré moderne, cette croissance s'accompagne nécessairement d'un

 processus d'émigration. Les moines en surnombre s'en vont, suivant les grandes routes commerciales pour établir leur propre communauté. Ils choisissent pour cela des endroits économiquement biensitués : soit une région agricole prospère, soit à proximité d'une grande ville au carrefour de grandesroutes aux lieux saints qui attirent des pèlerins, en un mot partout où se trouvent des danapati, des "seigneurs du don " c'est-à-dire des laïcs généreux. C'est ce processus qui a servi à la diffusion du

 bouddhisme en Inde, mais aussi qui l'a emmené au loin de sa patrie d'origine, car parmi les "seigneurs du don ", se trouvent volontiers les commerçants et les caravaniers qui traversent océans et

déserts en craignant pour leurs marchandises " .

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Alors qu'en bien des contrées étrangères, comme par exemple au Tibet, le bouddhisme apportait aveclui l'écriture, l'art et une vision philosophique cohérente et salvatrice qui permettait à la spiritualité

 populaire d'aller au-delà de la magie ancestrale, il en fut tout autrement en Chine, pays de vieilleculture éprise de logique et rompue aux exercices de la pensée.

Parmi les difficultés auxquelles se heurtèrent les propagateurs du bouddhisme les questions detraduction prirent une importance énorme, car la langue idéographique chinoise, à l'inverse dusanscrit, est par nature peu adaptée aux modes de pensée abstrait et au style souvent discursif ouhyperbolique des littératures indiennes.

An Shigao, le premier traducteur des textes bouddhiques dont l'histoire ait conservé le nom arrivadans la capitale chinoise en 148 de notre ère. Il s'installa bien entendu au Temple du Cheval Blanc ety traduisit plus d'une centaine de textes empruntés aux divers canons se référant plus spécialement auyoga bouddhique, sans doute parce que les pratiques indiennes visant à apaiser l'esprit et à méditersur la vérité se rapprochaient beaucoup de celles qui étaient à l'honneur dans les milieux taoïstes.

Cela venait d'une simple constatation que faisaient les taoïstes de cette époque : au cinquième siècleavant l'ère commune, Lao Zi, notre maître, est parti vers l'Ouest, mais nous ne savons pas où il aabouti. À vous entendre, cette question est résolue ; il est allé jusque dans votre pays et il y aenseigné votre maître ; ainsi, notre vocabulaire idéographique est-ce lui qui est le plus approprié pourtranscrire les enseignements du disciple de notre maître.

C'est ainsi que, par analogie, les premiers introducteurs du Bouddhisme en Chine utilisèrent particulièrement le vocabulaire du taoïsme pour rendre des notions tout à fait étrangères à l'esprit

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chinois. Par exemple l'" éveil " (bodhi), comme le terme générique de " yoga " fut rendu par dao la "voie ", concept qui est à la base du livre de Lao Zi. " Sutra ", dont le sens d'origine en sanscrit " fil "le rattache au " droit fil de la pensée " et de là à l'idée de " règle ", fut traduit par jing, un idéogrammedont le sens propre est " fils de chaîne (du métier à tisser) " d'où lui vient son sens figuré de " textecanonique (servant d'armature à une pensée intellectuelle ou religieuse) ". La notion de " saint "(arhat) sera rendue par celle de zhen ren, l'" être vrai " pleinement réalisé de l'idéal taoïste. Quant àcelle d'" extinction " (nirvana) c'est par la formule "wu wei", littéralement " non agir " qu'elle sera

exprimée .

Parmi ses disciples, Yan Fodao considéré comme le premier moine purement chinois, traduisitsurtout des textes appartenant à la tradition du Grand Véhicule et particulièrement l'enseignement deVimalakirti.

Si les enseignements du Grand Véhicule orientés à la fois vers l'universalité du salut et l'intériorité du

sage ont emporté bien plus largement l'adhésion des Chinois que ceux du Petit Véhicule qui s'estsurtout développé en Asie du Sud-Est, c'est vraisemblablement parce que Confucius avait depuislongtemps déjà convaincu les Chinois de la perfectibilité de la nature humaine et de sa propensionnaturelle à la moralité.

C'est dans ces termes que s'est posé le problème de l'individualité et de l'impersonnalité.

Or ce que révèlent ces questions de vocabulaire, ce sont de profondes différences intellectuellessociales et morales par lesquelles le bouddhisme allait souligner des contradictions internes de la

 pensée chinoise et l'obliger à s'ouvrir à un horizon nouveau. Par exemple, le choix de "wu wei" pourrendre la notion de nirvana conçue comme la destruction de tout attachement et comme l'extinction

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finale de toute existence individuelle montre la forte réticence de la mentalité chinoise à l'égard de lanotion d'impersonnalité. Dans la tradition chinoise, même ceux qui devenaient immortelsconservaient un corps, éthéré certes, mais réel et distinct, tout comme ils conservaient une identité

 personnelle. On peut en voir un exemple dans cette dissertation de Fan Zhen, un confucéen du V°siècle de notre ère :

" Le corps est la matière de l'esprit ; l'esprit est la fonction du corps. Ce ne saurait être deux chosesdifférentes, plutôt deux noms distincts pour la seule et même entité. L'esprit est à la matière ce que letranchant est au couteau ; le corps est à la fonction ce que le couteau est au tranchant. Le terme "tranchant " ne désigne pas le couteau ; le terme " couteau " ne désigne pas le tranchant. Et pourtant,ôtez le tranchant, il n'y a plus de couteau ; ôtez le couteau, il n'y a plus de tranchant. Or, on n'a jamaisentendu dire que le tranchant subsiste après la disparition du couteau, alors comment l'esprit pourrait-il subsister quand le corps a disparu ? " .

Ce que le Bouddhisme apportait à tous

Dans le système impérial total qu'avaient instauré les Han, la nouvelle religion avait peu de place pour se développer. Ce n'est qu'à partir du moment où l'empire s'effrita de toutes parts que le bouddhisme commença vraiment à se développer. Les noms officiels de la longue période (elle s'étiresur quatre siècles) qui fait suite à l'imposant empire des Han : les " trois royaumes ", suivis des "seize royaumes " puis des douze dynasties " du Nord et du Sud " en disent long sur l'état de divisiond'anarchie et de guerres continuelles qui ravagèrent la Chine d'alors. Dans cette époque de violenceset de malheurs, le bouddhisme représentait pour beaucoup la seule consolation possible.

Aux intellectuels, il apportait une solution philosophiquement satisfaisante au lancinant problème dela mort en la faisant apparaître comme une libération de l'infernal enchaînement des passions et des

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douleurs. La paix suprême, illusoire sur terre, pouvait pourtant s'atteindre en abolissant tous sesdésirs. L' " entrée dans le nirvana " s'effectuera au terme d'un long parcours spirituel scandé par desréincarnations multiples. Les lettrés les plus épris d'absolu pouvaient même tenter dès cette viel'accès à l'illumination et à la délivrance suprême : le Chan que les Japonais nomment Zen naîtra decette rencontre entre la rigueur confucéenne et l'absolu bouddhiste.

Le processus des réincarnations plaisait aussi aux âmes simples et à tous les bons vivants. Elle étaitrassurante puisque chacun disposait désormais non plus d'une seule vie, mais de plusieurs, pourassouvir ses appétits avant d'y finalement renoncer.

Dans la Chine du Nord soumise aux invasions des peuples nomades d'Asie qui déferlent sur la grande plaine du Fleuve Jaune, le bouddhisme deviendra très important pour d'autres raisons encore. C'était àl'époque la plus grande religion internationale. Elle avait montré, traversant l'Inde, l'Afghanistan, lesoasis d'Asie centrale, son aptitude à s'adapter à des sociétés complètement différentes. Il plaît aux "

 barbares " car il ne heurte pas leurs anciennes traditions chamaniques. Mais comme il plaît aussi auxChinois, il crée une sorte d'égalité culturelle entre occupants et occupés qui adoucissait la situation

 politique en retirant aux conquérants le complexe d'infériorité que les cavaliers des steppes d'Eurasieont toujours éprouvé devant la somptuosité culturelle chinoise.

Il y avait pourtant un principe du bouddhisme qui paraissait particulièrement étrange aux Chinois,c'était l'attitude qu'il proposait devant la vie elle-même. Respecter toutes les formes de vie, tantanimales qu'humaines était une idée tout à fait nouvelle dans l'empire des célestes où les animauxsont le plus souvent considérés uniquement sous l'aspect de leur intérêt culinaire, et où maintenantencore il est fait un usage immodéré de la peine de mort.

Dans la conception bouddhiste, l'existence individuelle prenait également une importance accruedans la mesure où l'idéal confucéen d'une bonne éducation de ses enfants dans le respect des rites dela piété filiale et du culte ancestral ne suffisait plus à assurer le repos de l'âme pour l'éternité. Lesfautes commises devenaient plus lourdes dans la mesure où il allait falloir en subir les conséquencesdurant plusieurs réincarnations successives. Malgré les rites fidèlement rendus par leurs descendants,les criminels ne pourraient espérer aucune paix dans les temps au-delà, et ils auraient à souffrir pourapprendre à modérer leurs passions. Au modèle de l'harmonie sociale le bouddhisme substituait celuide la paix intérieure. Le principe moral du karman recueillait chez les gens du peuple soumis àl'arbitraire impérial un assentiment croissant, car les classes laborieuses y découvraient uneégalisation devant la morale que le confucianisme d'Etat leur avait toujours refusée. C'était commeune fenêtre d'aménité qui s'ouvrait dans la muraille rigide à l'intérieur de laquelle était enfermée lasociété chinoise.

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Cependant, de toutes les innovations apportées par le bouddhisme, la plus difficile à accepter pour lesChinois traditionalistes fut sans aucun doute l'institution qui était au cœur même de la religion

 bouddhique : l'ordre monastique, la communauté des moines qui, niant les vanités de la vie sociale ety substituant la recherche du salut personnel, avaient rompu tout lien avec la vie profane en

s'adonnant à un genre de vie complètement séparé de celui du monde laïc, avec ses propres règlesdisciplinaires. " La formation d'un clergé qui dépassait les structures familiales et politiquesconstituait un phénomène social sans précédent en Chine, qui devait être à l'origine des plus violentes

 persécutions anti bouddhiques " .

Pourtant la société séculaire chinoise s'est toujours bien accommodée de la présence de marginauxaux marges de son territoire cultivé. Les taoïstes quant à eux avaient une longue tradition d'ermites etd'anachorètes qui fuyaient le monde pour en appréhender l'ultime réalité et s'installaient dans desendroits aussi splendides qu'isolés, le plus souvent dans les montagnes (le caractère chinois quisignifie : adepte du taoïsme (xian) n'est il pas composé des signes " être humain " et " montagne " ?).

Cependant que ce que visaient les religieux bouddhistes n'avait pas grand-chose à voir avec larecherche taoïste de la " Longue vie ", même s'ils furent longtemps les seuls à le savoir.

Pour l'autorité chinoise, le coup fut rude lorsqu'au tournant du quatrième siècle le ministre HuanXiun, s'enquérant des problèmes de préséance et de protocole, s'entendit répondre sans ambages parle moine bouddhiste Hui Yuan qu'à la différence du commun des mortels qui était naturellement tenud'observer l'étiquette en usage à la cour, les religieux pour leur part ne seraient plus dans l'obligationde se prosterner devant l'empereur.

Lent à se développer, le mouvement monastique fut, à partir du V° siècle, présent dans toute laChine. Il y en eut dans les grandes villes (Luoyang comptait 1327 monastères à l'avènement des

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Tang), il y en eut également qui s'établirent dans les vallées rocailleuses où aucune étendue plate ne permettait de faire pousser le riz ou même de planter des mûriers. Endroits si désolés et si rocailleuxqu'ils n'intéressaient même pas les paysans et que les percepteurs impériaux avaient depuis longtempsrenoncé à en tirer impôt. Ce dénuement ne rebutait pas les croyants dont la première de leur loiexigeait, pour leur rappeler quotidiennement la modestie et la solidarité humaine, qu'ils se nourrissentd'abord du riz de l'aumône. Cependant aucune prescription n'enjoignait de s'en tenir là et decompléter cet ordinaire frugal en aménageant d'étroites terrasses où s'épanouissaient légumes

sauvages et arbres fruitiers venus des régions d'Asie centrale. L'interdit sur la consommation de laviande ne paraissait pas disproportionné au petit peuple chinois qui de toute façon n'en consommaitque fort rarement en dehors des grandes fêtes annuelles. En revanche on appréciait et respectait bienvolontiers la rigueur morale de ces hommes qui savaient si bien aménager la pauvreté et juguler leursappétits.

De l'ensemble de règles qui définissent la vie monastique, bouddhique : non-violence, pauvreté,célibat, c'est certainement cette dernière qui provoqua le plus de réticences dans la mentalité chinoisesi profondément ancrée dans le culte familial et la nécessité de la descendance. On peut en mesurerl'importance en remarquant que ce que nous appelons : rentrer dans les ordres, se dit en chinois

quitter sa famille (chu jia). Les confucéens s'étonnaient de voir des individus dans la force de l'âgerenoncer aux joies et aux devoirs de la vie familiale et sociale dans le seul but d'appréhender le néant.

Cependant, le plus grand scandale vint des femmes, lorsque celles-ci à leur tour s'organisèrent encommunautés monastiques. Qu'un homme se retire du monde et refuse la procréation, bien qu'avec

 peine, cela pouvait encore se comprendre - la renonciation aux désirs ne passe-t-elle pas d'abord parla renonciation au désir ? Mais qu'une femme se refuse à la maternité, sa seule raison d'être aux yeux

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de la société d'alors, voilà qui passait l'imagination des lettrés.

Mais les femmes chinoises, elles, voyaient très bien ce que leur apportait cette religion venue del'étranger. " Pour la première fois depuis les deux millénaires que comptait déjà la civilisationchinoise, il leur était offert une image féminine gracieuse et compatissante. Non que dans le panthéonanimiste de la Chine ancienne il n'y eût point de divinités féminines (comme par exemple Xi Wang

Mu la " Reine Mère d'Occident ") ou de déités secourables, mais celles de la vie quotidienne n'étaientguère valorisantes. Parmi les plus implorées il y avait Zi Gu, la " Jeune Fille Pourpre " qui étaitsurtout connue sous le nom de " Déesse des Latrines " parce que, concubine d'un homme riche etayant suscité la jalousie de l'épouse principale, elle y fut jetée par son mari et s'y noya " . Il y avaitaussi la " Souveraine Originelle des Nuages Irisés " (Bi Xia Yuan Jun) qui protégeait les femmes encouches, mais c'était parce qu'elle-même avait connu l'horreur de recevoir la mort en donnant la vie.

Il se produisit alors un phénomène étrange. Les femmes du peuple de Chine qui enduraient à chaquenaissance des enfers de douleur et de sang, crurent distinguer dans la religion nouvelle une autredivinité secourable : Avalokitésvara, un des principaux bodhisattva du Mahayana. Vieille divinité

 brahmanique dont on trouve trace dans les Veda, c'était à l'origine un homme, le dieu des chevauxqui représentait à la fois compassion et puissance . Il fut très tôt intégré au bouddhisme quand apparutla notion de bodhisattva, ces êtres qui renoncent à goûter eux-mêmes l'apaisement du Nirvana tantqu'il resterait des humains dans la souffrance. Que voilà un être pénétré de grande noblesse se direntles femmes de Chine qui bientôt transformèrent le bel Avalokitésvara en l'une des leurs. Il devint "Guanyin " celle qui regarde (guan) avec considération et écoute avec attention les cris (yin) deshumains en proie à la souffrance. Pour figurer son omniprésence consolante, la tradition chinoise lafigura bientôt pourvue de onze visages et de mille mains tenant chacune un emblème salvateur. "Alors que l'univers confucéen, focalisé sur le culte ancestral dont la piété filiale est la manifestation

 première, ne rendait à la mère que des devoirs et des marques de sollicitude manifestant comme unesorte d'interminable paiement des bienfaits rendus pendant l'enfance et que l'univers taoïste

substituait aux femmes réelles une idéalisation d'essence féminine du monde, Guanyin était toujoursaccessible. Elle ne demandait que des prières ferventes et de l'encens parfumé. À toutes celles et àtous ceux qui l'imploraient, Guanyin, qui n'excluait rien ni personne, apportait protection etespérance. Grâce à elle la féminité dans sa valeur maternelle de protection et de recours ultimetrouvait enfin sa place " .

" Cette image de douceur et de bienveillance sans réciprocité qui dépassait l'ironie parfois cruelle destaoïstes et la justice parfois rigoureuse des confucéens, était dans le droit fil des récits de la vie duBouddha. Ces récits répétés par les conteurs de rues, représentés sur les murs des temples, montraientdes personnages féminins dont la fonction principale était d'adoucir ce monde-ci, d'y répandre lamansuétude, d'y développer l'indulgence et d'y démultiplier la bienveillance autant que faire se peuten attendant de renaître au paradis d'Amithaba - étape décisive sur le chemin de l'illumination quisuscita en Chine beaucoup plus d'enthousiasme que l'austère perspective de l'entrée dans le nirvâna ".

Et voilà que des femmes chinoises, et pas toutes des moins que rien, jetaient leurs grossesses futuresou passées par dessus les moulins pour se regrouper en communautés. Elles se vêtaient d'une robemal fagotée, ridicule et incommode parce que conçue pour d'autres climats, pis encore, voilà qu'ellesse rasaient entièrement la tête troquant la parure de leur coiffure pour l'insupportable présence de leur

crâne. Et enfin pire que tout si l'on peut dire, voilà que ces religieuses avaient l'outrecuidanced'organiser elles-mêmes leurs communautés. Non seulement elles se passaient d'hommes, mais elles

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se passaient aussi de leur naturelle autorité en se mettant sous la souveraineté d'une des leurs, d'une "mère ", comme les filles qui peuplaient les vertes maisons du monde flottant des lupanars. Et toutcela pourquoi ? Pour mener une vie exemplaire de dévouement et de prière qui rendait le scandaleencore plus scandaleux aux yeux de ceux qui le dénonçaient. À l'inverse des femmes, les intellectuelschinois mirent très longtemps à s'apercevoir des bienfaits que lui apportaient ces institutionsnouvelles.

Il existait en effet une faille de taille dans le rigoureux système social conçu soi-disant par les sagesde l'antiquité et surtout codifié avec rigueur par les Han : c'était les femmes esseulées.

Il y avait d'abord celles qui, malgré les efforts des entremetteuses, étaient restées seules parcequ'aucun homme n'avait voulu les épouser à cause soit de défauts physiques, soit de disgrâcesmorales, soit de discrédits sociaux pesant sur leurs familles. Bien qu'évidemment assez désagréable àvivre, cette situation n'était pas, de loin, la plus grave. Raillée par ses voisins, méprisée par sa famille,la jeune fille restait chez ses parents. Devenant vieille fille, elle tâchait de compenser par undévouement exemplaire le souci qu'elle causait et de faire oublier par une piété filiale remarquable la

 bouche supplémentaire à nourrir qu'elle constituait, alors que cette bouche aurait normalement dû êtreremplie par une autre famille.

La situation était beaucoup plus grave pour les femmes qui avaient été mariées et qui, pour diversesraisons, ne l'étaient plus. Les malheureuses qui étaient répudiées en raison de leur caractère jugémauvais ou à cause de la jalousie excessive d'une autre épouse, quand elles échappaient au sortfuneste de la Déesse des Latrines, étaient la plupart du temps rendues à leur famille d'origine, commedes marchandises impropres. On imagine bien que celles-ci, outre la honte sociale qui les accablait,

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ne voyaient jamais d'un bon œil le retour en leur sein d'un élément dont elles avaient été

généralement fort heureuses d'être débarrassées. Dans les familles riches, le problème se posait entermes de culte ancestral : la répudiée, effacée de la lignée de son mari ne pouvait pas cependantréintégrer celle de son père ; elle errait entre deux descendances. Non seulement la répudiée n'avait

 plus de place dans sa famille mais son retour constituait une catastrophe économique, car il fallaitrendre à la famille de son ex mari une somme équivalente aux cadeaux reçus lors des fiançailles.

Dans les familles pauvres, qui constituaient la majorité des cas, le problème se posait d'une manière plus crûment économique. Quand le lopin ou l'atelier ne fournissent que chichement la portionfamiliale, chaque bouche compte et l'épousée avait vite été remplacée par une bru qui, tenant à

 préserver pitance autant que prérogative, voyait ce retour d'un œil torve. Pire encore enfin, la femme

répudiée perdait aussi ses enfants car, sauf cas exceptionnels, ils restaient dans la famille de leur père.Pour toutes ces raisons, les ruptures étaient rares et les femmes répudiées ne représentaient qu'uneinfime portion en comparaison d'une autre catégorie de plus malheureuses encore et qui sera sanscesse grandissante, celle des veuves.

Lorsqu'elles faisaient montre d'une fidélité inébranlable au souvenir de leur mari défunt, les veuves bénéficiaient au moins de la considération générale. Aux plus méritantes d'entre elles on élevaitmême des pailou ces sortes d'arches ou de portiques qui ornaient les rues et servaient à l'édificationde tous. Les poètes ne manquèrent jamais de s'apitoyer avec talent sur ces femmes vertueuses dont ledestin était pourtant parfois très cruel, surtout quand la pauvreté les unissait très jeunes avec un riche

 barbon et qu'elles se retrouvaient veuves à la fleur de l'âge. Les censeurs, toujours pour des questionsde lignage ancestral, prônaient avec vigueur l'impossibilité du remariage. À qui attribuer, disaient-ils,à quel homme, à quel clan assigner dans l'au-delà une femme qui se serait mariée plusieurs fois ?Pour les hommes, la question ne se posait pas: l'épouse en titre avait sa place dans le caveau familialet le mari survivant pouvait contracter d'autres unions puisque considérées comme secondaires, ellesn'affectaient pas l'ordonnancement séculaire des rites ancestraux.

Tout dépendait pour le sort de la veuve de ses maternités. Si avant le décès de son mari elle étaitdevenue la mère d'un garçon, elle perdait certes un époux mais ayant donné à la famille de son mariun héritier porteur du nom et continuateur du culte familial, elle gardait dans la famille de son défuntmari, place, rang et préséance. Mais qu'elle devienne veuve sans avoir enfanté d'héritier mâle et alorsle malheur s'abattait sur elle. Or cela pouvait survenir de manière particulièrement cruelle en raisonde la coutume des mariages d'enfants qui se pratiquait très couramment dès l'âge de six ou sept ans.L'union n'étant jamais vraiment considérée comme une affaire personnelle mais comme une allianceentre clans, quand, pour le bien des deux familles, elle avait été " mariée " dès son plus jeune âge à ungarçonnet et que le malheur veuille que le petit fiancé n'atteignît point l'âge adulte, alors sa petite

 promise, le plus souvent déjà installée chez ses futurs beaux-parents se voyait reléguée au rang le plus bas, sorte de petite esclave domestique soumise aux avanies de sa belle-mère qui entendait bienlui faire payer le sort injuste qui lui avait enlevé son fils chéri et non cette bru stupide dont elle n'avaitdès lors plus rien à faire. On cherchait à la caser ailleurs à n'importe quel prix, c'est-à-dire le plussouvent à vil prix. Triste était le sort de ces petites veuves enfants, condamnées à rester stériles leurvie durant car, étant officiellement mariées, toute liaison qu'elles pouvaient contracter à l'âge adulteétait considérée comme adultère et le plus souvent punie de mort. Non par les lois qui n'étaient pastrès claires à ce sujet mais par la coutume qui prévalait, les magistrats ne se mêlant guère de cessortes d'affaires, considérées comme internes aux familles, pourvu qu'une apparence de maladie oud'accident permît de sauver la face en déguisant suffisamment ces crimes internes. Qu'on ne croie pas

cela comme récit d'un passé depuis longtemps révolu : il y a moins d'un siècle, c'était encore pratiquecourante et le beau film de Chen Kaige donne à voir une famille des années trente où une épouse est

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 poussée discrètement vers la corde qui étranglera son crime sans autre forme de procès.

Il y avait pourtant situation plus dramatique encore, celle de l'épouse qui, rejetée par son mari,esclavagisée par sa belle-mère, moquée par ses beaux-frères et méprisée par le reste de la famille nevoyait que dans la fuite une issue à son enfer quotidien. À la différence de la divorcée qui, si elledevait abandonner ses fils, pouvait au moins emmener avec elle ses filles, la fugueuse n'ayant pour se

nourrir le plus souvent d'autre issue que la prostitution, partait seule, car emmener ses filles avec elleaurait signifié les y condamner aussi.

Dans cet enfer sans issue où étaient enfermées les femmes chinoises, les communautés bouddhiquesouvraient un espace qui fut un rayon de soleil. Le principe des monastères était simple en effet,

 pourvu qu'on s'engage à respecter les cinq principes de l'enseignement du Bouddha, quiconque pouvait y trouver refuge, quels que fussent son âge, son sexe ou sa condition sociale. La vie y étaitdure, mais la règle était juste et la même pour tous. Il fallait apprendre à se passer de la plupart des

 plaisirs de la vie et plus encore de l'appétit de vivre, mais on y échappait aux mesquineries de la viesociale et aux cruautés qui s'acharnaient sur les veuves inutiles et les épouses stériles.

Mais le plus important pour les femmes chinoises c'est que dans l'enceinte d'un monastère ellesdécouvraient une réalité extraordinaire dont jamais personne, pas plus les taoïstes que les confucéens,ne leur avait jamais parlé auparavant, une évidence si extravagante qu'aucun sage de l'antiquité nel'avait jamais imaginée : elles étaient reçues pour elles-mêmes. Elles qui depuis toujours n'existaientqu'en tant que filles de leur père, femmes de leurs maris, mères de leurs fils, voilà que brusquement

on s'intéressait à elles en tant que personne propre; voilà qu'on prenait en considération leur salut personnel. Jamais auparavant en Chine on ne s'était adressé aux femmes de la sorte. Le Bouddha en

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revanche, dans ce sermon prêché vers la fin de sa vie avait bien insisté sur le fait que chacun, ycompris les femmes, pouvait atteindre l'éveil, devenir un bouddha et sortir de la souffrance . Cesermon, le sutra du lotus de diamant connut en Chine un succès extraordinaire. Il fut même le premiertexte au monde à être imprimé, dès le 9° siècle. Confucius et Lao Zi dans les fondements qu'ilsavaient posé n'avaient fait aucune place aux femmes. On justifie cela habituellement en disant qu'àleur époque, les femmes ne comptaient pas. Pourtant le Bouddha historique vivait à cette époque-là.

 Non seulement les monastères donnaient à la vie des femmes un sens personnel qui ne devait rien à personne d'autre, mais cette ouverture ne se faisait pas dans une perspective égoïste. Elle se réalisaitau travers d'un accomplissement social qui profitait à tous ; les œuvres de bienfaisance que le clergé

 bouddhiste prenait à sa charge, réconciliaient les nonnes avec la société qui les avaient brisées. Àsoulager ceux qui se trouvaient encore plus malheureux qu'elles, transformant leur malheur encompassion, elles retrouvaient ainsi une dignité humaine et une utilité sociale que la société chinoiseleur avait le plus souvent dénié.

Cette influence bienfaisante du bouddhisme se manifestera durant toute la période des Tang (6° - 9°

siècle) qui sera un âge d'or pour les femmes chinoises. Jamais on ne les verra aussi heureuses. Toutesles représentations que nous avons de cette époque, les tableaux sur soie, les fresques, les statuettesfunéraires, les romans et les récits de l'époque montrent des femmes heureuses, créatives etépanouies. Aucun des plaisirs de l'époque ne leur était fermé. Elles se vêtaient avec des robes d'unesomptuosité et d'un raffinement tels qu'on les croirait tirées d'actuels romans de science fiction ; elles

 peignaient, composaient des poèmes, jouaient au Wei Qi (un jeu d'échec chinois que nousconnaissons sous son nom japonais de jeu de Go), montaient à cheval et pas en amazone s'il vous

 plaît, allaient à la chasse (avec un petit félin apprivoisé juché sur la croupe de leur monture et qui sechargeait pour elles de la partie vio-lente et meurtrière de la chasse), elles jouaient au polo, dansaient,faisaient de l'acrobatie. Libres et belles, on les sent toujours exulter de joie de vivre dans cesmagnifiques petites statuettes qui peuplaient les tombes de cette époque et qu'on a à juste titre appelés

les " Tanagra " chinois. Qu'elles se hâtent de jouir de la vie et du corps que la nature leur a donné, lesfemmes de Chine, car bientôt une grande nuit va s'abattre sur elles, et pour de longs siècles, sous laforme d'une des plus monstrueuses contraintes physiques jamais imposée à un être humain : le

 bandage des pieds.

" Comme tous les comportements qui finissent par emporter l'adhésion complète d'une société, personne ne peut dire avec précision ni où ni quand le phénomène commença " . Tout au plus peut-onsouligner qu'il est contemporain du mouvement de réaction philosophique connu sous le nom de néo-confucianisme et dont le chef de file sera Zhu Xi, dont les commentaires des classiques seront lettresd'évangile durant plus de sept siècles. Presque jusqu'à l'aube du XXème siècle, durant lequel MaoZedong dut encore rappeler avec vigueur à ses compatriotes que " les femmes portent la moitié duCiel ".

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Conférence prononcée à La Réunion en 2006 à l'invitation de l'association Guandi des réunionnaisd'origine chinoise.

Ouvrages proposés par l'auteur : 

- Le discours de la Tortue. Découvrir la pensée chinoise au fil du Yi Jing par C. Javary. ÉditionsAlbin Michel.- Yi Jing, le livre des Changements traduction originale par C. Javary commentée avec l'aide de P.Faure Éditions Albin Michel.- Les Rouages du Yi Jing, introduction au Livre des Changements par C. Javary. Éditions PhilippePicquier.- Le Yi Jing, par C. Javary. Editions du Cerf, collection Bref, n° 20.- Le Yi Jing en Dessins. Bande dessinée bilingue, traduit du chinois par C. Javary & WangDongliang. Editions You-Feng

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La tranquilité, arme secrète du Tai Chi. Par Bob Mendelhttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesjanvier08.htm - haut 

Magazine "Black Belt" / juin 1976Photos de Zaroubia

La tranquilité, arme secrète du Tai Chi. La raison ? On cherchait l'état appelé "mushin no shin, pasd'attitude mentale afin d'agir spontanément face à l'attaque. Les étapes avancées du Kung Fu et lesenseignements du Karaté s'occupent aussi de perception et de tranquillité. Ce qui rend le Tai ChiChùan unique, c'est qu'en dépit de la réputation qu'il a de développer lentement l'étudiant, il est unevoie directe et simple vers le calme et son utilisation à maîtriser le mouvement. Il est appeléméditation en mouvement parce qu'il commence par accentuer la tranquillité dans le mouvement. Etil fait de même face à l'attaque. Les classiques du Tai Chi Chùan disent "s'il ne bouge pas, je ne

 bouge pas. A son moindre émoi j'ai déjà anticipé et bougé le premier."

Comment le Tai Chi Chùan permet-il cela, demandons-nous à Master Tung Kai Yin ? "Quand vousêtes relaxés, vous êtes plus rapides, répond-il, et vous pouvez savoir plus facilement ce que va fairevotre adversaire. Il est aussi important d'être relaxés, parce que vous vous sentez mieux". "Bien desmouvements dans le Tai Chi Chùan aident l'étudiant détendu. Les poussées aident à assouplir les

 poignets. Quand vous pratiquez le Tai Chi Chùan, vous devez être relaxé, et non pas mou. C'estrelaxé avec l'énergie. C'est la souplesse au dehors mais l'énergie ou la robustesse au dedans. Commeune barre de fer enveloppée dans du coton". Master Tung souligne une vue traditionnelle du Tai ChiChùan, par des phrases concises mais claires, usant parfois d'une idée ou d'une image familière desécrits traditionnels sur cet Art. Pour cultiver l'énergie détendue lorsqu'on rencontre un adversaire, leTai Chi Chùan comporte un exercice appelé Tui Shou, ou pushing hands.Dans la pratique du Tui

Shou, les étudiants se placent deux par deux, en rangs et en ligne, et tracent un cercle avec leurs

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mains en sentant l'équilibre, l'énergie et le mouvement du partenaire.

Au premier abord, ça ne ressemble pas du tout à un entraînement pratique pour la self-défense."Certains ne connaissent pas la valeur des Tui Shou, admet Tung, et ils pensent que s'ils combattentquelqu'un d'une autre école, ou en self-défense, l'opposant n'utilisera pas les formes du Push Hands.Mais cela n'est pas l'important. Tant que l'adversaire ne trouve pas de contact avec vous, il n'y a pasde réel danger. S'il y a contact, alors c'est comme dans le Push Hands. Tung voit de nombreuxétudiants qui essaient de progresser dans cette partie de l'Enseignement du Tai Chi Çhùan. "La façoncorrecte de pratiquer est de ne pas essayer et de ne pas pousser trop tôt, même si bien des gens lefont. Il vaut mieux passer d'abord six mois a faire des cercles et obtenir un réel calme. Tung voit aussid'autres problèmes dans un "push hands" précoce. "Cela raidit l'étudiant, au lieu, dit-il, au lieu de lerelaxer et de le délier. Quand vous combattez, vous vous éloignez des formes, et combattez, c'est tout.Et alors, vous n'utilisez pas les formes et n'apprenez pas les principes qui sont derrière lesmouvements. Il vaut mieux attendre un peu plus et comprendre plus profondément le Tai Chi et lesformes. Master Tung suggère plus de patience, selon une règle que le Tai Chi Chùan appelle souvent"investir à perte". "Dans le push hands, la plupart des gens veulent gagner, dit Tung. Mais dans la

 pratique, il ne faut pas s'occuper de cela. Vous apprenez plus si l'on vous pousse. Et si vous ne

considérez pas les choses de cette façon, il vous sera ensuite difficile d'être bon en Tai Chi Chùan".Mais la pratique du Tui Shou demande une base solide dans la posture. Tung dit simplement : "Vousne pouvez le pratiquer si vous n'êtes pas bien en équilibre sur vos pieds lorsque vous bougez."

L'équilibre, voilà le but du Tai Chi Chùan, et l'approche qui en fait un art unique est l'alternance duyin et du yang, de l'épais et du subtil. Le calme déplacement de la pesanteur est enseignégraduellement par la lente et méticuleuse répétition des 108 mouvements de l'enchaînement dusystème yang. Les postures variées fortifient les jambes, construisent l'équilibre et font circuler le Chià travers le corps. Selon la tradition, l'énergie prend ses racines dans les peids, se développe dans les

 jambes, est dirigée par la taille, et atteint les doigts. Les formes individuelles du Lent sont une basedu Tui Shou, d'une certaine façon. Les mouvements originaux du Tai Chi Chùan étaient au nombre

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de 13, correspondant aux 8 directions et aux 8 trigrammes du Yi King, plus les 5 éléments. Ces postures fondamentales sont tissées dans les modèles continus de pushing hands. Et, de même quedans le lent, pendant le mouvement, il faut toujours éviter la double pesanteur. 'Vous pouvez bouger

 plus vite, dit Master Tung, avec le poids sur une jambe, plutôt que sur les deux. Tous les mouvementsdu Tai Chi Chùan sont en partie pleins, en partie vides. Cette alternance du solide et du vide, dusouple et du dur, fait partie de la tradition taoïste qui a donné le jour à cet Art.

On connaît bien l'histoire du sage Chang San Feng, observant le combat d'un serpent et d'un oiseau ;le mouvement insaisissable du serpent illustre bien le principe taoïste (de soumission à la force). LeTai Chi Chùan tire tout son intérêt de l'abandon. Céder et absorber le mouvement de l'attaque,accepter et détourner mille livres avec une pichenette de la force de quatre onces. Céder, contrer, etalors frapper sec en retour. Mais quelle sorte de force utilise-t-on pour ce retournement ? Le Tai Chin'utilise-t-il que quatre onces de force ? "L'idée de quatre onces ne se rapporte qu'au fait de détournerles attaques, dit Tung, de se débarrasser de l'assaillant. Autrement, l'on utilise autant de force que

 possible". Le Tai Chi Chùan cultive plus d'une sorte de force, affirme Tung, ajoutant qu'il y a unelongue puissance là où le mouvement va vers l'extérieur longuement. Il y a une courte puissance,comme un éclatement. Il y a une puissance saisissante, une puissance soulevante... toutes basées sur

le Chi". "Ce qui est intéressant, continue Tung, c'est que vous vous connaîtrez vous même et vousconnaîtrez votre force. Vous pourrez connaître les autres, et quelle est leur force. Mais s'ils ne vousconnaissent pas, c'est préférable". Bien que la puissance du Tai Chi Chùan soit basée sur le Chi etsouligne sa circulation par la relaxation et la posture correcte, Tung ne croit pas aux exercices dedéveloppement du Chi. "Inutile de s'occuper de cela, dit-il, car le Chi est là. Le Tai Chi s'occupe dece que vous en faites".

Master Tung note que, au fur et à mesure que l'étudiant s'entraîne, il trouve la liberté dans les formes.Il dit '. "au début, vous vous occupez de penser à effectuer la forme,... si c'est correct. Puis vous

n'avez plus à vous occuper de cela, ce n'est plus que le Chi. Alors, vous pouvez l'exprimer au dehors,au-delà du mouvement'. "D'une certaine façon, c'est comme dans l'entraînement aux armes, continue-

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t-il, car les armes sont essentiellement un prolongement de la main. Nous enseignons le sabre, l'épéeet la lance... chaque arme étant d'une taille différente, et demandant une attention différente. Si vousregardez la longueur d'une épée, c'est à peu près comme si vous exprimiez votre Chi sans elle. Mais,dans l'utilisation des. armes vous ne focalisez votre attention que sur la pointe de l'arme. Avec lesmouvements à main nue, vous pouvez étendre le Chi au delà de la main. L'insistance sur l'utilisationdu Chi fait aussi partie des enseignements du Kung Fu, mais il est rarement conduit au coeur del'instruction comme il l'est dans les systèmes internes. C'est ce qui fait du Tai Chi Chùan la source

des Arts Martiaux. La tonification interne des organes pour équilibrer l'énergie et développer !a santéet la vitalité faisaient partie intrinsèque de la tradition du Yoga taoïste, et Chang San Feng, lefondateur, était connu pour sa connaissance de cette tradition.

On dit que cet Art fut gardé par les élèves de Chang San Feng, puis par la famille Chen à Honan qui préserva le secret de ces techniques pendant des générations. Il advint qu'un homme du nom de YangLu Chan entendit parler de cet Art et se débrouilla pour faire partie de la maison Chen afin del'apprendre. II fut découvert, mais ses dons étalent si grands que la famille Chen le lui enseigna de

 bon gré. Yang Lu Chan se rendit à Pékin où on l'appela Yang l'Insurpassable pour son talent aucombat, et il enseigna le Tai Chi Chùan. Ses deux fils, à leur tour, continuèrent cet enseignement,maintenant connu sous le nom de style Yang. Parmi les élèves du petit fils de Yang, Yang Chen Fu, il

y avait Tung Ying Chieh, qui devint célèbre pour ses écrits sur le Tai Chi Chùan et pour la créationd'un enchaînement rapide qui complète le style Yang. C'était le grand père de Kai Yin Tung, et leFast Set (ou Kwai Chùan), fait partie de la tradition familiale de Tung.

L'Enchaînement Rapide de la famille Tung donnée à l'étudiant une chance de découvrir quelquechose des applications des formes lentes en self-défense, et développe la sensibilité à l'émission del'énergie. Il est basé sur l'enchaînement lent de style Yang, mais effectué avec vivacité, avec plus deforce et de manière plus "serrée", plus compacte. Tung aime le voir pratiqué avec ardeur ... Bouger,respirer, transpirer, mais toujours équilibrer, centrer, maîtriser, parce que c'est en plein mouvement

que le Tai Chi Chùan cherche le calme. Pour être capable d'user du calme comme d'un jouet, que cesoit en affrontant un adversaire ou dans la vie quotidienne, nous devons nous familiariser avec lui.

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Aussi, dit Master Tung, le Tai Chi Chùan est, en vérité, un exercice de l'esprit. Master Tung soulignela concentration, l'attention aux formes, que ce soit dans le Lent ou dans le Rapide, qu'il s'agisse d'undébutant ou d'un pratiquant avancé. L'attention aux détails dans l'exécution est encouragée dans leslimites des possibilités de l'élève.

L'approche traditionnelle du Tai Chi Chùan, qui est celle de Tung, est une approche du calmeintérieur au coeur de la philosophie et de l'expérience asiatique. Approche qui semble à la fois

raisonnable et pragmatique, autant que bien des styles modernes ; mais contrairement à certainsd'entre eux, il démontre le sens de l'équilibre et de la plénitude.

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ENERGIES, les différentes expressions du Souffle par Michèle Petithttp://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesjanvier09.htm - haut 

Le chemin de vie / Changements et devenir du corps énergétique / Editions Chemins de l'Harmonie

Photos du nouvel an Chinois 2009 : Catherine Pascou

A. L'énergie ancestrale YUAN QI 

L'énergie ancestrale confiée par les parents est rejouée pour chacun d'entre nous, selon sa propremanière de vivre : l'alimentation, la respiration, les rencontres avec les êtres et la nature. L'énergieancestrale se recèle au Foyer inférieur : c'est là son lieu d'expression maximale (Reins, surrénales,

région sexuelle) mais elle est présente dans tout le corps. Ce que la Tradition nomme le foyer de Vieen référence à l'œuf primordial, rencontre père/mère, est le viatique individuel qui agit en nous duranttoute notre existence. Tout l'arbre énergétique sort de ce lieu, situé sous l'ombilic, dans l'espace entreles deux Reins. La vitalité s'enracine là et de là partent les méridiens fondateurs.

 Nous avons précisé ailleurs, le rôle de YUAN QI ; rappelons seulement qu'elle ne fait que s'épuiser etque seuls les choix de vie que nous faisons peuvent combler le déficit inhérent à notre existencemême. YUAN QI présente dans toutes les cellules, accompagne, en tant que concrétisation de l'inné,toutes les autres modalités de l'énergie représentant les transformations de l'acquis. L'énergie YUANest comme le pouvoir donné à chacun, afin qu'il continue le mystère de l'humain, à partir de sa proprelignée, mais évidemment dans une perspective et une recherche continuelle de transformation et de

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dépassement.

B. L'énergie de défense WEI QI

L'idéogramme représente un carrefour et des pieds : empreinte de pas ; un territoire : ceci montrequ'au centre il y a un territoire bien protégé. Les processus de la naissance sont fondamentalementliés à WEI QI. C'est le fœtus qui déclenche les contractions de l'utérus, d écidant du moment de laséparation d'avec la mère. Cette naissance qui détermine l'individu, dans ses limites et ses possibilitésd'expression est en relation avec les Reins YANG et un aspect particulier du dynamisme du Foie.

On traduit généralement WEI QI par énergie de défense, mais c'est un sens restreint. Il faudrait yajouter le sens d'une énergie qui amène l'être humain à se déterminer par rapport aux phénomènesenvironnants comme quelque chose de dynamique qui est proche de l'essence du YANG. Aussi, on

 peut dire que WEI QI est une dynamique de relance, pulsionnelle, guerrière, farouche, très associée àl'énergie ancestrale et liée à l'adaptation de la personne dans le monde. En effet, sans cesse la

 personne est dépendante et éventuellement contrariée par les rythmes du cosmos ou de

l'environnement et sans cesse, donc, elle doit y répondre en s'ajustant au mieux.

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La production d'énergie WEI s'organise au Foyer inférieur : c'est la transformation du reliquat de toutce qui reste de l'alimentation ; ce sont les résidus et les lies qui peuvent encore être brûlés à ce niveau.WEI QI rythme la veille et le sommeil : dès l'ouverture des yeux, il y a mise en jeu de tout l'appareilsensoriel de la vie de veille ; on se met debout sur ses pieds. (Il y a une relation énergétique trèsimportante entre les yeux et les chevilles par l'intermédiaire de certains grands méridiens curieux.)Lorsque l'on ferme les yeux pour dor mir la nuit, alors WEI QI va œuvrer dans la profondeur et le

mystère des organes : son mode d'expression concrète étant en particulier la production de rêves.

L'énergie WEI s'exprime et rythme les défenses, aux frontières ; elle surgit rapidement, voireviolemment et alors on assiste aux diverses manifestations de l'allergie. WEI QI circule en fonctiondu Soleil et des étoiles. En vingt-quatre heures, elle fait cinquante cycles dans le corps : durant le jourelle fait vingt-cinq tours et se distribue dans tous les niveaux énergétiques ; la nuit, vingt-cinq tourségalement pour aller visiter les Cinq Centres subtils suivant le cycle KE. C'est en même temps unevoie de justice et de réparation (Reins, Cœur, Poumons, Foie et Rate, puis retour aux Reins et celacinq fois par nuit). Autrement dit, pendant le sommeil, WEI QI va visiter les Cinq Organes/fonctionset pendant la veille, elle va dans les quatre membres et les articulations par les méridiens tendino-musculaires entre autres. Les articulations sont des lieux de décisions et de choix ; on laisse l'énergiey passer ou pas. Les exercices de TAI JI QUAN, QI GONG, DAO YIN et YOGA travaillent en

 profondeur sur ces lieux.

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WEI QI produite au Foyer inférieur est tributaire de l'alimentation ; ainsi suivant ce qu'on mange etcomment on mange, on produit une énergie WEI plus ou moins chaotique ! D'autre part, le pouvoirde réactivité de WEI QI, répond aussi à la vitalité du Foyer inférieur associé au désir, à la peur et à lasexualité. C'est l'expression du vouloir-vivre personnel avec tout ce que cela comporte de mélanges etde conflits ; manifestations d'autant plus violentes que cette volonté personnelle (manifestation de nos

 petites volontés) est éloignée du plan décidé par notre Etre profond, c'est-à-dire de la réalisation duvéritable mandat dont il est dépositaire. Le ressort, la pulsion de WEI QI sont en relation avec la

 poussée de l'énergie du Foie vers le haut (phase montante diagramme du TAI JI) ; ceci fait appel aurôle du Foie dans sa gestion dynamique du sang ; par exemple, tout à coup, le rouge monte au visage: c'est l'aspect subtil de SHEN, ici appelé le HUN qui pousse vers l'extérieur, le haut. C'est aussi luiqui nous pousse en avant, qui nous fait avancer sur la route...

Le cheminement de WEI QI se fait dans les espaces hors méridiens ; on dit qu'elle se propage parnappe. Il y a dans cette propagation, à la fois une notion de rempart et de creux. En effet, WEI QIcircule dans les mesos (membranes) et les fascias (feuillets), c'est-à-dire les plans de clivage situésentre les muscles, les tendons, les os... ; ce qu'on appelle, en médecine chinoise, " l'intervalle de ladivision des chairs ". Elle voyage aussi dans les grandes cavités thoracique (le Clair) et abdominale(le Trouble). Nous connaissons le rôle du Gros intestin et de la Vessie dans la production des liquides

utilisables par l'organisme. Le méridien principal du Foie, le REN MAI et le CHONG MAI jouent unrôle dynamique important dans cette ascension de WEI QI, associée à l'eau. D'autre part, il est trèsimportant de souligner que WEI QI et RONG QI se rencontrent partout et sont nécessaires partout.

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Généralement, on compare WEI QI dont la trajectoire se fait en nappe, à la mère. Peut-on entendre làune référence à la mère matricielle mouvante et fluctuante, sachant que WEI QI est une énergietrouble ; trouble parce que issue du Foyer inférieur et parce qu'elle s'appuie sur YUAN QI, l'énergieancestrale et donc sur la transmission des lignées ; alors que RONG QI est une énergie claire dont latrajectoire est linéaire : on la compare au père - " Le Père, c'est la colonne " - par son mode dedistribution - la sève dans les canaux du tronc et des branches. Mais ce rapprochement symbolique dela gestion des deux énergies est proposé dans un but opératif. On ne saurait surtout pas en faire unerécupération bon marché tant dans le domaine de la psychanalyse ou de la psychothérapie que dans ledomaine social. N'oublions pas que le monde dans lequel nous vivons actuellement mélange tous lesniveaux dans le but inavoué de faire ressortir telle ou telle théorie tronquée, pour mettre en exerguedes pseudo-dialectiques qui ressortirent plus du chaos du Foyer moyen que de la transparence duFoyer supérieur et de SHEN ! De plus ce serait oublier qu'auprès de WEI QI il y a le dynamisme duFoie, d'ordre masculin et que RONG QI est nourricière et élaborée par la Rate, d'ordre féminin. Enfait, plus nous frôlons le paradoxal, plus nous sommes proches du Mystère dont, en réalité, on ne peutrien dire, mais que l'on est amené à vivre de plus en plus intensément.

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C. L'énergie nourricière RONG QI

L'idéogramme montre le bois en dessous et deux feux au-dessus : c'est l'image de nourrir, defructifier, de fleurir. Autant l'énergie WEI était synonyme de vigilance, adaptabilité, imprévisibilité,autant RONG QI apporte la notion de support, de fiabilité ; elle nous permet de compter sur notreterrain ; elle seconde sans cesse le déroulement de notre existence tout au long de la journée de vingt-quatre heures. C'est une énergie claire qui, produite au Foyer moyen, va vers le Foyer supérieur.

RONG QI est une énergie dynamique de cohésion, nécessaire pour harmoniser l'ensemble du corpsafin que les différents secteurs tiennent entre eux. Elle le nourrit et est porteuse du Principe vital.RONG QI, l'énergie nourricière, est dans une relation très intime avec les systèmes artério-veineux,lymphatique et le système nerveux dans sa globalité. Les points d'acupuncture ne sont pas des pointsmais, en réalité des cavités reliées à des paquets vasculo-nerveux et lymphatiques.

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L'énergie RONG circule dans les douze méridiens en vingt-quatre heures. Lors de l'étude de chaquecentre subtil, l'horaire des marées énergétiques des méridiens a été précisé. Il est nécessairemaintenant de les visualiser globalement. (Les heures indiquées sont les heures solaires.) Le schéma

 présente trois boucles se reliant entre elles :

- La boucle interne de 3 heures à 11 heures correspond aux Poumons/Gros intestin et àl'Estomac/Rate.- La boucle externe de 11 heures à 19 heures relie les Cœurs/Intestin grêle et Vessie/Reins.

- La boucle intermédiaire est une zone charnière d'échanges énergétiques qui répond très rapidement.Les marées correspondent ici à 19 heures-3 heures du matin, soit aux heures du Maître Cœur/Triple

Réchauffeur et Vésibiliaire/Foie.

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Remarquons trois moments très importants qui marquent les changements de niveaux énergétiquesdans la circulation de l'énergie nourricière. Ce sont des temps de mutation interne :

- 3 heures : passage de l'expression énergétique du méridien du Foie à celui des Poumons : un cyclenycthéméral se termine, un autre commence.- 11 heures : passage de la Rate au Cœur.

- 19 heures : passage des Reins au Maître Cœur.

Reprenons les trajets des méridiens principaux, nous verrons que ces trois temps de mutations'effectuent en un seul lieu : la profondeur du thorax. Il est intéressant de se regarder vivre à cesmoments-là. On peut être interpellé très subtilement lorsqu'une certaine vigilance s'installe demanière spontanée. Il y a une relation très forte entre l'expression de cette énergie et l'image que l'onse fait de soi. Une prise de conscience progressive, là encore, peut, dans le lâcher-prise, amener la

 personne à changer certains schémas : soit parce qu'il apparaît que ce sont seulement des modèlesimprimés de longue date et qui n'ont plus cours maintenant ; ils nous encombrent inutilement. Soit

 parce qu'ils font appel à des manques importants et qu'il y a peut-être une demande intérieure, profonde et insistante pour modifier la façon de vivre.

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D. L'énergie des rythmes ancestraux ZONG QI

C'est l'énergie des rythmes ancestraux. Bien qu'elle soit créée " maintenant " au centre de la poitrinede la personne, elle n'en a pas moins une relation importante avec le PÔ, aspect subtil de SHEN quiexerce une activité particulière lors de la vie fœtale. D'autre part, avant la région de TAN CHONG,

elle ne s'appelle pas ZONG QI ; à partir de ce lieu, elle circule alors dans l'arbre central vers le haut etvers le bas. Les régions spécialement concernées sont :

- le milieu de la poitrine où elle coordonne le rythme respiratoire;- la gorge (lieu de rencontre de toutes les énergies) ;- les orifices supérieurs ; à partir des yeux, elle donne sa force au Système nerveux ;- la région sexuelle dont elle nourrit la vitalité ;- le diaphragme (séparation du Clair et du Trouble).

ZONG QI active le méridien du Cœur et la respiration depuis le Centre de la poitrine ; elle se dirigeen descendant en pluie vers la région du Carrefour de l'énergie (30 Estomac) QI JIE, lieu de rencontre

inné/acquis. Elle se dirige, d'autre part, en montant vers les orifices sensoriels par des canaux appelésles ZONG MAI. Donc, à l'intérieur du tronc, il y a une voie montante et une voie descendante.

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ZONG QI coordonne :

- le rythme respiratoire et l'expression des Cinq Centres subtils représentés par l'arbre des TroisFoyers ;

- le rythme respiratoire en relation avec les pulsations cardiaques ;- et tout ensemble la grande symphonie des trois rythmes respiratoire, cardiaque et énergétique.

Si ZONG QI est abondant, on respire bien. Cette notion de respiration dépasse largement lemécanisme de la respiration de l'air.

E. Le Grand Souffle DA QI

C'est le Souffle aérien, c'est par lui que nous recevons " l'Unité qui vient du Ciel ". Ce souffle est biensûr directement utilisable puisqu'il est le Souffle en provenance du cosmos, expression de l'Univers(Terre/Ciel). Les textes, quant à son mode de circulation, nous disent : " Il rentre UN et il sort trois. "(Les chemins des Trois Foyers, par exemple.)

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F. ZHEN QI Souffle authentique

ZHEN QI est le Souffle authentique, celui qui " arrive " lorsque la personne a vraiment lâcher-prise.

C'est un souffle sans respiration qui apparaît en son temps à partir du plan vital indifférencié. Lorsquese mêlent harmonieusement la respiration usuelle (inspir/expir) et le Souffle créateur et spontané,alors seulement, il y a changement, transformation, ouverture si l 'on peut dire, à plus d'être.

G. ZHENG QI Souffle droit 

L'idéogramme représente un être humain en station debout sur la terre, " C'est le Vent de la rectitude." Vent indique à la fois le mouvement et la direction. C'est une énergie en relation avec la droiture.On dit qu'il " provient d'un secteur donné, ce n'est ni un vent de plénitude, ni un vent de vide ". C'est

la mesure juste dans la direction juste.

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Et la Respiration ? par Rolland Gaillac

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesmars09.htm - haut 

Photos : anciens Hutong de Pékin

La vie de l'homme commence par une inspiration. Elle se termine par une expiration. Quoi qu'ilarrive. Entre les deux, et tout le reste du temps, les simples êtres humains que nous sommes avalentl'air du bout des lèvres, avec économie ou goulûment, pour assurer la fonction de base qui présideaux échanges gazeux entre nos organismes et le milieu extérieur. Ils toussent, reniflent, raclent leurgorge, suffoquent, s'étranglent, expectorent, ahanent... Mais bien peu respirent, au sens cosmique duterme. Bien peu parviennent à se mettre au rythme de l'univers pour ne constituer qu'un seul souffleavec lui. "Le" souffle. Celui du flux énergétique ; celui qui fait vibrer toute chose ; celui qui préside àtout, au "un", que! que soit le nom qu'on lui donne, et indépendamment de tout contexte religieux.Les grandes religions, d'ailleurs, se sont toutes appuyées à leur origine sur l'aspect cosmique de larespiration pour établir ce lien - le seul tangible - entre le ciel, la terre et l'homme. Et lui donner unnom... Mais bien respirer, au fond, c'est quoi ? Ou plutôt, c'est comment ?

Bien respirer, " c'est ", simplement. Et c'est par là qu'il faut commencer. Ni la posture, ni la pratique,ni le mental ne vous donneront une bonne respiration, quoi que vous fassiez, si vous n'êtes pasconditionné pour. Car c'est de la respiration que tout découle : la posture, la pratique, le mental; etnon le contraire.

On voit arriver de temps en temps, lors de cessions diverses, Tai Chi Chuan, Chi Gong, Yoga, ou

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autre, des gens qui vous disent : " Je suis venu parce que je ne sais pas respirer! J'ai lu qu'ici on pratiquait la respiration abdominale. Puis-je m'inscrire ? " Quelques jours plus tard, vous lesretrouvez, plus appliqués que jamais. Ils tiennent à vous montrer qu'ils ont compris. Qu'ils "savent",désormais, respirer. Et c'est alors terrible ! La séance à peine commencée, vous fermez les yeux ; etvous avez soudain l'impression d'être entré par hasard dans un pressing… Certes, la respiration doit

être ample, longue, profonde. Mais elle ne peut en aucun cas être forcée, exagérée. Elle doit restersilencieuse, naturelle, entièrement libre. A votre image. Ou plutôt à l'image du chi, ki, prana, comme

il vous plaira de l'appeler. A l'image de cette énergie qui passe à travers vous. Et qui conditionnechacune de vos attitudes, chacun de vos actes...

Au-delà des dogmes, des querelles d'école, des pratiques religieuses, il n'existe que deux façons derespirer : la bonne et la mauvaise. Pour la mauvaise, c'est simple : il suffit de regarder autour de soidans la rue, les transports en commun, les lieux publics. Les gens malgré eux avachis, vautrés, sanstenue. Comment pourraient-ils respirer ? La bonne façon, en revanche, est plus difficile à décrire. Carsi la technique, dite abdominale est simple à maîtriser en elle-même, ce qui la sous-tend est en fait

 plus complexe. Si le rôle de la respiration consiste à établir un lien, un fil invisible destiné à relierl'homme à l'univers, les formidables effets qu'elle engendre sur l'organisme sont, eux bien terrestres.

Et tout à fait mesurables.

Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, la respiration ne se fait pas au niveau des poumons. Elle s'effectue en fait au niveau cellulaire, et même au niveau moléculaire, dans desorganites spécialisés, véritables centrales énergétiques qui portent le nom barbare de mitochondries.Les échanges gazeux se font bien entendu au niveau des alvéoles pulmonaires, mais l'oxygène estconduit des poumons à la cellule par le sang. C'est là que s'effectue la véritable respiration. Cellule

 par cellule. Le taoïste Tchouang Tseu, affirmait que les gens du commun respiraient avec la gorge,

tandis que l'homme véritable devait le faire avec tout le corps, jusqu'aux talons, ce qui signifiait quela respiration s'accompagne d'un processus de prise de conscience qui peut s'étendre aux jambes.

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L'acte respiratoire en effet, pour être pleinement efficace, doit procéder de tout le corps. Nombre destress, de troubles psychosomatiques, de dysfonctionnements organiques, de fatigues chroniques sontdus à cette incapacité.

En effet, les fonctions homéostatiques de l'organisme : circulation sanguine, sécrétions hormonales, pression artérielle, régulation de la température corporelle, etc sont assurées sans l'intervention du

raisonnement, par le système nerveux autonome, quelles que soient les variations du milieu extérieur.Ce système nerveux autonome, ou système neurovégétatif, est situé dans le paléocortex, et plus particulièrement dans l'hypothalamus, la partie la plus ancienne du cerveau. C'est le centre des pulsions fondamentales : nourriture, désir sexuel, instincts, besoin de groupe, survie de l'espèce.Celui sans lequel nous ne serions pas là aujourd'hui. En revanche, ces lignes ne pourraient être écritessans l'intervention du néocortex (siège de l'intellect), et de ses milliards de cellules : la partie la puisrécente du cerveau, en termes d'évolution.

Or !a difficulté de vivre des civilisés vient de l'antagonisme de ces deux cerveaux, et de l'importance,de plus en plus grande, de par nos activités cérébrales intenses, que s'adjuge le " petit dernier". Ainsi,durant le jour, une partie des fonctions automatiques de l'organisme est assurée par le systèmesympathique. Lorsque ce système, excité par les émotions, l'activité cérébrale, le stress, est tropsollicité, survient un état de surtension. Le parasympathique entre alors en jeu, afin d'éliminer cestensions par des processus chimiques complexes, (neurotransmetteurs notamment), et maintenirl'équilibre du système nerveux autonome. C'est ce qui se produit pendant le sommeil par exemple, oule sympathique (dominant le jour) cède la place au parasympathique (dominant la nuit) pourdéfatiguer notre corps et notre esprit, et leur rendre la vigueur nécessaire à un fonctionnement correct.Or l'activité intellectuelle, trop importante, des cérébraux que nous sommes devenus (au sensfondamental : émotions, angoisses, etc.) donne trop d'importance au système sympathique, et

empêche, plusieurs heures durant, le parasympathique de reprendre les commandes. C'est ce qui faitque vous entendez souvent des gens dire : "Je ne comprends pas. Cette nuit, j'ai dormi dix heures et je

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suis complètement crevé..."

A l'inverse, les pratiquants de Tai Chi Chuan, Chi Gong, ou Yoga, par exemple, dorment moins. Maisavec une très grande efficacité réparatrice... Ce qui nous ramène à la respiration ventrale. A larespiration longue, profonde. Et à son rôle en la matière... La respiration comporte trois temps :l'inspiration, l'expiration, et une pause, plus ou moins longue, située entre expiration et inspiration,

dont peu de gens ont conscience. Un temps mort hors du temps. Entre tension et détente. Un peud'éternité. L'état du Bouddha, comme le moment qui sépare deux pensées…

L'inspiration est produite par une contraction du diaphragme et des muscles intercostaux, qui dilate lacage thoracique et donc les poumons, collés à la paroi, provoquant ainsi une aspiration. L'expirationnaturelle est due, quant à elle, à l'élasticité de la cage thoracique et des poumons, cherchant à revenirà l'état d'origine. L'air est alors expulsé, simplement. Au contraire, la respiration abdominale faitintervenir un concept totalement différent : celui d'énergie cosmique, ou de Chi. Ce n'est plus juste del'air qui entre dans les poumons, mais quelque chose d'autre. Indéfinissable. Indéterminable. Le "ça",aux propriétés extraordinaires, que l'on va chercher jusqu'aux confins de l'univers. Que l'on absorbeau fond, tout au fond de soi. Que l'on dirige jusqu'au centre de gravité de l'organisme, au tan tien(chine) ou au seika tanden (japon), en un point situé au milieu d'un triangle dont le sommet serait endessous du nombril, à trois centimètres environ, et les deux côtés au niveau de la troisième lombaireet de l'anus. Et que l'on expulse ensuite, lorsqu'il a fait son office, aux confins de l'univers. Uneénergie que l'on peut aussi diriger : par les mains, par les yeux, par la pensée... Sur les autres ou sursoi-même... Qui vous donne des facultés que d'aucuns qualifieraient d'"extraordinaires" et qui ne sont

 pourtant que l'expression de la nature.

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Le troisième millénaire verra l'étude systématique de l'origine de ces forces, et enseignera à chacunleur utilisation rationnelle. Pour y parvenir, on peut utiliser les techniques de visualisation parexemple. Ou n'utiliser aucune technique du tout. On peut se concentrer sur une pratique : le ventre segonfle à l'inspiration, puis se creuse et vient appuyer sur le diaphragme à l'expiration. Ou mettrel'accent sur la longueur de l'expiration, comme dans le bouddhisme tantrique ou Zen... Ou travaillerau contraire la longueur de l'inspiration, comme dans les exercices respiratoires de l'Aïkido. On peut

faire, ou ne pas faire. Pourvu que la respiration soit vraie. Dans tous les cas, des effets étonnants seferont alors sentir. Que l'on adhère ou non à ces idées. Et ça, ce sont des faits. Bien-être, joie de vivre,sensations oubliées depuis l'enfance vont réapparaître. Pourquoi ? Auto-hypnose ? Effet placebo ?Point du tout... Revenons aux effets physiologiques de la respiration. La longévité des prêtres

 bouddhistes, et notamment des bouddhistes zen, est bien connue depuis toujours. On a d'abordcherché du côté de l'alimentation, végétarienne - elle joue aussi, sans aucun doute, son rôle -, avant dese pencher sur celui de la respiration. Les prêtres bouddhistes récitent des sûtras (okyo en japonais),d'une voix caverneuse, aux paroles prononcées à l'expiration, qui exercent une forte pression surl'abdomen. Les Tibétains ont poussé cette pratique au niveau de l'art, avec une force dans le souffleque rien n'égale. Les prêtres shintoïstes également. Les prêtes occidentaux, n'ayant, comme forced'appui, que les sons fragiles du " notre père " vivent, c'est un fait moins longtemps. Car leur voix,

 plus haute, plus faible, ne permet pas d'exercer cette respiration profonde qui exerce une actiondéterminante sur la santé.

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La réalité physiologique d'une bonne respiration est simple. La phase d'inspiration, lorsqu'elle estsuffisamment longue, ample, exerce une pression sur un des centres fondamentaux de l'organismechargé de réguler les fonctions involontaires dont nous parlions auparavant : le système limbique, ourhinencéphale, qui est pratiquement un second cerveau. Cette partie du système nerveux est situéederrière le nez. C'est pourquoi certains exercices du yoga s'appliquent à faire travailler l'inspiration

 par une narine, puis par l'autre, afin de donner une meilleure conscience du travail respiratoire.

L'expiration lente, à son tour, en agissant de façon progressive et soutenue sur le diaphragme, vastimuler les fibres nerveuses dont la concentration est très grande au niveau du plexus solaire. Lediaphragme, ainsi sollicité à l'inspiration comme à l'expiration, va améliorer ses capacités defonctionnement, entraînant une plus grande oxygénation de l'organisme et ses corollaires : unemeilleure combustion, une élimination plus rapide des déchets métaboliques, souvent générateurs defatigue. Par ailleurs, le foie, qui est accolé au diaphragme, monte et descend avec cet organe à chaqueinspiration. Il subit ainsi, lors des phases de rétraction, un véritable massage... La plupart des organes,d'ailleurs, situés sous le diaphragme, subiront également un massage et une meilleure oxygénation :rate, reins, colon...

A la technique se joint l'état d'esprit : on doit pratiquer sans but, sans volonté de quelque gain que cesoit. La voie consiste seulement à porter attention à sa respiration, sans autre désir. Anàpànasati : Ana: inspiration. Pana : expiration. Sati : la prise de conscience. Pour arriver à la libération de l'esprit et

 parvenir l'éveil. Peut-être... Et tant pis si j'en vois qui soupirent, au lieu de respirer, tout simplement...

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 Nourrir le Souffle par Chen Gong

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesjanvier11.htm - haut 

L'intention et le souffle sont dans le corps humain sans forme ni couleur et invisibles pour les yeux.Mais il faut savoir que le souffle remplit tout le corps et nourrit le sang. Le souffle est latransformation du feu de la porte de la vie et de l'essence. Les taoïstes l'appellent l'état d'équilibreentre le feu et l'eau ou encore le Dan intérieur. Il réside et s'accumule dans le Dàntiân.

Les taoïstes l'apprécient extrêmement, alors que les gens estiment ordinairement que le sang est le plus précieux dans le corps humain. En effet le souffle est plus important que le sang parce que lesouffle est principal et le sang est auxiliaire. Si le sang est insuffisant, on peut encore survivre, maissi le souffle vient à manquer on est en péril tout de suite. C'est pourquoi la chose la plus importantec'est de nourrir le souffle.

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La particularité du Tàiji quân, outre son bienfait pour le corps humain, est de favoriser le

développement du souffle. Le proverbe dit: " On exerce extérieurement les nerfs, les os et la peau; onexerce à l'intérieur une bouchée de souffle ". Quand on pratique le Tàiji quân dans le GrandEnchaînement, dans Dispersion des Mains ou dans le Grand Déplacement, la respiration demeurenaturelle, le visage ne change pas de couleur et le souffle emplit tout le corps. On se trouve dans unétat plus confortable qu'avant l'exercice; cela montre que l'exercice de Tàiji quân est bienfaisant etenrichit le souffle.

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Quand le souffle est plein, le sang est abondant; quand le sang est abondant, le corps est fort. Si lecorps est fort, l'intention est ferme. Quand l'intention est ferme, le corps est vigoureux. Cette vigueur

 produit la longévité et l'on peut devenir expert. On confond souvent l'intention avec le cœur ou le

cœur avec l'intention, mais ils sont différents. Le cœur est le maître de l'intention et l'intention est

l'auxiliaire du cœur.

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Quand le cœur se met en mouvement, l'intention commence. Quand l'intention commence, le souffle

la suit. Autrement dit ces trois éléments, le cœur, l'intention et le souffle, sont en interaction. Quandle cœur est dispersé, l'intention est en désordre. Quand l'intention n'est pas concentrée, le souffle estflottant. Au contraire, quand le souffle s'enfonce, l'intention est ferme. Quand l'intention est ferme, lecœur est stable. C'est pourquoi ces trois éléments s'emploient mutuellement et se trouvent dan s unerelation inséparable. Quand le souffle circule naturellement, il peut activer le sang et en même tempsanimer l'esprit.

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S'il y a la théorie sans la méthode, on ne peut tout comprendre. S'il y a la méthode sans la théorie, oncommence par la queue. L'intention, le souffle et la pratique ont une relation réciproque. Si onexplique aux débutants ce que sont l'intention et le souffle, cela est difficile. Mais cela ne signifie pasqu'on ne puisse pas passer la porte de la pratique. Par exemple, pour exercer les treize gestes ou unseul mouvement, il faut commencer par l'imagination. Ainsi, lorsque les deux mains réalisent lemouvement d'appuyer, il faut imaginer qu'il y a un adversaire devant; à ce moment, même si lesouffle ne sort pas des paumes, on doit supposer qu'il circule depuis le Dàntiàn, vers les lombes, ledos, les épaules, les bras et les paumes afin que l'énergie s'exprime et arrive au corps de l'adversaire.Cette supposition, pour les débutants, est plutôt vague. Mais après une période d'exercice, on peut

l'employer aisément.

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Histoires du Taiji Quan Par Gérard Edde

http://afdt.chez-alice.fr/TCClecturesnovembre12.htm#haut 

Le Dragon de poche, conseils vitaux des anciens sages du Tao

ZHANG SAN FENG - LE SERPENT ET LA GRUE DU TAI JI 

Il existe deux histoires du Taiji Quan, celle racontée dans les textes classiques et l'histoire transmiseoralement dans toutes les écoles de chaque style. D'une manière curieuse, l'histoire et les légendescontées dans les diverses écoles convergent toutes et décrivent les mêmes histoires.

L'origine du Taiji Quan plonge ses racines dans la philosophie du Tao. La Chine ancienne présentaitalors une structure féodale et les arts martiaux étaient l'objet d'une quête vitale et secrète, chaque

disciple voulant connaître le summum de son art et chaque maître désirant réserver ses meilleurestechniques à ses élèves les plus doués et les plus loyaux. En outre, l'apprentissage des arts martiauxétait souvent lié à une ordination formelle dans le cadre du taoïsme, puis plus tardivement dans lecadre du bouddhisme.

Bien que les monastères taoïstes fussent naturellement dédiés aux pratiques spirituelles, les artsmartiaux étaient cependant enseignés pour former les moines à la discipline et au contrôle de leursénergies. Ces arts martiaux dits "internes" étaient aussi un vecteur pragmatique d'évolution spirituelle

 par leurs idéaux et pratiques. L'enseignement restait donc l'apanage des moines, dans un cadre biendifférent de l'entraînement des guerriers et mercenaires de cette époque. C'est pourquoi le Taiji Quan

et le Kung Fu originels sont teintés d'une indicible couleur spirituelle et d'une notion initiatique ou

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filiale.

Ainsi, le Taiji Quan puise-t-il sa théorie dans la connaissance du Yijing (en particulier dans ses

versions taoïstes), dans la théorie médicale taoïste ancienne et dans l'alchimie interne de la circulationdes souffles de l'énergie interne et externe (Neijing Qi et Wei Qi).

Selon l'école taoïste du Mont Hua, l'empereur mythique Shen Hung, agriculteur et herboriste, serait àl'origine de la théorie énergétique cosmologique des huit trigrammes (Ba Gua) du Yijing et des huitmouvements primordiaux du Taiji Quan : reculer-tirer vers l'arrière-pousser-presser-tirer vers le bas-se pencher en arrière-pousser avec l'épaule-pousser avec le coude. Chaque mouvement semble ainsien liaison avec le concept dynamique de chaque trigramme. Cet enseignement purement taoïste duTaiji Quan existe encore dans certaines écoles.

On raconte encore que le grand empereur Yu (2000 environ. avant J.-C.) créa une sorte de dansecosmique destinée à se mettre en harmonie avec les forces telluriques. Ce style de pas magiquesexiste encore aujourd'hui dans certaines écoles du taoïsme religieux. Yu pensait que, tout commel'eau stagnante est souvent infestée de parasites, la stagnation des liquides vitaux et du sang apporte lamaladie. Il posa ainsi les origines de la conception taoïste du mouvement hygiénique.

L'empreinte de la philosophie naturelle du Tao est évidente dans les textes classiques du Taiji Quan,on y trouve notamment cette maxime :

Rejeter le souffle ancien et inspirer le souffle neuf, se mettre dans la posture de l'ours et s'étirer

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comme un oiseau.

On retrouve d'ailleurs dans le Taiji Quan de tous les styles cette référence à l'oiseau, tant dans le nom

des postures que dans la forme en "bec" du poignet et des doigts.

On vient de découvrir en 1973 un texte important sur le yoga taoïste datant de 108 avant J.-C., dansune tombe du Hunan. Sur les quarante figures, certaines indiquent clairement l'imitation dumouvement d'animaux comme l'ours, l'aigle et le singe. Les autres dessins montrent que certains deces exercices étaient utilisés pour guérir certaines maladies physiques ou psychologiques. Plus tard,sous la dynastie des Han, le célèbre acupuncteur Hua To mit au point une série de mouvements baséssur l'imitation des animaux. On considère que ces mouvements de Dao Yin furent à l'Origine des

 postures du Kung Fu.

Mais la source de la synthèse du Taiji, mouvements primordiaux du Taiji Quan. se trouvecertainement dans l'école du mont Hua. Le maître Chen Bo y enseignait le style interne du Liu Ho PaFa (les six harmonies et les huit méthodes), certainement l'ancêtre du Taiji moderne. La statue de cemaître était encore visible au monastère de la source de jade des monts Hua.

D'autres exercices sont considérés comme d'origine divine, tels les célèbres Batuajin - les huit piècesde brocart ou huit merveilles - pratiqués de façon intensive de nos jours par toute la diasporachinoise. Le taoïste Lu Don Bin serait à l'origine de ces mouvements copiés sur la danse des dieux.Plus concrètement, on considère que ces enseignements furent révélés par la voie du rêve ou par le

contact avec des Xian pendant de longues retraites de méditation. Ainsi le Taiji Quan aurait étéenseigné à l'ermite taoïste Zhang Sang Feng par l'immortel de l'étoile polaire : Hsuan Tien Zhang Ti à

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l'aube du premier millénaire ; selon d'autres sources le Taiji Quan était déjà pratiqué à cette époquesur les cinq pics sacrés du Wudang.

D'une certaine manière, on peut affirmer que personne n'a créé le Taiji Quan mais qu'il est le fruitd'une évolution à la croisée de plusieurs influences. La tradition orale de certaines écoles attribue la

 première forme de Taiji Quan au moine taoïste Zheng Yi Dao Ren qui vécut 500 ans avant notre ère.

Il ne reste bien sûr aucune trace de cet art interne que l'on nommait " la boxe prénatale ", en référenceà l'arrangement originel des huit trigrammes du Yijing décrivant la formation du monde.

On considère donc Zhang San Feng (qui vivait aux environs de l'an 1000 de notre ère) comme le pèredu Taiji Quan actuel. Cependant, la vie de ce taoïste légendaire ne fut décrite que dans des textes

 beaucoup plus tardifs, au XVIème siècle. La légende et la tradition orale nous laissent un portraithaut en couleurs de cet homme : d'énormes yeux et de grandes oreilles, de long cheveux tressés en

chignon, ne portant qu'une seule robe en été comme en hiver, mangeant de copieuses quantités denourriture, grimpant les montagnes comme s'il volait. Zhang San Feng est considéré comme l'un dessix grands immortels de l'école taoïste des "immortels cachés" qui florissait encore au début de cesiècle sur le mont Hua.

L'histoire du Taiji Quan est intimement liée à cette école dont on disait que les maîtres avancés pouvaient rencontrer les maîtres du passé. Ainsi, Zhang San Feng "apparut" à plusieurs disciples jusqu' au XVème siècle. On attribue la rédaction de l'ouvrage "La Pratique du système du Taiji Quan" à Zhang San Feng, et l'on cite souvent ce passage descriptif de cet art :

Le Taiji Quan dépasse l'effort. La méditation, qui en est le premier pas, indique l'effort dans la

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quiétude et la croissance intérieure. Les mouvements du Tai Chi Chuan sont la partie externe de cettecroissance. On doit combiner l'externe et l'interne, le doux et le dur pour atteindre le but suprême.

Zhang San Feng laissera l'image d'un être spirituellement réalisé qui calqua les mouvements du TaijiQuan sur le combat gracieux et mortel d'un oiseau et d'un serpent.

Quelques siècles plus tard, Chen Wangting, général en retraite de l'armée de la dynastie des Ming,axa un style de Taiji Quan basé sur le Livre classique de la boxe et sur sa pratique de cette forme decombat qui comportait diverses séquences. Cette version de la naissance de tous les styles du TaijiQuan moderne est confirmée par le maître Dong Hao (1897-1959) et recueille l'approbation de

 presque toutes les écoles. Chen Chen Hsing créa ainsi le style "Chen" qui donna ensuite naissance àtoutes les autres écoles du Taiji Quan: Style Yang, style Wu (il existe deux styles Wu distincts dontl'orthographe en écriture chinoise est différente), style Sun, style Guang Bin...

Ce combattant est lui aussi nimbé d'une auréole de gloire dans la province du Shandong, il apportaitde nouvelles méthodes martiales certainement issues du Kung Fu de Shaolin d'influence bouddhiste.

Le directeur actuel de l'institut d'exercices physiques de Shanghaï Gu Liuxin attribue à ChenWangting la synthèse des pratiques suivantes :

*La coordination entre les mouvements et la respiration (souvent absente de certains styles enseignés

en Occident).

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*Les mouvements en spirale qui entretiennent la bonne circulation du Qi ou énergie vitale.

*L'exercice à deux, TUI SHOU (se pousser avec les mains), dont la pratique en compétition existeencore de nos jours.

Le style Chen est caractérisé par une succession de mouvements tour à tour lents et rapides et les

coups de pieds surgissent parfois d'une façon explosive.

Ce style comprenait deux formes de mouvements originales qui se sont transmises le long de dix-septgénérations, de la famille Chen jusqu'au dernier maître : Chen Fake (1887- 1957).

Mais revenons en arrière, à l'un des premiers maîtres Chen : Chen Hsiang qui développa la forme de

108 mouvements et enseigna Yang Lu Chan (17221872), fondateur du style Yang, bien connu enOccident. Peu de temps après naquit le style Wu de Wu Yu Hsiang, qui étudia à la fois le style Chenancien et le style Yang.

Au cours de son histoire, le style Chen s'enrichit d'une "forme nouvelle" destinée plus particulièrement à entraîner et à échauffer le corps et plus récemment d'une forme simplifie en 38mouvements de Chen Xiawang (19eme génération de la famille Chen depuis Chen Wang Ting),

 pratiquée actuellement en Chine où le style Chen connaît un "renaissance" due à ses mouvements à lafois toniques et harmonieux, représentant au mieux l'alternance Yin-Yang de la philosophie naturelledes taoïstes. Il faut aussi distinguer l'évolution de ce style selon les régions de la vaste Chine et on

compte aujourd'hui un style Chen du Nord et un autre du Sud !

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A l'époque de la révolution de 1911, le Taiji Quan était à la mode à Pékin, cela surtout à cause de saréputation de méthode curative. On dit même que la plupart de pratiquants étaient alors uniquement

 préoccupés par son côté curatif, c'est pourquoi à cette époque naquirent des formes édulcorées de cetart martial "interne". La pratique de la boxe du Tai Chi apportait la valeur d'une recherche taoïste

 pour " obtenir un cœur serein et un esprit concentré ". Cependant, le renouveau actuel de la forme

Chen oriente le Taiji Quan, à la fois vers ses applications martiales et la pratique d'une méthode de

santé. De plus, les exercices complémentaires visant à entamer l'énergie le long de spirales de forces(le Chan Jun Chin) renouant avec l'énergétique chinoise et avec les mouvements lies aux huittrigrammes du YijinJing.

Du point de vue thérapeutique, les recherches chinoises ont montré que la pratique du TAIJIQUANapportait des résultats sensibles dans les troubles suivants : La neurasthénie, les névralgieschroniques, l'hypertension, les gastrites et tous les troubles digestifs chroniques, les maladiescardiaques, la tuberculose, l'arthrite, le diabète et les maladies chroniques en général.

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Le schéma du GRAND RETOURNEMENT par Cyrille J.D. JAVARY

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Discours de la Tortue 

Ce diagramme, maintenant familier aux Occidentaux tant il est repris dans de nombreux logos publicitaires, est très souvent appelé "le dessin du dao ". Bien que surprenante de prime abord - ledao, indéfinissable par essence, ne peut être représentable - cette dénomination se révèle finalementd'assez bonne sagesse puisque ces deux " gouttes" noire et blanche donnent à voir la rythmique du

 battement Yin/Yang, qui est bien la manifestation de ce fonctionnement des choses au niveausensible. Pourtant, ce n'est pas ainsi que les Chinois désignent ce dessin. Ils l'appellent tai ji tu, c'est-à-dire le dessin (tu) du Tai Ji

Tai Ji n'est pas une expression banale. Ces deux idéogrammes, ceux par lesquels s'ouvre le passagedu Grand Commentaire qui a intéressé SHAO Yong, occupent une place importante dans la penséetraditionnelle, raison qui sans doute leur a valu des traductions assez étonnantes.

Dans l'encyclopédie informatique d'un important fabricant de logiciels, on trouve par exemple "TaiJi, en chinois: Grand Ultime ". L'expression sonne bien, elle emporte l'adhésion. Mais ce n'est pasune traduction, plutôt une projection, le placage d'une idée métaphysique occidentale sur uneabstraction chinoise.

François Jullien l'a remarqué quand il souligne à propos du passage du Grand Commentaire que "

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c'est surtout le premier terme de cette énumération (tai ji) qui, dans la mesure où il peut servir àreprésenter l'origine, a retenu l'attention des philosophes ultérieurs. (...) En effet, influencé parl'exigence métaphysique nouvelle que le bouddhisme a introduite en Chine, les penseurs néoconfucéens de la dynastie Song ont été conduits à voir en ce terme la clé de voûte de tout le système :il est censé, en servant ainsi de terme premier, fournir son concept à l'absolu, établir le fondement dela réalité. Le pas est facile à franchir alors qui conduit à ériger la notion en entité métaphysique. "

Ce pas, les missionnaires le sauteront sans états d'âme. L'un des plus célèbres d'entre eux traduira parexemple le même passage : " Il y a dans les transformations le grand Premier Commencement. Celui-ci engendre les deux puissances fondamentales. Les deux puissances fondamentales engendrent lesquatre images. Les quatre images engendrent les huit trigrammes ". Et il le commente ainsi : " Legrand Premier Commencement joue un rôle considérable dans la philosophie naturelle ultérieure. Al'origine, ji est la poutre faîtière, donc un trait simple, symbolisant la pose d'une unité .Mais en posantl'unité, on pose à la fois la dualité, car en même temps on fait apparaître un dessus et un dessous.L'élément conditionnant est ensuite désigné comme ligne non divisée, tandis que l'élémentconditionné est représenté par une ligne divisée , ce sont là les deux puissances fondamentales

 polaires qui sont par la suite désignées comme Yang le lumineux et Yin l'obscurs. "

" Grand Premier Commencement ", " Grand Ultime" (on trouve aussi "Faîte Suprême"), toutes cesdénominations ont un point commun: leurs initiales en majuscules. Nous sommes tellement habituésà cet artifice typographique, propre à notre manière d'écrire, que nous en oublions souvent l'effet

 psychologique et idéologique qu'il induit. Pourtant, l'initiale en majuscule correspond à "unemodification du sens qui métamorphose le mot, volatilise sa valeur concrète et le projette à un autreniveau de résonance". Toutes choses impossibles à concevoir par l'esprit chinois. Comment voulez-vous en effet appliquer une initiale en majuscule à un dessin? Un caractère n'est pas seulementinvariable, il est aussi immuable.

Ces majuscules donnent aux expressions " Grand Ultime" ou " Faîte Suprême" des allures dedivinités primitives qui les rapprochent de nos dieux indo-européens. Cela n'était pas indifférent auxmilieux missionnaires. Ils tenaient avec cette interprétation de l'expression tai ji un témoignage de lacroyance chez les indigènes chinois à un pouvoir supérieur dont découle tout ce qui existe quiarrangeait bien leur activité missionnaire.

Il importe donc, avant de voir l'usage qu'en fera SHAO Yong, de comprendre plus précisément ceque les Chinois entendent par cette expression. Pour y voir plus clair, commençons par le troisièmecaractère, le plus général.

Ce caractère (qui se prononce " tou " est très courant. Dans les classifications des bibliothèques

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impériales, il désigne d'une manière générale les plans, cartes, graphiques, diagrammes, tout ce qui,dans un monde d'idéogrammes, sans être un signe d'écriture, est un dessin signifiant. " Schéma"semble plus approprié pour le traduire que " dessin ", qui a en français un côté artistique absent duterme chinois, qui n'est employé que pour des réalisations à caractère pratique, laissant à un autreidéogramme (hua) celles à caractère esthétique

L'idéogramme se compose de deux éléments. À gauche le radical arbre , signe général des objetsfaçonnés en bois. Â droite, un groupe complexe dans lequel on distingue la représentation d'un êtrehumain, placé entre ciel et terre (les deux traits horizontaux) et encadré par les signes de la parole

et de l'action . L'ensemble de l'idéogramme évoque donc un objet façonné en bois et situédeux fois à la jonction entre les éléments d'une dualité concertante.

Sur la nature de cet objet, tout le monde est d'accord. Il s'agit de la poutre maîtresse, celle située au plus haut de la charpente et sur laquelle s'appuient et se rejoignent les deux pentes du toit. Comme ilne fait aucun doute non plus que ce terme technique n'est pas employé ici dans son sens propre maiscomme une image, la symbolique que l'on peut en tirer dépend étroitement du point de vue à partirduquel on considère cette poutre.

Si l'on se place à l'intérieur d'un bâtiment, cette poutre sera vue comme ce qui couronne et maintientla charpente, la cause première de sa stabilité, image qui va se superposer avec une métaphore trèsfamilière aux chrétiens, celle de la clé de voûte des coupoles des églises romanes.

Pierre ronde située au sommet de la voûte et sur laquelle s'appuient toutes les autres pierres de lacoupole, la clé de voûte deviendra une des images fortes de l'édifice intellectuel de la chrétientémédiévale, une allégorie globale de la création au sommet de laquelle se tient Dieu, cause de toutesles causes, origine unique faisant tenir tout l'édifice.

Transposant cette métaphore sur les édifices chinois, les missionnaires regarderont tout naturellementcette poutre faîtière comme un "faite suprême ", qu'il suffira d'orner de majuscules pour qu'ildevienne une sorte d'avatar oriental du " fait suprême " créateur de toutes choses au Ciel et sur laTerre. Paul Claudel, qui par ailleurs a écrit des pages magnifiques sur la Chine et l'amour qu'il lui

 porte, est lui aussi tombé dans ce genre de piège sémantique lorsqu'il fait du dao taoïste unedénomination exotique du Dieu qu'il prie. Malheureusement, les anciens Chinois ne connaissaient pas

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les églises romanes et ils n'ont que fort rarement élevé des voûtes en pierre ; dans le caractère ji, rienn'indique une quelconque transcendance. Même dans ses graphies les plus anciennes, l'idéogrammemontre le ciel et la terre compris comme les constituants d'un tout organique.

L'assimilation par les Occidentaux de cette poutre maîtresse à la clé de voûte de leurs églises ne vient pas tant de la poutre elle-même que de l'endroit d'où on la regarde. La clé de voûte ne peut se

contempler que de l'intérieur - de l'extérieur elle est recouverte par la toiture -, la poutre maîtresse des bâtiments chinois, en revanche, est invisible de l'intérieur, car elle est masquée par les caissonsformant plafond. Mais de l'extérieur, dépassant largement du sommet du toit et le plus souventmagnifiée par d'énormes têtes de dragon qui l'embouchent à chacune de ses extrémités, elle est

 particulièrement apparente.

Le changement de lieu d'observation modifie sensiblement l'ensemble du point de vue et toute lasymbolique qui en découle. De l'extérieur, la poutre faîtière ne peut pas être perçue comme une sortede sommet absolu et inaccessible vers lequel converge tout ce qui s'élève, induisant l'idée d'un idéalsupérieur qui ne se peut contempler qu'en levant la tête et en joignant les mains. De l'extérieur, la

 poutre faîtière devient la manifestation d'un retournement, l'endroit où la pente du toit change desens. C'est pour cette raison qu'elle deviendra pour l'esprit chinois le symbole général duretournement incessant, familier de la pensée du changement.

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Cette signification figurée d'un retournement faisant suite à une culmination explique l'emploi del'idéogramme "poutre " dans des expressions proverbiales comme par exemple :

qui signifie " [lorsque] la joie (le) atteint son apogée (ji), [alors] naît (sheng) la tristesse (bel.) " ; ou bien encore cette autre, construite sur le même modèle :

signifiant " [lorsque] la prospérité (tai) atteint son apogée (ji), [alors] naît (sheng) l'adversité (pi) " etqui présente en outre la particularité de mettre en relation le nom de deux hexagrammes(PROSPÉRITÉ, l'hexagramme 11, et ADVERSITÉ, l'hexagramme 12 dont les architectures linéaires

 jouent elles aussi sur le retournement entre un mouvement de montée suivi d'un mouvement deredescente.

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Ce caractère dérive directement de l'adjectif " grand" dont il constitue une sorte de superlatif. Ilen est assez proche phonétiquement (" grand " se prononce da) et n'en diffère graphiquement que parla petite accrochée à la "jambe" gauche de l'idéogramme " grand". S'il n'y a aucun doute à propos dusens de ce caractère il désigne la qualité de ce qui est très grand, la culmination de la grandeur -, c'estsur son emploi dans cette expression que l'on peut s'interroger. Pourquoi les rédacteurs de l'Antiquitéont-ils éprouvé le besoin de requalifier par un superlatif cette poutre maîtresse qui était déjà

l'indication d'une culmination?

On peut penser que l'emploi de ce superlatif leur offrait un double avantage; d'abord induire la lecturesymbolique de l'expression entière et ensuite confirmer qu'il s'agit bien d'une culmination, donc d'unretournement et non d'une simple élévation.

Dans une perspective du Yin/Yang, toute chose une fois parvenue à son extrême se transforme en soncontraire. En mettant l'accent sur l'extrême de la grandeur, la présence de ce superlatif opère commeune sorte de présélection du sens, insistant sûr la future transformation qui attend cette grandeur. Il

confirme que l'expression tai ji est bien l'évocation dynamique du " grand retournement "caractéristique du "fonctionnement" de toutes choses.

Mais cela ne suffit pas pour en conclure que la représentation des deux gouttes noire et blancheentrelacées est ce que désignent les mots tai ji. Ce serait confondre un dessin avec le nom qui lui estattribué, et oublier qu'en la circonstance un millénaire les sépare.

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Le gouvernement du Corps et l'entretien de la Vie par Jean-Marc Kespi

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Médecine traditionnelle chinoise, une introduction / Marabout

 

La Médecine traditionnelle chinoise décrit chez l'être humain, dans l'optique qui lui est propre, desmécanismes de la vie. Situons-les d'abord globalement. Notre corps est administré comme un pays ouun empire. Un gouvernement formé de dix viscères en est chargé. Le Cœur -administrateur, au centre,le préside ; il est entouré de ses ministres : le Poumon, le Foie, les Reins et la Rate. Sous ladépendance de la Rate, les entrailles (Vésicule biliaire. Estomac, Intestins et Vessie) gèrent tous nosterritoires, dont, en premier, le corporel.

ZANG ET FU

Les viscères sont classés en deux groupes, Yin et Yang, les Zang-Organes et les Fu-Entrailles. LesZang-Organes thésaurisent, les Fu-Entrailles sont des lieux de transit et de transformations. Zangrenvoie aux Cœur, Poumon, Foie, Rate et Reins. Fu représente la Vésicule biliaire, l'Estomac, les

Intestins et la Vessie.

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Le caractère Zang est fait de l'idéogramme Cang auquel est contraposée la clé de la " chair " poursignifier que l'on parle du corps humain. Cang signifie cacher, dissimuler, mettre en réserve,emmagasiner, conserver, thésauriser. Le rôle fondamental des Zang est de thésauriser les Jing et Shencorrespondants. Pour mieux comprendre, souvenons-nous que Jing et Shen sont, avec Qi, à l'originede la vie. Ils se diversifient, entre autres, en cinq Jing et cinq Shen qui répondent aux cinq Zang-Organes et fondent leur fonctionnement. Il est donc capital qu'ils y soient conservés. La plénitude desZang est dite Man : tout est rempli, on ne peut rien y ajouter. Que peut-on ajouter en effet à Jing,

Shen et Qi ?

Fu s'écrit avec le même radical, celui de la chair, et a pour sens dépôt, recueillir, résidence, préfecturede premier ordre. On y dépose des objets précieux. De grands personnages y résident. Leur plénitudeest dite Shi : aboutissement des transformations, elle implique une fructification débordante,exubérante. En relation avec l'autel du dieu du sol et des moissons, les Entrailles-Fu ont pour fonctionde gérer tous nos territoires, corporel, affectif, professionnel…. Elles les délimitent, irriguent,

ensemencent, nourrissent, font fructifier, drainent et coordonnent.

Il y a donc, idéalement, deux sortes de ministres, ceux qui thésaurisent l'essentiel et l'originel et ceuxqui reçoivent, transforment et font fructifier. Cette symbolique définit deux attitudes conjointes pourgouverner : s'enraciner dans le fondamental, conserver l'essentiel pour recueillir, transformer et fairefructifier. Sans ces principes, nous ne gouvernons pas, nous gérons notre vie au jour le jour, sansvision.

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LES ORGANES-ZANG

LE COEUR  

Le Cœur est l'Empereur. Fils du Ciel, Miroir du Shen, Tanzhong : ces termes recouvrent une même

 position médiatrice entre le Ciel archétypal et le corps. Le rôle du Cœur est de faire en sorte que toutce qui est d'ordre universel soit coloré par notre nature singulière :

- il abrite Xing, notre nature propre, et " régit le sang ", support de notre spécificité et de noscaractères chromosomiques ;

- il est " logis du Shen ", de cette vibration primordiale qui, se ref létant sur le miroir de notre Cœur,

devient notre Shen;

- il " commande aux Mai ", vaisseaux qui véhiculent et particularisent les lois archétypales qui nousrégissent ;

- nommé Xin Shu, " ce par quoi le Cœur commande ", il administre notre corps dans une activité nonagissante, dans une action, médiatrice, de présence ;

L'Empereur est aussi le soleil de l'Empire. Le Cœur est notre soleil, et par là Feu, source de vie,

chaleur et lumière. D'où sa relation avec l'été dans les Wu Xing-cinq agents. Citons à nouveau MarcelGranet pour illustrer la fonction essentielle du cœur : " Avant d'aller distribuer les Insignes en

circulant sur terre à la manière d'un Soleil [...], l'Empereur devait, pour mériter le titre de Fils du Cielet d'Homme Unique, s'élever, tout droit et confondu avec l'axe du Monde, sur la Voie (Wang Tao)

 par laquelle, à des instants sacrés, le Ciel et la Terre entrent en communion." L'Empereur est en nouset nous invite à ces instants sacrés.

….

Le 14 V.C., médian, à deux distances sous le sternum, est le logis du Feu du Cœur.

Une femme de trente et un ans me fait part de ses angoisses importantes, solaires, paralysantes,

accompagnées de diarrhées, tachycardies, tremblements et de sensations de froid profond,

"jusqu'aux os". Elle dort mal, se réveille souvent, son sommeil est de mauvaise qualité, sans rêves. Je

relève dans ses antécédents une hypothyroïdie avec froid intense, fatigue, constipation et prise de poids. Le pouls du Cœur est insuffisant. Elle a perdu son père et son frère; elle rencontre des

 problèmes avec son fils de huit ans. Sa meilleure amie est en train de mourir d'un cancer. Elle ne

veut prendre aucun traitement en dehors des extraits thyroïdiens. Ses symptômes évoquant

Cœur,insuffisance et froid, disent que le " Feu du Cœur est en insuffisance ". Je tonifie le 14 V. C. et

le chauffe avec des bâtons d'armoise. L'amélioration est rapide et spectaculaire compte tenu du

contexte. 

Le 11 V.G., médian, situé sur le "Vaisseau Gouverneur", est lié au Palais de l'Harmonie préservée,dont nous avons vu qu'il était, au centre de la Cité interdite, le lieu où l'Empereur, dans une activité

non agissante, gouvernait l'Empire.

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Une patiente de trente-cinq ans, mère d'un garçon de sept ans, me parle de sa dépression et de ses

troubles fonctionnels cardiaques avec tachycardie et douleurs précordiales. Elle a perdu son entrain,

 sa joie de vivre. Elle a bien digéré le cancer du sein pour lequel elle a été traitée, il y a trois ans.

 Mais elle est toujours engluée dans un conflit avec sa mère qui l'a amenée à recommencer une

 psychothérapie, il y a un an. Aujourd'hui, elle se sent incapable de " gouverner sa vie ". La prise des

 Pouls selon la M. T. C. confirme le " vide de Cœur ", la déficience du Cœur en tant qu 'il préside, au

centre, au gouvernement du corps. La puncture du 11 V.G. contribuera sensiblement à améliorer sadépression. 

Le 15 V., lié au Souffle de cet organe, appelle au repos, à la concentration, au sommeil, surtout dansles atteintes récentes ou aiguës. Il apaise et calme. Le 15V. peut être mis en relation avec le Palais del'Harmonie parfaite : ils ont en commun le repos, la concentration, le calme, l'apaisement et le retoursur soi.

Une jeune femme de vingt-huit ans atteinte d'une maladie neurologique grave, pour le moment

 stabilisée, arrive en larmes, très agitée : "Je suis très angoissée; la psychothérapie réactualise cette semaine des angoisses de mort qui m'ont envahie pendant toute mon enfance et que j'avais occultées.

" Devant cette urgence, le 15 V. me paraît tout indiqué. Une demi-heure après, elle est détendue et

 paisible. 

LE POUMON 

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Le Poumon est dit être le " Premier ministre " du Cœur. Etre le Premier ministre, c'est être le plus proche. Le Poumon est le plus proche car il incarne le Soufflet qui, dans le Vide Médian, entre Ciel etTerre, génère les dix mille êtres, permet aux Qi de se condenser, de se transformer et de circuler.Sachant la relation entre Vide Médian et Cœur, nous comprenons la proximité de ces deux organes.

Par ailleurs, le Poumon est l'émanation de son Shen, le Pô, qui gère " les entrées et les sorties ", àcommencer par la " sortie dans la vie ", impliquant une prise de forme du Qi qui nous est alloué à laconception. Si une partie de ce Qi n'est pas incarnée, pour une raison ou une autre, nous avons,associée à des troubles respiratoires, " envie de tuer et/ou de mourir ", comme si le Qi non utilisé seretournait, avec sa vocation de vie ou de mort, contre la personne.

Le Poumon est dit être le " Toit des viscères ", abaissant vers le petit bassin les Qi, circulants etrespiratoires, ainsi que les Liquides organiques qui confluent à son niveau. Le souffle inspirés'abaisse, du " Ciel vers la Terre ", dans le pelvis, où il est " accueilli par les Reins ". A l'expiration, il

 prend appui sur cette région pour remonter " de la Terre vers le Ciel " et être expulsé. C'est dire

l'importance de la relation Poumon-Reins et thorax-pelvis dans la respiration. Cette physiologieévoque le toit des maisons traditionnelles chinoises; il comporte en son centre un orifice qui permetaux influences célestes de pénétrer dans la maison et aux souffles domestiques d'être évacués vers leciel.

Par ailleurs, le Poumon est en relation avec l'Automne, saison de la récolte, du ramassage, de ladescente des souffles du Yang vers le Yin, du Ciel vers la Terre. En automne, le Ciel se retire, laTerre et l'Homme " resplendissent dans la paix, la clarté et la tranquillité ".

Ainsi, les fonctions des Poumons s'enracinent dans un mouvement du Ciel qui s'investit sur Terre puis se retire, laissant l'Homme libre, paisible et tranquille. Le rôle essentiel du Poumon résidecertainement dans sa capacité à assumer, à l'automne de sa vie, adulte, libre, autonome, tranquille,

 juste et pur, séparé du père et de la mère, " sa nature et sa destinée ". La relation étant étroite entrePoumon, entre justice et injustice, entre pureté et impureté, la capacité d'être juste et pur est icifondamentale.

Un homme de cinquante-deux ans souffre d'une bronchite évoluant depuis trois mois, malgré tous les

traitements et des bilans paracliniques normaux. C'est inhabituel chez lui. Il est d'ailleurs rarement

malade. A la question, rituelle pour un acupuncteur en pareil cas, " avez-vous eu la sensation de

 subir une ou plusieurs injustices importantes ? ", il me répond par l'affirmative. Directeur de banque,

il a "fait la fortune de son agence " ; deux mois avant que sa bronchite ne se déclare, pour des

raisons inconnues de lui, le président de la banque l'a marginalisé. Cet homme " était comme son

 père ", son vrai père étant décédé peu après sa naissance. Son poumon disait sa souffrance,

l'insupportable de cette injustice, d'autant plus qu'elle venait d'une personne incarnant une image

 paternelle, céleste. La puncture du 22 Rn. a guéri sa bronchite en quarante-huit heures. L'action de

ce point est notoire en acupuncture dans cette indication.

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LES REINS 

Les Reins sont doubles, symboliquement doubles : " deux Jing (du paternel et du maternel)s'empoignent, s'étreignent ", un être est conçu. Les Reins ont en charge la transmission de la vie, la procréation, et donc la sexualité ; toutes les créations, y compris artistiques et spirituelles ; les passages " du Ciel antérieur au Ciel postérieur ", c'est-à-dire de la puissance à l'acte, du potentiel auréel; le mandat qui, à Mingmen, entre les deux Reins, nous est donné de nous recréer à chaquesouffle.

Les Reins sont emblématiquement liés à l'Eau, " première origine de la naissance et de la vie ",essence, matrice, origine invisible mais aussi puissance, puissance de la graine qui, sous terre,contient l'arbre en devenir. " Lieu et source des transformations ", ils sont la force profonde où

s'enracinent la vie, les Jing-quintessences (des aliments comme des liquides séminaux), les cinqZang-Organes, le Cerveau, les Moelles et les Liquides organiques. Les Reins-Eau sont en rapportétroit et antagoniste avec le Feu-Cœur : la perturbation de cette relation peut être à l'origine

d'hypertension, de tachycardie...

Le Shen des Reins est le Zhi, force instinctive, créatrice qui nous pousse à vivre et à survivre dans les pires conditions : une fatigue de type Zhi est physique, psychique, intellectuelle et sexuelle.

La saison correspondant aux Reins est l'Hiver, moment où la vie s'enfouit sous terre, comme le germecontenant des potentialités qui jailliront au Printemps. Ainsi les Reins répondent à l'assise, à lafondation terrestre sur laquelle la vie s'appuie pour se construire et jaillir. Ils sont ici en relation avec

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le Poumon, céleste. Toit des viscères, dont ils accueillent les souffles. Nous avons souvent à rétablirune relation Poumons-Reins pour traiter des troubles respiratoires rebelles. La puissance des Reins semanifeste, en M.T.C., dans les os, les lombes, les cheveux et l'ouïe.

Une femme de quarante-sept ans, sculpteur, massive et puissante, me consulte pour des migraines et

une fatigue. Ses maux de tète, invalidants, datant de l'adolescence, mensuels ou bimensuels, sont

unilatéraux, droite ou gauche, localisés sur le côté du crâne, sur le méridien Shao Yang. Violents,non influencés par les règles, le climat, le froid, la chaleur, l'alimentation, ils durent en général

trente-six heures et sont mal maîtrisés par les différentes thérapeutiques. On n'en connaît pas

l'étiologie. Sa fatigue, physique (moins de force, de résistance), psychique (moins d'entrain), sexuelle

(moins de désir), intellectuelle (moins de concentration et de mémoire), est avant tout matinale : elle

est si intense au lever qu 'elle se demande comment elle pourra affronter sa journée. Survenue

insidieusement, elle s'est aggravée progressivement. Dans les antécédents, je note deux coliques

néphrétiques sans calculs. Les pouls des Reins sont profonds. Passionnée par son métier, elle

regrette de n 'avoir jamais pu avoir d'enfants. Un point me paraît indiqué. Situé sur Shao Yang

(trajet des céphalées), répondant aux Reins, il met en mouvement l'énergie du corps, le matin en

 particulier : le 25 V.B. Sa puncture, mensuelle, améliore rapidement ses migraines et sa fatigue : "

Vous avez mis en mouvement la force de mes reins ", dit-elle fort justement.

Les Reins, et en particulier leur fonction de thésaurisation du Jing, de la quintessence, sont souventconcernés dans certains surmenages importants, comme dans les dépressions du post-partum. La

 puncture du 52 V. participe à reconstituer ce Jing... si l'être ne le dépense pas aussitôt en continuant àméconnaître ses limites.

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LE FOIE 

Le Foie est sous-tendu par Hun, les " allées et les venues ". Sa fonction est d'aller et de venirlibrement, avec aisance, souplesse, liberté, sans entraves, le plus loin possible, jusqu'aux extrémitésdes branches et des racines. Aller et venir permet de voir clair et large ; de prévoir comme " legénéral des armées " dont le sens tactique est tel qu'il gagne les batailles sans avoir à les livrer ;

d'établir un " plan ", de dresser des défenses ; de stocker, de faire des réserves ; d'éliminer les déchets,de drainer et épurer ; " d'aplanir et de réguler " le Qi, le sang, les liquides, les émotions et lessentiments... Aller et venir implique le mouvement : le Foie commande aux fonctions musculairescomme il permet d'aller et venir librement, le plus loin possible, dans le conscient et l'inconscient,l'imaginaire, le sommeil et les rêves.

Le Foie répond au Printemps, au cours duquel les Qi jaillissent, apparaissent et se déploient de laTerre vers le Ciel, de l'Hiver, où les Qi sont cachés sous terre, invisibles, à l'Eté, où ils fleurissent etfructifient, visibles de tous. Il régit la continuité de ces échanges entre visible et invisible. Foie-Hunest là indissociable de Poumon-Pô1, comme le sont les " allées-venues et entrées-sorties ", " les

 printemps et les automnes ". Le Foie, l'est, l'orient, le printemps expriment l'ipséité du vivant, lacontinuité entre invisible et visible. Le Poumon, l'automne, l'ouest, l'occident, impliquent ladiscontinuité et l'altérité. La Médecine traditionnelle chinoise porte là encore deux regards sur la vie,comme les traits Yang, continus, et Yin, discontinus, du Yijing.

 J'accompagne une femme de cinquante-trois ans depuis 1994. Battante, pleine d'énergie, elle souffre

de ballonnements abdominaux, d'une mauvaise élimination des toxines avec constipation, d'urines

rares, de sueurs odorantes, d'œdèmes périodiques au visage et aux mains, d'un foie sensible à la

 plupart des médicaments, même mineurs, avec nausées et troubles de la vue, d'une rhinite allergique

aux acariens. Accentués depuis sa préménopause, tous ses symptômes se sont nettement améliorés

 par un drainage des émonctoires. Elle se réveille assez souvent la nuit et, malgré son nombred'heures de travail, elle ne ressent pas de grande.

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LA RATE 

La Rate est, au centre de l'Empire, aux côtés de l'Empereur tourné vers le Ciel, le héros préposé auxrites terrestres. Elle est, avec l'Estomac, le " Ministre des greniers " : on y engrange pour redistribuer.Elle a en charge la nutrition ; elle humidifie et fertilise ; elle participe à l'extraction de la quintessence(dite Jing du Ciel postérieurl) des aliments qu'elle décompose pour nous construire, après les avoir "

transformés et transportés ".

La Rate a pour Shen le Yi, mise en forme active guidée par le Cœur, passage et transition. Elle régit

les passages à l'acte, à chaque instant, à tous les plans, et relie, comme " la pensée, le propos, le sens,l'intention " qui sont autant de traductions possibles de ce caractère.

Centrale, elle irrigue les quatre membres et la " chair " du corps. Si elle est insuffisante, on se sentlourd, sans force, fatigable, les quatre membres sont faibles, et, bien évidemment, on digère mal. Ellerépond à la Terre, qui, au centre des cinq mouvements des Wu Xing, " reçoit les semences et donne

les récoltes ". Elle a sous sa dépendance les Entrailles-Fu qui gèrent nos territoires, corporel, professionnel, familial,social, affectif...

Un cinéaste de quarante-sept ans, longiligne, est épuisé, en particulier après les repas, avec des

creux à onze heures et à dix-sept heures. Il ressent en permanence un blocage de l'estomac, qui lui

donne l'impression de ne jamais se vider. Il tolère mal les graisses et l'alcool. Son corps pèse des

tonnes. Tout cela l'angoisse. Il comprend comment il en est arrivé là : il n 'a jamais tenu compte de

 ses limites, encore moins ces deux dernières années professionnellement très difficiles dans ce métier

ô combien aléatoire. L'enduit de la langue et les pouls confirment le vide de Jing de la Rate. Le 49

V., point du Yi, améliore singulièrement son état en trois séances. 

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LES ENTRAILLES-FU

L'ESTOMAC 

Au centre du territoire, l'Estomac est sur le versant de l'Eau, la Vésicule biliaire sur celui du Feu.

L'Estomac qui reçoit, cuit et putréfie les aliments est " le lieu et la source des transformations " : il estde l'ordre de l'Eau. Il est la " Mer des eaux et des grains " et " pourvoit aux quatre saisons ", c'est-à-dire à tout l'organisme. Il est " la racine des organes et des entrailles " ; " ainsi le souffle des cinqorganes est toujours mélangé au souffle de l'estomac et ne peut agir seul ". Il est la Mer du souffle, dusang et de tous les viscères. Avec la Rate, il a la charge des " granges et des greniers ". La présencedu souffle de l'estomac est ainsi d'importance vitale : " un souffle de l'estomac trop affaibli signe unemort prochaine " . En affinité avec les Reins-Eau, il est la source du Qi des Reins. Il est encontradiction avec le Cœur -Feu. Jeûnes de l'Estomac et du Cœur dialoguent. Un "Feu du Cœur" en

excès peut être à l'origine d'un ulcère de l'Estomac. Il est aussi " Vide et Plein " : il régit la capacité àse remplir, à se nourrir soi-même, de soi-même, à être vide, à jeûner, à se priver de soi-même.

Une femme de cinquante-six ans souffre, depuis trente ans, de migraines intenses, gauches, tirant

l'oeil vers le fond de l'orbite, ne répondant à aucune thérapeutique. Elle se plaint aussi d'un sommeil

 superficiel, rarement récupérateur et, si elle ne se contente pas de petits repas, d'un estomac qui ne

 se vide pas. Elle sait pourquoi : "Jusqu'à mon départ de la maison, à vingt-cinq ans, les repas

 familiaux se sont déroulés dans la haine. " Selon moi, ces trois symptômes sont liés : leur origine est

à l'Estomac, ce que confirment les Pouls. Je puncture le point indiqué quand l'Estomac " ne peut

contenir ", le 20 E. J'y adjoins, pour les migraines, le point du méridien de l'Estomac situé au crâne,

le 8 E. à gauche. L'amélioration des trois symptômes, esquissée dès la troisième séance, est acquise

après la cinquième, y compris au niveau d'un rhume des foins qu'elle avait omis de me signaler et qui

répondait, bien évidemment, au même méridien. 

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LA VESICULE BILIAIRE 

La Vésicule biliaire est, au centre du territoire, de l'ordre du Feu. " Tous les viscères viennent y prendre leurs ordres " : elle a vocation d'initiative, de mise en route des transformations (digestives,mais pas seulement). Dans le "juste et le médian ", elle est le " juge qui décide et condamne " ; elle "régit tous les commencements " ; elle permet qu'ils se fassent aux justes temps et lieux, à l'instar de

l'Empereur qui initie le début de l'année à l'est et au printemps, faisant coïncider le temps et l'espacecorrespondants. Seule entraille " pure " qui ne soit pas au contact des aliments, elle fait partie, enoutre, de l'ensemble des Entrailles curieuses, dont le but est la pérennité de l'être. Vésicule biliaire etCœur, tous deux de l'ordre du Feu, sont très liés en physiologie comme en pathologie.

 Mme C. me consulte pour des symptômes référant à la Vésicule biliaire (nausées, bouche amère,

vertiges, point douloureux vésiculaire) et retentissant sur l'Intestin (spasmes intestinaux avec gaz

malodorants, douleur à la main et à l'épaule droites sur le méridien correspondant). Quelle en est

l'origine ? " Spirituellement, je suis en marche, je suis toujours en quête de mon être essentiel. Mais

 je ne suis pas reconnue par mon mari et mon fils. J'ai peur d'être exclue. C'est un problème

d'existence au quotidien, me confie-t-elle. - Un problème de territoire existentiel? Lui demandai-je. - Exactement" fut sa réponse. Je puncture un point qui régit le centre du territoire, avec la Vésicule

biliaire, l'Estomac et la Rate, le 11 V.C. 

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LES INTESTINS 

L'Intestin grêle a pour fonction de récolter, recevoir, planifier et faire prospérer. " Les choses oumatières (wu) transformées (hua) en sortent. " II reçoit ce qui vient de l'Estomac, le transforme et lefait fructifier sous l'action du Feu du cœur qu'il reçoit (il en est la Terre'). Il accueille aussi le Shen duCœur. S'il ne peut le faire, ce Shen, non amarré, volatil, se dégage, entraînant angoisses, insomnies,

difficultés à se centrer et à se concentrer, labilité émotionnelle avec, bien sûr, des troublesintestinaux. Deux points répondent à ces fonctions terrestres, les 23 E. et 24 E. Le premier estuniquement sensible au stress et à l'angoisse. Le second l'est aussi à certains aliments, les crudités en

 particulier.

Thierry, six ans, accompagné de son père, me consulte pour une énurésie quotidienne. La naissance

de son frère, il y a deux ans et demi, n'y a rien changé. Je ne relève aucun autre symptôme ou

antécédent en dehors de quelques diarrhées émotives. " C'est un enfant angoissé, dit le père, avec

une sensibilité excessive, un souci de perfection, un besoin de ritualisation protectrice; il

communique facilement. " Puncture à la quatrième séance, le 23 E. entraîne rapidement une

 guérison de l'énurésie et une nette diminution de ses angoisses en enracinant sur la Terrecorrespondante le Shen du Cœur. 

Le Gros Intestin, " Terre du Poumon ", accueille tous les Souffles et Liquides abaissés par cetorgane, " Toit des viscères ", et les transmet, achemine et coordonne. "Toutes les transformations ensortent. " Son rôle de transmission et de coordination le fait intervenir dans le fonctionnement dusystème nerveux et dans certaines paralysies.

Un homme de cinquante-six ans se plaint de douleurs intermittentes des membres inférieurs, diffuses,

 sans trajet particulier, "électriques", comme neurologiques, toujours accompagnées de faiblesse et

de difficultés à la marche. Ses crises ont débuté il y a six ans. Fait remarquable et inexpliqué, elles

 sont toujours accompagnées de troubles intestinaux avec douleurs spasmodiques, alternances de

constipation et de diarrhée. Le patient évoque une fragilité intestinale depuis l'enfance, avec

intolérance au lait. Pouls et langue étant normaux et, devant l'absence de toute autre

 symptomatologie, je puncture le V.G. 3. Les douleurs ont disparu définitivement après la seconde

 séance. 

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LA VESSIE

La Vessie assume " l'organisation des territoires et des cités ". Elle les délimite (comme le chat quiurine à la périphérie de son domaine), y trace des canaux, les irrigue et les draine. Pour cela, ellereçoit les Liquides organiques venant de l'Intestin grêle et des Reins, les trie et les fait circuler : elleest la " Terre des Reins ". Sa fonction rappelle les travaux de l'empereur mythique Yu le Grand, quisauva la Chine du déluge en faisant s'écouler les eaux vers la mer, en endiguant les neuf lacs, encomblant et faisant s'égoutter les neuf voies d'eau, en faisant communiquer les canaux et en drainantles eaux usées. Arpenteur, il réaménagea la terre, qu'il fît mesurer, la parcourant en tous sens.Forgeron (Eau et Feu), il fondit neuf chaudrons, emblèmes du pouvoir impérial. A l'image de cetEmpereur qui reçut d'un dragon les huit trigrammes du Yijing, la Vessie applique les règles célestes1à l'organisation territoriale du corps humain.

Une patiente de quarante et un ans, énergique, vite révoltée, vivait seule depuis toujours. Il y a deux

ans et demi, elle a noué une relation amoureuse. Six mois après, elle habitait avec son ami dans un

 studio de quarante mètres carrés, où elle s'est très vite sentie à l'étroit. A partir de ce moment-là, les

cystites qu 'elle présentait de temps à temps se sont aggravées en fréquence et en intensité, avec

envies pressantes d'uriner, brûlures profondes, pesanteur pelvienne et quelques incontinences. La

relation entre cette aggravation et les problèmes de territoire était évidente. Le 28 E. fut pour ce cas

très utile. 

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Les racines du CHI-KUNG par le Dr Yang Jwing-Ming

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Budo éditions

La bonne santé authentique est à la fois externe et interne .

Au cours de leurs sept mille années d'histoire, les Chinois ont connu toutes les souffrances et toutesles douleurs humaines. La culture chinoise est une vieille femme qui a tout vu et tout vécu, tout cequ'il y a de douloureux dans la vie des hommes. Toutefois, cette expérience lui a également permisd'accumuler une immense somme de connaissances. Comme en témoignent sa littérature et ses

 peintures, que l'on compte parmi les plus grandes réalisations de l'esprit humain, elle est le reflet detout ce que l'humanité connaît comme joies et comme peines, plaisirs et souffrances, paix et guerres,le reflet de sa vitalité, de sa faiblesse, de sa mort. Baigné dans cet environnement culturel ethistorique complexe, le peuple chinois a longuement recherché les solutions qui lui procureraient unevie plus saine et plus heureuse. Toutefois, alors même qu'il s'appliquait à rechercher les voies d'unmieux être et d'une élévation spirituelle, il avait également tendance à croire que tout ce qui arrivaitétait le fait de la destinée, et que tout était déjà déterminé par les Cieux. Malgré cette croyance, il suttout de même chercher à échapper à l'apparente fatalité de la maladie et de la mort.

Dans l'espoir de comprendre le sens de la vie, les Chinois ont consacré une grande partie de leursefforts intellectuels à l'étude de soi et au développement personnel. Ce sentiment et ce regard tournévers soi, cette recherche spirituelle, sont devenus l'un des principaux fondements de la religion et dela médecine chinoises. Le chi, l'énergie du corps humain, a été attentivement étudié. À mesure quel'on percevait la relation entre le chi du corps humain et le chi existant dans la nature, on commença àespérer que ce chi serait le moyen qui permettrait à l'homme d'échapper à la maladie et à la mort.Avec les années, on étudia le chi et ses applications dans les différents domaines de la sociétéchinoise.

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Dans l'histoire de toutes ces recherches, celle des lettrés et des médecins est la plus longue, et aconsidérablement contribué à approfondir le niveau de compréhension du chi. Ce sont eux qui ontenseigné les méthodes de préservation de la santé et de traitement des maladies. Cette recherche dansle domaine du chi représente les fondements sur lesquels a été bâtie la médecine chinoise. Lorsque le

 bouddhisme indien fut introduit en Chine, la culture en fut profondément influencée. Bienévidemment, le chi-kung chinois a également subi l'influence des pratiques de méditation

 bouddhistes. La religion taoïste est issue de la rencontre du taoïsme traditionnellement enseigné et du

 bouddhisme. Depuis cette époque, le chi-kung bouddhiste et taoïste figure parmi les plus grandesréalisations de la culture chinoise.

Le taoïsme et le bouddhisme ont permis au peuple chinois de bénéficier d'une philosophie de l'espritempreinte de sérénité et capable de dénouer les mystères de la vie humaine et de la destinée. Ils ontégalement suscité un espoir, celui de voir les progrès en chi-kung et en tai chi chuan permettrent àl'être humain de mener de son vivant une vie saine et heureuse. À la lumière de ces antécédentshistoriques, il n'est pas difficile de comprendre pourquoi, si l'on excepte les domaines de la guerre etde la médecine, la plus grande partie de la culture chinoise de ces deux cents dernières années sefonde sur les philosophies taoïste et bouddhiste, ainsi que sur les sciences de l'esprit humain.

L'importance accordée à la vie spirituelle plutôt qu'à la vie matérielle est l'un des aspectsfondamentaux qui différencie la culture orientale de la culture occidentale. La question relative aumaintien de la santé illustre bien cette différence: alors qu'en Occident l'on s'occupe presqueexclusivement du corps physique d'une personne, en Orient, on traite également son équilibrespirituel et mental. La plupart des Occidentaux croient qu'en rendant leur corps physique plus

vigoureux, ils améliorent du même coup leur santé. Ils privilégient l'exercice et l 'entraînement de leurcorps physique, mais ignorent l'équilibre de leur énergie corporelle interne (chi), qui dépend

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également des émotions et de la recherche de la paix de l'esprit. Les taoïstes appellent cela Cong WaiJian Gong (Bâtir la force de façon externe) ou Yuan Xin Zhi Wai Gong Yun Dong (Exercicesexternes de l'esprit distant), qui sont des exercices externes sans concentration ni attention mentale.

Ceux qui font beaucoup d'exercices et dont le corps est extérieurement fort ne sont pasnécessairement en meilleure santé ou plus heureux que les autres. Pour bénéficier véritablement d'une

meilleure santé il faut avoir un corps sain, un esprit sain, mais aussi une circulation du chi équilibréeet régulière. Selon la médecine chinoise, de nombreuses maladies sont le fait de déséquilibres psychiques. L'inquiétude et la nervosité peuvent par exemple perturber l'estomac ou endommager larate . La peur ou l'effroi peuvent entraver le fonctionnement normal des reins et de la vésicule

 biliaire. Ceci parce que l'énergie interne (la circulation du chi) est étroitement liée à l'esprit. Pour êtrevéritablement en bonne santé, il faut avoir à la fois un corps physique en bonne santé et un espritcalme et sain. La bonne santé authentique est à la fois externe et interne.

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Tai Chi Chuan, Squelette et Fluidité par Stephan ZIMMER

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Un des axes qui me guident dans la pratique, c'est le développement de la conscience du squelette.

PRATIQUER

C'est faire, refaire, expérimenter, ressentir, rechercher, s'interroger, découvrir, observer, comprendreet affiner la forme. Mais c'est aussi transmettre et enseigner. C'est également être mis à l'épreuve :celle d'être confronté à ses limites, à ses insuffisances, celle de refaire la même chose sans se répétercelle de se discipliner.

FORME

La forme c'est un enchaînement défini, codifié de mouvements. Comme toute forme corporelle le TaiChi Chuan possède une structure spatiale ( les directions du mouvement par exemple), une structure

temporelle ( la séquence des mouvements) et s'inscrit dans la gravité (la notion d'axe dans le Tai ChiChuan ou le fait de pivoter sur le pied plein ou vide suivant les écoles).

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LE SQUELETTE

Elément de structure du corps humain, est donc un élément à prendre en compte dans la pratique dela forme. C'est en effet le squelette qui définit les mouvements possibles entre les différentes partiesdu corps au niveau des articulations. C'est également le squelette qui est le mieux à même detransmettre les efforts (poids, actions diverses) sans fatigue et sans effort. Au niveau des articulationsles mobilités entre les os sont dans pratiquement tous les cas des rotations et non pas des glissements( sauf par exemple au niveau de l'articulation entre la clavicules et l'omoplate). C' est ainsi que l'on

 peut dire que le Tai Chi Chuan, et ses mouvements basés sur des cercles et des spirales, et lesquelette, sont faits l'un pour l'autre. Le développement de la conscience du squelette me paraîtimportant en tant que pratiquant comme en tant qu'enseignant.

Combien y a-t-il de personnes qui placent l'articulation de la hanche au niveau des crêtes iliaques ? Etcomment peut-on fléchir les jambes et descendre avec cette image du corps ? Combien de personnesont conscience des différents mouvements de l'omoplate sur la cage thoracique ? Comment peut-onrelâcher les épaules sans cette conscience ? Combien de personnes ont-elles conscience du volume etde l'emplacement des vertèbres lombaires, pratiquement au centre du ventre, ce qui fait unedifférence pour se centrer ? ou de l'emplacement de l'articulation du crâne sur les cervicales près de laligne des oreilles, ce qui fait une différence pour allonger la nuque ? Ces quelques exemples montrentà quel point la forme pratiquée peut être enrichie, affinée par une idée plus précise du squelette et desmobilités des os les uns par rapport aux autres. Et de même la pratique permet d'enrichir l'image que

l'on a du squelette, ce qui influe sur l'image de soi et retentit sur tous les aspects de la vie. C'est pourquoi je pense que cet axe de travail est un guide fiable pour la pratique.

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FORME LENTE

La grande originalité du Tai Chi Chuan par rapport à d'autre pratiques corporelles c'est bien sur lalenteur des mouvements. Cette lenteur provoque et permet plusieurs choses, entre autres : unfonctionnement mental différent du fonctionnement courant dans nos sociétés en amenant le cerveaugauche à se taire et en laissant la place au cerveau droit de porter l'attention à la façon dont bougentles différentes parties du corps, d'en expérimenter d'autres et de découvrir les liens entre toutes ces

 parties, entre le centre et la périphérie de prendre conscience des appuis au sol, de la manière dont lecorps s'inscrit dans et répond à la gravité (l'axe), du lien entre les actions (poussée par exemple) quisont reliées aux appuis des pieds. De découvrir qu'il existe d'autres manières de faire, de bouger, de

 penser que celles qui sont habituelles. La lenteur des mouvements est ainsi un moyen privilégié pourdévelopper la conscience du squelette.

FORME FLUIDE

D'une certaine façon (bien chinoise), il existe une opposition, un paradoxe entre ces deux mots : uneforme fluide est en quelque sorte une forme qui se déforme constamment. Une forme corporelle peut

 pourtant être fluide si elle s'appuie et respecte la structure et les mobilités du squelette qui est une

structure très déformable. Au niveau de chaque articulation il existe une position neutre. Cette position, qui peut évoluer, correspond à l'endroit où les parties reliées par l'articulation ne sont ni à

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droite ni à gauche, ou ni devant ni derrière, ou bien ni en haut ni en bas. La recherche des ces positions qui permettent, avec la même aisance, d'aller dans toutes les directions, ou qui permettent,avec la même aisance, de passer d'un mouvement à un autre, est aussi une voie vers la fluidité, touten procurant calme, relâchement et ouverture. La fluidité du mouvement s'obtient au fur et à mesureque les structures sur lesquelles s'appuie le pratiquant ne sont plus extérieures et deviennentintérieures (c'est à dire lorsque le mouvement s'organise à partir du squelette), ce qui permet au

 pratiquant d'être centré, d'avoir les pieds sur terre, d'être moins entraîné par les éléments extérieurs,

mais au contraire d'y coller, de s'y adapter, de les utiliser.

PRATIQUER UNE FORME FLUIDE

C'est un des objectifs des pratiquants de Tai Chi Chuan. Mais le travail sur la forme (précision desmouvements, cercles, spirales, axes, directions, rythmes, conscience du squelette, relâchement

musculaire, qualité des appuis ....) c'est, je crois, avant tout un moyen : pour le pratiquant, c'est unmoyen de développement individuel sur de nombreux plans (physique, émotionnel, mental,relationnel, spirituel ..) permettant d'éviter de rester dans les illusions, la confusion ; pourl'enseignant, c'est un moyen très concret (et donc bien chinois), bien que difficile et parfois peugratifiant, de transmettre le Tai Chi Chuan et d'apporter de réels éléments d'évolution....

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Le Tàiji Quân et l'assise par Yang Cheng-Fu

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Q. - Est-ce qu'on peut pratiquer en même temps, le Tàiji quân et l'assise ?

R. - Si on exerce le Tàiji quân et l'assise, cela est d'autant plus bénéfique pour la santé et pour écarterles maladies. Mais il est difficile de comprendre le principe et la pratique de l'assise. Si on en a unemauvaise compréhension, cela entraîne souvent des conséquences néfastes. Non seulement on ne

 peut en bénéficier, mais on se fait mal. Si on veut pratiquer l'assise sans recevoir d'enseignementverbal, il est nécessaire de pratiquer selon la méthode de Tàiji quân. On s'assied à la manière duYoga, mais il faut avoir la sensation d'une énergie qui pousse vers le haut depuis la tête; le coccyx setrouve au juste milieu; les deux yeux sont mi-clos, les deux mains reposent l'une sur l'autre devant leDàntiàn.

Sans voir ni entendre, laisser la lumière intérieure se réfléchir et prêter attention aux cinq voleurs afind'éviter d'être volé. Attention aux yeux: si les yeux ne voient pas l'extérieur, l'âme retourne au foie.Attention aux oreilles . si les oreilles n'entendent pas, l'essence retourne aux reins. Attention à la

 bouche: si on se tait, l'esprit retourne au cœur. Attention au nez : si on ne sent pas au-dehors, lavigueur retourne aux poumons. Attention à l'intention: si on n'est pas distrait, l'intention retourne au

 pancréas. L'âme, l'essence, l'esprit, la vigueur, l'intention correspondent au foie, aux reins, au cœur,aux poumons et au pancréas. Cela correspond aux cinq éléments. Le métal est en relation avec les

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 poumons; le bois est en relation avec le foie; l'eau est en relation avec les reins; le feu est en relationavec le cœur; la terre est en relation avec le pancréas. Si les oreilles, les yeux, la bouche, le nez,

l'intention retournent à leur source, on peut se voir soi-même et l'esprit s'éclaire naturellement; unsentiment particulier apparaît différent de ce qu'on sent ordinairement.

Apprécier le vent et le feu. Le feu signifie l'esprit, le vent signifie la respiration prénatale. Comment peut-on transformer l'esprit en souffle ? De la même façon que l'eau dépend du feu pour êtretransformée en vapeur. L'essence signifie l'eau dans le corps. Il faut employer le feu de l'esprit pourchauffer l'essence afin de la transformer en souffle. Parfois il est possible que le feu de l'esprit ne soit

 pas assez fort pour descendre et chauffer vers le bas. C'est pourquoi on souffle le vent du Sud-Est afinde le mouvoir et le feu devient fort, comme un alchimiste active le vent de la forge pour nourrir le

feu. Le Tàiji quân peut régulariser la respiration, comme on emploie le feu et le vent. De la mêmemanière, la machine à vapeur utilise le feu pour chauffer l'eau et la transformer en vapeur; un poidsde plusieurs tonnes peut être alors mis en mouvement par cette vapeur. Les trois trésors, l'essence, lesouffle, l'esprit, dans le corps humain, peuvent s'exercer. Il en résulte un succès impensable.

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CHI, SANTE, et CHI GONG par le Dr Yang Jwing-Ming

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Budo éditions

CHI, SANTE, et CHI GONG 

Depuis que la relation entre chi et santé a été découverte, voila plusieurs millénaires, toutes lescouches de la population chinoise ont pratiqué le chi gong à un moment ou un autre. Quatre écoles

 principales ou catégories ont été créées par différentes classes de la population. Les lettrés, lesmédecins, les adeptes des arts martiaux et les moines ont tous formé leur propre catégorie de chigong. Le chi gong martial a encore été divisé en styles interne de type Wudang et externe de typeShaolin, et le chi gong religieux a été divisé en styles bouddhiste, taoïste et tibétain.

Les écoles de chi gong ont toutes souligné l'importance du maintien de la santé et de la préventiondes maladies. Selon elles, de nombreuses maladies trouvent leur origine dans des excès de naturementale ou spirituelle. Si les pensées d'une personne ne sont pas calmes, équilibrées et sereines, sesorganes ne fonctionnent plus normalement. La dépression, par exemple, peut provoquer des ulcèresd'estomac et des indigestions; la colère, un dysfonctionnement du foie; la tristesse, une stagnation etune tension dans les poumons; la peur peut perturber le fonctionnement normal des reins et de lavessie.

Certaines personnes pensent que le chi est de bonne qualité quand il n'est ni trop yin, ni trop yang.

Elles se trompent. Lorsque le chi n'est ni trop yin, ni trop yang, cela ; signifie que le niveau du chi estcorrect. Il s'agit d'un état quantitatif plutôt que qualitatif. La qualité du chi fait référence à sa pureté,

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ainsi qu'à son contenu. Cette qualité dépend de la provenance du chi et de la façon dont il est généré.Habituellement, la qualité du chi détermine son comportement et ses effets sur le Yin et le Yang ducorps lorsqu'il circule.

À l'intérieur du corps humain, les pratiquants de chi gong ont généralement classé le chi en chi Feu etchi Eau pour exprimer la pureté qualitative du chi. Les termes Feu et Eau sont une indication des

effets produits par le chi sur le corps. Lorsqu'un chi impur ou de qualité médiocre circule dans lecorps humain, il peut provoquer de la chaleur dans le corps et les organes, et les rendre trop yang.C'est pourquoi on l'appelle chi Feu. Lorsqu'on revanche le chi est pur, propre et circule facilement, il

 permet au corps de rester calme et de fonctionner correctement, et à l'esprit d'être posé et clair. Ce chiest appelé chi Eau parce qu'il permet au corps de rester calme et frais, tout comme l'eau.

Les pratiquants de ces écoles étaient conscients du fait que pour éviter de tomber malade, on devaitapprendre à équilibrer et à détendre sa pensée et ses émotions. C'est ce que l'on appelle " réguler sa

 pensée ". C'est la raison pour laquelle les lettrés mettaient l'accent sur la nécessite d'acquérir un espritserein grâce à la méditation.

Dans la méditation immobile, la plus grande partie de l'entraînement consiste à se débarrasser de ses pensées afin que l'esprit devienne clair et calme. Lorsque nous sommes calmes, le flot des pensées etdes émotions se réduit, et nous nous sentons mentalement et émotionnellement neutres. Ce type deméditation peut être considéré comme une pratique de maîtrise de soi sur le plan émotionnel. Danscet état d'absence de pensées, le corps se détend en profondeur jusque dans ses organes internes. Lacirculation du chi devient alors naturellement plus régulière et plus puissante.

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Les RESPIRATIONS de l'ARC 

Le souffle est l'une des clefs du mouvement de l'énergie, l'intention en demeurant la clé principale.Ce sont ces clefs qu'utilisent les arts martiaux pour accroître la force, la vitalité, la santé, et biend'autres éléments essentiels contribuant à enrichir une vie ; les exercices de Chi Gong sont d'un usagegénéral ou particulier, selon l'objectif que l'on s'est fixé.

L'image de l'arc et de la flèche peut nous aider dans un très bon exercice de Chi Gong à caractèregénéral et tonique. Cet exercice sera plus intéressant si vous le pratiquez avec la respirationabdominale normale et la respiration inversée, qui ont toutes deux leur place dans la pratique des artsinternes. Imaginez qu'à l'intérieur de votre corps, se trouve un arc dont une extrémité est votre tête, etl'autre vos pieds.

Utilisez d'abord la respiration abdominale normale. La corde de l'arc se trouve face à votre corps.Quand vous inspirez, elle se tend (votre ventre se dilate), et quand vous expirez (votre ventre se

contracte), la flèche va se ficher dans votre dos (au point Ming Men). Effectuez l'exercice jusqu'à cequ'il ne nécessite aucun effort physique ou de réflexion.

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À présent, pratiquez la respiration abdominale inversée. Imaginez la corde de l'arc dans votre dos.Quand vous inspirez, elle se tend vers votre dos, qui est amené à se dilater (votre ventre se contracte),et quand vous expirez (votre ventre se dilate, votre dos se contracte), la flèche va se ficher à l'avant(au Tan Tien). Respirez ainsi jusqu'à ce que cela vous soit naturel. Ne forcez pas la respiration, etévitez les tensions.

Le but de cet exercice est d'abord d'expérimenter les deux types de respiration, et ensuite d'apprendreà faire circuler l'énergie (en ouvrant les communications) entre l'avant et l'arrière, entre le Tan Tien etMing Men, ce qui est essentiel pour atteindre le plus haut niveau de la pratique des arts internes.Consacrez peu de temps, mais beaucoup d'attention à cet exercice, et notez le style de respiration quivous convient le mieux et votre capacité de changer de style à volonté...

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Le battement YIn YANG par Cyrille J.D. JAVARY

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 Extrait du Discours de la Tortue de Cyrille J.D. JAVARY 

 

Chaque civilisation enfante ce qui lui manque. L'Inde brûlante et brutale a sécrété la non-violence ;l'Occident égoïste et rapace, la religion du Dieu d'amour; la Chine, passionnée et émotive, larecherche de l'harmonie. Mais l'harmonie chinoise n'a pas grand-chose à voir avec le nirvana indienou le paradis chrétien. Ce n'est pas une récompense ou un aboutissement, c'est une manière d'agir, un

 but stratégique. Il vaudrait mieux alors parler d'harmonisation, puisqu'il s'agit d'une propension…

La grande différence est que l'Occident indo-européen s'imagine depuis toujours l'harmonisationcomme une fusion, une unification. Or " un ", depuis toujours, en Chine, se conçoit, se vit et se

construit, comme " deux". Ce duo porte un nom : Yin/Yang.

Attention, il ne s'agit pas de (la répartition entre) Yin et Yang, mais précisément de l'unité consonantede leur couplage. " La vision chinoise du réel n'est pas conçue comme émanant d'une unité

 primordiale d'où découlent toutes les unités diverses " pose François Jullien qui poursuit en disant :"Partant d'une conception bipolaire, les Chinois voient le réel comme le résultat d'un continuel

 processus d'actualisation découlant du seul effet de l'interaction en jeu. Selon l'échelle où on se place,ce sera, au niveau le plus grandiose, l'action concertante du ciel et de la terre, au niveau le plusgénéral celle du Yin et du Yang et au niveau de chacun d'entre nous, le rapport entre le dehors et lededans, c'est-à-dire entre ce que je sens et ce que je ressens, entre ce que je vois, entends, etc., ce quifait motion de l'extérieur vers moi et ce qui fait émotion de l'intérieur de moi. Le monde comme flux,

est un ébranlement réciproque et continu. "

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Pour que cet ébranlement continu ne reste pas un bruit de fond, admis mais lointain, pour qu'ildevienne un rythme repérable, il faut des outils pour le penser et des signes pour l'exprimer. Pour celales Chinois choisiront deux idéogrammes qui existaient depuis longtemps dans leur langue : Yin etYang. Leur grande astuce fut d'utiliser des termes anciens pour nommer des idées nouvelles. Yin etYang, vraisemblablement aux alentours du IIIème siècle avant notre ère, furent élus par les lettrés quiréfléchissaient sur le Yi Jing comme emblèmes de la mutation dans son ensemble, comme repèresdans le battement continuel du changement.

Yin et Yang ne sont pas des réalités par eux-mêmes, ce sont des indications de mouvement, desdescriptions d'agencements qui n'ont de sens que relativement, l'une par rapport à l'autre. On s'enaperçoit mieux en regardant la manière dont sont écrits ces deux idéogrammes grâce auxquels la

 perception de l'évidence du changement a pu devenir une stratégie de l'action.

Sans avoir besoin d'une loupe, on remarque tout de suite en considérant ces deux caractères qu'ils possèdent une partie commune : le signe ressemblant à une sorte de P majuscule sur la gauche dechacun d'entre eux. Représentant à l'origine les tertres rituels élevés pour les cérémonies dédiées auxesprits chamaniques et aux dieux du sol, témoignage de l'animisme archaïque qui s'est perpétué tout

au long de l'histoire chinoise et dont, aujourd'hui encore, des figures vivantes se rencontrent au cœurdes campagnes, ce signe proclame d'abord que Yin et Yang, à l'instar de soleil et pluie, ne sont rien,ne valent rien l'un sans l'autre. Comme adret et ubac, leur sens d'origine, ils sont les deux versantsd'une même montagne, pile et face de la même réalité que seule leur partie droite va distinguer.Commençons, une fois n'est pas coutume, par le Yang. On voit une certaine ressemblance entre la

 partie droite de l'idéogramme et le caractère " changement ".

En haut se retrouve le signe du soleil et en bas celui de la pluie ; la différence vient du trait horizontal

séparant nettement le signe du soleil de celui de la pluie. Alors que le caractère " changement "exprime la continuelle succession du soleil et de la pluie, ici l'accent est mis sur leur différenciation.

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Ce n'est plus le fonctionnement global du processus qui est signifié, mais un de ses instants : lemoment où le soleil est en train de gagner sur la pluie, quand il fait de plus en plus clair, de plus en

 plus chaud, quand le ciel semble monter, l'horizon s'agrandir. Dans la ronde des changements detemps, c'est une fin d'orage qui est représentée, comme une invitation à sortir.

En écho, la partie droite de l'idéogramme Yin représente elle aussi une scène d'orage. On y trouvedeux signes superposés, mais cette fois ils ne sont soulignés par aucune séparation. En bas se trouve

le caractère " nuages " et au dessus un signe évoquant une idée d'accumulation et de potentialité.L'association des deux évoque donc un moment durant lequel des nuages porteurs de pluie sont entrain de s'amasser : il fait de plus en plus sombre, de plus en plus froid, le ciel semble s'abaisser,l'horizon se rétrécir. À l'opposé du caractère Yang qui montrait un soleil apparaissant de plus en plus,comme un orage se dissipant, le signe Yin évoque un orage se formant, et constitue donc uneinvitation à rentrer.

Orage se dissipant, orage se préparant, ces images climatiques avec lesquelles les Chinois ont " écrit "Yin et Yang, ils vont les peindre inlassablement. François Jullien ouvre ainsi son livre sur la peinture

 par cette citation : " "La montagne sous la pluie ou la montagne par temps clair sont, pour le peintre,aisées à figurer" avertit, laconique, QIAN Wenshi, un critique chinois des Song (...). "Mais le beau

temps tendant vers la pluie, ou la pluie tendant au retour du beau temps (...), voilà ce qui est difficileà figurer". " Et il poursuit : " Plutôt que de figurer des états distincts et s'opposant, le peintre chinois peint des modifications. Au-delà de ses traits distinctifs, il saisit le monde dans son essentielletransition (...). Derrière le rideau de pluie qui balaie l'horizon, on pressent déjà,, à la luminosité qui

 point, que ce mauvais temps va se lever ; le temps clair, de même, n'est pas si longtemps sans laisser percevoir quelques signes précurseurs de son voilement. "

Grâce à ces repères, une organisation à la fois cardinale et saisonnière va se mettre en place. Entre les positions extrêmes du changement, le plein soleil associé au Sud et à l'été, et la pluie battanteassociée au Nord et à l'hiver, Yin et Yang posent des indications dynamiques qui aident à "assaisonner " son agir, c'est-à-dire l'assortir avec la saison. Yang, placé à l'Est; deviendra symbole de

la floraison printanière et de la propension à agir et à s'extérioriser ; Yin, placé à l'Ouest, serasymbole de la fructification automnale et invitation à rentrer et restaurer ses forces. Partant de ladescription de l'éternité des changements de temps, l'écriture chinoise aboutit à une représentationvectorisée des temps du changement. Et cela toujours dans le même but: non préciser un état maisrepérer une tendance. Yin et Yang ne sont ni des qualités ni des attributs mais des orientations et

 partant des injonctions.

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LE VIDE MEDIAN (2) par François CHENG

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 Extrait des Cinq médiations sur la Beauté de François CHENG

 La cosmologie chinoise est fondée sur l'idée du Souffle, à la fois matière et esprit. À partir de cetteidée du Souffle, les premiers penseurs ont avancé une conception unitaire et organique de l'universvivant où tout se relie et se tient. Le Souffle primordial assurant, l'unité originelle continue à animertous les êtres, les reliant en un gigantesque réseau d'entrecroisements et d'engendrement appelé leTao, la Voie.

Au sein de la Voie, la nature du Souffle et son rythme sont ternaires, en ce sens que le Souffle primordial se divise en trois types de souffles qui agissent concomitamment : le souffle Yin, lesouffle Yang et le souffle du Vide médian. Entre le Yang, puissance active, et le Yin, douceurréceptive, le souffle du Vide médian - qui tire son pouvoir du Vide originel - a le don de les entraînerdans l'interaction positive, cela en vue d'une transformation mutuelle, bénéfique pour l'un et pourl'autre.

Dans cette optique, ce qui se passe entre les entités vivantes est aussi important que les entitésmêmes. (Cette intuition si ancienne rejoint la pensée d'un philosophe du XXe siècle : Martin Buber.)Le Vide prend ici un sens positif, parce qu'il est lié au Souffle ; le Vide est le lieu où circule et serégénère le Souffle. Tous les vivants sont habités par ces Souffles ; chacun est cependant marqué parun pôle plus déterminant du Yin ou du Yang. Citons, comme exemples, les grandes entités formantcouples : Soleil-Lune, Ciel-Terre, Montagne-Eau, Masculin-Féminin, etc. En correspondance aveccette vision taoïste, la pensée confucéenne est elle aussi ternaire. La triade Ciel-Terre-Homme

affirme le rôle spirituel que l'homme doit jouer au sein du cosmos.

Du yin et du yangTirer l'élanTirer l'éclat

Vers le plus tendude l'interaction

Vers la culminancedu cercle rythmique

La chair s'y accomplitdans l'inaccompliLe fruit s'y clôt

dans l'inclosL'inépuisable saveur

 Née de l'éternitéd'une saison

 N'est autre que la promesseEnfin tenue

entre deux mains.

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Souffle Esprit

Cette conception cosmologique fondée sur le Souffle-Esprit entraîne notamment trois conséquencesconcernant notre manière d'appréhender le mouvement de la vie.

Première conséquence : à cause de la nature dynamique du Tao, et surtout de l'action du Souffle qui

assure, depuis l'origine, et de façon continue, le processus qui va du non-être vers l'être - ou plus précisément, en chinois, du wu " il n'y a pas " vers le you " il y a " -, le mouvement de la vie et notre participation à ce mouvement sont toujours un permanent et mutuel jaillissement, comme aucommencement. Autrement dit, le mouvement de la vie est perçu à chaque instant plutôt comme unavènement ou un " rebondissement " que comme une plate répétition du même. Pour illustrer cetteforme de compréhension, nous pouvons citer comme exemples deux pratiques qui ont traversé letemps et qui demeurent vivaces : le taijiquan et la calligraphie.

Deuxième conséquence : le mouvement de la vie est pris dans un réseau de constants échanges etd'entrecroisements. On peut parler là d'une interaction généralisée. Chaque vie est reliée, même à soninsu, aux autres vies ; et chaque vie, en tant que microcosme, est reliée au macrocosme dont la

marche n'est autre que le Tao.

Troisième conséquence : au sein de la marche du Tao qui est tout sauf une répétition du même,l'interaction a pour effet la transformation. Plus exactement, dans l'interaction du Yin et du Yang, leVide médian, drainant la meilleure part des deux, les entraîne dans la transformation mutuelle,

 bénéfique pour l'un comme pour l'autre. Signalons que le Vide médian agit dans le temps aussi. Si lefleuve est l'image du temps qui s'écoule sans retour, la pensée chinoise perçoit que l'eau du fleuve,tout en coulant, s'évapore, monte dans le ciel pour devenir nuage, retombe en pluie pour réalimenterle fleuve à la source. Ce mouvement circulaire mû par le Vide médian est bien celui durenouvellement

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Le corps d'énergie Par Gérard Edde

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Le Dragon de poche, conseils vitaux des anciens sages du Tao

La conception taoïste des énergies humaines s'exprime sur le papier par des dessins symboliques,voire ésotériques. La figure ci-dessus représente les énergies de transformation dans le corps.

Au sommet du crâne est représenté le point de contact avec les énergies Yang les plus spirituelles.

Les deux yeux sont représentés symboliquement par le soleil et la lune. En fait, les taoïstesconsidèrent les yeux comme la partie la plus Yang du corps. Certaines pratiques de purification

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visent à provoquer des larmes par une intense concentration sur la flamme d'une bougie. Ce processus est utilisé, notamment, pour nettoyer l'énergie Yang des impuretés et des maladies. Letravail des yeux est aussi pratiqué dans certaines méthodes pour fixer l'énergie dans le centreombilical du Dantian.

Au niveau de la glande pituitaire, derrière les yeux on dessine souvent un vieil homme qui représente

la sagesse et la pureté.

Les glandes salivaires sont nommées le " lac de la tête " d'où coule le nectar salivaire qui vadescendre renforcer le Qi du Dantian. En fait, il s'agit de la salive produite pendant les exercices desouffle, qui est considérée comme une véritable médecine.

L'oreiller de Jade, à la base de la nuque, représente la dernière barrière de l'ascension du Qi vers lecerveau. Une étape limitée par les conceptions et ce que les taoïstes nomment la stupidité.

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Les deux méridiens : frontal (Jenmai ) et dorsal (Dumai ) sont souvent décrits comme deux arcs-en-ciel. Ils connectent les énergies fondamentales.

La langue pointée vers la racine des dents de la mâchoire supérieure est parfois représentée par unvieux moine au regard bleu. Il symbolise la connexion entre les deux méridiens sus-cités Ce point de

connexion est appelé le "Pont de Pie" en hommage à la constellation céleste.

Au centre du Dumai du milieu est représenté un enfant debout sur des pièces d'or, il touche l'étoile polaire. Le message est le suivant : si l'on peut retrouver la spontanéité d'un enfant, on peut atteindre

le cœur de l'univers.

Le foie et son énergie sont indiqués sous la forme d'arbres, l'élément bois de la tradition des cinqéléments dynamiques.

La jeune tisserande travaille au centre ombilical et prépare l'énergie de la soie, bien connue desadeptes du Tai Chi Chuan. Cette force est destinée à gravir le méridien Dumai le long de la colonne

vertébrale.

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Le point opposé au nombril est souvent représenté par une flamme. Il s'agit du Ming Men, la porte dela destinée. Ce point doit être actif pour que le Qi monte le long du Dumai. C'est en fait le moteur del'énergie ascendante de type Yang.

Au milieu du ventre se trouve le Dantian inférieur, souvent dessiné sous la forme d'un Yin-Yang quiirradie dans toutes les directions. C'est l'endroit où le Qi est stocké, creuset de l'alchimie taoïste.

Souvent un buffle de fer représente l'énergie sexuelle et l'essence vitale, le Jing. Cette énergie, l'undes trois trésors, va nourrir les moelles et le cerveau.

A la base de la colonne vertébrale, deux enfants (le Yin et le Yang) activent la pompe du sacrum qui

stimule la montée du Qi destiné à être purifié.

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Lectures de l'association au fil du temps , disponibles sur internet

  Décembre 2012 L'enseignement des CONTES et POESIES 

 par Au Fil Du Temps

  Novembre 2012 HISTOIRES du TaiJi Quan 

 par Gérard Edde

  Octobre 2012 Le CORPS d'énergie

 par Gérard Edde

  Septembre 2012 SOINS au quotidien

 par Isabelle Laading

  Juin 2012 La TABLE aux cent caractères 

 par Chang San Feng

  Mai 2012 Vertu et noblesse du COEUR  

 par Cyrille J.D. Javary

  Avril 2012 Le(s) secret(s) de la Maison des ANCETRES 

 par Jean-Marc Eyssalet

  Mars 2012 PENSEES 

 par Alan Watts

  Février 2012 Le schéma du grand retournement 

 par Cyrille J.D. Javary

  Janvier 2012 La CALLIGRAPHIE CHINOISE 

 par Cyrille J.D. Javary, puis par François Cheng

  Décembre 2011 Le battement YIn YANG et le VIDE MEDIAN 

 par Cyrille J.D. Javary, puis par François Cheng

  Novembre 2011 La SAGESSE CHINOISE 

 par René Barbier

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  Octobre 2011 CHI, SANTE, et CHI GONG 

 par le Dr Yang Jwing-Ming

  Septembre 2011 L'Harmonie Intérieure 

 par Michel Odoul

  Juin 2011 Le Tàiji Quân et l'assise 

 par Yang Cheng-Fu

  Mai 2011 Un SAGE est sans idée 

 par François Julien

  Avril 2011 Tai Chi Chuan, Squelette et Fluidité 

 par Stephan Zimmer

  Mars 2011 Le gouvernement du Corps et l'entretien de la Vie 

 par Jean-Marc Kespi

  Février 2011 L'INTUITION 

 par J.D. Cauhepe et A. Kuang

  Janvier 2011 

 Nourrir le SOUFFLE  par Chen Gong

  Décembre 2010 Discours sur la VERTU 

 par François Cheng

  Novembre 2010 L'activation de l'ENERGIE 

 par Lionel Seité

  Octobre 2010 Les racines du CHI-KUNG 

 par Yang Jwing-Ming

  Septembre 2010 Le TAIJI QUAN 

 par Cyrille Javary, puis par Catherine Despeux

  Juin 2010 Conte des Trois Portes Conte anonyme chinois

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  Mai 2010 SHEN NUNG, le divin laboureur  

 par Marc Garin

  Avril 2010 Les chemins de l'intelligence 

 par Alan Watts

  Mars 2010 L'ESPRIT de la Forme Synthèse Au Fil Du Temps

  Février 2010 DYNAMIQUE INTERNE du TaiJi Quan 

 par Lionel Seité

  Janvier 2010 ASPECTS Structurels, Emotionnels et Energétiques

en pratique TAIJIQUAN & QIGONG  par Lionel Seité

  Décembre 2009La MEDECINE traditionnelle CHINOISE (MTC) Synthèse Au Fil Du Temps

  Novembre 2009L'ENERGIE au travers du MOUVEMENT

 par Li Ghanghua, puis Catherine Despeux

  Octobre 2009Le rapport entre l'ARTISTE et le MONDE par Yolaine Escande et de Philippe Sers

  Septembre 2009Les trois ASPECTS du TaiChi Chuan

 par Jean-Claude Sapin

  Juin 2009Le TAO TE King, Livre (King) de la Voie (Tao) et de la Vertu (Te) 

 par Marcel Conche, puis Claude Larre

  Mai 2009Les BEN SHEN ou cinq ames végétatives Synthèse Au Fil Du Temps

  Avril 2009Les WOU HING ou cinq agents en mutations Synthèse Au Fil Du Temps

  Mars 2009Et la Respiration ? 

 par Rolland Gaillac

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  Février 2009Les HUIT MERIDIENS merveilleux

 par Michèle Petit

  Janvier 2009ENERGIES, les différentes expressions du Souffle 

 par Michèle Petit

  Décembre 2008HAN ZHUANG, rester debout comme un Arbre 

 par Gunther Weill

  Novembre 2008JING CHI SHEN, les trois TRESORS

 par Lionel Seité

  Octobre 2008Le Couple énergétique YIN YANG

 par Lionel Seité

  Septembre 2008 Nei Gong : TAIJI QUAN & QI GONG par Lionel Seité

  Juin 2008Vacances : retrouver du Ciel en soi 

 par François Jullien

  Mai 2008

KAN et LI, la rencontre de l'Eau et du Feu Compilation Au Fil Du Temps

  Avril 2008Etude sur le TAO

 par Gérard Edde, puis Nathalie Chasseriau

  Mars 2008Sur le Chemin du TAO

 par Valérie Bénézet-Muller

  Février 2008YI, La pensée créatriceSynthèse Au Fil Du Temps

  Janvier 2008La tranquilité, arme secrète du Tai Chi

 par Bob Mendel

  Décembre 2007Les principes essentiels du TaiJi Quande Yang ChenFu

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  Novembre 2007Le Bouddhisme et son influence en Chine

 par Cyrille Javary

  Octobre 2007La Médecine Traditionnelle Chinoise et Médecine moderne

 par Fritjof Capra & par Claudine Brelet

  Septembre 2007La boxe de l'Ecole des trois Pics 

 par la SEDGT

  Juin 2007 : Le Voyage du Tailleur de pierre conte taoiste

  Mai 2007 : La voie de POOH 

 par Benjamin Hoff

  Avril 2007 : Yin Yang le milieu juste 

 par Cyrille Javary

  Mars 2007 : Les Trois Etapes Fondamentales 

 par la SEDGT

  Février 2007 : 

Pré-mouvement et Organisation gravitaire  par Hubert Godard

  Janvier 2007 : Wu-Wei, le principe de non-agir  

 par Roland Habersetzer

  Décembre 2006 : Citations des Textes Classiques sur le TaiJiQuan Synthèse Au Fil Du Temps

  Novembre 2006 : La notion de Centre / La Sagesse et la Connaissance  par Jean Claude Sapin

  Octobre 2006 : Maintenant, l'Instant Synthèse Au Fil Du Temps du collectif Desjardins - Ravigant - Rajneesh

  Septembre 2006TUNG, une famille de Maîtres 

 par Anya Méot

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  Juin 2006 : Art martial Interne 

 par Jan Silberstorff

  Mai 2006 : Croissance et Décroissance par le Peintre Traditionnel 

 par Jean-Marc Eyssalet

  Avril 2006 : Vingt Propos tirés de l'expérience de Tung Ying Chieh 

 par J. et M.T. Liron / AFDT

  Mars 2006 : La Tradition de l'Ecole YANG 

 par Jean Gortais

  Février 2006 : Le Souffle, le Tracé, le Signe 

 par Thomas Johson

  Janvier 2006 : Les festivités du nouvel an Chinois Synthèse Au Fil Du Temps

  Décembre 2005 : Le Vide Médian 

 par François Cheng

  Novembre 2005 : 

Les règles générales des mutations par Antoine Ly

  Octobre 2005 : Les jing mai (méridiens) et leurs xue (points) 

 par Jean Marc Eyssalet

  Septembre 2005L'apprentissage traditionnel, La maîtrise du naturel

 par Antoine Marcel

  Juin 2005 : L'art des jardins, Le vide et la Forme  par Antoine Marcel

  Mai 2005 : Energies et Allergies

 par Patrick Shan

  Avril 2005 : Le Cœur, L'artiste et le monde, l'esprit et la forme

 par Yolaine Escande

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  Mars 2005 : Styles et Magie de la Calligraphie Chinoise Synthèse Au Fil Du Temps

  Février 2005 : Structure de l'Occasion 

 par François Jullien

  Janvier 2005 : D' Encres et de Chine, Philosophies et Peinture Synthèse Au Fil Du Temps

  Décembre 2004 : Huang Shan, les montagnes célestes 

 par Marc Riboud, texte de François Cheng

  Novembre 2004 : L'Energie ? 

 par Odile Rouquet

  Octobre 2004 : Circulation énergétique 

 par Thérèse Bertherat

  Septembre 2004Le Taiji Quan Art Martial 

 par Catherine Despeux

  Juin 2004 : 

Les sagesses Chinoises  par Raphaël Enthoven

  Mai 2004 : La Peinture traditionnelle Chinoise Synthèse Au Fil Du Temps et Gaëlle Fleur Debeaux

  Avril 2004 : Un homme seul avance... 

 par Claude Larre

  Mars 2004 : De l'indistinct au nommé  par Jean-Marc Eyssalet

  Février 2004 : Chemin de vie ou la légende personnelle 

 par Michel Odoul

  Janvier 2004 : Les Chevaliers errants 

 par Catherine Despeux

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  Décembre 2003 : Grand Taï Chi et petit Taï Chi 

 par Maître Tung Kai Ying

  Novembre 2003 : Légende et Histoire du Tai Chi ChuanSynthèse Au Fil Du Temps

  Octobre 2003 : Le Qi 

 par Antoine Ly

  Septembre 2003Courants Internes et Externes Synthèse Au Fil Du Temps