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Université de Strasbourg Ecole nationale d’administration Master « Carrières et actions publiques » Parcours « Administrations et gestion publique » Le système de contrôle qualité au sein des Institutions supérieures de contrôle des finances publiques. Etude du cas de la certification des comptes de l’Etat par la Cour des comptes française. soutenu par Nabil Larhmam CIP Promotion Lucie Aubrac (2012-2013) Sous la direction de Franck Waserman Professeur agrégé de droit public

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Université de Strasbourg Ecole nationale d’administration

Master « Carrières et actions publiques »

Parcours « Administrations et gestion publique »

Le système de contrôle qualité au sein des Institutions

supérieures de contrôle des finances publiques.

Etude du cas de la certification des comptes de l’Etat par la Cour des

comptes française.

soutenu par

Nabil Larhmam

CIP Promotion Lucie Aubrac (2012-2013)

Sous la direction de

Franck Waserman

Professeur agrégé de droit public

Sommaire

Introduction ............................................................................................................................................. 1

Partie I - L’approche conceptuelle et normative de la qualité de l’audit ................................................ 3

Chapitre 1 - Le concept de la qualité de l’audit................................................................................... 3

Section 1- L’indépendance et la compétence de l’auditeur comme déterminants de la qualité de

l’audit ............................................................................................................................................... 3

Section 2 - Vers une approche étendue du processus d’audit ........................................................ 8

Chapitre 2 - Les références de base du système de contrôle qualité au sein des Institutions

supérieures de contrôle .................................................................................................................... 10

Section 1- Les organismes de référence en matière de qualité de l’audit .................................... 10

Section2 - Les normes de référence en matière de qualité de l’audit .......................................... 11

Partie II – L’analyse du système de contrôle qualité au sein des Institutions supérieures de contrôle

des finances publiques .......................................................................................................................... 18

Chapitre 3 - Les composantes du système de contrôle qualité au sein des Institutions supérieures

de contrôle des finances publiques ................................................................................................... 18

Section 1 - Le contrôle qualité ou « revue à chaud » ................................................................... 19

Section 2 – L’assurance qualité et l’évaluation des contrôles de qualité (revue à froid) ............. 24

Section 3 – la gestion institutionnelle ........................................................................................... 26

Chapitre 4 – L’étude du cas de la certification des comptes de l’Etat par la Cour des comptes

française ............................................................................................................................................ 29

Section 1 – La notion de certification ............................................................................................ 29

Section 2 – L’organisation de la certification ................................................................................ 30

Section 3 - Les composantes du système de contrôle qualité de la mission de certification ....... 31

Section 4 – L’appréciation critique du système de contrôle qualité de la mission de certification

des comptes de l’Etat .................................................................................................................... 33

Conclusion ............................................................................................................................................. 38

Bibliographie ......................................................................................................................................... 41

1

Introduction

Les Institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ISC, ci-après) ont un rôle

primordial dans la promotion des principes de bonne gouvernance et de reddition des comptes

(accountability) dans le secteur public. Mais elles doivent s’appliquer à elles-mêmes le devoir

de transparence et d’exemplarité qu’elles demandent aux entités qu’elles auditent. Pour ce

faire, elles doivent s’assurer que leurs audits et leurs autres travaux sont en permanence de

haute qualité. Il en va de leur réputation et de leur crédibilité et, en bout de ligne, de leur

capacité à réaliser les mandats qui leur sont confiés.

Afin de garantir en permanence cette qualité, les ISC doivent mettre en œuvre un système de

contrôle qualité approprié qui permet :

- d’assurer un niveau élevé de travaux tout en tenant compte de l’efficience au regard des

ressources utilisées et des résultats atteints ;

- d’améliorer les capacités de l’ISC et d’y maintenir un degré élevé d’intégrité, de

compétence et des autres valeurs éthiques;

- de renforcer la crédibilité et la réputation de l’ISC;

- de permettre l’autoévaluation et la mesure de la performance de l’ISC ;

- d’améliorer la gestion des ressources humaines ;

- d’éviter d’éventuelles contestations des audits du fait de leur qualité discutable.

Etant donné l’importance de la qualité de l’audit non seulement pour les ISC mais aussi pour

toutes les parties intéressées par les travaux de celles-ci ; en l’occurrence, les entités auditées,

le gouvernement, le parlement, le citoyen, etc., nous nous proposons d’analyser le système de

contrôle qualité au sein des ISC.

A cet effet, nous présenterons dans une première partie les aspects conceptuels et normatifs de

la qualité de l’audit. Nous développerons ensuite, dans une seconde partie, les composantes

du système de contrôle qualité au sein des ISC et nous analyserons un cas concret de mise en

œuvre de ce système, à travers l’exemple de la certification des comptes de l’Etat par la Cour

des comptes française (Cour, ci-après).

L’étude du cas de la certification des comptes de l’Etat par la Cour, à laquelle nous

consacrerons le dernier chapitre, nous conduira à examiner le degré de conformité de la

pratique de la Cour aux normes internationales de la qualité de l’audit, à mettre en exergue les

spécificités du modèle Cour des comptes, et à formuler, le cas échéant , des recommandations

pour l’améliorer.

2

Cette méthode que nous nous proposons d’utiliser est celle d’un audit, cependant elle n’en a

pas autant de moyens. En effet, l’audit exige des entretiens approfondis avec les gestionnaires,

un accès illimité aux informations et aux dossiers de travail, un suivi méticuleux des

processus clés de l’entité, une collecte des preuves d’audit suffisantes et pertinentes pour

corroborer les observations, une contradiction avec l’audité pour valider les conclusions, etc.

Pour pallier ce manque, nous avons procédé par une analyse bibliographique de la notion de

la qualité d’audit et par une étude de la documentation publiée par diverses organisations

professionnelles et ISC, y compris la Cour, sur le système de contrôle qualité.

Nous avons par ailleurs mis à contribution les enseignements tirés du stage effectué, dans le

cadre de la scolarité à l’Ecole nationale d’administration, à la Cour du 13 mars au 19 avril

2013.

Ce stage a été, entre autres, une occasion pour faire des entretiens avec des responsables au

niveau de la Cour concernant le thème de la recherche : MM. D.Thibault et M.Carles,

respectivement directeur et directeur adjoint du Centre d’Appui Métier ; Mme M.Cordier et

M. G.Miller, respectivement premier avocat général et avocat général au parquet général près

la Cour.

3

Partie I - L’approche conceptuelle et normative de la qualité de l’audit

Nous nous proposons de développer le concept de la qualité de l’audit(1) et les références de

base du système de contrôle qualité au sein des ISC(2).

Chapitre 1 - Le concept de la qualité de l’audit

D’une manière générale, la qualité peut être définie à travers les attributs suivants1 :

- Une caractéristique essentielle qui différencie un produit d’un autre ;

- Une conformité à des spécifications ou normes ;

- Une capacité à satisfaire des besoins exprimés ou implicites ;

- Un dépassement des attentes des clients/usagers, etc.

Deux éléments saillants ressortent de la définition : un référentiel à suivre et un client à

satisfaire. Ces deux aspects vont se retrouver dans la notion de la qualité de l’audit avec

toutefois des déclinaisons spécifiques. En effet, la notion de la qualité s’est focalisée, dans un

premier temps, sur certaines capacités de l’auditeur (1) avant de s’inscrire dans un processus

plus large de reddition des comptes et de système de gouvernance des organisations(2).

Section 1- L’indépendance et la compétence de l’auditeur comme déterminants de la

qualité de l’audit

Depuis les travaux de De Angelo2 définissant la qualité de l’audit comme étant l’aptitude à

découvrir et à révéler une anomalie, la plupart des auteurs insistent sur cette double exigence

de détection et de révélation. L’auditeur, selon la définition, doit réunir deux conditions

fondamentales pour mener un travail de qualité, à savoir : la compétence qui détermine sa

capacité à découvrir une anomalie et l’indépendance qui conditionne sa capacité à la révéler.

Cette définition reste toujours d’actualité, et se trouve relayée par les régulateurs et les

professionnels.

Toutefois, l’indépendance de l’audit externe dans le contexte du secteur privé est difficile à

atteindre puisque l’auditeur est au cœur d’une relation d’agence bien particulière3 : il reçoit

son mandat des actionnaires et ses honoraires sont le plus souvent négociés avec les instances

1 Francisco Alvira Martin “Metodológica de la evaluación: la lógica de la evaluación”, in Instituto

Nacional de Administración Pública : Evaluación y calidad en las organizaciones públicas, , Madrid

2000.p.239

2 DeAngelo, L.E. (1981). Auditor size and audit quality.Journal of Accounting and Economics,[cite

dans Causse Geneviève et Vu Viet Ha Tran, « Les dimensions de la performance des cabinets d'audit

légal - Le point de vue des auditeurs », Comptabilité - Contrôle - Audit, 2012/3 Tome 18, p. .]

3 Piot Charles, « Chapitre 6. Qualité de l'audit, information financière et gouvernance : enjeux et

apports », in Alain Finet De Boeck Supérieur « Management », 2005 p...

4

dirigeantes de la société vérifiée et pris en charge par celle-ci. De par son mode de production

et de financement, le service fourni par l’auditeur est a priori suspect4 , alors qu’il est censé

réduire l’asymétrie d’information entre les gestionnaires et les actionnaires, et d’une manière

générale entre l’organisation et les utilisateurs des états financiers. D’où la légitimité de la

question sur la fiabilité des conclusions de l’audit : au moment d’exprimer son opinion sur les

états financiers, l’auditeur serait-il tenté de « fermer les yeux » sur des anomalies pour

conserver son mandat et continuer à percevoir des honoraires?5

Afin de limiter le risque de collusion entre auditeur et audité aux dépens des parties prenantes

(stakeholders) utilisatrices de l’information financière, la production du service d’audit doit

être encadrée par des normes. Pour ce faire, les normes d’audit définissent les liens pouvant

entraîner une situation de dépendance financière, ou encore une situation de dépendance liée à

la présence de relations personnelles6.

Le renforcement de l’indépendance de l’auditeur est par ailleurs l’une des missions dévolues

au comité d’audit qui agit sous la responsabilité du conseil d’administration ou de surveillance

afin d’atténuer les pressions du management sur les auditeurs externes. Ces derniers

examinent avec ledit comité les risques pesant sur leur indépendance et les mesures de

sauvegarde prises pour atténuer ces risques.

Dans une optique de théorie d’agence, le comité d’audit intervient pour réduire l’asymétrie

d’information entre les auditeurs et les administrateurs. En effet, tout comme l’auditeur

externe rassure les actionnaires (ou plus largement les parties prenantes) sur la qualité de

l’information financière, le comité d’audit rassure les actionnaires (ou la société) sur

l’indépendance de l’auditeur7.

Bien que l’indépendance ait souvent été conceptualisée comme une caractéristique

individuelle, elle peut aussi être vue comme un construit social influencé par les relations que

peut tisser l’auditeur au cours du processus d’audit. Le comité d’audit fait justement partie des

4 « Introduction par Alain Burlaud, Philippe Zarlowski » Le contrôle externe : quelles modalités pour

quels enjeux ?, Revue française de gestion, 2003/6 no 147, p. 9-18.

5 Prat Christian et HAURET DIT, « L'indépendance perçue de l'auditeur », Revue française de

gestion, 2003/6 no 147, p. ..

6 Piot Charles, « Chapitre 6. Qualité de l'audit, information financière et gouvernance : enjeux et

apports », op.cit. p. 160

7 Compernolle Tiphaine, « La construction collective de l'indépendance du commissaire aux comptes :

la place du comité d'audit », Comptabilité - Contrôle - Audit, 2009/3 Tome 15, p.94

5

acteurs qui interagissent avec les auditeurs et qui peut donc avoir un rôle dans la construction

de l’indépendance de ces derniers8.

De ce fait, l’indépendance de l’auditeur ne doit pas être considérée comme le simple produit

mécanique de dispositions juridiques, mais plutôt comme une subtile et complexe

construction sociale. Elle ne peut être préservée par la simple vigilance des institutions mais

doit faire l’objet d’une réflexion conjointe des auditeurs et des dirigeants autour des principes

déontologiques à respecter9.

L’indépendance de l’auditeur peut être aussi renforcée par la revue du dossier d’audit par un

coassocié. Des travaux de recherche ont montré que la mise en place de la révision du dossier

d’audit par un deuxième associé pousse l’associé signataire non seulement à se comporter

avec une plus grande indépendance au moment de l’émission de son opinion mais également

à faire plus de diligences au moment de l’appréciation du système de contrôle interne et de la

révision des comptes10

.

La capacité de détection, deuxième élément de la définition de la qualité de l’audit, quant à

elle repose sur la compétence qui est déterminée par la formation des équipes de vérification,

les méthodes de travail et la gestion des risques liés à une mission d’audit. Toutefois, la

question de la compétence dépasse le cadre de l’auditeur pour englober le processus de

l’audit. Ainsi, l’existence de procédures internes et leur respect tout au long du processus

d’audit contribuent à la qualité de l’audit11

.

En amont de la mission, la profession d’audit est réglementée et encadrée institutionnellement

par les pouvoirs publics et les organisations professionnelles qui exigent des formations

académiques spécifiques, à l’instar des professions réglementées : médecins, avocats, etc. En

outre, les organisations professionnelles nationales (en France : Compagnie nationale des

commissaires aux comptes en France) ou internationales (IFAC : International Federation of

Accountants - Fédération internationale des experts comptables) ont codifié des pratiques

8 Ibid. p.93

9 Richard Chrystelle, « L'indépendance de l'auditeur : pairs et manques », Revue française de gestion,

2003/6 no 147, p. 120.

10 Prat Christian et HAURET DIT, « L'indépendance perçue de l'auditeur », Revue française de

gestion, 2003/6 no 147, p. .

11 Causse Geneviève et Vu Viet Ha Tran, « Les dimensions de la performance des cabinets d'audit

légal - Le point de vue des auditeurs », Comptabilité - Contrôle - Audit, 2012/3 Tome 18, p.114

6

professionnelles et indiqué des diligences que l’auditeur doit mettre en œuvre pour effectuer

un travail de qualité12

.

Cependant, l’évaluation a priori de la compétence de l’auditeur peut être mise en échec par le

risque de sélection adverse. En présence d’une divergence des intérêts entre l’entreprise en

tant que principal et l’auditeur en tant qu’agent, ce dernier risque d’induire en erreur le

principal sur certaines informations afin de maximiser son utilité13

.

Il ressort de ce qui précède que la qualité de l’audit, que ce soit en relation avec l’auditeur ou

avec le processus d’audit, repose largement sur la norme. Mais la norme elle-même n’est

jamais neutre, elle est le résultat d’un compromis entre les pouvoirs de régulation représentant

l’intérêt général et les professionnels. Du fait de leur technicité, les normes ne peuvent être

élaborées sans le concours des professionnels qui auront à les appliquer. Or, ces derniers ont

leurs intérêts propres et chercheraient à limiter leur responsabilité14

.

Par ailleurs, la normalisation accrue du processus d’audit a abouti à une formalisation qui a

progressivement transformé la notion de compétence en notion de conformité aux normes15

.

En réaction à cette formalisation excessive, le besoin se fait sentir pour réintroduire une

certaine souplesse dans le processus d’audit afin de mieux prendre en compte les spécificités

des entités auditées.

Cette ossification du processus d’audit ne peut qu’être préjudiciable à l’esprit critique et au

jugement professionnel nécessaires pour la réalisation de travaux de qualité. Paradoxalement,

ce sont les normes internationales d’audit qui requièrent « de l’auditeur d’exercer son

jugement professionnel et de faire preuve d’esprit critique lors de la planification et tout au

long de la réalisation de l’audit»16

Une autre difficulté de la qualité d’audit c’est qu’elle n’est pas directement observable. Et

pour cause, les travaux d’audit sont matérialisés par un rapport qui ne contient pas des

12 « Introduction par Alain Burlaud, Philippe Zarlowski » Le contrôle externe : quelles modalités pour

quels enjeux ?, Revue française de gestion, 2003/6 no 147, p.14.

13 Riadh MANITA et Makram CHEMANGUI, « Les approches d’évaluation et les indicateurs de

mesure de la qualité d’audit : une revue critique », euro-mediterranean economics and finance

review,Vol.2,N°3, 2007, p.228

14 « Introduction par Alain Burlaud, Philippe Zarlowski » Le contrôle externe, art.cit.p. 16.

15 Benoît Pigé (Sous la direction) Qualité de l’audit : enjeux de l’audit interne et externe pour la

gouvernance des organisations, Bruxelles, De Boeck, 2011, 290 p. [cité dans SYLVIE HARBOUR,

« Recensions », TÉLE SCOPE, Vol. 18 n° 3 automne 2012. L’audit dans le secteur public, p181-183]

16 ISA 200 “objectifs généraux que de l’auditeur indépendant et conduite d’un audit selon les normes

internationales d’audit », 2009

7

informations sur la manière dont ces travaux ont été conduits. Un rapport de certification, à

titre d’exemple, est un document standardisé dans sa forme et son contenu et n’offre que peu

de possibilités de différenciation et de caractérisation17

.

Les lecteurs du rapport n’ont pas accès aux dossiers de travail de l’audit et ne sont donc pas

en mesure d’apprécier l’ampleur et la nature des diligences accomplies. Cette impossibilité de

juger la qualité des travaux accomplis contrevient au rôle essentiel de l’audit qui est la

réduction de l’asymétrie d’information entre les gestionnaires d’une part et les actionnaires et

les tiers contractants, d’autre part. Les utilisateurs des états financiers ont besoin d’être

rassurés quant à la qualité de l’audit comme garantie de l’image fidèle des informations

financières nécessaires pour la prise de décision.

L’audit ne peut donc en aucun cas être réduit au seul rapport d’audit qui n’est que

l’aboutissement d’un processus qui comprend plusieurs étapes. Ce processus est de surcroît le

produit de l'interaction entre tous les acteurs sociaux impliqués. Selon une approche

relationnelle, l’audit est perçu comme un processus sociologique dont la qualité est

fondamentalement déterminée par les relations entre les acteurs concernés18

.

Les utilisateurs du rapport d’audit ne peuvent ainsi percevoir que la qualité apparente, dont les

principaux attributs sont la taille ou la réputation de l’auditeur. C’est une perception de la

qualité qui repose sur des critères exogènes au processus d’audit.

Cette qualité apparente de l’audit est généralement opposée à la qualité effective inobservable

qui est tributaire de plusieurs éléments : la formation, l’expertise technique, les méthodes et

les outils de gestion du risque, l’indépendance de fait caractérisée par l’absence de liens

économiques ou personnels susceptibles d’altérer le jugement.

Cependant, la vision de la qualité apparente de l’audit, largement axée sur la réputation de

l’auditeur, a été mise à rude épreuve suite aux divers scandales financiers qui ont éclaboussé

les grands cabinets d’audit et qui ont conduit à la disparition en 2002 d’Arthur Andersen, un

des Big Five.

Ces scandales retentissants nous amènent à repenser la qualité de l’audit au-delà du rôle de

l’auditeur externe. Cette qualité doit s’inscrire dans un processus plus large de reddition des

17 Richard Chrystelle et REIX ROBERT, « Contribution à l'analyse de la qualité du processus d'audit

: le rôle de la relation entre le directeur financier et le commissaire aux comptes », Comptabilité -

Contrôle - Audit, 2002/1 Tome 8, p. 153.

18 Ibid. p.155.

8

comptes et de système de gouvernance des organisations, selon une approche étendue du

processus d’audit.

Section 2 - Vers une approche étendue du processus d’audit

La complexité croissante des organisations fait que la fonction d’audit moderne ne se limite

plus à l’intervention exclusive de l’auditeur externe. Cette fonction se décline en un processus

qui comprend les travaux des auditeurs internes et le contrôle exercé en amont par le

management de l’entité auditée.

Au-delà de la dichotomie audité- auditeur, l’audit devient, selon cette perspective, un

processus collectif de production des connaissances pour une meilleure maîtrise de

l’organisation. A titre d’illustration, la maîtrise financière de l’entité est un travail commun

qu’un directeur financier ne pourrait pas accomplir sans l’auditeur et inversement. Cette

maîtrise s’analyse par le partage du savoir, interne et externe à l’entité, permettant ainsi la

réduction de l’asymétrie d’information19

.

Dans ce même ordre d’idées, les normes d’audit imposent une vision systémique de la

mission d’audit fondée sur une approche par les risques20

. L'auditeur doit identifier, évaluer et

donner la priorité aux risques d'anomalies significatives afin d’y concentrer l’effort de

vérification. Il doit prendre une connaissance approfondie de l'entité et de son environnement,

y compris de son contrôle interne. Cette connaissance porte essentiellement sur les risques

identifiés et évalués par l'entité elle-même et les contrôles qu'elle a mis en place.

Pour forger leur opinion, les auditeurs externes se voient dans l’obligation de planifier leur

mission, dans un souci d’efficacité et d’efficience, en tenant compte de la fiabilité du système

de contrôle interne et de la qualité des travaux de l’audit interne. Cette approche est d’autant

plus nécessaire qu’il est irréaliste de faire un contrôle systématique de toutes les opérations

réalisées par l’audité, notamment dans les grandes structures. Dans cette optique, l’audit

interne est perçu comme un collaborateur de l’audit externe afin d’augmenter la couverture

globale des vérifications et améliorer la qualité des travaux21

.

Toutefois, l’audit interne n’est pas exempt des pressions qu’exercent les dirigeants sur le

personnel des services d’audit interne, ce qui peut remettre en cause la crédibilité de cette

fonction. Il incombe donc à l’auditeur externe de faire toutes les diligences nécessaires afin

19 Richard Chrystelle, « L'indépendance de l'auditeur : pairs et manques », art.cit. p. 126.

20 International Auditing and Assurance Standards Board, ISA 315 « Identification et évaluations des

risques d’anomalies significatives par la connaissance de l’entité et son environnement »,

21 Benoît Pigé (Sous la direction) Qualité de l’audit… op.cit.

9

d’apprécier le degré de fiabilité des travaux de l’audit interne avant de décider d’en tirer des

enseignements appropriés.

Pour déterminer si les travaux des auditeurs internes sont susceptibles d’être adéquats pour les

besoins de l’audit, l’auditeur externe doit évaluer22

:

(a) l’objectivité de la fonction d’audit interne ;

(b) la compétence technique des auditeurs internes ;

(c) s’il est probable que les travaux des auditeurs internes seront menés dans un

esprit de conscience professionnelle ;

(d) s’il est probable qu’il ait une communication effective entre les auditeurs

internes et l’auditeur externe.

En tout état de cause, l’auditeur externe assume l’entière responsabilité de l’opinion qu’il

exprime, et cette responsabilité n’est pas atténuée par l’utilisation qu’il fait des travaux des

auditeurs internes23

.

Les développements précédents montrent l’évolution de la notion de la qualité de l’audit

d’une conception axée sur l’auditeur vers une conception qui appréhende le processus de

l’audit. La qualité de l’audit va par la suite être repensée, au-delà de l’audit externe, dans un

cadre plus large de reddition des comptes et de système de gouvernance des organisations,

puis comme un processus sociologique fondamentalement relationnel.

Toutefois, dans le contexte du secteur privé où l’audit est un service marchand, la question de

l’indépendance de l’auditeur n’est toujours pas résolue. Le risque de collusion entre l’auditeur

et l’audité semble être consubstantiel au « marché » privé de l’audit, risque que la

réglementation et les normes professionnelles essayent de mitiger.

Il convient, par ailleurs, de noter la centralité de la norme comme élément de définition et

déterminant de la qualité de l’audit. Ce qui ne va sans susciter des inquiétudes, concernant

d’une part la neutralité de la règle, et d’autre part les effets d’une standardisation excessive du

processus d’audit sur la liberté de l’auditeur quant à l’usage de l’esprit critique et de son

jugement professionnel.

22 International Auditing and Assurance Standards Board, ISA 610, “Using the Work of Internal

Auditors », April 2009

23 Ibid.

10

Finalement, les deux éléments relatifs à l’indépendance de l’auditeur et à la place de la norme

seront au cœur du système de contrôle qualité au sein des Institutions supérieurs de contrôle

des finances publiques.

Chapitre 2 - Les références de base du système de contrôle qualité au sein des

Institutions supérieures de contrôle

Les aspects de la qualité de l’audit évoqués plus haut concernant, d’une part la compétence et

l’indépendance de l’auditeur et d’autre part la place de la norme dans la définition de la

qualité vont se retrouver au centre du système de contrôle qualité au sein des Institutions

supérieures de contrôle des finances publiques24

. Bien que l’ISC ne soit pas dans la posture

de l’auditeur mandaté et rémunéré par l’audité, l’indépendance des ISC semble être un

déterminant de la qualité de l’audit, tout comme le référentiel normatif.

En vue de mettre en évidence les référentiels de base du système de contrôle qualité nous

nous proposons de les présenter sous l’angle des organismes(1) et des normes de

références(2).

Section 1- Les organismes de référence en matière de qualité de l’audit

1.1. L’Organisation internationale des Institutions supérieures de contrôle des finances

publiques (INTOSAI)

L'INTOSAI est une organisation non-gouvernementale avec statut spécial auprès du Conseil

économique et social des Nations unies. Créée en 1953 à l'initiative du président de l'époque

de l'ISC de Cuba, l'INTOSAI compte actuellement 191 membres à part entière et 4 membres

associés25

.

L’Organisation fournit un cadre institutionnel aux ISC de contrôle des finances publiques

pour le partage des connaissances, le renforcement des compétences professionnelles et

l’amélioration de l’audit externe des finances publiques à l'échelle internationale.

1.2. International Federation of Accountants (IFAC)

L’IFAC (Fédération internationale des experts comptables) est une organisation mondiale

dédiée à la profession comptable. Elle est composée de172 membres et associés dans 129

24 On entend par Institution supérieure de contrôle « toute institution publique d’un État qui, quelle

que soit sa dénomination, sa composition ou son organisation, exerce, en vertu de la loi, le contrôle

supérieur des finances publiques de cet État », d’après « Lignes Directrices pour l’audit financier »,

INTOSAI.

25 http://www.intosai.org

11

pays et territoires regroupant principalement des organisations nationales d’experts

comptables26

.

L’un de ses objectifs est le renforcement de la profession comptable à travers, notamment, la

contribution à l’élaboration et à la diffusion des normes professionnelles de haute qualité.

Section2 - Les normes de référence en matière de qualité de l’audit

Les référentiels normatifs qui font autorité dans le monde de l’audit sont ceux de l’IFAC et

ceux de l’INTOSAI.

2.1. Les normes de l’IFAC

Les normes publiées par l’IFAC qui concernent le système de contrôle qualité incluent

notamment :

- Les normes d’audit internationales (ISA : International Standards on Auditing), dont la

norme ISA 220 « Contrôle qualité des missions d’audit d’informations financières

historiques ».

- La norme internationale de contrôle qualité (ISQC1 : International Standard on Quality

Control) relative au « Contrôle qualité des cabinets réalisant des missions d’audit ou

d’examen limité d’informations financières historiques, et d’autres missions

d’assurance et de services connexes ». Cette norme complète l’ISA 220 mentionnée

ci-dessus.

L’IFAC souhaite étendre ses normes au secteur public. Chaque fois qu’une norme n’est pas

transposable aux organismes publics ou ne l’est pas sans des modalités d’application

supplémentaires, des commentaires spécifiques édictés par le Comité du Secteur Public de

l’IFAC sont indiqués dans un paragraphe relatif au « Point de vue du Secteur Public » (Public

Sector Perspective - PSP).

2.2. Les normes de l’INTOSAI

L’INTOSAI publie deux types de normes professionnelles : les normes internationales des

Institutions supérieures de contrôle des finances publiques (ISSAI : International Standards of

Supreme Audit Institutions) et les orientations du Guide sur la bonne gouvernance de

l'INTOSAI (INTOSAI GOV).

Ces deux types de normes recensent les principes généralement reconnus, ainsi que les

expériences professionnelles partagées au sein de la communauté internationale des ISC.

26 http://www.ifac.org/about-ifac/organization-overview

12

Les INTOSAI GOV fournissent des conseils aux services publics sur la bonne administration

des fonds publics, alors que les ISSAI énoncent les conditions préalables au bon

fonctionnement et à la conduite professionnelle des ISC et des principes fondamentaux de

contrôle de finances publiques. Ces normes se fondent en grande partie sur les normes

édictées par l’IFAC, auxquelles elles apportent des adaptations ou directives supplémentaires

pour l’application au secteur public.

Les ISSAI sont hiérarchisées en quatre niveaux :

Niveau 1: Principes fondateurs (ISSAI 1) - contient les principes fondateurs de l'INTOSAI. La

déclaration de Lima qui plaide pour la mise en place d’ISC efficaces et propose en outre des

lignes directrices relatives au contrôle des finances publiques. L’ensemble des ISSAI s’inspire

et se fonde sur ce document historique27

.

Niveau 2: Conditions préalables au fonctionnement des ISC (ISSAI 10-99) - formule et

explicite les conditions préalables de base au bon fonctionnement et à la déontologie des ISC.

Niveau 3: Principes fondamentaux de contrôle (ISSAI 100-999) - contient les principes

fondamentaux pour effectuer le contrôle d'entités publiques.

Niveau 4: Directives de contrôle (ISSAI 1000-5999) - transposent les principes fondamentaux

de contrôle en des directives plus spécifiques, détaillées et opérationnelles pouvant être

utilisées quotidiennement dans le cadre de tâches de contrôle.

En ce qui concerne la qualité de l’audit, l’INTOSAI a adopté les normes ISSAI 40 « Contrôle

qualité pour les ISC », ISSAI 1220 « Contrôle qualité d’un audit d’états financiers » et ISSAI

200 « Principes généraux de contrôle des finances publiques ». La norme ISSAI 1220 est la

retranscription de la norme ISA 220, alors que la norme ISSAI 40 est une adaptation de la

norme ISQC1 aux spécificités du mandat des ISC plus vaste que celui des cabinets privés

d’audit.

En plus des normes de qualité à portée générale précitées, les lignes directrices du contrôle

qualité applicable à chaque type d’audit peuvent être trouvées dans :

- Les ISSAI 1000 à 2999 concernant les lignes directrices pour l’audit financier

27 Objet et autorité des normes professionnelles de l’INTOSAI, Comité des normes professionnelles

de l'INTOSAI, 31 octobre 2011

www.issai.org/media281079,103329/Purpose_and_authority_of_framework.pdf

13

[Les ISSAI 1000, 1220 et 1620 fournissent des directives relatives au contrôle de qualité des

audits financiers.] ;

- les ISSAI 3000 à 3999 concernant les lignes directrices relatives à l’audit de

performance

[La section 2.5 de l’ISSAI 3100 fournit des directives relatives au contrôle qualité des audits

de performance.] ;

- les ISSAI 4000 à 4999 concernant les lignes directrices pour l'audit de conformité

[Les sections 5.2 de l’ISSAI 4100 et de l’ISSAI 4200 fournissent des directives relatives au

contrôle de qualité des audits de conformité.]

2.3. Aperçu général des normes de qualité ISQC1 et ISSAI 40

Aperçu de l’ISQC 1

L’ISQC 1 traite des responsabilités d’un cabinet au regard du système de contrôle qualité

qu’il doit mettre en place dans ses missions d'audits et d'examen d'états financiers et dans

d'autres missions d'assurance et de services connexes.

L’ISQC 1 indique que « l’objectif du cabinet est de mettre en place et de maintenir un

système de contrôle qualité afin d’obtenir l’assurance raisonnable :

- que le cabinet et ses membres se conforment aux normes professionnelles et aux

exigences des textes légaux et réglementaires en vigueur;

- que les rapports délivrés par le cabinet ou les associés responsables de missions sont

appropriés en la circonstance ».

Présentation de l’ISSAI 40

La norme internationale des Institutions supérieures de contrôle des finances publiques

ISSAI40 « Contrôle Qualité pour les ISC »se fonde sur la norme internationale de contrôle

qualité (ISQC 1).

Elle a pour but d’aider les ISC à établir et à faire fonctionner un système de contrôle qualité

approprié, qui s’intègre à tous leurs travaux.

S’agissant de son étendue, l’ISSAI 40 se concentre sur les aspects organisationnels et établit

un cadre global de contrôle qualité pour les ISC. Ce cadre est conçu pour s’appliquer au

système de contrôle qualité de tous les travaux effectués par les ISC : les audits financiers, les

audits de conformité, les audits de performance et tous les autres travaux.

14

Pour le système de contrôle qualité, l’ISSAI 40 se fonde sur les éléments du cadre de contrôle

qualité exposés dans l’ISQC 1, tout en tenant compte du contexte spécifique d’audit dans le

secteur public et qui a une incidence sur le système de contrôle qualité des ISC.

Les éléments d’un système de contrôle qualité comprennent:

a) les responsabilités d’encadrement pour la qualité au sein du cabinet;

b) les règles de déontologie pertinentes;

c) l’acceptation et le maintien de relations clients et de missions spécifiques;

d) les ressources humaines;

e) la réalisation des missions;

f) le suivi (monitoring).

En plus de ces éléments, la norme insiste sur la nécessité de consigner par écrit les politiques

et les procédures de contrôle qualité et de les communiquer aux personnels.

Cadre du système de contrôle qualité pour les ISC

Pour chacun des six éléments de l’ISQC 1, l’ISSAI 40 est présentée de la même manière,

selon la structure suivante :

- le principe clé de l’ISQC 1;

- le principe clé adapté aux ISC;

- les directives d’application pour les ISC.

Dans un souci de concision, nous ne présenterons ici que les principes clés adaptés par les

ISC28

.

a) Élément 1 : Responsabilités d’encadrement pour la qualité au sein de l’ISC

L’ISC doit établir des politiques et procédures destinées à promouvoir une culture interne qui

reconnaît la qualité en tant qu’élément essentiel de la réalisation de tous ses travaux. Ces

politiques et procédures doivent être énoncées par la direction de l’ISC, qui conserve la

responsabilité globale du système de contrôle qualité.

La norme recommande d’autre part que les ISC fassent en sorte que les politiques et les

procédures de contrôle qualité soient communiquées clairement à leur personnel ainsi qu’à

28 La norme peut être consultée dans son intégralité sur le site www.issai.org

15

toute partie effectuant des travaux en sous-traitance, et qu’elles s’assurent que des ressources

suffisantes sont disponibles pour la tenue de leur système de contrôle qualité.

b) Élément 2 : Règles de déontologie pertinentes

L’ISC doit établir des politiques et procédures destinées à lui fournir l’assurance raisonnable

que l’ISC elle-même, y compris tout membre de son personnel et toute partie effectuant des

travaux en sous-traitance, se conforme aux règles de déontologie pertinentes.

La norme recommande par ailleurs que les ISC doivent s’assurer que des politiques et des

procédures sont en place pour renforcer les principes fondamentaux de déontologie tels qu’ils

sont définis dans l’ISSAI 30, c’est-à-dire : l’intégrité; l’indépendance29

, l’objectivité et

l’impartialité; le secret professionnel et la compétence.

c) Élément 3 : Acceptation et maintien de relations clients et de missions spécifiques

L’ISC doit établir des politiques et procédures destinées à lui fournir l’assurance raisonnable

qu’elle n’effectuera des audits ou d’autres travaux que si les conditions suivantes sont

respectées :

- elle est compétente pour effectuer les travaux et en a les capacités, y compris le temps et

les ressources;

- elle peut se conformer aux règles de déontologie pertinentes;

- elle a pris en considération l’intégrité de l’organisation et a étudié la manière de traiter

les risques identifiés comme relevant de la qualité.

d) Élément 4 : Ressources humaines

L’ISC doit établir des politiques et procédures destinées à lui fournir l’assurance raisonnable

qu’elle dispose de ressources suffisantes ayant la compétence, les capacités et le souci du

respect des principes de déontologie qui sont nécessaires.

e) Élément 5 : Réalisation des audits et des autres travaux

L’ISC doit établir des politiques et procédures destinées à lui fournir l’assurance raisonnable

que les audits et les autres travaux sont réalisés conformément aux normes pertinentes et aux

29 Pour obtenir de plus amples directives sur l’indépendance des ISC, consulter l’ISSAI 10,

Déclaration de Mexico sur l’indépendance des Institutions supérieures de contrôle des finances

publiques, et l’ISSAI 11, Lignes directrices de l’INTOSAI et pratiques exemplaires liées à

l’indépendance des Institutions supérieures de contrôle des finances publiques.

16

exigences des textes légaux et réglementaires applicables, et que l’ISC délivre des rapports

appropriés en la circonstance.

f) Élément 6 : Suivi (monitoring)

L’ISC doit établir un processus de suivi destiné à lui fournir l’assurance raisonnable que les

politiques et procédures liées au système de contrôle qualité sont pertinentes et adéquates, et

qu’elles fonctionnent efficacement. Le processus de suivi doit :

- comporter une surveillance et une évaluation en continu du système de contrôle qualité

de l’ISC, y compris un examen d’un échantillon de travaux prélevés dans toute la

gamme de travaux effectués par l’ISC;

- imposer que la responsabilité du processus de suivi soit confiée à une ou des personnes

ayant l’expérience et l’autorité suffisantes et appropriées au sein de l’ISC pour

assumer cette responsabilité;

- imposer que les personnes qui procèdent à l’examen soient indépendantes.

2.4. L’indépendance des ISC selon la Déclaration de Lima

La Déclaration de Lima sur les lignes directrices du contrôle des finances publiques stipule

que les ISC ne peuvent accomplir leurs tâches d’une manière objective et efficace que si elles

sont indépendantes de l’entité contrôlée et si elles sont à l’abri des influences extérieures30

.

Aussi est-il indispensable que cette indépendance soit garantie par la constitution. Toutefois,

il ne s’agit nullement d’une indépendance absolue, mais plutôt d’une indépendance

fonctionnelle et organisationnelle nécessaire à l'accomplissement du mandat.

Les ISC reconnaissent généralement huit principes de base qui découlent de la Déclaration de

Lima et des décisions prises lors du XVIIe Congrès de l’INTOSAI (à Séoul) comme des

exigences essentielles d’un bon contrôle du secteur public31

:

1. L’existence d’un cadre constitutionnel/législatif/réglementaire approprié et efficace et

l’application de facto des dispositions de ce cadre ;

2. L’indépendance des dirigeants des ISC et des « membres » (des institutions collégiales),

y compris l’inamovibilité et l’immunité légale dans l’exercice normal de leurs

fonctions ;

30 ISSAI 1: The Lima Declaration of Guidelines on Auditing Precepts, INTOSAI, 1977, p6.

31 ISSAI 10 :Mexico Declaration on SAI Independence, INTOSAI, 2007

17

3. Un mandat suffisamment large et une entière discrétion dans l’exercice des fonctions de

l’ISC ;

4. Accès illimité à l’information ;

5. Le droit et l’obligation de rendre compte de leurs travaux ;

6. La liberté de décider du contenu et de la date de leurs rapports de contrôle, de leur

publication et de leur diffusion ;

7. L’existence de mécanismes efficaces de suivi des recommandations des ISC ;

8. L’autonomie financière et de gestion et la disponibilité des ressources humaines,

matérielles et financières appropriées.

Il ressort de la déclaration de Lima et des principes qui en découlent32

que l’INTOSAI adopte

une approche multidimensionnelle de l’indépendance qui va au-delà du statut juridique de

l’ISC pour embrasser d’autres aspects nécessaires pour une indépendance effective. En outre,

l’INTOSAI met l’accent sur les liens entre l’indépendance et les valeurs démocratiques,

puisque les ISC sont appelés à jouer un rôle primordial non seulement dans le contrôle des

finances publiques, mais aussi dans la promotion de la bonne gouvernance et la reddition des

comptes dans leurs gouvernements.

Au terme de ce chapitre consacré à la présentation du référentiel normatif du contrôle

supérieur des finances publiques, il apparaît que les normes d’audit internationales (ISA et

ISSAI), auxquelles les ISC se conforment, décomposent le système de contrôle qualité en

deux processus:

- le contrôle qualité (revue à chaud) qui a lieu tout au long de la mission d’audit;

- le suivi du contrôle qualité également désigné par le terme d’assurance qualité (revue à

froid) qui a lieu à l’issue de la mission.

Ce sont ces composantes que nous allons essayer de développer dans un premier temps, avant

d’en donner un exemple concret à travers l’analyse de la mission de certification des comptes

de l’Etat par la Cour des comptes française.

32 En plus de ces textes, il convient de mentionner que l'Assemblée générale des NU a adopté la

résolution A/66/209 relative à l'indépendance des ISC.

18

Partie II – L’analyse du système de contrôle qualité au sein des Institutions supérieures

de contrôle des finances publiques

En vue d’analyser le système de contrôle qualité au sein des ISC, nous nous proposons

d’abord de développer la question de ses composantes et de voir ensuite comment ce système

est concrètement mis en œuvre par la Cour des comptes.

Chapitre 3 - Les composantes du système de contrôle qualité au sein des Institutions

supérieures de contrôle des finances publiques

La qualité d’un audit est son degré de conformité aux normes au regard d’un ensemble de

critères spécifiques. Dans le cas de l’évaluation des travaux effectués par une ISC, ces critères

concernent notamment33

:

- l’importance des éléments examinés lors de l’audit. Cette importance peut être

appréciée au regard de la dimension financière de l’entité à contrôler et de l’impact de

ses résultats sur l’opinion publique en général ou sur des questions politiques

majeures;

- la fiabilité des résultats et des conclusions de l’audit dont la justification doit reposer sur

des faits réels et des données recueillies au cours de la vérification ;

- l’objectivité et l’impartialité qui imposent que le rapport et l’opinion de l’auditeur soient

fondés uniquement sur les faits et sur une analyse objective, sans aucun préjugé

favorable ou défavorable;

- l’étendue de l’audit qui doit englober tous les éléments nécessaires pour mener à bien la

mission. Ainsi, toutes les tâches indispensables prévues dans le plan d’audit doivent

être exécutées de manière satisfaisante ;

- la ponctualité : le rapport d’audit doit être remis en temps opportun ;

- la clarté : le rapport d’audit doit être clair et concis et son contenu aisément

compréhensible par ses destinataires qui ne sont pas toujours des experts dans les

questions traitées ;

- l’efficience : les ressources assignées à l’audit doivent être évaluées par rapport à son

importance et à sa complexité ;

- l’efficacité : un audit est d’autant plus efficace que ses constatations, conclusions et

recommandations reçoivent une réponse appropriée des entités auditées, du

gouvernement et/ou du parlement; et que l'effet qu’il recherche est atteint, notamment

33. Cour des comptes du canton de Vaud, Code déontologique et directives relatives à la qualité des

audits, septembre 2009, p.24

19

en termes de promotion du principe de responsabilité et de diffusion des meilleures

pratiques de gestion dans le secteur public.

En vue d’atteindre ces objectifs de la qualité, l’ISC doit mettre en place un processus

d’identification et de gestion des activités nécessaires selon une approche systématique qui va

au-delà des efforts conjoncturels et individuels des auditeurs.

Un système de contrôle qualité doit être intégré à la stratégie, à la culture, aux politiques et

aux procédures de l’ISC pour être efficace34

. Ainsi, la qualité doit être contrôlée aussi bien au

moment même où l’ISC exécute ses travaux et produit ses rapports, c’est la première

composante du système dite contrôle qualité (1) ; qu’a posteriori au moment où l’audit est

terminé, c’est la deuxième composante dite assurance qualité (2).Finalement, l’ISC doit

mettre en place une gestion institutionnelle favorisant une qualité supérieure de l’audit et de

ses autres travaux(3).

Section 1 - Le contrôle qualité ou « revue à chaud »

Le contrôle qualité s’entend de l’ensemble des politiques et procédures mises en place au sein

d’une ISC pour garantir en permanence une qualité élevée des audits et autres travaux.

Etant donné la diversité des modèles des ISC et des types d’audits qu’elles effectuent (voir

encadrés n°1 et 2), il n’existe pas de schéma universel de procédures détaillées capable

d’assurer une qualité supérieure dans toutes les circonstances. En conséquence, les procédures

concernant le système qualité ne doivent pas être trop prescriptives, chaque ISC doit être en

mesure de décider elle-même quels types de contrôle qualité elle a besoin de mettre en place.

Toutefois, certains éléments, tels que les critères de qualité associés aux différentes phases du

processus d’audit, sont applicables à toutes les ISC et à tous les audits.

Encadré n°1 : les trois principaux types d’audit effectués par les ISC

Les trois principaux types d’audit effectués par les ISC sont :

Audit de conformité – Audit qui vise à déterminer dans quelle mesure l’entité auditée respecte les

règles, les lois et les règlements, les politiques, les codes existants ou les termes et conditions

convenus, etc.

Audit de la performance – Audit visant à examiner si l’entité auditée utilise de façon économique,

efficiente et efficace les ressources destinées à l’exercice de ses responsabilités. Cet audit est

également connu sous le nom de contrôle de l’optimisation des ressources.

34 ISSAI 40

20

Audit financier – Évaluation indépendante aboutissant à la formulation d’une opinion, assortie d’une

assurance raisonnable, concernant la question de savoir si une entité présente fidèlement sa situation

financière, ses résultats et son utilisation des ressources conformément au référentiel d’information

financière applicable.

Source : ISSAI 1003, ”Glossaire des termes utilisés dans les lignes directrices de l’INTOSAI pour l’audit

financier”. INTOSAI

Encadré 2 les modèles des ISC

Comme le souligne le professeur Luc Saïdj (L. Saïdj “le modèle des Cours des comptes: traits

communs et diversité”, RFFP, n° 101, mars 2008 pp 45-60), parler de modèle est discutable, dès lors

que chaque pays présente des particularités et que la classification des ISC est très relative. De ce fait,

par commodité nous parlerons ici de modèle non pas comme un type concret mais comme un « type

idéal ». Cette précision étant faite, les trois systèmes d’ISC les plus courants sont:

a) le modèle de l’auditeur général ;

b) le modèle juridictionnel (Cour des comptes) ;

c) le modèle du conseil ou modèle collégial.

Modèle de l’auditeur général – Les ISC de type « bureau d’audit », habituellement, rattachés au

parlement, sont constituées par un organe unique, mais incluent parfois certains aspects collégiaux.

Elles sont souvent dirigées par une seule personne qui a le titre de Président ou d’Auditeur général

dont les attributions peuvent varier selon les cas.

Modèle juridictionnel (Cour des comptes) – Dans le modèle juridictionnel, l’institution supérieure de

contrôle fait partie intégrante du système judiciaire et agit indépendamment des pouvoirs exécutif et

législatif. Elle n’aura probablement guère de lien avec le parlement national. L’institution supérieure

de contrôle sera probablement connue sous le nom de Cour des comptes (ou de Cour d’audit). Il s’agit

habituellement de cours pouvant s’autosaisir et traitant uniquement de questions financières. Elle peut

également faire partie de la Cour suprême et sera alors normalement connue sous le nom de Chambre

des comptes, mais ce cas de figure est plus rare. ( Norme ISSAI 1003, ”Glossaire des termes utilisés dans

les lignes directrices de l’INTOSAI pour l’audit financier”.)

Modèle du conseil ou modèle collégial – Dans le cadre du modèle du conseil ou du modèle collégial,

l’institution supérieure de contrôle est composée d’un certain nombre de membres qui forment son

collège ou conseil d’administration et qui prennent ensemble les décisions. Les organes collégiaux

font normalement partie des systèmes parlementaires. Les rapports et les avis approuvés par le

collège sont présentés au parlement, au sein duquel une sorte de commission des comptes publics est

normalement chargée d’y donner suite. Les organes collégiaux peuvent aussi avoir une fonction

judiciaire. (Norme ISSAI 1003, Glossaire ...)

21

Le contrôle qualité doit ainsi être mis au point et appliqué à toutes les phases du processus

d’audit, notamment lors de :

- la planification;

- l’exécution;

- la rédaction du rapport ;

- le suivi des recommandations.

1.1. La planification de l’audit

Quelque soit le type d’audit à réaliser, l’auditeur doit programmer la vérification de façon à

obtenir un audit de qualité effectué de manière économique, efficace et dans les délais fixés.

Une bonne planification permettra d'éviter les problèmes ultérieurs concernant la manière de

conduire la vérification et servira comme outil pour orienter la phase d'exécution. Il convient

toutefois de choisir le degré de détail de la planification. En effet, une préparation minutieuse

permettra d’éviter que des problèmes sur la manière de mener les travaux surviennent au

moment de l’exécution. En revanche, si cette planification est trop détaillée elle risque de

nuire à l’esprit d’innovation et à la créativité. Toujours est-il qu’il est rarement possible de

concevoir un plan exhaustif qui englobe tous les détails de la mission étant donné que les

audits sont réalisés dans un monde complexe35

.

Le premier élément de la planification consiste en l’établissement d’un plan de travail dûment

documenté. Celui-ci doit prendre en considération les ressources financières et le temps

alloués à l’accomplissement des différentes tâches, l’effectif du personnel disponible et de

leurs compétences professionnelles, l’expertise externe requise le cas échéant, sans omettre de

tenir compte des risques qui peuvent être rencontrés ainsi que des tests nécessaires pour les

gérer. Doivent aussi être définis pendant cette phase, la portée et les objectifs de l'audit ainsi

que la méthodologie pour les atteindre.

Il convient d’indiquer qu’en matière d’audit de performance, le processus de planification est

lui-même souvent subdivisé en étapes différentes. La première de ces étapes est la

planification stratégique durant laquelle on identifie des thématiques potentielles d’audit. Une

fois qu’un thème ait été retenu, une étude préliminaire, résultant en un plan de travail, peut

être entreprise en vue de recueillir des informations qui serviront à concevoir une proposition

pour l'étude principale36

.

35 Performance Audit Guidelines: ISSAI 3000 – 3100, p.49

36Ibid. p.43

22

1.2. L’exécution de l’audit

Une supervision continue des travaux doit être assurée à tous les niveaux et à chaque étape de

de l’exécution de l’audit. Les travaux doivent être accomplis conformément au plan approuvé,

tout en tenant compte des circonstances imprévues qui exigent de modifier ce plan. Les

changements de méthodologie ou d’autres éléments du plan doivent être approuvés par

l’auditeur principal- personne qui dirige l’audit et assume la responsabilité de son exécution-

ou par d’autres responsables de l’ISC37

.

Des règles doivent être prévues pour résoudre d’éventuelles divergences d’opinion entre les

membres de l’équipe d’audit lors de la réalisation des tâches.

Parmi les premiers examens à faire, figure une évaluation du contrôle interne adaptée au type

d’audit envisagé. S'il s'agit d'un audit financier, l'évaluation portera essentiellement sur les

contrôles destinés à protéger les actifs et les ressources et sur la fiabilité de l’information

financière. S'il s'agit d'un audit de conformité, l'évaluation portera principalement sur les

contrôles qui aident les gestionnaires à respecter les lois et les réglementations. S'il s'agit d'un

audit de performance, l’évaluation portera sur les contrôles qui permettent à l'entité de gérer

ses activités d'une façon économique, efficace et efficiente.

Les auditeurs choisissent et appliquent des mesures et procédures de contrôle qui, selon leur

jugement professionnel, sont appropriées aux circonstances38

, de telle manière à obtenir des

preuves quantitativement suffisantes et qualitativement pertinentes pour corroborer les

conclusions de l’audit.

Les auditeurs doivent documenter, sous la supervision de l’auditeur principal, les différents

travaux qu’ils accomplissent et les résultats auxquels ils donnent lieu. Le dossier de travail

doit rassembler suffisamment de documents ayant valeur probante. Ces documents indiquent,

notamment les axes vérifiés, les tâches réalisées et les constations d’audit. Ils doivent être

suffisamment détaillés pour permettre une compréhension globale de l’audit39

.

Les documents de travail ainsi établis doivent être conservés et organisés de façon à faciliter

la rédaction et la revue du rapport d’audit.

37 Guidelines on Audit Quality, EUROSAI, 2004, p 21

38 Paragraphe 4.5 de la norme ISSAI 300

39 Code de déontologie et directives relatives à la qualité des audits de la Cour des comptes du Canton

de Vaud, Suisse, 2009.

23

1.3. La rédaction du rapport

Le rapport d’audit doit être clair, concis, objectif et produit en temps opportun. Toutes les

observations et les conclusions doivent être corroborées par des preuves d’audit adéquates,

fiables et justes. L'objectivité impose que le rapport soit présenté de manière équilibrée dans

son contenu et dans son ton. Le rapport doit être revu en interne par des auditeurs

expérimentés qui ne sont pas membres de la mission d’audit et en externe par l’audité. Les

commentaires de ce dernier doivent être soigneusement pris en considération et examinés

objectivement.

Concernant l’exigence de ponctualité du rapport d’audit, les analyses montrent que le délai

d’audit augmente avec la complexité40

et le risque41

de la mission et diminue avec le nombre

et le degré d’expertise des auditeurs en charge de la mission. D’autres facteurs impactent ce

délai; on peut citer, en autres, les conditions de planification de la mission, les ressources

allouées, l’organisation interne de l’auditeur, etc.

Les auditeurs font parfois l’objet d’une pression de la part des entités auditées, soumises elles-

mêmes à une forte demande d’information, pour produire le plus rapidement possible le

rapport, ce qui peut être préjudiciable à la qualité du travail d’audit. Les auditeurs se trouvent

obligés de faire des arbitrages serrés entre pertinence et fiabilité. La pertinence suppose une

certification et une publication rapide de l’information financière (cas d’un audit de

certification) ; inversement, la fiabilité requiert un délai suffisant pour l’accomplissement des

diligences permettant de forger l’opinion d’audit42

.

Outre une rédaction de qualité, l’ISC doit veiller à ce que ses rapports reçoivent une large

diffusion auprès du gouvernement, du législateur, de l’opinion publique, etc. à cet effet, elle

peut mettre à contribution les médias pour faire passer son message auprès de son auditoire

cible. Cependant, l’ISC doit veiller à ce que les médias comprennent convenablement les

rapports d’audit et puissent communiquer fidèlement leurs contenus sans aucune déformation.

40 Dans une optique bilancielle, la complexité de la mission d’audit dépend de la nature des actifs à

valider.

41 Le risque de mission se définit comme la probabilité que l’auditeur émette à tort un rapport sans

réserves.

42 Piot Charles, « Les déterminants du délai de signature du rapport d'audit en France », Comptabilité

- Contrôle - Audit, 2008/2 Tome 14, p.

24

1.4. Le suivi des recommandations

La parution du rapport ne met pas fin au processus d’audit puisque l’ISC doit assurer le suivi

de ses recommandations en vérifiant si des actions ont été prises par l’audité pour régler les

problèmes signalés par l’audit. Le suivi permet en outre le retour d'information vers l'ISC, le

corps législatif et les pouvoirs publics concernant l'efficacité de l’audit43

.

A des fins de suivi, divers moyens peuvent être utilisés. Dans certains cas, une simple

demande de renseignement adressée à l’entité auditée peut suffire. Dans d’autres cas, une

vérification et des tests plus approfondis seront nécessaires.

Force est de constater, toutefois, que le degré d’implémentation des recommandations dépend

aussi de leur qualité et de celle du rapport d’audit d’une façon générale. Des recommandations

constructives, utiles et crédibles qui suggèrent à l’entité auditée des moyens d’améliorer sa

gestion auront plus de succès de se concrétiser que d’autres qui n’ont pas ces qualités. L’entité

sera plus portée à mettre en œuvre les recommandations si le rapport est équilibré et souligne

non seulement les défaillances, mais aussi les réalisations et les bonnes pratiques.

Pour être crédible, une recommandation doit être réalisable. Les auditeurs doivent de ce fait

prendre en compte le coût des mesures recommandées et discuter avec les entités auditées afin

de déterminer si les recommandations sont réalisables.

En outre, les recommandations doivent44

:

- préciser les mesures à entreprendre;

- indiquer les raisons pour lesquelles ces mesures doivent être entreprises;

- indiquer où et quand il y aurait lieu d’apporter des améliorations;

- suggérer des moyens pour ce faire;

- préciser qui doit s’en occuper.

Section 2 – L’assurance qualité et l’évaluation des contrôles de qualité (revue à froid)

L’assurance qualité désigne le processus mis en place au sein d’une ISC afin de garantir

l’application effective et satisfaisante des contrôles nécessaires, avec identification des

moyens de les améliorer45

. C’est un processus permanent de surveillance et d’évaluation du

43 Performance Audit Guidelines: ISSAI 3000 – 3100,

44 Comment accroître l’utilisation et l’impact des rapports d’audit : Guide à l’intention des

Institutions supérieures de contrôle des finances publiques INTOSAI, 2010, p.15

45 Jacek Mazur et al., “Guidelines on Audit Quality”, International Journal of Government Auditing,

April 2005 Vol. 32, No. 2

25

système de contrôle qualité (contrôle du contrôle). Chronologiquement, le contrôle qualité a

lieu tout au long de la mission, alors que l’assurance qualité a lieu à l’issue de ladite mission.

Le suivi prend la forme d’une revue a posteriori de l’audit par des personnes indépendantes

qui n’ont pas pris part à cet audit. La portée des revues peut s'étendre à toutes les activités

menées par l'ISC ou se limiter à des audits bien déterminés46

.

Le but de ces revues n’est pas de critiquer le travail réalisé, mais plutôt de déterminer quels

contrôles étaient censés s’appliquer à l’audit et comment ils l’ont été, et en cas

d’insuffisances, identifier les meilleurs moyens pour y remédier afin d’améliorer l’efficacité

du système de contrôle. La revue ne doit toutefois pas se limiter à rechercher les insuffisances,

car il est également recommandé que les évaluateurs mettent en exergue les bonnes pratiques

qui pourraient être appliquées plus largement au sein de l’ISC.

L’assurance qualité peut se faire selon quatre modalités principales: la revue interne, la revue

externe, la revue par les pairs (peer review) et finalement la réaction des entités auditées.

La revue interne peut être confiée soit à un service distinct indépendant des unités d’audit qui

rend compte directement aux responsables de l’ISC, à un niveau approprié ; soit à des

membres du personnel de différentes unités de l’organigramme, indépendants de l’audit sous

revue.

La revue du dossier du travail par un auditeur autre que celui chargé du dossier peut diminuer

le risque d’échec d’une mission d’audit 47

. Elle instaure une surveillance mutuelle qui

améliore la qualité de l’audit et la compétence des auditeurs par une logique de partage basée

sur la contribution de tous.

En guise de revue externe, l’ISC peut confier à un cabinet d'audit privé d’examiner son

activité d’audit de certification des états financiers. L’examen de l’audit de performance peut

être confié à un cabinet de conseil en management ou à des universitaires experts en la

matière48

.

La revue par les pairs quant à elle évalue le degré de conformité d’une ISC aux normes

internationales. Cette revue est effectuée généralement par des auditeurs expérimentés

46 Quality Assurance Guidelines, Pacific Association of Supreme Audit Institutions,

47 Prat Christian et HAURET DIT, « L'indépendance perçue de l'auditeur », Revue française de

gestion, 2003/6 no 147, p..

48 Jacek Mazur et al., “Guidelines on Audit Quality”, art. cit.

26

provenant d’autres ISC. L’évaluation par les pairs peut se limiter à une activité spécifique de

l’ISC ou couvrir l’activité d’audit et/ou les fonctions organisationnelles en général49

.

Plusieurs raisons peuvent justifier pour une ISC le recours à une revue par les pairs : une

volonté d’améliorer les procédures et les résultats, un besoin de donner davantage de preuve

de la qualité élevée des standards régissant le travail, ou simplement en réponse à des

critiques formulées par des tiers.

L’ISC peut recueillir les opinions des audités sur la qualité des audits. Cette approche peut

fournir des informations utiles à l'ISC pour mieux comprendre les besoins et les attentes des

audités.

Au-delà du sondage de l’opinion de l’audité sur la qualité de l’audit, il conviendrait de savoir

dans quelle mesure l’audit a atteint ses objectifs en termes d’impact réel sur le mode de

gestion du secteur public.

Diverses variables peuvent être utilisées pour une telle appréciation. Tels que, la pertinence

des recommandations, l’effet dissuasif de l’audit, les changements intervenus dans les

pratiques des gestionnaires, l’utilité du rapport pour les entités, les mesures concrètes prises

par les entités, les conséquences organisationnelles et personnelles de l’audit, etc.50

A l’opposé de ces impacts positifs précités, des travaux de recherche ont montré que l’audit

peut aussi avoir des effets indésirables, comme l’augmentation considérable de la charge du

travail de l’audité ou l’introduction précipitée de nouvelles pratiques managériales en

anticipation de la visite des auditeurs51

.

Section 3 – la gestion institutionnelle

La direction de l’ISC est responsable de mettre en place, d’appliquer et d’améliorer le système

de contrôle qualité afin de s’assurer que ses travaux sont en permanence de haute qualité.

Pour ce faire, l’ISC doit privilégier les aspects suivants52

:

- La gestion des ressources humaines ;

- La gestion des risques institutionnels ;

49 ISSAI 5600 : Peer Review Guideline, INTOSAI,2010, p.7

50 Danielle Morin, « Measuring the impact of value-for-money audits: a model for surveying audited

managers », Canadian public administration, summer, volume 47, number 2, 2004, p. 141-142.

51 Christopher et al., Performance or compliance? Performance Audit and Public Management in

Five Countries (Oxford: Oxford University Press, 1999)[cité dans Danielle Morin, « measuring the

impact of value-for-money audits , art.cit. p]

52 Jacek Mazur et al., “Guidelines on Audit Quality”, art.cit, p.

27

- La gestion des relations extérieures.

3.1. La gestion des ressources humaines

Vu le rôle capital des auditeurs et des managers dans l’accomplissement des mandats des ISC,

celles-ci doivent déployer tout l’effort nécessaire et mobiliser des moyens financiers pour une

gestion efficace des ressources humaines. Elles doivent établir des politiques de recrutement

et de sélection axées sur la recherche de l’excellence chez les candidats et anticiper les

besoins futurs en recrutant le personnel nécessaire pour y répondre. Pour maintenir un niveau

d’excellence, l’ISC doit évaluer son personnel pour déterminer leur degré de connaissance, de

compétence, de satisfaction et de motivation en conformité avec les objectifs de l’institution.

Au vu des résultats des évaluations, des plans de formation professionnelle et de

développement du personnel doivent être mis en œuvre. Etant donné que le travail des ISC est

fortement axé sur le savoir, l'apprentissage est devenu un élément clé du succès. En plus de

l’importance de la formation pour chaque membre du personnel, l’ISC en tant qu'organisation

doit s'engager dans un apprentissage continu pour atteindre ses objectifs stratégiques. Une

bonne politique de formation bien intégrée au niveau des individus et de l’organisation est de

nature à renforcer les capacités de l’ISC afin de produire l’impact désiré53

.

En outre, la gestion des ressources humaines doit accorder une attention particulière aux

questions de la promotion du personnel et du respect des normes déontologiques54

.

3.2. La gestion des risques institutionnels

Certains audits peuvent avoir un degré élevé de risque et de difficulté. De ce fait, l'ISC doit

adopter des procédures dédiées à la gestion de ces risques institutionnels car une défaillance

dans ce domaine peut porter préjudice à la crédibilité de l'institution.

Une telle gestion doit passer d’abord par une évaluation documentée des risques liés à chaque

audit. Les critères à retenir pour cette évaluation sont relatifs à la complexité, le coût et les

controverses que l’audit peut susciter55

.

L’évaluation des risques attachés à chaque mission d’audit peut orienter les choix de l’ISC

concernant l'expertise technique et le degré d'encadrement requis pour mener à bien la

mission en question.

53 Human Resource Management : A Guide for Supreme Audit Institutions, INTOSAI, CBC, 2012,

p.28

54 Guidelines on Audit Quality, EUROSAI, 2004, p.29

55 Ibi,p.30

28

3.3. La gestion des relations avec l’extérieur

La qualité des relations qu’une ISC entretient avec les autres détermine son aptitude à

promouvoir dans les organisations publiques le principe de la responsabilité (accountability)

et la performance, en termes d’économie, d’efficacité et d’efficience56

.

Il est ainsi important de maintenir de bonnes relations professionnelles avec le parlement, les

divers départements ministériels et agences publiques, les médias, l’université pour obtenir le

cas échéant une expertise particulière ou recruter des diplômés de haut niveau. Des bonnes

relations avec les auditeurs du secteur privé et avec les ISC étrangères peuvent favoriser les

évaluations, les échanges d’expériences et la diffusion des bonnes pratiques professionnelles.

Plus spécifiquement, les ISC, abstraction faite de leur modèle institutionnel, gagneraient à

entretenir des relations fructueuses avec le pouvoir législatif, que ce soit pour une meilleure

reddition des comptes des administrations publiques ou pour accélérer le rythme des

changements préconisés par les recommandations des audits57

.

Des travaux de recherche ont relevé que l’un des indicateurs clés de l’impact des ISC est le

degré d’attention accordée à leurs rapports par les parlementaires. A titre d’illustration, Brown

(2007) avance que la collaboration entre le National Audit Office (NAO) et le Public

Accounts Committee (PAC) au Royaume-Uni est fondamentale pour permettre une véritable

reddition des comptes des administrations. Du côté canadien, Morin (2008) montre l’existence

de fortes corrélations entre la présence et l’intervention des parlementaires et un impact plus

grand des missions d’audit de performance effectuées par le Vérificateur général du

Québec58

.

L’enjeu pour l’ISC est d’entretenir des bonnes relations professionnelles avec divers acteurs

concernés par le contrôle des finances publiques tout en maintenant son indépendance.

Après avoir développé les différentes composantes du système de contrôle qualité et les

enjeux qui y sont attachés, il conviendrait de voir comment ce système est concrètement mis

en œuvre par la Cour des comptes en matière de certification des comptes de l’Etat.

56 Guidelines on Audit Quality, EUROSAI, 2004, p.30

57 Morin Danielle, « Bienvenue à la Cour... », Revue Internationale des Sciences Administratives,

2010/1 Vol. 76, p. 34

58 Cité dans Morin Danielle, « Bienvenue à la Cour... », art.cit

29

Chapitre 4 – L’étude du cas de la certification des comptes de l’Etat par la Cour des

comptes française

Après avoir défini la notion de certification (1), nous présenterons d’abord l’organisation de

la mission de certification (2), ensuite les composantes du système de contrôle qualité (3) et

enfin nous porterons une appréciation critique sur ce système(4).

Section 1 – La notion de certification

La Cour des comptes s’est référée, dans son acte de certification des comptes de l’Etat de

2009, à une définition de la certification qu’elle a énoncée dans les termes suivants : « La

certification se définit comme l’opinion écrite et motivée que formule, sous sa propre

responsabilité, un organisme indépendant sur les comptes d’une entité. Elle consiste à

collecter les éléments nécessaires à l’obtention d’une assurance raisonnable sur la conformité

des états financiers, dans tous leurs aspects significatifs, à un ensemble donné de règles et de

principes ».

Cette définition s’inspire de celles données au plan national (Compagnie nationale des

commissaires aux comptes) et international (IFAC, ISA 200 §3).

La certification et le jugement des comptes

La certification et le jugement des comptes sont deux missions distinctes de la Cour. La

responsabilité des comptables n’est pas la même dans les deux cas.

En matière de certification, le comptable veille à la qualité comptable et a, à ce titre, une

responsabilité managériale. L’article 31 de la LOLF dispose à ce propos que le comptable

tient et établit les comptes de l’Etat et s’assure de la sincérité des enregistrements comptables

et du respect des procédures.

En revanche, en matière du jugement des comptes, qui est une attribution juridictionnelle, la

responsabilité du comptable public est personnelle et pécuniaire.

L’engagement d’une des deux de responsabilités ne conditionne pas ou préfigure

l’engagement de l’autre. En effet, la certification n’empêche pas d’engager ultérieurement la

responsabilité du comptable ; à l’inverse, la Cour pourrait donner quitus à un comptable, alors

qu’elle n’a pas été en mesure pour autant de certifier les comptes.

Finalement, les deux missions aboutissent à des produits différents. L’acte de certification des

comptes est joint au projet de loi de règlement soumis au parlement qui approuve le compte

de résultat et le bilan après affectation du résultat comptable, alors que le jugement des

comptes est matérialisé par un arrêt susceptible de recours devant le Conseil d’Etat.

30

Section 2 – L’organisation de la certification

2.1. Les textes encadrant la mission de certification

Le code des juridictions financières

La mission de certification n’est pas évoquée directement par le code des juridictions

financières. La compétence de la Cour en la matière est fondée sur l’article 58 de la LOLF.

Néanmoins, plusieurs dispositions d’ordre général concernent la certification, notamment

celles relatives à la mission d’assistance du parlement, aux membres de la Cour et à leur

statut, à l’organisation de la Cour, à la procédure applicable aux travaux.

Les normes d’audit de la Cour

Afin de mener à bien sa mission de certification des comptes de l’État, la Cour a opté pour le

référentiel des normes internationales d’audit financier ISA. Ces dernières complètent et

précisent les règles légales, tout en offrant un cadre transparent à la réalisation des différentes

étapes de la certification. Globalement, ces normes portent sur l’analyse des risques, les

informations probantes, et le contrôle de la qualité et l’assurance de la qualité.

L’instruction annuelle du premier président de la Cour

Chaque année, le premier président de la Cour prend une instruction en vue, notamment, de

détailler les évolutions de procédure et de calendrier d’une campagne à l’autre. Pour une

campagne d’audit donnée, l’instruction précise les modalités d’organisation de la Cour, le

calendrier d’élaboration de l’acte de certification, le contenu des documents préparatoires, etc.

2.2. L’organisation de la Cour en matière de certification

Les instances décisionnelles

Pour l’organisation de ses travaux de certification, la Cour adopte une approche par cycle

d’audit lors de la phase de planification et de la phase finale et une approche par ministère lors

de phase intermédiaire.

La coordination technique des travaux est assurée par l’équipe centrale de certification,

dirigée par le responsable de la certification en lien avec le rapporteur général de la formation

interchambres permanente « exécution du budget et comptes de l’État ».

L’acte de certification est examiné par le comité du rapport public et des programmes avant

d’être approuvé par la plus haute instance de la Cour, la chambre du Conseil, composée de

l’ensemble des conseillers maîtres.

31

La procédure de contradiction

A l’instar de toutes les observations provisoires de la Cour, celles relatives à la certification

des comptes de l’État donnent lieu à contradiction avec l’administration. Ces observations

sont validées par les rapporteurs avant leur mise au point par la formation compétente.

La règle de contradiction est conforme aux prescriptions de la norme ISA 260 selon laquelle:

« l'auditeur doit communiquer aux personnes constituant le gouvernement d'entreprise les

questions soulevées à l’occasion de l’audit des états financiers et qui présentent un intérêt

pour ces personnes dans l'exercice de leurs fonctions ».

Section 3 - Les composantes du système de contrôle qualité de la mission de certification

A l’instar des normes d’audit internationales ISA auxquelles la Cour se conforme dans

l’exercice de sa mission de certification, notamment la norme ISQC1, le système de contrôle

qualité de la certification se décompose en deux processus : le contrôle qualité et le suivi du

contrôle qualité (monitoring, également désigné par le terme d’assurance qualité). Pour

chacun des éléments prescrits par la norme ISQC1, le Guide de certification déroule les outils

permettant leur mise en œuvre par la Cour.

Ainsi l’élément de l’éthique est traité via trois outils : le code des juridictions financières, la

charte de déontologie et le comité de déontologie.

S’agissant des ressources humaines, les principaux outils de contrôle qualité sont ; d’abord,

une procédure pour le recrutement des experts et assistants, ensuite la grille d’évaluation des

candidatures et des entretiens et enfin la fiche d’évaluation des experts.

Quant à l’indépendance, la Cour estime qu’elle ne nécessite pas de contrôle particulier dès

lors qu’elle est garantie constitutionnellement pour l’institution et que l’indépendance de ses

membres l’est, soit de par leur statut (magistrats), soit de par les dispositions de leur contrat

de travail et la signature de la charte de déontologie (experts)59

.

Concernant l’élément de la qualité relatif à la définition et le partage des responsabilités, il est

assuré par l’instruction annuelle du premier président qui précise le rôle de chaque intervenant

dans le système de contrôle qualité. En outre, la notification des contrôles par la Cour à

l’audité comporte également le détail des responsabilités.

59 Méthodologie pour la certification des comptes de l’État. Livre I-Guide d’exercice. Cour des

Comptes, 2010, p. 274.

32

La composante contrôle qualité comporte également des revues internes qui se déroulent

selon plusieurs échelons tout au long de la mission.

D’abord, la revue des travaux au cours de la mission est assurée par les responsables de cycles

et sous-cycles qui veillent à ce que les questions importantes soient résolues avant l’émission

du rapport de synthèse de la mission intermédiaire ou finale, ou des observations d’audit.

Ensuite, le responsable de la certification effectue une revue systématique des documents

principaux de la certification.

Enfin, le parquet général et le contre-rapporteur effectuent une revue qualité systématique qui

examine le plan d’audit, les méthodes et la conformité à la loi et aux règlements60

.

Le rapport de certification fera par la suite l’objet d’une discussion et une décision collégiale

en Formation interchambres, puis au Comité du rapport public et des programmes(CRPP), et

finalement en Chambre du conseil, et ce conformément au principe de collégialité en vigueur

à la Cour.

Il y a lieu de mentionner que, conformément aux prescriptions de la norme ISQC1,

l’ensemble des revues du contrôle qualité de certification sont formalisées et documentés de

manière à être traçables et auditables.

La deuxième composante du système de contrôle qualité des travaux de certification c’est

l’assurance qualité ou suivi du contrôle qualité. Comme précisé auparavant, le suivi consiste à

confier la revue de certaines missions relatives à un sous-cycle à une personne indépendante

n’ayant été impliquée ni dans cette mission, ni dans la revue de contrôle qualité de celle-ci.

La pratique courante au sein des Institutions supérieures de contrôle est de créer une unité ad

hoc d’assurance qualité qui soit indépendante du contrôle de la qualité et donc du responsable

de la qualité.

Au sein de la Cour le choix a été porté sur le parquet général pour assumer cette tâche. En

effet, l’instruction n°640 du premier président indique que « le procureur général, qui exerce

le ministère public près la Cour des comptes, s’assure de la conformité du système de

contrôle qualité mis en œuvre dans les travaux de certification aux dispositions du code des

juridictions financières et des normes internationales d’audit (en particulier ISQC1 et ISA

220). Il présente ses observations sur l’efficacité du contrôle qualité en chambre du Conseil».

60 Ibid. p. 303.

33

La revue par les pairs constitue un outil supplémentaire de l’assurance qualité dans la mesure

où elle permet de faire évaluer le processus de certification, dans sa globalité ou dans une

partie, par une tierce partie habilitée à le faire.

A cet effet, deux ISC de pays membres de l’Union européenne ont été sollicitées en 2011 pour

évaluer la Cour: le Tribunal de Contas du Portugal et le Bureau national d’audit de Finlande.

Le Tribunal de Contas a été chargé de l’évaluation des aspects organisationnels et

fonctionnels de la Cour, en examinant notamment les processus de programmation et de suivi,

le contrôle qualité et le respect des principes professionnels, ainsi que le fonctionnement de la

Cour de discipline budgétaire et financière.

La revue menée par le Bureau national d’audit de Finlande a porté sur l’organisation et les

procédures de la Cour en matière de certification, aussi bien des comptes de l’État (pour

2010) que des organismes du régime général de la sécurité sociale (pour 2011).

Cette revue avait pour objectif de fournir une appréciation sur le respect des règles relatives à

l’indépendance et à la déontologie, sur les procédures internes, le contrôle qualité, la

démarche d’audit conformément aux normes internationales, l’adéquation des vérifications

aux enjeux, la cohérence des positions émises ainsi que la formalisation et la documentation

des vérifications.

Le Bureau national d’audit de Finlande a remis son rapport au premier président de la Cour

en décembre 2012, mais ledit rapport n’a pas été rendu public. Il en ressortirait d’après le

Rapport public annuel de la Cour61

que celle-ci respecterait les normes internationales

relatives à l’organisation et aux procédures en matière de certification. Toutefois, « un certain

nombre de recommandations ont été formulées. L’examen approfondi de chacune d’entre

elles devrait permettre à la Cour d’améliorer encore à l’avenir ses règles internes et pratiques

professionnelles en ce domaine »62

. Le Rapport public annuel ne donne pas d’informations

supplémentaires sur la revue, ni sur la teneur des observations et des recommandations.

Section 4 – L’appréciation critique du système de contrôle qualité de la mission de

certification des comptes de l’Etat

L’analyse du système de contrôle qualité de la mission de certification des comptes de l’Etat

par la Cour fait ressortir des traits communs à diverses ISC à travers le monde, à savoir une

61 Cour des comptes, Le Rapport public annuel 2013, Tome III, p.53

62 Ibid.

34

base référentielle de normes internationales d’audit et un système en deux processus, le

contrôle qualité et l’assurance qualité.

Le système français comporte toutefois des spécificités :

- Une double chaine de revue qualité assurée par le parquet général et par les

responsables des cycles et le contre-rapporteur63

;

- La mise en œuvre des principes de collégialité et de contradiction comme garantie de la

qualité.

Ces particularités s’expliquent largement par le statut juridictionnel de la Cour. Ce statut a

pour conséquence une extension aux activités non juridictionnelles (certification dans le cas

d’espèce) des règles de procédure applicables aux activités juridictionnelles (jugement des

comptes).

Pour continuer cette appréciation critique, il nous paraît indispensable de discuter certains

éléments déterminants en matière de qualité de la mission de certification. Ainsi, seront

abordés : d’abord, le rôle du procureur général, ensuite l’indépendance de la Cour et enfin les

ressources humaines.

1. Le rôle du procureur général

Le procureur général (PG) joue un rôle indéniable dans le système de contrôle qualité de la

certification, néanmoins ce rôle appelle de notre point de vue deux observations.

D’abord, le PG remplit deux fonctions incompatibles au regard des normes de contrôle

qualité. En effet, il assure la revue interne avec d’autres acteurs lors de la phase de contrôle

qualité, puis le rôle d’évaluation de ce contrôle en tant que responsable de la phase du suivi.

Or, les normes internationales d’audit imposent de confier cette dernière tâche à une personne

indépendante qui n’a pas participé aux travaux de la première phase, à quelque titre que ce

soit.

Ensuite, le PG se voit confier des responsabilités qui requièrent des compétences techniques

qu’on ne trouve pas ordinairement chez les membres du parquet, qui ont généralement des

profils de juristes. Il parait légitime de se poser la question sur la capacité du PG à assumer le

rôle qui lui assigné lorsqu’il s’agit des aspects techniques en dehors des questions de droit.

63 M.Portal « Quelles normes et quels outils pour la qualité de l’audit des comptes publics ? »,

Gestion et Finances Publiques, n°7, juillet 2012, p.24

35

2. L’indépendance de la Cour

L’indépendance de la Cour est fondée sur son statut de juridiction, qui remonte à sa création

en 1807. Elle tient aussi à l’indépendance de ses membres, magistrats inamovibles avec des

garanties statutaires. Le Conseil constitutionnel dans sa décision du n°2001-448 DC du 25

juillet 2001 a réaffirmé la valeur constitutionnelle du principe d’indépendance de la

juridiction administrative qu’est la Cour des comptes.

La liberté de programmation des travaux de la Cour et la mission d’assistance du

parlement et du gouvernement

Sur le plan opérationnel, l’indépendance de la Cour se manifeste, entre autres, par la liberté de

programmation de ses travaux, sous réserves des travaux demandés par le parlement et le

gouvernement dans le cadre de la mission d’assistance64

.

Dans le cadre d’assistance du parlement, la Cour publie annuellement des rapports sur les

finances publiques65

ou réalise des enquêtes et des évaluations des politiques publiques à la

demande du Parlement.

Ces enquêtes et évaluations dont la nature et l’ampleur ne sont ni précisées ni encadrées

juridiquement peuvent impacter sérieusement la liberté de programmation de la Cour,

d’autant plus qu’il pourrait s’agir de missions très lourdes et très consommatrices du temps et

des ressources.

La Cour a aussi une mission d’assistance du gouvernement, à cet effet le premier ministre

peut lui demander la réalisation de toute enquête relative à l'exécution des lois de finances, à

l'application des lois de financement de la sécurité sociale ainsi que de toute enquête sur la

gestion des services ou organismes soumis à son contrôle ou à celui des chambres régionales

ou territoriales des comptes.

Devant cette formulation non limitative des dispositions relatives aux travaux susceptibles

d’être demandés à la Cour, on ne peut que constater avec le professeur R. Hertzog que :

«derrière leur aspect banal, ces dispositions posent de nombreuses questions sur les

64 Les travaux demandés par le Parlement et le Gouvernement sont régis par l'article 58.2 de la loi

organique relative aux lois de finances (LOLF) ainsi que par les articles LO 132.3-1, L 132-4, L 132-5

et L132-5 du code des juridictions financières.

65 Rapport sur les résultats et la gestion budgétaire, rapport sur la situation et les perspectives des

finances publiques, rapport sur les crédits du budget de l’État ouverts par décret d’avance, certification

des comptes de l’État, certification des comptes du régime général de la sécurité sociale, rapport sur

l’application des lois de financement de la sécurité sociale

36

conditions, limites et nature de ces demandes. Les contrôles sur les administrations qui se

faisait essentiellement à l’initiative de la Cour, peuvent dorénavant être orientés par

l’exécutif »66

Il conviendrait pour préserver l’indépendance de la Cour d’encadrer la mission d’assistance

du parlement et du gouvernement de telle sorte que les travaux demandés ne soient pas une

entrave à l’autonomie de programmation. A ce propos le paragraphe 2.16 de l’ISSAI 200

précise que «sauvegarder l’indépendance de l’ISC ne supprime pas pour autant la possibilité

pour l’exécutif de lui proposer de contrôler tel ou tel domaine, à condition que l’ISC ait la

faculté d’accéder ou non à ces demandes »

La procédure de nomination des responsables et le risque de perte de l’indépendance de

la Cour

La procédure de nomination des responsables de la Cour pourrait constituer une autre limite à

l’indépendance théorique de la Cour. En effet, le premier président et les présidents de

chambre sont nommés par décret pris en Conseil des ministres. Ce qui présente un risque

d’influence du pouvoir exécutif sur l’autonomie de décision de la Cour. D’ailleurs, la liste des

premiers présidents qui se sont succédé depuis trente ans, laisse entrevoir, que hormis un bref

intermède entre 2001 et 2004 durant lequel François Logerot était premier président de la

Cour, cette fonction été assumée par des personnalités politiques ayant rempli des fonctions

ministérielles ou parlementaires.

Cette proximité de la Cour avec le pouvoir politique pourrait constituer un accroc au principe

d’indépendance tel que proclamé par la Déclaration de Lima et contredire la position

d’équidistance entre le parlement et le gouvernement que la Cour essaye de garder. « Si la

neutralité de fait des premiers présidents successifs à l’égard du gouvernement n’a pas été

confirmée ou infirmée empiriquement, l’apparence de neutralité, elle, est nettement

lacunaire »67

.

66 Robert Hertzog, « vers une refondation des juridictions financières », Gestion et Finances

publiques, n°1-janvier 2013, p.41

67 Morin Danielle, « Bienvenue à la Cour... », Revue Internationale des Sciences Administratives,

2010/1 Vol. 76, p.43

37

L’indépendance et l’obligation de rendre compte

Les ISC doivent s’appliquer à elles-mêmes les règles qu’elles recommandent aux autres

d’appliquer. Aussi, doivent-elles rendre compte de leur activité, collectivement à l’échelle de

l’institution et individuellement à l’échelle de chaque membre du personnel. Un système de

contrôle qualité participe de cette logique de reddition des comptes.

Cependant, une certaine interprétation de l’indépendance serait incompatible avec l’obligation

de rendre compte et donc avec le système de contrôle qualité. Ainsi, il n’est pas rare que des

magistrats de la Cour aient parfois du mal à accepter qu’il soient soumis à des procédures

contraignantes et à des contrôles en dehors de ceux prévus par le Code des juridictions

financières. Alors que leurs collègues, les auditeurs appartenant aux ISC avec des modèles

non juridictionnels, ont moins de difficultés à accepter ces sujétions inhérentes au contrôle

qualité. Le modèle juridictionnel serait-il par essence incompatible avec un système de

contrôle qualité ?

Cette réticence se rencontre aussi au niveau institutionnel à l’échelle de la Cour. L’étude du

contrôle qualité de la certification des comptes n’a pas permis de le démontrer parce qu’il

s’agit d’un audit financier qui se prête très bien à la standardisation et à l’homogénéisation des

approches. Il serait par contre très utile de voir comment la Cour applique la politique de

qualité pour ses autres activités, notamment le contrôle de gestion (audit de performance) et

l’évaluation des politiques publiques.

D’autres indices montrent cette réticence, comme le retard pris pour recourir à la revue par les

pairs et à la publication des indicateurs de performance de la Cour, alors que des ISC tels que

Government Accountability Office (GAO) ou National Audit Office (NAO) les font depuis des

années.

D’ailleurs, il ne serait pas une simple coïncidence que la première valeur affichée par le GAO

dans ce que l’institution appelle core values68

(accountability, integrity, reliability) est

l’accountability, alors que celle affichée par la Cour en premier lieu est l’indépendance69

.

Il conviendrait donc de trouver un juste équilibre entre indépendance et obligation de rendre

compte et que cette dernière soit affichée en tant que valeur de la Cour, au même titre que les

trois autres valeurs : indépendance, collégialité et contradiction.

68 http://www.gao.gov/values/

69 http://www.ccomptes.fr/Nous-connaitre/Nos-valeurs

38

Ce changement doit être accompagné d’un autre non moins important pour la qualité des

travaux de la Cour: l’introduction d’une culture d’audit orienté vers le client. La logique de

contrôleur versus contrôlé qui peut se justifier dans certains cas est rarement incitative à la

qualité, car au contrôlé on ne doit rien alors qu’au client on doit de la qualité. La qualité n’est-

elle pas d’abord le taux de satisfaction du client ? L’audité, le gouvernement, le parlement et

les citoyens sont des clients auxquels l’ISC doit un service de qualité et une reddition des

comptes.

3. Les ressources humaines

La Cour peut s’enorgueillir d’avoir parmi ses magistrats les meilleures compétences qu’elles

recrutent essentiellement à la sortie de l’ENA70

. Néanmoins, ce sont des profils généralistes

qui s’accommodent mal des travaux techniques de la certification des comptes qui demandent

des profils très spécialisés. La Cour tente de pallier ce manque par le recours à des experts

contractuels. La décision de recrutement n’étant pas totalement libre, la Cour ne peut mener

une politique des ressources humaines qui répond parfaitement à ces besoins; ceci est en

contradiction avec une professionnalisation accrue de ses missions qui demande des profils

très spécifiques.

Il conviendrait donc d’introduire plus de souplesse en matière de recrutement, et de gestion

des ressources humaines d’une façon générale, pour garantir une qualité meilleure des travaux

de la Cour.

Conclusion

Le concept de la qualité de l’audit est un concept polysémique qui a connu des

développements au fil du temps à la faveur des changements dans les modes de gouvernance

des organisations et de l’apport scientifique des chercheurs. C’est ainsi qu’on est passé d’une

notion de la qualité de l’audit axée sur la compétence et l’indépendance de l’auditeur à une

vision plus large qui appréhende le processus de l’audit dans sa globalité.

Cette évolution conceptuelle est allée de pair avec une normalisation excessive de la qualité

de l’audit qui a suscité des critiques, concernant d’une part la neutralité de la règle, et d’autre

70 Les magistrats de la Cour des comptes sont directement recrutés à la sortie de l’ENA mais d’autres

voies de recrutement sont également ouvertes :

par la voie dite du « tour extérieur » régulièrement ouvert par publication au Journal Officiel de

la République française à la candidature d’agents de catégorie A justifiant de certaines

conditions d’ancienneté ;

par application de l’article L. 4139-2 du code de la défense qui permet à des officiers

supérieurs de rejoindre la fonction publique civile.

39

part les effets de cette standardisation sur le jugement professionnel de l’auditeur. Ces

critiques doivent toutefois être entendues, non pour nier l’intérêt de la norme mais plutôt pour

l’employer à bon escient.71

Il est de ce fait recommandé de trouver le juste équilibre entre une application consciencieuse

des préconisations des normes de qualité et la nécessité de laisser une marge de manœuvre

pour le déploiement de l’esprit critique et de la créativité des auditeurs.

Les questions de l’indépendance de l’auditeur et la place de la norme sont par ailleurs au cœur

du système de contrôle qualité au sein des ISC. Ce système se décompose selon les normes

d’audit internationales (ISA et ISSAI), auxquelles les ISC se conforment, en deux processus

qui sont le contrôle qualité et l’assurance qualité.

C’est cette même structure binaire qui est appliquée par la Cour aux travaux de certification

des comptes de l’Etat.

Par ailleurs, l’analyse du modèle de la Cour laisse entrevoir un syncrétisme entre les normes

internationales d’audit et les outils traditionnels inhérents au statut juridictionnel de la Cour :

principes de collégialité et contradiction, rôles du contre-rapporteur et du parquet général. Ce

système comporte également des limites afférentes au rôle du parquet général, au principe de

l’indépendance et au recrutement des ressources humaines.

Il conviendrait en conséquence :

- de repenser le rôle du parquet général pour cesser les cas d’incompatibilité

résultant de son intervention dans la revue interne pendant la phase de contrôle

qualité et dans le suivi de ce contrôle ;

- de limiter le rôle du parquet général aux seuls aspects juridiques ;

- d’instaurer de nouvelles procédures de nominations des responsables de la

Cour de manière à limiter l’emprise du pouvoir exécutif. Des formules

associant le parlement et les magistrats de la Cour dans la proposition des

responsables pourraient être envisagées ;

- d’encadrer la mission d’assistance du parlement et du gouvernement de telle

sorte que les travaux demandés ne soient pas une entrave à l’autonomie de

programmation ;

71 Claude Jambart, l’Assurance Qualité, 3

ème édition, economica, 2001, p.42-43

40

- de promouvoir le principe de reddition des comptes (accountability) au rang

des principes de la Cour, au même titre que les trois principes actuellement en

vigueur (indépendance, collégialité et contradiction) ;

- d’introduire une culture d’audit orienté vers le client (audité, gouvernement,

parlement, citoyen) en plus de la culture dominante de type contrôleur versus

contrôlé qui gardera toujours sa pertinence dans certains cas ;

- de donner plus de liberté à la Cour en matière de recrutement des ressources

humaines pour répondre aux besoins de la professionnalisation accrue de ses

activités.

Enfin nous pensons que ce travail pourrait être complété par une recherche qui analysera la

manière dont la Cour applique le système de contrôle qualité à ses autres activités, notamment

le contrôle de gestion et l’évaluation des politiques publiques.

41

Bibliographie

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