Le surréalisme par giuseppina martoriello

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LE SURREALISME l’histoire d’un mot par giuseppina martoriello 1

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LE SURREALISME l’histoire d’un mot

par giuseppina martoriello

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Avant, il y avait le DadaLe mouvement Dada, souvent appelé « dadaïsme » par erreur, puisque les artistes le composant refusaient ce terme, est

un mouvement intellectuel, littéraire et artistique qui, pendant la Première Guerre mondiale, se caractérise par une

remise en cause, à la manière de la table rase, de toutes les conventions et contraintes idéologiques, esthétiques et

politiques. Dada connaît notamment une rapide diffusion internationale.

Dada met en avant un jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, et marque, avec

son extravagance notoire et son art très engagé, sa dérision pour les traditions.

Les artistes de Dada se voulaient irrespectueux, extravagants, affichant un mépris total envers les « vieilleries » du

passé. Ils cherchaient à atteindre la plus grande liberté d'expression, en utilisant tout matériau et support possible.

Ils avaient pour but de provoquer et d'amener le spectateur à réfléchir sur les fondements de la société. Ils cherchaient

également une liberté du langage, qu'ils aimaient lyrique et hétéroclite.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dada

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et les avant-gardes venaient de

naitre

Le terme avant-garde désigne, depuis le XIXe siècle, des personnes qui entreprennent des actions nouvelles ou

expérimentales, en particulier dans les arts et la culture. Cette pratique s'inspire des idées de la Révolution française et

comme elle, n'exclut pas que s'en réclament des personnages installés au cœur du pouvoir politique et hostiles à la

société civile.

L'avant-garde se veut l'opposé exact de l'académisme.

En art, quelques artistes avant-gardistes refusent toutes affiliations avec leurs prédécesseurs et se placent donc en

porte à faux en refusant tout art antérieur. Le terme est souvent utilisé en art à propos d'artistes qui « seraient » en

avance sur leur époque.

Selon l'avant-garde, la valeur d'une œuvre se confond avec son caractère inouï, en avance sur son temps. Il n'y a pas un

modèle éternel du Beau, l'artiste se doit de concentrer dans sa production l'essence de la modernité, encore en

gestation, de rompre avec les conceptions artisanales de l'art, avec le culte de la nature et le réalisme de l'art figuratif.

Sous une forme moins directement liée à l'idée d'une mission historique de l'artiste, l'avant-gardisme renvoie à une

conception individualiste de la création. Tout peut devenir art, si l'artiste le décide, l'artiste étant libéré de tout stéréotype

social ou esthétique.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Avant-garde_(art)

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le choix d’un mot

" En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir et qui, à

plusieurs reprises, nous paraissait avoir obéi à un enchaînement de ce

genre, sans toutefois y avoir sacrifié de médiocres moyens littéraires,

Soupault et moi, nous désignâmes par le nom de SURREALISME le

nouveau mode d'expression pure que nous tenions à notre disposition

[...] Je crois qu'il n'y a plus aujourd'hui à revenir sur ce mot et que

l'acception dans laquelle nous l'avons pris a prévalu généralement sur

son acception apollinarienne. " ( Manifeste du surréalisme, p. 36)

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Guillaume Apollinaire

Le premier à utiliser ce terme, comme sous-titre de sa pièce, Apollinaire

affirme:

" Pour concrétiser mon drame, je me suis servi d'un néologisme qu'on me pardonnera car cela m'arrive

rarement et j'ai forgé l'adjectif surréaliste qui ne signifie pas du tout symbolique [. .] mais définit assez bien

une tendance de l'art qui, si elle n'est pas plus nouvelle que tout ce qui se trouve sous le soleil, n'a du moins

jamais servi à formuler aucun credo, aucune affirmation artistique et littéraire. [...] J'ai pensé qu'il fallait revenir

à la nature même, mais sans l'imiter à la manière des photographes.

Quand l'homme a voulu imiter la marche, il a créé la roue, qui ne ressemble pas à une jambe. Il a

fait ainsi du surréalisme sans le savoir. ( comprenons que ce qui relève de l'invention humaine est surréaliste par

rapport à ce qui est naturellement ) [...] Au demeurant, le théâtre n'est pas plus la vie qu'il interprète que la

roue n'est une jambe. [...] Je ne prétends nullement fonder une école, mais avant tout protester contre ce

théâtre en trompe-l'œil, qui forme le plus clair de l'art théâtral d'aujourd'hui." ( Préface des Mamelles de Tirésias,

1917)

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Le refus d’un sens

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Le mot « surréalisme » a été choisi en hommage à Apollinaire. Celui-ci venait en effet de mourir (1918) et

avait signé peu auparavant avec Les Mamelles de Tirésias un « drame surréaliste ». C'est dans son

premier Manifeste que Breton en propose la définition : Surréalisme, n. m. Automatisme psychique pur par

lequel on se propose d'exprimer, soit verbalement, soit par écrit, soit de toute autre manière, le

fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l'absence de tout contrôle exercé par la raison,

en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.

En fait, le surréalisme dépasse très largement cette définition de l'écriture automatique, Breton ayant pris

grand soin de le distinguer d'une école littéraire.

C'est dans la vie que le surréalisme devait trouver son territoire en promouvant un nouveau regard sur les

objets et sur les mots, qu'il a débarrassés de leur utilitarisme.

Veillant à ne laisser échapper aucune association mentale digne de contribuer à la libération de l'esprit, il

a fourni aussi le modèle durable d'une insurrection générale contre tous les mots d'ordre de la société

bourgeoise. Profondément marqué enfin par la personnalité d'André Breton, le surréalisme est

indissociable d'une morale dont les impératifs catégoriques - la poésie, l'amour, la liberté - ont été haut

tenus, malgré les vicissitudes du groupe et les tentatives de réduction.

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Le but du surréalismeLibérer les esprits en expérimentant de nouveaux modes d'exploration du réel et de nouveaux

modes d'expression:

L'écriture automatique

Les sommeils provoqués

Les jeux verbaux ( les " cadavres exquis")

Les dessins spontanés

Les collages

Donner libre cours à la vie psychique : explorer les rêves, l'inconscient et le

subconscient.

Accorder au désir une toute puissance

Redonner ses droits à l'imagination.

Réhabiliter le merveilleux.

Se débarrasser du rationalisme, de la logique, de la morale, des interdits sociaux,

du bon gout.

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Changer la vie et " écrire une nouvelle déclaration des droits de l'homme"

Non pas transcender le réel mais l'approfondir, c'est-à-dire " prendre une conscience toujours

plus nette en même temps que toujours plus passionnée du monde sensible " ( Breton)

Trouver la beauté hors des cadres esthétiques stéréotypés et communément admis.

L'inspiration vient des profondeurs de l'être, de l'inconnu :" [...] j'assiste à l'éclosion de ma

pensée : je la regarde, je l'écoute" ( Breton, Les Pas perdus)

L'activité surréaliste nécessite une rupture totale avec le monde tel qu'il nous est donné ; elle

préconise la révolte absolue, l'insoumission totale, le sabotage en règle."

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L'« automatisme psychique pur »

Le surréalisme a d'abord entrepris la libération des mots, refusant de les cantonner à

l'utilitarisme étroit auquel on les condamne. Par ce biais, il a devancé les recherches des

linguistes contemporains, attentifs à distinguer le pouvoir du signifiant de la chose signifiée.

Oublieux du sens étroit indiqué par les dictionnaires, les surréalistes ont considéré les mots en

soi et examiné leurs réactions les uns sur les autres. « Ce n'est qu'à ce prix, note Breton, qu'on

pouvait espérer rendre au langage sa destination pleine, ce qui, pour quelques-uns dont j'étais, devait

faire faire un grand pas à la connaissance, exalter d'autant la vie.» (Les Pas perdus).

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André Breton (1896-1966)

Manifeste du surréalisme (1924)

Aux écoutes d'une « voix intérieure » qui leur dicte Les Champs magnétiques

(1919), Breton et Soupault élaborent une poétique radicalement nouvelle, bâtie

sur le caractère impérieux et gratuit d'un automatisme verbo-auditif. Revenant,

dans son premier Manifeste, sur l'expérience, Breton ne doute pas d'avoir

trouvé là la matière première de l'inspiration poétique et il assignera pour tâche

au surréalisme l'exploration de l'inconscient, terreau de ce matériau inouï.

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Des « spécialistes de la révolte »

Le surréalisme s'est constamment situé au cœur des événements. Mais

sa position ne pouvait se satisfaire de l'appareil des partis, y compris de

celui du Parti communiste, dont il a voulu un temps se sentir proche.

C'est qu'aux impératifs de la Révolution sociale, les surréalistes ont

toujours subordonné l'urgence majeure qui devait être la libération des

modes de pensée : «”Transformer le monde" a dit Marx ; "changer la vie" a dit

Rimbaud : ces deux mots d'ordre pour nous n'en font qu'un », affirme Breton

(Position politique du surréalisme).

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L’exaltation de la modernité

Une « mythologie moderne »

Baudelaire le notait déjà : « La vie parisienne est féconde en sujets poétiques et merveilleux :

le merveilleux nous enveloppe et nous abreuve comme l'atmosphère ». Les surréalistes furent

attentifs à la vie secrète de la grande ville, dont les rues fourmillent de « hasards objectifs » :

ceux des rencontres dans le « vent de l'éventuel », comme le dit Breton (voyez nos pages sur

Nadja), mais aussi ceux des associations fortuites permises par le spectacle des vitrines ou

des affiches publicitaires. Dégagées de leur visée commerciale, celles-ci fournissent au

promeneur égaré une imagerie entièrement inédite qui est à la source de la modernité.

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La femme

« La femme est l'être qui projette la plus grande ombre ou la plus grande lumière dans nos

rêves » écrivait Baudelaire. A la lueur de cette étoile, les surréalistes ont magnifié la relation

amoureuse, méritant ce qu' Albert Camus écrivait de Breton : « Dans la chiennerie de son

temps, et ceci ne peut s'oublier, il est le seul à avoir parlé profondément de l'amour. L'amour

est la morale en transes qui a servi de patrie à cet exilé. » (L'Homme révolté).

L'amour est aussi pour les surréalistes cette révolution privée où s'autorisent toutes les

transgressions.

Ce discours amoureux, dont les fragments épars chez des auteurs pourtant divisés se

répondent en échos harmonieux, est sans doute ce que le surréalisme aura laissé de plus

vibrant pour attester de son énergie.

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Manifeste du surréalisme

André Breton

1924

(…) Nous vivons encore sous le règne de la logique, voilà, bien entendu, à quoi je voulais en venir. Mais les procédés logiques, de

nos jours, ne s’appliquent plus qu’à la résolution de problèmes d’intérêt secondaire. Le rationalisme absolu qui reste de mode ne

permet de considérer que des faits relevant étroitement de notre expérience. Les fins logiques, par contre, nous échappent. Inutile

d’ajouter que l’expérience même s’est vu assigner des limites. Elle tourne dans une cage d’où il est de plus en plus difficile de la

faire sortir. Elle s’appuie, elle aussi, sur l’utilité immédiate, et elle est gardée par le bon sens. Sous couleur de civilisation, sous

prétexte de progrès, on est parvenu à bannir de l’esprit tout ce qui se peut taxer à tort ou à raison de superstition, de chimère, à

proscrire tout mode de recherche de la vérité qui n’est pas conforme à l’usage. C’est par le plus grand hasard, en apparence, qu’a

été récemment rendue à la lumière une partie du monde intellectuel, et à mon sens de beaucoup la plus importante, dont on

affectait de ne plus se soucier. Il faut en rendre grâce aux découvertes de Freud.

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Sur la foi de ces découvertes, un courant d’opinion se dessine enfin, à la faveur duquel l’explorateur humain pourra pousser

plus loin ses investigations, autorisé qu’il sera à ne plus seulement tenir compte des réalités sommaires. L’imagination est peut-être

sur le point de reprendre ses droits. Si les profondeurs de notre esprit recèlent d’étranges forces capables d’augmenter celles de la

surface, ou de lutter victorieusement contre elles, il y a tout intérêt à les capter, à les capter d’abord, pour les soumettre ensuite, s’il

y a lieu, au contrôle de notre raison. Les analystes eux-mêmes n’ont qu’à y gagner. Mais il importe d’observer qu’aucun moyen

n’est désigné a priori pour la conduite de cette entreprise, que jusqu’à nouvel ordre elle peut passer pour être aussi bien du ressort

des poètes que des savants et que son succès ne dépend pas des voies plus ou moins capricieuses qui seront suivies.

C’est à très juste titre que Freud a fait porter sa critique sur le rêve. Il est inadmissible, en effet, que cette part considérable de

l’activité psychique (puisque, au moins de la naissance de l’homme à sa mort, la pensée ne présente aucune solution de continuité,

la somme des moments de rêve, au point de vue temps, à ne considérer même que le rêve pur, celui du sommeil, n’est pas

inférieure à la somme des moments de réalité, bornons-nous à dire : des moments de veille) ait encore si peu retenu l’attention.

L’extrême différence d’importance, de gravité, que présentent pour l’observateur ordinaire les événements de la veille et ceux du

sommeil, a toujours été pour m’étonner.

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C’est que l’homme, quand il cesse de dormir, est avant tout le jouet de sa mémoire, et qu’à l’état normal celle-ci se plaît à lui

retracer faiblement les circonstances du rêve, à priver ce dernier de toute conséquence actuelle, et à faire partir le seul déterminant

du point où il croit, quelques heures plus tôt, l’avoir laissé : cet espoir ferme, ce souci. Il a l’illusion de continuer quelque chose qui

en vaut la peine.

En hommage à Guillaume Apollinaire, qui venait de mourir et qui, à plusieurs reprises, nous paraissait avoir obéi à un

entraînement de ce genre, sans toutefois y avoir sacrifié de médiocres moyens littéraires, Soupault et moi nous désignâmes sous le

nom de SURRÉALISME le nouveau mode d’expression pure que nous tenions à notre disposition et dont il nous tardait de faire

bénéficier nos amis. Je crois qu’il n’y a plus aujourd’hui à revenir sur ce mot et que l’acception dans laquelle nous l’avons pris a

prévalu généralement sur son acception apollinarienne. À phis juste titre encore, sans doute aurions-nous pu nous emparer du mot

SUPERNATURALISME, employé par Gérard de Nerval dans la dédicace des Filles du feu[11].

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SURRÉALISME, n. m. Automatisme psychique pur par lequel on se propose d’exprimer, soit verbalement, soit par écrit,

soit de toute autre manière, le fonctionnement réel de la pensée. Dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé

par la raison, en dehors de toute préoccupation esthétique ou morale.

ENCYCL. Philos. Le surréalisme repose sur la croyance à la réalité supérieure de certaines formes d’associations négligées

jusqu’à lui, à la toute-puissance du rêve, au jeu désintéressé de la pensée. Il tend à ruiner définitivement tous les autres

mécanismes psychiques et à se substituer à eux dans la résolution des principaux problèmes de la vie. Ont fait acte de

SURRÉALISME ABSOLU MM. Aragon, Baron, Boiffard, Breton, Carrive, Crevel, Delteil, Desnos, Éluard, Gérard,

Limbour, Malkine, Morise, Naville, Noll, Péret, Picon, Soupault, Vitrac. (…)

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