Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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Le Suricate 28 mai 2013 Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts À la une Magazine Dark Tranquility Rencontre inédite avec Niklas Sundin, guitariste du groupe de métal suédois N° 19 Bi-mensuel epic Le nouveau film d’animation de Blue Sky Very Bad Trip 3 Kunstenfestivaldesarts Les livres à ne pas manquer Mais aussi...

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Le Suricate28 mai 2013

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

À la une

Magazine

Dark TranquilityRencontre inédite avec Niklas Sundin, guitariste

du groupe de métal suédois

N° 19 Bi-mensuel

epicLe nouveau filmd’animation de Blue Sky

Very Bad Trip 3Kunstenfestivaldesarts

Les livres à ne pas manquer

Mais aussi...

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Sommaire

28 mai 2013

Palmarès 66e festival de CannesJ’veux du soleil !

p. 5

A vaincu à cinq reprises la tortue de

Cheerios*

Cinéma

Very Bad Trip 3Epic : la bataille du royaumeOh BoyL’AttentatOnly god forgives/A la merveilleLe Passé/PusherThe Iceman/Je suis supporter...Sorties ciné du 5/6A Haunted HouseActualités cinéma

p. 7p. 6

p. 8p. 9p. 10p. 11p. 12p. 14

CotationsRien à sauverMauvaisMitigéBonTrès bonExcellent

3

p. 34p. 35p. 36p. 37

Littérature

Interview Pierre BrulhetL’enfant du cimetièreLe manoir aux espritsMagmaLes grands mensonges de...KaamelottLa conjuration primitiveCollection «Une enquête à...»Le Vallon des ParquesLe Vieil homme et la mer

p. 38p. 39p. 40

Scènes

Kunstenfestivaldesarts p. 30

p. 44

Happy Birthday Mr Suricate

The Rolling StonesLe silence des agneaux T. HarrisAdèle

p. 45p. 46

p. 41

Musique

Interview de Dark TranquilityInterview de MeltedIn MemoriamCritiques CD’s

p. 18p. 20p. 24p. 26

p. 16p. 17

p. 42p. 43

*Morte dʼun infarctus au final

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Edito

J’veux du soleil !Le temps n’est pas au beau fixe pour le moment et ça mine un peu le moral de tout le monde.

Heureusement au Suricate, on ne se laisse pas abattre par si peu et on a peut-être une solution pour vous !

Qu’il pleuve, qu’il vente, la culture continue sans jamais s’arrêter. Au pire si cela ne fonctionne pas, cela ne peut pas vous faire de mal.

Les théâtres terminent leurs saisons, les festivals vont commencer (Chassepier-res, Avignon, Spa, etc.). Les cinémas ne baissent pas le rythme. Il est loin le temps où les distributeurs bâclaient les films de l’été. En musique, c’est La période idéale pour fan de bons sons grâce aux multiples festoches aux quatre coins de la planète. Et lire un livre, dans l’avion qui nous emmène dans de nouvelles contrées ou au soleil sur une plage, ne déplaît pas.

Parcourez nos pages pour trouver un peu de ce bonheur et oubliez la grisaille ambiante. Car avec la culture vous ferez le tour du monde, vous traverserez les océans et les montagnes enneigées.

En plus, le tout est gratuit et vous pouvez voyager dans nos pages en groupe d’amis ou en famille. Elle est ensoleillée la vie, non ?

5

Palmarès du 66ème Festival de Cannes

En Compétition :

Longs métrages

• Palme d'orLa Vie d’Adèle - Chapitre 1 & 2 réalisé par Abdellatif Kechiche • Grand PrixInside Llewyn Davis réalisé par Ethan Coen, Joel Coen • Prix de la mise en scèneAmat Escalante pour Heli • Prix du scénarioJia Zhangke pour Tian Zhu Ding • Prix d'interprétation féminine Bérénice Béjo dans Le Passé réalisé par Asghar Farhadi • Prix d'interprétation masculine Bruce Dern dans Nebraska réalisé par Alexander Payne • Prix du JurySoshite Chichi Ni Naru (Tel Père, tel fils) réalisé par Kore-Eda Hirokazu • Prix Vulcain de l'Artiste-Technicien, décerné par la C.S.T.Grigris réalisé par Mahamat-Saleh Haroun

Courts métrages

• Palme d'or du court métrageSafe réalisé par Byoung-Gon Moon • Mention spéciale - court métrage Ex-aequoHvalfjordur (Le Fjord des baleines) réalisé par Gudmundur Arnar Gudmundsson • 37°4 S réalisé par Adriano Valerio

Un Certain Regard :

• Prix Un Certain RegardL’Image manquante réalisé par Rithy Panh • Prix du Jury - Un Certain RegardOmar réalisé par Hany Abu-Assad • Prix de la mise en scène - Un Certain RegardL'Inconnu du lac réalisé par Alain Guiraudie • Prix Un Certain TalentLa Jaula de oro interprété par Diego Quemada-Diez • Prix de l'avenirFruitvale Station réalisé par Ryan Coogler

Cinéfondation :

• Premier Prix de la CinéfondationNeedle réalisé par Anahita Ghazvinizadeh • Deuxième Prix de la CinéfondationEn attendant le dégel réalisé par Sarah Hirtt • Troisième Prix de la Cinéfondation Ex-aequoÎn Acvariu (Dans l' Aquarium) réalisé par Tudor Cristian Jurgiu • Pandy réalisé par Matúš Vizar

Caméra d'or :

• Caméra d'orIlo Ilo réalisé par Anthony Chen

Le terrier du Suricate

28 mai 2013

Une publication du magazine

Le Suricate © http://ww.lesuricate.org

Directeur de la rédaction : Matthieu MatthysRédacteur en chef : Loïc SmarsDirecteur section littéraire : Marc BaillyDirecteur section musicale : Christophe PaulyDirecteur section théâtre : Baptiste Rol

Webmaster : Benjamin MourlonSecrétaires de rédaction : Pauline Vendola, Maïté Dagnelie, Adeline Delabre

Relation clientèle : [email protected]égie publicitaire : [email protected]

Ont collaboré à ce numéro :

Julien Sterckx, Emilie Lessire, Véronique De Laet, Frédéric Livyns, Loïc Bertiau, Christophe Corthouts, Cécile Marx, Elodie Kempenaer, Matthias Mellaerts

Crédits

L.S.

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Very bad trip 3, une suite sans reliefC’est l’une des sagas les plus rentables de ces dernières années et pourtant, pour son troisième

volet, Very Bad Trip signe une fin ternie par une histoire de fond sans grand intérêt.

Depuis sa sortie en 2009, Very Bad Trip (ou Hangover dans sa ver-sion originale) est devenu un film incontournable pour les amateurs d’humour ayant le rictus facile. De fait, les aventures post-alcooliques de Phil, Stu, Alan et Doug allaient devenir le porte drapeau des fêtards du monde entier se retrouvant bien volontiers dans chacun des personnages. Qui n’a jamais pris une bonne cuite dans sa vie et s’en est mordu les doigts le lendemain ? Peu de gens probable-ment. Evidemment, le black-out de nos quatre «alcolytes» était poussé à l’extrême, de même que les innombra-bles mésaventures qui s’en suivirent. Pourtant, le public n’en avait que faire car les scènes hilarantes se succédaient pour leur plus grand bonheur.

Depuis son succès, le film a connu une suite tout aussi déjantée où le carcan de base était le même : une grosse fête, un trou noir et un puzzle à démêler le lendemain. Seul le cadre changeait, il ne s’agissait plus de Las Vegas mais bien de Bangkok. Il faut l’avouer, même si ce deuxième opus avait amassé les foules, on ne peut pas dire que l’originalité scénaristique était de la partie. C’est dès lors avec beaucoup d’intérêt et d’anxiété que nous atten-dions le troisième et dernier volet de la saga. Un intérêt qui s’est très vite transformé en lassitude.

Very Bad Trip 3 nous entraine cette fois au Mexique, pays prisé par les étudiants américains pour leurs virées

de débauche. Au programme, plus de trou noir mais bien une course contre la montre pour trouver Chow en échange duquel Doug, enlevé au préa-lable par un mafieux, sera libéré.

Cette histoire à la fois policière et comique est volontairement différente des deux précédentes productions. De fait, Todd Phillips a voulu innover et surtout, boucler la boucle. Mais voilà, après quelques minutes et les quelques instants de rigolades provoquées par l’hilarant Zach Galifianakis, un senti-ment de déjà-vu et de lassitude nous a envahi. Et pour cause, les personnages sont connus et leurs personnalités également. En partant de ce postulat, il fallait donc trouver une histoire béton, ce qui est loin d’être le cas. En nous resservant un patchwork burlesque assez médiocre des stéréotypes de la mafia, la réalisation s’est embourbée dans un film de série B. Les scènes s’enchainent de manière amorphe et le but initial, qui était de soigner Alan de sa folie, est assez vite éludé au profit d’un récit ennuyant où les incohéren-ces se multiplient donnant aux situa-tions un aspect pathétique. Cet agace-ment est en outre exacerbé par la pré-sence de Ken Jeong, surjouant comme à son habitude de manière navrante.

Cependant, il faut laisser à ce long métrage une qualité, celle de faire rire par un côté décalé, amené exclusi-vement cette fois par Zach Galifia-nakis. De surcroit, certains passages sont succulents de légèreté et de sur-

réalisme. Les phrases assassines pla-cées ici et là dans les dialogues nous ont conquises à plusieurs reprises décuplant par la même occasion notre colère face à une histoire de fond négligée et donc inefficace.

Au bilan, nous sommes ressortis de la salle avec un sentiment de trop peu malgré l’impression d’avoir passé un agréable moment de détente. Very Bad Trip 3 s’inscrira pour nous comme le film de trop, celui auquel le scénariste Craig Mazin n’a pas su donner une trame originale et attrayante. Bref, la boucle est bâclée, une fois de plus.

6

La critique

Matthieu Matthys

Very Bad Trip 3Comédie

de Todd Phillips

Avec Zach Galifianakis, Bradley

Cooper

Suite au décès du père d'Alan, la bande décide de le forcer à soigner ses problèmes mentaux. Mais comme d'habitude, rien ne se passe comme prévu. Une fois arrivés à l'hôpital, les hommes se font attaquer et Doug est kidnappé. La rançon? Retrouver Mr. Chow en échange de la vie de Doug.

©WarnerBros

29 m

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Cinéma

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Epic, un bon moment d’animationC’est dans la nature, et le monde fantasmagorique qui l’entoure, que Chris Wedge a adapté une

histoire de William Joyce. Très bien construit, ce film ravira les petits et les grands.

Dans le cœur d’une forêt, comme dans probablement beaucoup d’autres, vivent de petits êtres bien-veillants se mêlant à la végétation ambiante. Ces derniers, très malins et agiles, ont pour mission de sauve-garder les bois dans un état impecca-ble. Face à eux se dressent les Boggans, des parasites prêts à tout pour éliminer les gardiens de la forêt et souhaitant faire de cette nature préser-vée, une terre brûlée.

Voici le dessin animé de l’été sans aucun doute. Il est vrai que les films d’animation, boostés par l’avènement de la 3D, envahissent les salles obscures par dizaines, ce qui sème le trouble dans la mémoire collective. Comme le disait très justement l’un de nos confrères, comment faire pour retenir une production plutôt qu’une autre tant elles s’enchainent de maniè-re frénétique ?

Epic : la bataille du royaume secret pourrait cependant changer un peu la donne. Et pour cause, la nouvelle production des studios Blue Sky nous emmène à l’aventure dans un monde fantastique et enchanteur. Sous la houlette de Chris Wedge (L’âge de Glace, Robots), l’histoire à priori un peu simpliste est magnifiée par une qualité visuelle exceptionnelle et des dialogues savoureux entre les diffé-rents protagonistes. Ce rendu nous a offert un vrai moment de divertisse-ment familial où petits et grands auront les yeux plein de rêves.

Cette justesse contextuelle est due principalement à deux choses. Premiè-rement, il est de coutume de nos jours d’alourdir les dialogues de blagues puériles et de privates jokes plus adul-tes. De cette manière, la production, dans un but purement mercantile, s’assure de toucher les enfants mais aussi leurs parents. Ici, le scénario ne joue pas à ce jeu de dupes. Visant principalement un public jeune, l’his-toire ne s’octroie que quelques sur-sauts humoristiques plus perspicaces. De fait, la narration est linéaire et les personnages ne s’érigent pas en bouffons de première catégorie. Seuls Mub et Grub, les deux gastéropodes gardant les bourgeons, s’offrent le loisir de sortir de l’ordinaire et d’apporter au long métrage des fumis-teries destinées à un public plus mature.Deuxièmement, non content de cibler essentiellement le public enfantin, Blue Sky et le réalisateur Chris Wedge ont sciemment accentué l’attrait fémi-nin de l’histoire. De par ses personna-ges (les trois protagonistes principaux sont des femmes) et de par son côté romantique et bienveillant, l’inclina-tion du scénario tend à plaire à la jeune gente féminine. Ce choix délibéré et assumé ravira les petites filles (et les moins jeunes) y retrouvant les accents somptueux de certains classiques de Disney.

Outre cela, l’histoire est intéressante à suivre sans être novatrice pour autant. De surcroit, celle-ci nous a même fait

quelque fois penser à la saga Arthur et les Minimoys sans le côté exclusif et agaçant du personnage principal. Passé cet amalgame fort peu flatteur, on se complait à suivre la vie fantaisiste de ces petits personnages. Tout y est bien entendu cousu de fil blanc mais, via les yeux écarquillés d’un enfant, la magie devrait opérer sans aucun doute.

En résumé, Epic est un film d’anima-tion plein d’entrain humant la bonne humeur. Les personnages sont charis-matiques sans pour autant être starifiés. Un film à voir en famille.

La critique

Matthieu Matthys

Epic : la bataille du royaume

secretAnimation

de Chris Wedge

L'histoire d'une guerre insoupçon-nable qui fait rage autour de nous. Lorsqu'une adolescente se retrouve plongée par magie dans cet univers caché, elle doit s'allier à un groupe improbable de personnages singuliers et pleins d'humour afin de sauver leur monde... et le nôtre.

©20th Century Fox

28 mai 20137

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Oh Boy de Jan Ole GersterOh Boy est le premier long métrage du réalisateur Jan Ole Gerster qui jusqu'ici était plutôt connu pour son

travail à la production de Good Bye, Lenin !

Vingt quatre heures à Berlin dans l'existence d'un jeune homme à l'aube de sa trentaine, dont la vie semble se moquer. De la rupture avec sa petite amie à son père lui coupant les vivres, ses rencontres étranges et par dessus tout, l’impossibilité de trouver une simple tasse de café, nous suivons Niko, dans son errance urbai-ne, allant d'angoisse existentielle en absurdité drolatique.

Oh Boy est une tranche de vie, où les événements dramatiques qui le com-posent, passent au second plan.

C'est l'humeur émotionnelle qui habite ce film et qui le fait exister. La façon dont les rapports entre les personnages est écrite est d'une triste justesse. Oh Boy est en noir et blanc, c'est alors visuellement qu'il nous montre ces absences de pigments binaires lorsque c'est cérébralement, sur un autre plan, que le film nous montre toutes ses nuances et ses couleurs.

L'aspect comique de cette brillante production allemande est excessi-vement savoureux. Et c'est sur un fond de musique jazz que les répliques acides des personnages prennent toute leur ampleur.

Oh Boy est le premier long métrage du réalisateur Jan Ole Gerster qui jusqu'ici était plutôt connu pour son travail à la production de Good Bye, Lenin !Mais ce bijoux allemand n'a rien d'un premier essai, il est dense et concentré.

Tom Schilling, l'interprète de Niko Fisher, le personnage principal joue le désemparement désabusé avec une exactitude troublante, il fait prendre à son héros bancal une dimension fort réelle qui ne fait que confirmer que l'on vit un moment de cinéma unique. L'acteur et le réalisateur sont d'ailleurs amis de longue date, Tom Schilling à la lecture du scénario aurait harcelé le metteur en scène pour obtenir ce rôle.

L'esthétisme est là sans être trop travaillé, ce qui permet de garder un côté brut et concret, ancré dans la vie.Les influences nouvelles vagues du réalisateur sont omniprésentes, certains plans sont littéralement des hommages à Truffaut, qui a toujours beaucoup inspiré d'après ses dires, Jan Ole Ger-ster.

L'intemporalité de Berlin est capté de façon très juste, on sent de cette ville qu'elle a souffert, qu'elle est hantée de souvenirs tout en vibrant grâce à sa population, à l'art, occupant une place essentielle dans l’énergie et la mou-vance de la ville.

Oh Boy est un titre inspiré de la chanson A day in a life, des Beatles, dont le réalisateur admire la simple poésie. Ce film est profond et habité, que ce soit par des influences, des références, une partie autobiogra-phique, où simplement l'intelligence des mots et des émotions.

Oh Boy ne doit pas passer inaperçu dans le paysage du cinéma en Belgique, il vaut une place, et une durée de vie équivalente à sa réussite artistique.

Longue vie à ce film qui a déjà fait ses preuves en Allemagne après avoir remporté six Academy Awards.

8

La critique

Cécile Marx

Oh BoyComédie, Drame

de Jan Ole Gerster

Avec Tom Shilling, Friederike Kempster,

Marc Hosemann

Niko, Berlinois presque trentenaire, éternel étudiant et rêveur incorrigible, sʼapprête à vivre les vingt-quatre heures les plus tumultueuses de son existence : sa copine se lasse de ses indécisions, son père lui coupe les vivres et un psychologue le déclare «émotionnellement insta-ble». Si seulement Niko pouvait se réconforter avec une bonne tasse de café ! Mais là encore, le sort s'acharne contre lui.

©X-Verleih

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L’attentat, un bon film trop égocentriqueAdapté de l’oeuvre éponyme de Yasmina Khadra, ce film nous plonge au coeur du conflit qui

oppose les deux frères ennemis, israéliens et palestiniens. Au milieu, le rôle d’une femme.

En Israël, à Tel Aviv, une bombe explose dans un restaurant. De nombreuses victimes, des enfants. Le docteur Amine Jafaari voit défiler toute la journée les victimes de cet attentat. Au soir, on le réveille. Il est demandé d’urgence à l’hôpital. Une fois arrivé, on lui annonce que sa femme est la kamikaze qui a fait exploser la bombe. Il refuse, nie cette accusation. Pour trouver la vérité, il part en Palestine, à Naplouse, pour comprendre finalement qui était sa femme.

Les conflits israélo-palestiniens ne cessent de faire des victimes et ne cessent d’alimenter le cinéma.

Récemment, nommé aux Oscars en tant que meilleur film documentaire et primé dans de nombreux festivals dont celui de Sundance, nous pouvons parler de Five Broken Camera qui offrait une vue de l’intérieure, touchan-te et percutante, du conflit israélo-palestinien.

Avec L’Attentat, le documentaire est bien loin.

Tout réalisateur fait le choix de la narration, fait le choix de se concentrer sur tel ou tel aspect du personnage, de l’histoire. Parfois, ces choix sont judicieux et servent au mieux le scénario. Parfois, c’est l’inverse. Ici, ce sera l’inverse.

L’histoire tire sa profondeur du fait que

l’on parle bien peu souvent des fem-mes kamikazes et qu’il aurait été fortement intéressant de se pencher sur cette question. Il aurait été intéressant de disséquer cet événement ayant des répercussions énormes sur le monde. Le choix narratif réduit malheureu-sement cet aspect et fait de ce drame public, un drame personnel, un drame banalisé.

La caméra plonge dans les sentiments d’Amine, remuant dans tous les sens la tristesse qui l’habite. Une caméra égocentrique qui efface tout autre perspective narrative. On s’appesantit sur lui et uniquement lui. On perd donc une certaine richesse durant une bonne partie du film.

Pourtant, il se relève et devient plus intéressant lorsque qu’il décide de se rendre à Naplouse, endroit où sa femme se serait rendue.

Alors Amine semble s’ouvrir au mon-de et semble essayer de comprendre les choses. Il n’aborde plus cet attentat d’un point de vue uniquement person-nel mais bien du point de vue d’un peuple palestinien qui se bat pour ses droits.Peu de choses dites et décrites, peu de choses dévoilées malgré tout. Rien de plus quant aux motivations de sa femme, Siham, à se faire kamikaze.

Cette dernière partie nous offre tout de même de belles images et des dialo-

gues forts. Retenons la vision de la préparation de l’attentat. Quelque cho-se de poignant s’en dégage. Sans en savoir plus, voir ces préparatifs, voir cette femme se préparer à exploser, voir cette femme appeler son mari une dernière fois…sans doute, une forte scène qui aurait dû être exploitée encore plus.

Notons, les acteurs imprégnés et impliqués. Une image bien (trop) tra-vaillée et un fond sonore juste comme il faut. Un bon film.

La critique

Elodie Kempenaer

LʼattentatDrame

de Ziad Doueri

Avec Ali Suliman, Reymond Amsalem,

Dvir Benedek

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu'elle dissimule sous sa robe de grossesse. Toute la journée, le docteur Amine, israélien d'origine arabe, opère les nombreuses victimes de l'attentat. Au milieu de la nuit, on le rappelle d'urgence à l'hôpital pour lui annon-cer que la kamikaze est sa propre femme. Refusant de croire à cette accusation, Amine part en Palestine pour tenter de comprendre.

©Cinéart

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Page 10: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Quand je lis que le dernier opus de Nicolas Winding Refn est dédié au mystique et poète Alejandro Jodorowsky, mon cœur s’emballe et c’est sur la bande son de Drive, le précédent film de Winding Refn que je me calme. Pourtant, l’appréhension nait égale-ment vite en moi. Avec le mélancolique Drive, le réalisateur avait frappé très fort, à la limite de la sortie de piste diront certains. En amateur averti, on l’attendait au tournant.Only God forgives annonce une épopée religieuse. On en restera malheureusement loin. Julian est un Américain qui dirige un club de boxe à Bangkok, une façade pour couvrir son trafic de stups. Une nuit, après avoir violé une jeune fille, son frère se fait trucider sous le regard bienveillant de la police locale. La mère des yankees, ivre de rage, débarque et décide de venger la mort de son fils.De la réalisation, on retiendra plein de bonnes choses repiquées dans la filmogra-phie de Winding Refn. Les néons glauques de la trilogie Pusher, le silence et la tension de Valhalla Rising ainsi que l’atmosphère épique et tourmentée de Drive. Si visuelle-ment c’est assez beau, c’est aussi très éclec-tique ; un peu trop pour un seul film, même

si les contemplatifs pas trop exigeants y trou-veront leur compte.Un bon scénario devrait tenir tout ça ensem-ble et nous plonger droit vers les flammes de l’enfer. Or c'est plutôt un feu d'artifice bru-yant qui nous attend. Même si Winding Refn crée un rythme intéressant avec une trame narrative décousue comme un cauchemar – nauséeux et malsain à l’excès –, l’univers en devient prévisible. A priori séduisant, le film se révèle vite être un enfant incestueux entre Lynch et Tarantino. On remarquera notam-ment la performance en décalage de l’archange de la mort, personnifié par un flic thaïlandais expert en arts martiaux et manie-ment d’armes blanches.C’est vrai qu’on rit un peu, qu’on a un peu peur, qu’on se laisse envouter par la beauté vénéneuse des images et que l’on a envie d’aimer ce film suave et sombre. Mais lors-qu’une scène de combat est soutenue par un orgue électrique eighties, on veut surtout dire stop, en pensant combien Winding Refn, c’était mieux avant !C’est donc avec mélancolie mais enthou-siasme que je vous invite à vous (re)faire l’intégrale de Winding Refn en commençant, bien entendu, par la trilogie Pusher.

Mathias Mellaerts

Terrence Malick, réalisateur mysté-rieux et impénétrable, qui au 20ème siècle faisait un film tous les 20 ans a mis au 21ème les bouchées doubles. Le Nouveau monde en 2005, The Tree of Life en 2011 et directement A la merveille en 2013.

Tous les cinéphiles et acteurs(trices) de la planète aux annonces des films imminents bondirent de joie ! La Palme d’Or de Cannes couronna le monsieur pour The Tree of Life. C’est dire si son nouveau film est attendu.

Déjà les 25 premières minutes de la Ligne Rouge ou le métaphysique de The Tree of Life pouvaient faire craindre le pire, cette fois-ci, dès le résumé, on tressaillait.

On suit l’histoire de Neil et Marina en pleine passion au Mont Saint-Michel, suivi de leur déménagement en Oklahoma avec la fille de Marina. Rien ne se passe comme prévu et elle rentre à Paris. Sa fille, déçue par son père, décide de rentrer aux USA. En atten-dant, Neil a trouvé l’amour avec Jane mais la quitte pour épouser Marina et lui permettre d’avoir la « Green Card ». Pas tout à fait sûr d’elle, Marina décide de se confier au prêtre

Quintana, qui, pas de chance, doute de son amour en Dieu et de sa foi. Les doutes de l’amour physique et spirituel se confrontent.

Tout ce que l’on espère est que ce soit le départ d’une belle histoire d’amour avec ces rebondissements, etc. Malheureusement, il n’en est rien. On suit juste les protagonistes dans des décors de cartes postales.

On s'ennuie tout au long d’un film qui n’apporte rien à part le talent de Malick pour tenir une caméra et on espère (le cinéphile est toujours optimiste) qu’il reviendra bien vite aux films intéressants et qu’il laissera tomber le métaphysique et le spirituel qui n’inté-ressent personne.

Si, au moins, il nous livrait le secret pour pouvoir visiter le Mont Saint-Michel sans croiser personne, alors là, on aurait applaudi.

Loic Smars

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

10

Only god forgivesde Nicolas Winding Refn

Déjà à lʼaffiche

Thriller, Drame (90ʼ)

Avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Vithaya

Pansringarm

À la merveillede Terrence Malick

sortie le 29 mai 2013

Romance, Drame (112ʼ)

Avec Ben Affleck, Olga Kurylenko, Rachel

McAdams, Javier Bardem

Page 11: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Deux années après son film Une Séparation, le réalisateur Asghar Farhadi nous raconte une histoire survenant quelques années après une séparation.

Ahmad est Iranien, séparé de Marie depuis quatre ans, il revient en France pour signer les papiers du divorce. Marie s’est depuis remise en couple et élève ses deux enfants, qu’elle avait eu avant d’être avec Ahmad et Fouad, l’enfant de son actuel compagnon.

Mais le fait est qu’elle ne s’en sort pas vrai-ment. Sa fille ainé, Lucie, est en pleine adolescence et rentre de plus en plus en tard, son nouveau compagnon n’est pas accepté par cette dernière, et son fils à lui ne s’adapte pas vraiment à sa nouvelle famille.Voilà dans quelle atmosphère arrive Ahmad, qui n’a vu personne depuis quatre ans. Il devient alors un confident pour l’ainé, puisqu’il n’est pas son père mais qu’il a élevé tout comme pendant quelques années. C’est par ce simple contexte que des soupçons sur la nouvelle relation de Marie lui viennent.

Mon avis est que le film est beau. Les comé-diens y sont tous convaincants. Tout d’abord,

Bérénice Béjo, qui après ses collaborations avec Michel Hazavicius qui l’ont fait connaî-tre du grand public nous livre ici un jeu sérieux et dramatique qu’elle tient très bien. Vient ensuite Ali Mosaffa parfaitement juste. Et dans un rôle qui colle à ses précédents films, Tahar Rahim (César du Meilleur espoir masculin et César du Meilleur acteur en 2010 pour Un Prophète de Jacques Audiard), compagnon tourmenté qui semble cacher des secrets.

Pour en finir avec les acteurs, je fais une ola de satisfaction pour Pauline Burlet qui campe le personnage de l’ado, rôles trop souvent négligés et terriblement mal joués dans le cinéma français. À croire que le réalisateur Iranien n’a pas fait appel à la fille de machin ou de truc pour remplir son cas-ting.

Cependant, le film ne marque pas les esprits plus que ça et j’avais vite fait de l’oublier. Du côté de la réalisation, il n’y a rien de nouveau sous le soleil même si elle sert le jeu des acteurs d’une belle manière. C’est en somme un beau moment, mais pas un moment de cinéma impérissable.

Baptiste Rol

Luis Prieto, réalisateur inconnu s’attaque au remake du chef-d’oeuvre de Nicolas Winding Refn : Pusher.

Racontant une nouvelle fois l’histoire de Franck, petit dealer qui, couvert de dettes, tente un gros coup qui échoue suite à l’intervention de la police. Mais voilà, ses fournisseurs lui mettent la pression pour qu’il rembourse. L’urgence va lui faire commettre toutes les imprudences et le lancer dans un cercle vicieux et criminel.

Au lieu d’imposer une nouvelle vision de son modèle, Prieto retranscrit la même histoire à Londres au lieu de Copenhague. Cet opus pousse la ressemblance jusqu’à ré-utiliser l’acteur Zlatko Buric, le fournisseur serbe fou de l’original.

Déjà, un remake pose souvent la question de l’intérêt en règle générale. Mais quand le remake est réalisé par un débutant et produit en Angleterre avec la qualité d’un téléfilm, le désespoir est de mise.

L’interprétation est assurée par Richard Coyle, vu dernièrement dans le décevant

Grabbers. Il ne manque pas de présence à l’écran, tout comme Zlatko Buric à l’inter-prétation toujours aussi dingue. Même le mannequin Agyness Deyn apporte une jolie touche féminine au film. Le hic c’est qu’ils se dépatouillent dans un film lent et souvent moche.

Le summum de l’échec de la comparaison entre les deux films arrive avec le person-nage de Tony, interprété originellement par le très bon Mads Mikkelsen, remplacé ici par le jeune et inconsistant Bronson Webb (le garde de nuit survivant à la première scène de la série Games of Thrones).

Malgré le fait que Refn soit à la production, on ne comprend vraiment pas l’intérêt de faire un remake anglais à Pusher, qui plus est un mauvais remake où l’on s'ennuie la plupart du temps.

Loïc Smars

11

Le passédʼAsghar Farhadi

sortie le 29 mai 2013

Drame (130ʼ)

Avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim, Ali Mosaffa

Pusherde Luis Prieto

sortie le 29 mai 2013

Action, Policier (89ʼ)

Avec Richard Coyle, Bronson Webb, Agyness

Deyn

28 mai 2013

Prix dʼinterprétation féminine pour Bérénice Béjo au festival de Cannes 2013

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The Iceman est basé sur une histoire vraie, celle de Richard Kuklinski, surnommé « The Iceman ». Pendant plus de vingt ans, il a sévi en tant que tueur à gages et a été condamné pour une centaine de meurtres commandités par diverses organisations. Il menait une double vie, une femme, deux filles, le rêve américain dans toute sa splendeur. Et pourtant, sous cet aspect bon chic bon genre, se cachait un redoutable tueur au sang glacé. Personne, ni sa femme, ni ses filles ne se doutaient de quoi que ce soit lors de son arrestation en 1986. Comment a-t-il fait pour continuer aussi longtemps à perpétrer ces meurtres, le film vous le dira.

Réalisé par Ariel Vromen à qui l’on doit Rx et Danika. Spécialisé plutôt dans le thriller, cet israélien de 40 ans confirme sa maîtrise du genre dans The Iceman.

Le rôle-titre est joué par l’impressionnant Michael Shannon. Dès l’adolescence, cet acteur foule les planches de Chicago. Il y apprend son métier en jouant dans diverses troupes, mais c’est à la télévision qu’il commence à se faire connaître, avec des

seconds rôles dans divers téléfilms. Mais c’est au début des années 2000 que le cinéma lui ouvre ses portes avec Vanilla Sky, Pearl Harbor, Bad Boys II ou World Trade Center. Mais c’est avec Les Noces Rebelles que sa carrière prend véritablement son envol. Depuis Michael Shannon devient une étoile montante du cinéma (Take Shelter, Premium Rush, …) Dans The Iceman, il joue le rôle de Richard Kuklinski à la perfection, maîtrisant à merveille ce sang froid et cette espèce d’autorité sur le monde.

Le film met en avant aussi un casting remar-quable avec James Franco, Winona Ryder ou encore David Schwimmer qui a un rôle diamétralement opposé de ce qu’il jouait dans Friends. The Iceman est un film fort dont on retiendra principalement l’irrésistible Michael Shannon.

Marc Bailly

Riton Liebmann acteur belge dé-couvert en 1978 dans Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier (et oui rien que ça !) et que vous avez récemment pu voir au cinéma dans Les Seigneurs ou au théâtre de Poche dans Les monologues de la marijuana en décembre dernier a décidé de se lancer dans la réalisation de son premier long métrage.

L’histoire est simple, Milou (Riton Lieb-mann) est moniteur d’auto-école le jour et supporter du Standard de liège le reste du temps. En fait non, il est supporter même pendant son travail et il ne vit que pour son club. En fait, ce n’est pas « son » club puisqu’il est bruxellois mais c’est son club de cœur qui lui a fait vivre sa première grande émotion, alors il lui reste fidèle.

Mais c’est justement une autre affaire d’émotion qui va venir chambouler sa vie bien remplie : l’arrivée d’une élève, Martine (Léa Drucker), à laquelle il s’attache et qui déteste le football.

La trame de départ est simple et les évènements ne sont pas des plus surprenants.

Cependant le tout est plutôt bien mené. Les gags sont drôles et bien vus, notamment la scène où il prend un tract de prévention contre l’alcoolisme et qu’il l’adapte à son cas. « Avez-vous déjà essayé de réduire votre consommation de ‘football’ sans y parve-nir ? ». Petit exercice que vous pouvez d’ailleurs essayer chez vous en famille, en l’adaptant à votre passion. Je n’ai person-nellement jamais réussi à réduire ma con-sommation de cinéma, mais là n’est pas le sujet.

Autre bon point, les personnages secondaires sont tous biens campés et reposent sur un très bon casting. On y retrouve des têtes que l’on connaît, des acteurs rodés aux comédies belges et/ou françaises. Vous savez le genre d’acteurs que l’on est toujours content de voir, même quand ils n’apparaissent que quelques minutes comme ici Jackie Berro-yer, Laurence Bibot, Michèle Moretti, Samir Guesmi ou encore Serge Larivière (voix).

En somme c’est une bonne comédie, pas hilarante non plus, mais que l’on prend du plaisir à voir.

Baptiste Rol

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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The IcemandʼAriel Vromen

Sortie le 5 juin 2013

Policier, Thriller (103ʼ)

Avec Chris Evans, James Franco, Winona Ryder, Ray

Liotta, Michael Shannon

Je suis supporter du Standardde Riton Liebman

sortie le 5 juin 2013

Comédie (90ʼ)

Avec Riton Liebman, Léa Drucker, David Murgia,

Samir Guesmi

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Films à l’horizon (sorties du 5/6)

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Scary Movie 5Comédie

de Malcolm D. Lee

Avec Charlie Sheen, Lindsay Lohan, Ashley

Tisdale

Jody et Dan, qui forment un jeune couple, emménagent avec leur bébé dans une maison où semblent se manifester d'étranges phénomènes. Ils vont faire appel à un médium... et au ballet pour faire la lumière sur cette malédiction.

Trois journalistes enquêtent sur le mystérieux auteur d'une petite annonce qui cherche un compagnon pour voyager dans le temps.

Alors qu’il rentre à sa base, l’équipage de l’Enterprise doit faire face à des forces terroristes implacables au sein même de son organisation. L’ennemi a fait exploser la flotte et tout ce qu’elle représentait, plongeant notre monde dans le chaos…Dans un monde en guerre, le Capitaine Kirk, animé par la vengeance, se lance dans une véritable chasse à l’homme, pour neutraliser celui qui représente à lui seul une arme de destruction massive.

Star Trek into DarknessScience-Fictionde J.J. Abrams

Avec Chris Pine

Safety Not Guaranteed

Comédiede Colin Trevorrow

Avec Aubrey Plaza

De Hunger Games à Inception en passant par Black Swan, tout est à nouveau paro-dié dans la saga à succès créée en 2000.

Deuxième volet du reboot signé J.J. Abrams, cet opus devrait une nouvelle fois attirer les amateurs de science-fiction.

Sundance lui a ouvert les bras et l’a accla-mé, c’est donc tout naturellement que ce film mérite d’être vu.

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

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Le film que vous ne verrez pas au cinéA Haunted House

de Michael Tiddes

Nous le savons, les Etats-Unis abreuvent le cinéma d’innombrables films de qualité variable. Dans la catégorie « gros navet » pas très drôle et certainement pas intelligent, A Haunted House devrait prendre une place toute particulière, l’une des premières. De même que dans le cœur des cinéphiles, celle de l’infarctus.

De prime abord, A Haunted House est vendu comme une comédie satirique pastichant les films d’horreur filmés à la manière du found footage (techni-que cinématographique ayant la parti-cularité de filmer les scènes via une caméra-main portée par l’un des prota-gonistes du film). Jusque-là, l’idée est louable tant les films de ce genre affluent par dizaine sur nos écrans comme Paranormal Activity ou encore The Devil Inside.

En regardant de plus près la fiche technique du film, nous apercevons le nom de Marlon Wayans dans le rôle du personnage principal mais égale-ment dans le costume du producteur. Là, le décor est planté face à nous,

nous assisterons à une comédie déjan-tée afro-américaine où tout le monde parle comme Eddy Murphy. En outre, l’aura acquise par l’acteur avec la saga Scary Movie nous conforte dans notre idée.

Hélas, passé le premier quart d’heure, relativement crucial pour garder atten-tif le spectateur lambda, le cinéphile s’embête malgré quelques drôleries balancées sauvagement dans le scéna-rio. Rien n’est vraiment surprenant dans cette parodie et les blagues sont plus lourdes que réellement amusan-tes. Pour passer le temps, le spectateur sourit à intervalles réguliers pour éviter à tout prix de s’endormir et de se convaincre dans l’idée : « Oui, moi aussi, je peux finir un film pourri sans l’arrêter et pouvoir l’expliquer par la suite ».

C’est un fait, comme souvent dans ce genre d’entreprise, Marlon Wayans et son réalisateur inconnu Michael Tid-des ont joué la carte du millefeuilles, c’est-à-dire en rajouter des couches jusqu’à écœurer le spectateur. Pour-

tant, l’idée était originale et le scénario déjà tout trouvé. Mais l’accumulation de scènes surjouées, de dialogues vides d’intérêt et de phrases dénuées d’humour, finit par achever le plus téméraire des chômeurs. En ajoutant à cela les prestations navrantes de Cedric Kyles et de David Koechner, vous obtenez un ramassis de sketchs mal amenés.

Bref, ce film est un navet malgré les quelques passages drolatiques qu’il comporte. À l’instar d’un scénariste à l’imagination débordante, Marlon Wa-yans a été victime d’un surplus d’idées loufoques qui, mis ensemble, ont donné une mixture indigeste et vrai-ment affligeante.

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Matthieu Matthys

©Open Road Films

Insolite

Malcom et Keisha viennent d’emmé-nager dans la maison de leurs rêves. Mais leur bonheur est de courte durée car ils s’aperçoivent qu’un démon habite leur nouvelle demeure. Quand le démon possède sa femme, Malcom, déterminé à sauver sa vie sexuelle, fait appel à un prêtre, à un médium et à une équipe de ghost-busters pour l’aider.

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l’actu cinéma

Les fans de jeux vidéo seront probablement aux anges d’entendre la nouvelle qui vient d’être communiquée par la société de production américaine 20th Century Fox. D’après le communiqué de presse, le jeu vidéo à succès Assassin’s Creed va connaître sa première adaptation cinématographique.

Plus précisément, l’adaptation n’était pas vraiment une surprise mais c’est plutôt le casting et la date de sortie qui étaient restés jusqu’ici dans le secret. Pour incarner l’aventurier Ezio Auditore da Firenze, ce n’est autre que Michael Fassbender qui a été choisi par la production. L’acteur allemand est actuellement l’un des comédiens incontournables aux Etats-Unis depuis ses derniers succès qu’ont été A Dangerous Method ou encore Shame. L’acteur sortira également quatre films cette année dont Twelve years a slave et The Coun-selor. Assassin’s Creed est quant à lui prévu pour le 22 mai 2015, une date qui coïnciderait fortement avec la sortie de l’épisode VII de Star Wars, anciennement distribué par la Fox.

Assassin’s Creed au cinéma en 2015De nos jours, la réputation de la ville de Détroit a fait le tour du monde. Jadis ville de tous les excès et de toutes les fortunes, l’ancienne cité industrielle, capitale de l’automobile mondiale, fait aujourd’hui peine à voir. Des maisons bradées à un prix dérisoire, un centre-ville en perpétuel déclin, des usines qui ferment chacune à leur tour et, pour ne rien arranger à ce tableau désastreux, une délinquance et un sentiment d’insé-curité qui ne cesse de croître. C’est cer-tain, Détroit est l’antithèse du rêve américain.

Pour lutter contre le fléau de la crimina-lité, un homme pourrait changer la don-ne : Robocop. Et oui, l’info peut paraitre surprenante, mais Twitter a agité la ville très récemment. De fait, une statue faite d’argile et cire a été présentée sur le réseau social comme une future vérita-ble statue pour la ville. Le maire de Détroit a aussitôt démenti l’information mais les internautes, fiers de cette idée originale, ont financé le projet qui devrait donc voir le jour pour la sortie du remake prévu pour 2014.

Le film, quant à lui, mettra en scène Gary Oldman, Samuel L. Jackson et Michael Keaton. Pour l’anecdote, ce dernier s’appelle en réalité Michael Douglas mais sa similarité avec l’autre acteur l’a poussé à choisir un autre nom, ce qu’il fit en choisissant le nom de Keaton en référence à Diane Keaton.

Robocopenvahit Détroit

L’actrice australienne Cate Blanchett sera à l’affiche au prochain film de David Ma-met (Redbelt) et y tiendra le premier rôle. Intitulé Black-Bird, le film suivra une jeune femme (incarnée par Cate Blanchett) qui se rend à l’enterrement de son grand-père, ancien spécialiste des effets spéciaux pour le ciné-

ma. En souhaitant en savoir plus sur sa vie, elle va découvrir que ce dernier aurait exercé ses talents lors de l’assassinat du président John Fitzgerald Kennedy en 1963.

Ce thriller conspirationiste sera tourné prochainement en Australie. Sous la houlette de David Mamet, cinéaste à la filmographie relativement médiocre, ce film ne devrait pas être attendu par la critique qui y voit déjà l’ombre d’une histoire romancée mais surtout insensée.

Cate Blanchett dans BlackbirdBox office Belgique

1. Iron Man 3

2. The Croods

3. Mama

4. Oblivion

5. Safe Haven

6. Olympus has fallen

7. 21 and over

8. Tad lʼexplorateur

9. Company you keep

10. Les gamins

DVD - Blu ray Le Monde de Charlie de Stephen Chbovsky

Au lycée où il vient d’arriver, on trouve Charlie bizarre. Sa sensibilité et ses goûts sont en décalage avec ceux de ses camarades de classe. Pour son prof de Lettres, c’est sans doute un prodige, pour les autres, c’est juste un "loser". En attendant, il reste en marge - jusqu’au jour où

deux terminales, Patrick et la jolie Sam, le prennent sous leur aile. Grâce à eux, il va découvrir la musique, les fêtes, le sexe… pour Charlie, un nouveau monde s’offre à lui.

M.M.

M.M.M.M.

28 mai 2013

Source : Box Office Mojo

Du 8 au 12 mai 2013

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Musique

: Retour aux sources

À l’occasion de la sortie de Construct, le nouvel album de Dark Tranquillity, nous avons eu l’occasion de poser quelques questions à Niklas Sundin, guitariste de l’un des pionniers du death métal mélodique à la sauce suédoise.

Bonjour, Niklas !Merci de nous accorder cet inter-view!

Construct, votre nouvel album sort ce mois-ci. Peux-tu nous dire quel-ques mots sur ce nouveau disque?

Et bien c’est un album assez différent de ceux que nous avons fait récem-ment puisque nous avons davantage mit l’attention sur des atmosphères et ses sons plutôt que sur des riffs accro-cheurs. Après deux albums ayant une approche similaire dans l’écriture et les arrangements, nous avons ressenti le besoin d’essayer de nouvelles choses. Pour ceux qui sont familiers avec nos débuts, cette nouvelle sortie ne devrait pas constituer une véritable surprise. Mais ceux qui nous connaissent depuis 2 ou 3 albums vont probablement se demander ce qui se passe! (rires)

Est-ce que les fans doivent s’atten-dre à quelques changements sur cet album?

Oui, c’est l’album le plus différent que l’on ait fait depuis longtemps. Mais ça sonne toujours comme DT, donc ce n’est pas vraiment un départ radical.

Tu as dis que cet album était le plus motivant depuis Skydancer…

Cette remarque a été un peu sortie de son contexte. Mais en effet, cela fait plusieurs années que je trouve qu’il est temps de faire un album qui nous permette d’explorer de nouveaux territoires musicalement et je suis très heureux de ce que nous avons accom-pli avec Construct. C’est pour cette raison que je suis plus enthousiaste pour cet album que pour les précédents.

Comment travaillez-vous en studio? Est-ce que vous composez là-bas ou est-ce que tout est déjà écrit quand vous commencez à enregistrer?

D’habitude, tout est prêt quand nous entrons en studio. Cette fois, les choses se sont passé un peu différemment car nous avons essayé d’écrire des riffs en

studio. Sur tous les autres albums, l’écriture se passait en salle de répéti-tion. Mais cette fois, on avait besoin d’essayer une autre méthode.

La rencontre

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Votre groupe a commencé il y a 24 ans. Quel regard portez-vous sur vo-tre carrière?

Mmh, je ne regarde pas souvent en arrière. Il y a déjà eut beaucoup de nostalgie et de discussions sur le passé lorsque nous avons sorti le DVD pour fêter nos 20 ans. Donc je ne pense plus souvent au passé avec ce point de vue «historique». Bien entendu, nous sommes heureux et fiers que notre musique ait touché beaucoup de gens et que nous soyons toujours là. Mais en même temps, c’est surtout le futur qui compte pour nous.

Quel est le moment que tu préfère avec le groupe?

Le processus créatif par lui-même est la chose la plus valorisante. Ecrire des chansons en sachant qu’elles vont tou-cher beaucoup de gens pendant les années à venir.

Le Métal est un genre qui évolue constamment. Quels groupes écou-tes-tu actuellement?

Je n’écoute pas vraiment de musique pour le moment car nous venons de terminer l’album. Après avoir été entouré de musique 7 jours sur 7, cela fait du bien d’avoir un peu de silence. Il y a beaucoup de bons albums qui

sortent de nos jours. Mais j’ai besoin de faire une pause avant de redevenir assez curieux pour m’y intéresser.

Vous allez commencer votre tour-née. Viendrez-vous en Belgique?

Oui, je l’espère! D’autant que nous avons toujours fais de bonnes expé-riences en Belgique. On va commen-cer une tournée aux Etats-Unis en septembre. Puis nous reviendrons en

Europe en octobre et novembre. Toutes les dates seront bientôt confir-mées.

28 mai 201319

Propos recueillis par Julien Sterckx

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Entretien

: Quand l’Opéra rencontre le MétalContrairement à ce que l’on vous présente habituellement, Melted Space n’est pas un groupe à part entière avec des membres bien définis. Il s’agit plutôt d’un projet mené par Pierre Le Pape, un musicien et compositeur de talent qui eut un jour l’idée de rassembler divers musiciens et chanteurs de la scène métal pour créer ce projet mélangeant l’opéra et le métal. Nous sommes allés à sa rencontre pour qu’il nous explique sa démarche.

Bonjour, Merci de m'accorder cet interview!

Tout d'abord, comment est né votre projet?

Bonjour! Et bien Melted Space est né en 2007 alors que j'étais étudiant au conservatoire. A l'époque, je prenais des cours d'électro-acoustique et mon prof m'avait vivement encouragé à composer un album solo de façon à ce que je me confronte à la production de près mais également de façon à ce que j'ai une «carte de visite» à présenter par la suite. J'ai donc créé cet univers de Melted Space que je vois comme une ultime étape du périple que Dante décrit dans la «Divine Comédie». Une sorte de paradis VIP pour âmes per-dues et oubliées.Un premier album instrumental est d'abord sorti en 2009, puis un double album l'an dernier dans lequel Melted Space a pris sa forme d'opéra métal. Sur ce dernier, j'avais fait appel à une petite trentaine de musiciens, chan-teuses et chanteurs de la scène métal principalement française pour donner vie à la grande fresque que je décrivais. Cela parlait de dieux antiques, d'anges et de démons. Enfin cette année, je viens vous proposer un petit album de transition centré sur l'histoire de Romulus et Rémus et sur lequel ont notamment participé Liv Kristine et Ashmedi (Melechesh).

D'où tirez-vous votre inspiration?

Je puise mon inspiration dans beau-coup de choses qui m'entourent. Que ce soit un film, un jeu vidéo, une lecture, un voyage... Tout est sujet à m'inspirer du moment que cela me fait partir dans un imaginaire lointain.

J'aime tout ce qui est immersif et c'est ce que j'essaie de faire avec Melted Space, faire en sorte que pendant la durée du disque, l'auditeur voyage.Sur le fond, comme je le disais, je m'inspire beaucoup de l'univers de Dante car c'est une de mes lectures préférées et je me retrouve beaucoup dedans. Après, je suis bercé depuis que je suis enfant à grands coups de Chevalier du Zodiaque, Castlevania, Seigneur des Anneaux et autres trucs avec des mythologies très fortes . C'est donc une façon pour moi de créer mon propre panthéon en y incorporant les éléments qui me touchent personnel-lement.

Comment avez-vous choisi les per-sonnes avec qui vous souhaitiez mettre en place ce nouvel album?

Au niveau des musiciens, cela s'est fait assez facilement. J'ai fait appel aux musiciens avec qui j'avais déjà travaillé sur From the past. Seul le batteur a changé. J'ai également contacté mon ami Mike Saccoman avec qui j'avais joué dans un groupe de prog. Du coup, je sais maintenant que j'ai une section rythmique fantastique avec laquelle je peux partir très loin musicalement et techniquement.Au niveau des chanteurs c'est souvent au coup de cœur et en fonction des rôles que j'ai envie de faire interpréter. Dans le cas de Liv Kristine ou Ashmedi, c'est un choix de fan avant tout, même si dès le départ, j'envisa-geais de proposer à Liv. Pour Ashmedi c'est mon éditeur qui nous a mis en contact et cela s'est fait très naturelle-ment. L'un et l'autre ont beaucoup aimé les chansons que je voulais leur faire chanter, ce qui a pas mal aidé à les convaincre mais aussi ce qui les a

encouragé à s'investir dans leur partie. Tous les deux m'ont fait pas mal de propositions sur la façon dont orienter leur personnage vocalement, sur des idées de mix, sur des doubles voix... Cela a vraiment été très enrichissant de travailler avec des gens de ce niveau.

Pour le choix de Black Messiah et Emmanuel Levy, là aussi, ce sont des amis. (Notamment Emmanuel avec qui je joue dans Wormfood) Là encore tout s'est fait naturellement et dans une ambiance de travail des plus décon-tractées, ce qui est vraiment très agréable. Le résultat donne une sorte de complémentarité naturelle alors qu'ils ne se sont jamais rencontrés. Là encore, je suis vraiment très content du résultat. Ils ont bien compris où je voulais en venir et ont tout mis en œuvre pour qu'on y arrive.

Enfin, en ce qui concerne les par-ties acoustiques, j'ai fait appel à 2 chanteurs de l'album précédent, Manuel Munoz avec qui j'ai beau-coup sympathisé et Lucie Blatrier qui se trouve être ma compagne. Pour les accompagner, je cherchais quelqu'un pour adapter les 2 chan-sons en version guitare/voix. Mon ami Arnaud Strobl m'avait vive-ment conseillé Charley Corbiaux (ex-Heavenly). Quand j'ai écouté ce qu'il faisait je ne me suis plus posé de question, il était l'homme de la situation. Là encore ce sont des choix que je ne regrette absolument pas car une certaine osmose s'est créé le jour de l'enregistrement. Cela s'entend sur le résultat final je pense.

La rencontre

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Quels retours avez-vous eus du précé-dent disque?

Des retours unanimement positifs! Ca a été très encourageant pour moi de ne lire ci et là que des chroniques positives, en-courageantes. Au niveau des fans là aussi les mêmes réactions, ce qui m'a beaucoup encouragé pour la conception de «Between».

Je suis vraiment très content car les gens sont vraiment rentré dans mon univers et se sont laissé porter là où je voulais les emmener en acceptant les rebon-dissements que je leur proposais. J'espère que je pourrai en dire autant dans quelques mois quand je ferai le bilan de «Between».

Est-ce que vous avez été déçus par-fois en auditionnant un chanteur ou une chanteuse en pen-sant lui donner un rôle bien précis?

Sans faire de langue de bois, jamais. Je prends toujours énor-mément de temps avant de contacter quelqu'un. C'est jus-tement pour ne pas avoir de mauvaise surprise ou pour ne pas regretter un choix. J'écoute beau-coup ce que la per-sonne fait, je vais même des fois la voir en concert quand cela est possible. Du coup, quand l'enre-gistrement arrive, je sais à peu près ce à quoi m'attendre.

Quand j'écris un rôle, je me demande toujours quelle personnalité a le person-nage et comment il pourrait parler ou chanter. Cela oriente mes recherches de chanteur ou chanteuse en fonction du type de voix que j'imagine, et ça limite pas mal la sélection et les risques de se tromper. Ensuite j'écoute et je choisis.

Beaucoup de personnes ont participé sur cet album. Comment se sont passé les sessions d'enregistrements?

Très bien ! J'ai une chance inouïe d'avoir pu travailler avec tous ces gens super pros! Que ce soit pour les chansons électriques, pour les acoustiques, le mixage ou autre tout s'est passé à merveille dans une ambiance de travail très décontractée. Dans la mesure où les gens savent ce qu'ils font et qu'on a pris le temps d'en discuter, tout roule, et il n'y a presque jamais d'imprévu ou alors c'est de l'imprévu bénéfique, à savoir des propositions musicales pour faire évoluer la chanson, apporter un nouvel angle de vue, un enrichissement ou des doubles voix... Ce qui est vraiment très confor-table pour moi.Le meilleur souvenir restera quand

même ma journée au Mastersound Studio en Allemagne en compagnie de Liv et des musiciens d'Atrocity/Leave's Eyes. Un grand moment où j'ai pu travailler de près avec l'une des pionnières du genre... Moment très émouvant pour moi qui reprenais certaines de ses chansons il y a 10 ans dans un de mes premiers groupes.

Est-ce que les chanteurs et chanteuses participent à la composition de mor-ceaux?

Oui et non dans la mesure où je compose tout, j'enregistre des voix témoins de façon à donner une idée à chacun du résultat que j'aimerais avoir néanmoins. Je suis tout à fait ouvert aux suggestions qui font évoluer la chanson. Je ne suis pas le meilleur chanteur du monde, loin de là. Donc quand quelqu'un me propose d'adapter un passage à sa voix pour un meilleur rendu, je suis preneur! C'est aussi ce qui donne de la vie au projet, chacun y amène un peu du sien et fait ainsi prendre vie au personnage qu'il interprète. Quand je contacte quelqu'un, c'est pour qu'il amène un peu de lui dans le personnage que je lui propose car je pense que cela peut correspondre à la

vision que j'en ai. Cela ne respecte finalement pas toujours ce qu'on lit dans les légendes car j'essaie d'imaginer ce que pourrait res-sentir chacun des per-sonnages en pareille situation, livrés à eux-mêmes, privé de mon-de à régir, de guerres à mener... humains fina-lement! Des fois, je me vois comme un psy virtuel pour tous ces dieux car j'essaie de deviner leur sen-timents et de leurs émotions les plus pro-fondes pour créer mes histoires.

Avez-vous déjà pen-sé à mettre ce projet en scène?

Oui et pour tout avou-er c'est en train de se mettre en place. Une tournée va être annon-cée d'ici quelques jours. Je suis très ex-

cité à cette idée car c'est la concrétisation de beaucoup d'années de travail. Je suis aussi très content de pouvoir aller défendre ma musique sur scène avec des gens que j'apprécie énormément. Ca va être une grande aventure même si pour l'instant cela ressemble plutôt à un casse-tête logistique! Néanmoins, je pense que nous serons en mesure de proposer quelque chose de sympa et j'espère que vous viendrez nombreux!

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Est-ce qu'un prochain disque est pré-vu?

Oui! L'histoire est écrite, des contacts sont lancés auprès de certains chanteurs mais rien n'est encore réellement planifié. La tournée va d'ailleurs pas mal jouer sur le calendrier. C'est un élément assez récent et que je n'avais pas forcément envisagé.

Malgré tout, j'aimerais pouvoir écrire des choses assez vite car je suis très pressé de voir quel sera le prochain visage musical de Melted Space. J'essaie d'être toujours à l'écoute de ce qui se fait à droite ou à gauche, j'ai donc beaucoup d'idées assez régulièrement mais comme c'est un projet qui demande plus de travail logistique que musical, j'ai assez peu d'occasions de composer finalement, je suis donc un peu frustré. Sitôt que j'ai une occasion d'enregistrer quelque chose, j'en profite et j'espère pouvoir prendre ce temps dans les prochains mois.

Quels sont vos projets dans les pro-chains mois?

Et bien avant tout, la préparation de la tournée qui risque de m'occuper pas mal. Ensuite, la composition du prochain album j'espère mais aussi la composition des prochains albums de Wormfood et Embryonic Cells. Enfin j'ai quelques projets avec d'autres groupes mais je ne peux pas trop en parler encore car cela est en train de se mettre en place et je n'en sais d'ailleurs moi-même pas beau-coup plus.

Merci beaucoup pour votre dispo-nibilité.

Avec plaisir! Merci beaucoup pour les questions! A bientôt sur les routes!

Propos recueillis par Christophe Pauly

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Ces derniers temps, plusieurs décès ont attristé la grande famille du rock. Les années passant, il faut malheureusement s’attendre à ce que cette série noire ne fasse que commencer. Petit hommage à 3 de ces musiciens qui, chacun dans leur style, ont marqué l’histoire de la musique.

Jeff Hanneman (1964-2013) Il y a quelques semaines, on apprenait ainsi le décès de Jeff Hanneman, guita-riste et membre fondateur du groupe de thrash metal Slayer. Beaucoup plus dis-cret que son comparse Kerry King, il était pourtant sans doute le membre le plus important du groupe, et on lui doit d’ailleurs l’écriture des principaux succès de Slayer («Rainning Blood», «Angel of Death», «South of Heaven» entre autres) . Même si Slayer n’a apparemment pas l’intention d’arrêter son chemin pour autant, il y a fort à parier que leurs futurs offrandes n’auront plus du tout la même saveur sans la patte ravageuse de Jeff.

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In Memoriam

Ces artistes qui nous ont quittés...

Ray Manzarek (1939-2013) Ce 20 mai 2013, c’était au tour de Ray Manzarek de rejoindre le paradis des rockeurs. Agé de 74 ans, celui-ci est décédé des suites d’une longue maladie en Allemagne où il résidait.Il était devenu mondialement célèbre comme étant un des membres fondateur et le claviériste attitré du légendaire groupe The Doors avec qui il connut un succès mondial dès le milieu des années 60.

Quand on parle des Doors, c’est tout de suite l’image de leur mythique leader Jim Morrison qui resurgit. Mais si Morrison était le charismatique leader du groupe sur scène, le groupe n’aurait pu connaître tel succès sans le travail dans l’ombre de Manzarek. Là où beaucoup de groupes utilisaient le clavier comme instrument de fond, Manzarek avait le don pour mettre en avant avec brio son instrument. Il sufit de réécouter Light My Fire, Riders on The Storm ou Hello I Love You pour s’en rendre compte.

Après le décès de Morrison et la sépa-ration des Doors, Manzarek sorti encore quelques albums solo sans retrouver le même succès.

En 2002, il était reparti en tournée avec le guitariste des Doors Robby Krieger pour réinterpréter les plus grands succès du groupe. On ne pouvait pas réellement parler de reformation, étant donné l’absence du batteur du groupe John Densmore qui avait d’ailleurs réussit à interdire au duo d’utiliser le nom du groupe pour leurs tournées.J’avais eu l’occasion de le voir à l’œuvre au Suikerrock en 2010 et le moins que l’on puisse dire, c’est que Ray n’avait rien perdu de son talent et semblait sincèrement heureux de pouvoir encore se produire sur scène.A l’heure qu’il est, il y a fort à parier que les envoutantes notes de The End retentissent un peu partout dans le monde pour rendre hommage à ce grand artiste.

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Trevor Bolder (1950-2013) Quelques heures à peine après avoir appris le décès de Ray Manzarek ,un nouveau coup dur frappait les amateurs de bon vieux rock avec le décès du bassiste Trevor Bolder, suite lui aussi à une longue maladie.Trevor Bolder fut le bassiste pendant plus de 30 ans d’un des précurseur du Hard Rock, le groupe anglais Uriah Heep. Entre 1977 et 2011, il enregistra pas moins d’une dizaine d’albums avec le groupe.Mais avant cela, c’était également lui qui officiait en tant que bassiste sur 4 des albums les plus légendaires de David Bowie, entre 1971 et 1973, dont notamment Ziggy Stardust et Aladdin Sane.

Julien Sterckx

Page 26: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Hard Rock Hard Rock 3 avril 2013

Lorsque l’on demande aux musiciens de nous parler de leur nouvel album, nous avons évidem-ment toujours droit aux même re-frains encenseurs nous expliquant pourquoi leur nouvelle offrande est grandiose et vaut la peine d’être écoutée (et surtout achetée).

Mais après avoir réalisé l’interview de Niklas Sundin et surtout après avoir pu découvrir moi-même le nouvel album, je ne peux que partager le mê-me enthousiasme que le sympathique guitariste.

Un petit retour en arrière s’impose pour expliquer cela. En 1999 , Dark Tranquillity, après 3 (excellents) al-bums de death metal «traditionnels», sortait des sentiers battus avec Pro-jector. Parties de clavier appuyées, voix claire, nombreux furent les fans à être déboussolés par ce revirement. Les albums qui s’en suivirent conti-

nuèrent dans ce chemin moins brut, plus ambiancé, mais toujours relati-vement intéressant.

Avec Construct, on ne peut pas réellement parler de retour aux sour-ces, mais disons que le groupe arrive à synthétiser ce qu’il a fait de mieux dans le passé. Le rôle des différents instruments sur cet album se rééqui-libre et exit donc les claviers et brui-tages variés souvent trop mis en avant sur les derniers opus.

Il serait difficile de parler de cet album en parlant des différents mor-ceaux un par un, car la force de Construct, c’est l’ambiance que celui-ci dégage tout au long de son écoute. Les morceaux sont superbement tra-vaillés et il vous faudra plusieurs écoutes pour en capter toutes les subtilités, car oui, Construct n’est pas un de ces album simpliste qui dévoile tout son potentiel dés le début.

L’ambiance de cet opus est donc bien plus sombre que ses prédécesseurs, et pourtant on ne peut pas dire que le groupe soit du type à pratiquer du joyeux metal de beuverie habituel-lement.

Même si les morceaux sont moins rapides et tempétueux que sur The Gallery par exemple, Niklas a raison quand il dit que les anciens fans ne devraient pas être déçus, tant ce LP reprend certains vieux mécanismes qui ont fait le succès du groupe, tout en ayant un son et une production bien dans l’ère du temps.

Construct est donc une véritable bonne surprise, et montre comment, après 24 ans de carrière, un groupe peut encore sortir un album innovant et parfaitement exécuté

Dark Tranquility«Construct»

Century Media

Julien Sterckx

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Metal

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 27: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Née en 1990, la jeune Alessi Laurent-Marke de son vrai nom en est déjà à son 3e album. Comme quoi il ne faut pas attendre le nombre des années… Elle est Anglaise, plutôt mignonne et a une voix douce. Elle s’intéresse à la musique depuis qu’elle a 11 ans. Très tôt, elle écrit elle-même ses textes et, à l’âge de 16 ans, elle quitte l’école pour se consacrer intégralement à la musique. Mais elle promet à ses parents de retourner à l’école si ça ne marchait pas après un an.

Elle prend le nom de Alessi’s Ark (l’Arche d’Alessi) car elle aime l’idée d’un bateau où tout le monde est le bien-venu, même ceux qui sont loin, et elle poste ses premières démos sur MySpace. A 17 ans, elle signe chez Virgin Records, une référence…

Son premier album Notes from the Treehouse sort en 2009. En 2011, elle nous propose son second opus Time Travel. Bien accueilli par la presse qui le décrit comme « une révélation d’un talent qui va devenir quelque chose de spécial ».

L’album qui se présente aujourd’hui, The Still Life, reste dans la norme de ses prédécesseurs, de la folk et de la pop très agréable à écouter. «J’ai voulu créer une musique variée, mais qui donne une impression de ‘tranquillité’. J’ai aussi voulu m’éloigner un peu de la guitare acous-tique et proposer un son différent de mes précédents albums».

Une folk chaude et très agréable à écouter. Treize chan-sons pop assez courtes, très variées avec une voix cristalline. Alessi’s Ark s’affirme et promet un bel avenir.

Alessi’s Ark«The Still Life»

Dixie Frog

Marc Bailly

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Depuis 1984, année de son premier album solo, Alison Moyet se fait connaître en Grande-Bretagne. Avec un peu plus de 20 millions d’albums vendus de par le monde, on peut dire qu’Alison Moyet est une icône de la pop. Elle a d’abord connu le succès avec le groupe Yazoo avant d’entamer une carrière en solo.

Six ans de silence depuis The Turn, voici qu’Alison nous propose The Minutes. Elle a écrit cet opus avec Guy Sigsworth qui a notamment travaillé avec Bjork, Goldie ou Madonna. Onze chansons expérimentales mais qui forment un tout cohérent. Ceci est donc le 8e album studio de l’artiste. «Avec le talent exceptionnel de Guy Sigsworth comme producteur et collaborateur, nous avons enregistré des chansons originales. Nées d'impro-visation, je les définirais comme de la prog-pop, mais cela me fait également penser à de grands chiens ou à de petits chevaux. Mais ne tenez pas compte de cette remarque. À moins que, bien sûr, vous ne pensiez que j'ai raison».

«J'ai évité d'écouter quoi que ce soit pendant le processus d'écriture et l'enregistrement de cet album. Ceci a été la plus heureuse de mes expériences studio.»

The Minutes est un album qui mélange la pop électronique, le R&B, le pop rock et la house. Alison Moyet revient à ses débuts tout en innovant. Un album qui démontre que cette icône de la pop n’a pas dit son dernier mot… Elle possède une voix dont le blues semble provenir du fond de son être. Sa voix est touchante, mais pas assez mise en valeur dans des compositions trop hétéroclites. Peut-être un album un peu trop expérimental côté musique. On aurait aimé plus de cohérence dans les morceaux, et surtout une mise en valeur plus grande du talent de Alison Moyet.

Marc Bailly

Alison Moyet«Ne Renoncez Jamais»

Cooking Vinyl

Folk Pop

28 mai 2013

Page 28: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Bill Deraime est dans la chanson depuis maintenant 30 ans. 30 années où il a créé son premier groupe avec des copains où il chantait des cantiques américains. Où il découvre Ray Charles et c’est un véritable tremblement de terre pour lui. Il dit «La première fois j’ai eu le sentiment d’entendre quelque chose de profond…». Où il achète sa première guitare pour apprendre le blues de Bill Broonzy et le folk de Pete Seeger.

Il fait de vagues études, mais tout ce qui le passionne, c’est la musique, encore et toujours. En 67, il vit à Montmartre et gratte de la guitare place du Tertre avec un groupe folk. Il crée ensuite le Traditional Mountains Sound, avec d’un côté du couloir un club de folk et de l’autre une free clinic où viennent tous les marginaux, routards et vagabonds. «Il y avait des hippies, des rêveurs, des déserteurs de l’armée américaine qui fuyaient la guerre du Vietnam, mais aussi des voyous qui venaient braquer la caisse du club folk. Au bout de trois ans, ma femme et moi avons accepté de partir à la campagne pour créer un centre d’accueil pour drogués.» Il crée alors le second centre de postcure en France. En parallèle, la musique devient une exigence pour lui, pour le sauver du stress, de la colère, du désespoir. Bill Deraime décide d’écrire en français, parce que les pauvres, les exclus, les marginaux ne parlent pas l’anglais.

Son premier album sort en 1979 et révèle une voix bluezy, profonde, puissante. Il passe par le succès, mais aussi par une phase de dépression profonde.

Son nouvel album est engagé, fort, férocement vivant. Il y est question du système qui broie les hommes, de la pauvreté, de la douleur de vivre… et tout cela avec une voix que ne renieraient pas les meilleurs bluesmen américains.

Bill Deraime«Après Demain»

Dixie Frog

Marc Bailly

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Après Les Dix Commandements, Le Roi soleil, 1789, Mozart, l’opéra rock, et bien d’autres, c’est au tour de Robin des Bois d’être mis en scène. Contrairement aux comédies musicales précédentes où peu des chanteurs étaient connus avant la tournée, le rôle principal de Robin des Bois est interprété par le très en vogue M Pokora. Il est d’ailleurs accompagné sur scène par Caroline Costa, dont il est le parrain, et qui s’est fait connaître grâce à sa participation à l’émission française «Incroyable Talent» dont elle a terminé deuxième sur 5000 participants.

Bon à savoir, la mise en scène du spectacle a été confiée à Michel Laprise, créateur Québécois multidisciplinaire, qui a notamment mis en scène la dernière tournée de MADONNA (MDNA), et qui a collaboré, à plusieurs reprises, avec le Cirque du Soleil.

Côté musique, l’album s’intitule Robin des Bois, ne renoncez jamais, est sorti en mars 2013 en France. De nombreux artistes ont participé à son écriture dont Frédéric Chateau (auteur-compositeur français), Stanislas, David Halliday, Corneille, Matthieu Mendes, et bien d’autres.

Tout comme les comédies musicales précédentes, la musique est agréable à écouter, elle reste en tête et nous fait fredonner, voire danser pour les amateurs. Les voix et timbres des chanteurs se complètent à merveille et nous font voyager. L’album comprend 15 titres, aux ambiances et atmosphères différentes, dont deux titres connus car à une diffusion abondante à la radio : Le jour qui se rêve (M Pokora) et Un monde à changer (Nyco Lilliu).

Pour les amateurs de comédies musicales, c’est une valeur sûre. Et si vous voulez assister au spectacle et voir le beau M Pokora en vrai (et les autres aussi éventuellement), rendez-vous au Palais 12 du Heysel le 9 et 10 mai 2014.

Emilie Lessire

Robin des Bois«Ne Renoncez Jamais»

EMI Music

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Folk French

Page 29: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

3 avril 2013

3 avril 2013

Ca y est, le Satriani nouveau est dans les bacs! Le guitar hero semble avoir trouvé le rythme en alternant les albums de sa carrière solo et de Chickenfoot (le supergroupe avec des membres de Van Halen et Red Hot Chilli Peppers). Le voici donc de retour avec Unstoppable Momentum, son quatorzième album solo. Après avoir révolutionné le monde de la guitare dans les années 80 en apportant des techniques inovantes et en collaborant avec les meilleurs musiciens du monde, Joe Satriani s’est fait son petit bonhomme de chemin et a continué à proposer des albums de qualité en faisant un savant mélange de technique et de mélodicité.

C’est sans doute ce qui étonne le plus lorsque l’on écoute un morceau de Satriani, tout parait de plus en plus simple, et pourtant... Ses chansons sont souvent conduites par des thèmes très mélodieux suivis de solos majestueux où le maestro démontre qu’il n’a rien perdu de son talent au fil des ans.

Pour ce nouvel opus, le guitariste s’est entouré de pointures telles que Mike Keneally aux claviers. Ce grand monsieur était déjà bien connus des fans puisqu’il jouait avec Steve Vai dans des années 90 et avait déjà joué sur l’album précédent de Satriani. Celui-ci se montre plus présent sur les différents morceaux et contribue ainsi à enrichir la couleur de certaines chansons.

Autre fait remarquable, le changement de batteur. Joe travaillait depuis des années avec Jeff Campitelli et a choisi ici de chanter avec . On remarque tout de suite le revirement de style et cela apporte aussi de la fraîcheur à cet album qui a tout d’un bon Satriani. Les mélodies sont toujours bien travaillées et les sons proposés restent pertinents. Le tout est bien entendu produit par Mike Fraser.

Un très bon disque donc qui démontre que Joe Satriani est un artiste dont on ne lasse pas. Il sera très prochainement en concert au Cirque Royal.

Joe Satriani«Unstoppable Momentum»

Sony Music

Christophe Pauly

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On aurait pu dire «Stay yourself» ou «Ozark Henry is back», car le nouvel habitant de Oostduinkerke est revenu à ses choix artistiques après avoir suivi ceux du succès. «New wave», une nouvelle vague pour cet artiste com-plet qui a écrit et composé les 10 morceaux, en a joué chaque instrument, a produit et même réalisé les vidéos clip au son de la mer du Nord.

En plus Ozark Henry a fait une place à une chanteuse à la voix d’une remarquable cristallinité: Amaryllis Uitterlinden. Fan de la première heure de Teresa, la chanteuse de Madredeus et aussi fan récente de Jonsi (chanteur de Sigur Ros), l’album Stay Gold est comme un enfant naturel entre ces deux artistes, mêlant un côté aérien et léger, des paroles dont les sources culturelles (littéraires, cinématographiques et autres) vont échapper à beaucoup, une musicalité très pure entre piano/voix et musique électronique. Un des plus beaux morceaux pour illustrer cette complicité est I’m your Sacrifice.

Musicalité, douceur mais aucune mièvrerie ou nostalgie, cet album apporte une force (comme les percussions sur plusieurs partitions); l’impression d’une bouffé de cet air iodé qui nous gifle les joues, un jour de tempête en mer, quand on se sent «vivant et vivifié», le goût du sel sur les lèvres…

J’ai toujours un attrait particulier pour les duos et celui de Piet Goddaer et Amaryllis Uittelinden est probablement un des plus réussis de ces dix dernières années.

Les concerts à l’AB et au Vooruit sont sold out mais il vous reste les showcases en acoustique proposées par la Fnac les 1 et 8 juin pour apprécier ce septième album d’un musicien et chanteur des plus belges. Ou alors les Francos, le 18/7 où Ozark Henry foulera la scène Pierre Rapsat.

Véronique De Laet

Ozark Henry«Stay Gold»

EMI Music

PopRock

28 mai 2013

Page 30: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Une table-ronde sur le thè-me de la censure était organisée la première semaine du festival et fai-sait échos à deux œuvres présentées durant le Kunstenfestivaldesarts (Kfda). Après une introduction très complète des enjeux de la théma-tique par un professeur de l’Uni-versité de Kent (GB) on y a entendu deux artistes, un journaliste et lui-même en débattre.

Magic Bullet, de Markus Öhrn Beursschouwburg

Markus Öhrn est un artiste suédois qui réalise principalement des per-formances et des installations vidéo. Il a également fait parler de lui en montant son premier spectacle de théâtre l’année dernière, Conte d’A-mour, spectacle/performance traitant de la question de l’inceste de ma-nière très cynique, et notamment présenté au Festival d’Avignon et à Berlin.

Il présentait au Beursschouwburg, et durant toute la durée du festival, une installation vidéo nommée Magic Bullet. Cette vidéo de 49 heures et 13 minutes est un assemblage chro-nologique et exhaustif de l’ensemble des scènes censurées par l’Etat Suédois et archivées par le bureau de censure étatique créé en 1911 (le premier au monde). Cette instal-lation pointe de manière simple et efficace la question des normes, de ce qui est à un moment considéré comme dangereux alors qu’il ne l’était pas forcément avant.

Três dedos abaixo do Joelho - Tiago Rodrigues - Atelier 210

Ce spectacle se base également sur les archives de la censure mais de la commission mise en place au Por-tugal à l’époque de la dictature sala-zariste et concernant les spectacles de théâtre. C’est à partir des anno-tations, commentaires, coupures et réécritures effectuées par les agents de la censure sur les textes et les comptes rendus de répétitions, que Tiago Rodrgigues a créé son spec-tacle.

Un acteur et une actrice sont sur scène et semblent en répétition. Il prennent des textes, allant de Moli-ère à des textes contemporains des censeurs et les commentent, le modifient et jouent. Tiago Rodrigues fait ce pari audacieux de considérer les censeurs comme des auteurs, car ces derniers se permettaient des commentaires tels que « Ce texte est génial et prouve le talent de l’auteur, mais le public portugais ne sera pas apte à le comprendre », ou « ce texte nécessite des coupures pour attein-dre son but. »

Loin des formes auxquelles nous habituent les metteurs en scène français, c’est littéralement une for-me spectaculaire qui est mise en œuvre. Les comédien(ne)s y chan-tent, y jouent de la guitare, y scandent des textes à la manière des tragédies grec, y moquent le pou-voir, etc. Et bien que l’ensemble se répète et s’essouffle un peu vers la fin, c’est un très bon moment que l’on passe, drôle, festif, sarcastique et intelligent.

Pourquoi le Kunstenfestivaldesarts est un (bon) festival ?

Comme vous l’aurez remarqué au fil de mes critiques, tous les spectacles ne sont pas à garder. C’est justement l’avantage et l’inconvénient du Kfda. La programmation est axée sur l’expérimentation, ce qui amène le risque de voir des performances ne semblant pas finies, ou semblant de ne pas avoir fonctionnés. Mais cela permet également de découvrir des spectacles tels que Germinal ou H, an Accident et tant d’autres que je n’ai pas pu voir, et qui sont des moments uniques.

Pour finir, voici un petit bilan du Kfda à l’aune des éléments qui sont pour moi essentiels dans la réussite d’un festival.

Le Kfda fait montre d’une réelle programmation artistique. On y retrouve une cohérence, des ponts se créent entre les spectacles, les installations et les rencontres.

Il nous emmène aux quatre coins de la ville et nous fait découvrir des lieux où l’on ne va pas forcément. De l’Amerikaans Theater situé au pied de l’Atomium, à l’Atelier 210 à Etterbeek, en passant par la Raf-finerie.

Il fait preuve d’une réelle volonté de rassemblement bilingue. Cela se fait par la diversité des lieux, appar-tenant autant à la communauté fran-cophone que néerlandophone et par l’effort de traduction.

Des moments tels que la soirée de clôture, ouverte à tous et animée par des Dj’s jusque tard dans la nuit montre une volonté de rendre l’évé-nement festif et convivial.

Une proximité possible avec les artistes, qui m’a notamment permis de passer une soirée à boire des verres avec les intervenants de la table ronde sur la censure.

Kunstenfestivaldesarts : La Censure et Le Bilan

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Le compte-rendu

Baptiste Rol

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Scènes

Page 31: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Voilà un spectacle drôle, intelligent et surtout bien drôle, mais très intelligent aussi. Enfin bon vous l’aurez compris, nous voilà arrivé à mon coup de cœur du festival. Le nom du metteur en scène m’était connu mais je n’avais jamais rien vu de lui.

S’il fallait donner un aperçu du spectacle, on pourrait dire qu’il y a des instruments de musique robo-tisés, une fille dont le hoquet lui fait cracher des balles rouges, des gens qui racontent des histoire qui n’ont ni chutes ni intérêt, des adultes qui se chamaillent et des agents de ménages qui transforment leur la-beur en chorégraphie contempo-raine.

Le texte est basé sur les écrits de Daniil Harms (1905-1942), un au-teur russe ayant vécu sous le régime staliniste. Il a notamment vécu à la même époque que des artistes futuristes et notamment de Male-vitch qui non content d’être son contemporain était de surcroit son ami. De la même manière que les futuristes de l’époque, Daniil Harms était dissident du régime. De retour de son exil à Koursk, il se consacre à la littérature pour enfant pour sub-venir à ses besoins. En 1941, il est déclaré fou et est placé en détention psychiatrique où il mourra rapi-dement.

Ce n’est qu’après sa mort que ses écrits pour adultes sont publiés, et

même très récemment en Europe, en 1984 précisément. Son œuvre se compose de nouvelles, de poésies et de pièces courtes.

C’est à partir de ce matériau que Kris Verdonck et le dramaturge ont construit le spectacle. Pour avoir lu le recueil des textes de Daniil Harms après avoir vu le spectacle, je me suis rendu compte du travail consé-quent qui a été mené en amont. En effet certaines idées proposées par l’auteur dans des ébauches de textes non finis ont été prises par les auteurs de ce spectacle et retravaillé ou finies à leur manière. Pareil, ils se sont grandement inspirés de la vie de l’auteur et de son caractère extravagant, en mettant en scène des personnages qui comme Daniil Har-ms le faisait dans Saint Petersburg, se déguisent en Sherlock Holmes ou

en prestidigitateur.De la folie et du n’importe quoi, le spectacle glisse petit à petit vers un essoufflement des personnages. Le prestidigitateur se fatigue de ses tours ratés, l’enthousiasme décalé laisse place au désespoir. Et l’absur-de apparaît comme la simple absur-

dité du monde dans lequel nous vivons.Le spectacle est donc une grande réussite car il nous fait découvrir un auteur à l’univers unique et aux textes aussi absurde que remplis de signification. Le tout en le réactu-alisant, en y mettant la folie qui était celle de son auteur, et le pessimisme qui est peut-être celui avec lequel les créateurs du spectacles regardent le monde qui les entoure.

H, An incident de Kris Verdonck / A Two Dogs Company

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La critique

28 mai 2013

« L’ensemble est une réflexion sur la vie, et un cri de révolte sur le besoin de vivre et de lutter contre ce qui nous a rendu malade. »

Baptiste Rol

Page 32: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

When the mountain change dits clothing - Heiner Goebbels & Vocal Theatre Carmina Slovenica Les Halles de Scharbeek

Voilà une pièce gentille. Cet adjectif peut paraître autant mélioratif que péjoratif, je vous l’accorde, et c’est bien ce que je souhaite exprimer.

Ce spectacle raconte le départ de la maison. Pour cela, Heiner Goebbels, présent au Kunstenfestivaldesarts pour la cinquième fois en vingt ans, s’est entouré du Vocal Theatre Carmina Slovenica. Ce cœur est composé de jeunes filles âgées de 11 à 20 ans, originaires de Slovénie. Par la diversité de son répertoire, le cœur s’est forgé une réputation internationale ne cessant de mener une quête constante vers des musi-ques et domaines musicaux nou-veaux.

Ce qui nous est présenté ici est un spectacle musical, aux recherches sonores nouvelles s’accompagnant de sonorités plus anciennes, qui nous offrent, à l’arrivée, un résultat vraiment beau. Les décors sont féeriques ou mystérieux. L’emprunt d’un tableau du Douanier Rousseau est d’ailleurs très représentatif du spectacle, à la fois naïf et inquiétant. Les couleurs bigarrées des habits, mêlées aux éléments techniques apparents ou à des mouvements plus chaotiques et à l’effet de masse de la vingtaine d’interprètes vont tout à fait dans ce sens.

L’ensemble n’est toutefois pas entiè-rement convaincant et les textes empruntés à plusieurs auteurs (Jean-Jacques Rousseau, Alain Robbe-Grillet, Gertrude Stein, etc.) ne m’ont pas vraiment atteint. Je pré-cise que cela me concerne unique-ment car j’ai l’impression bizarre d’être passé à côté du spectacle qui avait tout pour émouvoir et inter-

peler. Et c’est finalement l’imp-ression d’avoir vu quelque chose de gentil qui me restera.

Pulling Strings - Eva Meyer-Keller Beursschouwburg

Trois personnes tirent sur des fi-celles qu’elles ont préalablement reliés à des objets et à des éléments du théâtre tels que les portes des passerelles qu’empruntent les tech-niciens pour accéder aux éclairages, ou encore les boutons de la console du régisseur pour changer la lumi-ère. En fait toutes les opérations qu’effectuent les trois performeurs et performeuses sont exécutées en ti-rant sur une ficelle.

Ce procédé a pour but de donner du mouvement aux objets, de leur don-ner un caractère vivant. Ainsi deux pieds de micros se balancent dans les airs et entament une danse, amenant les micros à s’embrasser, se repousser, se battre et faire tout ce que le spectateur y projette.

Cependant, la systématisation du procédé qui est marrante au début apparaît très vite comme pas très utile. Les ballets d’objets sur des musiques telles que Le Sacre du printemps de Stravinsky ou la bande originale du film Vertigo d’Alfred Hitchcock n’interviennent qu’à la fin du spectacle et d’après ma per-ception ne fonctionnent pas vrai-ment.

Au final, cette performance me donne l’impression d’assister à une tentative qui aboutit sur un semi échec ou qui nécessiterait plus de temps pour donner le résultat escom-pté et annoncé.

Suite n°1 « ABC » - L’Encyclopédie de la ParoleAmerikaans Theater

« L’Encyclopédie de la Parole est un projet artistique qui explore l’oralité sous toutes ses formes. Depuis 2007, le collectif qui réunit musiciens, poètes, metteurs en scène, plasti-ciens, acteurs, sociolinguistes, col-lecte toutes sortes d’enregistrements de paroles et les inventories sur son site Internet. »www.encyclopédiedelaparole.org

Le spectacle Suite n°1 « ABC » est la première pièce d’un ensemble de Suites chorales, dont le principe est de reproduire les enregistrements récoltés. La formation chorale a pour objectif de traiter la musicalité des extraits sans s’occuper d’incar-ner ou d’imiter.

Le spectacle réussis à capter notre attention, à faire se répondre des extraits sonores qui n’étaient pas fait pour se rencontrer. Cependant, le principe de départ ne semble selon moi pas fonctionner, dans ce sens où ce qui fait rire, ce qui étonne, et ce qui intéresse est avant tout le sens, l’interprétation des chanteurs-comé-diens.

Toutefois, la chorale atteint à deux ou trois moments (trop courts) des instants musicaux parfaits, unique-ment basés sur les sons des exp-ressions connues des différentes langues. Le collectif est donc à sui-vre, en se disant que les prochaines Suites chorales réussiront à étendre ses courts moments à l’ensemble du spectacle.

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Les critiques

Baptiste Rol

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 33: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

« Et si on avait la possibilité de repartir de zéro, même à l’intérieur de huit mètres par huit, on ferait comment ? »

La lumière baisse côté public, les spectateurs arrêtent de parler, puis la lumière se rallume un peu, puis elle rebaisse. Un projecteur s’allume très progressivement sur la scène, puis s’éteint puis se rallume et se re-éteint jusqu’à s’allumer totalement. Quatre personnes sont assises sur un côté de la scène, une console à la main et testent les boutons, allumant tantôt un éclairage à droite, tantôt à gauche, et cetera.

Au bout d’un moment, l’un d’eux se lève et teste un bouton sans com-prendre à quoi il sert. Il pousse le bouton et derrière lui un sous-titre affiche du genre « il marche pas ce bouton ! », « à quoi il sert ? ». Jusqu’à ce qu’il se rende compte que le bouton lui permet justement de traduire ses pensées à l’écrit et donc de les transmettre à d’autres. Il montre sa trouvaille aux autres, et c’est là que communiquant par cet outil tout nouvellement trouvé, ils commencent à interagir et à dé-couvrir cet univers de la taille d’une scène ainsi que ses possibilités.

Le postulat de base et donc le suivant : supposons que quatre individus soient les premiers d’un univers, et qu’au lieu de naître/d’apparaître dans un univers entouré de nature, ils apparaissent dans un

univers numérique. Qu’au lieu de cailloux comme premiers outils, ils aient entre leurs mains des consoles.Je ne veux pas en dire plus tellement la découverte du spectacle au fur et à mesure est un plaisir de tous les instants. Je vous dirais seulement que ce spectacle est génial et je pèse mes mots. Les personnages vont découvrir la communication, par geste, puis par l’écrit, puis orale et ainsi de suite.

La dose d’humour est très forte et la dose de réflexions sous-jacentes l’est tout autant, et c’est ce qui est la grande réussite de ce spectacle : c’est à la fois très intelligent et très bête, et c’est génial.

Je vais alors parler d’Antoine De-foort, celui des deux créateurs de Germinal dont je connais un peu le travail. Il avait présenté Cheval, avec son acolyte Julien Fournet au Festival d’Avignon il y a quelques années. Antoine Defoort est un habitué des expérimentations à base de numérique, de musique et de tout ce qui lui vient à la main, le tout baigné dans beaucoup d’humour et de n’importe quoi ou presque. Tout comme le moment de Cheval, ou l’un des comédiens joue un morceau classique à la flûte à bec (avec sa

narine si je m’en souviens bien) et qu’il fait les chœurs ou l’un des instruments avec des extraits de commentaires footballistiques qui respectent les bonnes tonalités.

Je vous invite maintenant à faire un tour sur le site Internet de l’Amicale de production :

http://www.amicaledeproduction.com/

leur société basée à Lille, et qui ne manque pas non-plus d’humour.

Autre point important, Halory Goer-ger & Antoine Defoort deviennent à partir de septembre 2013 artistes associés au Beursschouwburg. N’ou-bliez pas cela, et jetez vous sur les présentations de travaux, les rencon-tres ou tous moments qui sera pro-posé dans ce lieu en leur compagnie.

Germinal de Halory Georger et Antoine Defoort

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La critique

28 mai 2013

« C’est à la fois très intelligent et très bête, et c’est génial. »

Baptiste Rol

Page 34: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Bonjour Pierre. Pourrais-tu te présenter à nos lecteurs ?

Et bien, j’ai 42 ans. Je suis architecte le jour et écrivain la nuit. Je vis à Paris depuis presque 15 ans déjà et le temps passe très vite !

Comment en es-tu venu à l’écri-ture ?

J’ai passé toute mon enfance en Afrique (Mauritanie et Côte d’Ivoire). Mes parents étaient coopérants. J’ai grandi avec les histoires, les contes que nous racontaient le soir les gardiens qui surveillaient les villas. Et puis en rentrant définitivement en France vers mes 16 ans, j’ai fait une dépression. Je me suis alors plongé dans les jeux de rôle, la littérature fantastique. Tout est parti de là. D’abord des scénarios pour des cam-pagnes, puis des nouvelles et enfin l’écriture d’un roman. Le tout premier L’Enfer Blanc, écrit lorsque j’avais 20 ans, ne fut jamais publié. Une histoire médiévale fantastique bourrée de défauts de jeunesse. Ce fut un ex-cellent exercice d’apprentissage pour moi.

Quelles sont tes influences ?

Elles sont nombreuses. La musique d’abord, car je ne peux écrire sans musique. Pour L’Enfant du Cimetière, ce fut les balades de NIN passées en boucle, Le Manoir aux Esprits le groupe Cranes (l’album

Forever) et Magma, les envolées psychédéliques de Muse et le groupe mythique de jazz avant-gardiste Mag-ma.

Les livres évidements et des auteurs comme Richard Matheson, Franck Herbert, Jack Vance, J.R.R Tolkien, Michael Moorcock m’ont profon-dément marqué pendant mon adoles-cence. Et puis il y a des écrivains de ma génération comme Sire Cédric ou Morgane Caussarieu qui ne me lais-sent pas indifférent.

Tes deux premiers romans, L’enfant du cimetière et Le manoir aux esprits, sont d’abord parus à compte d’auteur avant de sortir aux édi-tions Juste Pour Lire. Le parcours vers l’édition a-t-il été difficile ? Comment cela s’est-il passé ?

Au début, j’ai fait comme tous les jeunes auteurs. J’ai envoyé mon ma-nuscrit à plusieurs maisons d’éditions et bien sûr, que des refus. En 2006, je découvrais qu’il était possible « d’édi-ter » son livre en passant par internet, en l’occurrence Lulu.com, d’envoyer un fichier numérique et quelques jours plus tard, recevoir son livre par la Poste ! Le concept était tout bonne-ment incroyable et le coût du livre très raisonnable. La qualité globale était de bonne facture et j’ai commencé à faire connaître mon livre, par le biais des réseaux sociaux comme MySpace. J’ai vendu ainsi par correspondance, près de 300 exemplaires de la 1ère

édition de L’Enfant du Cimetière. Je fus remarqué par Jacques Sirgent du Musée des Vampire lors du salon Encres de Sang. Il me donna le contact d’un nouvel éditeur qui était à la recherche de romans jeunesse. Les éditions Juste Pour Lire ont donc publié mon premier livre, avec une couverture inédite, accompagnée de somptueux petits dessins à chaque fin de chapitre. Merci Cécile Rastouil pour ton talent !

Tu as abordé le conte gothique avec L’enfant du cimetière (qui a d’ail-leurs reçu le Prix littéraire 2012 de la ville de Somain catégorie jeu-nesse ainsi qu’élu coup de cœur des libraires FNAC), le fantastique clas-sique avec Le manoir aux esprits et tu plonges maintenant dans la Fan-tasy avec ton troisième roman : Magma. Y a-t-il d’autres genres que tu aimerais explorer ?

Oui. Je ne n’écris que des one shot. Je déteste me répéter car je m’ennuie très vite. J’aime aussi prendre des risques. Le prochain roman sera radicalement différent puisqu’il s’agira d’un polar S-F. Mais je ne m’interdis pas de revenir à la Fantasy ou au conte gothique. Il faut juste trouver la bonne idée, le déclic et on se met au travail.

Comment procèdes-tu à l’élabo-ration d’une histoire ? As-tu une technique d’écriture bien spéci-fique ? Des rituels ?

34

A la rencontre de Pierre Brulhet

Littérature

Page 35: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Avant tout j’ai besoin de m’isoler. Et la musique m’y aide. Je ne suis jamais aussi concentré pour écrire que quand je prends le train par exemple. Le casque me coupe du monde, me crée une bulle et ne me laisse pas d’autre choix que de plonger dans mon his-toire.

Pour commencer un livre, je procède d’abord par un découpage par chapitre. Je sais alors exactement où je vais. Cela me rassure et ensuite je peux développer le récit sur une base solide. J’accorde aussi une grande attention à la fin de l’histoire. J’aime que le lecteur soit surpris.

Quels sont tes prochains projets ?

J’ai eu la chance de collaborer avec la réalisatrice et comédienne Stéphanie Florentina, pour un court-métrage som-

bre romantique « La Nuit du Sai-gneur », dont j’ai écrit le scénario et dialogues. Le teaser est déjà visible sur YouTube et le film sort le 28 juin pour le festival Bloody WE. Le résultat est vraiment magnifique.

Sinon j’ai écrit la préface de Desti-nation Mars un recueil de textes S-F et qui est sorti courant mai aux éditions du Riez.

Mon 4ème roman est terminé. Il est en phase relecture. Ce sera un polar S-F saupoudré de fantastique et qui sortira aux éditions Juste Pour Lire, courant 2014.

J’ai commencé l’écriture d’un 5ème roman, pour un nouvel éditeur, mais là, je ne peux pas en dire plus, je suis tenu au secret.

Sinon, une nouvelle inédite doit paraître dans le n°18 de la Salamandre, et je dois encore écrire 2 nouvelles avant la fin de l’année pour 2 autres éditeurs.

Et pour terminer, je suis sur un collectif dans l’esprit Art Book (nouvelles et illustrations), sous le format Marvel, un somptueux projet mais là encore, je ne peux encore rien dire.

Un petit mot pour la route ?

Surtout gardez le cap ! Ne laisser personne contraindre votre route. Pour-suivez vos rêves, n’écoutez que votre instinct. Ils finiront par se réaliser avec de la sueur, du bon sens et une bonne idée.

Propos recueillis par Frédéric Livyns

35 28 mai 2013

Abandonné par une nuit pluvieuse, un bébé grandit parmi les Esprits du cimetière. Il connaîtra dans ce lieu intemporel, l’amitié et l’amour. Mais par leur incompréhension et leur cruauté, les « Vivants » voudront le forcer à vivre dans le monde réel, alors qu’une terrible menace plane sur le cimetière.

Disons-le d’entrée de jeu : L’enfant du cimetière de Pierre Brulhet est un véritable petit bijou. Cela faisait un bon moment que j’en avais entendu parler et que j’avais envie de le lire. Voilà qui est maintenant chose faite ! L’auteur nous livre ici un court conte gothique qui pourra être lu avec un égal plaisir par les plus petits et les plus grands.

Le cimetière et sa population sont incon-testablement influencés par le génie d’un Tim Burton mais Pierre Brulhet parvient néanmoins à y imposer sa griffe person-nelle.

Ne vous fiez pas à l’apparence naïve de cette histoire car elle est bien plus riche qu’il n’y parait de prime abord. L’auteur nous offre une véritable histoire riche en rebondissements et aux personnages aussi fouillés qu’attachants. La trame peut pa-raitre convenue mais l’auteur réussit à partir de quelque chose de classique pour en faire une histoire tout à fait originale.

Nous faisons la connaissance de Yoann, abandonné alors qu’il n’est qu’un bébé dans un cimetière. Georges, l’un des esprits du cimetière, le prendra sous sa responsabilité et sera comme un père pour lui. S’ensuit alors une aventure hors du

commun au cours de laquelle Yoann ren-contrera des personnages tantôt mystérieux tantôt touchants. Il sera même touché par l’amour.

Le suspense est présent tant en dehors du cimetière avec les vivants qui veulent en faire la réfection qu’à l’intérieur avec une menace mystérieuse sous la forme d’une malédiction.

Nous suivrons notre jeune héros au quo-tidien avec ses compagnons fantomatiques mais également dans l’univers réel durant une partie du roman.

Les morts sont aussi, voire plus, humains que les vivants, avec leurs désirs et leurs turpitudes. Ses sentiments qu’ils n’ont pu abandonner en passant dans l’autre monde.Mention spéciale avec le personnage de l’étang ! Oui, vous avez bien lu ! L’auteur fait d’un endroit un personnage à part entière ! Je ne peux que saluer l’imagi-nation débordante de Pierre Brulhet, son écriture plaisante d’où percent ça et là des éclats poétiques.

Vous le voyez, tous les ingrédients (sus-pense, amour, originalité) sont réunis pour vous procurer un excellent moment de lecture.

Ce livre est franchement une réussite alors n’hésitez pas à vous le procurer !

Frédéric Livyns

L’Enfant du cimetière

de Pierre Brulhet

Editions Juste pour lire, 140 p.

Page 36: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

!

Le Manoir aux esprits

Armand Lombre est archi-tecte. Son existence bien tranquille va être chamboulée par un héritage inattendu : un manoir normand en ruine. Pourtant aucun lien de pa-renté ne le rattache à cette demeure. Qui est donc cet étrange notaire ? Qui sont « ses ancêtres » qui ont habité dans ce manoir ? Que cher-chent à lui dire ces murs ? Mais est-il vraiment ce qu’il croit être ? Les catacombes de Paris, les 8000 mo-mies de Palerme, Istanbul, la Côte d’Ivoire...

Autant de voyages qui le mèneront à une vérité stupéfiante. Le Manoir aux Esprits, roman palpitant aux multiples intrigues se terminant par une nouvelle inédite, ravira les ama-teurs du genre.

Armand Lombre mène une existence morne et pesante. Seul son métier d’architecte lui apporte des satis-factions ainsi qu’une vague liaison à distance avec une bibliothécaire. Jus-qu’au jour où un mystérieux visiteur, notaire de son état, va l’informer qu’il est l’héritier d’un immense ma-noir en Normandie. Il ne voit aucun lien de parenté le reliant au généreux Don Gurt qui l’a couché sur son tes-tament, mais il emménage tout de même dans la demeure. Cette der-nière est en très mauvais état et de nombreux travaux sont à prévoir afin d’en assurer la restauration, ce qui ne l’effraie aucunement.

Un soir, alors qu’il culpabilise de laisser sa mère trop souvent seule, il décide de lui écrire une lettre. Lors de sa rédaction, il perd le contrôle et le message qu’il écrit est en fait l’appel à l’aide que lui fait l’un des esprits du manoir, un mystérieux « S ». A partir de ce moment, l’exis-tence de notre héros va basculer irrémédiablement. Il se voit confier la mission de rapporter des reliques des six précédents propriétaires du manoir et d’aménager un mystérieux caveau.

Armand va faire de nombreux voya-ges, de Paris à l’Afrique, afin de collecter les objets demandés. A un certain moment de l’aventure, il sera aidé dans sa quête par sa correspon-dante amoureuse qui est venue le retrouver.

Malgré ses airs de roman jeunesse, Pierre Brulhet nous livre ici un bon roman fantastique avec une intrigue à plusieurs niveaux. Nous décou-vrons des fragments de vie et de mort des précédents propriétaires du manoir, les liens qu’ils ont entre eux malgré les différences géographiques et temporelles, une menace diffuse

courant sur eux par-delà les années,…

Chaque personnage est très bien décrit et on s’imagine sans peine les voir défiler devant nous avec leurs espoirs, leurs craintes et leurs sec-rets. L’auteur agrémente son aven-ture de nombreux détails nous per-mettant d’être complètement dépay-sés et immergés dans son récit. Amour, voyage, suspens, secrets, trahisons, énigmes… Pierre réunit une foule d’ingrédients, fait mitonner le tout et nous fait finalement déguster une recette savoureuse.

Un roman jeunesse oscillant entre fantastique et aventures, bien plus adulte qu’il n’y paraît, dont la lecture est à conseiller à tout âge !

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La critique

« Malgré ses airs de roman jeunesse, Pierre Brulhet nous livre ici un bon roman fantastique avec une intrigue à plusieurs niveaux. »

Frédéric Livyns

de Pierre BrulhetEditions Juste pour lire

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 37: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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Magma

OrKrün, la planète aux deux soleils qui ne connaît jamais de nuit, se meurt. Depuis quelques années Kon et noK grossissent dans le ciel, transformant le désert qui recouvre le monde en une véritable fournaise qui s’accentue chaque jour. Alors que les guerres tribales font rage et que peu à peu les citadelles noires mouvantes répandent leurs présences néfastes, un petit groupe d’aventuriers va se constituer pour se mettre en quête d’un remède qui sauverait le monde d’une fin inéluctable.

Mais pour y arriver, ils devront affronter les redoutables D’Oms, leur reine amazone, Gorbëy, et son armée de fous, les spectres des Gardiens ou encore les redoutables Krügs. A la recherche d’indices, ils devront tra-verser des lieux aussi insolites que le Désert de Verre, Cratère-Ville, le Grand Arbre, les ruines d’une cita-delle engloutie ou les mines de sel de Colmör.

Y arriveront-ils ? La Flèche des Géants n’est-elle qu’un mythe ? Le providentiel Dieu Mün n’est-il pas un imposteur ?

Autant de questions et de mystères que le groupe d’aventuriers mené par Bolkän et Oktö devra résoudre pour avoir une chance de sauver OrKrün de l’agonie de ses soleils.

Magma est le troisième roman de Pierre Brulhet aux éditions Juste

pour lire. Après avoir fait un conte gothique flamboyant avec L’enfant du cimetière et un excellent roman fantastique avec Le manoir aux esprits, il nous revient avec Magma dans un nouveau genre : la Fantasy. Rares sont les auteurs à pouvoir passer d’un genre à l’autre avec un égal bonheur. Pourtant, Pierre est incontestablement de ceux-là !

Magma nous plonge dans une aventure épique incroyable ! OrK-rün, planète aux deux soleils, se meurt. Oktö et Bolkän, deux guer-riers dont l’armée a été décimée, se voient confier la mission de la sau-ver. Pour cela, ils devront constituer un groupe d’aventuriers qu’ils recru-teront au fur et à mesure de leur quête.

L’auteur nous fait voyager au sein d’un univers incroyablement riche sans que l’on ne se sente le moins du monde perdu tant il prend soin d’apporter le détail utile juste au moment opportun. La sensation de dépaysement est totale pour notre plus grand bonheur. Le rythme et soutenu car il ne se passe pas trois pages sans que quelque chose ne survienne, apportant de plus en plus de pierres à l’édifice.

L’univers mis en place par Pierre Brulhet m’a, par moment, fait penser aux mondes délirants auxquels un Brussolo de la grande époque Fleuve Noir était capable de donner vie. Il y a même de l’érotisme tel qu’en fai-sait Jeffrey Lord dans la série Blade aux éditions Plon. Et, par moments, on a vraiment la sensation d’avoir le visage balayé par le souffle épique d’un roman de Lin Carter (célèbre entre autres pour sa série Thongor) ou Gardner Fox (Kothar le barbare). Et un final époustouflant de justesse nous attend !

Ce mélange d’aventure, de sexe, d’humour, de folie, nous donne droit à un excellent moment de lecture !

Je me demande quel lapin le magi-cien Pierre Brulhet va faire sortir de son chapeau la prochaine fois. Une chose est certaine cependant : je me jetterai dessus !

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La critique

« Magma nous plonge dans une aventure épique incroyable ! »

Frédéric Livyns

de Pierre BrulhetEditions Juste pour lire

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

28 mai 2013

Page 38: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Dans cet ouvrage, le célèbre auteur américain Paul Auster nous plon-ge dans une double fiction.

Tout d’abord, nous découvrons Owen Brick, un homme d’une vingtaine d’an-nées qui se retrouve du jour au len-demain soldat dans une guerre opposant les états fédéraux des U.S.A aux états rebelles que sont New-York, le New-Hampshire, la Californie et autres. Rapidement, il est informé qu’il est le seul pouvant mettre un terme au carnage qui s’y produit.

Pour cela, il doit supprimer la personne qui a créé cet univers.

Un vieil homme du nom d’August Brill.Nous revenons alors dans notre époque actuelle, quelque part dans le Connec-ticut, États-Unis, en 2008.

August Brill est là, dans sa chambre, pris d’insomnie pour la énième fois.

On se rend alors compte que l’histoire qui nous était narrée jusqu’à présent est en fait une pure invention de celui-ci et qu’il a commencé à la mettre au point

afin de tuer le temps jusqu’au petit matin.

Alors que le temps passe, il se met à ressasser tout ce qu’il lui est arrivé ces derniers mois : son accident de voiture qui l’a rendu invalide ; la mort de son épouse Sonia ; le divorce de sa fille Myriam ; la mort en Irak du compagnon de sa petite-fille Katia et la dépression lente et destructrice de celle-ci, arrêtant ses cours à l’université et se renferment chez elle, regardant des films d’auteurs toute la journée et cela depuis plusieurs mois.

Lorsque Katia, ayant entendu du bruit, entre dans sa chambre, commence un dialogue attendrissant où Auguste lui raconte sa rencontre avec sa grand-mère, les différents aléa de sa vie et de celles des personnes qu’il a rencontrées et qui l’ont marqué.

Dans cet ouvrage, Paul Auster démontre une fois de plus sa virtuosité d’architecte de la littérature et invente entre l’ima-ginaire et le réel de vertigineuses pas-serelles.

Loïc Bertiau

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Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Seul dans le noir

de Paul Auster

Editions Actes Sud, Babel, 324 p.

« L’Histoire est une suite de mensonges sur lesquels on est d’ac-cord », affirmait Napoléon 1er. Mais derrière cette formule, se cachent le plus souvent des drames humains comme l’ont démontré récemment le mensonge des armes de destruction massive de l’Iran ou les changements du cours de l’histoire comme la bataille de Valmy ou l’attaque de Pearl Harbor.

Ce livre/document fait le tour de dif-férentes époques. Cela commence par Clovis en 496, en passant par la peur de l’An 1000, la Papesse a-t-elle réellement existé, qui a assassiné Henri IV ? On passe également par les mystères des Protocoles de Sion, les mythes de Pearl Harbor, les mensonges de la Première Guerre mondiale. Pourquoi l’Armée rouge a-t-elle si facilement cédé face aux troupes d’Hitler ? Quelle est la vérité sur le charnier des forêts de Katyn qui révéla 25 700 morts ? Bormann, l’âme damnée d’Hitler a-t-il échappé au brasier de Berlin ? Qu’en est-il réellement des avions renifleurs ? Qui était réellement Bokassa 1er, l’empereur cannibale ? Ceaucescu, le Koweit et bien d’autres choses encore…

Un livre document qui se lit presque comme un roman. Des chapitres courts, des propos bien documentés s’appuyant sur des travaux les plus sérieux, même si les sources ne sont pas forcément citées.

Journaliste, écrivain et homme de radio, Patrick Pesnot est producteur de l’émis-sion « Rendez-vous avec X » depuis 1997 sur France Inter. Il est l’auteur de « Morts suspectes sous la Ve Républi-que », « Terrorisme islamique », « Espions russes de Staline à Poutine », « La face cachée des Etats-Unis », « Les Grands espions du XXe siècle » et « Les dessous de la Françafrique » dans la collection « Les dossiers secrets de Monsieur X ». Quant à Monsieur X, personne ne sait qui il est, encore un mystère à élucider.

Un livre intéressant pour tous les curieux de l’Histoire.

Marc Bailly

Les Grands mensonges de l’histoire

de Patrick Pesnot et Monsieur X

Editions Hugo, 314 p.

Page 39: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Patrick Poivre d’Arvor est né en 1947. Journaliste sur France Inter, An-tenne 2, Canal+, et surtout TF1 où il a présenté le journal télévisé pendant plus de vingt ans, il est également l’auteur de nombreux romans parmi lesquels Les enfants de l’aube, Un héros de passage, L’irrésolu, La mort de Don Juan, J’ai tant rêvé de toi. Il a également publié des anthologies de poèmes et de corres-pondances et plusieurs documents et biographies avec son frère Olivier. Tou-che-à-tout médiatique, on l’aime ou pas, Patrick Poivre d’Arvor est un homme de talent et un homme de littérature autant qu’un journaliste de renom.

Dans ce livre, il se raconte pour la pre-mière fois à travers les passions et les grandes rencontres qui ont marqué sa vie. Avec pudeur, élégance et sensibilité, PPDA a écrit un livre plein d’admiration, empreint de nostalgie et soucieux de vérité. Il évoque les visages et le sou-venir de celles et ceux qui ont compté pour lui, comme de ceux qui ont fait l’actualité dans tous les domaines.

Il révèle les grandes amitiés littéraires qui ont façonné l’homme qu’il est devenu : Marguerite Duras, Louis Ara-gon, JMG Le Clézio, Jean-Edern Hal-

lier… Amoureux du sport et des voya-ges, il a croisé la route d’Alain Mimoun, Louison Bobet, Eric Tabarly, Paul-Emile Victor… Mais aussi Edith Piaf, Maria Callas, Jacques Brel, Georges Brassens, Sœur Emmanuelle, l’abbé Pierre, Jean-Paul II dont il trace des portraits émou-vants.

Mais les souvenirs ce sont aussi les ac-teurs majeurs de la vie politique interna-tionale : Saddam Hussein, Kadhafi, Clinton, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande. Cette proximité qu’il a établie avec la plupart d’entre eux ne l’a pas dispensé de garder son franc-parler.

Ce livre nous permettre avant tout de redécouvrir le grand journaliste qu’est Patrick Poivre d’Arvor, profondément sincère dans l’exercice d’un métier qui se confond avec l’histoire d’une vie faite d’enthousiasme, de bonheur, mais aussi d’épreuves et de drames personnels.

Un must !

Marc Bailly

Quand on a une poule aux œufs d’or, on l’exploite. Alexandre Astier ne démentira pas. Après avoir décliné sa propre série en histoires de plus en plus longues, parcouru le passé d’Arthur à Rome et avoue préparer les films, Astier se lance aussi dans les aventures d’Ar-thur de Kaamelott en bande dessinée. Alors, vulgaire exploitation ou réussite d’un homme multi-talents (musique, réalisation, scénario et interprétation) ?

L’histoire, contemporaine au livre I de la série télévisée, raconte cette fois-ci la visite d’Arthur en Carmélide, foyer maternel de Guenièvre. Mais la vie d’un roi n’est jamais tranquille et des tribus inconnues venues du Nord en bateau menacent les côtes. La Reine est enlevée pour mettre la pression sur les défen-seurs. Arthur, chef des armées et des peuplades du territoire est en conflit avec Leodagan, son beau-père, qui ne veut que l’indépendance militaire et écono-mique de la Carmélide. Entre deux disputes et foirages des bras cassés du royaume, il faut tout de même protéger les côtes et délivrer la Reine …

En parcourant les pages, on se rend bien compte que c’est de l’exploitation de la marque qu’Astier produit. Mais contrai-rement à une autre épopée adoptées en BD, ce n’est pas un copier-coller de ce que l’on a vu à la télévision. Même si l’on garde le verbe de chaque person-nage, les histoires, elles, sont originales et la dernière en date est intéressante et bourrée d’humour. Le dessins de Steven Dupré, dessinateur belge, est agréable quoique parfois trop réaliste pour de la fantasy (on lui doit le premier tome de la saga Interpol, Bruxelles – L’affaire Pat-rice Hellers). L’un des autres gros avantages, c’est que les histoires ne se suivent pas totalement, vous pouvez donc lire ce dernier opus sans connaître les précédents.

Kaamelott en BD, finalement, c’est pas si mal. Malgré quelques défauts à gauche ou à droite ainsi que quelques baisses de rythmes, Astier a voulu offrir de la qua-lité et de l’inédit à son public.

Loïc Smars

39 28 mai 2013

Seules les traces font rêver

de Patrick Poivre d’Arvor

Editions Robert Laffont, 369 p.

Kaamelott - Contre-attaque en Carmélide

d’Steven Dupré et Alexandre Astier

Editions Casterman, 48 p.

Page 40: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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La Conjuration primitive

Une véritable épidémie de meurtres ravage la France.

D’un endroit à l’autre, les scènes de crime semblent se répondre. Comme un langage ou un jeu.

Plusieurs tueurs sont-ils à l’œuvre ? Se connaissent-ils ?

Très vite, l’Hexagone ne leur suffit plus : l’Europe entière devient l’en-jeu de leur monstrueuse compétition.

Pour mettre fin à cette escalade de l’horreur, pour tenter de comprendre, une brigade pas tout à fait comme les autres, épaulée par un célèbre pro-filer.

Après un long détour par le thriller historique, avec son diptyque Paris 1900 et l’aventure merveilleuse, avec la série Autre Monde, Maxime Chattam revient au genre qui a fait son succès, le polar horrifique, avec une Conjuration primitive pour le moins efficace.

La formule est connue depuis que Jean-Christophe Grangé a ouvert grand les portes avec Les Rivières Pourpres : une série de meurtres gra-tinés, des indices quasi inexistants et des enquêteurs qui tentent par tous les moyens de penser comme les assassins, au risque de flirter avec leurs plus sombres pulsions. La qualité du roman ne se situe donc pas

tant au niveau du sujet, mais bien de son exécution et de l’équilibre subtil entre ses divers ingrédients.

Ici, annonçons-le d’entrée de jeu, le chef coq Chattam a mis les petits plats dans les grands, allègrement fait chauffer les fourneaux et miton-né une repas de fête où rien ne manque : des descriptions à faire grincer des dents, des tueurs bien barrés que rien n’arrête ou presque, des perversions tricotées 21e siècle, des enquêteurs au comportement à la fois trouble et obsessionnel et surtout cet élément qui fait le sel de l’écri-ture chattamesque depuis les débuts : une réflexion bio-sociologique sur cette violence qui baigne notre so-ciété au quotidien et qui nous pousse vers l’ultime question : « Et si finalement, cette sauvagerie, cette cupidité, cette violence sans limite était inhérente à la race humaine ? ».

La constatation manque certes un peu d’humanisme, mais a le mérite d’interroger le lecteur.

On se réjouira peut-être moins face au léger manque d’originalité de cette Conjuration. Là où les premiers chapitres semblent s’orienter vers

une terrifiante internationale des se-rial-killers, la résolution de l’énigme prend des chemins un rien trop balisés... Surtout pour les lecteurs gloutons qui parcourent chaque an-née les rayonnages de leurs librairies favorites pour dévorer des kilomètres de polars d’inspiration sanglante.

Reste que pour son « retour aux affaires », Maxime Chattam est loin de décevoir et brosse le portrait d’une équipe de chasseurs de tueurs que l’on imagine facilement vivre de nouvelles aventures dans un avenir plus ou moins proche.

40

La critique

« Ici, annonçons-le d’entrée de jeu, le chef coq Chattam a mis les petits plats dans les grands. »

Christophe Corthouts

de Maxime ChattamEditions Albin Michel

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 41: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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Quand la mort arrive de Carine AnselmeLa Conscience de la nature de Alessandra Moro Buronzo

Le Mystère des guérisseurs d’Audrey MougeIntuition et 6ème sens de Jocelin Morisson

En voilà une collection intéressante ! Une nouvelle collec-tion à la frontière des sciences et de la spiritualité. Comme le dit le directeur de collection « Mon ob-jectif est de montrer que ces phé-nomènes dits surnaturels sont extrê-mement répandus un peu partout sur le globe et d’émettre des hypothèses pour les expliquer en présence de scientifiques qui les ont étudiés. »

Quatre titres nous sont présentés pour inaugurer cette collection.

Intuition et 6e sens propose une enquête extraordinaire à propos de la diversité et de la richesse des mani-festations du 6e sens et nous apprend en même temps à utiliser notre cerveau intuitif. De l’intuition à la voyance, en passant par l’inspiration, la créativité et même le génie, le 6e sens est une réalité, bien que sa nature et ses mécanismes échappent toujours à la science. Prémonition, vision à distance, télépathie… sont les manifestations d’une même faculté naturelle dont nous sommes tous dotés et que nous pouvons tous développer.

Le mystère des guérisseurs. Quels sont leurs domaines de compétence ? Ils imposent les mains, soufflent « le froid », manipulent les corps, soi-gnent par les plantes ou murmurent des formules secrètes. Ils soulagent souvent et guérissent parfois « mira-culeusement » des malades que la médecine officielle doit parfois aban-donner à leur sort.

Guérisseurs, rebouteux, magnéti-seurs, barreurs de feu, faiseurs de secret, ces thérapeutes, qui suscitent à la fois méfiance et curiosité, restent la source de bien des interrogations. Le mystère des guérisseurs signe une enquête à la frontière des médecines.

La conscience de la nature. Instinct ou 6e sens ? Les animaux, dotés d’étranges facultés qui échappent à la science, présentent parfois des comportements extraordinaires, une capacité d’orientation hors du com-mun et même un sens de la pré-monition. De même, pour les cha-manes vivant en Amazonie, les plan-tes renferment un savoir et trans-mettent un enseignement. La nature ne serait-elle qu’un vaste champ d’intelligence ? Cette enquête révèle la diversité et la richesse des pou-voirs de la nature et nous apprend à communiquer avec elle.

Quand le mort arrive. A l’approche de la mort, on assiste à des phéno-mènes incroyables de conscience accrue : visions, vécus subjectifs de contacts avec des défunts, intuition et décision du moment de la mort. Quand la mort arrive nous donne les clés pour découvrir, comprendre et apprivoiser ces phénomènes, nous aidant ainsi à dépasser notre angoisse de la mort, à accompagner au mieux

ceux qui vont mourir et à mieux vivre notre vie.

Stéphane Allix est le fondateur de l’INREES (Institut de Recherche sur les Expériences Extraordinaires), et du magazine Inexploré et l’animateur de la série de documentaires « En-quêtes extraordinaires » sur M6. Pour cette collection, il s’est entouré de journalistes passionnés dans leur domaine. Cela nous donne des petits livres vachement intéressants, clairs, qui font le tour d’un sujet de manière simple et documenté. Des livres faits pour le grand public, mais écrits de manière sérieuse.

Le spirituel prend de plus en plus de place dans nos vies. L’analyse scien-tifique ne doit pas pour autant être laissée de côté. Cette collection plonge au cœur des phénomènes inexpliqués les plus incroyables avec un traitement journalistique sérieux et respectueux des témoins qui vivent des événements parfois dans la douleur et trop souvent sous le regard amusé ou sceptique de leurs interlocuteurs. Très intéressant !

41

La critique

« Une nouvelle collection à la frontière des sciences et de la spiritualité. »

Marc Bailly

Editions de la Martinière

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

28 mai 2013

Page 42: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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Le Vallon des Parques

Vichy, 1943. Aux portes de la ville, plusieurs fillettes ont été sauvagement assassinées. Dans les fermes de la montagne bourbonnaise, on évoque un animal ou des truands profitant du désordre. Voire même un aliéné. Les autorités se perdent en conjectures. Pour André Lange, di-recteur de la police judiciaire et ancien des Brigades mobiles, trouver le meurtrier serait l’occasion de re-venir en grâce aux yeux des maîtres du nouveau régime. Son adjoint, le commissaire Montford, n’a pas les mêmes ambitions ni les mêmes amitiés. Pour manœuvrer entre les exigences de Lange, celles de l’occu-pant et les mauvais coups de la Milice, Montford compte sur Adèle Bréal, une belle femme qui ne dédaigne pas l’affection de certains officiers nazis. Elle est la seule qui pourrait avoir accès à certains docu-ments sensibles. Alors que les poli-ciers progressent dans l’enquête, un étrange secret lié à un site archéo-logique auvergnat les met subitement en danger de mort. Cet endroit et les objets qu’on y a retrouvés intéressent en effet au plus haut point l’Ahne-nerbe, l’institut nazi chargé de prou-ver la supériorité aryenne. A l’heure de la chute de Stalingrad, les SS cherchent par tous les moyens et dans tous les pays l’arme qui pourrait modifier le cours de la guerre...

Difficile exercice pour un auteur que celui de trouver l’équilibre entre

l’Histoire et l’histoire, lorsqu’il se donne pour mission d’offrir aux lec-teurs un thriller sur fond de réalité. Maxime Chattam lui-même a dû s’y reprendre à deux fois pour trouver la bonne formule, avec Leviatemps et Le rituel des abysses, l’un et l’autre construit autour de la fascinante exposition universelle de Paris en 1900.

Le piège de ce type de récit ? Voir le décor noyer la narration à force de détails, de détours et de personnages réels... Ou au contraire, voire l’action tordre la vérité historique... au point de voir les amateurs les moins regar-dants lever les yeux au ciel devant tant de liberté.

Avec Le vallon des Parques, Sylvain Forge n’est pas loin d’avoir réussi son coup ! Sa description du Vichy de la Seconde Guerre mondiale, univers peu glorieux où se croisent collaborateurs zélés, administratifs soumis, résistants de la première heure et pragmatiques gênés aux entournures par les excès du régime totalitaire, est dépeint avec assez de punch pour satisfaire à la fois les fous de romans historiques et les

amateurs de page-turner. La narra-tion s’en sort aussi avec les hon-neurs, mêlant avec goût la fasci-nation du Troisième Reich pour l’oc-culte et les civilisations fantasmées et la violence ordinaire d’hommes saoulés par les excès du pouvoir. On reprochera peut-être à l’auteur d’a-voir voulu travailler sur un canevas un rien trop large, obligeant parfois la narration à effectuer des bonds de cabris et aux événements à s’enchaî-ner avec un peu trop d’entrain. D’au-tres diront qu’il a voulu simplement rendre un hommage appuyé aux romans feuilletons populaires, qui firent les grands jours des illustrés du début du vingtième siècle.

Quoi qu’il en soit une lecture relevée, plaisante et érudite sans être pesante.

42

La critique

« Sa description de Vichy est dépeint avec assez de punch pour satisfaire à la fois les fous de romans historiques et les amateurs de page-tuner. »

Christophe Corthouts

de Sylvain ForgeEditions Toucan Noir

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

Page 43: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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Le Vieil homme et la mer

Ernest Hemingway est né en 1899 à Oak Park, près de Chicago.

En 1917, il entre au Kansas City Star comme reporter, puis s’engage sur le front italien. Après avoir été quel-ques mois correspondant du Toronto Star dans le Moyen-Orient, Hemin-gway s’installe à Paris où il com-mence à apprendre son métier d’éc-rivain.

Son second roman, Le soleil se lève aussi, le classe d’emblée parmi les grands écrivains de sa génération. Le succès et la célébrité lui permettent de voyager aux États-Unis, en Afri-que, au Tyrol et en Espagne notam-ment.

En 1936, il s’engage comme corres-pondant de guerre auprès de l’armée républicaine en Espagne Cette expérience lui inspire Pour qui sonne le glas. Il participe à la guerre de 1939 à 1945 et entre à Paris comme correspondant de guerre avec la division Leclerc. Il continue à voyager après la guerre.

Le vieil homme et la mer paraît en 1953. Il reçoit le prix Nobel de litté-rature en 1954.

Malade, il se tue en juillet 1961 dans sa propriété de l’Idaho.

Ce livre a pour héros Santiago, un vieux pêcheur cubain pauvre et pas-sionné de base-ball.

La seule personne à laquelle il tient encore est un jeune garçon qui l’accompagne à la pêche et qui s’appelle Manolo.

Mais la pêche est depuis longtemps mauvaise et les parents du gamin ne veulent plus qu’il aille avec ce vieil homme qui n’a pas rapporté un poison depuis 84 jours. Par défi envers la vie et envers lui-même, Santiago prend son bateau le 85ème jour et part seul en mer.

Un énorme espadon mord alors à son hameçon. Après une lutte terrible de plusieurs jours sans repos, il prend enfin l’avantage sur le poison et finit par le harponner.

Mais l’espadon est trop grand pour pouvoir être mis complètement dans la barque, ce qui oblige Santiago à laisser une partie de son corps flotter dans l’eau.

Attirés par l’odeur du sang, de nombreux requins viennent s’en prendre à la carcasse du majestueux animal et le démembrent pièce par pièce malgré la résistance coura-geuse de Santiago.

Quand celui-ci arrive finalement au port, il ne reste de la bête que sa tête et l’arête.

Il faut voir dans ce poème épique un thème cher à Hemingway : la victoire dans la défaite.

Un homme ne triomphe jamais tout à fait, mais ce qui importe c’est l’effort pour braver le destin.

Dans cet ouvrage, Hemingway réus-sit la synthèse difficile entre une vision réaliste de la vie et une mystique du courage et de l’espoir indestructible de l’homme.

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La critique

« Un homme ne triomphe jamais tout à fait, mais ce qui importe c’est l’effort pour braver le destin. »

Loïc Bertiau

de Ernest HemingwayEditions Gallimard Jeunesse

Cinéma / Musique / Scène / Littérature / Arts

28 mai 2013

Page 44: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Happy Birthay Mr. Suricate

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1963

The Rolling stones

C’est donc en 1963, il y a cinquante ans, que les Rolling Stones enregistrent leur premier single, une reprise de Come on de Chuck Berry. Cette bande de petits Anglais remuants savent-ils déjà qu’ils vont entrer dans l’histoire du rock ? Sans doute pas...Un temps positionné par les petits rigolos de la promo comme les « ennemis » des Beatles, Mick Jagger, Keith Richards, Charlie Watts, Brian Jones, Bill Wyman et Ian Steward (rapidement remercié) doivent pourtant leur premier vrai succès, au tout début 1964, à I Wanna be your Man, composé par... Lennon et McCartney !

La réelle opposition entre les Stones et les Beatles est finalement musi-cale, plus que personnelle. Alors que les quatre de Liverpool vont poursuivre une carrière courte mais pour le moins riche en innovations de toutes sortes, les Stones sont toujours là après cinquante ans et cultivent à merveille un blues/rock électrique, énergique, violent pres-que, dont les racines sont à chercher du côté de Robert Johnson, Muddy Waters ou encore Chuck Berry.Ce n’est pas pour autant que Jagger et sa bande ne se laisseront pas tenter par d’autres sirènes musica-les. Ainsi, ils vogueront sur les flots d’un rock plus psychédélique, avec She’s like a Rainbow, ou encore Rubby Tuesday... Effectue-ront un passage étrange sur les rivages de la pop, voire même de la variété tendance disco avec Miss

You ou encore She’s Hot... avant de revenir dans une forme rock’n’roll éblouissante avec Voodoo Lounge ou encore A Bigger Bang, dans les années 2000. Pour fêter leur cinquante ans de règne, point de nouvel album, mais une xième compilation, accompagnée de deux inédits... Dont l’atomique Doom and Gloom, avec sa structure impa-rable, bâtie sur un riff de guitare de Keith Richards qui a scotché plus d’un rockeur grisonnant dans sa chaise roulante !

En cinquante ans de carrière, les Rolling Stones, ce sont aussi les drames, les excès, les folies, les délires, les déchirures et les éternels soupçons de cupidité galopante.Parmi les drames, difficile de passer à côté de la mort de Brian Jones, membre fondateur, retrouvé noyé dans sa piscine, alors que sa dépen-dance à la drogue et à l’alcool le condamnait à quitter le groupe. Ou d’oublier le terrible concert gratuit d’Altamont, en Californie, en 1969. Devant 300.000 personnes, en plein concert, un jeune Noir est tué de plusieurs coups de couteau par le service de sécurité des Stones, composé de Hell’s Angels.Les excès, c’est évidement la dro-gue, le sexe, l’alcool, la destruction des chambres d’hôtel... Les Stones empruntent la rock’n’roll way of live... Et aujourd’hui encore il est surprenant de découvrir qu’ils n’aient pas payé un tribu plus lourd à un style de vie pour le moins extrême... mais qui ne manquait

pour autant pas de pouvoir créatif. Jamais très loin des studios, les Stones ont enchaîné, même dans leurs pires périodes, les standards du rock avec une régularité de métronome.Cette créativité, qui s’appuie sur le duo Jagger/Richards, vacillera sou-vent, les deux musiciens étant peu avares en vacheries l’un envers l’autre... Mais de cette union tumul-tueuse naquirent pourtant de magni-fiques bambins, Richards s’arran-geant toujours pour contrer les penchants dandy-pop de Jagger ; ce dernier arrondissant les arêtes parfois trop abruptes de son vieux pirate de guitaristes, de mélodies moelleuses.

Aujourd’hui, apaisés mais toujours aussi sauvages sur un scène (un petit coup sur Shine A Light mis en scène par Martin Scorcese suffit à le vérifier...), les Stones sont souvent accusés d’être devenus des gestionnaires d’un patrimoine co-lossal, transformant leur moindre apparition en événement mercan-tile, le prix des billets de leurs concerts atteignant des sommets d’indécence. A cela on pourra tou-jours répondre que personne n’obli-ge les spectateurs à mettre la main au portefeuille, que l’ouvre des Stones est accessible sur de nom-breux supports et surtout que le visage de Keith Richards lorsqu’il plaque les premiers accords de Satisfaction est le meilleur témoin du plaisir qu’ils prennent encore à nous ramoner les cages à miel !

Christophe Corthouts

Page 45: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

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1988

Le silence des agneaux de thomas harris

Il existe des romans « réfé-rences », des histoires que les lecteurs, les critiques, les produc-teurs, les amateurs et les spécialistes considèrent comme les mètres-étalon à partir desquels toutes autres œuvres, ou presque, doivent être mesurées. Si l’on parle de vam-pires, difficile de passer à côté de Bram Stoker et son Dracula. En science-fiction, citons Dune, de Frank Herbert, ou encore 2001, l’odyssée de l’Espace, de Arthur C. Clarke. La vague des techno-thriller s’est amplifiée après la sortie du Parc jurassique, de Michael Crichton.

Le polar horrifique, tendance en-quête minutieuse et étude de carac-tères approfondies du Mal incarné, n’a aucune difficulté à trouver son phare dans la nuit : Le silence des agneaux, de Thomas Harris.

Pourtant, ce roman paru en 1988 n’est PAS la première apparition d’Hannibal Lecter - il est déjà présent dans Dragon rouge, le précédent roman de Harris - et ne constitue pas non plus la première incursion romanesque dans le domaine des sérial-killers. On ne citera que Psychose, de Robert Bloch, qui deviendra le chef-d’œuvre d’Alfred Hitchcock, paru en 1959. Mais alors pourquoi ? Pourquoi celui-ci et pas un autre ?On pourrait sans doute évoquer l’effet d’entrainement provoqué par l’excellente adaptation cinémato-graphique, mise en scène par Jona-

than Demme, qui débouchera sur une solide moisson d’Oscar, à la cérémonie de 1992.Mais cela serait oublier que le roman est déjà très populaire lorsque Jodie Foster se glisse dans le costume de Clarice Starling.

Non, ce qui fait sans doute le succès du Silence des agneaux et qui va le transformer en une pierre angulaire dans la culture populaire, c’est certainement l’incarnation du Mal que représente Hannibal Lecter... ainsi que la profonde mutation que subit alors le monde occidental dans son ensemble. Alors que les années ’80 sont dominées par l’antagonisme Est-Ouest et les « héros » qui en résultent, l’aube d’une nouvelle décennie est mar-quée par la fragilisation des valeurs manichéennes. Comme à son habitude, la littérature sera à l’avant-poste de la réflexion et de la mise en lumière d’un nouvel ennemi : le monstre humain, celui qui vient de l’intérieur, qui a été élevé au sein même de la grande Amérique, mais qui a pris en pleine face la violence de ses contra-dictions, la folie de ses croyances religieuses, les frontières mouvan-tes de ses valeurs morales. Le serial-killer n’est rien d’autre que l’expression ultime de l’homo-consommateur, celui qui ne vit que pour ses pulsions, par ses pulsions et considère le monde qui l’entoure comme un vaste supermarché où tout ce consomme, tout se saisit, tout se détruit. Même l’humain.

Avec Le silence des agneaux, Thomas Harris construit non seule-ment un tueur glauque, repoussant, terrifiant, en la personne de Buffalo Bill... Mais il pousse le vice délicieux d’offrir au public Hanni-bal Lecter. Une figure centrale du roman - bien plus que dans Dragon rouge - qui prend à contrepied toutes les certitudes liées au mal : Lecter est cultivé, il n’a rien d’un bouseux, il est médecin, supérieu-rement intelligent... Dans un jeu de miroir fascinant, il est le consom-mateur qui a réussi, juché tout en haut de l’échelle sociale. Finale-ment plus pervers encore que Buffalo Bill.

Face à ces deux figures perverses, images d’une Amérique rongée par ses démons intérieurs, Thomas Harris parachève son chef-d’œuvre en leur opposant non pas un surhomme, mais la formidable Cla-rice Starling, personnage féminin forgé lui aussi au feu des dérives humaines, mais qui est parvenue à vaincre ses démons intérieurs... s’armant ainsi contre les attaques venues de l’extérieur.

Le silence des agneaux est donc le résultat d’une alchimie, un roman en équilibre entre le passé et le futur, un catalyseur des terreurs d’une Amérique en pleine mutation et, au final, un archétype narratif sur lequel de très nombreuses copies prendront exemple... Sans jamais l’égaler.

Christophe Corthouts

28 mai 2013

Page 46: Le Suricate Magazine - Dix-neuvième numéro

Happy Birthay Mr. Suricate

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1988

Adèle

Née le 5 mai 1988, Adèle fêtera cette année ses 25 ans. Alors qu’il y a encore quelques années, personne ne savait qui elle était, la chanteuse anglaise et sa voix envoûtante sont désormais au som-met des charts par le monde. Retraçons, pour cette édition anni-versaire du mois de mai, le chemin de cette jeune femme talentueuse qui laisserait plus d’une personne rêveuse.

Adèle est née dans le quartier de Tottenham à Londres où elle a passé toute son enfance. Elle chante dès l’âge de quatre ans et se passionne de plus en plus, tout au long de son adolescence, pour la musique. Cette époque est égale-ment celle des Spice Girls à qui Adèle, comme beaucoup de petites filles, voulait ressembler et qui l’ont d’ailleurs influencée au même titre que Jeff Buckley, Ella Fitzgerald ou The Cure. A seize ans, Adèle écrit sa première chanson intitulée Hometown Glory mais ce n’est qu’en 2007, alors que l’un de ses amis publie trois des chansons écri-tes par la chanteuse sur MySpace, qu’elle est remarquée par XL Recordings. A partir de ce moment, tout s’enchaîne rapidement pour celle que certains appellent déjà : « la nouvelle Amy Winehouse ».

En 2008, Adèle sort son premier album intitulé 19, qui se classe directement dans le top trois des charts britanniques et dont le journal anglais « Times » fera

l’éloge. En mars de la même année, Adèle entame une tournée aux Etats-Unis où l’album, vendu à plus de deux millions d’exemplaires à travers la planète, est certifié « or » par le Recording Industry Asso-ciation of America. Année après année, la chanteuse collectionne les récompenses en tous genres telles que « Grammy Awards », « Brit Awards », « NRJ Music Awards », « Golden Globe » et autres, pour ses prestations, son talent et ses albums. Et, cerise sur le gâteau, Adèle reçoit également une lettre de remerciement du Premier ministre britannique, Gordon Brown, où il affirme que, dans la crise écono-mique que connaît le pays, elle apparaît comme « une lumière au bout du tunnel ».

La chanteuse sort en 2011 son deuxième album intitulé 21, en hommage au succès croissant qu’elle a connu durant les deux dernières années. Ce deuxième opus, décrit comme ayant des raci-nes classiques, contemporaines et country, est très différent du pre-mier. Ce changement résulte de l’influence de son chauffeur d’auto-bus qui jouait de la musique contemporaine de Nashville alors qu’elle était en tournée dans le sud des États-Unis. A sa sortie, l’album connait un succès retentissant à tra-vers le monde puisqu’il est vendu à plus de vingt millions d’exem-plaires et, grâce à deux de ses titres Rolling in the deep et Someone like you, Adèle réussit la prouesse d’être

la première artiste vivante, depuis les Beatles en 1964, à accomplir l’exploit d’avoir deux hits dans le top cinq sur le Official Singles Chart et le Official Albums Chart simultanément.

En quatre ans, Adèle est mondiale-ment connue et collectionne les prix et les éloges. Elle n’est cependant pas au bout de ses surprises puisque 2012 fait de la chanteuse l’heureuse maman d’un petit Angelo dont le père est Simon Konacki, un directeur d’une association carita-tive et sa dernière chanson Skyfall, composée pour le 23e James Bond, a remporté l'Oscar de la meilleur chanson originale de film.

Pour ses projets futurs la chanteuse reste assez discrète. Néanmoins selon certaines sources, la jeune maman se serait déjà remise au travail et serait de retour dans les studios entourée par deux des meilleurs producteurs anglais, James Ford et Kid Harpoon, à qui l’on doit les meilleurs albums des Arctic Monkeys ou encore Floren-ce and The Machine.

En tout cas, nous sommes impa-tients d’entendre ses nouveaux morceaux, go Adèle go.

Emilie Lessire

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