LE SUD DES ÉTATS-UNIS

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GINETTE CHENARD LE SUD DES ÉTATS-UNIS

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GINETTE CHENARD

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GINETTE CHENARD

LE SUD DES ÉTATS-UNISROUGE, BLANC, NOIR

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À Nicolasavec ma fierté et mon affection

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AVANT-PROPOS ET REMERCIEMENTS

J ’ai écrit cet essai avec en tête des images, des rencontres, des lieux et des moments truffés d’enseignements profession-nels, de leçons de vie et d’amitiés que les habitants du Sud

des États-Unis m’ont offerts lors de mes séjours à Washington D.C. et plus précisément à Atlanta. Convaincue de l’intérêt certain que soulève cette région américaine et saisie par la singularité de sa culture politique traditionaliste, par les particularités de son expé-rience historique et par le caractère exceptionnel de son influence nationale, j’ai appréhendé à ma manière sa complexité. Elle se décline sur le plan à la fois culturel, politique, démographique, économique et social, et elle traverse des périodes qui vont de la colonisation jusqu’à l’époque républicaine contemporaine, en passant par celles de la guerre de Sécession et du Solid South démocrate. Devant une telle tâche, nul n’échappe à tout un spectre de réalités souvent dichotomiques qui colorent cette région et qui habitent une société qui allie aussi bien mythes anciens que pros-périté nouvelle. À ces sudistes, j’adresse la première expression de ma reconnaissance.

Je remercie Charles-Philippe David, fondateur de la Chaire Raoul-Dandurand en études stratégiques et diplomatiques de l’Uni-versité du Québec à Montréal (UQAM), de son invitation à me joindre à son équipe et à écrire sur le Sud. Je suis très reconnaissante à Frédérick Gagnon, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis et titulaire de la Chaire, d’avoir accepté de rédiger la préface de cet ouvrage et de m’avoir fidèlement accompagnée au cours de ce long processus de rédaction en me prodiguant conseils et encouragements aussi sincères que cordiaux. Je suis aussi vivement redevable à

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Richard Vengroff, professeur émérite en science politique de l’Uni-versity of Connecticut, de son appui et de ses judicieuses observa-tions procédant d’une version préliminaire du manuscrit. À celui qui a dressé les cartes, Yann Roche, professeur de géographie à l’UQAM, je témoigne une gratitude à la mesure de son ingéniosité et de sa proverbiale générosité. Pour sa contribution relevant d’une relecture du manuscrit, Vincent Boucher, doctorant en science politique de l’UQAM, mérite aussi mes remerciements.

L’expression de ma reconnaissance remonte aussi à deux ensei-gnantes du Bas-Saint-Laurent d’où je suis originaire, Annette Boucher-Lebel et Jacqueline Cyr-Champoux, deux femmes qui m’ont inculqué très tôt le goût des études et initiée à « la méthode ». Je remercie le gouvernement du Québec de m’avoir offert l’occasion privilégiée de le représenter dans cette région des États-Unis et de son soutien pour cet ouvrage. Je me sens également obligée envers des membres de ma famille pour les encouragements et à des amis et amies pour leur précieuse collaboration.

Entre chaque ligne de cet ouvrage s’élève un ultime hommage posthume à ma mère, Diana Lévesque, celle qui a toujours insufflé force, magnanimité et détermination. À mon fils Nicolas, mon Américain bien-aimé et mon critique le plus futé, j’exprime ma fierté en lui dédiant affectueusement cet ouvrage.

Ginette Chenard

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PRÉFACE

L es destins du Québec et des États-Unis seront toujours intimement liés, la « Belle Province » partageant sa frontière terrestre avec l’État de New York, le Maine, le New Hampshire

et le Vermont. Neuf cent mille de nos ancêtres ont d’ailleurs traversé « les lignes » pour occuper des emplois « aux États » entre 1840 et 1930, dans l’industrie du textile notamment. La moitié d’entre eux y sont restés, laissant en héritage à la société américaine des noms de famille comme Gagnon, Francœur et Parent1.

L’intérêt des Québécois et des Québécoises pour les États-Unis a été fort depuis. On visite souvent New York ou Boston avant Toronto. On passe l’été sur les plages d’Old Orchard ou l’hiver dans les copropriétés climatisées en Floride. On consomme les plus récentes séries télévisuelles et films hollywoodiens. Les médias québécois consacrent presque autant de temps à l’analyse des élec-tions présidentielles américaines qu’à celles de nos propres élections. Mais connaît-on aussi bien les États-Unis que nous le croyons ? Pas selon Lucien Bouchard, ancien premier ministre du Québec, qui affirmait il y a quelques années que nous connaissons « peu et mal ce pays complexe2 ».

L’observation de monsieur Bouchard mérite cependant d’être nuancée. Certes, peu de Québécois et Québécoises peuvent disserter à propos de la répartition des pouvoirs fédéraux à Washington, ou expliquer le fonctionnement du collège électoral, utilisé pour élire le président des États-Unis. Mais le Québec est l’une des sociétés

1. Yves Roby, Histoire d’un rêve brisé ? : les Canadiens français aux États-Unis, Sillery, Septentrion, 2007.

2. Lucien Bouchard, « La réconciliation », La Presse, 31 mai 2003, p. A15.

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dont les interactions directes avec les Américains sont les plus prononcées et les plus fréquentes. Avec certains Américains du moins, ceux des États frontaliers surtout. Il y a donc lieu d’amender les propos de Lucien Bouchard et d’affirmer que les Québécois et Québécoises connaissent mieux certaines régions américaines que d’autres. Et parmi les régions les plus méconnues au Québec, le sud des États-Unis arrive en tête.

Si l’on exclut la Floride et les quelques États qu’il faut traverser pour s’y rendre en voiture (Virginie, Caroline du Nord, Caroline du Sud et Géorgie), le Sud est composé d’États avec lesquels les Québécois et Québécoises ont peu de contacts fréquents : Texas, Tennessee, Alabama, Louisiane, Oklahoma, Mississippi et Arkansas. La géographie l’explique en partie : il est plus rapide de rouler jusqu’à New York (6 heures) que jusqu’à Nashville (17 heures), Memphis (20 heures) ou La Nouvelle-Orléans (24 heures). Et pourquoi s’envoler pour Dallas quand on peut atterrir à Paris pour quelques centaines de dollars supplémentaires ?

Mais les Québécois et Québécoises visitent peu le Sud pour une autre raison, peut-être plus importante encore : ils ont la perception qu’il est étranger au Québec, qu’il est différent et qu’il incarne des valeurs aux antipodes des nôtres. Cette perception s’accompagne de craintes à l’égard de réalités que l’on dit être fréquentes dans le Sud. Dans un dossier datant d’octobre 2004, intitulé « L’Amérique dans tous ses états », le quotidien La Presse faisait écho à quelques-unes de ces craintes3. Un texte de Richard Labbé à propos du Texas, intitulé « Jamais sans mon fusil4 », portait à croire que les Texans sont tous fanatiques des armes à feu. Un autre texte, signé par André Duchesne et intitulé « Jésus crucifié pour 29 99 $ US5 », décrivait les activités d’un parc thématique chrétien à Orlando, invitant les Québécois et Québécoises à perce-voir le Sud comme une terre d’extrémistes religieux. Autre exemple : un encadré intitulé « Les couloirs de la mort sont bien remplis6 »

3. La Presse, « L’Amérique dans tous ses états », 17 octobre 2004, cahier Plus, p. 1-20.4. Ibid.5. Ibid.6. Ibid.

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13PRÉFACE

insistait sur l’idée que le Sud est une région où l’on n’hésite pas à exécuter les criminels, noirs en particulier.

On brossait ainsi le portrait d’un Sud que les Québécois et Québécoises ont appris à pointer du doigt, c’est-à-dire cette région conservatrice qui vote pour le Parti républicain et qui a appuyé le président George W. Bush envers et contre tous, où Jésus a toujours été plus populaire que les Beatles, où le Tea Party est roi, où l’on va au restaurant revolver à la ceinture et où l’on déteste Barack Obama en raison de la couleur de sa peau. Le problème avec ce portrait est que le Sud n’est pas différent des autres régions améri-caines à au moins un titre : on y trouve tout et son contraire7.

La diversité du Sud frappe dès qu’on le visite pour la première fois. Nos artistes québécois et québécoises ont ainsi découvert que les fanatiques des armes à feu se font plutôt rares à South by Southwest, ce populaire festival de musique et de cinéma alternatifs se déroulant chaque année à Austin, au Texas. Difficile aussi de reconnaître ce Sud aux mœurs et aux valeurs morales conservatrices lorsqu’on voit les locaux (locals) et les visiteurs arpenter Beale Street à Memphis, Broadway à Nashville ou Bourbon Street à La Nouvelle-Orléans, bière à la main, à la recherche des artistes blues, country et jazz de l’heure. Et que dire du fait que l’un des présidents contemporains pour lesquels les Québécois et Québécoises vouent presque un culte soit un certain Bill Clinton, tout droit venu de l’Arkansas ?

Voilà autant de thèmes qui ont intrigué Ginette Chenard dès ses premiers contacts avec le Sud. En poste pendant cinq ans à Atlanta, de 2006 à 2011, à titre de déléguée du Québec, elle a vécu au rythme du Sud durant les trois dernières années de la présidence de George W. Bush et les deux premières de Barack Obama. Le présent ouvrage aborde des enjeux avec lesquels j’ai souvent eu le plaisir d’échanger avec Ginette Chenard. En effet, elle est, depuis son retour au Québec, chercheuse à l’Observatoire sur les États-Unis de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal, une équipe de recherche dont j’assume la direction.

7. Michael Kammen, People of Paradox : An Inquiry Concerning the Origins of American Civilization, New York, Alfred A. Knopf, 1972.

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Coprésidente de cet observatoire depuis 2013, Ginette Chenard signe ici un ouvrage cadrant parfaitement avec la mission de notre équipe, qui est de favoriser la connaissance de la société et des politiques américaines au Québec.

Comblant un vide dans la francophonie, cet ouvrage aborde plusieurs des grands enjeux qui ont animé le Sud au cours des dernières décennies. On y apprend, entre autres, comment le Parti républicain a su s’imposer dans la région, à quel point la question raciale reste déterminante pour comprendre les inégalités sociales et économiques qu’on y observe, et combien l’expansion écono-mique du Sud a transformé le visage de cette société en quelques décennies à peine. En plus de mettre à la disposition des lecteurs une mine d’informations factuelles et une abondante bibliographie sur le Sud, Ginette Chenard partage des réflexions et des analyses personnelles stimulantes, issues d’un examen attentif de la littéra-ture, mais aussi – et surtout – de sa vaste expérience sur le terrain. Cet ouvrage sera utile à de multiples publics : étudiants et chercheurs intéressés par la société et les politiques américaines, représentants gouvernementaux engagés dans les relations entre le Québec et les États-Unis, gens d’affaires intéressés par de nouveaux marchés économiques aux États-Unis et journalistes responsables de la couverture de l’actualité politique américaine. Il permettra sans contredit aux Québécois et Québécoises de se familiariser avec la région américaine qu’ils connaissent le moins.

Frédérick GagnonTitulaire de la Chaire Raoul-Dandurand en études

stratégiques et diplomatiques, directeur de l’Observatoire sur les États-Unis et professeur au Département de

science politique, Université du Québec à Montréal

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INTRODUCTION

ROUGE, BLANC ET NOIR : LE SUD, C’EST LE SUD !

D ans son ouvrage intitulé Les aventures de Tom Sawyer, Mark Twain écrivait : « J’ai découvert qu’il n’y avait pas de meilleure façon de savoir si vous aimez ou détestez des

personnes que de voyager avec elles !1 » C’est là une proposition séduisante, mais risquée, lancée il y a fort longtemps par un des plus célèbres écrivains américains originaire du Missouri, presque le Sud. Attiré lui-même par les voyages, Twain en avait aussi offert l’occasion à Huck et Finn, deux de ses héros, un Noir et un Blanc, dans le récit qu’il a campé dans une autre de ses œuvres : Les aven-tures de Huckleberry Finn. Il y évoque une amitié inhabituelle d’une beauté consommée et éclatante de symbolisme qui s’est tissée progressivement entre deux fugitifs lancés à l’aventure dans le tumultueux Sud des États-Unis de la fin du xixe siècle2. Ainsi fut-elle attrayante, mais ô combien téméraire, cette idée de ne pas résister à la tentation et de proposer dans le présent ouvrage un essai d’explication entremêlé d’observations qui invite à parcourir le Sud pour mieux l’apprivoiser.

1. Toutes les traductions en français d’un texte anglais sont de l’auteure, sauf indication contraire.

2. Mark Twain, Les aventures de Huck Finn, Traduit par William Little Hughes, Paris, Hennuyer, 1884. Ernest Hemingway dira de cet ouvrage de Twain : « Toute la littérature moderne américaine est issue d’un livre de Mark Twain, Huckleberry Finn. C’est le meilleur livre que nous ayons. Avant, il n’y avait rien. Depuis, on n’a rien fait d’aussi bien » ; cité par Esther Lombard, « Huckleberry Finn. What Have Writers Said about Huckleberry Finn ? », About Education, [en ligne] http://classiclit.about.com/od/adventuresofhuckleberry/a/huckfinn_writer.htm.

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Du ni vu ni connu, mais des clichés tenaces

Vaste territoire géographique, le Sud est la région la plus peuplée et l’une des plus étendues des États-Unis. Pour tout dire, il équivaut à près de la moitié de la superficie des vingt-cinq pays de l’Union européenne. En 2014, sa population estimée à cent six millions d’habitants était répartie dans douze États qui sont, par ordre démographique décroissant, le Texas, la Floride, la Géorgie, la Caroline du Nord, la Virginie, le Tennessee, l’Alabama, la Caroline du Sud, la Louisiane, l’Oklahoma, le Mississippi et l’Arkansas3. Bien qu’il soit largement méconnu et qu’il pâtisse d’emblée d’une réputation amplement galvaudée, le Sud est d’un intérêt incontes-table, ne serait-ce qu’en raison de son exceptionnalisme et de l’influence qu’il a toujours exercée au pays.

Le Sud, c’est d’abord et avant tout du ni vu ni connu. D’aucuns n’y ont jamais mis les pieds et n’envisagent guère d’y séjourner, encore moins de s’y installer4. La grande majorité n’a jamais feuil-leté un bouquin portant sur cette société dont plusieurs prétendent pourtant tout connaître du caractère des habitants et de leurs conditions d’existence ; tout un chacun s’est ainsi fabriqué une représentation et une appréciation à son endroit qu’il présume bien fondées. Habituellement, le commentaire est trafiqué et l’exposé biaisé. Le plus souvent, le jugement est altéré par le prisme des stéréotypes qui se dégagent d’une réputation héritée du passé dont le Sud tarde, de toute manière, à se défaire. D’emblée, l’allégorie « on dirait bien le Sud » s’amène comme une première référence qui suggère des allusions évoquant spécialement l’habituelle chaleur des habitants et une configuration d’amabilité et de courtoisie dont quiconque est privé dès qu’il quitte la région. On dénote aussi des mots, des interpellations et des gestes qui sont autant de présages de l’hospitalité proverbiale des individus, de leur tempérament plutôt indolent et d’un envoûtement cajoleur que renvoient des expressions de gentillesse, tel ce délicieux « sweetie » qui accompagne

3. Les projections de la population du Sud pour l’année 2014 sont établies à partir des données du recensement de 2010. Voir les détails au tableau 1.1 du chapitre 1.

4. La Floride fait exception puisqu’elle accueille depuis longtemps des retraités et des vacanciers.

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17INTRODUCTION • Rouge, blanc et noir : le Sud, c’est le Sud !

les salutations et filtre agréablement les conversations. Plusieurs s’empressent ainsi de conclure que rien n’a vraiment changé dans cette contrée, tellement ces bienveillances et ces douceurs qui lui sont propres la rendent incontestablement attachante à ces égards. C’est un peu comme si le temps s’y était figé à tout jamais et que le changement était un leurre.

Des clichés sur le Sud ont cependant la vie dure. Trop souvent, la facilité et cette incorrigible paresse intellectuelle l’emportent et il devient tentant de ne conserver en mémoire que ces symboles mythiques et légendaires d’un temps révolu relatant des épopées populaires codifiées principalement par le cinéma hollywoodien. Ainsi en est-il du film Un tramway nommé désir inspiré de l’œuvre de Tennessee Williams5 où se mêlent hostilité, séduction et scru-pules moraux surannés qu’inspirait alors Blanche DuBois dans La Nouvelle-Orléans des années 1940, une société du Sud dont les travers l’ont à jamais marquée au fer rouge de l’opinion publique. De même en est-il de cette œuvre cinématographique Autant en emporte le vent suivant l’ouvrage de Margaret Mitchell6, métaphore féérique par excellence de l’épopée sublime des grandes plantations de coton, de ses illustres surhommes et de ses belles héroïnes au temps de la guerre civile : rien de comparable à ce film pour réchauffer à profusion la nostalgie populaire sudiste d’un bon vieux temps contrefait. Enfin, que dire du film fétiche par excellence Le massacre de Fort Apache de John Ford7, l’emblème absolu de l’époque du Far West et de ses superhéros de la trempe de John Wayne, le cow-boy des cow-boys, s’il en est un !

La perception qui perdure le plus des nombreux ouvrages de fiction sur le Sud relève de l’incarnation de la conquête de l’Ouest comme une histoire fabuleuse souscrivant à une forme de patriotisme romantique dépouillé des malheurs et des revers

5. Tennessee Williams, A Streetcar Named Desire, New York, Signet, 1951, [en ligne] http://visumbrasov.org/wp-content/uploads/2015/04/A-Streetcar-Named-Desire-2.pdf. Williams est né au Mississippi.

6. Margaret Mitchell, Gone with the Wind, New York, Warner Books, 1993 (1936), [en ligne] https://vk.com/doc8069473_240802160?hash=a12c55ee4ff20262fd&dl= 781c0c6680fe28d0d1.

7. Fort Apache est un film western classique de John Ford sorti en 1948.

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incommensurables de nombre de familles pionnières8. De toute une kyrielle d’opinions préconçues sur le Sud, celle qui s’inscrit sans aucun doute comme la plus pastichée et la plus pernicieuse découle d’une double association simpliste, désinvolte et galvaudée qui affilie la région à une époque ancienne de noirceur économique et qui ratatine la culture américaine à celle des cow-boys du Sud. Dans l’ensemble, ces stéréotypes sortis de l’imaginaire d’Hollywood9 habitent encore obstinément les propos faussement teintés d’humour de tout un chacun. Pire encore, ils corroborent communément les explications raccourcies de plusieurs présumés experts des États-Unis ou encore les observations prétendument éclairées de bien-pensants et d’intellectuels de gauche politiquement corrects.

Le Sud a changé et la réalité est tout autre10. On n’y trouve plus ces champs de coton à perte de vue qui ont longtemps tapissé les terres, pas plus que ces menues fermettes en vieux bois mal équarri et noirci par le temps, autrefois amalgamées aux spacieux manoirs seigneuriaux. Nombre de ces espaces qui ont surplombé le panorama sudiste tout au long d’une époque ont été concédés aux nouvelles mégapoles de technologie de pointe, telle Houston. Des transfor-mations comparables ont eu lieu à Miami, à Atlanta, à Charlotte et dans l’agrégat urbain du nord de la Virginie. Le constat est le même quant à des villes de plus petite taille de l’Alabama, de la Caroline du Sud, du Tennessee, de la Louisiane, de l’Arkansas et

8. Le récit des dures conditions de vie des ancêtres de la famille du président Lyndon B. Johnson dans le Hill Country au cœur du Texas suffit pour déboulonner plusieurs de ces mythes au sujet de l’épopée du Far West ; Robert Caro, The Years of Lyndon Johnson : The Path to Power, vol. 1, New York, Alfred A. Knopf, 1982.

9. Au sujet de l’influence des films d’Hollywood, on peut consulter Dan O’Meara et collab., Movies, Myth, and the National Security State, Boulder, Lynne Rienner Publishers, 2016.

10. Parmi les écrits d’écrivains ou de journalistes qui ont parcouru le Sud, on compte le récit de voyage de Robert Warren Penn, Segregation : The Inner Conflict of the American South, New York, Random House, 1956 ; V.S. Naipaul, A Turn in The South, New York, Vintage Books International, 1989 ; Tracy Thompson, The New Mind of the South, New York, Simon & Schuster, 2013 ; « The End of the Blues : A Ten-page Special Report on the American South », The Economist, vol. 382, no 8518, 3 mars 2007, p. S3-10 ; « The Present the past : The South », The Economist, vol. 415, no 8932, 4 avril 2015, p. 25-26 ; « They wish they were in Dixie, The South’s economy », The Economist, vol. 415, no 8932, 4 avril 2015, p. 26-28 ; Guy Taillefer, « Retour en Alabama. Le “nouveau Sud” », Le Devoir, 6 novembre 2012.

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19INTRODUCTION • Rouge, blanc et noir : le Sud, c’est le Sud !

d’autres États ; ces cités se sont modernisées et n’ont plus rien à voir avec le rôle ancien de certaines de plaque tournante de la traite des esclaves. D’un seul coup d’œil, le tableau urbain contemporain force l’éclatement des stéréotypes réducteurs. Le Sud déploie aujourd’hui une soif ambiante et manifeste de modernisation. Un peu partout, on remarque l’affairisme redoutable des élites politiques et écono-miques et l’on devine l’inébranlable détermination qui les anime. Depuis les années 1960, des mutations socioéconomiques et démo-graphiques considérables et des réalignements partisans se sont effectués. En somme, on est loin des images d’un Sud décrépi et délabré que d’aucuns s’entêtent encore à lui accoler, car l’urbanisation a radicalement transformé la plupart des États. Ainsi convient-il de qualifier de Nouveau Sud, celui qui a émergé de façon convaincante du Vieux Sud d’autrefois à partir des années 1960, comme d’une évidence dans nombre de secteurs d’activité11.

Le Sud des États-Unis est d’un grand intérêt en vertu des inci-dences de son poids démographique et de son influence politique nationale. À titre d’illustration, la campagne présidentielle de novembre 2012 s’est déroulée à une cadence et sur une toile de fond largement imposées par la dynamique sociopolitique et écono-mique sudiste. Fait significatif, six des neuf principaux candidats aux primaires en vue d’obtenir l’investiture du Parti républicain pouvaient se targuer de leur appartenance au Sud : Rick Perry, Rick Santorum, Ron Paul, Herman Cain, Newt Gingrich et Buddy Roemer12. Par ailleurs, les décideurs des deux partis avaient égale-ment choisi de tenir leur convention partisane dans deux villes du Sud, Tampa en Floride et Charlotte en Caroline du Nord : de telles décisions ne relèvent pas du hasard. La campagne des présidentielles de 2016 se déroulera sans doute encore en lien avec des enjeux et des valeurs du Sud.

11. Pour certains auteurs, la période de la Reconstruction (1865-1876) lancée par le gouvernement fédéral après la guerre civile afin réformer le Sud confédéral s’est traduite par le passage du Old South vers un New South ; Edward L. Ayers, The Promise of the New South : Life after Reconstruction, édition du 15e anniversaire, New York, Oxford University Press, 2007.

12. Bien qu’ils soient nés en Pennsylvanie, Ron Paul et Newt Gingrich ont toujours représenté un district du Texas ou de la Géorgie à la Chambre des représentants. Rick Santorum, politicien de la Pennsylvanie, est originaire de la Virginie.

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Atlanta, une ville énigmatique et emblématique du Sud

La ville d’Atlanta (Géorgie) fait amplement la preuve que le Sud, c’est encore le Sud ! Cela vaut la peine d’ausculter de plus près le caractère équivoque de cette grande métropole, car elle est à beau-coup d’égards l’emblème par excellence de la ville énigmatique sudiste : Atlanta est le symbole à la fois de la formidable moderni-sation économique et de la poussée démographique que le Sud a connues depuis les années 1960, de même que l’illustration de l’apparente incapacité singulière de cette région de se réformer de telle façon à s’engager résolument sur la voie d’une modernité sociopolitique. De prime abord, Atlanta projette l’image d’une ville flambant neuve, comme tant d’autres dans le Sud. Rasée presque entièrement à la fin de la guerre civile, elle resplendit de nos jours sous l’éclat du modernisme de son parc immobilier et témoigne d’un ingénieux savoir-faire en matière de planification et de gestion de ses infrastructures urbaines. Atlanta fait, sans conteste, la fierté de ses habitants, principalement ceux qui sont dans la soixantaine et qui prennent un malin plaisir à signaler les formidables transfor-mations de la ville depuis leur tendre enfance. À titre d’exemple, le quartier Buckhead : les lieux champêtres et bucoliques de leur jeune âge – alors que grands-parents, parents et enfants s’entassaient dans d’exigus bungalows enfouis sous les grands pins à l’extrémité du chemin de terre battue qu’était alors le boulevard Piedmont – ont été abandonnés en faveur d’un agglomérat de tours à copropriétés haut de gamme, d’immeubles commerciaux raffinés, de spacieux centres commerciaux et de luxueuses résidences. Assoiffés de pros-périté et béats de contentement, les résidents de Buckhead et des faubourgs adjacents se démènent quotidiennement. Pour meubler sa réputation de ville d’affaires, Atlanta a imposé le travail comme la raison d’être principale de ses citoyens ; elle s’autorise ainsi de son peu d’indulgence à l’endroit de ceux qui défient ce mot d’ordre.

À l’époque pas si lointaine du début des années 1980 ne s’élevait qu’un seul gratte-ciel au centre-ville d’Atlanta. De nos jours, aux édifices du State Capitol et aux bâtiments du Atlanta City Hall, se sont intercalés le Carter Center et quelques centres d’attraction, dont le World of Coca-Cola Museum, CNN Center, Georgia

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TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos et remerciements 9

Préface 11

INTRODUCTION

Rouge, blanc et noir : le Sud, c’est le Sud ! 15Du ni vu ni connu, mais des clichés tenaces 16Atlanta, une ville énigmatique et emblématique du Sud 20Une région et les couleurs de ses empreintes historiques 27Des idéaux constitutionnels en toile de fond 38

CHAPITRE 1

La sous-culture politique traditionaliste d’appartenance commune 43Une région dans tous ses États 44

La géographie 44Le territoire Sud 47

La sous-culture politique traditionaliste, la clé de l’appartenance sudiste 55Une région orgueilleuse de sa différence 55Une culture en partage et des distinctions infrarégionales 62L’ascendance singulière des peuples colonisateurs anglo-saxons 71Les Amérindiens et les Afro-Américains 77Les premiers aristocrates virginiens à la gouverne du pays 84

L’exceptionnalisme culturel sudiste et ses fondements politiques et religieux 87Une propension favorable à l’absence de convergence nationale 88

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Un système à parti unique et le foisonnement du populisme 93La vigueur des traditions religieuses et de l’évangélisme

protestant 101La culture de l’honneur et quelques-uns de ses visages 109

La culture de l’honneur 109La culture du « chacun son affaire » 111La culture du silence 112Le culte de la belle du Sud 116

Des héritages artistiques et culturels rayonnants 125La littérature et la musique : des monuments culturels

nationaux et internationaux 125Les arts populaires 129Tout un monde de différences de grand intérêt 130

Quelques attributs sudistes particuliers 135

CHAPITRE 2

La solidarité politique et la cohésion sociale au temps du Solid South démocrate 137Le Parti démocrate, le préposé du nouvel ordre racial 137

La courte mais déterminante présidence d’Abraham Lincoln 137L’émergence du Solid South démocrate 141L’après-Reconstruction 146

Les limites et les potentialités du fédéralisme américain, et la démocratie jeffersonienne 152La clause du consentement du peuple 152Les limites du partenariat fédératif 157La démocratie jeffersonienne 160L’utilisation de la doctrine des Droits des États comme

subterfuge pour préserver l’ordre racial 169La sollicitude des dirigeants démocrates envers le Sud

des lois Jim Crow 176Woodrow Wilson 178Franklin Delano Roosevelt 180Harry S. Truman 188Hubert Humphrey et Robert F. Kennedy 189Les dixiecrates 192Lyndon B. Johnson 194

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Les tentatives de rupture de l’hégémonie démocrate dans le Sud entre 1948 et 1968 197

La résilience afro-américaine, le nationalisme noir et la réclame des droits civiques 198Les rébellions afro-américaines dans l’Antebellum 200L’affranchissement momentané avant le fond de l’abîme

et la résistance contre les lois Jim Crow 207Les migrations vers le Nord et la montée de la violence

interraciale au pays 215L’éveil du nationalisme identitaire noir dans le Nord

urbain et la Harlem Renaissance 220La défiance sudiste au temps des mouvements des droits

civiques 233La résistance politique légendaire des démocrates sudistes 241

La bonne vieille stratégie politique traditionnelle du Sud 241Le vote des États du Sud entre 1968 et 2012 247

Les derniers anciens démocrates sudistes 248

CHAPITRE 3

Les stratégies sudistes et le virage vers un conservatisme républicain de droite 255Le renversement durable des alignements partisans à

partir des années 1960 255D’un Sénat usuellement à majorité démocrate à un

Sénat à majorité républicaine grâce au Sud 258La Chambre des représentants 268Les gouverneurs des États 272Les assemblées législatives des États 275Les mairies de grandes villes 277

La Southern Strategy du Parti républicain, le nouveau parti refuge du Sud 280L’ancrage d’un nouveau conservatisme 280La conquête républicaine du Sud 286

Le conservatisme, la religion et la race : les soupapes de l’ascendance républicaine 292La contestation du libéralisme et la montée

de la droite conservatrice 292

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La fusion de la politique, du fondamentalisme religieux et de la moralité chrétienne 299

Une nouvelle droite en symbiose avec le Sud, de Reagan à Gingrich, puis au Tea Party 309Le grand virage avec Ronald Reagan : le « nabi » tant

attendu de la nouvelle droite 311L’effet Gingrich et le zénith d’une rébellion ouverte

de la droite républicaine 319Le Tea Party, le dernier stratagème de la droite républicaine 328

Un combat ragaillardi par le « facteur Obama » sur un fond de ressentiment racial 337La pratique républicaine des guerres politiques 338La montée du ressentiment racial 341Le facteur racial et le vote des minorités sudistes 346Une ère post-raciale improbable, du moins dans l’immédiat 350Obama et l’inspiration d’une nouvelle conscientisation sociétale 354

Un Sud noir dans l’équivoque et un Sud blanc combatif 360Les tireurs de ficelles à Washington 360Un Sud noir subjugué 363Une Géorgie fidèle à elle-même 370La Caroline du Nord en plein dans la mire des radicaux

conservateurs 374

CHAPITRE 4

Les mutations démographiques et une diversité culturelle en gestation 382Une croissance démographique singulière depuis 1960 382

Une croissance démographique accélérée 383Les migrations du Nord vers le Sud et l’immigration

hispanophone et asiatique 391Les migrants blancs 391Les migrants noirs 392Les retraités 397La nouvelle donne de l’immigration hispanophone 399Les sans-papiers et l’enjeu de l’immigration 403L’immigration asiatique 411

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Des prévisions démographiques saisissantes et les métamor-phoses de l’urbanisation 413Les horizons 2030, 2050 et 2060 413La croissance des métropoles et le clivage urbain/rural 418Un coût de la vie relativement bas 421

Le vote métissé, celui des jeunes et les probabilités de changement politique 424Les contrecoups possibles de la génération du millénaire 425Le métissage du vote 431La régression soutenue du vote blanc et l’émergence de

plusieurs comtés à majorité/minorité 434L’insensibilité républicaine et l’attentisme démocrate à

l’égard des minorités 437Le nœud gordien du paradoxe démographique

sudiste et l’équation gagnante 439

CHAPITRE 5

Modèle entrepreneurial sudiste et croissance économique 445Un Sud suspendu au temps du coton 445

La possession de la terre 445L’économie du coton 449

Un décollage économique aux frais de l’État-providence 454Le New Deal comme soupape du développement 455L’industrie de la guerre 459L’État-providence au service du laisser-faire économique 463

Une culture de la réussite en gage d’une prospérité de type individualiste 468L’émergence de nouvelles élites entrepreneuriales 470Un État protecteur de la culture de la réussite 473

Des performances économiques significatives 478Des classements favorables 478Des infrastructures modernes et stratégiques 482Une économie de plus en plus diversifiée 484Une diplomatie d’affaires pugnace 488Le miracle de l’industrie automobile 494Un dévolu sur l’aéronautique et l’aérospatiale 499

Page 26: LE SUD DES ÉTATS-UNIS

Quelques assises du Southern Comfort des élites entrepreneuriales 504La Loi du droit au travail, gage d’un développement

économique sans contrainte 504Un coût de main-d’œuvre très appâtant 508La course aux déménagements d’entreprises 512Des émoluments financiers imparables et incomparables 516Le Southern Comfort des élites entrepreneuriales 519

CHAPITRE 6

Une société traditionaliste à la merci de ses paradoxes systémiques 525Des obstacles hybrides à la mobilité sociale ascendante 525

Une conception asociale de l’égalité des chances 525Des terres d’opportunité hétéroclites et déficientes 534Le conservatisme de compassion comme palliatif au rôle

de l’État 538À propos des ramifications systémiques de la fracture sociale

sudiste 540Des PIB avantageux, mais de très modiques revenus per capita 541Des investissements publics déficients dans des domaines

sociaux clés 542De considérables écarts de revenus et de richesse entre les

régions 548Des disparités entre les principaux groupes de la société 551

Des épiphénomènes de la pauvreté et des inégalités 556Les Afro-Américains, les véritables parents pauvres 556Des maux sociaux chroniques affligeants 560Des carences notoires en matière d’éducation, sources

principales des inégalités 564Un système de justice et carcéral excessif, procédurier et

inéquitable 569Des démêlés avec la police et des arrestations biaisées

à l’endroit des Afro-Américains 569Un record mondial d’incarcérations à outrance et un

système carcéral discrédité 576

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Des incarcérations de masse et une foule d’Afro-Américains « manquants » 579

Les erreurs judiciaires et la pratique de la peine capitale 586La prolifération des homicides d’origine policière 591La propagation d’incidences de violence dues à la possession

d’armes à feu 594L’obsession raciale et le joug des inégalités 601

La peur du Noir, un trait identitaire aussi ancien que prépondérant 601

Les inégalités croissantes et l’empoigne d’une épée de Damoclès 604

CONCLUSION

Un nouveau Sud et toujours le même Sud 615Rouge : conservatisme et exceptionnalisme 615Blanc : traditionalisme et mirages du compromis social 622Noir : moralité et sentiment d’urgence nationale 627

Bibliographie sélective 641

Index 650

Page 28: LE SUD DES ÉTATS-UNIS

cet ouvrage est composé en adobe garamond pro corps 12selon une maquette de pierre-louis cauchon

et achevé d’imprimer en novembre 2016sur les presses de l’imprimerie marquis

au québecpour le compte de gilles herman

éditeur à l’enseigne du septentrion

Page 29: LE SUD DES ÉTATS-UNIS

665INDEX