Les insignes du Service Social des Troupes coloniales, des Forces Terrestres en Extrême-Orient et des Forces Terrestres d’Outre-Mer

Sources : FIM article initial de tdm-pf le 13 janvier 2017

Dossiers d’homologation détenus par le SHD Iconographie : photos fournies par tdm-ph, ibla2, clt02 et gnal_fr

Préambule Les forces, qu’elles soient en opérations ou dans leurs garnisons, ont toujours bénéficié d’un soutien social. L’Indochine n’a pas fait exception. Cet article se propose d’étudier dans une première partie, le Service social de la 9e DIC et des Troupes coloniales en Extrême-Orient, puis d’envisager, de manière plus large, l’action sociale des Forces Terrestres d’Outre-mer. Le Service Social spécifique aux Troupes coloniales L’insigne du Service Sociale de la 9e DIC

Insigne de la collection tdm-pf Description : cet insigne a été créé en prenant pour base l’insigne général de la 9e DIC, homologué H 103. C’est un écu français brochant sur une ancre d’or. L’écu est écartelé, de couleur bleue au 1er et au 4e quartier, rouge grenat au 2e et 3e. Dans le 3e quartier figure une tête d’éléphant la trompe levée, et dans le 4e, le nombre « 26 ». Ces deux meubles sont de couleur blanche.

Symbolisme : Celui demeura incertain jusqu’à la publication de l’article suivant :

Difficilement lisible, en voici le texte : « Un lecteur, M. Claude Wolff, de Hyères nous a adressé une intéressante mise au point à l’article sur la 9e DIC (voir Militaria n° 70). Après avoir appartenu au 4e Bureau de l’état-major de la division, le père de notre lecteur est devenu le chef de son service social. A ce titre, il fut chargé, après le débarquement en France, de commander les insignes de la division à la maison Courtois, à Paris. Il s’agit du modèle (1C) de la planche. Ayant eu connaissance de cette importante commande, le commandant des transmissions voulut profiter de l’occasion et faire réaliser un insigne propre à la compagnie de transmissions, dont le personnel portait jusqu’alors celui des télégraphistes coloniaux. Il suffisait d’ajouter la lettre T dans l’un des quartiers de l’écu, ce qui allait donner le modèle (12) de notre planche. Le chef du service social eut alors l’idée de faire confectionner pour son propre personnel un insigne sur le même modèle avec un détail particulier. L’indicatif radio de la division était alors « Eléphant » et chaque service de l’état-major avait son propre chiffre ; Eléphant 1 étant le général commandant la division, Eléphant 2 étant le chef d'état-major, Eléphant 21 le chef du 1er bureau et… Eléphant 26 le chef du service social. Ce qui a donné le modèle (10) où figure une tête d’éléphant avec le chiffre 26. Il s’agissait donc, pour ces deux modèles, d’une commande « sauvage » qui n’eut rien d’officiel. Tiré à un nombre d’exemplaires assez limité peu avant le départ de la division pour l’Indochine, un exemplaire du dit insigne fut remis à chaque membre du service (4 ou 5 sous-officiers, une quinzaine d’assistantes sociales, quelque chauffeurs ou plantons). Le service social ne survécut que peu de temps après le débarquement de la division en Indochine. L’échelon avancé fut absorbé par le service social du CEFEO à Saïgon et l’échelon arrière, resté à Paris, par le service social des Troupes coloniales. Ainsi tombe la légende du 26e Groupe de FTA qui est pris comme tel par de nombreux collectionneurs. Il figure, avec réserve, sous cette dénomination dans le tome 5 de l’Artillerie française et ses insignes du chef d’escadron Letrait.

Homologation : néant. Fabrication : cet insigne a été fabriqué par la seule Maison Courtois, selon un calendrier et dans une quantité qui ne sont pas connues. Le modèle connu porte les inscriptions : « COURTOIS PARIS – 5 Ave REPUBLIQUE – DEPOSE ». Il est d’une hauteur de 41 mm. Aucun insigne en argent n’a été signalé. L’insigne du Service Sociale des Troupes Coloniales Comme évoqué dans l’article ci-dessus, l’échelon arrière de Service Social de la 9e DIC fut absorbé par le Service Social des Troupes Coloniales. Ce celui-ci se dota d’un insigne.

Insigne de la collection tdm-pf Le modèle présenté est le modèle « DRAGO PARIS – 25 RUE BERANGER – DÉPOSÉ » dos lisse, d’une hauteur de 37 mm, doté d’une épingle à un boléro non marqué. Description : Triangle équilatéral pointe vers le bas chargé d’une ancre dont les bras sont rouges, la tige blanche est en forme de croix de Lorraine, l’organeau est bleu dépassant le sommet du triangle. Symbolisme : il n’est explicité par aucun document connu. Fabrication : Aucun autre fabricant que Drago n’est connu. Pour celui-ci, outre le modèle présenté ci-dessus, il existe des variantes. Elles ont des émaillages divers allant du vermillon au grenat, ainsi qu’un système d’attache différent (anneaux). Il existe également un modèle de fabrication artisanale Modèle DRAGO DEPOSE avec ancre grenat et attache par anneaux

Insigne de la collection clt20

Drago a produit une version « Argent » de cet insigne :

Insigne de la collection Ibla2 Enfin, il existe une variante artisanale d’Indochine produite par moulage et peinte

Et pour clore ce sujet, voici une affiche du Service Social de l’Armée :

Les Services rattachés au Service Social des Troupes coloniales Le Service Cinéma du Service Social et Culturel des Forces Armées en Extrême-Orient L’un des moyens de l’action sociale en Indochine fut la projection de film pour les forces, mais aussi pour la population. Pour les troupes, il est clair que le but était de leur apporter un peu de distraction. Mais pour les populations, il s’agissait d’actions psychologiques qui ne sont pas du ressort de l’action sociale. Ce service se dota d’un insigne qui fut homologué G 984. Dans le bordereau d’envoi du Service d’Etudes et d’Informations des Troupes coloniales, il est bien précisé « Unité non coloniale ». Alors pourquoi l’évoquer dans cette étude ? Tout simplement parce que comme le montrent les archives de l’ECPA, la majorité des personnels arboraient l’Ancre d’Or sur leur calot.

Insigne de la collection tdm-pf Description : Elle est fournie sous forme « héraldique » dans le dossier d’homologation. « Indochine de sinople brochant sur un élément de film cinématographique appendu à la trabe de l’ancre coloniale. Sur flanc dextre « SERVICE SOCIAL », en double pal sur flanc senestre « CINEMA », en pointe de l’ancre « FTEO ». Cet insigne a une hauteur de 47 mm. Symbolisme : il est suffisamment parlant pour nécessiter une explication.. Homologation : G 984 le 24 janvier 1953 Fabrication : Drago - Aucun autre fabricant n’est connu. Sauf avis différent, aucun modèle en argent n’aurait été produit. On trouvera en annexe 1 :

les scans des pièces contenues dans le dossier d’homologation détenu par le SHD des archives de l’ECPAD concernant ce Service

La revue « Caravelle » Dans une ébauche de cet article, l’insigne de cette revue avait été classé « Service Social ». Par la suite un dialogue établi entre collectionneurs du site internet « Forum des insignes et médailles » a permis de déterminer qu’il n’en était rien et que cette organe d’information était édité par le SPI (Service Presse Information), ancêtre de l'ECPA puis de l’ECPAD. Précision apportée par Ibla2. Cependant, bien que ne dépendant pas de l’Action Sociale, ses objectifs devaient être d’informer et, à l’instar du Service Cinéma, de contribuer au moral de la troupe. C’est donc en toute connaissance de l’objection fondée d’Ibla2 que sa présence a paru justifiée dans cette présentation consacrée à l’Action Sociale.

Insigne de la collection tdm-pf Description : Bateau à voile de type « Caravelle » voguant vers la droite posée sur un écu carré reposant sur une ancre coloniale. L’insigne présent a une hauteur de 44 mm Symbolisme : il n’est explicité par aucun texte connu. Cependant l’analogie entre le type de bateau présenté et le nom de la revue est évident. La présence d’une ancre coloniale ne peut s’expliquer que par le caractère ultramarin du théâtre d’opérations concerné. Homologation : non homologué. Fabrication : Drago, l’insigne présenté porte l’adresse « rue Olivier Métra » ce qui caractérise une fabrication entre 1946 et 1951. Un insigne en argent été produit.

Insigne de la collection gnal_fr (un éclat d’émail eu centre en haut) ; Pour illustrer cet article, voici la « une » d’un des exemplaires de cette revue :

Document de la collection gwened

L’action sociale des Forces Terrestres d’Outre-mer. L’auteur de cette étude s’est longuement interrogé sur l’opportunité d’y mentionner cet insigne. Il a confronté les éléments « pour » et les éléments « contre ». En défaveur de la nécessité de le présenter dans le cadre de cette étude :

- bien qu’il porte l’ancre coloniale, rien ne prouve que l’action sociale en question ne fût exercée qu’au seul bénéfice des personnels de Troupes coloniales et de leurs familles.

- Les Forces terrestres d’outre-mer étaient stationnées dans de très nombreux territoires et l’Indochine, sujet principal de cette étude, n’en était qu’une partie, certes très importante en termes d’effectifs au moment du déploiement du Corps Expéditionnaire en Extrême-Orient.

- La date de création de cette entité n’est pas connue. Elle ne figure pas au BO328-4 qui liste les unités combattantes en Indochine. La première demande concernant son insigne a été présentée en date du 27 janvier 1954 et la décision d’homologation est datée du 12 février 1954. La fin des opérations en Indochine était proche mais les forces sont restées sur place encore longtemps et dans des conditions qui n’ont pas supprimé la nécessité d’une action sociale, bien au contraire, avec les questions de la libération des camps de prisonniers du Vietminh et du rapatriement en métropole.

Les points qui militent en faveur de la présentation de cet insigne dans la présente étude : - Rien ne prouve que les personnels relevant de l’action sociale aient été en totalité ou en

majorité des militaires des Troupes coloniales. Cependant dans sa demande du 27 janvier 1954, le Directeur des Affaires Militaires et Sociales des FTEO (basé à Paris) évoque le port de l’insigne demandé par « le personnel du Service de l’Action Sociale des Forces Terrestres d’Outre-Mer, ainsi que par les Assistantes et Auxiliaires Sociales du Cadre Spécial colonial ».

- Dans la fiche jointe à sa demande, cette même autorité décrit la symbolique en ces termes « Le symbole et constitué par l’Ancre traditionnelle des Troupes coloniales, associée aux couleurs de l’Arme : bleu marine et rouge garance, l’ensemble rehaussé d’or ».

- Enfin, la décision d’homologation est transmise à cette autorité « Sous couvert de M. le Colonel – Chef de la Section d’Etudes et d’Information des Troupes Coloniales –Ecole Militaire … ».

Dans un esprit qu’il souhaite non-partisan, l’auteur de cette étude a donc décidé de présenter cet insigne, en précisant que les scans de pièces constituant le dossier d’homologation sur lequel il s’est appuyé figurent en annexe 2. Voici cet insigne, dans sa version « DRAGO – G 1081 – avec épingle à 2 pastilles non marquées :

Insigne de la collection tdm-pf

Description : la description héraldique portée sur la fiche de décision est la suivante : « D’azur à l’ancre coloniale d’or, bordée de gueules. La devise « ACTION SOCIALE FORCES TERRESTRES D’OUTRE-MER » en capitales d’or posée en orle ». Symbolisme : il est explicité dans la demande en ces termes : « Le symbole et constitué par l’Ancre traditionnelle des Troupes coloniales, associée aux couleurs de l’Arme : bleu marine et rouge garance, l’ensemble rehaussé d’or ». Homologation : Homologué G 1081 en date du 12 février 1954. Fabrication : Drago, il y a une seule variante connue, celle qui comporte 2 pastilles marquées et à guillochage irrégulier.

Insigne de la collection clt020 Aucun insigne en argent n’a été présenté.

Annexe 1 : Documents relatifs au Service Cinéma du Service Social des FAEO

1) Pièces contenues dans le dossier d’homologation de son insigne détenu par le SHD Demande initiale d’homologation :

Maquette initialement soumise au Bureau d’Etudes et d’Homologation de la Symbolique Militaire

Transmission par la Section d’Etudes et d’Informations des Troupes coloniales. Celle-ci prend le soin de mentionner que cette unité n’est pas coloniale.

Réponse du Service d’Etudes et d’homologation de la Symbolique Militaire :

Note technique jointe :

Nouvelle demande accompagnant un nouveau projet :

Fiche de décision de la Symbolique Militaire approuvant le nouveau projet :

Décision d’homologation :

2 - Le Service Cinéma dans les archives de l’ECPAD

Source et lien : http://archives.ecpad.fr/remise-officielle-des-camions-de-la-section-cinema-du-service-social-des-fteo-a-hanoi/ « Dans le cadre du « Noël du combattant 1951″, les camions des équipes itinérantes de la section cinéma du service social des FTEO (Forces Terrestres en Extrême-Orient), sont officiellement remis aux troupes combattantes du CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient) à Hanoï, sous la présidence du général de Linarès, de Son excellence Nguyen-Van-Tam, président du conseil, de monsieur Tham-Hoang-Tin, maire de la ville ainsi que monsieur Guillaume, président du comité du « Noël du combattant ». Après une cérémonie concluant la mise à disposition des troupes des camions de la section cinéma, les autorités assistent à une projection, inspectent le matériel de projection puis prononcent des discours. Des officiers ouvrent des colis marqués « Noël du combattant 1951, la population d’Indochine toute entière à ses soldats », du même type que ceux qui seront distribués aux troupes combattantes. A l’issue, les camions traversent Hanoï et, au gré des haltes, la population ou des soldats curieux interpellent les personnels du convoi et entament la conversation avec eux ».

Un autre article : La section cinéma du service social des FTEO au pays Thaï. Lien : http://www.ecpad.fr/la-section-cinema-du-service-social-des-fteo-forces-terrestre-en-extreme-orient-au-pays-thai/ Dans le cadre des actions du « Noël du combattant 1951 », après la cérémonie de mise à disposition aux troupes du CEFEO (Corps Expéditionnaire Français en Extrême-Orient), les équipes itinérantes (ici, les équipes « Ile de France » et « Ile de la Réunion ») de la section cinéma du service social des FTEO (Forces Terrestres en Extrême-Orient) parcourent le théâtre des opérations pour apporter un peu de distraction aux troupes. Partie de Than-Uyen le 27 décembre 1951, l’équipe itinérante « Ile de France » va visiter en circuit fermé 42 postes du Tonkin et y donner 73 séances. Cette équipe, composée du sergent-chef Michalowski (chef d’équipe) et du tirailleur Luong Van Phom (aide-opérateur), est accompagnée par Jean Péraud, photographe du SPI (Service Presse Information). Dans sa volonté de desservir les postes les plus inaccessibles, l’équipe itinérante doit parfois délaisser son camion pour continuer la route à pied, escortée et guidée de poste en poste par des supplétifs qui se relaient. Le matériel est alors transporté par trois chevaux et 200 coolies, le groupe électrogène employant à lui seul 8 coolies, en terrain difficile. Plongée en plein cœur du pays thaï et mêlée aux diverses ethnies (thaï blanc, thaï noir, méos etc.), la tournée de l’équipe « Ile de France » offre un véritable panel des populations de la région ainsi que des unités de supplétifs et partisans, où les familles des autochtones vivent au sein du poste (et en partagent la vie quotidienne mais aussi les risques).

Annexe 2 : Action Sociale des Forces d’Outre-Mer – Pièces contenues dans le dossier d’homologation de son insigne détenu par le SHD Demande initiale d’homologation :

Transmission par la Section d’Etudes et d’Information des Troupes Coloniales :

Fiche d’homologation :

Décision d’homologation :