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Novembre 2002 Le salaire minimum et les revenus de substitution comme outils de coordination des stratégies salariales des firmes Une évaluation quantitative pour la France 1 Arnaud CHERON 2 Jean-Olivier HAIRAULT 3 François LANGOT 4 N° 2002-11 1 Adresse : CEPREMAP, 142, rue du Chevaleret, 75013 PARIS. Cette recherche est financée par le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, dans le cadre d’un contrat MiRe-CEPREMAP 2 CEPREMAP & GAINS (Université du Maine) – [email protected] 3 CEPREMAP & EUREQua (Université de Paris-I) – [email protected] 4 CEPREMAP & GAINS (Université du Maine) – [email protected]

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Novembre 2002

Le salaire minimum et les revenus de substitution comme outils de coordination des

stratégies salariales des firmes Une évaluation quantitative pour la France1

Arnaud CHERON2 Jean-Olivier HAIRAULT3

François LANGOT4

N° 2002-11

1 Adresse : CEPREMAP, 142, rue du Chevaleret, 75013 PARIS. Cette recherche est financée par le Ministère de l’Emploi et de la Solidarité, dans le cadre d’un contrat MiRe-CEPREMAP 2 CEPREMAP & GAINS (Université du Maine) – [email protected] 3 CEPREMAP & EUREQua (Université de Paris-I) – [email protected] 4 CEPREMAP & GAINS (Université du Maine) – [email protected]

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A.Chéron, J.O. Hairault, F. Langot Le salaire minimum et les revenus de substitution comme outils de coordination des

stratégies salariales des firmes Résumé : Cette étude a pour objectif d'évaluer l'incidence du salaire minimum et des revenus de substitution, allocation-chômage et revenu minimum d'insertion, sur les inégalités de salaire, sur le chômage et plus généralement sur l'optimalité de l'équilibre du marché du travail. Nous proposons une maquette du marché du travail à temps complet sur le segment des moins qualifiés, tenant compte des interdépendances entre offre et demande de travail et dans laquelle les distributions de salaire et de productivité sont endogènes, résultat d'un jeu stratégique entre entreprises. Nous montrons que le système politico-social, au-delà de son objectif premier de réduction des inégalités, tire son efficacité d'un mécanisme de coordination des stratégies individuelles des entreprises. Il apparaît ainsi que le niveau optimal du smic n'est inférieur que de 5% à celui qui prévaut actuellement. Le smic a en effet comme intérêt de contrecarrer la tendance à la création de postes à productivité faible. Si l'on baissait le smic en-deçà de ce niveau optimal, le chômage continuerait certes à diminuer, mais la productivité moyenne se dégraderait trop, ce qui diminuerait la production. En outre, la baisse du smic, à partir d'un certain niveau, entraîne l'existence d'un trappe à bas salaires qui décourage la reprise du travail, ce qui augmente le chômage. Nous montrons que la politique d'exonération des charges patronales aurait permis de diminuer le chômage de 2 points, ce qui correspond à 243 000 emplois créés. Parce que cette baisse du coût du travail ne concerne que la frange inférieure des salaires, cela abaisse la qualité moyenne des postes de travail dans l'économie, diminuant fortement la productivité moyenne du travail. Cet effet est cependant plus que compensé par la forte augmentation de l'emploi, ce qui se traduit par une augmentation de la production nette. Nous montrons alors qu'une réforme concentrant sur un intervalle plus réduit (jusqu'à 1.2 fois le smic) la même enveloppe budgétaire d'exonérations de charges patronales augmente l'emploi de 400 000 postes, mais dégrade la production nette de près de 1%. Mots clés : Frictions sur le marché du travail, politiques de fixation des salaires et de formation, politiques d'emploi

Minimum wage and unemployment benefits as policy instruments to coordinate the employer's wage policies

Abstract : The aim of this paper is to analyze the implications of labor market reforms on the wage and productivity distributions and on the average level of production. We use a Mortensen-Burdett-Pissarides style model which is carefully calibrated on French labor market. This model is extended in order to take into account the transition between short run and long run unemployment; this allows to generate some endogenous heterogeneity in the wage reservation. First, we show that a sufficiently high level of the minimum wage allows to reach a high level of productivity because of the firm's investment decision in human capital. Secondly, we show that a combination between short run and long run unemployment benefits allows to obtain the same optimal level of output net of the turnover costs. Finally, we show that the decrease in the taxes paid by the employers increase output: this policy has sufficient large effects on employment to compensate for the decrease in productivity. To illustrate this point, we then show that a concentration of these subventions on the bottom of the wage distribution decreases output via a larger negative effect on productivity. Keywords : Labor market frictions, wage and human capital formation policies, labor market policies Codes JEL : J31, J41, J60

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Table des matieres

1 Introduction 51.1 Endogeneiser la distribution des salaires et des postes de travail 71.2 Une modelisation originale du marche du travail a temps complet 91.3 Un outil d’analyse des politiques economiques . . . . . . . . . 11

2 Un modele de recherche d’emploi d’equilibre 132.1 Les flux sur le marche du travail . . . . . . . . . . . . . . . . . 13

2.1.1 Creations et destructions de postes de travail . . . . . . 142.1.2 Les flux de main d’oeuvre entre les postes de travail . . 17

2.2 Le comportement des travailleurs . . . . . . . . . . . . . . . . 182.3 Investissement en capital humain et offre de salaires . . . . . . 202.4 Equilibre sur le marche du travail . . . . . . . . . . . . . . . . 22

2.4.1 Comment se forme l’equilibre ? . . . . . . . . . . . . . 232.4.2 Determination de l’equilibre . . . . . . . . . . . . . . . 24

2.5 L’introduction d’un salaire minimum . . . . . . . . . . . . . . 272.6 Criteres d’evaluation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

3 Un etalonnage sur l’economie francaise 293.1 Echantillon retenu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 293.2 Parametres externes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 323.3 Parametres deduits de l’etat stationnaire . . . . . . . . . . . . 34

4 Evaluation quantitative 354.1 L’incidence des minima sociaux sur l’equilibre du marche du

travail . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364.1.1 La contrainte du smic . . . . . . . . . . . . . . . . . . 364.1.2 Le role du smic . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 374.1.3 Le role de l’ecart entre les deux salaires de reservation . 41

4.2 Niveaux optimaux du smic et des revenus de substitution . . . 444.3 Reformes du systeme politico-social . . . . . . . . . . . . . . . 47

5 Conclusion 51

A Annexe technique 55A.1 Calculs du salaire de reserve quand smic < xl < xc . . . . . . 55

A.1.1 Le cas des chomeurs indemnises . . . . . . . . . . . . . 55A.1.2 Le cas des rmistes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56

A.2 Ecart de valeur entre un chomeur indemnise et un rmiste etexpression des salaires de reserve . . . . . . . . . . . . . . . . 56

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A.3 Calculs du salaire de reserve quand la borne inferieure du sup-port des salaires offerts est superieure a xl . . . . . . . . . . . 57A.3.1 Le cas ou xl < smic < xc . . . . . . . . . . . . . . . . . 57A.3.2 Le cas ou le salaire minimal offert par les entreprise est

tel que smic < xc ≤ w . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

B Preuves des propositions 60B.1 Proposition 1 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60B.2 Proposition 2 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61B.3 Proposition 3 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 61

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1 Introduction

Cette etude a pour objectif d’evaluer l’incidence du salaire minimum etdes revenus de substitution, allocation-chomage et revenu minimum d’in-sertion, sur les inegalites de salaire, de revenus, sur le chomage et plusgeneralement sur l’optimalite de l’equilibre du marche du travail. Ce der-nier point est d’importance : si le systeme politico-social francais fait croıtrele cout du travail et donc potentiellement le chomage, il peut egalement per-mettre via la qualite des contrats de travail, de coordonner l’economie surun equilibre ou ne seront crees que des postes relativement productifs. Bienentendu, cette hausse potentielle de la productivite ne doit pas faire oublierles couts sans doute plus importants d’ouverture de postes de travail. Ainsi,l’optimalite d’un systeme politico-social peut etre mesuree par la productionnette qu’il permet de creer, cette derniere integrant les niveaux de l’emploi,de la productivite et des couts de creation de poste1.

Traditionnellement, les etudes sur l’interaction entre la structure politico-sociale et l’equilibre sur le marche du travail se focalisent sur les liens entresalaire minimum et emploi, ou entre revenus de substitution (allocationchomage ou minima sociaux) et chomage. Ainsi, si l’on ne retient que lesarguments valant pour les emplois a temps plein, ces etudes soulignent lesliens suivants

1. Concernant le processus de creation d’emploi, l’existence d’un salaireminimal reduit la demande de travail des entreprises. Ainsi, Laroque etSalanie [2000] estiment qu’une hausse de 10% du smic impliquerait, aterme, 290 000 suppressions de postes, alors que les etudes synthetiseesdans le rapport du CSERC [1999] mentionnent des pertes entre 40 000et 200 000 empois.

2. Concernant le processus de recherche d’emploi, toute hausse des re-venus de substitution versees aux demandeurs d’emploi, conduit cesderniers a retarder l’acceptation d’une offre. Ainsi, Dormont, Fougereet Prieto [2001] montrent que meme l’introduction d’une degressivitedans les allocations chomage induit des retours plus lents vers l’emploi.

Meme s’il existe des controverses sur l’amplitude des ces mecanismes, ilssont le plus souvent mis en avant pour souligner les effets potentiellementnegatifs du systeme politico-social sur l’emploi.

Notre ambition dans cette etude est de poser a nouveau la question de

1Certains travaux, tels ceux de Acemoglu et Shimer [1998] ont deja montre l’existencede cet arbitrage productivite-emploi.

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l’incidence des minima sociaux sur l’equilibre du marche du travail dans uncadre renouvele presentant les dimensions suivantes :

– une modelisation quantitative avec fondements micro-economiques per-mettant d’effectuer des variantes de politique economique.

– un depassement des analyses centrees sur un seul cote du marche entenant compte des interdependances entre offre et demande de travail.

– la construction d’un modele a agents heterogenes dans lequel les dis-tributions de salaire et de productivite sont endogenes.

Ces trois points repondent a la necessite de construire des maquettes dumarche du travail dans lesquelles l’on puisse traiter a la fois des problemesd’efficacite, dont l’emploi n’est qu’une dimension, et d’inegalites. Cette methodologiedoit alors permettre d’apprecier les reactions des differents agents aux mo-difications des regles institutionnelles en endogeneisant la distribution dessalaires et des investissements en formation sur les postes de travail pro-poses. La prise en compte de cette heterogeneite doit se faire dans un cadreou les strategies de chacun des agents sont specifiees, l’equilibre apparaissantalors comme l’issue d’un jeu entre ces differents agents.

La modelisation retenue vise ainsi a apporter des eclairages nouveauxsur les comportements des acteurs sur le marche du travail. Plus parti-culierement, les points suivant seront approfondis.

1. Les politiques salariales des entreprises expliquent une grande part desinegalites de salaire. Ces choix strategiques pour chaque entreprise nesont a priori pas coordonnes afin d’assurer une allocation optimale.Les politiques salariales differenciees doivent donc etre prises en comptelors de la determination de l’equilibre, afin de juger de l’efficacite economique.Au niveau empirique, cette approche est justifiee par les travaux deAbowd et Kramarz [2000] : en effet, pour des caracteristiques indivi-duelles identiques, les employes ont des remunerations differentes, cequi suggere que les inegalites salariales sont en grande partie dues auxspecificites des entreprises (differences de productivite et de politiquesalariale).

2. Les minima sociaux peuvent conduire les entreprises a ne pas engagerde ressources dans un processus de recrutement centre sur les deman-deurs d’emploi les moins exigeants.Socialement, les minima sociaux concentrent les efforts de recrutementsur les entreprises ayant les productivites les plus elevees, assurant doncles meilleures remunerations.

Quels sont alors les grands traits de la modelisation retenue ? Deux pointsseront particulierement approfondis : d’une part le jeu entre les entreprises

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permettant de determiner une distribution endogene des salaires et des pro-ductivites, et d’autre part, les comportements de recherche sur le marchedu travail dont on deduit les comportement de participation, i.e. pour lesentreprises le nombre de creation de poste, et pour les offreurs de travail lenombre de retour vers l’emploi.

Cette modelisation se situe dans la continuite des travaux de Phelps [1970]et Mortensen [1970] qui montrent que l’equilibre sur le marche du travailpeut etre apprehende comme un processus sequentiel de recherche d’emploi :face a des offres de salaire qu’ils ne savent pas instantanement localiser, leschomeurs cherchent la meilleure opportunite, etant donne les gains qu’ilspercoivent sans travailler. Ces premiers travaux souffrent d’insuffisances :absence d’une theorie de formation des salaire, la distribution des offres desalaire etant alors exogene, et absence de traitement de la demande de travailet de ces interactions avec les strategies des offreurs.

Ils ont ete approfondis par une serie de travaux recents prenant en compteles strategies salariales des entreprises d’une part et des frictions sur le marchedu travail, ces deux elements etant tres recemment integres dans un memecadre.

1.1 Endogeneiser la distribution des salaires et des postesde travail

Les strategies salariales des firmes.L’absence d’une theorie de la formation des salaires dans ces premiers

modeles de recherche d’emploi est particulierement bien mise en evidencepar Diamond [1971]. Ce dernier montre que si les entreprises, dont le nombreest donne, ont des anticipations rationnelles, alors elles offriront un salaireunique et identique a ce que les agents percoivent sans travailler. Ainsi, al’equilibre la distribution des salaires offerts est degeneree en un point2.

Les travaux de Butters [1977], Burdett et Judd [1983], Mortensen [1990]puis Burdett et Mortensen [1998] ont permis de montrer comment il etait pos-sible de determiner une distribution d’offre de salaires non-degeneree memedans le cas ou les entreprises et les offreurs de travail sont identiques. Leurapport est d’avoir formule un jeu non-cooperatif entre les entreprises permet-tant d’engendrer des offres de salaire differenciees. Ces entreprises disposent

2Une maniere artificielle de sortir de ce probleme theorique est de supposer que lesoffreurs de travail ont des revenus non-salariaux differents. La distribution des offres desalaires decoule alors de cette distribution exogene des revenus non-salariaux (voir Albrechtet Axell [1984] par exemple).

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d’un pouvoir de monopsone en offrant des salaires non-negociables aux em-ployes.

Toutes les firmes sont supposees homogenes ainsi que tous les travailleurs.Sur le marche du travail, des frictions existent : les travailleurs ne connaissentpas tous les salaires offerts (information incomplete). Les postes de travailetant identiques, un offreur de travail accepte la mieux remuneree parmil’ensemble des offres de salaire qu’il connaıt. Ainsi, si l’offreur de travailest au chomage, il acceptera toute offre lui assurant un revenu superieur al’inactivite, alors que s’il est employe, il n’acceptera une offre que si celle-ci correspond a un salaire plus eleve. L’offre de travail est alors croissanteavec le salaire offert. Ce resultat provient de facon cruciale du fait que lessalaries ont egalement la possibilite de passer d’un emploi a un autre emploisans transiter par le chomage. Dans ce cas, les salaires verses determinentautant de salaires de reserve pour les employes : ces derniers sont prets aaccepter toute offre superieure a leur salaire. C’est pourquoi le salaire offertpar une entreprise determine la probabilite de trouver un travailleur, ainsi quecelle de debauchage par une autre firme de ce travailleur une fois qu’il seratrouve. Dans un monde ou il est couteux de chercher des offreurs de travail,offrir un salaire faible c’est donc s’exposer a des couts de recrutement eleves.Il existe alors une distribution de salaire d’equilibre dans laquelle chaqueniveau de salaire donne le meme profit intertemporel, rente instantanee etcout de recrutement futurs s’equilibrant, mais differant d’un niveau de salairea l’autre, compte tenu de la fonction de repartition des salaires.

Ces developpements theoriques ont ete utilises, et sont maintenant pri-vilegies pour analyser la distribution des salaires sur le marche du travail.Les travaux de Bontemps, Robin et van den Berg [1999] ou de Postel-Vinayet Robin [2002] en sont de parfaites illustrations sur donnees francaises : cesauteurs mettent en evidence la capacite de ce cadre theorique a reproduireles dispersions de salaires observees tant au niveau agrege qu’au niveau sec-toriel. Fort de cette pertinence empirique, cette theorie de la distribution dessalaires sera au coeur de notre modelisation du marche du travail.

Le nombre de postes de travail.Parallelement a cette litterature sur la determination de la distribution

des salaires, des modeles ou entreprises et employes sont engages simul-tanement dans un processus couteux de recherche ont ete developpes : cesont les modeles d’appariement. Le manuel de Pissarides [1990] dresse unetat complet de cette litterature : il indique comment les couts intertempo-rels de gestion de la main d’oeuvre affectent les creations d’emploi. L’apportde cette modelisation est d’introduire des externalites dans les couts d’em-

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bauche : plus le nombre de firmes desirant embaucher est grand, plus il seradifficile pour une firme particuliere de pourvoir son poste vacant, mais plusil y a d’offreurs de travail, plus cela sera rapide. Ces modelisations ont parti-culierement ete utilisees en macro-economie pour expliquer la dynamique duchomage et la lenteur de ces ajustements (voir Langot [1996] par exemple).Elles permettent en particulier de bien specifier les arbitrages intertemporelssous-jacents a la formation de la demande et de l’offre de travail. Ceci estparticulierement interessant dans une perspective d’evaluation comparee despolitiques d’emploi.

Vers une synthese.Mortensen [2000] montre comment il est possible de faire une synthese

entre ces deux types de litterature3. L’interet est de tenir compte des defautsde coordination induits par les comportement non-cooperatifs de fixation desalaire, et des externalites d’echange lors de la determination du nombre depostes dans l’economie. Comportement d’offre de salaire et comportementsd’offre et de demande de travail inter-agissent alors fortement. Les probabi-lites de rencontre d’un travailleur par les firmes dependent de la situation dumarche du travail, et plus precisement de l’intensite relative de la rechercheentre le cote de la demande et le cote de l’offre. Les probabilites d’acceptationdes postes par les offreurs de travail dependront de la fonction de repartitiondes offres de salaire.

1.2 Une modelisation originale du marche du travail atemps complet

Notre premier objectif est d’utiliser le modele de synthese de Mortensen[2000] a des fins de politique economique. Les defauts de coordination et lesexternalites d’echange creent potentiellement des sources de sous-optimalitedans l’equilibre du marche du travail qu’il est interessant d’etudier dansle cadre d’une modelisation appliquee de l’economie francaise. Nous nousproposons en outre d’introduire deux approfondissements qui permettrontd’enrichir notre comprehension des implications des revenus de substitutionet du salaire minimum sur l’efficacite du marche du travail et sur le degred’inegalite.

1. Productivites endogenes.

3Voir Mortensen [2002] pour une strategie de modelisation alternative des couts derecherche.

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Il est possible d’engendrer une distribution des productivites de faconendogene, toutes les entreprises etant ex-ante homogenes4. L’idee d’ob-tenir un equilibre ou les distributions de salaire et de productivite seforment simultanement de facon endogene a ete discutee par Acemogluet Shimer [1999]. Ainsi, si les salaires sont disperses, les producteurspayant le plus cher leur main d’oeuvre sont incites a avoir une struc-ture productive plus intensive en capital. Ils investissent relativementplus en capital, d’ou les ecarts de productivite entre les entreprises.Ainsi, l’heterogeneite des salaires offerts entraınerait une heterogeneitedes firmes due a leurs politiques differentes d’investissement. Il est alorspossible d’evaluer l’incidence du systeme politico-social sur la produc-tivite. Nous suivons ici une extension deja proposee par Mortensen[2002].

Il s’agit la de la seule source d’heterogeneite de la productivite dans lemodele. Le niveau de capital humain est specifique au poste de travaildans une entreprise et disparaıt d’ailleurs au moment de la separation.C’est pourquoi notre population de reference dans la calibration dumodele sera homogene du point de vue de la qualification generale.Nous considererons uniquement les ouvriers et les employes.

2. Prise en compte de l’exclusion.

Les offreurs de travail ont des caracteristiques differentes. En particu-lier, certains beneficient d’une allocation chomage, d’autres uniquementde minima sociaux. Ceci implique des strategies de retour vers l’emploidifferentes : un chomeur aura, toutes choses egales par ailleurs, un sa-laire de reservation plus eleve qu’un rmiste. Il semble egalement indis-pensable de prendre en compte dans les choix d’offre de travail les tran-sitions possibles de l’etat de chomeur indemnise vers celui de rmiste.Ainsi, la structure des minima sociaux affecte toute la population desdemandeurs d’emploi via les anticipations de parcours sur le marchedu travail. Enfin, au dela de la perte financiere issue d’une transitionvers le rmi, un effet de stigmatisation des chomeurs de long terme seraintroduit : le taux d’offre d’emploi des chomeurs indemnise sera plusimportant que celui des rmistes. Ce processus d’exclusion sera integredans la formation des salaires de reservation des chomeurs indemnises :il accroıtra la crainte d’un passage au rmi et reduira donc leurs reven-dications salariales. Cette modelisation approfondit celle proposee parGranier et Joutard [2000], le taux d’exclusion devenant alors endogene.

4L’heterogeneite des entreprises est traditionnellement utilisee comme un ingredientindispensable pour reproduire la forme de la distribution des salaires.

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1.3 Un outil d’analyse des politiques economiques

Une evaluation quantitative du role des revenus de substitution etdu salaire minimum.

Tandis que revenus de substitution et smic sont generalement soupconnes,explicitement ou au moins implicitement, d’etre source d’inefficacite, notrecadre prend en compte des sources de sous-optimalite qui permettent uneevaluation moins desequilibree a priori des implications de ces grandeurs.

Ce qui apparaıt en effet essentiel dans notre modelisation est l’interactionentre d’un cote le systeme politico-social du marche du travail apprehendepar le triptyque Rmi-Allocation chomage-Smic et de l’autre cote la politiquesalariale des firmes. Il en resulte des distributions d’offres de salaire et deproductivites des entreprises coherentes avec une certaine politique de for-mation, ainsi qu’un taux d’emplois vacants et un taux de chomage, ensemblede grandeurs qui permettent de juger de l’efficacite du systeme.

Nous montrons que, dans ce cadre, le systeme politico-social, au-delade son objectif premier de reduction des inegalites, tire son efficacite d’unmecanisme de coordination des strategies individuelles des entreprises. Spon-tanement, ces dernieres ont en effet tendance a s’engager dans une concur-rence a la baisse des salaires qui s’accompagne de facon concomitante d’uneformation et d’une productivite faibles. Le niveau de l’investissement en for-mation permet de mener une politique de hauts salaires et donc de se protegerdes ”debauchages” des autres firmes. Cette strategie peut entraıner un niveaude formation trop eleve compte tenu des ressources qu’il faut lui consacrer.En revanche, le niveau de formation peut etre trop faible car les entreprisescraignent de perdre leurs employes qu’elles auraient alors forme pour rien. Leniveau moyen de la productivite qui resulte des comportements strategiquesentre les entreprises ne correspond donc pas necessairement au niveau opti-mal. De plus, la concurrence entre les firmes pour attirer les travailleurs peutentraıner trop d’emplois vacants. Ces emplois vacants permettent un certaintaux d’embauche dans l’economie (externalite positive pour les chomeurs),mais entraınent un effet de congestion (externalite negative pour les autresentreprises). Ainsi, trop d’emplois vacants risque de provoquer des ineffica-cites liees aux ressources depensees pour leur postage.

Il ressort de notre analyse que les salaires de reservation des chomeursrmistes et eligibles ne doivent pas trop differer, pour eviter que certaines en-treprises ne soient tentees de s’adresser, par leurs politiques salariales, qu’ausous-ensemble des rmistes par des politiques de bas salaires. Toutes chosesegales par ailleurs, ces offres specifiques peuvent creer du chomage par uneffet desincitatif sur les chomeurs eligibles. Elles impliquent egalement unebaisse de la productivite moyenne des postes de travail et peuvent de ce fait

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etre la cause d’une baisse de la production nette de l’economie. L’ecart entrele rmi et les allocations-chomage joue un role essentiel dans l’occurrence detelles offres.

Le salaire minimum apparaıt cependant, etant donne son niveau relati-vement aux autres grandeurs, rmi et allocation-chomage, comme l’elementcontraignant des offres de salaires des entreprises. Le salaire de reservation deschomeurs indemnises lui est inferieur, et a fortiori celui des exclus egalement.On pourrait ainsi augmenter le rmi de 15% sans modifier l’equilibre dumarche du travail a temps complet. Il apparaıt en outre que le niveau opti-mal du smic n’est inferieur que de 5% a celui qui prevaut actuellement. Lesmic a en effet comme interet de contrecarrer la tendance a la creation depostes a productivite faible. Si l’on baissait le smic en-deca de ce niveau op-timal, le chomage continue certes a diminuer, mais la productivite moyennese degraderait trop, ce qui diminuerait la production. En outre, la baisse dusmic, a partir d’un certain niveau, entraıne l’existence d’un trappe a bassalaires qui decourage la reprise du travail, ce qui augmente le chomage. Ceteffet se manifeste dans notre modele dans la mesure ou il existe un certainnombre d’entreprises qui sont poussees a ne s’adresser qu’aux chomeurs delongue duree, et donc a offrir des salaires en deca du salaire de reservationdes chomeurs indemnises.

Ainsi, l’interet de notre modelisation est d’endogeneiser la creation despostes de travail dans l’economie et de ne pas raisonner sur des distributionsexogenes d’offre de salaire et de productivite. Notre modelisation revele ainsides discontinuites importantes dans les implications des modifications desvariables politico-sociales sur l’emploi et l’efficacite du marche du travail, quis’expliquent par la reaction non-coordonnee des entreprises marquee alorspar des defauts de coordination. Elle souligne alors le role important dusmic dans la coordination des agents sur l’equilibre efficace.

Evaluer l’incidence des reductions de charges sur les bas salaires

Si l’etude du triptyque Rmi-Allocations chomage-Smic permet de don-ner des evaluations de l’incidence de ces trois variables institutionnelles surl’equilibre, d’autres instruments sont aujourd’hui privilegies, en particulierles exonerations de cotisations employeurs autour du smic. Elles permettentde baisser le cout du travail tout en laissant inchange le niveau du salaire netemploye. Elles peuvent ainsi permettre d’atteindre un niveau de productionnette plus elevee qu’en utilisant la baisse du smic qui entraınait une baissedu cout du travail, mais limitee par le niveau du salaire de reservation deschomeurs indemnises. De facon plus originale, cette politique permet de li-

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miter la degradation de la productivite du travail qui decoulerait de la baissedes salaires. Comme les salaires nets sont inchanges, une baisse du salaire em-ployeur n’entraıne pas une crainte plus elevee de debauchage, ce qui n’abaissepas le niveau moyen de capital humain. Cependant, ce resultat ne vaut quesi la moyenne des salaires nets employes reste constante, ce qui n’est pasgaranti car les entreprises peuvent choisir de s’engouffrer dans l’intervalle surlequel les exonerations de charge sont pratiquees.

En generant une distribution des salaires coherente avec les nouvellesdecisions economiques faisant suite a cette reforme, notre modele peut etre unoutil efficace d’evaluation. De plus, il permet la encore de depasser la simplemesure de l’incidence sur l’emploi. En effet, le profilage des exonerationsde charges patronales peut exacerber la concurrence entre les firmes sur lesfaibles salaires et donc reduire l’efficacite de l’economie.

Nous montrons que la reforme5 de 1997 a permis de diminuer le chomagede 2 points, ce qui correspond a 243 000 emplois crees . Cette baisse du coutdu travail ne concernant que la frange inferieure des salaires, cette partie dela distribution des salaires attire alors plus d’offres de la part des entreprises.Cela abaisse la qualite moyenne des postes de travail dans l’economie, dimi-nuant fortement la productivite moyenne du travail. Cet effet est cependantplus que compense par la forte augmentation de l’emploi, ce qui se traduitpar une augmentation de la production nette. Nous montrons alors qu’unereforme concentrant sur un intervalle plus reduit (jusqu’a 1.2 fois le smic) lameme enveloppe budgetaire d’exonerations de charges patronales aurait aug-mente l’emploi de 400 000 postes, mais aurait degrade la production nettede pres de 1%.

Au total, il nous semble qu’une maquette du marche du travail endogeneisantde facon coherente la distribution des salaires et des productivites des differentspostes de travail peut constituer un guide utile pour l’analyse des politiqueseconomiques.

2 Un modele de recherche d’emploi d’equilibre

2.1 Les flux sur le marche du travail

Differents types de flux co-existent sur le marche du travail : d’une partles transitions entre l’emploi, le chomage et l’exclusion, et d’autre part lamobilite salariale, c’est a dire les mouvements de main d’oeuvre sur chaque

5Le taux de cotisation est egal a 22% au niveau du smic et augmente de facon lineairepour atteindre le taux normal de 40% pour un salaire de 1.33 fois le smic.

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Page 14: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

niveau de salaire.

Du cote de l’offre de travail, les employes licencies deviennent des chomeurs”indemnises” : leurs caracteristiques principales sont alors de percevoir uneallocation chomage et d’avoir une certaine efficacite dans la recherche d’em-ploi. Leurs strategies de recherche d’emploi, resumees par leur salaire dereserve, depend donc de ces deux caracteristiques. Apres une certaine dureede chomage, ces agents passent aux minima sociaux et sont stigmatises surle marche du travail, ce qui se traduit par une perte d’efficacite lors de larecherche d’emploi. Le salaire de reserve de ces agents est donc different decelui des chomeurs indemnises. On notera respectivement xl et xc les salairesde reservation des rmistes et des chomeurs indemnises.

2.1.1 Creations et destructions de postes de travail

Suivant Pissarides [1990], nous supposons que, sur le marche du travail,l’echange est une activite couteuse et non-coordonnee. En abandonnant l’hy-pothese d’un ajustement walrasien, l’allocation des ressources est alors gou-vernee par un processus de recherche : il existe une fonction d’appariement re-liant le nombre d’embauches H au nombre d’emplois vacants v et au differentstypes de chercheurs d’emplois.

Afin de tenir compte de l’efficacite differenciee des differentes categories demain d’oeuvre lors de ce processus de recherche, nous proposons la generalisationsuivante de la fonction d’appariement :

H = h(v, hee + hcuc + hlul)

ou e, uc et ul designent respectivement les stocks d’employes, de chomeurs in-demnises (chomeurs de court terme), et de chomeurs percevant une allocationde solidarite ou un rmi (chomeurs de long terme).

Chacun de ces agents a une efficacite specifique notee respectivementhe, hc et hl. Le terme hee + hcuc + hlul mesure donc le nombre ”efficace” dechercheur d’emploi ; il sera note h. La fonction h(., .) est supposee etre du type

Cobb-Douglas H = vψh1−ψ

avec 0 < ψ < 1 ; elle verifie donc les proprieteshabituelles de toute fonction de production a rendements d’echelle constants.

Contrairement a Pissarides [1990], on ne suppose pas une specialisationtotale dans l’echange ou la production. Meme si seuls les emplois vacants sontengages dans le processus d’echange, a la fois les chomeurs et les employescherchent du travail. Les flux d’emploi a emploi ne sont donc pas exclus.

La taille de la population est fixee et nous normalisons le nombre detravailleurs a un (e + uc + ul = 1). Ainsi, v correspond au taux d’emploisvacants.

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Page 15: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Dans les modeles d’appariement, le processus de recherche implique que lepassage d’un emploi vacant a un poste pourvu, celui du chomage a l’emploiou celui de l’emploi vers un autre emploi est incertain. La probabilite depourvoir un emploi vacant s’ecrit :

q(θ) =H

v= h

(1,

h

v

)avec θ =

v

h

La duree moyenne d’un emploi vacant est alors 1/q(θ). Le taux d’arrivee desoffres de salaire est

– pour les employes :

he

h

H

e + uc + ul= he H

h= heλ(θ)

ou le terme H/(e + uc + ul) represente la probabilite qu’un offreur detravail quelconque recoive une offre, le terme he/h indiquant quant alui la probabilite, etant donnee l’efficacite relative des employes, que cecontact les concerne. La normalisation de la taille de la population etl’hypothese de rendements constants de la fonction d’appariement, per-mettent de reecrire simplement cette probabilite comme une fonctionde he et θ.Les employes ont une efficacite specifique dans la recherche d’emploicar le temps dont ils disposent pour cette activite est moins importantque des chomeurs.

– pour les chomeurs indemnises :

hc

h

H

e + uc + ul= hc H

h= hcλ(θ)

– pour les rmistes :

hl

h

H

e + uc + ul= hl H

h= hlλ(θ)

La ”stigmatisation” des chomeurs de long terme est modelisee de lafacon suivante : tous les chomeurs peuvent obtenir un entretient d’em-bauche, ce qui correspond ici a un contact. La probabilite de cet evenementest hcλ(θ). Toutefois, pour les chomeurs de long terme, seule une par-tie de ces contacts deboucheront effectivement sur un entretien : ainsi,la difference entre hl et hc mesure ce differentiel de ”chances”. Il s’agitbien d’une stigmatisation, car une fois embauches, les individus peuventavoir la meme productivite.

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Page 16: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Les durees moyennes d’attente avant d’obtenir une offre sont alors 1/(heλ(θ))pour les employes, 1/(hcλ(θ)) pour les chomeurs indemnises, 1/(hlλ(θ)) pourles rmistes.

Compte tenu de cet ensemble d’hypotheses relatives aux echanges sur lemarche du travail, il apparaıt alors clairement que les decisions des agentsconduisent a deux types d’externalites :

– si v augmente, la probabilite de pourvoir un emploi vacant diminue.Ces externalites d’echange sont des effets de “congestion”.

– Si v augmente, la probabilite d’obtenir une offre d’emploi augmente :il existe alors une complementarite entre les decisions des offreurs detravail et les decisions d’embauche des firmes.

A l’equilibre stationnaire, le nombre de personnes sortant du chomagede courte duree est hcλ(θ)[1 − F (xc)]u

c, ou [1 − F (xc)] donne la masse deschomeurs de courte duree acceptant les offres de salaire (toutes les offres t.q.w ≥ xc). A ce flux de sortie vers l’emploi, il faut ajouter le flux de sortievers le chomage de long terme, se faisant a un taux exogene δ. Le nombre desorties de l’emploi est determine par le produit du taux de sortie (s), supposeexogene et constant, et du nombre de travailleurs employes (1− u).

L’equilibre de flux d’entree-sortie du chomage de court-terme (uc) estalors donne par :

s(1− u) = hcλ(θ) [1− F (xc)] uc + δuc

Concernant les chomeurs de long terme (ul), le flux des entrees est donnepar δuc, alors que les sorties sont donnees par hlλ(θ) [1− F (xl)] u

l, ou [1 −F (xl)] donne la masse des chomeurs de longue duree acceptant les offres desalaire (toutes les offres t.q. w ≥ xl).

L’equilibre de flux d’entree-sortie du chomage de court-terme (uc) estalors donne par :

δuc = hlλ(θ) [1− F (xl)] ul

A l’equilibre, aucune entreprise n’a interet a offrir des salaires qu’aucunoffreur de travail acceptera : ce simple constat implique que, independammentde la valeur de xl, alors F (xl) = 0, ce qui sera demontre lors de la resolutionde l’equilibre.

Sachant que par definition u = uc + ul, on a donc :

u =s

(hlλ(θ) + δ

)

hlλ(θ) {hcλ(θ) [1− F (xc)] + δ}+ s (hlλ(θ) + δ)

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Page 17: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

uc = uhlλ(θ)

hlλ(θ) + δ

ul = uδ

hlλ(θ) + δ

2.1.2 Les flux de main d’oeuvre entre les postes de travail

L’evolution du stock d’employes disposant d’un salaire inferieur ou egala w (donne par la fonction de repartition G(w)) est, a priori, dependant dece niveau de salaire w, au regard des salaires de reservation xc et xl, maisegalement des offres de salaire dont la fonction de repartition est donnee parF (w).

Il existe, a-priori, des flux d’emploi a emploi et du chomage vers l’emploipour l’ensemble des remunerations proposees. Ainsi, les equilibres de fluxpour chaque niveau de salaire sont les suivants :

– Pour w < xl, on a G(w) = 0 : toute offre de salaire inferieure a xl estnecessairement refusee par l’ensemble des chomeurs.

– Pour xl ≤ w < xc, le flux de travailleurs quittant un emploi de remunerationinferieure ou egale a w est :

(1− u)G(w) {s + heλ(θ) [1− F (w)]}

Il y a d’une part (1−u)G(w) employes remuneres a un salaire inferieurou egal a w dont l’emploi est detruit avec une probabilite s.D’autre part, (1−u)G(w) employes remuneres a un salaire inferieur ouegal a w recevront avec une probabilite heλ(θ)[1−F (w)] une propositiond’emploi et de salaire qu’ils prefereront a leur situation courante.Comme les employes ne bougent que vers des postes mieux remuneres,le flux de travailleurs embauches sur un poste offrant une remunerationinferieure ou egale a w est :

uchcλ(θ) max{F (w)− F (xc), 0}+ ulhlλ(θ) max{F (w)− F (xl), 0}

Pour F (w) − F (xl) > 0, le premier membre de la fonction max{.}donne une mesure des offres acceptables par les chomeurs de long terme(idem pour les chomeurs de court terme). Si le salaire le plus eleveoffert est inferieur a xl, alors le flux de travailleurs embauches sera nul(deuxieme membre de l’operateur max{.}). Ici, le salaire minimal offertpar les entreprises est xl, donc F (xl) = 0. De plus, pour w < xc, on amax{F (w) − F (xc), 0} = 0 : aucun chomeur indemnise n’accepte cesoffres.

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Page 18: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

L’equilibre entre le flux de travailleurs quittant un emploi de remunerationinferieure ou egale a w et celui entrant sur de tels postes est :

(1− u)G(w)heλ(θ) [1− F (w)]︸ ︷︷ ︸ + s(1− u)G(w)︸ ︷︷ ︸ = hlλ(θ)F (w)ul

︸ ︷︷ ︸demissions destructions creations

dont on deduit

G(w) =

(ul

1− u

)hlλ(θ)F (w)

s + heλ(θ) [1− F (w)]

car on suppose que F (xl) = 0 et F (w) ≥ 0.

– Pour w ≥ xc, l’equilibre de flux s’ecrit de la facon suivante :

heλ(θ) [1− F (w)] (1− u)G(w)︸ ︷︷ ︸ + s(1− u)G(w)︸ ︷︷ ︸demissions destructions

= uchcλ(θ)F (w) + ulhlλ(θ)F (w)︸ ︷︷ ︸ − hcλ(θ)F (xc)uc

︸ ︷︷ ︸creations refus

potentielles

dont on deduit

G(w) =uchcλ(θ)F (w) + ulhlλ(θ)F (w)− uchcλ(θ)F (xc)

(1− u)(s + heλ(θ) [1− F (w)])

2.2 Le comportement des travailleurs

Les fonctions-valeur sont notees V n(w) pour un employe remunere ausalaire w, V uc pour un chomeur de courte duree, eligible aux allocationschomage b, et V ul pour un chomeur de longue duree, ne disposant que durmi. Celles-ci representent l’esperance de la somme actualisee des gains pourchaque type d’agent.

Les fonctions-valeur des employes, des chomeurs et des rmistes s’ecrivent :

rV n(w) = (1− cn)w + heλ(θ)∫ w

w[V n(w)− V n(w)] dF (w)− s [V n(w)− V uc]

rV uc = b + hcλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V uc] dF (w)− δ[V uc − V ul

]

rV ul = rmi + hlλ(θ)∫ w

xl

[V n(w)− V ul

]dF (w)

Ainsi, a chaque date, un employe recoit un salaire w duquel il doit retirer sescotisations cn. Celui-ci valorise egalement sa transition vers un emploi mieux

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Page 19: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

remunere. Ce surplus de gains depend de sa probabilite specifique de contactheλ(θ) et de l’esperance des transitions ascendantes : seules les transitionsvers des salaires superieurs a celui de la periode sont acceptees (la borneinferieure de l’integrale est w). Enfin, l’employe valorise egalement les pertesassociees au risque de destruction de son poste de travail : cet evenementsurvient avec une probabilite s et l’employe devient chomeur de court terme,eligible aux allocations chomage.

Comme pour l’employe, le chomeur indemnise valorise, en plus de sonrevenu courant (b), les surplus issus de transitions ascendantes (passage versl’emploi avec une probabilite de contact hcλ(θ)) et descendantes (passagevers le chomage de long terme, rmi, avec une probabilite δ).

Enfin, les rmistes valorisent leur revenu courant (rmi) et ne peuventconnaıtre qu’une mobilite ascendante (transition vers l’emploi avec une pro-babilite hlλ(θ)).

Ces offreurs de travail (employes, chomeurs indemnises et rmistes) an-ticipent le comportement des entreprises lors de l’evaluation de leurs gainssur le marche du travail. En effet, les transitions vers l’emploi dependent desniveaux de salaires proposes et des probabilites d’occurrence de ces offres :ceci est resume par la fonction de densite des offres de salaire dF (w).

La determination des salaires de reservation. Les chomeurs acceptentde travailler si le salaire propose par l’entreprise rend la situation d’employepreferable. Les conditions de participation sont alors V n(w) ≥ V uc pour leschomeurs indemnises et V n(w) ≥ V ul pour les rmistes.

Les decisions d’offre de travail sont alors synthetisee par la determinationdu salaire minimal a partir duquel un chomeur accepte en emploi. Ces salairesseuils, appeles salaires de reservation, sont alors tels que V n(xc) = V uc etV n(xl) = V ul, ce qui implique :

– pour les chomeurs indemnises6

(1− cn)xc = b− δ[V uc − V ul

]+ (hc − he)λ(θ)

∫ w

xc

[V n(w)− V uc] dF (w)

Premierement, le salaire de reservation des chomeurs est diminue, re-lativement a l’allocation chomage b, des pertes d’opportunite dues ala transition vers le chomage de long terme (avec une probabilite δ ondevient rmiste) : ces pertes viennent, d’une part, de la baisse de revenude substitution (rmi < b) et de la stigmatisation inherente au chomagede long terme impliquant un retour vers l’emploi plus difficile. D’autre

6Tous les calculs permettant d’obtenir les salaires de reservation dans les differentsregimes sont reportes en annexe.

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Page 20: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

part, ce salaire de reservation est accru, relativement a b, de la haussedes opportunites induites par la plus grande disponibilite des chomeurs,relativement a celle des employes, pour rechercher un emploi (hc > he).Ainsi l’introduction d’un differentiel d’efficacite dans la recherche entreemployes et chomeurs indemnises, conduit a une hausse du salaire dereservation. En revanche, la stigmatisation vient moderer le salaire dereservation car elle diminue les opportunites de retour vers l’emploi7.

– pour les rmistes,

(1− cn)xl = rmi− s[V uc − V ul] + (hl − he)λ(θ)∫ w

xl

[V n(w)− V uc] dF (w)

Premierement, le salaire de reservation des rmistes est diminue, relati-vement au rmi, des gains dus a l’eventuelle transition vers le chomageindemnise suite a une periode d’emploi (avec une probabilite s on de-vient chomeur indemnise) : en devenant chomeur de court terme, lechomeur beneficie alors d’une meilleure assurance contre le risque dechomage (b > rmi) et d’une absence de stigmatisation. Deuxiemementle salaire de reserve des rmistes est accru/diminue de l’ecart des op-portunites de retour vers l’emploi induites par la plus grande/faibleefficacite des rmistes pour rechercher un emploi (hl≤

≥he)8.

2.3 Investissement en capital humain et offre de sa-laires

Dans cette section on decrit le comportement des entreprises lorsquecelles-ci ont la possibilite d’investir. Cet investissement peut s’interpretercomme une depense de formation necessaire a l’utilisation d’une technologiespecifique au poste de travail : il s’agit donc d’un capital humain specifiquea un employe sur un poste ; lorsque celui-ci quitte l’entreprise, ou lorsque leposte est detruit, ce capital est lui aussi detruit.

Soit k le capital humain specifique investi par un employeur sur un nou-veau poste pourvu et pf(k) la recette marginale associee a un poste de pro-ductivite k ; p represente le parametre d’echelle de l’efficacite de travail etf(.) la fonction de production, prenant la forme kα avec 0 < α < 1. Lavaleur d’un poste pourvu est alors donnee par l’equation suivante :

rJ(w, k) = pf(k)− (1 + cp)w − heλ(θ)[1− F (w)][J(w, k)− V ]− sJ(w, k)

7Voir l’annexe pour la decomposition analytique de ces differentes composantes dusalaire de reserve.

8Voir l’annexe pour la decomposition analytique de ces differentes composantes dusalaire de reserve.

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Page 21: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Si un poste de travail est quitte par l’employe alors il vacant ; tandis que sil’emploi est detruit, il disparaıt (il ne peut pas etre vacant). La condition delibre entree sur le marche du travail, conduisant a V = 0, implique alors :

J(w, k) =pf(k)− (1 + cp)w

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

ce qui permet de d’ecrire de facon synthetique que la valeur d’un poste occupeest egale a la somme actualisee des profits futurs (membre de droite).

La valeur d’un poste vacant est implicitement donnee par l’equation d’ar-bitrage suivante :

rV = maxw≥w,k≥0

{η(w) [J(w, k)− k − V ]− γ} (1)

ou w est la borne minimale des salaires offerts. Elle ne peut pas etre inferieurea xl, car les entreprises n’ont pas interet a offrir de salaire en dessous du salairede reservation des rmistes, mais elle peut lui etre superieure9.

Enfin, η(w) est la probabilite instantanee qu’un emploi remunere au sa-laire w soit pourvu. Cette probabilite est definie par :

η(w) =Prob(e|ul)ul

v+

Prob(e|uc)uc

v+

Prob(e|e)(1− u)

v

ou le premier (deuxieme, troisieme) terme du membre de droite donne le tauxd’acceptation, par emploi vacant, des offres de salaires faites a des rmistes(des chomeurs indemnises, des employes). Les probabilites de transition versl’emploi, Prob(e|ul), Prob(e|uc) et Prob(e|e), dependent des efforts de re-cherche et des salaires de reserve de ces agents.

Ces differentes probabilites sont egales a :

Prob(e|ul) = hl H

hsi w ≥ xl

Prob(e|uc) = hc H

hsi w ≥ xc

Prob(e|e) = he H

hG(w)

ou G(w) represente la masse des employes remuneres a un salaire inferieur aw, etant donc en position d’accepter.

Des lors qu’il existe deux populations de chomeurs dont les salaires dereservation different, les offres de salaire n’ont pas les memes probabilites

9Il peut exister un salaire minimum legal qui contraint l’offre de salaire des firmes.

21

Page 22: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

d’acceptation, au-dela de l’effet traditionnel qui dans ce modele vient del’heterogeneite des travailleurs en poste qui ne possedent pas le meme salairede reservation compte tenu de leurs differences de salaire.

Etant donnee la technologie d’appariement, on a en effet :

η(w) =H

v

[hl

hul +

he

h(1− u)G(w)

]∀ w ∈ [xl, xc]

η(w) =H

v

[hl

hul +

hc

huc +

he

h(1− u)G(w)

]∀ w ∈ [xc, w]

ou H/v = λ(θ)/θ donne la probabilite d’avoir un contact pour l’entreprise surle marche du travail. Ainsi, en offrant un salaire inferieur a xc les entreprisesse privent de la participation d’une partie des chomeurs, ce qui diminue leurprobabilite de pourvoir leur poste par un chomeur, au-dela de la diminutionde la probabilite de debaucher un travailleur en poste. Naturellement, cesentreprises augmentent leur resultat d’exploitation dans le cas d’un recrute-ment.

L’enjeu central de ce modele est alors de savoir si les entreprises vont effec-tivement faire ce type d’offres de salaire inferieures au salaire de reservationdes chomeurs indemnises et si cette strategie est optimale (pour l’economie).

Etant donnee les expressions de G(w), on peut reecrire les expressions deη(w) de la facon suivante :

∀ w ∈ [xl, xc]

η(w) =λ(θ)

θ

hl

hul

(s + heλ(θ)

s + heλ(θ)[1− F (w)]

)

∀ w ∈ [xc, w]

η(w) =λ(θ)

θ

1

h

(ulhl[s + heλ(θ)] + uchc[s + heλ(θ)[1− F (xc)]]

s + heλ(θ)[1− F (w)]

)

=λ(θ)

θ

(s

s + heλ(θ)[1− F (w)]

)

2.4 Equilibre sur le marche du travail

L’equilibre sur le marche du travail consiste a determiner l’ensemble desvaleurs {xl, xc, θ, F (w), k(w)}. Les salaires de reservation xl et xc resumentles comportements d’offre de travail. Les strategies des entreprises consistentd’une part a decider d’entrer ou non sur le marche, ce qui determine le nombre

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Page 23: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

d’emplois vacants v = θh, et d’autre part a definir leur politique de gestion dela main d’oeuvre. Elles ont alors deux outils a leur disposition : la politiquesalariale w visant a se differencier des concurrents, ce que resume la fonctionde repartition des offres de salaire F (w), et la politique de formation de lamain d’oeuvre permettant de retenir plus longtemps les travailleurs les plusproductifs k(w).

2.4.1 Comment se forme l’equilibre ?

1. Aucun employeur n’a interet a offrir un salaire en dessous du salairede reservation des offreurs de travail, car il n’attirerait pas de maind’oeuvre.

2. Sur un support continu de la distribution des salaires, aucune distribu-tion de salaire ne peut etre discontinue.

Placons nous sur le support [xc, w] et supposons que tous les entre-preneurs offrent un salaire correspondant au salaire de reservation deschomeurs (strategie d’equilibre lorsque seuls les chomeurs recherchentemploi) : on a alors w tel que y > (1+ cp)w = (1+ cp)xc, ou l’on note yla production nette des couts de formation (y ≡ pf(k(w)) − k(w)(r +s + heλ(θ)[1− F (w)])). La fonction de repartition vaut alors zero puisun a partir de xc (η(w) est alors discontinu en w sur [xc, w]). Dans cecas, un entrepreneur deviant de cette strategie, en fixant w = xc + ε <y debauche instantanement n’importe quel employe (les couts de re-cherche tendent vers zero), pour une perte infinitesimale d’excedentbrut d’exploitation (y − (1 + cp)w). Ainsi tout equilibre verifiant (1 +cp)xc ≤ (1+cp)w < y, ou w est un point de masse, n’est pas soutenable.

Supposons maintenant que le point de masse verifie (1 + cp)w ≥ y(strategie de l’equilibre concurrentiel sans frictions). Dans ce cas, toutesles firmes ont des profits au mieux egaux a zero. Toute firme deviantde cet equilibre en offrant un salaire plus petit fera des profits stric-tement positifs car elle continuera d’attirer des offreurs de travail (leschomeurs) et aura un excedent brut d’exploitation strictement positif.

On a ainsi montre qu’une concentration des offres de salaires aux deuxbornes du support de la distribution n’est pas un equilibre. Un raison-nement identique s’applique sur tous les sous-ensembles de ce support.Ceci indique qu’a l’equilibre, les offres de salaire sont distribuees surtout le support.

Ainsi, a l’equilibre, il ne peut pas y avoir de point de masse dans ladistribution. En l’absence de point de masse, η(w) etant continue surun support continu, la distribution des offres de salaire F l’est aussi sur

23

Page 24: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

ce support.

3. Les entreprises ont donc interet a choisir des salaires differencies. Al’equilibre, aucune d’entre elles n’a interet a devier de sa strategie :une politique salariale sera alors optimale si elle permet d’obtenir lesmemes gains que ceux obtenus par les concurrents.

2.4.2 Determination de l’equilibre

La condition de libre-entree. Ex-ante, toutes les entreprises sont iden-tiques car la mobilite sur le marche du travail detruit tous les investissementsen capital humain. Toutes les firmes ont donc les memes possibilites techno-logiques lorsque debute le processus d’embauche. Avec l’hypothese de libreentree, impliquant V = 0, on peut alors reecrire l’equation d’arbitrage (1)comme suit :

∀ w ∈ [xl, xc]

γθ

λ(θ)=

hl

hul

(s + heλ(θ)

s + heλ(θ)[1− F (w)]

)× (2)

(maxw≥xl,k≥0{pf(k)− (1 + cp)w − k(r + s + heλ(θ)[1− F (w)])}

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

)

∀ w ∈ [xc, w]

γθ

λ(θ)=

s

s + heλ(θ)[1− F (w)]× (3)

(maxw≥xc,k≥0{pf(k)− (1 + cp)w − k(r + s + heλ(θ)[1− F (w)])}

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

)

Le niveau de formation. L’entreprise doit donc determiner simultanementle salaire et le capital humain attaches a ce poste. L’investissement optimalen capital humain specifique, determine a partir de l’equation (1), est alorstel que

pf ′(k) = r + s + heλ(θ)[1− F (w)] =⇒ k = k(w) ∀wLa productivite marginale est egalisee au cout de l’investissement qui cor-respond a la probabilite de destruction de l’emploi, l’investissement etantspecifique a l’emploi. Cette probabilite etant decroissante avec le salaire of-fert, l’investissement croıt avec le salaire.

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Page 25: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

La discontinuite de la distribution des salaires. Potentiellement ilexiste une distribution de salaires F (w) sur chaque intervalle. Cette distribu-tion donne l’ensemble des niveaux de salaires pour lesquels l’arbitrage profitscourants eleves/faibles versus couts de recrutement faibles/eleves conduit aumeme profit intertemporel. Toutefois il n’existe pas necessairement d’offresentre xl et xc et, si elles existent, elles ne peuvent depasser un niveau wl.

Proposition 1 S’il existe des offres de salaire entre xl et w alorsle support de la distribution des salaires n’est pas continu.

La politique d’offre de salaire d’une entreprise est definie de sorte a maxi-miser l’esperance de profit associee au postage d’un emploi vacant. Le salairexc correspond a un point de discontinuite autour duquel intervient un chan-gement de regime : en dessous de ce salaire la firme se prive d’une partiedes chomeurs qu’elle serait susceptible de contacter si elle offrait un salairesuperieur a xc. Ainsi, pour compenser cette diminution du bassin de chomeurauquel elle s’adresse (accroissement des couts de recrutement), la firme doitafficher des salaires plus faibles. Ceci donne une intuition de la discontinuitede l’ensemble des offres de salaires10.

Proposition 2 Il existe un niveau de salaire wl inferieur a xc telque F (wl) = F (xc).

On peut determiner l’expression du salaire maximum offert aux chomeursnon eligibles, note wl :

γθ

λ(θ)=

hl

hul

(s + heλ(θ)

s + heλ(θ)[1− F (xc)]

(pf(k(wl))− (1 + cp)wl − k(wl)(r + s + heλ(θ)[1− F (xc)])

r + s + heλ(θ)[1− F (xc)]

)(4)

Proposition 3 Si wl > xl, alors le support de la distribution dessalaires offerts par les firmes est forme de deux intervalles disjoints[xl, wl] ∪ [xc, w]. Sinon toutes les offres de salaires sont distribueessur le support [xc, w].

Sous la condition que wl est superieur a xl, l’equation (2) sert a determinerla distribution sur [xl, wl] et l’equation (3) est utilisee pour determiner F (w)sur [xc, w]. Sinon la distribution des salaires est definie sur le support [xc, w]et seule l’equation (3) est utilisee.

10Voir l’annexe pour un demonstration de cette proposition et des deux suivantes.

25

Page 26: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Le nombre d’emplois vacants. Dans chaque configuration, les equations(2) et (3) sont utilisees pour determiner, au niveau de la borne minimale dela distribution des salaires w, le niveau des emplois vacants. En effet, pardefinition, F (w) = 0. Les equations (2) et (3) alors permettent de determinerle nombre d’emplois vacants d’equilibre v, sachant que v = θh.

Si wl > xl alors w = xl et F (xc) > 0 ; θ est alors tel que

γθ

λ(θ)=

hl

hul

(pf(k(w))− (1 + cp)w − k(w)(r + s + heλ(θ))

r + s + heλ(θ)

)(5)

Si wl < xl alors w = xc et F (xc) = 0 ; θ est alors tel que

γθ

λ(θ)=

(s

s + heλ(θ)

) (pf(k(w))− (1 + cp)w − k(w)(r + s + heλ(θ))

r + s + heλ(θ)

)(6)

La distribution des salaires. Des salaires eleves reduisent bien entendul’excedent brut d’exploitation, mais permettent de retenir plus longtemps lamain d’oeuvre et de recruter plus vite. Cet arbitrage conduit alors les firmesa se disperser sur le support des salaires de telle sorte que la distribution ainsiengendree assure a chacune la meme esperance de profit. En effet, l’equilibreest atteint lorsqu’aucune entreprise n’a interet a devier, ce qui les conduit aavoir des esperances de profit identiques pour chaque emploi. La distributionF (w) est alors determinee par le systeme d’equations :

∀ w ∈ [xl, xc], F (w) verifie

γθ

λ(θ)=

hl

hul

(s + heλ(θ)

s + heλ(θ)[1− F (w)]

(pf(k(w))− (1 + cp)w − k(w)(r + s + heλ(θ)[1− F (w)])

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

)(7)

∀ w ∈ [xc, w], F (w) verifie

γθ

λ(θ)=

s

s + heλ(θ)[1− F (w)]×

(pf(k(w))− (1 + cp)w − k(w)(r + s + heλ(θ)[1− F (w)])

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

)(8)

26

Page 27: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Si wl < xl la distribution est donnee entierement par l’equation (8). Sinonla distribution est donnee par la reunion des distributions donnees par lesdeux equations (7) et (8).

La borne superieure de la distribution des salaires. Sachant queF (w) = 1, on deduit de l’equation (8) le salaire maximum w :

γθ

λ(θ)=

pf(k(w))− (1 + cp)w − k(w)(r + s)

r + s

2.5 L’introduction d’un salaire minimum

La prise en compte d’un salaire minimum peut venir modifier les strategiesdes travailleurs (salaires de reserve) et des entreprises (distribution des offresde salaire).

– Si le salaire minimum est inferieur a xl, alors il n’est en rien contrai-gnant.

– Si le salaire minimum est superieur a xc il contraint toute la distribu-tion des salaires. En particulier il contraint les firmes a offrir un salairesuperieur aux salaires de reservation : les strategies de recherche d’em-ploi des demandeurs d’emploi n’ont plus d’incidence sur l’equilibre.Dans ce cas, w = smic, ce qui permet de donner la valeur des em-plois vacants (equation (6)) et l’equation (8) donne la distribution dessalaires.

– Si le salaire minimum est compris entre xl et wl alors w = smic, ladistribution est la reunion des deux distributions donnees les equations(7) et (8) et la valeur des emplois vacants est donne par l’equation (5)11.Remarquons que, toutes chose egales par ailleurs, le smic en assurantun salaire au-dessus du salaire de reserve des rmistes, tend a reduire lacrainte de l’exclusion pour les chomeurs : ceci les conduit a diminuerleur salaire de reserve.

– Si le salaire minimum est compris entre wl et xc, alors w = xc, l’equation(8) donne la distribution et l’equation (6) le niveau des emplois vacants.

– Dans le cas ou wl < xl alors w = min{xc, smic} et la distribution estdonnee par l’equation (8).

2.6 Criteres d’evaluation

Au-dela de leurs incidences sur le niveau du chomage, le niveau des va-riables politico-fiscales peuvent egalement influencer l’efficacite economique,

11Les salaires de reservation sont egalement modifies ; voir annexe.

27

Page 28: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

mais egalement le degre d’inegalite. Traditionnellement, l’analyse se limiteaux consequences sur le niveau de l’emploi. Nous chercherons, d’une part,a aller au-dela de cet indicateur d’efficacite en integrant la productivitemoyenne du travail pour raisonner en termes de production et, d’autre part,en prenant en compte certains indicateurs d’inegalites.

Efficacite economique en termes de production nette. Celle-ci peutetre mesuree par la production, nette des couts de formation et de postage,definie par :

Y = (1− u)p∫ w

xl

f(k(w))dG(w)︸ ︷︷ ︸Production

− γv︸︷︷︸couts derecrutement

− hcλ(θ)uc∫ w

xc

k(w)dF (w)︸ ︷︷ ︸couts de formationdes chomeurs eligibles

− hlλ(θ)ul∫ w

xl

k(w)dF (w)︸ ︷︷ ︸couts de formationdes rmistes

− heλ(θ)(1− u)∫ w

xl

(∫ w

xl

k(w)dF (w))

dG(w)︸ ︷︷ ︸couts de formationsuite a une mobilite

En evincant les emplois faiblement remuneres, une structure des minima so-ciaux permet de ”selectionner” les postes les plus productifs. Cette ameliorationde la ”qualite” de la main d’oeuvre a une incidence positive sur le niveau deproduction. Toutefois, cette plus grande productivite a pour contrepartie descouts de formation plus eleves, mais egalement, potentiellement, des niveauxd’emplois plus faibles.

Au niveau des comptes de l’Etat, les variantes de politiques economiquespeuvent etre couteuses/benefiques pour les finances publiques. On mesurealors le surplus budgetaire, par :

B = (cp + cn)

(∫ w

wwdG(w)

)− (b× uc + rmi× ul)

28

Page 29: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Les inegalites salariales et de revenu. On peut egalement evaluer lesperformances de l’equilibre du marche du travail en termes d’inegalites. Quelleest la situation relative des agents ayant le plus faible salaire par rapport aceux ayant le salaire le plus eleve une annee donnee ? On s’interesse tradi-tionnellement aux differences interdeciles de la distribution des salaires. Onpeut ainsi evaluer les inegalites salariales entre les individus representatifsde chaque decile. Afin de decomposer l’evolution des inegalites, les ratiosD10/D1, D10/D5 et D5/D1 permettent d’apprecier si l’accroissement desinegalites se fait plutot au detriment des plus pauvres ou plutot au profit desplus riches. Il est egalement possible de caracteriser les inegalites salariales enexaminant l’evolution du rapport entre le salaire le plus eleve (w) et le plusfaible (w). Ces mesures d’inegalite se focalisent sur les situations relativesdes salaries.

Quelle est la situation relative des offreurs de travail ayant le plus faiblerevenu par rapport a ceux ayant le revenu le plus eleve une annee donnee ?En effet, au dela de ces inegalites salariales, la structure des minima sociauxa egalement une incidence sur les inegalites de revenu. Afin de mesurer cesinegalite de revenu, l’evolution des ratios entre le salaire moyen (E(w)) et lesrevenus de substitution, allocation chomage b et revenu minimum d’insertion(rmi) sera analysee.

3 Un etalonnage sur l’economie francaise

Le vecteur suivant synthetise l’ensemble des parametres du modele :

Φ = {he, hc, hl, ψ, γ, s, δ, b, rmi, r, cn, cp, p, α}Ces 14 parametres vont etre etalonnes. Pour certains d’entre eux, une sourced’information statistique est disponible. Pour les autres, ils seront reveles parla resolution du modele : ceux-ci seront tels que le modele soit en mesure dereproduire un ensemble de moments (restriction d’identification).

Afin d’obtenir une ”estimation” de ces parametres un echantillon statis-tique coherent avec les variables du modele a ete construit.

3.1 Echantillon retenu

Les ouvriers et employes a temps complet. La population retenuepour etalonner le modele est celle des ”employes-ouvriers”. Le tableau 1donne la composition de cette population par type d’occupation sur le marchedu travail : hommes/femmes, temps complet/temps partiel, chomeurs. L’anneede reference retenue est 1998.

29

Page 30: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Tab. 1 – Effectifs (Enquete emploi INSEE 1998)

Ensemble Employes Ouvriers

HommesFemmes

1265155610053694

15648244947124

48024101169614

Temps partielHommesFemmes

7075413178684

1534681913751

277101369259

Temps completHommesFemmes

119440156875010

14113563033373

4525309800355

Chomeurs 3050150 1099524 1026652

30

Page 31: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Repartition de la population des chomeurs. Le tableau 2 donne unemesure des masses des differents types de chomeurs en fonction de leursindemnisations et de celles des rmistes.

Tab. 2 – Allocataire de l’AUD et des minima sociaux

Rmistes Cho. idem. Cho. AUD Cho. AI Cho. AS

992160 2356500 1847600 21000 487900

On observe que 80% des rmistes sont a la recherche d’un emploi. On neretiendra que cette sous-population de facon coherente avec notre modeleou les exclus sont susceptibles de recevoir une offre de salaire et de l’accep-ter. Parmi ceux-ci, 81% sont soit des employes, soit des ouvriers. Parmi leschomeurs indemnises, ceux qui beneficient d’une allocation specifique (Cho.AS) sont des chomeurs de long terme, ayant epuise leurs droits : ces chomeursseront alors ajoutes a la population des rmistes. En l’absence de statistiquessur la csp des chomeurs beneficiaires d’une allocation de solidarite, on sup-pose qu’ils sont, comme les rmistes, 81% a etre employes-ouvriers, d’ou lenombre d’employes-ouvriers percevant des minima sociaux :

Nombred’employes-ouvriersaux minima sociaux︸ ︷︷ ︸ = 80%× 81%× Rmistes︸ ︷︷ ︸ + 81%× Cho. AS︸ ︷︷ ︸

1038119 642920 395199

Etant donne le nombre de chomeurs donne par le tableau 1, on en deduitalors le taux d’exclusion :

Nombre d’employes-ouvriers au minima sociaux

Nombre de chomeur=

1038119

2126176= 0.4883

On en deduit alors les taux de chomage reportes dans le tableau 3

Salaires nets. Etant donnes les effectifs d’employes et d’ouvriers a tempscomplet, respectivement 4444729 et 5325664 (voir tableau 1) et les salairesde ces differentes population (voir tableau 4), le salaire moyen est de 8070Frs (net employe).

31

Page 32: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Tab. 3 – Taux de chomage

u uc ul

0.1787 0.0915 0.0873

Tab. 4 – Salaires (Enquete emploi 1998-INSEE)

Employes Ouvriers Smic

7959 8204 5333

3.2 Parametres externes

Un premier sous-ensemble de parametres, correspondant au vecteur sui-vant

Φ1 = {s, δ, b, rmi, r, cn, cp}est fixe sur la base d’informations externes.

– Le taux de destruction est calcule suivant Cohen, Lefranc et Saint-Paul [1997]. N’ayant pas d’informations precises sur les taux de sortiespar csp, on reprend, comme ces auteurs, une classification par niveaude diplome, les employes-ouvriers (echantillon d’interet) ayant moinsque le baccalaureat en moyenne (dip0=pas de diplome, dip1=diplomeinferieur au bac.).Soient Mdip0 = 35.9 et Mdip1 = 37.9 les masses dans la population ac-tive totale des agents les moins diplomes. La masse des agents d’age i,pour i = 16− 24, 25− 49, 50− 64 et de diplome j, pour j = dip0, dip1,est Pi,j = Ma

i ×Mai,j/Mj. Ces statistiques, issues des informations re-

portees dans le tableau 5, permettent alors de calculer le taux mensuelde destruction des emplois

1

100× 100

i

j

Pi,jsai,j = 0.0185

32

Page 33: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Tab. 5 – Taux de destruction

population en % qualification en % Taux dede la pop. tot. de la pop. tot. destruction

Mai Ma

i,j sai,j

16-24 ans 10.9 dip0 = 32.5 dip0 = 3.24dip1 = 49.9 dip1 = 2.49

25-49 ans 70.2 dip0 = 30.6 dip0 = 0.69dip1 = 39.8 dip1 = 0.47

50-64 ans 18.9 dip0 = 58.0 dip0 = 1.15dip1 = 24.3 dip1 = 0.77

33

Page 34: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

– Le parametre δ est choisi de telle sorte que la duree moyenne dansl’etat de chomeur indemnise corresponde a la duree de versement desallocations chomage, i.e. 30 mois, d’ou δ = 1/30.

– Le ratio de remplacement (b/E(w)) est fixe a 0.6, ce qui correspond ala borne inferieure des estimation de Martin [1996], ce dernier incluantdes prestations n’existant plus en 1998.

– Le rmi est etalonne sur sa valeur moyenne en 1998 : 2500Frs.– Le taux d’interet reel r est fixe a 4% annuel.– Les charges patronales cp et les cotisations employes cn sont fixees res-

pectivement a 40% et 20%.Le tableau 6 resume cette premiere partie de l’etalonnage.

Tab. 6 – Etalonnage Φ1

s δ b/E(w) rmi r cn cp

0.0185 1/30 0.6 2500Frs 4% 0.4 0.2

3.3 Parametres deduits de l’etat stationnaire

Les 7 autres parametres

Φ2 = {he, hc, hl, ψ, γ, p, α}

sont calcules de facon a ce que le modele reproduise un ensemble de ca-racteristiques du marche du travail des ouvriers-employes :

1. Le modele doit reproduire le salaire moyen de l’economie, 8070Frs en1998 pour les employes-ouvriers a temps complet,

2. Le modele doit reproduire un indicateur de la dispersion des salairesobserves : le rapport Q4/Q1 egal a 1.4.

3. Le modele doit engendrer un taux de chomage de 17.87%, celui observesur la population des employes-ouvriers retenu.

4. Le modele doit reproduire le taux d’exclusion observe en France pourcette frange de la population, i.e. ul/u = 48.83%.

34

Page 35: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

5. Le modele doit reproduire une duree moyenne de l’emploi proche decelle observee en France, 35 mois.

6. Les couts de recrutement doivent etre identiques a ceux estimes parAbowd et Kramarz [1998], i.e. 2.5% de la masse salariale.

7. Le modele doit avoir une elasticite de l’emploi suite a une hausse dusmic, proche de celle evaluee en France : Hamermesh [1993] estime quel’elasticite de la demande de travail des travailleurs les moins qualifiesest de l’ordre de 1%.

Si l’on conjecture que le smic est superieur aux salaires de reservationdes deux types de chomeurs, ces sept restrictions permettent de calculer lavaleur de sept parametres structurels compatibles avec ces observations etl’etat stationnaire du modele.

La resolution du modele permet de calculer les parametres permettantde generer ces restrictions, etant donne l’echantillon retenu. Ceux-ci sontreportes dans le tableau 7.

Tab. 7 – Etalonnage Φ2

hc hl he ψ γ p α

1 0.2638 0.31 0.2 1909.4 0.87 0.31

Afin de tenir compte de l’aversion au risque des travailleurs, les fonctionsd’utilite instantanee sont en outre supposes logarithmiques (u(z) = log(z)pour z = w, xc, xl).

4 Evaluation quantitative

Le modele montre que les niveaux absolus et relatifs des minima sociaux etl’existence d’un salaire minimum peuvent conduire a des configurations tresdifferentes de l’equilibre. Etant donne la structure politico-sociale francaise,comment se caracterise le marche du travail des employes-ouvriers ? Quellessont les contraintes institutionnelles qui pesent reellement sur l’equilibre, etdans quelle mesure ?

35

Page 36: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Le modele etalonne est utilise afin d’evaluer de facon quantitative lesconsequences du systeme politico-social sur l’equilibre du marche du travail,a la fois en termes d’efficacite et d’inegalites. Concernant l’efficacite, nousnous attacherons a commenter les effets sur notre indicateur d’efficacite, laproduction nette Y . Il s’agit de la production totale, combinaison d’un niveaud’emploi (1 − u) et d’une productivite moyenne E(pf(k)) qui resulte d’uninvestissement moyen en formation E(k), production nette des couts de pos-tage des emplois vacants et des couts de formation. Nous contrebalanceronsces resultats par la prise en compte d’indicateurs d’inegalites, inter-deciles,mais egalement rapport entre le salaire le plus eleve et celui le plus faiblew/w.

Notons que la production nette en particulier est exprimee par tete (11.9M de personnes dans l’echantillon retenu) et rapportee au salaire mensuelmoyen dans l’echantillon (8070Frs).

4.1 L’incidence des minima sociaux sur l’equilibre dumarche du travail

4.1.1 La contrainte du smic

Le tableau 8 donne les valeurs associees a notre calibration de base. Il nes’agit pas ici de commenter separement ces differents niveaux dont seule ladeformation sous le jeu de certaines variantes nous interessent. Remarquonsque nous obtenons une production nette de 1.5132, valeur qui nous servirade reference dans les variantes effectuees par la suite. Exprimee en niveau,elle vaut en annuel 1 743 milliards de francs.

De facon plus importante, la valeur du smic apparaıt superieure au salairede reservation des chomeurs indemnises. L’ensemble des offres de salaire sontdonc contraintes par le salaire minimum qui est alors egal a la borne inferieurede la distribution des salaires. Ce dernier joue ainsi un role essentiel sur ladistribution des salaires et des niveaux de productivite, ainsi que sur le niveaud’emploi. Dans ce regime, le niveau des allocations-chomage et du rmi nejouent aucun role sur ces differentes dimensions : ils permettent uniquementde reduire l’eventail des revenus. Ainsi, on pourrait augmenter de 25% leniveau du rmi sans modifier l’equilibre sur le marche du travail. Pour cettevaleur, le salaire de reservation des chomeurs indemnises, qui craignent moinsl’exclusion, tend vers le smic.

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Page 37: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Tab. 8 – Etalonnage de reference

b rmi smic xc xl

4842 2500 5333 5009 1485ul/u ul uc wl F (xc)0.48 0.0873 0.0915 1929 0u Y E(k) E(pf(k))

0.1787 1.5132 31.15 2.7462

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi5333 10 089 1.89 8189 1.69 3.27

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.36 1.22 1.11

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D51.624 1.374 1.181

4.1.2 Le role du smic

Une economie hypothetique sans smic. Pour evaluer le role des differentesdimensions du systeme politico-social, il est necessaire dans un premier tempsde remettre en cause l’existence du smic qui est la grandeur qui determinel’equilibre sur le marche du travail. Cela permettra d’evaluer le role du smicau regard de cette situation hypothetique. Que feraient les entreprises sansla contrainte legale du smic sur leur offre de salaire ?

On constate sur la base des informations reportees dans le tableau 9 quesupprimer le smic implique une baisse importante de la borne inferieure dela distribution des salaires dans l’economie qui coıncide maintenant avec lesalaire de reservation des chomeurs de longue duree. Certaines entreprisessont donc tentees d’offrir des salaires plus faibles que le salaire de reservationdes chomeurs indemnises. Ces entreprises, compte tenu du comportement desautres, ont interet a offrir des postes a salaires faibles : le seuil de rentabilitedes offres de salaire basses wl est en effet superieur au salaire de reservationdes exclus et 3.61% des offres totales de salaire ne sont acceptables que par leschomeurs de longue duree. Les entreprises sont non seulement libres d’offrirdes salaires plus faibles qu’avant aux chomeurs indemnises, mais elles peuventegalement faire des offres de salaire en dessous du salaire de reservation de

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Page 38: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Tab. 9 – Economie sans smic

b rmi smic xc xl

4842 2500 - 5028 1502ul/u ul uc wl F (xc)0.46 0.0795 0.0897 1783 0.0361u Y E(k) E(pf(k))

0.1692 1.5110 30.90 2.7360

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi1502 10 069 6.70 8 086 1.67 3.23

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.35 1.20 1.12

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D5

1.69 1.41 1.19

ces derniers. Remarquons que la proportion de ces offres est relativementfaible et nous montrerons plus tard le role des allocations-chomage et du rmidans cette situation.

D’abord il convient d’analyser les consequences de cette modification dela politique salariale des firmes. Naturellement le cout du travail diminuedans l’economie, le taux d’emplois vacants augmente, ainsi que l’emploi.Remarquons que les chomeurs indemnises profitent relativement moins decette baisse du chomage, ce qui fait diminuer le taux d’exclusion. Il y adeux effets antagonistes ici : l’efficacite plus grande des chomeurs indemnisesimpliquent une sortie plus rapide du chomage, mais ce dernier phenomeneimplique moins de passage par l’exclusion. Ce dernier effet l’emporte. Encontre-partie les inegalites de salaire augmentent, ce qui traduit un arbitrageclassique. En particulier, le rapport entre le salaire le plus eleve et celui leplus faible passe de 1.89 a 6.70. En revanche, les inegalites entre les chomeurset les salaries restent stables, diminuant meme sous le jeu de la diminutiondu salaire moyen.

De facon plus originale, on constate une diminution de la productivitemoyenne dans l’economie, resultat d’une offre de postes moins bien remunereset a productivite plus faible. En effet, en contre-partie de salaires plus faibles,les entreprises engagees dans cette strategie, face au risque de debauchage

38

Page 39: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

dans le futur, investissent tres peu dans la formation des travailleurs quiest, rappelons-le, specifique au poste. Hausse de l’emploi et baisse de la pro-ductivite moyenne jouent en sens oppose sur l’indicateur d’efficacite de laproduction nette. Cette derniere finalement diminue de 0.15%, ce qui traduitl’effet negatif de la degradation de la qualite de la formation, implication dela baisse du cout du travail, a la suite de la suppression du smic.

Ainsi, l’existence d’un smic relativement eleve empeche l’offre de salairesparticulierement faibles aux exclus, mais egalement de salaires relativementfaibles, certes au-dessus du salaire de reservation des chomeurs indemnises,mais inferieurs au niveau du minimum legal. Ce point est d’autant plus crucialqu’il apparaıt que la suppression du smic reduit l’efficacite du systeme, touten augmentant les inegalites entre salaries. Cela n’implique pas que toutebaisse soit inefficace. Nous etudierons le niveau optimal du smic plus tarddans une section ulterieure. Pour l’instant, continuons a etudier les vertus duniveau actuel du smic. Ce dernier evite donc a la fois une offre de salaire tropbasse en direction des exclus, mais egalement des indemnises. Pour distinguerces deux effets, augmentons par paliers successifs le smic.

Eliminer les offres de salaire excluant une partie des chomeurs. Unpremier niveau de smic permet d’eliminer toute offre de salaires inferieureau salaire de reservation des chomeurs indemnises, tout en laissant libre lesentreprises de choisir le salaire offert au-dessus de ce seuil. Remarquonsqu’il n’est pas necessaire d’elever le smic jusqu’au salaire de reservationdes chomeurs indemnises. Nous avons considere une valeur arbitraire, maisneutre, de 3228Frs. Il suffit en effet que le smic soit au-dessus du seuil wl, lavaleur seuil des offres basses de salaire rentables pour les firmes. Dans ce cas,ces offres basses ne peuvent etre effectivement offertes. Meme si le smic estinferieur au salaire de reservation des chomeurs indemnises, ce dernier consti-tue la borne inferieure de la distribution des salaires. En effet, toutes les offresde salaire entre le smic et xc ne sont pas rentables pour les entreprises (voirTableau 10).

Une implication inhabituelle de cette situation decoulant d’une augmen-tation (de 0 a 3228Frs) du niveau du smic est, sur la base de la comparaisondes tableaux 9 et 10, de diminuer le niveau du chomage. Ce dernier passe eneffet de 16.92% a 16.89%. Ainsi, ce premier palier considere pour le niveaude smic ne cree pas plus de chomage, il le diminue meme, bien que de faconmodeste. Ceci vient du fait qu’eliminer les offres de salaires juste superieuresau salaire de reservation des exclus est benefique a la participation de plusde chomeurs a l’effort de recherche d’un emploi vacant : toutes les offresde salaire concernent egalement les chomeurs indemnises. Cet effet domine

39

Page 40: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Tab. 10 – Economie avec smic entre wl et xc

b rmi smic xc xl

4842 2500 3228 5046 1505ul/u ul uc wl F (xc)0.47 0.0802 0.0887 1990 0u Y E(k) E(pf(k))

0.1688 1.5144 30.85 2.7341

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi5046 10 075 1.99 8 105 1.675 3.24

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.35 1.20 1.12

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D5

1.68 1.41 1.19

celui du a l’augmentation du cout du travail induite par la mise en placed’un smic qui entraıne une borne inferieure des salaires offerts superieure ausalaire de reservation des exclus. Moins d’emplois vacants, mais plus d’in-tensite moyenne dans la recherche aboutit a un resultat inhabituel sur lesens de variation du chomage par rapport au smic. Cette situation expliqueegalement l’amelioration sur le niveau de la production nette qui augmentepar rapport a l’economie sans smic de 0.07%, bien sur par une elevationde l’emploi, mais egalement par une reduction du cout des emplois vacants.Cette amelioration de l’efficacite se double d’une reduction des inegalites desalaire, en particulier une reduction du rapport entre le plus eleve et le plusfaible.

Ainsi, un premier niveau de smic, de facon a eliminer les offres de salaireparticulierement basses adressees specifiquement aux chomeurs de longueduree non indemnises, va dans le sens de plus d’emplois et de moins d’inegalites.Cet effet pourrait etre plus important si les entreprises naturellement sou-haitaient offrir une grande proportion de salaires a ces niveaux tres faibles.Nous revenons dans la section suivante.

Maintenir la productivite moyenne. Mais prealablement il convientd’apprecier les consequences de la mise en place d’un smic encore plus

40

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contraignant. Comme nous l’avons note a partir du tableau 8, le smic envigueur va au-dela du salaire de reservation des chomeurs indemnises et ilconstitue la borne inferieure de la distribution des salaires. En comparantles tableaux 8 et 10, on peut ainsi apprecier specifiquement les implicationsquantitatives qu’il y a a eliminer certaines offres pourtant acceptables par leschomeurs indemnises. Contrairement au premier palier de smic, l’augmen-tation de ce dernier jusqu’a sa valeur actuelle induit une hausse importantedu chomage, ce qui montre en retour que l’essentiel des gains en termes dechomage dus a la suppression du smic sont imputables a la baisse du cout dutravail jusqu’au salaire de reservation des chomeurs indemnises. 5% de baissedu smic sont relativement equivalentes de ce point de vue a une suppressioncomplete du smic.

Cependant, la mise en place d’un niveau de smic relativement elevepousse a la hausse la productivite moyenne par des investissements en capi-tal humain plus eleves. On obtient toutefois une production nette en baissepar rapport a un smic permettant des offres de salaire juste superieure ausalaire de reservation des chomeurs indemnises (1.5145 contre 1.5110). L’ef-fet de l’augmentation du smic sur le taux de chomage domine l’effet de lahausse de la productivite moyenne. Parallelement, les inegalites de salairecontinue quant a elles a diminuer, a la fois en termes de valeurs extremes etd’inter-deciles, et ce de facon significative.

Ces resultats indiquent que le niveau actuel du smic est domine en termesde production nette par un niveau ne contraignant pas les offres de salaireau-dessus du salaire de reservation des chomeurs de courte duree. Seule uneanalyse de son niveau optimal pourrait permettre d’aller plus loin en cequi concerne le niveau socialement desire du smic. Soulignons encore unefois qu’un niveau trop bas, en dessous du seuil a partir duquel des offresspecifiques aux exclus sont rentables, est apparu contre-productif.

4.1.3 Le role de l’ecart entre les deux salaires de reservation

Le smic permet de maintenir des offres de salaire relativement hauteset des productivites associees elevees. En particulier, il evite d’avoir desoffres particulierement faibles, aux alentours du salaire de reservation desexclus, ce qui est apparu comme degradant la production nette. Cependant,il est interessant de noter a nouveau que, meme sans le smic, ces offres neconcernent qu’une faible fraction de la totalite des offres des entreprises. Dansnotre calibration, cela represente moins de 5% des offres totales. Ainsi, lesentreprises ne sont pas trop tentees de proposer des salaires particulierementfaibles. C’est pourquoi les effets quantitativement les plus importants se pro-duisent entre le salaire de reservation des chomeurs indemnises et le niveau

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actuel du smic.Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette situation, particulierement

interessante dans la mesure ou l’effet de la baisse de la formation qui accom-pagne la baisse des salaires implique une diminution de la production nette ?Le seuil a partir duquel une offre de salaire devient profitable, egal a 1783Frs,est en effet tres proche du salaire de reservation des exclus, 1502Frs (Tableau9). Ainsi, les valeurs relatives des allocations-chomage et du rmi decouragentla plupart des entreprises de proposer des salaires specifiquement aux exclus,independamment de la valeur du smic.

Revenons sur l’expression de ce seuil donnee par l’equation (4). On re-marque qu’il depend positivement du salaire de reservation des chomeursindemnises. Plus ce dernier est eleve, plus le seuil sera eleve. L’augmenta-tion des allocations-chomage irait dans ce sens. Par ailleurs, la diminutiondu salaire de reservation des exclus, sous le jeu d’une baisse du rmi, risquede rendre acceptable une offre de salaire basse.

Considerons une hausse de l’allocation-chomage de 10% : elle atteintmaintenant 5326. Avant toute baisse du smic, le smic reste la grandeur quidetermine l’equilibre sur le marche du travail. Le salaire de reservation deschomeurs indemnises augmente (il passe de 5009 a 5158) mais reste inferieurau smic. Ce sont les seules differences par rapport aux valeurs reportees dansle tableau 8. Cependant, cette augmentation des allocations-chomage modifietres sensiblement les effets de la suppression du smic.

En effet, il existe maintenant des offres basses de salaire en plus grandeproportion (Tableau 11). Le seuil a partir duquel il devient profitable defaire des offres specifiques aux exclus a augmente par rapport a leur salairede reservation. Alors que la baisse du cout du travail est pourtant plus forte,puisque la borne inferieure des salaires diminue compte tenu de la baisse dusalaire de reservation des exclus, on remarque que la baisse du chomage estbeaucoup moins forte dans cet cas : la suppression du smic ne provoque unediminution du chomage que de 0.40 point au lieu d’un peu moins de 1 point.En effet, la proportion des offres inacceptable par la moitie de la populationdes chomeurs est maintenant proche de 10%, ce qui implique une baisse destaux d’acceptation des offres d’emplois. Ainsi, une suppression du smic a icimoins d’influence sur le chomage, parce que l’effet negatif, l’augmentationdu chomage, qui se manifeste une fois que l’on a franchi a la baisse le salairede reservation des chomeurs indemnises, est plus fort dans ce cas.

En outre, toutes choses egales par ailleurs, la productivite moyenne sedegrade par cet effet d’augmentation des offres de salaires faibles. Toute-fois, elle se maintient plutot bien dans ce cas en raison de la hausse duniveau des allocations-chomage qui augmente le salaire de reservation deschomeurs indemnises qui determine le minimum des offres de salaire concer-

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Tab. 11 – Economie sans smic et une hausse de b de 10%

b rmi smic xc xl

5326 2500 - 5144 1472ul/u ul uc wl F (xc)0.47 0.0814 0.0924 2111 0.0823u Y E(k) E(pf(k))

0.1739 1.5064 31.09 2.7435

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi1472 10 067 6.83 8 099 1.52 3.24

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.34 1.19 1.11

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D5

1.66 1.39 1.18

nant egalement les chomeurs indemnises.Les gains lies a l’existence d’un smic relativement eleve sont donc plus im-

portants car l’ecart entre les salaires de reservation est plus important, ecartdans lequel pourraient s’engouffrer certaines offres de salaire particulierementfaibles, ne concernant que la population des exclus12.

12Si l’on baisse le rmi de 10%, on constate que la proportion d’offres specifiques auxexclus, loin d’augmenter, au contraire diminue pour atteindre un niveau proche de 1%.En effet, cette baisse provoque celle du salaire de reservation des chomeurs indemnises quia son tour diminue le niveau seuil des salaires rentables qui se rapproche alors du salairede reservation des exclus qui pourtant a egalement diminue. Ce resultat tient au fait queles exclus sont particulierement inefficace dans leur processus de recherche relativementaux chomeurs de courte duree. Cela diminue particulierement la profitabilite d’une offrede salaire faible lorsque le salaire de reservation des chomeurs indemnises est abaisse. Lesentreprises ne sont pas incitees a pratiquer des offres specifiques aux exclus dans ce cas.Une hausse du rmi a naturellement des effets symetriques, augmentant les salaires dereservation des chomeurs, mais en creant un ecart plus grand entre ces deux grandeurs.Dans ce cas, le role du smic est plus important car la baisse de la production nette estplus faible lorsqu’on le supprime.

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4.2 Niveaux optimaux du smic et des revenus de sub-stitution

Les variables institutionnelles peuvent etre utilisees pour coordonner lesagents sur l’equilibre ou la production nette soit maximale. Contrairementaux analyses classiques du marche du travail, ces instruments, en regulant laconcurrence entre les firmes, peuvent endiguer les comportements d’offre detravail specifiquement adressee aux rmistes, qui impliquent de fortes baissesde productivite (effet qualite des emplois) et des trappes a bas salaire (desincitationa la reprise d’emploi).

Existe-t-il un niveau de smic optimal ? Les resultats, reportes dans letableau 12, montrent que la production nette optimale est obtenue suite aune baisse de 5% du smic, i.e. pour une valeur de 5066Frs. La baisse du smicpar l’effet qu’elle induit sur l’emploi (effet cout du travail) accroıt dans unpremier temps la production nette. Toutefois, a mesure que le smic baisse,l’investissement en capital humain est de moins en moins encourage, ce quiimplique une baisse de la productivite moyenne. Au dela d’une baisse de5%, les gains en emploi ne suffisent plus a compenser la baisse de la qualitede la main d’oeuvre. Le tableau 12 met en evidence le cout engendre parl’occurrence d’offres specifiquement ciblees sur les rmistes. Si ces offres sontpeu nombreuses (−65% de smic), la production nette reste est en deca deson niveau optimal, mais peut toutefois etre superieure a son niveau actuel(ref) : la forte baisse du cout du travail implique de forts gains en emploisqui compensent la baisse de la qualite de la main d’oeuvre. En revanche, sile nombre d’offres d’emplois ciblees sur les rmistes devient important (−70%de smic), alors les rejets des chomeurs indemnises sont plus nombreux : lesgains en emplois sont alors moindres alors que la productivite continue debaisser, ce qui explique que le niveau de production nette puisse etre en decade son niveau actuel (ref).

En outre, il faut souligner un resultat particulierement important. Leniveau optimal du smic est superieur au salaire de reservation des chomeursindemnises. Ainsi, il est optimal que la borne inferieure de la distributiondes salaires soit au-dessus de ce salaire de reservation. Imposer un salaireminimum legal permet d’atteindre ce niveau optimal, wopt. L’existence decette contrainte legale est donc justifiee : tronquer a gauche par le smic ladistribution des offres de salaire acceptables ameliore l’efficacite economique.Comme le smic optimal est au dessus de xc, des variations des deux revenusde substitution (allocation chomage et rmi), s’ils ne font pas passer le salairede reserve des chomeurs indemnises au dessus du smic, n’ont pas d’incidenceen terme d’optimalite : la reduction des inegalites de revenu peut alors sefaire sans reduire l’efficacite.

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Tab. 12 – Determination du smic optimal

smic ref −2% −4% -5% −6% −65% −70%

Y 1.5131 1.5141 1.5145 1.5146 1.5144 1.5136 1.5117E(k) 31.1557 31.0381 30.9301 30.8793 30.8591 30.8731 30.8982

E(pf(k)) 2.7462 2.7414 2.7371 2.7350 2.7341 2.7347 2.7357u 0.1787 0.1747 0.1711 0.1695 0.1688 0.1690 0.1692

Afin de montrer l’importance du smic, il est necessaire de mettre enevidence que la production optimale obtenue suite a cette baisse de 5% dusmic, ne peut pas etre obtenu dans une economie sans smic, ou les ins-truments de politique economique seraient le niveau des allocation chomageet le niveau du rmi. A niveau de ce dernier donne, comme la productionnette optimale est obtenue pour un smic legerement superieure au salaire dereservation des chomeurs indemnises, une hausse des allocations chomage fai-sant tendre xc vers la nouvelle valeur du smic peut sembler etre une mesuresuffisante.

Tab. 13 – Allocation chomage optimale dans une economie sans smic

b +5% 0.60 −5% −7% -7.25% −7.5% −10%

Y 1.5087 1.5110 1.5132 1.5141 1.5142 1.5141 1.5140E(k) 31.01 30.9062 30.8115 30.7726 30.7679 30.7653 30.7335

E(pf(k)) 2.7397 2.7360 2.7322 2.7306 2.7304 2.7303 2.7290u 0.1715 0.1692 0.1669 0.1659 0.1658 0.1657 0.1646

F (xc) 5.96 3.61 1.14 0.12 0 0 0

Les resultats de cette experience sont reportes dans le tableau 13. Ilsaboutissent apparemment a des resultats contre-intuitifs : ils montrent quel’allocation chomage optimale doit etre en fait baissee de 7.25% par rapport ason niveau de reference (ce qui la porte a 4478Frs). Il apparaıt egalement quel’allocation chomage ne peut se substituer au smic dans la coordination des

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politiques salariales des entreprises, puisque le niveau de production netteest plus faible par rapport a celle obtenu pour le smic optimal. En effet,en l’absence de smic, les entreprises font des offres ciblees sur les rmistes,ce qui baisse la productivite et engage des ressources dans un processus derecrutement peu efficace du fait des refus emanant des chomeurs indemnises.Pour eradiquer ce phenomene, il est necessaire de baisser les allocations,afin de desinciter les firmes a faire des offres acceptables uniquement parles rmistes. Le tableau 13 montre qu’une hausse des allocations chomage,en augmentant le cout de l’emploi des chomeurs indemnises pour les firmes,encourage ces dernieres a faire des offres ”basses”. Par la manipulation a lahausse des allocations-chomage on vise a rapprocher le salaire de reservationdes chomeurs du salaire minimum optimal. Mais ce n’est plus optimal enl’absence d’un smic qui empechait les firmes de faire des offres specifiquesaux exclus.

Une fois qu’il n’est plus rentable de faire des offres specifiques aux rmistes,toute baisse des allocations chomage entraıne une baisse de la productivitequi n’est pas compensee par les gains en emploi.

Pour un niveau donne du rmi, le niveau des allocations-chomage ne per-met pas d’atteindre le niveau de production nette obtenu avec le smic opti-mal. De la meme facon, ce niveau n’est pas accessible en utilisant le niveau durmi a allocation-chomage inchangee. En revanche, il est possible de montrerqu’il existe un ensemble de couples (b ; rmi) tel que l’on puisse atteindre l’op-timum etabli avec wopt, le salaire minimum optimal sans imposer un salaireminimum legal. L’ensemble de ces couples (b ; rmi) verifient F (xc) = 0 etxc = wopt. La premiere condition implique que wl ≤ xl, i.e. il existe un seulsupport pour la distribution des offres de salaires, ce qui evite la creation depostes a faible productivite et l’existence de refus de la part des chomeursindemnises. La seconde condition impose que la borne minimale des salairesofferts soit la meme que dans l’economie avec salaire minimum optimal. Cesdeux conditions impliquent alors que la distribution des salaires ou (b ;rmi)est optimal est identique a celle obtenue dans le cas ou smic = wopt.

Un couple de valeurs optimales (b ; rmi) peut etre obtenu en imposantxc = wopt et wl = xl. Les resultats sont synthetises dans le tableau 14. Commela distribution des salaires est identique a celle de l’economie avec smic op-timal, tous les indicateurs reportes dans le tableau 14 sont identiques a ceuxdu tableau 12, a l’exception des inegalites de revenus E(w)/b et E(w)/rmi.Ainsi, la production nette optimale est atteinte pour un niveau d’allocationchomage inferieur a celui de reference (-14.35%), alors que le rmi lui aug-mente (+22.84%)13. Relativement a l’etalonnage de reference (voir tableau

13Remarquons que ces valeurs de b et rmi sont les plus petites variations permettant

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8), meme si les allocations-chomage baissent, le salaire de reservation deschomeurs indemnises croıt, pour atteindre la valeur de wopt, car le chomagediminue alors que le rmi augmente fortement. Cette hausse permet d’eviterque les entreprises fassent des offres de salaire ciblees sur les rmistes.

Ces ajustements des revenus de substitution reduisent les inegalites derevenus, alors que la situation relative des chomeurs indemnises se degrade.Ainsi, si une coordination par une combinaison optimale des revenus de sub-stitution permet d’atteindre la production nette optimale, celle-ci peut sem-bler plus delicate que le ”simple” ajustement du smic. De plus, en utilisantcet instrument supplementaire pour fixer le seuil de la distribution des sa-laire, les revenus de substitution peuvent alors etre utilises pour reguler lesinegalites de revenu.

Tab. 14 – Economie avec un couple (b ; rmi) optimal

b rmi smic xc xl

4147 3071 - 5066 2094ul/u ul uc wl F (xc)0.476 0.0807 0.0889 2094 0

u Y E(k) E(pf(k))0.1695 1.5146 30.8793 2.7350

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi5066 10 077 1.98 8 111 1.95 2.64

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.35 1.20 1.12

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D5

1.68 1.41 1.19

4.3 Reformes du systeme politico-social

L’analyse des caracteristiques du systeme politico-social a permis de mon-trer que le niveau du smic jouait un role important dans l’equilibre du marche

d’atteindre la production nette optimale. En effet, en imposant, par exemple, xl = 1.1×wl,ce qui verifie wl ≤ xl, on obtient b = 3969 (-18%) et rmi = 3237 (+29.5%). Si xl = 1.2×wl

alors on a b = 3851 (-20.5%) et rmi = 3374 (+35%), etc...

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du travail concernant naturellement les travailleurs de qualification relative-ment faible. C’est vrai du niveau du chomage et des inegalites de salaire,mais egalement de la productivite moyenne des postes de travail. Meme sil’analyse precedente doit etre nuancee, parce qu’elle repose sur un etalonnageparticulier, elle a le merite de mettre en evidence une dimension importantedu role du systeme politico-social, qui est de permettre de limiter le pouvoirde monopsone des entreprises. Ce pouvoir peut entraıner un niveau de salairetrop faible associe a un niveau de formation peu eleve.

Depuis quelques annees, les differents gouvernements ont cherche a dimi-nuer le cout du travail, en particulier aux alentours du smic, etant donnele niveau eleve du chomage des travailleurs non qualifies. Plus precisement,les charges patronales ont ete diminuees, en maintenant constant le salairenet employe pour eviter le dilemme classique entre la reduction du chomageet l’augmentation des inegalites. Nous avons verifie que ce dilemme se ma-nifestait dans notre modele pour des niveaux de smic proches de celui envigueur14. Des allegements de cotisations patronales ont ete introduits de di-verses facons. D’abord ils se sont concentres au niveau du smic, puis poureviter une discontinuite trop grande ils ont ete etendus jusqu’a 1.3 fois lesmic de facon degressive.

L’interet de notre modelisation est de pouvoir evaluer les consequencesde ces allegements sur le comportement des entreprises en matiere d’offrede salaire et de formation. Certains craignent qu’un comportement opportu-niste des entreprises tendent a biaiser leur offre vers le segment des salairesbeneficiant de ces allegements. La baisse du cout du travail peut faire dimi-nuer le chomage, mais parce qu’elle est pratiquee de facon ciblee elle peutaugmenter la proportion de postes de travail faiblement remuneres et peuproductifs.

Notons que tous les travailleurs sont employables au smic dans notremodele. La baisse du cout du travail augmente l’effort de recherche des en-treprises, et diminue ainsi uniquement le chomage frictionnel. De ce point devue, il n’y a aucune raison de cibler la baisse des charges sur le smic et lessalaires juste superieurs. Nous n’avons pas les avantages de ce ciblage, maisnotre modele permet d’etudier le changement de comportement d’offre desalaire des firmes et ses consequences sur leur politique de formation.

Le tableau 15 presente les resultats de la politique d’exoneration descharges patronales. Le taux de cotisation est egal a 22% au niveau du smicet augmente de facon lineaire pour atteindre le taux normal de 40% pour unsalaire de 1.33 fois le smic. Cette politique permet de diminuer le chomage

14Plus precisement, cela se produisait pour des niveaux de smic tels que toutes les offresde salaire soient acceptables par tous les chomeurs.

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de 2 points, ce qui correspond a 243 000 emplois crees . Le cout du travailbaisse en effet plus pour certains salaires que dans le cas de la suppressiondu smic car le salaire de reservation des chomeurs indemnises limitait leseffets de cette suppression. Autre difference de taille, cette baisse du coutdu travail ne concerne que la frange inferieure des salaires, partie de la dis-tribution des salaires qui attire alors plus d’offres de la part des entreprises(voir graphique 1 ou cp designe l’economie sans allegements et cp(w) celleavec allegements conditionnes par le niveau du salaire). Cela abaisse la qua-lite moyenne des postes de travail dans l’economie, diminuant fortement laproductivite moyenne du travail. Cet effet est plus que compense par la forteaugmentation de l’emploi, ce qui se traduit par une augmentation de la pro-duction nette de 0.45%, ce qui correspond a un production supplementaireannuelle d’environ 8 milliards de francs.

Fig. 1 – Deformation des distributions de salaires

4 6 8 10 120

0.005

0.01

0.015

0.02

0.025

0.03

0.035salaires versés

salaires (en KF)

fréq

uenc

e

cp

cp(w)

4 6 8 10 120

0.01

0.02

0.03

0.04salaires offerts

salaires (en KF)

fréq

uenc

e

cp

cp(w)

En revanche, cette mesure n’est pas entierement financee par la dimi-nution du chomage. La baisse du salaire moyen, la distribution des salairesofferts etant tiree vers le bas, cree un manque a gagner endogene pour lescaisses de l’Etat. Les recettes en cotisations baissent de 6% pour la partpatronale en raison a la fois de la baisse des taux de prelevement et de labaisse du salaire moyen dans l’economie, mais egalement de 1.85% en ce quiconcerne la part employe en raison elle uniquement de la baisse de la moyennedes salaires. Les depenses baissent en raison de la baisse des taux de chomagede 9.77%. Cela implique un besoin de financement de 31.1 milliards de francspour le budget de l’Etat, soit un cout par emploi cree de 128 170Frs.

Alors que cette mesure est generalement presentee comme permettant dediminuer le chomage, en maintenant en l’etat les inegalites, il faut soulignerque les inegalites de salaire sont meme diminuees du fait de la translation

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vers la droite de la distribution des offres de salaires bruts employeurs quitend a translater le haut de celle des salaires nets employes, le bas etantcontraint par le smic.

Tab. 15 – Exoneration de cotisations patronales (Reforme de 1997)

b rmi smic xc xl

4842 2500 5333 5104 1524ul/u ul uc wl F (xc)0.46 0.0728 0.0855 2644 0u Y E(k) E(pf(k))

0.1583 1.520 30.02 2.7053

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi5333 10 056 1.88 8 037 1.66 3.21

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.34 1.19 1.12

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D5

1.60 1.34 1.19

On peut chercher a evaluer l’importance d’etaler les exonerations de co-tisations patronales sur un support large de salaires. Supposons que l’Etatait plutot choisi de restreindre cet intervalle a 1.20 fois le smic au lieu de1.33. Nous raisonnons a montant de charges patronales totales constant parrapport a la reforme de 1997 pour juger uniquement de l’importance de lalargeur de l’intervalle des salaires exoneres. Cela implique des exonerationsde charges plus fortes sur ce support plus petit : au niveau du smic le taux decotisation n’est plus que 4% pour ensuite croıtre lineairement jusqu’a 40%.Nous avons choisi deliberement de calculer ces exonerations sur la base dela distribution des salaires obtenue pour l’intervalle compris entre 1 et 1.33smic, et non sur la distribution ex-post.

Les resultats reportes dans le tableau 16 indiquent que le taux de chomageest encore abaisse. Environ 400 000 emplois sont crees. Mais il se produitune telle degradation de la formation et de la productivite moyenne quela production nette diminue de 0.39% par rapport au niveau de referenceavant toute exoneration de charges patronales, et donc de 0.84% par rapporta la reforme de 1997. Il apparaıt donc que concentrer les exonerations de

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charges patronales sur une plage de salaires plus restreinte est clairementsous-optimal, malgre la baisse plus forte du chomage.

Tab. 16 – Reprofilage des cotisations patronales sur un support plus petit

b rmi smic xc xl

4842 2500 5333 51243 1542ul/u ul uc wl F (xc)0.44 0.0637 0.0812 3468 0u Y E(k) E(pf(k))

0.1449 1.5073 29.55 2.6867

w w w/w E(w) E(w)/b E(w)/rmi5333 10 020 1.87 7 888 1.63 3.15

Quartile salaireQ4/Q1 Q2/Q1 Q4/Q21.42 1.24 1.13

Decile salaireD10/D1 D5/D1 D10/D5

1.65 1.36 1.21

Par rapport a la situation sans exonerations de charges patronales, lesrecettes en cotisations baissent de 9.56% pour la part patronale en raisona la fois de la baisse des taux de prelevement et de la baisse du salairemoyen dans l’economie, mais egalement de 3.67% en ce qui concerne la partemploye en raison elle uniquement de la baisse de la moyenne des salaires.Les depenses baissent en raison de la baisse des taux de chomage de 16.34%.Le cout pour le budget de l’Etat est de 51 milliards de francs. Cela impliqueun cout par emploi cree de 127210frs, montant tres proche de celui relatif auxexonerations effectivement pratiquees. Cependant, comme nous l’avons dejasouligne, la production nette diminue fortement, ce qui pose le probleme del’appreciation d’une politique sur la seule base de son cout budgetaire.

5 Conclusion

Le smic est la grandeur cruciale de notre systeme politico-social. Son ni-veau contraint la distribution des offres de salaire a temps complet. Il peseainsi sur le cout du travail, mais egalement sur le niveau d’investissement en

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formation des entreprises, et donc de la productivite moyenne des postes detravail. Le niveau optimal du smic n’est inferieur que de 5% au smic actuel-lement en vigueur, et il reste superieur au salaire de reservation des chomeursindemnises. Ceci montre qu’il est un instrument efficace et necessaire pourcoordonner les politiques salariales des entreprises : il permet de freiner lesentreprises dans leur competition a la baisse des salaires qui impliquerait uneforte reduction de la productivite. Ce resultat indique egalement que les reve-nus de substitution peuvent alors etre utilises afin de reduire les inegalites derevenu sans diminuer l’efficacite economique, tant que les salaires de reserverestent en dessous du smic.

Il apparaıt egalement que les baisses de cotisations patronales effectueesa partir de 1997, meme si elles sont relativement couteuses, ont un impacttres important sur l’emploi qui compense largement la diminution de la pro-ductivite des postes ouverts.

Rappelons que ces resultats ont ete obtenus sur un etalonnage qui neretient que les employes et les ouvriers travaillant a temps complet. Unepremiere extension integrant le temps partiel permettrait d’affiner l’inci-dence du rmi sur les decisions de retour vers l’emploi, les rmistes transi-tant largement par le temps partiel. Dans cette perspective, une extensiondes choix de participation tenant compte des inter-actions intra-menage doitetre consideree car la perception de certains minima sociaux sont soumis ades conditions de ressources portant sur le menage.

Enfin, plus fondamentalement, l’evaluation de reformes du marche du tra-vail necessite un bouclage fiscal : une modelisation integrant l’ensemble desqualifications permettrait d’evaluer l’incidence des transferts fiscaux necessaireau financement des politiques d’allegement des charges sur les bas salaires.

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54

Page 55: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

A Annexe technique

A.1 Calculs du salaire de reserve quand smic < xl < xc

A.1.1 Le cas des chomeurs indemnises

(1− cn)xc + heλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V n(xc)] dF (w)

= b + hcλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V uc] dF (w)− δ[V uc − V ul

]

⇔ (1− cn)xc − b + δ[V uc − V ul

]

= (hc − he)λ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V uc] dF (w)

Sachant que

d

dw{[V n(w)− V uc][1− F (w)]} = dV n(w)[1− F (w)]− [V n(w)− V uc]dF (w)

et que[[V n(w)− V uc][1− F (w)]]wxc

= 0

on obtient :

(1− cn)xc − b + δ[V uc − V ul

]

= (hc − he)λ(θ)∫ w

xc

dV n(w)[1− F (w)]dw

Or dV n(w) est donne par

rdV n(w) = 1− heλ(θ)dV n(w)∫ w

wdF (w)− sdV n(w)

dV n(w) =1

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

d’ou

(1− cn)xc − b + δ[V uc − V ul

]

= (hc − he)λ(θ)∫ w

xc

[1− F (w)]

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]dw

⇔ (1− cn)xc

= b− δ[V uc − V ul

]+ (hc − he)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

ou l’on note

φ(w) =[1− F (w)]

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

55

Page 56: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

A.1.2 Le cas des rmistes

(1− cn)xl + heλ(θ)∫ w

xl

[V n(w)− V n(xl)] dF (w)− s[V n(xl)− V uc]

= rmi + hlλ(θ)∫ w

xl

[V n(w)− V uc] dF (w)

⇔ (1− cn)xl

= rmi− s[V uc − V ul

]+ (hl − he)λ(θ)

∫ w

xl

φ(w)dw

A.2 Ecart de valeur entre un chomeur indemnise et unrmiste et expression des salaires de reserve

(r + δ)(V uc − V ul)

= b− rmi + (hc − hl)λ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)∫ xc

xl

φ(w)dw

d’ou l’expression des salaires de reserve :

(1− cn)xc = b− δ

r + δ(b− rmi) + (hc − he)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

− δ

r + δ

{(hc − hl)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)∫ xc

xl

φ(w)dw

}

(1− cn)xl = rmi− s

r + δ(b− rmi) + (hl − he)λ(θ)

∫ w

xl

φ(w)dw

− s

r + δ

{(hc − hl)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)∫ xc

xl

φ(w)dw

}

Remarques :

1. Si les taux d’arrivee des offres sont identiques, he = hc = hl ≡ 1, alors,le salaire de reserve des chomeurs indemnise est :

(1− cn)xc = b− δ

r + δ(b− rmi) +

δ

r + δλ(θ)

∫ xc

xl

φ(w)dw

ou le premier terme du membre de droite represente les allocationschomage nette de la perte actualisee de revenu suite a une transitionvers le rmi, alors que le second represente la valeur actualisee des op-portunites d’emploi accessibles uniquement aux rmistes.

56

Page 57: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Le salaire de reserve des rmiste est :

(1− cn)xl = rmi− s

r + δ(b− rmi) +

s

r + δλ(θ)

∫ xc

xl

φ(w)dw

Le second terme du membre de droite mesure les gains esperes d’unetransition vers le chomage indemnise : plus l’assurance chomage estelevee, plus elle incite le rmiste a accepter un emploi en vue de beneficierde ce changement d’indemnite suite a une perte d’emploi. Le dernierterme de cette equation mesure les gains specifiques associes au statutde rmiste lors de la recherche d’emploi.

2. L’expression ci-dessous donne l’ecart des gains futurs issus de la re-cherche d’emploi entre un chomeur et un rmiste :

(hc − hl)λ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)∫ xc

xl

φ(w)dw

Cette expression vient reduire les salaires de reserve des deux types dechomeur (voir les equations (9) et (10)). Sur un intervalle de salaireacceptable pour les deux types de chomeurs, le premier terme de l’ex-pression mesure le surplus du chomeur indemnise, celui-ci n’etant passtigmatise (hc > hl). Le second terme mesure les gains specifiques de larecherche d’emploi des rmistes, ces derniers etant les seuls a accepterdes salaires entre [xl, xc].

A.3 Calculs du salaire de reserve quand la borne inferieuredu support des salaires offerts est superieure a xl

A.3.1 Le cas ou xl < smic < xc

rV n(w) = (1− cn)w + heλ(θ)∫ w

w[V n(w)− V n(w)] dF (w)− s [V n(w)− V uc]

rV uc = b + hcλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V uc] dF (w)− δ[V uc − V ul

]

rV ul = rmi + hlλ(θ)∫ w

smic

[V n(w)− V ul

]dF (w)

Dans ce cas, l’ecart de valeur entre un chomeur et un rmiste est :

(r + δ)(V uc − V ul)

57

Page 58: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

= b− rmi + hcλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V uc]dF (w)− hlλ(θ)∫ w

smic[V n(w)− V ul]dF (w)

⇔ (r + δ)(V uc − V ul)

= b− rmi + hcλ(θ)∫ w

xc

dV n(w)[1− F (w)]dw

−hlλ(θ)∫ w

smicdV n(w)[1− F (w)]dw + hlλ(θ)[(V n(w)− V ul)(1− F (w))]wsmic

⇔ (r + δ)(V uc − V ul)

= b− rmi + hcλ(θ)∫ w

xc

dV n(w)[1− F (w)]dw

−hlλ(θ)∫ w

smicdV n(w)[1− F (w)]dw − hlλ(θ)(V n(smic)− V ul)

⇔ (r + δ)(V uc − V ul)

= b− rmi + hcλ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw

−hlλ(θ)∫ w

smicφ(w)dw − hlλ(θ)(V n(smic)− V ul)

⇔ (r + δ)(V uc − V ul)

= b− rmi + (hc − hl)λ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw

−hlλ(θ)∫ xc

smicφ(w)dw − hlλ(θ)(V n(smic)− V ul)

Le membre de droite fait apparaıtre les differentes composantes de cet ecartde valeur : (i) les gains dus a l’ecart entre les revenus instantanes, (ii) lesurplus issu de la plus grande efficacite des chomeurs indemnises lors duprocessus de recherche d’emploi, (iii) les pertes induite par le refus des offresde salaire comprises entre [smic, xc], et (iv) la perte de la protection dusmic garantissant une valeur en l’emploi toujours superieure au salaire dereservation d’un rmiste.

En introduisant cette expression de l’ecart de valeur, le salaire de reservationdes chomeurs indemnises est alors :

(1− cn)xc = b− δ

r + δ(b− rmi) + (hc − he)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

− δ

r + δ

{(hc − hl)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)∫ xc

smicφ(w)dw

−hlλ(θ)(V n(smic)− V ul)}

En protegeant les rmistes d’offre de salaire faible, le smic contribue a accroıtrele salaire de reservation des chomeurs indemnises.

58

Page 59: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

A.3.2 Le cas ou le salaire minimal offert par les entreprise est telque smic < xc ≤ w

Dans ce cas, le salaire minimal offert par les entreprises est superieur ausalaire de reserve des chomeurs indemnises et au smic, i.e. tel que w ≥ xc.Les fonctions-valeur sont :

rV n(w) = (1− cn)w + heλ(θ)∫ w

w[V n(w)− V n(w)] dF (w)− s [V n(w)− V uc]

rV uc = b + hcλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V uc] dF (w)− δ[V uc − V ul

]

rV ul = rmi + hlλ(θ)∫ w

xc

[V n(w)− V ul

]dF (w)

L’expression de l’ecart de valeur entre un chomeur et un rmiste se simplifie :

(r + δ)(V uc − V ul)

= b− rmi + hcλ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw − hlλ(θ)(V n(xc)− V ul)

⇔ (r + δ + hlλ(θ))(V uc − V ul)

= b− rmi + (hc − hl)λ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw

car V n(xc) = V uc. Le salaire de reserve des chomeurs indemnise est alors :

(1− cn)xc = b− δ

r + δ + hlλ(θ)(b− rmi) + (hc − he)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

− δ

r + δ + hlλ(θ)

{(hc − hl)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

}(9)

(1− cn)xl = rmi− s

r + δ + hlλ(θ)(b− rmi) + (hc − he)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

− s

r + δ + hlλ(θ)

{(hc − hl)λ(θ)

∫ w

xc

φ(w)dw

}(10)

Dans ce cas particulier, il apparaıt que le salaire de reservation des chomeursindemnise n’est fonction que des ecarts de revenus instantanes et des differentielsd’efficacite dans le processus de recherche d’emploi. En effet, la distributiondes offres de salaire etant bornee par xc, il n’existe pas de proposition de sa-laire specifiquement acceptees par les rmistes, conduisant a reduire la craintede ce statut.

59

Page 60: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

B Preuves des propositions

B.1 Proposition 1

En comparant les esperances de profit en x−c et x+c , toutes choses etant

egales par ailleurs, on montre l’existence d’une discontinuite du support dela distribution des salaires.

– Tout d’abord, notons que la condition de libre entree sur le marche dutravail (V = 0) implique :

J(w) =π(w)− (1 + cp)w

r + s + λ(v)[1− F (w)]∀ w

ou l’on note

π(w) = pf(k(w))− k(w)(r + s + heλ(θ)[1− F (w)])

– Pour xl ≤ w < xc, l’esperance de gain associee au postage d’un emploivacant est donc donnee par :

hl

hul

(s + heλ(θ)

s + heλ(θ)[1− F (w)]

) (π(w)− (1 + cp)w

r + s + heλ(θ)[1− F (w)]

)

Evaluee en w = x−c , cette esperance de gain s’ecrit :

hl

hul

(s + heλ(θ)

s + heλ(θ)[1− F (x−c )]

) (π(x−c )− (1 + cp)x

−c

r + s + heλ(θ)[1− F (x−c )]

)(11)

– De facon similaire, pour w = xc, d’apres la definition de G(w) dansle regime w ≥ xc, l’esperance de gain associee au postage d’un emploivacant est a present donnee par :

s

s + heλ(θ)[1− F (xc)]

(π(xc)− (1 + cp)xc

r + s + heλ(θ)[1− F (xc)]

)(12)

Le ratio des equations (11) et (12), pour x−c → xc, donne :

hl

hul

(heλ(θ) + s

s

)

Toutes choses etant egales par ailleurs, si l’esperance de profit d’unefirme affichant un salaire xc est superieure a celle offrant un salaire x−calors aucune firme n’aura interet a afficher le salaire x−c . Si tel est le

60

Page 61: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

cas, le ratio ci-dessus est inferieur a un. Etant donnees les definitionsde ul, uc, u et h, ceci est verifie si

heλ(θ)[1− F (xc)] + s > 0

Ce qui est toujours vrai si s > 0 (⇐⇒ (11)<(12)).

Au total, il n’y a donc pas d’offre de salaire qui puisse se situer dansl’intervalle [x−c ; xc[.

B.2 Proposition 2

Le salaire maximal offert par les entreprises embauchant des exclus, notewl, permet d’obtenir une esperance de profit identique a celle d’un autreposte. Ainsi, wl est donne par

π(xc)− (1 + cp)xc

π(wl)− (1 + cp)wl

=hl

hul

(heλ(θ) + s

s

)

sachant que F (wl) = F (xc) et π(xc) = π(wl) car k(xc) = k(wl). L’expressionde π(xc) ne depend que des parametres :

π(xc) =(

1− α

α

11−α p

11−α (r + s + heλ(θ))

α1−α

Comme hl

hul

(heλ(θ)+s

s

)< 1 (voir preuve de la proposition 1), on a necessairement

xc > wl.

B.3 Proposition 3

Si wl < xl, alors toutes les offres de salaire seront distribuees sur le support[xc; w] et donc F (xc) = 0.

Il existe une distribution d’equilibre ayant deux supports distincts si quelsque soient les parametres, ceux-ci n’imposent pas que wl < xl.

Supposons F (xc) = 0 : la restriction wl < xl est-elle alors toujoursverifiee ? Si ce n’est pas le cas, alors il peut exister deux supports.

En utilisant les expressions de u, ul et uc, pour F (xc) = 0, l’expressionde wl donnee ci-dessus peut se reecrire :

π(xc)− (1 + cp)wl = (π(xc)− (1 + cp)xc)

(hcλ(θ) + δ

δ

)

61

Page 62: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

L’expression du salaire de reserve des chomeurs indemnises xc est donnee parl’equation (9). En introduisant sont expression dans l’equation ci-dessus, onobtient l’expression de wl :

(1− cn)wl

= −(

1− cn

1 + cp

) (hcλ(θ)

δ

)π(xc)

+

(hcλ(θ) + δ

δ

)

×(

(r + hlλ(θ))b + δrmi + (r + δ + hlλ(θ))(hc − he)Ψ(w)− δ(hc − hl)Ψ(w)

r + δ + hlλ(θ)

)

ou on note Ψ(w) l’expression :

Ψ(w) = λ(θ)∫ w

xc

φ(w)dw

car le niveau minimal des salaires offerts est suppose etre xc car F (xc) = 0.Cette expression de wl doit alors etre comparee a celle du salaire de reservedes rmistes, donnee par l’equation (10) :

(1− cn)wl − (1− cn)xl

= −(

1− cn

1 + cp

) (hcλ(θ)

δ

)π(xc)

+

(hcλ(θ) + δ

δ(r + hlλ(θ)) + s

)b

r + δ + hlλ(θ)

+((hc − hl)λ(θ)− r − s)rmi

r + δ + hlλ(θ)

+

(hcλ(θ) + δ

δ(hc − he) +

s− δ − hcλ(θ) + δ

r + δ + hlλ(θ)(hc − hl) + (he − hl)

)Ψ(w)

Ainsi, la restriction wl < xl, coherente avec l’hypothese F (xc) = 0, n’estverifiee que si :

(1− cn

1 + cp

) (hcλ(θ)

δ

)π(xc)

>

(hcλ(θ) + δ

δ(r + hlλ(θ)) + s

)b

r + δ + hlλ(θ)

+((hc − hl)λ(θ)− r − s)rmi

r + δ + hlλ(θ)

+

(hcλ(θ) + δ

δ(hc − he) +

s− δ − hcλ(θ)

r + δ + hlλ(θ)(hc − hl) + (he − hl)

)Ψ(w)

62

Page 63: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...

Dans le cas particulier ou l’on a hc = he = hl = 1, cp = cn = 0 et r =0, on peut montrer que cette condition se reecrit plus simplement, sachantl’expression de π(xc) :

(s + λ(θ))α

1−α

(1− α

α

)(αp)

11−α > b−

(sδ

λ(θ)(δ + λ(θ))

)(b− rmi)

A λ(θ) donne, il peut donc exister une valeur de p telle que cette restric-tion ne soit pas verifiee. Autrement dit, on n’a pas necessairement wl < xl.Ceci indique donc que, a contrario, il est possible d’obtenir une distributiond’equilibre definie sur le domaine [xl, wl] ∪ [xc, w].

Ce resultat peut egalement etre illustre dans le cas general a partir desimulations numeriques.

63

Page 64: Le salaire minimum et les revenus de substitution comme ...