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SPORT Disciplines - Le rugby Article écrit par Pierre LAGRUE Prise de vue Le 27 août 1995 à Paris, Bernard Lapasset, alors président en exercice de l'International Board, déclare à la presse que l'instance dirigeante du rugby mondial a décidé de renoncer aux règles relatives à l'amateurisme et d'autoriser « ... toutes les formes de paiement, à tous les niveaux du jeu ». Les primes de match comme les salaires, versés sous le manteau depuis une quinzaine d'années, peuvent désormais l'être de manière officielle. Le rugby devient un sport professionnel. Mais, en laissant à chaque fédération le soin d'organiser le professionnalisme à sa guise, le Board n'a sans doute pas évalué qu'un rugby à plusieurs vitesses risquait de voir le jour, en fonction de la détermination de chaque fédération à s'engager dans cette nouvelle voie. Rugby : chronologie Événements marquants de l'histoire du rugby.(2010 Encyclopædia Universalis France S.A.) « Sport de voyous pratiqué par des gentlemen », ainsi se définissait jusqu'alors le rugby. Cette célèbre expression pouvait s'interpréter de la manière suivante : « un sport réservé à une élite, n'ayant pas besoin de tirer des revenus de sa pratique ». Cette notion d'amateurisme, défendue contre vents et marées jusqu'à ce mois d'août 1995, s'est régulièrement trouvée au cœur des grandes crises que le rugby a connues depuis sa naissance en plusieurs temps au cours du XIX e siècle : « schisme » de 1895 en Angleterre, vingt-deux clubs décidant de créer une Ligue du Nord qui conduira à la naissance du rugby à XIII ; crise de 1930 en France, lorsque quinze clubs quittèrent la Fédération française de rugby pour protester contre l'amateurisme marron... Au début du XXI e siècle, le rugby semble encore chercher sa voie. Les grandes nations de l'hémisphère Sud (Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande) se sont tout de suite engagées de plain-pied dans le professionnalisme, créant de nouvelles compétitions (Super 12, devenu Super 14 puis Super 15, Tri-Nations, devenu Four-Nations en 2012), et passant des contrats avec leurs joueurs, ce qui leur a permis de dominer le rugby mondial. En Angleterre et en France, en revanche la primauté est restée aux clubs, qui mettent leurs meilleurs joueurs à la disposition de l'équipe nationale. Si le modèle du Sud a longtemps semblé le plus adapté, la politique de clubs de la France et de l'Angleterre apparaît aujourd'hui comme la plus efficace sur le plan financier, ce qui fait que nombre de stars de l’hémisphère Sud évoluent désormais dans les championnats anglais ou français. Pour éviter de se voir définitivement dépassés, notamment à l'occasion de la Coupe d'Europe, Irlandais et Écossais, qui ont accueilli le professionnalisme sans enthousiasme, ont mis en place un système de franchises, qui permet de rassembler des joueurs venus de différents clubs au sein de formations de « province » pour tenter de garder le contact. Malgré une farouche opposition des clubs, le pays de Galles, dont le rugby s'est trouvé plongé dans une profonde crise sportive et financière en 2003, a finalement adopté une attitude similaire. Malgré l'existence d'une Coupe du monde depuis 1987, le rugby n'est pas encore un sport universel : on y joue dans moins de cent pays. Il est cependant solidement implanté dans le Pacifique Sud (Fidji, Samoa, Tonga) et en Argentine, se structure en Italie, se développe au Canada, aux États-Unis et au Japon, mais connaît une certaine stagnation en Roumanie. Néanmoins, le Comité international olympique a décidé en 2009 que le rugby (sous sa forme à 7) intégrerait le programme aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016, ce qui pourrait favoriser son développement. La santé des joueurs est aussi en cause, en raison du nombre trop important de matchs que dispute chaque année un international. Toujours en ce qui concerne la santé des pratiquants, le problème de la prise de créatine, autorisée au Sud, vantée en Angleterre et interdite en France, semble s'atténuer.

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SPORT Disciplines - Le rugby

Article écrit par Pierre LAGRUE

Prise de vue

Le 27 août 1995 à Paris, Bernard Lapasset, alors président en exercice de l'International Board, déclare àla presse que l'instance dirigeante du rugby mondial a décidé de renoncer aux règles relatives àl'amateurisme et d'autoriser « ... toutes les formes de paiement, à tous les niveaux du jeu ». Les primes dematch comme les salaires, versés sous le manteau depuis une quinzaine d'années, peuvent désormais l'êtrede manière officielle. Le rugby devient un sport professionnel. Mais, en laissant à chaque fédération le soind'organiser le professionnalisme à sa guise, le Board n'a sans doute pas évalué qu'un rugby à plusieursvitesses risquait de voir le jour, en fonction de la détermination de chaque fédération à s'engager dans cettenouvelle voie.

Rugby : chronologie

Événements marquants de l'histoire du rugby.(2010 Encyclopædia Universalis France S.A.)

« Sport de voyous pratiqué par des gentlemen », ainsi se définissait jusqu'alors le rugby. Cette célèbreexpression pouvait s'interpréter de la manière suivante : « un sport réservé à une élite, n'ayant pas besoinde tirer des revenus de sa pratique ». Cette notion d'amateurisme, défendue contre vents et marées jusqu'àce mois d'août 1995, s'est régulièrement trouvée au cœur des grandes crises que le rugby a connues depuissa naissance en plusieurs temps au cours du XIXe siècle : « schisme » de 1895 en Angleterre, vingt-deuxclubs décidant de créer une Ligue du Nord qui conduira à la naissance du rugby à XIII ; crise de 1930 enFrance, lorsque quinze clubs quittèrent la Fédération française de rugby pour protester contre l'amateurismemarron...

Au début du XXIe siècle, le rugby semble encore chercher sa voie. Les grandes nations de l'hémisphèreSud (Afrique du Sud, Australie, Nouvelle-Zélande) se sont tout de suite engagées de plain-pied dans leprofessionnalisme, créant de nouvelles compétitions (Super 12, devenu Super 14 puis Super 15, Tri-Nations,devenu Four-Nations en 2012), et passant des contrats avec leurs joueurs, ce qui leur a permis de dominer lerugby mondial. En Angleterre et en France, en revanche la primauté est restée aux clubs, qui mettent leursmeilleurs joueurs à la disposition de l'équipe nationale. Si le modèle du Sud a longtemps semblé le plusadapté, la politique de clubs de la France et de l'Angleterre apparaît aujourd'hui comme la plus efficace surle plan financier, ce qui fait que nombre de stars de l’hémisphère Sud évoluent désormais dans leschampionnats anglais ou français. Pour éviter de se voir définitivement dépassés, notamment à l'occasion dela Coupe d'Europe, Irlandais et Écossais, qui ont accueilli le professionnalisme sans enthousiasme, ont mis enplace un système de franchises, qui permet de rassembler des joueurs venus de différents clubs au sein deformations de « province » pour tenter de garder le contact. Malgré une farouche opposition des clubs, lepays de Galles, dont le rugby s'est trouvé plongé dans une profonde crise sportive et financière en 2003, afinalement adopté une attitude similaire.

Malgré l'existence d'une Coupe du monde depuis 1987, le rugby n'est pas encore un sport universel : ony joue dans moins de cent pays. Il est cependant solidement implanté dans le Pacifique Sud (Fidji, Samoa,Tonga) et en Argentine, se structure en Italie, se développe au Canada, aux États-Unis et au Japon, maisconnaît une certaine stagnation en Roumanie. Néanmoins, le Comité international olympique a décidé en2009 que le rugby (sous sa forme à 7) intégrerait le programme aux Jeux de Rio de Janeiro en 2016, ce quipourrait favoriser son développement.

La santé des joueurs est aussi en cause, en raison du nombre trop important de matchs que disputechaque année un international.

Toujours en ce qui concerne la santé des pratiquants, le problème de la prise de créatine, autorisée auSud, vantée en Angleterre et interdite en France, semble s'atténuer.

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I- Les origines

On peut voir dans la soûle, jeu brutal pratiqué au Moyen Âge, consistant à aller déposer dans le camp del'adversaire une sorte de ballon rempli de foin ou d'osier, et opposant les jeunes de deux villages voisins, unlointain ancêtre du rugby. Mais le rugby proprement dit va naître dans l'Angleterre du XIXe siècle.

Avant de revenir sur l'acte fondateur du jeu, évoquons la révolte des collégiens anglais en 1797. Cetteannée-là, pour protester contre les châtiments corporels, les élèves vont mener de véritables rébellions dansces vénérables institutions. Une fois le calme revenu, les directeurs d'établissement décidèrent de favoriserles activités de plein air pour canaliser ces énergies. Différentes formes de jeux de ballon se développèrentalors, à Winchester, Eton et Rugby notamment.

Un acte fondateur

En 1823, William Webb Ellis, élève du collège de Rugby, s'empare du ballon avec les mains et se met àcourir en direction de la ligne adverse – entorse à toutes les règles en vigueur. Deux formes de jeu vont alorsse développer, le football rugby, s'appuyant sur les règles du jeu pratiqué à l'école de Rugby, codifiées en1846, et le football association, fondé sur les Cambridge Rules établies en 1848. Néanmoins, la distinctionentre ces deux formes reste peu claire. Le 26 octobre 1863 naît la Football Association. Les tenants desrègles de Rugby quittent cette institution dès le 8 décembre. Le 26 janvier 1871, les représentants de vingtet un clubs créent la Rugby Football Union (R.F.U.), dont le but est d'harmoniser les règles dans l'esprit dujeu d'origine. Algernon Rutter est le premier président de cette association.

L'internationalisation du rugby

Le 27 mars 1871 a lieu le premier match international : à Édimbourg, l'Écosse bat l'Angleterre. Lapratique du rugby gagne l'ensemble des îles Britanniques. Exporté dans les possessions de l'Empirebritannique par des émigrants, le jeu s'implante en Australie et en Nouvelle-Zélande. En 1877, le nombre dejoueurs par équipe est fixé à quinze ; les dimensions du terrain sont également codifiées : 120 yards ×80 yards (105 m × 65 m). La première compétition officielle voit le jour en 1879 : il s'agit de la Calcutta Cup,rencontre annuelle qui oppose l'Angleterre à l'Écosse, et qui, aujourd'hui encore, demeure un événement ducalendrier. Les quatre Unions britanniques (Angleterre, Écosse, pays de Galles et Irlande) s'affrontentrégulièrement à partir de 1881. En 1883, on décide que l'équipe qui remporte ses trois matchs se verraattribuer la Triple Couronne ; cette tradition perdure.

Rugby: Écosse-Angleterre, 1872

Le deuxième match international de rugby opposa, le 5 février 1872, l'Angleterre à l'Écosse auKennington Oval de Londres. William Small a illustré l'événement pour «The Graphic».(HultonGetty)

L'International Board est créé le 6 février 1886 par les Unions d'Écosse, du pays de Galles et d'Irlande.L'Angleterre ne le rejoindra qu'en 1890. Les échanges internationaux se développent. En 1888, sousl'impulsion d'Andrew Stoddart et malgré l'opposition de la R.F.U. qui voit dans cette initiative une forme deprofessionnalisme, une expédition de joueurs anglais dispute vingt-quatre rencontres en Australie et enNouvelle-Zélande. En 1889, les Maoris jouent soixante-dix-sept matchs dans les îles Britanniques. En 1891,une sélection britannique se rend en Afrique du Sud.

Du « schisme » de 1895 au Tournoi des cinq nations

La multiplication de ces confrontations posait le problème de l'amateurisme des joueurs. Le 29 août 1895, vingt-deux clubs fondent la Northern Football Union et autorisent le principe du « manque à gagner », autrement dit de sa compensation. Ils quittent la Football Rugby Union. Ils vont développer une nouvelle forme de jeu : le rugby à XIII, entièrement professionnel. La R.F.U. s'arc-boute : en 1897, le Gallois Arthur

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Gould est radié car il a accepté une somme d'argent récoltée par ses supporters qui désiraient lui manifesterleur admiration.

En France, le rugby s'est développé à l'initiative de l'Union des sociétés françaises des sports athlétiques.Le 1er janvier 1906, le XV de France dispute sa première rencontre internationale : les All Blacksnéo-zélandais menés par Dave Gallaher, après une tournée triomphale dans les îles Britanniques, acceptentde disputer un dernier match. La défaite française est sévère (8-38), mais, désormais, les Unionsbritanniques ne pourront plus refuser systématiquement d'affronter l'équipe de France. La France rencontrepour la première fois l'Angleterre en 1907, le pays de Galles en 1908, l'Irlande en 1909, l'Écosse enfin en1910. À partir de cette année-là, les confrontations deviennent régulières ; le Tournoi des cinq nations est né.

II- Principales règles

Une partie de rugby oppose deux équipes de quinze joueurs, qui s'affrontent durant deux périodes de40 minutes, séparées par une mi-temps de 10 minutes, sur un terrain d'une largeur comprise entre 66 et70 mètres, et d'une longueur comprise entre 95 et 100 mètres. À ces dimensions s'ajoutent deux zonesd'en-but d'une longueur minimale de 10 mètres. Au centre de chaque ligne d'en-but se trouvent des poteauxde but constitués de deux montants espacés de 5,6 mètres et d'une barre transversale située à 3 mètres dehauteur. Sept remplaçants sont susceptibles de participer au match, en cas de blessure d'un titulaire ou pourdes raisons tactiques dictées par l'entraîneur.

Le ballon, de forme ovale, est formé de quatre panneaux et doit avoir les caractéristiques suivantes :longueur du grand axe, de 28 à 30 centimètres ; grand périmètre, de 76 à 79 centimètres ; petit périmètre,de 58 à 52 centimètres ; poids compris entre 400 et 440 grammes ; pression comprise entre 0,67 et0,70 kg/cm2.

Les points

Des points sont inscrits quand une équipe marque un essai (5 points), qui peut être transformé(2 points), un but de pénalité (3 points), un drop ou coup de pied tombé (3 points).

Un essai est marqué lorsqu'un joueur attaquant est le premier à effectuer un touché à terre dans l'en-butadverse. L'arbitre peut accorder un essai de pénalité (entre les poteaux de but) lorsqu'il estime qu'un joueuraurait probablement marqué s'il n'en avait pas été empêché par le jeu déloyal d'un adversaire. Lorsqu'unjoueur inscrit un essai, il permet à son équipe de tenter de le transformer en tirant au but (cette règles'applique également aux essais de pénalité). Le coup de pied est donné depuis une ligne imaginaire passantpar l'endroit où l'essai a été marqué.

Un but de pénalité est réussi lorsque le ballon passe entre les poteaux et au-dessus de la barretransversale à l'issue d'une tentative consécutive à une faute de l'adversaire signalée par l'arbitre.

Un joueur marque un drop (ou but sur coup de pied tombé) lorsqu'il inscrit un but à partir d'un coup depied tombé durant le cours normal du jeu.

Principales phases de jeu

La mêlée ordonnée

Une mêlée est ordonnée par l'arbitre après une faute mineure (un en-avant par exemple). La mêlée est composée de huit joueurs de chaque équipe (les avants), liés entre eux sur trois lignes pour chaque équipe, se joignant à leurs adversaires de manière à ce que les têtes des premières lignes soient imbriquées. Cela crée un tunnel dans lequel le demi de mêlée doit introduire le ballon, de façon à ce que les joueurs de première ligne (les deux piliers et le talonneur) puissent lutter pour la possession de celui-ci en le talonnant.

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Le ballon est introduit par le demi de mêlée de l'équipe qui n'a pas commis la faute. Les règles concernant lamêlée sont complexes et leur interprétation par l'arbitre donne souvent lieu à controverses.

La mêlée spontanée

Une mêlée spontanée est une phase de jeu durant laquelle un ou plusieurs joueurs de chaque équipe, quisont sur leurs pieds, en contact physique, entourent le ballon au sol. Tous les joueurs qui forment, rejoignentou participent à une mêlée spontanée doivent rester sur leurs appuis. Un joueur se joignant à une mêléespontanée doit le faire par l'arrière et se lier avec au moins un bras autour du corps d'un coéquipier, enutilisant la totalité du bras. Un joueur qui quitte la mêlée spontanée doit se retirer immédiatement derrière laligne de hors-jeu.

Le maul

Il y a maul lorsqu'un joueur portant le ballon est saisi par un ou plusieurs adversaires et qu'un ouplusieurs de ses coéquipiers se lient à lui. Tous les joueurs qui participent au maul tentent d'avancer vers laligne de but. Dans un maul, les joueurs doivent s'efforcer de rester sur leurs appuis. Le porteur du ballonpeut aller au sol, à condition que le ballon soit immédiatement disponible et que le jeu continue. Un joueurne doit pas effondrer volontairement un maul. Le maul prend fin lorsque le ballon ou un joueur portant leballon quitte le maul.

La touche

La remise en jeu est effectuée par un adversaire du joueur qui a botté le ballon hors du champ de jeu,porté ou touché le ballon en dernier avant sa sortie hors du champ de jeu. Le ballon doit être lancé droit etparcourir au moins 5 mètres le long de la ligne de remise en jeu avant de toucher le sol ou avant de toucherou d'être touché par un joueur. Si la remise en jeu face à un alignement est incorrecte, l'équipe adverse a lechoix entre une remise en jeu face à un alignement et une mêlée sur la ligne des 15 mètres.

Les joueurs qui participent à l'alignement sont le lanceur du ballon et un adversaire direct, les deuxrelayeurs et les joueurs qui se trouvent dans l'alignement. Tous les joueurs qui ne participent pas àl'alignement doivent se situer à 10 mètres au moins derrière la ligne de remise en jeu jusqu'à ce quel'alignement soit terminé. Les joueurs de l'alignement des deux équipes forment deux lignes parallèlesdistinctes. Chaque ligne de joueurs doit se trouver à un demi-mètre de la ligne de remise en jeu, respectantainsi un « couloir » d'1 mètre. Un joueur de l'alignement ne doit pas s'appuyer sur un adversaire pour sauter,ne doit pas retenir, pousser, charger ou agripper un adversaire qui ne porte pas le ballon ou lui faireobstruction, sauf lorsqu'une mêlée spontanée ou un maul se forme. Un joueur de l'alignement peut souleverun coéquipier, mais il n'a pas le droit de le maintenir en l'air. Lorsqu'il saute pour capter le ballon, un joueurdoit se servir soit de ses deux mains, soit de son bras intérieur pour essayer d'attraper ou de dévier le ballon.Le sauteur ne doit pas se servir uniquement de son bras extérieur pour essayer d'attraper ou de dévier leballon.

Principales fautes et sanctions

Le hors-jeu

Un joueur est hors-jeu s'il se trouve devant un coéquipier qui porte le ballon ou devant un coéquipier quia joué en dernier le ballon. Un joueur hors-jeu ne peut momentanément plus participer au jeu. Tout joueur enposition de hors-jeu est passible de pénalité s'il participe au jeu.

Dans le cours normal du jeu, un joueur peut être remis en jeu soit par une action d'un coéquipier soit par une action d'un adversaire. Cependant, le joueur hors-jeu ne peut être remis en jeu s'il interfère avec le jeu,

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ou s'il avance vers le ballon, ou ne s'écarte pas de 10 mètres du point de chute du ballon.

L'en-avant

L'en-avant (« en avant » signifiant « vers la ligne de ballon mort de l'équipe adverse ») involontaire estsanctionné par une mêlée ordonnée. Il y a en-avant lorsqu'un joueur perd la possession du ballon et quecelui-ci poursuit sa course vers l'avant, quand un joueur frappe le ballon du bras ou de la main ou lorsque leballon frappe la main ou le bras, poursuit sa course et touche le sol ou un autre joueur avant que le premierjoueur puisse l'attraper. Il y a passe en avant lorsqu'un joueur lance ou passe le ballon en avant.

Les fautes dans le jeu au sol

Lorsqu'il va au sol avec le ballon, un joueur doit immédiatement se relever, passer le ballon ou le lâcher.Un joueur qui passe ou lâche le ballon doit également se relever ou s'éloigner immédiatement. Il ne doit passe coucher sur le ballon ou près de celui-ci pour empêcher ses adversaires d'en prendre possession, et nedoit pas tomber délibérément sur un joueur au sol qui porte le ballon et qui est couché au sol ou au-delà dece joueur, ce qui gênerait les équipiers adverses.

Le jeu déloyal

L'expression « jeu déloyal » recouvre toute action contraire à la lettre et à l'esprit des règles du jeu. Lejeu déloyal comprend les obstructions, les infractions répétées, le jeu dangereux et les incorrections. Le jeudéloyal est sanctionné par une pénalité. L'arbitre peut également expulser temporairement (10 minutes) oudéfinitivement un joueur coupable de jeu déloyal. Parmi les actions déloyales, citons : le coup de poing ou decoude ; le piétinement ; le coup de pied ; le croche-pied ; le plaquage dangereux (par anticipation, àretardement, au-dessus de la ligne des épaules) ; le plaquage d'un joueur en l'air.

III- Les compétitions

Le Tournoi des six nations

Avec l'arrivée de l'Italie en 2000, le Tournoi des cinq nations est devenu le Tournoi des six nations. S'il neconstitue plus la compétition majeure du calendrier, notamment en raison de la création de la Coupe dumonde en 1987 et du manque de compétitivité des équipes celtes, le Tournoi conserve néanmoins sa« magie », qui s'ancre dans l'histoire. Souvenons-nous des envolées lyriques qui accompagnèrent lapremière victoire de la France, emmenée par Jean Prat, « Monsieur Rugby », dans le Tournoi en 1954, ou destrémolos cassant la voix du commentateur de télévision Roger Couderc, le « seizième homme » du XV deFrance, à l'occasion du premier Grand Chelem (quatre matchs, quatre victoires) réussi par les Tricolores deChristian Carrère en 1968.

La cuiller de bois, spécialité française

Si les Britanniques ont accepté de rencontrer les Français, ils n'ont pas envisagé que ceux-ci puissentgagner un match. Très souvent (sept fois de 1910 à 1929), le XV de France se verra remettre la cuiller debois, qui « récompense » l'équipe qui a subi quatre défaites. Durant ces années d'apprentissage, le XV deFrance va néanmoins récolter quelques succès. Dès 1911, l'Écosse est battue à Colombes. En 1920, l'Irlandetombe à son tour ; la performance a encore plus de valeur, car la victoire a été obtenue à Dublin. Il fautattendre 1927 pour enregistrer un succès sur l'Angleterre et 1928 pour assister à une victoire contre le paysde Galles.

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A contrario, l'Angleterre collectionne les Grands Chelems. En 1913 et en 1914, avec pour vedette letrois-quarts centre Ronald Poulton-Palmer. En 1921, sous l'impulsion de la paire de demis formée par DaveDavies et Cecil Kershaw. En 1923, avec à l'aile un certain Eric Liddell, qui deviendra champion olympique du400 mètres en 1924. En 1924 encore, puis en 1928, sous le capitanat de Ronald Cowe-Smith.

La France exclue du Tournoi

Le 21 avril 1930, le pays de Galles bat la France 11 à 0. Mais la partie a été des plus brutales.L'avertissement du président de la Welsh Rugby Union lors du banquet est clair : « J'espère que c'est ledernier France-Galles que nous voyons jouer dans cet esprit. » De plus, le rugby des clubs se trouve en criseen France. La violence a gagné les terrains, la finale du Championnat de France opposant Quillan à Lézignanen 1929 est l'occasion de bagarres, qui s'étendent aux tribunes. Et la notion d'amateurisme se voit quelquepeu galvaudée. Le 26 avril 1930, six clubs quittent la Fédération française de rugby (F.F.R.). Ils sont rejointspar neuf autres le 20 décembre. Le 24 janvier 1931, les clubs dissidents créent l'Union française de rugbyamateur (U.F.R.A.). Outre-Manche, on s'est intéressé de près à ces problèmes. Le 2 mars 1931, les HomeUnions britanniques signifient leur décision à la F.F.R. : « ... au vu des conditions [...] dans lesquelles lefootball rugby est organisé et joué en France [...] nous ne pourrons organiser des matchs avec la France [...]jusqu'à ce que nous obtenions la certitude que le contrôle et la conduite du jeu sont organisés de manièresatisfaisante ». L'équipe de France est exclue du Tournoi. Elle ne le rejoindra qu'en 1947.

Un retour difficile

Réadmise dans le Tournoi en 1947, la France a failli le quitter rapidement. Dès 1952, les Home Unionsstigmatisent de nouveau les dérives du rugby français, et notamment le laxisme envers la notiond'amateurisme. Pour calmer leur ire, Alfred Eulère, président de la F.F.R., sacrifie le talentueux Jean Dauger,qui ne fera plus partie du XV de France, et promet la suppression du Championnat de France. Le 28 juin1952, l'assemblée générale de la F.F.R. désavoue Alfred Eulère. René Crabos lui succède. Avec AdolpheJauréguy, il parviendra à faire fléchir les Home Unions. La France n'est pas exclue du Tournoi, et leChampionnat est maintenu.

« Monsieur Rugby » et « Docteur Pack »

En 1954, le XV de France remporte enfin le Tournoi, même s'il doit partager la première place avecl'Angleterre et le pays de Galles. En 1955, il passe à deux doigts du Grand Chelem, en raison d'une défaiteface au pays de Galles (9-16) à Colombes. Les Gallois rendent néanmoins un vibrant hommage à Jean Prat,déjà surnommé « Monsieur Rugby » par les Anglais.

Il faut attendre 1959 pour que le XV de France remporte seul le Tournoi. Cette victoire doit beaucoup àson capitaine, Lucien Mias – « Docteur Pack » –, qui avait conduit les Tricolores à un succès historique enAfrique du Sud l'année précédente.

Enfin, le Grand Chelem

Les années qui suivent sont fastes pour le XV de France. De fortes personnalités – Michel Crauste, WalterSpanghero, Benoît Dauga, André Herrero, Aldo Gruarin... – au sein du pack, des joueurs de talent – les frèresAndré et Guy Boniface, Pierre Albaladejo, Jean Gachassin, Christian Darrouy, Jean Dupuy... – dans les lignesarrière ; la victoire est souvent au rendez-vous. Mais il faut attendre 1968 pour que le XV de France réaliseenfin le Grand Chelem dans le Tournoi. Celui-ci est obtenu grâce à une charnière controversée composée desfrères Lilian et Guy Camberabero, qui privilégie un efficace jeu au pied au jeu « à la française », fondé sur larecherche de l'essai.

Entre-temps, sous l'impulsion de Clive Rowlands, est né au pays de Galles le squad system, qui consisteà rassembler les internationaux de manière hebdomadaire en vue d'une préparation plus poussée. Cetteentorse au sacro-saint amateurisme aura des répercussions non négligeables.

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Les princes de Galles

Grâce au squad system, les Gallois avaient pris plusieurs longueurs d'avance. De plus, durant ces années1970, une exceptionnelle génération emmenée par le demi de mêlée Gareth Edwards, relayé par Barry John,Phil Bennett, Gerald Davies ou J. P. R. Williams, va permettre au pays de Galles d'exercer son hégémonie surle Tournoi. Seul le XV de France de Jacques Fouroux, avec son pack de fer, parviendra à la briser en réalisantle Grand Chelem en 1977. Il sera imité par l'équipe conduite par Jean-Pierre Rives en 1981.

De l'affrontement France-Angleterre au rééquilibrage des forces

Si, au début des années 1980, les rencontres s'équilibrent, la suite se résume à un affrontement entre laFrance et l'Angleterre. En effet, le rugby gallois issu des mines semble être mort avec la fermeture des puits,les fiers Écossais – qui ont néanmoins réussi le Grand Chelem en 1990 sous l'impulsion de David Sole – ne semontrent plus guère capables de se dépasser et le légendaire fighting spirit irlandais ne peut plus masquerles carences techniques des hommes au trèfle. La rencontre France-Angleterre devient presque toujours,dans les années 1990, une sorte de finale du tournoi. Ainsi, l’Angleterre réalise le Grand Chelem en 1991,1992 et 1995, la France en 1987 (capitaine : Daniel Dubroca), 1997 (capitaine : Abdelatif Benazzi) et 1998(capitaine : Raphaël Ibanez). En 2000, le Tournoi accueille l'Italie et devient le Tournoi des six nations. Cechoix peut sembler discutable en raison de la qualité médiocre de l'équipe transalpine. Néanmoins, la donnene change guère : la France réalise le Grand Chelem en 2002 (capitaine : Fabien Galthié), 2004 (capitaine :Fabien Pelous), puis en 2010 (capitaine : Thierry Dusautoir), l’Angleterre en 2003, avec Martin Johnson pourcapitaine et l'efficace Jonny Wilkinson à l'ouverture.

À partir du milieu des années 2000, néanmoins, l’Irlande et, surtout, le pays de Galles reviennent dans lejeu. Ainsi, le pays de Galles, qui propose un rugby offensif et attrayant, réussit le Grand Chelem en 2005,2008 et 2012, s’appuyant cette année-là sur une pléiade de jeunes joueurs (Sam Warburton, Dan Lydiate,George North, Leigh Halfpenny, Alex Cuthbert). De son côté, l’Irlande réalise le Grand Chelem en 2009,faisant le bonheur de tout un peuple : les hommes au trèfle n’avaient jusque-là réalisé qu'une seule fois (en1948) cette performance. Ce triomphe récompense également toute une génération de rugbymentalentueux (Brian O'Driscoll, Gordon D’Arcy, Ronan O’Gara, Paul O’Connell, Donncha O’Callaghan).

Rugby : Grand Chelem de l'Irlande, 2009

Paul O'Connell, figure de proue du pack irlandais, capte le ballon lors du match opposant le paysde Galles à l'Irlande, le 21 mars 2009, au Millennium Stadium de Cardiff. Les hommes au trèflevont s'imposer (17-15) et tout le peuple irlandais va fêter ce Grand Chelem dans le Tournoi,attendu depuis 1948.(P. Ellis/ AFP/ Getty)

La Coupe du monde

L'acte de naissance de la Coupe du monde de rugby date du 22 mars 1985. Ce jour-là, les dirigeants del'International Board, réunis à Paris, décident, sous l'impulsion de Nicholas Shehadie, président de laFédération australienne, et d'Albert Ferrasse, président de la Fédération française, de l'organisation d'uneCoupe du monde en 1987, malgré l'hostilité des Irlandais et des Écossais.

1987. Les All Blacks, évidemment

Quand débute la Ire Coupe du monde – organisée conjointement par l'Australie et la Nouvelle-Zélande –,le 22 mai 1987, le rugby est un sport encore résolument amateur. Ses dirigeants en premier lieu, puisque lecontrat de retransmission télévisée n'est signé qu'une demi-heure avant le coup d'envoi du premier match.

Si la victoire du XV de France sur l'Australie en demi-finale (30-24), grâce à un essai somptueux de Serge Blanco à la dernière minute, reste dans les esprits, le triomphe des All Blacks ne souffre pas la contestation. Vainqueurs de tous leurs matchs, les Néo-Zélandais ne laisseront guère d'illusion aux Tricolores qui les affrontent en finale. Trois essais de Michael Jones, David Kirk, le capitaine, et John Kirwan ; 17 points de

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Grant Fox : 29 à 9 à l'arrivée. Les All Blacks, maîtres du rugby depuis près d'un siècle, vainqueurs de lapremière édition de la Coupe du monde, cela allait dans le sens de l'histoire.

David Kirk

Le demi de mêlée et capitaine néo-zélandais David Kirk (ballon en mains), bien protégé par unpack soudé, forme avec le demi d'ouverture Grant Fox (numéro 10) une charnière efficace lorsde la première Coupe du monde de rugby en 1987. Ici, le 20 juin, à l'Eden Park d'Auckland, les AllBlacks s'imposent nettement (29-9) …(Legros/ Presse Sports/ L'Equipe)

1991. Au tour des Wallabies

La IIe Coupe du monde se déroule dans les îles Britanniques et en France. En Australie, le rugby à XVn'est pas un sport majeur, les foules sont plus volontiers attirées par le rugby à XIII et le football australien.Néanmoins, Bob Dwyer, l'entraîneur des Wallabies, peut s'appuyer sur une talentueuse génération (DavidCampese, Tim Horan, Jason Little, Michael Lynagh, Nick Farr-Jones...). Pratiquant un jeu peu spectaculaire,axé sur la défense, l'Australie va remporter la Coupe du monde en dominant l'Angleterre en finale àTwickenham (12-6). Mais on ne s'est guère enthousiasmé pour cette deuxième édition de la Coupe dumonde.

Australie-Angleterre, finale de la Coupe du monde de rugby 1991

Les packs australien et anglais se livrent un combat farouche lors de la finale de la deuxièmeCoupe du monde de rugby, le 2 novembre 1991 à Twickenham. Les Wallabies (maillots jaunes),conduits par le demi de mêlée et capitaine Nick Farr-Jones (au second plan), vont dominer (12-6)les hommes à la rose.(Clément/ Presse Sports/ L'Equipe)

1995. Le triomphe de Mandela

Avec la fin de l'apartheid, l'Afrique du Sud a été réadmise dans le concert des nations. Elle a en chargel'organisation de la IIIe Coupe du monde. Cette compétition va révéler un joueur hors norme, leNéo-Zélandais Jonah Lomu, trois-quarts aile de plus de 100 kilos capable de courir le 100 mètres en moins de11 secondes. Mais, en finale, il sera muselé par la défense sud-africaine. Grâce à un drop inscrit durant laprolongation par Joel Stransky, les Springboks remportent l'épreuve aux dépens des All Blacks (15-12).

Les All Blacks

Après leur victoire en Bledisloe Cup face à l'Australie en 1995, les trois-quarts aile Jonah Lomu (àgauche) et Jeff Wilson (à droite) encadrent le talonneur et capitaine Sean Fitzpatrick.(DavidRogers/ Allsport/ Getty)

L'image de Nelson Mandela, vêtu du maillot springbok, remettant le trophée William-Webb-Ellis àFrançois Pienaar, le capitaine – tout comme le Shosholosa, chant de révolte des mineurs noirs repris enchœur par le public à majorité blanche de l'Ellis Park de Johannesburg durant la finale –, a marqué l'histoire.

1999. La maîtrise australienne

L'organisation de la IVe Coupe du monde est confiée au pays de Galles, mais les matchs se dérouleront dans l'ensemble des îles Britanniques et en France. En France, on retiendra bien sûr de cette édition de la Coupe du monde la formidable et inattendue victoire des Tricolores sur les All Blacks en demi-finale (43-31), à l'issue d'un match exceptionnel. Mais cette rencontre ne fut qu'une éclaircie dans une compétition terne. Le jeu s'est révélé le plus souvent étriqué, la victoire s'obtenant généralement grâce à la précision du buteur plutôt qu'à l'issue d'une guirlande d'essais. La finale, disputée au Millennium Stadium (ancien Arms Park) de Cardiff, en fut la démonstration. L'Australie appliqua avec une parfaite maîtrise une tactique bien rodée : occuper le camp de l'adversaire, provoquer les fautes de celui-ci en le soumettant à une rude pression, transformer les pénalités consécutives. Matthew Burke inscrira ainsi sept buts de pénalité, et les Wallabies

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battront sans émoi les Tricolores par 35 points à 12.

2003. L'Angleterre, en toute logique

La Ve Coupe du monde de rugby se tient en Australie, qui a engagé un budget de 137 millions d'eurospour faire de cet événement une réussite. Pour la première fois, une équipe de l'hémisphère Nord– l'Angleterre – fait figure de favori de la compétition. De cette édition, on retiendra la ferveur populaire :1 837 547 spectateurs ont assisté aux 48 rencontres, soit une moyenne de 38 282 spectateurs par match. Lepublic s'est particulièrement enthousiasmé pour les prestations des All Blacks néo-zélandais, qui proposaientun jeu fait de passes et de mouvement, et a pu apprécier les solides performances de l'équipe de France,notamment en quart de finale face à l'Irlande (43-21). Néanmoins, aucune surprise n'a été enregistréejusqu'aux demi-finales, qui opposaient, conformément à tous les pronostics, la Nouvelle-Zélande à l'Australie,d'une part, et l'Angleterre à la France, d'autre part. Dominés physiquement, les All Blacks sont battus par lesWallabies (22-10). L'Angleterre, s'appuyant sur la puissance de son pack et le talent de son buteur, JonnyWilkinson, ne laisse aucun espoir à l'équipe de France (24-7).

La finale, indécise jusqu'au bout malgré une nette domination des Anglais, constitue une magnifiqueconclusion de la compétition. Menés 14-5 à la mi-temps, les Wallabies reviennent progressivement au scoreen seconde période, et un but de pénalité d'Elton Flatley à la dernière minute leur permet d'arracher laprolongation (14-14). Celle-ci va s'achever, les deux formations ne sont pas parvenues à se départager(17-17) quand, à 22 secondes de la fin du match, Jonny Wilkinson passe un drop qui offre la coupeWilliam-Webb-Ellis à l'Angleterre (20-17). Pour la première fois, une équipe de l'hémisphère Nord remporte laCoupe du monde de rugby. Le 8 décembre, plus de 700 000 personnes fêteront les joueurs anglais dans lesrues de Londres.

2007. Second succès de l’Afrique du Sud

La VIe Coupe du monde se tient en France. On retiendra avant tout de cette édition l'immense succèspopulaire. Durant six semaines, la France sportive a vécu au rythme de cette compétition. Quelque2,5 millions de spectateurs ont assisté aux 48 rencontres. La Fédération française de rugby a enregistré uneaugmentation de 37 p. 100 du nombre de demandes d'inscriptions dans les écoles de rugby. En outre, lacompétition a permis aux organisateurs de dégager un bénéfice de quelque 33,8 millions d'euros. La Francea donc réussi sa Coupe du monde.

L'équipe de France, elle, n'a pas répondu à l'attente de ses supporters. Après un grand exploit en quartde finale (victoire sur les All Blacks, 20-18), les Français ont été dominés par les Anglais, retrouvés dans lesillage de Jonny Wilkinson (14-9), en demi-finale. Les All Blacks, grands favoris et qui proposaient un jeuséduisant, ont donc également échoué. Finalement, l'Afrique du Sud, qui a bénéficié d'un parcours dégagé(Fidji en quart de finale, Argentine en demi-finale), s'est imposée pour la seconde fois, en dominantl'Angleterre en finale (15-6). On retiendra du parcours des Springboks la cohésion de l'équipe, soudée autourde l'entraîneur, Jake White, et du capitaine, John Smit, qui tous deux avaient essuyé les critiques de la pressede leur pays en raison d'une succession de mauvaises performances dans le Tri-Nations. Reste à transmettrecette cohésion à la société sud-africaine, pour que la victoire de l'équipe nationale de rugby ne fasse plus lafierté de la seule communauté blanche. Néanmoins, sur le plan du jeu, on regrettera que le rugby demouvement (celui des All Blacks et, à un degré moindre, des Wallabies) n'ait pas été récompensé, la défenseprenant de plus en plus facilement le pas sur l'attaque.

2011. Les All Blacks étaient en mission.

La VIIe Coupe du monde a lieu en Nouvelle-Zélande. Dans ce pays où le rugby est le sport-roi, les All Blacks se devaient de l’emporter, car rarement une équipe avait suscité une telle attente. En effet, la Nouvelle-Zélande, meurtrie par le tremblement de terre de Christchurch en février 2011, frappée durement par la crise économique, trouvait l’occasion de « communier » grâce à cette Coupe du monde organisée sur son sol. Les All Blacks vont mener à bien cette mission, battant le XV de France en finale (8-7). Néanmoins, le spectacle ne fut pas au rendez-vous. Durant la compétition, 262 essais ont été inscrits (5,5 essais en

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moyenne par match, le plus faible total des cinq dernières éditions). À partir des quarts de finale, lesdéfenses sont devenues hermétiques, les victoires se sont construites grâce à la solidité du pack, à lafiabilité d’un buteur. L’image des All Blacks multipliant les pick and go (conservation du ballon par lesavants), durant les 5 dernières minutes de la finale pour préserver leur succès face à la France, futcaricaturale. Pourtant, tout le monde ou presque s’est félicité de la victoire de la Nouvelle-Zélande, crucialepour le pays au Long Nuage blanc, mais aussi pour l’économie du rugby mondial, car la « marque » All Blackdemeure essentielle pour celle-ci.

Le XV de France, quant à lui, n’est jamais passé aussi près du titre mondial, tout en réalisant sans doutele parcours le plus chaotique de son histoire. Après une phase de poule ponctuée par deux défaites, dontl’une, humiliante, face aux Tonga, les joueurs tricolores, qualifiés néanmoins, ont su se remobiliser pourbattre l’Angleterre en quart de finale (19-12). Puis, en demi-finale face au pays de Galles, les Bleus ont livréun match très faible, s’imposant pourtant (9-8), grâce à la faillite des buteurs gallois. Enfin, en finale face auxAll Blacks, les Français ont réalisé une performance digne des plus grands exploits du rugby français, hormisla victoire : la défaite imméritée appartient déjà à la fameuse histoire des occasions perdues du sportfrançais…

La Coupe d'Europe

La Coupe d'Europe des clubs est née dans une certaine précipitation le 31 octobre 1995 à Paris. Pour sapremière édition, elle ne bénéficie pas de la participation des clubs anglais, qui contestent la répartition desdroits de retransmission télévisée. Elle est également boudée par les Écossais, qui n'en voient pas l'intérêt.Le 7 janvier 1996, le Stade toulousain remporte la première édition de l'épreuve en dominant Cardiff (21-18).Devant le modeste mais réel succès de l'épreuve, les Anglais rejoignent la compétition l'année suivante,avant de la quitter de nouveau en 1998-1999. Cette Coupe d'Europe n'est pas réservée aux seuls clubs,puisque les Irlandais alignent des équipes de provinces, et l'Ulster remporte l'épreuve en 1999.

Après ces quelques balbutiements, la Coupe d'Europe semble avoir trouvé son rythme de croisière. Lesclubs français, anglais et gallois (« franchises » à partir de 2003-2004 pour les Gallois) en font désormais l'unde leurs objectifs, les provinces irlandaises et écossaises se prennent au jeu, un calendrier cohérent a étéétabli. En 2001, le club anglais de Leicester remporte l'épreuve en battant le Stade français en finale (34-30).En 2002, Leicester conserve son titre. En 2003, la finale oppose pour la première fois deux équipes d'unmême pays, et le Stade toulousain bat Perpignan. En 2004, le club anglais des Wasps s’adjuge l'épreuve. En2005, le Stade toulousain remporte cette compétition en battant en finale un autre club français, le Stadefrançais. En 2006, la province irlandaise du Munster s'impose. En 2007, les Wasps sont champions d'Europe,en battant en finale un autre club anglais, Leicester. En 2008, le Munster est de nouveau titré, en battant leStade toulousain en finale. En 2009 puis en 2011, le Leinster, une autre province irlandaise, s'impose. En2010, le Stade toulousain bat en finale le Biarritz Olympique.

Le Super 15

De manière plus franche qu'au Nord, l'hémisphère Sud est entré de plain-pied dans le professionnalisme.Le Super 12, devenu Super 14 puis Super 15, en est la première manifestation. Dans cette épreuve créée parRupert Murdoch, il n'est plus question de clubs, mais de provinces, ou plutôt de « franchises », les clubscédant leurs joueurs à ces dernières pour la durée de la compétition.

La finalité de l'opération étant d'attirer spectateurs et sponsors, on a imaginé une formule originale pourle décompte des points, laquelle sera reprise pour la Coupe du monde dès 2003 et la Coupe d'Europe en2003-2004. 4 points sont attribués pour une victoire, 2 pour un match nul, 0 pour une défaite ; 1 point debonus est accordé dans les deux cas suivants : lorsqu'une équipe inscrit quatre essais ou plus, pour favoriserl'offensive ; quand une équipe concède une défaite par moins de sept points d'écart, afin d'éviter qu'uneformation qui se sent dominée n'abandonne le combat. Et, de fait, cette compétition est une parfaiteréussite.

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Le Four-Nations (ex-Tri-Nations)

Toujours dans ce nouveau cadre du professionnalisme, les trois géants de l'hémisphère Sud– Nouvelle-Zélande, Australie, Afrique du Sud – ont décidé en 1996 de créer une nouvelle compétition, leTri-Nations (ou Tri-Series), qui les voit s'affronter dans un tournoi par matchs aller et retour. Là encore,l'expérience est un succès. Dans un souci, de mondialisation, l’Argentine rejoint la compétition en 2012,laquelle est renommée en Four-Nations.

IV- Le rugby professionnel

Sport amateur et revendiquant ce statut depuis plus d'un siècle, le rugby est entré brusquement dansl'ère du professionnalisme. Visiblement, les structures en place n'avaient pas anticipé sérieusement cettesituation inéluctable. Selon les pays, ce nouveau rugby est géré de manière différente. De nombreuxproblèmes (inflation du nombre des matchs, statut des joueurs, position des clubs...) demeurent en suspens.

L'arrivée de l'argent

Le 23 mars 1987, quelques mois avant le début de la Ire Coupe du monde, l'International Board admet leprincipe du « manque à gagner », et stipule que chaque fédération pourra offrir une forme de rémunération àses joueurs, avec un maximum de... 140 francs par jour ! Cette anecdote permet de comprendre pourquoitous les acteurs du rugby seront dépassés lorsque l'argent fera massivement son entrée dans ce sport. En1995, le magnat de la presse Rupert Murdoch propose l'équivalent de 450 millions d’euros pour s'assurerl'exclusivité durant dix ans de la retransmission télévisée des deux nouvelles compétitions créées dansl'hémisphère Sud : le Super 12 et le Tri-Nations. Le milliardaire australien Kerry Parker propose unecompétition concurrente, regroupant une douzaine d'équipes nationales. Il offre aux joueurs des contratséquivalant à 150 000 euros par an. Malgré l'adhésion, en France, de plus de cent joueurs, le projet de KerryParker ne verra pas le jour. Rupert Murdoch a remporté son bras de fer.

Dès 1996, une nouvelle polémique s'instaure au sujet des droits de retransmission télévisée du Tournoides cinq nations. L'Angleterre souhaite négocier seule les droits de ses propres matchs. Les dirigeants de laRugby Football Union passent un accord avec Sky TV pour l'équivalent de 250 millions d'euros sur dix ans. Sesentant flouées, les trois autres Unions britanniques poussent le Comité des cinq nations à exclurel'Angleterre du Tournoi, ce qui est fait le 13 juillet. Le 4 septembre, l'Angleterre est réintégrée après que lesmêmes dirigeants ont obtenu l'assurance que le partage des sommes se fera de manière égalitaire entre lesquatre fédérations britanniques. Mais l'« amateurisme » avec lequel les dirigeants du rugby professionnel ontgéré cette situation a failli tuer le Tournoi.

Les droits de retransmission télévisée de la Coupe du monde sont aussi l'objet d'affrontements. Enjanvier 2001, France Télévisions a obtenu l'exclusivité de la diffusion des matchs de la Ve Coupe du monde,en 2003, pour environ 23 millions d'euros. Si T.F.1 et Canal Plus avaient retransmis les éditions de 1995(pour 11,5 millions d'euros) et de 1999 (pour 15 millions d'euros), il convient de noter que ces deux chaînesavaient fait une offre financière équivalente, mais que l'International Rugby Union a donné la priorité auservice public pour que les rencontres soient diffusées en clair. L'opérateur public a été récompensé puisque,le 17 novembre 2003, 9,5 millions de téléspectateurs ont suivi sur France 2 la demi-finale France-Angleterre,ce qui constituait alors un record pour un match de rugby. T.F.1 prend le relais, en obtenant l’exclusivité desdroits de retransmission des éditions 2007 et 2011 pour quelque 80 millions d’euros. L’investissements’avère rentable, puisque plus de 18 millions de téléspectateurs français assistent à la demi-finaleFrance-Angleterre en 2007.

Quel statut pour le joueur professionnel ?

Cette brusque entrée dans le professionnalisme pose le statut du joueur. Là aussi, un flou certain règne. En France, environ mille joueurs ont un contrat professionnel. Ils sont recrutés et rémunérés par les clubs. Mais les internationaux doivent être mis à la disposition de la formation nationale. Cette situation peut être

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source de conflits. Ainsi, en janvier 2001, la Ligue nationale a menacé de ne pas mettre à disposition deBernard Laporte les joueurs que le sélectionneur du XV de France avait convoqués pour les stagespréparatoires au Tournoi des six nations, afin de préserver les intérêts des clubs. Serge Blanco, président dela Ligue, et Bernard Lapasset, président de la F.F.R., sont néanmoins parvenus à un accord, et il a été décidéqu'un nouveau cadre juridique pour le joueur international serait défini.

La situation se complique encore lorsque le joueur évolue dans un club étranger (Philippe Sella fut en1996 le premier Français à évoluer à l'étranger, dans le club anglais des Saracens). En novembre 2000,Thomas Castaignède, qui évolue dans la formation anglaise des Saracens, se blesse gravement alors qu'ils'apprête à disputer un match avec le XV de France. Le club anglais refuse de lui verser son salaire durant sapériode d'indisponibilité, arguant du fait que l'accident du travail s'est produit alors qu'il avait été « prêté » àla Fédération française de rugby.

Dans l'hémisphère Sud, la situation est plus claire. Les internationaux sont sous contrat avec leurfédération, qui les met à disposition des provinces ou des clubs selon les compétitions.

Néanmoins, un écart important se creuse entre le Nord et le Sud. À titre d'exemple, le budget de lafédération anglaise se montait en 2008 à 131 millions d'euros, celui de la fédération néo-zélandaise, àseulement 46 millions d'euros. De même, alors que les droits de retransmission télévisée (toutescompétitions confondues) s'élevaient, en France, en 2008, à 52 millions d'euros, ils n'étaient que de13,6 millions d'euros en Nouvelle-Zélande. Au Sud, la crainte est donc réelle de voir les meilleurs joueurssigner des contrats avec des clubs anglais ou français.

En ce qui concerne les revenus des joueurs, si les sommes sont encore loin d'atteindre celles queperçoivent les meilleurs footballeurs, il reste que Jonny Wilkinson touchait, après son triomphe en Coupe dumonde en 2003, quelque 2 millions d'euros par an, et Fabien Pelous avait perçu environ 600 000 euros en2007. Pour les joueurs du XV de France, une prime individuelle de 180 000 euros était prévue en cas devictoire lors de la Coupe du monde 2007 (rappelons que les finalistes de la Coupe du monde en 1987 avaitperçu chacun l'équivalent de 2 200 euros).

La tentation du dopage

Le 9 janvier 2001, Pierre Berbizier, ancien joueur et sélectionneur du XV de France, déclare dans L'ÉquipeMagazine que « le calendrier crée les conditions du dopage » ; il provoque ainsi une onde de choc dans lemonde du rugby français. Peut-être salutaire ? Même si l'on critique la démarche, personne n'affirme que lerugby n'est pas touché par ce fléau. Serge Blanco s'insurge, rappelant que la Ligue a investi un demi-milliond'euros pour mettre en place le contrôle biologique longitudinal ; mais il ajoute : « Vous ne trouverezpersonne, parmi les dirigeants de la Ligue, pour dire que le dopage n'existe pas dans le rugby. »Marie-George Buffet, alors ministre de la Jeunesse et des Sports, évoque les charges de travail trop intenseset propose d'élaborer un calendrier plus respectueux de la santé des joueurs.

S'il convient de se montrer prudent en la matière, il semble que le rugby soit moins touché que d'autressports par le fléau du dopage. Ainsi, lors de la Coupe du monde 2007, plus de deux cents contrôles ont étéréalisés, et aucun ne s'est révélé positif. De plus, le 20 novembre 2003, les instances internationales avaientadopté le Code de l'Agence mondiale antidopage, permettant d’augmenter la fréquence des contrôles endehors des périodes de compétitions, et la THG est recherchée.

La créatine : pour ou contre ?

Dans le même ordre d'idées, une polémique s'est instaurée autour de l'absorption de la créatine. Ceproduit, d'abord constituant naturel du muscle, n'est pas considéré comme dopant, ni comme nuisible pourla santé. Mais, s'il est utilisé massivement et par injection, aucun médecin ne peut affirmer que la santé dujoueur ne se trouvera pas affectée dans l'avenir. Les joueurs de l'hémisphère Sud, et en premier lieu lesSpringboks, l'emploient largement. Ce produit n'est pas non plus interdit dans les îles Britanniques :l'ex-international anglais Lawrence Dallaglio en a même fait la promotion.

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La position de la Fédération française est tout autre. L'emploi de la créatine est interdit pour lesrugbymen français. Mais il faut noter que cette mesure ne s'applique pas aux joueurs étrangers, de plus enplus nombreux, qui évoluent dans le Championnat de France. Certaines voix prônent donc unassouplissement de la position de la Fédération. En son temps, Bernard Lapasset avait fermement demandéà l'International Board que la créatine soit inscrite sur la liste des produits interdits. Il n'avait pas étéentendu. Il faut espérer que l'exigence soit répétée et cette fois écoutée, ne serait-ce qu'au nom du« principe de précaution », qui est à l'ordre du jour dans tous les domaines de la société.

De plus, une surcharge en créatine implique une mise en condition métabolique de l'organisme grâce àdes anabolisants. Un excès de créatine pourrait ainsi masquer la prise de nandrolone, produit, lui, prohibé.Tout milite pour l'interdiction de la prise de créatine.

V- Le rugby à XIII

Les relations entre quinzistes et treizistes ont toujours été tendues, les premiers défendant le principed'un amateurisme sans concessions, les seconds se voulant les tenants d'un sport professionnel. Avecl'adoption du professionnalisme par le rugby à XV en 1995, la situation est devenue différente. Il n'est plusinterdit à un joueur ayant pratiqué le rugby à XIII de revenir dans le giron du XV.

Si le rugby à XIII souffre en France de la comparaison avec son homologue à XV, il connaît une immensepopularité en Australie et un succès certain en Nouvelle-Zélande, en Angleterre et au pays de Galles.

La Coupe du monde, créée en 1954, s'est tenue depuis lors de façon discontinue. Il a semblé néanmoinsque l'édition 2000, qui a vu la victoire de l'Australie sur la Nouvelle-Zélande (40-12), ait donné un nouveausouffle à ce sport. Mais plusieurs stars du rugby à XIII (les Australiens Lote Tuqiri, Stirling Mortlock, WendellSailor, Matt Rogers, l'Anglais Jason Robinson...) se sont orientées vers le XV, ce qui tend à contredire ce fait.

La naissance

Le 29 août 1895, devant le refus de la Rugby Football Union d'envisager le principe du manque à gagner,les représentants de vingt-deux clubs des provinces du Yorkshire, du Lancashire et du Cheshire, réunis àLeeds, décident de fonder la Northern Football Union. En 1898, le nombre de joueurs des équipes membresde cette nouvelle ligue passe de quinze à treize, afin de favoriser un jeu plus spectaculaire et d'attirer lesspectateurs aux guichets. Le rugby à XIII est né. Il gagne la Nouvelle-Zélande et l'Australie en 1907. En 1922,la Northern Football Union devient la Rugby Football League.

L'arrivée du XIII en France

Jean Galia, radié par la Fédération française de rugby pour professionnalisme, a été contacté par lesBritanniques pour implanter le rugby à XIII en France. En 1934, les « Galia's Boys » partent en tournée enAngleterre et réalisent d'honorables performances. À leur retour, les statuts de la Fédération française derugby à XIII sont déposés le 6 avril à la préfecture de police de Paris. Un France-Angleterre est organisé le15 avril à Buffalo et connaît un immense succès populaire. De nombreux joueurs (Max Roussié, JeanDauger...) passent du XV au XIII. Enfin, malgré l'hostilité du Comité national des sports et de Léo Lagrange,Camille Chautemps signe, le 12 janvier 1938, le décret portant création de la Ligue française de rugby à XIII.

Vichy interdit le XIII

Dans l'époque difficile de l'Occupation, le sport n'échappe pas aux dérives du temps. S'appuyant sur lavolonté du commissariat général aux Sports de réduire les formes de professionnalisme, les quinzistesobtiennent, le 19 décembre 1941, la promulgation du décret « portant dissolution de l'association dite Liguefrançaise de rugby à XIII ». Les compétitions de rugby à XIII reprendront après la Libération et, le 22 février1947, la Ligue française de jeu à XIII devient la Fédération française de jeu à XIII.

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« Jeu » ou « rugby » ?

Dans l'affrontement entre quinzistes et treizistes, il est également question de terminologie. LaFédération française de rugby (à XV) s'opposera farouchement au remplacement du mot jeu par celui derugby dans la dénomination de sa concurrente. Il faut attendre un jugement du tribunal de grande instancede Paris, rendu le 29 septembre 1987, pour que la Fédération française de jeu à XIII devienne la Fédérationfrançaise de rugby à XIII.

Malgré ce succès juridique, le rugby à XIII n'est pas parvenu à retrouver un certain lustre en France. Latentative de Jacques Fouroux de relancer ce sport, en s'associant au projet de Super League initié par RupertMurdoch en 1995, a fait long feu. Ce sport reste ainsi cantonné, essentiellement, au Roussillon.

Pierre LAGRUE

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