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T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k 1 DANS CE NUMERO ELIMINATION DE LA SILICOSE mise en œuvre de mesures appropriées. Il est clair que l’élimination de la silicose passe avant tout par la prévention. La silicose est l’une des fibroses pulmonaires les plus connues, et probablement la plus ancienne des maladies professionnelles. La prévention de la silicose est une préoccupation de longue date, au BIT et à l’OMS. La Première Conférence Internationale sur la Silicose, organisée il y a 75 ans à Johannesburg (Afrique du Sud) à l’initiative du BIT, portait sur la prévention de la silicose, dont la prévalence était très élevée chez les mineurs. Les conférences sur la silicose organisées par le BIT au cours des huit dernières décennies ont notablement contribué aux progrès de la médecine respiratoire dans le monde. Les titres et les thèmes de ces conférences reflètent l’élargissement progressif du champ de la réflexion dans ce domaine : Conférence internationale sur la silicose en 1930, Conférence internationale sur les pneumoconioses en 1950, Conférence internationale sur les affections pulmonaires professionnelles en 1992 et Conférence internationale sur les affections respiratoires professionnelles en 1997 (International Conference on Occupational Respiratory Diseases, ICORD). La 10e ICORD, qui s’est tenue en avril 2005 en Chine, a constitué un remarquable forum de discussion sur les bonnes pratiques de prévention et de maîtrise des risques respiratoires au XXIe siècle. En dépit des efforts de prévention, la silicose est toujours d’actualité. Cette maladie incurable touche à travers le monde des dizaines de millions de travailleurs dont l’activité comporte une exposition dangereuse aux poussières. En 1997, le Centre International de Recherche sur le Cancer La silicose est une pneumoconiose provoquée par l’inhalation de poussières de silice cristalline. Elle se caractérise par une inflammation et des cicatrices sous forme de lésions nodulaires affectant les lobes supérieurs des poumons. Les signes de la silicose, en particulier dans la forme aiguë, sont l’insuffisance respiratoire accompagnée de fièvre et de cyanose (bleuissement de la peau). Le diagnostic différentiel (affections avec lesquelles on confond parfois la silicose) comprend notamment l’œdème pulmonaire (présence de liquide dans les poumons), la pneumonie ou la tuberculose. La meilleure façon de prévenir la silicose est d’identifier les activités professionnelles donnant lieu à la formation de poussières de silice cristalline, et d’éliminer ou de réduire l’empoussièrement. Les anglophones ne le savent pas toujours, mais le nom scientifique de la maladie est le mot le plus long de la langue anglaise : pneumonoultramicroscopicsilicovolcanoconiosis (45 lettres). Le lecteur trouvera les précédents numéros de la Lettre du Réseau GOHNET et la bibliographie des articles sur le site www.who.int/ occupational_health/publications/newsletter/en/index.html. Evelyn Kortum, Rédactrice Kati Bozsoki, Corédactrice Organisation mondiale de la Santé Interventions pour un environnement sain Santé au travail Département Santé publique et environnement 20 avenue Appia ; CH – 1211 Genève 27 Télécopie : +41 22 791 13 83 [email protected] www.who.int/occupational_health Igor A. Fedotov, Bureau International du Travail (BIT), Programme SafeWork ([email protected]) Gerry J. M. Eijkemans, Organisation Mondiale de la Santé (OMS), Interventions pour des environnements sains, Santé au travail ([email protected]) Dans le domaine de la santé au travail, rares sont les facteurs de risque et, par conséquent, les effets sur la santé qu’il est possible d’éliminer complètement à l’échelle mondiale. La silicose constitue, à cet égard, une exception positive. Aux Etats-Unis, par exemple, ou dans les pays d’Europe, l’incidence de la silicose a considérablement diminué grâce à la Le Programme mondial OIT/OMS pour l’élimination de la silicose (Global Programme for the Elimination of Silicosis, GPES) Le réseau mondial pour la santé au travail ISSUE No. 12 - 2007 GOHNET NEWSLETTER GOHNET GOHNET Le Programme mondial OIT/OMS pour l’élimination de la silicose (Global Programme for the Elimination of Silicosis, GPES) 1 Elimination de la silicose : importance de la prévention de l’exposition professionnelle aux poussières 3 Affections dues à la silice : il n’y a pas que la silicose 6 Bronchite obstructive chronique et emphysème chez les mineurs de charbon 7 Le programme de prévention de la silicose de la Mutual de Seguridad, au Chili 9 Elimination de la silicose aux Amériques 10 Le lancement de Silica Essentials 12 La silicose et sa prévention dans les petites unités de production de silice broyée en Inde 12 Le Programme National pour l’Elimination de la Silicose au Brésil (PNES-B) 15 La Lettre du Réseau GOHNET - Informations aux auteurs 17 Comment devenir membre du Réseau GOHNET 19

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T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k 1

DANS CE NUMERO

ELIMINATION DE LA SILICOSE

mise en œuvre de mesures appropriées. Il est clair que l’élimination de la silicose passe avant tout par la prévention.

La silicose est l’une des fibroses pulmonaires les plus connues, et probablement la plus ancienne des maladies professionnelles. La prévention de la silicose est une préoccupation de longue date, au BIT et à l’OMS. La Première Conférence Internationale sur la Silicose, organisée il y a 75 ans à Johannesburg (Afrique du Sud) à l’initiative du BIT, portait sur la prévention de la silicose, dont la prévalence était très élevée chez les mineurs. Les conférences sur la silicose organisées par le BIT au cours des huit dernières décennies ont notablement contribué aux progrès de la médecine respiratoire dans le monde. Les titres et les thèmes de ces conférences reflètent l’élargissement progressif du champ de la réflexion dans ce domaine : Conférence internationale sur la silicose en 1930, Conférence internationale sur les pneumoconioses en 1950, Conférence internationale sur les affections pulmonaires professionnelles en 1992 et Conférence internationale sur les affections respiratoires professionnelles en 1997 (International Conference on Occupational Respiratory Diseases, ICORD). La 10e ICORD, qui s’est tenue en avril 2005 en Chine, a constitué un remarquable forum de discussion sur les bonnes pratiques de prévention et de maîtrise des risques respiratoires au XXIe siècle.

En dépit des efforts de prévention, la silicose est toujours d’actualité. Cette maladie incurable touche à travers le monde des dizaines de millions de travailleurs dont l’activité comporte une exposition dangereuse aux poussières. En 1997, le Centre International de Recherche sur le Cancer

La silicose est une pneumoconiose provoquée par l’inhalation de poussières de silice cristalline. Elle se caractérise par une inflammation et des cicatrices sous forme de lésions nodulaires affectant les lobes supérieurs des poumons. Les signes

de la silicose, en particulier dans la forme aiguë, sont l’insuffisance respiratoire accompagnée de fièvre et de cyanose (bleuissement de la peau). Le diagnostic différentiel (affections avec lesquelles on confond parfois la silicose) comprend notamment l’œdème pulmonaire (présence de liquide dans les poumons), la pneumonie ou la tuberculose. La meilleure façon de prévenir la silicose est d’identifier les activités professionnelles donnant lieu à la formation de poussières de silice cristalline, et d’éliminer ou de réduire l’empoussièrement.

Les anglophones ne le savent pas toujours, mais le nom scientifique de la maladie est le mot le plus long de la langue anglaise : pneumonoultramicroscopicsilicovolcanoconiosis (45 lettres).

Le lecteur trouvera les précédents numéros de la Lettre du Réseau GOHNET et la bibliographie des articles sur le site www.who.int/occupational_health/publications/newsletter/en/index.html.

Evelyn Kortum, RédactriceKati Bozsoki, Corédactrice Organisation mondiale de la SantéInterventions pour un environnement sainSanté au travailDépartement Santé publique et environnement20 avenue Appia ; CH – 1211 Genève 27Télécopie : +41 22 791 13 [email protected]/occupational_health

Igor A. Fedotov, Bureau International du Travail (BIT),

Programme SafeWork ([email protected])Gerry J. M. Eijkemans, Organisation

Mondiale de la Santé (OMS), Interventions pour des environnements sains, Santé au

travail ([email protected])

Dans le domaine de la santé au travail, rares sont les facteurs de risque et, par conséquent, les effets sur la santé qu’il est possible d’éliminer complètement à l’échelle mondiale. La silicose constitue, à cet égard, une exception positive. Aux Etats-Unis, par exemple, ou dans les pays d’Europe, l’incidence de la silicose a considérablement diminué grâce à la

Le Programme mondial OIT/OMS pour l’élimination de la silicose (Global Programme for the Elimination of Silicosis, GPES)

Le réseaumondial pourla santé au travailISSUE No. 12 - 2007 GOHNET NEWSLETTER

GOHNETGOHNET

Le Programme mondial OIT/OMS pour l’élimination de la silicose (Global Programme for the Elimination of Silicosis, GPES) 1

Elimination de la silicose : importance de la prévention de l’exposition professionnelle aux poussières 3

Affections dues à la silice : il n’y a pas que la silicose 6

Bronchite obstructive chronique et emphysème chez les mineurs de charbon 7

Le programme de prévention de la silicose de la Mutual de Seguridad, au Chili 9

Elimination de la silicose aux Amériques 10

Le lancement de Silica Essentials 12

La silicose et sa prévention dans les petites unités de production de silice broyée en Inde 12

Le Programme National pour l’Elimination de la Silicose au Brésil (PNES-B) 15

La Lettre du Réseau GOHNET - Informations aux auteurs 17

Comment devenir membre du Réseau GOHNET 19

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(CIRC) a classé la silice cristalline de source professionnelle comme cancérogène (groupe 1) pour l’homme. Induisant progressivement une incapacité physique, la silicose compte parmi les maladies professionnelles ayant la plus lourde incidence dans le monde.

Lorsque des mesures de prévention efficaces sont mises en œuvre, l’incidence de la silicose recule, comme le montrent les progrès réalisés dans de nombreux pays industrialisés. Un grand nombre de pays ont axé leurs efforts de prévention sur trois pneumoconioses figurant parmi les affections respiratoires professionnelles qui peuvent et doivent être évitées : la silicose, la pneumoconiose du mineur de charbon et l’asbestose. Certains pays ont accompli des progrès notables dans l’élimination de ces affections.

Dans la plupart des régions du monde cependant, la silicose est largement répandue et des millions de travailleurs sont encore exposés à des poussières nocives et à un risque élevé, inacceptable, de développer la maladie. Les études épidémiologiques montrent que dans les pays en développement, jusqu’à 30-50 % des travailleurs du secteur primaire et des secteurs à haut niveau de risque pourraient être atteints de silicose et d’autres pneumoconioses (1). De nombreuses données attestent en outre d’une incidence accrue de la tuberculose dans les formes graves de silicose (2). Dans le Rapport Mondial sur la Santé de 2002 (4), l’OMS estimait que l’exposition à des polluants particulaires présents dans l’air des lieux de travail était responsable chaque année de 386 000 décès (asthme : 38 000 ; maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) : 318 000 ; pneumoconioses : 30 000) et de près de 6,6 millions d’années de vie corrigées de l’incapacité (AVCI)1 (asthme : 1 621 000 ; MPOC : 3 733 000 ; pneumoconioses : 1 288 000). Cependant, les chiffres réels pourraient bien être beaucoup plus élevés compte tenu des situations fréquentes de sous-diagnostic et de sous-déclaration (5). Il ne fait aucun doute que les polluants particulaires présents dans l’air des lieux de travail sont une cause importante de décès et d’incapacité dans le monde.

Comme le montre l’expérience de différents pays, il est possible de réduire de façon significative le taux d’incidence de la silicose, par des politiques de prévention adaptées. En l’absence de traitement spécifique efficace de la silicose, la seule démarche qui permette de protéger la santé des travailleurs est la maîtrise de l’exposition aux poussières de silice cristalline. L’efficacité de la prévention repose sur un ensemble de mesures.

Le Programme mondial pour l’élimination de la silicose du BIT et de l’OMS (Global Program for the Elimination of Silicosis, GPES) a été mis en place à la suite des recommandations de la 12e session du Comité de liaison BIT/OMS sur la santé au travail, en 1995. Le Comité a identifié l’élimination mondiale de la silicose comme un domaine d’action prioritaire en matière de santé au travail, obligeant les pays à en faire une préoccupation de premier plan. Les experts ont considéré que l’expérience acquise fournissait un modèle pour la prévention d’autres pneumoconioses, et un dispositif éprouvé pour la gestion de l’exposition aux poussières minérales. Cet objectif a été réaffirmé lors de la 13e session du Comité de liaison BIT/OMS sur la santé au travail (décembre 2003), qui a recommandé avec force « d’accorder une attention particulière à l’élimination de la silicose et des maladies liées à l’amiante, dans le cadre de la coopération future entre le BIT et l’OMS. » (6)

Le GPES s’adresse à des pays qui considèrent l’élimination de la silicose comme une priorité dans le domaine de la santé au travail, et sont disposés à y adhérer en mettant en place leur programme national d’action. A ce jour, des pays comme le Brésil, la Chine, le Chili, l’Inde, la Thaïlande, le Vietnam ou l’Afrique du Sud ont mis en place leur programme national d’action pour l’élimination de la silicose et prennent une part active au GPES du BIT et de l’OMS. Vingt-deux pays ont manifesté un vif intérêt pour cette démarche et quarante-sept projets nationaux de grande ampleur sont actuellement mis en œuvre dans le cadre du GPES, dont un grand nombre sont conduits par des Centres Collaborateurs OMS en santé au travail. (Pour plus de précisions, voir GOHNET, n° 5, www.who.int/occupational_health/publications/newsletter/fr/gohnet5f.pdf).

1 Pour plus de précisions sur les DALY (pour « disability adjusted life years »), voir http://www.who.int/healthinfo/boddaly/en/index.html

En juin 2004 notamment, un programme national pour l’élimination de la silicose (National Programme for the Elimination of Silicosis, NPES) a été lancé en Afrique du Sud (www.asosh.org/WorldLinks/TopicSpecific/silica.htm#ZA) sous l’égide du Ministère du travail. Ce programme associe les pouvoir publics (Department of Minerals and Energy, Department of Health), le syndicat (patronal) des mines, trois grandes fédérations syndicales (COSATU, NACTU, FEDUSA), le National Institute for Occupational Health, des universitaires et des chercheurs. La mise en œuvre du NPES est assurée sous la coordination du National Silicosis Working Group auprès du Ministère du travail, qui a créé des Provincial Silicosis Working Groups pour un déploiement efficace et coordonné des activités dans le pays.

En instaurant le GPES, le BIT et l’OMS ont formulé pour leurs Etats Membres des perspectives d’action dans le cadre d’une large coopération internationale guidée par un véritable partenariat entre pays industrialisés et pays en développement. Tous les efforts devraient être mis en œuvre pour promouvoir l’échange d’informations techniques et d’expérience, afin d’atteindre l’objectif commun d’élimination de la silicose.

Une stratégie efficace de prévention de la silicose passe par des démarches de prévention primaire et secondaire. La prévention primaire consiste à maîtriser les risques d’exposition à la silice par des mesures techniques de lutte contre les poussières. La prévention secondaire comprend la surveillance de l’environnement de travail pour évaluer l’adéquation des mesures de réduction de l’empoussièrement, l’évaluation de l’exposition et des risques pour la santé des travailleurs et la surveillance médicale des travailleurs pour un dépistage précoce de la maladie.

Dans le cadre du GPES BIT/OMS, les actions menées ont privilégié dans un premier temps la prévention secondaire, en particulier la formation des médecins du travail des pays en développement à l’utilisation de la classification des radiographies de pneumoconioses du BIT (2000) et le renforcement des systèmes de surveillance médicale des travailleurs. Plus récemment, l’accent a été mis également sur la prévention primaire et la mise en œuvre des mesures techniques de prévention et des méthodes d’hygiène industrielle.

L’un des instruments qui ont été développés pour réduire l’écart entre l’état des connaissances et la mise en œuvre des mesures est la Boîte à outils internationale pour la gestion des risques professionnels. Cette boîte à outils comprend notamment un kit Substances chimiques et un kit « Silica Essentials », dans lequel les principes du « control banding » sont appliqués à la silice. Ce kit comporte des fiches proposant des solutions simples et peu coûteuses pour la maîtrise des risques en milieu de travail, à l’usage des petites entreprises. Il présente donc un intérêt particulier pour les pays en développement, où la plupart des travailleurs exposés à des poussières de silice travaillent dans le secteur informel et les petites entreprises.

La boîte à outils est basée sur le principe du « control banding », un système fondé sur des données scientifiques permettant de mettre en œuvre des mesures techniques de maîtrise du risque sans qu’il soit nécessaire de mesurer les concentrations de produits chimiques ou de poussières auxquelles sont exposés les travailleurs. Le Health and Safety Executive, au Royaume-Uni, a développé le concept du « control banding », et l’International Occupational Hygiene Association (IOHA) en a conçu une version internationale pour l’OIT et l’OMS, la « boîte à outils internationale » (International Toolkit). Plusieurs Centres Collaborateurs OMS en santé au travail ont un rôle de pilote pour le kit Substances chimiques, et l’Afrique du Sud a mis en place un projet pilote pour tester l’utilisation du kit « Silica Essentials ». Ce dernier sera également utilisé dans le cadre du plan régional pour l’élimination de la silicose en Amérique Latine (voir dans ce numéro l’article sur l’Amérique Latine).

La nécessité d’une action plus large de maîtrise des risques liés à la silice était à l’ordre du jour de la 6e conférence internationale de l’International Occupational Hygiene Association (IOHA), qui s’est tenue en Afrique du Sud du 19 au 23 septembre 2005, ainsi que du 3e Atelier international sur le « control banding » organisé dans le cadre de la conférence. La nécessité a été soulignée de mettre tous les moyens en œuvre pour promouvoir

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l’application des mesures de prévention primaire et maîtriser les risques liés à la silice en Afrique et dans le monde, grâce aux efforts conjoints de l’OIT, de l’OMS, de l’IOHA et des institutions nationales compétentes. On trouvera des informations sur le « control banding » dans le n° 7 de GOHNET, www.who.int/occupational_health/publications/newsletter/gohnet7f.pdf.

Un autre outil, le Dust Course (formation sur les poussières), a été développé dans le cadre d’une collaboration entre l’OMS, le National Institute of Working Life (NIWL) et le Finnish Institute of Occupational Health (FIOH) (www.who.int/occupational_health/publications/airbornedust/en/index.html). L’OMS a produit un manuel intitulé « Hazard Prevention and Control in the Work Environment: Airborne dust ». Cet ouvrage est fondé sur un manuel de la série PACE (Prevention and Control Exchange), qui a été adapté au format électronique et complété par de nombreuses vidéos et illustrations venant à l’appui du texte et contribuant à en clarifier le contenu. L’objectif de ce travail est d’améliorer la valeur pédagogique du manuel et de favoriser, sans coût excessif, la diffusion des connaissances sur la maîtrise des risques professionnels. Les documents incluent notamment un programme de formation sur deux jours comprenant un support de cours et des supports pour le travail en groupe, sept vidéos très complètes sur le sujet et une documentation issue de formations tests organisés en Afrique du Sud. Sous l’égide de l’Effort conjoint OMS/BIT pour la santé et la sécurité au travail en Afrique, des formations pilotes sur la maîtrise de l’exposition aux poussières ont été organisées en Afrique du Sud en 2003. Des facilitateurs du NIWL (Suède) et du FIOH ont contribué aux efforts régionaux pour la maîtrise de l’exposition aux poussières.

En dépit de multiples obstacles, l’élimination mondiale de la silicose est techniquement réalisable. L’expérience positive de nombreux pays montre que l’on peut réduire de façon significative le taux d’incidence de la silicose en utilisant des techniques et des méthodes adaptées de maîtrise de l’empoussièrement. La mise en œuvre de ces techniques et de ces méthodes est efficace et économiquement accessible. L’assistance fournie dans le cadre du GPES BIT/OMS contribuera à faire progresser les ressources nationales pour la prévention de la silicose. Les pays devront faire en sorte que toutes les mesures nécessaires pour la prévention de la silicose soient mises en œuvre à l’échelle nationale et au niveau des entreprises, soutenues par des démarches pluridisciplinaires associant les spécialistes de sécurité et de santé au travail, les employeurs et les salariés, et ce dans tous les secteurs d’activité concernés.

L’élimination de la silicose a reçu une nouvelle impulsion avec l’adoption de la Convention du BIT sur le cadre promotionnel pour la sécurité et la santé au travail (n° 187, 2006) et du Plan mondial d’action de l’OMS pour la santé des travailleurs (2008-17), qui sera présenté cette année à l’Assemblée mondiale de la santé. L’OMS et le BIT sont convaincus que l’élimination mondiale de la silicose est un objectif réaliste, qui peut être atteint grâce à une large coopération internationale favorisant la mise en œuvre de programmes nationaux d’élimination de la maladie.

Elimination de la silicose : importance de la prévention de l’exposition professionnelle aux poussières

Berenice I. F. Goelzer ([email protected]),Hygiéniste industrielle

Présentes en tout lieu, les poussières en suspension dans l’air affectent notamment de nombreux postes de travail. Selon leur nature, la taille des particules,

leur concentration et les conditions d’exposition, les poussières peuvent provoquer divers types de maladies professionnelles. Lorsque des poussières

« respirables2 » contiennent de la silice cristalline libre, l’exposition peut provoquer la silicose, une affection irréversible et invalidante à l’issue mortelle. Bien qu’elle soit connue depuis des siècles, la silicose continue de faire des victimes, une situation inacceptable quand on sait qu’il est parfaitement possible de prévenir la maladie.

On dispose de connaissances scientifiques et techniques très complètes sur les facteurs de risque et leur prévention, qui permettraient de prévenir la plupart des effets si elles étaient appliquées convenablement et suffisamment tôt. Un environnement de travail sain et sûr est un objectif réalisable. Pourtant, il existe encore des conditions de travail très dangereuses dans le monde, avec leur lot de conséquences – mauvaise qualité de vie, incapacités, décès – auxquelles sont liées de lourdes charges financières pour les individus et les nations.

Que peut-on faire pour prévenir la silicose

Au début du XXe siècle, Alice Hamilton, médecin et hygiéniste du travail notait déjà : « … il est évident que pour faire reculer la silicose, il faut empêcher la formation et le dégagement de poussières… »

C’est aussi simple que cela : si l’on prévient l’exposition professionnelle aux poussières, la silicose disparaîtra. Cette démarche de prévention primaire est la seule qui puisse permettre d’éliminer la silicose. Selon l’OMS, « les conditions de travail dangereuses pourraient généralement être évitées, et la prévention primaire est la stratégie la plus efficace, en termes de rapport coût - efficacité, pour l’élimination et la maîtrise des risques » (1).

Il est primordial d’évaluer les conséquences de l’exposition aux poussières de silice et de prendre des mesures appropriées. Le diagnostic et la déclaration des cas de silicose sont essentiels pour de multiples raisons, en particulier pour susciter la volonté politique de combattre la silicose. Cependant, la première priorité devrait être d’éviter l’exposition. En l’absence de prévention primaire, il n’est pas possible d’éliminer la silicose, tout au plus pourra-t-on en réduire l’incidence. Il ne faut pas oublier que lorsque la silicose est identifiée à la radiographie, il est trop tard : le poumon ne retrouvera jamais son état normal.

La prévention primaire a pour objet d’interrompre la « chaîne d’exposition », le processus au cours duquel les agents dangereux formés ou mis en œuvre transitent de la source au récepteur (les travailleurs). La hiérarchie des mesures de prévention est la suivante :

réduction à la source,•

réduction au niveau de la voie de transmission,•

réduction au niveau des travailleurs.•

Les mesures de réduction à la source visent à prévenir ou à réduire l’utilisation ou la formation/le dégagement d’un agent dangereux. Elles comprennent notamment des mesures de substitution des matériaux et équipements, la modification des processus, les méthodes par voie humide et des méthodes de travail adaptées. Pour une bonne conception des mesures de prévention, il est essentiel d’identifier et de comprendre les mécanismes de survenue du risque/d’émission. La démarche optimale consiste à anticiper les risques et à prévenir les situations dangereuses au stade de la conception ou du choix des processus, équipements et matériaux mis en œuvre.

Lorsque la réduction à la source n’est pas praticable ou reste insuffisante, il convient d’intervenir le long de la chaîne de transmission pour prévenir la dispersion ou la propagation des agents dangereux et empêcher qu’ils n’atteignent les travailleurs, en particulier par les mesures suivantes :

isolement (travail en système clos)•

extraction localisée (pour capter les particules là où elles se forment •et empêcher ainsi leur dispersion dans l’environnement de travail et leur inhalation par les travailleurs)

ordre et propreté (pour éviter l’accumulation de poussières et la •formation de sources secondaires).

2 Particules respirables: particules suffisamment fines pour pénétrer dans les parties les plus profondes des poumons (les alvéoles)

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Il est primordial que chacune des mesures techniques de prévention, l’extraction localisée, par exemple, soit optimisée au stade de la conception, de la réalisation et de l’exploitation, avec des contrôles réguliers et une maintenance adaptée. Dans le cas contraire, ces mesures ne seront pas efficaces et peuvent même se révéler dangereuses en procurant un sentiment de sécurité injustifié. Les facteurs qui peuvent nuire à la performance des systèmes d’extraction localisée sont par exemple une vitesse d’air insuffisante au niveau de l’entrée (de la hotte), se traduisant par un captage inadéquat des particules en suspension ; une vitesse de transport insuffisante dans les conduits, ou des angles trop fermés provoquant des dépôts de poussières ; la perforation des conduits, qui peut passer inaperçue en l’absence de mesures de contrôle et de maintenance appropriées.

La réduction au niveau des travailleurs comprend des mesures indispensables telles que des méthodes de travail adaptées, l’éducation (en particulier la communication sur les risques) et la formation, l’hygiène individuelle et la surveillance de la santé. Les bonnes pratiques de travail (toujours liées à une formation) sont extrêmement importantes, car elles

peuvent même éliminer ou réduire les risques à la source. Ce niveau de prévention inclut également l’ensemble des mesures destinées à empêcher les poussières de parvenir dans la zone respiratoire des travailleurs, au moyen d’équipements de protection respiratoire tels que des masques ou des cagoules. Bien que les appareils de protection respiratoire puissent constituer une bonne solution pour des tâches occasionnelles, temporaires ou de courte durée, ils devraient être considérés comme la dernière solution envisageable pour des activités courantes occupant toute la durée du poste de travail. Pour des travaux spécifiques, il peut être fait usage d’appareils de protection respiratoire, mais leur durée d’utilisation devrait être limitée, en particulier pour les masques équipés de filtres. Si une protection respiratoire doit être utilisée, elle devrait être de bonne qualité, d’une efficacité prouvée pour les poussières considérées, bien adaptée à la personne, confortable, et faire l’objet de mesures de contrôle et de maintenance à intervalles réguliers. L’éducation des travailleurs est essentielle.

Le tableau I présente les mesures de prévention applicables aux particules en suspension.

du travail est de considérer que l’action de prévention devrait être basée sur l’identification (ou, mieux, l’anticipation) des facteurs de risque au poste de travail, sans attendre que des effets nocifs (ou même de simples altérations de la santé) n’apparaissent chez les travailleurs.

Le document OMS « Hazard Prevention and Control in the Work Environment : Airborne Dust » (2) couvre des aspects essentiels de la prévention, tels que les mécanismes de génération des poussières et l’évaluation de l’exposition, avec des mesures spécifiques illustrées par des exemples, et des conseils pour la mise en œuvre de programmes efficaces et durables. Ce document a été élaboré dans le cadre de l’Initiative PACE, et un addendum sur les avancées récentes dans le domaine de la lutte contre les poussières (« Recent Advances in Dust Control ») est en préparation ; ce dernier comporte une bibliographie complète (à partir de 1999). De remarquables supports de formation (sur CD-ROM) ont été élaborés sur la base du document OMS (CD Package) (3).

Malheureusement, on tend à se focaliser sur les mesures les plus connues, comme les systèmes d’extraction localisée ou les équipements de protection individuelle (des mesures « de dernier recours »), au lieu d’accorder l’attention qu’elles méritent aux options de réduction à la source, qui sont généralement les plus efficaces. Il faudrait promouvoir la recherche appliquée sur les solutions pratiques de prévention/maîtrise du risque, particulièrement sur les solutions accessibles aux petites entreprises, en mettant l’accent sur la réduction à la source.

La protection de la santé des travailleurs requiert une approche multidisciplinaire, qui doit inclure des actions sur l’environnement de travail pour anticiper, identifier, évaluer et maîtriser les risques pour la santé ; c’est là le rôle de l’hygiène du travail3. Le grand mérite de l’hygiène 3 L’hygiène du travail est la science de l’anticipation, de l’identification, de

l’évaluation et de la maîtrise des risques présents au poste de travail ou émanant de celui-ci, et qui pourraient nuire à la santé et au bien-être des travailleurs. Elle prend également en compte l’impact éventuel de ces risques sur les collectivités avoisinantes et sur l’environnement en général » (BIT, 1998a).

Tableau I – Mesures de prévention et de maîtrise des risques

Réduction à la source - élimination

- substitution des matériaux

- substitution/modification des processus et équipements

- maintenance des équipements

- méthodes par voie humide

- méthodes de travail

Réduction au niveau de la voie de transmission Isolement - de la source (système clos, capotage)

- des opérateurs (cabines de contrôle/commande)

Système d’extraction localisé

Mesures relatives à l’opérateur - méthodes de travail

- éducation (communication sur les risques) et formation

- hygiène individuelle

- équipement de protection individuelle

- surveillance de la santé

Autres mesures relatives à l’environnement de travail - aménagement des lieux de travail

- ordre et propreté

- stockage, étiquetage

- signaux d’avertissement et zones à accès contrôlé

- systèmes de surveillance de l’environnement/d’alarme

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Absence de perception des risques due notamment aux facteurs suivants :

caractère habituel de la présence de poussières ; méconnaissance du •fait que toutes les poussières ne sont pas identiques,

doute quant à la gravité des risques liés aux poussières,•

large sous-estimation de l’ampleur réelle de la silicose pour les •raisons suivantes :o sous-diagnostic et sous-déclaration ; défaillances en matière •

de surveillance de la santé,o long temps de latence dans la plupart des cas,•o confusion avec des maladies non professionnelles, notamment •

certificats de décès mentionnant rarement la silicose (généralement déclarée comme défaillance respiratoire ou cardiaque, ou comme tuberculose),

diffusion limitée de l’information,•

communication inadéquate sur les risques.•

Diffusion insuffisante des connaissances en matière de prévention, et nombre limité d’études sur :

les solutions simples et peu coûteuses de maîtrise des risques,•

les pertes encourues en ne mettant pas en œuvre les mesures de •prévention et de maîtrise des risques,

l’efficacité et le rapport coût - bénéfice des interventions de •prévention.

Aspects financiers prévalant sur les préoccupations de santé, en raison notamment

du chômage et du besoin d’emplois,•

de la compétition pour développer des activités et attirer les •investisseurs, qui conduit à vouloir diminuer sans cesse les coûts de production ; ce phénomène a été renforcé par l’économie de marché et la mondialisation.

Les accidents du travail et, plus encore, les maladies professionnelles sont généralement sous-estimés. Ainsi, selon la Pan American Health Organization (PAHO)/WHO, en Amérique Latine, de 1 à 5 % des maladies professionnelles seulement font l’objet d’une déclaration en bonne et due forme. Il a près de 300 ans, Ramazzini (7), considéré comme « le père de la médecine du travail », pressait ses collègues de toujours demander à ses patients quel métier ils exerçaient. Aujourd’hui encore malheureusement, tous les médecins ne pensent pas à poser cette question clé.

Il peut arriver que la prévention ne soit pas mise en œuvre parce que les options qui s’offrent pour la maîtrise des risques sont trop complexes ou trop coûteuses. Cela est particulièrement vrai pour les petites entreprises et les micro-entreprises. Il est donc nécessaire de développer des solutions pratiques et peu coûteuses.

Dans les pays en développement, en particulier, l’existence d’autres problèmes graves de santé publique peuvent aussi constituer un obstacle. « De mauvaises conditions de travail sans possibilités d’action, la pollution de l’air, de l’eau et des sols, l’élimination des déchets dangereux, ou encore, à des hauteurs stratosphériques, la diminution de la couche d’ozone, tout cela passe facilement au second plan comparé à des urgences plus grandes encore comme l’absence d’eau, de nourriture et de toit, la lutte contre les maladies transmissibles ou la réduction de la mortalité infantile. Le pire des scénarios est celui dans lequel la prise de conscience de ces problèmes existe bel et bien mais le profit économique immédiat est placé au dessus de la protection de la santé au travail et de l’environnement » (8).

Insuffisance et/ou inadéquation des ressources humaines

Des efforts accrus doivent être faits en matière d’éducation et de formation des professionnels de santé au travail. De plus, pour qu’une prévention efficace soit assurée, il devrait y avoir dans toutes les actions

Pourquoi l’OMS a lancé l’initiative PACE

En ce qui concerne les politiques nationales et internationales de santé au travail, les recommandations de l’OMS dans sa « Stratégie mondiale pour la santé au travail pour tous » (1) mettent l’accent sur un certain nombre de principes clés tels que la prévention des risques (prévention primaire) et la mise en œuvre de technologies sûres.

Pour répondre à la nécessité de multiplier les efforts de prévention primaire en milieu de travail, dont le besoin se fait sentir dans le monde entier, l’OMS a lancé en 1994 l’initiative « Hazard Prevention and Control in the Work Environment: Prevention And Control Exchange (PACE) » (3 ; 4). L’objectif de cette initiative était de favoriser la prise de conscience et d’impulser la volonté politique, de développer la diffusion et l’échange d’informations, de faire progresser les ressources humaines et l’application des connaissances, en privilégiant l’anticipation et la prévention primaire (réduction des risques à la source), les solutions pragmatiques de maîtrise du risque et l’intégration des mesures de prévention à des programmes pluridisciplinaires bien gérés portant également sur la protection de l’environnement et le développement durable.

Pourquoi les mesures nécessaires ne sont pas toujours appliquées

Il y a toujours un écart entre les connaissances et le terrain – entre ce que l’on sait de la prévention des risques et ce qui est effectivement traduit en mesures efficaces appliquées durablement au poste de travail. « La prévention échoue plus souvent du fait de l’incapacité à appliquer les connaissances existantes en les adaptant à un contexte spécifique que du fait de l’absence de connaissances » (6).

Il est important d’identifier et d’analyser où et pourquoi il y a des obstacles au développement, au transfert et à l’application des connaissances sur la prévention des risques, afin d’élaborer des stratégies de prévention permettant de surmonter ces obstacles. Ces derniers sont nombreux, et relèvent notamment des domaines suivants :

manque de volonté politique,•

accès insuffisant à l’information et à la connaissance,•

insuffisance et/ou inadéquation des ressources humaines,•

difficultés liées à la réglementation :•o difficultés à faire appliquer la loi,•o place excessive accordée à l’« état des lieux » par rapport à la •

résolution de problèmes,

insuffisance ou inadéquation des financements,•

manque d’approche pluridisciplinaire de la prévention et de •coopération intersectorielle,

approche inadéquate de la prévention :•o efforts axés sur les conséquences de l’exposition plus que sur •

la prévention,o importance excessive accordée à l’évaluation quantitative,•o manque d’action de prévention a priori,•o prévention primaire insuffisante,•o vision trop étroite lors du choix des mesures,•o absence d’approche systématique et programmes inadaptés.•

Commentaires sur certains des obstacles rencontrés

Volonté politique insuffisante pour promouvoir et soutenir l’action de prévention

Les décideurs à différents niveaux (pouvoirs publics, personnel de production, management, travailleurs, notamment) mesurent mal l’ampleur du problème de la silicose, les possibilités de prévention et les bénéfices liés à la prévention. On présentera ici quelques-unes des raisons les plus fréquentes de cet état de faits.

T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k6

de formation un juste équilibre entre les sujets relatifs à l’« état des lieux » (évaluation de l’exposition, données épidémiologiques, par exemple) et à la « prévention/résolution du problème » (stratégies et techniques de prévention, gestion du risque, notamment).

Le cadre éducatif devrait être plus largement utilisé pour développer et tester les stratégies et les solutions de prévention, en incitant par exemple les étudiants à choisir ce type de thèmes pour leurs thèses.

Les problèmes de qualité des cours et de compétence professionnelle sont également cruciaux et nécessitent que l’on s’y attache.

Manque d’approches pluridisciplinaires et de coopération intersectorielle

Une prévention efficace et durable ne peut être assurée que par une approche pluridisciplinaire associant les professionnels de santé au travail et les différentes parties prenantes : management, personnel de production et travailleurs.

La coopération intersectorielle, au niveau national et local, présente également une grande importance et doit être améliorée dans bien des cas, en mettant l’accent sur la nécessité d’une planification et d’une action conjointes pour éviter les doublons et utiliser au mieux les ressources disponibles.

Importance excessive accordée à l’évaluation quantitative

Il n’est pas rare que l’on accorde plus d’attention à l’évaluation de l’exposition qu’à la prévention et à la maîtrise des risques. « Les programmes et les services de santé au travail devraient accorder la place qu’elle mérite à la prévention primaire, en lien avec l’évaluation et la surveillance de l’exposition ; en effet, si celles-ci sont des composantes essentielles dans la pratique de l’hygiène industrielle, elles ont pour seul effet de mettre en évidence ou de confirmer l’exposition, mais jamais de la prévenir. L’intérêt accordé à l’identification et à l’évaluation des expositions professionnelles et de leurs conséquences est souvent plus grand que l’attention consacrée à leur prévention » (5). Ce problème est lié à la réglementation, car c’est souvent le cadre législatif qui exige des données chiffrées caractérisant l’exposition.

Il peut arriver que l’évaluation quantitative de l’exposition ne soit pas praticable, mais cela ne devrait jamais faire obstacle aux interventions de prévention lorsqu’elles sont nécessaires. En fait, même lorsqu’elle est praticable, l’évaluation quantitative n’est pas toujours nécessaire pour établir l’évidente nécessité de mesures de prévention.

Dans ce contexte, des approches pragmatiques basées sur des méthodes d’évaluation qualitatives ou semi-quantitatives ont été conçues et peuvent se révéler fort utiles dans bien des cas. Si elles sont bien validées et correctement utilisées, elles peuvent constituer de bons instruments pour évaluer certaines situations de risque, établir des priorités d’action et orienter le choix des premières mesures et des stratégies de maîtrise des risques.

Les COSHH Essentials (COSHH pour « Control of Substances Hazardous to Health »), du HSE, utilisés avec succès au Royaume-Uni, reposent sur ce type de démarches (9 ; 10). D’autres exemples d’approches pragmatiques sont par exemple la méthode SOBANE (11) et la méthode GTZ (12).

En ce qui concerne la maîtrise de l’exposition à la silice, le HSE a élaboré les remarquables fiches de prévention, les « Silica Essentials » (disponibles en ligne sur le site du HSE : http://www.hse.gov.uk/pubns/guidance/index.htm).

Programmes inadaptés

Les efforts de prévention perdent souvent en efficacité si les actions spécifiques ne sont pas intégrées à des programmes pluridisciplinaires efficients et durables, bénéficiant d’une gestion compétente. Il faut mentionner à cet égard les principes directeurs du BIT concernant les systèmes de gestion de la sécurité et de la santé au travail : ILO-OSH 2001 (13).

Affections dues à la silice : il n’y a pas que la silicose

Faye L. Rice, CDC/NIOSH ([email protected])Centre Collaborateur OMS en santé au travail

Introduction

La silicose est l’une des maladies professionnelles les plus anciennes et les plus connues. Cette fibrose pulmonaire incurable mais évitable est reconnue depuis

très longtemps et a été identifiée dans de nombreux pays, en relation avec les environnements de travail les plus divers ; elle survient aujourd’hui encore, dans les pays développés et moins développés. Cependant, les travaux de recherche publiés au siècle dernier signalaient aussi d’autres maladies chez les travailleurs exposés à des poussières respirables de silice cristalline. Aux Etats-Unis, le National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) a réalisé une revue très complète de la littérature relative aux effets de la silice sur la santé, dont les résultats ont été publiés en 2002 (1). Le NIOSH a établi que l’exposition professionnelle à la silice cristalline respirable est liée au développement de plusieurs maladies, dont la silicose, et peut être associée à la survenue d’autres affections. Les résultats de cette revue de la littérature réalisée par le NIOSH ont été intégrés à la documentation de base (Concise International Chemical Assessment Document, CICAD) publiée par l’OMS sur le quartz (2).

Cancer pulmonaire et autres affections respiratoires

La question de savoir si la silice cristalline pourrait être un cancérogène pulmonaire professionnel s’est notamment posée dans les années 1980, après la publication d’une série de travaux clés sur le sujet (3-6). En 1996, le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC) a conclu a l’existence de « données suffisantes chez l’homme pour établir la cancérogénicité de la silice cristalline inhalée sous forme de quartz ou de cristobalite de source professionnelle » (7). La même

année, l’American Thoracic Society (ATS) a pris officiellement position en décrivant les effets nocifs de l’exposition à la silice cristalline, parmi lesquels figurait le cancer pulmonaire (8). L’ATS a établi que :

Les données disponibles permettent de conclure que la silicose •entraîne un risque accru de carcinome bronchique.

Cependant, on dispose de moins d’informations sur le risque de •cancer du poumon chez les personnes atteintes de silicose qui n’ont jamais fumé, ainsi que chez les travailleurs qui ont été exposés à la silice mais n’ont pas été atteints de silicose.

La question d’une association entre exposition à la silice et cancer •du poumon en l’absence de silicose est moins claire.

Le NIOSH rejoignait les conclusions du groupe de travail du CIRC et de l’ATS (1). Le National Toxicology Program (NTP) des Etats-Unis concluait que la silice cristalline respirable, « particulièrement les poussières de quartz présentes dans l’industrie et en milieu de travail », était un cancérogène reconnu chez l’homme (9).

L’exposition professionnelle à la silice cristalline respirable est associée à des maladies pulmonaires obstructives chroniques (MPOC) telles que la bronchite et l’emphysème (1). En outre, plusieurs études sur les travailleurs exposés à la silice et des études sur les patients atteints de silicose (1) ont signalé une augmentation significative de la mortalité due à des affections respiratoires non malignes (dont une large catégorie incluant la silicose et d’autres pneumoconioses, la bronchite chronique, l’emphysème, l’asthme et d’autres troubles respiratoires associés). Une revue de la littérature publiée en 2003 par des chercheurs du NIOSH

T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k 7

et portant sur des études épidémiologiques et pathologiques de MPOC a conclu que les données « suggèrent que l’exposition chronique à de faibles concentrations de silice peut entraîner l’apparition d’emphysème, de bronchite chronique et/ou d’affection respiratoire due aux poussières minérales, pouvant induire une obstruction de l’écoulement gazeux même en l’absence de signe radiologique de silicose. » (10)

Tuberculose pulmonaire et autres pathologies infectieuses

L’exposition aux poussières de silice et la silicose accroissent le risque de tuberculose (11). La « silicotuberculose » est fréquente dans de nombreux pays en développement et dans les populations où la tuberculose active est répandue (12). Une étude publiée en 2006 indique que la tuberculose pulmonaire est « actuellement épidémique » dans les mines d’or d’Afrique du Sud, où elle est associée non seulement à la silicose, mais également à l’infection par le VIH (13). La silicose peut également être compliquée par des infections dues à des mycobactéries non tuberculeuses (MNT), telles que Mycobacterium kanasasii et Mycobacterium avium-intracellulare (1) (14). D’autres infections peuvent être provoquées chez les travailleurs atteints de silicose par Nocardia asteroides et Cryptococcus (1) (15) (16).

Affections auto-immunes et affections de type auto-immun

Au siècle dernier, de nombreuses études de cas ont été publiées sur divers troubles auto-immuns chez des travailleurs ou des patients professionnellement exposés à la silice cristalline. La majorité de ces études décrivaient des cas de sclérodermie (sclérose systémique), de lupus érythémateux systémique, d’arthrite rhumatoïde, d’anémie hémolytique auto-immune et de dermatomyosite ou dermatopolymyosite (1). De plus, le NIOSH et l’OMS font état de plusieurs études épidémiologiques rapportant un excès statistiquement significatif de décès ou de cas de troubles immunologiques ou de maladies auto-immunes chez les travailleurs exposés à la silice, incluant la sclérodermie (17) (18), l’arthrite rhumatoïde (19) (20) et le lupus érythémateux systémique (17). Des recherches plus poussées devront être menées pour déterminer le mécanisme cellulaire induisant le développement de réponses et d’affections auto-immunes chez les travailleurs exposés à la silice cristalline (1) (12).

Affections rénales chroniques, atteintes rénales sub-cliniques

Les revues du NIOSH (1) et de l’OMS (2) indiquent que des études épidémiologiques récentes conduites dans différents pays signalent des associations statistiquement significatives entre l’exposition à la silice cristalline et l’incidence des pathologies rénales (22) ou la mortalité par ces pathologies (23) (17), la granulomatose de Wegener (24) et certaines altérations rénales sub-cliniques (25) (26) (27). Quatre études épidémiologiques, publiées après les données rapportées dans ces revues, ont évalué la relation exposition-réponse pour les affections rénales et l’exposition à la silice (28) (29) (30) (31). Les études ont porté sur les cohortes suivantes : a) 4626 travailleurs exposés au sable aux Etats-Unis (28) ; b) 2670 salariés hommes de l’industrie du sable en Amérique du Nord (29) ; c) une cohorte états-unienne combinée regroupant les 4626 ouvriers ci-dessus, 3348 mineurs d’or et 5408 ouvriers de l’industrie du granit (30) et d) 4 839 231 décès dus à des causes diverses, survenus sur une période de 14 ans dans 27 Etats des Etats-Unis (31). L’une des deux études portant sur l’industrie du sable a trouvé une tendance monotone « prononcée » à une incidence accrue de maladies rénales au stade terminal (18 cas) avec l’augmentation de l’exposition cumulée à la silice (28), alors que l’autre étude portant sur la relation entre exposition cumulée et mortalité par néphrite/néphrose ou cancer rénal n’a pas établi d’augmentation (29). Les deux études ont analysé un nombre relativement restreint de cas d’affection rénale ou de décès par ce type d’affection, si l’on compare à l’analyse des trois cohortes groupées avec 204 décès pour lesquels une pathologie rénale était signalée sur le certificat de décès comme facteur sous-jacent ou contributif. Cette dernière étude a trouvé un excès de mortalité par affection rénale et une tendance monotone statistiquement significative à un accroissement de la mortalité par pathologie rénale avec l’augmentation de l’exposition

cumulée à la silice (30). L’étude cas-témoins de grande ampleur sur les causes de décès dans 27 Etats des Etats-Unis comportait une évaluation qualitative de l’exposition à la silice cristalline ; elle n’a observé de tendance significativement croissante dénotant une relation exposition-réponse pour aucune des atteintes rénales prises en considération (31). Le mécanisme d’une éventuelle relation entre l’exposition à la silice et les affections rénales n’a pas été bien établi.

Autres effets sur la santé

Les revues du NIOSH (1) et de l’OMS (2) ont trouvé un certain nombre d’autres effets nocifs signalés dans la littérature, en particulier des cancers non pulmonaires de diverses localisations ; une association entre ces cancers non pulmonaires et l’exposition professionnelle à la silice n’a pas été confirmée.

Conclusion

L’exposition professionnelle à la silice cristalline respirable est associée à la silicose, au cancer pulmonaire, à la tuberculose pulmonaire et à des affections respiratoires. En outre, il pourrait exister un lien avec le développement de pathologies auto-immunes, d’affections rénales chroniques et d’autres atteintes à la santé (1) (voir le tableau 1). Les analyses exposition-réponse fournissent des données prédictives variables quant à l’excès de risque ou au risque absolu de décès ou de maladie par cancer pulmonaire, silicose et affection rénale chez les travailleurs exposés à la silice, mais cet excès est supérieur à un pour 1000 après 45 ans d’exposition à des concentrations de silice inférieures à la valeur limite en vigueur aux Etats-Unis (OSHA) ou proches de cette valeur (32). Cependant, l’élément positif est que la survenue de ces maladies chez les travailleurs exposés à la silice peut être évitée ; l’OMS insiste sur le fait que « des mesures doivent être prises en amont pour éviter l’exposition » (33).

Note au lecteur : pour plus d’informations sur les effets nocifs de l’exposition professionnelle à la silice cristalline respirable, consulter les documents cités en référence, le dossier du NIOSH sur la silice http://www.cdc.gov/niosh/topics/silica/default.html et les publications du NIOSH en espagnol à l’adresse http://www.cdc.gov/spanish/niosh/pubs-sp.html.

Avertissement : les données et conclusions de ce rapport n’engagent que son auteur et ne représentent pas nécessairement le point de vue du National Institute for Occupational Safety and Health.

Tableau 1. Conclusions de la revue du NIOSH sur les effets sur la santé de l’exposition professionnelle aux poussières de silice cristalline respirable (1).

Effet sur la santé Relation avec l’expo-sition professionnelle

Relation possible avec l’exposition professionnelle

Silicose UCancer pulmonaire UTuberculose pulmonaire UAffections respiratoires UAffections auto-immunes UMaladie rénale chronique,

atteintes rénales sub-cliniques

U

Bronchite obstructive chronique etemphysème4 chez les mineurs de

charbonXaver Baur, Institut de médecine du travail, Université de Hambourg, Allemagne. [email protected].

Centre Collaborateur OMS en santé au travail

L’exposition à long terme à des poussières contenant de la silice cristalline chez les mineurs de charbon n’est pas

4 L’emphysème se caractérise par la perte d’élasticité du tissu pulmonaire et la destruction de ses structures

T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k8

seulement liée à la pneumoconiose du mineur de charbon5 (PMC) et à la fibrose massive progressive6 (FMP), mais aussi à la bronchite obstructive chronique et à l’emphysème (1), comme le montrent plusieurs études concordantes. Par conséquent, ces deux affections devraient elles aussi être considérées comme des maladies professionnelles, même en l’absence de pneumoconiose. Pour ces altérations confirmées par l’examen pathologique chez les mineurs exposés à long terme à des poussières de silice cristalline, la radiologie conventionnelle offre peu de sensibilité et de spécificité. Compte tenu de la relation dose-réponse qui caractérise toutes les affections citées, la seule prévention primaire appropriée est une réduction significative de l’exposition aux poussières (en deçà de 1,5 mg/m3 pour la fraction des poussières respirables). Des mesures de prévention correspondantes devraient également être mises en œuvre dans les autres secteurs d’activité comportant une exposition à la silice cristalline, comme les mines de fer, le forage de tunnels ou la maçonnerie, où les mêmes effets sont susceptibles d’être observés sur les voies respiratoires.

Il faut également mentionner le risque accru de développer un carcinome pulmonaire dû à l’exposition à la silice cristalline, établi ces dernières années ; à cet égard, les données sur les mineurs de charbon ne permettent pas encore de se prononcer définitivement (1).

Selon une méta-analyse publiée dès 1997 (1), « certains effets biologiques des poussières de charbon incluent la pneumoconiose simple du mineur de charbon, la fibrose massive progressive, l’emphysème, la bronchite chronique et une dégradation rapide de la fonction pulmonaire ».

La silicose7, la pneumoconiose du mineur de charbon et la fibrose massive progressive sont généralement reconnues comme maladies professionnelles chez les travailleurs exposés à des poussières contenant de la silice cristalline (quartz, cristobalite, tridymite, notamment). Certains pays (Grande-Bretagne, France, Allemagne) reconnaissent également comme maladies professionnelles la bronchite obstructive chronique et/ou l’emphysème chez les mineurs de charbon, en l’absence de pneumoconiose radiologiquement détectable, et considèrent que ces affections doivent faire l’objet de mesures préventives. On trouvera dans ce qui suit un aperçu de la littérature sur ces affections. Ont été prises en considération des études transversales et longitudinales, des revues de la littérature et des études pathologiques et radiologiques.

Bronchite chronique

La prévalence de la bronchite chronique telle qu’elle est définie par l’OMS (« un état lié à une production excessive de mucus trachéobronchique, suffisante pour provoquer la toux avec expectoration pendant au moins trois mois de l’année sur plus de deux années consécutives ») est

manifestement augmentée du fait de l’exposition aux poussières chez les mineurs de charbon (2, 3).

Après exposition à 122,5 gh/m3 de poussières, 45 non-fumeurs sur 1000 développaient une bronchite obstructive chronique imputable à l’exposition. Chez les fumeurs, ce nombre (établi par calcul) était de 74 sur 1000 (2).

Données sur la fonction pulmonaire

Depuis que des explorations fonctionnelles respiratoires sont régulièrement pratiquées chez les mineurs de charbon (depuis le milieu du siècle dernier), on dispose de très nombreuses données attestant d’une réduction du volume expiratoire maximal par seconde (VEMS), de la capacité vitale (CV) et de la pression partielle d’oxygène artérielle, ainsi que d’une augmentation de la résistance des voies aériennes et du volume gazeux intrathoracique (3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11). On a pu montrer que les atteintes étaient plus nettes chez les fumeurs que chez les

5 Affection pulmonaire chronique causée par l’inhalation et le dépôt de poussières de charbon dans les poumons

6 Affection pulmonaire complexe atteignant les mineurs de charbon7 Fibrose pulmonaire causée par l’inhalation de poussières de silice cristalline

non-fumeurs, ce qui indique que les effets du tabagisme et les effets des poussières incorporées se cumulent.

Une série d’études concordantes ont confirmé que l’atteinte de la fonction pulmonaire était liée à l’exposition des mineurs aux poussières de charbon (12, 13).

Une étude détaillée du centre de recherche des charbonnages britanniques (Pneumoconiosis and Field Research of the National Coal Board) mérite une attention particulière. Marine et al. (2) ont re-analysé les données relatives à 3380 mineurs de charbon ne présentant pas de pneumoconiose du mineur de charbon, en s’attachant particulièrement aux manifestations autres que la pneumoconiose. Les objectifs étaient d’établir des données sur la « bronchite chronique », par questionnaire et par mesure de la VEMS. L’analyse transversale a été réalisée à l’aide de modèles logistiques linéaires faisant intervenir l’âge et l’exposition aux poussières, comportant l’étude des résidus et intégrant des termes d’interaction. Indépendamment des habitudes tabagiques, une incidence significative de l’exposition aux poussières a été établie pour chaque objectif.

Des estimations portant sur une réduction cliniquement importante de la fonction pulmonaire (VEMS) de 20 % ont donné une prévalence de 15,5 % chez les mineurs non-fumeurs et de 27,2 % chez les mineurs fumeurs, avec dans les deux cas une dose cumulée d’exposition aux poussières de 174 gh/m3. Les résultats pour une exposition cumulée aux poussières de 348 gh/m38 était respectivement de 23,9 % et 40 %.

Une étude longitudinale dans les mines de charbon en Allemagne a également montré des relations dose-réponse entre l’exposition aux poussières (concentration ou durée) et l’occurrence de la bronchite obstructive chronique (9, 10,11).

En résumé, les données présentées montrent une réduction moyenne de la VEMS de l’ordre de 90 à 100 ml/100 gh/m3.

Etudes de mortalité et examens pathologiques

Il faut souligner que la sensibilité de la radiologie thoracique conventionnelle aux rayons X n’est pas adaptée pour le dépistage de l’emphysème et de la bronchite chronique (14, 15). Intra vitam, l’emphysème ne peut être confirmé que par des explorations fonctionnelles précises et par tomodensitométrie haute résolution, les résultats de ces deux démarches étant liés.

Les mineurs de charbon ont un risque relatif accru de mourir de bronchite ou d’emphysème, dépendant du niveau d’exposition aux poussières (16). Les études de mortalité et les examens post mortem chez ces travailleurs conduisent souvent à identifier la bronchite comme cause de décès (17).

Les autopsies pratiquées sur des mineurs de charbon indiquent également un excès de cas d’emphysème (18, 19, 20). Une relation entre la gravité de l’emphysème diagnostiqué par l’anatomo-pathologie et la durée du travail au fond de la mine ou la quantité de poussières inhalées a été établie (21, 22, 23, 24). Un emphysème a été rapporté chez près de 50 % des mineurs autopsiés qui n’avaient pas présenté, de leur vivant, de radiographie thoracique ayant donné lieu à une interprétation pathologique ou de nodules perceptibles. Le plus souvent, l’emphysème était associé à de petites opacités de type p (92 % de ces cas présentaient un emphysème). Chez ces mineurs, des relations dose-réponse étaient observées.

Dans une étude conduite aux Etats-Unis (25, 26), seuls 2 % des mineurs avaient des poumons ne présentant aucun signe à l’autopsie, et 22 % des callosités observées n’avaient pas été détectées à la radiologie ; à l’inverse, 25 % des cas de silicose radiologiquement diagnostiquée ne présentaient pas de signes corrélés à l’examen pathologique.

Conclusions

En ce qui concerne la bronchite obstructive chronique et l’emphysème, les études cliniques et pathologiques chez les mineurs de charbon sont cohérentes et plausibles, avec une évolution dans le temps et une relation

8 gh/m3 : concentration moyenne de poussières respirables, en grammes par mètre cube (g/m3), multipliée par la durée d’exposition en heures (h)

T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k 9

dose-réponse typiques. L’exposition aux poussières dans les mines de charbon devrait donc être inférieure aux niveaux les plus bas pour lesquels des effets nocifs sont observés pour les poussières inorganiques respirables, de l’ordre de 1,5 mg/m3 (27, 10, 11, 13). De plus, la reconnaissance et la réparation de la bronchite obstructive chronique et de l’emphysème comme maladies professionnelles devraient être envisagées, même en l’absence de pneumoconiose.

Abréviations :PMC : pneumoconiose du mineur de charbonFMP : fibrose massive progressiveVEMS : volume expiratoire maximal par secondeCV : capacité vitale

Le programme de prévention de la silicose de la Mutual de Seguridad, au Chili

Miguel Arana, Responsable Hygiène du travail, Mutual de Seguridad, Chili ([email protected])

La Mutual de Seguridad est un organisme privé sans but lucratif ayant pour mission de gérer les Fonds de sécurité sociale consacrés à l’assurance santé et sécurité des travailleurs salariés au Chili. En 2006, 23 000 entreprises étaient affiliées à la Mutual de Seguridad,

représentant un total de 1,025 million d’assurés.

La Mutual de Seguridad compte 201 inspecteurs et contrôleurs de sécurité et neuf hygiénistes du travail exerçant des missions d’assistance aux entreprises affiliées en matière de sécurité, d’hygiène du travail et de santé au travail. Ces dix dernières années, nous avons enregistré un recul régulier des taux d’accidents, et une augmentation du nombre de maladies professionnelles déclarées chez nos assurés.

Ces chiffres, mais aussi le Global Program to Eliminate Silicosis, du BIT et de l’OMS, nous ont incité en 2003 à développer nos services d’hygiène du travail en direction des entreprises comportant un risque d’exposition à la silice et à d’autres substances dangereuses, afin de les faire bénéficier en temps utile des recommandations de base et de l’assistance requise pour réduire l’exposition professionnelle à ces substances. Jusqu’alors, seuls nos hygiénistes du travail conseillaient et assistaient les entreprises affiliées sur ces questions. Nos contrôleurs et inspecteurs identifiaient la présence de substances dangereuses et adressaient leurs observations au département d’hygiène du travail. Un hygiéniste du travail était alors chargé de visiter le site et de prélever des échantillons qui étaient envoyés à un laboratoire pour la détermination de la concentration de polluant. Il fallait une vingtaine de jours pour obtenir les résultats. Ces résultats étaient comparés aux valeurs limites d’exposition en vigueur, et nous adressions un rapport à l’entreprise indiquant s’il y avait un dépassement des niveaux d’exposition admissibles. En cas d’exposition trop importante des salariés, le service de santé au travail de la Mutual informait l’entreprise, suggérait des mesures de prévention et mettait en place un programme de surveillance pour les salariés exposés. Ce programme comporte un examen médical tous les deux ans, avec test spirométrique, radiographie thoracique et bilan de santé. L’ensemble se ramenait au schéma classique : dépistage – estimation – évaluation – mesures de prévention.

Cependant, si l’on considère que la Mutual compte 23 000 entreprises affiliées disséminées dans tout le pays, on comprend bien que cette stratégie de prévention du service d’hygiène du travail ne pouvait assurer qu’une couverture très limitée. Ainsi, en 2003, l’équipe des neuf hygiénistes du travail n’a identifié que 144 entreprises exerçant une activité liée à la silice, pour un total de 3000 travailleurs exposés. Nous avons réalisé que nos objectifs de déploiement de nos prestations de santé au travail en

direction de nos entreprises affiliées ne pourraient pas être atteints par la stratégie « classique » d’analyse des prélèvements atmosphériques.

La solution est venue de la participation de l’un de nos spécialistes de santé au travail au congrès de la Commission internationale de santé au travail (CIST) au Brésil en 2003. L’un des ateliers avait pour sujet le « control banding », une démarche qui semblait correspondre à ce que nous cherchions. Cependant, en examinant la question de plus près, nous avons constaté qu’il fallait disposer de phrases de risque pour utiliser ce programme ; or elles n’était pas en usage au Brésil. Nos hygiénistes du travail ont alors décidé de développer une check liste fondée sur cette stratégie d’évaluation qualitative, afin que nos fonctionnels de sécurité disposent d’un outil simple pour évaluer les risques chimiques, biologiques et physiques en milieu de travail et soient en mesure, sur la base des résultats de la check liste, de donner immédiatement des conseils sur les mesures de prévention et d’amélioration à mettre en œuvre, sans les délais et les coûts liés à la démarche classique d’évaluation quantitative par la métrologie.

Cette check liste (Qualitative Risk Evaluation Checklist for Occupational Hygiene, QUREC-OH), constituée de macros mises en œuvre sous Excel, est divisée en cinq sections :

Identification de l’entreprise •

Liste des procédés industriels utilisés dans l’entreprise•

Liste des agents identifiés comme présentant des risques pour la •santé

Identification des salariés exposés à ces agents•

Evaluation générique des mesures de prévention existantes, pour •les facteurs de risque précédemment identifiés, sur la base d’une liste de questions (certaines de ces questions sont reproduites en espagnol à la figure 1).

Figure 1

A partir des réponses apportées aux questions de la dernière section (dont un exemple est présenté à la figure 2), le fonctionnel de sécurité peut vérifier si l’entreprise contrôlée est en conformité avec la réglementation applicable. Dans le même temps, le programme propose une série de mesures de prévention, ce qui permet de formuler des recommandations pour la mise en œuvre immédiate de mesures de prévention adaptées. Grâce aux informations fournies par le programme, le contrôleur de sécurité peut informer la Mutual de la présence de salariés exposés qui doivent être intégrés à un programme de surveillance médicale.

Figure 2

Pour l’évaluation générique, les questions de la check liste QUREC-OH appellent des réponses du type OUI/NON/NA (non applicable) pour chaque facteur de risque. Chaque fois que la réponse à une question est « non », le programme affiche une recommandation de base à appliquer

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pour résoudre le problème. On trouvera ci-après la traduction des questions de la figure 2 et des recommandations affichées en cas de réponse négative dans le cas de la silice cristalline, par exemple :

Les travailleurs ont-ils été informés des risques pour la santé liés •à l’inhalation de poussières contenant de la silice cristalline, des mesures de prévention et des méthodes de travail applicables pour leur sécurité ? Si la réponse est négative, la recommandation suivante s’affiche :o Vous n’êtes pas en conformité avec l’article 21 du Décret N° •

40. Vous devez appliquer ces exigences immédiatement.

Peut-on dire qu’il n’y a pas de signes visibles d’une exposition •aux poussières – irritation des yeux, poussière sur le visage des travailleurs ? Si la réponse est négative, les recommandations suivantes s’affichent : o Vous devez immédiatement fournir aux travailleurs les •

équipements de protection individuelle requis en cas d’exposition à la silice.

§ L’utilisation de demi-masques équipés de filtres P-100 est •recommandée en cas de quartz, cristobalite ou tridymite.

§ L’utilisation de demi-masques équipés de filtres N-99 est •recommandée pour toute autre poussière.

Le poste de travail est-il exempt de matériaux particulaires en •suspension ? Si la réponse est négative, la recommandation suivante s’affiche :o Les sources d’émission doivent être isolées, ou des dispositifs •

de ventilation par extraction doivent être mis en œuvre (conformément aux articles 33-35, DS 594-201/99 du ministère du travail).

A la fin de l’évaluation, le programme établit un score final traduisant, en pourcentage, le respect des mesures de prévention requises par la réglementation. Ce chiffre fournit au contrôleur de sécurité et aux responsables de l’entreprise une indication sur l’importance des problèmes et une orientation pour la priorisation des ressources et des mesures de prévention. De plus, la Mutual peut utiliser cette information pour identifier les postes de travail présentant un risque d’exposition à la silice cristalline.

L’utilisation de la check liste QUREC-OH dans le cadre de notre Programme d’élimination de la silicose nous a permis d’améliorer le dépistage de l’exposition aux risques liés à la silice cristalline sans augmenter le nombre d’hygiénistes du travail de notre institution. Nous sommes ainsi passés en peu de temps de 144 entreprises identifiées comme présentant ce risque à 749, et de 3200 à 13 500 travailleurs exposés. Ces 10 300 travailleurs qui échappaient jusqu’ici à notre programme de surveillance médicale doivent désormais faire l’objet d’une surveillance médicale périodique (examen médical avec spirométrie, radiographie thoracique et bilan de santé tous les deux ans), grâce à la chek liste QUREC-OH.

Progrès réalisés grâce à la check liste QUREC-OH

L’utilisation de cette démarche basée sur les principes du « control banding » et conçue par nos spécialistes de santé au travail nous a permis :

D’étendre la couverture des entreprises affiliées par notre service •d’assistance médicale.

De formuler des recommandations pour la mise en œuvre •immédiate de mesures de prévention, en cas de non-respect de la réglementation.

D’optimiser l’utilisation des ressources disponibles en santé au •travail pour apporter des solutions à des problèmes complexes de prévention des risques.

De faciliter le suivi des expositions professionnelles. •

De créer une base de données pour l’évaluation a posteriori de •l’efficacité des mesures de prévention préconisées par la check liste

QUREC-OH, en s’appuyant dans certains cas sur une évaluation quantitative réalisée par métrologie après l’intervention corrective.

De disposer de données plus précises sur les entreprises affiliées et les risques professionnels, ainsi que sur les travailleurs exposés, en vue du suivi médical ultérieur.

En conclusion, la check liste QUREC-OH a donné aux contrôleurs de sécurité et aux responsables des entreprises affiliées comportant des risques professionnels la possibilité de cibler leur action sur les mesures de prévention, qui constituent la pierre angulaire des programmes de prévention des risques pour la santé au travail.

Elimination de la silicose aux Amériques

Article d’Ellen Galloway, Rédactrice, NIOSH ([email protected])

Photos d’Aaron Sussel, Hygiéniste industriel, NIOSH, novembre 2006

Centre Collaborateur OMS en santé au travail

En 1995, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’Organisation internationale du travail (OIT) ont

lancé une campagne visant à éliminer la silicose dans le monde d’ici à 2030. La silicose est une maladie qu’il est possible de prévenir ; elle est due à l’exposition professionnelle à la silice cristalline respirable. Des millions de travailleurs exerçant divers métiers sont exposés à la silice dans le monde. Aux Etats-Unis, au moins 1,7 million de travailleurs sont potentiellement exposés à la silice cristalline respirable dans des secteurs comme le bâtiment ou les mines, ou lors d’activités telles que le sablage, par exemple (1), et bien que la mortalité par la silicose ait diminué entre 1968 et 2002, on enregistre encore des décès et la survenue de nouveaux cas, même chez des travailleurs jeunes (2).

Dans certains pays en développement, la silicose est extrêmement répandue, même si les données sont rares (3). Ainsi,

La Chine a enregistré plus de 500 000 cas de silicose depuis •1991-1995.

Au Brésil, l’Etat de Minas Gerais compte à lui seul plus de 4500 •travailleurs atteints de silicose. Le creusement de puits par des méthodes manuelles dans des terrains rocheux à très forte teneur en quartz (97 %) s’est traduit par une prévalence de la silicose atteignant 26 %.

En Inde, plus de 10 millions de travailleurs sont exposés au risque.•

En 2005, l’OMS et son bureau régional, l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS), l’OIT et le Ministère de la santé du Chili ont demandé au National Institute for Occupational Safety and Health (NIOSH) de fournir une assistance technique à ces organisations et aux pays participants. En réponse à cette demande, le NIOSH a initié un programme intitulé Elimination of Silicosis in the Americas, en partenariat avec l’OMS, l’OPS et l’OIT. Ce programme s’appuie sur l’expérience du NIOSH en matière de métrologie de la silice et de prévention, diagnostic, traitement et suivi de la silicose. L’assistance du NIOSH a pour objet d’apporter formation technique et assistance aux organismes compétents des pays participants, afin de permettre à ces organismes de se doter des ressources internes nécessaires pour évaluer la prévalence et l’incidence de la silicose, évaluer les situations dangereuses d’exposition à la silice et mettre en place des interventions efficaces.

Actuellement, le projet du NIOSH est axé sur un partenariat avec l’Institut de santé publique (ISP) et le Ministère de la santé du Chili. Une partie importante du projet a été menée en 2006 et inscrite au calendrier 2007. La participation de nouveaux partenaires (le Brésil, notamment, et d’autres pays) va permettre d’œuvrer pour le développement des ressources sur une base élargie et renforcée. Le NIOSH a notamment pour but de

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transférer la conduite du projet à ses partenaires des Amériques.

Du 9 au 17 septembre 2006, une équipe de cinq collaborateurs du NIOSH s’est rendue à Santiago du Chili pour une action de formation et d’assistance technique au Département de santé au travail de l’Institut de santé publique (Instituto de Salud Publica, ISP) et au Ministère de la santé. (Ces deux instances ont des fonctions similaires à celles de l’Occupational Safety and Health Administration, aux Etats-Unis). L’équipe était

constituée de deux hygiénistes industriels, un épidémiologiste et deux ingénieurs des mines. Partie intégrante du programme du NIOSH 2006-2007 pour l’élimination de la silicose aux Amériques, la formation comprenait trois jours de cours sur l’application de la méthode

du « control banding », et la visite de deux sites connus pour comporter une exposition à la silice.

Le Coordinateur international du NIOSH était présent au premier jour de cours, pour signer au nom du Directeur du NIOSH une convention de coopération dans le domaine de l’élimination de la silicose avec le Directeur de l’ISP, le Ministre chilien de la santé et OPS-Chili. La formation mentionnée ci-dessus était l’une des activités prévues par la convention.

Les participants à la formation étaient trois chargés d’études de l’ISP et 24 inspecteurs régionaux du Ministère de la santé. Les sujets traités étaient notamment la théorie du « control banding », les stratégies d’évaluation de l’exposition de l’American Industrial Hygiene Association (AIHA) et du NIOSH, la conception et l’évaluation des interventions, les mesures techniques de prévention en hygiène industrielle, avec des études de cas dans le secteur des mines, et l’utilisation pratique d’instruments de mesure en temps réel des poussières contenant de la silice dans les mines et d’autres secteurs à risque.

Une traduction était assurée pendant les deux jours de cours et la journée de visites sur le terrain, qui comprenait l’utilisation d’instruments de mesure des particules en temps réel et l’examen des résultats et des solutions de prévention applicables. A l’issue de cette formation de trois jours, l’équipe du NIOSH a conduit deux visites de terrain dans des entreprises moyennes, avec les équipes de l’ISP et du Ministère du travail.

La première de ces visites concernait une entreprise (Minera San Pedro, LTDA) de 10 à 15 salariés affectés à une carrière de quartz et à des travaux de concassage et de broyage. Cette activité produit du sable de fonderie à haute teneur en silice. La seconde visite portait sur l’entreprise InGex, LTDA

(30 salariés), un site de concassage et de broyage produisant des agrégats pour le bâtiment. Sur ces deux sites, les ingénieurs du NIOSH ont fait la démonstration des techniques de monitorage des processus générant des poussières de silice au moyen d’instruments à lecture directe. Les enquêteurs du NIOSH ont débattu avec les 27 participants à la formation des résultats du monitorage et des recommandations à formuler en matière de maîtrise de l’empoussièrement. La formation a été bien reçue par les deux institutions participantes.

Dans les jours suivants, l’équipe du NIOSH a participé à des visites d’entreprises avec l’ISP. La première visite concernait une grande mine de cuivre (souterraine et à ciel ouvert) dans les Andes (Division Codelco Andina). Codelco Andina est l’une des plus grandes mines souterraines du monde ; employant 3000 salariés et sous-traitants, elle extrait un minerai contenant près de 10 % de silice. La visite d’entreprise a porté sur des secteurs d’extraction souterraine et à ciel ouvert, ainsi que sur les

équipements souterrains de traitement du minerai. L’équipe a rencontré la direction de Codelco et le personnel de santé et sécurité du travail, qui se sont déclarés intéressés par une participation à l’action ISP-NIOSH d’élimination de la silicose.

Le lendemain, l’équipe du NIOSH et l’ISP ont visité Planta de Arido, une entreprise de concassage-broyage de la région de Santiago employant six salariés. Cette petite entreprise concasse des roches de cours d’eau, contenant du quartz et de la silice, pour produire des agrégats pour la construction. Les équipes du NIOSH et de l’ISP ont observé les opérations et réalisé un monitorage des poussières lors d’une série d’opérations.

Avant de quitter le Chili, l’équipe du NIOSH a rencontré deux responsables de l’ISP pour envisager la poursuite du projet sur 2007. La mise à disposition d’équipements et de fournitures a été organisée de telle sorte que l’ISP puisse poursuivre l’évaluation des expositions à la silice avant et après les interventions de prévention.

La partie « control banding » du projet du NIOSH Elimination of Silicosis in the Americas comprendra notamment pour l’année 2007 une invitation des responsables de Codelco à visiter le NIOSH lorsqu’ils seront aux Etats-Unis, la mise à la disposition de l’ISP de recommandations de prévention pour les activités d’extraction et de concassage-broyage que le NIOSH a pu observer, un travail de révision et de commentaire des fiches de prévention de l’ISP, l’envoi à l’ISP des fiches Silica Essentials du Health and Safety Executive (Royaume-Uni), et des conseils à l’ISP pour l’évaluation de l’efficacité des interventions sur les sites que l’ISP et le NIOSH ont visité ensemble en septembre 2006.

Le NIOSH prévoit de poursuivre le projet dans le secteur des mines en 2007, en particulier dans des mines de cuivre à ciel ouvert du Nord du Chili. Le projet doit en outre être étendu aux prothésistes dentaires qui réalisent des moulages contenant de la silice, ainsi qu’aux tailleurs de pierre. Ces derniers sont particulièrement préoccupants pour l’ISP, car ils relèvent du secteur informel (entreprises familiales), n’ont pas d’assurance santé et n’ont qu’un accès limité aux services de santé.

Le NIOSH prévoit une troisième visite en 2007 (la première visite a eu lieu en août 2005), lorsque les mesures de prévention auront été mises en œuvre et fait l’objet d’une première évaluation par les employeurs participants dans le secteur minier. L’équipe du NIOSH se partagera en deux équipes en 2007 – l’une pour le secteur minier et l’autre pour les autres secteurs d’activité. Cette seconde équipe prévoit de visiter des ateliers de taille de pierre et des laboratoires dentaires. La mine de cuivre visée (Codelco) et les ateliers de taille de pierre (près de 1000 travailleurs) se situent à quelque 1400 km au nord de Santiago.

L’équipe du NIOSH qui s’est rendue au Chili comprenait Aaron Sussell (hygiéniste industriel), Faye Rice (épidémiologiste), Leo Blade (ingénieur spécialisé en hygiène industrielle), Jay Colinet (ingénieur des mines) et Andrew Cecala (ingénieur des mines). T.J. Lentz (hygiéniste industriel) et Custodio V. Muianga (doctorant de l’Université de Cincinnati) ont préparé la présentation sur le « control banding ».

Du 22 au 28 octobre 2006, une autre équipe du NIOSH s’est rendue à Santiago pour une coopération avec l’ISP dans le cadre d’un atelier de formation à la classification radiologique des pneumoconioses. Cette activité constitue un autre pan de l’initiative OIT/OMS/OPS pour l’élimination de la silicose aux Amériques. Vingt-quatre médecins chiliens ont assisté à cet atelier de cinq jours comprenant des sessions de formation pratique en petits groupes et des conférences sur les aspects juridiques, le dépistage, la reconnaissance, la pathologie, le management, l’assurance qualité, la surveillance et la prévention de divers types d’affections professionnelles liées aux poussières. Outre le personnel du NIOSH, l’enseignement était assuré par des spécialistes de l’Institut chilien de santé publique et de plusieurs hôpitaux chiliens. A l’issue de la formation, les participants ont passé un examen avec les spécialistes chiliens et ceux du NIOSH pour évaluer leurs compétences en matière de classification des radiographies de pneumoconioses, d’après le Système de classification international du BIT.

L’équipe du NIOSH était constituée d’Anita Wolf (analyste en santé publique), Lee Petsonk (médecin) et Jack Parker (médecin).

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L’élimination de la silicose passe par la prévention. La coopération internationale, dont ce partenariat entre les Etats-Unis et le Chili constitue un exemple, est un gage essentiel de réussite.

Le lancement de Silica Essentials

Colin Davy, Health & Safety Executive (HSE)Bootle, Royaume-Uni ([email protected])

Le 1er octobre 2006, la Health and Safety Commission (HSC) a abaissé la valeur limite d’exposition (VEL) à la silice cristalline respirable (SCR) à 0,1 mg/m3 (valeur moyenne pondérée sur 8 heures). En Grande-Bretagne, la réglementation relative à la prévention de l’exposition aux substances dangereuses pour la santé (Control of

Substances Hazardous to Health, COSHH) spécifie que la prévention n’est adaptée que si les règles de bonne pratique relatives à la maîtrise de l’exposition (COSHH, annexe 2A) sont appliquées et qu’aucune valeur limite d’exposition n’est dépassée. Les règles de bonne pratique de l’annexe 2A sont génériques, et s’appliquent à toutes les substances présentant des risques pour la santé. Pour aider les petites entreprises à appliquer ces règles au cas par cas, le HSE a élaboré des fiches de prévention (Control Guidance Sheets, CGS) intégrant ces principes et décrivant les mesures à mettre en œuvre pour une prévention appropriée. Ces CGS sont réunies dans un support appelé COSHH Essentials, disponible gratuitement sur Internet (http://www.coshh-essentials.org.uk/). Avec ce type d’outil, le HSE entend aider les employeurs à choisir et à mettre en œuvre des mesures de prévention adaptées pour réduire l’exposition à la SCR.

Pour accompagner l’adoption de la nouvelle valeur limite, le HSE a rédigé un guide de bonne pratique, « Silica Essentials », disponible à l’adresse www.hse.gov.uk/pubns/guidance/gseries.htm. Ce guide fournit des indications simples pour les tâches comportant des expositions élevées dans les secteurs d’activité classiques. Son élaboration a exigé un travail considérable, car la silice est utilisée dans un très grand nombre de secteurs. Il fallait donc rédiger des règles de prévention pour le bâtiment, le travail de la pierre (carrières, fabrication d’ardoises, maçonnerie), la fonderie, le secteur des briques et réfractaires, avec des activités exposant aux poussières comme le forage, le fendage manuel ou le polissage de roche, le sablage, le moulage de tuiles, etc. Le guide fournit en outre des indications générales sur des sujets tels que l’évaluation de risque, le nettoyage en présence de poussières de silice et la surveillance médicale. Plus de 60 fiches ont été réalisées au total. Les représentants britanniques des secteurs d’activité concernés ont été associés à la conception du guide. Cette expérience a incité leurs homologues européens à rencontrer des représentants des Syndicats européens, dans le cadre du Dialogue Social Européen, pour concevoir un guide de bonne pratique basé sur le format du document « Silica Essentials ».

Les membres de cette plate-forme de négociation multisectorielle sur la silice (Negotiation Platform on Silica, NePSi) ont signé un Accord sur la protection de la santé des travailleurs par l’observation de bonnes pratiques lors de la manipulation et de l’emploi de la silice cristalline et des produits en contenant, qui a pris effet le 25 octobre 2006. Cet accord vise à améliorer la protection contre l’exposition à la SCR pour plus de deux millions de travailleurs employés par les secteurs signataires dans l’Union Européenne. Bien que les guides élaborés soient basés sur le document Silica Essentials, le domaine traité a été considérablement élargi, pour inclure, dans certains secteurs, presque toutes les tâches effectuées, des recommandations étant également données sur le monitorage des poussières, la surveillance médicale, la formation et la recherche.

Cet accord a été signé par 13 organisations d’employeurs et 5 organisations de salariés et sera révisé tous les deux ans. Aux termes de l’accord, employeurs, salariés et représentants des travailleurs entendent faire ensemble tout leur possible pour la mise en œuvre de bonnes pratiques de prévention sur le terrain.

Les fiches NePSI peuvent être téléchargées en cliquant sur le lien correspondant du site de l’IMA : http://www.ima-eu.org. Un guide de l’utilisateur en anglais et français est disponible au chapitre « User Guide » sur l’Extranet (à gauche dans le menu).

Un nom d’utilisateur et un mot de passe seront demandés à l’utilisateur. Pour les obtenir, s’adresser à Valentine Poot Baudier ([email protected]). Les lecteurs sont toutefois invités à visiter le site en utilisant le nom et le mot de passe du signataire (nom d’utilisateur : CDavy. Mot de passe : DX01DX).

La silicose et sa prévention dans les petites unités de production de silice broyée en Inde

LJ Bhagia1, Rajnarayan R Tiwari2, YK Sharma3, HN Saiyed4

1, 2 Directeur de recherche ; 3, Directeur adjoint ; 4, Ancien directeurNational Institute of Occupational Health, Ahmedabad, Inde

Centre Collaborateur OMS en santé au travail

Adresse de correspondance :Dr. HN Saiyed, STP-SDE/OEHWHO Regional Office for South East AsiaWorld Health House, Indraprastha EstateMahathma Gandhi Marg, New Dehli – 110002, [email protected]; [email protected]

Introduction

La « silice cristalline » ou « quartz » est la substance fibrogène la plus puissante existant à l’état naturel. Sa présence est ubiquitaire. Les poussières de silice ne délivrent aucun signal d’alarme, car elles sont dépourvues de goût et d’odeur, et non irritantes. De grandes quantités de poussières peuvent donc être inhalées par les travailleurs sans qu’aucun signe ne les mette en garde. Le potentiel de danger des poussières de silice peut être évalué par comparaison des valeurs limites d’exposition aux polluants atmosphériques pondérées sur 8 heures, établies par l’Occupational Safety and Health Administration (OSHA) (1) (tableau 1) pour des substances telles que les composés de l’arsenic (en As), le benzène, le monoxyde de carbone, les sels de plomb (en Pb), le dioxyde de soufre, le fluorure d’hydrogène ou les poussières de charbon.

Tableau 1 : Valeurs limites d’exposition à certains polluants atmosphériques courants en milieu de travail, établies par le Ministère du travail des Etats-Unis, OSHA.

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Pierre de quartz

Concasseur à mâchoires Broyeur à marteaux

Poussière de silice

Tamis vibrant

Substances Valeurs limites d’exposi-tion (mg/m3 d’air)

Composés de l’arsenic (en As) 0,01Benzène 3,19Monoxyde de carbone 55Sels de plomb (en Pb) 0,05Dioxyde de soufre 13Fluorure d’hydrogène 2,45Poussières de charbon 2,4Silice cristalline 0,1

Source : http://www.osha.gov (dernière consultation : 19 janvier 2006)

La silice broyée est utilisée pour fabriquer du verre et des céramiques haute qualité, comme produit de nettoyage par abrasion, comme charge inerte dans l’industrie du caoutchouc ou des peintures, dans la fabrication de dentifrice, poudre à récurer, savons abrasifs, dans la filtration chimique, le polissage des métaux (2, 3), etc. Le broyage de la silice fournit donc la matière première d’un grand nombre d’industries. Cette activité existe dans les pays développés comme dans les pays en développement. En Inde, la farine de silice est produite par de petites entreprises. On trouve ce type de production dans tous les Etats du pays. Le nombre total de salariés de ces entreprises n’est pas connu. Des cas de silicose sont rapportés de façon sporadique chez les travailleurs des ateliers de broyage (4, 5).

Le processus de fabrication

La figure 1 indique les différentes étapes de la production de poudre de silice à partir de pierre de quartz. La première étape du processus consiste à casser les pierres en fragments plus petits dans un concasseur à mâchoires alimenté manuellement. Ces fragments sont amenés par bande transporteuse à un broyeur à marteaux ou désintégrateur, via une trémie. Dans le broyeur à marteaux, les pierres sont broyées pour obtenir un granulat grossier qui est transporté par un élévateur à godets jusqu’à un crible rotatif, pour une première séparation par tamisage. Les pierres qui ne passent pas dans les mailles du tamis sont renvoyées au broyeur à marteaux par un transporteur à bande. Le produit sortant du crible est débarrassé du fer par un séparateur magnétique, puis soumis à un nouveau tamisage à travers un tamis vibrant pour obtenir des fractions de différentes tailles correspondant aux demandes de l’industrie. Le produit final est ensaché manuellement et conditionné pour le transport.

Figure 1 : Processus de fabrication d’un atelier classique de broyage de silice.

Nota : Travail physique pénible à modérément pénible, nettoyage insuffisant et dégagement de poussière de silice directement dans l’environnement de travail.

Sources de poussières en suspension

Les poussières présentes dans l’atmosphère sont générées à toutes les étapes du processus de travail. Cependant, l’exposition des travailleurs est maximale à proximité du concasseur à mâchoires, lors de l’alimentation en pierre de quartz, à proximité du broyeur à marteaux et durant l’ensachage et le conditionnement à proximité du tamis vibrant. L’exposition aux poussières intervient aussi lors des opérations de maintenance et de nettoyage. Des fuites peuvent être à l’origine d’une forte exposition des travailleurs (figure 1). Le défaut de nettoyage est la principale source de contamination de l’atmosphère de travail. Les travailleurs interviennent dans l’alimentation du concasseur à mâchoires, le remplissage et le transport des sacs de farine de silice ainsi que le nettoyage et la maintenance.

Etat de santé des travailleurs

La fabrication de farine de silice est un travail dont la pénibilité physique est modérée à élevée. Il est donc peu probable qu’un travailleur atteint de silicose exerce cette activité (effet « travailleur en bonne santé »). Qui plus est, la plupart des travailleurs sont employés sur la base de contrats à durée déterminée. Il est donc peu probable qu’une étude transversale des travailleurs en activité fournisse un tableau réaliste.

En 2003, les journaux ont fait état d’un grand nombre de décès attribués à la silicose chez des villageois qui avaient travaillé dans les entreprises de broyage de silice dans le passé. Sur la base de ces allégations, une pétition a été adressée par une organisation non gouvernementale (ONG) à la cour suprême de Gujarat. La cour suprême a ordonné au National Institute of Occupational Health (NIOH), à Ahmedabad, de procéder à des examens médicaux chez les anciens travailleurs des entreprises de broyage de silice et de lui soumettre un rapport. Des cas de silicose sont rapportés sporadiquement chez les travailleurs des entreprises de broyage de silice en Inde.

L’ONG a présenté 218 anciens travailleurs de la silice à l’examen médical. Le diagnostic de silicose était fondé sur l’anamnèse de l’exposition et sur des signes typiques d’opacités nodulaires à la radiographie thoracique. La Classification internationale des radiographies de pneumoconioses du BIT (1980) était utilisée pour identifier les cas de silicose.

91 sujets (41,7 %) présentaient des opacités supérieures à 1/1, 12 (5,5 %) présentaient des symptômes de tuberculose à la radiographie thoracique, et 115 (52,8 %) avaient des radiographies thoraciques normales. Sur les 91 sujets présentant des opacités, 39 (17,9 %) avaient la silicose et 52 (23,9 %) une silicotuberculose. Sur les 39 sujets silicotiques, 16 (41,0 %) appartenaient à la classe d’âge des 30-39 ans et 12 (30,8 %) avaient de 20 à 29 ans. De façon similaire, sur les 52 cas de silicotuberculose, 19 (36,5 %), 17 (32,7 %) et 15 (28,8 %) appartenaient respectivement aux classes d’âge de 30 à 39, 20 à 29 et 40 à 49 ans. Cependant, la majorité des cas de tuberculose appartenaient à la classe d’âge de 30 à 39 ans (58,3 %). Près de 90 % des sujets avaient travaillé pendant moins de cinq ans. En résumé, il y avait une prévalence élevée de silicose et de silicotuberculose chez les anciens salariés des entreprises de broyage de silice, en dépit

d’une très courte durée d’activité. Les investigations ont été complétées par une étude d’hygiène industrielle menée dans trois entreprises de broyage de silice. Les résultats de cette étude sont présentés dans ce qui suit.

Etude d’hygiène industrielle

Une étude d’hygiène industrielle a été conduite dans trois entreprises types fabriquant de la farine de silice. Elle consistait à prélever des échantillons de poussières respirables à l’aide d’échantillonneurs individuels (de la marque SKC, Etats-Unis) avec des cyclones ayant un débit d’air de 2 litres par minute, en trois emplacements : concasseur, broyeur à marteaux, tamis vibrant et ensachage. La teneur en quartz de ces échantillons était analysée par spectroscopie infrarouge à transformée de Fourier (5), en utilisant des matériaux de référence standard fournis par le National Institute of Standards and Technology (NIST, Etats-Unis) (6).

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Comme le montre le tableau 2, les concentrations de poussières respirables étaient de l’ordre de 1,8-14,0 mg/m3 près du concasseur à mâchoires, 3,4-46,7 mg/m3 près du broyeur à marteaux et 4,2-50,3 mg/m3 près du poste de tamisage et d’ensachage dans les trois entreprises. Il faut signaler que l’entreprise C se caractérisait par des insuffisances en matière de nettoyage, et des exemples de fuites étaient observés (voir la figure 1). Cette entreprise présentait d’ailleurs des niveaux d’empoussièrement nettement plus élevés que les deux autres. La teneur en quartz était de l’ordre de 49,91 ± 12,02 % (n = 20). La valeur limite d’exposition aux termes de l’Indian Factories Act (8) est de 0,19 mg/m3 pour une teneur en quartz de 49,91 %.

Mesures de prévention de l’empoussièrement

Nos recommandations ont conduit à mettre en œuvre des mesures de

lutte contre les poussières dans les trois entreprises. Le tableau 3 décrit les changements apportés à la suite de ces recommandations. Les mesures de prévention mentionnées, à l’exception de celles concernant le concasseur à mâchoires, ont été appliquées dans quinze entreprises. Celles qui concernaient le concasseur à mâchoires n’ont été appliquées que dans une entreprise. Nous avons procédé à une nouvelle étude d’hygiène industrielle dans les trois mêmes entreprises après la mise en œuvre des mesures. Le tableau 2 et la figure 2 décrivent les mesures appliquées au concasseur à mâchoires, au broyeur à marteaux, au tamis rotatif et au tamis vibrant. Le tableau 2 et la figure 3 permettent de comparer les concentrations de poussières respirables avant et après l’installation des dispositifs de prévention de l’empoussièrement.

Figure 2:

Mesures de réduction de l’empoussièrement mises en œuvre selon les recommandations du NIOH (pour plus de précisions, voir le tableau 3).

Tableau 2. Concentrations de poussières respirables avant et après la mise en œuvre des mesures techniques de prévention

Site A B CAvant Après Réduction

%

Avant Après Réduc-tion %

Avant Après Réduc-tion %

Concasseur 3,5 ± 1,2

(5)

0,9 ± 0,6

(6)

73,2 1,8 ± 1,1

(6)

- - 14,0 ± 13,7

(6)

_ _

Désinté

grateur

17,6 ± 9,9

(4)

2,5 ± 1,6

(4)

89,7 3,4 ± 0,9

(6)

1,6 ± 0,6

(6)

52,4 46,7 ± 7,4

(6)

7,5 ± 1,9

(4)

83,9

Tamisage/

ensachage

10,7 ± 4,5

(5)

1,6 ± 0,6

(4)

85,2 4,2 ± 0,9

(6)

2,6 ± 0,5

(4)

37,7 50,3 ± 8,4

(3)

6,6 ± 4,1

(6)

86,8

Les chiffres entre parenthèses indiquent le nombre d’échantillons.

Tableau 3 : Mesures de réduction de l’empoussièrement dans les entreprises de broyage de silice

Processus Mesures de réduction de l’empoussièrementAvant Après

Concasseur à mâchoires Enceinte de protection au niveau du cône de chargement.

Extracteur avec filtre à manches (une seule entreprise).

Broyeur à marteaux Deux conduits reliés à un extrac-teur via deux réservoirs.

Aucun changement.

Elévateur à godets Aucune mesure. Enceinte de protection le long ou au sommet de l’élévateur à godets.Crible rotatif Aucune mesure. Enceinte de protection et dispositif d’extractionTamis vibrant Aucune mesure Surélévation du vibrateur et recueil automatique du produit final, réduisant

l’exposition de 8 heures à 1 heure.Cheminée Rejet des poussières dans l’envi-

ronnement.Mise en place de filtres à manches à jet d’air pulsé à contre-courant pour éviter la pollution de l’air.

Concasseur à mâchoires

Tamis vibrant et

ensachageCrible rotatif

Broyeur à marteaux

T h e G l o b a l O c c u p a t i o n a l H e a l t h N e t w o r k 15

On a constaté qu’après toutes ces mesures, les niveaux d’empoussièrement étaient encore nettement supérieurs aux niveaux admissibles fixés par l’Indian Factories Act (8). Une revue de la littérature a montré que des problèmes similaires signalés aux Etats-Unis depuis le début des années 1980 (9) avaient été résolus par des efforts conjoints de l’industrie et du National Institute of Occupational Health and Safety (NIOSH). Un projet collaboratif international sur l’évaluation de la faisabilité de dispositifs de prévention pour les petites unités de fabrication de farine de silice en Inde a été mis en place en collaboration avec le professeur Scott Clark, de l’Université de Cincinnati, et le Dr Cecala. Dans ce cadre, l’un de nous (LJB) s’est rendu aux Etats-Unis où il a visité trois unités de broyage de silice et étudié, avec des collègues américains, les dispositifs de réduction de l’empoussièrement et les mesures de nettoyage mises en œuvre dans ces installations. Un Atelier sur les méthodes pratiques de prévention de l’exposition aux poussières de silice a été organisé à Beawar (Inde) les 17-18 janvier 2006, auquel ont participé toutes les parties prenantes, en particulier les associations de propriétaires d’installations de broyage, des représentants du ministère du travail (notamment le ministre du travail de l’Etat) et des représentants des travailleurs du Gujarat et du Rajasthan. Les Etats-Unis étaient représentés par le Dr Scott Clark, le Dr Carol Rice, de l’Université de Cincinnati, et M. Andrew Cecala, du NIOSH. Il a été décidé à l’unanimité lors de l’atelier d’adopter des mesures de lutte contre les poussières telles que le capotage des installations, la mise en œuvre d’une ventilation par extraction localisée avec des filtres à manches, l’utilisation de méthodes de nettoyage par voie humide, l’inspection et la maintenance des systèmes d’extraction à intervalles réguliers et un nettoyage scrupuleux. Les autres mesures comprenaient la fourniture d’équipements de protection individuelle, une surveillance périodique de l’environnement de travail et de la santé des travailleurs, l’éducation des travailleurs et un suivi régulier.

Au cours de l’Atelier, l’un des employeurs s’est déclaré volontaire pour concevoir une usine modèle. Cette usine est fondée sur les recommandations ci-dessus. Elle devrait être opérationnelle d’ici à la fin de l’année. Un Atelier de suivi a été prévu pour début janvier 2007.

Notre expérience montre la nécessité d’une collaboration internationale. Nous envisageons en outre de contribuer au développement de la trousse à outils consacrée à la prévention de l’exposition aux poussières dans les petites entreprises fabriquant de la farine de silice. Nous souhaiterions partager notre expérience avec d’autres pays confrontés à des problèmes similaires et développer une collaboration avec ces pays. Les Centres Collaborateurs OMS en santé au travail, notamment, sont cordialement invités à se joindre à nous.

Figure 3 : Niveaux moyens (± ETM) de poussières en suspension avant et après l’intervention.

Nota : Seule l’entreprise « a » a mis en œuvre des mesures de réduction de l’empoussièrement au niveau du concasseur à mâchoires.

Le Programme National pour l’Elimination de la Silicose au Brésil (PNES-B)

Eduardo Algranti1, Bernardo Bedrikow2, Fátima Sueli Neto Ribeiro3, Ana Maria Tibiriça Bon1, Alcinéia M. Santos1, Maria Margarida T. Moreira Lima1, Zuher

Handar4.1. FUNDACENTRO, FUNDACENTRO/Département de médecine, São Paulo, Brésil (eduardo@fundacentro.

gov.br)2. Consultant NPES-B ; 3. Université d’Etat de Rio de Janeiro ;

4. Consultant OIT/Brésil pour le PNES-BCentre Collaborateur OMS en santé au travail

La silicose est la pneumoconiose dont la prévalence est la plus élevée au Brésil. Dans le secteur formel, on estime que deux millions de personnes sont exposées à la silice pendant 30 % de leur temps de travail, en particulier dans les secteurs d’activité suivants : industrie de la construction, mines, transformation de minéraux non métalliques et métallurgie (1). Le secteur informel représentant actuellement plus de 50 % du marché du travail, le nombre réel de travailleurs exposés est certainement plus élevé. La valeur limite d’exposition à la silice est de l’ordre de 0,1 mg/m3 pour une durée de travail hebdomadaire de 48 heures (2) et des dispositions sont prises pour un dépistage médical périodique (3). En concordance avec le programme proposé à la fois par l’Organisation internationale du travail et l’Organisation mondiale de la santé, le Programme national pour l’élimination de la silicose au Brésil (PNES-B) a été lancé en 2002 pour réduire l’incidence de la silicose d’ici à 2015 et l’éliminer en tant que problème de santé publique d’ici à 2030.

Population exposée

Les données présentées ici expriment l’exposition à la silice cristalline dans certains secteurs de l’économie à travers une matrice emploi-exposition, en mettant en corrélation 23 secteurs d’activité et 347 groupes professionnels et en appliquant cette grille aux données annuelles sur la main-d’œuvre enregistrées dans une banque de données nationale (RAIS) (1). Cette matrice visait à estimer l’exposition par le biais d’évaluations individuelles réalisées par des experts compte tenu de la fréquence (durée) hebdomadaire d’exposition à la silice.

En 2001, le registre RAIS recensait 36 899 420 travailleurs dans le secteur formel, dont 38 % de femmes et 62 % d’hommes (sur une population active de 83 286 219 personnes dont 42 % de femmes et 58 % d’hommes). 2 065 935 travailleurs (5,6 %) ont été classés comme certainement exposés à la silice. Ces chiffres dépassent ceux de la Finlande (3,8 %), de la République Tchèque (3,4 %), de l’Autriche (3,1 %), de l’Estonie, l’Allemagne, la Grèce et l’Irlande (près de 3 %) et du Costa Rica (2,1 %) (cité in 1).

Les hommes sont généralement plus exposés au risque, ce qui s’explique par la présence d’un plus grand nombre d’hommes que de femmes dans les professions et les activités économiques comportant une exposition à la silice. Sept secteurs réunissant 35 % des salariés hommes représentent 99 % des hommes exposés à la silice. Ces mêmes secteurs représentent 14 % des femmes salariées et 98 % des femmes exposées (tableau 1).

Niv

eaux

moy

ens e

n m

g/m

3 d’

air

Avant l’interventionAprès l’intervention

Broyeur à marteaux Ensachage Concasseur

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TABLEAU 1. Travailleurs certainement exposés à la silice, par genre et secteur d’activité. Brésil, 2001.

Hommes FemmesSecteur d’activité

Salariés Exposés % Salariées Exposées %Services techniques et administratifs

2 978 415 70 522 2,4 1 318 303 1 505 0,1Agriculture 1 759 537 74 984 4,3 295 320 582 0,2Construction 2 103 613 1 432 309 68,1 124 246 15 589 12,6Industries du caoutchouc, du tabac et du cuir

218 399 5 287 2,4 99 491 3 101 3,1Industrie d’extraction de minéraux

135 103 85 526 63,3 12 251 1 469 12,0Industrie des minéraux non métalliques

330 666 186 954 56,5 40 239 17 373 43,2Métallurgie 583 703 143 553 24,6 70 296 13 324 19,0Autres secteurs 14 740 490 12 974 0,1 12 089 348 883 0,0Total 22 849 926 2 012 109 8,8 14 049 494 53 826 0,7

Les chiffres ne sont pas connus pour le secteur informel, mais des données suggèrent que les cas de silicose tendent à être plus graves dans ce secteur que dans le secteur formel (4).

Données épidémiologiques sur la silicose au Brésil

Les données sur la silicose au Brésil comprennent les nombres de cas inventoriés, la prévalence et les cas estimés dans le pays. Bien qu’une part des données n’ait pas été publiée, on dispose d’informations provenant de plusieurs régions. Le tableau 2 reprend les résultats d’une série d’études. Le registre de cas le plus important est celui des mines d’or de l’Etat de Minas Gerais, où 4500 cas ont été diagnostiqués (Silveira A., communication personnelle).

TABLEAU 2 : Sélection de données brésiliennes sur la silicose

Secteur d’activité Ref Concep-tion de l’étude

Nombre de travailleurs

%*

Industrie urbaine 6 Descriptive ? 278 (c)

Carrières 7 Transver-sale

200 3,5 % (p)

Général 5 Prévalence (-) 30 000 (e)

Céramique 8 Transver-sale

4 000 3,9 % (p)

Réparation de pneus 9 Transver-sale

85 13,7 % (p)

Creusement de puits 10 Transver-sale

687 21,3 % (p)

Général (céramique principalement)

11 Descriptive (-) 818 (c)

Construction et réparation navale

12 Transver-sale

728 23,6 (p)

Carrières 13 Transver-sale

447 16,5 % (p)

Général (mines principa-lement)

4 Descriptive 300 126 (c)

*c = nombre de cas décrits e = nombre de cas estimés p = prévalence

La seule estimation des cas de silicose publiée au Brésil concernait des malades hospitalisés pour une tuberculose. Sur 3440 patients soignés en sanatorium dans la région du Sud-Est du pays, l’auteur a pu reconstituer l’anamnèse professionnelle et diagnostiquer une silicotuberculose dans 119 cas. A partir des chiffres relatifs à l’incidence de la silicotuberculose provenant d’un registre de ces cas à São Paulo et du nombre total de patients tuberculeux admis en sanatorium en 1977, l’auteur a estimé à 30 000 le nombre de cas de silicose dans le pays (5).

Programme national d’élimination de la silicose

Le programme OIT/OMS vise à promouvoir la mise en place de programmes nationaux pour l’élimination de la silicose, afin de réduire considérablement l’incidence de la maladie d’ici à 2015 et d’éliminer la silicose comme problème de santé publique d’ici à 2030.

En avril 2004, des conventions bilatérales (Memoranda of Understanding – MoU) ont été signées par le FUNDACENTRO et les Ministères du Travail et de l’emploi, de la Santé, des Affaires sociales, le Ministère de la Justice et l’OIT/Brésil, dans le but de promouvoir le programme. Un cadre institutionnel et politique a ainsi été créé pour la mise en œuvre du programme PNES-B. Ce programme définit quatre lignes d’action prioritaires :

Politiques gouvernementales et législation,•

Information et banques de données,•

Elaboration et production de supports techniques,•

Recherche appliquée.•

Structure du programme

Le programme PNES-B implique une coopération et une participation du gouvernement, représenté par les ministères, et de toutes les institutions signataires de MoU. Un Groupe de gestion comprenant un membre de chacune des institutions signataires et des consultants et responsables des Groupes Sectoriels suivants anime le programme :

Mines et traitement des minéraux•

Céramique et verre•

Métallurgie•

Industrie de la construction•

Les Groupes Sectoriels ont été mis en place pour assurer une bonne application des actions inscrites au PNES-B et la prise en compte des particularités de chaque secteur, rendant ainsi possibles les adaptations nécessaires, dans la mesure où l’exposition à la silice présente des caractéristiques distinctives selon les secteurs. Chaque GS a son responsable, qui est chargé de la coordination des activités au sein de chaque groupe.

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L’un des objectifs des Groupes Sectoriels est de créer des forums tripartites dans les domaines où un problème est identifié et, à partir d’études de cas, de suivre les lignes d’action décrites plus haut. Participent aux forums des représentants des salariés, des employeurs et des pouvoirs publics, mais aussi dans bien des cas d’autres institutions comme les universités ou les ONG. Eu égard aux obstacles que constituent notamment la taille du pays, le grand nombre de travailleurs exposés à la silice, les difficultés d’accès à l’information dans les régions, le manque d’éducation, les insuffisances des services publics en général, etc., nous pensons que les efforts doivent être concentrés prioritairement sur la mise en place d’accords sectoriels.

Financement

Le financement du PNES-B est planifié sur le budget annuel des institutions signataires, ainsi qu’au travers d’activités et/ou de projets relevant du domaine d’action du PNES-B. Il est donc nécessaire que chaque année, les institutions avancent leurs propositions, dans le cadre de leur structure budgétaire.

Progrès enregistrés

Peu avant le lancement du PNES-B, un site Internet intitulé Silica e Silicose (www.fundacentro.gov.br/silicaesilicose) a été ouvert dans le but de diffuser des données scientifiques sur l’exposition à la silice, constituant une source d’information sur le programme et un outil de communication pour la communauté.

Deux autres buts ont été poursuivis : 1) la mise en place d’une infrastructure institutionnelle et politique pour soutenir le PNES-B, via la signature de MOU avec les Ministères du Travail et de l’emploi, de la Santé, des Affaires sociales et le Ministère de la Justice, ainsi qu’avec l’OIT Brésil 2) la consolidation de forums tripartites sectoriels pour discuter d’actions spécifiques dans les quatre secteurs d’activité visés.

En octobre 2006, quatre forums avaient été créés dans les secteurs suivants : marbre et maçonnerie, construction, carrelage et prospection/taille de pierres précieuses. Hormis ce dernier, qui vient juste d’être créé, ces forums se sont réunis périodiquement pour débattre de leurs programmes d’activités, résultats et propositions, afin de définir des mesures de prévention de l’exposition aux poussières dans les secteurs concernés.

En octobre 2004, le Ministère du Travail et de l’emploi a adopté des dispositions réglementaires interdisant l’usage de sable comme agent de décapage sur tout le territoire du Brésil. D’autres avancées législatives interdisant le polissage à sec dans le secteur du marbre et de la maçonnerie entreront bientôt en vigueur.

Dans la région des Amériques, sous l’impulsion du Plan de travail mondial des Centres Collaborateurs OMS en santé au travail (2006-2010), des projets coopératifs en partenariat avec d’autres Centres Collaborateurs OMS (ISP au Chili et NIOSH aux Etats-Unis) mettent l’accent sur la formation des ressources humaines et la généralisation des méthodes de « control banding ».

Remarques finales

La silicose demeure la pneumoconiose la plus répandue au Brésil. Bien que les chiffres évoqués quant au nombre de travailleurs exposés soient impressionnants, les estimations restent incomplètes, la principale source de données sur l’exposition professionnelle émanant du seul secteur formel et prenant en compte la fréquence de l’exposition, mais pas le niveau de risque.

Nous pensons qu’en dépit du fait que les réalités sociales et économiques actuelles reflètent une situation complexe en ce qui concerne les principaux problèmes de santé au travail, le Brésil possède des institutions en mesure de promouvoir la mise en œuvre d’un programme aussi ambitieux que le PNES-B. De réelles possibilités s’offrent pour faire progresser certains axes prioritaires du programme et en démultiplier les résultats, notamment grâce aux éléments suivants :

initiation, dans chaque ministère concerné par la santé au travail, d’actions spécifiques faisant appel à des synergies et à des partenariats.

amélioration des actions relatives à la santé au travail, dans le Secteur santé, grâce à la mise en place d’un système de suivi des pathologies professionnelles et à la multiplication des centres de référence.

intérêt croissant du système de sécurité sociale pour une meilleure évaluation des affections professionnelles, une amélioration et une diffusion des statistiques relatives aux prestations et une amélioration du système d’information de la sécurité sociale.

Dans ce contexte, le PNES-B constitue un protocole d’action concret pour la prévention de la silicose. Il est clair, cependant, que pour un programme nécessitant un tel investissement en travail et en moyens humains, l’intérêt des politiques est essentiel, la structure du PNES-B s’appuyant sur les institutions du gouvernement fédéral. Il importe notamment que les équipes et les interventions soient renouvelées et actualisées, autant de facteurs qui peuvent avoir une incidence décisive sur l’orientation de l’action et la réalisation des objectifs.

Autres articles :African Newsletter on Occupational Health & Safety, vol. 16, n° 3, déc. 2006. www.ttl.fi/Internet/English/information/Electronic+journals/African+Newsletter/

Action on silica, silicosis and tuberculosis. A project of Work and Health in Southern Africa (WAHSA). D. Rees, J. Murray, A. Swanepoel, C. Nogueria South Africa.

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Présentation des références

On trouvera ci-dessous un exemple du style à utiliser :1. Herbert R, Gerr F, Dropkin J. Clinical Evaluation and Management of Work-

Related Carpal Tunnel Syndrome. Am J Ind Med 2000 37:62. 2. Pelmear PL. Hand-Arm Vibration Syndrome. An Overview. In: Hand Arm

Vibration Syndrome. HHSC Handbook No. 24. 1999. P 2. 3. Piligian G, Herbert R, Hearns M, Dropkin J, Lansbergis P, Cherniak M.

Evaluation and Management of Chronic Work-Related Musculoskeletal Disorders of the Distal Upper Extremity. Am J Ind Med 2000 37:75.

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