Le reveil des combattants juin 2014

32
LA FRANCE POPULAIRE DÉCROCHE… QUI S’EN SOUCIE ? TROIS ANS APRÈS L’INTERVENTION : LE CAUCHEMAR LIBYEN DÉBARQUEMENT EN PROVENCE DES COMBATTANTS l e réveil Pour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix Juin 2014 - N°804 - 5 www.le-reveil-des-combattants.fr Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre LA RESTRUCTURATION DU TERRITOIRE ? Une atteinte à la démocratie républicaine, à la conception de la Nation LA RESTRUCTURATION DU TERRITOIRE ? Une atteinte à la démocratie républicaine, à la conception de la Nation

description

 

Transcript of Le reveil des combattants juin 2014

Page 1: Le reveil des combattants juin 2014

LA FRANCE POPULAIRE

DÉCROCHE… QUI S’EN SOUCIE ?

TROIS ANS APRÈSL’INTERVENTION :

LE CAUCHEMAR LIBYEN

DÉBARQUEMENT EN PROVENCE

DES COMBATTANTSle réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

Juin 2014 - N°804 - 5 €

www.le-reveil-des-combattants.fr

Le journal des droits de tous les anciens combattants et victimes de guerre

LA RESTRUCTURATION DU TERRITOIRE ?

Une atteinte à la démocratie républicaine,

à la conception de la Nation

LA RESTRUCTURATION DU TERRITOIRE ?

Une atteinte à la démocratie républicaine,

à la conception de la Nation

Page 2: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 20142 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

L es réformes territoriales de la France métropolitaine voulues par le Président de la République qui ne sont autres que l’application directe des directives, appelées « recommandations », de la Commis-sion européenne du 2 juin 2014, constituent une véritable destruction de l’organisation de notre vie nationale. En effet, la structuration administrative, économique et politique de notre pays prend ses

racines dans une longue évolution, une évolution pluriséculaire que sanctionna en premier lieu l’Assemblée constituante, le 15 janvier 1790, par la création des départements divisés en districts appelés plus tard cantons, le tout donnant naissance durant les dernières décennies du XXe siècle à la création des régions, s’appuyant sur les anciennes provinces de France.Ces structurations reposent sur l’orientation collective de la vie nationale exprimée par la devise « Liberté, Égalité, Fraternité » à tous les niveaux de cette vie nationale dans le but de répondre aux exigences concrètes du peuple par des liens de proximité avec ses élus ayant en charge de les mettre en œuvre. C’est ainsi que les départements sont devenus les échelons économiques et sociaux de la vie du pays, qu’il s’agisse du fonction-nement des services déconcentrés de l’État comme les DDE ou les DDASS ou les codes postaux, les numéros de Sécurité sociale, les plaques d’immatriculation des véhicules, etc.Les réformes territoriales présentées par le Président de la République provoqueraient, si elles étaient appli-quées, une rupture complète de notre fonctionnement démocratique et républicain. Ce serait le reniement de l’apport séculaire de nos aînés au fonctionnement de la République. Les nouvelles régions et administrations de remplacement ne pourraient pas s’appuyer sur la sève qu’il leur viendrait de leur passé puisqu’elles n’en n’auraient pas. Ce serait tarir les sources de la volonté collective et de la volonté politique qui font la cohésion sociale, la proximité, la politique du pays et l’existence de la Nation.Les nouvelles régions devenues territoires d’ampleurs diverses, sans passé et sans buts communs, entreraient en concurrence les uns avec les autres et le « chacun pour soi », instauré de ce fait, conduirait au renforcement des inégalités et par endroit au développement de la misère.Quant au financement de ces réformes, il n’est pas exagéré d’affirmer qu’il serait énorme, alors qu’aujourd’hui le Président et son gouvernement imposent au pays une austérité dévastatrice. Dans les faits, il n’y aura pas d’économie. Le risque sera surtout d’un blocage de la politique publique.En fait ce que veut la Commission européenne, non élue, à laquelle se soumet avec diligence le Président de la République, c’est une réorganisation économique et administrative de tous les pays d’Europe niant l’histoire des peuples et leurs souverainetés en vue d’ouvrir encore plus largement le champ d’intervention aux marchés financiers, aux banques et aux multinationales. La vie des êtres humains dans tout cela, il n’en est pas question.D’autres choix sont possibles, organisant le respect de chaque Nation et leur coopération dans le respect de leurs intérêts mutuels. L’ARAC tient à rappeler, avec Victor Hugo, que « le passé est une partie de nous-mêmes, la plus essentielle peut-être. Tout le flot qui nous porte, toute la sève qui nous vivifie vient du passé. Qu’est-ce qu’un arbre sans racine ? Qu’est-ce qu’un fleuve sans sa source ? Qu’est-ce qu’un peuple sans son passé ? » C’est sur la connaissance du passé que l’on construit l’avenir.L’ARAC, attachée à la nécessité d’une conscience collective historique constitutive de la Nation comme des régions et des départements, s’oppose à ce projet gouvernemental et réaffirme l’exigence de maintenir une chaîne historique réelle et effective pour la vie nationale. Ce n’est pas en désorganisant la France que l’on améliorera la vie des Françaises et des Français.

Le Bureau national de l’ARAC - Villejuif, le 17 juin 2014

Déclaration de l’ARAC

DÉMOCRATIE, SOUVERAINETÉ NATIONALE CONDAMNÉES PAR LA RÉFORME TERRITORIALE

Page 3: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 3

ÉDITO LE RÉVEIL

SOMMAIRE

P. 13 D O S S I E R

DÉBARQUEMENTEN PROVENCERÉTABLIR L’INFORMATION HISTORIQUE ET RENDRE HOMMAGE AUX COMBATTANTS

LE RÉVEIL DES COMBATTANTS Fondé en 1931 par Henri-Barbusse

Mensuel de l’Association républicainedes anciens combattants et victimes de guerre.Commission paritaire n° 0713-A 06545Édité par les Éditions du Réveil des CombattantsSARL au capital de 45 734,41 - Siret : 572 052 991 000 392, place du Méridien, 94807 Villejuif cedexTéléphone : 01 42 11 11 12Télécopie : 01 42 11 11 [email protected]

Tirage : 60 000 exemplaires

Gérant Directeur de la publication : Raphaël

Vahé Directeur délégué - Rédacteur en chef :

Patrick Staat Comité de Rédaction : Brigitte Ca-

névêt, Hervé Corzani, Jean-Pierre Delahaye, André

Fillère, Laurence Gorain Service photos : Jean-

Claude Fèvre Administratrice : Annick Chevalier

Secrétariat de rédaction, conception gra-

phique : Escalier D Communication Impres-

sion : RIVET P.E. - 24 rue Claude-Henri-Gorceix,

87022 Limoges cedex 9 Ce numéro contient

un encart jeté et une enveloppe T

Une multitude d’actions, de luttes, de grèves, touchant des hospitaliers, des person-

nels de santé, des enseignants, des cheminots, l’industrie pharmaceu-tique, les électriciens, des entre-prises de l’industrie, etc. voient le

jour, malgré l’intense bataille idéologique visant à faire passer les salariés pour des privilégiés comme actuellement avec les cheminots.Pourtant ces ouvriers, salariés, fonctionnaires ne cotisent pas à l’ISF. Chaque mois, eux, ils comptent pour joindre les deux bouts. L’ISF, pour l’année 2013, atteint des records : 5,3 milliards, mais ces privilégiés ont leurs relais dans les médias, des journalistes et chroniqueurs bien pensants qui passent le message : c’est la crise, il faut réduire les dépenses.Et comme si cela ne suffi sait pas, le gouvernement s’empresse de mettre en œuvre la dernière recom-mandation de la Commission européenne du 2 juin qui demande clairement d’aller plus loin dans l’austé-rité, et place la France sous tutelle d’une autorité supra nationale (non élue), la commission européenne, qui poursuit son dogme en mettant à genoux les peuples avec la politique d’austérité renforcée.Pourtant, ce dont a besoin notre économie, c’est de pouvoir d’achat pour relancer l’emploi et la croissance. Il faut réduire les inégalités, en prenant l’argent où il existe et il y en a beaucoup (voir pages intérieures).La Commission considère que la politique des restric-tions budgétaires et de libéralisation du marché n’est pas suffi sante. Elle exige de tailler dans la protection sociale, la Sécurité sociale, les différentes aides dont l’APL, les allocations familiales, le gel des retraites, la réforme du système d’allocations chômage. Elle estime que le coût du travail est trop élevé et cible le montant des salaires et le smic.Ce qui se passe est grave et inacceptable. La colère de chacun et légitime. Les Français ne se désintéressent pas de la politique mais ont le sentiment de ne pas être entendus, écoutés.Il est urgent d’œuvrer à ce que se rassemblent partout dans chaque commune, entreprise, département, les forces qui veulent en fi nir avec cette politique catas-trophique.L’ARAC en appelle aux initiatives qui permettront le rassemblement, le débat, la construction d’actions communes pour changer l’orientation de la France, pour rompre avec les politiques d’austérité qui nour-rissent le chômage, les précarités, la misère.Il y va de notre avenir, de celui de nos enfants.

DES LUTTES POUR CONSTRUIRE L’AVENIR DE LA FRANCE

Actualités La France populaire décroche : qui s’en soucie ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Retraites, prestations sociales, un recul du pouvoir d’achat . . . . 5Réforme des institutions territoriales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Que cachent les décisions de la BCE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8

International Irak : le chaos américain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Malaysia Airlines, détourné puis abattu ? . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9Trois ans après l’intervention, la Libye vit un cauchemar . . . . . . .10USA : l’empire contre attaque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11Les bulldozers de Tel-Aviv . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12

Vie de l’ARAC Réforme territoriale : déclaration de l’ARAC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21La vie des comités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Vos droits ONACVG : les syndicats sonnent l’alarme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28Conjoints survivants des grands invalides de guerre . . . . . . . . . . . . . 29Réforme territoriale : les ACVG en seraient aussi victimes. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Magazine p. 31

www.le-reveil-des-combattants.fr

Patrick Staat

Page 4: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 20144 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Depuis 2008, le niveau de vie des plus démunis diminue. Une crise qui alimente les tensions sociales, mais n’inquiète pas plus que ça les couches favorisées, dont les revenus conti-nuent à augmenter. « Ce décrochage de la France d’en bas est inédit » lit-on dans une note de l’Observatoire des inégali-tés, dont le directeur est Louis Maurin. « Depuis 2011, tout porte à croire que les plus pauvres se sont encore appauvris et les plus riches enrichis » écrit-il. Bien des catégories sont à l’abri de la crise. Elle ne frappe qu’une partie de la population : les plus modestes, déjà fragilisés par des décennies de chômage. Les jeunes, les ouvriers et les employés, la main-d’œuvre peu qualifi ée travaillant dans les petites entreprises du secteur privé et les immigrés sont en première ligne. Et pourtant, on entend essentiellement le bruit des couches aisées qui conti-nuent d’oser se plaindre d’être matra-quées par les impôts. Parmi les 30% des plus riches : on parle de 500 à près de 1 800 euros d’augmen-tation annuelle. Après 2008 et la crise financière « les cours des actions sont remontés rapidement. Or plus on va vers le haut et plus il s’agit de revenus du patri-moine », ce qui explique cette tendance,

nous précise-t-il, ajoutant que « les gros salaires augmentent aussi ». Chez les classes moyennes (au-delà des 40 % les plus pauvres et en-dessous des 30 % les plus riches), on oscille entre - 120 et + 241 euros (toujours par an). Enfi n les classes populaires, les 40 % du bas de l’échelle, perdent de 300 à 390 euros par catégorie. Cette France qui dé-croche a un visage : celle des employés et des ouvriers, qui ont perdu respec-tivement 500 et 230 euros par année entre 2008 et 2011, quand les cadres ont gagné 1 000 euros, soit un mois de travail d’un smicard. La réalité de 2014 est plus dégradée, mais elle n’est pas encore visible dans les statistiques de l’INSEE, connues avec deux années de retard. Louis Maurin est assez re-monté, d’abord contre la focalisation médiatique autour du ras-le-bol fi scal: les classes moyennes ne s’effondrent pas, remarque-t-il, elles sont plutôt en stagnation, et « ce sont les classes aisées qui ne veulent pas payer d’impôts » qui tiennent ce discours alarmiste. Selon lui, après des années de baratin sur la fi n des classes sociales, les médias ont renversé la balance et se sont entichés d'un nouveau thème, celui du déclas-sement des classes intermédiaires. Or,

on aurait pour lui plutôt affaire à une impression qu’à une réalité statistique, comme il l’écrit dans sa note : « Les classes moyennes ne sont pas “étranglées”, selon l’adage médiatique, leur situation n’est pas la plus difficile, mais cette sta-gnation constitue une rupture pour des catégories au cœur d’une société où l’on consomme toujours plus. » Pour l'auteur, la sensibilité à ces inégalités reste limi-tée : «Toute une partie des catégories favo-risées s'intéresse aux “questions sociétales” comme on dit, au “social business” ou aux sympathiques chartes de la diversité. Cela ne mange pas de pain. Elle s’occupe de l’orientation de ses enfants, de ses futurs congés ou de son alimentation bio, plus que de la situation des immigrés, des ouvriers qui travaillent à la chaîne, des caissières ou du fonctionnement de l’entreprise ou de l’école. Reste à attendre le moment où la contestation sera telle que ces milieux se sentiront vraiment contraints de redistri-buer, un peu, les cartes. »

L’Observatoire des inégalités, 26 mai 2014

La France populaire décrocheQui s’en soucie ?

Page 5: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 5

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

Pendant un an et demi, tous les retraités (15 millions), les foyers avec enfant (7 millions) et les bé-néficiaires d’aides au logement (6 millions) vont voir leur pouvoir d’achat reculer. La prochaine reva-lorisation des prestations sociales n’interviendra pas avant dix-huit mois.

Une mesure d’économies sans précé-dent. Aucun gouvernement ne l’avait fait jusqu’à présent. Manuel Valls a annoncé le gel de toutes les prestations sociales pendant 18 mois.Les retraites, les allocations familiales, les aides à la garde d’enfant et au loge-ment seront concernées. Seuls les mini-ma sociaux comme le RSA ou le mini-mum vieillesse seront épargnés par ce large coup de rabot. Les prestations sont habituellement revalorisées tous les ans, au même rythme que l’inflation. Cela ne sera provisoirement plus le cas. La prochaine augmentation n’intervien-dra qu’en octobre 2015.Autrement dit, pendant un an et demi, tous les retraités - ils sont plus de 15 millions - vont voir leur pouvoir d’achat reculer. Il en sera de même pour près de 7 millions de foyers avec enfant et plus de 6 millions de bénéficiaires d’aides au logement. Ce gel « n’ira pas au-delà de 2015 », le Premier Ministre en a pris l’engagement.Manuel Valls et François Hollande ont hésité avant d’annoncer ce tour de vis généralisé. Ils sont conscients que la mesure sera très impopulaire dans l’opinion. Elle est considérée comme « injuste » par une bonne partie de la majorité parce qu’elle frappe tous les allocataires, quel que soit leur niveau de revenus. S’ils ont néanmoins décidé d’aller dans cette direction, c’est que la mesure rapporte beaucoup : 2 milliards

d’euros d’économies d’un coup d’ici à 2017, dont 1,3 milliard pour les seules retraites de base.Cette mesure d’économie est histo-rique. Le gouvernement Fillon avait gelé les prestations familiales pendant trois mois en 2012. Le gouvernement Ayrault a lui aussi décalé la revalorisa-tion des pensions de six mois dans le cadre de la réforme des retraites votée l’an dernier. Cette fois-ci, le gel est généralisé et il durera plus longtemps. Il vien-dra même amputer le plan de lutte contre la pauvreté annoncé par Jean-Marc Ayrault fin 2012 : le RSA et deux prestations pour les familles modestes ne bénéficieront pas du coup de pouce promis avant octobre 2015, si la mesure n’est pas pro-longée.Le plan d’économies pour la protec-tion sociale -11 milliards d’euros hors assurance-maladie - ne s’arrête pas là. Manuel Valls a annoncé de nouvelles mesures d’économies pour la branche famille, en plus du gel. Les caisses de Sécurité sociale devront réduire leurs coûts de gestion à hauteur de 1,2 mil-liard d’euros. Cela se traduira par des baisses d’effectifs, déjà dénoncées par les syndicats.Le gouvernement fait aussi largement appel aux partenaires sociaux, qui gèrent les régimes de retraite complé-mentaire (Agirc-Arrco) et d’assurance-chômage (Unedic). Il leur demande de réaliser pas moins de 4 milliards d’éco-nomies avant la fin du quinquennat.A l’Agirc-Arrco, les pensions sont reva-lorisées moins vite que l’inflation en 2013, 2014 et 2015. L’exécutif espère qu’ils prolongeront cette mesure de désindexation jusqu’en 2017. « Ce n’est pas déraisonnable », estime une source gouvernementale. Les syndicats ne sont pas de cet avis. « Le Premier ministre re-prend à son compte les exigences du patro-nat. Il lui ouvre un boulevard avant même

l’ouverture de la négociation », déplore Philippe Pihet, vice-président (FO) de l’Arrco. La réforme de la politique familiale, démarrée l’an dernier, sera « poursuivie », a annoncé Manuel Valls. Le gouvernement compte ainsi écono-miser 800 millions d’euros supplémen-

taires. Le Premier Ministre n’a donné aucun détail, mais plu-sieurs prestations pourraient être concernées selon nos informations. A commencer par la prime de naissance, une allocation de 923 euros attri-buée au 7e mois de grossesse.Autre prestation qui pourrait être réformée, le complément

de libre choix d’activité, versé aux pa-rents qui ont pris un congé parental. Une réforme, déjà engagée, prévoit d’en réserver une partie aux pères. Étant donné qu’une grande majorité d’entre eux ne demanderont pas cette presta-tion, le gouvernement en attend des économies. Le complément de mode de garde, une aide à la garde d’enfants par une assistante maternelle, pourrait lui aussi être réformé.

RETRAITES, PRESTATIONS SOCIALESUn recul du pouvoir d’achat sans précédent

Manuel Valls a annoncé le gel de toutes les

prestations sociales pendant 18 mois

Page 6: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 20146 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Des régions démesuréesPremière étape, les conseils régionaux, dont les projets de lois seront débattus au Parlement dès le mois de juillet. Comme sous Nicolas Sarkozy hier, les raisons invoquées sont « le mille-feuille institutionnel » et « la lutte contre les défi-cits ». Diminuer le nombre de régions pour en faire, demain, des mastodontes à l’image des landers allemands (ce que d’aucuns souhaitent dans le cadre d’une Europe des régions) ne permettra pas la prise en compte, dans la proximité, des besoins des territoires. Cela favorisera, au contraire, leur mise en concurrence. Le syndicat CGT des Services publics, premier syndicat dans la fonction pu-blique, dénonce une réforme qui se « traduira par moins de services publics, moins de démocratie, moins d’emplois publics », le tout au nom de la rationali-sation. D’autant que François Hollande se prononçait dès l’automne 2013 pour que chaque région puisse expérimen-ter, sur son territoire, certaines des lois votées par le Parlement. Un pas supplémentaire qui met en cause une des valeurs de la République, celle de l’égalité de traitement des citoyens et des territoires. Comme le souligne le PCF : « Cette réforme n’a d’autre ambi-tion que l’austérité accrue pour les budgets publics et l’accroissement de la compéti-tion entre territoires, conformément aux injonctions européennes ». L’argument le plus souvent mis en avant : la lutte contre les déficits ! Mais, selon Henri Emmanuelli, président (PS) du conseil général des Landes « l’ensemble des dettes des collectivités territoriales ne représente que 8 % de la dette publique en France ». Chacun s’accorde à dire, même au niveau gouvernemental, que le regrou-

pement des régions ne permettra pas de réelles économies. Par contre, fra-giliser les capacités financières des régions comme celles de toutes les collectivités territoriales, alors qu’elles représentent 75 % des investissements publics, amoindrirait leur capacité de répondre aux besoins des populations et serait préjudiciable à l’emploi. Ce n’est donc pas sans raison si, début juin, selon un sondage BVA, 42 % des per-sonnes seulement disent être satisfaites du nouveau découpage des régions et selon l’IFOP, 54 % n’approuvent pas la nouvelle carte des régions.

La mort programmée des départementsDeuxième étape, la fin programmée des conseils généraux. Repoussée en 2020 car supprimer les départements n’est pas si simple. Il faut une modification de la constitution, ce qui nécessite une majorité des 3/5 du Parlement (dépu-tés et sénateurs réunis en congrès). Or le gouvernement se heurte à de fortes réticences. Ainsi le président (PS) de l’Association des départements de France (ADF) et du conseil général des Côtes-d’Armor, Claudy Lebreton, en-tend combattre de toutes ses forces ce projet de réforme. Pour lui, la suppres-sion de l’échelon départemental n’a au-cun sens. « Croyez-vous vraiment qu’un couple dont le fils est sans emploi et n’en trouve pas, se lève le matin en pensant à la réforme territoriale ? » affirme-t-il, ajou-tant : « On me dit qu’on fera des économies, mais lesquelles ? J’ai rencontré le Président de la République, j’ai interrogé le Premier Ministre, ils sont incapables d’apporter la preuve qu’en supprimant les départements on ferait des économies. » Enfin pour lui

cette réforme est « jacobine » alors qu’au contraire « il faudrait aller plus loin dans la décentralisation ». Il conclut, comme le président (PCF) du conseil général du Val-de-Marne, Christian Favier (voir interview) : « Il faut un référendum, car la question est au cœur de notre héritage répu-blicain. Ce débat, je ne suis pas contre par principe, mais intéressons-y les Français ». De son côté, Jean-Michel Baylet, chef de file des députés et sénateurs du Parti de gauche et président du conseil général du Tarn-et-Garonne, « condamne cette réforme à marche forcée, où l’on fusionne des régions qui n’ont aucune histoire et tra-dition en commun et où l’on signe l’arrêt de mort du département qui constitue pourtant une collectivité territoriale de proximité. »

Les 36 000 communes en sursisL’avenir des communes comme cellule de base, depuis la Révolution française (1789), de la démocratie locale dans notre pays est en jeu avec cette réforme. François Hollande le dit sans ambages, mais non sans quelques précautions de langage : « L’intercommunalité deviendra, dans le respect de l’identité communale, la structure de proximité et d’efficacité de l’action locale ». Seulement, si en 2020, comme le gouvernement le prévoit, les 2 400 intercommunalités environ que compte aujourd’hui notre pays sont élues au suffrage universel, elles deviendront, de fait, de véritables collec-tivités territoriales, prenant le pas sur les communes qui les composent. Comme le souligne, pour le dénoncer, l’Associa-tion des maires de France (AMF) et son président (UMP) Jacques Pelissard, cela « conduirait à dissoudre les communes dans les intercommunalités, alors même

Réforme des institutions territorialesLa démocratie mise à malUn véritable big-bang institutionnel va toucher l’ensemble des collectivités territoriales. Alors qu’elles constituent le maillage démocratique de notre pays, aucune, au final, ne sortira indemne. Le 18 juin dernier, le gouvernement a examiné en conseil des ministres des projets de loi fixant l’objectif de faire passer le nombre de régions françaises de 22 à 14. Pour François Hollande, « Il s’agit de créer de puissantes régions et de faire disparaitre progressivement, d’ici 2020, les conseils généraux ». C’est une première étape du big-bang. Il y en aura d’autres.

Page 7: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 7

ACTUALITÉS LE RÉVEIL

que les maires assurent une fonction de proximité indispensable dans cette période de crise sociale et économique majeure ». Ce sera aussi le cas avec les futures métropoles, conçues non comme un moyen de coopération renforcé entre les communes qui les composent mais d’intégration mettant en cause sur des sujets essentiels comme la question de l’aménagement urbain leurs préro-gatives et leurs capacités de répondre, en proximité, aux besoins des popu-

lations. C’est la raison pour laquelle, par exemple, 109 des 119 maires que compte la métropole de Marseille s’op-posent aux conditions de réalisation de celle-ci. De même que 75 % des élus du futur Grand Paris qui comprendra, en plus de Paris, les 124 communes des Hauts-de-Seine, de Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne.Au total, les réformes engagées par le gouvernement sont belles et bien un bing bang institutionnel conduisant

non pas vers une nouvelle étape de la décentralisation mais, au contraire, à une recentralisation avec en lieu et place des communes, des départements et des régions, des intercommunalités, des grandes régions et des métropoles. Quand le pouvoir de décision s’éloigne des citoyens, comme cela sera le cas avec ces réformes, la démocratie est en danger.

Édouard Bergougnoux

La fi n des départements serait la fi n programmée de la décentralisation

Interview de Christian Favier, président (PCF) du conseil général du Val-de-Marne et sénateur, qui s’oppose à la réforme des institutions territoriales et demande que les Français soient consultés par référendum.

Le gouvernement bouleverse les insti-tutions territoriales pour, explique-t-il, lutter contre les défi cits publics. Com-ment réagissez-vous ?Christian Favier : Je relève tout d’abord que l’accélération de ce scénario vient sur la scène publique après le déplace-ment du Premier Ministre à Bruxelles, en avril, visant à faire valider son pro-gramme d’austérité par la Commis-sion européenne qui avait elle-même vivement encouragé le gouvernement français à s’engager dans cette voie. Le premier à s’être félicité de cette orien-tation visant à recomposer le paysage territorial est le président du patronat (MEDEF). Son exigence est d’obtenir du gouvernement toutes les opérations qui peuvent transférer des pans entiers des politiques et fi nancements publics vers le secteur privé. Le gouvernement veut supprimer les départements. Pourquoi y êtes-vous opposé ?C. F. : C’est une annonce d’une grande brutalité, faite sans aucune concertation et pour une part improvisée. L’ensemble des conseillers généraux en ont pris connaissance lors de discours. Au cœur de ce débat est la question des moyens. Le pacte de responsabilité sous-tend la réforme territoriale qui représente une

ponction de 11 milliards d’euros sur les budgets des collectivités territoriales sur la période 2015-2017. Soit une diminu-tion de 28 % de la dotation d’État aux collectivités territoriales. Réduire les points de résistance par une diminution drastique des assemblées élues, trop sensibles aux mobilisations des popu-lations, devient alors une nécessité pour le gouvernement. J’alerte également sur le rétablissement de la tutelle de l’État sur les collectivités avec la proposition de leur attribuer des moyens budgé-taires en fonction de leur docilité à re-layer des politiques d’austérité. Ainsi, des spécialistes évoquent une période de 15 ans pour retrouver un équilibre de gestion, mais avec une diminution généralisée de l’investissement, des services à la population dégradés et, par voie de conséquences, des inéga-lités territoriales rurales ou urbaines renforcées.Qu’apporte concrètement un conseil général aux populations ?C. F.: C’est la collectivité de premier plan dans les dispositifs de solidarité et d’actions sociales envers nos conci-toyens les plus exposés aux aléas de la vie : personnes âgées, personnes han-dicapées, mineurs isolés, protection de l’enfance en danger, gestion des minima

sociaux… Les conseils généraux, ce sont aussi une part importante des investissements publics structurants comme le réseau routier, le déploiement du très haut débit numérique, les collèges et l’ac-compagnement des communes dans de nombreux domaines. Par exemple, en Val-de-Marne, l’aide à la construction ou la rénovation de logements sociaux. Nombre de conseils généraux jouent la carte de l’innovation pour la gestion pu-blique de l’eau, la réussite éducative, la lutte contre la précarité énergétique ou le transfert modal vers le fret ferroviaire.Comment contrarier de tels projets ?C. F : Il s’agit bien d’un bouleversement institutionnel et territorial marqué par la volonté de canaliser les fl ux fi nan-ciers vers les groupes privés. Cela ne correspond pas à une demande des habitants bien au contraire. Lorsqu’ils sont consultés, ils affi rment leur atta-chement aux départements. Face à la mort programmée de la décentralisa-tion, nous devons opposer l’exigence démocratique d’un référendum pour redonner l’initiative aux populations de choisir leur environnement territorial.

Entretien réalisé par Edouard Bergougnoux

«««

Page 8: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 20148 -

LE RÉVEIL ACTUALITÉS

Le premier, c’est que cela va permettre aux banques allemandes (en situation très précaire) de se refaire une santé sur le dos des peuples européens. Notam-ment sur ceux du Sud, dont la France, a qui on impose avec l’acceptation des parlements nationaux une cure d’aus-térité qui les enfonce chaque jour un peu plus.Le second, on nous dit : « Mais cela aidera à faire repartir l’économie. » Ce a quoi Carsten Bzreski, économiste à la banque ING, répond : « Probablement pas, mais la BCE a montré sa détermina-tion et sa capacité à agir. » Dans le même sens, son confrère Marco Bargel, chef de la stratégie d’investissement à la Postbank, estime que « ces mesures sont de l’ordre du « symbole, mais la BCE doit faire quelque chose sinon les marchés (en-core eux) seraient très déçus ».Le problème n’est pas le manque d’argent, la zone euro en regorge, ou l’euro fort, ou les taux d’intérêt qui em-pêcheraient les ménages et les entre-prises d’emprunter. Le problème, c’est que les perspectives de développement économique sont inexistantes. Si la dé-flation (comme ils l’appellent) guette, c’est surtout à cause de la politique éco-nomique de restriction des salaires, des retraites et des budgets que mènent en commun tous les gouvernements de la zone euro. Le règne sans partage de l’idéologie de la « compétitivité par les coûts salariaux » aveugle nos déci-deurs (au niveau national, européen, voire quelquefois syndical) et qui ne

voient plus vers quels abîmes ils nous conduisent.Dans les 17 pays de la zone euro, on réduit les dépenses publiques, les ré-munérations des salariés, les retraites, les minimums sociaux, pour gagner des parts de marchés sur les voisins. Ils construisent avec cette politique désas-treuse une réduction de la demande publique, une restriction de la demande privée. La lutte du un contre tous, la mise en concurrence des peuples, voilà les vrais moteurs de la déflation et certai-nement pas les coûts salariaux comme on tente d’en persuader les Français.La vérité, c’est que les coûts salariaux ont baissé dans la zone euro depuis l’introduction de la monnaie unique (1) ; contrairement aux discours et donc aux apparences, un peu dans les pays du Sud, beaucoup en Allemagne (d’où son taux de pauvreté, voir Le Réveil de juin 2012 et février 2014), partout dans la zone euro, la part des salaires dans le PIB a reculé. Pour retrouver un rythme économique normal, retrouver un peu d’inflation, la solution la plus respon-sable, la plus simple et la plus rapide, c’est de rendre du pouvoir d’achat pour s’appuyer sur la consommation et redonner du tonus à notre économie. C’est également ce que dit Xavier Tim-baud de l’OFCE (2) : « En repoussant de quelques années le retour à l’équilibre des finances publiques pour financer les inves-tissements publics, les gouvernements se donneraient les moyens de combattre la déflation. »

En fait, un peu de coopération et de bon sens dans la zone euro, plutôt que des diktats idéologiques, permettraient de parvenir à une politique de rému-nérations. « Les instruments de pilotage existent », explique toujours Xavier Timbaud, « en instaurant un SMIC dans chaque pays membres, les pays en excédent, comme l’Allemagne, pourraient augmen-ter leurs salaires minima. Ils pourraient aussi pousser les traitements des fonction-naires. »On peut ajouter que pour lutter contre une monnaie trop élevée, la hausse des salaires est un médicament souverain en réduisant l’excédent global de la zone euro, elle pèserait réellement sur le cours de la monnaie unique contre le dollar… ce qui ramènerait à la fois un regain de croissance (en France entre 0,4 % selon l’OFCE et 0,6 % selon Ber-cy), d’emplois. Ce retour de l’inflation permettrait en outre aux États et aux ménages de se désendetter plus vite…Des salaires et des prix qui augmentent, des déficits qui se réduisent, des entre-prises qui retrouvent des débouchés pour leurs produits, des emplois qui se créent… cela ressemble au progrès. Il est temps d’en retrouver le sens. On nous parle du CNR comme d’une époque dé-passée. Mais : investissements publics, salaires, statut de la fonction publique, nationalisation, autant de choix qui ont relancé la France, l’ont reconstruite et ouvert la porte des 30 glorieuses.Est-ce vraiment du passé ? Trouver des formes qui correspondent aux enjeux et besoins d’aujourd’hui est décisif. Ne nous laissons pas tromper, les moyens existent, reste la volonté politique.

Jean-Michel Verneuil

1 / Les salaires au cœur de la crise de la zone euro, O. Chagny, M. Husson, F. Lerais, Revue de l’IRES n°173, 2013.

2 / Office français du commerce extérieur.

Que cachent les décisions de la BCE ?

On nous annonce comme une grande mesure la baisse du taux directeur de la Banque centrale européenne. Mais cet enthou-siasme cache deux aspects majeurs.

Page 9: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 9

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

IRAKLe chaos américain

Après dix ans d’occupation US, le pays déchiré subit l’assaut des obscurantistes à des fins de recomposition géopolitique.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, les djihadistes de l’État islamique en Irak et au soleil levant (EIIL) ont pris le contrôle de plusieurs grandes villes telles que Mossoul, Tikrit, Ramadi et Falouja. Objectif : Bagdad, la capitale. Après avoir subi pendant plusieurs jours, les troupes gouvernementales semblaient se reprendre dimanche 15 juin, notamment par des contre-at-taques d’hélicoptères Apaches fournis par Washington, tandis que le porte- avions USS Bush (tout un pro-gramme !) se positionnait. La Maison-Blanche est appelée à la rescousse et étudierait l’envoi prochain de drones de guerre. Ce qui, par parenthèse, per-mettrait à Obama de justifier, au nom de l’antiterrorisme, sa politique d’assas-sinats ciblés. Onze ans après l’interven-tion militaire, ordonnée et conduite par les USA, sur la foi de mensonges de-vant les Nations unies, l’Irak exsangue, démantelé, déstructuré, reçoit en héri-tage le chaos djihadistes. Le pays, qui regorge de pétrole, aiguise les appétits. Fragilisé par son passé récent et les divi-sions entre différentes religions, il subit les contrecoups de toutes les tensions régionales, à l’image de la Libye où les forces obscurantistes tentent d’imposer leur loi… Comme l’écrivait l’éditoria-liste de l’Humanité, le 13 juin dernier : « Une fois de plus, le peuple irakien subit une guerre d’importation ». En fait, il semble que l’on assiste à une tentative de recomposition stratégique, politique et économique au profit des financeurs des mouvements djihadistes que sont les pétromonarchies et les puissances du Golfe persique.Selon de nombreux observateurs et journalistes, si les djihadistes de

l’EIIL sont puissants, c’est qu’ils ont de l’argent. Ils paient bien leurs hommes, disposent d’armes anti-aériennes, d’artillerie lourde, de véhicules et d’uni-formes pour tromper l’ennemi. L’argent vient de rackets, d’activités criminelles, des rançons d’otages et de la revente de pétrole issu des zones qu’ils occupent. Mais ils bénéficient aussi de fonds de richissimes donateurs du Golfe. Le Pre-mier Ministre irakien, Nouri Al-Maliki, a accusé à plusieurs reprises le Qatar et l’Arabie Saoudite de soutenir directe-ment les djihadistes. « Ce qui, si les faits

sont avérés, permettrait aux djihadistes d’acheter, par exemple, du matériel mili-taire de qualité », relève Karim Pakzad, de l’Institut des relations internatio-nales et stratégiques (Iris).De la Syrie à l’Irak en passant par la Libye et l’Iran - que certains rêvent de voir affaibli - toute cette région est deve-nue l’objet d’un enjeu crucial et « le ter-rain de jeu » de puissances qui à terme mettent en danger l’équilibre interna-tional et la paix.

J.-P. Delahaye

Trois mois après la disparition de l’avion de Malaysia Airlines, le drame reste inexpliqué et l’appareil, avec à son bord près de 300 passagers, n’a pas été retrou-vé. Pour Jean Serra, ancien pilote d’Air France devenu consultant, il ne reste qu’une explication possible : l’avion a pu être détourné par des passagers en direction d’une base américaine où il aurait été abattu. C’est ce qu’il a affirmé au micro de RTL le dimanche 8 juin.Selon lui, l’avion, qui a décollé de Kuala Lumpur, avait normalement pour des-tination Pékin, mais s’est abîmé dans le sud de l’océan Indien, soit à l’opposé de son plan de vol. « Il n’y a eu aucune nouvelle de l’équipage. Deux moyens qui permettent de détecter l’avion ont été coupés de manière volontaire », affirme le pilote pour étayer sa théorie. Interrogé sur le rôle « actif » des pilotes, dans cet éven-tuel détournement, il en écarte l’hypo-thèse : « Je n’y crois pas, le commandant de bord avait emmené juste le strict mini-mum avec lui, et il n’était pas prévu que cet équipage voyage ensemble. » Pour lui

« c’est le fruit du hasard ». De même, il repousse la thèse du suicide, la jugeant peu crédible, car l’avion a volé pendant 7 heures avant de disparaître des écrans radars. Reste donc une solution selon l’ancien pilote : un détournement par des passagers de type 11 septembre 2001, « pour s’attaquer à quelque chose d’emblématique ».« On est plusieurs à penser à la fameuse base de Diego Garcia », a affirmé Jean Serra sur l’antenne de RTL. Il s’agit d’une base située dans l’océan Indien, « la base la plus importante en dehors des États-Unis, base hyper-secrète, avec des avions qui ont survolé l’Afghanistan à une certaine époque (…) Il y a des prisonniers qu’on ne veut pas mettre à Guantánamo et sur laquelle il y un armement nucléaire », ajoute-t-il. L’avion aurait donc eu cette destination pour s’y crasher et les Amé-ricains l’auraient abattu. « C’est la seule explication plausible que nous avons en ce moment », dit Jean Serra.

Séverine Marreau

Malaysia Airlines détourné puis abattu ?

Page 10: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201410 -

LE RÉVEIL INTERNATIONAL

Nous précisions : « Défendre la démocra-tie, assurer sa protection et le respect des populations civiles, répondre aux attentes des peuples n’implique pas le recours à la force. » Depuis des décennies, les gouverne-ments français n’ont eu de cesse d’en-tretenir des liens obscurs et contes-tables avec le colonel Kadhafi et son régime. Plutôt que de poursuivre cette politique néo-colonialiste dite « frança-frique » il aurait mieux valu œuvrer à l’ouverture vers la démocratie, répondre aux légitimes aspirations des peuples de cette région du monde, au lieu de favoriser l’intérêt des grandes sociétés capitalistes. La politique extérieure de la France doit s’exercer dans la durée en respectant les intérêts de chaque pays, et non par des effets oratoires, incitant à la guerre et ne visant qu’à masquer l’ali-gnement derrière les USA et la situation intérieure française catastrophique.Le coût humain pour le peuple Libyen a été estimé dans la première année à

environ 60 000 morts, le coût finan-cier pour la France, toujours pour la première année, à 360 millions d’euros soit environ 1,6 million par jour pour le contribuable français (Le Réveil, mars 2012). Le coût de la reconstruction de la Libye a été estimé à 200 milliards d’euros.L’enjeu de l’intervention de la France est là, comme pour les Anglais et les Américains, économique notamment le partage des richesses pétrolières. Aujourd’hui les grands groupes USA-Anglais-Français se sont répartis « le gâteau ». C’était donc bien une inter-vention coloniale. Rien à voir avec les enjeux démocratiques, les aspirations du peuple libyen.Aujourd’hui, trois ans après l’interven-tion, la Libye vit dans un cauchemar. Le chaos est partout, l’insécurité à haut risque, des institutions paralysées, une aggravation de la misère, avec en prime le retour des milices privées et des sei-gneurs de guerre (Le Réveil, avril 2014).

Trois ans après l’intervention, la Libye vit dans un cauchemarEn mars 2011, le président Sarkozy a engagé la France dans l’interven-tion armée de l’OTAN en Libye. Nous avions tiré le signal d’alarme et condamné cette intervention, que nous considérions contraire aux prin-cipes républicains de notre pays, contraire aux intérêts de la France et surtout contraire à l’avenir et à la démocratie de la Libye.

Jamais il n’y a eu autant d’armes en cir-culation, jamais le pays n’a été aussi ins-table. Le pays est au bord de la partition. Les risques sont tels que les Etats-Unis, premier responsable de cette situation, le Département d’État demandent à tous les ressortissants américains en Libye de quitter immédiatement le pays en raison d’une situation sécuritaire qualifiée d’imprévisible et d’instable (La voix de l’Amérique, 28/05/2014). De même l’Arabie Saoudite ferme son ambassade à Tripoli « devant la situa-tion sécuritaire de la Libye » (Radio ma-rocaine, 20/05/2014). Idem la société Sonatrach (compagnie algérienne) rapatrie ses employés... On voit où conduit l’aveuglement d’une politique néocoloniale à outrance qui tourne le dos à l’intérêt des peuples, à la démocra-tie pour le plus grand profit des groupes pétroliers occidentaux.M. Bernard Henry-Lévy, l’apôtre de la guerre humanitaire, est bien silencieux sur la question. Honte à lui qui apparaît pour ce qu’il est vraiment : l’agent de la finance internationale et fidèle soutien de l’impérialisme américain.

Xavier Saint-Priest

Page 11: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 11

INTERNATIONAL LE RÉVEIL

« L’Amérique a rarement été aussi forte dans le monde (…) et elle doit toujours diriger sur la scène internationale » : c’est en ces termes que le président des États-Unis, chef suprême des armées, a décliné devant les cadets de la pres-tigieuse école militaire de West Point, à la fin du mois de mai, sa vision de la politique étrangère US. Une mise au point nécessaire aux yeux des départe-ments d’État et de la Défense. En effet, Obama a été, ces derniers mois, la cible de violentes critiques. L’opposition républicaine, les faucons démocrates de la Maison-Blanche et certains de ses alliés, dont particulièrement la France, lui reprochent une certaine « mollesse » dans les dossiers syriens et de l’Ukraine. Il lui fallait donc reprendre la main, c’est fait et en des termes on ne peut plus clairs. Se disant convaincu que l’Amérique devait « montrer la voie sur la scène internationale », il a souligné que l’armée était, et restera, « l’épine dorsale de ce leadership (…) mais une intervention militaire américaine ne peut être la seule composante de notre leadership en toute circonstance », a-t-il aussitôt précisé. Soufflant habilement le chaud et le froid, Obama a annoncé simultanément, un calendrier de retrait d’Afghanistan d’ici fin 2016, s’est engagé à augmenter son

soutien à l’opposition syrienne, à tenir tête à la Russie sur le dossier ukrai-nien ou encore à faire preuve de plus de transparence dans l’utilisation des drones. Tout en mettant en garde contre les « aventures précipitées », il a promis, selon la correspondante du quotidien Libération à Washington qui titrait son article : « Obama chantre de la puissance et de la nation indispensable », que les moyens militaires et financiers libérés en Afghanistan serviront à lutter contre la menace maintenant « plus diffuse » du terrorisme au Moyen-Orient ou en Afrique. Cinq milliards de dollars se-ront demandés au Congrès pour finan-cer des « partenariats » dans des pays comme le Yémen, la Somalie, la Libye ou pour faciliter les opérations fran-çaises au Mali. Obama confirme ainsi sa stratégie d’éviter l’engagement direct de troupes américaines (comme cela a été le cas en Libye), tout en dirigeant et en finançant les opérations.

5 milliards de dollars pour financer des opérations militairesJustifiant son approche sur le conflit syrien, qui a fait plus de 160 000 morts, Obama a noté que, « aussi frustrant que ce soit », il n’existait « pas de réponse facile, pas de solution militaire » qui puissent éliminer les souffrances du peuple syrien dans un avenir proche. « En tant que président, j’ai pris la décision de ne pas envoyer de troupes américaines au milieu de cette guerre civile, et je pense que c’était la bonne décision », a-t-il expliqué. « Mais cela ne signifie pas qu’on ne doit pas aider le peuple syrien à lutter contre un dictateur qui bombarde et affame son peuple », a-t-il ajouté, promettant d’accroître le soutien américain à ceux qui, dans l’opposition, « offrent la meilleure alternative aux terro-

ristes et à un dictateur brutal ». Officiel-lement, le soutien de Washington aux opposants syriens se cantonne depuis le début du conflit à une aide non létale pour un montant de 287 millions de dol-lars. Selon le Wall-Street journal, Obama aurait l’intention de demander, en plus, au Pentagone d’entraîner des rebelles syriens en plus des entraînements déjà organisés par la CIA en Jordanie…On sera rassuré par ce discours à West Point, le chef de la Maison-Blanche ne renonce pas à la domination américaine sur la planète. Le sénateur républicain John Mc Cain a d’ailleurs salué les pro-pos de son ancien adversaire à la pré-sidentielle, sur la « place indispensable des États-Unis dans le monde », tout en considérant qu’il fallait encore en faire plus. Ce qui n’est pas du tout l’avis du cinéaste américain Oliver Stone, cité par le Figaro du 28 mai. Pour le réali-sateur de Platoon, JFK, Né un 4 juillet, etc. : « L’Amérique a fait fausse route. Nous sommes devenus un empire qui intervient partout, un gendarme global qui veut que les autres nations obéissent à l’ordre mon-dial économique mais aussi militaire, spa-tial, cybernétique, que nous défendons. » Barack Obama « a été élu pour mettre fin à la guerre d’Irak, puis il a renvoyé des troupes en Afghanistan ! Et il continue avec ses drones et son incapacité à mettre au pas la NSA. Le carcan du complexe mili-taro-industriel est une cage de fer et ceux, comme Carter, qui ont osé le secouer, ont été écartés », soupire Stone. Le cinéaste regrette que « la France se soit alignée sur Washington, elle qui résistait sous de Gaulle. Hollande est la souris d’Obama », dit-il, tranchant.

Jean-Pierre Delahaye

USA / Monde

L’Empire contre-attaqueDans un discours devant l’élite de l’armée américaine, Obama réaffirme la volonté des USA de diriger le monde. Si la méthode est plus soft, les intentions restent inchangées.

Page 12: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201412 -

LE RÉVEIL INTERNATIONALLE RÉVEIL INTERNATIONAL

Le gouvernement israélien défie la com-munauté internationale en décidant d’in-tensifier la construction des colonies en Cisjordanie et à Jérusalem-Est Le nouveau gouvernement d’union na-tionale, issu d’un accord entre le Fatah et le Hamas, a prêté serment lundi 2 juin devant le président Mahmoud Abbas. Composé de personnalités indépen-dantes et de technocrates, il a été rapi-dement reconnu par l’ensemble de la communauté internationale y compris Washington qui, après une valse-hésita-tion de 24 heures, a annoncé par la voix du secrétaire d’État, John Kerry, « qu’il travaillerait avec ce gouvernement (…) qui ne compte aucun membre affilié du Ha-mas ». Immédiatement et comme à son habitude, Tel-Aviv a réagi par la menace, l’invective et l’annonce de la construction de plus 3 000 logements dans les colo-nies israéliennes en terre palestinienne. Or on sait que ces constructions repré-sentent la principale pierre d’achoppe-

ment dans les négociations, à ce jour rompues, et pour faire avancer le pro-cessus de paix. L’annonce a été faite par le ministre du Logement, Uri Ariel, issu du Foyer juif, un parti religieux ultra-nationa-liste, membre de la coalition qui a porté au pouvoir le très vindicatif premier ministre Bibi Netanyahou. Un premier appel d’offres pour 1 500 nouvelles uni-tés en Cisjordanie et à Jérusalem-Est a d’abord été annoncé suivi, plus tard dans la journée, par une seconde mesure : un plan de construction de 1 800 logements supplémentaires autorisés par le gouver-nement. Au total, ce sont donc 3 300 nou-velles habitations dans les colonies qui ont été décidées. Plus que pour toute l’an-née 2013, puisque selon les statistiques officielles israéliennes, 2 534 mises en chantier de nouveaux logements dans les colonies de Cisjordanie ont eu lieu.Dans des termes d’une grande violence, le ministre du Logement a justifié cette

décision : « C’est la réponse sioniste appro-priée quand on nous crache dessus. Je parle de nos voisins (palestiniens) mais aussi du reste du monde », s’est exclamé Uri Ariel à la radio. La direction de l’OLP qui repré-sente la Palestine comme État observa-teur aux Nations unies (ONU) a précisé qu’elle avait l’intention d’interpeller le Conseil de sécurité et l’Assemblée géné-rale de l’ONU sur cette question.Toujours au chapitre des représailles, le ministère de la Défense israélien a indi-qué qu’il avait gelé le versement de 5,8 millions de dollars sur les 117 millions de TVA et taxes douanières qu’il rembourse chaque mois à l’Autorité palestinienne. De leur côté, aux États-Unis, les diplo-mates mandatés par Tel-Aviv auraient, selon les médias israéliens, intensifiés les contacts avec le Congrès américain dans le but de suspendre l’aide des États-Unis à l’Autorité palestinienne en faisant appliquer la loi qui défend tout soutien aux organisations terroristes. La diplo-matie du bulldozer !

J.-P. D.

Un an après les premières révélations d’Edward Snowden dans le quotidien britannique The Guardian, le 5 juin 2013, chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations. Dans son édition du dimanche 31 mai, le New York Times a affirmé, sur la foi de documents fournis par l’ex-espion, que la NSA récupérait les photos de personnes pour les utiliser dans ses programmes de reconnaissance faciale. Pour exploiter le flot d’images inclus dans les courriels, les messages mobiles, les réseaux sociaux, les vidéo-conférences et d’autres supports de communication, la NSA aurait renou-velé son logiciel dédié, assure le quoti-dien américain. Toujours au nom de la sacro-sainte « sécurité nationale » et de l’antiterrorisme, l’agence d’espionnage intercepterait « des millions d’images par jour ». Malgré ces révélations et en

dépit des protestations, ce système de re-connaissance faciale mis en place depuis 2011, de même que le programme d’es-pionnage planétaire allant des écoutes téléphoniques du simple citoyen au vol de documents confidentiels de chefs d’État, perdure. Pourtant le locataire de la Maison-Blanche, si prompt à défendre les droits de l’homme, s’était engagé, certes timidement, à mettre un terme à ces agissements. Un texte de loi a bien été adopté par la Chambre des représen-tants et devrait être examiné par le Sénat américain dans les prochaines semaines mais il est loin de faire l’unanimité et cer-tains, dans les plus hautes sphères des magnats d’Internet, le critiquent ouverte-ment. Dans un entretien au Mouv, David Drummond, vice-président et directeur juridique de Google, vient d’estimer que la loi pour réformer l’Agence nationale

de sécurité (NSA) aux États-Unis n’était « pas du tout suffisante, (…) La première version qui devait être votée par les députés mettait un vrai coup d’arrêt à cette collecte de données qui est au cœur du problème (...) malheureusement, elle a été changée à la dernière minute et complètement vidée de son sens. »Ce texte baptisé USA Freedom act ne fait qu’amender le système de collecte des données, sans satisfaire les ONG ni la Silicon Valley. Perçus comme des prestataires de la NSA, car contraints de lui fournir les données de clients, les géants de l’internet jugent leur crédibilité entachée, notamment à l’étranger où ils redoutent de perdre des marchés. Busi-ness is business ! Mais, quoi qu’on en pense, ce renfort inattendu d’un milliar-daire d’Internet a le mérite d’exister et interpelle directement les autorités US qui, tout le montre, ne sont pas vraiment décidées à prendre les mesures néces-saires pour mettre un terme à leurs acti-vités d’espionnage planétaire.

Jean-Pierre Delahaye

NSA / espionnage I Souriez, vous êtes filmés !

Les bulldozers de Tel-Aviv

La réglementation promise par Obama vidée de son contenu, les activités d’espionnage de la NSA se poursuivent…

Page 13: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 802 - AVRIL 2014 - 13

le réveilPour l’amitié, la solidarité, la mémoire, l’antifascisme et la paix

N° 804JUIN 2014

LE CAHIER MÉMOIRE

Édité par le Réveil des combattants - 2 place du Méridien - 94807 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 12

ÉDITO

Par Paul Markidès

Débarquement en Provence

Le débarquement de Provence fait partie des combats victo-rieux menés contre l’armée

nazie dont on parle peu, comme ceux de Stalingrad, Leningrad, Koursk en Union soviétique ou encore Berlin.Le courage des combattants qui ont mené ces combats dérange nos classes dirigeantes. Quatre divisions consti-tuées de Tunisiens, d’Algériens, de Marocains et d’Africains sans compter les goumiers et les tabors marocains sur sept divisions françaises, ça n’est pas une mince participation. Bien au contraire, ce fut une participation déterminante pour la réussite de ce débarquement, pour la victoire. On ne peut donc que s’indigner devant cette absence d’hommage à ces combat-

tants. Décidément le colonialisme à la vie dure. Et l’on peut comprendre que les Algériens aient manifesté à Sétif et à Guelma le 8 mai 1945 pour exiger le droit de profi ter d’une vie libre et démo-cratique qu’ils avaient largement contri-bué à reconquérir.Quant aux combattants soviétiques, qu’il nous soit permis d’affi rmer que nous leur devons notre liberté et qu’ils mériteraient aussi de se voir honorés. Là encore, l’anticommunisme a la vie dure et pourtant le respect des convictions différentes constitue l’un des principes de la démocratie dont certains sont friands, en paroles bien sûr.Et ce comportement de nos classes diri-geantes encourage ainsi l’oubli de cette guerre 39-45 dont la diffusion de la mé-

moire est pourtant une nécessité. Car, comme le dit, notre ami Michel Caciot-ti, président d’honneur de l’ARAC des Bouches-du-Rhône, dont on comprend la grande sensibilité à l’événement Dé-barquement en Provence : « L’oubli est la pire des choses et engendre toujours des situations de désordres souvent graves que nous ne voulons plus revoir et que la jeu-nesse ne doit plus subir. »Ce Cahier mémoire sur le débarque-ment en Provence a donc pour objet d’informer les générations nouvelles et de rétablir l’information historique, car il faudrait évidemment en dire plus et rendre un modeste hommage à tous les participants de ce combat libérateur de notre pays.

DES COMBATTANTS

Rétablir l’information historique et rendre hommage aux combattants

Page 14: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201414 -

LE RÉVEIL DOSSIER

Le 15 août 1944, une armada alliée, groupant au total plus de 450 000 combattants et mobili-sant de ce fait plus de moyens en hommes et matériel que pour le débarquement en Normandie, surgit sur les côtes de Provence.Pour la transporter et pour com-pléter son action terrestre, il a fallu 5 cuirassés, 10 porte-avions, 25 croiseurs, 109 torpilleurs et escorteurs, près de 2 000 avions de bombardement et de chasse, dont 200 embarqués. Plus de 300 000 combattants transportés par des embarcations spéciales ont investi les plages. Dans les heures qui précédèrent le débar-quement, l’aviation alliée procéda à des bombardements intensifs sur le mur de barbelés répandu le long des côtes de Provence, sur les champs de mines, sur les ou-vrages bétonnés et sur l’artillerie lourde allemande qui resta toute-fois d’une efficacité redoutable.Dans les montagnes de l’arrière pays provençal comme dans la campagne, 20 000 parachutistes ont été largués venant ainsi com-pléter les actions des nombreux maquis de la région en vue d’as-surer le blocage des renforts alle-mands et harceler leur retraite.L’armée française rentrant ainsi en métropole représentait près de 65 % des troupes du débarque-ment avec deux divisions blindées et cinq divisions d’infanterie. Elle combattit en prenant des risques extraordinaires, s’attaquant à des

sites réputés impraticables. Adolf Hitler dira de cet événement : « C’est le jour le plus sombre de ma vie. »Au prix d’énormes difficultés, la ville de Toulon est encerclée à partir du 18 août et libérée. Les troupes s’engagent ensuite vers Marseille et atteignent la capitale provençale le 20 août. Ces deux grands ports libérés vont permettre de faire transi-ter beaucoup plus de fret que les ports qu’il fallut créer artifi-ciellement en Normandie. Dès le 25 août, les Forces françaises libres, auxquelles ont été amal-gamées les Forces françaises de l’intérieur (FFI), représentent une armée de 500 000 hommes qui remontent vers le Nord par la vallée du Rhône, constituant la 1re

armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny. A peine un moins plus tard, elle effectuera en Bourgogne sa jonc-tion avec les troupes débarquées en Normandie.La 1re armée française poursui-vra son combat ensuite jusqu’à la reddition sans condition de l’armée allemande, qui intervien-dra le 8 mai 1945 à Berlin devant quatre généraux représentants l’ensemble des forces alliées : un Américain, un Britannique, un Soviétique et un Français qui n’était autre que le général de Lattre de Tassigny.

Paul Markidès

Le débarquement de Provence

Dans le camp des AlliésLa VIIe armée, placée sous les ordres du général américain Patch, comprend plus de 450 000 hommes, avec dix divisions, sans compter nombre de formations spéciales. Elle comprend d’abord le 6e corps américain de Truscott, avec trois divisions, qui aura l’hon-neur de donner l’assaut le jour J.On y trouve ensuite l’armée B du général de Lattre de Tassigny, qui deviendra la 1re armée française. Elle se compose des 1re et 5e divi-sions blindées des généraux du Vigier et de Vernejoul, de la 1re

division française libre du général Brosset, de la 2e division d’infan-terie marocaine de Dody, de la 3e

division algérienne de Montsa-bert, de la 4e division marocaine de Montagne de Sevez et enfin de la 9e division marocaine coloniale du général Magnan.Les éléments non endivisionnés comprennent les fameux tabors marocains, les commandos de France, des groupes d’artillerie, plusieurs régiments de chasseurs de chars ou d’éléments blindés de reconnaissance, sans compter des unités du génie, des transmis-sions et des services. En outre, plusieurs formations parachu-tistes doivent participer aux pre-mières opérations, notamment une division aéroportée amé-ricaine et la 2e brigade anglaise de paras. Ce seront d’ailleurs les seuls Britanniques à être engagés dans la bataille terrestre. Enfin le groupe naval d’assaut français et la First Special Service américaine participeront encore aux combats du premier jour.Nombre de ces divisions ont déjà une solide expérience du feu. Le corps de Truscott a livré de san-glants combats au cours de l’hiver sur le Garigliano et devant Cassino.

Les forces en présence

Page 15: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N°804 - JUIN 2014 - 15

DOSSIER LE RÉVEIL

Il en est de même des quatre divi-sions françaises qui viennent d’être retirées du corps expéditionnaire de Juin : la 1re division française libre, la 2e division d’infanterie marocaine, la 3e division d’infanterie algérienne et la 4e division marocaine et afri-caine. La réputation des tabors ma-rocains n’est plus à faire. Quant à la 9e division marocaine coloniale et au bataillon de choc de Gambiez, ils se sont illustrés lors de la conquête de l’île d’Elbe. Sans oublier pour les deux armées alliées, les forces navales et l’aviation.

Dans le camp allemandLa XIXe armée du général Wiese, celle qui va recevoir le choc et qui relève du groupe d’armées du gé-néral Blaskowitz, compte au grand maximum 250 000 hommes. Mais

il s’agit de formations disparates, dont la valeur combative est très inégale.Après les ponctions de la bataille de Normandie, le général Wiese ne conserve plus, le 15 août au ma-tin, de Perpignan à la frontière ita-lienne, que huit divisions d’infan-terie et une seule Panzer. Trois de ces unités se trouvent à l’ouest du Rhône. Le manque de motorisation et la désorganisation du système ferroviaire ne leur permettront pas une intervention rapide. Du delta du Rhône, on ne trouve finalement que quatre grandes uni-tés, la 338e à Arles, la 244e à Mar-seille, la 242e à Toulon et la 148e entre Saint-Raphaël et Nice. Quant à la 157e, elle se livre dans les Alpes à des opérations de répression contre les maquis. Enfin, à l’aube du jour J, la 11e Panzer se trouve encore à l’ouest du Rhône.A ces grandes unités s’ajoutent des formations non endivisionnées :

deux brigades de la Kriegsmarine, un régiment de canons d’assaut, trois régiments de la Lutwaffe, une solide DCA (1) dont les pièces peuvent constituer de redoutables armes antichars et une vingtaine de bataillons d’Ost Légion, ces débris de l’armée Vlassov dont la fidélité douteuse a contribué au transfert sur le front occidental au début de 1944.La XIXe armée présente donc un ensemble hétéroclite avec des hommes âgés, souvent fatigués par cinq années de guerre, voire d’ori-gine étrangère. Dans l’ensemble, le moral n’apparaît pas particuliè-rement élevé. Est-il nécessaire de rappeler que, le 15 août, la bataille de Normandie est pratiquement perdue pour la Wehrmacht après la percée d’Avranches et l’échec de la contre-offensive de Mortain ?Quant à ses réserves, à l’exception de la 11e Panzer, elles sont pratique-ment inexistantes.

De cinq minutes en cinq minutes, les vagues se succèdent, pareilles à des gouttes de radium suspen-dues dans le soleil levant. Avec une incroyable et stupéfiante pré-cision, les chasseurs, les bombar-diers, mitraillent, pilonnent les plages, les batteries, les casemates. Auxquelles il faut ajouter les pilon-nages de la flotte. Pour les malheu-reux habitants de la côte, l’épreuve est terrible. La plupart ont aban-donné leurs demeures la veille au soir et ont cherché un refuge dans les ravins, le lit des torrents, les fossés. Serrés les uns contre les autres, priant, tous sont convaincus

qu’avec cet ouragan de fer et d’acier leur dernière heure est arrivée.Au total, près de 8 000 tonnes de bombes sont déversées par 1 300 appareils alliés. Des nuages de fumée et de poussière grimpent à l’assaut de pentes des Maures et de l’Esterel. A partir de 7 h, les canons de la flotte se joignent à l’action de l’aviation. Jusqu’à 7 h 50, c’est un véritable déluge de feu qui s’abat sur les positions allemandes. Le tir ne se lève que pour laisser le pas-sage aux vagues de bombardiers. Sous l’effrayant martèlement des lourdes pièces, la mer semble bouillir et brûler. L’horizon n’est

plus qu’une ligne rouge, incandes-cente. L’artillerie navale déverse 16 000 projectiles d’un calibre égal ou supérieur à 127 mm.

Drone-boats 1 en folie dans la baie de Saint-RaphaëlSoudain, à 7 h 50, le déluge s’arrête. Un formidable silence, inquiétant, irréel, s’abat sur les cinquante kilomètres de la zone de débarque-ment. Tout s’apaisa comme par en-chantement, devait dire un témoin, le ciel redevint petit à petit serein.C’est l’heure de l’assaut. Des cen-taines d’embarcations se dirigent vers les plages. Mais le débarque-ment réserve deux innovations. L’accalmie ne va durer que cinq minutes. A 1 500 mètres du rivage, deux LCT (2) équipés de lance-ro-quettes lâchent une gigantesque salve. Dans un rugissement d’un autre monde, près de 30 000 roquettes s’abattent sur les posi-tions allemandes, pulvérisant les

Les forces en présence

Des centaines d’embarcations à l’assaut des plages

1/ Canons antiaériens

Le 15 août 1944, dès 5 h 15, se déchaîne la préparation aérienne, avec l’arrivée des chasseurs-bombardiers du 12e TAC, suivis des bombardiers moyens et des lourds quadrimoteurs venus d’Italie, de Sardaigne ou de Corse.

1 / Embarcations blindées lance-roquettes

2 / Embarcations blindées lance-roquettes

Page 16: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201416 -

LE RÉVEIL DOSSIER

barbelés et les champs de mines qui ont pu échapper au bombar-dement aérien et naval. En même temps s’élancent en rugissant les drone-boats téléguidés et bourrés d’explosifs destinés à faire sauter les obstacles immergés.A 8 h, après cet ultime feu d’arti-fice, l’assaut est général. Dans l’ensemble, les débarquements des forces Alpha et Delta s’effectuent avec une précision et une facilité remarquables.Abrutis, hébétés par trois heures d’un pilonnage intensif, les Alle-mands n’ont, le plus souvent, pas eu le temps de sortir de leurs abris et de gagner leurs positions de combat. Leur réaction se limite à quelques tirs désordonnés de mor-tiers ou de mitrailleuses. Pour les vétérans de Salerne ou d’Anzio, le débarquement s’appa-rente à un carrousel bien orchestré ou à une de ces promenades du dimanche au bord des pins, par une brumeuse matinée d’été. Le seul mécompte sérieux est enre-gistré à Alpha rouge, sur la plage de Cavalaire. Plusieurs chalands sont déchiquetés en heurtant des tétraèdres en béton munis de tel-lermine. En quelques instants, on compte une soixantaine de tués. Quelques survivants réussissent à atteindre la côte à la nage, au milieu de cadavres affreusement mutilés. Il faut alors faire appel aux équipes spéciales de la marine pour ouvrir un passage.Quant à la force Camel, elle ne rencontre, elle non plus, aucune résistance sérieuse sur les plages « verte » et « bleue » à Anthéor et au Dramont. Pas d’obstacles sous-ma-rins, pas de mines. Seules les batte-ries et les armes légères installées dans les îles d’Or dirigent un feu relativement violent sur les plages, endommageant quatre LCT.Mais c’est plus à l’est, à Fréjus-Plage (Camel Red), que les forces alliées vont se heurter à une opposition acharnée et éprouver le seul véri-table échec de la journée. Le géné-

ral Dahlquist, le commandant de la 36e division, n’ignore pas que, sur cette portion désolée du litto-ral, les Allemands ont multiplié les mines, les obstacles, les blockaus. Aussi, dès le matin, a-t-il décidé de lancer l’opération à 14 h, avec le 142e RCT (3) appuyé de chars et d’éléments du génie. A 11 h, les dragueurs s’approchent de la côte. Mais, malgré l’intense pilonnage du matin, ils sont refoulés par la violence du tir des batteries alle-mandes. L’état-major décide alors de reprendre et d’intensifier la pré-paration aéronavale.De 12 h 20 à 13 h, 93 B-24 pilonnent les défenses allemandes. En moins d’une minute, devait dire l’amiral Lemonier, des bombes de 100 kg tombèrent du ventre des avions comme du sable lâché par un aéronaute vidant son sac de lest, à une cadence double de celle d’une mitrailleuse… Les dragueurs re-prennent alors leur travail, mais la riposte reste vive. A 13 h 30, le groupe de soutien recommence son tir, il y a là les croiseurs amé-ricains Tuscaloosa et Brooklyn, le britannique Argonaut, les français Duguay-Trouin et Emilie-Bertin. Toute la baie disparaît dans les explosifs et la fumée. Quand le tir cesse et quand la poussière se dis-sipe, le château d’eau de Saint-Ra-phaël réapparaît comme une cas-serole fumante oubliée sur le feu.C’est le moment de lancer alors les drone-boats, bourrés chacun de dix tonnes d’explosifs. Mais, décidément, tout tourne mal ; les engins manifestent les plus grands caprices. Sur douze, trois seulement fonctionneront conve-nablement. Deux s’échouent sans exploser. Deux autres se mettent à tourner follement, comme des ca-nards à qui on aurait coupé la tête. Les vedettes réussissent à en récu-pérer encore deux autres, dont le fonctionnement donne des inquié-tudes. Enfin, un char est obligé de détruire au canon un de ces drone-boats qui manifeste l’intention de

se retourner vers la flotte alliée.A 14 h, l’amiral Lewis décide de retarder l’assaut d’une demi-heure. Mais quand les premières vagues d’embarcations se présentent dans la baie, malgré l’ultime salve de roquettes, l’accueil est si brû-lant que l’amiral décide, au grand soulagement des exécutants, de renoncer au débarquement sur la plage rouge et de lancer les vagues d’assaut sur la plage V, à l’ouest du Dramont. Dahlquist approuve : « J’apprécie la rapidité avec laquelle vous avez changé les plans… J’ai l’intention de prendre à revers la plage rouge la nuit prochaine… » Sur l’heure, les Allemands exultent. Ils sortent de leurs casemates, jettent leurs casques en l’air, hurlant de joie : « Wir haben sie ins Meer zu-ruchge-worfeu » (On les a rejetés à la mer…)Simple épisode. Le succès de l’opé-ration est en effet déjà pleinement assuré. Dès le 16 août, l’exploita-tion commence. Dans la soirée, les troupes américaines ont largement débordé les Maures et l’Esterel. La ligne bleue est partout atteinte et dépassée et le général Patch a pu établir son quartier général à Saint-Tropez. Quant au « combat command » de la 1re DB (4) il a dé-barqué, dans la nuit du 15 au 16, à La Nartelle. C’est avec une émotion quasi religieuse que les hommes prennent pied sur le sol de France. Le lendemain, le gros de l’armée B débarque à son tour dans la région de Saint-Tropez Cavalaire.Ainsi Dragoon se solde par une éclatante victoire pour des pertes relativement faibles, compte tenu de l’envergure de l’opération : 1 000 morts et disparus en vingt-quatre heures. 25 bâtiments de débarque-ment coulés ou endommagés…

Philippe MassonExtraits de la revue Les Armées 40, N° 73,« Un jour pour libérer la Provence » - Éditions Tallandier, Hachette 1980.

3 / Régiment de combat transporté

4 / 1re Division blindée

Page 17: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N°804 - JUIN 2014 - 17

DOSSIER LE RÉVEIL

Denis Fiardo un résistant dans l’armée de la France libreDenis Fiardo est né le 30 mai 1922. En 1941, âgé de 19 ans, recherché par la milice et la Ges-tapo, grâce à la Résistance il arrive à avoir de faux papiers et réussit à rejoindre l’armée de la France libre du général de Lattre de Tas-signy à Alger. Il s’engage le 15 octobre 1941 dans l’escadrille du groupe Savoie dirigée par Saint-Exupéry. Après la Corse et l’Italie, il débarque en Provence en août 1944, avec les Goumiers et les Tabors. Il fera toute la campagne d’Italie, son parcours s’achèvera en Allemagne après de durs et âpres combats, perdant durant cette campagne nombre de ses frères d’armes.Démobilisé en septembre 1945, il avait, comme il dit, « simple-ment fait son devoir ». Habitant Marseille, retraité de la SNCF, à 92 ans et même si sa mémoire commence à être défaillante, « ces instants sont inoubliables, nous dé-barquions pour libérer notre pays ».Aujourd’hui encore, présent à toutes les commémorations pa-triotiques, il a toujours une pen-sée pour tous ses frères d’armes tués aux combats. Son engage-ment à l’ARAC depuis des décen-nies et non seulement pour la mémoire, mais aussi pour la paix afin que notre jeunesse vive dans un monde de solidarité, d’amitié et de tolérance.

Patrick Saintenoy.

Archives Jansana

• Les Francs tireurs et partisans français : créés à l’initiative de Charles Tillon, les FTPF sont directement liés au Parti com-muniste français, mais ouverts aux non-communistes. Les FTPF, dont les MOI (Main-d’œuvre immigrée), pour des raisons de sécurité, s’organisent en groupes armés composé de 3 à 7 hommes. Ces groupes seront durement touchés dès 1941 par la répression de l’occupant et de Vichy.

• Armée secrète : issue entre autres groupements plus anciens que sont Combat, Libération-Sud et Franc-Tireur, l’AS est née à la fin de l’année 1942 à l’initiative d’Henri Frenay. Ce groupement, dont le chef, le général Deles-traint va mourir en déportation, correspond à ce que souhaite Jean Moulin. Suivant les instruc-tions du général de Gaulle, il avait pour mission de préparer l’insur-rection et d’attendre le moment opportun pour agir. Ses actions trouveront pleinement leur place dans les combats lors de la libéra-tion du territoire.Cependant, les Groupes Francs des MUR (Mouvements unis de la Résistance) seront, eux, dans l’action immédiate.

• Organisation de résistance de l’armée (ORA) : après l’armistice, l’armée de la métropole est limi-tée à 100 000 hommes et est can-tonnée dans un rôle de maintien de l’ordre. C’est de cette armée d’armistice que l’ORA va naître le 31 janvier 1943. Bénéficiant de cadres militaires et d’armement camouflé par l’armée d’armis-

tice, ce groupement prendra vite de l’ampleur. Le général Frère, son fondateur, meurt en déportation, de même que son successeur le général Verneau et le groupe sera finalement dirigé par le général Revers.A Marseille, l’ORA a dans ses rangs des anciens élèves de Saint-Cyr et de Saint-Maixent ainsi que des marins pompiers. Elle est dirigée par le capitaine Lécuyer dit Sapin.

Les forces de répressionLes services de police allemands en France (SIPO-SD) étaient dési-gnés comme Gestapo, du nom de la police secrète d’État du régime nazi (Geheime Staatspolizei) qui ne représentait, de fait, qu’une partie de ces services. A Marseille la Gestapo était installée dans un hôtel particulier au 425 rue Para-dis. Si à sa tête on trouvait Rolf Müller, l’homme à tout faire, le tortionnaire, se nomme lui Dun-ker dit Delage. Mais les Allemands ne sont pas les seuls à agir au sein de ce bâtiment. Non seulement tout au long de la guerre les tra-hisons et les dénonciations vont faciliter l’action de la Gestapo, mais, de plus, des Français vont se trouver directement à la place des tortionnaires. On trouve des

EN PROVENCEAu moment du débarquement, les groupes armés de résistance

Page 18: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201418 -

LE RÉVEIL DOSSIER

membres de la Milice ou du PPF (Parti populaire français) mais aussi de simples citoyens espérant être mieux nourris et mieux payés en accomplissant ces horreurs. A Marseille, trois organismes vont se distinguer dans cette triste be-sogne : le Parti populaire Français, le PPF et la Milice. Le Parti popu-laire français est créé en 1936 par Jacques Doriot ex-chef des Jeu-nesses communistes, exclu du Parti communiste français en août 1934. Ouvertement fasciste et violent, ce parti est dirigé à Mar-seille par Simon Sabiani. Il com-mettra de nombreuses exactions parfois crapuleuses comme les razzias, souvent criminelles, et servira les nazis pour l’accomplis-sement des basses œuvres en as-sassinant des juifs, des résistants et tous ceux que les nazis voulaient voir disparaître. Pour accomplir ses sombres desseins, Sabiani sera épaulé par Carbonne et Spi-rito, deux truands notoires dont la seule présence montre bien à quelles extrémités furent réduits les collaborateurs.La Milice est créée par Pierre Laval en janvier 1943 et a pour chef Jo-seph Darnand. Elle était issue d’un groupuscule d’extrême droite, le Services d’ordre légionnaire (SOL), lui-même émanant de la Légion française des combattants.Avant toute mise en place pour lutter contre la Résistance, elle apportera une telle aide à la Ges-tapo et aux forces d’occupation allemandes que le 30 décembre 1943, à la demande des Alle-mands, Darnand est nommé par Pétain secrétaire général au Maintien de l’ordre, puis le 13 juin 1944, secrétaire d’État à l’Intérieur. A Marseille la Milice occupait une partie des bâtiments de l’actuel lycée Adolphe Thiers.

Archives Jansana

Les événementsRésultant de l’action énergique et du sacrifice des FFI comme de la forte volonté du général Goislard de Monsabert et de l’intervention des unités de la 1re armée fran-çaise, la libération de Marseille occupe une place particulière dans notre histoire.Le 15 août 1944, sur les plages du Var, se déroule le débarque-ment de Provence. La 1re armée française du général de Lattre de Tassigny y prend part de façon considérable. Le 16 août, la 3e DIA (Division d’infanterie algé-rienne) et un commando de la 1re

DB (Division blindée) débarquent à Saint-Tropez, aux ordres du gé-néral Goislard de Monsabert.Le 20 août, il engage le CC 1 (Com-bat command n° 1) sur Aubagne, point névralgique du dispositif allemand et engage les 2e et 3e ba-taillons du 7e RTA (Régiment de tirailleurs algérien) qui s’avancent à travers le massif de l’Étoile vers les faubourgs nord de Marseille, surprenant les Allemands.Le 23 août, le général de Monsa-bert reçoit des émissaires de la Ré-sistance qui le pressent d’interve-nir. Il n’obtient alors du général de Lattre de Tassigny que l’autorisa-tion de s’emparer d’objectifs limi-tés dans la ville. L’enthousiasme de la population, les opportunités militaires - les Allemands sont très désorganisés - et une forte volonté du général de Monsa-bert vont se conjuguer pour que les choses se passent autrement. Plusieurs jours de combats, dont l’un des points d’orgue est la prise de Notre-Dame de la Garde le 25 août, sont nécessaires pour briser les forces militaires allemandes. Le 28 août au matin, après une

suspension des combats inter-venue le 27, le général allemand Schaefer se rend.

La résistance dans les com-bats de la libérationA Marseille, le 18 août, après un débat tendu entre « militaires » et « politiques », la grève insurrec-tionnelle est décidée par la CGT clandestine et par le CDL (Comi-té départemental de libération). Le 19 août, la grève est totale et, malgré un manque de moyens flagrant, les GF (Groupes francs) des MUR et les FTP mènent toute une série d’actions de harcèle-ment et d’insurrection. Les 20 et le 21 août, le CDL appelle à une manifestation devant la préfec-ture à 16 h. Mais dès le matin, à 10 h, un groupe de 30 jeunes FFI du groupe Provence hisse le dra-peau tricolore sur le balcon de la préfecture précédemment occu-pée par les Allemands. L’insur-rection populaire gagne la ville et fournit des arguments au général de Monsabert pour précipiter l’ac-tion des armées de libération vers Marseille. Toujours le 21 août, le général allemand Hans Schaefer ordonne la destruction générale des installations portuaires.Lorsque les troupes comman-dées par le général de Monsabert pénètrent dans Marseille, les FFI, tous groupes confondus, parti-cipent aux combats. Harcelant les Allemands, ils les obligent à se réfugier dans des places fortifiées, et vont ensuite s’efforcer de tenir les principaux carrefours et voies de circulation.

La libération de Marseille, dans la lancée du débarquement

Page 19: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N°804 - JUIN 2014 - 19

DOSSIER LE RÉVEIL

Marseille a fourni une demi-bri-gade à trois bataillons de volon-taires, anciens combattants de la Libération. Or, quatre jours au moins avant l’arrivée des troupes débarquées, l’insurrection avait mis en échec une garnison allemande de plus de vingt mille hommes. Est-ce là l’action de trois bataillons ? En réalité, les combattants de l’in-surrection marseillaise, régulière-ment enrôlés à ce moment dans les formations des FFI, étaient quelque vingt mille, mais ils entraînaient par dizaines de milliers des masses de patriotes « inorganisés ». Ces masses ont formé les « gros batail-lons » de l’insurrection nationale. Il est impossible d’en isoler arbitraire-ment les détachements FFI.Il ne suffit pas de déterminer dans quelle mesure l’insurrection a contribué à la libération du terri-toire. Il importe davantage encore d’établir que, contrairement à ce qui s’écrit généralement, c’est le plan insurrectionnel qui transfor-mait profondément les plans éta-blis dans les conseils occidentaux.L’étude de la progression des armées débarquées en fournit de nombreuses preuves de détail. On se rappelle comment la 2e DB était entrée dans Paris pour aider à la réduction des centres de résis-tance nazis. En somme, la 2e DB, une force minime si l’on pense à l’immense étendue de l’aggloméra-tion parisienne, est venue au cœur du dispositif ennemi fournir l’ap-point de ses moyens de feu à une insurrection déjà largement victo-rieuse. C’est le plan insurrectionnel qui a été appliqué, y compris par les hommes de Leclerc : le raid du capi-taine Dronne jusqu’à l’hôtel de ville défie toutes les règles des manuels militaires.

A Marseille, exemple plus typique encore. Ayant fait sauter le bou-chon d’Aubagne, de Lattre se voit cinq fois plus vite que prévu devant Marseille. « Marche triom-phale », dit-il. Mais cette avance en territoire insurgé n’est pas sans lui causer « quelques inquiétudes ». Les patriotes tenant la rue dès le 22, va-t-il voler à l’aide des insur-gés ? Non : les plans ne le prévoient pas ! « La pénétration dans la ville ne devra être effectuée qu’avec les moyens suffisants et après raccourcissement de notre investissement jusqu’à une ligne qui marque à peu près la limite entre les faubourgs et la ville propre-ment dite. »Que signifient ces directives ? Que de Lattre néglige le facteur de l’action insurrectionnelle, qu’il se dispose à entreprendre un siège en règle de la ville de Marseille, un siège avec toutes les préparations

d’artillerie, les bombardements d’aviation, les combats de rue, les destructions d’immeubles qu’il entraîne forcément.Avec vingt mille Allemands « te-nant » Marseille, trente mille « te-nant » Paris avec cent tanks, etc, la progression des Alliés vers le Rhin sera lente. Mais avec l’insurrection des grandes agglomérations, les plans d’utilisation de leurs moyens par les troupes alliées s’en trouvent aussi bouleversés. Et c’est ainsi que de Lattre écrira à propos du bataillon qui le premier se verra « aspiré par la foule » jusqu’à la Canebière : « A la vérité on ne sait trop qui de nous ou de l’ennemi est encerclé ». Si ce bataillon s’était trouvé seul il eût été détruit, mais il se trouvait, en même temps qu’au milieu de positions allemandes, au sein du dispositif de l’insurrection. Quant à la « défense cristallisée » de l’ennemi en des « points précis » se-lon les expressions de de Lattre, on a vu comment ses soldats aidèrent à la liquider de concert avec les insurgés…

Le rôle déterminant des résistants dans la libération de MarseilleCHARLES TILLON

Charles Tillon, ancien comman-dant en chef des Francs tireurs et partisans français.Les FTPF, témoi-gnage pour servir à l’histoire de la Résistance, Éditions René Julliard, 1962, pp. 560, 561, 562.

GASTON LAROCHE,

L’immigration arménienne« Les Arméniens font leur devoir pour leur patrie adoptive, comme ils l’auraient fait pour leur pays d’origine. Une amitié plusieurs fois séculaire unit les deux peuples et c’est dans la douleur que la véritable amitié donne toute sa mesure.Les Arméniens se trouvent dans la résistance aux côtés de leurs frères français, armés de courage et de dé-vouement. A Paris, Lyon, à Grenoble, à Nice et à Marseille, ils forment des groupes de Francs tireurs et partisans. Le Front national arménien est né. Il coordonne son activité avec celle des résistants français. »

Marseille« Les FTP arméniens rivalisaient d’audace et d’héroïsme. Partout les Francs tireurs et partisans armé-niens, les organisés du FN arménien secondent l’action des FFI à Marseille, à Saint-Antoine, à Sainte-Marguerite et à Saint-Loup.A Marseille, ils apportent un appui des plus efficaces dans les combats du boulevard Baille Castellane et de la Préfecture, et pénètrent dans la ville les armes à la main. Les Arméniens qui participent à la libération de Marseille étaient groupés dans un détachement nommé Détachement Sarkis (Sarkis Bedoukian, mort pour la France). A Saint-Tropez et à Toulon, les batail-lons arméniens favorisèrent le débar-quement des troupes alliées. »

1943-1945La résistance arménienne en France

Gaston Laroche, colonel FTPFLa cause de la

France est la nôtre

Page 20: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201420 -

LE RÉVEIL DOSSIER

Avenue Loulou Delfieu, rue Lucienne Tourrel… A Aubagne, vous passez devant ces plaques sans les voir, sans savoir. Ces noms méritent pourtant d’être tirés de l’oubli. Ce sont ceux des héros ordinaires qui ont résisté à l’occupation allemande et l’ont parfois payé de leur vie.Louis Delfieu, fauché en pleine jeunesse alors qu’il attaquait un train de munitions stationné à Au-bagne, armé d’un simple fusil. Ou encore des sœurs Tourrel, livrées à la Gestapo pour avoir appelé les femmes d’Aubagne à manifester contre l’occupant.« Elles sont arrêtées à la suite d’une perquisition, le 10 novembre 1942, la

veille de l’invasion de la zone sud par l’armée allemande… Les deux plus jeunes seront libérées après quelque temps, mais Lucienne sera déportée et va mourir des mauvais traite-ments subis en camp de concentra-tion. Après novembre 1942, en réac-tion à l’occupation, la résistance va s’orienter vers des actions armées. C’est à ce moment-là seulement que se créent des maquis… »Le bassin minier de Provence voit éclore un maquis autonome, modeste mais d’importance stra-tégique. Car les puits de Valdonne sont alors exploités au profit de l’Allemagne nazie. Comme la ci-menterie Lafarge, dont la produc-tion sert à dresser les blockhaus du mur de l’Atlantique.

A Saint-Savournin, les « loups rôdeurs » sabotent leur propre mine.Jacques Peuvergne, l’ingénieur en charge du puits Germain, sur la commune de Saint-Savournin, va organiser le maquis basptisé Lei loups roudaïres. Ces loups rôdeurs sont une trentaine, essen-tiellement issus de la mine. Mais aussi des réfractaires au STO venus rejoindre les mi-neurs chevronnés. « On retrouve dans le maquis du bassin minier cette force militante et cette habitude du combat poli-tique », estime Francis Pelissier, ancien maire de La Bouilladisse et lui-même ancien mineur. « Jacques Peuvergne n’avait pas cette culture-là, mais c’était un patriote, qui avait des contacts avec la France libre. Il a été le ciment du maquis de la mine, qui disposait d’un envi-ronnement idéal. A proximité du puits Saint-Joseph, sur Cadolive, les maquisards avaient aménagé une sorte de grotte artificielle où l’on planquait les armes. Ils pouvaient aussi s’y entraîner au tir par petits

groupes… Peuvergne est toujours parvenu à couvrir ses gars ». Au plus fort de l’occupation, les Loups rodeurs multiplient les actions, coupent nuitamment les câbles d’extraction de leur propre mine, font sauter les fours de l’usine Lafarge et tomber les poteaux téléphoniques. Leur coup d’éclat, le sabotage de la voie ferrée de Valdonne, le 19 août 1944. Passés par une galerie souterraine, ils font exploser 45 kilos de dynamite sous un train de munitions allemand stationné dans un tunnel. Au lendemain du débarquement de Provence, cinq roudaïres sont tombés les armes à la main, à proximité de cette même voie ferrée.

Jours de colère à Cadolive et La BouilladisseEn ces heures fiévreuses, leurs camarades rescapés vont partici-per à la libération d’Aubagne et du bassin minier. En prenant notam-ment d’assaut, avec les goumiers marocains, le clocher de l’église de Cadolive, transformé en vigie. On les retrouve également, le 20 août, aux côtés de la population

de La Bouilladisse, sou-levée contre l’occupant en déroute. Face à l’avan-cée des Alliés venus du littoral, une colonne allemande avait traversé le village sans coup férir avant de réaliser que les Américains venus du Pays d’Aix tenaient

déjà le carrefour stratégique de la Pomme, à Belcodène. Elle effec-tua un demi-tour fatal. Les habi-tants, qui avaient eu le temps de s’armer et de se jucher sur les toits d’une maison, causèrent d’énormes dommages aux sol-dats ennemis.

Montez de la mine, descendez des collines, camarades !

Extraits du Magazine du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, mars 2014.

Le bassin minier de Provence voit éclore un maquis autonome,

modeste mais d’importance stratégique.

Page 21: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 21

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

DANS LE CADRE DU CENTENAIRE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

Barbusse, combattant de la paix et du progrès social, auteur du Feu, Prix Goncourt en 1916 et fondateur de l’ARAC en 1917 avec Paul Vaillant-Couturier, Georges Bruyère et Raymond Lefebvre.

€ la semaine€

L’exposition est consultable sur le site : www.le-reveil-des-combattants.fr

EXPOSITION

Page 22: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201422 -

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

Venus de toute la France, les retraités ont exprimé, par milliers, leurs reven-dications sur le pouvoir d’achat, la loi sur l’autonomie et l’accès aux services publics. Cette manifestation unitaire était la plus importante de ces 20 der-nières années. Le gouvernement doit,

dès à présent, répondre par des mesures concrètes pour tous les retraités de notre pays.Les membres de l’ARAC étaient pré-sents, ils ont massivement distribué la carte pétition « La France bâillonnée ».

La Trinité (06)Remise de la médaille militaire à René Audigand, adhérent de la section et ancien d’Algérie.

ARAC Correze (19)

Le 9 avril dernier, se tenait à Favars, l’assemblée générale sous la prési-dence de Marie-josée Cappoën qui se dévoue sans compter pour faire vivre notre association. Les partici-pants furent accueillis par le maire Bernard Jauvion.

La projection de Quand un soldat s’en va-t’en en guerre réalisé par Télémillevaches et chargé d’émotion a tenu l’assistance en haleine et nombreux ont été ceux qui ont souhaité une nouvelle projection à une autre occasion.Après le dépôt de gerbe au Monument aux Morts, et dans le cadre de l’apéritif offert par la municipalité, la médaille de l’ORMCM devait être remise par Ber-nard Jauvion et Jean Maison – grand résistant – à Marcel Pejoine, de Tulle et Jean Marlhiac, de Lagraulière.

Défense du pouvoir d’achat des retraitésL’ARAC présente à la manifestation nationale du 3 juin

Page 23: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 23

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Le 19 mai à Rennes, un débat à l’initia-tive de l’ARAC, du Mouvement de la paix et de l’Association internationale des juristes démocrates a eu lieu sur le sujet de la paix.Ont été abordés :- Cent ans après le début de la guerre 1914-1918, la paix mondiale n’est-elle pas une nouvelle fois menacée ?

- Crise économique, doublement des dépenses d’armement en 10 ans, conflits dans le monde…

- Dans un tel contexte, la crise ukrai-nienne ne menace-t-elle pas grave-ment la paix en Europe et dans le monde ?

- Face à cette situation, quel rôle pour l’Union européenne, la France, l’ONU ?

- Et… nous les peuples, les citoyens, pou-vons-nous agir ?

En présentant l’exposition de l’ARAC, Georges Ploteau rappelait les causes de la guerre1914-1918 et ce qu’elle avait

coûté en pertes humaines, en blessures physiques et morales. Roland Nivet, du Mouvement de la paix, évoqua le besoin de développer les actions de paix, de s’attaquer aux causes des guerres, aux injustices. Quant à Roland Weyl, juriste et spécialiste des questions internatio-nales, il rappelait le rôle essentiel de la Charte fondatrice de l’ONU : « L’OTAN est illégitime, c’est une organisation mili-taire, alors que la Charte interdit le recours à la force ou à l’usage de la force de la part d’un État ou d’un groupe d’États contre un ou d’autres États. L’usage de la force est ré-servé au Conseil de sécurité et uniquement pour le maintien ou le rétablissement de la paix dans les relations internationales. »Cette rencontre aura permis de réflé-chir avant et après les élections euro-péennes. « Les peuples doivent prendre en main leur destin », telle était la conclu-sion de Roland Weyl.

ARAC Rennes I Débat sur la paix

Sud-Finistère (29)Le 21 mai dernier, dans le cadre du centenaire de la grande guerre 14-18, la section de l’ARAC du Sud-Finistère, en partenariat avec Libre Pensée 29, ont organisé une soirée pour la réha-bilitation collective des fusillés pour l’exemple.Une cinquantaine de personnes ont participé à la projection du film Adieu la vie, Adieu la mort suivi d’un débat qui a permis une nouvelle fois de dénoncer la condamnation à mort et l’exécution de 620 poilus par l’armée française. Qui étaient ces fusillés ? Qu’ont-ils fait pour mériter la mort et le déshonneur ?Malgré les promesses des dirigeants politiques du plus haut niveau, la réha-bilitation collective n’est toujours pas prononcée.

ARACBOUCHES-DU-RHÔNE (13)

Nomination de Jacques Roussey, chevalier

dans l’Ordre national de la Légion d’honneur.

Nous le félicitons.

Nombreuse assistance à la commémoration du 8 Mai, devant le monument aux morts de la commune.

Bassens (33)

Page 24: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201424 -

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

ARAC Loire-Atlantique (44)

Dans le souci d’éveiller les consciences et de faire « comprendre à la jeunesse le passé pour la rendre capable de construire sereinement son avenir », L’ARAC a or-ganisé une exposition qui retrace les causes de la Grande Guerre, les condi-tions de vie au front et à l’arrière, ainsi que celles de tous les peuples engagés dans ce conflit.« Aujourd’hui encore, on entend des bruits de bottes qui doivent nous alerter, nous devons rester vigilants sans oublier que les guerres ont toujours des causes » explique Jean-Claude Salomon.

ARAC Ottange, Nondkeil, Villerupt et environs (57)8 mai 2014, place de la Liberté à Thion-ville, le colonel Anne-Cécile Ortemann a décoré Jean-Marie Bazela et Raymond Breitel de la médaille militaire qui symbolise des exemples de courage et récompense, en reconnaissance pour service militaire rendu à la patrie, des femmes et des hommes qui ont servi sous les drapeaux avec honneur. Nos félicitations à nos anciens combattants ottangeois.

Le 3 mai 2014 : cérémonie du 11e an-niversaire de l’inauguration du Mémo-rial dédié aux morts en Afrique du Nord présidée par Jacques Brun, président de l’Union du Mémorial AFN 1952- 1962 des Alpes-Maritimes et Monaco à Val-bonne. L’ARAC était représentée par la présidente départementale, Chantal Pipart, le trésorier départemental, Au-gustin Depardieu de Vence et le porte drapeau départemental, Roger Gillosi.

ARAC Alpes-Maritimes (06)

Au cinéma de Saint-Quentin, l’ARAC a organisé une soirée-débat autour du documentaire de Gilles Perret, Les jours heureux. Après la projection, le débat était animé par Antoine Cresta-ni, vice-président de l’ARAC de l’Aisne, et Patrick Staat, secrétaire général de l’ARAC.Le public a pu découvrir le film de Gilles Perret retraçant, au travers de témoignages, l’histoire de la création du programme rédigé par le Conseil natio-nal de la Résistance.Au moment où des femmes et des hommes résistants ont construit un programme (auquel

on doit la Sécurité sociale, les comités d’entreprise, le système de retraite par répartition…) pour donner à la France des réponses sociales, économiques et politiques après la libération de la France. Ce programme a ouvert une période que l’on a appelé les trente glo-

rieuses.Une démarche toujours d’actualité mais qui de-mande du courage et de l’engagement politique pour répondre aux besoins du développement de la Nation, à sa souveraineté, aux besoins des Françaises et des Français dans leur majorité.

ARAC Saint-Quentin (02)

Page 25: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 25

VIE DE L’ARAC LE RÉVEIL

Donville-les-Bains (50)

Le vendredi 7 mars 2014 a été inauguré, à Donville-les-Bains, en présence des autorités de la ville et des associations patriotiques de la Manche, le rond-point du 19 Mars 1962 - Cessez le feu-guerre d’Algérie .Cette inauguration s’est déroulée de-vant une centaine de personnes, dont le vice-président national de la FNACA, M. Dos Santos, tous les présidents et porte-drapeaux des huit comités man-chots, les présidents de l’ARAC et de l’ANCAC et leurs porte-drapeaux.

Michel LerouxPrésident de l’ARAC 50

Bezons (95)

Stand de l’ARAC Bezons avec notam-ment son président, Étienne Le Joseph et l’exposition 14/18.

ARAC Charente (16)Dépôt de gerbe au mémorial de la Braconne

L’ARAC de Charente dépose une gerbe chaque année au mémorial de la Braconne, le premier dimanche de mai, en souvenir des fusillés du 5 mai 1943. Ils étaient communistes. Faisant parti du groupe Saint Michel, formé en 1942 sous la direction de Jean Barrière et René Michel, ils avaient de 19 à 45

ans, jugés par un tribunal militaire à Angoulême, le 30 avril 1943, comme association illégale, complicité avec l’ennemi… Ils s’appelaient Jean Bar-rière, Paul Bernard, René Jean Gallois, René Michel, Marc et Marcel Nepoux. Ils ont été fusillés le 5 mai 1943 à 6 h 30 dans la clairière de la Braconne.

Lors de la cérémonie du 8 Mai à la stèle de Gontran Labregere, après le dépôt de gerbes et la minute de recueillement, le trésorier de la section a lu la lettre

de Gontran Labregere à sa mère du 12 octobre 1941 avant d’être fusillé. Sur la photo, des enfants déposant chacun une rose.

Cérémonie du 8 Mai

Page 26: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 803 - MAI 201426 -

LE RÉVEIL VIE DE L’ARAC

RC

Vous êtes Ancien Combattant titulaire de la Carte du Combattant et/ou du Titre de Reconnaissance de la Nation (TRN), veuve, orphelin, ascendant de “Mort pour la France”.

Vous désirez protéger votre famille commevous-même en transformant votre épargne en une rente mutualiste d’avenir.

La Mutuelle de Retraites del’A.R.A.C.

est faite pourvous

Si vous êtes intéressé(e) et si vous souhaitezrecevoir une documentation plus complète,adressez le coupon ci-dessous à :Mutuelle de l’Arac - 2, place Méridien94807 Villejuif cedex - Tél : 01 42 11 11 [email protected]

Je souhaite recevoir des renseignementssur la rente mutualiste.

Nom :

Prénom :

Date de naissance : ........../........../..........

Adresse :

Code Postal :

Ville :

Tél.:

E-mail :

Cochez les cases correspondantes :

❏ Carte du Combattant. Date de délivrance : ........../........../..........

❏ Titre de Reconnaissance de la Nation. Date de délivrance : ........../........../..........

❏ Veuve, Orphelin, Ascendant,de “Mort pour la France” à titre militaire.

Campagnes : ❏ Indochine ❏ 1939-1945❏ Conflits modernes ❏ ATM (1952-1964) ✂ A

. R . A. C

M U T U E L L E �D E R E T R A I T E S

Agissant en tant qu’intermédiaire entrela Caisse Nationale de Prévoyanceet ses adhérents :la Mutuelle de Retraites de l’AssociationRépublicaine des Anciens Combattantspermet de se constituer une rente.

• Non imposable et revalorisée chaque année• Subventionnée par l’Etat de 12,50 à 60% • Cumulable avec toute autre pension ou retraite• Avec des versements déductibles en totalité

de vos revenus imposables• La garantie de votre placement vous est assurée

par la CNP (Caisse Nationale de Prévoyance) • Le capital constitué sera reversé à votre décès,

au(x) bénéficiaire(s) que vous aurez désigné(s) *• Versements à votre convenance

*Dans le cas d’un capital réservé viagèrement.

RC Annonce 210x135 3G 2 coul_Mise en page 1 14/02/14 14:29 Page1

Un hommage a été prononcé par Vincent Ginsburger-Vogel, petit fils de Marie-Claude Vaillant Couturier : « Nous sommes ici pour nous souvenir des victimes de la déportation, de ceux et celles qui ne sont pas revenus, de ceux et celles qui ont été atteints dans leur chair et leur esprit par le programme concentrationnaire, par la politique d’extermination de l’Allemagne nazie… Vous tous, vous vous souvenez que c’est l’alliance des Chrétiens démocrates, la Confédération générale du travail, des Forces de la France libre et du Parti com-muniste au sein du Conseil national de la Résistance qui a permis au général de Gaulle de sauver la France, non seulement

de l’emprise nazie, mais plus tard aussi de l’emprise américaine, qui a rendu à la France sa liberté, son indépendance et sa fierté… Villejuif est une commune parti-culièrement marquée par l’occupation puisqu’elle a perdu son maire à Auschwitz, le 11 septembre 1942, puisqu’elle a le triste privilège d’avoir vu partir vers les camps plus d’une centaine de ses habitants, juifs, communistes, résistants… Et plus encore internés, ou fusillés comme otages. Marie-Claude Vaillant-Couturier aimait à rappe-ler qu’il n’y en a pas un qui a été déporté plus que les autres … Nous serons tous respon-sables, si nous laissons en France l’héritage du Conseil national de la Résistance, les va-

leurs de solidarité, d’égalité, d’amitié entre les peuples, les exigences de justice sociale, le système des retraites, la Sécurité sociale, être dissous par les exigences des puissances d’argent ou des régimes fascistes. Parce que, si leur mort doit nous avoir enseigné quelque chose, c’est que tous les reculs sur ces valeurs peuvent amener à ça. Le ça de « plus jamais ça ». Aucun d’entre nous, ici, ce matin, ne pourra dire après : Je n’y avais jamais pensé ou je ne savais pas, quelles que soient ses idées, quelles que soient ses valeurs. »

ARAC Villejuif (94)

Le 27 avril dernier, Jean-Louis Giraudoux, président du comité de Vil-lejuif, et Brigitte Contant, secrétaire générale, ont déposé une gerbe à l’occasion de la journée de la libération des camps.

Page 27: Le reveil des combattants juin 2014

A retourner à : ARAC - 2 place du Méridien - 94800 Villejuif - Tél. 01 42 11 11 11 - [email protected]

MERCI DE PRÉCISER LE MODE DE RÈGLEMENT : par chèque à l’ordre de l’ARAC, en un ou plusieurs règlements, avec les dates d’encaissement sou-haitées.

par prélèvement bancaire, avec le montant de votre prélèvement (mensuel ou trimestriel) : merci de joindre un RIB.

Dès réception de votre règlement, nous vous adresserons une attestation de contribution et un reçu fi scal.

Nous vous rappelons que vos dons ouvrent droit à une déduction fi scale de 66 %.

Je souhaite faire un don à l’ARAC et je coche le montant souhaité :

50 € 100 € 200 € ■ Autre montant : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nom et prénom : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .Ville : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Tél. : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .E-mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

SOUSCRIVEZSOUSCRIVEZSOUSCRIVEZPOUR L’ARACDE DEMAIN ! Allier (03) :

Jean Burlaud : 100 € André Crétier : 50 €Bouches-du-Rhône (13) : Gilbert Convercet : 100 € André Dumont : 50 €Hélène Montes : 100 € Corrèze (19) : Alain Vacher : 100 €Côte-d’Or (21) : Lucien Ianelli : 50 € Cotes-d’Armor (22) : Daniel Hecquet : 100 € Dordogne (24) : Marie-Thérèse Kientzy : 50 € Finistère (29) : Joseph Prima : 200 €Haute-Garonne (31) : Georges Denat : 100 € Gironde (33) : Jean-Louis Favereau : 20 €

Hérault (34) : Serge Lévesque : 50 €Angèle Rispoli : 50 €Ille-et-Vilaine (35) : Roger Guidel : 30 €Nièvre (58) : Gisèle Quagliotti : 50 € Rhône (69) : Marius Hernandez : 50 € Saône-et-Loire (71) : André Marquis : 50 €Paris (75) : Jack Rigaux : 100 €Seine-Saint-Denis (93) : Philibert Rateau - 50 € François Slusarski : 100 € Val-de-Marne (94) : Jacques Goutorbe : 150 €Robert Seguela : 50 €

LISTE DES SOUSCRIPTEURSJUIN 2014

Arac des Côtes-d’Armor (22) : 300 €Arac des Vosges (88) : 200 €Arac section de Nice (06) : 200 €Arac section Fourques-sur-Garonne (47) : 100 €Arac section Noisiel (77) : 300 €Arac section Igny (91) : 100 €Arac section Argenteuil (95) : 50 €

Abonnés Réveil Marc Gingold : 50 €

Conseil NationalRoger Denier : 50 €André Moisenier : 50 €

SOUSCRIPTIONNATIONALE

Page 28: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201428 -

LE RÉVEIL VOS DROITS

Fonctionnaires et anciens combattants exigent la décongélation

Le gel des traitements de la Fonc-tion publique, mis en œuvre en 2010, devrait, selon MM. Hollande et Valls, se poursuivre jusqu’en 2017. Ils inscrivent ainsi leurs pas dans ceux de Sarkozy et consorts, sans se soucier des conséquences « austères » pour les personnel de la fonction publique.

Ce qu’on ne dit pas - ou si peu ! - c’est que ce gel fige également l’évolution des pensions militaires d’invalidité, de la retraite du combattant et du plafond majorable des rentes mutualistes AC.Quand ces messieurs mettent les fonc-tionnaires au « frigo », ils y fourrent du même coup les anciens combattants et victimes de guerre, gelant, de fait, leurs droits à réparation accordés pour avoir donné leur sang, une partie de leur corps ou l’un des leurs au service de la France.La valeur du point d’indice de la fonc-tion publique est figée à 4,603 depuis 2010. Au nom du principe de « rap-port constant » censé régir l’évolution des Pensions militaires d’invalidité (PMI) selon les traitements de la fonc-tion publique, celles-ci (les PMI) sont donc figées également dans la foulée… ou presque (13 centimes de rallonge de 2010 à 2014 !). Pour les fonctionnaires, 6 % de perte de pouvoir d’achat en 4 ans. Même « punition » pour les ACVG qui, en plus, ont vu leur droit à répa-ration amputé de près de 50 % par les « tripatouillages » des gouvernements successifs depuis 1989…« Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie ont droit qu’à leur cercueil la foule vienne et prie » (Victor Hugo, Chants du crépuscule). La prière, ça ne coute rien à l’État.

La directrice générale de l’ONAC leur aurait en effet donné le nom d’un éta-blissement qui pourrait reprendre les ERP. Il s’agirait d’un établissement pu-blic national créé par décret, relevant du code de l’action sociale et des familles. A l’origine, fondation pour un établisse-ment agricole au bénéfice de l’enfance abandonnée ou coupable, l’activité de cet établissement serait concentrée aujourd’hui au sein d’associations d’hébergement et de réinsertion pour les handicapés (enfants et adultes) et localisée dans une seule région et toutes privées !Bien que n’apparaissant pas dans la liste des opérateurs de l’État (550 dont l’ONACVG), il reçoit des financements des Agences régionales de santé (ARS), des Conseils généraux et d’associations.Des syndicats donc qui s’interrogent : - quant au bien-fondé de confier les ERP de l’ONAC à un tel établissement, plu-tôt que d’en créer un qui gérerait les ERP et leurs spécificités au bénéfice des travailleurs handicapés,

- quant à l’intérêt de faire cadeau « à l’euro symbolique » des bâtiments des ERP à un établissement nommé « pu-blic », mais qui gère exclusivement des structures privées localisées.

Les syndicats s’interrogent également quant à la meilleure visibilité que ce choix procurerait aux ERP dans le monde de la reconversion publique des travailleurs handicapés ? Notamment quel « meilleur » (?) accompagnement pour les formations diplômantes des ERP ? Quel serait le statut des person-nels de l’ONAC ? Contractuels ? Déta-chés sur contrat ?Rappelant que le Chef de l’État et le Premier Ministre annoncent une pro-fonde réforme territoriale, la suppres-

sion des départements et de la moitié des régions, les syndicats CFDT, CGT et FO s’inquiètent également du finance-ment de la rééducation professionnelle dont ces structures auront la charge et craignent une diminution des presta-tions offertes aux travailleurs handica-pés et des coupes dans les effectifs des ERP.S’agissant des maisons de retraite de l’ONAC, un rapprochement au cas par cas se dessinerait avec les établis-sements hospitaliers de leur périmètre ou d’autres établissements similaires d’accueil aux personnes dépendantes.

DANGER !

Les syndicats se plaignent de ne pas être associés aux travaux… et les administrateurs de l’ONAC, qui se réunissent en juin, sont dans la même situation d’igno-rance. Il est impossible de « bra-der » ainsi ERP et EHPAD, leurs personnels, les stagiaires et nos ressortissants âgés !L’ARAC appelle à différer une telle décision d’abandon et à associer véritablement dans la clarté et publiquement, tous les intéressés, les élus, les familles et le mouvement ACVG compris.

ONACVG : Les syndicats sonnent l’alarme

Par un communiqué commun, la CFDT, la CGT et FO expriment leurs craintes les plus vives, s’interrogent et s’inquiètent quant à l’avenir des établissements de l’ONAC : écoles de réinsertion professionnelle et maisons de retraite.

Page 29: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 29

LE RÉVEIL VOS DROITS

L’ARAC y était présente et, dès l’ouver-ture des débats, elle a fait valoir que si le pensionné gravement atteint a beau-coup souffert, il ne faut pas oublier son conjoint qui l’a assisté 24 heures sur 24 pendant de nombreuses années, exer-çant un véritable « sacerdoce ».Ce conjoint a souvent dû abandon-ner l’exercice de sa profession propre lorsqu’il en avait une, ou travailler à temps partiel. Cette absence de travail pour le conjoint a des conséquences très importantes sur sa retraite, voire une absence de retraite. Ce conjoint se trouve totalement démuni au décès du pensionné. Il ne faut pas oublier que la présence permanente du conjoint per-met à l’État de faire des économies car, sans lui, l’invalide aurait dû être hospi-talisé. Les associations présentes, dont l’ARAC, ont rappelé que la pension du conjoint survivant est un droit propre à ce conjoint et qu’il s’agit d’un véritable statut prévu par le code des PMI. Il ne faut pas oublier, et cela a été rappelé lors de la réunion, qu’en 1928 (date à laquelle furent mises en place les pen-sions de veuve) le taux de 500 points d’indice correspondait alors à 50 % de la pension militaire d’invalidité la plus élevée. Nous en sommes très loin ac-tuellement et c’est bien ce retard qu’il s’agit de combler. Les représentants de l’administration ont écouté ces diffé-rentes argumentations, mais n’ont rien dit ni rien proposé de concret.Ils ont simplement demandé que les associations leur adressent des pro-positions écrites, le plus rapidement possible et ont précisé que tous ces pro-blèmes ne pourraient pas être examinés avant le 6 juin 2014. Or voilà dix ans bientôt que de telles revendications ont vu le jour.

Il serait temps d’y mettre fin en faisant droit à celles-ci. Il serait donc équitable et tout à fait légal de revoir ces pensions de la manière suivante :Indice de la pension du blessé à son décès égal ou supérieur à 2 000 points : attribution au conjoint survivant d’une pension de 50 % de celle obtenue par l’invalide à son décès.L’administration avance perpétuelle-ment comme « moyen de défense » la crise actuelle et l’obligation pour les anciens combattants de chiffrer le coût de leur revendication. L’administration se base, quant à elle, sur un rapport fai-sant état d’un nombre très important de conjoints survivants intéressés. Or ce chiffre a été contesté par des asso-ciations et une nouvelle mission a été confiée à un contrôleur général des Armées. Ce rapport aurait été déposé à la fin du mois de mars 2014, mais à aucun moment l’administration n’en a fait état.A la suite à l’intervention de l’ARAC lors de cette réunion, l’administration a joué l’étonnement. Or, il s’avérerait que ce rapport amène à des chiffres beaucoup moins importants, ce qui li-miterait d’autant « l’effort budgétaire ». Pourquoi le silence de l’administration concernant ce rapport ? Il est indispen-sable qu’il soit communiqué à toutes les associations d’anciens combattants afin qu’une discussion loyale et efficace puisse enfin être engagée.Mesdames et messieurs les gouver-nants, ne nous menez plus en bateau et n’attendez pas la disparition totale de ces conjoints survivants (beaucoup ont atteint 90 ans, voire plus) pour enfin leur donner satisfaction et faire droit à leur demande légitime.

J. T.-A.

Où en est la refonte du code des

pensions militaires d’invalidité ?

Une réunion a eu lieu le 30 avril 2014, au siège du ministère de la Défense, rue de Bellechasse à Paris VIIe. Les associa-tions d’anciens combattants y étaient conviées. L’ARAC était donc présente.Il fut rappelé que, malheureusement, cette refonte sera effectuée par voies d’ordonnance comme l’autorise l’article 38 de la constitution de la Ve République. Un plan de refonte en trois parties ayant été heureusement abandonné par l’admi-nistration, un nouveau plan en sept livres a été retenu, avec inégalité en taille entre ces livres. Dans chacun, un nombre im-portant de chapitres doit être retenu afin que le lecteur puisse rapidement identi-fier les dispositions qui l’intéressent.La prochaine réunion devra poursuivre l’examen du Livre I et aborder les dispo-sitions réglementaires de celui-ci. Voici le plan :- Livre 1 : Droit à pension- Titre I : Les bénéficiaires- Titre II : Détermination du droit à pen-sion d’invalidité

- Titre III : Majorations et allocations spéciales

- Titre IV : Conjoints survivants, orphe-lins et ascendants

- Titre V : Procédure d’attribution des pensions.

- Titre VI : Régime des pensions concé-dées.

Avant la prochaine réunion, un exem-plaire de la rédaction du Livre I doit être adressé à chaque association d’anciens combattants. Cependant il convient de remarquer que, lors de cette réunion du 30 avril et malgré les efforts de l’ARAC, les possibilités de discussion ont été très res-treintes et les associations plutôt convo-quées pour information que pour discus-sion au préalable des points litigieux.C’est regrettable, mais la surveillance ne doit pas se relâcher !

Jacqueline Thabeault-Alcandre

Conjoints survivants des grands invalides de guerre : Espoir ou déception ?Une première réunion de travail sur les conjoints survivants des plus grands invalides de guerre s’est déroulée le lundi 28 avril 2014 au siège du ministère de la Défense, rue de Bellechasse à Paris VIIe (réunion reportée à deux reprises sur demande de l’administration).

Page 30: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201430 -

LE RÉVEIL VOS DROITS

ENTRETIEN D’IMMEUBLES

REMISE EN ÉTAT

TOUS DÉBARRAS

NETTOYAGE PARKING

NETTOYAGE VITRES

56, rue Louis Blanc 75010 PARIS Tél. : 01 46 07 53 17 Fax : 01 42 05 97 88 Email : [email protected]

Pour que votre univers reste lumineux

Entreprise de Propreté et de Services

Dans la foulée de la réforme Sarkozy, et en amplifi ant les effets déjà nocifs, la réforme territoriale Hollande-Valls veut supprimer les départements et réduire le nombre de régions de 22 à 11. Ça ne concerne pas les ACVG ? Oh que si !Ces mesures, qui remettent en cause les structures même de la République établie en 1789, seraient, en outre, imposées sans l’avis des Français (pas de référendum), ni de leurs élus (pas de révision constitution-nelle).Cette démarche, loin de répondre à la né-cessité d’une réelle réorganisation territo-riale démocratique, vise essentiellement à économiser (dixit le gouvernement) 25 mil-liards d’euros ! Or, une telle réduction des dépenses n’est pas possible sans remettre en cause l’emploi et les moyens de service public, sans porter atteinte aux conditions de travail des personnels et sans nuire à la réponse aux besoins des usagers.Ainsi, pour les anciens combattants et victimes de guerre, que deviendront les

services départementaux de l’ONAC si l’on supprime des ou les départements ? Ira-t-on vers des services interdéparte-mentaux ? Régionaux ? Ou seulement centraux ? Ce nouveau découpage désta-bilisera l’organisation de nos services de proximité, éloignera les citoyens, donc les ACVG, des centres de décision. Ce sera la fi n programmée du service de proximité, de la relation de proximité entre l’ONAC et l’ACVG. Que restera-t-il alors de l’ONAC ainsi démantelé ?L’austérité fi nancière, dans laquelle s’ins-crit cette réforme, programme une réduc-tion des dotations aux collectivités locales de 11 milliards d’euros entre 2014 et 2017. Dans ce contexte « d’économies » et de sup-pression des départements, qui assurera la gestion des collèges, des voiries départe-mentales, des aides sociales ? Que devien-dront les personnels qui assurent au quoti-dien la mise en œuvre des politiques et des services publics liés à ses compétences ?Ainsi pour les ACVG, l’ONAC, les ERP :

l’aide sociale aux veuves est souvent com-plétée par des subventions versées aux services départementaux de l’ONAC ; la rééducation professionnelle fait partie des charges de fi nancement des départe-ments et régions. Qu’en restera t-il après la réforme ? Les syndicats CFDT, CGT et FO de l’ONAC, des écoles de réinsertion professionnelle s’en inquiètent déjà et dénoncent les risques encourus.De nombreuses maisons de retraite fonc-tionnent grâce à un système de convention tripartite dans lequel les conseils généraux sont pour un tiers. Mais demain ?La gravité de ces mesures, véritables séismes institutionnels menaçant le socle républicain, ne peut nous laisser indif-férents. Comme tout citoyen, les ACVG doivent êtres parties prenantes et le mou-vement ACVG doit être associé à un pro-cessus de discussion dont nous réclamons l’ouverture et la durée dans le temps, afi n qu’il soit en capacité de déboucher, dans la clarté et la conscience collective, sur des prises de décisions institutionnelles rati-fi ées publiquement et allant dans le sens de l’intérêt de la population.

Réforme territoriale : L’ONAC et les ACVG en seraient aussi les victimes !

Page 31: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 2014 - 31

MAGAZINE LE RÉVEIL

En couverture, le général de Gaulle, chef du gouverne-ment provisoire de la République française, sort de la mairie d’Auber-villiers, en com-pagnie du maire Charles Tillon, pour saluer la po-pulation rassem-

blée fêtant la victoire. Quatre ans avant, le 13 juin 1940, la 27e division d’infanterie interdisait le franchissement du canal de l’Ourcq à l’envahisseur. Bloqués pendant près de 24 heures, les nazis, furieux de leurs pertes, fusillaient, le 14 juin au Vert-Galan, 15 otages civils… avant leur défi lé triomphal dans Paris.Terre de Résistance, cette banlieue fut aussi l’antichambre de la déportation avec le camp de Drancy, tandis que la répres-sion anticommuniste, la législation anti-

juive et les dénonciations s’efforçaient de museler la population en proie aux durs problèmes de la survie quotidienne. Mais rien n’y fera, et la résistance communiste, les mouvements non communistes, le ré-seau M4 apporteront leur pierre et leurs martyrs à la libération de Paris et sa ban-lieue par la 2e DB de Leclerc, la 4e division américaine dont les combats, avec la Ré-sistance locale, sont précisément détaillés.Et les questions que nous pose ce livre demeurent d’une dangereuse actualité, comme l’a souligné Monseigneur Guy de Roubaix, rendant hommage aux 43 membres de la Jeunesse ouvrière catho-lique (JOC) de la banlieue nord, morts en déportation : « Ils sont morts victimes d’une idéologie qui elle, malheureusement, n’est pas morte ». Contre le fascisme, le racisme, l’antisémitisme, les extrémistes de droite et des religions, le combat de Jean Moulin, Rol-Tanguy, Fabien, d’Estienne d’Orves continue.

La banlieue nord-est de ParisDans la Seconde Guerre mondialeJuin 1940 - Août 1944Hervé Revel, Éd. Fiacre - A commander chez Fiacre, 10 rue Saint-Fiacre, 77470 Montceaux-les-Meaux. 28 euros + frais de port.

Basilio a vécu Guernica, le 26 avril 1937, quand la légion Condor, l’aviation d’Hit-ler « prêtée » à Franco pour son putsch contre la jeune Répu-b l ique espa -gnole, a bom-bardé la ville de

Guernica. Et lorsque Basilio découvre à Paris, en visitant l’Exposition uni-verselle, l’œuvre immense de Picasso, Guernica, il ne « comprend pas comment le peintre a pu peindre les événements de Guernica, s’il n’y était pas quand cela s’est

produit ». Et lui Basilio, le peintre ama-teur qui veut peindre les hérons cendrés au bord des marais, sur les rives de la Muncada, près du pont de Renteria, LUI, que les Républicains refusent d’enrôler parce qu’ils le sentent trop fragile, trop faible, LUI, le 26 avril 1937 à 16h30 troque son pinceau pour un appareil photo et… il rate la guerre, il passe à côté. Antoine Chaplin parvient à donner une idée de cette journée, de ce moment terrible de l’Histoire en nous parlant de personnages en marge qui palpitent sans fi gurer sur l’image. Une guerre par défaut où le Guernica de Picasso apparait transformé, comme devenant un instrument de guerre of-fensif et défensif contre l’ennemi.

Le héron de GuernicaAntoine Choplin, Éd. du Rouergue, 16 euros

DésapparencesNestor Ponce, Éditions les Hauts Fonds 2013, 17 euros

Un livre qui porte la voix d’une jeune assassinée pour avoir voulu chan-ger le monde. Ici, il s’agit des jeunes Argentins disparus, torturés et mis à mort par la dictature san-glante de Videla.

Nestor Ponce, poète argentin a vécu des temps de sang. Aujourd’hui, professeur de littératures et civilisation européennes à l’université Rennes II, il rend la parole à tous ses copains d’enfance, de jeux, de luttes, d’études, et sa poésie les rejoint au fond de leurs cellules pour les évoquer avec tendresse et délicatesse. Videla pen-sait les avoir effacés du monde, mais Nes-tor Ponce prend en charge la mémoire des 30 000 disparus argentins, retrouve leurs voix, chacun des 45 poèmes de ce recueil s’attachant à une date, à un lieu précis et nommé, à chacun de l’un de ces camps de détention secrets de la dictature militaire. Il écoute et témoigne de chacun des souffl es qu’étouffent les cagoules des martyrisé(e)s, il entend le cri qui en monte et que nous entendrons encore longtemps. Cinq sérigraphies et une peinture accompagnent ces poèmes argentins pour nous envoyer en d’autres lieux de tortures, ceux des généraux chiliens. Circonstances différentes, mais même monde de bourreaux que Guillermo Nuñez fait plus qu’illustrer : il accuse lui aussi. Prix national des Arts chiliens 2007, il fut, en 1974, emprisonné cinq mois au secret, les yeux bandés par les sbires de Pinochet. Effacement des visages, violence du rouge, force auda-cieuse de la langue, chaque poème est présenté en espagnol et traduit tant d’expressions inouïes pour les faire percevoir avec force et nous renvoyer à l’irreprésentable horreur de la chair des victimes torturées.

Page 32: Le reveil des combattants juin 2014

LE RÉVEIL - N° 804 - JUIN 201432 -