Le radon et l’environnement 222Rn · radon dans un bâtiment varient dans le temps et dans...

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222 Rn Le radon et l’environnement Association Romande de Radioprotection

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222RnLe radonet l’environnement

Association Romande de Radioprotection

CaractéristiquesPAGE 3

Le radon dans l’environnementPAGE 4

La radiotoxicité : effet du radonsur la santé humaine

PAGE 5

Le radon dans les bâtimentsPAGE 6

Comment réduire la concentration en radon à l’intérieur des bâtiments ?

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Exposition professionnelle : leradon dans les mines d’uranium

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Aspects réglementairesPAGE 9

Comment mesurer le radon ?PAGE 10

Pour en savoir plusPAGE 12

LexiquePAGE 13

Le radon 222et l’environnement

222RnSommaire

Association Romande de Radioprotection

Juin 2012

Massif jurassien

3

Le radon, gaz radioactif naturel dontla période est de 3,8 jours, provientsurtout des sols granitiques et volcaniques. Dans les espaces clos mal ventilés, leradon peut se concentrer. Les des-cendants solides du radon peuventexposer les résidents ou les tra-vailleurs à un risque de cancer dupoumon.La concentration de radon dans lesbâtiments peut être réduite par lamise en œuvre de techniques de prévention et de remédiation ayantpour objectifs :• d’empêcher le radon de pénétrer àl’intérieur du bâtiment (étanchéitédes fondations, création d’unelégère pression vis-à-vis du sous-sol…),

• de diluer le radon présent dans leslieux habités ou fréquentés par lepublic à l’aide de systèmes de venti-lation.

Le risque lié au radon mobilise lesorganisations internationales depuisplusieurs années. La Suisse et laFrance ont élaboré une réglementationvisant à limiter ce risque.

Histoire

Le radon a été découvert en 1900 parFriedrich Ernst Dorn1 qui l’a appelé« émanation de radium ». C’est le troisième élément radioactifdécouvert après le radium et le polo-nium, en 1898, par Pierre et MarieCurie.

Propriétés physiques etchimiques

Le radon est un gaz rare inerte, mono-atomique. Le radon est sans couleur niodeur. Il peut faiblement se dissoudredans l’eau.

Parmi les 34 isotopes de radon, seulstrois sont présents dans la nature :• le radon 222 (période : 3,8 jours)

provenant des filiations de l’uranium238,

• le radon 220 (période : 55 secondes)issu des filiations du thorium 232 etappelé « thoron »,

• le radon 219 (période : 3,9 secondes)descendant de l’actinium 227 etappelé « actinon », issu des filiationsde l’uranium 235.

Des trois, le radon 222, issu du radium226, famille de l’uranium 238, est leplus important au point de vue de l’exposition de la population. On compte5 produits de filiation du radon avantd’arriver sur le plomb 210 qui a unepériode de 22,2 années. Il émet desparticules a et produits des descen-dants solides sous forme d’aérosols,émetteurs de particules a et b (Fig. 1).

Fig. 1 - Filiations de l’uranium 238 (tête de chaîne)

222RnCaractéristiques

1 Friedrich Ernst Dorn (1848 – 1916) : physicien allemand.

238U4,47.109 ans

234Th24,1 jours

234mPa1,17 minute

234U2,46.105 ans

230Th7,54.104 ans

226Ra1 600 ans

222Rn3,82 jours

218Po3,05 minutes

214Pb26,8 minutes

214Bi19,9 minutes

214Po1,65.10-4 s

210Pb22,2 ans

210Bi5,01 jours

210Po138 jours

206PbStable

a4,2 MeV

a4,8 MeV

a4,7 MeV

a4,8 MeV

a5,5 MeV

a6 MeV a

7,69 MeVa

5,3 MeV

� ��

b-

b-

b-

b-

b-

b-

4

Le radon est produit partout sur terreessentiellement à partir de l’uraniumnaturel contenu dans les roches et lessols. De ce fait, les régions granitiquessont particulièrement propices à l’éma-nation de radon. Les principales régions concernéessont : • en France : la Bretagne, le Massif

Central, les Vosges, la Corse,• en Suisse : le Tessin, les Grisons, l’arc

jurassien.

Le radon étant un gaz, il peut facile-ment circuler dans les sols (anfractuo-sités de la roche) jusqu’à l’atmosphère.Le radon peut se concentrer dans descavités et se dissoudre dans l’eau. Lamanipulation des sols par l’homme,qu’il s’agisse des mines d’uranium oudes carrières de granit, peut favorisersa libération dans l’air ambiant.

Le radon dans l’atmosphère

Le niveau de radioactivité du radondans l’atmosphère terrestre dépend dela nature des sols, des conditionsmétéorologiques (variations saison-nières) ; il varie aussi sensiblement, enun même lieu, entre le jour et la nuit(Fig. 2). Libéré dans l’atmosphère, leradon se dilue très rapidement : lesconcentrations dans l’air ambiant sontcomprises entre 1 et 100 Bq/m3 (Fig. 3).

Le radon dans les eaux douces

Les eaux souterraines en contact avecles roches uranifères sont plus char-gées en radon que les eaux de surface.L’eau provenant d’aquifères souterrains

(fontaine, puits ou forage) peut pré-senter, au point de captage avant trai-tement, des teneurs en radon dequelques centaines de Bq/L à un mil-lier de Bq/L. À l’air libre, le radon dis-sous dans l’eau se volatilise rapidement.

222RnLe radon dansl’environnement

Fig. 2 - Variations saisonnières et journalières du radon dans l’atmosphère

Fig. 3 - Le radon dans l’environnement

VOLCAN100 à 2 000 Bq/m3

AIR AMBIANT1 à 100 Bq/m3

EAU DE RIVIÈRE20 à 100 Bq/L

CAVITÉ SOUTERRAINE VENTILÉE

20 à 2 000 Bq/m3

EAU DE NAPPESOUTERRAINE

20 à 1 000 Bq/L

MINE VENTILÉE100 à 2 000 Bq/m3

GROTTE500 à 2 000 Bq/m3

TROU DANS LE SOL20 à 200 000 Bq/m3

AIR AU-DESSUSDES OCÉANS

0,1 À 1 Bq/m3

Variations mensuelles (Massif Central)

Variations quotidiennes (sous-sols granitiques en Bretagne)

Variations quotidiennes (sous-sols sédimentaires en Île-de-france)

Concentrationen radon (Bq/m3)

300800

700

600

500

400

300

200

100

0

800

700

600

500

400

300

200

100

0

200

100

0

J F M A M J J A S O N D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D L M M J V S D

(Bq/m3 (Bq/m3

Temps (jours)Temps (mois) Temps (jours)

5

Exposition de l’homme au radon

Le radon présent dans l’air est inhalépuis exhalé lors de la respiration. Unefaible fraction passe dans le sang. Dansl’air, les descendants solides du radon(polonium 218, plomb 214, bismuth214, polonium 214) se fixent sur lespoussières qui peuvent être inhalées.Celles-ci se déposent alors sur les voiesrespiratoires et provoquent leur irra-diation principalement par les rayon-nements a et b émis, pouvant induireune augmentation du risque de cancerdu poumon (Fig. 4).

Épidémiologie

Dès les années 60, plusieurs étudesépidémiologiques chez les mineursd’uranium, d’étain ou de fer ont établiun lien entre l’exposition profession-nelle à de fortes concentrations deradon et une hausse de la fréquencedes cancers du poumon. Des analysesréalisées ultérieurement confirment lapersistance de cette relation « exposi-tion-risque », même à des niveauxd’exposition professionnelle réduits.

Des études de type « cas-témoins » ontaussi été réalisées sur la population, àpartir des années 90, sur les effets duradon dans les habitations (radondomestique). Ces études mettent enévidence une relation significativeentre concentration de radon moyennesur 30 ans dans les habitations etrisque de cancer du poumon. Selon cesétudes, le risque relatif augmenteraitlinéairement avec la concentration deradon à raison d’environ 16 % quand lateneur en radon croît de 100 Bq/m3

dans l’air inhalé.

Fig. 4 - Voies respiratoires

Le Centre International de Recherchesur le Cancer (CIRC) a classé le radondans le groupe 1 des agents cancéri-gènes pour l’homme. Sur cette base, leradon constituerait la deuxième causede cancer du poumon loin après letabac (environ 10 % des cancers dupoumon pourraient être attribués auradon, soit de 1 000 à 3 000 décès paran en France, de 200 à 300 décès paran en Suisse).

C’est donc le risque de cancer du pou-mon qui justifie la vigilance à l’égarddu radon dans les habitations domes-tiques ou bâtiments fréquentés par lepublic ou les travailleurs.

Calcul de la dose résultant d’une exposition au radon

La Commission Internationale deProtection Radiologique (CIPR) a définiune convention de conversion permet-tant de calculer la dose efficace résul-tant d’une exposition au radon, en

comparant les résultats des études épi-démiologiques des mineurs d’uraniumet des survivants des bombardementsd’Hiroshima et de Nagasaki.

Cette convention est reprise par laréglementation française3 pour définirdes facteurs de conversion de 1,1 Svpar J.h.m-3 (respectivement 1,4 Sv parJ.h.m-3) d’exposition à l’énergie alphapotentielle des descendants du radondans les habitations (respectivementsur les lieux de travail). Sur cette base,une personne habitant pendant uneannée (7 000 heures) une maisoncontenant 300 Bq/m3 de radon reçoitune dose d’environ 5 millisieverts4.

Dans un rapport de 20105, la CIPR pro-pose que la conversion en dose soitfaite à l’avenir sur la base d’un modèledosimétrique représentant le dépôt desdescendants du radon dans les pou-mons selon les conditions d’empous-sièrement et d’aération de l’air ambiantpuis l’irradiation des cellules radiosen-sibles des voies respiratoires par lesparticules alpha émises.

Part du radon à l’exposition de la population aux irradiations ionisantes

Étant présent partout, le radon est laprincipale source d’exposition naturellede la population à la radioactivité (Fig. 5).

222RnLa radiotoxicité :effet du radon surla santé humaine

Fig. 5 - Exposition naturelle annuelle moyenne de la population suisse et française en mSv

2 Étude classiquement utilisée pour l’analyse des causes ou des facteurs de risque des pathologies en épidémiologie. Son principe repose sur la comparaison de la fréquence et du niveau d’une exposition entre un groupe de malades (les cas) et un groupe de non malades présentant les mêmes caractéristiques (les témoins).

3 JO n° 262 du 13 novembre 2003 page 580054 Cette relation entre la concentration de radon et la dose reçue (coefficient de dose) pourrait être revue par la CIPR.5 ICRP. Lung Cancer Risk from Radon and Progeny and Statement on Radon. ICRP Publication 115. Ann. ICRP 2010 ; 40 (1) : 1-64

1,81,61,41,21,00,80,60,40,2

0Radon Terrestre Cosmique Corps humain

France

Suisse

Trachée

Radonet descendantsparticulaires

Bronches

Zones alvéoléesd’échanges

gazeux

6

Le radon présente des concentrationsgénéralement plus élevées dans lesbâtiments que dans l’air extérieur enraison des plus faibles taux de renou-vellement de l’air qui y règnent. Le solsous-jacent à la construction et lesremblais sont généralement la princi-pale source responsable de la présencede radon dans les bâtiments, l’eau etcertains matériaux de constructionn’étant que des sources potentiellessecondaires. Les concentrations deradon dans un bâtiment varient dans letemps et dans l’espace en fonction dela quantité de radon exhalée par le sol(teneur en radium et texture du solsous-jacent, type de construction sursous-sol, sur vide sanitaire, en terre-plein, présence de cave), du type d’in-terface (dalle de béton, terre bat-tue…) et du degré de confinement dubâtiment (ventilation, mode de vie desoccupants).

Le radon pénètre dans un bâtiment parles défauts d’étanchéité de l’interfaceavec le sol (fissures, passage de cana-lisation, matériaux poreux) (Fig. 6).Les concentrations de radon dans unbâtiment varient dans le temps d’unepièce à l’autre et dans l’espace (selonla circulation de l’air, les concentra-tions en radon dans une même piècepeuvent varier fortement), avec desvaleurs généralement plus élevées dansles sous-sols que dans les étages supé-rieurs. En raison de ces fluctuations,l’estimation moyenne annuelle de lateneur en radon dans l’air intérieurnécessite de procéder à des mesuressur plusieurs mois.

Le radon dans l’air des bâtiments

Les campagnes de mesures, conduitespar l’Institut de Radioprotection et deSûreté Nucléaire (IRSN) et la DirectionGénérale de la Santé (DGS) en Franceet par l’Office Fédéral de la SantéPublique (OFSP) et les cantons enSuisse, ont permis d’établir le niveaumoyen annuel de radon dans l’habitat.Le niveau de radon est en moyenne de63 Bq/m3 en France et de 75 Bq/m3 enSuisse (Fig. 7).

Le radon dans l’eau du robinet

La concentration de radon dans l’eaudu robinet est d’environ 20 Bq/L maispeut atteindre parfois plus de 100 Bq/L.

Le radon présent dans l’eau joue unrôle secondaire dans l’exposition dupublic par rapport au radon dans l’air.

222RnLe radon dansles bâtiments

Fig. 7 - Le niveau moyen de radon dans les habitations en France et en Suisse

Fig. 6 - Voies par lesquelles le radon peut pénétrer dans les habitations

OUVERTURESEXTÉRIEURES

FISSURES

JOINTSSOLS

MURS ET CANALISATIONS

Moyennes arithmétiquescorrigées sur la saison

et le logement

Concentrations en Bq/m3

Risque en radon* : LégerMoyenElevé

(Bilan et al, Radioprotection 2004)

Etat : Février 2011

* Remarque : dans certaines communes, le risque en radon est estimé à partir d’unéchantillon insuffisant de mesures (à voirdans le «moteur recherche par commune»,sous www.ch-radon.ch).

Source : GG25 ©Swisstopo

19 - 5859 - 101102 - 181182 - 297

MATÉRIAUXPOREUX

7

Les actions simples

Ouvrir régulièrement les fenêtres pourfaire baisser la teneur en radon d’unepièce est un geste simple mais pas tou-jours suffisant, car le radon revient unefois les fenêtres refermées. Des solu-tions durables peuvent être mises enœuvre sur les bâtiments neufs lors dela construction ainsi que sur les bâti-ments existants après dépistage dessources et voies d’entrée du radon(notamment les remblais).

Les techniques de remédiation

Les techniques utilisées pour limiter laprésence de radon dans les bâtimentsreposent essentiellement sur les deuxprincipes suivants : • empêcher le radon venant du sol de

pénétrer à l’intérieur du bâtiment,• diluer le radon dans le volume habité

par ventilation.

Ces techniques, qui souvent conju-guent ces deux principes, peuvent êtreclassées en trois familles.Il s’agit d’abord des techniques d’étan-chement du bâtiment, car l’étanchéité

des fondations et de la maçonnerie encontact avec le terrain est déterminan-te. Ces parties doivent être protégéesdurablement contre les infiltrationsd’eau et la remontée d’humidité. Lespassages de conduites à travers les élé-ments de construction en contact avecle sol (sondes de pompes à chaleur,puits canadien…) doivent être conçuset réalisés pour être parfaitementétanches.

La deuxième famille concerne les tech-niques visant à diluer le radon dans lespièces ou locaux habités - ou à l’empê-cher d’y pénétrer - par des systèmes deventilation (ex. : l’insufflation d’airpermet de créer une légère surpressionqui s’oppose à l’entrée naturelle duradon) (Fig. 8).

Troisièmement, dans les cas où le sous-sol est particulièrement riche en radon,il est peut-être nécessaire de traiter lesoubassement (vide sanitaire, cave…)par ventilation naturelle ou mise endépression (Fig. 9).

Dans les bâtiments neufs, l’intégra-tion de techniques préventives lors dela construction permet d’assurer, àmoindre coût, une bonne efficacité dudispositif de lutte contre le radon.

Dans les bâtiments existants, lestechniques à mettre en œuvre dépen-dent du niveau de radon mesuré dansle bâtiment et des caractéristiques decelui-ci. Il est donc nécessaire de pro-

céder à une recherche préalable dessources de radon (dépistage), des voiesd’entrée et de transfert de celui-ci dansle bâtiment. Cette recherche permetd’établir un diagnostic sur la naturedes travaux de remédiation à faire réa-liser par un professionnel du bâtiment.Si, par ailleurs, des travaux d’assainis-sement énergétique sont prévus (ins-tallation de pompes à chaleur, de puitscanadiens…), on veillera à ce que lesmodifications ne dégradent pas l’étan-chéité du bâtiment.

Une mesure doit être réalisée aprèsconstruction ou travaux afin de vérifierl’efficacité des dispositions mises enplace.

En Suisse, l’OFSP a publié un « Manuel suisse sur le radon » donnant les indicationspour la prévention et l’assainissement deshabitations.> www.ch-radon.ch

En France, le Centre Scientifique etTechnique du Bâtiment (CSTB) a édité unguide sur le radon dans les bâtiments.> http://boutique.cstb.fr/

222RnComment réduirela concentration enradon à l’intérieurdes bâtiments ?

Fig. 8 - Création d’une surpression dans les pièces Fig. 9 - Mise en dépression du sous-sol

Un apport contrôlé d’air frais crée une légèresurpression dans le local ou le bâtiment (vues intérieure et extérieure)

8

Si le radon n’est considéré que depuispeu de temps comme la principalesource d’exposition radiologique natu-relle pour l’homme, son impact sanitai-re fut observé dès le XVe siècle sur lesmineurs de la région de Joachimsthalen Bohème (Répu blique tchèque). Ilfaudra cependant attendre la découver-te du radium, puis une série d’étudesépidémiologiques dans les années1950, pour identifier avec certitude leradon comme facteur à l’origine direc-te des maladies pulmonaires observéessur plusieurs cohortes de mineurs.

En France, sous l’impulsion du CEA quigère alors l’exploitation des minesd’uranium, les divisions minières sedotent dès 1956 de services dédiés à laradioprotection et mettent en place unsuivi dosimétrique individuel desmineurs. Grâce aux efforts de recherchemenés en parallèle, un dosimètre indi-viduel spécifique voit le jour en 1983,capable de mesurer les différentsrisques d’exposition auxquels sontconfrontés les mineurs, dont la conta-mination interne liée au radon et à sesdescendants (voir Fig. 10).

À partir de ces diagnostics plus précis,l’optimisation des moyens de préven-tion et de protection s’organise mon-trant rapidement l’importance de l’aé-rage pour lutter contre les accumula-tions de radon dans les galeries desmines. Ces travaux seront à l’originedes moyens de protection contre leseffets néfastes du radon que nousretrouvons aujourd’hui sur la majoritédes mines d’uranium dans le monde.

222RnExposition professionnelle : le radon dans lesmines d’uranium

Fig. 10 - Mine souterraine de Cominak au Niger avec deux agents portant un dosimètre radon à la ceinture et le système de ventilation au plafond

Mesure intégrée mensuelle ou trimestrielle del’exposition aux descendants à vie courte desisotopes 222 et 220 du radon avec un dosimètre porté à la ceinture

Alvéole de charge

Dosimètre

Bouchon clip

Ensemble têtede dosimètre

Badge TLD

Pastilles thermoluminescentes

Ecran

Filtre

Film LR115

Circlips

Joint

Turbine

Corps dosimètre

9

La réglementation suisse

Pour limiter l’exposition au radon,l’Ordonnance fédérale de 1994 sur laradioprotection fixe à 1 000 Bq/m3 enmoyenne par année la limite à partir delaquelle un assainissement est obliga-toire dans les habitations et à 400 Bq/m3

la valeur directrice applicable enmatière de construction, de transfor-mation et d’assainissement.

Dans les lieux de travail, la limite estfixée à 3 000 Bq/m3 en moyenne sur ladurée mensuelle de travail.

La réglementation française

La prise en compte du risque lié auradon est mentionnée dans le plan can-cer et dans le second plan nationalsanté environnement (PNSE 2). Lestextes réglementaires sur le radon sontcodifiés dans le Code de la santépublique et dans le Code du travail. Ilsconcernent les lieux ouverts au publicainsi que les lieux de travail. Ces textesne couvrent pas l’habitat.

En Suisse comme en France, des évolu-tions réglementaires sont prévues pourtenir compte des recommandationsrécentes des instances internationales.En France, l’ASN a publié le plan natio-nal d’actions 2011-2015 pour la ges-tion du risque lié au radon.

Le contexte international

Le risque lié au radon est une questionqui mobilise les organisations interna-tionales depuis de nombreuses années.Celles à caractère scientifique ont ana-lysé et synthétisé les nouvellesconnaissances tirées des études épidé-miologiques (mineurs et populationgénérale), d’autres émettent desrecommandations ou des prescriptions.

L’intérêt d’agir pour limiter autant quepossible l’exposition au radon est una-nimement reconnu (le risque n’est pasnégligeable et des solutions existent).Des plans d’actions nationaux sontrecommandés, couvrant :

• la qualité des mesures de radon,• la délimitation de zones géogra-

phiques prioritaires,• la prévention du risque dans le bâti

neuf (règles de construction) et desmesures de remédiation dans le bâtiexistant,

• un niveau de référence pour l’habitatet les bâtiments recevant du public(< 300 Bq/m3 voire si possible < à100 Bq/m3 d’après l’OMS),

• un niveau de référence pour les lieuxde travail (< 1 000 Bq/m3 d’aprèsl’AIEA),

• une bonne coordination avec les autrespolitiques de santé publique (tabac,qualité de l’air intérieur) et avec lapolitique d’économie d’énergie,

• l’implication et la formation adéqua-te des professionnels (santé, bâti-ment, immobilier…),

• une communication sur le risque etles moyens de s’en protéger, avec desmessages simples.

222RnAspects réglementaires

Village suisse Maison bretonne

10

Principe de la mesure du radon dans l’air

C’est généralement l’activité volumiquedu radon qui est mesurée, exprimée enbecquerel par mètre cube d’air. Troistypes de mesure, codifiés par l’AFNOR,sont à distinguer selon les caractéris-tiques du prélèvement d’air :

• la mesure intégrée effectuée sur plu-sieurs mois pour obtenir une valeurreprésentative de la valeur moyenneannuelle de la concentration dans unbâtiment,

• la mesure ponctuelle effectuée surquelques secondes ou minutes avecanalyse immédiate ou différée afind’obtenir une « photographie » à unmoment donné,

• la mesure en continu permettant desuivre l’évolution de la concentrationen fonction du temps.

Dans l’air des bâtiments

La concentration en gaz radon dansl’air, exprimée en Bq/m3, dans lespièces occupées du bâtiment peut êtremesurée à l’aide de dosimètres. Ledosimètre radon est un film plastiquesur lequel chaque impact de particulealpha laisse, après traitement chi-mique, un trou microscopique. Aprèsétalonnage, le comptage du nombre detrous sur la durée de la mesure permetde déterminer l’activité volumique ouconcentration moyenne de radon dansl’air (Fig. 11).

Pour que le résultat soit comparableaux niveaux d’actions réglementaires,il faut que la mesure soit représentati-ve de la valeur moyenne annuelle(intégrée sur au moins deux mois). Laméthode de dépistage des concentra-tions de radon dans un bâtiment estdécrite dans la norme française AFNORNF M60-771.

Pour constituer une aide au diagnostictechnique, les investigations complé-mentaires visant à localiser les voiesd’entrée du radon dans le bâtimentsont réalisées au moyen d’appareils demesure permettant d’enregistrer lesévolutions des activités volumiques(Fig. 12).

222RnComment mesurerle radon ?

Fig. 11 - Exemple de dosimètre radon pour une mesure intégrée

Lecture automatique des traces sur 4 plages de mesure : Po218, Po214, Po212, Rn222

11

Dans l’air des cavités et ouvrages souterrains

Comme pour les bâtiments, le mesuragedu radon dans les cavités et ouvragessouterrains est codifié par la normeAFNOR NF M60-772 établie sur la based’un guide méthodologique de l’IRSN.En Suisse, on veille à bien ventiler leslocaux pour réduire l’exposition destravailleurs.

Dans les mines d’uranium, la mesure duradon est basée sur la mesure de l’éner-gie alpha potentielle des descendantssolides du radon (EAP). La dose effica-ce associée est ensuite estimée à par-tir du coefficient de conversion sur leslieux de travail (en Sv/J.h.m

-3) extrait

de la réglementation6.

Dans l’eau

La mesure de radon dans les eaux,exprimée en Bq/L, peut être réalisée :• soit par la mesure directe d’un

échantillon d’eau prélevée sur lequelil est procédé à une analyse parspectrométrie gamma ou par scin-tillation liquide,

• soit par la mesure indirecte d’unéchantillon d’eau qui est dégazépour récupérer le radon sous formegazeuse. Le gaz radon est ensuiteanalysé par scintillation alpha, ioni-sation de l’air ou à l’aide un détec-teur au silicium.

Normalisation

Les mesures de radon dans l’air et dansl’eau obéissent à des normes. Lesnormes AFNOR développées en Franceservent à l’établissement des normesinternationales (ISO 11665 pour leradon dans l’air et ISO 13164 pour leradon dans l’eau). En France, les orga-nismes habilités à procéder auxmesures de radon sont agréés parl’Autorité de sûreté nucléaire.

Fig. 12 - Exemple d’appareil pour une mesure du radon en continu

6 Arrêté du 1er septembre 2003 définissant les modalités de calcul des doses efficaces et des doses équivalentes résultant de l’exposition des personnesaux rayonnements ionisants.

H3historiqueet propriétés

1212

222RnPour en savoir plus

Bibliographie

■ Journées « radon » SFRP-ARRAD des30 et 31 mars 2011 à Montbéliard

■ Dossier « radon » Repères, le magazine de l’IRSN, n° 8 janvier 2011

■ Mesures de l’activité volumique duradon dans les bâtiments, revue« Contrôle » de l’ASN n° 188, juin 2010

■ Radioprotection et surveillance dela radioactivité en Suisse, résultats 2007 p. 69 (OFSP)

■ Plan d’action radon 2012-2020approuvé par le Conseil fédéral suisse en 2011

■ Plan national d’actions 2011-2015pour la gestion du risque lié auradon (ASN)

Sites internet

■ http://www.asn.fr/index.php/Haut-de-page/Professionnels/L-accreditation-et-l-agrement-d-organismes/Radon

■ http://www.ch-radon.ch

■ http://www.irsn.fr/FR/base_de_connaissances/Environnement/radioactivite-environnement/radon/

■ http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs291/fr/index.html

■ http://www-carmin.cea.fr/espace-pedagogique/rayonnements-ionisants-et-sante/les-radionucleides/radon-rn

■ http://www.invs.sante.fr/beh/2007/18_19/beh_18_19_2007.pdf

■ http://ese.cstb.fr/radon/wacom.asp

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222RnLexique

Abréviations

AIEAAgence internationale de l’énergieatomique

CIPRCommission internationale de protection radiologique

CIRC Centre international de recherche sur le cancer

OMSOrganisation mondiale de la santé

Unités

Becquerel (Bq) Unité d’activité d’une source radioactive 1 Bq = 1 désintégration radioactivepar seconde.

Joule (J)Unité d’énergieL’énergie potentielle alpha des descendants du radon est l’énergieémise sous forme de rayonnementalpha lors de l’ensemble des transformations radioactives conduisant jusqu’au plomb 210.

Activité volumique ou concentrationou teneurNombre de désintégrations par secondedans un volume donné, exprimée enBq.L-1 ou Bq.m-3.

Sievert (Sv)Unité de dose efficace.

Définitions

RemédiationAction de réduire la teneur en radonen effectuant des travaux sur le bâti.

Période radioactive ou demi-vieTemps au bout duquel la moitié del’activité du radionucléide a disparu.

Conc

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Association Romande de Radioprotection