Le Prince (Fiche de lecture) · Un procédé littéraire : les exempla Le genre du miroir du prince...

Le PrinceNicolas Machiavel

Fiche de lectureDocument rédigé par Nathalie Roland

maitre en histoire(Université de Liège)

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RÉSUMÉ 3

ÉCLAIRAGES 7L’Italie aux XVe et XVIe siècles

CLÉS DE LECTURE 8Un procédé littéraire : les exempla

Le genre du miroir du prince

Machiavel et le machiavélisme

Une œuvre humaniste

PISTES DE RÉFLEXION 11

POUR ALLER PLUS LOIN 12

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2Le PrinceFiche de lecture –LePetitLittéraire.fr –

Nicolas MachiavelHomme politique et écrivain italien

• Né en 1469 à Florence• Décédé en 1527 dans la même ville• Quelques-unes de ses œuvres :

Le Prince (1513), ouvrage politiqueDiscours sur la première décade de Tite-Live (1513-1519), ouvrage politiqueL’Art de la guerre (1521), ouvrage politique

Témoin privilégié des guerres qui touchent l’Italie et sa ville natale, Florence, Nicolas Machiavel (1469-1527) entame une carrière politique en 1498. Il devient secrétaire de la chancellerie de la République de Florence, et s’occupe des affaires étrangères et intérieures, ainsi que de la guerre. Par la suite, il se rend auprès du roi de France, du pape ou de l’empereur pour des missions diplomatiques. Il écrit plusieurs ouvrages politiques comme Le Prince (1513, publié en 1532), Discours sur la première décade de Tite-Live (1513-1519) ou L’Art de la guerre (1521), mais il rédige aussi une histoire officielle de sa ville, Histoires florentines (1521-1525), et des pièces de théâtre, dont La Mandragore (1513).

Le PrinceUn traité de politique

• Genre : essai politique• Édition de référence : Le Prince, traduit de l’italien et

annoté par Thierry Ménissier, Paris, Hatier, coll. « Classiques & Cie Philo », 1999, 224 p.

• 1re édition : 1532• Thématiques : pouvoir, sagesse, politique,

pragmatisme, société, peuple

Machiavel écrit Le Prince en 1513 pour se rapprocher des Médicis, une famille florentine puissante revenue récem-ment au pouvoir. Mais l'œuvre n’obtient pas de succès et n’est publiée qu’en 1532. Le titre original, De principatibus (Traité sur les principautés), tire son origine du terme princeps (le premier, la tête, celui qui dirige) et évoque toutes les formes de gouvernement.

Dans ce traité philosophique sur la politique italienne et internationale du début du xvie siècle, Machiavel analyse ce qui a existé et cherche une solution pratique à l’insta-bilité politique en Italie, en se basant sur ses expériences. Ce livre engendre de nombreuses critiques, comme le prouve le sens négatif du mot « machiavélique », dérivé du nom de l’auteur.

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RÉSUMÉ

Lettre dédicace : par ce moyen, l’auteur met son ouvrage sous la protection d’un puissant et lui assure en plus une certaine publicité. Machiavel offre son livre à Laurent II de Médicis, duc d’Urbin, et présente cet ouvrage comme une suite de leçons sur la manière de gouverner.

CHAPITRE 1L’auteur différencie la nature des États (les républiques et les principautés héréditaires ou nouvelles) et les moyens de les acquérir (armes, fortune ou vertu).

CHAPITRE 2Il choisit de se concentrer sur les principautés nouvelles et la manière de les gouverner.

CHAPITRE 3Il s’intéresse en particulier au cas des principautés nouvelles « mixtes », c’est-à-dire conquises par un étranger. Dans ce cas, le prince doit se méfier de son entourage et de sa fidélité. Pour régner, il doit veiller à garder la faveur de ses sujets et intégrer le nouvel État dans un ensemble plus grand.

CHAPITRE 4Machiavel s’interroge sur les difficultés à conserver un nouvel État. Pour lui, le problème vient de l’entourage du prince, composé soit de ministres, soit de barons. Il compare la place qu’occupent les grands auprès du sultan turc et du roi de France.

CHAPITRE 5Il s’intéresse à la manière de gouverner les États habitués aux libertés. Dans ce cas, il faut soit supprimer les anciennes lois, soit y vivre, soit imposer un impôt et désigner comme chef un ami. À ses yeux, il faut « s’appuyer sur ses propres citoyens » (p. 24), sauf dans les républiques, où il vaut mieux les anéantir pour les posséder.

CHAPITRE 6L’auteur étudie plusieurs exemples de princes de l’Antiquité chrétienne ou païenne qui ont acquis une principauté par les armes et la vertu : Moïse, Cyrus, Thésée, Romulus et Hiéron de Syracuse.




CHAPITRE 7Il s’intéresse ensuite aux princes qui ont acquis leur bien grâce aux armes et à la fortune d’autrui. Ceux-ci continuent à dépendre de ceux qui les ont aidés à prendre le pouvoir. Il prend deux exemples contemporains : la réussite de Ludovic Sforza (1452-1508) à Milan et l’échec de César Borgia (1475-1507) en Romagne.

CHAPITRE 8Machiavel aborde le cas des princes qui obtiennent une principauté par la violence. Il ne s’oppose pas à son usage, mais explique qu’il faut la concentrer : « Les violences, on doit les commettre toutes ensemble, afin que, comme on les goûte moins, elles soient moins douloureuses. » (p. 44)

CHAPITRE 9Machiavel analyse enfin le cas des principautés civiles où le prince obtient le pouvoir grâce au peuple. Le prince doit alors trouver un équilibre pour garder la bienveillance de son peuple tout en prenant conseil auprès des grands. L’auteur insiste sur un point important : « Il est nécessaire à un prince d’avoir le peuple pour ami » (p. 48), notamment en s’engageant à le protéger. De plus, afin de maintenir l’équilibre, le prince doit faire en sorte de devenir indispensable.

CHAPITRE 10Sur la question des forces armées, le prince doit toujours savoir s’il a les ressources pour se défendre seul ou s’il doit faire appel à des alliés.

CHAPITRE 11L’auteur évoque alors le cas particulier des principautés ecclésiastiques, difficiles à acquérir. Les princes italiens ont accordé peu d’importance à la papauté. Pourtant, les deux derniers papes (Alexandre VI et Jules II) montrent qu’ils sont des princes puissants.

CHAPITRE 12Vu que l’État se fonde sur « les bonnes lois et bonnes armées » (p. 56), Machiavel s’intéresse aux dangers des troupes mercenaires car elles sont « désunies, pleines d’ambition, sans discipline, infidèles et pleine d’ardeur avec leurs amis mais lâches dès que paraît l’ennemi » (ibid.). Il les considère comme responsables de la situation italienne.




CHAPITRE 13Machiavel critique le principe des troupes auxiliaires, soit l’emploi de militaires étrangers en renfort d’une armée personnelle. À ses yeux, la seule armée valable reste l’armée personnelle et organisée car il estime que les soldats des autres ne conviennent jamais.

CHAPITRE 14Il explique ensuite que le prince doit s’exercer à la guerre par l’esprit (lire des livres d’histoire pour imiter les hommes excellents du passé) et par les actes (chasser, faire des exercices militaires avec les troupes, apprendre la géographie du terrain).

CHAPITRE 15Machiavel aborde un nouveau thème : la manière dont un prince doit se comporter avec ses sujets et amis. Il constate que « l’homme qui en toutes choses veut faire profession de bonté se ruine inéluctablement parmi tant d’hommes qui n’ont aucune bonté » (p. 70). Dès lors, le prince ne peut avoir toutes les qualités : il doit donc « apprendre à ne pas être bon » (p. 70-71) et fuir la mauvaise réputation.

CHAPITRE 16Parmi les qualités, Machiavel traite d’abord de la générosité et de la parcimonie. Le prince ne doit pas craindre d’être considéré comme avare. Il doit en effet se montrer généreux uniquement avec ce qui ne lui appartient pas car « dépenser le bien des autres, en effet, ne nuit en rien à [s]a réputation, mais l’enrichit » (p. 74).

CHAPITRE 17Il examine ensuite la clémence, mais estime qu’il n’en faut pas trop, sinon cela crée le désordre. Il conclut qu’« il est plus sûr d’être craint qu’aimé » (p. 76).

CHAPITRE 18Il s’intéresse aussi à la loyauté et constate que ceux qui réussissent utilisent généralement la ruse. Il estime que le prince doit savoir combattre comme les hommes avec les lois ou comme les animaux, avec la force (lion) ou la ruse (renard). Plus encore, le prince doit « être grand simulateur et dissimulateur » (p. 80).




CHAPITRE 19Machiavel analyse ensuite les rapports entre le prince et le peuple. Le prince doit craindre ce dernier, comme les ennemis étrangers, et s’en protéger par de bonnes armées et de bons amis. Il doit éviter de s’attirer la haine et contenter les grands pour éviter les conjurations et révoltes. L’auteur examine l’attitude d’empereurs romains face au peuple. Le prince doit aussi trouver un équilibre entre l’armée et le peuple, qui ont des désirs opposés.

CHAPITRE 20Selon Machiavel, il est nécessaire qu’une partie de la population soit armée pour garder sa confiance et éviter d’engager des mercenaires. Pour se protéger, l’auteur estime que « la meilleure forteresse qui soit, c’est le fait de ne pas être haï par le peuple » (p. 100).

CHAPITRE 21Le prince doit aussi veiller à donner de bons exemples, prendre un parti plutôt que de rester neutre, ne jamais s’associer avec plus puissant que lui ou encourager les métiers.

CHAPITRE 22L’auteur insiste sur l’importance du choix des conseillers du prince : il lui faut un ministre agissant pour son bien et un entourage composé de personnes capables et fidèles.

CHAPITRE 23Critiquant les cours remplies de flatteurs, il conseille au prince de s’entourer d’hommes sages et d’écouter les avis, mais de décider seul.

CHAPITRE 24Machiavel se penche sur la situation en Italie : les princes italiens ont perdu leurs États à cause d’un défaut d’armée, d’une population ennemie ou de la révolte des grands.

CHAPITRE 25Machiavel expose le cœur de sa théorie : alors que beaucoup pensent que Dieu et la fortune dirigent tout, lui croit que l’homme a une part de liberté. Le prince doit ainsi avoir des vertus, mais surtout se montrer capable de s’adapter aux changements de la fortune, voire mieux : la soumettre à sa propre volonté.

CHAPITRE 26Machiavel termine son ouvrage par un plaidoyer vibrant à connotation religieuse pour que Laurent de Médicis soit le prince qui délivrera l’Italie de « la domination de ces barbares » (p. 120).




ÉCLAIRAGES

L’ITALIE AUX XVe ET XVIe SIÈCLESLe Prince est marqué par les évènements que Machiavel a vécus depuis son enfance en Italie et à Florence. Au xve siècle, le pays est entièrement morcelé en différents petits états rivaux et indépendants, notamment la République de Venise, Rome et les terres papales, le Royaume de Naples ou encore le Duché de Milan et Florence.

À la fin du xve siècle, l’Italie devient un enjeu important pour les puissances étrangères. En effet, le roi de France, Charles VIII (1470-1498), appartient à la famille d’Anjou et hérite des droits que cette dynastie possède sur le royaume de Naples. En 1494, il entame une expédition pour s’en emparer ; c’est ainsi que débutent les guerres d’Italie. Peu de temps après avoir conquis Naples, il la perd au profit du roi d’Aragon.

En 1497, Louis XII (1462-1515), le successeur de Charles VIII, veut faire valoir ses droits d’héritier sur le Duché de Milan en tant que petit-fils de Valentine Visconti, sœur du dernier duc de Milan. Après avoir vaincu ce dernier, il s’empare du Duché et y installe un gouvernement assujetti à la France. Reprenant les ambitions de son prédécesseur, il se rend à Naples et chasse le roi d’Aragon (1500). Louis XII s’allie au pape Alexandre VI Borgia (1431-1503) et laisse le fils de ce dernier, César Borgia, créer un État qui englobe la Toscane et la Romagne. Avec la mort du pape, la France perd un allié précieux. En 1508, celle-ci s’allie alors avec le nouveau pape Jules II et l’Empire pour récupérer des villes que Venise tient. En 1511, Jules II (1433-1513), inquiet des ambitions de Louis XII, constitue la Sainte-Ligue (composée du pape, de Venise, de l’Aragon, de la Suisse et de l’Angleterre) pour chasser les Français et rétablir le prestige du pouvoir papal : d’abord victorieuse, la France perd ses possessions en 1513.

L’histoire de Florence s’inscrit dans ce climat guerrier. Aux mains de la famille Médicis depuis le premier tiers du xve siècle, la ville est un riche centre artistique et économique. Mais, en 1492, une révolution menée par le moine Savonarole (il prêche pour un mode de vie plus austère et critique la tyrannie des Médicis) chasse les Médicis de la ville. Après s’être emparé du pouvoir, il installe une dictature théocratique, donnant ainsi tous les pouvoirs à Dieu et aux prêtres. Excommunié par le pape, puis abandonné par le peuple, Savonarole est emprisonné, torturé, puis brulé vif. En 1498, la République est instaurée ; Machiavel y occupe une place d’importance, notamment pour régler les nombreux conflits intérieurs et extérieurs. En 1512, les Médicis, aidés par les troupes espagnoles, reviennent à la tête de Florence et Machiavel est condamné à l’exil.

En résumé, Machiavel a rédigé son ouvrage dans le contexte d’une Italie déchirée par les guerres, les rivalités et les complots, subissant la domination de souverains extérieurs. D’un point de vue personnel, il se retrouve exclu de toutes fonctions politiques suite au retour des Médicis et cherche dès lors à s’attirer leurs bonnes grâces.




CLÉS DE LECTURE

UN PROCÉDÉ LITTÉRAIRE : LES EXEMPLALes exempla désignent des anecdotes ou des histoires plus ou moins longues, réelles ou fictives, avec une morale, utilisées par les auteurs de la Renaissance pour illustrer leurs idées. Ils peuvent servir à montrer des aspects positifs ou négatifs. Le but est de faire comprendre un concept par une histoire marquante pour permettre ainsi à l’esprit de s’en rappeler.

Dans le cas de Machiavel, les exempla ont plusieurs origines ou formes :

• il utilise des exemples contemporains : seigneurs italiens (François Sforza, p. 58), papes (Alexandre VI, p. 80 ; Jules II, p. 9) ou souverains étrangers (Ferdinand d’Aragon, p. 101 ; Louis XII, p. 73) ;

• il se base aussi sur des exemples de l’Antiquité : en effet, à la Renaissance, les auteurs remettent à l’honneur le savoir des Anciens qu’ils estiment meilleur que celui du Moyen Âge :

ʟ d’une part, à travers les exemples antiques païens. Dans ce cas, vu que la religion chrétienne occupe une place importante, les auteurs de la Renaissance sélectionnent rigoureusement les exemples et choisissent ceux dignes des chrétiens. La plupart des modèles cités par Machiavel évoquent des hommes politiques ou des guerriers en Grèce (Philippe de Macédoine, p. 14 ; Alexandre le Grand, p. 20), à Rome (les empereurs, p. 87-95) ou en Perse (Darius, p. 23 ; Cyrus, p. 27) mais ceux-ci font aussi référence aux grands auteurs de la littérature antique (Virgile, p. 76 ; Tite-Live, p. 117) ou encore aux héros de la mythologie (Thésée, p. 27) ;

ʟ d’autre part, par le biais des exemples antiques chrétiens. Ainsi, Machiavel cite souvent des personnages de la Bible comme Moïse (p. 27, 116 et 118) ou David (p. 64) ;

• il utilise également les animaux qui sont les symboles, depuis le Moyen Âge, d’une qualité ou d’un défaut. Les lecteurs de l’époque comprennent ainsi que le lion représente la force et le renard la ruse tandis que les loups passent pour être des représentants du mal.

LE GENRE DU MIROIR DU PRINCEPar certains aspects, l’ouvrage de Machiavel s’apparente à un miroir du prince. Il s’agit d’un genre littéraire à la mode chez les auteurs de la Renaissance destiné, comme son nom l'indique, à l’éducation des princes et gouvernants. L’auteur montre de bons et mauvais exemples de gou-vernants de l’Antiquité païenne, chrétienne et de son époque, décrivant ainsi l’image d’un prince idéal, sage et prudent.




Tout au long de son récit, Machiavel énumère un certain nombre de qualités que le prince doit avoir : il doit faire preuve de prudence, de sagesse, de patriotisme, de grandeur, de courage, de gravité et de fermeté ; il doit s’entourer d’hommes sages ; il ne doit pas être oisif et il ne doit pas penser à son enrichissement personnel.

Mais Machiavel s’écarte tout de même de ce genre :

• parce qu’il ne propose pas un idéal, mais plutôt une analyse des faits ;• parce qu’il tient des propos contraires à la sagesse, la vertu morale et la justice. Par exemple,

il explique que le prince peut faire usage de violence, supprimer les princes légitimes ou se montrer manipulateur.

MACHIAVEL ET LE MACHIAVÉLISMEÀ l’origine, le machiavélisme désigne la théorie de Machiavel. Mais, à l’heure actuelle, ce terme et l’adjectif « machiavélique » sont plutôt associés à la perfidie, la déloyauté, la ruse, le manque de scrupule ou l’hypocrisie.

Cette interprétation provient des nombreuses controverses nées dès la parution de l’ouvrage de l'auteur : en 1576, le français Innocent Gentillet fait paraitre une critique des théories du Prince, tandis qu’en 1640-1642, un autre français, Louis Machon, défend la pensée de Machiavel. La critique la plus célèbre de l’ouvrage reste L’Anti-Machiavel (1740) du jeune Frédéric qui deviendra roi de Prusse et n’hésitera pas à employer les idées qu’il réfutait pour affirmer son pouvoir absolu.

Plusieurs raisons ont poussé certains érudits à s’opposer à la théorie de Machiavel :

• l’auteur rompt avec la tradition antique qui lie politique et éthique : ainsi, il incite le prince à ne pas tenir compte de la morale si cela l’empêche de conserver son État ;

• il remet en question la religion : celle-ci n’est plus le fondement du pouvoir, mais en est un outil.

Pour comprendre ces critiques et les idées de Machiavel, il faut rester conscient que :

• le but de Machiavel n’est pas de proposer un idéal mais une solution pratique sur la manière d’acquérir et de conserver le pouvoir ;

• la vision négative de l’auteur est inséparable du contexte et de l’urgence de la situation italienne de l’époque.

UNE ŒUVRE HUMANISTEL’humanisme désigne un mouvement de renouveau dans les lettres et la pensée (vision du monde, types de connaissance, modèles littéraires et artistiques, traditions, institutions, etc.) qui nait en Italie au xiiie siècle, puis s’étend à toute l’Europe jusqu’au xvie siècle. Il se caractérise principalement par la redécouverte du savoir de l’Antiquité et par une plus grande confiance en l’homme.

Dans le cas de Machiavel, les spécialistes parlent d’humanisme civil ou engagé : comme d’autres auteurs, il a en effet participé activement au renouveau de la vie politique.




Le Prince comporte plusieurs caractéristiques humanistes :

• Machiavel fait de Rome et l’Empire romain le modèle par excellence : il loue par exemple « la puissance et la longévité de l’Empire » (p. 23) ou étudie les choix politiques de certains empereurs ;

• il restitue les textes d’auteurs de l’Antiquité : il cite notamment Virgile et Tite-Live (dont il commentera les textes par après), mais également un autre humaniste, Pétrarque ;

• il place un homme au centre des réflexions son ouvrage (le prince) et non la religion, comme c’était le cas au Moyen Âge ;

• il s’intéresse à la morale et à la philosophie politique, domaines qui ont préoccupé de nom-breux humanistes ;

• il écrit pour éduquer un prince or les humanistes estiment que l’éducation est d’une grande importance pour former des hommes universels et modernes ;

• il utilise des exempla qui sont à la fois un moyen pédagogique pour enseigner la morale et, souvent, une évocation de l’Antiquité.




PISTES DE RÉFLEXION

QUELQUES QUESTIONS POUR APPROFONDIR SA RÉFLEXION…• En 1516, Thomas More écrit l’Utopie, un ouvrage notamment destiné à l’éducation du prince.

Comparez les deux œuvres. Ont-elles le même but ? Quels sont les moyens et modèles préconisés par les deux auteurs ?

• Machiavel est-il machiavélique ? Trouver des éléments qui ont pu pousser certains lecteurs à voir dans son ouvrage des dérives.

• Le Prince est souvent décrit comme la théorie d’actions politiques. Qu’est-ce que cela signifie à votre avis ? Expliquez au moyen d’exemples.

• Machiavel fait allusion à plusieurs reprises aux Turcs (p. 12, 21 et 94), pourtant considérés comme les ennemis de la chrétienté. Qu’en dit-il ? Peuvent-ils devenir des exemples pour le prince ?

• À plusieurs reprises, Machiavel compare la politique avec la médecine (p. 14-15 et 65) ? Quelle est l’origine de cette mise en parallèle et quel est son but ?

• Certains résument la philosophie de Machiavel en affirmant qu’elle correspond au proverbe « La fin justifie les moyens ». Quels sont les arguments de Machiavel qui vont dans ce sens ? Dans l’histoire, d’autres types de gouvernements ont-ils appliqué des mesures semblables ?

• Dans son ouvrage, Machiavel propose plusieurs modèles de princes. Quels sont-ils ? De quel(le)(s) qualité(s) ou défaut(s) sont-ils représentatifs ?

• « Un prince doit donc n’avoir d’autre objet ni d’autre pensée, ni s’approprier d’autre art que la guerre, de son organisation comme la discipline qui s’y rapporte. » (p. 67) Commentez cette phrase. Pourquoi la guerre occupe-t-elle une place si importante dans l’œuvre de Machiavel ?

• Comment l'auteur décrit-il la relation entre le prince et le peuple ?• Au chapitre 25, Machiavel pense que l’homme a une part de liberté. Cette idée est-elle neuve

pour l’époque ? Correspond-elle aux autres discours sur la liberté à la Renaissance ?• Machiavel déclare que « l’Italie a été traversée par Charles VIII, pillée par Louis XII, violée

par Ferdinand le Catholique et insultée par les Suisses » (p. 61). Commentez cette remarque au regard de la réalité historique.




POUR ALLER PLUS LOIN

ÉDITION DU TEXTE• Machiavel N., Le Prince, traduit et annoté par Thierry Ménissier, Paris, Hatier, coll. « Classiques

& Cie Philo », 1999.

ÉTUDES DE RÉFÉRENCE• Bergès M., Machiavel, un penseur masqué ?, Bruxelles, Éditions Complexe, coll. « Théorie

politique », 2000.• Skinner Q., Machiavel, Paris, Seuil, coll. « Points Essais », 2001.

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Anouilh• Antigone

Balzac• Eugénie Grandet• Le Père Goriot• Illusions perdues

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Beaumarchais• Le Mariage de Figaro

Beckett• En attendant Godot

Breton• Nadja

Camus• La Peste• Les Justes• L’Étranger

Céline• Voyage au bout

de la nuit

Cervantès• Don Quichotte de la Manche

Chateaubriand• Mémoires d’outre-tombe

Choderlos de Laclos• Les Liaisons dangereuses

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• Le Rapport de Brodeck

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Dai Sijie• Balzac et la Petite

Tailleuse chinoise

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Ferrari• Le Sermon sur la

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