Le pretendu style de transition - La Chancellerie des...

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ÀCti5% LE PItETENIJU STYLE DE TRANSITION PAR Eugène LEFÈVRE-PONTALIS D In ECrEUIt 0E LA SOCI ITÉ FRANÇAIS B J) ' ARC II }Ol.00l E PROFESSEUR A l'ÉCOLE 0ES CIlAOrES MEMIIIW DE LA COMMISSION UNS MONUMENTS IIISTORWUES CAEN RENRI DELESQUES, 1MPnt1EuH-Énhi'Lvli 34, "'1K I)JtMoI.ntuttc, 34 1912. r - - - Document III! II I Il III III! III 11111111 0000005384242

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LE

PItETENIJU STYLE DE TRANSITION

PAR

Eugène LEFÈVRE-PONTALIS

D In ECrEUIt 0E LA SOCI ITÉ FRANÇAIS B J) ' ARC II }Ol.00l E

PROFESSEUR A l'ÉCOLE 0ES CIlAOrES

MEMIIIW DE LA COMMISSION UNS MONUMENTS IIISTORWUES

CAENRENRI DELESQUES, 1MPnt1EuH-Énhi'Lvli

34, "'1K I)JtMoI.ntuttc, 34

1912.

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Extrait du Bulletin Monumental. - Année 1912.

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PRETENDIJ STYLE DE TRANSITION

Ii est toujours intéressantd'écrire l'histoire d'une anciennedoctrine archéologique, parce qu'elle correspond à l'évolu-tion des idées, et parce que ses origines. son apogée et sondéclin peuvent se comparer aux trois phases de la viehumaine, mais le préteiidu style de transition est d'unenature si fugace et inconsistante qu'il est souvent difficilede prendre ce fantôme corps à corps. Néanmoins, je croispossible de classer en deux groupes les multiples opinionsémises par les archéologues sur l'époque où l'art roman etPart gothique habitaient sous le même toit.

Dès l'année 1824, M. de Caumont était (l'avis que ktransition de l'architecture romane ou Li plein cintre à

l'architecture gothique ou h ogives s'opéra (le 1050 à1150. » (1) En 1831 1 il considérait le roman de transitioncomme Je style où apparaît et se développe l'ogive (2) -lisez l'arc brisé - mais il a mieux précisé sa pensée dansla premièré édition de l'Abécédaire, datée de 1850. «L'épo-que de transformation, dit-il, qui s'appelle transition, a pour

(1) Enai sur 'arcIihecgurg religieuse du moyeu, âge. dons lés Mémoiresde la Soeiéié des Antiquaires de Nos'snandje, t. I, p. 590.

(2) Cousis d'anuiqui(ds nson,snsentales, t. IV, p. 161 et 233,

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4 LE IluTEÛU STYLE DE TRANSITION

limite le X Ii J' siècle. Les monuments de transition sont desmonuments mixtes qui, tout en appartenant au style romanoffrent pourtant quelques-uns clos caractères du style ogival.On désigne souvent ce st y le sous la dénomination de lOinflfl

de transition(1).Ainsi, pour M. de Caumont, le style de transition-est

caractérisé par l'emploi de l'arc en plein cintre et (le l'arcen tiers-point dans le même S édifice. Il en donne commeexemples l'église de Saint-Germer, le clocher de Tracy-le-Val, la façade de l'église de Civray.

Dans la Monographie de Notre-Dame de Noyon, impri-

unie en 1845 5 M. Vilet exprime la même idée sous 1111eautre forme : « Le caractère de, transition résulte de la pré-sence simûltanée dc l'ogive et du plein cintre, quelle quesoit la part plus ou moins grand( ,, accordée à l'une ou àl'autre de ces formes, mais pourvu que l'ogive, au lieu den'être qu'un accident isolé, contribue à modifier dans unecertaine mesure l'effet architectural du monument » (2).

li faudrait pouvoir citer les pages suivantes pour serendre compte combien lexcelteni, style du grand écrivainmasquait le néant de sa doctrine sur les raisons qui firentsubstituer l'arc brisé à l'arc cii plein cintre. On expliquaitalors cette préférence par des raisons sentimentales, maisM. Vitet eut le mérite de faire observer que luge relatif desmonuments de transition ne pouvait être déterminé qu'avecune très grande prudence. Le XI Io siècle, dit-il encorerest novateur et incertain son esprit se reflète sur sesmonuments' (3). Sous cette forme trop littéraire, il Consta-tait, l'inexpérience des premiers (I(uistnlcteurs gothiques,mais il n'avait pas compris que l'ère des tâtonnements étaitterminée quand l'architecte de Saint-Yved de J3raine se mit

(1) Abécédaire ou rudiu,ciit d'archéologie, P. 175.

(2) Manograplue d l'église Norr&Danic de Noyor, P . 82.

(3) Ibid.. p. 85.

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LE PRÉTENDU STYLE, DE TRANSITION 5

à l'oeuvre. « En effet, dit-il, ses voûtes ont beau s'élancer versJe ciel, 011 croit y voir planer encore je ne sais quel souve-nir de plein cintre qui les rabaisse vers la terre. En un mot,c'est encore l'époque de transition s (1).

En 1862, Daniel Ramée, (liii avait été Ic collaborateurde M. Vitet.. reflète dans sort de l'Architecture lesidées fausses de Viollet-le-Duc: « La cathédrale de Noyon,à son avis, le monument le plus complet peut-être dcl'époque de transition, poile tous les signes du style quimarque le passage du plein cintre à l'ogive, le passage dePart, de la main des prêtres dans celle des laïques s (2).Enfin, en 1870. M. Edouard Fleury exprimait la même idéedans l'un de ses ouvrages en définissant la transition d'unefaçon bien romantique cc le mariage du vieux plein cintreet de la jeune ogive (3).

L'opinion (les archéologues anglais sur le style de Iran-sillon est tout à fait conforme à celle de M. de Caumont, quil'avait peut-être empruntée au vocabulaire de ses précur-seurs d'Outre-Manche. Ainsi. M. Sharpe, qui enserre latransition entre les dates (le 1145 et de 1190, la caractérisepar l'emploi simultané des deux formes d'arc dans le mêmeédifice (1). M. Prior consacre cm chapitre de soit àla transition. sans la définir autrement que par un change-ment dans la forme des arcs, dans la structure et dans l'or-nementation (5). M. Bond se content(, de présenter commeexemples de cc style la nef de Fouatains-Abbcy le choeurdes cathédrales de Cantorbéry et de Ripou (G), où les arcs

(1) Monographie de l'église Notre-Dame de Noyon, r- 107.(2) P. 852.'(3) Antiquités c( ,,,o,, cuir.,, (s di, déjircrtecncn t de l'Aisne, t. III, p. 116.(4) 1 t j s charneteriseil by the. si niD lia 'cous use ici the sa cii e building of

s cluici ici, lic r and pois Lcd arches. A rch ilcet cirai pet ra l/ais in c/ic t cueiflu,and eh irtepn(/, Ce,,tnries, 1848.

(ra) lli.story of gothic ar( iit Engiortd, 1900, . 83.(h) Gothie architecture in Enijiarcd. p. 100 à 106.

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G Iii I'RÉTENDU STYLE DE TRANSITION

en plein cintre voisinent avec les arcs brisés. D'autresarchéoIoues ont donné la préférence aux expressions.semi ,iorniaii, pointcd norman, early cngUsli, poiu' dési-gner le même style. En étudiant les origines de l'architec-ture gothique, M. Dehio admet l'cxisl.enôe d'un style detransition en France, tuais il lait observer que ce môt2 netrouve aucune application en Allemagne (1).

Je inc contenterai de réfuter sommairement ces théoriesqui dérivent toutes de la même manière d'envisager ],a

M. de Caninont estime que ce prétendu style estabandonné à la fin du Xl I' siècle, mais sa définition auraittdû l'obliger à franchir cette limite, car certains portails duXiFV sièôlc, comme ceux dd Lizines (Seine-et-Marne) et deMontréal (Yonne) sont, encore en plein cintre, ainsi que lesformerets des voûtes d'ogives de la cathédrale de Chartreset de beaucoup d'autres églises de la même époque. On voitdes ares de la même forme sous le chéneau de la nul de lacathédrale de RouS, autour de la rose occidentale deNotre-Damé de Paris et de la rose méridionale de la cathé-drale d'Amiens, dans les porches du transept de la cathé-drale de Bourges. Comment faut-il appliquer la règlede mélange cic l'arc en plein cintre et de l'arc brisé pourranger une église sur la liste des nionuments.de transition?Cruelle énigme M. Vitet, fait bien observe" que cette ratégorie ne comprend pas les édifices où l'aie brisé estun accident isolé, tnais clans ces derniers cas c'est l'arc en pleincintre qu'il faut considérer comme une exception. La vérita-ble proportion resterait doue encore à trouver, s'il n'étaitpas tout ù lait inutile (le chercher la formule de cette

• mixture.En effet, l'are brisé n'a pas du tout modifié la structure

(les églises romanes son usage constant peut, même servir-à caractériser les écoles de la Bourgoghe, du Poitou et de

(1) &pertoriuoi far JÇ,,,,,jzi,issensr.hnfi. t. XIX, 189G, p. 171.

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LE J'IÉTENI)U STYLE DE TRANSITION 7

la Provence au Xl10 siècIc, taudis qué les architectes dé laNormandie et de l'Auvergne continuaient à employer l'arcen plein cintre à la même époque dans la plupart dûséléments dé la construction. Quand la voûte en berceaubrisé eut lait soir l'arc en tiers-point offrit desavantagés pour le tracé des doubleaux et des grandesarcades coniiguiés aux votHes d'arêtes tIcs bas-côtés, Parceque toutes les clefs se trouva lent, ainsi à je même li autctu r,malgré la différence d'ouverture des ares. l.1e nième désirde nivellement décida par exemple les architectes dûPoitou à encadrer du grand' portail en plein cintre par deuxarcades aveugles cii tiers-point beaucoup plus étroites, pourleur ' faire atteindre le même bandeau moulure pli régnaitsous les feu êtres occidentales. Pour le ' nu êm e motif, Oh voit,dansIe choeur de la cathédrale de Novon, des arcs en pleincintre dans les larges travées droites et des arcs brisésdans les travées du chevet, par suite de l'écartement inégaldes colonnes.

Ainsi, la prétendue transition es t une juxtaposition desdeux formes d'arcs dans des proportions très varitiblès, carles artluitêctes ne renoncèrent à l'arc en plein cintre dansles fenêtres, dans les haies des clochers, dans les arca-tures, qu'au commencement du X.11l° siècle Le domaine dela transitioju serait, en lotit eus limité à quelques pré-•\inces, et ne suffit nullement à caractériser un style, puisquela 1ujuàrt des églises oit les deux formes d1arcs se ren-contrent appartiennent à telle ou telle école. suivant le sys-tème de leurs voûtes, le plan de leurs piles et le style deleur décoration.

1a façade S de Notre-Dante-la-Grande, à Poitiers, seraitlin exemple du style de transition, parce N, . deuxarcades en tiers-point, tandis que celle de la cathédraled'Angoulême appartiendrait au style roman, bien qu'ellesaient été bMies toutes les deux vers la même époque. Enréalité, ce sont deux façades romanes dont la décoration

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8 LE PliÉTENI)O STYLE DE TRANSITION

dérive des mêmes principes. Au point de vue (lu snychro-nisme, la transition, telle que M. de Caumont, M. Vitetet les archéolo gues anglais la défit issent, n'aboutit qu'àdes résultats trompeurs et dépourvus de tout intérêt. Elleest lé reflet d'une idée fausse qui consiste à voir dansl'emploi de l'arc brisé l'origine exclusive de l'architecturegothique.

Un second groupe d'archéologues plus modernes iden-tifie les monuments de transition avec les premi?3reséglises gothiques du M e siècle, parce qu'on y trouveencore des éléments de style roman ou des traces d'inexpé-rience. Ainsi, en 1804 notre regretté confrère, M. An-thyme Saint-Paul, définit la transition le passage de lavoûte d'arêtes romaine et romane à In voûte sur croiséed'ogives et à cintres brisés, normalement associée à l'arc-boutant (1). 11 a reproduit cette définition dans la der-nière édition de son principal ouvrage (2). A son avis, latransition ne s'est produite que dans l'ile-de-France, quirenferme des , monuments ', romano-gothiques ». Il croitpouvoir l'enserrer e]aiis la première moitié du XI le siècle,parce que le choeur de Saint-Denis, consacré en 1144. mar-querait la fin de l'évolution du style.

La première objection soulevée par cc système de clas-sification, c'est qu'il semble impliquer l'existence d'unevoûte intermédiair6 entre la voûte d'arêtes et la voûte d'ogi-ves, d'une forme transitionnelle entre l'arc en plein cintreet l'are en tiers-point, tandis que ces quatre éléments,etsurtout les deux derniers sont simplement juxtaposés dansles églises du Xll e siècle ail nord et ait sud-ouest de laFrance. En outre, le caractère essentiel des églises gotli-ques de i'Ue-de-Franee contemporaines (le l'abbatiale deSaint-Denis. c'est qu'elles étaient dépourvues d'arcs-hou-

(1) La 'J'ronsition e clans la Revue dc l'Arr Chrétien. 1894, p. 476.

(2) Judo ire indic uuar,,ialc dc la France, p 137.

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LE PRÉTENDU STYLE DE TRANSITION Ç)

tantsàl'origine. La définition de 1M. Anthyme Saint-Nulne concorde donc pas avec les faits et sa transition nereposepas sur une base solide.

Dans l'exce.Iient. Manuel de notre confrère M. Enlari,,qui renferme tant d'idées neuves sur l'évolution du style aumoyen âge, oit cette définition « Le style de transitionest un style gothique imparfait où la voûte d'ogives estaccompagnée d'autres voûtes et suit 'e plus souvent mitracé bombé, oit les murs et les arcs-doubleaux restentépais, les arcs-boutants absents ou dissimulés et rudimen-taires, oit sculpture et la mouluration cherchent leurNoie et peuvent être en avance ou en retard sur la cons-truction» (t). -

Cette définition est beaucoup plus complexe, mais si lacoexistence de la croisée d'ogives et d'une voûte romaneest nécessairepour distinguer un monument de transition,il faudrait ranger dans cette catégorie le chevet de -Poissyoit voûte d'arêtes persiste sur le déambulatoire. le rond-point de Saint-Denis 'qui s'élève sur une crypte voûtéeil'arêtes. les églises de Saint-Pierre de Montmartre. deChampeaux, de Voulton (Seine-et-Marne), la chapelle deBellefontaine (Oise), et la cathédrale du Mans dont la nefest voûtée d'ogives et, dont les bas-cftis sont recouverts devoûtes d'arêtes, enfin l'église de la Trinité d'Angers quirenferme des voûtes d'ogives et (les voûtes oitPar contre. il faut exclure de la liste les églises (le Saint-Etienne de Beauvais, de Bury. de Cambronne, de Saint-Germer (Oise), la cathédrale de Noyon, le choeur de Saint-Germain-des-Prés, la nef de la cathédrale d'Angers, quisont exclusivement voûtés d'ogives. Le problème se compli-que si les voûtes romanes et gothiques ne sont pas de lamême époque r comme à Saint-Etienne et à la Trinité de

(1) ,lfanutt d'archéologie frunçuise. Architecture religieuse, p. 454.

L'auteur donne une 1011go e liste (I 'églises (le t ru ii sit on, p. 625-OaO.

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1.0LE PRÉTENDU STYLE DE TRANSITION

Caen: à Lesay à Saint-1.4oup de Nand. il de(:hàteaudu n; à Cuir ui t. près de Saumur.ui.

Je ferai tont d'abord observer que les monuments quirenieraient, des voûtes d'arêtes et d'ogives appareilléespendant iii ruèrnè campagne de tra'vhux ne sont. Pas biennombreux, parce que la tôite d'ogives fut, appliquéesimirltahémeril; sur toutes le parties deS églises du NIPsiècle dans ic nord de l it suif dans le Soissonnaiselle Laonnois', où ]'oit contenta de l'utiliser Sur le, Iran-sept 'et sur le choeur, en conservant i usage des dia epenlesapparentes sur la nef et, sur le bas-côtés, peut-être parune simple raison d'économie;

Quant aux autresIres enraclét'es tic la transition èfluilivres,par M. Enlart. ils se eoiiFondeit avec; cclix des premièreséglises gothiques. Cependant., si la 'oûIe d'ogives hotubéequ'on n tort d'appeler donzicalc,'eA'r'ce dernier termeévoqué une idée fausse sur ses origines, est 'Lit élément dela Iransilion il faudrait exclure de soli domaine toute 'laNorrnandie, où les premières voûtes d'ogives ne pi'ésenthntpas celle particularité qui se rencontre dauïs l'lle-deFrancç,dans la Champagne et dans la Bourgogne, comme dansl'Anjdu. En outrè,j'ni constaté, en relevant plus de cent plansd'églises de l'Oise et. 'de l'Aisne, que 1'épaiseur des mursne varie guère dans les ôglisos'puremenl. romanes ou Tian-chenrenl gothiques de cette région. Jijouterai même queles murs des nefs urtiq ues de Saint-Jean-aux-Bois 'et de lachapelle Saint-Fi'ambourg à Seuilis, dont les croisées d1gi-«É 'remontent au XIIP siècle, ont une section plus forteque ceux des nefs lnmbu'issées. afin de résister ii 'la pousséedes voûtes. Si les jnur's de la nef de la cathédrale d'Angersont la môme (pisseur que ceux de la nef de l'abbatiale deFonIevî'ault, recouverte de quatre coupoles, c'est que sesvoûtes d'ogives ont une portée de 14 mètres.• L'abence d'arcs-boutants ou leur construction rudi-meninire ne suffit pas h donner rifle ,réalité 't la Prétendue

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LE I'IIÉTENDU STYLE DE TRANSITION 11

transition car, mrne ail XIIP siècle, l'école gothique del'Anjou se contente d'épauler les veilles d'ogives par descontreforts, comme les architectes du Midi qui élevaient deséglises gothiques à nef unique. Dans le nord de la Franco,l'arc-boutant n 'apparaît guère avant 1175 époque oùM. En-lait considère la transition comme terminée.

Notre savant confrère n parfaitement raison du diviserles origines de l'architecture golliique, dans cette igiOn, endeux périodes qui coïncident avec le second et 1e troiSièmequart du XlI0 siècle (fl, mais le mot transition est tout h faitinutile pour les qualifier, car elles se distinguent par descaractères bien tranchés: Enfin, si la sculpture des chapi-teaux et lé profil des moulures sont plus ou moins précocesOit arriérés, cette partcti1zrit( tient uniquement à l'habiletéou à l'inexpérience des ouricrs. On constate le même lait,encore aujourd'hui, dans les communes éloignées (lesvilles. Dans les tribunes du choeur de la cathédrale' deNoyon, les chapiteaux à crochets voisinent avec les cor-beilles décorées de feuilles d'acaiUe, tandis que dons lechevet de Saint-Germain-des-Prés, consacré en 1163, tousles chapiteaux sont encore romans. Cependànt, l'ardu-lecture des deux ronds-points porte l'empreinte d'un styleaussi a\ancé

Ainsi la coexistence d'une voûte romane et d'une croi-sée d'ogives, l'absence des arcs-boutants, la finesse plus oumoins grande de la décbration ne suffisent pas plus à don-ner une base solide à la transitidn pue la présence Siinuita-née de lard en plein cintre et de l'arc brisé.

Si les arguments techniques sôht impuissants à etayerles théories inconsistantes sur la transition, lassiniilation[entée par M. Antliyme Saint-Paul entre les mots Transi-tion et Jknaiswnce n'est pas plus péremptoire. Le style de

1 a Renaissanée qui S'est développé dans toute la Fran:ce,

(.1) Mamie! d'arcliéoloqic franeain. A rel,iii,ciure religieuse, p. 455..

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12LE PRÉTENDU STYLE DE TRANSITION

correspond û deux périodes dit XVP siècle bien délimitées.La premièreère. est caractérisée, par une nouvelle décorationla seconde par l'usage constant de l'arc en plein cintre, del'architrave, dcsordres antiques et des ornements classiques.Sous 'es règnes de Louis XII et. cIa François le, les élé-ments décoratifs italiens voisinent, avec les motifs habituelsdu style Il un hoyai iF,. Est-cc aussi une transition ? C est plu-tôt! 1111e juxi..'iposilioii comme, à l'époque où les premiersarchitectes gothiques restent, encore fidèles â quelques tra-ditions romanes.

L'histoire de l'art n'est qu'une perpétuelle évolutionmais si je voulais donner une idée juste de la prétenduetransition, je (lirais quelle fut aile longue gestation, parceque l'enfantement de l'art gothique dura pendant tout leXIP siècle et parce que la dédicace du chevet de Saint-Denis. en 11.44, n'en marque pas du lotit le terme-

NI. Airtltvrne Saint-Rani, qui s'est fait l'apôl.re de latransition, semblait d'ailleurs pressent r les équivoques deson système quand il écrivait, « La période transi lionne1 len'est pas mie période séparati ve elle est à cheval sur lesdeux périodes roman et gothique seulement., il n'estlias bon de dire ro,nan de transition ou gothique detransition.. Dès qu'un se risque à qualifier un édifice deroman ou de gothique, le mot de transition est gênantou inutile ii (4).

Cette dernière remarque du célèbre archéologue nousremet dans la bonne voie. Eu effet, comment faut-il appelerl'église de Bons-le-Sec, près de Soissons, bâtie «un seuljet vers le milieu du Nil' siècle? Son vaisseau central est.lambrissé coin me chacun des his-càtés, et son choeur est.voûté d'ogives Je dirai donc qu'elle se compose d'une nulromane et d'un chevet gothique, comme la plupart deséglises voisines. De même, la cathédrale d'Autun est une

(1) Revue de l'A ri eh réiie,i, 1891, p. 477.

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LE PflÈ'I'EflU STYLE -DE TRANSITION 13

église romane, malgré ses nombreux arcs en tiers-point, etles bas-côtés voûtés d'ogives de Saint-Étienne de Beauvaissont dit sty le gothique, bren que les doubleaux les grandesarcades et, les ïenèli'es soient en plein cintre.

Ainsi, la voûte est le seul étément vraiment, distinctif.Or il y a'dans le nord et dans l'est tIc la France, en Bre-tagne et en Angleterre,. beaucoup 4e nefs gothiques recou-vertes d'un plafond de bois, comme celle de SairitMartin-des-Champs à Paris et même des choeurs gothiques nonvoûtés, comme à l'honrotte, près de Compiègne. et à Saint-Ayoul de Provins. 'Néanmoins l'épithète leur convient, parceque le plan des piles, les moulures des arcades, le rein-plage tIcs fenêtres et la décoration n'ont aucun caractèreroman.

Il est temps de conclure. Le style de transition n'existepas plus que la période de transition. L'un est si vaguequ'on n'arrive pas à le définir l'autre est impossible à déli-miter. En 1894 1 j'avais déjà critiqué, dans mon principalouvrage (1), l'emploi dit mot transition, parce qu'il tend àFaire croire à je ne sais quel système de construction in ter-médiane entre l'architecture romane et l'architecture go-thique. J'ai toujours recommandé à mes élèves do ne pas enfaire usage. Depuis vingt, ans, les archéologues qui ontcent des articles dans le Bulletin archéologique et dans le/Juiicqjn Monumental nui laissé tomber en désuétude unmot. don I Quielierat. Viollet-le-Duc et Choisy avaient eu bienraison de ne jamais se servir. Cependant, la transition faitencore de loin en loin quelques rares apparitions c'est ladernière épave de cet antique vocabulaire où le l'ornai)fleuri, l'al-t ogival, le style lancéolé, le cle;'eslory et lavesica piscis faisaient bon ménage. Il rua doue semblé utilede souliguei- les curieuses divergences des archéologues qui

(1) L'ore/riseclrire religieuse itou, l'ancien diocèse de Soissozis, ou Nie ci,iri XII, sù'cle. t. 1, p 97

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14LE PRÉtENDU STYLE DE TRANSITION

définissent la transition suivant leurs idées personnelles,et de prouver que ce prétendu style ne correspond haucune classification vraiment scientifique.

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