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LE POUVOIR REPRESSIF ILLEGAL DES ELITES Thierry Brugvin Auteur de Le pouvoir illégal des élites (Max Milo, 2014) LES GUERRES ETATIQUES AU SERVICE DES INTERETS CAPITALISTES NATIONAUX L’appropriation des biens au service des intérêts capitalistes, se réalise aussi par la violence. La tendance néo-libérale actuelle ne peut être séparée du phénomène de la mondialisation. Ce « nouveau régime d’accumulation mondialisée à domination financière » 1 est une tendance du capitalisme, qui se penche naturellement vers la recherche de nouveaux débouchés pour l’écoulement de la production des pays industrialisés en constante augmentation. La logique de rentabilité à très court terme imposée par les financiers induit une nécessité d’accumuler les richesses et de se les approprier par la force pour permettre un retour sur investissement plus rapide. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement par les conquêtes militaires que les puissances occidentales s’accaparent les richesses, mais c’est à travers la maîtrise des flux financiers qu’elles le font, accroissant le phénomène des échanges inégaux. Ces puissances occidentales peuvent faire pression sur les pays du Sud par l’intermédiaire de la renégociation de la dette ou l’ouverture des frontières afin d’obtenir l’autorisation pour l’écoulement de leurs excédents de production sur leurs marchés. La fin de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Le nombre de conflits inter-étatiques entre 1990 et 2001 a augmenté : le monde a été frappé par 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts 2 . Ces conflits de basse intensité peuvent survivre même après la disparition de l’opposition Est-Ouest car ils se révèlent rentables pour leurs acteurs. Lorsque les dirigeants des États sentent que leur pouvoir est menacé même pacifiquement, ils usent régulièrement de la violence. Généralement, ils agissent dans le cadre de 1 CHESNAIS, François La mondialisation du capital, Syros/Alternatives économiques, 1997. 2 MAMPAEY Luc ET SARFATI, Claude in François Chesnais, La finance mondialisée. Racines sociales et politiques, configuration, conséquences, La Découverte, 2004.

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LE POUVOIR REPRESSIF ILLEGAL DES ELITES

Thierry BrugvinAuteur de Le pouvoir illégal des élites (Max Milo, 2014)

LES GUERRES ETATIQUES AU SERVICE DES INTERETS CAPITALISTES NATIONAUXL’appropriation des biens au service des intérêts capitalistes, se réalise aussi par la

violence. La tendance néo-libérale actuelle ne peut être séparée du phénomène de la mondialisation. Ce « nouveau régime d’accumulation mondialisée à domination financière »1 est une tendance du capitalisme, qui se penche naturellement vers la recherche de nouveaux débouchés pour l’écoulement de la production des pays industrialisés en constante augmentation. La logique de rentabilité à très court terme imposée par les financiers induit une nécessité d’accumuler les richesses et de se les approprier par la force pour permettre un retour sur investissement plus rapide. Aujourd’hui, ce n’est plus seulement par les conquêtes militaires que les puissances occidentales s’accaparent les richesses, mais c’est à travers la maîtrise des flux financiers qu’elles le font, accroissant le phénomène des échanges inégaux. Ces puissances occidentales peuvent faire pression sur les pays du Sud par l’intermédiaire de la renégociation de la dette ou l’ouverture des frontières afin d’obtenir l’autorisation pour l’écoulement de leurs excédents de production sur leurs marchés.

La fin de la guerre froide a précipité la fin d’une régulation des conflits au niveau mondial. Le nombre de conflits inter-étatiques entre 1990 et 2001 a augmenté : le monde a été frappé par 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts2. Ces conflits de basse intensité peuvent survivre même après la disparition de l’opposition Est-Ouest car ils se révèlent rentables pour leurs acteurs.

Lorsque les dirigeants des États sentent que leur pouvoir est menacé même pacifiquement, ils usent régulièrement de la violence. Généralement, ils agissent dans le cadre de l’Etat de droit, dans ce cas c’est légal sans être toujours légitime. Mais, parfois ceux, qui sont censés faire respecter la loi, la violent eux-mêmes. Examinons à présent, différentes formes d’action du pouvoir répressif dans sa dimension adémocratique et illégale.

Les guerres servent souvent les intérêts des entreprises nationales. De plus elles accroissent les profits des entreprises. Officiellement, le départ pour la guerre contre une nation adverse est toujours légitimé par des mobiles vertueux, de hautes valeurs morales : la défense de la liberté, de la démocratie, de la justice. Mais, derrière ces nobles motifs, les véritables motivations sont parfois moins claires.Les guerres permettent de contrôler économiquement un pays afin de permettre aux entrepreneurs privés d’une nation de s’accaparer les richesses (pétrole, uranium, minerais...) ou humaines du pays, Elle permet la prédation des richesses d’un autre Etat, d’une autre région ou d’une autre ethnie.

Le génocide des juifs a permis au régime nazi de s’accaparer les richesses des familles déportées. La guerre des États-Unis contre l’Irak a accru les bénéfices de l’industrie privée d’armement des États-Unis notamment. Le financement des deux camps de la guerre civile par Elf au Congo-Brazzaville, en Angola, a accru les profits de marchands d’armes (tel Falcone) (Verschave, 2001). La vente d’arme par la France et les États Unis notamment aussi bien à l’Iran qu’à l’Irak, durant leur longue guerre, a permis aux vendeurs d’armes de s’enrichir. De manière générale, l’extension des conflits dans le monde profite aux vendeurs d’armes. Ainsi, la carrière politique de Jacques Chirac a été lancée par le marchand d’armes Marcel Dassault, qui a fait fortune grâce aux conflits internationaux (Verschave, 2003).

Le Chili aura été terrain d’expérimentation des théories libérales de Milton Friedman consistant à mettre sous tutelle les pays producteurs de matière première (énergie, métaux, nourriture...)

1 CHESNAIS, François La mondialisation du capital, Syros/Alternatives économiques, 1997.2 MAMPAEY Luc ET SARFATI, Claude in François Chesnais, La finance mondialisée. Racines sociales et politiques,

configuration, conséquences, La Découverte, 2004.

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afin de garder la maîtrise de l’économie mondiale. Cela supposait de briser les gouvernements et l’économie de ce type de pays (Petras, 2001 : 114).

La colonisation de l’Asie, de l’Amérique Latine et de l’Afrique sous le couvert d’apporter la civilisation visait d’abord cela. La traite négrière en Europe et en Amérique du Nord a servi cet objectif. La guerre des États-Unis contre l’Irak a permis à l’industrie pétrolière américaine de faire main basse sur les hydrocarbures du pays. Si la France s’est opposée à cette guerre, ce n’est pas seulement pour défendre l’Etat de droit, mais pour défendre les échanges privilégiés de ses industries avec l’Irak. Ce fut le cas par exemple de la Guerre du Biafra, dans laquelle la France soutenait les rebelles afin de récupérer le pétrole pour ses transnationales (Elf) (Verschave, 1999).

Parallèlement à la lutte capitaliste entre transnationales, se déroule une lutte entre États, au service des intérêts capitalistes de leurs entreprises nationales. Il s’agit de conflits déclarés (guerre) ou secrets (tels la guerre froide). Les guerres ne sont donc pas le seul moyen de la volonté d’expansion des États. Le commerce et le développement économique des entreprises nationales vers les PED, tels la France en Afrique ou les États-Unis dans les PED, représentent l’autre volet, moins visible de cette volonté de domination. Ce qui est en jeu, c’est le nationalisme, c’est à dire la volonté de puissance tel que l’envisage Nietzsche 3, au plan psychologique, politique ou économique, des dirigeants politiques, économiques et parfois même des peuples. Par leurs actions diplomatiques, militaires, politiques, les élus politiques viennent appuyer le développement des entreprises capitalistes nationales (l'impérialisme).

L’impérialisme des pays dominants, consiste dans des actions de domination envers un pays étranger, qui prend la forme d’actes politique, économique et militaire ou idéologique. La crise de Fachoda, le 18 septembre 1898, représente pour la France un souvenir cuisant d’action militaire entre pays colonialistes. Ce jour là, la puissance colonialiste du Royaume Uni a pris le poste avancé de Fachoda au Soudan, alors qu'il était tenu par les colonialistes français. Actuellement, les grandes puissances du G8, même si elles se réunissent ensemble pour discuter pacifiquement mènent entre elles une concurrence féroce. En Afrique, en particulier le conflit s’exerce entre les États-Uniens, les Français et maintenant les Chinois...

L’explication de la gouvernance mondiale, par la lutte entre États, relève, de l’approche réaliste et néo-réaliste. Or, ces dernières minorent le rôle parallèle des acteurs économiques des approches libérales et marxistes. Ces derniers estiment que les États sont au service des transnationales de leur pays, car il s’agit d’une alliance de classe entre la classe des élites politiques et économiques d’un même pays. Dans leur recherche du pouvoir (personnel ou national) les propriétaires des entreprises cherchent à conquérir de nouveaux marchés. La mondialisation renforce encore la guerre notamment économique, entre États. Par conséquent les revendications des ONG sur le climat ou les normes sociales par exemples, sont difficilement prises en compte. Ce qui explique en partie que le protocole de Kyoto n'avait toujours pas ratifié par la cour fédérale des États-Unis en 2011 (bien qu’elle ait été signée en 1998 par les représentants de l’exécutif). Or, sans ratification, la portée pratique est quasiment nulle. Mais, l’influence des grandes puissances au service des intérêts de leurs entreprises, ne s’arrête pas la.

Derrière les guerres civiles se tient généralement un conflit entre grandes puissances. En particulier, lorsqu’il s’agit des PED. Ne pas prendre en compte cette clé d’analyse, limite considérablement la compréhension du conflit en présence. De 1945 jusqu’en 1989 (la chute du mur de Berlin) la guerre froide a été un des causes importantes des conflits. Une majorité des conflits nationaux (Burkina Faso, Angola, Chili, Bolivie...) étaient renforcés, attisés ou créés par la lutte entre le camp occidental, contre le camp soviétique. Malgré le discours d’indépendance de la France envers les États-Unis, notre pays a soutenu régulièrement ce dernier, notamment en favorisant la diffusion de l’arme atomique au camp occidental (Israël, Afrique du Sud durant l’apartheid...) (Lorentz, 2001).

Le Partage amiable des zones d'influence fait aussi parti des instruments de contrôle. Durant, la guerre froide, un accord tacite entre les États-Unis et la France a permis à cette dernière 3 NIETZSCHE Friedrich, 1976, L'Antéchrist (fragment 6) in Fragments Posthumes, Gallimard.

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d'exploiter et de contrôler l'Afrique francophone, tandis que les États Unis s'octroyaient l'Afrique anglophone et l'Amérique du Sud (Verschave, 2003).

La chute du dirigeant de la Tunisie en janvier 2011, montre une fois encore nous voyons que derrière chaque révolution ou coup d'Etat les grandes puissances tentent ou réussissent à tirer les ficelles, afin de peser soit sur le dirigeant en place, soit sur ses opposants en fonction de leurs intérêts. Pour la Tunisie, les États Unis ont pesé pour faire tomber Ben Ali, tandis que la France le soutenait. La France a perdu, les USA ont gagné, comme au Rwanda par exemple. Que la démocratie avance ou recul au Magreb, ce qui compte pour leurs grandes puissances est d'en tirer profit pour leurs transnationales.

Un autre exemple, le conflit, qui a éclaté en Côte d’Ivoire fin 2010, suite à la contestation du résultat des élections présidentielle, impliquait Laurent Gbagbo, un autocrate menant des actions violentes contre sa population, qui irrite la France et les États-Unis, parce qu'il ouvre son pays à la concurrence chinoise d’un côté. De l’autre bord, Allassane Ouatara, est un ancien membre du FMI, donc probablement très ouvert aux intérêts des grandes puissances et à leur idéologie néolibérale. Or, Guillaume Soro, est actuellement le premier ministre de Ouatara. Or, Soro a lancé en septembre 2002, un coup d’Etat contre Gbabgbo, juste après que ce dernier ait ouvert son pays aux entreprises chinoises.

De même au Rwanda, le soutien de la France aux Hutus dans leur action de génocide envers les Tutsi4 se comprend mieux lorsque l’on sait que les Tutsi étaient soutenus par les États-Unis notamment. Au Rwanda, 760 000 Hutus sont estimés responsables du massacre de plus de 800 000 Tutsis en trois mois, du 6 avril au 4 juillet 1994 (un taux d’extermination quotidien cinq fois plus élevé qu’à Auschwitz). En France, six personnes, membres de la minorité tutsi du Rwanda, rescapées du génocide de 1994, âgées de 25 à 39 ans ont porté plainte avec leurs avocats Antoine Comte et William Bourdon, auprès du Tribunal des armées de Paris, pour "complicité de génocide et/ou complicité de crime contre l'humanité" le 16 février 2005. La teneur des témoignages recueillis sont extrêmement graves, ils visent l'opération « Turquoise », déclenchée en juin 1994, mais aussi le rôle de Paris au Rwanda de 1990 à 1994. La plainte n'épargne pas les responsables au plus haut niveau de l'Etat français. Une note, datant du 28 avril 1994 et émanant du conseiller Afrique de l'Elysée, est ainsi citée. Tout comme une autre, datée du 6 mai 1994, rédigée par le chef d'état-major particulier (EMP) de François Mitterrand. Les dépositions des plaignants ont été enregistrées sur procès-verbal le 22 et 23 novembre 2005, à Kigali par la juge d'instruction Brigitte Raynaud, du Tribunal des armées de Paris (TAP). Ces plaignants accusent des militaires français d'avoir aidé les miliciens "Interahamwe", principaux auteurs du génocide, à agir dans le camp de réfugiés de Murambi, au sud de Gikongoro. Entendus fin novembre au Rwanda, les plaignants avaient accusé des militaires français d'avoir, lors du génocide, commis des viols, des meurtres. » Nous avons été assaillis et pourchassés par les miliciens et j'affirme que les militaires français assistaient dans leurs véhicules à la scène sans rien faire », déclare Innocent Gisanura, 14 ans en 1994. Un autre plaignant, Auréa Mukakalisa, une femme âgée de 27 ans en 1994, assure avoir assisté aux événements suivants au camp de Murambi : « Des miliciens hutus entraient dans le camp et désignaient des Tutsis que les militaires français obligeaient à sortir du camp. J'ai vu les miliciens tuer les Tutsis, qui étaient sortis du camp. »5. Les militaires français les auraient parfois tuées eux-mêmes au couteau. Des prisonniers auraient par ailleurs été emmenés en hélicoptère par des Français vers une destination inconnue. Ce qui n’est pas sans rappeler l’affaire des prisons secrètes de la CIA. D'autres plaignants accusent des soldats français d'avoir, en juin à Bisesoro, incité plusieurs dizaines de milliers de Tutsis à sortir de leurs caches, avant que des miliciens hutus ne surviennent et ne les massacrent.

Depuis 1994, la France a été mise en cause par plusieurs ONG pour son soutien au régime responsable du génocide. Une mission d'information du Parlement français a conclu en 1998 que la France avait bien sous-estimé la nature criminelle du régime rwandais mais n'avait eu aucun rôle dans le génocide. Or, divers ouvrages récents à caractère négationniste rejette l’entière

4 CORET Laure, VERSCHAVE FX., 2005, L'horreur, qui nous prend au visage- L'Etat français et le génocide du Rwanda: rapport de la commission d'enquête citoyenne, Karthala, 586 p. 5 DE SAINT-EXUPERY Patrick, « Rwanda: lourdes accusations contre des militaires français ? », Le Figaro, 12 décembre 2005.

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responsabilité du génocide sur le Président Paul Kagamé. Le génocide de la mémoire consiste à attribuer aux seuls Rwandais en exemptant la France de ses responsabilités vis à vis des 800 000 morts.

Le partage des zones d'influence se déroule parfois à l’amiable, mais souvent au rapport de force. Depuis la chute du mur de Berlin, en 1989, la scission entre l’occident capitaliste et l’URSS, se révèle moins binaire. Elles ne se limitent plus à un affrontement systématique et les alliances, comme les conflits deviennent plus complexes. Cependant, même au temps de la guerre froide avec ses deux blocs opposés, des luttes internes persistaient, telles que les conflits entre la France et les États-Unis Elles prennent la forme d’une lutte entre grandes puissances, avec des alliances à géométries variables en fonction du contexte.

Ainsi, malgré qu’il n’y ait plus vraiment de conflits ouverts entre les États-Unis et les dirigeants russes, ces derniers tentent encore souvent de s’interposer discrètement contre les intérêts des USA, par exemple en Angola, durant les années 80 à 2000, donc même après la chute du mur en 1989 chacun d’eux soutenait un camp opposé.

De même le conflit interne du Soudan au Darfour, et les grandes déclarations pour protéger les populations, doivent aussi être analysées comme une lutte entre l’Etat chinois d’un côté et les USA et la France notamment de l’autre. Ceci afin que leurs transnationales disposent d’un accès aux gisements de pétrole du Soudan. Si les pays de l’OTAN sont alliés et se soutiennent généralement, lorsque leurs intérêts sont en jeu, les alliances tombent temporairement. Nous l’avons vu pour le conflit au Rwanda entre la France et les États-Unis, ou encore la guerre contre l’Irak menée par les États-Unis, contre laquelle la France, Chirac en tête, s’était opposée, car nos relations commerciales militaires et pétrolières étaient fructueuses, notamment pour Total.

Généralement la conquête des nouveaux territoires pour les entreprises appartenant à un pays, débute soit par des actions de nature commerciale, soit par des actions armées (Napoléon en Europe, les États-Unis en Irak...). Les guerres, en terme de bénéfices économiques, pour les entreprises du pays conquérant, sont paradoxales. D’un côté les commerçants détracteurs de la guerre, estiment que la guerre est mauvaise pour le commerce, car un pays ruiné ou avec lequel son pays est en conflit peu moins échangé. Montesquieu considérait aussi que « le doux commerce était un facteur de paix. De l’autre, côté de la balance nous allons voir que la guerre peut offrir des gains économiques et politiques considérablement plus important. Les guerres sont généralement favorables aux marchands d'armes pour mener les batailles et aux entreprises du bâtiment pour la reconstruction du pays détruit. Cela permet aux entreprises du pays agresseur d’avoir un accès direct aux matières premières du pays en les payant à très bas prix. Cela offre l’occasion aux banques du pays conquérant, de faire des prêts pour la reconstruction, à condition que le pays vaincu se soumette aux orientations politiques du pays dominant. De plus, le pays agresseur peut placer des autochtones au service de ses intérêts et prend alors discrètement le contrôle du pays et en fait une sorte de comptoir néocolonial, comme ce fut le cas des États-Unis en Irak, ou de certains conflits soutenus par la France en Afrique.

La guerre enrichie une large partie de la classe des élites. Ce fut par exemple le cas pour le marchand d’arme Halliburton, dont Dick Cheney le secrétaire à la défense (ministre de la guerre en réalité), avait des actions dans l’entreprise, donc s’est enrichi grâce à la guerre en Irak. Selon l’agence Reuters, il a ainsi reçu 35 millions de dollars en action de la part d’Halliburton en Août 20006. Les deux guerres mondiales ont aussi permis aux marchands d’armes de s’enrichir pleinement. Mais, la guerre n’est pas toujours envisagée comme l’unique solution.

Les États dominants préfèrent parfois le rapport de force diplomatique des territoires. En effet, les risques de la guerre pour un Etat, c’est aussi celui d’échouer. De plus, la guerre dans les « démocraties » a généralement une image politique négative dans l’opinion publique. Cependant, c’est déjà moins le cas, lorsque la classe des élites parviennent à persuader cette dernière qu’il s’agit d’une « guerre juste.» Six ans après la perte de Fachoda, par la France, le 8 avril 1904 le Royaume Uni et la France signèrent "l'Entente cordiale" visant à se partager les pays

6 REUTERS, Cheney sold $35 million in Halliburton stock in August, September, 2000.

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colonisés afin d'éviter des luttes coûteuses économiquement et humainement concernant l'Egypte, le Maroc et l'Extrême-Orient.

De même, le 2 décembre 1823, le président des États-Unis républicain, James Monroe déclara que si l'Europe laissait aux États-Unis, le continent américain, en échange ces derniers n'interviendraient pas en Europe.

Durant, la guerre froide, un accord tacite entre les États-Unis et la France a permis à cette dernière d'exploiter et de contrôler l'Afrique francophone, tandis que les États Unis s'octroyaient l'Afrique anglophone et l'Amérique du Sud (Verschave, 2003). Cependant, derrière les discours gouvernementaux officiels, les actions diplomatiques, économiques ou militaires clandestines, de même que l'action des services secrets n’est pas toujours aussi claire que les discours officiels et les coups bas ne manquent pas.

L’alliance entre les États-Unis et la France contre le camp soviétique, n’était pas toujours respecté et s'est donc délité avec la fin de la guerre froide, même si la France est à présent membre de l’OTAN et est généralement alliée avec les États-Unis. Depuis la fin de la guerre froide, la France perd donc régulièrement du terrain face aux États-Unis. Par exemple au Tchad, Elf-Total a perdu des concessions pétrolières au profit d'Exxon notamment, chacune de ces deux entreprises étant au service de l'impérialisme de leur pays. « Pour les États-Unis, le projet (d'oléoduc entre le Tchad et le Cameroun) tchadien représente une importante source de pétrole à côté du Moyen Orient et donc, par l’intermédiaire d’Exxon, une autre façon de s’installer en Afrique » souligne le Wall Street Journal du 26 juin 2003.

LES PRATIQUES ILLEGALES ET ADEMOCRATIQUES DU POUVOIR MILITAIRELa classe des élites militaires comme la classe des élites économiques ne respectent pas toujours

l’Etat de droit, même en république.

La guerre extérieure vers un Etat étranger vise généralement des objectifs géostratégiques. Les guerres ont parfois un motif économique et politique indirect. Lorsque les gains économiques ou politiques directs sont très faibles, alors les opérations humanitaires par les armées sont quasiment inexistantes. Le nombre de conflits inter-étatiques entre 1990 et 2001 a augmenté : le monde a été frappé par 57 conflits majeurs sur 45 territoires distincts 7. De très nombreux conflits et massacres des populations sont commis dans des dizaines de pays, sans même que l’opinion publique mondiale soit informée. Par exemple au Congo-Brazzaville, cette guerre a fait des centaines de milliers de morts et officiellement la France n’était pas présente et les médias n’ont quasiment pas fait part de cette guerre (Verschave, 2001).

La France conserve une base militaire au Tchad, qui est, lui aussi, situé au cœur de l’Afrique et, qui permet d’accéder à de nombreux pays connexes, comme le Soudan (le pétrole du Darfour), le Cameroun (bois), la Centrafrique... En 2008, durant la tentative de coup d’Etat, la France a donc soutenu militairement le dictateur Idriss Déby, afin de conserver notamment cette situation (La Croix, 2008).

Certaines nations disposent d’une importance géostratégique importante. C’est pourquoi, en 1997, la « doctrine Brzezinski », du nom du grand stratège des Etats-Unis, affirme que celui, qui contrôle le Moyen Orient contrôle le monde, parce qu’il voit la montée en puissance économique, politique et militaire du continent Eurasien, en particulier de la Chine, la Russie, l’Inde. D’une part à cause des ses matières premières, tel le pétrole, mais aussi du fait de sa position géographique centrale, à la jonction, de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie8.

C’est pourquoi, les Etats-Unis et les grandes puissances, ont-ils tout mis en œuvre afin d’affaiblir les Etats forts, qui pouvaient limiter leur domination sur le monde, tel l’Iran, ou l’Irak. Ils ont financé les deux camps en guerre l’un contre l’autre, pour les affaiblir, déclaré ensuite une guerre préventive, contre l’Irak. Cette guerre, n’avait donc pas que des objectifs et pétroliers, économiques variés (vente d’armes, reconstructions...). A présent, pour Brezinski « dans la répartition géopolitique post-communiste (…), l’espace Eurasien apparaît comme l’espace

7 MAMPAEY Luc et SARFATI Claude, in François Chesnais, La finance mondialisée. Racines sociales et politiques, configuration, conséquences, La Découverte, 2004.8 BRZEZINSKI Zbigniew, Le Grand échiquier, L'Amérique et le reste du monde, Paris, Bayard, 1997.

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privilégié de la continuation de la lutte bipolaire américano-russe (…) ». Auparavant, grâce à la guerre russe en Afghanistan, Brzezinski a ainsi ébranlé l'empire soviétique en permettant l'émergence de l'opposition talibane. Se basant sur la théorie des ondes de choc (répercution d'une zone de crise politique par contagion géographique), Brzezinski, rêvant de vaincre l’URSS, a transformé et imaginé la phase suivante : la théorie de la « Ceinture Verte », un chapelet de pays islamiques au sud de l’URSS opposant l'islamisme au bolchévisme. Après la chute du bloc de l'Est, Brzezinski réactualise sa théorie en s’inspirant du principe de l'« arc de crise » (zone géopolitique allant de l'Egypte au Pakistan) de l'islamologue britannique Bernard Lewis. Il préconise une stratégie « islamiste » dans la zone d'influence russe allant de la Turquie à l'Afghanistan, proposant de «balkaniser» le Moyen-Orient musulman pour créer des mini-Etats pétroliers plus faciles à contrôler que les Etats souverains à forte identité. Brzezinski reste fidèle à sa Ceinture Verte malgré la disparition de l’URSS à partir d'une offensive chrétienne depuis la Pologne (Solidarnosc en 1980) (…). Brzezinski veut normaliser les relations avec les pays islamiques et les inclure dans la stratégie asiatique des Etats-Unis contre la Chine, son nouvel ennemi. Il serait prêt à sacrifier tout le Moyen-Orient pour promouvoir son Front Islamique afin de contenir l'Empire du Milieu (et du géant russe). La reprise des négociations avec les mollahs iraniens constitue la première phase de la réalisation de son plan » 9.

On, le voit, s’il n’y a pas de motif directement économique, il est rare, qu’il n’y ait pas au moins motif politique dans une guerre. Soutenir un pays, c’est aussi s’assurer un allié supplémentaire dans les organisations internationales, son vote à l’Assemblée générale de l’ONU et dans d’autres de ses agences. De plus les guerres et le développement du terrorisme permet aux puissances militaires dominantes (USA, OTAN, France...) de pénétrer des zones et de s’y installer durablement, afin d’y consolider leur influence et leur maîtrise.

Les grandes puissances dites démocratiques soutiennent parfois militairement les dictatures auxquelles elles sont alliées. Les républiques, qui disent faire la promotion de la démocratie dans le monde, n’hésitent pas à appuyer les dictatures, lorsque leurs intérêts sont en jeu. Pendant les huit ans du règne Habré, la France n’a pas cessé d’accroître son aide financière et militaire à un régime, qui préférait investir toutes les ressources du pays dans des dépenses militaires inconsidérées, à l’encontre des besoins fondamentaux de la population, comme la santé ou l’éducation. L’armée et l’administration "d’Hissène Habré engloutissaient chacune en moyenne 200 à 250 millions par an d’aide française L’armée française a enfoui ses possibles états d’âme face aux 40 000 personnes exécutées, 50 000 personnes emprisonnées et 200 000 personnes dépossédées de leurs biens pour cause d’opposition au régime d’Hissein Habré”. Or, Idriss Déby, vainqueur des Libyens, a dû son ascension en servant fidèlement Hissen Habré et à sa proximité avec des officiers français. « Il n’y eut donc pas de problème de transition lorsque, l’officier de la DGSE Paul Fontbonne précipita en 1990 son remplacement par Idriss Déby, à la tête de la tribu Zaghawa »10

La plupart des présidents africains de l’espace francophone sont chaperonnés par un colonel de la DGSE, soi-disant chargé de sa sécurité, et de multiples conseillers français. Par exemple, tous les conseillers du « président » ivoirien Houphouët-boigny étaient français11. Si le soutien militaire aux dictatures s’avère trop visible pour l’opinion publique, il existe aussi le soutien dit « humanitaire ».

L’ingérence humanitaire sert généralement les intérêts de l’Etat « sauveur.» Les révoltes en Syrie, prirent un tournant dramatique en 2012 avec le massacre des populations civiles, en particulier dans la ville de Homs, qui se révoltait contre le régime de Bachar al-Assad. Autant, il était souhaitable de condamner les violences et les assassinats de civils par l'Etat Syrien. Par contre concernant les solutions d’interventions, cela devenait très délicat. Dans ce type de situation, ceux, qui tiennent un discours pour une force d'interposition occidentale, font alors le jeu

9 GRINBERG Noémie, La doctrine Brzezinski : l'arme islamiste, instrument géostratégique américain, Israel Magazine, 2009.10 CALATAYUD Roger-Vincent, Rapport de la mission d’observation au Tchad, d’Agir ensemble pour les droits de l’homme et de la FNUJA, du 4 au 11/02/1992.11 VERSCHAVE François Xavier, France-Afrique, le crime continue ", Editions Tahin Party, 2000,73 p.

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des USA et des Israéliens contre l'Iran et les palestiniens notamment, car la Syrie est leur allié. Ceux, qui proposent une force d'interposition arabe, permettent d’éviter un tant soit peux, l’ingérence occidentale, cependant dans la mesure ou une large partie des États arabes sont eux mêmes sous la coupe des USA et des occidentaux, cela aboutirait sans doute à faire le jeu des USA et des Israéliens et de certains pays arabes en concurrence avec la Syrie. En règle générale, le remède de l'ingérence humanitaire est souvent pire que le mal car cela permet aux puissances étrangères dominantes de placer au pouvoir de nouveaux dirigeants au service de leurs intérêts et non de ceux du peuple. Il semble donc préférable, dans bien des cas, comme dans le cas de la Syrie de laisser les populations gérer elles-mêmes les situations de guerre et de mener leur révolution par elle-même jusqu’à leur terme. Mais, il est vrai que c'est le genre de discours est difficile à exprimer ouvertement. D'une part, parce que c'est assez cruel pour les populations à court terme, même si on peut espérer que c’est un moindre mal qu’une situation de néocolonialisme déguisé à long terme. D'autre part, car ceux, qui proposent ce type de solution de non ingérence, ne peuvent jamais être certains de savoir, si c’est la solution la moins nuisible. En conclusion, condamner les tueries dans un communiqué de presse, est nécessaire à la promotion de la démocratie et à la défense des droits humains, mais proposer des solutions s’avère souvent plus difficile.

Créer une fausse révolte populaire nationale peut permettre de cacher un coup d’Etat par un gouvernement étranger. Les grandes puissantes aiment à se parer du discours démocratique, lorsque leurs intérêts économiques et politiques sont en périls, tandis qu’elles restent silencieuses dans les autres cas. Ainsi, durant le début de la révolte tunisienne en 2011, Michèle Alliot Marie, alors ministre de la défense (de la guerre) proposait au gouvernement tunisien, son savoir faire en matière de répression policière, pour réprimer les manifestants, car la France avait des intérêts économiques à défendre dans le pays. A l’inverse lorsque la révolte se diffusa jusqu’en en Lybie, cette fois, ce sont les opposants aux régimes de Kadhafi, qui ont été soutenus en 2011 et même militairement par l’aviation française et occidentale. Kadhafi étant un dictateur aux mains sales, il fut alors aisé d’invoquer l’ingérence humanitaire devant l’opinion publique. Même si ce fut sans doute utile, d’un point de vue de la démocratie intérieure libyenne de tomber un dictateur et de protéger les populations, si les gouvernements occidentaux sont intervenus c’est principalement, parce que cela leur permettait de faire tomber un dirigeant trop souvent en opposition avec eux. Kadhafi cherchait notamment à renforcer l’indépendance des États Africains vis-à-vis du G8, des ressources pétrolières de la Lybie sont considérables, Kadhafi disposait donc d’un instrument de pression supplémentaire en cas de conflit politique.

En 2002, en Amérique Latine, selon Jacques Thomet, au Venezuela une tentative de coup d'Etat fut organisée par la CIA contre Chavez12. Elle échoua grâce au soutien de la population et de certains membres de l'armée. En 2007, Eva Golingert a accusé la CIA (situé à l'ambassade des États-Unis à Caracas) et l'ex-premier ministre espagnol J. M. Aznar de financer l'opposition et les médias afin que les électeurs votent contre son référendum. Elle s'appuie sur un mémorandum de la CIA classé confidentiel et intitulé "l"avancement de la phase finale de l'opération tenaille »13. Chavez ayant dénoncé lui aussi publiquement le rôle de la CIA et d'Aznar.

A chaque fois qu’une guerre civile éclate, il s’agit donc de s’interroger, sur l’intérêt des puissances étrangères vis-à-vis de chacun des camps en présence. De manière générale, l’action des mercenaires, si elle est cachée sous la forme d’une rébellion classique, jettent le doute sur la légitimité de tel ou tel gouvernement et introduit l’idée que le régime est précaire et n’a pas le soutien de toute la population et donc doit être condamné. Cela contraint donc le gouvernement à entrer en conflit et il devient alors l’agresseur aux yeux de la communauté internationale.

Ce fut le cas, avec le gouvernement français, qui décida de mener un coup d'Etat, via des rebelles locaux et/ou des mercenaires, notamment au Tchad, aux Comores (avec Bob Denard)...Là encore, l’Etat agresseur peut les utiliser sans être mis en cause, comme lors du coup d’Etat aux Comores en 1995 ou Bob Denard arrive avec 33 hommes pour monter à l’assaut 12 THOMET Jacques, 2007Les soldats de l'information, Ed. Hugo Doc.13 GOLINGER Eva, 2007, Bush Versus Chavez: Washington War on Venezuela, Paperback, USA.

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du palais présidentiel de Saïd Djohar. L’Etat français intervient et arrête les mercenaires, qui seront emprisonnés sauf Bob Denard, évacué par un appareil de l’armée française14.

De nombreux, putschistes et mercenaires sont financés par un Etat ou une entreprise étrangère, afin de servir leurs intérêts. Ainsi si le coup d'Etat réussit, ces derniers seront proches d'un pouvoir, qui servira leurs projets économiques ou politiques. Si le coup d'Etat échoue, compte tenu du fait qu'ils ne sont pas les acteurs de ce coup de force, ils ont peu de chance d'être inquiétés.

Lorsqu'un Etat A ne sert pas ou plus les intérêts des entreprises d'un Etat B, le gouvernement de ce dernier use parfois du coup d'Etat pour placer de nouveaux dirigeants au pouvoir, qui seront plus à même de servir leurs intérêts. “La tentative de coup d'Etat contre le régime tchadien de Déby, le 13 avril 2006, aurait été contrecarrée par 1.300 soldats français stationnés dans le pays, craignant que le pouvoir ne soit transféré à des rebelles secrètement soutenus par le Soudan15.

Auparavant, “le Tchad était la chasse gardée de la France. Celle-ci le fit comprendre au colonel Kadhafi dans les années 80, quand une livraison massive de missiles Milan arrêta net les blindés libyens. A l'intérieur, aucun président ne pouvait régner longtemps sans l'aval de l'Elysée et du ministère de la Défense. Quand le chef de l'Etat ne plaisait plus, on aidait, discrètement mais fermement, à son éviction. En 1990, Hissène Habré fut jugé coupable de sentiments pro-américains. La DGSE ouvrit un couloir à son ancien chef d'état-major, Idriss Déby, réfugié au Soudan”16.

Le 11 sept 1973, les États Unis organisèrent un coup d’Etat au Chili contre Salvador Allende pour y placer le Général Pinochet. Ce coup d'Etat militaire au Chili, aura été le début de la conquête États-uniennes, néo-libérale, impérialiste et militaire, de l'Amérique latine, puis du monde. Le Chili aura été terrain d’expérimentation des théories néo-libérales de Milton Friedman consistant à mettre sous tutelle les pays producteurs de mat première (énergie, métaux, nourriture...) afin de garder la maîtrise de l’économie mondiale. Cela supposait de briser les gouvernements et l’économie de ce type de pays. La CIA a ainsi été l'instigatrice, d'autres coups d'États (Argentine, Brésil, Uruguay...), visant à placer au pouvoir des dirigeants d’extrême droite bénéfiques aux intérêts états-uniens17.

Les rebelles et le pseudo terrorisme peuvent servir les intérêts des gouvernements. Compte tenu, qu’il est difficile, pour les gouvernements d’un pays et des puissances étrangères, de prévoir tous les conflits futures, lorsqu’ils n’ont pu le prévoir, ou l’organiser, alors il leur faut « surfer » sur un conflit naissant, pour servir leurs intérêts.

Au Niger, selon la CRIIRAD la nappe phréatique est contaminée par l’exploitation de l’uranium par Areva, et les travailleurs locaux sont mal protégés. Cette situation a provoqué le mécontentement des populations locales, notamment celles des touaregs, qui ont vu leur mode de vie troublé par l’apparition de ces mines et des villes inhérentes. C’est pourquoi en février 2007 est apparu le Mouvement des Nigériens pour la Justice (MJN), qui revendique davantage d’autonomie pour le nord du Niger et une plus grande part des revenus de l’exploitation minière, dont l’uranium. Ce mouvement est né à la suite de la volonté du gouvernement nigérien de diversifier les partenaires miniers dans la filière de l’uranium et afin d'arrêter du même coup le contrôle total du groupe Areva sur les ressources du pays. En effet, il existe actuellement une concurrence internationale autour des ressources énergétiques, et l’uranium du Niger en intéresse plus d’un. Chinois, américains, indiens, australiens sont sur le marché pour s’approprier les richesses du sol nigérien depuis que le contrat entre Areva et le gouvernement nigérien a pris fin à la fin de l’année 200718.

14 CAMINADE, 2003, Comores-Mayotte, une histoire néocoloniale, Marseille, Agone.15 MEKAY Emad, “Le Tchad tient la Banque mondiale à sa merci”, Washington, 8 mai 2006, Inter Press Service News Agency.16 PRIER Pierre, “Le Tchad, laboratoire de l'après «Françafrique»”, Le Figaro, 15/04/2006. 17 PETRAS James, VELMEYER Henry, 2001, La face cachée de la mondialisation, L'Impérialisme au XXIe siècle, Parangon 282 p., p. 114.18 AGUELASSE A., in La Hache, hebdomadaire nigérien, n° 128, juillet 2007.

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Depuis, les autorités nigériennes accusent le MJN d’être à la solde des intérêts étrangers. En 2007, le groupe Areva avait été accusé par le président Mamadou Tandja de financer les rebelles touaregs et avait vu son représentant, Dominique Pin, être expulsé du pays. Le groupe a toujours démenti ces accusations et les relations ont repris leur cours normal à la fin de l’été.

Cependant, au Niger notamment, les rebelles travaillent aussi pour leurs intérêts et une lecture unilatérale, serait abusive. Depuis le début de leur mouvement, le MNJ a multiplié les attaques. En 2007, après plusieurs accrochages avec l’armée nigérienne, un camp d’exploration d’uranium du groupe Areva a été attaqué à 85 kilomètres d’Arlit et les rebelles y ont volé des véhicules et des téléphones portables19. Le MNJ a conseillé à tous les ressortissants étrangers travaillant dans le secteur de l’exploitation minière des ressources naturelles de, qui tter les zones de conflits pour leur sécurité.

A l’inverse, en octobre 2007, les rebelles du MJN n’ont néanmoins pas toujours besoin du soutien d’Areva pour mener des actes de terrorisme. En effet, depuis leur création, ils ont déjà enlevé le dirigeant de la China Nuclear Engineering and Construction Corporation, Mr. Zang Guohua, avant de le libérer sain et sauf. Dans ce cas, cette fois encore c’est bien les intérêts d’Areva, qui s’en trouvaient renforcés. Les rebelles touaregs ont présenté le rapt comme un avertissement contre le gouvernement nigérien n’investissant pas dans les infrastructures de base du pays, mais contribuant à l’achat d’armes destinées à la répression de la rébellion par le gouvernement.

Au Niger, la militarisation de la zone d’extraction de l’uranium, montre que les intérêts financiers y sont importants. La présence de ressources naturelles amène les gouvernements étrangers à apporter un soutien militaire et financier aux pays en développement riche en ressources de façon à ce qu'ils puissent protéger les transnationales des pays industrialisés, tel la France et s’assurer un accès continu à ces ressources.

Selon RFI, le gouvernement Nigérien mis en œuvre une stratégie, consistant à s’appuyer sur les mouvements citoyens d’opposition, pour renégocier les tarifs du cours de l’uranium entre le Niger et la France. Ainsi, début 2008 : un accord a été conclu prévoyant une augmentation d’environ 50% des prix de la livre d’oxyde d’uranium, passant la barre des 40 dollars 20. « Tandis que le Niger céda à la Chine des contrats d’exploitation pour un montant s’élevant à 3,7 milliards d’euros »21. Le conflit impliquant Areva, le gouvernement Nigerien et les rebelles, bénéficia donc finalement aux intérêts du pays, donc à se souveraineté. Deux ans plus tard, le prési dent Mamadou Tandja reprend des négociations avec la Chine et de l’Iran « pour l’éventuelle exploitation de la plus grande mine d’uranium d’Afrique. Le 9 février 2010, l’Elysée déclare alors, son inquiétude pour les positions d’AREVA au Niger. Malgré les 40 ans de “présence” de l’industrie nucléaire française au Niger, AREVA risquait de tout perdre sur la dernière ligne droite (…). Entre le 9 février 2010 et le 18 février 2010, plus rien ne filtre (du moins du côté français). Pas de compte-rendu de leur visite à Niamey »22. Soudain, le 17 février 2010, le président du Niger, M. Mamadou Tandja est renversé par des rebelles nigériens. Ce type de synchronicités se répète régulièrement au Niger, comme dans de nombreux pays. Lorsqu’il s’agit de renégocier les prix de l’uranium, du pétrole ou d’autres biens ayant une importance stratégique pour les grandes puissances, il se produit souvent des coups d’Etat par des rebelles avec l’appui de ces puissances.

Résumons cet imbroglio entre 2007 et 2010. En 2007, les rebelles touaregs se sont révoltés soit disant, contre l’exploitation d’Areva vis-à-vis de l’uranium du Niger et contre des achats d’armes du gouvernement nigérien. Puis ce dernier va utiliser cette opposition des rebelles contre lui, pour renégocier les tarifs de l’uranium avec Areva, à son profit et diversifier ses clients avec la Chine notamment. Mais, ces nouveaux bénéfices de l’exploitation ont-ils bénéficié à la population ? Cette réorganisation des forces et des tarifs de l’uranium, ne satisfaisant pas Areva,

19 BERNARD Philippe, « Les Touaregs revendiquent le partage des bénéfices de l’uranium », in Le Monde, édition du 10 octobre 2007.

20 RFI, « Areva au Niger : un accord retrouvé », disponible sur www.rfi.fr21 TAHERUKA Shabazz, Coup d'état au Niger :implication d'Areva et de la France? http://www.alterinfo.net/Coup-d-etat-au-Niger-implication-d-Areva-et-de-la-France_a44564.html, février 2011.22 TAHERUKA, février 2011.

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ils vont alors soutenir les rebelles pour faire tomber le gouvernement en 2010. Ce fut donc une tactique à plusieurs coups, tel un coup à plusieurs bandes au billard, ainsi qu’il est d’usage dans chez les experts des manipulations politiques. Ces séquences s’enchaînent au gré des différents coups d’Etat que connaissent les pays du Sud, tel le Niger.

Dans ce type de situation, il y a en général toujours les mêmes 4 types de protagonistes, un Etat, des rebelles, une grande entreprise appuyée par son gouvernement et des entreprises étrangères concurrentes, elles mêmes soutenue par leur Etat. En fonction du point de vue un groupe sera dénommé rebelle ou résistant, par les uns, tandis que le camp opposé les nomme les terroristes (généralement le pouvoir dominant). Le choix des mots change complètement la perception et donc le sens de l’attaque réalisée par les terroristes ou les résistants -rebelles… Une puissance étrangère, ne pouvant prédire à l’avance quel camp va conquérir ou conserver le pouvoir, les acteurs réajustent leurs stratégies au fur et à mesure des transformations sur le terrain. Ils cherchent chacun à servir leurs intérêts en s’associant les uns les autres et en se trahissant souvent ensuite, en fonction des rapports de force en présence et de leurs intérêts.

Le terrorisme permet de créer des Etat d’exceptions de nature liberticide. En France, la loi sur le renseignement pour lutter contre le terrorisme, votée en première instance par les députés le 5 mai 2015, met potentiellement en péril la démocratie citoyenne, puisque toutes les personnes mettant en péril « les intérêts essentiels de la politique étrangère » et « les intérêts économiques et scientifiques essentiels de la France » sont susceptibles d’être surveillés par l’Etat. En un mot tous les militants qui condamnent la politique impérialiste de la France peuvent donc être surveillés officiellement. Suite aux attentats commis en France, dans les années 80, le gouvernement s’est doté d’une Loi sur les « associations de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » le 9 septembre 1986. Concernant, la loi dite « Perben II » voté en 2004, le conseil constitutionnel, affirme lui-même que «plusieurs des règles procédurales applicables au terrorisme et à la répression du trafic des stupéfiants, ont vu leur champ d’application étendu aux infractions liées à la criminalité organisée par la loi du 9 mars 2004. De ce point de vue, on peut dire que les dispositions applicables en matière de terrorisme ont servi de matrice à un régime élargi au champ de la criminalité organisée » de nature dérogatoire23.

Grâce à l’existence du terrorisme réel ou fictif, les Etats peuvent ainsi créer des « lois d’exception », profondément liberticide, même en régime dit démocratique. De même, un mois après le 11 septembre 2001, le congrès des Etats-Unis, a voté « l’USA Patriot Act », qui permet de détenir sans procès et sans limite une personne soupçonnée de Terrorisme, jusqu’à ce que la Haute Cour déclare ces mesures illégales.” Des dizaines de prisonniers de Guantanamo, sont restés plus de dix ans dans cette situation, qui est légale, mais profondément contraire aux droits de l’homme.

Qui finance le terrorisme jhiadiste et pourquoi ? En 2015, Laurent Fabius en tant que ministre des affaires étrangères du gouvernement présidé par Hollande et avant lui, en 2010, Pierre Lellouche : Secrétaire d'État chargé des affaires européennes, auprès du ministre des affaires étrangères et européennes sous la présidence de Nicolas Sarkosy, ont affirmé sur France Inter, que certaines grandes familles proche du roi d’Arabie saoudite (de religion salafiste), financent les mouvements terroristes djhadistes salafistes, tel Alkaida ou Daesh. La plupart des chercheurs universitaires spécialistes du Moyen Orient reconnus tiennent le même discours. Du coup il se présent au moins trois possibilités pour expliquer la stratégie des USA :- La première consiste dans une trahison des proches du roi d’Arabie Saoudite, qui luttent

officiellement contre le terrorisme au côté des Etats-Unis et des occidentaux.- La seconde serait que l’Arabie Saoudite joue sur les deux tableaux. D’un côté son roi lutte

au côté des USA pour s’assurer son soutien, en particulier militaire et de l’autre il laisse financer, ou finance aussi le terrorisme salafiste, car le roi aimerait à terme s’émanciper de la tutelle impérialiste des USA.

23 CONSEIL CONSTITUTIONNEL, Visite à la cour suprême du Canada, La lutte contre le terrorisme dans la jurisprudence du Conseil constitutionnel , 24 au 26 avril 2006, http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/root/bank_mm/pdf/Conseil/20060426.pdf.

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- La troisième est plus radicale et laisserait penser que les USA continuent à soutenir l’Arabie Saoudite qui est officiellement son allié, alors même que le gouvernement des Etats-Unis est informé que le roi finance, ou laisse financer le terrorisme. Par conséquent, les USA trouveraient intérêt à soutenir indirectement le terrorisme, afin de pouvoir légitimement attaquer les pays qu’ils souhaitent, pour les affaiblir politiquement, afin de conquérir leurs ressources.

Le 26 avril 2015, l’ancien ministre Christian Estrosi a déclaré que « la civilisation judéo-chrétienne dont nous sommes les héritiers aujourd'hui est menacée (…). Oui, les catholiques sont menacés (...) en France, les catholiques sont une cible (…). C'est une troisième guerre mondiale qui nous est déclarée» et il «faut en être conscient » (Figaro, 26 /4 /2015).

Nous ne partageons pas l’idée que les catholiques sont menacés ou du moins en danger en France. Par contre, sans que nous en ayons conscience, en 2015, nous entrons sans doute progressivement dans une 3e guerre mondiale, dont le centre principal des combats se déroule au Moyen-Orient. En France et dans le monde, on assiste actuellement à une montée du religieux et surtout à une nouvelle guerre de religion entre au moins une partie des chrétiens, des musulmans et des juifs. Cette guerre de religion vient cacher une guerre entre capitalistes, pour les ressources du Moyen-Orient notamment.

Le pouvoir de l’idéologie religieuse traditionnelle vient généralement renforcer l’idéologie politique dominante, car le pouvoir religieux est traditionaliste et renforce généralement les classes dominantes au pouvoir. De plus, les lobbys religieux luttent entre eux au service des intérêts capitalistes nationaux et certains usent du terrorisme, en particulier le djihadisme salafiste.

Or, le terrorisme contribue à créer des États d’exceptions de nature liberticide et les politiques et les guerres capitalistes entre nations pour l’accès aux ressources au nom de la démocratie et de la liberté. Par ailleurs, il existe de nombreuses méthodes antidémocratiques et parfois illégales utilisées par les États dits démocratiques d’Occident, pour service l’intérêt national de leurs entreprises, tel le soutien militaire et financier aux dictatures. Ainsi au niveau mondial, on assiste à une guerre de religion (en particulier au Moyen-Orient), qui s’avère instrumentalisée et masquée par une guerre impérialiste pour les ressources. Les conflits se déroulent principalement au Moyen-Orient, mais les tensions, les violences communautaires et les attentats eux touchent le monde entier préfigurant une possible guerre mondiale.

La 3e guerre mondiale débute-t-elle au Moyen-Orient ? Nous pouvons faire débuter la guerre du Moyen-Orient avec la 1re guerre du Golfe en 1990-1991, avec 27 pays en lice contre l’irakien. Dans ce pays la guerre continue encore en 2015. La guerre du Moyen-Orient s’est déroulée dans les 6 pays suivants (et continue encore pour certains) : la guerre d’Afghanistan (2001 à 2015 avec 48 pays impliqués directement ou indirectement dans les combats)24, la guerre d’Irak (2003-2015 avec 18 nations)25, la guerre du Yémen (2001-2015 avec au moins 15 nations) 26, tandis qu’en 2015, le Comité révolutionnaire Houthis du Yémen est soutenu par l'Iran contre la coalition. Il y a aussi la guerre contre la Lybie de 2011 à 2015 (avec 21 États impliqués contre l’État Libyen) 27 et enfin la guerre en Syrie de 2011 à 2015 (avec 15 nations, plus la Syrie)28. Ainsi, la guerre du Moyen-Orient dure depuis 25 ans, elle a impliqué plus 50 nations, dont la majorité des grandes puissances du G8, qui sont engagées (ou l’ont

24 De 2001 à 2015, la guerre contre l’Afghanistan a impliqué plus de 48 pays dont la Grande Bretagne, l’Espagne, la Belgique, la France, l’Allemagne, l’Italie…25 La 2e guerre du Golfe ou guerre d’Irak se déroule depuis 2003 jusqu’en 2015. Elle a impliqué au moins 18 nations en guerre ? contre l’Etat irakien dirigé par Saddam Hussein, puis contre les forces rebelles. La coalition étaient la suivante : États-Unis (2003-2011 et 2014-en cours); Royaume-Uni (2003-2011 et 2014-en cours); Australie (2003-2009 et 2014-en cours); Canada (2014-en cours); Espagne (2003-2004); France (2014-en cours); Pologne (2003-2008); Pays-Bas (2003-2005 et 2014-en cours); Italie (2003-2006); Géorgie (2003-2008); Ukraine (2003-2008); Corée du Sud (2003-2008) et 6 autres nations étaient présentes.26 Depuis, 2001 et jusqu’en 2015, la guerre du Yémen a impliquée au moins 15 nations. En 2015, le Comité révolutionnaire Houthis du Yemen est soutenu par l'Iran contre la coalition. La coalition étaient la suivante : États Arabie saoudite; Bahreïn; Jordanie; Qatar; Maroc; Égypte; Koweït; Soudan; États-Unis; Turquie; Sénégal; Mauritanie; Somalie; Djibouti; Yémen (gouvernement de Hadi).27 En 2011, durant la guerre contre la Lybie il y avait 21 Etats impliqués contre l’Etat Libyen, dont la Belgique, Canada, Danemark, Espagne, Émirats arabes unis, Etats-Unis, France, Grèce, Italie, Jordanie, Norvège, Pays-Bas, Qatar, Roumanie, Royaume-Uni, Suède, Turquie, Bulgarie.

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été) militairement dans des combats se déroulant dans 7 pays (Koweït, Irak, Afghanistan, Libye, Yémen. Si nous ajoutons le conflit israélo palestinien débuté en 1946, car ce fut une des causes de cette guerre, du Moyen-Orient, alors cela fait 9 pays impliqués.

Or, on ne parle jamais d’une 3e guerre mondiale. Alors, que durant la 2e guerre mondiale « seulement » 34 pays étaient engagés, tandis que durant la 1re guerre mondiale plus de 65 pays étaient impliqués. Durant la 1re et la 2e guerre mondiale, les États-Unis étaient eux-mêmes impliqués dans une guerre mondiale, sans qu’ils soient impactés directement sur leur territoire. Seul l’attentat de Pearl Harbor fait exception à ce constat à cela. En Amérique du Nord et en Europe, la situation est comparable actuellement, aussi nous sommes donc peut-être au début d’une 3e troisième guerre mondiale, dont le cœur de l’action se déroule au Moyen-Orient et en particulier en Syrie et en Irak. Cependant, la divergence majeure entre la guerre au Moyen-Orient et les deux guerres mondiales consistent dans le nombre des pays dans lesquels se sont déroulés les combats. Ils sont beaucoup plus limités que ceux de chacune des deux guerres mondiales. Par contre, si on inclut les pays dans lesquelles, il y a des attentats liés à cette guerre, dans ce cas le nombre et l’étendue des dépassent largement les 34 pays de la 2e guerre mondiale29. Cependant, nous ne pouvons véritablement pas comparer un attentat qui engendre des dizaines de morts, avec une bataille militaire, qui génère généralement des centaines, voire des centaines de décès. Cette guerre du Moyen-Orient implique des combattants se revendiquant de l’islam, contre les soldats occidentaux majoritairement chrétiens. Mais une autre ligne de fracture sépare les combattants au sein de cette guerre, les musulmans chiites contre les musulmans sunnites et en particulier les djhiadistes salafistes.

Quelles sont les causes de la guerre du Moyen-Orient et du terrorisme qui s’y rattachent ? Suite aux attentats du 11 janvier en France, chacun tente à juste titre de trouver des explications au fait que des Français musulmans commettent des attentats contre des Français dans leur propre pays. Généralement, les analyses sont trop centrées sur une ou deux causes, alors que l’explication est multifactorielle. Néanmoins, il existe une hiérarchie de raisons. Selon notre point de vue, nous classerons ici ces causes par ordre d’importance décroissante. En ce qui concerne ce qui mobilise les « terroristes » de France, l’explication détaillée est complexe parce qu’elle mêle :

- Les causes psychologiques (le besoin de pouvoir lié à la peur d’être faible notamment), qui engendrent la perpétuation d’un système socio-économique fondé sur la domination et l’exploitation, qui nourrit lui-même les travers psychologiques ensuite.

- Des causes sociales (pauvreté, chômage, exclusion...), engendrant la frustration d’être exclus ou trop pauvre, donc le vol et la violence.

- La xénophobie, puis le racisme engendré par le chômage et la pauvreté.- Le capitalisme (consistant à exploiter et piller les plus pauvres au Nord, surtout au Sud),- Les actions militaires impérialistes, c'est-à-dire le capitalisme nationaliste (guerre préventive et

humanitaire, en réalité des guerres aux services des intérêts capitalistes occidentaux, notamment en Palestine, mais aussi en Irak, Afghanistan, Mali...),

- Les conflits idéologiques (capitalisme, communisme, socialisme, idéologie chrétienne, musulmane, juive, animiste...) car les religions sont bien des idéologies et elles permettent de fédérer des humains derrière la passion politique ou religieuse pour des valeurs: l’égalité, la liberté, la propriété, l’amour, le sacré, dieu...

- Les conflits de civilisation c’est à dire de culture (Occidentale contre le reste du monde)- Les conflits de coalitions nationales (pays développés les plus riches contre les autres (Chine,

Russie, Afrique, Amérique du Sud, Moyen-Orient)).- L’illégalité des pratiques des transnationales, des élites économiques et politiques du local à

l’internationale.

28 De 2011 à 2015 se déroule la guerre en Syrie. En 2015, contre l’État islamique (Daesh) l’alliance regroupait 15 nations, plus la Syrie. Les principales grandes puissances occidentales : Etats-Unis, Arabie saoudite, France, Émirats arabes unis, Australie, Royaume-Uni, Canada, Pays-Bas, Danemark, Belgique, Italie et certains pays arabes : Maroc, Jordanie, Bahreïn, Qatar.29 Liste chronologique des attentats meurtriers dans le Monde : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_d%27attentats_meurtriers

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Pour expliquer qu’il s’engage dans une guerre, chaque individu en fonction de son histoire, de son pays, de sa situation économique, de son niveau d’endoctrinement va mettre en avant des priorités différentes. Parfois à juste titre, lorsque sa situation s’avère objectivement analysée et parfois moins lorsqu’il subit un fort endoctrinement, comme tout citoyen dans chaque culture cependant, même si c’est à des degrés divers. La hiérarchie des mobiles qui anime, les jeunes djhiadistes d’un pays riche ou pauvre se révèlent donc différents, mais se rejoint néanmoins pour l’essentiel.

Comme dans la plupart, des guerres, celle du Moyen Orient relève donc d’une double désinformation concernant les mobiles réels motivants l’action des belligérants. La version officielle des Occidentaux consiste à affirmer qu’il s’agit d’une guerre contre le terrorisme sévissant en Occident et que les bombardements sur les djhiadistes, les dictateurs et donc sur les civiles qui les entourent, visent à restaurer la démocratie. Il s’agit donc de bombarder des citoyens pour les libérer. Or, en dehors des situations ou le territoire national est attaqué par une armée, les Occidentaux ne sont quasiment jamais partis en guerre pour défendre à l’étranger, la liberté, la démocratie. Ils ne décident de guerres humanitaires pour sauver des opprimés d’un dictateur que si ce dernier ne sert pas leurs intérêts. Ils ne mènent pas de guerre pour la démocratie, lorsque les dictateurs sont alliés avec eux et ouvrent à leurs transnationales, un accès privilégié aux ressources du pays. Les alliances françafricaines entre les dictateurs d’Afrique et la France, durant plusieurs décennies en sont un parfait exemple, de même que mes alliances entre les dictatures sud-américaines et les États-Unis à la fin du XXe siècle 30.

Le discours du camp opposé, celui des sunnites salafistes djhiadistes (Al-Qaida, État islamique (Daesh), les frères Musulmans, Boko Haram…) consiste à affirmer qu’ils mènent une guerre sainte, une guerre pour restaurer la pureté de la foi et de la religion musulmane, contre les mécréants. La voie véritable consiste selon eux, à suivre la voie du salafisme djhiadistes, plutôt que celui du salafisme quiétiste (non politique), ou des autres voies plus modérées du sunnisme, du chiisme, ou encore du soufisme. Ainsi, le djihad consiste aussi à mener une guerre sainte entre musulmans, comme les chrétiens l’ont mené entre eux pendant des siècles. Cependant, l’ennemi principal reste bien sur les mécréants d’occidents, les chrétiens et les capitalistes, avec leur civilisation dégénérée fondée sur la consommation, le lucre, l’alcool, le sexe, la souillure des femmes montrent leur corps…

Il y a de multiples mobiles secondaires et néanmoins objectifs, qui expliquent la montée de la pauvreté, du chômage, des discriminations, du racisme, du choc des civilisations, des idéologies, des religions…), qui viennent attiser les motivations des belligérants de la guerre du Moyen-Orient, tels les jeunes Français qui s’y engagent.

Cependant, la raison principale relève d’une lutte entre capitalistes pour les ressources. En effet, si nous analysons les motivations des élites du Moyen-Orient, qui s’impliquent dans le salafisme djhiadiste et/ou financent le terrorisme (la rébellion), leur motivation prioritaire et profonde relève principalement de la volonté de défendre leur autonomie économique et finalement de faire respecter leur identité de capitaliste musulman. Bien sur, ils ne le déclarent pas toujours officiellement et dans ce cas ils prétextent généralement qu’ils entendent défendre la liberté nationale, vis-à-vis de l’occident et protéger la pureté de la religion musulmane. Les élites du Moyen-Orient entendent en réalité restaurer leur dignité et leur autonomie face à des élites occidentales, qui dominent leur pays économiquement (avec leurs transnationales), militairement et politiquement (à travers les organisations internationales, tels le FMI et la Banque Mondiale avec la dette). L’argument religieux consistant à proférer que les Occidentaux sont des mécréants est secondaire. C’est une instrumentalisation du peuple et des djhiadistes les moins instruits. Mais c’est bien l’autonomie politique et économique et la lutte contre la domination occidentale qui animent les élites du Moyen-Orient et sans doute aussi la majorité des djhiadistes situés à la base.

Les élites qui financent les djhiadistes considèrent qu’ils aident des rebelles, tandis que les Occidentaux estiment qu’il s’agit de terroristes. En fonction du point de vue de celui qui s’exprime, un groupe sera dénommé rebelle ou résistant par les uns, tandis que le camp opposé les nommera les

30 La guerre d’Irak, qui est une des phases de la guerre du Moyen Orient a même été initiée par un mensonge d’Etat, commis par les Etats-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU, sur la base de fausses photos d’installations nucléaires irakienne. Ce mensonge d’Etat au plus haut niveau des instances internationales publiques, n’a engendré aucune sanction, ni critique régulière dans les médias occidentaux, puisque ce délit fut commis par les dominants.

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terroristes (généralement le pouvoir dominant). Le choix des mots change complètement la perception et donc le sens de l’attaque réalisée par les terroristes ou les résistants-rebelles…Durant, la 2 e guerre mondiale les résistants étaient dénommés terroristes par Vichy et les nazis.

En réalité, le mobile principal de la guerre du Moyen-Orient relève donc d’une guerre économique entre capitalistes d’Occident, contre les capitalistes du Moyen-Orient, qui défendent leurs ressources contre la prédation des transnationales occidentales, appuyées par leur pouvoir militaire, politique, idéologique… Finalement, on assiste actuellement à une guerre mondiale entre le pouvoir (économique, politique31 et militaire) capitaliste occidental (majoritairement chrétienne), contre le pouvoir capitaliste non chrétienne du Moyen-Orient islamique et des BRICS, (Brésil, Russie, Inde, Chine, Sud-Africain). Chez ces derniers, l’idéologie religieuse est majoritairement composée des religions suivantes: bouddhiste chinois, hindouisme d’Inde, christianisme orthodoxe russe et christianisme chrétien sud-américain). Les BRICS sont de fait plus ou moins directement contraint de s’allier avec les capitalistes du Moyen-Orient, car ils ne sont pas les alliés prioritaires des États-Unis dans les organisations internationales (ONU, FMI, BM, OMC, OTAN…). Les alliés prioritaires des USA sont les Occidentaux (les européens et Israël).

La grande majorité des guerres militaires ont en réalité des objectifs de domination économique et politique cachés derrières de nobles discours visant à défendre les hautes valeurs de la liberté, la démocratie, l’autonomie, les victimes, l’humanitaire, la pureté de la foi, une noble civilisation... Par exemple, l’Allemagne nazie entendait édifier un grand Reich millénaire s’étendant sur le monde, afin de retrouver la pureté des valeurs de la race blanche aryenne. Alors qu’il s’agissait surtout d’assouvir le besoin de pouvoir psychologique des élites politiques et économiques et leur pouvoir économique en s’assurant un plus grand accès aux ressources des colonies européennes dans le monde. La dénonciation des juifs servit de bouc émissaire pour fédérer les nationalistes allemands et les fascistes dans le monde, afin de détourner l’attention des mobiles véritables. Nous pouvons ainsi, remonter au moins jusqu’aux guerres saintes des croisades chrétiennes poursuivies jusqu’à Jérusalem. Elles visaient officiellement à défendre la religion chrétienne, mais relevaient principalement des mêmes enjeux en réalité.

Au plan mondial, il y a donc plusieurs niveaux de désinformation de cette guerre du Moyen-Orient. Elle consiste à faire croire qu’il s’agit :

- d’une guerre pour défendre la démocratie contre les dictatures religieuses.- d’une guerre entre des idéologies religieuses (les musulmans contre les mécréants : les juifs et les chrétiens).- d’une guerre entre l’idéologie capitaliste (les mécréants) et l’idéologie religieuse islamiste.

Alors qu’il s’agit d’une guerre pour le pouvoir impérialiste (économique, politique et militaire) entre le bloc capitaliste occidental, contre le bloc capitaliste non occidental et non une guerre idéologique. C’est une guerre pour servir des intérêts économiques nationaux, ceux de la France, des USA, du Qatar, d’Arabie Saoudite, de l’Iran, etc., et quasiment pas une guerre nationaliste pour des défendre une culture nationale (la culture républicaine, française, musulmane…). Or, officiellement, les néoconservateurs américains, tel Huntington32 (et à leur suite les gouvernements occidentaux comme la France) mènent au Moyen-Orient une politique de lutte anti-terroriste et lancent des guerres pour la démocratie, afin de créer et instrumentaliser un choc des civilisations, c'est-à-dire une guerre entre idéologies religieuses. A l’inverse, durant la guerre froide, la guerre était prioritairement idéologique pour défendre un modèle idéologique : le capitalisme contre le communisme et dans une moindre mesure une guerre économique, politique et militaire. La guerre froide consistait de manière secondaire cette fois, à s’assurer des alliances où la main mise sur les pays en développement disposant de ressources minérales notamment. Alors que c’est l’objectif prioritaire de la guerre du Moyen-Orient.

31 Nous définirons le pouvoir politique (international), comme le pouvoir exercé sur les organisations hégémoniques (internationales : FMI, BM, OMC, G8, Conseil de sécurité de l’ONU), dont la fonction relève de la décision (internationale) de la direction politique économique, militaire, idéologique…

32 HUNTINGTON, Samuel, Le Choc des civilisations, Paris, Éditions Odile Jacob, 2000, 545 p.

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L’islamophobie nourrit l’extrême droite et finalement l’antisémitisme. L’idéologie religieuse chrétienne et occidentale reste majoritairement dominante au plan français et même mondial. Or, l’islamophobie actuelle en France, laisse penser que les Français de souche ne seraient plus maîtres chez eux, que leur culture chrétienne, ou du moins la culture et les valeurs occidentales seraient en danger face à celle de l’islam en expansion. C’est ce type de crainte contribuant à la montée de l’extrême droite que vient nourrir le livre « Soumission » (2015) du romancier Houellebecq. Il y fantasme une croissance dangereuse de l’islam conduisant un jour un gouvernement musulman au gouvernement en France. Dans ce pays, les statistiques nous montrent que le danger n’existe pourtant pas au plan numérique, car 6 % de musulmans, ne sont pas susceptibles de mettre en danger le modèle culturel de 94% de non-musulmans. De plus, il est déjà rare qu’une personne modifie son système de valeur et ses opinions politiques au point de changer tendance politique (de passer de la droite vers la gauche, ou l’inverse), mais il s’avère encore plus exceptionnel et difficile de changer de religion, tant cette dernière repose sur des valeurs culturelles profondément enracinées. Par conséquent, il est quasiment inenvisageable qu’une majorité de Français d’origine chrétienne, en viennent à élire un candidat d’un parti musulman.

LES DIFFÉRENTES APPARTENANCES RELIGIEUSES DES FRANÇAIS

Organisme de sondage Christianisme Sans religion Islam Judaïsme Autres

CSA (2012) 58 % 32 % 6 % 1 % 3 %IFOP (2011) 65 % 25 % 7 % 1 % 2 %

INED (2008-2009)18-50 ans 45,5 % 45 % 8 % 0,5 % 1 %

DÉPARTEMENT D'ÉTAT DES USA (2012) 65-66 % 21 % 8-10 % 1 % 2-4 %

Dans son dernier livre, “ Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse ” Emmanuel Todd montre que dans le manifestation de l’après 11 janvier, les participants étaient majoritairement des membres de la classe moyenne et des cadres, avec une majorité d’entre eux appartenant aux milieux catholiques traditionalistes, ceux-là mêmes, qui se sont montré les plus antisémites dans les années trente. Les classes populaires, dont les ouvriers étaient donc très minoritaires 33.

« Les forces qui se réclament aujourd’hui de la République ne sont pas d’essence républicaine. Cartographie à l’appui, le démographe veut démontrer qu’une « subculture catholique périphérique », qui perdure malgré le déclin de l’Église, détermine à leur insu les individus (…). Emmanuel Todd estime que les manifestants du 11 janvier qui scandaient « nous sommes Charlie » ont en toute conscience, défilé pour la tolérance. Mais ce n’est pas la réalité des « valeurs latentes » c'est-à-dire subconscientes, qui les agissaient. Ce jour-là, écrit-il, « il s’agissait avant tout d’affirmer un pouvoir social, une domination ». Celle de la « France blanche » des catégories supérieures qui s’est précipitée dans les rues pour critiquer « la religion des faibles », celle des musulmans en France. Car les Français de souche sont majoritairement de culture judéo-chrétienne. En résumé, il y a un décalage complet entre les paroles et les actes de ces dominants qui composèrent l’essentiel des manifestants 34.

Aussi, Emmanuel Todd estime que la majorité des participants qui participaient à cette manifestation ne protestait pas seulement contre le terrorisme et pour la liberté d’expression, mais surtout contre le terrorisme islamique et finalement contre l’islam. Or, il considère que l’islamophobie des chrétiens favorise l’antisémitisme actuel des musulmans de France et l’antisémitisme futur des chrétiens traditionalistes.

Cependant, si les sondages ne se trompent pas et que les milieux chrétiens de la classe moyenne et des cadres étaient effectivement surreprésentés dans cette manifestation, par rapport à leur poids

33 TODD Emmanuel, Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse, Seuil, 2015.34 TRUONG Nicolas, Emmanuel Todd contre les illusions de la France du 11 janvier, Le Monde, 7 mai 2015.

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dans la population française, il est néanmoins difficile de conclure que la majorité des participants partageaient une attitude islamophobie.

Cependant, pour notre part, nous partageons l’idée qu’en France notamment, les attaques idéologiques contre l’islam émises par une part de l’opinion publique et certains médias relèvent aussi, d’une attaque contre une population de religion musulmane appartenant majoritairement aux classes dominées et exploitées, par les classes dominantes cadres et majoritaire (moyenne et chrétienne). Par ailleurs, il existe bel et bien une lutte mondiale entre religions pour la conquête de l’hégémonie l’idéologique, mais actuellement, l’occident chrétien est loin d’être dépassée et reste majoritaire tant numériquement, qu’en puissance d’influence.

Gérer l’information, même en créant de faux motifs permet de justifier une répression. Les stratèges de certains gouvernements vont parfois jusqu’à créer des attentats sous fausses banières, c'est-à-dire des attentats avec des faux terroristes, ou de fausses preuves, afin de discréditer un individu, un État, ou groupe d’opposants au régime en place, ou pour justifier ce qu’ils qualifient de « guerre punitive », ou « préventive.» L’attentat par les services secrets français, contre le Raiwbow Warrior, le bateau de Greenpeace, l’association, qui luttait contre les intérêts nucléaires de la France est un fait reconnu. De même que les fausses preuves inventées (photos truquées usines de fabrication d’armes nucléaires) du gouvernement des États Unis devant l’ONU, pour obtenir leur accord afin d’envahir l’Irak de Saddam Hussein. Ainsi, le pétrole et le gouvernement irakien sont passés sous le contrôle des Etats-Unis, de ses transnationales et de son armée. C’est deux actions illégales des gouvernements dit démocrates et républicains prouvent la réalité de ce type de pratique. Or, il en existe de très nombreuses autres moins connues.

En Italie, de nombreux faux attentats de ce type furent commis en Italie à l’initiative du gouvernement italien et de la CIA, dans le but d’enrayer la monté du communisme dans ce pays et en Europe. « A la suite des attentats de la Piazza Fontana en 1969 et de Peteano en 1972, d’autres actes ensanglantèrent le pays : le 28 mai 1974 à Brescia, une bombe fit 8 morts et 102 blessés parmi les participants à une manifestation antifasciste. Le 4 août 1974, un attentat à bord du train « Italicus Express », qui relie Rome à Munich, tua 12 personnes et en blessa 48. Le point culminant de cette violence fut atteint par un après-midi ensoleillé, le 2 août 1980, quand une explosion massive dévasta la gare de Bologne, tuant 85 personnes et blessant ou mutilant 200 autres »35. « D’après les statistiques officielles, entre le 1er janvier 1969 et le 31 décembre 1987, (…) ces “actions” ont tué 491 personnes et blessés ou mutilés 1 181 autres. Des pertes dignes d’une guerre, sans aucun équivalent en Europe »36. En 1984, alors que des juges l’interrogeaient sur l’attentat à la bombe de 1980, qui frappa la gare de Bologne, Vinciguerra un des auteurs de ces attentas déclara : « Il existe en Italie une organisation parallèle aux forces armées, composée de civils et de militaires, et à vocation antisoviétique, c’est-à-dire destinée à organiser la résistance contre une éventuelle occupation du sol italien par l’armée rouge. [...] Une organisation secrète, une super-organisation disposant de son propre réseau de communication, d’armes, d’explosifs et d’hommes formés pour s’en servir. [...] Une super-organisation [qui], en l’absence d’invasion soviétique, reçut de l’OTAN l’ordre de lutter contre un glissement à gauche du pouvoir dans ce pays. Et c’est ce qu’ils ont fait, avec le soutien des services secrets de l’État, du pouvoir politique et de l’armée »37. Il s’agissait du réseau Gladio, impliquant notamment l’OTAN et la CIA, notamment dans d’autres attentats en Belgique et en Turquie. « Le général Vito Miceli, l’ancien chef des services de renseignement militaire italiens, affirma que le réseau Gladio a été formé ’’grâce à un accord secret avec les États-Unis et [ont évolué] dans la structure de l’OTAN’’. En 2000, ’’un général des services secrets italiens [nommé Giandelio Maletti] a déclaré [...] que la CIA avait donné son approbation tacite à une série d’attentats à la bombe au cours des années

35 GANSER Daniele, Les Armées Secrètes de l'OTAN : Réseaux Stay Behind, Opération Gladio et Terrorisme en Europe, Éditions Demi-Lune, 2007. 36 FASANELLA Giovanni, SESTIERI Claudio, PELLEGRINO Giovanni: Segreto di Stato. La verità da Gladio al caso Moro, Einaudi

Editore, Turin, 2000.37 THE GUARDIAN, « Secret agents, freemasons, fascists . . . and a top-level campaign of political ‘destabilisation’ », 5 décembre 1990,

in cité dans Daniele Ganser, 2007, pp.30-31.

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1970, afin d’instaurer l’instabilité et d’empêcher les communistes de prendre le pouvoir »38. En mars 2001, le général Giandelio Maletti, ancien patron du contre-espionnage italien, confirma lui aussi ces déclarations. « Contrairement aux membres des Brigades Rouges, qui finirent tous par être emprisonnés, les terroristes d’extrême droite parvinrent à prendre la fuite après chaque attentat, parce que, comme le fait justement remarquer Vinciguerra, ils purent tous bénéficier de la protection de l’appareil sécuritaire et des services secrets de l’armée italienne (…). Le Supreme Headquarters Allied Powers Europe ou SHAPE, l’organe de commandement de l’appareil militaire de l’OTAN, coordonnait les actions de Gladio. C’est ce qu’a révélé aussi le secrétaire général Manfred Wörner pendant un entretien avec les ambassadeurs des 16 nations alliées de l’OTAN » (Ganser, 2007 : 54).

Il existe des dizaines, d’autres « faux attentats », relevant de la technique du « falshflag » du faux drapeau. Un exemple fameux, fut le faux attentat du Reichstag, commis par Hitler. De même, la CIA a fomenté le renversement de Mossadegh en Iran, en 1953, par une succession d'attentats contre des ecclésiastiques. Le président Johnson s'est appuyé sur un faux incident dans la Baie du Tonkin contre deux destroyers US, en 1964, pour légitimer les bombardements de Hanoi (Petras, 2001). Finalement, lorsqu’un attentat terroriste est commis la question principale à se poser, n’est pas vraiment qui l’a commis ? Car il est toujours difficile d’obtenir des preuves certaines, surtout à brève échéance. La question la plus importante à résoudre s’avère plutôt : à qui profite le crime ? Qui y retire le plus de bénéfice politique ?

Dans une guerre, le rôle de l’information vis-à-vis de l’opinion publique, est bien aussi importante que les capacités militaires, surtout dans les nations républicaines. Ce qui compte finalement, pour un gouvernement ce n’est pas seulement de gagner la guerre, mais que l’opinion publique de son pays - et si possible celles des autres nations – soient favorables à cette action militaire. Sinon, le gouvernement risque de ne pas pouvoir envoyer longtemps ses soldats mourir pour une cause illégitime. Persister contre ses électeurs, serait courir le risque de ne pas être réélu aux prochaines élections. C’est pourquoi les services de l’information des armées ne reculent généralement devant rien pour présenter une version de la situation qui lui sera favorable. Pour cela tous les moyens sont bons, même les fausses informations vis-à-vis des médias, telles les fausses preuves inventées (photos truquées d’usines de fabrication d’armes nucléaires) du gouvernement des États-Unis devant l’ONU, pour obtenir leur accord afin d’envahir l’Irak de Saddam Hussein. Mais pire encore il y a les vrais attentats contre des civils, sous fausse bannière, afin de manipuler l’opinion publique.

LES BANQUES PEUVENT FAIRE DES PROFITS GRACE A LA REPRESSIONPour la classe des élites économique, industriel ou bancaire, la représsion et les guerres

peuvent être très profitables pour les profits et les débouchées économiques.

Les banques appuient parfois la répression des populations et au soutien des dictateurs. Bien que dès 1973, les Nations Unis aient qualifié l’apartheid, de crime contre l’humanité, la communauté financière a continué à concéder des prêts au gouvernement sud-africain. C’est majoritairement les fonds publics, mais par l’aide bilatérale, qui ont financé l’Afrique du Sud, en 1993, l’Afrique du Sud devait 90% de ses aides extérieures à long terme à quatre pays : États-Unis, la France, l’Allemagne et la Suisse. « Durant toute la période d’apartheid, au moins 30 grandes banques et 230 de moindre envergure furent engagées pour financement du régime » (Ramos, 2008 : 82-83). Cette aide financière était réalisée en parallèle au soutien des États-Unis, via la France, à la création de la bombe nucléaire sud-africaine.

L’appui des banques fit l’objet de plaintes, notamment à New York, par les victimes de ce régime d’apartheid, en 2002, par l’apartheid Kumlumani Support Group. La plainte portait contre 21 banques et entreprises étrangères. Parmi ces banques on compte Barclay National Bank, Crédit Suisse, Deutsche Bank AG, Ford, J.P Morgan Chase (Bank) et parmi les entreprises BP, Chevron Texaco, Shell, et Total Fina-Elf pour la France. Une autre plainte avait été déposée pour le même motif, dès 1992, par d’autres victimes (Ramos, 2008 : 84).

38 DALE SCOTT Peter, La Route vers le Nouveau Désordre Mondial : 50 ans d’ambitions secrètes des États-Unis, Éditions Demi-Lune, Paris, 2010, p.254.

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Certaines banques soutiennent des marchands d’armes à la guerre et la dette de guerre. « Les dettes de guerre considérées comme illégitimes dérivent de prêts, qui ont financé des plans belliqueux à des fins impérialistes (étendre la domination d’un pays sur un autre par la force) » à des fins d’annexion ou de conquête d’un pays, par le moyen d’opérations de guerre (Ramos, 2008 : 86).

L’invasion du Timor oriental par le dictateur indonésien Suharto (1965-1998) fit 60 000 morts en 1976, puis 200 000 morts en 1979 près du tiers de la population du Timor Oriental39. Cette invasion a été soutenue financièrement par les États-Unis et leurs alliés (Australie, Grande Bretagne…) et la Banque Mondiale. Les États –Unis quadruplèrent leur aide économique durant cette période40. Eric Toussaint et Damien Millet nous rappelle aussi que durant « les années 1950, l’intervention de cette dernière et du FMI en Amérique latine a été marquée par les priorités de la politique étrangère de Washington. Les institutions de Bretton Woods ont soutenu le dictateur nicaraguayen Anastasio Somoza pendant près de trente ans, jusqu’à son renversement en 1979. Au Guatemala, en 1954, elles boycottent le gouvernement progressiste de Jacobo Arbenz, puis s’empressent de soutenir la junte militaire, qui l’a renversé. En Amérique du sud, elles sabotent les régimes démocratiques, qui entreprennent des réformes tendant à réduire les inégalités : au Brésil, dès 1958, opposition au président Juscelino Kubitschek, qui refuse les conditions fixées par le FMI, puis boycottage de son successeur João Goulart quand celui-ci annonce une réforme agraire et la nationalisation du pétrole en 1963. En revanche, dès la mise en place de la junte militaire, en avril 1964, le FMI et la Banque mondiale accourent. Ils font de même en septembre 1973, au Chili, après le renversement et la mort de Salvador Allende. En mars 1976, en Argentine cette fois, le FMI apporte son concours à la dictature du général Jorge Videla. En avril 2002, il sera le premier (avec les États-Unis et l’Espagne de M. José María Aznar) à offrir ses services au bref gouvernement de facto issu du renversement du président vénézuélien Hugo Chavez »41. Une autre méthode pour opprimer une partie de la population s’appuie sur les dettes d’oppression.

Utiliser la dette des États donne l’occasion d’opprimer une population (dettes d’oppression). « Les dettes d’oppression résultent de prêts contractés pour financer des activités humiliantes, agressives criminelles contre la population, qui s’est endettée Il s’agit par exemple de prêts utilisés pour installer de facto, maintenir ou renforcer un régime dictatorial ou répressif, de fonds destinés à l’achat d’armes pour réprimer des soulèvements de l’opposition, de fonds destinés à la construction ou à l’intendance de centre de détention et de tortures ou de camps de concentration, de fonds destinés à la formation ou à l’entretien de corps militaires spécialisés entraînés à ces fins, etc. » (Ramos, 2008 : 79).

Par exemple en Afrique du Sud à Sharpeville, en 1960, les forces de police ont réprimé une manifestation, ce qui se solda par 69 personnes noires mortes, 400 blessés et 11727 arrestations (Ramos, 2008 : 81). L’année de la célèbre répression contre la manifestation étudiante de Soweto en 1976, qui fit 200 morts, le FMI, appuyé par la Grande Bretagne et les États-Unis, fit un prêt de 464 millions de $, soit l’équivalent des ses dépenses d’équipement militaire durant cette année la (Rudin, 2003).

L’Afrique du Sud, entre 1948 et 1991, a ainsi, mené une politique d’apartheid, c'est-à-dire qu’elle prônait la suprématie de la race blanche et exerçait sa domination et sa répression sur la population non blanche. Entre 1980 et 1993, on a calculé que les bénéfices légués aux entreprises étrangères, qui ont commercé avec ce régime, notamment pour réprimer la population, s’élève à 41 milliards de $42. Ces méthodes permettent aux élites économiques capitalistes de faire des profits, de même que la suivante.

39 LE MONDE DIPLOMATIQUE, mardi 29 janvier 2008, « Suharto, le dictateur canonisé ».40 TOUSSAINT Eric, déc. 2004, » La politique du FMI à l’égard de l’Indonésie de 1947 à 2003 », http://www.cadtm.org/imprimer.-php3?id_article=709.41 TOUSSAINT Eric, Millet Damien, Banque du Sud contre banque mondiale, Le monde Diplomatique, juin 2007.42 RUDIN Jeff, 2003, “Odious debt revisited” in Jubilee South Journal V1, n°1.

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Financer chacun des deux camps offre l’opportunité de gagner à tous coups. Cela peut se faire dans le cadre d’élection politique ou bien durant une guerre en finançant les armes des deux camps, Elf finançait les deux parties en conflit dans la guerre civile angolaise, qui opposait depuis 1975 le gouvernement et un mouvement rebelle, l'UNITA43.

Le fait d'entretenir la guerre entre deux camps en leur vendant à chacun des armes, pour les diviser et les affaiblir, va permettre au financeur de s'enrichir et d'asseoir son pouvoir, comme l’a fait notamment la France durant la guerre Iran-Irak (Vershave, 2003). Entre 2007 et 2010, durant les conflits entre le gouvernement Nigerien et les rebelles du MNJ autour du prix de l’uranium notamment, Areva a aussi soutenu les deux camps en présence afin de conserver le pouvoir. Or, en 2010, des rebelles ont fait tomber le gouvernement, sans doute avec leur aide et celle du gouvernement français explique Taheruka44. De cette manière Areva est restée présente au Niger en défendant ses intérêts, malgré les changements de gouvernements.

Durant la guerre de sécession, de 1861 à 1865, aux États Unis, les dirigeants de la banque Rothschild attisèrent le conflit. Entre 1860 et 1861, leur agent Georges Bickley fit pression en faveur des États Confédérés, tandis que deux autres de leurs agents, "J.P. Morgan" et d"August Belmont", soutenaient les camps opposés, les sudistes. La banque Rothschild de Londres finança discrètement les États du Nord (Les confédérés) et celle de Paris finança les États du Sud. Cependant, après la guerre, en 1862 et 1863, le Président Lincoln, qui avait compris leur manœuvre, refusa, de rembourser les intérêts à la banque Rothschild. En représailles, Lincoln, fut assassiné le 14 avril 1865, par John Wilkes Booth, sur l’ordre des Rothschild. Le procédé est finalement assez classique et peut se résumer ainsi : attiser les conflits discrètement en s’appuyant sur ses propres agents, qui ne révèlent pas pour, qui ils travaillent- S’enrichir par la vente d’arme - Passer pour le sauveur vis à vis du camp des vainqueurs et s’en faire un nouvel allié, utile pour ses futurs profits économiques. L’instrumentalisation d’un conflit peut aussi se faire par le biais du mercenariat.

L’USAGE DES MERCENAIRES AU SERVICE DES PUISSANCES DOMINANTESLes mercenaires sont très utiles, pour servir les intérêts et les objectifs des élites économiques

des nations dominantes mais le soutien militaire, économique ou politique aux rebelles du pays peut aussi très bien faire l’affaire.

L’usage de mercenaires vise aussi à dédouaner les gouvernements de leur responsabilité. Avec la multiplication des guerres civiles et des révoltes pour la démocratie en 2011 particulièrement, on peut s’interroger sur le rôle du mercenariat dans ces luttes. Durant la révolte en Lybie en 2011, par exemple, le Dictateur Kadhafi a été accusé de faire appel à des mercenaires pour défendre son régime. De même les occidentaux, tel le gouvernement français, Américain, de même que les transnationales privées telle Total, ou Areva, emploient des mercenaires ou des entreprises militaires privées à leur solde dans la plupart des conflits mondiaux : Irak, Afrique. Mais, ces procédés viennent encore diminuer la démocratie dans le monde.

En France, pour les projets liés à la Françafrique, on privatise temporairement des membres de l’armée ou des services secrets, afin de dégager notre pays de ses responsabilités. En louant les services d'armées privées, les états n'auront plus besoin d'entretenir en permanence une armée nationale, dont l'utilisation effective n'est que ponctuelle. Avec la croissance de l’insécurité se banalise l'existence de polices et milices privées, pour les résidences ou les quartiers les plus riches. Le développement de l’économie libérale contribue à présenter l'idée d’armées privées comme un moyen de diminuer le coût des armées tout en améliorant leur efficacité. Cela permettra aussi aux grandes multinationales (Total, Shell...) de défendre directement leurs intérêts dans le monde.

La privatisation de la guerre est l’instrument idéal d’une politique impérialiste et le moyen idéal de violer les lois internationales et les Droits de l’homme en passant plus ou moins inaperçu. En

43 GLOBAL WITNESS, 2003, Les Affaires sous la guerre. Armes, pétrole & argent sale en Angola, Dossier noir n° 18, Agone, 240 p.44 TAHERUKA, février 2011.

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effet, en recourant au mercenariat et ainsi en contournant les opinions publiques et les contre-pouvoirs, les puissances recourant aux mercenaires peuvent enfreindre les règles de la démocratie. En agissant ainsi, ces puissances rendent la guerre moins visible et cela leur perme tenter de dégager leur responsabilité, puisque avec les mercenaires il est plus difficile de déterminer les véritables commanditaires d’une action illicite, tel un coup d’Etat par exemple. Comme nous l’avons vu, la politique étrangère des pays occidentaux sert toujours les intérêts privés de ses dirigeants démocratiquement élus, mais, qui sans scrupules, sont amenés à mener une politique illégitime et moralement condamnable. C’est pourquoi l’usage de mercenaires leur offre une marge de manœuvre, qui facilite leur complicité et leur assistance à des régimes peu démocratiques ou carrément tyranniques connus pour leur violation des Droits de l’homme. L’exemple de la Colombie, soutenue par les États-Unis, en fait partie puisque environ 78% de ces violations sont commises par des unités paramilitaires. En 10 ans, elles auraient fait 35 000 victimes en toute impunité45. Un autre exemple est celui de l’ACRI (African Crisis Response Initiative), devenue ensuite ACOTA, un programme américain de formation et d’équipement des armées africaines a été dénoncé par Human Rights Watch et Amnesty International pour leur implication militaire dans des meurtres, viols et tortures envers des civils ougandais dans les zones rebelles46.

L’implication des États-Unis dans les conflits en Afrique pourrait s’illustrer par la société militaire privée Ronco, qui utilisa le Rwanda d’après 1994 pour faire transiter des armes destinées à alimenter les conflits dans la région des Grands Lacs, violant ainsi l’embargo sur les armes décrété par l’ONU. Continuons dans les sociétés militaires privées américaines. L’exemple de la société Dyn Corp est très intéressant car elle intervient dans de multiples cas. Cette société est très présente en Amérique Latine et est sous le contrat du Ministère des Affaires Etrangères américain. Le prétexte officiel pour justifier leurs actions sur place est la lutte contre le trafic de drogue. Mais, au lieu de lutter contre les champs de coca et les narcotrafiquants, elle s’attaque aux groupes nationalistes ou d’extrême gauche47.

Il existe de multiples stratégies pour éviter des représailles de la part de la communauté internationale en cas de problèmes. Il est toujours possible de nier n’avoir jamais eu recours ou avoir autorisé lesdits mercenaires à user de telles ou telles stratégies ou moyens militaires. En prenant l’aspect d’une rébellion classique, les mercenaires jettent le doute sur la légitimité de tel ou tel gouvernement et introduisent l’idée que le régime est précaire et n’a pas le soutien de toute la population et donc doit être condamné. Cela contraint donc le gouvernement à entrer en guerre et il devient alors l’agresseur aux yeux de la communauté internationale.

C’est à peu près ce qu’il s’est passé lors de l’intervention soviétique en Afghanistan. En réalité, ce sont les États-Unis, qui ont provoqué « l’invasion » de l’URSS, car ils voulaient renverser le régime laïc afghan, qui n’était pas assez favorable à leurs intérêts privés. En 1979, le président Jimmy Carter ordonne l’entraînement d’une armée de mercenaires musulmans sous la direction des services secrets pakistanais et de la CIA. Ce programme sera financé par la culture du pavot au Pakistan, qui deviendra un des plus gros producteur d’héroïne au monde 48. Par conséquent, la lutte contre la drogue par les Etats-dits démocratiques, tels les Etats-Unis n’est généralement qu’un discours de façade, qui sert surtout des objectifs géopolitiques. Cette provocation de la part des États-Unis dans un contexte de guerre froide et le chaos qu’elle a engendré dans la région a aboutit à l’invasion soviétique.

Les milices privées et les mercenaires permettent de faire la guerre par procuration en privatisant les armées49. Lorsqu’une armée ne veut pas faire la guerre directement, elle peut s’appuyer sur différents moyens. En faisant appel à des milices privées ou des mercenaires, l’armée officielle ne peut être tenue pour responsable des actes illégaux commis. Ainsi, privatiser,

45 HUMAN RIGHTS WATCH, “Colombia: Paramilitary groups Closely Tied to Army, Police”, 4 octobre 2001.46 RENOU Xavier, CHAPLEAU Philippe, MADSEN Wayne, VERSCHAVE François Xavier, La privatisation de la violence.

Mercenaires et sociétés militaires privées au service du marché, Agone, Marseille, 2005, 496 p, citation p. 302.47 RENOU, Op. Cit., p. 309.48 COOKLEY John K., Unholy Wars: Afghanistan, America and International Terrorism, Pluto Press, Sterling, 1999. 49 La majorité des analyses concernant le mercenariat ont été rédigées par Juliette HENNY en association avec Thierry Brugvin

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c’est « réduire l’influence de la règle, la possibilité de régulation des moyens de supervision, l’obligation de la transparence et la suprématie de l’intérêt collectif sur tout autre. C’est surtout encourager l’impunité », souligne Xavier Renou50. Les employés des sociétés militaires privées ont commis d’énormes violation des Droits de l’Homme comme la torture, le viol, les pillages (au Zaïre en 1997, en Afghanistan et en Irak en 2004), des assassinats (aux Comores en 1989), des massacres de population civiles (République Démocratique du Congo en 1999), l’exploitation sexuelle des femmes (en Bosnie en 2000)51 et des infractions aux décisions prises par l’ONU comme l’embargo sur les armes décrété par exemple pour le Sierra Leone en 1998 et la Bosnie en 1995.

Sur le mercenariat, le rapporteur des Nations Unies déclarait que : « les sociétés transnationales doivent être critiquées pour la façon, dont elles exploitent les ressources naturelles et les sources d’énergies. Leur intervention dans les affaires intérieures et la façon qu’elles ont d’attiser les conflits internes pour mieux défendre leurs propres intérêts ne sont pas étrangères à la présence des mercenaires, auxquels elles font appel soit pour protéger leurs installations sur des territoires, qui sont littéralement soustraits à l’autorité des États, qui ne peuvent pas l’exercer à cause de conflits, soit pour donner un appui militaire à la faction, qui a pris parti en faveur des intérêts des transnationales ».52 Cette citation peut être illustrée par l’exemple suivant : au Ghana, dans la région du Tarkwa, 20 000 habitants ont été expulsés par la force suite à la pression des firmes multinationales souhaitant exploiter la terre pour du minerais 53.

Les mercenaires ne prennent pas eux-mêmes le pouvoir dans le pays où ils sont recrutés. Ils peuvent seulement aider à le conquérir. C’est le grand intérêt pour les gouvernements ou des rebelles, qui font appel aux mercenaires de nationalité étrangère pour remplacer leurs propres soldats, qui susceptibles de défection lors des phases révolutionnaires. Ce fut le cas pendant la révolution libyenne en 2011, dans laquelle le dictateur Kadhafi recrutât des mercenaires tchadiens pour tenter de briser la révolte du peuple libyen. Les mercenaires étrangers, à la différence des militaires ou des milices d’un pays, ne disposent d’aucune légitimité devant l’opinion publique du pays ou ils exécutent les basses besognes, puisqu’ils sont de nationalité étrangère. Cependant, ils peuvent retourner leur veste et travailler rapidement ensuite pour des opposants aux régimes en place, par exemple. En ce sens ils restent dangereux, tant pour le régime en place que pour ses opposants.

Il existe trois principaux types de mercenaires, le chien de guerre, corsaire et le barbouze. Le mercenaire est un « soldat de fortune » ou « gun for hire » littéralement « gâchette à louer.» La plupart du temps ce sont les services secrets français, qui recrutent les mercenaires, mais de manière non-officielle au service du gouvernement, donc des intérêts des classes dirigeantes politiques et économiques. En 2002, ils étaient payés entre 4500 à 7500 euros par mois54. Ce sont souvent d’anciens membres du régiment de parachutistes, des troupes de marines ou de la légion Etrangère ou même des anciens gendarmes de l’Elysée.

Dans les années 1980, le Front National semble être le point de rencontre et de ralliement des anciens et futurs mercenaires français, au travers du service de l’ordre du parti, le DPS 55. On y trouve le mythe du mercenaire engagé contre le communisme, pour défendre l’Occident chrétien ou la race blanche. En effet, dans l’engagement mercenaire, la dimension personnelle est déterminante puisque cela met en avant des valeurs comme l’action militaire, les forces viriles, le courage et la brutalité, qui sont transformées en principe d’action justifiant l’engagement 56.

50 RENOU Xavier, 2005, p. 15 51 RENOU, Op. Cit., p.303-304.52 NARCONEWS, 16 mars 2001.53 RENOU Xavier, Op. Cit, p.329.54 DOMINGUEZ François, VIGNAUX Barbara, “La nébuleuse des mercenaires français”, Le Monde diplomatique, août 2003.55 RENOU Xavier,Op. Cit. p.356.56 RENOU Xavier,Op. Cit. p.358.

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Mais, ce n’est pas le cas de tous. Selon une étude d’Howard Becker 57, certains mercenaires sont aussi motivés par une idéologie de justice, de défense des libertés fondamentales, comme le montre certains mercenaires étrangers combattants en Côte d’Ivoire sous Laurent Gbagbo pour « sauver la démocratie.» En un mot, les motivations sont complexes et contradictoires, l’argent n’étant pas la seule motivation de ces aventuriers en mal d’action. En effet, durant le règne de Laurent Bagbo, des mercenaires de nationalité française, ukrainiennes ou sud-africaines chassaient et exécutaient les opposants au régime en place 58. Cependant, même lorsqu’ils sont idéologiquement d’extrême droite, les mercenaires se préoccupent peu de la nature des régimes pour lesquels ils interviennent à partir du moment où ils sont bien payés.

Or, pour Becker, c'est bien l'identification à l’étiquette de déviant attribué par les autres ou par soi même, qui fait le déviant. Une fois que l’individu est identifié ou s’y est identifié, cela transforme ses comportements et ceux, qui le rencontrent. Dans notre cas, le mercenaire ne se considérera comme déviant, c’est à dire exerçant une action immorale que si ceux, qui le rencontre le juge ainsi et surtout si lui-même le juge ainsi 59. Si lui et ses proches estiment qu’il a simplement l’étiquette d’un soldat, dont la fonction est de servir au mieux son chef, il ne se sentira alors pas déviant et n’aura donc pas ou peu de problème de conscience.

Les mercenaires « chiens de guerre » français par exemple, se sont illustrés dans de nombreux terrains de guerre, tels les coups d’Etat au Bénin en 1974, aux Comores en 1975, avec le célèbre Bob Denard. En 1997, Denis Cassou Nguesso à Brazzaville (Congo) a engagé des mercenaires des quatre coins du continent, qui n’étaient autres que des réfugiés et immigrés fuyant la guerre dans leur propre pays ou cherchant une vengeance dans la volonté de se battre60. Actuellement, c’est l’Afrique, qui fournit l’essentiel des effectifs de mercenaires et pour cause, c’est sur ce continent que se déroulent les pires guerres civiles d’où un nombre croissant de jeunes hommes désœuvrés et amers cherchant une raison de vivre et de se battre. La pauvreté favorise donc la levée des armées et des mercenaires.

J.P. Goûteux rapporte que l'armée française avait formé auparavant l'armée rwandaise pendant plusieurs années avant les débuts du génocide des Tutsis et qu’elle a supervisé son déroulement sous couvert de l'opération humanitaire turquoise61. Il s’agit donc cette fois d’une guerre par procuration, non pas avec des mercenaires, mais par la formation des troupes étrangères (et aussi un appui caché pendant le génocide).

Les « chiens de guerre » sont des mercenaires à motivations financières. En 2002 estimait les chiens de guerre de nationalité françaises étaient entre 100 et 200 62. Ils figurent parmi un des trois types de mercenaires avec les corsaires et les barbouzes. Les « chiens de guerre », s’engagent dans un conflit à l’étranger pour l’argent et la volonté de combattre. En général, le « chien de guerre » est fasciné par l’armée, passionné d’armes et souvent issu d’une classe sociale défavorisée, qui y cherche aussi un moyen de subvenir à leurs besoins et aussi un statut social en assouvissant une passion pour les armes. Leur idéologie est souvent marquée à l’extrême droite et ils militent parfois pour leurs idées explique Xavier Renou63.

Cependant, les motivations idéologiques restent généralement secondaires aux motivations financières. Ainsi, les mêmes mercenaires peuvent successivement servir les intérêts d’un chef d’Etat et quelques temps après ils peuvent travailler pour ses opposants. Dans ces cas la, les mercenaires ne considèrent pas ces volte-face comme des trahisons, mais simplement comme les différentes phases de leur métier, qu’ils jugent finalement neutre idéologiquement. Le corsaire quant à lui est à peu de chose près l’équivalent du chien de guerre.

57 BECKER Howard S, Outsiders, Free Press, New York, 1963.58 RENOU Xavier,Op. Cit. p.39.59 BECKER Howard S, Outsiders, Free Press, New York, 1963.60 LIBÉRATION, 4 février 1999.61 GOUTEUX Jean Paul, Le Monde, un contre-pouvoir ? L'Esprit frappeur, 1999.62 RENOU Xavier,Op. Cit. p.356.63 RENOU Xavier, Op. Cit. p. 15

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Le corsaire, est un mercenaire, qui est « l’homme d’un seul maître.» Contrairement à la majorité des mercenaires, qui vendent leurs services aux plus offrants 64. L’exemple le plus connu en France, reste celui de Bob Denard, qui représente la figure du corsaire attaché au service d’une puissance politique, l’Etat Français en l’occurrence et ses élites. Là encore, l’Etat peut les utiliser sans se mouiller comme lors du coup d’Etat aux Comores en 1995 où Bob Denard arrive avec 33 hommes pour monter à l’assaut du palais présidentiel de Saïd Djohar. L’Etat français intervient et arrêtent les mercenaires, qui seront emprisonnés. Sauf Bob Denard, évacué par un appareil de l’armée française65.

Les barbouzes obéissent généralement à un même client. Ils ont un degré de technicité supérieur aux corsaires. Le terme barbouze fait suite à la guerre d’Algérie où l’armée française recruta dans les milieux policiers, criminels et mercenaires des hommes capables de lutter contre l’OAS (Organisation Armée Secrète) avec des méthodes violentes, dont la société civile a été la première victime. Les barbouzes font beaucoup de bruit lors des évènements de mai 1968 : ils surveillent les étudiants subversifs sous couvert d’être des vigiles du rectorat, le but étant de lutter contre la contestation gauchiste66. À la suite de mai 68, ils se tournent vers l’Afrique où ils sont recrutés dans les rangs supérieurs de l’appareil de sécurité de leur pays, service secret, corps de gendarmerie d’élite, etc.… Un exemple de barbouze est celui de l’ancien chef d’Etat-major de François Mitterrand, Jean Lacaze, qui a été chargé par la suite de la sécurité de messieurs Houphouët-Boigny, Mobutu, Idris Deby et Laurent-Désiré Kabila, tous des créatures de la France67.

Les milices paramilitaires sont souvent un instrument de répression du mouvement social et syndical. Parallèlement aux mercenaires, la particularité de ces milices est que les hommes, qui les composent ne s’engagent pas officiellement, il s’agit de forces supplétives à l’appareil de sécurité d’un pays, ce qui induit qu’ils se permettent de s’affranchir du respect des lois et des droits humains. Ils peuvent servir un seul homme, une organisation indépendante de l’Etat, une catégorie sociale ou un parti politique. Ces organisations non-officielles et les hommes, qui les dirigent et les surveillent sont financés par des pouvoirs politiques, armés et par des hommes d’affaires ou des politiciens. Beaucoup de milices sont très bien organisées, disciplinées et rigoureusement armées comme celle des Cocoyes, des Cobras ou des Ninjas à Brazzaville ou les fameux Janjaweed au Soudan, qui multiplient les exactions contre la population du Darfour. Ces soldats privés sont des volontaires civils, payés ou non, engagés par conviction ou par volonté de lutter pour une cause, c’est pourquoi ces milices laissent la place à de nombreuses dérives.

En Europe, ce genre de milice est populaire en Russie, notamment à Iekaterinbourg, aux portes de l’Asie, où le trafic de drogue se fait en toute impunité sans que la police ne réagisse. L’organisation « Ville sans drogues » apparaît alors dans les années 1990 pour mener une campagne très violente contre le trafic de drogues de rue : on y tabasse les dealers et quelques crimes n’ont jamais été clarifiés. Cette milice civile est financée principalement par les commerçants du quartier et les hommes d’affaires soucieux de l’image de la ville.

Dans sa guerre contre la gauche légale et la gauche en armes, les formations paramilitaires collaborent étroitement avec l’armée. La guerre menée est une guerre contre un ennemi intérieur, qui bénéficie du soutien de la population, c’est pourquoi cette dernière devient une cible pour ces groupements, notamment les responsables syndicaux, les militants des droits de l’Homme et les journalistes. La Colombie fournit aussi un bon exemple de ce que peuvent faire les sociétés militaires privées. En effet, la guerre menée contre la guérilla marxiste sert de justification au maintien de forces paramilitaires importantes, qui effectuent des répressions brutales contre tous ceux, qui remettent en cause la répartition très inégale de richesses. C’est pourquoi les syndicalistes, les leaders populaires, les militants, les défenseurs des Droits de l’Homme et les paysans pauvres sont la cible de ces mercenaires payés par le service de sécurité de l’Etat, les 64 RENOU Xavier, Op. Cit. 2005.65 CAMINADE Pierre, Comores-Mayotte : une histoire néocoloniale, Agone, Marseille, 2003.66 Patrice Chairrof, Dossier B comme barbouzes, Alain Moreau, 1975.67 RENOU Xavier Op. Cit. p.54.

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multinationales ou la mafia de la drogue68. Cette guerre dans la guerre faite que la Colombie détient le record du monde du nombre d’assassinats de syndicalistes, soit 3/5ème des syndicalistes tués dans le monde. Ainsi, les firmes multinationales en Colombie profite d’un environnement répressif, qui maintient les salaires et les conditions de travail très en dessous des normes occidentales. Elles apportent une contribution active à la répression des revendications des travailleurs, notamment par le biais des mercenaires. Par exemple, la société Coca-Cola est accusée par les locaux de fournir les noms de ses employés syndiqués aux forces paramilitaires, qui les éliminent par la suite69.

Les mercenaires sont souvent trafiquants d’armes, de drogues, de pierres précieuses ou de pétrole. Car le mercenariat et le trafic d’arme vont de pair, parce que ces deux activités sont interdites par la communauté internationale. En effet, les États rentiers peuvent les payer en nature avec ce type de matériaux comme l’ont fait et le font encore l’Angola, l’Afghanistan ou la Colombie. Le Libéria et le Sierra Leone sont des exemples tristement connus pour leurs diamants et ce sont des mercenaires, qui assurent l’encadrement de milices chargées de la surveillance des champs diamantifères et de la revente d’armes et de cocaïne. Le film « Blood diamond » illustre ces pratiques et l’ambiance qui règne dans ces milieux et ces terrains d’actions. L’acteur Léonardo Di Caprio y joue le rôle d’un marchand de diamants dans un pays d’Afrique, dans lequel il entre en concurrence avec des mercenaires et des militaires pour le trafic de pierres précieuses.

Les entreprises militaires privées se développent, de même que leurs missions légales. Les employés de ces sociétés sont très différents des mercenaires pour la plupart, mais la limite de la profession est parfois floue, d’autant plus lorsque le contexte est violent. La société ERIC SA par exemple assure la sécurité de sites sensibles comme des mines de diamants ou d’or en Afrique. Beaucoup de mercenaires sont employés dans ces sociétés de sécurité en attendant mieux. Les États-Unis sont friands de ce genre de sociétés et le Ministère de la Défense américain emploierait aujourd’hui près de 700 000 sous-traitants 70. La notion de combattant a beaucoup évolué avec les progrès des technologies militaires : il n’est plus nécessaire de prendre part aux échanges de feu pour avoir un impact stratégique sur les combats. De ce fait, les employés combattants sur le terrain et leurs collègues non combattants des firmes de service militaire privé peuvent recevoir le qualificatif de mercenaire.

Ainsi, à travers la présentation de ces différents types d’employés de sociétés militaires privées, nous pouvons dresser la liste des tâches et services proposés par celles-ci :

- Support opérationnel militaire, appui direct au combat, fourniture d’équipements militaires, armements aux combattants, évacuation de casques bleus et des humanitaires des zones de combats, recherche et récupération d’otages.

- Surveillance de sites militaires et sensibles, protection de convois humanitaires, de réfugiés.

- Soutient logistique, c’est-à-dire construction de sites militaires, maintenance électronique ou mécanique, gestion de fonctions administratives et de management d’un site militaire.

- Prévention des crimes et protection contre les agressions.Cette description ne vaut pas uniquement pour les périodes de conflit mais au-delà,

notamment les périodes, qui suivent où le désarmement des combattants et le maintient de l’ordre est nécessaire71. Elle représente la partie légale des actions des employés des entreprises militaires privées.

La privatisation de la violence publique s’inscrit dans un courant idéologique, qui n’est autre que le capitalisme néolibérale ayant pour but ultime l’accroissement des intérêts privés. Ainsi, la privatisation de la guerre profite surtout aux géants de l’industrie d’armement, qui intègrent les

68 ISMI, Asad « Profiting From Repression : Canadian firms in Colombia protected by military death squads », Policy Alternatives, décembre-janvier 2000-2001.

69 LIBERATION, 20 juillet 2001.70 KURLANTZICK Joshua, « Warfare Inc»., Military Officer, mai 2003.71 RENOU Xavier,Op. Cit. p.81-86.

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sociétés militaires privées à leur logique de développement. Les conflits cités plus haut se caractérisent par l’augmentation de la violence comme stratégie d’extermination de l’adversaire avec usage du viol de masse ou du génocide comme l’exemple du Rwanda en 1994. La compétition entre les différents appétits des puissances occidentales pour l’accumulation de richesses fait de l’Afrique le continent le plus touché par les conflits de basse intensité. L’exemple de la région des grands Lacs est édifiant puisque depuis 1998, les guerres civiles et les affrontements sur place ont fait plusieurs millions de morts72.

LES SERVICES SECRETS ECHAPPENT AU CONTROLE DEMOCRATIQUE Si les guerres et les mercenaires sont généralement instrumentalisés par la classe des élites

des pouvoirs publics et des élites économiques, les services secrets tiennent une place à part au sein du pouvoir militaire. Puisque grâce au secret et à leur pérennité les services secrets servent parfois plus dans l’obscurité du secret, les intérêts économiques des élites capitalistes que la classe des élites des pouvoirs publics, qui elles varient avec les élections et doivent rendre des comptes à leurs électeurs, qui eux recherchent plutôt la transparence de la lumière.

Il y a souvent de fortes collusions entre les intérêts des industriels de l’armement, l’armée et les services secrets. CS est une firme spéciale, où ont “pantouflé” d’anciens hauts responsables de la DST (l’ancien n° 2 Raymond Nart et son adjoint Jacky Debain) (Verschave, 2001 : 145). C'est-à-dire que des anciens membres des pouvoirs publics continuent leur carrière dans le secteur privé, avec le risque d’une perte de l’indépendance de l’Etat et donc de l’intérêt général.

Le brillant stratège du Secrétariat général de la Défense nationale, le général de division Claude Mouton deviendra en juillet 2000, directeur général de Brenco-France, l’entreprise de l’entrepreneur Pierre Falcone. « Quand il était au sein de Communication et systèmes », a expliqué Falcone aux policiers, « il recevait les Angolais, qui étaient en formation chez CS, je proposais des espèces pour s’occuper [d’eux].» L’intitulé du compte de Mouton ? “Panurge”73. A Pékin, Brenco est représentée par Thierry Imbot, il est un ancien membre des services secrets, le fils de l'ancien patron de la DGSE et fournit des équipements militaires d'Europe de l'Est au Vietnam et en Birmanie. « Imbot était durant la fin des années 90, chargé d’opérations de change – de francs CFA en dollars – pour des chefs d’État africains comme le président congolais Sassou II, grand ami du président angolais »74. Grâce à ses « appuis au sein de la DST ou dans des groupes comme Thomson, le Giat ou la Compagnie des Signaux », Falcone est devenu « l’un des plus grands marchands d’armes du monde »75.

En 1997, les sociétés Simportex et Kopelipa ont acheté en Europe de l’Est pour quelque 3 milliards de francs d’armes, munitions et fournitures diverses. Heureux courtiers : Pierre Falcone et Arcadi Gaydamak (ce qui conduit le fisc français à leur réclamer 1,25 milliards de francs 76. Brenco en avait déjà équipé la narcodictature birmane, en affaires avec Total. Le tout « a été vendu au moins quatre fois le prix habituel du marché pour de tels matériels ! 77.

Un article de M. Karl Laske dans "Libération" du 21 juillet 1998 intitulé "La chute d'une barbouze", évoque l'existence de documents saisis par la justice, lors d'une perquisition au siège d'Elf, par la juge Eva Joly, le 15 mai 1998. Les documents démontreraient les liens entre les services de sécurité d'Elf, des membres de réseaux et le président Sassou N'Guesso.

Trois ONG françaises, "Agir ici", "Frères des Hommes" et "Survie" ont écrit aux membres de la mission parlementaire, le 10 septembre 1999 « En effet, les Transall de l'armée française n'ont cessé de livrer des armes à la faction au pouvoir, - à savoir le président Sassou N'Guesso 78.

72 RENOU Xavier, La privatisation de la violence, Ed. Agone, Marseille, 2005, p.265. 73 LHOMME F., L’enquête sur l’Angolagate dévoile l’ampleur du “système Falcone”, Le Monde, 24/01/2001. 74 LDC, France : “Affaires africaines” d’État ? 14/12/2000.75 ROUTIER Airy, Enquête sur une affaire d’État, Le Nouvel Observateur, 28/12/2000. 76 SMITH Stephen et GLASER Antoine Les hommes de l’“Angolagate”, Le Monde, 13/01/2001. 77 DEMONPION Denis, GUISNEL Jean, Les mauvaises fréquentations de Mitterrand l’Africain, Le Point, 05/01/2001.

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On observe de nombreux points communs entre les dessous du procès Elf et celui de l’Angolagate et d’autres affaires. Il y a, dans les deux cas, un lien fort entre le marché du pétrole et de l’armement, car ce dernier sert aussi à préserver les intérêts pétroliers. Mais, aussi, on relève aussi une collusion entre les services secrets et les intérêts économiques privés, en particulier l’industrie privée de l’armement. Maurice robert, était chef de la sécurité d'Elf et ancien chef des services secret français en Afrique, pivot du réseau Foccart-Chirac (Verschave, 2001 : 32). Ainsi, à l’exception de Gaydamak, ex-colonel des services secrets russes (KGB), tous les personnages clés suivants ont été aussi membres des services secrets français : Étienne Leandri, Alfred Sirven, Pierre Lethier, Jean-Yves Ollivier. Certains protagonistes clés, tels le général Mouton, ou l’agent secret Thierry Imbot passant du service de l’Etat à celui des entreprises privées d’armement. Finalement, les intérêts des membres de l’appareil répressif d’Etat (l’armée) et des grandes entreprises convergent, car fondamentalement, elles visent assurer les profits des élites au pouvoir, fussent-ils au détriment des peuples.

Le financement des services secrets s’avère parfois illégal, même dans les États de droit. Les services secrets français et états-uniens notamment, souhaitent souvent disposer de budget plus conséquent. Or, les gouvernements et les parlements ne sont pas toujours disposés à répondre à leur requête. De plus, de nombreuses affaires (677 en 2008) sont classées » secret défense » (de manière légitime ou non) peuvent difficilement être rendues publiques et défendues auprès des parlementaires.

Ainsi, FX Verschave explique qu’une partie des actions des services secrets français notamment est financée par du commerce illégal d'armes, de pétrole, de drogue. Par ailleurs, certains présidents africains ont été chaperonnés par un colonel de la DGSE, soi -disant chargé de sa sécurité, et de multiples conseillers français. Par exemple, tous les conseillers du « président » ivoirien Houphouët-Boigny étaient français (Verschave, 2000).

Les services secrets de l’Etat luttent parfois entre eux pour protéger les corrupteurs influents. Le 6 décembre 1998, le fisc perquisitionnait chez Brenco (6 jours avant la police). Mais, quelques heures plus tard, une visite inattendue dans leurs locaux, celle de plusieurs hommes se présentant comme des fonctionnaires de la DST.Ceux-ci sélectionnent certains des documents saisis et les emportent »79, afin de protéger Falcone et Gaydamak. Ce dernier a été « protégé au-delà de toute prudence par la DST, en raison des portes qu’il lui ouvrait en Russie » 80. « Falcone fut longtemps intouchable.» « Le fait que la DGSE ait pu communiquer à la justice ses synthèses sur Gaydamak et Falcone, traduit le lâchage conjoint de Charles Pasqua par l’Élysée et Matignon » (Verschave, 2001 : 149). Les services secrets sont aussi utilisés lorsqu’il s’agit de la lutte contre les terroristes réels ou supposés.

Créer un état de guerre permanent permet de limiter la démocratie. Le terrorisme, comme « les guerres froides » sont utiles à la conservation de la puissance des Etats. Se créer un ennemi (réel ou fictif) ou attaquer un ennemi permet de rassembler toute une nation, sous l’autorité d’un chef ou d’un Etat. Le fait de remettre en cause le sentiment de sécurité vitale, d’une population, créer un réflexe de défense, qui relève autant du mécanisme grégaire d’une tribu attaquée que du nationalisme guerrier. A partir de cet instant, l’autorité du gouvernement ne peut plus être mise en cause, car cela apparaît alors comme une question de survie du pays. Par conséquent, plus aucun citoyen ne doit désobéir, remettre en cause une décision d’Etat (en manifestant dans les rues par exemple ou encore en faisant acte de « désobéissance civile », par exemple en bloquant de manière non violente les services de l’Etat…. Si l’Etat subit ou maintient volontairement ce sentiment de guerre permanente, alors la démocratie s’étiole, au profit d’un régime qui se dit démocratique, mais dont les pratiques deviennent de plus en plus répressives et autoritaristes. C’est ce qui s’est passé aux Etats-Unis et en Occident, pendant la guerre

78 AUBERT Marie-Hélène, BRANA Pierre, BLUM Roland, 13 octobre 1999, Rapport d'information de la commission des affaires étrangères sur le rôle des compagnies pétrolières dans la politique internationale et son impact social et environnemental, Assemblée nationale, Documentation française. 79 GUISNEL J., « Quand la DST couvait Arcadi Gaydamak », Le Point, 12/01/2001. 80 GUISNEL J., « Le début d’une nouvelle affaire d’État », Le Point, 22/12/2000.

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froide, puis à présent contre le terrorisme international. Voici en résumé les raisons expliquant le terrorisme en France et dans le monde. Les causes sont classées par ordre d’importance décroissante. L’explication détaillée est complexe parce qu’elle suppose une approche multidisciplinaire qui articule :

- Les causes psychologiques (le besoin de pouvoir liée à la peur d’être faible, ou le besoin de reconnaissance et de possession notamment), qui engendrent la perpétuation d’un système socio-économique fondé sur la domination et l’exploitation nourrissant lui-même les névroses psychiques.

- La racisme, le rejet des étrangers est principalement causé par le chômage et à la pauvreté engendrant l’exclusion, donc des sentiments, de frustration, d’agressivité ou de violence et la délinquance.

- Le capitalisme libéral est fondé sur l’exploitation des plus pauvres et le pillage des ressources dans les pays en développement.

- Les actions militaires impérialistes relèvent des guerres dites préventives et humanitaires, qui sont en réalité des guerres contre les pays étrangers aux services des intérêts capitalistes occidentaux, notamment en Palestine, mais aussi en Irak, Afghanistan, Mali...,

- Les conflits idéologiques entre les partisans du capitalisme, du communisme, du socialisme, des idéologies chrétienne, musulmane, juive, animiste...). Car les religions sont bien elles aussi des idéologies. Ces dernières permettent de fédérer les humains derrière la passion politique ou religieuse pour des valeurs : l’égalité, la liberté, la propriété, le profit, l’amour, le sacré, dieu...

- Les conflits de civilisations relèvent de conflits de culture : celle des occidentaux (Etats-Unis et l’Europe) contre le reste du monde et sont favorisés, notamment pour masquer le premier pouvoir celui du capitalisme, à l’instar de la doctrine de l’américain Huntington.

- Les conflits de coalitions nationales (pays développés les plus riches) permettent de dominer les autres nations moins riches : Chine, Russie, Iran, Afrique, Amérique du Sud, Moyen orient….

- L’illégalité des pratiques des transnationales, des élites économiques et politiques, du national à l’internationale vient encore affaiblir l’état de droit.

Certains États dit démocratiques disposent de camps de détention illégaux et enlèvent des citoyens. Plusieurs sources, tel le rapport parlementaire pour le conseil de l’Europe, affirment qu’il y a eu des enlèvements sans procès par les services secrets des États-Unis et de la France notamment et des détentions illégales dans des camps sur des bases secrètes81. Par conséquent, ces prisonniers ne disposaient, au début, de quasiment aucune protection, ni d’aucun droit pour leur défense. Il s’agit donc d’un déni des droits de l’homme et de la démocratie.

En 2005, la presse américaine (le Washington Post de novembre 2005) et européenne, ainsi que l’ONG américaine Human Rights Watch a révélé qu’il existait (en plus de Guantanamo), des camps de détentions illégaux et des enlèvements sans procès par les services secrets et des « restitutions extraordinaires » aux États-Unis, en Europe, en Egypte, la Jordanie, le Maroc ou la Syrie. Certains des prisonniers y auraient été brutalisés ou torturés. « Restitutions extraordinaires » est le terme employé officiellement par la CIA. En pratique cela consiste à séquestrer des personnes soupçonnées d’avoir un lien avec le terrorisme, sans que cette accusation ait pu être vérifiée par l’autorité judiciaire.

« L’hebdomadaire suisse SonntagsBlick du dimanche 8 janvier 2006, affirme détenir un fax du ministère des affaires étrangères égyptien à son ambassade de Londres prouvant qu’il existe des prisons secrètes de la CIA en Europe, où auraient été détenus et interrogés des sympathisants d'Al-Qaida. Ce fax affirme que la Roumanie avait permis à la CIA d'interroger sur son territoire, sur la base de Mihail Kogalniceanu, 23 citoyens irakiens et afghans. Les faits se seraient déroulés sur la, située à proximité de Constantza, un port au bord de la mer Noire. Ce Fax ajoute qu’il existe des centres d'interrogatoire semblables en Ukraine, au Kosovo, en Macédoine et en Bulgarie82.

81 MARTY Dick (Rapporteur), Rapport sur les détentions secrètes et transferts illégaux de détenus impliquant des États membres du Conseil de l’Europe : 2e Assemblée parlementaire, Commission des questions juridiques et des droits de l'homme du Conseil de l’Europe, Bruxelles, 7 juin 2007. 82 LE MONDE, « La Suisse aurait la preuve de prisons de la CIA en Roumanie », 09.01.2006.

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« Selon Le Figaro, un biréacteur Learjet a décollé de Keflavik, en Islande, à destination de l'aéroport de Brest-Guipavas (ouest), d'où il serait reparti pour la Turquie, le 31 mars 2002. Le second vol est arrivé le 20 juillet 2005 à l'aéroport de Paris-Le Bourget en provenance d'Oslo, rapporte Le Figaro Il s'agissait d'un Gulfstream III »83

Human Rights Watch précisait de plus que ces centres de détention se trouvaient en Pologne, en Roumanie et en Europe orientale. Certains pays, tels la France, l’Islande, la Norvège et certains États d’Europe, ont accepté que ces prisonniers transitent par leur aéroport ou survolent leur pays. Ils se sont donc rendus coupables de complicité avec ces actions illégales, car contraire à la Convention européenne des droits de l’Homme et commises par des États dit démocratique.

En 2007, Dick Marty, était membre de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, dont il préside la Commission des Affaires juridiques et des Droits de l’Homme. Il a été chargé par cette dernière d’établir un rapport sur les allégations concernant l’existence de prisons secrètes de la CIA en Europe. Dans ce rapport il affirme que les gouvernements européens ont signé des accords secrets avec les États-Unis, vraisemblablement à la suite de la grande émotion suscitée par les événements du 11 septembre. De même la Confédération Suisse a autorisé le survol de la suisse, alors même qu’elle savait que des avions de la CIA avait très vraisemblablement abusé de cette concession en transportant Abu Omar, enlevé à Milan, à travers l’espace aérien helvétique; ce qui constitue un acte criminel.» D’autres personnes tel Khaled El-Masri, Maher Arar ont aussi subit des ’’ restitutions’’ secrètes via l’Europe poursuit Dick Marty84. Marty affirme qu’il y a eu des enlèvements sans procès par les services secrets des États-Unis et de la France notamment et des détentions illégales dans des camps sur des bases secrètes. Par conséquent, ces prisonniers ne disposaient, au début, de quasiment aucune protection, ni d’aucun droit pour leur défense. Il s’agit donc d’un déni des droits de l’homme et de la démocratie.

Jean-Jacques Bozonnet souligne que « vingt-six agents américains de la CIA et plusieurs membres des services secrets militaires italiens (Sismi) sont accusés par les tribunaux milanais, d'avoir enlevé, le 17 février 2003, à Milan, un ressortissant égyptien soupçonné de collusion avec des réseaux terroristes. Ex-imam de la principale mosquée de la capitale lombarde, Oussama Moustafa Hassan Nasr, plus connu sous le nom d'Abou Omar, avait été transporté dans une camionnette jusqu'à la base américaine d'Aviano, près de Venise. De là, il avait été transféré, via l'Allemagne, dans une prison en Egypte »85.

Ilich Ramirez Sanchez dit « Carlos » Carlos avait lui aussi été enlevé en août 1994, au Soudan par les services secrets français pour y être jugé en France. Le ministre français de l’Intérieur Charles Pasqua avait négocié cette arrestation avec son ami, le leader islamiste soudanais Hassan El-Tourabi, et que l’opération avait été dirigée par le préfet Philippe Parent. Mais, il y a plus radical que l’enlèvement, c’est l’assassinat par des États dits républicains.

"Retourner" les opposants ou les assassiner permet aux États de briser les contre-pouvoirs. Une pratique fréquente dans les dictatures, mais, qui existe aussi dans les pays dits démocratiques consiste à "retourner" les opposants ou à les assassiner. Un certain nombre d’opposants ont été assassinés ou ont été suicidés : Ben Barka, André Kiefer en Côte d’Ivoire, le juge Borrel à Djibouti, Sylvanus Olympio en 1963, Thomas Sankara en 1988, Modibo Keita en 1968, Amani Diori en 1974, le ministre Robert Boulin (qui s’est soit disant suicidé), Jean Claude Mery (Affaire des HLM d’Ile de France), etc.

Thomas Sankara que l'on qualifie parfois, de Che africain, était un grand espoir pour un renouveau socialiste en Afrique. Il est officiellement décédé de mort naturelle. Or, il fut assassiné le 15 octobre 1987, de 12 balles, dont deux dans la tête par des hommes au service de Brice Comporé, son frère adoptif. Il semble que F. Houphouët-Boigny, le président de la Côte d'Ivoire, à l'époque est coordonné l'opération, initiée par les services secrets français. A cette époque de guerre, la guerre froide sévissait encore, même de manière plus discrète. Le fait que le Burkina

83 LE MONDE, « Il est tout à fait possible qu'il y ait eu des vols" de la CIA en France, selon le Quai d'Orsay », 02.12.2005 ;84 MARTY Dick (Rapporteur), 7 juin 2007, Rapport sur la détentions secrètes et transferts illégaux de détenus impliquant des États membres du Conseil de l’Europe : 2e Assemblée parlementaire, Commission des questions juridiques et des droits de l'homme du Conseil de l’Europe, Bruxelles. 85 BOZONNET Jean-Jacques, 7 juin 2007, « A Milan, ouverture du procès des agents italiens et américains », Le Monde.

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Faso, dirigé par Sankara, revendique une filiation avec le communisme, des alliances avec Cuba, des idées socialistes et un discours anti-néo-colonialiste, dérangeait fortement. Les plus importants services secrets mondiaux, les anglais, Mossad (Israël), CIA (Usa), DGSE (France), KGB (Urss) et les services de renseignements du Vatican, étaient présents sur le sol burkinabé, afin de veiller à la bonne marche de leurs intérêts. La CIA proposa au Vatican d'échanger ses informations au Burkina, en échanges de données sur les théologiens de la libération, les prêtres catholiques, qui luttaient contre les dictatures en Amérique Latine. Ces prêtres étaient trop radicaux, selon du Vatican. Pour parvenir à "retourner Brice Compaoré", un des quatre leaders de la révolution au Burkina Faso, on lança l'opération "pot de miel". C'est à dire que la nièce F. d'Houphouët-Boigny, fut chargée de séduire Compaoré. Elle réussi à le marier, et progressivement à l'éloigner de Sankara. Les ennemis de Sankara, appuyèrent sur la jalousie de Compaoré, de n'être qu'un second et lui promirent leur soutien s'il renversait Sankara. Ce qui fut fait86. Ce sont donc les intérêts occidentaux capitalistes, qui ont gagné, dont la France est le chef de file dans les zones francophones, mais, qui sont épaulés par les Etats-Unis. Les perdants furent les intérêts des défenseurs de l’émancipation, tel Sankara et les partisans du camp soviétique.

Ce fut pour des raisons relativement proches qu'au Congo Belge, Patrice Lumumba a été assassiné, le 17 janvier 1961, afin de briser un mouvement socialiste, qui risquait de se propager à toute l'Afrique87.

La militante Dulcie September a elle aussi été assassinée dans des circonstances analogues aux précédents. Mais, « aujourd’hui, la France officielle n’a toujours pas fait la lumière sur ces évènements. Pour s’être mise sur le chemin de cette honteuse collaboration franco/sud-africaine au temps de l’apartheid, Dulcie l’a payé de sa vie. 20 ans après, se souvenir de son combat, c’est aussi réclamer la vérité en France sur son assassinat, c’est aussi se souvenir de ce, dont sont capables, hier comme aujourd’hui, les réseaux français en Afrique »88.

Les mercenaires peuvent aussi être engagé pour des assassinats sur commande. En effet, l’idéologie, qui est derrière chaque acte de terrorisme n’affecte pas forcément le mercenaire, qui va collaborer techniquement et valoriser ses compétences en échange d’une bonne rémunération. La fonction de tueur à gage peut évidemment convenir à un mercenaire.

Les réseaux, qui ont assassiné Dulcie September « s’appuyaient sur le milieu mercenaire de Bob Denard, qui régnait à l’époque sur les Comores, et ne faisait jamais rien sans l’aval des services de l’État français. Le chef des « escadrons de la mort » sud-africains, Eugène De Kock, affirmera en 1998 devant la commission « Vérité et Réconciliation » en Afrique du Sud que « les deux hommes, qui ont appuyé sur la détente étaient des membres de la garde présidentielle des Comores, l’un étant Jean Paul Guerrier »89. L’étendue des connexions franco/sud-africaines est attestée dans plusieurs enquêtes, tournant notamment autour d’un « homme d’affaire » français installé en Afrique du sud, Jean Yves Ollivier, au milieu d’une série de trafics d’armes entre Paris, Pretoria et les Comores, approvisionnant les guerres en Angola, puis plus tard le régime de Sassou N’Guesso au Congo ou le régime rwandais du génocide, (Verschave, 2000 : 137 et 2003 : 199).

Ce sont autant les raisons politico-idéologiques, qui peuvent expliquer les dérives des pouvoirs militaire et économique, ainsi que les inégalités mondiales. En particulier, le pouvoir politique exercé par les propriétaires des biens économiques (finance et moyens de production), (les capitalistes) domine largement le pouvoir politique des dirigeants des pouvoirs publics. L’on assiste à une confrontation permanente de la gouvernance militaire, mais aussi économique, financière, idéologique, et celle des pouvoirs publics (nationaux et internationaux). La dimension illicite vient donc renforcer les carences de la gouvernance non-démocratique, mais reste finalement secondaire au plan quantitatif, même si elle semble largement sous-estimée.

Derrrière les discours pour les guerres justes, ces dernières servent prioritairement les

86 AFRIQUE EDUCATION, "La fin de Sankara", Bimensuel international, juin 2007.87 BRAECKMAN Collette, 2002, Lumumba un crime d'Etat, Eden.88 ALAIN Mathieu, mars 2008, Il y a 20 ans Dulcie September était assassinée à Paris, Afriques en Lutte.89 LASKE Karl, 19/02/2000, « Des mercenaires français ont-ils tué &Dulcie September ? », Libération.

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intérêts économiques des capitalistes des grandes puissances, qui cherchent à s’accapparer les ressources des autres nations. Les guerres s’inscrivent dans le secteur militaire, mais perpétuent la lutte des classes, qui s’exerce notamment dans le secteur du travail productif. Généralement, les classes dominées, les fils de prolétaires servent de « chair à canon », tandis que les fils des classes dominantes, soit sont exemptés ou obtiennent des postes d’officiers. Ils restent donc loin du front des combats et donc leurs pertes en vies humaines sont mineures, par rapport aux fils des classes populaires, qui pensent souvent mourir pour la défense de la patrie, « du bien contre le mal », alors que c’est le plus souvent pour servir les intérêts de la classe des élites économiques et publiques.

LES PRATIQUES ILLEGALES ET REPRESSIVES DU POUVOIR POLICIER ET DES ELITES POLITIQUESLa classe des élites des pouvoirs publics au pouvoir s’avère quasiment toujours informée des

pratiques illégales du pouvoir policier et militaire, puisque ce dernier est sous leurs ordres. C’est pourquoi les élites des pouvoirs publics en sont les premières responsables. D’ailleurs parfois elles usent elles mêmes directement de techniques mafieuses, sous le masque vernis du discours républicain de l’Etat de droit.

Les élites des pouvoirs publics françaises commettent parfois des actes criminels. Le conflit Chirac Giscard à aboutit à l’assassinat de Robert Boulin. Selon Benoît Collombat pour défendre Giscard contre les attaques de Chirac avant les élections présidentielles de 1981, le ministre de Giscard, Robert Boulin menace alors de sortir certains dossiers, tel celui des avions renifleurs d’Elf et des fausses factures dans le financement des partis politiques. Il est alors assassiné par les hommes du SAC (Service d’action civique), notamment au service de Chirac. Officiellement il s’est suicidé entre le 29 et le 30 octobre 1979, et a été retrouvé dans une mare de la forêt de Rambouillet90.

Jacques Paquet ancien chef de cabinet de Robert Boulin témoigne de menaces très précises venant de membres du SAC (dirigé par notamment pas Pasqua), lors du passage de Boulin au ministère de l'Economie et des Finances (mars 1977-mars 1978) (Collombat, 2007 : 326). Un ancien collaborateur de la société SGE ayant rapporté son témoignage par écrit à Fabienne Boulin raconte que, quelques jours avant la mort du ministre, le RPR Jean de Lipkowski a sablé le champagne « à la disparition prochaine de Robert Boulin » (Collombat, 2007 :367-368).

Thierry Imbot, travaillaient pour l’entreprise Brenco, appartenant à la famille Falcone, dont le fils Pierre, a été condamné dans le cadre du procès de l’Angolagate. Mais, Imbot en savait sans doute trop. Il est décédé le 10 octobre 2000, il s’est officiellement suicidé en se jetant par une fenêtre (Verschave, 2001 : 137). Ces pratiques criminelles et anti-démocratiques, ne se déroulent donc pas seulement dans les PED, telle l’Afrique, mais dans les pays industrialisés dits démocratiques, telle la France, sans parler de l’assassinat des présidents des États Unis JF Kennedy ou de Abraham Lincoln.

Michel Baroin était grand maître du grand orient (les Francs maçons) et est décédé dans un curieux accident d’avion en Afrique. « Baroin s’opposait à ce que la France cède au chantage du régime islamiste iranien, qui réclamait sa bombe atomique. Il a reçu des menaces graduées, codées, dont il n’a pas voulu tenir compte. Le 5 février 1986, une bombe saute à la Fnac, dont il est le patron. Le 26 avril, sa fille Véronique est renversée par une voiture. Le 5 février 1987, son avion s’écrase en Afrique. Les « dates anniversaires » sont une pratique courante, presque fétichiste, dans ce monde d’initiés. Lorentz remarque que l’annonce de l’attentat de la Fnac a été accompagnée de la mention de la lettre A. Elle consulte son informateur, un franc-maçon, qui la pousse à élucider la disparition de Baroin. Il blêmit, puis finit par articuler péniblement : ’’La lettre A, on l’utilise rarement. Cela veut dire : Arrête !” »91.

90 COLLOMBAT Benoît, 2007, Un homme à abattre. Contre-enquête sur la mort de Robert Boulin Fayard, 490 p.91 LORENTZ, p. 61.

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Les initiés doivent prêter serment « d’observer consciencieusement les principes de l’ordre maçonnique », de n’en jamais dévoiler les « mystères et secrets » sous peine d’un « châtiment, qui ne saurait être moindre que d’avoir la gorge tranchée, la langue arrachée par la racine.» La solidarité fraternelle est un de ces principes. Peut-être pour y avoir manqué, nombre de maçons sont « disparus de manière curieuse.» Ottenheimer et Lecadre expliquent que « la solidarité entre francs-maçons est un des principes clés. Peut-être pour y avoir manqué, nombre de maçons ont ’’disparu de manière curieuse’’. Ils en dressent une liste : Claude Bez, P-D.G. de la société Century ; Marc Delachaux, mort « d’une crise cardiaque en plongeant de son bateau », puis son associé Glenn Souham, « assassiné devant son domicile » ; le policier Daniel Voiry, pilote d’un énorme système de corruption à la préfecture de police de Paris (“suicidé” sur un parking d’Intermarché) ; Roger Loebb, Vénérable de la Loge Jérusalem, fréquentée par Flatto Sharon ; Louis Sidéri, Grand Trésorier de la GLNF, lui-même « suicidé au cyanure » en 1996 ; Pascal Sarda, impliqué dans le scandale de l’ARC, victime d’un « malencontreux accident de voiture » ; René Lucet, « suicidé de deux balles dans la tête en 1982 ; le ministre Robert Boulin, « suicidé » en 1979 ; Joseph Fontanet, retrouvé mort devant son domicile en 1980, une balle dans le dos ; Joseph Doucé, retrouvé mort dans la forêt de Rambouillet en 1990 ; Jean-Claude Méry, victime d’un cancer fulgurant ; Michel Baroin ; Roger-Patrice Pelat ; François de Grossouvre... »92. La démocratie suppose le respect de l’Etat de droit en France, mais aussi à l’échelon international, mais c’est un critère souvent secondaire de la gouvernance.

Tenter ou menacer permet de tenir un individu et de le « faire chanter.» Dans les milieux de pouvoir économique ou politique, pour tenir un individu que ce soit un allié et plus encore un ennemi gênant ou susceptible de le devenir, diverses techniques sont utilisées. Une des méthodes consiste par exemple, à proposer à un individu de participer à un acte répréhensible par la loi, d’accepter un pot de vin ou une commission illégale, afin qu’il modifie ses décisions ou son comportement en la faveur du corrupteur. S’il refuse, ce dernier le menace alors de diverses manières. Il lui fait comprendre directement ou non qu’il pourrait subir une agression, un “ accident fortuit ", qui le blesserait ou le tuerait, lui ou ses proches. La pression sur ces derniers est une arme redoutable. Soit, il refuse et la menace est mise en exécution, soit il accepte et dans ce cas il est « tenu » à long terme. En effet, chaque fois que le corrupteur manipulateur, souhaitera dans le futur, faire pression sur ce corrompu, il lui suffira ensuite de le menacer de rendre publique ce premier acte de corruption. Accéder au poste de ministre de l’intérieur, comme l’on été notamment Charles Pasqua, ou Nicolas Sarkozy, permet d’avoir accès directement aux dossiers et aux services des ex-renseignements généraux et donc de se constituer un stock d’information, qui pourront être ressorti à des moments opportuns, par exemple durant une élection. Ainsi, le manipulateur écartera le candidat concurrent et s’il n’y parvient pas ruinera la réputation d’un candidat. Les exemples d’affaires, qui sortent durant les élections sont légions. En 2011, quelques mois avant les élections présidentielles de 2012 il y a ainsi eu l’affaire DSK (Strauss Kahn) candidat du PS mis en examen pour viol, puis l’affaire de Karachi impliquant notamment Nicolas Sarkozy pour le financement illégal de la campagne de Balladur en 1995. Certains y verront du hasard, d’autres resteront plus dubitatif.

Une variante consiste parfois à proposer une “partie fine" ou les services d’une call girl à l’individu à corrompre. Ses pratiques sexuelles seront filmées ou photographiées à son insu. Dans le cas ou ce n’est pas possible, la call girl ou la prostituée pourra témoigner directement. Lorsque le corrupteur souhaitera influer sur les décisions de cet homme important au plan politique ou économique, il lui suffira de le menacer de rendre publiques ces photos. S’il prend le risque de braver cette menace, les photos peuvent être envoyées à sa conjointe et éventuellement à la presse. Mais, parfois les pressions ou les menaces de morts sont mises à exécutions.

Dans les « démocraties », la police et l'armée usent de la terreur de la torture. L’usage de cette dernière figure parmi les moyens les plus violents utilisés par les dictatures, mais aussi par les pays 92 OTTENHEIMER Ghislaine et LECADRE Renaud, Les frères invisibles in François-Xavier Verschave, Noir Chirac, les Arènes, 2002, pp. 68-87.

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qualifiés officiellement de démocratie, qui prétendent par conséquent s’appuyer sur un État de droit, tels les USA, ou la France. La torture durant est néanmoins régulièrement utilisées, par les armées, non seulement durant les périodes de guerre « ouverte officiellement » (ce qui est contraire au droit international), mais elle s’avère aussi utilisée par les services secrets en dehors de ces périodes. Il y a par exemple, la guerre de la France en Algérie, les tortures infligées aux prisonniers de Guantanamo par le gouvernement des États-Unis, celles commises par les armées des dictateurs d’Amérique du Sud formées par la CIA, d’anciens nazis, tel Barbie et les anciens militaires français, tel le Général Aussaresses. La rhétorique démocratique des dirigeants politiques de rigueur masque souvent le viol délibéré de l’Etat de droit (Guantanamo...) ou des libertés individuelles (l’après 11 septembre). Face à ce genre de pratique, la communication gouvernementale leur est nécessaire, afin de visant à conserver l’image de la démocratie des droits de l’homme.

Les polices d'Etat ne respectent pas toujours l'Etat de droit, alors qu’elle a pour mission de faire respecter la loi et de défendre les honnêtes citoyens. Les délits commis par la police d’Etat, ne se limitent donc pas aux régimes autoritaires ou à des pays en développement. Même en France, il arrive que des agents de police s’estimant insuffisamment rémunérées, arrondissent leurs salaires, en extorquant aux personnes arrêtées une commission (un pot de vin), pour être libérées, être relâchées plus rapidement, ou éviter une sanction plus lourde. Une section entière de la brigade anti-criminalité de Marseille a ainsi été dissoute en 2013, suite à ce type de pratiques.

Régulièrement, la police française par exemple est aussi, accusée de violence, ou de bavure, contre des civils. Or, il a été démontré statistiquement que ce type d’action atteint un public particulier, c'est-à-dire prioritairement des personnes d’origine étrangère, pauvre ou militante. Parfois cette police profite de sa puissance, de son « monopole de la violence légitime » dans le langage de Weber, mais de manière illégitime, pour agir en fonction de ses propres intérêts idéologiques ou politiques, à travers des provocations, des tortures ou des assassinats. Durant le sommet du G8, à Gênes, en juillet 2001 la police italienne a enfermé, menacé, humilié, frappé, menacé des manifestants. Étant présent à Gênes, je peux témoigner de cette violence extrême, presque chaque fois qu’un manifestant était attrapé par la police, il était entouré d’agents et ils le frappaient jusqu’au sang, même lorsque celui-ci était au sol. Les quelques témoignages que nous allons présenter, illustrent jusqu’où peuvent aller, les policiers, même en « démocratie », surtout lorsqu’ils sentent ou savent que leur hiérarchie les appuie. A l’époque Berlusconi venait de prendre le pouvoir un mois plus tôt en juin 2001.

Voici quelques exemples de ce qu’ont dû subir des centaines de personnes italiennes et étrangères, contraintes et soumises pendant de nombreuses heures à toutes sortes de violences et tortures dans la caserne de Bozanetto à Gênes pendant le G8. Hans Jürgen Schlamp dit que « ce fut une boucherie. Des mâchoires furent brisées, des bras et jambes cassés, des cuirs chevelus fendus. Des policiers italiens professionnels du corps à corps prirent d’assaut une école, dans laquelle des jeunes gens venus des quatre coins d’Europe allaient se mettre au lit. C'est la mairie, qui les avait logés là. « On aurait dit des drogués“, déclare un jeune allemand de 21 ans, qui effectuait son service civil. « Ils étaient enragés et tapaient sur tout ce qui bougeait avec leurs matraques. « 93 hommes et femmes ont été empoignés et arrêtés. 62 ont dû être évacués en ambulance. Nombre d’entre eux, gravement blessés, ont dû être placés en réanimation »93. Enrica Bartesaghi (Presidente del comitato verità e giustizia per Genova) rapporte le témoignage de certaines personnes arrêtées :

-Torturée n° 81 : Elle subissait des menaces y compris à caractère sexuel par des personnes à l’extérieur " d’ici ce soir, nous vous dévoilerons toutes"; des coups par les agents sur son passage dans le couloir ; frappée violemment à la nuque ; contrainte de signer les procès-verbaux de son arrestation (qu’elle ne voulait pas signer) en montrant les photos de ses enfants et en lui exposant quelle ne pourrait pas les revoir si elle ne signait pas.

-Torturée n° 11 : frappée à coups de pied et de poing dans le dos et insultée, contraint de rester couchée à terre, jambes et bras écartés et la tête contre le mur ; injurié par des phrases, refrains et épithètes à fond politiques ("communistes de merde, "nous vous tuerons tous" ; frappé sur son passage dans le couloir et insulté aussi avec des crachats ; obligé de se mettre à quatre 93 JÜRGEN SCHLAMP Hans, Der Spiegel, 02/09/02.

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pattes par un agent, qui lui donnait l’ordre d’aboyer comme un chien et de dire "Vive la police italienne".

--Torturée n° 21 : frappée dans le couloir durant son accompagnement aux toilettes, ils lui tordaient le bras derrière le dos en la frappant avec des gifles et des coups de pied ; insultée avec des épithètes, qui lui étaient adressés ainsi qu’aux autres femmes dans la cellule "truies, juives, putains" injures et crachats sur son passage dans le couloir ; menacée d’être violée avec la matraque et de coups; contrainte à rester sans raison plausible debout pendant de nombreuses heures. « Ces jours-là ont été bafoués niés tous les droits que notre Constitution garantit aux personnes arrêtées et aux prisonniers. Aucun d’entre eux, italiens ou étrangers, n’a pu contacter un avocat, des parents, le consulat. Il ne fut communiqué à aucun d’entre eux le motif de leur arrestation, où ils se trouvaient, où ils seraient emmenés ensuite. Bien que nombre d’entre eux étaient blessés (68 d’entre eux venaient de l’École Diaz), ils n’ont pas été soignés, ils ont du signer de fausses déclarations sous la contrainte et déclarer qu’ils ne voulaient pas contacter d’avocats ou leur consulat. Aucun d’entre eux n’a eu le droit de manger, boire, dormir, ils furent obligés de rester debout contre le mur, bras levés, pendant de nombreuses heures »94.

Finalement, après le procès, en 2011, qui s’est tenu la majorité des policiers incriminés n’a pas été sanctionné, ou à des peines très légères. « Le tribunal de Gênes a donné son verdict fin 2011, contre les 29 policiers, qui ont fait irruption dans l'école Diaz (siège du Forum Social de Gênes) dans la soirée du 21 juillet 2001, la fin des manifestations contre le G8 à Gênes; ils avaient tabassé, blessé et arrêté 93 manifestants pacifiques alors qu'ils dormaient : 16 policiers ont été acquittés, 13 condamnés à des peines de 1 mois à 4 ans de prison. Peines légères, qui de toute façon ne seront pas accomplies. Les 13 condamnés sont du "menu fretin" parmi les accusés : tout au plus ceux, qui obéissant aux ordres, ont frappé physiquement les manifestants. Les 16 acquittés sont ces cadres intermédiaires de la police qui furent responsables de la décision d'intrusion et du montage, qui a permis d'accuser les manifestants de détenir des cocktails Molotov et de s'être opposés à la police »95. Les violences policières spectaculaires de sommet du G8 à Gênes ne sont finalement qu’un développement d’un plus vaste mouvement de répression des luttes sociales (grève, syndicats, manifestations, mouvements sociaux...). Cette répression s’est accélérée en particulier après le 11 septembre 2001.

Mais, ce type d’actions policières n’est qu’un avant-goût des pratiques perpétuées par les armées néocoloniales dans les pays en développement, qui leur résiste. Étant donné que ces pratiques sont antidémocratiques et contre les droits de l’homme, les armées des pays dits démocratiques, ne peuvent les commettre trop ouvertement. Lorsqu’un pays dominant, tels la France ou les États-Unis, observe que dans un État autoritaire, dont les intérêts sont communs, il y a des opposants à ce régime, alors les Etats dits démocratiques viennent régulièrement former les services secrets et les armées étrangères, aux techniques de répression, de guerre, de torture et de terreur. Ces méthodes, qui relèvent souvent de l’ultra violence, de la cruauté visent à faire parler les prisonniers, mais aussi à générer la terreur vis-à-vis des opposants et dans la population, grâce à des actes d’horreurs les plus abjectes. Les tortures les plus sauvages et les plus spectaculaires sont ainsi commises, afin d’amenuiser les forces psychologiques de l’adversaire et à dissuader la population de rentrer dans les rangs des résistants. Bien la description de ces tortures soient parfois presque insoutenable, il semble nécessaire de les mentionner, afin de savoir ce que les armées au service des Etats-dits démocratiques sont capables de commettre en réalité envers des êtres humains.

Les techniques de torture et de terreur commise en Algérie, par l’armée française ont été reproduites au Rwanda, grâce au soutien de la France, dès 1993, avant même le début du génocide en avril 1994, car depuis octobre 1990, des hutus exilés, avaient entrepris de revenir dans leur pays. Jean Carbonare, le président de Survie, affirma : « j'ai eu deux grands chocs dans ma vie. Le premier, lorsque j'ai découvert qu'en Algérie on avait institutionnalisé la torture. Le deuxième, En janvier 1993, quand j'ai vu des instructeurs français dans le camp militaire de Bigogwe, situé entre Gisenyi et Ruhengeri. C'est là qu'on amenait des civils par camions entiers.

94 BARTESAGHI Enrica, http://www.hns-info.net; 2002.95 AVOCATS EUROPEENS DEMOCRATES, Communiqué de presse : « Pas de justice pour Gênes, un verdict honteux pour les violences perpétrées à l'école Diaz, Gênes le 13/11/2008

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Ils étaient torturés et tués, puis enterrés dans une fosse commune que nous avons identifiée près du cimetière de Gisenyi » (…). Certaines de ces tortures terribles commises au Rwanda sont identiques, à celles accomplies en Algérie par l’armée française, car les militaires hutus ont été formés par les militaires français. Il s’agit notamment de la « technique de la balançoire » : l’homme est attaché par les pieds et à « chaque bout, un policier ou un militaire, muni de la longue chicotte rigide d'un mètre, frappe (...). Le sang gicle jusque sur les murs et se répand de tous côtés (…) L'homme est mourant quand on le détache.» ’’La technique du bac en ciment’’ est la suivante: les prisonniers, nus, sont enchaînés accroupis dans des bacs en ciment avec de l'eau glacée jusqu'aux narines, pendant des jours et des jours. [...] Un système perfectionné de fils électriques permet de faire passer des décharges de courant dans l'eau des bacs. [...]. On entend alors des hurlements de damnés, qui glacent de terreur les habitants loin à la ronde. Les malheureux, dans leurs bacs de ciment, deviennent fous !... Oui j'affirme que cela se passe depuis des années, notamment au camp de torture et d'extermination de Manengouba (Nkongsamba) » conclu Jean Carbonare96. L’armée et les gouvernements français portent donc une très lourde responsabilité dans ces tortures et dans le génocide, qui suivra.

En Amérique latine dans les années 80, les hommes des escadrons de la mort, qui sévirent, étaient des volontaires des forces de sécurité régulières. Les premiers escadrons datent de la guerre d’Algérie, avec le général Aussaresses, qui a mené des actions pour couper le lien entre le peuple et les éléments subversifs de la population. Avec à la clef beaucoup d’assassinats et des méthodes d’extraction d’informations par la torture97. Ces méthodes vont faire école, auprès d’agents, qui se formeront auprès du général, qui transmet son « savoir » en Argentine, où 14 pays, dont le Portugal ou Israël, enverront leurs officiers à « l’école des dictateurs.»

La perversion sadique et l’ultra violence n’ont pas de limite, lorsqu’elles visent un but politique consistant à engendrer la terreur dans la population. Il est important de connaître au moins un peu la réalité de certaines pratiques, pour prendre conscience de la gravité profonde de ces actes, qui s’approche des limites de ce que l’être humain, est capable de commettre en matière d’abomination.

Aux États-Unis, l’usage de la terreur fut théorisé des 1818 par John, Quincy Adams, pour user de la violence envers les noirs aux Etats-Unis. Noam Chomsky explique que «ce que les forces de la ’’contra’’ supervisées par les Américains firent au Nicaragua, ou ce que nos terroristes par procuration font au Salvador ou au Guatémala, va bien au-delà de la simple tuerie. Un élément majeur de l’approche, c’est la torture brutale, sadique, projeter des enfants contre les rochers, prendre des femmes par les pieds après leur avoir coupé les seins et retroussé la peau du visage, afin qu’elles saignent à mort, couper les têtes des gens et les ficher sur des piques (…). Un membre des escadrons de la mort, au Salvador, associé au bataillon Atlacatl, César Vielman Joya Martinez, raconta en détail, la participation des conseillers américains et du gouvernement salvadorien, dans les activités des escadrons de la mort (…).» De même dans le journal jésuite America, un prêtre catholique travaillant au Salvador, Daniel Santiago, raconte « l’histoire d’une paysanne, qui un jour rentra chez elle et trouva ses trois enfants, sa mère et sa sœur assis autour de la table, décapités, chacun avait sa tête soigneusement placée sur la table en face de son corps (…). Les escadrons de la mort (…) décapitent et placent ensuite les têtes sur des piques, afin d’orner le paysage. La police du trésor salvadorienne ne fait pas qu’étriper les hommes ; elle leur arrache les parties génitales et les fourre dans la bouche (…). Il ne suffit pas qu’on tue des enfants, on les traîne sur les barbelés, jusqu’à ce que leur chair se détache des os, et pendant ce temps on oblige les enfants à assister au spectacle »98. Les bourreaux des dictatures d’Amérique latine ont aussi torturée à la perceuse, ou introduit des rats dans le vagin des femmes, pour qu’ils les dévorent de l’intérieur. Le fait que des Etats dits démocratiques, tel les Etats-Unis ou la France soient complices de ce type d’exactions en formant et en soutenant les militaires de ces pays, en dit long sur le niveau réel de la démocratie dans nos pays.

L’Amérique latine a été le terrain de cette terreur, inspirée des pratiques des nazis, de l’armée américaine et française. C’est d’ailleurs en Amérique latine où les escadrons de la mort frapperont 96 LE NOUVEL OBSERVATEUR, 04/08/1994.97 AUSSARESSES Paul, Services spéciaux, Algérie 1955-1957, Perrin, 2001.98 CHOMSKY, Les dessous de la politique de l’oncle Sam, Ecosociété, p. 26 et p. 46, 1996.

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le plus les forces sociales proches des communistes. On y décomptera des milliers de morts, et des dizaines de milliers de disparus. Le plus célèbre dirigeant des escadrons de la mort en Bolivie fut Klaus Barbie, ancien SS et chef de la Gestapo à Lyon pendant la Seconde Guerre mondiale, avec sa milice los novios de la muerte, qui sévit pendant les années 1970. Elle fut financée par la CIA et les narcotrafiquants boliviens et prendra part au coup d’Etat, qui installe le gouvernement de Luis Arce-Gomez avec une répression, qui fera 25000 disparus99.

Les États dit démocratiques, pratiquent parfois la désinformation et leurs polices commettent aussi des assassinats. Des policiers disent que certains d’entre eux ont été tués et découpés à l'arme blanche à Ouvéa par des Kanaks (FLNKS) preneurs d'otages, afin d'obtenir l'indépendance de leur île. Le 22 avril 1988, Jacques Chirac, alors 1er ministre, tient un discours pour dénoncer ces "sauvageries". En réalité selon Drevillon, la population Kanak a été agressée, tabassée, menacée de morts par la police, afin de trouver où étaient les preneurs d'otages. La vingtaine de preneurs d'otages ont alors tous été exécutés (balles dans la tête), donc assassinés sans combat. Or, ils disaient vouloir négocier (l'indépendance de leur île), mais le gouvernement français ne le voulant pas, ces représentants préfèrent les faire tuer par la police. Le 28 avril 1988, Mitterrand est encore président de la république, et fait donc croire qu'il ne savait pas que le FLNKS voulait négocier (alors que le 20 avril c'était déjà dans les journaux) 100. Vingts-trois ans après, en 2011, le réalisateur Mathieu Kasovitz, en a tiré un film intitulé « l’ordre et la morale.»

Un autre exemple du non respect de l’Etat de droit par la police dans des Etats dit républicain, s’est déroulé, plus de vingt ans auparavant, à l’époque de la guerre d’Algérie, le 17 octobre 1961, à Paris 200 à 300 manifestants algériens furent tués par la police sous les ordres de Maurice Papon101. Cependant, la technologie de répression et de contrôle ne passent pas toujours par la violence physique, mais peuvent relever des techniques de l’information.

Les nouvelles technologies permettent de renforcer le contrôle social. Il existe diverses stratégies pour un contrôle global de la société par les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). La traçabilité totale des individus vise à obtenir une connaissance précise du "profil" de chaque individu: opinions, comportements, déplacements, fréquentations, habitudes, standard de vie... Pouvoir localiser chaque individu avec précision et en temps réel, où qu'il se trouve. Les commanditaires de ces filatures peuvent être les pouvoirs publics comme les officines privées. Seront ciblées les personnes clés qu’il peut être utile de garder sous contrôle : gros industriels, criminels, activistes, journalistes gênants...

Pour cela ils s’appuient déjà sur les fichiers informatiques, cartes de crédit, téléphones portables, Internet, réseau Echelon... La généralisation de la monnaie électronique et des cartes de crédit, permet aussi une traçabilité grandissante des actions effectuées par les individus. Les arguments en faveurs de ces moyens de paiement sont l’amélioration de la simplicité d’usage, d’accès, la sécurité et le coût liés au transport et à la fabrication de l'argent liquide. Cependant, grâce à l’association automatique de consommateurs identifiés par leur carte à des produits identifiés par le code barre, cela permet une connaissance accrue de leur comportement et de leur profil social et culturel, de leur profil de consommateurs, mais aussi de leurs déplacements. Cela peut permettre, de pister un individu, mais aussi de "débrancher" un individu gênant, des systèmes informatiques, de lui couper tout accès à la consommation et de lui enlever toute existence économique (y compris pour les produits nécessaires à la survie quotidienne).

Le développement de la traçabilité des déplacements s’appuie aussi sur l’accroissement des balises de localisation par satellite sur les voitures. Aux États-Unis, les voitures produites par certaines marques intègrent déjà ce système, qui est présenté au consommateur comme un avantage pour sa sécurité en cas d'accident (la balise avertit automatiquement le centre de secours et transmet la localisation précise de l'accident). L'adhésion du public pourra être plus

99 LEVINE Michael et KAVANAU-LEVINE Laura, Blancs comme neige. La drôle de guerre à la cocaïne, Dagorno, 1996.100 DREVILLON Elisabeth, 8 mai 2005, reportage télé "grotte d'Ouvéa : autopsie d'un massacre", France 2 et CAILLETET Marie, Documentaire d’Elizabeth Drévillon (France, 2008) Télérama, Samedi 3 mai 2008.101 EINAUDI Jean Luc, La Bataille de Paris, Seuil, 1991.

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aisément obtenue grâce à une promesse de réduction des cotisations d'assurance: la balise réduira en effet les vols de voiture, celles-ci pouvant être instantanément localisées.

Pour développer des systèmes individuels de localisation et d'identification, s’est développé à l’origine pour les prisonniers des bracelets électroniques. Les implants de localisation et d'identification greffés sous la peau sont déjà utilisés pour repérer le bétail ou pour certains employés affectés à des tâches liés à la sécurité dans des certaines banques australiennes, ou d’institutions publiques importantes, qui leur permettent de circuler plus simplement. A présent, certains night-clubs utilisent ce dispositif de puce électronique sous la peau, dans un but marketing et « branché ».

« L'implant de localisation » existe également: de la taille d'un grain de riz, la puce "Digital Angel est fabriquée par la société Applied Digital Solutions (ADSX), qui édite un site spécial www.digitalangelcorp.com, consacré à Digital Angel. Mieux encore, une autre société dénommée Alien Technology, produit depuis 2002 une micro-puce de la taille d'un grain de sable (environ 100 microns de coté). Cette technologie a été mise au point au Centre Auto-ID, un laboratoire installé au sein du MIT (Massachusetts Institute of Technology), et financé par d'importants industriels, parmi lesquels Gillette, Procter & Gamble ou Philip Morris.

Le développement de la mode des piercings habitue de fait le public à l'intrusion des objets matériels dans le corps, de même que les prothèses médicales permettant aux handicapés de renforcer leurs capacités motrices : pacemaker, stimulateur cardiaque, commande des mouvements des paralytiques, système de vision pour les aveugles… Mais le contrôle policier de la population peut aussi passer par la voie génétique.

Les manipulations génétiques et biotechnologique peuvent conduire au contrôle de la population et à accroître les profits. Les partisans du courant transhumaniste poursuivent le but de créer tout d’abord des prothèses bioniques de haute technologie pour les handicapés. Par exemple pour aider certains patients atteints de la maladie de Parkinson à contrôler leur corps, il existe déjà des puces, qui leurs sont implantées dans leur cerveau. Sans ce procédé le malade serait soumis à de puissants tremblements. « Dés les années 1970, le physiologiste José Delgado, héraut de ’’la société psychocivilisée’’, arrêtait net un taureau en pleine charge, par un signal radio envoyé aux électrodes implantées dans le cerveau de l’animal »102.

L’industrie, vise donc dans un premier temps, à faire des profits sur des personnes handicapés « réparés », puis sur des humains « augmentés.» Lorsque l’armée parviendra à créer des soldats-robots, des soldats bioniques (mi-humains, mi-machines) ou des soldats crées génétiquement pour se battre, non seulement ils seront très puissants, mais d’une surtout, leur mort sera sans doute considérée comme secondaire, car ils auront été crées finalement pour mourir. C’est d’ailleurs ainsi que la plupart des humains carnivores, considèrent les animaux élevés dans le cadre de l’élevage industriel. Ce n’est que la viande sur pattes… A plus long terme, un des projets des transhumanistes consiste à contrôler des humains via des puces, implantées dans le cerveau, qui contrôleraient l’esprit d’individus délinquants sexuels, de criminels. Mais, le risque est aussi d’aboutir à implanter ce type de puce dans le cerveau de militants jugés trop rebelles par le pouvoir en place.

Finalement, le transhumanisme, via la manipulation génétique, vise à créer des individus, qui seraient un jour contrôlé par leur créateur. Les bébés Nobel sont des enfants, dont les mères se sont fait inséminer par le sperme de personnes ayant reçu le prix Nobel. Il s’agit ainsi de créer un nouveau marché des enfants-produits, avec des compétences proportionnelles à leur prix. La diffusion massive dans l'environnement de pesticides, PCB (polychlorobiphényles), les émanations du plastique, tel le bisphénols A et autres polluants à pour conséquence involontaire d’augmenter la stérilité masculine. Mais, plus, il y aura d’individus stériles, plus il leur faudra recourir à la procréation artificielle.

La banalisation du recours aux techniques de procréation artificielle, en les justifiant par des motivations médicales: bébés-éprouvette, mères porteuses, couveuses pour bébés prématurés nés à 6 mois permettent à la population de se familiariser avec ces techniques de manipulation

102 PIECES ET MAIN D’OEUVRE, Aujourd’hui le nanomonde. Nanotechnologies : un projet de société totalitaire, Editions L’Echappée, 2008.

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génétique. Il en est de même pour les manipulations génétiques justifiées par des motivations médicales (thérapies géniques, prévention génétique des maladies).

Cette nouvelle technologie s’inscrit donc dans la continuité du développement des profits pharmaceutiques. Si un effort d’une telle envergure de collecte de fonds auprès de la population est réalisé durant les Téléthons, ce n’est pas tant pour guérir les quelques milliers de personnes atteintes de maladie orpheline, car elles sont rares et seront donc peu rentables pour l’industrie pharmaceutique. La raison plus profonde de l’essor de ces recherches consiste surtout à développer la maîtrise des gênes en vue de développer les manipulations génétiques dans le but de profits financiers, voir à des fins transhumanistes.

Mais, avant de parvenir à contrôler les populations par la technologie, en attendant des futures plus ou moins hypothétiques, il y a déjà encore le pouvoir de la violence physique légitime ou non . Il existe donc des nombreuses méthodes anti-démocratiques ou illégales et immorales utilisées par les Etats dit-démocratiques pour service l’intérêt national de leurs entreprises. Au-delà de ces stratégies machiavéliques le néolibéralisme libéral conduit finalement au même but. Il appauvrit les populations dont les souffrances s’accroissent. Le chômage et la pauvreté engendrent des frustrations et des rejets, puis des violences, le racisme envers l’étranger et enfin contre son voisin de quartier. La pensée devient manichéenne et binaire, la réflexion se limite à l’amalgame et à la contagion. Chacune des communautés ethniques, religieuses et politiques se resserre sur elles-mêmes, agresse les autres et même souvent en vient à agresser ses propres membres. Le chaos s’accroît, les guerres se multiplient généralement depuis les pays en développement, puis gagnent les pays industrialisés. Cependant, les élites disposent des moyens pour se protéger des guerres civiles et inter-étatiques (garde du corps, éloignement des lieux sensibles…), tandis que le peuple en subit plus directement les conséquences dans sa chair et sa vie quotidienne. Ce sont les enfants des plus pauvres qui composent la majorité des soldats de terrain, tandis que les enfants des élites qui font la guerre sont généralement des officiers qui restent loin du champ de bataille. Les industriels s’enrichissent de ces guerres par la vente d’armes ou par la reconstruction des infrastructures détruites. Les tensions engendrent les chaos qui permettent aux gouvernements d’accroître la police, les armées et les contrôles de l’État policier néolibéral. Finalement, les micro-conflits civils et les petites guerres entre nations permettent même aux États les plus puissants (ceux du G8) de renforcer leur pouvoir en développant l’ingérence préventive ou les guerres humanitaires ou la lutte internationale contre le terrorisme. En un mot le capitaliste instrumentalise les États pour jouer aux pompiers pyromanes.