Le Petit Pate Illustre - Numero 1 - Decembre 2012

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1 L E P ETIT P ÂTÉ I LLUSTRÉ Numéro 1 - Décembre 2012 Du soleil dans votre Noël

description

Le numéro de Décembre du magazine en ligne bimensuel « Le Petit Pâté Illustré », alliant les talents d’écriture et d’illustration, sur le thème Noêl ou Soleil. Participez bénévolement au projet, et rencontrez de nouveaux artistes ! -- The December issue of the online bi-monthly magazine "Le Petit Pâté Illustré”, combining writing and illustrating talents. Come and join the project, to meet new artists!

Transcript of Le Petit Pate Illustre - Numero 1 - Decembre 2012

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Le Petit Pâté iLLustré

Num

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Du soleil dans votre Noël

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EDITO

Texte de Loïc WabLeIllustration d’aLice Des

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Petit Pâté, l’Hiver et l’Hier

Petit Pâté vers l’hiver,Pâté de foie, de foi, deux fois.

Petit Pâté vers l’hiver,Qui voie, d’une voix, une voie.

Petit Pâté a froid,Petit Pâté est coi.

Petit Pâté ne sait pas, n’est pas.Petit Pâté naît pas à pas.

Neige qui tombe,Petit Pâté ne voit pas.

Tombe de neige,Petit Pâté ne bouge pas.

Petit Pâté tout seul.Petit Pâté n’est plus.

Plus rien du tout.Du tout, rien ne lui plut.

Yeux fermés.Mais il y a à faire.Froid tout blanc.Blanc fou du roi.

Frou-frou dans la loi.

Petit Pâté ne va pas bien.Il n’y va pas.

La neige pava bien.

Petit Pâté est là,Là c’est le sol.Là c’est le ciel.

Le sol et le ciel ?

Le soleil ?

Trou dans l’igloo,Le ciel l’engloutit tout rond.Petit Pâté, ne dormant plus

Dans le dedans blanc, danse.Alors, avec l’or bien haut devant,Il voit l’horizon dardant dehors :

Le ciel bleu, le sol vert,Le soleil et une primevère.

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Sommaire

Edito : PEtit Pâté, L’HivEr Et L’HiEr texte de Loïc WabLe illustration d’aLice Des

BrEvE : Paris texte de PauLine souris

illustrations de cLem De nesLe

ContE : La QuêtE du Pâté texte d’oLivier Pivot

illustrations de PauLine souris

iLLustration narréE : unE PEtitE GLaCE? illustration narrée d’emmanueLLe Ly

texte de Hugo D’arbois

ContE iLLustré : La rELiGion dEs nEE’PoruE texte de Franck conroy

illustration d’oPHéLie Paris

iLLustration narréE : La CaravanE illustration d’emmanueLLe Ly

texte d’oLivier Pivot

nouvELLE iLLustréE : rEndEz-vous texte de PauLine bock

illustration d’aLice Des

nouvELLE iLLustréE : LuCas texte de Lucie r. illustration de cLem De nesLe

iLLustration narréE: LorsQuE LEs CadEaux furEnt ouvErts illustration emmanueLLe Ly

texte de PauLine LeDuc

nouvELLE iLLustréE : fEux d’artifiCE texte d’oLivier Pivot

illustration de maDoucHka

éPiLoGuE texte du tar-Péteur masqué

illustration d’aLice Des

PrésEntation dEs artistEs

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“Because Paris was Paris.

Paris

Texte de PauLine sourisIllustration de cLem De nesLe

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Dirty, but also pretty sometimes, so I could not criticize.

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And Paris was so full. Full of Parisians. Zillions of Parisians.

But empty of the people I care about.”

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La Quête du Pâté Episode 2

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Rillettes fut immédiatement emmené dans une située à côté de la cour d’honneur. L’envoyé du duc de Terrinne devait avoir une riche mise. Sa miche de pain fut incrustée de précieux germes de blé, puis fut soigneusement grillée des deux côtés, lui donnant une allure éblouissante. Enfin, les rebords de la croûte que ne recouvraient pas son corps furent garnis de cou-lis de framboise. Le duc l’arma d’un couteau laguiole qu’il brandit fièrement. Rillettes s’apprêtait à partir lorsque l’une des suivantes de la damoiselle Mousse l’appela. Tressaillant de joie, il se précipita à sa suite. Mousse, alanguie dans un large fauteuil faisant face à la cheminée, l’attendait. Elle lui parla :

« Chevalier, votre courage m’a émue et grande fo-lie s’est emparée de mon cœur. Je tremble désormais à l’idée de vous voir partir devant de si grands périls. Il faut pourtant s’y résoudre et je vous conjure de faire diligence car je n’aurai pas la force de vivre jusqu’au prochain automne. »

A ces mots, Rillettes tomba à ses pieds et planta son couteau en terre.

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« Ma mie ! Je ne saurais trop vous remercier pour l’honneur que vous m’accordez. Je vous jure sur ma lame que jamais je n’épouserai nulle autre pucelle ! » Mousse rougit fortement et lui répondit :« Mon ami ! Mon oncle ne vous accordera ma main que si vous revenez victorieux de votre quête. Seule une rentrée glorieuse en nos murs, preuve de votre bravoure et de votre prouesse, vous rendra digne de ma main. Partez maintenant ! »

Après avoir prononcé ces paroles, elle tom-ba en pamoison. L’esprit troublé, Rillettes quitta immédiatement le château et commença sa che-vauchée à travers les contrées inhospitalières du nord du Pays de Basse-Cour. Son périple dura des jours et des jours et l’hiver était arrivé quand il fut en vue des montagnes du Terroir, sur les march-es du Pays de la Volaille. En effet, au pays des pâtés, la Pâque se déroule vers Toussaint. Il com-mença alors à gravir la montagne. La neige se mit à tomber peu à peu, et le cinquième jour, il dut se creuser un passage au couteau sous les rafales de neige. Epuisé, affamé, à moitié mort de froid, il arriva alors en vue d’un château. C’était le soir du 23 décembre.

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A ce moment, surgirent de nulle part une horde de pâtés, solidement protégés par une ar-mure de boîte en métal, sur laquelle s’étalait la livrée des comtes de Foix-Gras. Epuisé, submergé par le nombre, Rillettes ne put esquisser un seul geste et fut solidement ligoté. Il fut traîné sous une immense arche de pierre, ornée d’une solide herse de fer, et eut le temps de voir la devise de la maison comtale, sous le blason resplendissant : « Pour Dieu et mon foie. Maison fondée en 1093 ». Il fut transporté jusqu’au plus profond des cachots où il fut enchaîné.

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Ayant passé une fort mauvaise nuit, les gar-des vinrent le rechercher. Ils l’emmenèrent auprès du comte de Foix-Gras dont la mise était d’une richesse qui dépassait en magnificence tout ce que Rillettes avait pu voir au cours de sa vie et bien que le comte présentât un aspect crémeux qui n’était pas signe de bonne santé.

« Etranger, tu as transgressé la loi de notre pays, lui dit le comte. En ce temps de l’année, nul n’est le bienvenu en mon fief, car nombreux sont mes gens à disparaître et à être dévorés par des ventres voraces. Tu as bravé mon interdit et je te prive donc de liberté jusqu’à la fin de tes jours. Tu as toutefois la possibilité de gagner ta liberté en te faisant vainqueur d’une épreuve, preuve de ta bravoure. »

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A ces mots, Rillettes s’enhardit. Bien qu’il fût affaibli par la fatigue et la faim, il se sentait prêt à se battre, à montrer sa valeur, à brûler sa fougue pour regagner sa liberté. Le comte conclut alors cruellement.

« Si tu arrives à encercler ma mesnie » il désig-na alors du doigt un groupe de six chevaliers pâtés, lourdement armés et solidement équipés de boîtes de métal « alors tu seras libre. »Un instant désespéré, Rillettes releva la tête car une ruse lui vint à l’esprit. La troupe, goguenarde, restait immobile. Le jeune chevalier entreprit alors – et non sans de cruels regrets – de déchirer sa tranche de pain en de fines lamelles, qu’il dispo-sa prestement tout autour du groupe d’hommes d’armes, trop stupéfaits pour esquisser un geste, les encerclant complètement. Rillettes s’écria alors:

« Vois, ô comte, j’ai réussi mon épreuve. J’ai gagné ma liberté : laisse-moi partir. »

Ne pouvant manquer à sa parole, le comte dut le libérer, non sans le maudire. Rillettes alors s’en fut, descendant des montagnes en direction des Plaines Poissonnières.

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Une Petite Glace?

Illustration d’emmanueLLe LyTexte de Hugo D’arbois

« Tu m’en achètes une, Maman ? Dis, dis, dis ! Tu m’en achètes une ? Maman ! Dis, Maman, tu m’en achètes une ? »

Elle ne répondait plus depuis longtemps, exaspérée. Lui contin-uait de sautiller, d’aller et venir, infatigable malgré la chaleur. Comme pour lui prouver qu’il en méritait vraiment une. Elle finit par l’arrêter en agrippant son poignet, une torsion délicate et douloureuse.

« Ça suffit, maintenant. J’ai dit non. »

Le garçon s’arracha à l’étreinte maternelle. Il frotta son poignet et fourra ses mains dans les poches de son short. Il avait les mâchoires serrées, essayait de retenir les larmes qui montaient, sournoises.

« T’es pas sympa ! » La mère soupira. Elle avait été petite, un jour. Elle se sou-venait de l’excitation, les lèvres salivantes et les mains collées aux vitres froides des marchands de glaces. Elle se souvenait aussi des minuscules créatures blanches : enfermées dans leurs cellules toutes blanches, elles remuaient lentement, le-vaient leurs yeux noirs et vides vers elle et les autres enfants. Oh, elle pleurait, criait, se roulait par terre lorsque ses parents lui refusaient la plus fantastique des sucreries.

Jusqu’à ce qu’elle soit assez grande et téméraire pour en acheter une en cachette. Elle avait savouré, ha ! chaque coup de langue, ha ! et de dents, ha ! ses lèvres voraces qui se refer-maient sur la petite bête dans son cornet croustillant. Même quand celle-ci gigotait plus vite, coulait le long de ses doigts, avec dans ses yeux sombres quelque chose comme de la ter-reur.

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Elle avait fini par comprendre, avec le recul. Cette sen-sation indéfinissable qui dépassait le simple plaisir coup-able. Ce jour-là, elle avait rendu son déjeuner. Elle n’était plus jamais retournée chez un marchand de glaces. Il y avait d’autres moyens d’échapper à la chaleur, d’oublier le soleil quelques minutes. Des moyens plus simples.

Mais quand elle regardait son fils, elle savait qu’un jour ou l’autre il braverait l’interdit. Qui ne le faisait pas ? Elle espérait simplement qu’il ne prendrait pas trop goût à ces petites glaces qui remuent et qui tremblent, qui sem-blent si délicieuses, si sucrées, si vivantes.

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La ReLigion des nee’PoRue

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Le texte qui suit est un modeste hommage au célèbre article de l’anthropologue américain Horace Miner : Body rituals among the Nacirema. En tant que jeune anthropologue, je m’essaye à la description de la religion animiste des Nee’porue, une culture dont les Nacirema seraient originaires.

Le rituel débute lorsque le banquet s’achève. Ce sont les enfants qui disparaissent les premiers, de peur que le dieu rouge ne les surprenne dans le temple. Seuls les initiés ont droit d’y demeurer la nuit. Le dieu rouge va les posséder. Il est l’émissaire des dieux, venus ré-compenser le mérite et la piété des mortels.

La cérémonie du Qad-Odn-O’el marque l’entrée dans le rituel, l’échange de dons. C’est un moment de grande tension, les dons doivent être de valeur équivalente ou un déchainement de violence peut surgir entre les par-ticipants, sous l’emprise des boissons fermentées tra-ditionnelles neurotoxiques. Les dons sont voilés pour représenter le mystère divin et déposés au pied du to-tem rituel paré d’or, le Sah-Pandhn-O’el.

Texte de Franck conroyIllustration D’oPHéLie Paris

une étude anthRoPoLogique ceRtifiée

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Une forte dispute théologique agite la société Nee’porue concernant la réalité du dieu rouge, appelé aussi Péh-Ren-O’el, ce qui est étonnant compte tenu de leur culture primitive. Certains Nee’porue souti-ennent qu’il existe physiquement, d’autres qu’il s’in-carne à travers les initiés. A cette fin, ils s’infligeraient durant le banquet traditionnel une difficile ascèse re-ligieuse, par le maintien d’une position inconfortable durant des heures et l’ingestion douloureuse d’in-nombrables aliments et breuvages sacrés.-Les non – initiés découvrent dans un fervent étonnement les dons auprès du totem idolâtre et interprètent cela comme une manifestation divine en leur faveur, tan-dis que les adultes peinent à digérer la perte de leurs pouvoirs magiques. Il est de coutume que les mem-bres de la tribu récitent alors chacun leur tour un pieux mantra, le Juay-Uhn-O’el.

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La Caravane

Illustration d’emmanueLLe LyTexte d’oLivier Pivot

Ses pas

soulevèrent une motte de sable. Sous

le terrible soleil de décem-bre, l’incessant soleil qui

écrasait, mois après mois, le sol malien, il titubait à l’as-saut de la dune. Il respirait l’air suffocant et chaque inspiration déposait au creux de ses pou-mons un souffle embrasé. Un ultime grain de sable se dé-posa au coin de son œil.

Epuisé, il s’arrêta.

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Jamil escaladait la dune, pulvérisant les mottes de sable, et avait l’air d’en vouloir à chacune d’entre elles. Il avait encore la fougue des premières traversées. Pour lui, c’était déjà la qua-torzième. Il ne pensait qu’au bivouac, la lassitude des longues marches à travers le désert l’avait envahi. Seule la pensée de Leila, qui l’attendait dans une oasis pas si lointaine, lui donnait le courage de continuer.

Il tourna la tête. Au loin, derrière lui, une longue file de dromadaires serpentait, se confondant à l’horizon avec les crêtes des dunes. Les longs voiles des méharistes claquaient au vent dans un carnaval de couleurs bleues. Ce kaléidoscope miroitait au son lancinant des déchirements du vent ; le désert pleurait l’absence de sa bien-aimée, l’eau.

Le sourire de Leila réapparut dans son esprit. Il lui fallait avancer, coûte que coûte. Il reprit la route, d’un pas hésitant. Au sommet de la dune qui le surplombait, il vit Jamil qui l’atten-dait, l’encourageant du regard. Soulevant ses jambes fatiguées, il souleva une volée de poussière. La traversée serait rude, il le savait, mais il savait également qu’il en était déjà venu à bout.

Longue était la route et longues étaient les heures qui le séparaient du bivouac. Le feu inlassablement ardent qui s’écra-sait sur ses épaules se faisait peu à peu moins rude. Fallait-il croire que la nuit s’approchait ? L’obscurité représentait une nouvelle épreuve. Après avoir suffoqué dans l’air embrasé, il grelotterait, cherchant à se rapprocher de la tiédeur des brais-es encore rougeoyantes. Cela ne suffirait pas et il passerait la nuit à maudire le nom de ceux qui l’avaient entraîné dans cette aventure.

Le hurlement déchirant du vent se transforma en un son apaisant, le murmure de la voix de Leila. Cela lui donna un sup-plément de courage. Jamil marchait à côté de lui, le soutenant dans son avancée, lui insufflant la volonté de poursuivre.

Soudain, l’image de Leila lui apparut. Elle se tenait là, devant lui. Son sourire dans la douceur du soir était l’image la plus caressante qu’il pût concevoir. Il souleva sa carcasse et se jeta en avant. Leila était devant lui, son équipée achevée.

Il ne se rendit pas compte qu’il était tombé, obnubilé par son délire où il entrevoyait le visage de Leila. Il ne vit pas non plus un méhariste descendre du dos de Jamil. Il ne le vit pas non plus sortir son revolver et il ne sentit pas le contact glacé de l’acier sur sa tête, sa tête de dromadaire. Il tira.Les chiens aboient, la caravane passe.

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Rendez-VousTexte de PauLine bock - Illustration D’aLice Des

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Zade repoussa le lourd portail derrière elle ; lentement, très lentement, pour ne pas faire de bruit. Puis s’assurant que personne ne la suivait, elle détala dans les rues de la ville.

L’après-midi débutait, et le soleil tapait fort.

A l’angle de la rue, bien loin de la maison déjà, là où l’on ne pouvait plus l’apercevoir, Zade s’arrêta, un peu essoufflée. Elle enleva ses chaussures presque religieusement. C’était sa tradition lorsqu’elle allait au rendez-vous, comme un pied-de-nez fait en secret aux règles strictes de sa demeure. Ses souliers en main, elle reprit son chemin, mais en marchant cette fois. Comme elle aimait aller pieds nus à cette heure, lorsque le sol était chauffé par les rayons du soleil ! Cela lui procurait une sen-sation de liberté qu’elle ne ressentait nulle part ailleurs. Aussi longtemps qu’elle souvienne, les gens de la ville l’avaient toujo-urs nommée Zade. Si on lui demandait pourquoi, elle répondait :

«Quand j’étais petite, je ne savais pas prononcer mon vrai prénom.»C’était la vérité.

Elle aurait bientôt treize ans, mais elle avait beau grandir, jamais elle ne pourrait manquer un rendez-vous.Certains passants, ceux qui n’étaient pas d’ici, paraissaient sur-pris en croisant cette petite fille aux longs cheveux noirs et aux grands yeux pleins de malice, le sourire aux lèvres, marcher pieds nus, ses chaussures à la main.Les habitants du quartier, eux, étaient habitués. Ils la saluaient toujours d’un signe de la main – auquel elle répondait joyeuse-ment.

Elle aperçut enfin les abords de la place. Comme à ch-aque fois, il y avait foule ; et ça criait, bradait, s’agitait. Mais Zade aimait beaucoup cette ambiance, ce brouhaha des jours de marché. Sûrement parce que chez elle, dans sa grande maison, elle ne voyait pas souvent du monde.Se frayant un passage parmi les badauds, elle parcourut les étals, flânant sans but précis, pour le plaisir des yeux. Elle était en avance. Elle avait tout son temps.

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Elle s’approcha d’un stand de fruits. Tout était rangé, or-donné, en pyramides parfaites. Ils étaient tellement beaux, ces fruits de toutes les couleurs, bien mûrs, et brillants au soleil ! Les figues, surtout, lui faisaient envie ; elles semblaient si moel-leuses.

Zade jeta un coup d’oeil à sa nouvelle robe bleue. Elle était belle, très belle même. Mais cette perle sur le devant la gênait.Son père le remarquerait-il si... Non, certainement pas, il était toujours affairé et ne voyait ses enfants que très rarement.Le vendeur aperçut soudain la petite et lui demanda :

«Tu veux quelque chose ? Sers-toi, c’est gratuit pour toi !-Je peux payer, répliqua-t-elle fermement.-Que préfères-tu ?»

Elle désigna les figues du doigt. Pendant qu’il en choisis-sait une, elle arracha vivement la perle de sa robe, en tirant dessus d’un coup sec. Il lui tendit son fruit ; elle le prit et lui mit la perle dans la main. Fixant avec des yeux ronds la petite bille entre ses doigts, le vendeur murmura, l’air effaré :

«Mais cela vaut bien plus que...»

Peu importait. Zade avait déjà disparu dans la foule.Toute heureuse de sa transaction, la fillette poursuivait sa prom-enade, en dégustant sa figue (tellement meilleure que toutes celles qu’elle avait pu goûter à la maison !).

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Elle admira les oeuvres des potiers, les fabuleux bijoux des joaillers, huma les diverses épices, s’arrêta pour observer les volailles mais accéléra le pas devant les poissons – ils sentaient horriblement mauvais.

Enfin, elle arriva à son étalage préféré : les objets rares et anciens.L’antiquaire qui le tenait était un vieux monsieur aux cheveux grisonnants et aux yeux d’un bleu étonnant qui fascinaient Zade depuis toujours. Cela faisait très longtemps que tous deux étaient amis.

«Ma petite Zade, te voilà enfin ! s’exclama le vieil homme en la voyant arriver. Regarde ce que j’ai trouvé l’autre jour.»Il sortit de sa sacoche une vieille lampe à huile en cuivre, à la forme étrange. Elle semblait provenir d’un autre temps.Zade était fascinée.

«Oh, souffla-t-elle, comme c’est beau ! C’est une lampe ? Elle a l’air très ancienne.- Oui, elle l’est, répondit son ami. Mais attention, ma petite, ce n’est pas n’importe quelle lampe ! Elle a appartenu au roi Sala-din en personne !- Tu crois qu’elle est magique ?» questionna-t-elle en souriant.Le vieux monsieur rit un instant, puis lui dit très sérieusement : «Oh oui, ma petite Zade. Elle est sûrement magique.»

Il lui montra d’autres objets, racontant chaque fois leurs his-toires – pas pour les lui vendre bien sûr, simplement parce qu’elle aimait ça -, mais aucun n’intéressait Zade autant que la lampe.Tout à coup, elle songea qu’il ne fallait plus traîner : elle allait arriver en retard au rendez-vous. Elle salua son ami et s’en alla.Lui la regarda partir, s’émerveillant en lui-même. Décidément, cette enfant avait une imagination débordante.

Zade s’éloigna de la rumeur du marché et se dirigea vers l’arbre le plus âgé de la grand-place, à l’écart. Ils étaient tous déjà là.

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En l’apercevant, de grands sourires illuminèrent leurs visages. Elle s’assit au milieu d’eux, de tous ces enfants – ils avaient formé un cercle -, et fut aussitôt assaillie de questions.

«Zade, pourquoi t’es en retard ?- Je suis allée chez le marchand de rêves, vous chercher une histoire.- Zade, je peux venir sur tes genoux ?- Zade, tu nous racontes ton histoire ?- Oh oui !- S’il te plaît, Zade !»

Et Zade, parmi tous ces bambins, riait, à l’ombre de cet arbre au moins tricentenaire, dans la poussière de la place du marché. Elle prit le plus petit d’entre eux sur ses genoux et en-tama son récit. «Aujourd’hui, déclara-t-elle, j’ai trouvé une lampe, une lampe magique ! Elle est très ancienne. Autrefois elle apparte-nait au... (Zut ! Elle ne se souvenait plus du nom !) ...Au prince Aladdin !»

Ainsi elle était lancée, ses rêves et son imagination faisa-ient le reste. Autour d’elle, les petits, pendus à ses lèvres, sem-blaient boire ses paroles.

Le temps n’existe pas au pays des rêves. Ils auraient pu passer des heures, des jours sous cet arbre, à suivre les aventures de ce prince et de sa lampe magique...Et aucun d’eux de ne vit, ni n’entendit arriver la femme der-rière eux qui, tirant vivement Zade par le bras, s’écria, scandal-isée :

«Mais que faites-vous ici, mademoiselle, assise avec ces gueux des rues ? Venez tout de suite, nous rentrons au palais ! Et j’en toucherai deux mots à votre père, princesse Shârazad !»

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Lucas

Texte de Lucie r - Illustration de cLemn De nesLe

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Today was not a song day.

Sometimes Lucas would take his guitar in his hands but wouldn’t play it. He would simply look up and straight and say: “I can’t write any songs today.”

And that was it. Lucas would then keep his guitar in his hands for the day and carry it around our flat, but wouldn’t play it. Those times, Lucas looked even sadder than usual. A bit crazier, too.

When Lucas couldn’t write any songs he needed me. Lucas usually didn’t need me much, not for his art at least. Every time he played guitar I would sit on the sofa that smelled like cheese (we decided one day that it smelled like cam-embert and Lucas thought it was logical considering his mom was French) and listen. Sometimes I would also bring a book that I would not read.

Lucas liked to play all kind of music. He even tried to play heavy metal once, but he had to swear to our neigh-bors afterwards that he would never do it again. The neigh-bors were mostly nice people and they didn’t mind Lucas’s music too much. Some of them enjoyed it, even. The neigh-bors didn’t like me very much. They couldn’t really un-derstand why I was living with such an insane boy. But crazy or not, Lucas needed someone to be with and I liked his music, so we managed. Sometimes when he forgot to pay the rent he would come to my room with a sorry look on his face and his guitar in his hands. Lucas knew what kind of songs I liked the most: the old kind, with beautiful black women who knew how to sing about love better than anyone else. Lucas wasn’t a woman or black, but he sung those songs pretty well anyway. He could sing anything if he put his heart into it, but his heart was too fragile to do that too often. Most of the time, Lucas would take his guitar in his shaky hands and write his own songs. Those weren’t about love, or about anything people from Earth knew about: they were song about Lucas.

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I didn’t really care what Lucas’s problem was, what his sickness was, or how he ended up living alone in such a busy and ugly city. I didn’t know where he came from, how old he was or if he was going to stay with me forever. All I really cared about was to watch Lucas’s long fingers dance on his guitar and the tears we shared when he played his music.

But today, Lucas couldn’t write any songs.Lucas didn’t cry when he couldn’t write songs. Oddly enough, Lucas only cried when he played guitar. Today was two days before Christmas but there were no choco-lates left in my advent calendar. Lucas had eaten them all two weeks ago, without giving any reasons. I didn’t really need to know.

The flat was white and silent. Lucas knocked on my door and opened it before I told him to do so. Today was a Lu-cas day, a day when he needed me. Everything was pretty much allowed, including eating all my Christmas choco-lates.

Lucas took off his shoes, put his guitar on the carpet and fell on the bed, and soon in my arms.

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“I can’t write songs today,” he said again with a wor-ried look on his face, “but I thought today was a song day, you know? It’s odd.”

I ran my hand through his messy black hair: “Do you want me to play a nice record for you? Maybe that will make you feel better.”

Lucas frowned, “I don’t think so,” he answered, “But to-morrow, we should listen to Baba O’ Riley, because many people say it’s the best song in the world, and for once I agree with many people.”“I like Baba O’Riley too.”“I like the drum part at the very beginning. It sounds like the drummer is falling down the stairs.” Lucas closed his eyes and smiled: “Maybe I should do that too? Fall down the stairs with my guitar. I wonder how that would sound”. I pulled him closer to my chest.

That night, Lucas stayed in my bed and we made love. Lucas didn’t care about sex as much as other peo-ple did, so we didn’t do that very often. However, when it happened it felt very good for the both of us. Lucas liked to kiss me and he kissed me better than all the sane boys I had kissed in my life.

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Lucas kissed me a lot that night. His tongue felt sweet against mine and his tooth were like ice on my skin. When I came - before him, as usual – he held me so tight it took my breath away. He called my name with his mouth on mine, as if he could swallow my pleasure while doing so. The room was black and silent after that. Lucas didn’t let me go. I could hear him breathing hard again my ears but he didn’t move. His tongue brushed my cheek, just once.“I can’t write any songs today,” he finally whispered in the dark.

“Yes, I know,” I answered and then Lucas got up just a little, so he could see me better. His eyes were glowing in the dark. He moved a little inside me: my body shook and I moaned. “It doesn’t bother me too much now,” he answered and then smiled, “It’s fine because I just remembered that the perfect song sounds just like your voice when you’re happy in my arms.”

Lucas suddenly fell on me and bit my neck, hard. I jumped and shouted “Yes!”, because it was the truth and he giggled.

Today was a song day.

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Et lorsque les cadeaux furent ouverts

Illustration d’emmanueLLe LyTexte de PauLine souris

Des cris fusèrent, en même temps que la migraine, lor-sque les enfants surgirent en courant, l’un après l’autre. Le garçon tirait les cheveux de sa soeur. Même avec tout l’or du monde, alors même qu’ils n’auraient pu être plus pourris, les gosses continuaient de vouloir le même jouet, de se battre, et de venir hurler dans les oreilles des adultes. Comme si cela pouvait suffire, il agita la main, comme pour chasser des mouches. Mais les petits étaient déjà partis, et son geste n’eut pour autre effet que de manquer de faire tomber le ridicule petit chapeau pointu, qui trônait sur son crâne depuis le dîner.

Il soupira. Le chapeau avait son utilité, pourtant. Il cacha-it sa vieillesse précoce. Il n’avait pas encore de calvitie mais cela ne saurait tarder. Quelques jours plus tôt, il avait surpris un cheveu blanc parmi sa crinière de jais, qui était d’ailleurs de moins en moins crinière. Il avait froncé les sourcils et constaté que le type qui le regardait dans la glace avait des rides, au coin des yeux et des lèvres. Inquiet, il avait alors décidé de reprendre ces exercices qu’on apprenait aux enfants dans les campagnes chinoises, et avait massé ses paupières avec application. Au fond de lui-même, il savait le rituel futile. Il était déjà trop tard. Il fallait se rendre à l’évidence, les soirées universitaires, forcé-ment trop alcoolisées, suivies des drinks corporate pour arros-

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er les placements réussis, et les promotions obtenues à coup de nuits blanches, et de cocktails de boissons énergisantes et amphétamines avaient finalement eu raison de son teint délicat. La gente féminine ne se retournait plus sur son passage. C’était un signe qui ne trompait pas. S’il n’avait pas été perpétuellement fatigué, il s’en serait offusqué. Il n’était pas habitué à l’indifférence. A la fac, tout le monde le connaissait, se retournait sur son passage, et non pas seulement parce qu’il était incroyablement grand. Sans trop savoir comment, il était passé du statut de premier de classe dis-cret et dégingandé à celui de coqueluche du campus. Et être in-vité à toutes les fêtes, et être courtisé par toutes les filles n’avait pas été désagréable.

Kayla revint de la cuisine, une tasse fumante à la main et passa les bras autour des épaules de son époux. Chris attrapa son poignet. Elle vint s’assoir sur ses genoux et commença à siroter son thé tandis que Chris déposait un baiser dans son cou. Tous ces bons sentiments lui restaient sur le coeur, à l’in-star du gâteau à la crème au beurre. Il n’avait jamais aimé les gâteaux, seulement les cookies, et encore, trempés dans un bol de lait. Le tintement des glaçons résonna lorsqu’il reposa le verre, un peu trop brusquement, après avoir fini son whis-ky. Les pépiements du couple s’enfonçaient dans son crâne. La douleur ne serait bientôt plus supportable. De toute façon, il al-lait être l’heure d’aller se coucher. Il se leva, hocha de la tête en direction de sa soeur et de son beau-frère, puis sans prévenir, jeta le chapeau au feu. Les flammes devinrent rouges, lancèrent des paillettes alors qu’elles léchaient le papier brillant, et repri-rent leur aspect normal. Il cligna des yeux, manqua de marcher sur sa nièce, qui le dévisageait d’un air atterré, et passa devant elle sans mot dire.

Parfois, il s’en voulait d’être d’aussi mauvaise humeur. Il n’était d’ailleurs pas toujours aussi irritable. Il lui arrivait de jouer avec les petits, ce qui impliquait toujours beaucoup de contorsions pour parvenir à replier sa carcasse et se mettre au niveau des enfants. Lorsqu’il devenait leur cheval et les prom-enait dans le salon, à quatre pattes, qu’il rejetait sa tête en ar-rière pour hennir, il finissait par éclater de rire, et son visage était à nouveau jeune et lisse.

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Finalement, peut-être que ce qui le mettait de si mauvaise humeur, c’était de se dire que ces enfants auraient pu être les siens. Peut-être aurait-il suffit d’un seul choix, différent, pour que ce fût lui que l’on vint enlacer au coin du feu. Avait-il tout simplement raté la mère de ses enfants un de ces nombreux soirs, dont il ne gardait pour tout souvenir qu’une poignée de photos compromettantes ?

Et comme chaque fois qu’il commençait à se poser ce genre de questions, il repensa à Elle, à l’autre choix qu’il aurait pu faire. Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? S’étaient-ils rencontrés trop tôt ? L’automne, avec sa pluie et ses longues journées derrières les vitres de la bibliothèque, se faisait encore attendre. Elle était un peu perdue, et ses lèvres avaient encore le parfum de l’été. Finalement, l’automne était arrivé, et il avait laissé une rafale l’emporter. Il n’avait rien dit. Il ne saurait ja-mais ce qu’elle aurait répondu. Le refrain reviendrait toujours trotter dans sa tête, après la dernière piste du traditionnel dis-que des chants de Noël.

En tout cas, c’est ce qu’Elle voulut croire lorsque cette an-née-là, elle trouva un nouveau téléphone au pied du sapin, et dit adieu à l’ancien, ainsi qu’aux contacts et textos qu’elle avait conservés, précieusement. Que si des années plus tard, elle de-vait continuer à penser à lui, elle ne serait pas la seule à se per-dre en conjonctures.

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Feux d’ArtificeTexte d’oLivier Pivot - Illustration de maDoucHka

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1.

Quand j’entrai dans la salle réservée aux voyageurs, mon premier regard fut pour l’horloge… Onze heures vingt. Tout al-lait bien. Grand-père arriverait bientôt. Dans quinze minutes pour être précis. Grand-père, c’est un vieux monsieur avec une grande barbe toute blanche. Il aime beaucoup me faire des bisous mais, à chaque fois, ça pique. C’est la faute à sa barbe. Quand je serais grand, moi je me raserai tous les jours, comme papa.

Onze heures vingt-deux. Je m’ennuie. C’est toujours comme ça à la gare. Au début, je regarde les chapeaux des hommes, les vieilles robes des femmes. Et puis, au bout de la trentième robe pervenche délavée, j’en ai assez et je m’arrête. Là, j’écris sur le beau papier à lettres que m’a donné Maman, pour mon anniversaire. Je ne sais pas pour qui j’écris mais il y aura bien quelqu’un, un jour, qui le lira.

Onze heures vingt-cinq. Ça y est. Je me lève et je me mets à courir à toute vitesse dans la gare. Je veux être le premier à voir Grand-père. C’est toujours notre jeu, avec Grand-père. Si c’est moi qui le vois le premier, alors il me donne, sans que les autres le sachent, un petit bonbon rose acidulé. Ça pique un peu, à chaque fois, les larmes me montent aux yeux mais je suis content d’avoir réussi à le gagner. Et puis, maintenant, je suis un homme alors il faut que je m’habitue. J’ai neuf ans, maintenant. Je suis un grand, maintenant.

Le docteur de la ville, il serait pas très content. Je l’ai entendu dire une fois qu’il fallait pas que les enfants ils man-gent des bonbons. Sinon, leurs dents, elles deviennent comme celles de Grand-père et ça fait mal. Moi, j’y suis allé une fois, chez le docteur. Il m’a fait asseoir dans un fauteuil comme à la banque des monsieurs riches et après il m’a fait mal tout partout en me mettant un couteau entre les dents. Après je suis plus revenu. On a pas assez d’argent pour aller voir le docteur tout le temps et j’ai un grand frère et trois sœurs.

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Voilà le train. Mais c’est trop tard. Manuel, il a déjà trouvé Grand-père. Je n’aurai pas de bonbon. La dernière fois, j’avais réussi à le faire durer toute la journée et même un peu plus. Je l’avais caché le soir sous mon oreiller pour que Maman ne le trouve pas quand elle monterait m’embrasser. Le matin, quand je l’avais repris, il était tout petit, tout gluant et il était accroché au drap. Mais je l’avais quand même fini.Maintenant, les hommes montent dans la voiture. Je les re-joins et Papa fouette les chevaux. Ils se mettent à trotter, soulevant un nuage de poussière qui fait s’effacer l’image de la ville.

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2.

Oncle Juan et Oncle Rodrigo nous ont rejoints. Je suis content. Je ne les avais jamais vus. Papa et Maman ont quitté Vitoria avant ma naissance, pour rependre la ferme du papa de Maman. Lui aussi, je ne l’ai jamais vu.

D’autres oncles et tantes vont venir nous rejoindre. Aussi du côté de Maman. Je crois qu’il va y avoir une grosse fête. Pendant la journée, les hommes transportent de grosses caisses, très lourdes. Maman cuisine toute la journée, avec Tante Isabel. Personne ne s’occupe de moi. C’est même moi qui dois m’occuper des petits, avec le cousin Juanito. On est des grands, nous. Les petits ils nous embêtent, ils pleurent tout le temps et ils veulent toujours nous suivre. Comme si ils pouvaient comprendre nos jeux.

Tout à l’heure, on voulait jouer aux indiens. On avait fab-riqué nos armes avec des bâtons pris dans la forêt et on avait fait nos habits de peaux-rouges nous-mêmes. Et bien, les pe-tits, ils sont venus, avec Maman, pile au meilleur moment, celui où on avait attaché la cousine Asunción à l’arbre et où on allait la torturer ! Maman, je ne sais pas pourquoi, nous a donné une grosse fessée et a détaché Asunción. Je n’ai pas pleuré mais Juanito, beaucoup. En fait, c’est un petit.

Asunción, elle est pas méchante mais elle est bizarre. Je veux dire elle est difficile à comprendre. L’autre jour, on l’avait un peu tapée, pour s’amuser, et elle nous avait tiré les cheveux tout de suite, sans prendre le temps de pleurer puis elle était partie, très fâchée. Et l’autre jour, elle a fait une petite tache sur sa robe, comme j’en fais tous les jours et là elle s’est mise à crier et à pleurer, comme moi, le jour où je me suis cassé le bras. Et puis, la première fois que je l’ai vue, lundi dernier, j’étais rouge et je ne savais pas quoi dire.

Elle m’a fait un bisou et m’a dit : « Bonjour ! ». Je ne savais plus quoi dire, la tête m’a un peu tourné, j’ai dit « Salut ! » très vite puis je me suis enfoncé la tête dans ma blouse. Les

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hommes ont rigolé et puis on est partis sans que je lui dise un mot. Ce soir-là, comme on avait plus de place, ils ont dit que Juanito dormirait dans mon lit. J’ai failli dire que je voulais bien qu’Asunción vienne dormir dans mon lit mais je n’ai pas osé le faire. Alors, la nuit, on s’est retrouvé, on est monté au grenier et on a joué à cache-cache très longtemps. Le lende-main, j’étais tout fatigué.Maintenant, on va aller se baigner dans la rivière. Je ne sais pas si elle viendra…

3. Le raclement sourd des cuillères dans les assiettes em-plissait l’air environnant. Les hommes se taisaient, avalant leur soupe en silence. Je déchirais mon pain pour en faire de grosses miettes que je glissais ensuite dans mon bol de soupe. Maman me donna un coup de coude. Je m’arrêtai.

Grand-père essuya d’un revers de sa veste le reste de bouillon qui humectait sa moustache. Il toussota.« Miguel arrivera demain. »Un long silence fit écho à ses paroles. Papa regarda Maman. Elle n’avait pas l’air très contente. Papa se tortilla sur sa chaise. Il essaya de parler.« Il sera… accompagné ou pas ?

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_ Sa compagne l’a quitté. Vous n’aurez pas d’ennui avec M. le Curé, si c’est ce dont vous avez peur… Il viendra seul, soyez-en sûrs. »

L’atmosphère se détendit. On apporta le jambon et on le découpa en tranches. Au dessert, Maman apporta son meil-leur gâteau, celui qui a des figues à l’intérieur. Puis ce fut le tour de la chicorée et les hommes se détendirent un peu. On-cle Juan alluma une cigarette avec son briquet.

J’adore quand il fait ça. Il est beau. Jeudi, je lui ai volé une cigarette et je l’ai enflammée avec une allumette. C’était horrible. J’ai toussé pendant toute la nuit, au moins, après. Mais je vais essayer de recommencer, pour pouvoir fumer à l’école, devant les autres. Je serai vraiment un grand. Plus tard, parce que là c’est les vacances. D’ailleurs ça commence à faire longtemps qu’elles durent.

Rodrigo a parlé. Je n’ai pas bien entendu le début mais après il a dit :« Et c’est pour bientôt… l’événement ?_ Oh, dans trois ou quatre jours, je pense. »A ce moment, Maman l’a regardé méchamment et elle a dit : « Les enfants. ». Alors ils ont rougi et ont arrêté de parler. Nous on est sorti. Les enfants ! N’importe quoi !Vous savez quoi ? Je crois que les parents ont un secret. Une surprise.

4.

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J’ai cueilli une fleur et je l’ai donnée à Asunción. Après j’ai voulu aller dans notre cabane, dans les arbres. Mais elle restait sur l’herbe, allongée par terre, à regarder la fleur. C’est énervant, les filles ! Alors je lui ai donné un coup de pied pour qu’elle se lève et qu’elle vienne jouer. Elle s’est effectivement levée mais elle m’a regardé d’un air furieux et elle est partie. C’est bizarre, les filles. Alors je suis parti tout seul et j’ai trouvé Juanito qui pêchait près de la rivière. Ça se voit qu’il est de la ville, lui. Il n’avait pas attrapé un seul poisson. Après, on a joué aux pi-rates. Comme il était énervé parce qu’il n’avait pas trouvé de poissons et qu’en plus j’avais gagné, il m’a tapé très fort en disant que j’avais triché. Et il m’a abandonné.

J’étais tout mouillé. J’ai enlevé mes vêtements pour les faire sécher sur l’herbe. Je suis monté dans un arbre pour al-ler pleurer sur l’injustice du monde.

Je suis resté très longtemps et, en plus, il y avait plein d’oiseaux, alors ça m’a consolé. J’ai attrapé plein de chenilles et je les ai lancées dans la rivière. J’ai aussi capturé un oiseau, je lui ai arraché toutes ses plumes et je l’ai relâché. Ça m’a calmé. Alors je me suis mis à réfléchir à la surprise des par-ents.

Avec toute la famille qui vient, cela ne peut-être qu’une fête. Ils chuchotent tout le temps. Donc c’est une surprise. J’ai réfléchi. Mon anniversaire c’est dans dix mois. Ça peut pas être ça. Ceux de mes frères et sœurs ? Non. Ça ne colle pas. Maman va bientôt fêter le sien mais alors pourquoi même la famille de Papa ? Ou alors celui de Grand-père ? Mais alors pourquoi on ne nous dit rien à nous ? C’est à lui qu’il faudrait le cacher !

Non. Plus je réfléchis plus je me dis que ça ne peut pas être ça. A mon avis, ça a forcément un rapport avec nous sinon pourquoi nous le cacher ? Oui, ça doit être ça. Un truc pour tous les cousins et cousines. Ce soir, il faudra que j’en parle à Juan. Non. Pas à lui. Il est bête, jaloux et méchant. A Asun-ción peut-être ?

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Bon. J’ai trop pensé et je commence à avoir mal aux jambes, là, sur mon arbre. Et puis j’ai peur que la branche finisse par se casser. Il est temps que j’y aille. Je suis revenu sur la route et j’ai rencontré Gabriel, le peintre. Il avait l’air malheureux mais il m’a souri quand il m’a vu. Il m’a demandé si je voulais venir chez lui et j’ai dit oui. Je vais le voir de temps en temps mais là, il avait vraiment l’air triste. On a marché longtemps jusqu’à chez lui et il m’a tenu la main. Moi, ça me gênait un peu, on allait me prendre pour un bébé.Quand on est arrivé chez lui, il y avait une belle tarte aux pom-mes, sur sa table en fer sous la tonnelle. On s’est assis et il m’a donné du gâteau que j’ai mangé à toute vitesse. Lui, il est allé chercher un verre en cristal qu’il a rempli avec une bois-son qui avait un peu la même odeur que le vin de papa mais en plus fort.

On a beaucoup parlé. Il m’a expliqué ce qu’il peignait, pourquoi et comment. Je n’ai pas tout compris mais c’était in-téressant. Il m’a demandé ce que je voulais faire plus tard. Je lui ai dit que je voulais écrire dans les journaux. Il m’a souri et m’a dit que c’était bien. Je n’ai pas osé lui parler de mon petit carnet. Il faudra pourtant que je le lui montre. Il m’a dit qu’il avait un ami journaliste qui viendrait bientôt ici et que je pourrai aller lui parler. J’étais content. Quelle coïncidence !

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Je lui ai demandé si Maria, qui venait l’aider à prépar-er ses couleurs pour ses tableaux, était venue récemment. Il m’a dit non et il a eu l’air encore plus malheureux. Je n’ai pas insisté. Je ne sais pas pourquoi mais Maman ne l’aime pas beaucoup. Et puis il m’a parlé du livre qu’il voulait écrire et qu’il n’écrira sans doute jamais ( c’est ce qu’il m’a dit mais je n’ai pas com-pris pourquoi il ne le ferait pas ). Sa voix devenait de plus en plus pâteuse et il a fini par s’endormir. Je lui ai alors enlevé de sa bouche la pipe qu’il venait d’allumer et je lui ai mis une couverture sur le dos, pour qu’il ne prenne pas froid. C’était le soir. Je suis parti.

Quand je suis revenu à la maison, Maman était en train de ranger la salle à manger et de mettre des décorations. Mon dernier oncle, celui qui est militaire, était revenu. Tante Isa-bel faisait rôtir un sanglier que Grand-Père avait tué ce matin Je sentais que la fête allait bientôt commencer. Les hommes se sont mis à discuter rapidement. Je me suis adossé à la cheminée et je me suis endormi.

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5. Ça y est ! Le moment est venu ! Papa et Maman m’ont réveillé et on est parti avec toute la famille dans deux char-rettes vers la ville. Dans la voiture, malgré les cahots, j’ai pu finir d’écrire mon carnet. On arrive dans la ville.

Le ciel est déjà noir. Dans la ville il y a plein d’animation. Ils regardent tous vers le ciel. Soudain, il y a une grande son-nerie et tout le monde regarde en haut. C’est beau ! Il y a plein de belles lumières rouges, des explosions et des pluies d’étincelles ! Je crois que c’est une surprise de mes parents : ils ne m’ont pas dit qu’il y avait un feu d’artifice, ce soir, dans la ville.

À côté de moi, il y a le docteur et sa femme. Je regrette que mon ami le peintre ne soit pas là. Que c’est beau ! Il pour-rait faire un de ses plus beaux tableaux. Tiens ! Mais je le vois là-bas, il court avec Papa vers nous. Papa nous dit de nous lever, de venir avec lui, plus loin. Je finis ces lig…

Le carnet s’arrêtait là. Je retournai le dernier feuillet. En haut, un lieu, une date. Guernica. 26 avril 1937.

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Epilogue

Texte du Tar-Péteur

ça, c’est vraiment pâté.

Cher toi qui me lis,

La probabilité est grande (longue et puissante) pour que tu fasses partie des gomorrhéens à gorge chaude com-missaires de ce journal. Ou peut-être est-tu de leur cercle proche, car chez les artistes on s’astique.

La feuille de chou que tu tiens a été faite à la force du poignet. Son ton résolument naturel (en témoigne l’amour de ses chefs pour le gazon) nous a hélas retenus d’y adjoin-dre une bande collante ou une couche ouatée. Sois cepen-dant assuré que les plantes médicinales sont entrées dans sa rédaction.

Tu mérites maintenant une claque bourrue sur l’épaule et une paluche moite bien placée pour avoir résisté à l’envie de te consacrer à une activité plus saine. Ou peut-être veux-tu épater la galerie avec ce fanzine underground qui redéfinit les codes de la modernité post-avant-gardiste sous une image fainéante.

Parlons de toi (enfin un sujet intéressant!). Tu lis le Petit Pâté Illustré, (dont les initiales coïncident et coïtent avec celles des Partouzeurs Préhistoriques Individualistes) par amour de la belle couleur, de la belle coulée, de la bielle coulée et de l’abeille couillée (arrête d’essayer de le prononcer, tu es ridicule). Toi aussi tu aimes le bon usage de la langue !

Tu en trouveras plein ici.

Le Tar-Péteur Masqué.

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Présentation des artistes

Alice Des – Illustratrice [email protected]

“Etudiante à Paris d’origine Wimilloise, monitrice de voile, mangeuse de pâté, illustratrice, brosseuse d’éléphants et auteure de bandes-dessinées, ex-expatriée à Montréal, sévèrement dépendante aux Maltesers, au caramel et aux gens qui me tombent dessus. Beau programme. Somme toute, je veux être multitâche, remplir tous les vides, savoir tout faire à peu près, apprendre à tout peindre, tout illustrer, tout raconter. Je veux être drôle et philosophe, sérieuse et absurde, avoir l’imagination d’un enfant et l’ambition d’une Sciences-piste.”

Retrouvez son travail sur : http://www.alicedes.com

Clem de Nesle – Illustratrice [email protected]

“Je m’appelle Clémentine et du haut de mes 19 ans je suis quelqu’un de sensible et lucide. Venant d’une famille écolo-responsable et ayant été confrontée à la mal-adie j’ai choisi de développer une certaine forme de conscience envers le monde et les autres, un désir de partage de vision en l’exprimant tout d’abord à travers le dessin et maintenant en m’orientant vers le design. Dans 5 ans, je me vois barou-deuse à l’étranger, cherchant l’inspiration à travers des voyages et des stages sur le terrain. J’aime la photo, l’art, et me cacher dans le 5ème étage du marché Saint Pierre à Montmartre.”

Retouvez son travail sur : http://clemdenesle.tumblr.com

Emmanuelle Ly – Illustratrice [email protected]

“Mon travail est plutôt pluridisciplinaire, mais le dessin constitue généralement le point de départ de l’ensemble de mes projets. Voici plus de 3 ans que je me suis lancé le challenge de réaliser un nouveau dessin tous les jours. Daily Sketch Crossing (D*S*C) est un ensemble morcelable, où chaque billet d’humeur me permet de consigner ce que j’ai vu, lu ou entendu. Mon projet a évolué quand j’ai découvert le bookcrossing, une pratique qui consiste à faire circuler des livres en les libérant dans la nature pour qu’ils puissent être trouvés et lus par de nouvelles personnes qui les relâcheront à leur tour. J’ai alors libéré mes dessins dans des lieux publics pour les laisser vivre leur vie ! Et depuis cette année, une partie de mon rhizome illustré est visible sur mon blog.”

Retrouvez son travail sur : http://dailysketchcrossing.tumblr.com/

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Franck Conroy - Ecrivain [email protected]

“Si l’on devait établir un culte autour de mon ascension à la divinité, voici les rites à suivre : concernant l’idolâtrie, elle est autorisée. Les drapeaux français, argen-tin, étatsunien et dauphinois garderont la porte monumentale de mon temple. Ils seront bénis par le sacrifice cérémoniel de liqueurs, de viandes et de fromages. Les sermons consisteront en l’écoute de l’émission les Chroniques Martiennes. Allez écouter les Chroniques Martiennes. Des cierges pourront être allumés à l’in-tention de ma réussite en Affaires Publiques. Et les dévots seront accueillis par cette inscription sur le fronton de la porte : « Ce dieu est ripailleur et bienveillant. Parlez ami et entrez. »”

Retrouvez ses chroniques martiennes ici : http://www.rsp.fm/emission/chro-niques-martiennes/

Hugo d’Arbois – Ecrivain [email protected]

“Ce sont les grosses bestioles à tentacules qui m’ont donné envie d’écrire: le cal-amar géant qui attaque le Nautilus, les poulpes mutants qui menacent la tribu de l’enfant noir, le poulpe alien qui se la coule douce dans sa piaule de R’lyeh… Mais pour le pâté, rien ne vaut le sanglier, avec les petits bouts d’os qui craquent sous la dent. Quoique poulpe et sanglier en daube, c’est délicieux.”

Retrouvez son travail sur : http://saladedepoulpes.wordpress.com/

Le Tar-Péteur Masqué - Ecrivain

“Bonjour. Je vous laisse méditer (comme disais Schopenhauer) sur mon pseud-onyme ridicule. Je souhaite garder l’anonymat par amour du masque de velours rose-paillettes, car j’aime me prendre pour Zorro avec ma longue épée flexible. Je serais la minute rock de ce journal. Puisque j’écris avec les pieds, j’aurais les mains libres pour autre chose. D’ailleurs, je pense être le paradoxe de ce journal consacré l’exhibition des membres. (Je te con et te fesse que je ne suis pas sûr d’être autre chose qu’une affabulation de quelque esprit malade. En toute hon-nêteté). Bien du déplaisir sur vous, le Tar-Péteur Masqué.”

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Loïc Wable - Ecrivain [email protected]

“Oui, je m’appelle Loïc, non je ne suis pas breton, mais oui j’aime les crêpes. J’an-ticipe toujours ces trois questions, les autres, j’hésite tellement sur la réponse que je me demande toujours après coup quelle aurait été la meilleure réponse possible ; ce sont ces petits regrets qui me mènent la vie dure, car couplés à un perfectionnisme maladif. Par exemple, là, j’ai fait 3 autres textes de présenta-tions possibles, à base d’anagrammes, d’analogie ou d’assonance, et je me de-mande encore pourquoi je n’ai pas pris un de ceux-là, qui faisaient ressortir mon côté poétique de pacotille... Enfin bref. Bonne soirée.”

Lucie Ronfaut – Ecrivain [email protected]

“Je m’appelle Lucie et je préfère les femmes à moustache aux femmes à barbe. Ma vie se résume à mon amour des gens étranges et à mon obsession pour les donuts Krispy Kreme. Quand j’étais petite je voulais être sorcière ou bien chas-seuse de vampires. Maintenant je suis presque grande et j’écris. C’est déjà ça.”

Retrouvez son travail sur : http://lordinateuretletrefle.tumblr.com/

Madouchka - Illustratrice [email protected]

“Etudiante parisienne en marqueterie le jour, la nuit Madouchka tente de dessin-er, d’illustrer, et de raconter tout ce qu’elle peut. Tout ça dans le but de devenir un jour (ou plutôt, une nuit…) illustratrice.”

Retrouvez son travail sur : http://madouchka.illustrateur.org

Olivier Pivot – Ecrivain [email protected]

“Olivier regarda la feuille blanche. Cent mots. Il haïssait cet exercice. Que pou-vait-il dire ? Parler de son enfance méridionale, dans cette ville du Sud qu’il n’avait jamais quitté avant ses 18 ans ? Mauvaise idée. Son parcours à Sciences Po ? Prétentieux. Son année à Beyrouth ? Pas significatif. Ses amis, ses amours ? Trop particulier. Sa passion pour le monde arabe, pour la cartographie, la littérature ? Trop général. Que dire ? Il ne le savait pas et sa feuille restait désespérément blanche.”

Retrouvez son travail sur : http://untheabeyrouth.wordpress.com/

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Ophélie Paris - Illustratrice [email protected]

“Ophélie, étudiante à Sciences-po en master de communication. Difficile de se présenter, pour donne un ordre d’idées disons que : j’aime un peu la noix de coco, beaucoup le cinéma, à la folie le fromage et passionnément ma couette en ces matinées pré-hivernales (l’ordre des amours et désamours varie facilement selon les saisons). Et pas du tout, tiens disons ce voisin qui fait des vocalises juste en ce moment. Sinon j’aime bien dessiner des jeunes filles en fleurs accompagnées de poissons et d’oiseaux bienveillants.”

Retrouvez son travail sur son blog : http://www.ondulatoire.blogspot.com

Pauline Bock - Ecrivain [email protected]

“J’ai vingt ans et j’ai décidé d’être écrivain, comme J.M. Barrie, et journaliste, com-me Camus. Mis bout à bout je trouve que ça sonne bien. Du coup, j’écris un peu de tout. Nouvelles fantastiques, articles immobiliers, monologues absurdes. Et un roman d’aventure avec un peu de philosophie dedans. Le journalisme, je vais l’ap-prendre à la City University, en cette 3e année qui risque fort d’envoyer du pâté (je reste dans le thème). Et comme j’aime bien les chapeaux, les écureuils, Coldplay, Harry Potter et le carrot cake, je pense que Londres, c’était plutôt un bon choix. C’est donc en terrain british que j’écrirai mes contributions ; quelque chose me dit que vous allez souvent entendre parler de la perfide Albion.”

Retrouvez son travail sur : http://theresnoplacelikelondon.wordpress.com

Pauline Souris – Illustratrice/[email protected]

“I am blue-eyed, my passport said. I would rather say I have short-sighted weird greyish eyes. Anyway. Pretty little things, and sprinkles that sparkle on top of de-licious iced-cakes, that make you diabetic just by looking at them, enlighten my greyish eyes. Or to make long story short, I love food, I love cooking it, eating it, and taking pictures of it, before it’s gone. And sometimes, I draw, as well.”

Retrouvez son travail sur : http://msmousehasabook.tumblr.com/

Page 56: Le Petit Pate Illustre - Numero 1 -  Decembre 2012

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Le Petit Pâté iLLustré

vous souhai t e de t rè s j oyeuses f ê t e s ,

e t v ous re trouve t rè s b i en tô t pour l e numéro de Févr ier -Mars !

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