Le Peintre de Heidelberg-libre -By Nassi Malagardis

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-0nz KYKAAAIKON. LE PEINTRE DE HEIDELBERG ET LE MILIEU DES NOVATEURS DLJ CERAMIQUE D' ATHENES AU VIe SIECLE hricolas Zaphropoulos, azcquel ce volume est dedik, fut une personnalzte'sans pardle et ceux p i I'M c6toyipeuvat dffii- lement I' oublim. Le vaste champ de son savoir et, surtout, de ses inte'r2tspour to& ati& intellectwlle, toujoun duns un sm d' ouverture et d' espnt humunistt, faisait qu' il exer~ait sur son interlocu&ur une so& de fascination. On se soumkndra toujours de 1u.i arpentant les salles des m,we'es et &enant -iL sa m n & e bien sin&&e, melange de g r a d timiditeet d' e x t r h assurance -au grand bonhmr de ses acompagmtmrs, &sflots de connaissances amclssies des anneks durant par ses lectures assidus. Car ce voyageur infdigable itad en rm% t m p s u n grand amdeur de voyages immobzles, dam son hreau, h travms ses livres. Lorsqu' il se plomenad &par le monde, I' image qu' il laissad de lui e'tait ceUe d' un randonneur athou- siaste p i , le nez p h g e ' dans son bowpin, &ore des ym, c h i nfaisant, tout ce qui 1' entoure. Cependant, ce p i le d i s t i n p i l en particdim &tail son cara~th-e d' wager de la parole. P a r a d o x a h t , lui, le d h o r m r de limes, affectionnait pl&t le discours oral qu' il whait a I' kd, laissant ainsi peu d' oeuvres i ds. Etait-ce par une sorte & paresse ou par une trop g r a d lucidite et par la distance amuse'e qui caraterise les e sp hms du cmmun, mih par rapport a 1' archl'olo@e h hqwllk il avail pourtant v m ' sa zk ? Or, b haul niveau d' hxdition scientfzque, 1' m.@dite' des zde'es et la justesse du jug& d dfont p-euve ses iccritsfountissent clairement la riponre. I1 avait choisi pour lui le r6le du viewc sage, du maitre dejadk, pour p i la fimndion du jeune archeblop itait primordiale. Toujours pr2t 21 d i s c w , il dispmait son savoir accompagne'd' u n espzt critique imphyable, que son regard uot, per~ant, soubmit sans faille. Personnellaent, c' est cet espnt critiqtu et ce regard p i me m a w et que je regrette le plus. A PROPOS D' UN VASE TROUVE ASELLADA. Parmi les vases B figures noires attiques trouve's dans les fouilles de Sellada -la nCcropole archdique de The'ra- fouilles que Nicolas Zapheiropoulos a dirigdes d e 1961 B 1982- B quelques interruptions prts, j' ai choisi de prCsenter ici les fragments d' un petit vase1 (fig.la-b), en raison de son intCret particulier, concernant aussi bien le travail de son potier que le re'pertoire iconographique de son peintre. I1 s' agit de deux grands fragments de la vasque d' un petit vase ouvert, au rebord droit, dCcorC de trois filets noirs. Ces fragments conservent la qua- si-totalit6 des sctnes figur6es sur les face A et B, oh 1 ' on voit reprtsentdes deux sctnes inspire'es de la vie de la palestre. Sur la face A, deux pugilistes, nus, barbus, portant de le'gtres lanitres de cuir, ''ipav~~~'', aux mains, sont figure's en train d' exercer leur discipline sous le contr8le de quatre observateurs. Le pugiliste de gauche se pre'cipite en une grande enjambe'e vers la'droite et, les bras Ccarte's, les poings fermb, s' apprete B attaquer son adversaire qui, B demi- agenouillC vers la gauche, retourne la t&te en ar- ritre en tendant le bras gauche vers le juge debout derriere lui, B droite, tandis qu' il Ikve sa main droi- Thera (Santorin), musee archeol.de Phira, inv. 1730; Fr., fait de six frgts. jointifs : h. cons. 8,15 - lg. 11,3 cm; Fr. ffait d e 4 frgts. jointifs : h.cons. 10 - lg. 15 cm ; trouves pendant la campagne de fouilles de 1965 dans une fosse B incineration ar- chai'que, sur la pente Nord-Est de Sellada (PAE, 1965, 186). La publication, par l'auteur du present article, de toute la cCra- mique attique provenant de cette nCcropole est en preparation.

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-0nz KYKAAAIKON.

LE PEINTRE DE HEIDELBERG ET LE MILIEU DES NOVATEURS

DLJ CERAMIQUE D' ATHENES AU VIe SIECLE

hricolas Zaphropoulos, azcquel ce volume est dedik, fut une personnalzte'sans pardle et ceux p i I'M c6toyipeuvat d f f i i - lement I' oublim. Le vaste champ de son savoir et, surtout, de ses inte'r2ts pour to& at i& intellectwlle, toujoun duns u n

s m d' ouverture et d' espnt humunistt, faisait qu' il exer~ait sur son interlocu&ur une so& de fascination. On se soumkndra toujours de 1u.i arpentant les salles des m,we'es et &enant -iL sa mn&e bien sin&&e, melange de g r a d timidite et d'

e x t r h assurance -au grand bonhmr de ses acompagmtmrs, &sflots de connaissances amclssies des anneks durant par ses lectures assidus. Car ce voyageur infdigable itad en rm% tmps u n grand amdeur de voyages immobzles, dam son hreau, h travms ses livres. Lorsqu' il se plomenad &par le monde, I' image qu' il laissad de lui e'tait ceUe d' un randonneur athou-

siaste p i , le nez phge ' dans son bowpin, &ore des y m , c h i n faisant, tout ce qui 1' entoure.

Cependant, ce p i le d is t inp i l en particdim &tail son cara~th-e d' wager de la parole. P a r a d o x a h t , lui, le dhormr de limes, affectionnait pl&t le discours oral qu' il w h a i t a I' kd, laissant ainsi peu d' oeuvres i d s . Etait-ce par une sorte

& paresse ou par une trop g r a d lucidite et par la distance amuse'e qui caraterise les e s p hms du cmmun, m i h par rapport a 1' archl'olo@e h hqwllk il avail pourtant v m ' sa zk ? Or, b haul niveau d' hxdition scientfzque, 1' m.@dite' des zde'es et la justesse du jug& d d font p-euve ses iccrits fountissent clairement la riponre. I1 avait choisi pour lui le r6le du

viewc sage, du maitre de jadk, pour p i la fimndion du jeune archeblop itait primordiale. Toujours pr2t 21 d i s c w , il dispmait son savoir accompagne'd' u n espzt critique imphyable, que son regard uot, per~ant, soubmit sans faille.

Personnellaent, c' est cet espnt critiqtu et ce regard p i me m a w et que je regrette le plus.

A P R O P O S D ' U N VASE T R O U V E A S E L L A D A . Parmi les vases B figures noires attiques trouve's dans les fouilles de Sellada -la nCcropole archdique de The'ra- fouilles que Nicolas Zapheiropoulos a dirigdes de 1961 B 1982- B quelques interruptions prts, j' ai choisi de prCsenter ici les fragments d' un petit vase1 (fig. la-b), en raison de son intCret particulier, concernant aussi bien le travail de son potier que le re'pertoire iconographique de son peintre.

I1 s' agit de deux grands fragments de la vasque d' un petit vase ouvert, au rebord droit, dCcorC de

trois filets noirs. Ces fragments conservent la qua- si-totalit6 des sctnes figur6es sur les face A et B, oh 1' on voit reprtsentdes deux sctnes inspire'es de la vie de la palestre.

Sur la face A, deux pugilistes, nus, barbus, portant de le'gtres lanitres de cuir, ' ' i p a v ~ ~ ~ ' ' , aux mains, sont figure's en train d' exercer leur discipline sous le contr8le de quatre observateurs. Le pugiliste de gauche se pre'cipite en une grande enjambe'e vers la'droite et, les bras Ccarte's, les poings fermb, s' apprete B attaquer son adversaire qui, B demi- agenouillC vers la gauche, retourne la t&te en ar- ritre en tendant le bras gauche vers le juge debout derriere lui, B droite, tandis qu' il Ikve sa main droi-

Thera (Santorin), musee archeol.de Phira, inv. 1730; Fr., fait de six frgts. jointifs : h. cons. 8,15 - lg. 11,3 cm; Fr. ffait de 4 frgts. jointifs : h.cons. 10 - lg. 15 cm ; trouves pendant la campagne de fouilles de 1965 dans une fosse B incineration ar- chai'que, sur la pente Nord-Est de Sellada (PAE, 1965, 186). La publication, par l'auteur du present article, de toute la cCra- mique attique provenant de cette nCcropole est en preparation.

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N. hl.bLAT.APAH: LE P E I N T R E D E H E I D E L B E R G

fig. la-b. Selladn, Thei-a, m.us. Arch. Inn. 1730

te, le pouce et 1' index tendus vers le haut, bras plie' des rehauts de couleur rouge et blanche enrichis- au coude. Les quatre personnages, barbus, aux che- sent les images. Rouge pour les cheveux et les veux longs orne's d' un ruban rouge autour de la tC- barbes, pour les rubans, pour les taches plus ou te, entourent de part et d' autre les boxeurs; ils tien- moins larges sur la poitrine, les e'paules, les hanches nent des b%tons - les deux premiers de chaque c6tC- et le pubis des athletes. Larges bandes rouges et et des lances, et sont vetus de longs chitons et d' hi- blanches sur les vetements et "chiens courants" en matia aux bordures orne'es de franges. De ces quatre blanc sur les pa7yph2s des himatia. observateurs, il manque la partie arrikre du second sur la partie inferieure, au-dessous des scenes fi- B droite et la partie supe'rieure du second B gauche, gure'es, sont place'es une bande de points en quin- B partir de la taille. conce entoure'e de groupes de trois filets et une zo-

Sur la face B, deux e'phitbes nus, aux cheveux longs tombant sur le dos attache's par des liens, la tCte ceinte d' un ruban rouge, se tournent le dos en se dirigeant vers 1' exte'rieur; ils Ikent chacun la jambe droite en touchant leur genou. Entre eux, un observateur barbu, semblable B ceux de la face A, marche vers la droite en tenant une lance et re- tourne sa tCte en arriere en regardant vers 1' ath- litte de gauche. Devant lui, 2 droite, une draperie est accroche'e au mur de la palestre. Face B chaque athlete figurent des observateurs barbus tenant des lances. Celui de droite a une barbe naissante. I1 est suivi d' un quatritme observateur semblable aux autres, qui cl6t la scene. On notera que les quatre observateurs represente's sur la face A intervien- nent ici en nombre Cgal mais dans un ordre dif- ferent qui fait que le centre de 1' image se de'pla- ce de 1' observateur du milieu B 1' emplacement de la draperie. Du de'cor sous les anses il ne reste qu' une rosace sous 1' une d' elles.

ne d' arCtes noires sorties de 1' attache du pied.

Le dessin et le style trits caracte'ristiques suggitrent aise'ment le rapprochement avec le travail facile- ment reconnaissable du peintre de ~ e i d e l b e r ~ 2 , auquel on attribue ce vase.

On observe en effet que ces images pre'sentent toutes les caracte'ristiques qui distinguent les oeuvres du peintre de Heidelberg, au de%ut de la derniit- re pe'riode de son activite' artistique, autour de 550 av. J.-C. Si les lignes du dessin ont un trace' fer- me et e'le'gant, assez de'taille', il ne s'agt que d' un heritage de la finesse du dessin des coupes "double- decker" de la pe'riode moyenne pre'ce'dente. Les oreilles sont caracte'ristiques de cette pe'riode, version moins riche du type "inverted ivy-leaf' de ses pe'riodes an- te'rieures. Ici, le peintre a opt6 pour les yeux "old-fashioned" du peintre C, rendus d' un petit cercle entre deux traits horizontaux, au lieu de deux cercles concentriques. Cette "nostalgie" pour certains e'le'ments suranne's du dessin s'observe pendant ses

Des incisions soigne'es trace'es d' une main sOre et trois pe'riodes, et davantage au cours de la dernie-

Sur le peintre de Heidelberg, Beazley,ABV63 sqq.,682,716; Para 26 sqq. ~ d d ~ , 17sq. En dernier lieu: Brijder, Heidelberg P., avec toute la bibliographie prgcgdente.

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re3. Les bai-bes habituelles servent B indiquer la dif- ference d7%ge des personnages: e'phtbes, jeunes hommes B la barbe naissante et hommes mQrs4. On notera les himatia habituels du peintre de Heidelberg, pose's en chsles avec des franges aux bordures -he'ritage qu' il a laisse' B son plus jeune coIltgue, le peintre d'Arnasis. Sur les fragments de Sellada, il n'y a plus beaucoup d' ornements en blanc sur les vCtements; seul le motif des "chiens courants" applique' sur lapaqbhk rouge d' himatia apparait quelquefois, et la couleur blanche est po- se'e sur les vEtements en larges bandes, alterne'es avec des bandes rouges et des bandes noires.

Concernant ces fragments, il est important de ten- ter d' identifier la forme B laquelle ils appartenaient: d' emble'e, on peut affirmer que la hauteur des pa- rois -conserve'e par endroits B partir de quelques millim2tres au-dessus de 1' attache du pied- indique une vasque trts profonde, trop profonde pour une coupe, comme elle a e'te' conside're'e dans le rap- port pre'liminaire.

Or, il existe une forme-soeur des coupes, une cat&- gorie de petits vases B figures noires, ouverts, qui pre'sente les caracteres suivants :

-vasque profonde re'tre'cie fortement vers le bas, aux parois fines, avec, pour la plupart, deux ou trois filets peints autour du rebord non marque'.

-absence de la tige du pied remplacte par une fi- ne moulure annulaire surmontant un pied e'vase'.

-dimensions re'duites.

Cette cate'gorie se manifeste pour la premitre fois d6jB avant le milieu du VIe sitcle et elle est suf- fisamment importante en quantite' et en quake'

pour constituer un type de skyphos attique: celui du skyphos-coupes, dont la variante la plus fre'- quente est constitue'e par les skyphoi B bandes.

On propose donc devoir id deux grands fragments de la vasque d' un skyphos-coupe, identique B ce- lui de Corinthe, attribue' au m&me peintre de Heidelberg.

En effet le petit vase B la vasque conique du muse'e de Corinthe6 (fig. 2), conserve' en entier, decor6 de deux boxeurs et d' un Ianceur de disque entou- re's d' obsenrateurs, attribue' au peintre de Heidelberg, est un exemple auquel font penser la profondeur de la vasque aux parois fines, les filets qui limitent le haut de la scene et 1' inspiration iconographique. Du reste, le systtme de'coratif serait exactement le m@me s'il ne manquait sur le skyphos-coupe de Corinthe la zone incluant des points en quincon- ce entre trois filets noirs place'e au-dessus des arCtes noires surmontant le pied sur le skyphos-coupe de The'ra. Ce qui s' explique par la plus grande hau- teur et, par conse'quent, les dimensions plus im- portantes du vase de Sellada.

A la m&me forme de vase appartenait probable- ment un petit fragment conservant une partie de la vasque avec le rebord, trouvC B Thasos7 et attribue' au meme peintre, sur lequel les m h e s filets sont place's autour du rebord. I1 montre la tCte d' un homme barbu, vers la gauche, coiffe' d' un couvre-chef pointu (pilos). I1 est clair, ainsi qu' on 1' a note' ailleurss, que le peintre de Heidelberg, qui etait peut-Stre aussi son potierg, comme le sont parfois les peintres de coupes de Siana, a entretenu dans sa dernitre pe'-

Brijder, Heidelberg P., yeux "old-fashioned": -premiere periode: Minneapolis, 86.69, Athknes 435 no 33 1, pls 107a-b et 108a- f, -moyenne periode, pas systematiquement, -derniere periode: Tarente IG 4408 et Paris, Cab. des Med. 314 (surtout face B), Boston 1970.68,416, nos 385,408 et 422, pls 129b, 134, 135 et 136a-b, pour ne citer que quelques exemples parmi d' autres.

Brijder, op.cd., 340-341, figs 84-85.

5 ~ u r cette forme de skyphoi attiques B figures noires, le skvphos-coupe, et sur sa genealogie cf. Malagardis, Skyphoi (2 paraitre prochainement), type qui reunit la categorie h part, formee par Beazley, Para 90 -91, 1-1 1, B laquelle se sont ajoutes de nombreux autres exemples depuis, et les "Band-skyphoi", Para 88-90, auxquels sont inseres les skyphoi hermogeniens. Ce sont les coupes-cotylks de H. Bloesch, F o m n attischen Schalen, 1940, 113, pl. 32,l; F.Villard, "Evolution des coupes attiques B figures noires", REA 48, 1946, 159 sqq.; aussi CVA, New York (2) pl. 23, 37a-d.

Corinthe CP 881, Beazley, ABV, 66,59; Para, 27,59 et 90,2. En detail v0irA.B. Brownlee, Hesperia 56, 1987, 81-83, no 14 et Brijder, Heidelberg P., 406-408, pl. 154a-c. Le vase a 4tC vole depuis.

Trouv4 2 l'Art6mision entre 1975 et 1979 (noneg. L 4453,37 A). Bnjder, Heidelbog P., 408, pl. 154e.

Malagardis - Jozzo 1998 (sous presse).

Brijder, HeidelbrgP., 335.

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N. MhlUTAPAH: L E P E I N T R E DE H E I D E L B E R G

riode des relations par- ticulieres avec cette for- me. C' est ce que semble prouver la trouvaille de Sellada, qui s' ajoute B celles des oeuvres du peintre qui ont CtC de'- couvertes dans des tombes, B savoir 20 % de sa production.

autrement plus dra- matique: sous l'oeil at- tentif de deux obser- vateurs de chaque cat6 -nombre de'double' ici, juges ou entraineurs, xpztai ou naz8ot@azl5, fice B l'un des boxeurs qui se rue, 6pvvso16, pour l' attaquer, l' autre

@ant B l' iconographic fig. 2. Corinthe, mus.arch, inv. CP 881. boxeur, presque B ge- du skyphos-coupe hag- noux, leve la main droi- mentaire de Sellada, elle fait partie inte'grante du re- te, im$~uOa dpxqa, en pointant I'index, @ 6 h h , gistre de ce peintrelO, en accord parfait avec l' air de pour interdire la continuation, dnayop~i~zv, et de- ce temps oh 1' on situe la re'forme des Jeux mander la fin du combat, acceptant ainsi sa de'faite. Panathe'naiquesll. D' ailleurs, la 48e Olympiade, en On constatera que toutes les expressions conserve'es 588 av. J. C., B 1' occasion de laquelle Pythagoras par les textes de'crivent prkase'ment ces gestes en dC- de Samos, "I' homme axy cheueux longs qui se prome- tail, dans toutes leurs ~e'~uencesl7. Les boxeurs ici mit huhlle'depourpe"l2, introduisit H technique dans portent aux mains des himantes legen, @c~la;2maL'nc;ooc le puglat n' est pas si eloigne'e. En outre, cet hOApa, ou ;i.d&@, exaaement cornrne les d k i t hil lo st late^^ dont les orignes remontent B un passe' mythique, au pour les anciens pugilistes, B savoir entourant les &eu Apollon vainqueur d' Arks B Olyrnpie13, h He'raclks quatre doigts de courroies de cuir et faisant de'pas- ou B The'se'e, mentionne' pour la premiere fois par ser les doigts autant qu' il fallait pour qu' on en pQt Hom6rel4 en tant que compe'tition pendant les jeux "faire le poing" quand la main se repliait. fune'raires en I' honneur de Patrocle, devait inspirer S, le skyphscoUpe de mela, le Fintre de Heiderne et exciter l' imagination des peintres de cette e'poque a laiSse une repre'sentation unique de ce mo- t r b pre'cise'ment. ment fatidique, representation qui reste parmi les Ainsi sur Pune des faces, les mCmes boxeurs, n w p d p , plus anciennes et les plus anime'es. L'action vigou- que l'on a vus sur le skyphoscoupe de Corinthe s'ap- reuse du vainqueur, les poings encore menasants, prCtant, les pieds bien plant& sur le sol, 2 com- est accentue'e par le contraste du simple geste de son mencer le combat, sont figure's ici B un moment adversaire qui s'e'croule d6jB B moitie'. Cette compo-

Brijder, Heidelberg P., 391-394.

l 1 D.G. Kyle, Athletics in Ancient Athens, Mnemosyne Suppl. 95, 1987, 25, 35.

l 2 DiogPne LaSrce, 8,47. SeIon les Grecs, les premittres rttgles 6taient 6tablies par un certain Onornastos de Smyrne qui rern- porta la victoire au pugilat au cours de la 23e Olympiade, en 688 av. J.C., mais dont rien n' a 6t6 conserve.

l 3 Paus. 5, 7,4. Apollon n h q c h Delphes, cf. I. Weiler, Der Agon im Mythos, 1974, 173-174.

l 4 11. 23, 680 sqq.

l 5 Sur les entraineurs et 1' entrainernent, cf. Kyle, op.cit., 141 sqq., la lutte et la boxe, 183-184, note 36. Sur la boxe, en g t - neral, voir W. Rudolph, h e Schwerathletik, Beitrage zur Geschichte derAlten Welt I , 1964; B. Legakis, "Nicosthenic Athletics", GVGetiMus 1, 1983, 41-50, note 14; T.F. Scanlon, Greek and Roman Athletics, A bibliography, 1984; M.B. Poliakoff, Kampfsport in dm Antike, 1989 et W. Decker, Sport in der Griechischen Antike, 1995.

l 6 Selon 1' expression homgrique, Iliade 23, 689. Le verbe npvupt est employ6 souvent dans 1'Iliade pour d6crire les soldats qui se ruent au combat, cf. sources in R. Cunliffe, A h k o n of Homeric Dullect, 1924, 300.

l 7 I. Bekker, Anecdota Graeca I, Berlin 1814, 357, 30. Cf. Antiphanes, fr. 191 Kock; Aristote, fr. 13 Plezia= 637 Rose, ap. Dion Chrysostome 47, 10 (= I1 83, 11 Aryim.). Pour les textes relatifs au pugilat, voir D.Vanhove (6d.1, hspor t duns la Gr2ce Antique, Cat. Expo, Bruxelles, 1992, 104- 106.

l8 Paus. 8, 40,3.

l 9 'Av&~apo~q 9 &pi r u p v a o r ~ ~ q q , 10, 1. Sur les sources anciennes concernanc les sports cf. S.G. Miller, Arete, Greek Sports from Ancient Sources, 199 1.

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sition dynamique, qui Ctait peut-6tre celle de I'ima- ge figure'e sur les fragments d' un crattre B colon- nettes de 1' Acropole au muse'e National d' Athknes, attribue' au peintre de I' Acropole 60620 et dont il ne reste qu' une petite partie -seule repre'sentation plus ancienne que l' on connaisse B ce jour de ce sujet-, est rare. Le plus souvent les peintres ont pre'fe're' les compositions syme'triques et plut6t statiques. Connaissant son goOt pour les sujets nouveaux, on peut Idgitimement penser que le peintre de Heidelberg est parmi les premiers B avoir introduit dans le re'- pertoire de la peinture de vases ce thtme illustrant cet instant rarement figure' sur les vases, aussi bien de la figure noire que de la figure rouge archdique21.

On soulignera quelques subtdite's du peintre: les deux juges entourant les boxeurs, dans leur passivite' ap- parente de "stockjigures", n' en surveillent pas moins Ptroitement les boxeurs B ce' moment pre'ce'dant la fin du combat et penchent leurs b%tons de fason B former une ogve virtuelle au-dessus des t@tes des athlttes. Dans sa vivacite', cette image n' a rien B en- vier B celle des lutteurs B la posture si audacieuse sur la coupe de Florence2*. On voit des boxeurs et des lutteurs associe's dans la m@me image et e'troitement surveille's sur la coupe du Louvre23 du m6me peintre de Heidelberg, dont les positions sont le reflet de celles des lutteurs et des boxeurs sur une coupe de Siana trouve'e Cgalement B Sellada, attribue'e par Zapheiropoulos au peintre C24. L' introduction dans

ce sche'ma par le peintre de Heidelberg des juges et obsenrateurs aux gestes vifs rompt la solennite' du peintre C et rend B 1' image sa force expressive.

De m@me, sur la face B, est repre'sente'e une autre composition picturale du peintre de Heidelberg que I' on peut conside'rer B coup stir comme l'une de ses crkations: des athlttes qui passent de l'huile sur leurs jambes25. On lui doit quatre representations de ce thtme, e'tale'es tout au long de son parcours, de'jB t6t dans sa carritre, sur ses coupes d'hsterdam 10.000 et de Minne'apolis 86.69, date'es de la premihe pC- riode. Le m6me sujet apparait sur une coupe "ovu- lap" de la pe'riode moyenne, jadis B B2le et actuel- lement B Bruxelles, et sur une "double-decker" de la dernitre pe'riode B Tiibingen (collection prive'e), re'plique de la pre'ce'dente26.

L' agencement pictural, en outre, fortement centre' sur I'une des faces, moins sur l'autre, est caracte'ris- tique de ce peintre. La manitre avec laquelle il a com- pose' ces deux images avec des sujets diffe'rents est bien celle de la derniere pe'riode: -deux figures se battant flanqutes d' observateurs, -deux figures sy- me'triques, dos B dos, entourant un observateur et flanqukes d' autres observateurs. Pour ces der- niers, sur les deux faces, on ne peut pas dire que "the- re is really no excuse for them"27, quoiqu' ils appar- tiennent aux types habituels des "stock-figures" du peintre de Heidelberg28.

Sur le skyphos de The'ra, la sckne figurant les ath-

20 Beazley, ABV 81,2; Graef-Langlotz, Akropolisvasen, 1925, 76, no 633a-b, pl. 38; 21 G. Neumann, Gesten und Gebiirdm in. dmgnechischen K m t , 1965,40, note 130. La representation du moment de la defaite: -am- phore panathenayque Boston 01. 8127, peintre du Mastos, ABV 260,28; -arnphore col San Simeon, Hearst 5499 (SSW 9869); - amphore Brit. Mus. B 271, groupe de Le'agros, ABV 375,212; - amphore B col M'iirzburg L 221, ABV 401, 1; - stamnos Vatican 414, peintre de Michigan ABV, 343, 3; -coupe Agora P 241 10, Epikte'tos, ARP 76, 82; -coupe Tarquinia RC 2066, Pamphaios A R P 126,23; -coupe (tondo) Bologne, Mus. Civ. 28067 (C 174) ,~~V.?106,2; -coupe frgt Berlin F 2284, ~ r y ~ o s , A R ~ 429,22; -coupe Brit. Mus. E 39, Douris ARP 430, 29 et -amphore B fig, rouges Mus. Nat. d' Athknes 1689, peintre de ~ ~ t h o k l P s , ~ ~ V ~ 36, 1, Cat. Expo Mind and Body, AthPnes 1989,285, no 173. 22 Mus. Arch. in". 3893; Beazley, ABV 64,26; Brijder, H d l b e r g P., 445, no.346, pls 11 lc-e, 112 a.

23 CA 1684; Brijder, op. cit. 456, no 406, pl. 132e-g. 24 The'ra, Phira, musee archeol., inv. AK 1725, H.13,5 - D. 25,5 cm.; Praklika 1961,206, pl. 166 b; ADelt 17, 1961/1962, 270, pl. 328 b; Beazley, Para, 24,4; Brijder, 1983, 244-245, no 106, fig. 34.

25 Brijder, Heidelberg P., 391. Sur 1' interpretation, cf. idem, 1983, 118, note 75 et idem "Changing the Subject", 248, note 3, in Proceedings Amsterdam, 1984. 26 Brijder, Heidelberg P., 442, nos 330, pl. 105 et 331, pl. 107a, et 447, no 356, pl. 116a et 459, no 425, pl. 137d-f; J. Burow, JdI, 1992,3,406-408, fig. 7c-d. La coupe de Bile se trouve maintenant B Bruxelles, cf. P. Heesen, The J.L.Theodor Collection of Attu Black-Figure Vases, All& Pierson S h e s 10, Amsterdam 1996, 118-120, figs 71-73, pl. 26a-b. Je remercie H.A.G. Brijder pour cette precision.

27 Beazley, Dm. 47.

28 Beazley, Dm. 50; Carpenter, Dimzysian Imgee,p, 1986, 37; Brijder, Hadelberg P., 337-340, note 13, fig. 84.

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N. b[.J..L%TAPAH. LE P E I N T R E DE HEIDELBERG

lhtes en train de s' oindre ra ce vase, ainsi que ceux les jambes prtsente le me- de Corinthe et de Thasos me schema pictural que sur mendonne's ci-dessus, et par

la coupe de Bruxelles et sur conse'quent la creation de celle d' une collection pri- cette forme, des annks 555- ve'e en Allemagne (ex- 540. Freiburg) (fig. 3), avec deux Cependant, pour justifier differences: -il n' y a plus I' identification de la forme I'effet de miroir concernant

.. du vase B laquelle appar-

les deux athlttes qui soult- -*T:~.:.. ..- ;::::(> .* 1 .: tenaient nos fragments, . r

vent, tous les deux, leur jam- _ - . / . ~. pour comprendre les mo- be droite et - il n' y a qu' un

fig. 3. Freiburg irn Br., collection privtfe. tivations de son potier et observateur au lieu de deux de son peintre et voir son B gauche. Cette absence m e attitude face B I'efferves- -

difie ici l'e'quilibre de la composition: I'observateur cence qui regnait justement B cette e'poque au Ctra- du miheu qui regarde en arriere n'est plus le centre mique, il s' avtre necessaire que ce vase fragmen- de I'irnage; ce qui rappelle les compositions de la pre- taire de Sellada, important B plus d' un titre pour mitre pe'riode du peintre -celle de la coupe de notre recherche, soit situe' dans le contexte de son Minne'ap~lis*~ par exemple. En outre, on souli- temps, Ctant donne' les liens incontestables du gnera une plus grande ressemblance des deux ath- lhtes avec ceux de la coupe de Bruxelles30. La rosa- ce conserv6e sous I'une des anses, e'le'ment de'coratif inconnu pour cet endroit-Q dans le repertoire du peintre de Heidelberg, est une originahtt de plus de ce skyphos. Cependant, une rosace semblable se trou- ve B Ia m&me place sur une coupe de Tarente, du peintre de Malibu31, souvenir pas si lointain du d6- cor floral des coupes des comastes, dont le pied est probablement I'ancstre de celui de cette forme.

Ainsi, I' originalit6 de I' iconographie de ce nouveau vase de The'ra rivalise bien avec celle de sa forme, la- quelle pourrait Stre conside'rke comme 1' une des cre'ations du peintre de Heidelberg en raison de sa fre'quence dans son oeuvre et de son anciennete' par rapport aux autres exemples de la m@me serie.

A la lurniere de tous les e'le'ments expose's, on date-

peintre de Heidelberg avec d' autres peintres et potiers partageant avec lui ce goGt de la cre'a- tion et cette curiosite pour les formes, dont les exemples les plus pertinents sont certainement Arnasis32 et N iko~th4nhs~~.

Tout en tiichant de rester dans le cadre des vases B boire, on pense que ce contexte se dessine peu B peu au fil des recherches concernant les peintres et les potiers de cette e'poque.

Dans une pe'riode d' expe'rimentations incessantes chez les potiers34, il est normal que le peintre de Heidelberg mette en oeuvre la richesse de ses propres experiences pour cre'er un vase B boire. Ainsi, s' il a pu s' inspirer des coupes des comastes via les coupes de Siana pour le pied de la nouvelle forme35, les plus anciennes des coupes 2 anses B bouton, en particulier celles apodes, lui ont

29 Institute of Arts, the Ethel Morrison Van Derlip Fund, 86.69; Brijder, Heidelberg P., pl. 107 a.

30 Brijder, op.cit., pl. 116a, et P.Heesen, op.cit. fig. 72.

31 Inv. 110338; Brijder 1983, no 233, pl. 42b.

32 Sur le sujet: Beazley, JHS 51, 1931, 275, "closely akin", et Dev. 57; cf. aussi Brownlee, Hesperia 1987 (supra note 7). Voir sur- tout Brijder, Heihlberg P., 407-408,418-420; aussi D.v. Bothrner, Amxis WorId, 39-41,48, et Boardman, in A m i s Papers, 146.

33 Sur les experiences de Nikosthents, cf. Malagardis 1997,35-53.

34 Une evolution parallele, d' une origine peut-@tre commune, est celle des coupes proto-A et des precurseurs de la coupe d' Exekias de Munich 2044, series reduites qui annoncent d' autres categories tres importantes, cornme par exernple les plus an- ciennes coupes B yeux, d Bloesch, F o m , 3; ViUard, REA 1946, 173-174.

35 A cornparer le pied de la coupe d' une coU. prive'e suisse inv. Bo 83, K. Schauenburg, A4 1981,2,333-343, fig. 1-3 et celui de la coupe Agora P 3010; ibidem fig. 7 ; sur les formes experirnentales, cf, v. Bothmer, AJA 66, 1962,255sqq.; Cafipolitis-Fe~mans, RA 1972,73 sqq; Schauenburg,AA 1974,211, sqq.; Brijder, BABesch 50, 1975, 157 sqq.

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donne', peut-etre, 1' idCe de la vasque profonde B courbure continue, dCcor6e avec des filets autour du bord36. Les zones de godrons ou de fleurs et boutons de lotus au bas de la vasque ainsi que les di- mensions re'duites suggkrent de telles fihations. Dans cette serie B part, la coupe apode -distincte de la for- me-soeur munie d' un pied plus ou moins haut, au debt surtout de leur histoire37, - a connu une cer- taine faveur vers 570-550 et elle est, peut-&re, plus impliquee dans le processus de la cre'ation de la nou- veLle forme au rebord droit.

Ainsi qu' on 1' a de'jB soulignC38, le fait que des ar- tistes importants, tels le peintre d' Athknes 533 , E r g o t i m ~ s ~ ~ ou le peintre C40 aient fafonne' des coupes B anses B bouton et essay6 des nou\lelles formes ne devait pas, certes, laisser le peintre de Heidelberg, ainsi que Lydos ou Amasis, indfle'rents; il te'moigne, en revanche, de l'arnbiance qui rPgnait au Ce'rarnique dans ces anntes-18, tout en e'clairant en mCme temps leurs motivations. Et si le style de la coupe du mu- se'e National d'Athknes 14307, du peintre d'Athknes 533, est influence' par le peintre de Heidelberg, et si le style des deux coupes de cette strie de la collec- tion Castellani B la Villa Giulia, M 614 et, surtout, I'apode M 6 1541 date', de 545 environ, est trks proche du style du peintre d 'hasis, cela ne doit certaine- ment pas Ctre dQ au hasard.

Dans tous les cas de figure, les ce'ramistes athe'niens conservaient sans doute dans leur inconscient col- lectif le souvenir de telles formes -comme celui re- lativement recent des superbes skyphoi protoat-

tiques- et, ayant encore B cette e'poque sous les yeux les trks fins skyphoi de type corinthien, ils n'avaient pas besoin de chercher trks loin pour trouver les modttles des bords droits de leurs vases B boire. Les coupes apodes sont certainement, elles aussi, les consCquences des mCmes tendances que 1' on ob- serve dans le travail des ce'ramistes et le re'sultat des mCmes recherches auxquelles ils se sont livre's. I1 s' agit des phe'nomknes resultant du combat qui depuis la nuit des temps a oppose' dans la cCra- mique grecque la ligne droite B la courbe.

A ce sujet, il convient de rappeler qu' on rencontre des "sonderformen" bien plus t6t. Dans le maelstrom qui souffle pendant les dtcennies oh la figure noi- re, conque'rante et fikre de son savoir-faire, a pris le pouvoir au CCrarnique, on observe une forte ten- dance vers les expe'rimentations diverses.

Un produit pertinent de ce climat doit Ctre une coupe, ttonnante B tout point de vue, du muse'e National d' Athknes inv. 1 79844* (fig. 4). Malheureuse- ment, le pied n'est pas conserve, mais la forme de la vasque aurait pu pre'figurer celle des coupes de Siana "double-decker". En effet, le rebord Cvase' - trks haut par rapport B la hauteur de la vasque qui s'elargit vers le haut- et I'e'pais filet noir qui marque la jonction de la vasque avec le rebord rappellent etrangement la forme des coupes de Siana. Ce pro- fil se de'marque fortement de celui des coupes des comastes qui sont jusqu' B present les plus anciennes coupes attiques. L' agencement de son decor B 1' exte'rieur -deux si;knes43 antithe'tiques de part et

36 Sur les coupes B anses B bouton, voir W. Kraiker, AM 59, 1934, 5 sqq., et D. Callipolitis- Feytmans, BCH 103, 1979, 105- 215. Aussi N.H. Ramage, AJA 87, 1983,453-460, et en dernier lieu J. Snyder-Schaeffer et al., The Coridhian, Attic and Laconiizn Pottery from Surdis, Harvard Univ. Press 1997, 83-84, Att 54 pls 31-34.

37 Fait d4jB relev6 par Beazley, JHS 51, 1931, 299.

38 Malagardis - Jozzo 1998.

39 Berlin I.V. 3151, d' Egine, signCe du potier Ergotimos, vers 560; Beazley, ABV 79; Para 30. Voir surtout Callipolitis- Feytmans, BCH 1979,209, fig. 1, ou elle demontre d' une rnaniere assez convaincante comment cette forme introduite B Athenes par le peintre d' Athenes 533, venant de la Grece de 1' Est, a pu fournir le modkle B Ergotimos pour sa coupe si- gne'e de Berlin 3151, qui en afinant cette forme et pour s'acquitter de sa dette a confie B ce peintre modeste la d6coration, sous sun~eillance, de la coupe Athenes 14307 (ABV, 68, I) dont il serait lui-m&me le potier.

40 -MTiirzburg L 451, FWii 112, pl. 22; -Rhodes et -Acr. 2144 , Beazley, ABV 57, 114, 113 et 115 attribue au peintre C ; Boardman, ABFV, 32 sq., fig. 37.

41 Rome, Villa Giulia, inv. 50464 (M 615); P. Mingazzini, Vasi Castelloni, 336, pl. 92,6 et pl. 96,3 et 5. Cette coupe, ainsi que celle du CCrarnique HTR 22, de Lydos, representent des survivances de la coupe apode B boutons, les filets rouges B I'int6- rieur &ant un souvenir de leurs origines gre'co-orientales.

42 CVA, Athhes (2) I11 Hg, pl. 15.

43 Sur les sirknes, cf. H. Gropengiesser, AA 1977,590 sqq. et en dernier lieu, E. Hofstetter, S i r m im Archakchen und Klasischm Griechenland, Beitrage zur Archaologie 19, 1990, spe'cialement 70, 83, 89-90, 103 sqq .

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N. b1A;WTAPAH: L E P E I N T R E D E H E I D E L B E R G

d'autre d' une rosace, de profil, au visage cou- leur pourpre44et au menton pointu, 1' oeil rond, la chevelure noi- re qui tombe en masse rectangulaire sombre derrike 1' oreille, dans la zone des anses et la file de neuf oies pico- rant sur le rebord, le fig. 4. Athines, mus.

champ parseme' de quelques rosaces- est un cas unique pour une cou- pe. MCme le me'daillon figurant une sirkne vers la droite, semblable aux autres, deux rosaces dans le champ, 1' ensemble entoure' d' un cerde pourpre, est habitue1 pour les le'kanks45. La manikre de rendre les ailes de la sirtne ramene'es vers l'arrikre et gon- fle'es au lieu du schema habitue1 en faucille est ex- trCmement rare et purement attique46. Le style, en de'pit du dessin rapide mais non point neglige', est ancien et rappelle celui des peintres athe'niens de 1' e'poque de Sophilos et de ses maitres, les peintres de Nessos et de la Gorgone. Ce sont eux qu' e'voque la frise si caracthistique des oies picorant figure'e sur le rebord. La position caracteristique des oiseaux aquatiques picorant en file, la tCte sous la queue du prC~e'dent*~, est en effet un indice B ne pas ne'gliger. On rencontre pour la premikre fois le motif dans 1'

oeuvre du peintre de Nessos48; il devient plus fre'quent chez le peintre de la Gorg- one49, chez qui " der

Gamefries nimmt bereits den Seil ah Sophilos vor- weg", et c' est pr6cise'- ment Sophilos qui 1' emploie plus ample-

Nut. I ILU. 17984. ment, indiffe'remrnent de la fonne du vases0.

Neanmoins, le motif existe aussi sur des amphores et loutrophores du peintre KX, et il survit un peu plus tard sur le rebord d' un plat du Ce'ramique51 date de 575-565 environ. Notons en particulier la fre'quence du motif sur les loutrophores 21 figures noires du sanctuaire de la Nymphe oh il apparait chez le peintre de la Gorgone et perdure jusqu' B 1'Cpoque de Lydos52. Quant aux sirknes, en de'pit du fait que Semni Karouzou ait persist6 B ne pas vou- loir voir de barbe sur leur menton de'forme', elles semblent pourtant Ctre barbues53; le peintre a sim- plement omis 1' incision du contour de la barbe, com- me il I'a fait pour d' autres details incise's. Quoi qu' il en soit, ce type de de'cor est un transhge du de'cor des le'kanks et Ie'kanides, oh rPgnent "die Musen des

Jew&" et les files d' oies, et cette coupe est sans dou- te la plus ancienne coupe attique, I'unique coupe

44 Des traces persistent sur les visages, les poitrines et la partie superieure des ailes des sirknes, Hofstetter, ap.cit., 89-90.

45 Hofstetter, qp.cit., 109, note 476.

46 Cf. les ailes d u sphinx sur l'amphore d u peintre de Nessos Agora P 1247, Agora XXIII , no 117, pl. 13 ou celles des si- rknes du mCme peintre sur les fragments -Hamburg 1917. 229 Beazley, Dev2, 95, note 13 et -J.P. Getty Mus. 81.AE.114.30 - 83.AE.428, Getty MusJ 12, 1984, 240, note 46.

47 Sur ce motif, voir A. Lioutas, Attische Schwanfigurige Lekanai und Lekanides, Beitrage zur Archiiologie 18, 1987, 140-142.

48 Sur le col de 1' amphore de Londres A 1531, Beazley, ABV 3 , 2 ; Para 2 ,2 .

49 -0lpe Agora P 997, Beazley, ABV 9, 15; Para 7 ; Add2 3; - couvercle Athknes AP 1734, ABV 8 , 6 ; I . Scheibler, "Olpen und Amphoren des Gorgomalers", JdI 76, 1961, figs 6 et 19. Cf. aussi couvercle, musCe du Ce'ramique, Beazley, ABV 12,29, "man- ner on the Gorgon Painter".

50 Scheibler, 1oc.cit. ci-dessus. -arnphores 51 col d ' Athknes 1036 et de Florence, Beazley, ABV 38, 2 et 3; - lebes de Smyrne, ABV 40, 20;- le'kanis Athknes 998, ABV41, 28; - fragments d' Egine, ABV41, 31 et 35; -amphore P col devarsovie 138537, Para 18,lbis; G.Bakir, Sophilos, 1981, pls 40, 62 et 71-73. Aussi support fragmentaire de Naukratis au Brit.Mus.: D.Wiarns, GVGetlMw. 1, 1983,16, fig. 11. La mCme frise figure sur deux supports "sophilCensn du premier quart du VIe s. -Agora P 130 12, Agora XXIZI, no 550, pl. 52 et -Louvre CA 3000, inedit.

R. Lullies, JdI 61-62, 1946-47, 57, no 4 , pl. 2.

52 Cf. Ch. Papadopoulou-Kanellopoulou, Z~pd sqc iVipmc, iz.IeAavdpopycc Aovtpoydpoz, Athknes, 1997.

53 Pour les sirknes miles, cf. Agora P 25392, P 4677 et P 17858, Agora XXIII, nos 133, 1303 et 1337; aussi frgt. de lCkanis du groupe de "Dresden ldkanis" (Beazley ABV, 680, Ibis; Para, 14, Ibis); le type est rare dans la figure noire attique rnais plus frequent chez les peintres bCotiens imitant le peintre KX (ABV, 29-30). Aussi Hofstetter, @it., 70 sq., 115.

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du style de "Vourva" que 1' on connaisse pour 1' instant. Sa date ne peut aller au delB de la fin de la seconde de'cennie du VIe sikcle.

En revenant aux coupes-skyphoi, on rappellera, au risque de nous re'pe'ter, que de I'observation de la se'rie de vases appartenant au troisihme type du skyphos attique se de'gagent les constatations sui- vantes:

-1es exemples les plus anciens portent des filets au- tour du rebord54 et sont de loin les plus nom- breux55, ce qui s' explique par 1' influence du peintre de Heidelberg, qui fut le npa~o~ d p a $ ~ . de cette for- me et son premier reprCsentant;

-ils sont souvent de'core's de zones d' arCtes56 ou de godrons au bas de la vasque, entoure'es de groupes de filets, seules ou combine'es, ce qui rappelle le decor B la m&me place des coupes des comastes et de Siana;

-ils constituent une production lirnitke dans le temps, comme il se doit pour une forme expCrimentale. A la liste de Bea~ley5~, d' autres exemplaires ont Cte' ajoutCs depuis58.

Or ces exemplaires ne sont pas seulement en gran- de partie B peu pres contemporains, mais de plus leur style montre une trts forte ressemblance avec le style des peintres de coupes de Siana.

L' exemple surtout du skyphos-coupe de Rhodes59 (Fig. 5), appartenant B cette sCrie, pourrait &tre B

lui seul la demonstration et la confirmation B la fois de cette opinion. En effet, il prCsente B lui seul, dans plusieurs zones ornementales superposCes, tout un 4chantillon de mods que I' on retrouve sur les coupes de Siana des peintres de Cassandre, de Malibu ou de la double Palmette : godrons rouges et noirs, fleurs et boutons de lotus, chaine de pal- mettes et feuilles de laurier, entourCs de groupes de filets. De surcroit, la chaine de palmettes et fleurs de lotus garde encore le souvenir de celles de coupes de forme spe'ciale de Samos K 1196 et K 1280 du peintre KX60. Dans la zone des anses, Dionysos et Ariane sont entoure's de quatre hommes sur I' une des faces, de trois sur 1' autre, nus, ahble's de per- ruques, de fausses barbes et de queues de sa- tyres, dans des postures t r b mouvemente'es et nul- lement contr6lCes par les deux observateurs embarrass& qui encadrent les scenes. La repre'- sentation, interpre'tee comme une performance the'strale prC-dramatique, a Cte' raproche'e trtts jus- tement de celle de la coupe de Siana d' Amsterdam 335661, du peintre de Heidelberg, datCe de 560-

550. Le style des personnages de'guise's, qui y sont figure's de maniere volontairement caricaturale est trtts proche de celui d' un peintre de coupes de Siana, dans les anne'es 550-540.

On constatera les mCmes influences quant au style des skyphoi-coupes de Copenhague, de Berlin, d' Eleusis, de 1' Agora et de Rhitsona62. Un skyphos-

54 Deux exemples -Th+bes, Rhitsona 49.265, Ure, Sixth and F$h c a t u ~ y Poetly, 1927,72, pl. 17, et -Agora P 1000, Agora X X I I , no 1476,278, pl. 100, dat6s de 550 environ, ont un pied diffbrent et reprksentent une @tape expgrimentale dans I'6volution de la forme; cf. aussi le pied du skyphos-coupe de Boulogne 77, Beazley, Para, 90.

55 Parmi une trentaine d' exemples connus, seuls trois -Louvre A 479, -Naples St 145 et -Boulogne 77, ont le rebord couvert d' une bande d e vernis noir (ABV 156, 80; Para 65 et go), auxquels on ajoute u n autre dans le commerce en Allemagne (voir infra).

56 Exemples : Corinthe CP 881 et ThCra (Sellada) du peintre de Heidelberg, Agora P 1000, Rhitsona 49.265, Villa Giulia (M. Moretti Nuoz~e Scoperte, 1975,46, no 5, pl. 11, de Vulci), skyphos de Princeton, Univ.Mus. 29 180, sign6 du potier Clitom6n+s, Beazley, ABV 167; Boardman ABFV, fig.133.

57 Beazley, Para, 90, 1-1 1.

js Malagardis, Skj9hoi.

jg De Ialyssos, Rhodes, mus.arch. inv. 11 131; C1.Rh. 8, 120 sqq., figs 108-11 1; Beazley, Para, 90, 1; Brijder dans Enthowiasmos, Festschr. Haelri jk, 76-77, figs 8a-d . 60 En dernier lieu, Brijder 1997, 1-15.

61 Brijder, Heidelberg P., no 348, pl. 112f-g.

62 -Copenhague, Ny Carlsberg inv. 2678: F. Johansen, Greece in the Arcaic Period, 1994, no cat. 142; Beazley, Para 91, 10. - Berlin, inv. F 1804: A n t h n z w m m Berlin, Cal, 1988, 77, no 7; Pa.ra 91, 5. -Eleusis, frgts. invs. 2572, 1413 et 1278-1278a, in6dits. - Agora P 1000: Agora XXII I , no 1476, pl. 100. -Th+bes, Rhitsona 49.265: Ure, Sixth andjij?h Cmfuql Pottay, 1927, 72, pl. 17. Les deux derniers exemplaires sont trPs proches tant par la forme que par le decor. Signalons un autre B Syracuse, Mus. Paolo Orsi, inv. 12066, inedit.

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N. h . f U T A P A H : L E P E I N T R E D E H E I D E L B E R G

coupe miniature63 -trou- ve' B Athtnes dans les mCmes apothbtes que le fragment de la 3e Epho- rie d' Athtnes attribue' B Amasis peintre et potier cite' sup-a- appartient B la tradition stylistique et iconographique de cette Cpoque. Le centaure cou- rant vers la droite, tenant

nouveaute' lui-meme, ainsi qu' on a tente' de le mon- trer a i l l e ~ r s ~ ~ . S' inspirant, peut-&me, du rebord noir des coupes de Gordion de Clitias et E r g ~ t i m o s ~ ~ ou de celui de certaines cou- pes de Siana de Lydos et du peintre d e Boston c . A . ~ ~ , Arnasis a opte', in fine, pour ce type de re-

une branche et une pier- bord, en donnant une re, figure' sur les deux fig. 5. Rhodes, mw.arch. inv. 11131. autre direction B 1' Cvolu- faces, la fleur de lotus et le tion de cette forme, cre'ant bouton de lotus sous les anses, en te'moignent. ainsi - B 1' instar d' Hermogents- le skyphos B

Soulignons ne'anmoins que si la forme du skyphos- bandes.

coupe de Corinthe, seul connu du peintre de Heidelberg Les liens avec les coupes de Gordion sont du reste vi- jusqu' B ce jour, a e'te' toujours compare'e avec celle sibles sur le systtme de'coratif d' un skyphos B bande du skyphos-coupe d' Amasis d u ~ o u v r e A 479, cela dans le commerce en Allemagne68, date' de 550-540 est peut-Ctre dti B la notorie'te' de ce dernier et B l'ab- environ. De'core', dans la zone des anses de'lirnite'e en sence d' une typologie re'unissant cette cate'gorie de haut par un filet noi~-69, de palmettes toufFues de ty- vases. Le vase du Louvre &ant plus recent ne peut pe ancien (aux feuilles serre'es se'pare'es par des inci- @tre h I'ori,~e des recherches du peintre de Heidelberg, sions, au coeur rouge) et d' une ins~r ip t ion~~, ayant mCme s' il s' inscrit dans la mCme mouvance et mi?- un rebord noir concave et une bande re'serve'e au me si le peintre de Heidelberg a fini par peindre une . bas de la vasque, ce vase repre'sente une Ctape plus coupe B bande signe'e du potier NCandros64. Sans avance'e et plus "attique" des skyphoi B bandes. aucun doute Arnasis faisait partie du mCme cercle d' Dans cette Cvolution, avant ce dernier vase, se pla- artistes et menait des recherches paralltles sur les cent par ordre ascendant deux exemples remar- formes de vases. quables: le skyphos-coupe de Naples St. 145 et celui

Mais le fait qu' il ait choisi une autre solution pour de C1itomenes de Princet0n7L.

le rebord de cette mCme forme, tout en connais- Le skyphos de Naples72 (fig. 6) a exactement la sant force'ment le choix de son colltgue plus Age' et mCme forme et le mCme rebord noir que celui de aprts l'avoir essay6 lui-mCme sur son skyphos- Freiburg en Allemagne cite' ci-dessus. Or, son sys- coupe de la 3e Ephorie d' Athtnes, montre une ttme de'coratiftrts original et son style trahlssent une volontC de se de'marquer du de'jh fait et de cre'er la anciennete' indiscutable. En effet, sur la vasque en-

63 Inv. A 911300 b; intact; H 5,5cm - D 8,8; engobe tombP, inscription dCpourvue de sens sur la vasque; ADek 33, 1978, I1 1,21, pl. 12; Malagardis - Jozzo 1998.

64 Fragments H. Cahn 844.1423, Friihe Zckhner, Cat. Expo., Freiburg irn Breisgau 1992, no 69.

65 Sur les recherches d' Amasis concernant cette forme et sur la sCrie des plus andens skyphoi-coupes dans son sillage, cf Malagardis - Jozzo 1998. 66 Berlin, Antikenmuseum V.I. 4604: Beazley, ABV 78, 13; sur les coupes de Gordion: C.M. Robertson, JHS 71, 195 1, 143 sqq. avec bibl. andrieure. Aussi Vierneisel-Kaeser, Kzmt dm Schale, 1990, 53.

67 Brijder 1993, 140, surtout note 38.

68 Galerie Giinter Puhze, Freiburg im Br., K d o g 12, no 180. 69 Cf. Londres, Br.M. B 601, 7 et 10; Robertson, loc.cit., 149, fig. 2.

70 Cf. une des derniPres coupes de Siana du peintre de Taras, Amsterdam B 13.214, CVA Amsterdam (2) pl. 74,75, 1-2, fig. 7.

71 H.R.W. Smith, AJA 1926,432-441.

72 Beazley, Para 90; CVA Napoli ( I ) pl. 42, 5; hlalagardis, Skyphoi.

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Ainsi, si une implication de Lydos dans les recherches concernant cette forme n'est pas surprenante en soi, en raison de la diversite' de ses goGts quant aux formes, elle enrichit cependant conside'rablement notre savoir autour de son atelier et de lui-mCme en tant que potier, tout en nous kclairant sur 1' atmo- sphere du Ce'ramique de ce temps. Ne peut-on pas entrevoir le croisement des chemins B travers celui

--

fig. 6. Naples, mus. Arch. Inv. St. 145.

tierement re'serve'e un satyre ithyphallique courant vers la droite en tournant la tCte vers 1' arriere oc- cupe toute la surface, unique de'cor entre deux ins- criptions. Les de'ta~ls du dessin, 1' oeil arrondi fait de deux cercles concentriques pourvus d' un trait court aux angles, 1' oreille chevaline, le profil du visage, la barbe au contour fait de petits traits paralleles et la chevelure couleur violet xlf, pourraient Ctre carac- te'ristiques du peintre Lydos73. L' attitude ge'ne'rale du corps du satyre, le trait du pinceau dans les bras e'tendus et les mains aux tres longs doigts, la queue et les jambes en course agenouille'e rappellent des personnages de ce peintre. On atera, B titre d'exemple, les satyres sur I'amphore de B5le BS 424, sur celle du Louvre Cp 10634 ou sur la coupe d' ~e'rakle ion~~. En particulier, les quatre mtches de cheveux qui vo- lent dans le vent derritre le dos accentuant la sen- sation du mouvement du satyre, chere B Lydos, sont ici plus souples et plus longues que sur l'amphore de Bae, considtrCe comme une oeuvre plus re'cen- te du peintre. Ce qui suggkre pour ce vase de Naples une date dans la de'cennie 550-54075.

des influences?

La constatation que Lydos, qui a commence' B tra- vailler en mCme temps que le peintre de Heidel- berg, se soit essay6 lui aussi dans les coupes de Siana et soit 1' auteur de la coupe du Ce'ramique HTR 2276, dont la forme expe'rirnentale -ni Siana ni "mer- rythoughtW- laissait ~ e a z l e ~ ~ ~ perplexe en raison de la largeur et de la profondeur de sa vasque ainsi que de ses anses rondes, montre qu' il avait le m&me gofit pour les exphiences nouvelles et kclaire 1' arnbian- ce des ateliers du Ce'ramique. En outre, les liens de Lydos avec Clitias78, pour son apprentissage, et les motifs inspire's de lui qu' il a partage's avec le peintre de ~ e i d e l b e r ~ ~ 9 , ainsi que 1' adoption par Lydos des thhmes introduits par ce dernierso mon- trent que ces ce'ramistes, malgre' la Me'rence de tra- ditions dont ils Ctaient les he'ritiers, travaillaient en symbiose, rCunis dans le m@me de'sir de suivre les nouvelles vogues. D' ailleurs, les skyphoi fragmen- taires de 1' Acropole qu' on lui a attribue's re'cem- mental; de type corinthien, ainsi que le skyphos- coupe de Naples montrent qu' il s' est inte'resse' B cette forme aussi, int6rCt qu' il a su transmettre B tou- te une sCrie d' e'lhves, spe'cialisds dans les skyphoi. Ace propos, une coupe miniature du Louvre82 (fig.

73 On reviendra sur ce vase dans, "Lydos, ThCozotos, Nikosthe'nes et les autres" (article en cours).

74 Tiverios, @.tit., 130, no 38, pls 96-97 (Bae BS 424), 131, no 43, pls 10-1 la ( Louvre Cp 10634), no 78, pls 14b- 17a (H6rakleion 217); Beazley, ABV 110, 31; Para 44 et ABV 684, 7Ibis.

75 Les inscriptions "non-sens" flanquant un personnage ne sont pas rares chez Lydos; la coupe de Carlsruhe, Badisches Landesmuseum 69/61 ou les frgts de p ~ x i d e d' Athenes 2187 en sont des exemples ( Tiverios, op.cit., nos 93 et 57).

76 Athenes, musee du Cerarnique, HTR 22, 138; Kraiker, AIM 59, 1934, Beil 1, 1-3, pls 1-3; ABV 113,81; Para 45; Tiverios, '0 Av6d~ lcai t d Epyo rov, Athknes 1976, pl. 42-44.

77 Dm. 44; ABV 113,81, "proto-Aor the like".

78 Tiverios, op.cil., 87-92. 79 Telle la tCte de la Gorgone du standlet de New York, Brijder, Heidelberg P., 362.

80 Tel 1' armement d' Achille, Brijder, op.cit., 364, aussi 390.

81 Malagardis, Skjphoi.

82 CA 3339; H 7 -D 10,5 - La 14,4. A 1' inttrieur, mtdaillon rtservt orn6 de deux cercles concentriques et point au centre; le pied et une anse recollts; Villard, Revue des A ~ t s 4, 1954, 233, fig. 9, 234, no 19; LIMC 1.1, Achilleus, 83, no 316; 1.2, pl. 89, Achilleus 3 16.

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fig. 7a-b. Louvre, inu. CA 3339.

7a-b) me'rite que 1' on s' attarde. Sa forme est celle d' une coupe des petits maitres mais son decor sort des sentiers battus. Le pied, relativement haut, est p o u m d' un fin anneau plastique B la jonction avec la vasque. Dans la zone autour du rebord, des go- drons noirs et rouges se'pare's par des lignes verti- cales en vernis dilue sont place's B la mani6re des coupes de Cassel tandis qu' une autre zone enca- dre'e de groupes de filets incluant le mCme motif surmonte le pied. Le thhme, Achille poursuivant Troi'los et Polyxkne en presence de trois jeunes hommes, est trait6 d' une maniere originale et vi- vante, avec des variations d' une face B 1' autre. Sous chaque anse, un cygne. Malgre' 1' &at de consel-va- tion mtdiocre, les de'tds du dessin rapide, les in- cisions trace'es avec sQretC, 1' aisance des mouve- ments violents et les attitudes des personnages trahissent un peintre expert dans son art. L' icono- graphic et le style sont dans la tradition de Lydos83 et e'tant donne' 1' audace novatrice du peintre de cet- te coupe, on propose de voir ici une oeuvre sortie de son atelier, conforme'ment au climat gene'ral de

1' Cpoque. Ainsi cette coupe, que 1' on date de 550- 540 environ, serait un essai parmi les premiers exemples de la se'rie des coupes de Cassel avec fi- gures; elle serait contemporaine de la coupe de la mCme se'rie de Romes4, dans la lignee -mais dans un tout autre genre- de la coupe proto-Cassel de Wiirzburg85 -de type de Siana tardif, avec un pied de coupe des petits maitres, des godrons de coupe de type de Cassel sur le rebord et une frise d'ani- maux dans la zone des anses. La coupe du Louvre, dont une forme soeur se trouve au muse'e National d'Athknes86, prouverait, d' une part, que 1' idCe de placer une zone figure'e entre les zones aux motifs ornementaux sur les coupes de Cassel e'tait prC- sente dks le depart dans le repertoire de cette se'rie et baliserait, d' autre part, le chemin vers le type de Cassel proprement dit87, sans de'cor figure'. Toutes ont Cte' probablement fabriquees dans un espace de temps assez restreint, 550-520 environ88. B0ardman8~ admet, tout en les datant des trente dernikres an- ne'es du VIe sikcle, que le type de leur de'coration de'rive de types beaucoup plus anciens.

83 Cf. le rn&rne sujet sur I' arnphore de Lydos Berlin 1685: Beazley, ABV, 109,23, 685; Tiverios, op.cit., 130, no 31, pl. 46a. 84 Musei Capitolini 490; CVA Rome, Musei Capitolini 1, III,H, pl. 42,3; sur les liens entre les coupes de Siana et de Cassel voir Brijder 1993, 133-135, fig. 11.

85 Martin von Wagner Mus., L 450; Boardman, ABFV fig. 129. En dernier lieu cf. Brijder, loc.cit., note precedente, 135, fig. 10, note 20 oh se trouve toute la bibliographie pour ce vase.

86 Inv. 19161, de Vari, in6dit. Sur les coupes de Cassel avec decor figure dans la zone des anses, cf. Brijder 1993, 141-2, note 43.

Ainsi nornrnees B partir de 1' exemplaire fragmentaire de Sarnos, conserve h Cassel, inv. S 49d, J. Boehlau, A w Ionkcha uncl Italischa Necropola, 1898,49, no 7, pl. 10, 2.

88 Sur les coupes du type de Cassel, cf. Beazley - Payne, JHS 49,1929,271; Beazley, JHS 52,1932,191; Bakdakis, AEpha. 1938, 14'7; CVA, iVewYwk (2) Texte au no 33, pl. 12; Beazley, Gifts, 1967, no 148, pl. 16; Helbig 4 111, 1969, no 2549 (A. Greifenhagen); Boardman - Hayes, Excauatim at Tocra, 1963-1965, BSA Suppl. 10, 1973, no 2156, pl. 27; R.S. Folsom, Attic Black-Figxed Pottery, 1973, 29, pl. 8d.; Hornbostel, Kumt der An*, Schiitze aw N o ~ ~ c h a Privatbesitz, Cat. Hamburg, 1977, no 243; CVA, Bmel ( I ) 93, texte B la pl. 33,4. En dernier lieu: Brijder 1993, 140-145, fig. 21-26 et CVA, Amsterdam (2) 103.

89 A B F ~ 62.

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fig. 8. Louvre, inn. CA 7256.

Pre'cise'ment, certains vases B part te'moignent de ces tendances et de cette ambiance au Ce'ramique, dont le skyphos du Louvre CA 725690 (fig. 8), qui, par sa forme d' une e'ltgance et finesse rares, par la nature du decor peint avec un soin extrCme et dispose' sur toute la surface de sa vasque, constitue un hapax B ce jour. En effet, il est 1' unique exemple de skyphos de'core' sur toute sa surface des motifs habituels aux coupes de Siana et de Cassel.

Autour du rebord est place'e une zone etroite en- cadre'e en haut et en bas par des groupes de filets noirs incluant des points en quinconce relie's par des traits -grenades stylisees- surmontant une autre zone de godrons alternativement rouges et noirs se'pare's par des lignes verticales en vernis diluC. Suit, B la hauteur des anses, une zone plus large contenant une guirlande de feuilles de laurier ou de myrte, encadr4e en haut et en bas par des groupes de filets noirs entourant une bande noire. Au-des- sous, deux autres zones, une de godrons rouges et noirs, l'autre d' une guirlande de feuilles de lau- rier, sont encadrkes par des groupes de filets, en- tourant en bas une bande noire. Le bas de la vasque est dCcorC d'aretes rayonnantes noires ayant B leur base une bande peinte en rouge.

En dCpit de la nature de son de'cor et du princi-

pe de sa disposition -caracte'ristiques des coupes de Cassel dont il conserve le rebord- ce vase, avec sa vasque profonde aux parois fines, fortement re'- tre'cies vers le bas, et son pied bas, fin et Cvase', est un vrai skyphos. La ligne fluide et sans interrup- tion du profil de sa vasque rappelle des types an- ciens, et 1' on retrouve son pied sur les skyphoi B bande du type d' Hermoge'nts.

Si la disposition du decor oriente vers les coupes de Cassel, les motifs eux-mPmes apparaissent tels quels sur la vasque des coupes de Siana. Citons quelques exemples parmi d' autres : les arCtes au bas de la vasque sur la coupe de Rhodes 6469 du peintre C91 combine'es avec une guirlande de feuilles de lierre oppose'es verticalement autour du rebord que l'on retrouve B la mCme place sur des coupes du type de Cassel; les zones de boutons de lotus et de godrons entoure's de points en quinconce sur une coupe du peintre de Cassandreg*, et mCme chose vaut pour les peintres de Malibu ou de Taras. Sur une coupe d e Siana prks du peintre des Vendanges conserve'e B Naples93, on reconnait la mPme gu'irlande de feuilles de laurier que celle du skyphos du Louvre.

Le travail minutieux du de'cor de ce skyphos et, surtout, 1' e'le'gance et la finesse extreme de sa forme le placent parmi les tout premiers exem- plaires de cette se'rie. I1 pre'sente tous les caractcres d' une oeuvre de transition, d' un essai de la part du potier, et confirme ce que dCmontre la super- be coupe proto-Cassel de Wiirzburg: B savoir que les ancCtres des coupes du type de Cassel seraient B rechercher du c6te' des coupes de Siana plut6t que de celles des petits maitres.

Or, B cette Cpoque, le peintre qui affectionnait par- ticulicrement tous les motifs figure's sur le skyphos du Louvre, en les p la~ant dans ce mCme ordre au- tour des tondos et au-dessus du pied de ses coupes,

CA 7256. Trouve dans les rCserves. Ancien fonds Campana. Dim.: 11.8 H - 15.7 D. Incomplet; il manque de nombreux fragments de la vasque, du rebord ainsi que de I' extremit6 d' une des anses. Argde beige orange'; peinture noire brillante. Rehauts rouge pourpre. Vasque profonde, rCtr4de vers le bas; rebord &vase vers I'exterieur, dont le profil continue sans interruption celui de la vasque. Anses rondes, fines, legerement relevees. Pied bas, 6vasP et fin, en vernis noir. Interieur en vernis noir, orn6 de onze filets concentriques rouge pourpre. A I'extgrieur, toute la surface de la vasque et du rebord est couverte d' une sene de zones induant des motifs deco- ratifi non-figures. Au-dessous, le pied est r6serv6, I'exception de la tranche intgrieure, et orn6 de trois cerdes rouges concentriques. Au centre, point noir.

91 Rhodes, inv. 6469: Brijder 1983, pl. 21d-f.

92 Londres B 379: Brijder 1983, pl. 24a-d.

93 Inv. 81 158: Brijder 1983, pl. 53a-b.

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N. ?~~AL-\TAPAH: L E P E I N T R E DE H E I D E L B E R G

est le peintre de Heidelberg. En effet, on voit les points en quinconce, les godrons rouges et noirs et les feuilles de laurier entour6 de groupes de filets autour du tondo de ses coupes de Minneapolis, de Salonique et d' Amsterdamg4, toutes de son an- cienne pe'riode, tandis que les aretes, combine'es avec des feuilles de laurier ou des points en quinconce, surmontent le pied des coupes de sa moyenne pe'- riode95. Si I' on songe, en plus, B son inte'r@t pour la forme du skyphos -fait que prouve la creation du type du skyphos-coupe- on peut penser que ce skyphos e'tonnant du Louvre fait partie des essais ef- fec t~& dans son atelier et que, peut-Stre, est - il lui- m@me le potier si doue'.

Ainsi, B 1' instar de la forme expe'rimentale, les mo- tifs B leur tour renforcent cette intime conviction et confirment que ce skyphos est une oeuvre impor- tante et exceptionnelle, non seulernent pour sa beau- te' et sa valeur esthe'tique ou parce qu' il constitue un chainon entre les coupes de Siana et celles des petits maitres, mais, surtout, par ce qu' il te'moigne de la personnalite' du peintre de Heidelberg et de ses prC- occupations.

De cette audace sans limite du potier te'moigne aus- si un autre vase rare du Louvre, un calice96 frag- mentaire, CA 7258 (fig. 9). L' e'tat du vase conserve cependant son profil, B I'exception, htlas, du pied. Ainsi, la vasque conique B ressaut, aux parois extr@- mement fines, les anses rondes, fines, laissent facile- ment imagner 1' kle'gance de 1' oeuvre. La minutie de I'exe'cution du travail - on sent au toucher le re- lief de points en quinconce-, un ordre certain qui rtgne dans la disposition des filets, la sobrie'te' du de'- cor dans son ensemble, que seuls illuminent les filets resplendissants rouge pourpre, te'moignent d' em- ble'e d' une oeuvre hors du commun.

La forme du calice elle-m&me est tres rare. Nous ne connaissons en Attique que tres peu d' exemplesg7et

fig. 9. Louvre, inv. CA 7258.

on pourrait soupconner qu' ils ont e'tC des essais ou des modtles. L' exemple le plus ce'ltbre est le calice de Sophilosg8 du muse'e National d' Athknes.

Or, si 1' on retrouve qur le calice CA 7258 du Louvre la forme d' un vrai calice, on ne peut retrouver ni le meme type de de'cor ni 1' extreme finesse des pa- rois sur d' autres repre'sentants de cette forme. I1 n' y a que deux exemplaires connus qui se rapprochent de ce vase : 1' un, de 1' Agora, dont il ne reste qu' un fragment avec une des anses, et 1' autre, A-P 3 15, trouve' dans les fodes de la pente nord de I'Acropole, dont il ne reste qu' un tout petit hgment avec la nais- sance d' une des anses99. Tous les deux pre'sentent un de'cor plus charge' que I' exemplaire du Louvre: zones de godrons, chaine de palmettes dans la zone des anses. Toutefois, les points communs qui rap- prochent ces trois calices sont I' extreme finesse de leur paroi, le travail minutieux, les dimensions re'- duites et, surtout, les Hets rouges aussi bien B I'inte'- rieur qu' B I'exte'rieur. Les exemples de 1'Acropole et de I' ~ ~ o r a sont date's du second quart du VIe s.

Le cake du Louvre, avec sa forme d' une gr5ce et d' une harmonie pousse'es B 1' extreme, son de'cor de fi- lets et de zones de points en quinconce, de'pouille' d'e'Kments trop voyants ou trop communs comme

94 -Minneapolis, Institute ofArts 86.69: Brijder, Hdelbmg P., no 331, pl. 107c; -Salonique, frr., no 339, pl. 109e; -Amsterdam, 10.000, no 330, pl. 109c: CVA Amterdam (2) pl. 79-81.

95-~hodes 13370: Briljder, Heidelberg P., no 372, pl. 124 -Toledo, Ohio, R.F. Reichert coll., no 375, pl. 126.

96 Inv CA 7258; Dim.: 11.2 H cons. - 17 D approx. h c i e n fonds Campana. Trois fragments non jointifs sont ajouter.

97 Fragments de calices de 1' Agora P 210, P 6822 et P 5468 du groupe de la le'kanis de Dresde, ABV 22, 7-9; Agora XXIII, nos 1442-1444.

Inv. 995, de Vourva, ABV 39, 11; Metr.Mus.Stud. V, 117, 123, fig. 5; Boardman, ABFV, fig. 28; G. Bakir, Scphilos, 1981, A 30, pl. 55-57, de la phase recente du peintre.

99 -Agora P 6582: Hesp~eria 15, 1946, 130, no 17, pl. XXII 1-2 (Vanderpool); -Acropole, inv A-P 315: Hesp~eriQ 4, 1935, 248, no 54, 262, fig. 25 (Pease). On ajoutera a ceux-ci un fragment tres semblable du Louvre, inv. CA 7259, inCdit.

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les chaines de palmettes ou les godrons, d' une sirn- plicite' que le rf inement empCche de devenir aus- tCrite', appartient B une e'tape plus avancCe dans I'e'vo- lution B la fois de la forme et de la recherche du d&or. On considkre que ce vase est contemporain du sky- phos du type de Cassel du Louvre, date' de la se- conde partie de la dtcennie 560-550. Plus encore, la facture tellement semblable de ces deux vases, ainsi que leur caractkre unique, incite B penser qu' ils sortent du mCme atelier. Peut-on aller jusqu' B dire qu' ils sont 1' oeuvre du mCme potier athtnien?

I1 convient de souligner que les tilets rouge pourpre apparaissent parfois, en tant qu' e'le'ments dis- tinctifs, sur des coupes ou des skyphoi, ainsi que sur d' autres formes de cette e'poque. I1 existe quelques exemples ornts de ces filets rouges B 1' inte'rieur: le kyathos sign6 du potier ThCozotos au Louvre100, le skyphos B bandes sign6 du potier ClitomCnks, de PrincetonlO1, vers 550-540, un sky- phos fragmentaire de Nikosthe'ntts trouvC sur 1' Acropole102 et deux coupes B anses B boutons conser- vees B Boston103 et B Berlin104. Conside'rant cet e'ltment comme indice d' atelier, S.B. Luce, dans son article sur la coupe "merrythought" de Boston, f i r m e que ce traitement de I'inte'rieur est une des raisons majeures pour 1' attribution de ces deux dernikres coupes au mCme potier. Aces exemples, il faut en ajouter d' autres comme les coupes-sky- phoi Rhitsona 49.265 et Rennes D.08.3.3., cite'es ci-dessus.

On s' accorde gtne'ralement pour attribuer cette originalite' B I'influence de la ce'ramique grecque de 1' Est1°5. Les mCmes lilets rouge pourpre appa- raissent sur les coupes de VroulialOG, de la premik- re moitie' du VIe sikcle, dont la vasque aux parois fines et le pied bas e'vase' auraient pu inspirer de prks ou de loin les formes rares et la facture de ces deux vases du Louvre.

D' d e u r s , on observe 1' influence grtco-orientale sur d' autres vases, tel celui du Louvre CA 2988107 (fig. 10a-b), dont la forme exptrimentale est enco- re un hapax. Son profil, ne'anmoins, rappelle celui du calice de Sophilos d' Athknes, et on pourrait concevoir que la forme de ce calice ait pu servir de modkle pour la forme plus e'largie de cette sorte de calice monumental du Louvre. Son de'cor, B I' exte'rieur, se compose de deux zones : 1' une inter- rompue par les anses figurant 10 e'phkbes cavaliers galopant vers la gauche, surmonte'e de I' autre, large, parcourant sans interruption le pourtour du rebord et figurant un cortkge de 34 personnages drape's, vers la droite, accompagne's d' un aulkte. A 1' inte'rieur, toute la zone du rebord est occupCe par une file de 40 dauphins plongeant, alternati- vement noirs et rouges. Cette frise, qui se trouve B la mCme place sur la coupe fragmentaire de Siana de Saint Blaise108, ainsi que sur une sCrie limite'e d' autres vases attiqueslO? confirme les influences ioniennes en montrant les liens avec la peinture de vases de Samos et de la Grkce de 1' EstllO. Quant

loo Louvre F 69, Beazley, ABV, 349; Para, 159; Add2 95; Malagardis 1987, 45.

lol Univers. Mus. inv. 29.180, Beazley, ABV, 167; Boardman, ABFV, fig. 133; Malagardis, Sk~phoi.

lo2 Graef - Langlotz, Akr@olin,asen 1, 154, no 1408; Beazley, ABV 233-234. Io3 Mus.of F i e Arts, 99.518; Beazley, ABV 198; Para, 80; Cd . 191 1,72; S.B. Luce, "A Polyphemus Cylix in the Museum of Fine& in Boston", AJA 1913, 1 sqq.

lo4 Berlin 3151, Beazley, ABV 75; Para, 30, signCe du potier Ergotimos.

lo5 Cf. calices de Chios rCcents, Tocra 1973,57, ayant des fdets r6sen.P~ 21 1' int4rieur.

lo6 Cook, Greek Painted Potlay, 3e e'd. 1997, 132-3.

lo7 Inv. CA 2988; h. 24,2-d. 33,2- avec ans. 44; CVA Louvre (12) I11 He, pl. 193; K: Schauenburg, AntK, Beiheft 7, 1970, 34, note 23; DAJackson, East Greek In&-nce on AAttic Vases, 1976,68 sqq. notes 7 et 8. lo8 Inv. 1725, Univ. de Provence, vers 560; cf. B. BouloumiC, Saint Blake, L'Mtatprotohislonque, les r&a+sgrecp~~, 1992,72, no 1, fig. 18a-b; Brijder 1993, 142, fig.9 et dm, 1997,5, fig. 7.

log Sur des frises de dauphins I' intCrieur des coupes, voir B.B. Shefton, "East Greek Influences in Sixth-Century Attic Vase-Painting and Some Laconian Trails", GVGetMus 4,1989,41-72; une fiise de dauphins dans une large zone entoure le tondo d' une coupe de Rhodes 15368, du peintre C (Brijder 1983, no 82, pl. 22b); voir aussi une coupe A de Malibu, J-P. Getty Mus. 82fi120, datCe de 530, sur laqueue on obsenre un rare cas decomposition grecque orientale adaptCe in toto sur un vase attique B figures noires (Shefton, lnc.cit., 65 sqq., fig. 17a-c). lI0 Sur I'origine g&o-orientale de ce motif, voir R. Stupperich, "Die Antiken der Sammlung Werner Peek", Bweas Beih. 6, Miinster 1990, no 29. Aussi, Shefton, loc.cit,. et en dernier lieu Brijder 1997, note 16.

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N. MhMTi \PAH: L E P E I N T R E D E H E I D E L B E R G

fig. 1 Oa-6. Louz

au style, Beazley pensait qu' il rappelle -"recalL somewhatn- celui du peintre BMN111. Ajoutons que son pied, surmonte' d' une zone de godrons, rappelle e'trangement les pieds des petites amphores Nikostheniennes - dqnt huit au moins portent la mCme frise B 1' inte'rieur de 1' embou- churel12- et que le style des personnages res- semble beaucoup B celui des personnages figu- re's sur 1' amphore F 99 du Louvre "related" au peintre BMN113. Une frise de dauphins tr&s proche de celle sur le "calice" du Louvre figure B 1' interieur du rebord du dinos noir de Copenhape 42191'4. Le m&me peintre BMN a place' une fnse semblable sur le col d' une amphore B col de San Antonioll5. On propose donc de considerer que cette forme inspire'e du cake de Sophilos est un calice monumental, 1' ancktre du cratere en cali- cell6 -ainsi que Villard 1' avait suggtre- et que ce vase a kt6 faqonne dans 1' atelier de NikosthCnes pendant la toute premihe ptriode de son activite', vers le milieu du siecle. I1 te'moignerait de la fievre cre'atrice de formes qui a donne' lieu B de nom- breux essais et sera pour une longue pe'riode le caracttre principal de cet atelier.

En revenant sur les skyphoi du peintre de Heidel- berg et de son atelier, ainsi que sur les autres vases B boire de forme hybride de cette Cpoque, on peut considerer que tous ces vases sont peut-Etre le re- sultat d' expkrimentations dans les ateliers des po- tiers athe'niens, s h de leur habilete', B I'occasion d' une commande ou, simplement, pour satisfaire un de'sir propre, dans ce climat artistique des annkes 560- 550, tellement favorable aux courants qui ve- naient de 1' Est. I1 n' est pas Ctonnant que ces vases si fins aient Cte' trouve's en Etrurie, achetts par des Etrusques, Etpofluxoz yzlld~tpoz, une clientele aux gofits r&nCs bien connus.

I1 devient, en outre, de plus en plus clair, surtout apres les travaux de Brijder sur les coupes de Siana noires et celles du groupe "Band-and-Ivy" du peintre de Taras117, que les mCmes ateliers ont aussi fa- qonne' les skyphoi-coupes noirs, de'corks soit d' une ou de deux bandes induant des godrons ou des guir- landes de lierrell8, soit uniquement de Nets pourpre qui seuls illurninent la surface.

Ainsi dans ce mCme milieu devait e'voluer le potier tres douk qui a fa~onne' le skyphos-coupe

111 ~ m . 20, note 44.

112 Beazley, ABV, 217-8,4, 11-12,221,40; Para, 106 et 58bis; Jackson, op.cit., note 8.

l3 Louvre F 99, ABV 228. l4 CVA (3) pl. 124,3.

115 San Antonio Mus. ofArt, 87.58: Greek Vases in the Sun Antaiu Mus., 1995, 94-95, no 44.

Sur cette forrne de vase, cf. S. Frank, Attzich K e k h h r ~ e , 1990.

l I7 Brijder 1993, 129 sqq.

118 A cornparer un skyphos-coupe de Greifswald (A. Hundt - K. Peters, Grezfiwalder Antiken, Cd. E. Boeringer, Berlin 1961, 44-5, no 254, pl. 19) avec les coupes de Siana du "Band-and-Icy Group" Utrechte, Arch.Inst. 332, Varsovie 198038 et Freiburg, (Puhze) du peintre de Taras (Brijder 1983, pl. 37 et Heidelberg P., pl. 163e-d). D' autres exernples s' ajoutent (voir note prC- cedente ).

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pre'-comastes et comastes. Les coupes de Siana ont servi de laboratoire et de terrain fertile pour

fig. 11. Sellnda, Thira, m u . arch.

du muse'e National d'Athhnesllg, ayant cette forme dans une version d' un extrCme raffine- ment. Son elegance, avec un pied Cvase' et Ie'ger, une vasque aux parois fines, et son d.e'cor de'con- certant - tout en vernis noir lustre' que seuls illu- minent deux filets pourpre et deux zones d'arCtes et de godrons superpose'es- ne laissent pas de doutes. Rappelons, en outre, qu' une copie conforme de la forme raffine'e de ce skyphos d' Athknes est la forme du skyphos-coupe passe' chez Sotheby'sl20, dfi manifestement au mCme potier, dont le pied est surmontg des mCmes zones d'aretes et de godrons. Quant au manie'ris- te qui a dessine les scknes e'rotiques sur sa vasque, il semble trks influence' par Amasis. Les deux filets limitant en haut la zone figure'e rappellent ceux du fragment de la 3e Ephorie d' Ath8nes que I' on a attribue' B Amasis, peintre et potier.

A la se'rie des skyphoi noirs on ajoute le skyphos- coupe de Malibu121 que Clark compare avec le skyphos-coupe d' Amasis du Louvre A 479, ainsi que le skyphos-coupe noir de Sellada122 (fig. 1 l), orne' d' un seul fdet rouge place' juste au-dessus des anses. On peut donc en conclure que les potiers et les peintres, qui en pratiquant la nou- velle forme ont suivi le courant, devaient frC- quenter les ateliers des coupes de Siana et Ctre des intimes de I'atelier de son crCateur: le peintre de Heidelberg pre'cise'ment. L' anc&tre doit Ctre recherche du c8tC des skyphoi et des coupes des

la cre'ation de la nouvelle forme; sans oublier qu' une sorte de sensibilit6 ionienne, qui planait dans les ateliers B cette tpoque gr%ce aux ide'es qui venaient de la Grkce de 1' Est, a dQ grandement y contribuer. C'est dans le mCme terrain et dans ce climat qu'il faut voir 1' avhnement de la se'rie limi- tee des coupes de Casse1123.

La contribution de Lydos et du peintre de Taras confirme que ces expe'riences ont eu lieu au sein de ce cercle artistique auquel se sont joints Amasis et ceux qui I'ont suivi.

Des oeuvres comme le skyphos-coupe de Sellada du peintre de Heidelberg dont il a e'te question re'vklent les richesses d'imagination et 1' esprit inventif du potier athe'nien B I'e'poque archayque, qui Cprouve le de'sir d' Ctre audacieux et qui dis- pose du savoir faire pour oser ses audaces.

C' est avec ces expe'riences, ces cre'ations diverses de formes qui correspondent B tant de de'fis lan- ce's par les artisans athCniens toujours dCsireux d' obtenir de nouvelles variantes de formes aime'es et bien e'tablies, que les skyphoi-coupes sont ne's.

119 Nat.Mus. 17581; H. 10 crn - D. 17,5; de provenance inconnue (saisie Zournboulaki). Que Mrne Eos Zervoudaki, respon- sable pour les vases au musde National d' Athenes, soit remerciee de rn' avoir perrnis la publication de ce vase.

120 Sotheby's 8 dCcernbre 1980, Cat. no 238. J.P. Getty Mus. 86. AE.140, ex Bareiss 355, CVA (2) pl. 80, 3-4.

122 Skyphos-coupe de ThCra, de SeUada, ine'dit, Prakt. 1966, 138, pl. 124y. 123 IdCe que j' avais dCfendue de'jk en 1986, dans ma these sur les skyphoi et que, indgpendarnrnent, Brijder de'montre dans son article cite' ci-dessus.

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N. I L I U T A P A H : L E P E I N T R E D E H E I D E L B E R G

0 ZCITPACDOC THC ~ A E A B E P T H C

Crljv tpyaoia adrxj napouota<ovmt 660 peyaha r p i p a r a tvbq h r r u t o ~ pehavopopcpou Cryyeiou noi, n p o k p x e r a ~ &nb riq Crvaotacpiq rqq C&hh&Gaq, Eva bnb ra Epya <oqq roo Nt~ohaou Zacp~tp6nouhou.

Mk 6aoq p ~ b oetpa bnb oruh~ort ta t a i popcpt~a orotxeia ta0d.q t a i ouy~pioetq pi: &AAa hvahoya &pya r q ~ &pxaYtqq b r r t tqq Cryyetoypacpiaq kntxetpeirat fl hvayvhptoq roo <oypacpou t a i r) ra6rtoq roo oxilparoq roo Cryyeiou &no rb 6noio rrpoipxovrat ra BpaGopara &no r jv CeAhCIGa. Oi i6tatrep6rqreq roo ox&6iou, oi rbno~ rijv popcpav ~ a i lj ~ i v q o j rouq, 6 rp6noq o~v$eoqq roo ouv6- hou, rb npoowntcb arch, ou~qyopoov yt& rxjv &n66ooq roo byyeiou o r b <wypacpo rqq Xa'iGeX66py qq. Crb E ~ K O V O ~ P ~ ( P ~ K O TOU ~ E ~ C I T O - Xbyto &XAoore tvraooovra~ oi &net~ovt<opeve~ napaoraoetq noi, oh<ovrat oxe6bv t< bho~hipou. 'Rs oxqpa nporeiverat 6 otljcpoq-tGXt< (CUP-

skyphos), pta Gqptoupyia roo byyetonX&orq roo <wypacpou rqq XdiGeA6ipyqq, noi, npknet vb i r a v Eva t a i rb adrb np6oono pk rbv byyetoypacpo.

Crxj ouvkxeta, y ~ a va rono0erq0ei rb &pyo adrb roo <wyp&cpou rqq Xa'iGeh66pyqq orb ~ Q p o t a i orb xp6v0, napouota<erat pta oetp& &nb i6t6ru- na & T T L K ~ p~Aav6popcpa &yy~ia, npo'i6vra napo -

ponQv ~ a i K ~ ~ ~ L T E X V L K ~ ~ V p~uphrwv. Tb npoownttb orbX t a i oi EnthoyB~ roo <wypacpou ~ a i roo hyyetonhaorq adrijv &~pt6i j$ TQV &yy~i - o v 60q0otjv o r j v taravoqoq rqq h~t~oupy iaq

rijv tpyaorqpiov t a i olctaypacpoov r j v eit6va t a i r j v klcnhqt~ttb Gqptoupy~tj &rp6ocpatpa roo 'A8qva'itoE K~pap&t too tteiva ra xpbvta. M' adrb rbv rpbno yivera~ Guvarj 6x1 povov il bn66ooq orbv <mypayo rq$ Xa'iGeh6kpyqq t a i orb tpyaoript6 rou &hhov &6qpooi~urwv pkxpt oipepa byyeiov, &Aha t a i r) &nSooq 4 I) Evratq 6ptop6vwv Clyyeiwv ok {oypacpouq ta i 6pyaotlj- pta rqq tnoxqq, dnwq hoyou xapq orb A d o ij or6 kpyaoripto r i j v tuhitwv rhnou Cassel.

R E M E R C I E M E N T S

Je d m les photos a'e Fraburg im Br., d ' A t h , a'e Rhoah d de Naples

h I' amabilite'et h I'amitid a'e m s c o l l b ~ s J. Burow, E. ZeruoudaRi,

A. Yinnikoun et S. De Caro. Je r m c i e particuli2rmt H.A.G.

B n j h , J.J. Maffre et A. Paspier d' auoir relu le manusd et ok m'

avoir fait des pe'ciecues remarques.

A B R E V I A T I O N S

Brijder 1983 H.A.G. Brijder, Siana Cups I and K o m t Cups, Allard Pierson Series 4, Amsterdam 1983.

Brijder, Heidelberg P., H.A.G. Brijder, Siana Cups II: the Heidelberg Painter, Allard Pierson Series 8, Amsterdam 1991.

Brijder 1993 H.A.G. Brijder, "Simply decorated, black Siana Cups by the Taras Painter and Cassel Cups", BABesch 68, 1993.

Brijder 1997 H.A.G. Brijder, "New Light on the Earliest Attic Black-Figure Drinking Cups" dans Athenian Potters and Painters, The Conference Proceedings, 1997.

Malagardis, Skphoi N. Malagardis, Skyphoi attiques h j p r e s noires - Typolo@e et Recherches (these 1986) 2 paraitre.

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