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Supplément à en jeu une autre idée du sport n°453 Février 2012 I Cahier pédagogique LE PARKOUR 23 ACCOMPAGNER ET STRUCTURER LE PARKOUR POUR PRÉSERVER LA LIBERTÉ DE PRATIQUE Le fait que l’Ufolep s’engage aujourd’hui dans la promotion d’une activité telle que le parkour ne surprendra que ceux qui la connaissent mal. Fédération affinitaire liée à la Ligue de l’enseignement, l’Ufolep agit au quotidien pour le déve- loppement de toutes les activités sportives, en direction de tous les publics. Elle conçoit le sport comme une activité de loisir ou compétitive mais aussi comme un outil d’éducation. De par sa nature multisport, l’Ufolep s’est souvent montrée pionnière dans l’accueil et le développement de disciplines émergentes : futsal, ultimate, bicross, korfbal, kin-ball, etc. Son tissu associatif et son réseau institutionnel ont permis de donner une visibilité à ces activités et contribué à les structurer. Or, si ce que l’on appelle de façon générique les « sports urbains » (bien qu’ils essaiment aussi loin du béton des grandes cités) sont apparus en France il y a une trentaine d’années, ils peinent à trouver leur place dans le paysage sportif. Cette famille regroupe des activités diverses – roller, skateboard, BMX, parkour, etc. – ayant en commun le choix d’une pratique libre, autonome, désintéressée, centrée prioritairement sur les sensations, l’épanouissement personnel et les liens sociaux noués entre pratiquants. Cette philosophie tranche avec l’ap- proche compétitive de la plupart des fédérations sportives mais est proche de la vocation de l’Ufolep et de son projet politique. Ce n’est pas un hasard si, en décembre 2009, le président de l’Ufolep était convié à la tribune des États généraux des sports urbains organisés par le ministère des Sports. L’engouement des adolescents pour les sports urbains se mesure aussi à l’éclosion de « junior associations » dédiées à leur pratique : un réseau associatif dont l’Ufolep est partie prenante. Voilà pourquoi l’Ufolep participe au développement du parkour en France en s’efforçant, avec la Fédération de Parkour (non agréée par le ministère des Sports mais représentative de la discipline), de diffuser auprès des associations, structures et per- sonnes souhaitant pratiquer l’activité un cadre pédagogique et règlementaire. Nous souhaitons mettre en place les conditions d’une vraie formation et, au-delà, créer du lien entre les prati- quants, les institutionnels et les collectivités locales : c’est en effet le talon d’Achille d’une activité souvent considérée comme « marginale » et ne pouvant épouser le cadre associatif classique. L’objectif commun qui réunit aujourd’hui l’Ufolep et la FPK est de contribuer au développement du parkour sur l’en- semble du territoire, de manière harmonieuse et sécurisée et dans le respect de la philosophie de l’activité. ADIL EL OUADEHE, CHARGÉ DE MISSION UFOLEP AGP

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Supplément à en jeu une autre idée du sport n°453 Février 2012 I

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LE PARKOUR

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ACCOMPAGNER ET STRUCTURER LE PARKOUR POUR PRÉSERVER LA LIBERTÉ DE PRATIQUELe fait que l’Ufolep s’engage aujourd’hui dans la promotion d’une activité telle que le parkour ne surprendra que ceux qui la connaissent mal. Fédération affinitaire liée à la Ligue de l’enseignement, l’Ufolep agit au quotidien pour le déve-loppement de toutes les activités sportives, en direction de tous les publics. Elle conçoit le sport comme une activité de loisir ou compétitive mais aussi comme un outil d’éducation.De par sa nature multisport, l’Ufolep s’est souvent montrée pionnière dans l’accueil et le développement de disciplines émergentes : futsal, ultimate, bicross, korfbal, kin-ball, etc. Son tissu associatif et son réseau institutionnel ont permis de donner une visibilité à ces activités et contribué à les structurer.Or, si ce que l’on appelle de façon générique les « sports urbains » (bien qu’ils essaiment aussi loin du béton des grandes cités) sont apparus en France il y a une trentaine d’années, ils peinent à trouver leur place dans le paysage sportif. Cette famille regroupe des activités diverses – roller, skateboard, BMX, parkour, etc. – ayant en commun le choix d’une pratique libre, autonome, désintéressée, centrée prioritairement sur les sensations, l’épanouissement personnel et les liens sociaux noués entre pratiquants. Cette philosophie tranche avec l’ap-proche compétitive de la plupart des fédérations sportives mais

est proche de la vocation de l’Ufolep et de son projet politique. Ce n’est pas un hasard si, en décembre 2009, le président de l’Ufolep était convié à la tribune des États généraux des sports urbains organisés par le ministère des Sports. L’engouement des adolescents pour les sports urbains se mesure aussi à l’éclosion de « junior associations » dédiées à leur pratique : un réseau associatif dont l’Ufolep est partie prenante.Voilà pourquoi l’Ufolep participe au développement du parkour en France en s’efforçant, avec la Fédération de Parkour (non agréée par le ministère des Sports mais représentative de la discipline), de diffuser auprès des associations, structures et per-sonnes souhaitant pratiquer l’activité un cadre pédagogique et règlementaire. Nous souhaitons mettre en place les conditions d’une vraie formation et, au-delà, créer du lien entre les prati-quants, les institutionnels et les collectivités locales : c’est en effet le talon d’Achille d’une activité souvent considérée comme « marginale » et ne pouvant épouser le cadre associatif classique.L’objectif commun qui réunit aujourd’hui l’Ufolep et la FPK est de contribuer au développement du parkour sur l’en-semble du territoire, de manière harmonieuse et sécurisée et dans le respect de la philosophie de l’activité.

Adil El OuAdEhE, chArgé dE missiOn ufOlEp

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II Supplément à en jeu une autre idée du sport n°453 Février 2012

I. DÉFINITION

Le parkour* a pour objectif d’apprendre aux individus à utiliser leur environnement et leur corps pour se déplacer efficacement. La philoso-phie de cette discipline est inspirée de celle de la méthode naturelle de Georges Hébert : « être fort pour être utile ». L’entraînement au parkour passe par le renforcement musculaire du pratiquant, l’apprentissage de techniques et le travail sur soi-même, nécessaire à la gestion de ses peurs par exemple.

* Précision typographique : les traceurs orthographient le mot « Parkour » avec un P majus-cule, considérant celui-ci comme une marque déposée par David Belle. Néanmoins, nous avons choisi d’adopter une présentation « banalisée », avec une minuscule, comme pour tout nom commun définissant une discipline sportive (football, basket, escalade, etc.).

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II. HISTORIQUE

Un peu plus d’une décennie avant la sortie au cinéma en 2001 du film « Yamakasi », qui fit découvrir à un large public le collectif du même nom, des jeunes de Lisses (Essonne), Sarcelles (Val-d’Oise) et Évry (Essonne) s’entraînaient déjà et mettaient au point leur « parcours », ou « art du déplacement », une méthode d’entraînement basée sur le mouvement, étroitement liée à un état d’esprit : en lingala, une langue du Congo, « yamakasi » signifie « homme fort, esprit fort ». Repéré par le monde du spectacle en 1998, le groupe s’est divisé. Alors que les « nouveaux Yamakasi » participaient à la tournée de la comédie musicale « Notre-Dame-de-Paris » puis au film « Yamakasi », David Belle et Sébastien Foucan rejoignaient un nouveau groupe, les « Tracers ». Ils utilisèrent alors le terme parkour, mettant en avant le côté pratique et utile de l’entraînement : la performance physique passe avant la performance acrobatique recherchée par le monde du spectacle. Par glissement sémantique, un traceur devint un pratiquant de parkour et le terme est aujourd’hui utilisé partout dans le monde avec l’orthographe française (traceur, traceuse).En 2003, Sébastien Foucan fait découvrir le parkour par le biais du documentaire « Jump London » et donne alors une dimension inter-nationale à la discipline sous le vocable de « freerunning ». Comme l’art du déplacement, le freerunning intègre un aspect artistique et visuel. Néanmoins, les bases sont les mêmes que pour le parkour : une discipline physique et un travail technique pour développer endurance, force et agilité.Depuis, le parkour et ses dérivés se sont développés et jouissent d’un succès toujours plus grand, notamment sur Internet avec les sites de partage vidéo. Bien que des associations et des groupes de pratiquants existent en France depuis plus de vingt ans, aucune formation n’est cependant reconnue par l’État en ce qui concerne le parkour, le freerunning ou l’art du déplacement. Aujourd’hui, la Fédération de parkour (FPK) et l’Ufolep se sont donné pour objectif commun le développement d’un cadre légal pour le parkour. En se focalisant dans un premier temps sur la création d’outils pédagogiques, la FPK souhaite donner à ses associations et aux prati-

quants indépendants les moyens de se développer localement et d’aider à la reconnaissance du parkour en France. De son côté l’Ufolep, usera de son réseau associatif et institutionnel pour accompagner l’activité en développant l’expertise de ses comités et en soutenant la création d’associations, dans le respect des outils, méthodes et formations qui seront mis en œuvre en partenariat avec la FPK.

Ville

de

Liss

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Lisses est la ville où est né le parkour.

Animation de l’association Ufolep Re-Création à Marseille.

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Supplément à en jeu une autre idée du sport n°453 Février 2012 III

III. TECHNIQUES DE BASE

1. FRANCHISSEMENT

Description : les techniques de franchissements sont nombreuses et variées. Elles consistent à franchir des éléments de hauteur moyenne (de 60 cm à 1 m) de façon fluide, avec des mouvements de corps cor-respondant à l’action recherchée : aller loin/haut, être précis, passer en dessous/au-dessus, etc.

Modalités d’exécution : on trouve plusieurs mouvements de fran-chissement allant d’un franchissement à deux mains face à l’obstacle à l’arrêt à un franchissement latéral à une main en course. Pour la

grande majorité de ces mouvements, les mains vont prendre appui sur l’obstacle pour assurer l’équilibre du pratiquant durant le saut et les jambes vont propulser le pratiquant par-dessus l’obstacle avec un saut.

Conseils : pour le pratiquant, il convient de systématiquement vérifier (surface glissante ou non, solidité, stabilité, etc.) les éléments sur lesquels il va prendre appui avant de sauter. Certains mouvements nécessitent une bonne maîtrise de son corps et une bonne détente. Il est préférable de progresser par étapes en apprenant d’abord les mouvements basiques.

Le parkour est d’abord vécu par les pratiquants comme un appren-tissage technique, un travail musculaire et mental. Au fur et à mesure de leur progression, cette pratique devient chez nombre de

ses adeptes une véritable philosophie de vie où l’effort, le courage et le contrôle sont les maîtres mots. Voici quelques exemples de mouvement de base que l’on retrouve dans le parkour.

Description : le saut de chat est certainement le plus connu des franchissements. Il est celui qui permet de sauter le plus loin tout en gardant une bonne stabilité latérale. Il est spectaculaire, généralement combiné à un saut de bras ou un saut de fond et utilisé pour franchir des obstacles particulièrement grands (longs et hauts).

Modalités d’exécution : pour réaliser un saut de chat, il est nécessaire de « plonger » sur l’obstacle. Le pratiquant va sauter vers l’avant, poser ses deux mains sur l’obstacle, passer les jambes entre les mains et franchir l’élément en restant penché vers l’avant. Les bras servent à rétablir l’équilibre en fin de mouvement. Pour les pratiquants les plus

expérimentés, ils vont même permettre de sauter plus loin en poussant dessus lors du saut.

Conseils : le saut de chat est un franchissement qui pose souvent des problèmes de gestion de l’appréhension pour les débutants : peur de se prendre les pieds, de s’engager dans le mouvement, etc. Pour réaliser un saut de chat, il convient d’être bien solide sur ses bras et de rester penché en avant pendant le saut. Le fait de se redresser va amener les pieds plus près de l’obstacle et peut entraîner un déséquilibre alors que le fait de rester vers l’avant permet de franchir l’obstacle plus rapidement et de garder son équilibre.

2. SAUT DE CHAT

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3. PASSE MURAILLE

Description : cette technique porte bien son nom puisqu’elle permet de monter en haut d’un mur qui peut atteindre une hauteur de plusieurs mètres. Elle est divisée en deux parties : la phase de poussée contre le mur et la phase de montée en haut du mur.

Modalités d’exécution : une course d’élan permet de prendre de la vitesse et, une fois proche de l’obstacle, il faut prendre un pied d’appui sur le mur pour se propulser en hauteur et être capable d’attraper le haut du mur. Après avoir agrippé le sommet le traceur doit faire une « planche » pour monter la totalité de son corps en haut du mur. Pour cela, il faut pousser sur les pieds contre la paroi du mur et tirer sur

les bras en même temps afin de se retrouver bras tendus en haut du mur. Il ne reste alors plus qu’à poser un pied (pas un genou !) à côté des mains et à monter.

Conseils : le secret de cette technique réside dans le pied d’appui contre le mur. Pour le pratiquant débutant, le mur est perçu comme un obstacle alors qu’il doit être un tremplin ! On doit utiliser le mur pour rebondir vers le haut et attraper son sommet. Il est donc impor-tant de bien travailler sur son pied d’appui et d’apprendre à le placer correctement. Celui-ci doit être posé sur le mur entre la mi-cuisse et la hanche. Trop bas il glisse, et trop haut il nous repousse en arrière.

Description : le saut de bras est un mouvement qui permet de s’accro-cher à une surface qui est séparée de nous par une zone de « vide » (le vide est ici défini comme une absence relative de sol : un trou de 30 cm de profondeur peut être considéré comme du vide). C’est une technique très utile pour franchir un vide qui serait infranchissable en sautant simplement de l’autre côté.

Modalités d’exécution : le pratiquant saute au-dessus du vide vers le mur (ou le rocher, l’arbre, etc.) à attraper. Une fois en l’air le pratiquant va faire passer ses jambes vers l’avant (vers le mur) pour préparer son

amorti. Dès que ses jambes ont touché le mur, le pratiquant absorbe l’impact en les pliant, et attrape le haut du mur avec les mains. Il ne lui reste plus qu’à monter en haut de celui-ci.

Conseils : le plus important dans ce mouvement est de bien amor-tir avec les jambes. Mettre ses deux jambes en avant pour qu’elles absorbent l’impact va permettre de ne pas s’écraser contre le mur. Si les mains attrapent le mur avant que les jambes ne soient arrivées, une grande force va s’exercer sur le corps du sauteur, qui risque de s’écraser contre le mur et de chuter.

4. SAUT DE BRAS

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5. ROULADE

Description : c’est la technique d’amorti par excellence ! C’est cette roulade qui va absorber l’énergie de la chute et permettre au pratiquant de sauter depuis une hauteur sans se faire mal ou de réchapper d’une chute sans se blesser.

Modalités d’exécution : la roulade s’effectue sur le côté, à la manière des arts martiaux, en rentrant une épaule vers l’intérieur du corps, en enrou-lant le menton vers la poitrine et en restant le corps groupé, « en boule », jusqu’à la fin du mouvement. Le corps doit toucher le sol en suivant une diagonale dans le dos qui part de l’épaule que le pratiquant a rentrée et se

termine en bas du dos du côté opposé. Si le pratiquant se fait mal à l’épaule c’est qu’il ne l’a pas assez « enroulée » ; si il se fait mal en bas du dos c’est qu’il n’est pas resté le corps groupé « en boule » jusqu’à la fin du mouvement.

Conseils : souvent difficile à maîtriser pour les débutants, la roulade est néanmoins une technique indispensable pour le traceur et c’est en devenant un réflexe qu’elle le protégera lors des chutes. C’est une technique essentielle. Il est plus facile d’apprendre la roulade en faisant des petits sauts juste avant de rouler plutôt qu’en partant à l’arrêt (sauter par-dessus une branche posée au sol, etc.).

« Saut de chat-précision » (premier plan) et « saut de détente-précision » (second plan) réalisés par des membres de l’Association grenobloise de parkour.

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7. EXERCICES DE RENFORCEMENT MUSCULAIRE

Description : le renforcement musculaire est une partie très importante de l’entraînement au parkour. C’est en effet grâce à sa musculature que le pratiquant va être capable de se déplacer mais aussi qu’il va protéger son corps et ses articulations des chocs.

Modalités d’exécution : il existe de nombreux exercices physiques per-mettant de renforcer le corps (renforcement musculaire, travail cardio-pul-monaire, etc.). Le parkour fait travailler tous les muscles du corps et il est important de les renforcer tous. Des exercices faisant intervenir plusieurs muscles sont donc plus intéressants et plus efficaces. La quadrupédie (mar-cher à « quatre pattes ») est un exercice très complet et efficace ; on peut le faire en avant, en arrière, en montée, en descente, dans des escaliers, etc.

Conseils : cet aspect de la pratique est trop souvent négligé par les débutants qui pratiquent en dehors d’une structure. Ils pensent que le parkour se résume à sauter partout alors que cet aspect de la pratique est non seulement essentiel pour la pratique en elle-même (si je n’ai pas les jambes pour sauter, je ne peux réaliser les mouvements de sauts) mais également pour protéger le corps des chocs que le pratiquant peut subir dans sa pratique. Cependant, les pratiquants les plus jeunes éviteront de faire du renforcement musculaire de façon trop intensive car cela peut entraîner des problèmes de croissance importants. Dans la mesure du possible, le travail de renforcement doit être encadré par une personne compétente.

Description : cette technique permet de sauter sur un élément de petite taille et nécessite donc une précision importante lors de la phase de réception. La première partie du mouvement peut être un saut de chat, un saut de détente, un saut à l’arrêt…

Modalités d’exécution : le pratiquant va sauter pieds joints vers l’élé-ment à atteindre. Une fois en l’air, il va faire passer ses jambes vers l’avant (comme pour le saut de bras) et « visualiser » la réception des pieds sur l’obstacle. Lorsque ses pieds atteignent l’obstacle (on se réceptionne avec la partie avant du pied), le pratiquant plie les jambes en utilisant les chevilles et les genoux pour amortir l’impact et se stabilise avec les bras.

Conseils : l’apprentissage se fait généralement pieds joints car il est plus facile de passer d’une pratique « pieds joints » à « pieds décalés » que l’inverse. Il est également important d’utiliser ses bras pour un saut de ce type ; ceux-ci permettent en effet de propulser le corps de façon plus importante et de conserver son équilibre en l’air. La réception d’un saut de précision se fait toujours avec la partie avant du pied. Si la réception se fait le pied à plat ou sur les talons, c’est la glissade assurée ! Il faut aussi penser à contracter les cuisses lors de la réception pour ne pas « s’écraser » sur ses jambes, ce qui peut être traumatisant pour les articulations.

6. SAUT DE PRÉCISION

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IV. CONSEILS ET SÉCURITÉ

Spectaculaire, le parkour a une image de discipline extrême et dange-reuse très éloignée de la réalité. Le parkour s’apprend progressivement, et une des règles qui le caractérise le mieux c’est «être et durer ». On pra-tique le parkour pour être bien sur le moment, mais aussi dans le futur.

Première recommandation aux jeunes attirés par le parkour : ne brûlez pas les étapes, prenez le temps d’apprendre car c’est en voulant aller trop vite qu’on se blesse. Essayez aussi de vous rapprocher d’un groupe de pra-tiquants. Certes, le parkour se pratique dans la rue et ses premiers adeptes ont appris seuls : on peut donc avoir tendance à vouloir faire de même… Seulement, entre-temps des pratiquants expérimentés se sont penchés sur l’enseignement de leur discipline et ont théorisé ses techniques. Afin d’évi-ter de répéter les mêmes erreurs que nos prédécesseurs et de bénéficier d’un meilleur apprentissage, il est préférable de se tourner vers des structures qui encadrent cette activité, surtout lorsque l’on est jeune. Aussi, dans la mesure du possible, cherchez une association ou un groupe de pratiquants expérimentés pour apprendre le parkour à leurs côtés.

Deuxième recommandation : faites attention aux autres et respectez votre environnement.Lorsque l’on pratique le parkour on évolue sur la voie publique, entouré de passants, d’habitants, de commerçants, etc. C’est pourquoi il est primordial de respecter cet environnement si l’on veut être libre d’y pratiquer. On res-pecte la propriété privée (on ne rentre pas chez les gens) et les bâtiments qui possèdent une symbolique forte (édifices religieux, administrations et institutions). On évite également de pratiquer devant les établissements scolaires durant les heures de classe car nul ne sait comment les écoliers ou les collégiens vont réagir et s’ils ne vont pas vouloir nous imiter, se mettant alors en danger. Il est tout aussi important de respecter nos lieux de pratique habituels (si on dégrade notre propre terrain de jeu on ne pourra plus pratiquer dessus !) et les personnes qui les fréquentent. Pour vaincre les réticences ou les a priori du grand public à notre égard, nous devons nous montrer irréprochables et également écouter les forces de l’ordre. En revanche, n’hésitons pas à saisir toute occasion de présenter et d’expliquer notre pratique : nous en sommes les ambassadeurs.

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Animations et sorties d’entraînements de l’association Re-Création

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une dizaine d’années et ont passé des diplômes (licence ou maîtrise en sciences et techniques des activités physiques et sportives par exemple) qui leur permettent de proposer aux nouveaux pratiquants un encadrement de qualité.Les collectivités commencent également à voir dans le parkour une activité à part entière et non pas le jeu de quelques voyous qui sautent de toit en toit.C’est dans cette perspective qu’est née la « Fédération de parkour » (FPK), dont le but affiché est de participer au développement du parkour en France, en le théorisant, en l’encadrant et en rassemblant ses pratiquants dans une structure tutelle, avec pour ambition de la faire reconnaître en tant que telle par le ministère des Sports.

Le parkour est une activité libre qui offre l’avantage de pouvoir se pratiquer en extérieur, en dehors des contraintes de salles et d’horaires. Mais c’est également une activité qui a besoin de reconnaissance pour conserver sa liberté : on doit l’encadrer un minimum afin qu’elle puisse rester libre. Or si l’on pratique sans être reconnu on s’expose à des interdictions, tandis que si l’on se fait connaître on peut obtenir des autorisations.On voit aujourd’hui de plus en plus d’associations (ou de juniors associations) se créer pour rassembler les pratiquants, disposer d’une salle de gymnastique et du soutien de la mai-rie. On observe également une théorisation de plus en plus importante de la discipline par ceux qui la pratiquent depuis

ce cahier pédagogique a été réalisé en commun par l’Ufolep et la FPK.

Textes : Thomas Bencteux, Aurélien Bonhomme (FPK) et Adil El Ouadehe (Ufolep). Schémas : Sidney Grosprêtre (FPK).

V. DÉVELOPPER LA PRATIQUE

sur la thématique « jeunesse » et autour des sports urbains ;• d’autre part, accompagner ce type de pratique permet de diversifier les compétences, les actions et le réseau d’acteurs de notre fédération et de ses comités.Concrètement, un comité Ufolep pourra se positionner auprès de ces nouvelles associations ou groupements pour :• mettre en réseau les associations avec les institutions et partenaires potentiels ;• former leurs membres ;• structurer la vie associative ;• valoriser les initiatives via ses outils de communication, la mise en place d’évènements locaux ou de débats publics ;• établir le lien avec les dispositifs existant déjà au sein de notre réseau et susceptibles de participer au développement de l’activité (service civique, juniors associations, labels Ufolep, écoles de sport).

Les comités départementaux et régionaux de l’Ufolep peuvent jouer le rôle de structure ressource et d’intermé-diaire avec les institutions et les collectivités locales afin de relayer auprès d’elles les demandes et sollicitation des prati-quants de parkour, mais aussi en contribuant à structurer la pratique et à la sécuriser en privilégiant le cadre associatif.Que ce soit sur le plan de son organisation, de la méthodologie ou de l’approche pédagogique, un comité Ufolep est parfaite-ment outillé pour contribuer au développement de l’activité, même si celle-ci n’est pas encore présente sur son territoire. Selon les cas, un comité pourra donc « accompagner l’existant » ou entrer dans une stratégie de création et de développement. En s’appropriant l’activité parkour, nos comités agiront ainsi sur deux champs importants :• d’une part, la prise en compte de cette activité permettra d’assurer la continuité des actions menées dans notre réseau

VI. LE RÔLE DE L’UFOLEP

Le parkour a besoin d’être reconnu pour préserver la liberté de pratique.

AGP

CONTACT FÉDÉRATION DE PARKOUR : www.fedeparkour.frwww.facebook.com/[email protected]

CONTACT UFOLEP : Adil El Ouadehe, 01 43 58 97 [email protected] www.ufolep.org / www.facebook.com/ufolep