Le mouvement Nuit debout peine à s’étendre en banlieue.pdf
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Le mouvement Nuit debout peine à s’étendre en
banlieueLE MONDE | 14.04.2016 à 06h45 • Mis à jour le 14.04.2016 à 15h58 | Par Sylvia Zappi (/journaliste/sylvia-zappi/) et Elvire
Camus (/journaliste/elvi re-camus/)
Ils sont quelque trois cents à se masser devant les barnums prêtés par la mairie sur la place de la
Basilique. Mercredi 13 avril, Saint-Denis organise sa première Nuit debout. Et tout ce que cette
ville de Seine-Saint-Denis compte de collectifs militants, de partis et d’associations sont venus
pour cette première : syndicalistes de SUD, Coordination des sans-papiers, parents d’élèves des
Bonnets d’âne, Mouvement de l a jeune sse communiste, écologistes, etc. Le rassemblement
compte beaucoup de professeurs, mais aussi des étudiants de l’université Paris-VIII et des
organisations qui profitent de la Nuit debout pour faire entendre leur voix. Ceux qui souhaitent
s’exprimer sont invités à s’inscrire au niveau de la tribune improvisée, selon le même
fonctionnement que sur la place de République à Paris , où le mouvement est né.
Emmanuelle et Adrien, respectivement chercheur en histoire et en physique , s’y sont rendus à
plusieurs reprises dans le cadre de l’initiative #ScienceDebout, qui invite les passants à les
questionner sur leur discipline. Ce soir, ils ont tenu à franchir le périphérique parce qu’ils estiment
« nécessaire de créer un lien entre les rassemblements ». S’ils sont nombreux à vouloir prendre la
parole, les futurs orateurs ont tous le même profil, regrette Mathieu, 49 ans. « Malgré un métissage
social et culturel, la majorité des personnes qui sont mobilisées aujourd’hui sont des militants » ,
constate ce parent d’élève en gagé. « On n’arrive pas à faire émerger le mouvement vraiment par
le bas », déplore-t-il.
Plusieurs centaines de personnes se sont réunies à l'occasion d'une Nuit Debout, devant la Mairie de Saint-Denis
le 13 avril 2015. HUGO AYMAR POUR "LE MONDE"
http://www.lemonde.fr/social/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/entendre/http://ad.apsalar.com/api/v1/ad?re=0&st=359392885034&h=5bf9bea2436da250146b6e585542f4e74c75620ehttp://ad.apsalar.com/api/v1/ad?re=0&st=359392885034&h=5bf9bea2436da250146b6e585542f4e74c75620ehttp://www.lemonde.fr/journaliste/elvire-camus/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/%C3%A9merger/http://www.lemonde.fr/social/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/vouloir/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/cr%C3%A9er/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/deuxieme-groupe/franchir/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/questionner/http://www.lemonde.fr/physique/http://www.lemonde.fr/histoire/http://www.lemonde.fr/paris/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/entendre/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/faire/http://www.lemonde.fr/saint-denis/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/masser/http://www.lemonde.fr/journaliste/elvire-camus/http://www.lemonde.fr/journaliste/sylvia-zappi/http://ad.apsalar.com/api/v1/ad?re=0&st=359392885034&h=5bf9bea2436da250146b6e585542f4e74c75620e
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« Conscientiser les banlieusards »
Les troupes sont bien plus maigres sur l’esplanade à la sortie du RER Noisy-Champs. Ils sont une
trentaine à tester , pour la première fois là aussi, un « Banlieues debout ». Les rangs sont
constitués d’étudiants de l’université de Marne-la-Vallée, de militants associatifs et politiques qui
ont tenté par un événement Facebook de rassembler les habitants de cette banlieue à cheval entre
Noisy-le-Grand et Champs-sur-Marne.
« Notre idée était de casser la centralité du mouvement en allant en banlieue » , explique David
Cousy, responsable de l’association Créteil 3.0. Il était revenu de la place de la République assez
agacé quand il avait entendu parler de la création d’une commission banlieues qui projetaitd’envoyer une délégation, par-delà le périphérique, expliquer ce qu’était le mouvement de
protestation.
Autour de l’AG constituée en cercle, des jeunes restent à distance. Samir, 19 ans, s’i nterroge : « Je
sais même pas c’est quoi. J’habite juste là » , dit-il au milieu d’une grappe de jeunes. Sophie,
jeune diplômée en congé parental, tente de faire participer le groupe : « On veut lancer le
mouvement et conscientiser les banlieusards mais ça va être difficile,reconnaît-elle. Pour eux, ceux
de la République sont des bobos parisiens. »
L’assemblée démarre doucement son tour de parole. La sono a fini de jouer Bella ciao. On
n’entend plus que des discours très militants sur la « mutualisation des luttes ». Autour, les
habitants, curieux, regardent le rassemblement mais ne se mêlent pas. Un grand Noir, la
quarantaine, qu’on essaie d’attirer, s’énerve : « Mais vous représentez quoi là ? Ouvrez les yeux :
y’a pas un Arabe, pas un Asiatique, pas un Antillais ! »
La veille, ils étaient une petite cinquantaine à Saint-Ouen pour une tentative similaire. Là aussi
des étudiants, des militants aguerris mais peu de novices. Comme à Montreuil ou à Ivry. Les
habitants des quartiers ne se sont pas fait voir . C’est effectivement une gageure pour ces
nouveaux « indignés » qui veulent décentraliser la lutte. Ils ont tous entendu François Ruffin, l’un
des initiateurs de cette révolte citoyenne, les inviter à « sortir de l’entre-soi ». Tout comme ils ont
vibré quand, le 7 avril, sur une place noire de monde , Almamy Kanouté, responsable du
Mouvement Emergence, leur a lancé : « Si on réussit à faire la fusion entre les Parisiens et les
banlieusards, là les cols blancs auront peur. »
Une trentaine de personnes se sont rassemblées pour la première Nuit Debout de Marne-la-Vallée le 13 avril 2016.
HUGO AYMAR POUR "LE MONDE"
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« On ne voit pas quelles sont les revendications »
Une semaine plus tard, ce militant des quartiers à Fresnes (Val-de-Marne) reconnaît que les
banlieusards ont mis du temps à identifier ce qu’étaient ces Nuits debout. « Pour beaucoup, ce ne
sont que des images télévisées qui montrent une ambiance de fête de L’Huma. Quand ils
entendront des discours qui p arlent de le ur réalité, peut-être viendront-ils ? »
« On a le sentiment que ce mouvement est à des kilomètres. Mais nous, cela fait des années qu’on
vit l’état d’urgence qu’ils dénoncent et on était seuls lors de la révolte des banlieues en 2005 » ,
remarque Mohamed Mechmache, fondateur du collectif ACLeFeu. C’est aussi l’avis de Rachid
Taxi, militant à Blanc-Mesnil : « C’est trop flou, on ne voit pas quelles sont les revendications. » Ilira quand même au rassemblement prévu dans sa ville vendredi, « pour voir ».
Dans ces quartiers où la crise se fait sentir plus fortement qu’ailleurs, la désillusion a gagné aussi
plus vite. Manifester paraît bien loin des urgences. Les Nuits debout pâtissent encore d’une image
sympathique mais déconnectée des réalités quotidiennes. « Les habitants des quartiers sont peut-
être plus résignés. Ils ne croient pas qu’ils peuvent influer sur le cours des événements. Il n’y a
qu’à voir les taux d’abstention de 60 %, 75 % lors des derniers scrutins », insiste Nabil Koskossi,
responsable de l’association Made in Sarcelles. A ses yeux, pour que la dynamique prenne, il faut
que les têtes de réseaux présents dans les banlieues se coordonnent et s’emparent du
mouvement. Ou peut-être que s’organise, comme le veut Almamy Kanouté, une occupation mobile
qui se déplace chaque jour dans un quartier différent. Alors peut-être, espère-t-il, que « la Nuit
debout cessera de tourner sur elle-même ».
http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/tourner/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/influer/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/manifester/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/troisieme-groupe/sentir/http://conjugaison.lemonde.fr/conjugaison/premier-groupe/identifier/