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LE JOURNAL DU PALAIS DE BOURGOGNE 79 RUE DE LA LIBERTE 21000 DIJON 01/07 SEPT 14 Hebdomadaire OJD : 2829 Surface approx. (cm²) : 3086 N° de page : 1,15,16,17,...,18 Page 1/12 LOISEAU 3769911400503/GFS/OTO/3 Tous droits réservés à l'éditeur Le Medefveut une rentrée pleine de rebonds REBONDIR Nous consacrons un supplé- ment de 4 pages à la quatrième université d'été du Medef de Côte-d'Or, organisé ce 2 sep- tembre à l'ESC Dijon-Bourgo- gne. Le thème choisi est « Le Rebond » et les intervenants invi- tés auront tous des témoigna- ges et des expériences de vie à partager, prouvant que malgré les coups du sort, une bonne idée, une conviction ou une sim- ple intuition peuvent vous relan- cer. Parmi les invités, on comp- tera Louis Gallois, Michaël Goldman, Dominique Loiseau...

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01/07 SEPT 14Hebdomadaire

OJD : 2829

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Le Medef veut une rentréepleine de rebonds

REBONDIR

Nous consacrons un supplé-ment de 4 pages à la quatrièmeuniversité d'été du Medef deCôte-d'Or, organisé ce 2 sep-tembre à l'ESC Dijon-Bourgo-gne. Le thème choisi est « LeRebond » et les intervenants invi-tés auront tous des témoigna-ges et des expériences de vie à

partager, prouvant que malgréles coups du sort, une bonneidée, une conviction ou une sim-ple intuition peuvent vous relan-cer. Parmi les invités, on comp-tera Louis Gallois, MichaëlGoldman, Dominique Loiseau...

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' ne nouvelle fois,en ce mardi 2septembre, jour

de rentrée des classes, lesamphithéâtres de l'École supérieurede commerce Dijon-Bourgogne (ESC)vont connaître l'affluence, mais pasavec des élèves bruyants et surexci-tés.

La quatrième université d'été duMedef de Côte-d'Or affiche pourtantun thème qui, à première vue, pou-rait inciter à la légèreté : « Le Rebond ».L'organisation patronale tente en faitde nous donner des envies de s'ex-traire énergiquement de la torpeurmorose qui s'est emparée de la Francedepuis dcs mois et qui semble nejamais vouloir prendre fin. Pour cefaire, c'est un programme ambitieuxqui a été mis au point. Le demi-millierde participants attendu aura sansdoute de quoi se réjouir avec un largepanel d'intervenant qui, autour dedeux tables rondes, d'une conférenceplénière et d'un grand rendez-vouséconomique, trouveront de l'ecclec-tisnie, du décalage, de la pertinence,de l'humour, de l'expertise et, pour-quoi, pas, le plaisir d'être surpris.

Le coup d'envoi sera donné à 14 heu-res avec des débats inattendus, sanstabou ni langue de bois, des person-nalités venues de tous les horizons,des sujets pour réfléchir, décrypter lemonde d'aujourd'hui et anticiper sesmutations... Le Medef de Côte-d'Ora invité cette année quinze person-nes.Àpartirde 14h30, deux tables ron-des se dérouleront en simultané :

L'une aura pour thème « J'ai(de) lachance ». On pourra y entendreHugues Le Bret, cofondateur deCompte-Nickel, un compte que l'onpeut ouvrir chez son buraliste, fl a aussidirigé Boursorama et la communica-tion de La Société Générale et s'est faitconnaitre avec la publication d'un livresur l'affaire Kerviel (voir interview enpage II de ce supplément).

Francis Lelong, co-fondateur deSarenza, il est brutalement débarquépar son conseil d'administration. En

2010,0 prend la direction d'une pla-teforme d'édition de meubles contem-porains en ligne qui devra s'arrêtersuite au projet de réforme sur la taxa-tion du capital.

Léa Terzi, capitaine du GDE, qui aoffert au seul club de handball fémi-nin d'élite en Bourgogne son retouren première division et son premiertitre de Champion de France.

Francis Zentz, coach et conféren-cier international, auteur de J'aide lachance, un livre intriguant et mysté-rieux où il porte un regard innovantsur le rôle de la chance dans notre vie.

L'autre table-ronde portera sur lethème « Se relever pour se révéler ».Là encore, quatre participants sontannonces : Le Père Nicolas Buttet. Aucours de ses études de droit, NicolasButtet s'investit en politique, fait lafête, et s'installe maritalement. À 23ans, il devient le plus jeune députéau Parlement cantonal du Valais enSuisse.

Jean-François Dortier est sociolo-gue, fondateur et directeur de publi-cation du magazine Sciences Humai-nes. Il est également éditeur deséditions Sciences Hurnaines et dumagazine Le Cercle Psy. Élina Dumontest une enfant de la DDASS. Cetteancienne sans-abri aujourd'hui comé-dienne est chroniqueuse sur RMC.Elle dénonce la machinerie et le mar-keting autour de la pauvreté (lire l'ar-ticle qui lui est consacré en page IIIde ce supplément). Dominique Loi-seau s'est retrouvée, il y a onze ans,du jour au lendemain, seule à la têted'une entreprise cotée en bourse, sansle fondateur, le créateur et l'hommecharismatique qu'était Bernard Loi-seau (à lire en page IV de ce supplé-ment).

Après ces deux tables-rondes se tien-dra à 16 heures un atelier de finance-ment participatif MyMajorCompany,dont le président, Michaël Goldman,sera également présent, pour parti-ciper à la conférence plénière (lire soninterview en page IV de ce supplé-ment).

À 16h45 aura lieu la cérémonie de

remise des trophées de l'entreprise,suivie,àl7heures par leGrand entre-tien économique auquel participe-ront Louis,Gallois, président de laFabrique de l'Industrie, auteur en2012d'un rapport sur la compétitivité fran-çaise et président du conseil de sur-veillance de PSA Peugeot-Citroën. Ildébattra de l'actualité et des perspec-tives économiques avec Jean-PierreDeramecourt, président du directoirede la Caisse d'Épargne BourgogneFranche-Comté et Pierre-AntoineKern, président du Medef de Côte-d'Or et de Bourgogne.

C'estàl8hl5quedébuteralaconfé-rence plénière sur le thème « Solu-tions terrainsetterrahisde solutions »réunissant cinq intervenants : MichaëlGoldman, président et cofondateurde MyMajorCompany, Natacha Ques-ter-Séméon, évangéliste de l'internetet des nouveaux usages depuis lesdébuts du web, elle est à la fois jour-naliste, vidéo biogueuse, chroniqueuseradio et entrepreneure, Philippe Ram-baud qui, après 25 ans dans le groupeDanone, a créé en 2000 une PME inno-vante dans le marketing point de venteinternational (17 pays couverts), quia fait faillite en 2008, Nicolas Rossi-gnol. Journaliste-reporter et chroni-queur pour de nombreuses émissionstélé grand public, il décide en 2005d'arrêter sa carrière médiatique pourcréer l'association « Tout le mondechante contre le cancer », et enfin Geo-froy Roux de Bézieux vice-présidentdélégué du Medef national, il a menéen parallèle une carrière d'entrepre-neur avec plusieurs milliers d'emploisà son actif, une activité citoyenne dansle syndicalisme patronal et un enga-gement philanthropique.

Cette quatrième édition de l'uni-versité d'été du Medef de Côte-d'Orprendra fin autour d'un cocktail dîna-toire au cours duquel vous découvri-rez l'ambiance musicale pop-folk deFilansen accompagné de son orches-tre. Ce chanteur dijonnais, composi-teur et interprète vient de lancer sontroisième album financé via MyMa-jorCompany.

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PIERRE-ANTOINE KERN, PRÉSIDENT DU MEDEF DE CÔTE-D'OR« Tous acteur du rebond économique »

Pour la quatrième année consé-cutive, le Medef de Côte-d'Oret ses partenaires vous propo-

sent d'aborder la rentrée économiqueen prenant un peu de hauteur avecl'université d'été. À nouveau, nousavons rassemblé pour vous, à Dijon,un panel exceptionnel d'intervenantsautour du « Rebond ».

Un thème qui s'est imposé... carsur le plan économique notamment,on peut se demander si nous n'avonspas touché le fond ! Mais aussi parceque nous pouvons tous être acteursdu rebond économique de la France.Rebond offensif ou rebond défensif,quelles stratégies pour sortir de la criseet ne pas céder à la sinistrose ?

Être mobile, savoir se placer, savoir

s'imposer, avoir le sens du collectif,gêner l'adversaire, être agressif, avoirde la détente... autant de qualitésessentielles sur un terrain de sportcomme en entreprise. Au-delà de lavie professionnelle, comment trans-former un échec en opportunité ?Comment faire de la récupérationactive ? Peut-on aider la chance ? Nousserons ce mardi 2 septembre plus decinq cents chefs d'entreprise, déci-deurs, responsables et acteurs dumonde économique et institution-nel, réunis pour réfléchir, décrypterle monde d'aujourd'hui et anticiperses mutations, lors de débats inat-tendus, sans tabou ni langue de bois.Nous espérons que vous repartirezenrichis de nouvelles idées et per-spectives.

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Interview, ( f̂ondateur du compte bancaire Nickel, avec Ryad Boulanouar, Hugues Le Bret n'est pas un banquier comme les autres.Ébranlé par l'affaire Kerviel, il suit un chemin atypique et illustre bien la thématique du rebond retenue pour l'université du Medef

« Je pense que la chance se provoque »

L? Journal du palais. Vous avezin parcours professionnel assezong au sein de la Société Géné-

ral. Pouvez-vous revenir dessus I* Hugues Le BreL J'ai été respon-

sable de la communication dè labanque pendant plusieurs années etégalement pdg de Boursorama, unefiliale de la Société Générale à 55 % età 25 % de la banque espagnole CaixaBank. J'ai passé dix ans au comité exé-cutif de la Société Générale, en tantque directeur de la communication,de l'innovation et du comité de pilo-tage des activités internet du groupe.Je suivais la stratégie de Boursoramadepuis une dizaine d'années, etnotamment le projet d'introductionen bourse.

» Quelle expérience retirez-vousdu travail que vous avez fourni dansle domaine de la banque « tradition-nelle » ?

» Je suis arrivé à la Société Géné-rale fin 1999 et j'ai directement inté-gré le comité exécutif. Auparavant,j'assurais la direction générale d'unefiliale du groupe Havas, groupe auquelj'avais vendu une entreprise créée parmes soins quèlques années plus tôt.l'avais donc plutôt un parcours d'en-trepreneur et durant mes premierssixmoisàla Société Générale, j'ai effec-tué ce qu'on appelle un « tour debanques » : je passais une semaineau guichet à Lille, une semaine auJapon, une autre à New-York, une autreencore en Pologne... Ensuite, dix ansdurant, j'ai été au sein du comité exé-

cutif, là où l'on aborde les risques, lafinance, les résultats mensuels desfiliales. Pendant cette période, nousavons procédé à une trentaine d'ac-quisitions. J'ai donc une bonneconnaissance de la comptabilité ana-lytique de tous les métiers de labanque, les stratégies commerciales,financières, informatiques de la SociétéGénérale, du Crédit du Nord et deBoursorama.

* Cette période de votre vie pro-fessionneÛe a néanmoins pris fin demanière assez mouvementée et bru-tale, à travers l'affaire Kerviel ?

* II est vrai que le thème de l'uni-versité d'été du Medef de Côte-d'Orest « Le Rebond » et c'est effective-ment ce que j'ai vécu. Lorsque je suisentré àla Société Générale, c'était justeaprès l'échec de l'OPA de la BNP surcette banque. De 2000 à fin 2007, nousavons connu des années de très fortecroissance dans quatre-vingt pays et,en janvier 2008, tout a explosé avecl'affaire Kerviel, puis en octobre de lamême année avec la chute de Leh-mann Brothers. Tout cela rend hum-ble ! Alors que j'étais àla tête de Bour-sorama, j'ai démissionné pour publiermon livre (voir note de bas de page)qui ne portait pas sur Kerviel mais surla gestion de la crise, qui était une crisesystémique. L'histoire, ce n'est pas unedescription de ce qu'a pu faire JérômeKerviel avant le 20 janvier 2008, maisc'est l'histoire de l'après découvertede cette véritable « bombe », ce 20 jan-vier-là. J'ai démissionné, peut-êtreparce qu'à trente ans, j'avais déjà créé

« ll faut se mettre dans unecertains disponibilité d'esprityour recevoir la chance, semettre dans les conditions depouvoir la saisir. En quittantboursorama, j'avais envie derelancer les dés...»

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une entreprise et je pense qu'on neperd jamais son côté entrepreneurlorsqu'il est en vous, et je suis repartide zéro.

• En 2010, vous disiez que JérômeKerviel était, à vos yeux, « uneénigme » Le pensez-vous toujourset que vous ont inspire les évène-ments récents entourant le retouren France de l'ex-trader ?

» Une énigme, il en est de moinsen moins une. Je pense que sa moti-vation, c'était le gonflement du bonus.La monstruosité des positions finan-cières qu'il a prises à l'époque, resteen revanche uneénigme pourmoi. Pourquoi a-t-il renforcé sespositions jus-qu'au derniermoment, alorsqu'il savait qu'ilétait cerné par lescontrôles ? Jepense que lors-qu'on a été audi-tionné, de A à Z,par deux jugesd'instruction,qu'on a été renvoyé en correction-nelle, qu'on perd le procès, qu'on perdun second procès en appel, que lacondamnation est confirmée en cas-sation, il faut purger sa peine avechumilité et tenter de se réinsérer. Jetrouve que Jérôme Kerviel est aujour-d'hui dans une espèce de combatmédiatique perdu d'avance, pourlequel, chaque fois, il trouve des gensun peu naïfs qui le soutiennent sansconnaître le dossier. On a bien vu com-ment il manipulait les cours de labanque et l'opinion. J'avoue qu'au-jourd'hui, je ne le comprend pas. Sij'avais commis une telle faute, je croisque j'aurais avoué, j'aurais aidé à régler

le problème, j'aurais demande par-don et j'aurais cherché à purger mapeine le plus vite possible... Là, on estdans un schéma obtus, très obses-sionnel, caricatural de l'arrogance etdu « jusqu'au boutisme » de ce gar-çon.

* Six ans après, êtes-vous parvenuà trancher ce débat : Kerviel n'estqu'un instrument et le problème c'estle système bancaire, ou le problème,c'est véritablement un individu ?

* Je pense que c'est les deux : il y aun problème global de système ban-caire et notamment un problème de

« Entre Kerviel et le système bancaire, où est levéritable problème ?Je pense qu'il est dans lesdeux : Hyo un problème global lié auxrémunérations dans les salles de marchés. Hya aussi un problème de ressources humaines,de repères, de sens des valeurs qui resteabsolument colossal dans ces métiers de lafinance. »

rémunération dans les salles de mar-chés, en particulier pour des person-nes qui ont des métiers très sophisti-qués. Il y a aussi un problème deressources humaines, de repères, desens des valeurs qui reste absolumentcolossal dans ces métiers de la finance.De l'autre côté, il y a une fraude, per-mise par le système qui ne l'avait pasenvisagé mais le principal fautif, c'estle fraudeur. Le système est sans douteallé trop loin, mais il y aura aussi tou-jours des fraudeurs et je pense que lalutte contre la fraude, pas simplementpar les contrôles, mais aussi par lespolitiques de gestion des ressourceshumaines, reste encore très sous-

dimensionnée aujourd'hui.* Cette expérience a-t-elle été déter-

minante dans votre volonté d'écrireun ouvrage tel que JVoBflwfcet de créerle compte Nickel ?

* Je n'aurais pas écrit No Bank si lecompte Nickel n'avait pas reçu l'a-grément de la Banque de France, sinous n'étions pas parvenus à en faireune entreprise. No Bank raconte marencontre avec Ryad Boulanouar quiavait les technologies et qui avaitinventé le système d'ouverture decompte en cinq minutes. Nous noussommes associés pour que cette tech-nologie se transforme en projet d'en-treprise. No Bank, c'est aussi une tra-versée de la France d'aujourd'hui, avecsa diversité, la difficulté d'entrepren-dre, de financer les projets... C'est unlivre très « sociétal ».

* Depuis quand le compte Nickelexiste-t-il?

» II a l'agrément de la Banque deFrance depuis juin 2013. Sa distribu-tion, en test, a débuté en octobre2013et depuis février demier, il est vérita-blement accessible au public.

* Comment a-t-il été accueilli ?» Nous avons aujourd'hui autour

de 31.000 clients. Ce démarrage esttrès positif, parce que le symbole adu sens. C'est une révolution que lesgens ont encore du mal à imaginer.Je pense qu'il faudra un peu de tempspour en prendre toute la mesure. Sil'on reprend l'Histoire des métiers ban-caires depuis le Moyen-Âge, on cons-tate que la première fonction est d'of-frir des coffres-forts, des transports etdes mouvements de fonds sécurisés,la tenue de compte avec des moyensde paiement Le deuxième métier, c'estde faire du crédit et le troisième, c'estde proposer des solutions d'épargne.Si on réfléchit bien, le premier métier,qui est la tenue de comptes, aujour-

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d'hui, ce n'est que dela technologie. Cequ'apporté le compteNickel, c'est le tempsréel : dans le modeclassique, vous faitesvos course et ondécouvre, a posteriori,les opérations quevous avez faites, alorsque nous, nous véri-fions les opérations apriori, après les avoirvérifiées et avant quevous les ayez faites.

C'est la raison pour laquelle nous nedonnons pas de chéquier, nous n'au-torisons aucun découvert. Il n'y a pasde date de valeur, pas d'opération enattente, pas de surprise. Ce métier debase peut se décorréler des autresmétiers de la banque, comme c'estdéjàle casauxÉtats-Unis. Là-bas, vousavez des spécialistes qui ne font quedu crédit immobilier, d'autres qui negèrent que des ordres de bourse. Pourchacune des prestations, vous pou-vez choisir le meilleur prestataire. AvecNickel, pour la première fois, on peutdissocier et avoir une bonne solutiontechnologique ouvrable en cinq minu-tes. Compte tenu de révolution desréglementations entourantles métiersbancaires, de plus en plus contrai-gnantes, les ouvertures de compte sontde plus en plus fastidieuses et lon-gues. Si vous souhaitez juste ouvrirun compte pour la tenue de compte,nous avons seulement besoin de véri-fier votre identité et votre adresse. Enscannant sa pièce d'identité dans uneborne chez le buraliste, on peut ouvrirun compte en cinq minutes.

• Peut-on imaginer que dans unavenir proche, vous élargissiez votrechamp d'action sur d'autres métiersde base de la banque ?

* Si nous le faisons, ce sera en créantd'autres entreprises, parce que noustenons vraiement à dissocier les dif-férents métiers. Mais il y a des besoins.On peut citer l'exemple d'une start-up lancée par un Français qui mar-che très fort aux États-Unis, Lending-

Club, qui permet aux particuliers dese faire du crédit entre eux. On pourrafaire du crédit comme on Mt du covoi-turage. On pourra choisirlapersonnequi prête, celle qui emprunte, les gensse noteront entre eux et on ira cher-cher le meilleur prix pour le prêt donton aura besoin. La législation euro-péenne le permet déjà.

• Lors de votre venue à Dijon, vousallez participer à une table-rondeintitulée « J'ai(de) la chance ». Vousestimez-vous globalement chanceuxou avez vous aidé la chance ?

* Je pense que j'ai eu beaucoup dechance à toutes les étapes de mon par-cours. Avec ma première entreprise,créée lorsque j'avais 30 ans j'ai toutde suite eu comme clients des socié-tés de nouvelles technologies. J'ai pula vendre dans de bonnes conditions,j'ai démarré comme journaliste payéau Smic et je me suis retrouvé patronde banque en moins de vingt ans. Enmême temps, la crise Kerviel, il y aavait un risque sur 400 que cela tombesur nous... et c'est tombé sur nous.Par ailleurs, la crise financière a étéépouvantablementdureàgéreretj'aicrû que le monde s'écroulait. J'ai eubeaucoup de mal à repartir de zéro.Le compte Nickel, nous avons mis plusde trois ans avant de pouvoir le démar-rer. Mais j'ai eu la chance de rencon-trer Ryad Boulanouar, de rencontrerquatre-vingt entrepreneurs qui nousont financés. Je pense que la chancese provoque. Si j'étais resté salarié d'ungrand groupe je n'avais aucune chancedè créer une start up telle que CompteNickel.

PROPOS RECUEILLIS PARBERTY ROBERT

4 Hugues Le Bret participe à latable ronde intitulée «J'ai(de) lachance ». Il est aussi l'auteur dulivre La semaine où Jérôme Kerviela failli faire sauter le système finan-cier mondial. Journal intime d'unbanquier. Paru en 20W aux édi-tions des Arenes, et de No Bank,paru en 2013 dans la même mai-son d'édition.

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Rencontre. Parmi les invités de cette université d'été du Medef de Côte-d'Or, Élina Dumont devrait faire forte impression. Son passé deSDF lui a forgé un caractère fort et une personnalité tout à fait intéressante à venir entendre. Elle porte aujourd'hui sur la vie et lesdifficultés sociales un regard à la fois acéré et non dénué d'humour. Un regard popularisé par le spectacle lancé en 2013 : Des quais à lascene.

«À 15 ans, j'étais tellement en colère que je pensaisme venger des gens qui m'avaient œndamnée... »

Traiter les Enfoirés d'enfoirés, ilfallait oser. Élina Dumont l'a fait,en mars dernier, sur les ondes

de l'émission « Les Grandes Gueu-les » sur RMC.

Son coup de colère visait ces artis-tes qui, selon elle, sous couvert d'ai-der les Restos du Coeur, se paieraientsurtout une belle image sur le dos dela misère, se poseraient en donneursde leçons... tout en allant payer leurimpôts sur des terres plus accueillan-tes que la France. Est-elle injuste ?Exprimait-elle une indignation légi-time ? La question n'est pas là maisl'épisode est révélateur du caractèredu personnage qui reconnaît elle-même qu'elle a toujours été une« grande gueule ». Un caractère forgédans le moule d'une enfance et d'uneadolescence marquées par la dureté.Placée dans une famille d'accueil àl'âge de deux ans, Élina Dumont s'estheurtée très tôt aux aspects les moinsséduisants de la nature humaine. « Onrn 'a souvent dit que je finirais en pri-son ou comme prostituée... » se sou-vient-elle.

«UN RAPPORTA LA LOIOUI M'ÉTAIT ÉTRANGER»

Au sortir d'une adolescence qu'ellequalifie de « perturbée », elle se retro-uve à 18 ans, à Paris, dans la rue. «J'aifait des conneries, souligne-t-elle, et

j'ai fini par être placée sous tutelle dejuge de 19 à 21 ans. Cette situation amarqué un jalon important dans monparcours car elle a institué un rapportà la loi qui m'était jusqu'alors totale-ment étranger. Lorsque j'étais soustutelle du juge, il ne m'a pas laissé lechoix :j'ai dû me faire suivre par unpsychiatre. J'allais le voir une fois parsemaine. J'ai plus de 25 ans de psycho-thérapie derrière moi aujourd'hui. »Ce suivi ne s'est pas immédiatementtraduit par un changement de vie radi-cal pour Élina Dumont. Pendant 15ans, elle va connaître une existenced"e sans domicile fixe. «J'ai tenté, pré-cise-t-elle, à cette période, de me cons-truire comme j'ai pu. J'ai f ait des bon-nes et des mauvaises rencontres maispendant longtempsje ne suis pas par-venue à comprendre pourquoi je n 'ar-rivais pas à m'en sortir. Ce qui est sûrc'est que j'ai toujours été une fille cou-rageusequien voulait... ».

Les mauvaises rencontres qui ontpu jalonner sa vie de SDF, ÉlinaDumont les explique, en partie, parle fait qu'on va toujours vers ce qu'onconnaît et son univers, c'était alors larue, l'alcool, parfois la violence.

Difficile de s'extraire de cette pri-son à l'air libre. Finalement, petit àpetit, Élina Dumont en est venue àreprendre des études, vers l'âge de30 ans. « J'ai préparé un Brevet d'Étatd'animateur technicien de l'éduca-

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Avec Élina Dumont, c'est à une belle et forte rencontre que nous convie ('univercité d'été du Medef de Côte-d'Or, notamment au cours de la table-ronde intitulée « Se relever pour serévéler». Elle y reviendra sur son parcours de SDF et sur le spectacle qu'elle en a tiré, intitulé Des quais à la scéne.

don populaire et de la jeunesse (Bea-tep),je voulais travailler dans le social,mais rapidement, je me suis trouvéeen désaccord avec l'approche des cho-ses dans ce milieu professionnel. J'aidémissionné».

UN SPECTACLE PORTÉPENDANT DIX ANS

C'est à cette période là qu'elle vafaire une des belles rencontres de savie : celle d'un metteur en scène quilui fait prendre conscience qu'elle apeut-être sa place sur une scène dethéâtre. Le spectacle Des quais à lascène qu'elle jouedepuis 2013, elle l'aporté en elle pendant drx ans. Elle y amis un vécu intense, une vraie colère

envers ceux qui pensent encore qu'onse retrouve à la rue parce qu'on le veutbien, mais elle y fait passer aussi unmessage : « Dans la vie, on n'a riensans rien » et l'assistanat est égale-ment quelque chose contre lequel elles'élève. «Pendant mes années de galère,confie-t-elle, j'ai fait beaucoup de petitsboulots. Je savais que, parfois, j'étaisexploitée, mais quand on n 'a pas lechoix,onfaitavec...Jen'encourageévi-demment pas les patrons à exploitermais on ne peut pas non plus vivre enattendant que tout tombe du ciel.Lorsque j'avais 15 ans. j'avais telle-ment décolère en mot queje médisaisqu 'un jour je me vengerai, parce queje sentais que les gens m'avaient

condamné. Finalement, aujourd'hui,je mène des actions sociales dans plu-sieurs villes de France, en utilisantl'ou-til du théâtre, j'interviens dans des éco-les, je fais réfléchir les enfants sur laviolence, les discriminations. Je lie tou-jours l'action sociale à l'action cultu-relle, tout simplement pour tenter derépondreàœttequestionsimple:quellesociété voulons nous ? »

Aux côtés des chômeurs à Thion-ville, avec des SDF à Marseille ou desgamins de banlieue à Bobigny, ÉlinaDumont creuse aujourd'hui son sillonavec persévérance et une convic-tion : l'action sociale et l'action cul-turelle sont intimement liées. « ftiwrmoi, conclut-elle, ces deux dimensions

sontindisociables,nfautapporterautrechose aux gens. La prison, par exem-ple, devrait être te lieux de mise en pra-tique d'actions sociales structurées per-mettant aux personnes qui en sortentde s'être reconstruit... »

BERTY ROBERT

* Élina Dumont est égalementl'auteure d'un livre intitulé Long-temps, j'ai habité dehors, paru auxéditions flammarion en 2013.Elle participe, au cours de cette uni-versité d'été du Medef de Côte-d'Orà la table-ronde portant sur lethème « Se relever pour se révéler».

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01/07 SEPT 14Hebdomadaire

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Rencontre. Après le décès brutal de Bernard Loiseau en 2003, Dominique, son épouse, a dû mettre tout en œuvre pour préserver leprestigieux groupe gastronomique. Elle l'a fait, en dépit de ceux qui doutaient...

« II a fallu que je me montre... »

S 'est-elle révélée ? Une chose estsûre : au lendemain du décès deson mari, Bernard Loiseau, en

2003, Dominique Loiseau à dû se rele-ver, et pas seulement elle. Il y avaittrois enfants à élever et un groupe gas-tronomique de renommée interna-tionale, comptant de nombreuxemployés, à faire vivre, coûte quecoûte. La présence de Dominique Loi-seau à la table ronde « Se relever pourse révéler » dans le cadre de l'univer-sité d'été du Medef 21 est donc tout àfait justifiée. Rebondir, elle sait ce quecela signifie. « Nous avions une mai-son qui "tournai f, précise-t-elle, maisma grande priorité a été de redonnerconfiance. Ce n'était pas gagné. Sansun chef charismatique et médiatiquetel qu'était Bernard, il a fallu que jeme montre et rappeler que l'équipe étaitla même, que tout continuait... » Domi-nique Loiseau a alors conscience quele défi se trouve plus dans la percep-tion que l'on peut avoir du groupeLoiseau, que dans la qualité de ceséquipes, depuis longtemps prouvée.La nouvelle dirigeante parie alors surune présence dè tous les instantsauprès de la clientèle de l'établisse-

PHILIPPESCHAFF

ment étoile de Saulieu. fl fallait incar-ner Loiseau, ne surtout pas laissercroire que la disparition dè son diri-geant médiatique signifiait une chutedans l'anonymat. « Fin 2003, ajoute-t-elle, fai aussi publié le livre BernardLoiseau, mon mari. // me semblait

nécessaire de raconter qui il était vrai-ment alors que les médias ne s'intéres-saient qu'au fait divers. Ce livre, que jene voulais pourtant pas faire au départ,parce que j'estimais avoir d'autres prio-rités, a attiré leur attention, et m'aapporté une visibilité médiatique qui

stephanie gaitey
Texte surligné
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m'a été utile pour rassurer autour dela question du devenir du groupe. Ilfaut se rappeler qu'à l'époque, pourneuf dixième des clients potentiels, nousallionsfermer.Mêmelaprofession nouslaissait six mois à vivre... ».

INCARNER L'IMAGE LOISEAULa disparition de Bernard Loiseau

bouleversa de toute façon le rôle deson épouse dans la marche de l'en-treprise. Du vivant de son mari, elleremplissait les fonctions de secrétaire,s'occupait de tout le volet commer-cialisation, de l'hôtellerie, des ques-tions liées à la décoration. Les réuni-ons de chantier, c'est elle qui lesassurait. « Rester assis à discuter, cen'était vraiment pas son truc ! » À cepanel de fonctions déjà dense, elle adonc dû ajouter l'incarnation de l'i-mage Loiseau, «fe me suis retrouvéepropulsée dans la lumière sansy avoirété préparée, se souvient-elle, mais jen'avais pas le temps d'avoir des étatsd'âme. E fallait préserver l'œuvre deBernard. J'y suis allée sans être sûre d'yarriver. Je n'étais pas seule, j'avais der-rière moi une équipe ». Armée d'uneconviction, étouffant ses craintes,

Dominique Loiseau s'est aussi jetéeà corps perdu dans cette étape dè savie avec le souci de faire le maximumpour ne pas avoir de regrets. «Hyoseulement deux-trois ans que je mesuis enfin dit "Nous avons réussi"alorsqu'auparavant, le groupe perdait de,l'argent et qu'il fallait absolumentremonter la pente ». À partir de 2007,sont nés Loiseau des Vignes à Beauneet Loiseau des Ducs, en 2013 à Dijon.Deux restaurants étoiles aujourd'hui,auxquels s'ajoutent deux restaurantsparisiens. En se retournant sur cesonze années, Dominique Loiseau n'apas pour autant l'impression d'avoirdécouvert une autre facette de sa per-sonnalité, en se confrontant à ces cir-constances tragiques : « Je me suismariée tard et j'ai toujours vécu seule,sans attendre qu'on agisse pour moi.Cesqualitésm'ontservilorsqu'ilafalluassurer la continuité de la maison Loi-seau. Mon passé de journaliste, parexemple, a fait que je n'étais pas impres-sionnée parla presse, à chaque fois quej'ai dû l'affronter. Tout ce que j'ai faitavant m'a beaucoup aidé ».

BERTY ROBERT

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Interview. Michael Goldman est le président et l'un des fondateurs de MyMajorCompany, le site de financement participatif le plusconnu de France. Au départ réponse à la crise du disque, MMC élargit depuis sans cesse ses champs d'action.

« Nous avons inversé le rapport de force »e Journal du palais. Dans quel-les conditions MyMajorCom-

' (MMC) a-t-elle été crééeen 2007?

* Michael Goldman. Avec mes troisassociés, nous étions producteursindépendants de musique et nousétions confrontés à la crise. Nous avonsdécouvert un site néerlando-allemandqui s'appelle SellaBand et qui a été lepremier au monde à instituer ce prin-cipe de financement participatif surinternet, dans le domaine musical.Cela correspondait exactement à nosbesoins. Six mois plus tard, nous lan-cions MMC.

* C'était un véritable pari pourvous. Vous partiez quasiment d'unefeuille blanche...

* Complètement mais ce rut un pariassez simple à prendre : Nous avonseu de la chance. Dès le début nousavons trouvé un financeur. Nousavions vaguement décrit notre busi-ness plan et ce que nous voulions faireet il a apporté 250.000 euros. Nousprenions le risque du temps passé etde l'énergie déployée mais pas le risquefinancier. Mais si on n'est pas prêt àprendre au moins ces risques là lors-qu'on est entrepreneur, il vaut mieuxrentrer chez soi...

« Créer MMC, était-ce bousculerl'industrie du disque ?

» Oui, c'est sûr. Nous venions de ladirection artistique de BMG. Le prin-cipe de la direction artistique c'est dedécider si les artistes ont le droit ounon d'exister. Avec internet est apparuun système qui a fait que ce n'était

plus les directeurs artistiques qui déci-daient, mais les internautes. Ce sys-tème a aussi généré beaucoup d'er-reurs mais, à l'époque, en 2007, ilapparaissait comme très intéressant.Lorsque nous nous sommes lancés,nous ne savions pas à quoi nous atten-dre, exactement, en laissant les inter-nautes décider. Le mode de finance-ment participatif représentait enlui-même une révolution dans l'uni-vers de la production musicale qui,jusqu'alors, avait toujours été de la

responsabilité d'un seul homme dontles choix pouvaient s'avérer gagnants,ou, au contraire, catastrophiques. C'é-tait, et c'est toujours un vrai compor-tement d'entrepreneur et la produc-tion musicale est l'un des raresdomaines culturels qui fonctionneencore de cette manière. Dans lecinéma, par exemple, le risque du pro-ducteur est plus faible et c'est sou-vent le Centre national du cinéma(CNC) ou les diffuseurs qui l'endos-sent vraiment. En musique, on trouve

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encore des gens assez fous pour met-tre 150.000 euros de leur poche surun artiste simplement parce qu'ils ycroient... avec le risque de gagner zéroderrière ! Transférer cela sur les inter-nautes, c'était effectivement une petiterévolution. Nous avons inversé le rap-port de force.

* Sur un plan musical, quel bilantirez-vous, sept ans après la créationde MMC?

* Le premier bilan qu'on peut tirer,c'est le constat du succès du principede financement participatif dans cedomaine. Cela a plu très vite et avecdes montants énormes. Sur un planartistique, le bilan n'est pas forcémentpositif : les internautes qui se réunis-sent pour élire un artiste sont extrê-mement légitimistes. Ds n'élisent quedes choses qui ressemblent à ce qu'ilsconnaissent déjà. Du coup, cet aspectdes choses redonne du sens à la fonc-tion de directeur artistique, ce que nesont pas les internautes qui ne ferontpeut-être pas preuve de la mêmecuriosité.

» Avec le temps, vous avez élargi lechamp d'action de MMC. Vous pro-posez des actions de financementparticipatif sur d'autres domaines.Est-ce la prise en compte de la mon-tée en puissance du crowdfunding ?

* Après la création de MMC, nousétions régulièrement sollicités par desacteurs d'autres domaines (livre, BD,autres...) qui pensaient que le finan-cement participatif pourraient aussifonctionner pour eux. De fait, le prin-cipe pouvait s'appliquer à de nom-

breuses choses et c'est comme celaque nous avons élargi les champs d'in-tervention de MMC.

» Lors de votre passage à Dijon vase tenir un atelier MMC. Venir à larencontre de porteurs de projetslocaux, c'est aussi une évolutionsymptomatique pour vous ?

» Ce mode de financement mar-che dans tous les domaines, pas for-cément pour tous les types de pro-jets. MMC est aujourd'hui un peu« prisonnier » de cette image de finan-ceur d'artistes musicaux qui a cons-tituée son point de départ. Nousdevons à présent « évangéliser » pourexpliquer que notre modèle a évolué.Dans l'entrepreneuriat, nous avonsdéjà des exemples de projets qui ontfonctionné et les entrepreneurs regar-dent de plus en plus vers nous. Je peuxvous citer une véritable « successstory » qui a été financée grâce àMMC : Wistiki est une application poursmartphone qui permet de retrouverses objets perdus. Ce projet a été montépar trois frères, ingénieurs, qui ontproposé aux internautes de les sou-tenir. Ils ont ainsi levé 80.000 eurosen quatre mois.

PROPOS RECUEILLIS PAR

B. R.

4 Michael Goldman, qui est le filsde Jean-Jacques Goldman, parti-cipe à l'université d'été du Medef 21dans le cadre de la conférence ple-nière intitulée « Solutions de ter-rain, terrain de solution ».