LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT...

19
AVEC SOUTIEN DE SÉNÉGAL LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST Etat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels

Transcript of LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT...

Page 1: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

AVEC SOUTIEN DE

SÉNÉGALLE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUESTEtat des lieux, tendances, opportunités et enjeux actuels

Page 2: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

ACRONYMES

ADEPME Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises

AIE Agence Internationale de l’Energie

AMSCO African Management Services Company

APC All Progressives Congress

APIX Agence pour la Promotion des Investissements et des Grands Travaux

ASG Actifs sous gestion

ASS Afrique Sub-saharienne

AT Assistance Technique

BAD Banque Africaine de Développement

BCEAO Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest

BIO Société belge d’Investissement pour les pays en Développement

BMN Bureau de Mise à Niveau

BOAD Banque Ouest Africaine de Développement

BoP Base de la Pyramide

CACS Commercial Agriculture Credit Scheme

CEDEAO Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest

CNCAS Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal

CR Capital risque

CTIC Conseil en Technologies de l’Information et de la Communication

DEG Société Allemande d’Investissement et de Développement

ESG Environnement, Social and Gouvernance

FCFA Franc de la Communauté Financière Africaine

FinTech Financial Technology

FMI Fonds Monétaire International

FMO Société Financière Néerlandaise pour le Développement

FONGIP Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires

FONSIS Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques

GAIN Ghana Angel Investor Network

GIIN Global Impact Investing Network

GIMPA Ghana Institute of Management and Public Administration

GIPC Ghana Investment Promotion Center

GVEP Partenariat pour l’énergie du village planétaire

I&P Investisseurs et Partenaires

IDE Investissement Direct Etranger

IDH Indice de Développement Humain

IFD Institution Financière de Développement

IFU Fonds d’industrialisation pour les pays en développement

IMF Institutions de Microfinance

IPRES Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal

LAN Lagos Angel Network

MCF Medical Credit Fund

MENA Moyen-Orient et Afrique du Nord

MEST Meltwater Entrepreneurial School of Technology

NFSP Programme national de sécurité alimentaire

OCI Organisation de la Conférence Islamique

OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires

ONG Organisation Non-Gouvernementale

OPIC Société de promotion des investissements privés à l’étranger

PIB Produit Intérieur Brut

PME Petite et Moyenne Entreprise

PNUD Programme des Nations Unies pour le Développement

PSE Plan Sénégal Émergent

R&D Recherche et Développement

RH Ressources Humaines

SFI Société Financière Internationale

SIG Système d’Information de Gestion

SMEDAN Agence pour le développement des petites et moyennes entreprises au Nigéria

TIC Technologies de l’Information et de la Communication

TRI Taux de Rentabilité Interne

UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest-Africaine

REMERCIEMENTSCe projet a été financé avec l’aide du gouvernement du Royaume-Uni, à travers la mise en œuvre du Programme d’Impact élaboré par le Département pour le Développement International. Le Programme d’Impact vise à impulser le marché de l’investissement d’impact en Afrique Subsaharienne et en Asie du Sud.

www.theimpactprogramme.org.uk

Ce rapport a été établi grâce à la collaboration de nombreuses personnes, tant en Afrique de l’Ouest qu’ailleurs. Nous souhaitons tout d’abord, remercier toutes les personnes interviewées lors de cette étude, qui ont offert de leurs temps, organisations et savoir-faire. Vos différents apports ont considérablement aidé éclairer un sujet complexe. Nous remercions également les membres de l’équipe du GIIN pour leurs précieux conseils, reçus tout le long du processus d’élaboration du présent rapport. Nous tenons enfin à remercier Jessica Johnson et Aida Ndiaye pour leurs brillantes participations à la recherche et à la collecte de données.

Équipe Consultative du GIIN Amit Bouri, [email protected] Balloch, [email protected] Mudaliar, [email protected] Schiff, [email protected] Gustafson, [email protected]

Équipe de Rédaction de Dalberg Naoko Koyama, [email protected] Nouwen, [email protected] Matthew MacDevette, [email protected] Shen, [email protected] Bazley, [email protected] Burke, [email protected]

JUIN 2016

Page 3: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

SÉNÉGAL • 1

SÉNÉGALTABLE DES MATIÈRESOBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

Définitions . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4Méthodologie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

1. PRESENTATION DUPAYS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Bref Contexte Historique et Politique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7Structure et Performances Économiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Climat des Investissements et Secteurs Moteurs des Investissements Directs Étrangers (IDE) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

2. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT . . . . . . . . . . 12Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12Obstacles et Opportunités . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Mesure et Suivi de l’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23Contexte de Développement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24Principaux Acteurs de la Demande . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la Demande pour l’Obtention d’Investissements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

4. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Cadre Réglementaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27Efforts de Soutien au Développement du Marché de l’Investissement d’Impact . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Page 4: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3

OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIEÀ PROPOS DU PRESENT RAPPORT

Ce rapport fournit des informations capitales sur le paysage de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest. Il comporte quatre chapitres. Le premier traite des différents constats et conclusions tirés des études menées, au niveau régional. Les trois autres présentent les résultats spécifiques du Nigéria, du Ghana et du Sénégal. Ces chapitres sont articulés autour de quatre sections :

1. « Aperçu » fournit un panorama du climat politique, économique et d’investissement de la région ou du pays.

2. « Offre » présente les enseignements relatifs au volume des capitaux d’investissement d’impact mobilisés et ventilés en fonction du secteur, des techniques utilisées et de l’ampleur des transactions. Les principaux obstacles et opportunités identifiés et soulignés par les investisseurs d’impact interrogés dans le cadre de cette étude y sont également décrits. Cette section expose par ailleurs, les différents indicateurs et méthodes en matière de mesure de l’impact et d’établissement de rapports.

3. « Demande » décrit les principales caractéristiques des bénéficiaires d’investissements d’impact tout en relevant leurs besoins et les obstacles perçus vis-à-vis de l’accès aux capitaux.

4. « Écosystème » décrit le cadre réglementaire de l’investissement d’impact et des principaux acteurs impliqués dans l’appui aux entreprises et aux investisseurs.

Outre les principaux pays que sont le Nigeria, le Ghana et le Sénégal, des informations sur quatre autres pays sont présentées dans le chapitre dédié à la région de l’Afrique de l’ouest (Sierra Leone, Côte d’Ivoire, Togo et Bénin) sous forme de tableaux.

Le Marché de l’Investissement d’Impact en Afrique de l’Ouest est la troisième édition d’une étude de marchés régionaux publiée par le Global Impact Investing Network (GIIN). Cette étude vise à combler le manque de données disponibles sur l’investissement d’impact dans les économies émergentes. La première édition de ces rapports a traité de l’Asie du Sud, la deuxième, de l’Afrique de l’Est et la prochaine traitera de l’Afrique australe.

TABLE DES FIGURESFigure 1 : Contribution sectorielle au PIB du Sénégal, de 2010 à 2014. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8Figure 2 : Montant des investissements d’impact totaux identifiés au Sénégal,

de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13Figure 3 : Les investisseurs d’impact au Sénégal, selon l’emplacement

de leur bureau, juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14Figure 4 : Répartition sectorielle des investissements directs des IFD,

de janvier 2005 à juillet 201 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16Figure 5 : Répartition sectorielle des investissements directs des autres types

d’investisseurs que les IFD, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Figure 6 : Montant des investissements directs des IFD en fonction de la taille

de la transaction, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17Figure 7 : Montant des investissements directs des autres types d’investisseurs que les IFD

en fonction de la taille de la transaction, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18Figure 8 : Montant des investissements directs totaux des IFD en fonction

de l’instrument utilisé, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19Figure 9 : Montant des investissements directs totaux des autres types d’investisseurs

que les IFD en fonction de l’instrument, de janvier 2005 à juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20Figure 10 : Les acteurs de l’écosystème sénégalais, juillet 2015 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 29

Page 5: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

4 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 5

Définitions

OFFRE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Le GIIN définit les investissements d’impact comme « ceux destinés aux entreprises ou aux organisations visant à créer un impact social et environnemental, tout en générant une rentabilité financière”.1 Les investisseurs d’impact présentent trois caractéristiques :

1. prévision d’une rentabilité financière positive sur la durée de vie de l’investissement ;

2. intention de créer un impact social et environnemental positif ;

3. engagement à mesurer et à suivre l’impact social et / ou environnemental.

Les investissements d’impact sont réalisés dans un grand nombre de secteurs et à l’aide de divers instruments. Plusieurs types d’investisseurs sont actifs dans le secteur de l’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, notamment les IFD2, les fondations, les entreprises familiales, les banques, les investisseurs institutionnels et les gestionnaires de fonds.

À PROPOS DES PORTEFEUILLES DES IFD

La définition utilisée dans cette étude de l’investissement d’impact repose sur l’intention des investisseurs de générer des retombées positives pour les bénéficiaires. Les auteurs savent cependant, que cette intention peut se traduire par différentes stratégies d’investissement. Du fait du caractère unique et de la taille des IFD, les auteurs de ce rapport analysent leurs activités indépendamment de celles des autres types d’investisseurs d’impact et font ainsi les analyses adaptées. (Ce rapport mettant l’accent sur le développement du secteur privé, les fonds accordés directement aux gouvernements ne sont pas pris en compte dans l’analyse.)

Une segmentation des portefeuilles des IFD en “investissements d’impact” et en “autres investissements” aurait pu être intéressante. Elle n’a malheureusement pas pu être adoptée pour cette étude. La perception du portefeuille d’investissement des IFD a beaucoup évolué. D’aucuns considèrent tous leurs investissements comme étant à fort impact, d’autres segmentent leurs activités en plusieurs catégories. Toutefois, la majorité de ces IFD ne communique pas publiquement sur le caractère à fort impact ou non de leurs investissements. Vu la diversité des opportunités de création d’impacts sociaux et / ou environnementaux, il a été jugé inapproprié pour cette étude de procéder à la segmentation des portefeuilles. En revanche, l’analyse en elle-même est structurée de manière à permettre aux différents lecteurs du rapport d’interpréter les données dans leur contexte.

Les investisseurs d’impact investissent à la fois directement dans des entreprises et des projets et, indirectement par le biais d’intermédiaires financiers (par exemple, les gestionnaires de fonds). En effet, une proportion inconnue des investissements

1 Le site web du Global Impact Investing Network, www.thegiin.org .2 Les IFD sont définies comme des institutions financières soutenues par le gouvernement, et qui

accordent un financement au secteur privé (et dans certains cas au secteur public) en vue de réaliser des investissements favorisant le développement.

indirects agit comme une source d’investissement direct et les données les concernant sont insuffisantes. Les intégrer pourrait résulter en un double emploi. Le rapport présent met l’accent sur les investissements directs. Cependant, ces investissements indirects sont traités de façon détaillée dans la section 2 du présent chapitre.

Seuls les capitaux mobilisés ont été pris en compte dans cette étude. Les fonds engagés mais non encore mobilisés ont été retirés de l’analyse. Toutes les références à « capitaux mobilisés » et « capitaux d’impact » renvoient à l’investissement d’impact, sauf indication contraire. Les données disponibles correspondent à la période 2005 à mi- 2015 ; toutes les références à « capitaux mobilisés à ce jour » renvoient à cette période.

DEMANDE D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Les investisseurs d’impact touchent les grandes comme les petites entreprises. Les IFD ont tendance à favoriser les grandes entreprises en raison de leur capacité à mobiliser et utiliser des capitaux importants. Cette section traite de la demande de deux catégories d’entreprises : les entreprises sociales d’une part, et d’autre part, des PME3 qui représentent 90% du tissu économique de la région.

Dans le présent rapport, les entreprises sociales sont définies comme celles qui :

• expriment un objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental positif, et

• cherchent à atteindre la viabilité et la pérennité financière.

La définition précise d’une PME varie selon les pays. De manière générale, sont dénommées PME, les entreprises qui comptent moins de 250 employés.4 Les dirigeants de PME interviewées pour les besoins de cette étude ne précisent ni le revenu, ni le nombre d’employés de leurs entreprises au cours des discussions. Il est nécessaire de souligner que de nombreuses entreprises sociales sont des PME.

Les entreprises sociales et les PME sont les potentiels bénéficiaires d’investissement d’impact en raison de leur rôle primordial dans la création d’emplois et la fourniture de biens et services aux populations mal desservies. Cependant, elles font face à d’importants obstacles pour accéder aux capitaux et pour générer de la croissance. L’expérience de ces entreprises révèle donc les principaux obstacles à l’accès aux capitaux d’impact ainsi qu’à leur mobilisation.

3 Les entreprises sociales en Afrique de l’Ouest sont presque exclusivement des PME.4 “Micro, Small, and Medium Enterprises around the World: How Many Are There, and What Affects

the Count?” International Finance Corporation (2010). Disponible sur : http://www.ifc.org/wps/wcm/connect/9ae1dd80495860d6a482b519583b6d16/MSME-CI-AnalysisNote.pdf?MOD=AJPERES.

Page 6: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

6 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 7

ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME

• Les acteurs de l’écosystème de l’investissement d’impact soutiennent activement les investisseurs ou les entreprises. Il s’agit notamment des types d’organisations suivantes :

• Incubateurs /accélérateurs 5

• Prestataires d’assistance technique (y compris les prestataires de services en conseil)

• Services de notation de crédits

• Réseaux et associations d’industries

• Institutions de recherche

• Concours de plans d’affaires

Méthodologie1. Des informations ont pu être collectées durant cette mission grâce à plus de 50

entretiens physiques et téléphoniques avec des investisseurs d’impact, des acteurs de l’écosystème, des entrepreneurs et des dirigeants d’entreprises en Afrique de l’Ouest. Les entretiens physiques ont eu lieu dans les principaux pays cibles que sont : le Nigéria, le Ghana et le Sénégal, tandis que les entretiens téléphoniques ont été réalisés avec des parties prenantes localisées en dehors de cette région ou actifs dans d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.6 La liste des personnes interrogées figure en annexe.

2. Afin de compléter les renseignements tirés des entretiens, une recherche documentaire a été menée sur les portefeuilles d’investissement d’impact et les dynamiques d’investissement en vigueur dans cette région. Cette recherche s’est faite à travers l’exploitation d’études universitaires, de bases de données ouvertes au public, d’anciens projets de Dalberg, de rapports des IFD et des investisseurs, de rapports gouvernementaux ainsi que de sites web et de supports publicitaires des entreprises. Les données présentées exposent généralement les transactions effectuées par 13 IFD et 27 autres investisseurs d’impact.

5 Les incubateurs permettent aux PME de s’installer et de se développer grâce à une combinaison de services d’appui aux entreprises (par exemple : le mentorat, le coaching et la formation en gestion comptable), au financement et à la mise à disposition d’un espace physique et / ou de machines. Les incubateurs soutiennent les PME en phase de démarrage et celles en phase de croissance.

6 Côte d’Ivoire, Liberia, Sierra Leone, Bénin, Burkina Faso, Cap-Vert, Gambie, Guinée, Guinée - Bissau, Mali, Niger et Togo.

1. PRESENTATION DU PAYS

Bref Contexte Historique et PolitiqueLe Sénégal, avec un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de plus de 2 300 dollars en 2014,7 est la quatrième économie d’Afrique de l’Ouest. Ce pays constitue une porte d’entrée pour les investissements en Afrique francophone. Sa capitale, Dakar, abrite le troisième plus grand port de la région Ouest Africaine, après Lagos (Nigeria) et Abidjan (Côte d’Ivoire).8 Située sur la côte Atlantique, reliant l’Afrique sub-saharienne (ASS) à l’Afrique du Nord, l’Europe et les États-Unis, Dakar dispose de liaisons aériennes relativement courtes avec les centres économiques de ces régions et avec le reste de l’Afrique subsaharienne.9 Le Sénégal est membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et abrite le siège de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) à Dakar. La monnaie locale est le franc CFA d’Afrique de l’Ouest, arrimée à l’Euro.10

Parmi les pays de l’Afrique sub-saharienne, le Sénégal a connu une remarquable stabilité politique. Depuis son indépendance en 1960, le pays a vécu trois transitions démocratiques pacifiques.11 L’actuel président, Macky Sall, envisage de raccourcir son mandat à la tête de l’Etat de sept à cinq ans, là où d’autres dirigeants africains tentent de se maintenir au pouvoir. 12

Les cinq dernières années, le Sénégal a connu une croissance annuelle du PIB relativement modeste de 3,3%. Celle-ci s’est récemment améliorée à 4,5% en 2014, son plus haut niveau depuis 2008.13 L’actuel gouvernement, a défini le “Plan Sénégal émergent” (PSE) afin de stimuler la croissance à travers d’importantes réformes structurelles et des projets majeurs de développement publics et privés. La croissance

7 “GDP per capita, PPP (current international $),” Banque Mondiale (2014). Disponible sur : http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.PCAP.PP.CD.

8 Flipo, Blandine. “Comment Dubaï a gagné Dakar,” Jeune Afrique (15/10/2007). Disponible sur : http://www.jeuneafrique.com/103242/archives-thematique/comment-dubae-a-gagn-dakar/.

9 Vols commerciaux réguliers à partir de Juillet 2015 de Dakar à Casablanca, Paris et New York, respectivement de trois, cinq et huit heures. Les vols de Dakar à Accra ou Abidjan durent environ trois heures.

10 Union Économique et Monétaire Ouest Africaine (2015). Disponible sur : http://www.uemoa.int/Pages/Home.aspx. Les analyses portant sur le Sénégal et la plupart des autres pays francophones, ainsi que sur les pays lusophones (Guinée-Bissau) en Afrique de l’Ouest révèlent que l’impact structurel de l’ancrage à l’euro et l’union monétaire sont particulièrement pertinents. La zone UEMOA compte également le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Mali, le Niger et le Togo. Cet ancrage remonte à l’utilisation du franc français. La Guinée (pays également francophone de l’Afrique de l’Ouest) n’utilise pas le même franc.

11 “Senegal Overview,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.worldbank.org/en/country/senegal/overview.

12 “Réduction du mandat présidentiel au Sénégal : Macky Sall se dédiera-t-il ?” Radio France International (08/04/2015). Disponible sur : http://www.rfi.fr/afrique/20150408-senegal-reduction-mandat-presidentiel-macky-sall-dedie-wade-/.

13 “Senegal Overview,” Banque Mondiale (2015). Disponible sur : http://www.worldbank.org/en/country/senegal/overview.

Page 7: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

8 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 9

du PIB devrait atteindre 6% en 2016 et le PSE a pour objectif d’atteindre 7% de taux de croissance annuel moyen pour faire du Sénégal un pays émergent et compétitif au cours des deux prochaines décennies.14

Des facteurs tels que l’insuffisance d’infrastructures et la lourdeur des procédures liées aux obligations fiscales représentent des freins aux investissements. Cependant, la stabilité politique et monétaire reste un attrait pour les investisseurs d’impact du fait du niveau de risque faible et du potentiel à long terme du pays.

Structure et Performances Économiques

INDICATEURS DU PIB

L’économie du Sénégal repose essentiellement sur le secteur des services, tirée par Dakar, ville portuaire du pays. Les secteurs des services financiers, des transports, de l’hôtellerie et celui des télécommunications en plein essor, représentent ensemble 59% du PIB (voir figure 1). Le secteur agricole (y compris les principaux sous-secteurs de la pêche, de l’élevage, de la sylviculture ainsi que de l’exploitation agricole) concentre 77,5% de l’emploi, mais ne contribue qu’à 17% du PIB. Le secteur est vulnérable aux chocs climatiques, notamment à la variabilité de la pluviométrie qui entraine une productivité globale faible.15

FIGURE 1 : CONTRIBUTION SECTORIELLE AU PIB DU SÉNÉGAL, DE 2010 À 2014

12,0 14,0 14,1 14,7 15,5

2010 2011 2012 2013 2014

PIP en milliards de dollars

Agriculture

Industrie

Services 59% 60% 59% 58% 59%

23% 25% 25% 24% 24%

18% 16% 17% 18% 17%

Source: Indicateurs du Développement Mondial, Banque Mondiale (2015)

Le taux de croissance du PIB au Sénégal est inférieur à celui de l’Afrique subsaharienne (qui se situe à + 5%). Les prévisions de 2016 envisagent un taux plus élevé à 6%.16 L’atteinte de l’objectif de 7% du PSE sera freinée par l’insuffisant développement du

14 “African Economic Outlook : Senegal Report,” Banque Africaine de Développement (BAD) (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/country-notes/west-africa/senegal .

15 Ibid.16 Ibid.

secteur privé formel (le secteur informel contribuant à 42% du PIB17) laissant peu de possibilité de gains significatifs de croissance.

Climat des Investissements et Secteurs Moteurs des Investissements Directs Étrangers (IDE)

TENDANCES DES IDE

En 2013, les flux d’IDE s’élevaient à 272 millions de dollars,18 soit 2% du PIB national. Ils ont principalement concerné les secteurs de l’agro-industrie et de l’agroalimentaire. Les services liés aux technologies de l’information (TI), avec notamment les centres d’appel, de même que la construction et l’immobilier19ont également attiré des flux importants d’IDE. La France représente l’investisseur historique (50% des IDE entre 2006 et 2011) ; mais les investisseurs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) sont de plus en plus actifs au Sénégal et en Afrique occidentale francophone.20 L’organisation de sommets et rendez-vous internationaux tel que, le 11ème sommet de l’Organisation de la Conférence Islamique (OCI) à Dakar en 2008,21 ou la visite officielle du roi Mohammed VI du Maroc en mai 201522 permettent d’envisager d’importants accords commerciaux de partenariats économiques privé-privé et public-privé.

Au niveau mondial, le Sénégal figure parmi les 25 premiers pays au monde recevant des transferts de fonds de sa diaspora après le Libéria et la Gambie en Afrique de

17 L’économie informelle est constituée d’entreprises et d’activités économiques qui ne sont pas réglementées et qui échappent à l’impôt.

18 La monnaie utilisée par les gouvernements et les institutions financières internationales de la zone UEMOA, est le franc CFA de l’Afrique de l’Ouest. L’équipe de recherche a converti les données historiques au cours actuel du dollar à compter de la publication du présent rapport, sur la base du taux de change en vigueur en Juillet 2015, soit 600 francs CFA pour 1 dollar. Cependant, au cours des deux dernières années, le cours du dollar a enregistré une amélioration notable par rapport au franc CFA (et à l’euro), en raison de la crise financière de la zone euro et des politiques d’assouplissement. Ce chiffre ne reflète pas la valeur historique convertible, le taux de change en vigueur correspondant pas plus tard qu’en mi-2014 à 500 franc CFA pour 1 dollar.

19 “African Economic Outlook, Senegal (detailed) Report,” BAD (2014). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/fileadmin/uploads/aeo/2014/PDF/CN_Long_EN/Senegal_EN.pdf.

20 Au cours de la même période (2006-2011), la France était suivie par l’Inde (10%) et par la Suisse (7%). “Évaluation des Investissements Directs Étrangers des Pays de l’UEMOA au cours des Années 2000-2011,” Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) (2013). Disponible sur : http://www.bceao.int/IMG/pdf/evolution_des_investissements_directs_etrangers_dans_les_pays_de_l_uemoa_au_cours_de_la_periode_2000-2011.pdf.

21 “Projet de communiqué final de la onzième session de la conférence islamique au sommet,” Organisation de la Conférence islamique (OCI) (2008). Disponible sur : http://www.au-senegal.com/IMG/pdf/oci-communique-final.pdf.

22 “Tournée de Mohammed VI : le Maroc et le Sénégal signent treize accords de coopération,” Le Monde and Agence France-Presse (AFP) (22/05/15). Disponible sur : http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/05/22/tournee-africaine-de-mohammed-vi-le-maroc-et-le-senegal-signent-treize-accords-de-cooperation_4638737_3212.html.

Page 8: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

10 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 11

l’Ouest.23 S’élevant à plus de 1,3 milliards de dollars en 2011, ces fonds représentent 11,2% du PIB en 2011 (contre 5% et 0,4% au Nigéria et au Ghana) et occultent largement l’impact des IDE. La grande majorité des transferts de fonds au Sénégal est consacrée aux dépenses de base des ménages telles que l’alimentation, avec seulement 1,3% à 5,7% (en fonction de la source) destinés aux investissements dans les entreprises. En revanche, au Nigeria, 20,1% à 21,7% des transferts de fonds sont investis dans les entreprises.24

TAUX D’INFLATION ET TAUX DE CHANGE

L’objectif principal des politiques monétaires de l’UEMOA consiste à maintenir un faible taux d’inflation et de limiter la volatilité du taux de change. La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a réussi à atteindre cet objectif, avec un ancrage et une parité fixe du franc CFA à l’euro depuis 1999 (1 euro pour 655,957 francs CFA)25et une limitation de l’inflation annuelle au Sénégal entre 1% à 3%.26 Par conséquent, les tendances monétaires et inflationnistes du Sénégal et de l’UEMOA, reflètent celles de la zone euro plutôt que celles des pays voisins d’Afrique de l’Ouest. L’inflation est maitrisée également à travers une meilleure connaissance des finances publiques, l’adoption d’indicateurs de convergence au niveau de l’UEMOA qui permettent de cadrer les politiques macroéconomiques, etc.

Cette stabilité est rendue possible grâce à un secteur financier strictement réglementé avec des taux de réserves élevés, des exigences de garanties et des règles strictes de déploiement des capitaux.27 Depuis Juin 2014, la BCEAO a accordé à 22 banques commerciales du Sénégal des prêts concessionnels assortis au taux préférentiel de 3,5%.28 Les taux d’intérêts en vigueur appliqués aux prêts aux particuliers et aux prêts commerciaux sont généralement de 10% à 12%, soit environ trois fois le taux d’intérêt type appliqué aux États-Unis, mais nettement inférieurs aux taux appliqués dans les pays confrontés à un plus grand risque de dévaluation monétaire. Il s’agit du Ghana, du Kenya, du Nigeria ou de l’Afrique du Sud. Les institutions de microfinance (IMF) accordent des prêts à des taux d’intérêt annuel deux fois supérieurs à ceux des banques commerciales, leur taux étant plafonné par la réglementation de l’UEMOA à 24% (depuis début 2015). Alors que les IMF interrogées soulignent que pour de nombreuses institutions ce plafond menace leur viabilité financière, les taux d’intérêt en vigueur sont perçus comme étant trop élevés par la plupart des PME sénégalaises.

23 “Personal remittances, received (% of GDP),” Banque Mondiale (2011). Disponible sur : http://data.worldbank.org/indicator/BX.TRF.PWKR.DT.GD.ZS.

24 “Leveraging Migration for Africa: Remittances, Investments, and Skills,” Banque Mondiale (2011). Disponible sur : http://siteresources.worldbank.org/EXTDECPROSPECTS/Resources/476882-1157133580628/AfricaStudyEntireBook.pdf.

25 “Rattachement à l’euro au franc CFA et au franc comorien,” Banque de France (1999). Disponible sur : https://www.banque-france.fr/eurosysteme-et-international/zone-franc/presentation-de-la-zone-franc/rattachement-a-leuro-du-franc-cfa-et-du-franc-comorien.html.

26 “Inflation, GDP deflator (annual %),” Banque Mondiale (2013). Disponible sur : http://data.worldbank.org/indicator/NY.GDP.DEFL.KD.ZG. The country did experience deflation of -1.5% in 2013.

27 “Impact Investing in West Africa,” Dalberg and Rockefeller Foundation (2011). Disponible sur : http://assets.rockefellerfoundation.org/app/uploads/20150610104900/Impact-Investing-in-West-Africa.pdf.

28 BCEAO (2015). Disponible sur : http://www.bceao.int/.

FACILITÉ À FAIRE DES AFFAIRES

Au 161ème rang sur 181 pays, le Sénégal se situe parmi les pays les moins bien classés de l’indicateur du rapport Doing Business 2014 de la Banque Mondiale. Les coûts élevés de l’énergie, une administration fiscale complexe et des processus difficiles de transfert de propriété sont d’importants facteurs dissuasifs pour les investissements. Le manque d’accès aux capitaux, des niveaux élevés de corruption et l’insuffisance des infrastructures représentent les principaux obstacles à l’entrepreneuriat.29

L’accès à l’électricité constitue particulièrement un grand défi pour les entreprises présentes dans le pays. Le raccordement à l’électricité nécessite huit procédures qui s’achèvent au bout de 114 jours, à un coût équivalent à 60 fois le revenu par habitant. Ce ratio est plus élevé au Sénégal que chez ses voisins d’Afrique de l’Ouest aussi bien francophone que non francophone.30 Une personne interviewée au sujet de la dépendance du Sénégal aux importations des sources d’énergie pétrolière, a répondu en ces termes : « les factures d’électricité du pays sont parmi les plus élevées de toute la région de l’Afrique de l’Ouest et la prestation de services parmi les pires».31

Au cours des cinq dernières années, le gouvernement du Sénégal, conscient de ces défis, a mis en œuvre une série de réformes favorables à l’investissement, afin d’améliorer la compétitivité du pays. Par exemple, le nombre de procédures relatives aux transferts de propriété est passé de six à quatre, le temps nécessaire pour démarrer une entreprise est passé de 122 à 60 jours et le code des investissements du pays a mis en place des exonérations fiscales de trois ans au profit de certains projets.32 Les investissements d’impact en cours effectués par les IFD dans les grands projets électriques et routiers remédient directement aux lacunes historiques des infrastructures au Sénégal. Ces investissements ont permis au pays de gagner dix places entre 2013 et 2014 dans le classement établi par le rapport Doing Business de la Banque Mondiale.33

29 “African Economic Outlook, Senegal (detailed) Report,” BAD (2014). Ibid.30 “Doing Business – Senegal,” Banque Mondiale / SFI (2015). Disponible sur : http://www.

doingbusiness.org/data/exploreeconomies/senegal.31 Posthumus, Bram. “The City That Made Solar Power Illegal,” Next City (13/08/14). Disponible sur :

https://nextcity.org/daily/entry/dakar-senegal-solar-power-illegal-power-cuts.32 “Résumé du Code des Investissements et des Dispositifs du CGI,” APIX (2012). Disponible sur :

http://investinsenegal.com/IMG/pdf/resume_ci_et_dispositifs_incitatifs_du_cgi-3.pdf.33 “Doing Business – Senegal” and “Most Improved in Doing Business,” World Bank/IFC (2015).

Disponible sur : http://francais.doingbusiness.org/data/exploreeconomies/senegal/ et http://www.doingbusiness.org/reforms/top-reformers-2015.

Page 9: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

12 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 13

2. OFFRE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENTS D’IMPACT

Estimation des Capitaux d’Impact Mobilisés Il existe 23 investisseurs d’impact actifs au Sénégal, dont 11 IFD et 12 autres types d’investisseurs.34 Les investissements d’impact identifiés, provenant de 10 IFD et 8 autres types d’investisseurs s’élèvent à environ 550 millions de dollars de capitaux mobilisés. Il s’agit de 74 investissements directs effectués depuis 2005 au profit d’entreprises et de projets (Figure 2). Les 12 autres types d’investisseurs réalisant des investissements directs sont aussi bien des gestionnaires de fonds que des fondations (Figure 3). Par ailleurs, les IFD et les autres types d’investisseurs, par le biais de fonds et d’intermédiaires ont réalisé 9 investissements indirects leur permettant de mobiliser environ 45 millions de dollars. Afin d’éviter les doublons dans le décompte (une proportion inconnue d’investissements indirects agissant comme source d’investissements directs), et en raison d’une insuffisance de données sur la nature des investissements indirects, ce chapitre ne porte que sur les investissements directs. Les investissements indirects sont toutefois traités plus en détail dans le chapitre régional du présent rapport. En résumé, les investissements indirects sont presque exclusivement réalisés par les IFD et se concentrent sur les banques commerciales, les gestionnaires de fonds d’impact et les fonds de capital-investissement, reflétant les efforts des IFD à soutenir les investissements d’impact et à dynamiser les marchés peu actifs de banques commerciales et de capitaux privés.

Le Sénégal a bénéficié d’un des montants les plus élevés d’investissement d’impact en Afrique de l’Ouest, après le Nigeria, le Ghana et la Côte d’Ivoire. Comme dans le reste de la région, les IFD concentrent l’essentiel des investissements d’impact directs, avec 535 millions de dollars investis, soit 97% de l’ensemble des capitaux mobilisés pour 53 transactions. Les autres types d’investisseurs, quant à eux, ont mobilisé 16 millions de dollars en financement public à travers 21 transactions. Les IFD se concentrent sur le financement par emprunt des infrastructures de base, mais un nombre croissant de petites transactions sont effectuées dans différents secteurs par les IFD et les gestionnaires de fonds d’impact, comme exposé plus en détail ci-après.35

34 En raison du caractère unique et de la grande taille des institutions financières de développement (IFD), les auteurs de ce rapport ont analysé leur activité séparément de celles des autres types d’investisseurs d’impact, et présentent ces analyses distinctes le cas échéant. Nous avons également évalué SIMEST, une IFD italienne ; toutefois son unique transaction au Sénégal était sous forme d’investissement indirect et n’est donc pas prise en compte dans nos chiffres.

35 Des informations sur la valeur des investissements effectués par ces gestionnaires de fonds n’ont pas été divulguées pour plusieurs transactions connus au moment de la rédaction du présent rapport. Les chiffres sous-estiment donc l’activité financière des autres types d’investisseurs.

FIGURE 2 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS D’IMPACT TOTAUX IDENTIFIÉS AU SÉNÉGAL, DE JANVIER 2005 À JUIL-LET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

IFD*10,18,7

Autres types d’investisseurs

d’impact que les IFD**

0,80,6

53

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

53543

162

5

214

DirectIndirect

*n = 10 investisseurs **n = 8 investisseurs

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD et des autres types d’investisseurs

Les investisseurs d’impact présents au Sénégal représentent moins la moitié (10/23) de ceux ayant mobilisés des capitaux dans le pays (Figure 3). Tous les IFD et autres types d’investisseurs, à l’exception de Teranga Capital, 36 appartiennent à des réseaux internationaux. Les gestionnaires de fonds comptent essentiellement sur les financements issus à la fois des IFD, des fondations familiales et des personnes mieux nanties, la majorité des fonds obtenus provenant de l’extérieur du Sénégal. Par exemple, I&P et Root Capital mettent en commun des financements provenant des IFD au niveau mondial et des capitaux privés. Alors que d’autres, comme la Grameen Crédit Agricole et la Fondation Lundin, ne mobilisent actuellement que des capitaux privés.

36 Teranga Capital n’a pas encore mobilisé de fonds, mais procède à son lancement officiel en Septembre 2015, en tant que partenaire local d’Investisseurs et Partenaires (I&P).

Page 10: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

14 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 15

FIGURE 3 : LES INVESTISSEURS D’IMPACT AU SÉNÉGAL, SELON L’EMPLACEMENT DE LEUR BUREAU, JUILLET 2015

Types d’investisseurs d’impact

23 Investisseurs d’impact

10Avec présence

permanente

13Sans présence permanente

10bureaux à DakarIFD• BAD• AFD• Proparco• ARIZ• SFI

Autres types d’investisseurs• Etimos• Investisseurs et Partenaires (I&P)• Root Capital• Teranga Capital• Whole Earth Foundation

Ville où sont installés les investisseurs d’impact

Avec présence permanente

Sans présence permanente Total

IFD 5 6 11Autres types d’investisseurs 5 7 12• Gestionnaires de fonds 10• Fondations 2

Source: Analyses de Dalberg

Près de 97% des investissements d’impact au Sénégal sont mobilisés par les IFD sous forme de financements par emprunt direct, essentiellement dans les infrastructures, l’électrification, l’agro-industrie et l’industrie. La durée de ces investissements varie en fonction du financement du projet spécifique, mais dure généralement au moins cinq ans. Les IFD sont également actives dans de plus petits marchés : parmi les 8 IFD, 6 ont effectué des investissements de moins de 5 millions de dollars, avec une activité particulièrement soutenue de la part de la Société Belge d’Investissement pour les Pays en Développement (BIO) au profit d’une IMF et de plusieurs entreprises agroalimentaires. Une douzaine d’investissements variés ont également été mobilisés par la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD). Cette dernière est un active au Sénégal et dans les pays de l’UEMOA.

Les gestionnaires de fonds des autres types d’investissements d’impact font principalement de petites transactions, utilisant un peu plus des instruments autres que ceux d’emprunt. En ce qui concerne les prêts et les capitaux propres, les gestionnaires de fonds préfèrent généralement mobiliser des capitaux sur un délai de cinq ans. Il convient de souligner que bien qu’il existe une longue liste d’autres types d’investisseurs d’impact au Sénégal dans des régions ciblées, seuls 12 ont effectivement mobilisé des capitaux dans le pays.

SECTEUR

Les IFD ont investi une grande partie de leurs capitaux mobilisés dans le secteur des infrastructures et de l’énergie, représentant 313 millions de dollars, près de 60% du total de leurs investissements directs (Figure 4). Les investissements en infrastructures portant essentiellement sur la construction de réseaux routiers au Sénégal, sont principalement portés par la Banque Africaine de Développement (BAD) et la BOAD. Ces investissements routiers sont indispensables, étant donné que le faible développement du réseau routier coûte au pays 4,6% de son PIB annuel.37 Quant aux investissements dans le secteur de l’énergie, réalisés à la fois par la BAD, la Société Financière Internationale (SFI), la BOAD et la Société Financière Néerlandaise pour le Développement (FMO), ils sont essentiellement destinés à assurer l’électrification des zones rurales mal desservies en électricité. La SFI appuie ces deux secteurs fondamentaux. Elle a eu effectué des investissements au profit de deux routes à péage, de deux grands projets de production d’électricité ainsi que de l’aéroport International de Dakar. Le secteur de l’industrie bénéficie aussi largement des investissements, représentant 17% de l’ensemble des capitaux mobilisés, traduisant ainsi l’importance accordée par les IFD à la stimulation de la productivité et au renforcement de la diversification dans le secteur. 38

Les secteurs des infrastructures et de l’agriculture occupent la première place en termes de nombre de transactions, représentant ensemble près de la moitié de toutes les transactions des IFD. Le secteur agricole représente la quatrième plus large part de capitaux mobilisés par les IFD, notamment en ce qui concerne l’élevage et la pêche. Cet intérêt sous-tend la reconnaissance par les IFD de la nécessité de stimuler la productivité et de réduire la dépendance du Sénégal aux importations de produits alimentaires. 39

37 “Senegal’s road to better transport,” SFI (2015). Disponible sur : http://www.ifc.org/wps/wcm/connect/region__ext_content/regions/sub-saharan+africa/news/senegal_toll_road.

38 Cisse et al. “Scoping paper on industry in Senegal” (2014). Disponible sur : http://www.value-chains.org/dyn/bds/docs/913/wp2014-157(1).pdf.

39 “ : Challenges of diversification and Food Security,” Organisation de Coopération et de Développement Économiques (OCDE) (2008). Disponible sur : http://www.oecd.org/countries/senegal/41302267.pdf.

Page 11: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

16 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 17

FIGURE 4 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Infrastructure 15,7Energie 12,1

Industrie 18,7Agriculture 3,3

Eau et assainissement 8,8Tourisme 13,6

Services financiers 4,8Éducation 0,3

Indéterminé 6,9

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

204109

9339

1814

100,5

48

n = 9 investisseurs

13

1

9

2

27

5

2

12

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Les autres types d’investisseurs se concentrent en revanche sur peu de secteurs (voir figure 5). Les services financiers constituent l’essentiel de l’investissement, avec 10 millions de dollars mobilisés à ce jour dans le secteur, soit plus de 60% des capitaux mobilisés. Ces investissements se concentrent sur les IMF, traduisant la reconnaissance par les investisseurs de l’ampleur des besoins et des possibilités liées au renforcement de l’inclusion financière dans le pays. L’agriculture constitue également en un important secteur, porteur de croissance. De nombreux investisseurs considèrent le secteur agroalimentaire (par exemple, l’usinage du riz) comme étant une importante possibilité d’investissement.40

40 Cette combinaison correspond, par ailleurs à la première philosophie des investisseurs d’impact tels que Etimos et Root Capital, qui se sont spécialisés en matière de combinaison de systèmes de financement et de microfinance destinés aux petites exploitations agricoles, mais leurs investissements au Sénégal ne figurent pas dans notre base de données à compter de 2015.

FIGURE 5 : RÉPARTITION SECTORIELLE DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

n = 7 investisseurs2

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Services financiers 1,2Agriculture 0,5

Construction/Immobilier 0,9Santé 0,4

Industrie 0,4

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

103

111

97

12

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs

TAILLE DES TRANSACTIONS

Les IFD au Sénégal orientent la plus grande partie de leurs capitaux sur les grandes transactions, celles de plus de 20 millions de dollars. Elles comptent pour près de 60% de l’ensemble des capitaux mobilisés (Figure 6) et sont toutes axées sur les grands projets et les entreprises dans les domaines des infrastructures, de l’énergie et de l’industrie. Plus de 80% de l’ensemble des capitaux sont mobilisés par le biais de transactions de plus de 10 millions de dollars.

Les plus petites transactions représentent sont toutefois plus nombreuses. Plus de la moitié (28) se chiffre à moins de 5 millions de dollars. Ces investissements sont majoritairement réalisés dans les entreprises agricoles et dans une moindre mesure, au profit des projets à petite échelle en matière d’énergie dans les zones rurales.

FIGURE 6 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES IFD EN FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

< 1m 0,41-5m 2,9

5-10m 7,010-20m 13,920-50m 30,5

1018

51010

452

35139

305

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 9 investisseurs

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Page 12: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

18 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 19

Les transactions effectuées par les autres types d’investisseurs que les IFD sont plus petites, se chiffrant globalement à moins de 5 millions de dollars (Figure 7). La majorité des transactions est inférieure à 1 million de dollars, celles-ci étant souvent réalisées sous forme de prêts accordés aux IMF et aux petites entreprises agro-alimentaires.

FIGURE 7 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD EN FONCTION DE LA TAILLE DE LA TRANSACTION, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

< 1m 0,41-5m 1,6

145

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 7 investisseurs711

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD

INSTRUMENTS D’INVESTISSEMENT UTILISÉS

La quasi-totalité des investissements directs des IFD se présente sous forme de dettes (Figure 8), le profil de ces investissements n’étant généralement pas différent de celui des investissements des IFD. Les secteurs des infrastructures, de l’énergie, de l’agriculture et de l’industrie représentent l’essentiel des capitaux mobilisés. Cela reflète la préférence des IFD pour le prêt dans la mesure où c’est un instrument présentant moins de risque et étant plus facile à gérer, permettant une voie de sortie plus simple que s’il s’agissait de fonds propres ou quasi-fonds propres. Bien que les données sur la durée des prêts soient limitées, la taille et la nature de nombreux projets des IFD (notamment la construction de routes et de centrales électriques) indiquent qu’elle peut atteindre 15 ans.41 Les transactions de fonds propres au Sénégal sont de faible valeur par rapport aux pays utilisant d’autres instruments (soit une moyenne de 1,5 millions de dollars contre 11 à 12 millions de dollars pour la dette et les quasi-fonds propres) et se concentrent sur les entreprises du secteur de l’énergie et des infrastructures. La seule transaction de quasi-fonds propres a été réalisée au profit d’une entreprise de fabrication de ciment par le Fonds Danois pour l’Industrialisation des Pays en Développement (IFU).

En général, il est très difficile d’envisager au Sénégal des options de désengagement des investissements de capitaux propres. En ce qui concerne les marchés publics, seules trois entreprises sénégalaises non bénéficiaires d’investissements d’impact, sont cotées à la bourse régionale de l’UEMOA. Quant aux activités d’investissement en capitaux propres, elles sont en croissance, mais demeurent insuffisantes. Par

41 “Senegal moves into the fast lane with the opening of its toll highway,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.afdb.org/en/news-and-events/article/senegal-moves-into-the-fast-lane-with-the-opening-of-its-toll-highway-12263/.

exemple, une personne interviewée a indiqué que bien qu’ils souhaitent idéalement que beaucoup de leurs entreprises en quête d’investissements fassent l’objet d’une introduction en bourse, ce n’est tout simplement pas encore une réalité dans les marchés de capitaux de l’UEMOA. Les investissements en fonds propres et en quasi-fonds propres ont néanmoins été effectués par la BOAD, la SFI et l’IFU.

FIGURE 8 : MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES IFD EN FONCTION DE L’INSTRUMENT UTILISÉ, DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Dettes 11,2Fonds propres 1,5

Quasi-fonds propres 12,1Indéterminé 0,5

515 46

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 9 investisseurs

511

7120,5

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des IFD

Les autres types d’investisseurs ont un intérêt particulier pour les transactions en fonds propres et en quasi-fonds propres, mais comme pour les IFD, ils reconnaissent également qu’il est très difficile d’envisager des options de désengagement, permettant ainsi à un plus grand nombre d’entreprises d’être financées par l’endettement (Figure 9). Près de la totalité des investissements est effectuée dans des entreprises en phase de création ou de croissance,42 bien que deux transactions en quasi-fonds propres aient été réalisées avec des IMF quelque peu plus matures sur une valorisation sensiblement plus importante que les dettes ou les capitaux propres. Les investisseurs d’impact sont également limités dans leur capacité à utiliser ces instruments, notamment en raison de la faible connaissance des instruments de capitaux propres par les entrepreneurs sénégalais et la réticence à céder le contrôle de leurs entreprises (Pour davantage de précisions, consulter la section suivante «Demande de capitaux d’investissement d’impact»).

42 Les entreprises en phase de création sont celles qui travaillent à leur propre lancement, tandis que les entreprises en phase de croissance cherchent à consolider et à développer leurs activités existantes.

Page 13: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

20 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 21

FIGURE 9: MONTANT DES INVESTISSEMENTS DIRECTS TOTAUX DES AUTRES TYPES D’INVESTISSEURS QUE LES IFD EN FONCTION DE L’INSTRUMENT UTILISÉ DE JANVIER 2005 À JUILLET 2015

CAPITAUX MOBILISÉS (EN MILLIONS DE DOLLARS) NOMBRE DE TRANSACTIONS

Dettes 0,6Fonds propres 0,7

Quasi-fonds propres 2,5

154

2

93

5

Volume moyen des transactions

(en millions de dollars)

n = 7 investisseurs

Remarque: Il se peut que la valeur moyenne des transactions ne soit pas égale au montant des capitaux mobilisés divisé par la valeur des transactions. Les capitaux mobilisés sont arrondis au million le plus proche sauf si la valeur est inférieure à 1 million. Les valeurs moyennes des transactions sont alors arrondies au 100.000 le plus proche. Source: Analyses de Dalberg ; données des portefeuilles des autres types d’investisseurs que les IFD

Obstacles et Opportunités

PRINCIPAUX OBSTACLES À LA MOBILISATION DES CAPITAUX

Malgré des progrès notables réalisés récemment dans l’environnement des investissements au Sénégal, il reste moins développé que celui de pays tels que le Kenya ou l’Inde, qui attirent beaucoup de capitaux d’impact. Les marchés de capitaux disposent de moins de liquidités et de participation active que les autres pays en développement en Afrique sub-saharienne. Cela vaut pour l’investissement d’impact. Les personnes interviewées ont cité plusieurs exemples de goulots d’étranglement, à savoir :

• Insuffisance d’entreprises et d’opportunités d’investissement : La recherche de transactions constitue un défi, tant pour les IFD que pour les autres types d’investisseurs. La planification générale et les rapports globaux financiers et de gestion des entreprises en quête d’investissements dans les secteurs autres que celui des infrastructures, présentent également d’importantes lacunes. La comptabilité n’est souvent pas conforme aux normes admises, la gestion de trésorerie est problématique, la viabilité financière n’est pas assurée, même pour les entreprises de renommée, particulièrement dans le secteur de l’agro-industrie. De nombreuses sources, notamment les banques commerciales, ont souligné que plus de la moitié des demandes de prêts des PME sont rejetées en raison de problèmes émanant de leur dossier, avant même la procédure de diligence raisonnable. Les investisseurs d’impact au Sénégal réagissent en offrant une assistance technique, soit par le biais de fonds dédiés et de subventions (pour les IFD), soit en siégeant au Conseil d’administration, soit en donnant les orientations de gestion (pour les autres types d’investisseurs).

• Connaissance limitée des investissements d’impact comme sources de capitaux : La notion « d’investissement d’impact » est moins bien connue au Sénégal que dans les pays anglophones du continent. Les entrepreneurs sociaux

autoproclamés43 ciblant les clients de la «base de la pyramide» (BoP) et se présentent comme organisations à but non lucratif. Cela tient aux différences dans la diffusion et l’attrait de ces concepts dans un milieu francophone. Cependant, la notion d’entrepreneuriat social a récemment gagné du terrain, y compris au Sénégal,44,45 où il existe deux entreprises sociales (Laiterie du Berger (production laitière) et Nest for All (services de santé maternelle et pédiatrique).

• Un niveau élevé d’activité économique informelle : L’économie à deux vitesses du Sénégal constitue un facteur explicatif des lacunes en matière de gestion d’entreprises et d’élaboration de rapports. Le secteur informel absorbe jusqu’à 90% de la création d’emplois et 80% de l’emploi total. Il est constitué de micros et petites entreprises exerçant des activités économiques telles que la pêche, l’agriculture et le commerce de gros et de détail. Les réseaux culturels et religieux ont joué un rôle important dans le développement du secteur informel au Sénégal et rendent difficile la mise en place de structures formelles exigées par les investisseurs.46 Par exemple, la confrérie islamique Mouride exerce une influence notable sur le commerce informel au Sénégal et exploite plusieurs grandes entreprises disposant d’un poids économique significatif.47

• Réticence des propriétaires à l’ouverture des capitaux propres aux investisseurs d’impact : Les PME commerciales prospères sont généralement des entreprises individuelles et / ou des entreprises familiales dirigées par des sénégalais. Compte tenu du sous-développement historique du secteur financier formel, ces entrepreneurs sont rarement familiarisés avec les mécanismes de financement non générateurs de dettes et craignent de perdre le contrôle de leur entreprise en cas d’ouverture à ces possibilités de financement. Par ailleurs, les entreprises commerciales plus matures qui pourraient attirer certains types d’investisseurs d’impact, bénéficient généralement de financement provenant des établissements de crédit, tels que la CBAO, une importante banque nationale au Sénégal qui a été acquise en 2007 par le Groupe Attijariwafa du Maroc.

• Difficulté de désengagement : Le désengagement consiste en la cession des participations au capital détenues préalablement. Aucun investissement d’impact au Sénégal ne s’est encore complètement désengagé par le biais des marchés boursiers. Depuis le début de l’année 2015, la bourse régionale de l’UEMOA, BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières) dispose d’une capitalisation totale relativement forte, d’environ 10,8 milliards de dollars (6 500 milliards de francs CFA) au début de 2015. Cependant, les seules entreprises sénégalaises cotées en bourse sont des filiales locales d’un réseau bancaire majoritairement

43 Défini comme se fixant pour objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental positif, et de chercher à assurer une viabilité financière.

44 “Fiche ‘investissement lié à l’impact social,” France Diplomatie (2013). Disponible sur : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/_Fiche_Investissement_lie_a_l_impact_social_impact_investing__cle493d91.pdf.

45 “Sénégal : sept projets d’entrepreneuriat social inspirants,” Levy-Heidmann, K. and Galey, A. (2013). Disponible sur : http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/emploi/business-et-sens/senegal-sept-projets-d-entrepreneuriat-social-inspirants_1232602.html.

46 “The Informal Sector in Francophone Africa : firm size, productivity, and institutions,” AFD et la Banque Mondiale (2012). Disponible sur : https://openknowledge.worldbank.org/bitstream/handle/10986/9364/699350PUB0Publ067869B09780821395370.pdf?sequence=1.

47 Ibid.

Page 14: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

22 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 23

détenu par une banque privée au Maroc (Bank of Africa) et deux multinationales françaises (Sonatel/Orange et Total). Les marchés secondaires, qui permettent la négociation d’investissements existant dans une entreprise donnée, sont pratiquement inactifs.

PRINCIPALES OPPORTUNITÉS PERÇUES À LA MOBILISATION DES CAPITAUX

Les investisseurs d’impact jouissent d’opportunités intéressantes de mobilisation de fonds au Sénégal, en grande partie, d’une part, de l’augmentation du nombre de transactions et du montant des financements destinés à des secteurs et des projets privilégiés (tels que des projets de grande envergure et des projets soumis à des dettes garanties dans les infrastructures et l’énergie) et d’autre part, de la diversification au-delà des services financiers et de l’agriculture. Les personnes interrogées ont relevé les opportunités suivantes :

• Les infrastructures, notamment l’énergie : L’infrastructure routière du Sénégal a commencé à se dégrader au début des années 90. En 2010, 40 à 60% du réseau était encore en mauvais état. Le secteur a par la suite bénéficié d’investissements publics soutenus par les IFD. Cependant, ces infrastructures nécessitent encore de gros travaux de maintien, de réparation et d’amélioration. Des investissements importants sont également nécessaires dans le secteur de l’électricité qui a été partiellement privatisé notamment dans le secteur de la production.48 Ce secteur enregistre une augmentation croissante de la demande d’électricité, nécessitant pour y faire face, des investissements réguliers dans l’offre de production, de transport et de distribution de l’électricité. La BOAD ainsi que plusieurs sources sénégalaises citent spécifiquement l’énergie (les sources d’énergie renouvelables prometteuses notamment) comme étant un secteur porteur. La BOAD a récemment mis en place un fonds de 25 millions de dollars destiné notamment à des projets de développement de l’énergie.

• Agriculture : L’agriculture est un secteur de croissance à fort impact social. Le gouvernement sénégalais a ciblé ce secteur grâce à divers mécanismes d’investissements auxquels il participe (Caisse Nationale de Crédit Agricole du Sénégal [CNCAS], Fonds Souverain d’Investissement Stratégiques [FONSIS], Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires [FONGIP]). L’arachide et le poisson constituent les principaux produits d’exportation du Sénégal depuis la période coloniale, mais les gains de productivité dans les deux cas ont considérablement faiblis du fait d’une faible voire d’une absence de mécanismes appropriés de gouvernance sectorielle. En outre, comme le souligne l’agence nationale de promotion des PME, l’APIX, très peu de PME sont officiellement enregistrées.

• La microfinance : Les investisseurs impliqués dans les IMF ont indiqué que la demande de prêts demeure supérieure à l’offre et que le secteur va poursuivre sa croissance, d’autant que la population devient mieux formée et sensibilisée aux méthodes et aux avantages liés à l’accès aux instruments financiers officiels.

48 “Senegal’s Infrastructure : A Continental Perspective,” Banque Mondiale (2011). Disponible sur : http://www.ppiaf.org/sites/ppiaf.org/files/publication/AICD-Senegal-country-report.pdf.

• La technologie de l’information et de la communication (TIC) : L’impact de l’Internet a renforcé l’importance de ce sous-secteur des services au Sénégal, pesant 7,9% dans le PIB en 2013, plaçant le Sénégal juste après le Kenya, parmi les pays leaders d’Afrique subsaharienne en matière de développement des TIC.49 Le leadership de la Sonatel, filiale du Groupe Orange, le développement accéléré de la téléphonie mobile, la démocratisation progressive de l’Internet, la création d’incubateurs dédiés tels que le CTIC et Jokkolabs ont permis entre autres au pays, d’avoir ce positionnement en Afrique. La Sonatel est également distinguée comme la plus importante entreprise du secteur privé (après un processus de privatisation réussi) et comme le deuxième employeur du pays après l’État.

Mesure et Suivi de l’Impact La quasi-totalité des IFD au Sénégal mesurent en permanence les indicateurs d’impact de leurs portefeuilles. Dans ce cadre, elles ont noté des difficultés liées à l’identification de mesures cohérentes et complètes concernant des transactions spécifiques. Les transactions en matière d’infrastructures et d’énergie sont difficiles à mesurer, les retombées économiques et sociales (par exemple issues des autoroutes ou des centrales d’énergie non renouvelable) pouvant être énormes mais indirectes. Pour les projets d’énergie renouvelable, au-delà de l’ensemble des connexions au réseau et de l’énergie fournie, une capacité sophistiquée de production de rapports est nécessaire pour calculer les empreintes carbones ainsi que l’impact social. Tandis que tous les IFD au Sénégal produisent rapports financiers (typiquement annuellement), BOAD n’a que tout récemment initié l’évaluation d’impact car le monitorage d’impact n’avait pas toujours reçu la priorité par ses membres gouvernements.

Egalement, les autres investisseurs d’impact souhaitent établir des mesures cohérentes et publier les rapports d’impact. Cependant, ils soulignent les difficultés liées aux coûts et à la disponibilité de compétences pour la collecte de données. Malgré cela, la publication de rapports d’impact est importante pour la prise de décision et le suivi des investissements par les gestionnaires de fonds. Dans cette optique le GIIN a développé et gère un référentiel standard de mesures, IRIS. Si plusieurs indicateurs y figurant sont d’intérêt pour les investisseurs, seul un, Root Capital, présent au Sénégal, s’est enregistré comme utilisateur de ce référentiel.50

Les emplois créés ou préservés constituent l’indicateur type utilisé pour les investissements effectués dans des secteurs autres que celui des infrastructures, reflétant la préoccupation du Gouvernement pour l’emploi. D’autres indicateurs sont également utilisés pour la mesure de l’impact des investissements : (a) le nombre de clients s’étant procurés des biens et des services abordables et de qualité, (b) la contribution fiscale, ou (c) une série d’indicateurs financiers et opérationnels (dans le cas des investissements d’IMF). 

49 “African Economic Outlook: Senegal Report,” BAD (2015). Disponible sur : http://www.africaneconomicoutlook.org/en/country-notes/west-africa/senegal .

50 Les utilisateurs des mesures d’IRIS peuvent enregistrer leur utilisation sur le site web d’IRIS, bien que ceux qui sont inscrits ne représentent qu’une partie des utilisateurs d’IRIS. Voir tous les utilisateurs sur www.iris.thegiin.org/users.

Page 15: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

24 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 25

3. DEMANDE DE CAPITAUX D’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Contexte de Développement En dépit de sa stabilité politique et économique, le Sénégal demeure bien en deçà de la moyenne mondiale de 0,702 de l’Indice de Développement Humain (IDH). Bien que des progrès aient été accomplis au regard des indicateurs de santé, de richesse et de bien-être social et environnemental, ils demeurent lents par rapport à d’autres pays en développement en Afrique et dans le monde. Selon le classement mondial de l’IDH, le Sénégal est passé de la 160ème place en 2013 à la 163ème en 2014, même si son IDH absolu s’est amélioré au cours de la dernière décennie, passant de 0,451 en 2005 à 0,485 en 2012. 51

Avec une population proche de 14 millions d’habitants (42,5% ayant moins de 15 ans), le Sénégal dispose d’une base forte de valorisation de son capital humain pour son développement. Ce potentiel est restreint par la situation difficile du secteur de l’éducation. Malgré les initiatives publiques pour améliorer cette situation au cours des trente dernières années,52 le sénégalais moyen passe moins de cinq ans dans l’éducation formelle, 11% seulement suivant des études secondaires. Le taux d’alphabétisation des jeunes est estimé à 65% (4.2 points de pourcentage inférieur à la moyenne en Afrique sub-saharienne). L’alphabétisation insuffisante est particulièrement marquée chez les femmes et les populations rurales. Malgré un progrès continu des indicateurs relatifs à l’espérance de vie et à la santé, les taux de mortalité infantile et maternelle demeurent préoccupants. Près de 50% de la population vit encore dans la pauvreté. Ces dynamiques sociales montrent clairement la nécessité d’avoir recours aux investissements d’impact qui visent à résoudre les problèmes fondamentaux relatifs à l’éducation, la santé et la pauvreté.

Le faible développement de l’emploi formel et l’incidence de la pauvreté explique entre autre l’intérêt pour l’entreprenariat des sénégalais. Il est motivé davantage par la nécessité de subvenir à des besoins socio-économiques que par la perspective de développer à long terme des opportunités d’affaires. D’après la Stratégie nationale de développement économique et social 2013 – 2017 (aujourd’hui intégrée au PSE), seul un citoyen sénégalais sur cinq a occupé un emploi formel à temps plein. Les chefs d’entreprise disposent de faibles niveaux de connaissances financières et commerciales et ont tendance à maintenir leurs entreprises petites et informelles. Les perspectives sont favorables au développement entrepreneurial,

51 “Human Development Reports,” Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) (2014). Disponible sur : http://hdr.undp.org/en/content/table-1-human-development-index-and-its-components.

52 “Human Development Reports,” PNUD (2014). Ibid. Les exemples d’orientations de l’État en matière d’éducation comprennent: la Loi d’orientation de l’Éducation nationale (1971), participation aux États généraux de l’Éducation et de la Formation (1981) et le Programme décennal de l’Éducation et de la Formation (circa 2000).

toutefois au cours de la dernière décennie, l’enseignement technique et la formation professionnelle ont fait l’objet d’une attention accrue au Sénégal. Le programme décennal du gouvernement sur l’éducation et la formation a été mis en œuvre en 2000 et vise à résorber ces lacunes afin d’accroître les connaissances techniques ainsi que les qualifications professionnelles de la population potentiellement active du Sénégal.53Selon les indications préliminaires, bien qu’il reste encore beaucoup à faire, ce programme a permis d’accroître la formation professionnelle et d’assurer une meilleure adéquation entre les compétences et le marché de l’emploi. 54

Principaux Acteurs de la DemandeTel que susmentionné dans la section «Offre de capitaux d’investissement d’impact», plus de la moitié des capitaux mobilisés au Sénégal provenant des IFD est concentrée dans les grands projets d’infrastructure. L’objectif visé est de créer un impact socio-économique durable par la création ou l’amélioration des routes, des ponts, des centrales énergétiques, des systèmes d’approvisionnement en eau. Leur réalisation et leur gestion dans le cadre de partenariats public-privé permettent de réduire les risques de non-matérialisation ou de mauvaise gouvernance de ces infrastructures. Ces projets comprennent des partenaires techniques et financiers tel que la SFI, qui accompagne les projets privés, qui a depuis 2005, investi près de 63 millions de dollars dans les infrastructures énergétiques au Sénégal. Les projets d’infrastructures et énergétiques de grande ampleur ne sont pas caractérisés dans ce rapport du fait de leur complexité au plan de leur nature et de la multiplicité d’études les concernant.

Hormis ces larges investissements, les investisseurs d’impact ont également ciblé les entreprises sociales en phase de croissance.55 Les principaux exemples cités concernent la Laiterie du Berger, qui collecte le lait auprès de 800 éleveurs et le revend après transformation et conditionnement aux ménages à faible et moyen revenus. Nest for All a mis en place un plateau pédiatrique et une maternité, ciblant également des ménages similaires. Au-delà de ces deux success-stories, les entreprises sociales demeurent rares. Bien que les expectations sénégalaises soient que les entreprises privées ont des rôles et responsabilités sociales bien visibles, la notion de suivre ouvertement les deux, l’impact financier et social/environnemental, est nouveau.

Les IMF représentent un important acteur, la plupart pouvant être qualifiée de PME, mais étant également des entreprises sociales, cibles de l’investissement d’impact. En 2013, 30 IMF au Sénégal ont communiqué leurs données au MIX Market, qui collecte les données relatives aux activités des institutions de microfinance à travers le monde.56 D’après ces données, le Sénégal enregistre le plus grand nombre d’IMF

53 “World TVET Database: Senegal.” UNESCO-UNEVOC (2015). Disponible sur : http://www.unevoc.unesco.org/wtdb/worldtvetdatabase_sen_en.pdf.

54 “2015 National Review of Education for All – Senegal,” UNESCO. Disponible sur : http://unesdoc.unesco.org/images/0023/002316/231652f.pdf.

55 Défini comme se fixant pour objectif fondamental de créer un impact social ou environnemental positif, et de chercher à assurer une viabilité financière.

56 Dernières données à partir de 2013.

Page 16: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

26 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 27

(30) en Afrique de l’Ouest et occupe la première place en termes de portefeuille de prêts bruts (402 millions de dollars), suivi par le Nigeria (351 millions de dollars). Selon les personnes interrogées, la demande pour de nouveaux financements et pour le développement des activités de microfinance demeure forte et insatisfaite.

Difficultés Rencontrées par les Acteurs de la Demande pour l’Obtention d’InvestissementsLes acteurs de la demande et de l’écosystème font face à plusieurs freins.

• Difficulté à assurer une viabilité financière et managériale : De nombreuses PME manquent de plans d’affaires bien élaborés, de systèmes de contrôle normalisés (par exemple la comptabilité), de structures de gestion au quotidien, de plans opérationnels et d’employés suffisamment qualifiés. Ces difficultés limitent la durée de vie des entreprises. Les charges élevées d’électricité, les normes faibles relatives à l’exécution des paiements contractuels (en particulier par le secteur public), représentent également des facteurs limitatifs. La concurrence des entreprises informelles, non assujetties à l’impôt, et n’ayant que peu de charges fixes, obère la rentabilité nette des entreprises régulièrement établies. Par ailleurs, de nombreuses entreprises se disant sociales au Sénégal, cherchent à éviter complètement ce problème en agissant comme des organismes à but non lucratif, comme dans le cas du Fonds SEM.57 Concernant les IFM, leur taille limitée et le plafond réglementaire sur les taux d’intérêt annuels ne permettent pas d’assurer aisément leur viabilité financière.

• Difficulté à obtenir des financements : Les prêts font partie des instruments financiers type au Sénégal. La méfiance des entrepreneurs vis-à-vis du financement institutionnel les empêche souvent de l’obtenir. Une personne interrogée appartenant à cet écosystème, a souligné que les PME peuvent être réticentes à la recherche d’un financement formel du fait du manque d’information sur les mécanismes de financement. Cela empêche les entrepreneurs de développer leurs entreprises et de mettre en place des processus de contrôle et de gestion formels. Cette tendance pourrait se traduire à son tour par la difficulté pour ces entrepreneurs d’accéder aux formes classiques de financement par emprunt. Quoi qu’il en soit, la réglementation de l’UEMOA interdit à la plupart des investisseurs institutionnels58 de viser des participations aux capitaux privés et impose d’importantes exigences de réserve et de garantie pour les prêts, tout en plafonnant les taux d’intérêt des banques de dépôt. Pour presque chaque type d’instruments existants, les prêteurs et les emprunteurs ont décelé des lacunes dans le financement, des fonds de roulement à court terme et crédits commerciaux, aux prêts à long terme.

• Manque de sensibilisation aux instruments d’investissement d’impact, conduisant à une sous-utilisation des financements : Les PME en croissance peinent à obtenir des investissements en raison des contraintes susmentionnées,

57 Entretiens et analyses de Dalberg.58 Toutes les banques acceptant des dépôts de détail ainsi que les compagnies d’assurance.

mais elles ne parviennent souvent pas à comprendre que des sources de capitaux existent, permettant de leur offrir des taux plus favorables que les investisseurs commerciaux classiques, en particulier grâce aux gestionnaires de fonds à fort impact.59 Les entreprises sont également réticentes à accepter des investissements en capital. La plupart des PME ayant commencé en tant qu’entreprises familiales et entreprises indépendantes, les entrepreneurs hésitent souvent à accorder des participations à des institutions ou des tiers non affiliés. Cette réticence est souvent due à un manque de connaissances relatives aux options de désengagement et de rachat. Un acteur de l’écosystème a souligné par exemple, que la plupart des entreprises ignorent l’existence de participations minoritaires et limitées dans le temps.

4. ÉCOSYSTÈME DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT

Cadre RéglementaireL’adhésion du Sénégal à la zone UEMOA détermine largement son cadre réglementaire. En plus de l’importante participation et gestion du secteur public dans l’économie, il existe des avantages et des défis relatifs à l’environnement des investissements :

• Stabilité monétaire et profil d’une croissance à moindre risque : La stabilité du franc limite les risques qui résultent de l’instabilité des monnaies, mais les contraintes monétaires et d’accès aux capitaux nécessaires pour maintenir l’ancrage à l’euro inhibent la prise de risque spéculative financière et la liquidité à travers l’économie formelle.

• Participation publique à l’économie : Le financement public injecte des liquidités importantes dans le marché de l’investissement. Le gouvernement du Sénégal est actionnaire dans plusieurs moyennes et grandes entreprises du secteur formel. Il exerce une influence indirecte par le biais de mécanismes tels que l’Institution de Prévoyance Retraite du Sénégal (IPRES), la caisse nationale publique de retraite qui est l’un des plus grands investisseurs institutionnels du pays. De plus, les personnes interrogées ont indiqué que le secteur agricole a bénéficié de subventions directes de l’État et de prêts concessionnels de la CNCAS.

59 “Assessment of Impact Investing Policy in Senegal,” Dalberg (2012). Disponible sur : http://dalberg.com/documents/Impact_Investing_Senegal_Eng.pdf.

Page 17: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

28 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 29

Efforts de Soutien au Développement du Marché de l’Investissement d’Impact

TYPES D’ACTEURS

Il convient de saluer le développement progressif d’acteurs d’appui de l’écosystème, permettant de satisfaire les besoin d’appui-conseils aux entreprises, parallèlement aux efforts structurels destinés à inciter la formalisation à réduire le coût des transactions (Figure 10).

Deux incubateurs, CTIC et Jokkolabs, ont été lancés, axés sur les services liés aux TIC. Jiggen ci TIC est un exemple d’un concours national d’entreprises qui est également axé sur les TIC. En plus d’accueillir des centres d’appels externalisés de langue française, le pays connaît le développement de startups dans le commerce électronique (c’est le cas par exemple du développement sur Internet des activités de Hellofood, Kaymu, Jovago et d’autres sites de vente numériques). En outre, un nombre croissant d’applications mobiles et des plateformes de paiement mobiles font leur apparition, bien qu’un faible niveau d’alphabétisation et de couverture de réseau aient limité leur utilisation au Sénégal par rapport à d’autres régions.

Au cours des 15 dernières années, le gouvernement sénégalais a mis en place l’APIX (Agence de Promotion des Investissements et des Grands Travaux), et renforcé la contribution de l’organisme national d’appui aux PME, l’Agence de Développement et d’Encadrement des PME (ADEPME), en vue de fournir un appui technique direct ainsi que des services de réseautage et de conseils aux entreprises au profit de leurs parties prenantes respectives. Un bureau spécial appelé Bureau de Mise à Niveau (BMN) a également été créé dans le but d’améliorer la compétitivité des entreprises grâce à des conseils sur la technologie, le marketing et les ressources humaines. Enablis est un incubateur d’entreprises à but non lucratif proposant des services d’accompagnement professionnel et de réseautage d’entreprises. Après son implantation dans d’autres capitales en Afrique et en Amérique latine, Enablis a été lancé en 2014 à Dakar et en Afrique occidentale francophone60, et vise à développer rapidement son réseau pour atteindre 60 membres payants cette année. Le Global Village Energy Partnership International (GVEP) fournit un appui similaire destiné aux PME du secteur de l’énergie. Enfin, il existe deux cabinets de conseil en management avec des bureaux à Dakar disposant d’une large offre d’appui aux entreprises.

60 Enablis a également ouvert une filiale au Mali en 2014.

FIGURE 10 : LES ACTEURS DE L’ÉCOSYSTÈME SÉNÉGALAIS, JUILLET 2015

INCUBATEURS PRESTATAIRES D’ASSISTANCE TECHNIQUE RÉSEAUX CONCOURS DE PLANS D’AFFAIRES

Incubateur et accompagnateur

de croissance TIC (CTIC)

Jokkolabs*Agence de

Promotíon de Investissments et

des Grands Travaux (APIX)

Dalberg

Performances Management

Consulting

Enablis

Synapse Center

Bureau de mise à niveau du Sénégal

(BMN)

Global Village Energy Partnership

(GVEP) International

Agence de Développement

et d’Encadrement des PMEs

(ADEPME)

Jiggen ci TIC

* Présent également dans d’autres pays d’Afrique de l’OuestSource: Recherche documentaire, entretiens

Outre l’ADEPME, l’APIX et le BMN (susmentionnés), depuis 2012, le gouvernement a procédé à la modernisation ou au lancement de trois institutions dans le but précis de favoriser la création d’emplois, d’assurer l’accès des PME au financement et de stimuler leur croissance : la Banque Nationale de Développement (BNDE), une banque commerciale pour les petites entreprises ; le Fonds Souverain National d’Investissements Stratégiques (FONSIS) et le Fonds de Garantie des Investissements Prioritaires (FONGIP).

• La BNDE dispose d’une capitalisation de 45 millions de dollars, dont 70% est destiné explicitement aux PME avec des taux d’intérêt cibles de 9% à 10%.

• Le FONSIS, le fonds national souverain, a pour mission de promouvoir le rôle de l’Etat du Sénégal, en tant qu’investisseur, partenaire et complément du secteur privé, ceci dans le but de soutenir les investissements directs afin d’accélérer le développement économique et social du pays, en créant de la richesse et des emplois pour les générations présentes et futures.61 L’institution se fixe pour objectif de réaliser des rendements annuels d’au moins 12% pour le bénéfice des populations sénégalaises. Bien qu’il ne cherche pas à évaluer l’impact d’une manière exhaustive (une des personnes interrogées a souligné que cela reviendrait à «tenter de définir l’indéfinissable»), le FONSIS vise à multiplier par dix son effet de levier financier, en attirant des investisseurs étrangers vers des transactions permettant de mobiliser des fonds quinquennaux ou septennaux. Il souhaite créer

61 Site web du FONSIS.

Page 18: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

30 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 31

des dizaines, voire des centaines de milliers d’emplois, tout en mobilisant 20% de ses capitaux destinés aux PME. A ce jour, le FONSIS a réalisé des investissements en fonds propres dans l’agriculture biologique, l’énergie thermique et l’industrie nationale pharmaceutique.

• Le FONGIP a mobilisé un fonds de garantie de 25 millions de dollars, aux côtés des acteurs des IFD internationales proposant des instruments similaires (AFD et SFI). En partenariat avec les banques commerciales, le FONGIP souhaite disposer d’un portefeuille d’au moins 70% de PME et vise à réduire de moitié les lacunes relatives au financement des PME au Sénégal d’ici 2017. Il accorde des prêts aux IMF à des taux préférentiels de 1,5% à 2%.

Ces institutions viennent s’ajouter à la Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCAS) et au fond intermédiaire de microfinance (Sen ‘Finances) qui ont toutes deux joué un rôle actif pendant des décennies.

PRINCIPALES OPPORTUNITÉS ET CONTRAINTES

Le rétablissement des fondamentaux structurels de l’environnement des affaires, le renforcement de l’intégration régionale, l’accroissement des ressources de financement des entreprises, et le développement des ressources humaines représentent des contraintes majeures à lever pour l’investissement d’impact au Sénégal. Il s’agit là de facteurs essentiels permettant d’amplifier les actions et de passer à l’échelle.

Au-delà de ces éléments structurels, les acteurs de l’écosystème ont cité l’apparition de plusieurs opportunités clés permettant de catalyser les investissements au Sénégal :

• Priorité d’une politique soutenue aux PME : Toutes les personnes interrogées ont convenu que la stratégie et les politiques présentées dans le «Plan Sénégal émergent» marquent un changement important permettant le développement soutenu des PME et du secteur privé. Une personne interrogée estime qu’elle n’a « jamais vu une économie émergente sans la réussite d’une importante intervention du gouvernement. » Compte tenu du système de droit civil en vigueur au Sénégal, les lois et les décrets sont nécessaires pour assurer des interventions réglementaires. La dynamique que reflète le classement du rapport Doing Business constitue la première étape permettant de définir une économie plus dynamique. Toutefois, avec la prolifération de méthodes et des institutions soutenues par les politiques nationales, il existe également un risque de fragmentation et d’incohérence dans les politiques, de concurrence entre les institutions et de chevauchements dans leurs missions. Certaines personnes interrogées ont noté que les initiatives gouvernementales en cours pourraient être mieux communiquées aux PME et aux entrepreneurs, et que ces politiques devraient poursuivre leurs récentes améliorations afin d’être correctement ciblées et éviter ainsi toute perturbation des marchés.

• Bureau de crédit régional : Le processus imminent de l’établissement du tout premier bureau de crédit régional de la zone UEMOA accordé à un fournisseur privé Creditinfo Volo, est une initiative prometteuse reliant les politiques et les investissements publics aux entreprises privées. La Banque centrale BCEAO et la

SFI ont dirigé les efforts destinés à permettre la formalisation et le financement des PME, ainsi que l’accroissement du volume des prêts de 45% dans toute la zone de l’UEMOA de 2012 à 2017.62

• Mobilisation des ressources financières nationales et de la diaspora : Il existe un certain nombre de personnes à valeur nette élevée au Sénégal, mais jusqu’à maintenant, aucun investisseur individuel d’impact ne s’est imposé (tout du moins publiquement) comme Tony Elumelu au Nigeria. En outre, étant donné la part disproportionnée de la population du Sénégal à l’étranger et le poids économique de ce groupe attribuable aux transferts de fonds, il est nécessaire d’intensifier les efforts visant à mobiliser les capitaux humains et financiers de ce groupe afin de soutenir les investissements intérieurs et non pas seulement la consommation. L’Ethiopie fournit une expérience réussie à capitaliser sur l’utilisation des «liens de la diaspora» pour financer l’infrastructure publique.63

• Maturité accrue des PME et des investisseurs : Les personnes interrogées espèrent que leurs tentatives passées et actuelles de renforcer les capacités des entreprises porteront leurs fruits. Bien qu’il existe un intérêt évident des acteurs de l’écosystème plaidant pour un accroissement des financements et de l’ampleur de leurs activités, il y a lieu de noter que jusqu’à récemment, le Sénégal n’a pas bénéficié d’acteurs reconnus soutenant le développement des entreprises (Business Development Services), tels que TechnoServe ou l’organisation néerlandaise de développement SNV. Qu’ils soient à but non lucratif ou pas, ces groupes ont catalysé le secteur de l’entreprise sociale ainsi que le développement du secteur privé dans d’autres pays. Le lancement de groupes tels que Synapse Center et Enablis au cours des cinq dernières années représentent à cet égard des initiatives prometteuses.

62 “Zone UEMOA : le premier bureau d’information crédit attendu en juin 2015,” Jeune Afrique (2015). Disponible sur : http://www.jeuneafrique.com/3841/economie/zone-uemoa-le-premier-bureau-d-information-cr-dit-attendu-en-juin-2015/.

63 “Diaspora bonds: some lessons for African countries,” BAD (2012). Disponible sur : http://www.afdb.org/fileadmin/uploads/afdb/Documents/Publications/Economic_Brief_-_Diaspora_Bonds_Some_Lessons_for_African_Countries.pdf.

Page 19: LE MARCHE DE › assets › 160620_04Senegal_GIIN... · 2 • LE MARCHE DE L’INVESTISSEMENT D’IMPACT EN AFRIQUE DE L’OUEST SÉNÉGAL • 3 OBJECTIFS, DÉFINITIONS, ET MÉTHODOLOGIE

À PROPOS DU GLOBAL IMPACT INVESTING NETWORK

Le Global Impact Investing Network (GIIN®) est une organisation à but non lucratif dévouée à augmenter l’échelle et l’efficacité des investissements d’impact. Le GIIN édifie l’infrastructure essentielle et soutient des activités, de l’éducation, et de recherche qui aident l’accélération du développement d’une industrie cohérente des investissements d’impact. Pour en savoir plus, visite www.thegiin.org.

30 Broad Street, 38ème étage, New York, NY 10004, Etats Unis +1.646.837.7430 | [email protected] | www.thegiin.org