Le Livre d'or de l'Alchimie

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  • JEAN.PASCAL PERCHERON

    t uv&E D'o&

    t}E t,AtSHIIIIIE

    EDITIONS RAMUEL225,rue des Princelles

    60640 VILLESELVE (FRANCE)o

  • A mon pouse Dnia, pour sa patience et sonsoutien sans faille.

    A Philippe Marlin, qui m'a fait connatre Ramuel etqui m'honore de son amiti.

    A tous ceux qui cherchent dans la Voie la plusdifficile, mais combien passionnante.

  • P&flFAgf,"

    L'alchimie m'a toujours fascin, fascin et drout.La dfficult du sujet est effroyable crivait Pierre I-azlo,professeur l'cole Polechnique. ds les premires lignesde son excellent liwe Qu'est-ce que l'alchimie ? >> (l). Etcette eftoyable difficult rsulte certainement de la grandeconfusion qui nimbe le sujet. Confusion au niveau de ladmarche. tant il est difficile de faire la part des chosesentre I'approche mtallique et le cheminement d'ordrespirituel. Confusion au niveau de l'tude concrte, lescharmes de la littrature dite hermtique demeurant biensouvent hors de la porte du nophe. Je me souviens avecsourire avoir il y a bien longtemps su sang et eau sur

  • Dommage. mais cela fut pour moi l'occasion de redcouvrirun gand alchimiste contemporain, au langage et l'enthousiasmc communicatcur. On y parlc dc naturc, dcpctits matins la campagnc ct dc rosc. On rcntrc avccI'auteur dans un labeur infini afin de recueillir au bout denombreuses annes I'Or Vgtal. premire tape du GrandOeuwe. On suit le savant dans ses dmarches auprs deslaboratoires pharmaceutiques alin de tester les propritscuratives de son produit. Et on le quitte, avec regret, alorsqu'il rentre dans la seconde tape, celle du mercurealchimique. Une Alchimie assurment potique, qui insistesur le rle de la fmme dans le travail de I'adepte et sur lecaractre profondment astrologique de la dmarche dusouffieur. (4)

    La seconde est tout l'honneur des Editions Ramuel. ...Je vous recommande fortement Le Cours d'Alchimie >>,sign du Docteur Alphonse Jobert. Il s'agit bien sr d'uncours, clair et pratique, dbarass de tout le fatrassymbolique habituel ce genre de littrature Mais il s'agitaussi d'un quasi roman policier, d'une enqute sur I'identitrelle du Docteur Jobert. Un personnage mystrieux. ami deCanseliet, dont la disparition a fait couler beaucoup d'encre.Ne s'agirait-il pas d'une opration monte pff legouvernement de l'poque pour tenter de s'approprier sessecrets ? Passionnant de bout en bout. (5)

    Et puis... je suis rentr en relation avec Jean-PascalPercheron. Une rencontre fortuite, au gr de mes contactset de mes recherches dans les milieux sotriques. Maisaussi une rencontre inspire par le souffle puissant desarcanes.

    ta galerie des alclrristes d'aujourd'hui i) est unlivre qui reste crire. Mais je suis persuad que Jean-

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  • Pascal y tiendra une place de choix. Tout d'abord de parson expertise concrte. ...Je travaillais alors dans lesmtaux prcieux. A lo diffrence de bien des alchimistes enherbe, je connaissais les mtaux ; dans l'atelierfamilial, jedissolvais, je chauffais, je fondais, je soudais, actitnormale dans I'artisanat des bijow. J'ai vite eu laconviction que la ralit transmutatoire tait une techniquepaniculire de synthse des qualits de diffrents mtaux,sous forme de sulfates. (6)...... Des civassiers publientdes livres sur l'Art Royal, alors qu'ils n'ont jamais triturun mtal au fourneau... Donnerait-on un liwe cire surla conduite en montagne quelqu'un qui n'a pas sonpermis ? La consquence vidente de cette expertise est denous fournir un travail simple et clair, la fois pour nouspermettre le dcodage des allgories traditionnelles, maisaussi et surtout pour suiwe et partager la propre recherchede l'auteur. ... A lire les publications actuelles, j'ai lasensation que lefatras symbolique dans lequel boignent lestextes et commentaires dissimule l'ignorance. Voil ce qdevait tre dit !!!

    Jean-Pascal a quitt la capitale et vit dsormais enpleine campagne. Il faut dire que u ma passion, mieu.rvaut tre isol et discret. Une discrtion qui n'est passynonyme de silence, comme en atteste le prsent ouvrage.Et je suis persuad que Jean-Pascal aura encorenormment de choses nous dire...

    Philippe Marlin

    L'OEIL DU SPHINX

    Juin 1998.

  • INTBODUCTION"

    Transmutation alchimique: mots magiques quiabordent immdiatement I'imaginaire, qui voquent larichesse, le pouvoir, et mme l'immortalit. Aujourd'huiralise en laboratoire avec, il est vrai, des cots deproduction trs levs, tout homme moderne ne peutprouver que de l'incrdulit quand un alchimiste avancequ'elle est ralise depuis des temps forts anciens. St, l'aide de la pile atomique, le radium est transform(transmu ?) en plutoniurn, Saclay, aucun de nos plussavants rudits de la physique nuclaire n'accorderait unquelconque crdit aux assertions d'ailleurs invrifiables desalchimistes.

    [.a matire inanime comme la matiere anime, liwedepuis des annes ses secrets les plus intimes. DeI'invention du microscope qui permit de contempler lespremires cellules animales et vgtales, jusqu'aumicroscope lectronique, la dcouverte de I'infiniment petitavance inexorablement. De la cellule la molcule, du virus l'atome, des quarks aux particules, les limites descomposants initiaux reculent sans cesse. Les atomes,composes de trois lments constitutifs, sont scables enbeaucoup de parties.

    Si, plus l'homme descend dans les structuresfondamentales de la matiere, de nouvelles questions seposent, une constante demeure immuable : l'unicitorganisee de ses matriaux primordiaux. Le clbrephysicien Russe Mendlev, avec sa table de numrotationatomique, avait suggr ce principe, en partant du postulat

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  • du constituant le plus simple, (l'hydrogne), pour finir avecles mtaux radioactifs (radiurn, uraniurn, etc.). Mais lastructure protons neutrons lectrons est identique pour tousles atomes.

    L'alchimist, p le travail de matriaux appropris etdans des conditions adquates, va provoquer unedissociation des lments de la structure et s'employer recrer, sur un support nouveau, une nouvelle matire. Ilest vident que cette phrase suscitera chez certains unsourire incrdule, pour le moins. Pourtant, au cours del'histoire, biens des tmoins dignes de bonne foi et ne selaissant pas abuser par d'habiles manipulateurs ont attestde la ralit transmutatoire. Les exenples abondent. Ilsuffit, et cela malgr le secret qui entourait les disparitions >> d'hommes jugs dangereux pour la scuritde l'tat, de voir le nombre d'alchimistes emprisonns, pourse rendre compte de la ralit de russites philosophales.L'or et I'argent reprsentaient il y a encore peu la priissanceet la stabilit des Etats, et une fabrication de mtal prcieuxsynthtique aurait menac l'quilibre financier des pays. Iln'en n'est plus de mme I'heure actuelle, o ces mtauxne reprsentent plus la masse montaire en circulation etn'ont de ce fait qu'une valeur symbolique

    L'alchimie est renie par les tenants de la scienceofficielle; une des raisons provient de I'opacit de salittrature. Les documents hermtiques ont tt fait de lassertout lecteur. Les crivains hermtistes, de HermsTrimgiste Fulcanelli, ont toujours respect, pour desmesures de prudence videntes, un critre absolu, le secretdu Livre. Le cryptage, l'allgorie, sont avec bien d'autresmthodes les moyens utiliss pour tisser un voileindchirable entre le signifiant et le signifi, dans le butd'loigner l'avide ou I'ignorant. Si I'alchimie reprsente laphase concrte de l'laboration, le postulant ne doit y voirque la concrtisation de sa philosophie, et la justesse de son

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  • savoir. Le but principal reste la rvlatioru finalit de toutitinraire initiatique sincre. Le chercheur d'Hermsconsidre que la vie sur Terre est prsente dans la matireinanime, et en fait la dmonstration avec la transmutationmtallique. Pour lui, la structure des lments est calquedans l'infiniment petit sur l'infiniment grand, et par saconnaissance intime de la matie, il accde une autrert. Il faut reconnatre que cette thorie alchimiquepluri-centenaire, prsente avec la structure du systmestellaire des relations troublantes...

    Une autre raison tient ce que les implications de larecherche philosophale reprsentent deux finalits vieillescomme les socits humaines, impossibles atteindre: Lavie ternelle et la richesse. Ces aspirations de tout trehumain ne sont d'ailleurs pas propres I'alchimie. L'lixirde longue vie, I'eau de Jouvence, le cinabre des Tao'steschinois figurent eux aussi des qutes de l'impossible.

    Ce liwe s'est fix plusieurs objectifs. Il est bon derappeler et de dmystifier la sagesse d'une qute oublie,seule recherche spirituelle ayant apport au mondescientifique des connaissances matrielles consquntes. Laphilosophie hermtique est aussi I'unique recherchespirituelle qui ne se contente pas d'un but mtaphysique,mais qui justifie la vrit sur un support palpable. Depuisl'essor de la recherche scientifique, I'alchimie a perdu sonaudience, alors qu'elle tait la mre depuis des sicles de larecherche exprimentale. Il est wai que bien des faits et despseudo initis ne plaident pas en sa faveur. Mais faut-il pourautant relguer aux oubliettes un savoir immmorial,international, car la dmarche de l'association spirituelle etde la recherche scientifique avant la lettre ne colrespondentplus aux critres du vingtime sicle ?

    La philosophie hermtique est considre parbeaucoup comme une chimre, vobe du charlatanisme.Pour d'autres, elle apparat l'tude comme une drive des

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  • recherches empiriques menes par les anciens, enfin par sesthuriferaires comme une quintessence divine. Un fait estsr : depuis des sicles, elle n'en finit pas de dchaner biendes passions humaines. Aurole d'un halo de mlatre, demanipulations fallacieuses, la vieille sapience a de touttemps excit les imaginations. Il ne s'est pas trouvd'poque, en Orient corlme en Occident, o des auteursn'aient crit sur la philosophie. Bien souvent, l'attrait pourles lecteurs n'tait pas I'accs une ancienne cole desagesse, mais le cot rentable du travail transmutatoire.Seulement, l'extrme difficult de la lecture des liwesalchimiques avait tt fait de dcourager les curieux et lesavides empresss.

    la lecture, l'tude des liwes traitant d'alchimie n'estpas aisee pour I'amateur. [-a symbolique hermtique, lemlange volontaire de nombreux vocables, enfiru ladissimulation dans un

  • potentiels. Dans ce genre de publication, l'auteur decommande ralise une synthse rapide des quelquesconnaissances superficielles qu'il a put glaner; son textedevant ratisser lu.g", la tendance la simplification devientobligatoire. De plus, la diffirsion d'ouwages traitant dessciences occultes, de la magie, des extraterrestres, dutriangle des Bermudes et autres mysteres est bien plusrentable. Mais le client fait l'article ... Il est wai que leprofit commercial diffuser une littrature alchimique dequalit est minime, du fait du petit nombre de lecteurspotentiels.

    De tout temps, les alchimistes ont tenu secret lacomposition de la pierre philosophale. A ma conneisstnce,ce secret n'a jamais t divulgu jusqu' aujourd'hui.Au moyen-ge, un rebouteux corrme un alchimiste pouvaitfacilement tre accus de sorcellerie. Tout le monde connatle sort purificateur rserv aux accuss d'hrsie par lahirarchie ecclsiastique... Les alchimistes prvenaient leursconfrres des dangers de la divulgation du savoir. Albert leGrand citait dans son trait De Alchima > : n i tu as lemalheur de t'introduire auprs des pinces et des rois, ilsne cesseront de te demander : Eh bien Matre, cornmentva l'Oeuwe ? Quand vetrons nous enfin quelque chose debon ? Et dans leur impatience, ils t'appelleront Jilou ouvauien et te causeront toutes sortes de dsagrments. Et situ n'arrives pas bonne fin, tu ressentiras tout l'effet deleur colre. Si tu russis, au contraire, ils te garderont chezeux dans la captit perytuelle dans l'intention de tefaire travailler leur pro/it .

    Pendant la Renaissance et aprs, l'alchimie a souventexcit la convoitise des puissants. La pierre philosophale,rdte son aspect lucratit suscite depuis toujours desavidits mercantiles. La possibilit de fabriquer peu defrais .de grandes quantits de mtaux prcieux, enl'occurrence or et argent, aurait rsolu bien des soucis

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  • financiers pour les tats (2). Au vingtime sicle, lesservices secrets amricains auraient recherch, en vainheureusement, le Matre Fulcanelli (3).

    Les Matres ont toujours dissimul le sens de leurenseignement grce au symbole; une mesure de prudencevidente... Nanmoins, depuis le dbut'du sicle, les critshermtiques sont plus accessibles qu'autrefois. Paraccessible, il faut comprendre qu'au eu de passer une vie tenter de dchifter les arcanes du grand Oeuwe, vingt ansde patience et de volont seront ncessaires. C'est peut-tre, de la part des Matres, une volont d'ouwir la sapience de nouveaux posfulants.

    uparavant, un ventail de mtiers pouvait preparerau labeur philosophique. L'orfvrerie, la verrerie, lapharmacie, l'maillerie, et bien d'autres amenaient lesmeilleurs, ceux qui voulaient dpasser leur art, vers unerflexion initiatique. Les socits de compagnonnage, lafranc-maonnerie, les fraternits ouwires servaient deterreau, preparaient I'initiation, qu'elle soit hermtique ouautre. Les hommes prenaient aussi plus le temps deregarder autour d'eux, de rflchir, de chercher comprendre. Ils vivaient en harmonie avec les cyclesnaturels, plus proches de leur environnement cologique. Anotre poque, tout est fabriqu en srie, standardis,industrialis. Un pharmacien ne conoit plus ses remdes,avec de savants dosages. Les mailleurs ont pratiquementtous disparu. Il en va de mme pour la plupart des mtiersde I'artisanat. Le verre sort des usines robotises. Aucunartiste peintre, quelques r.res exceptions prs, ne fabriqueencore ses couleurs. Les conditions et les structures quiincitaient des hommes, aller plus haut que leursproccupations immdiates n'existent plus.

    itctuellement, la publication de littrature srieuse surla pense hermtique est pratiquement inexistante, mis part dans quelques groupes restreints. L'alchimie intresse

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  • peu de monde. On trouve bien quelques opusculesvoquant I'alchimie sous forme abstraite, mais peu de liwestraitent du travail au foyer. Cette carence a motiv laprsente publication. Ce livre s'adresse tous les curieux,et tout a t fait pour qu'il soit accessible tous. Il estcertain que les hermtistes chevronns trouveront cespublications par trop vulgarises; cot des grandsclassiques de la littrature, la clart voulue pour cet ouwageporrra paratre simpliste. Choisissant de s'adresser at(lecteurs qui n'ont jamais approch la pense hermtique, ilfallait des exemples simples. Des chapitres commel'historique ou les chymies n'intresseront pas lesalchimistes avertis.

    L'auteur a donc opt pour une meilleure lisibilit, etchoisi de dcortiquer toutes les tapes du grand Oeuvre.L'objectif principal de cette dition reste de former lelecteur aux ralisations concrtes. Le 20e sicle est untournant pour la civilisation humaine, et I'attitude desprincipaux dirigeants conomiques et politiques de laplante, cette conduite irresponsable commence largementhypothquer I'avenir de cette civilisation. Car tout homme veill >> ne peut que ressentir cruellement les dgtsirrmdiables qui sont fait notre Terre, et par l mmeattenter au destin de la race humaine. Si, pendant desmilliers d'annes, les adeptes d'Herms ont respect leserment du secret, il n'en va plus de mme aujourd'hui.Comme Monsieur Roger Guasco, un des derniers grandsalchimistes franais, dont les parutions en 1979 et 1981partaient du mme constat. Nous n'avons pas de plante derechange.

    Cet ouvrage est divis en plusieurs parties. Lapremire dcrit la philosophie hermtique. La secondevoque un panel de grands Matres, ainsi que le dcryptagesymbolique de quelques lgendes et textes classiques. [atroisime constitue le dictionnaire hermtique. Il permet au

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  • curieux de dchiffrer les liwes classiques et de comprendrele travail au fourneau. Enfin, la dernire donne les bases dela technique operatoire et les composants du grand Oeuvre,la faon de les travailler pour arriver au but ultime.

  • [S OBIGINE"Dater exactement l'ge de la philosophie et de la

    premire transmutation est impossible, et n'apporterait pasgrand-chose la qute. Des forgerons ont mlangdiftrents mtaux pour obtenir des alliages, I'aube despremies civilisations (le bronze). On peut admettre quedes hommes ont tent d'imiter les mtaux prcieux, ou d'enaugmenter le volume. Mais cette dmarche est bienlointaine de la philosophie hermtique.

    ll est probable que la premire civilisation humaine aitengendr la pratique philosophale. Une civilisation peut tredfinie comme une organisation collective hirarchise. Desfonctionnaires structurent et veillent au bon droulement del'application des lois. L'augmentation des populationscitadines entranant celle des changes commerciaux,I'apparition de la monnaie en remplacement du troc devientinluctable. De tout temps, une monnaie doit tre fabrique base de matriaux rares et inimitables. L'or et l'argent,mais aussi le cuiwe et le bronze selon les pays, possdentces critres. S'il est vident que I'apparition de la monnaiecorrespond celle des premiers imitateurs et faussaires, lespremiers alchimistes rrc figurent pa.s parmi ces catgories > de population.

    La grande consquence de l'organisation despremires collectivits humaines est, outre l'activit defonctionnement tatique, la naissance d'tudes visant acqurir des connaissances. Mathmatiques, astronomie,ecriture, etc.. La liste serait longue.

    L'important pour un curieux du gay savoir est des'inprgner des conditions mentales des crivains anciens.

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  • Dans les documents alchimiques, la rference au divin, doncau sacr, est constante. [,a religion encadrait, jusqu'ausicle dernier, tout ou partie de la vie des hommes. Dansl'antiquit, I'omniprsence du sacr occupait une placeprpondrante dans la vie publique comme dans la vieprive. Tous les mystres de la cration, toutes lesincomprhensions des phnomnes naturels taient l'Oeuwede Dieu.

    Notre poque a expliqu la plupart desincomprhensions et heureusement dmystifi lessuperstitions qui en dcoulaient. Mais soyons indulgentspour nos anctres; la vie pouvait souvent leur paratreinjuste. Le mythe du paradis aprs la mort, entretenu partoutes les religions, permettait de donner un espoir sansgrand risque, d'ailleurs. L'existence n'avait pasl'importance qu'elle a maintenant. Au vu de la mortalitinfantile et de I'esprance de vie, des ravages causs par lespidmies et les guerres, il est vident que le psychisme deshommes du pass tait bien diftrent du notre. La peur de lamort, frayeur salutaire qui produit I'instinct deconservatioru permettait aux religieux d'inspirer la crainte.La religion offrait une esprance pour la grande majoritdes populations.

    Si les religieux entretenaient I'attente d'trn mondemeilleur, ils s'arrogeaient une place de choix dans lahierarchie sociale. Les craintes qu'ils inspiraient amenaient une relative obissance civile. La deuxime force de lareligion est qu'elle accaparait tout savoir, touteconnaissance initiatique. Les coles, lieux clsd'apprentissage de la culture, taient dirigs pff desreligieux. La religion donnait une assise temporelle auxrgimes hrditaires et ces rgimes accordaient encontrepartie une assise matrielle au spirituel. Il faut direque la peur de la mort, levier principal de toutes les

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  • religions, permettait de diriger efficacement des populationsprobablement peu obissantes.

    Si les connaissances mtaphysiques demeuraient lepr carr jalousement gard des religieux, les sciencesexactes se dvelopprent trs vite, independamment ducontrle des prtres. L'astronomie, la gomtrie,l'hydrologie, etc... L'architecture connut un essorspectaculaire et nombre de ruines tmoignent encore de lagrandeur des socits du pass.

    Dans les sciences vivantes, seules la logique, ladduction, permettaient atrx savants de progresser. Ceschercheurs ne connaissaient pas le microscope, p mme laloupe. Un sens aigu de l'observation favorisait la perceptiondes consquences, mais le manque de connaissancesfondamentales gnait considrablement la comprhensiondes causes. Des exprimentations empiriques ont certes,amen des dcouvertes, en mdecine, en pharmacie. Maisil faudra attendre des sicles avant la systmatisation del'tude des faits, reproductibles par plusieursexprimentateurs.

    Un proverbe alchimique proclame : . Le premier savant faire la relation entre le sme plantaire et la structureatomique de la matire s'est servi de son hlslligence, c'estsr, mais aussi et surtout de son intuition. Les Grecs avaientdonn une dfinition de I'atome : q n'est pas scable .Ces deux dfinitions donnent rflchir quant lapuissance de la rflexion.

    La pratique hermtique est ne en Orient, etprobablement en Eglpte ou en Irak (4). Un chercheur aralis la synthse entre son savoir religieux et sesconnaissances acquises grce I'observation de sonenvironnement, et de la nature. Quelle intuition a pouss cepenseur se demander pourquoi, la vie tant visible dans lergne animal et vgtal, ne serait-lle pas prsente, mme

    ., .,9,.q

  • sous une forme invisible, dans Ie rgne minral ? Cettedduction logique, bien qu'abstraite, lui fut probablementinsuffle grce la croyance de la vie aprs la mort, encorebien plus obscure. Les crits hermtiques des Sumriens oudes Msopotamiens ne sont pas parvenus jusqu' nous, saufquelques lgendes.

    L'alchimie s'est ensuite rpandue dans tout le bassinmditerranen. En Eglpte, en Syrie, en Palestine, en Irak,les adeptes furent nombreux. En essainrant, ces civilisateursexportrent la connaissance en Inde, en Birmanie et mmeen Chine (bien que pour ce dernier pays, il semble quel'alchimie se soit dveloppe independamment du courantmoyen-oriental. Le plus ancien trait alchimique connu estd Wei-Po-Yang, qui aurait crit vers I'an 250 de notrere. Mais la pratique alchimique est mentionne pour lapremire fois dans des textes datant du II' siecle avant J.-C. ; elle est srement plus ancienne). Les Grecs, les Perses,les Romains ussi profitrent de I'immense savoir de lacivilisation arbe. De nombreux rcits, contes, lgendesalchimi{res de cette epoque sont parvenus jusqu' nous.Apparemment, la recherche operatoire tait courante cettep&iode. Les peuples occidentaux, par le biais duChristianisme et du Juda'lsme (diasporas installes enEspagne et en Italie), eurent connaissance de la philosophiehermtique (5).

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  • rBilc- uorrNERrEf,T IIEETIStrIE.

    Des relations amicales et mme fraternelles, auXIII'sicle et pendant les suivants, ont tiss des lienstroits entre les maons et les disciples d'Herms. Aumoyen ge, les associations maonnes donnrent asileaux philosophes, aux alchimistes, qui taient nombreuxet se dplaaient souvent. Les hermtistes n'taientd'ailleurs pas trangers aux professions des francs-meistiers. Ils apportaient Ia science et le langage. Lclerg, qui dirigeait la construction des glises, avaitrecours eux quand ils n'taient pas eqx-mmesphilosophes. L'influence spirituelb d. h pffbsophiehermtique sur le rituel maonnique est norrne. Pgtassociations regroupant les adeptes des deux filiatinsvirent le jour au XV'et XVI'sicle. Citons I'acadmieplatonicienne, cre en 1460 Florence, la compagniede la Truelle, compose de savants et d'artistes, quitait dj issue de la maonnerie oprative.

    En France, la communaut des mages, structuresecrte constitue par Cornlius Agrippa, regroupaitles Matres de I'alchimie. En ces temps o laconfrontation de la pense tait en plein essor, ondevine aisment que tous ces groupes interpntraientleur influence et les associations maonnes y puisrentle meilleur ferment. Il est probable qu' I'heureactuelle, de petits groupes demeurent encore au seindes ordres maons. De mme chez les rose-croix.

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  • Mais les croisades bouleversrent l'quilibre mentaldes royaumes occidentaux. Les chevaliers Francs paftisdliwer le tombeau du Christ, le saint Spulcre, furenttransforms au contact de la raffine societ arabe. Si lesturcs Seldjoukides avaient envahi la Palestine et provoqupar leurs exactions envers les plerins la premire croisade,les arabes Fatimides qui peuplaient l'actuelle Isralpossdaient un art de viwe qui bahit les rustres guerriersde l'Occident. Les chevaliers croiss, anims d'une barbarie virile >>, s'habiturent vite la finesse descouhrmes arabes. Pour donner une ide de I'apport descroisades I'Occident, rappelons quelques mots: lematelas, (matrah), le sofq (souffa), la tupe, (tlbend), ledivan, (diwan) le satiru (zaituni). Le vocabulaire franc s'estenrichi cette poque de mots nouveau( par centaines.Mais aussi d'un autre mode de vie (6).

    Pendant cette migration bi-sculaire, toutes sortes depopulations quittaient les pays de I'Europe, attires parl'Orient. Des gueux aux nobles, des illettrs aux rudits, descommerants arD( savants. D'autre part, les grands ordresde chevalerie avaient envoy en terre sainte beaucoup demembres intelligents et des plus cultivs. Ce chapitre n'apas pour objet de ractiver une polmique quant I'initiation des Templiers en Orient, mais il est sr que deshommes de cette qualit ont ramen de Palestine autrechose que le got du luxe oriental. Des laibs, de mme,ramenrent srement vers I'Europe la tradition hermtique.N'oublions surtout pas les puissantes villes de Gnes et deVenise.

    De grands alchimistes comme De Montluisant ontdcrit les cathdrales gothiques conrme tant des temples deI'hermtisme, ramens d'Orient pendant les croisades.Toutes les sculptures et vitraux de ces cathdralespossdent un symbolisme trs nigmatique, trs en voguependant ces sicles o l'apptit de constructions dpass,

  • en rapport avec les techniques, ce que les constructeursactuels btissent.

    Une polmique est donc ne, quant l'origine de l'artgothique. Selon quelques crivains hermtistes, I'artgothique serait un art rvl lors des croisades. La cabalephontique fournit de bien curieux rapprochements entre lestyle gothique et la symbolique hermtique. L'pope descroisades corrcide avec I'avnement d'une vritable rvolution dans l'architecture. Pendant la priodegothique, on ne trouverait pas, comme pour l'art romaq destyle pr-gothique. Ce serait une vritable imrption dans lestechniques de construction des eux de culte. Et lesymbolisme alchimique, ramen d'Orient, est grav sur tousles monuments gothiques. La deuxime hypothse, tayesur des faits historiques, mais qui a le dfaut d'tre moinsromanesque, part du principe que le style gothique est lacontinuation du style roman. L'historien Friedegode, quicrivait en 950, cite dj cette epoque le mot gothiquepour qualifier le style ronuur A partir du vle et du vIIesicles, ce sont les confrries monastiques q btissent lesglises et les couvents. Les architectes sont alors des clercs,forms chez les Goths et les Burgondes, o s'tait conservl'art de construire. L'apparition du style gothique provientde l'volution du style roman, auquel il apporte la solutionau problme technique de la pese de la vote. Il n'y a pasd'opposition entre le style rorum et le style gothique, maisplutt volution. La propagation de I'art roman fut surtoutI'Oeuwe des Bndictins. Mais ils furent aussi I'origine dustyle gothique, comme en tmoignent les glises detransition (Eglise de Morienval, Saint-Martin des champs,Saint-Denis). L'art rorum n'est d'ailleurs pas exempt desculptures hermtiques. Les changes culturels avec lescalifats d'Espagne, principalement de Cordoue et deTolde, ont permis non seulement aux peuples de Franced'acqurir les connaissances mdicales et mathmatiques

  • des arabes et des juifs, mais ont aussi irnport l'alchimievers I'hexagone.

    L'tynrclogie du mot gothique est strprenante. LesGoths, peuple germanique, n'ont aucune relation avec legothique. En utilisant la cabale phontique, chre tous lesdisciples d'Herms, on trouve ar-goth, ar-gos. La Nef(partie inportante des cathdrales), Argos est le vaisseaudes argonautes, rcit d'un voyage initiatique la recherchede la toison d'or. L'argot, langage incomprhensible desnon initis, est un langage cach, hermtique.

    Beaucoup d'ouwages, p6 toujours bien exactsd'ailleurs, ont t ecrits sur les cathdrales, les Templiers etleurs mystres. Mais trs peu voquent le messagechymique laiss par les tailleurs de pierre, guids dans leurouwage par des initis revenus d'Orient. L'appellation d'artogival ne s'est rellement jamais implante dans levocabulaire. Les btisseurs tenaient plus au terme gothique,en cela qu'il offre des interprtations mystiques.

    Durant le moyen-ge, une foule d'archimistes, despagyristes et bien videmment d'alchimistes travaillrent tenter de percer les secrets de la nature. Cette poque futd'une fecondit gniale dans bien des domaines. Mais lemanque de litterature a occult de faon durable la richessede cette epoque.

    La Renaissance doit Gutemberg au moins son essor,si ce n'est son existence. I-a dcouverte de l'imprimeriepermettait au livre de sortir des couvents et des monastres.C'est d'ailleurs pendant la Renaissance que f indexpontifical renfora ses interdits, avec les tristement clbres bulles . Franois 1*, dont la sottise est comparable lataille, promulgua des dits de censure. I-a diffirsion deslivres gnait les pouvoirs en place Malgr cescontraintes, des auteurs nous ont laiss un nombreimportant de volumes hermtiques, malheureusement fortsrares (7).

  • TIEEMETISME ET ROE{ROD("u XVI" siecle, deux ecoles d'alchimie influencent les

    divers mouvements initiatiques occidentaux. L'hermtisme, quiest proprement une alchimie speculative et spirituelle, et lecourant opratoire, plus historique et plus finaliste. La qutespeculative aboutit la formation du courant rosicrucien.Ceux-ci ne se satisfaisaient plus du vieux langage hermtique,par trop obscur, et exposrent la doctrine en un systme ecrit etrationnel. Les ouvrages de Jean-Valentin Andrae, De MichelMaier, de Jacob Boehme, de Robert Fludd eurent un succsnorme. Des socits rosicruciennes virent le jour dans touteI'Europe et adoptrent la doctrine de ces auteurs. Ces livressont une synthse de l'alchimie mystique, de la cabale et destraditions platoniciennes et hbraQues. Le mouvement eut uneimmense influence et imprgna profondment la franc-maonnerie. A tel point que des personnages clbres furent enmme temps francs-maons et rosicruciens. L'alchimie taitalors trs en vogue dans les milieux scientifiques et des savantscomme Robert Moray, chimiste et mathmaticien ou RobertBoyle, pre de la physique exprimentale, en mme tempsqu'alchimiste et crateur de I'invisible collge, marquent lasynthse toujours difficile entre Ia mtaphysique et lerationlisme naissant.

    Mais c'est aussi le dbut du dclin de l'alchimieopratoire. Des savants comme Isaac Newton, devant l'echecphilosophal, renient Ia philosophie hermtique et traitentl'alchimie de qute insensee. L'attirance de ces savantsimprgns de la mystique occidentale, mais eduqus dans unrationalisme naissant, (depuis Descartes) trouva devantI'insuccs philosophal matire sabrer la philosophiehermtique. La littrature vocation commerciale, mlangeantple-mle I'archimie, la sparyrie et I'alchimie finit dedeconsidrer la philosophie hermtique.

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  • ilu dix-septime et dix-huitime sicles, les coursd'Europe s'entichent des mystres philosophiques et autres.L'oisivet des puissants de ce monde privilgi les conduit s'intresser, plutt par snobisme, aux domaines desmanipulations vgtales, minrales et mtalliques (Lesouvenir des messes noires, pendant le rgne de Louis lequinzime reste symptomatique de la dcadence).Beaucoup de dcouweurs dans les domaines chymiquessont des alchimistes. Cela favorise, hlas, f illusion que lesarcanes du grand Oeuvre sont accessibles beaucoup degens. Une littrature importante en volume, dfaut dequalit, parat dans toute I'Europe. Pour beaucoupd'crivains, la publication d'ouwages permet unfinancement de leurs travaux, mme si le contenu mlange,dans un fatras symbolique, des recettes d'archimie etquelques astuces opratoires propres aux deux activitsmtalliques. Cette mthode, au demeurant fort discutable,cra un effet pervers. C'est malheureusement cetteepoque que I'alchimie a acquis sa mauvaise rputation.Beaucoup de soi-disant initis des arcanes du grand Oeuwese font renulrquer des puissants. C'est, hlas, et rnalgrI'excellent travail de nombreux adeptes, une priode troublepour l'alchimie. Des pseudo hermtistes, gonfls devantardise, repandent les rumeurs les plus hontes sur lapratique philosophale. Faussaires, charlatans et escrocs detout poil se joignent au concert. Ces gens, que l'chec de larumoeuwe opratoire a aigris, vils personnages motivsuniquement par l'attrait de rapides gains substantiels,calomnirent la vieille sapience.

    Cela provoqua un discrdit pour tout tudiant, maisen fin de compte cette opprobre jete la face desamoureux du gay savoir causa un retour la tranquillit duliwe et la quitude discrte du laboratoire. Les vraisphilosophes retrouvrent, au sein de petits cercles restreintset silencietx, la distance prudente vis--vis du monde

  • extrieur que l'alchimiste se doit de garder. Pourtant, descrits majeurs datent de cette poque. En France, enAllemagne, en Italie, en Espagne et mme en Pologne, lesmatres ont laiss une formidable littrature initiatique. Maisle symbolisme de leurs crits est si droutant que lescurieux de toutes natures ont prfer dnigrer notre vieillesapience.

    Le dix-neuvime sicle a vu clore une foule depratiques irrationnelles. De Camille Flammarion AlanKardec, chantre du spiritisme, il tait devenu de bon tondans les intrieurs bourgeois de faire tourner des guridonspour converser avec les mes des disparus ...

    La chute d'audience de la religion catholique afavoris dans notre vingtime sicle l'mergence de sectes,de marchands de sagesse orientale, de

  • La philosophie va de pair avec l'mergence descivilisations. Des socits humaines naissent comme lesreligions, elles disparaissent de mme. Il s'est toujourstrouv, depuis le dbut des socits organises, une liped'Adeptes, de l'Eglpte nos jours, pour maintenir unechane ininterrompue de la tradition. La philosophiehermtique perdure deps l'aube de I'humanit et ses critsinnombrables (plus de 100.000 manuscrits alchimiquesdorment dans les bibliothques, rien qu'en France)attestent, s'il est encore besoin de le dmontrer, de la ralitde la prenne science du gay savoir et de son corollairernatriel, la transmutation.

  • tflPBCOU&SATCHUIIQUE"

    Dans la tradition occidentale, l'alchimie occupe uneplace part. Philos, en Grec, signifie ami" et Sophiu, sagesse.Herms est identifi au Mercure romaiq et au Thot Eg5ptien.Par Herms, on comprend hermtique. Les synonymes sont :cach, tu, tanche, ferm. t a philosophie hermtique est doncl'tude de la sagesse cache. Cache car elle ne s'adresse pas tous les hurnains. L'adepte va dissimuler son savoir auprofane par le biais du symbolisme sculpt, crit ou peint.

    La pense hermtique echappe aux contraintes desstnrctures initiatiques r>. L'amateur peut chercher en vainun groupe, une confrrie, ou une structure quelconque. Il nerencontre jamais une secte organise, hirarchise commeI'ont t et le sont encore des groupes rattachs ce qu'ilconvient d'appeler la tradition initiatique occidentale.L'alchimiste travaille seul. Il peut tre en relation avecd'autres chercheurs, rnais jamais cette relation ne prendra tureallure sectaire. Toute apparition d'un sroupe hirarchis.ggi se prvaudrait d'initiation hermtioue serait uneimpostune. La seule vritable relation que l'alchimisteconnat, c'est avec lui-mme. Si, au contraire de I'auteur, unamateur trs chancerD( rencontre un Matre, celui-ci luidonnera des avis, des suggestions, I'incitera pourswe.Mais ne pensez pas qu'il dvoilera les arcanes du grandOeuvre, mme l'tudiant sincre. L'effort, l'humilit etI'opinitret permettent seuls d'atteindre le but ultime

    L'alchimiste est un individu dont le seul moule est lecreuset servant la preparation des mtaux. Si des liwes

  • L'alchimiste est un individu dont le seul moule est lecreuset servant la prparation des mtaux. Si des vreshermtiques sont la disposition du curieux qui va fouinerquelque peu, leur comprhension n'est pas donne tout lemonde. La slection des meilleurs conrmence avec le temps;I'insistance, I'humilit, ces vertus obligatoires, trient lespostulants l'adeptat. La plupart du temps, les personnes quise targuent pompeusement de connatre les arcanes du grandOeuvre sont aisment identifiables. Des explications fumeusesdans un langage vague, ponctu de rflexions du genre: ilfaut tre initi ,
  • consistait juste en un apptit de jouissance matrielle ! Lemeilleur moyen pour un alchimiste d'assurer sa scurit vis vis de l'glise et de l'tat restait le silence. La rumeur selonlaquelle des chymistes fabriquaient des mtaux prcieux adform [a ralit. Si I'hermtiste va videmment tirer unagrment matriel de la transmutatiorq le but ultime reste larvlation, le Don de Dieu . Un alchimiste pouvaitchercher la chrysope une vie durant. Au bout de plusieursannes d'efforts, le pratiquant voyait enfin se lever le voilequi recouwe la conscience de l'Oeuwe. Si tout cela estmotiv uniquement par l'appt du gaia mieux vaut pratiquerune activit professionnelle commune.

    Contrairement beaucoup d'initiations, la philosophiealchimique possde ses reprsentantes feminines. Il estamusant de constater dans les cuisines, hormis le fait que lagastronomie soit un mlange de diftrents ingrdients afind'obtenir un got, un nectar, que tous, de l'apprenti au matrequeux, utilisent un procd invent par et pour l'alchimie : lebain-marie. Aux poques recules o la cuisson rgulire despreparations du grand Oeuvre posait pour tous les amateursun norme problme, une alchimiste trouva la solution. Elles'appelait Marie la Juive. Sa renomme tait telle queI'encyclopdiste Al Ndim la cite, dans son catalogue crit en987, parmi cinquante-deux alchimistes rputs. Des auteurs,sffeux comme il se doit, parlent de cuisine alchimique pourvoquer le grand Oeuwe.

    Nicolas Flamel est le seul alchimiste qui la postrit adonn son nom une rue de Paris. On oublie Perrenelle, sonpouse, qui conduisit la queste avec son mari. [a cabbalephontique nous claire d'un jour nouveau : Perrenelle, pierrenouvelle, et selon Blaise de Vigenre, Flamel, flamme dusoleil. La recherche hermtique est une queste personnelle.Mais un couple uni, physiquement et psychiquement, a toutelatitude pour oeuwer ensemble. Au contraire, semble-t-if lesaptitudes propres chaque sexe, dans le cas d'harmonie cit

  • plus haut, transcendent la rflexion. Les qualits intuitives,propres la feminit, sont un apport prcieux pour la qute.

  • rINITITIONHEBMETIQUE"

    Le vocable initiatioru galvaud depuis longtemps, doitdj retrouver tout son sens. Beaucoup trop de groupes tendance folklorique utilisent ce terme pour crer unediftrence avec le commun des mortels (mme des confrriesviticoles, du taste vin). Des socits initiatiques comme lesRose-Croix dviants ou certains groupes se prtendant lesdescendants des grands ordres de chevalerie utilisent mmel'apparat grand renfort de musiques, d'uniformes, de rituelspour impressionner leur initiables. Ces socits, avec degrands buts de fraternit, de solidarit sont plutt desgroupes de pression. Quant la qrulit de leurs initis, onpeut raisonnablement douter qu'un rituel costum et musicaltranscende un homme.

    Pour un alchimiste, l'initiation n'est pas un tat queI'on acquiert du jour au lendemain, par crmonie ou grand-messe. L'initiation est une prise de conscience nouvelle grce l'apprentissage d'une connaissance. Et elle n'est pas facile.Il n'y a d'ailleurs pas de grade dans l'initiation, car le termeest inpropre. L'initi est un homme arriv un tat deconscience suprieur, et, moins d'atteindre la rvlatioruune qute continue. Dans la pense hermtique, la diftrencee,ntre un profane et un initi n'est due qu'au travail, carl'volution psychique s'acquiert seul, et non grce desparrainages ou des crmonies d' intronisation.

    Dans les pages precdentes, le lecteur aura pu liredifferents termes se rapportant aux alchimistes : amateur,

  • curieux, initi, chercheur, adepte, Maftre etc... Quand unhomme cormence s'intresser la philosophie, c'est biensouvent avec la lecture d'un premier liwe. Le curieux, c'estlui. L'amateur est celui qui marque beaucoup d'intrt ladmarche chymique. Le chercheur, lui, a depuis longtempstudi les textes et quelquefois commenc travailler au feu.L'initi est celui qui attend aprs la transmutation, qui en estplus ou moins proche. L'adepte ou l'tat d'adeptat est larussite du grand Oeuwe. C'est aussi un Matre, car souventil transmet son savoir. Enfin, rares sont les grands Matres quiont reu le Don de Dieu . Mais cette classification n'estpas une hirarchie. La dmarche alchimique est d'ordrespirituel, et bien des chercheurs n'ont jamais oeuw au feu.EnftL un amateur peut arriver I'adeptat assez vite, le tempsn'tant pas un paramtre absolu d'volution mentale.

    Gomme il est crit prcdemment, la lecture des livrestraitant d'alchimie est dconcertante, voire dsesprante.C'est voulu. Seul celui qui insiste, avec foi et mthode, peutarriver dcrypter le sens cach des termes. Ds l'instant ouun auteur annonce qu'il va vous donner un renseignementcrucial, le texte devient touffir, obscur. A croire qu'il a trdig pour n'tre lu que par l'crivain lui-mme. Sowent, lerenseignement que l'on attend va figurer dix ou vingt pagesplus loirl ou dans un alina et il passera compltementinaperu. Il peut aussi figurer dans la couleur d'un tableau.Une autre mthode utilise consiste employer sans cessedes synonymes. Les mots du texte changent continuellement,noys dans un dluge de symboles; et au milieu de phrasessans importance apparente. Il devient alors pratiquementimpossible de comprendre quoi que ce soit, de dmlerl'cheveau, de retrouver le fil d'Ariane, pour parler commeles livres hermtiques. Par exemple: les deux principesfondamentaux: le mercure et le soufre, le roi et la reine, lesoleil et la lune, le mercure et le plomb des sages, le vieillardet la jeune vierge, le fixe et le volatil. Dans un texte

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  • alchimique, ces unions qui peuvenr tre synonymes vont treutises par I'auteur au gr de son apparente fantaisie. Enrajoutant cela la prsence d'animaux mythiques, avec desdieux gyptiens, grecs ou autres, on comprend aismentquelle difficult engendre l'tude livresque.

    Une autre mthode de cryptage consiste dcouper letravail du grand Oeuwe en dizaines de morceaux de textes.Pour corser la recherche, les auteurs rajoutent quelquesexpriences d'archimie. En replaant le tout dans un liwedont I'objet est, par exemple une tude sur les cathdralesgothiques, ou un commentaire sur des textes anciens, lelecteur assidu mettra quelques annes dchiffrer la vritablesignification. Ce procd fut utilise par le grand matreFulcanelli et son disciple Eugne Canseliet, Frre compagnond'Hliopolis. Mais que le lecteur ne se fasse pas d'illusions :elle n'empche pas d'adjoindre un autre cryptageprecdemment cit.

    LJauteur de ces lignes peut citer son exprience.Combien de soires compltes et de nuits agites passes chercher comprendre, en proie au doute, au dcouragementdevant la multitude d'ventualits que propose un texte ?Durant seize pnibles annes, les arcanes du grand Oeuwesont restes silencieuses. Ces dernires annes enfi& unesorte de synthse s'est opre. A force de chercher avecpassion mais avec temprance, et en gardant toujours I'esprit que derrire l'tude thorique se cachent lesrlisations mtalliques, gu I'alchimie est un travail dematies, la pierre des philosophes a pris corps.

    Dans cette socit o pullule une quantitinpressionnante de sectes, groupes divers, associationsnditatives suspectes et fraternits buts non avous, laphilosophie hermtique est absente. Les raisons multiplesvoques qrant cet tat de fait prouvent que les alchimistesn'occupent pas une place de choix dans le portefeuille desmarchands. Et c'est tant mieux.

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  • La premiere question que se poserait l'auteur lalecture de ce liwe serait : comment des gens en arrivent-ils lalchimie ? Il faut dire que la question ne s'tait pas pose,jusqu' la dcision de publier ces travaux. A wai dire, unconcours de circonstances associ un cadre familiat quiprdisposait une rflexion d'ensemble, peut-tresubconsciente, de la finalit de I'existence. Un milieu familialpropice et des valeurs terriennes hrditaires, des professionsparentales proches des tudes mtalliques, ne suffisent pas faire natre la passion alchimique. Eprouver le besoin d'unerecherche voue I'amlioration de son ego est difficile cerner. Les motifs sont nombreux, des plus vils aux plushauts, et diftrents selon chacun. L'alchimie ofte denombreux avantages; pas d'appartenance une structure,obligatoirement hierarchise,
  • recruteurs financiers de groupes bien implants dans toutesles sphres de la socit. Il en existe deux sortes : lesreprsentants de groupes catholiques dviants, ainsi que ceu(issus des soidisants confrries moyengeuses. Le but avoude ces organisations est de faire miroiter une initiation degrands secrets, et ensuite de grands pouvoirs (toujours trsvasifs s'agissant desquels). Le but cach est une sorte deconditionnement la haute valeur des
  • quelqu'un qu'ils devinent affaibli, en proie des tourments etdans l'attente de rponses.

    Un proverbe dit : L'exprience est la sonrme de nosereurs ). Malheureusement, elle ne se transmet pas. Sil'auteur a tenu developper plus longuement ce problmedes sectes, c'est pour prvenir. Si ces paragraphes, fortsloigns du sujet hermtique permettent aux quelques pourcent de lecteurs fragiles d'viter ces cueils, ce sera uneoeuwe utile.

    La premire marche est la plus dure monter .

    L'alchimie, et cela la diftrence de toutes les autrestraditions initiatiques, justifie sa ralit avec un supportmatriel cornnre preuve irrfutable. Elle n'est pas faciled'accs et bien rares sont les grands Matres, ceux qui ontpouss la porte d'entre du temple d'Hliopolis. Ledpouillernent que demande l'tude austre et I'humilit dontchacun dewait faire preuve, ajouts I'aridit du travail,dtrempent l'me. Toute ceae dfficult qui transformelentement I'amateur du gay savoir n'est pas sans lien avec lasublimit du but.

    aoa

  • JTPERU DUSYMBOLIME.

    Le symbole est utilis depuis la plus haute Antiqt.Pour attirer le regard, pour piquer la curiosit, pourprovoquer une rflexion, tout en dissimulant le message, quoide plus pratique que le symbolisme ? La nature humaine estainsi faite que tous les gens attachent une importnce at(objets. Chaque individu possde chez lui un souvenir matrielparticulier une personne, ou une poque, dont lui seulconnat la raison profonde de sa dtention. L commence lesymbolisme, puisque derrire cet objet, seul le propritaireconnaft le secret de I'objet.

    Une erreur consisterait penser que le symbole estpropre arur poques rvolues. Les grandes nurquescommerciales utilisent toujours des logos, comme d'ailleursles partis politiques des sigles. Dans ce cas, le symboledevient un signe de reconnaissance, d'identification. Pour lesreligions, le symbole reprsente le trait d'union entre lesfidles, et bien souvent possede plusieurs degrs que I'ondistingue fonction de ses connaissances ou de son degrd'initiation.

    Le philosophe, tout comme le franc-maon ou le Rose-Croix, a recours au symbole pour provoquer une rflexionchez le postulant. Le symbole ouwe des voies insouponnespar le profane. En provoquant la curiosit, I'envie dedechiffrer l'nigme, il prepare doucement I'aptitude mentaleq va amener le novice vers l'initiation. Pour la philosophiehermtique, le recours systmatique au symbole est aussi

  • motiv par un souci de discrtior1 d'une part, et d'autre part,pour obscurcir la signification des textes, tableaux ou statuesau profane.

    Voila pourquoi l'tude des textes alchimiques estlongue; il faut connatre le symbolisme pour comprendre lesignifi. Le premier travail de I'amateur sera de dcrypter lessymboles. Si certains sont assez simples comprendre,d'autres sont beaucoup plus difficiles dchifter, car ilsintgrent un systme global de message. Outre le symbole,I'utilisation de I'allgorie, de la parabole, du calembour, durbus, et mme, selon certains, de la contrepterie, estsystmatique. De plus, d'autres auteurs nous disent quecertains vocables offriraient des similitudes phontiques avecdes langues mortes (le Grec ancien). Cela expliqueraitpourquoi beaucoup de contes alchimiques n'ont aucunesignificatioru malgr l'tude attentive. Le nombreux bestiairerajoute de surcrot un voile supplrnentaire. La rference des dieux antiques, Grecs, Romains ou Eglptiens finit debrosser le tableau le plus opaque qu'il soit. S'il existe dessymboles communs toutes les religions, la signification chymique des symboles est totalement diftrente des lecturesregieuses.

    Une science multi.millnaire corlme lalchimie a vu sessymboles varier au cours des sicles. La symbolique entre lesdouze clefs de Basile Valentin et l'Introitus de Philalthe estconrpltement diffrente, mme si le message reste identique.Chaque rudit en alchimie adapte, fonction de son identitculturelle ou religieuse, le message symbolique. I-asignification des expressions alchimiques varie selon lesauteurs et les sicles. Il est trs frquent de trouver trois etmme quatre sem pour une mme ide.

    Citons, par exemple, les quatre lments, la terre, leciel, le feu et I'eau. Pour les non-initis, la seule logique estune dualit d'opposition (terre ciel), (feu eau). Pour d'autres,

  • la dualit peut tre ciel avec eau, la pluie, et la terre avec lefeu. Le ciel tant le paradis, l'eat1 la vie, la terre est I'enferavec le feu (qui peut tre purificateur). Sous l'anglehermtique, ces symboles ont une tout autre signification. Ilsne dsignent pas des substances physiques ou chimiques, maisdes principes. La terre n'est pas celle des pots de fleurs, niI'eau celle des bouteilles; de mne le feu ne signifie pasl'enfer, et la pluie le paradis. Ces quatre lmentstraditionnels figurent les principes et tapes de la r materiapima q doit conduire l'laboration du grand Oeuwe et la renaissance philosophale.

    TERRE:

    fEU:

    EAU.:

    IR:

    Frincipe solide, dense.

    Etat ign, plasmique.

    Liqde, fldique.

    Volatil, gazeux, subtil.

    La terre est la matire du grand Oeuwe, la matire quele feu va densifier en sparant le volatil du fixe. L'eau estcette substance ignee par le rayonnement cosmique, la rosee.Tout cela correspond au proverbe alchimique, solve etcoagula,. Dissous et coagule, les premires laborations dugrand Oeuwe; cet exemple est tlpique de I'interprtation dusymbolisme cach et de sa difficult de comprhension. Lesynrbole alchimique est prsent dans toutes les grandescathdrales gothiques, mais aussi dans des demeuresanciennes, des chteaun, des couvents, des prieurs ... Tailldans la pierre, vous passerez devant sans rien apercevoir dusens cach du personnage, de l'animal du simple objet.

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  • Les vitrau:r, hommage somptueux des hommes de l'art,reprsentent pratiquement toujours des scnes de la Bible.Pourtant, nous trouvons l un sens hermtique, avec lescouleurs. Il faut savoir que l'art des coloris tait, au moyen-ge, surtout l'art des archimistes. Les teintures, d'originemtallique, incluses lors de la fusion du verre, reprsentent lescouleurs du travail philosophal. La preparation des diftrentscomposants rentrant dans le soufre et le mercurephilosophique prennent des couleurs, pendant la cuisson, ettoutes ces teintes si particulires, si pures, sont les tmoinssibles de la bonne marche de l'laboration philosophale.Hlas, le temps, les guerres et le manque d'entretien rendentpeu peu invisible le dtail du fabuleux statuaire desmonuments gothiques. Les vitraux, comme les statues,victimes de la pollution atmosphrique, le statuaire, des gazd'chappement, des fientes de volatiles, et du temps,deviennent, cela peut faire sourire, hermtiques aux regardsles plus perspicaces.

    Les lecteurs auront compris combien est difficilel'apprentissage hermtique. La subtilit est telle que mme unrudit des traditions initiatiques achoppera contre les mursintraduisibles des monuments caractre symbolique. Quantau livre, sa comprhension reste, malgr l'tude soutenue, partrop abstraite. Les crits hermtiques les plus srieux (commeceux cites dans la bibliographie) restent nigmatiques, lavolont de l'crivain tant de dcourager la plupart descurieux. Il est wai que la transmutation ne pouvait tredcrite en clair, et la symbolique hermtique demeurait le seulmoyen de prserver les curieux d'eux-mmes.

    Le pome, support de tous temps trs pris desamourerD( du gay savoir a depuis les premiers crits inspirquantit d'alchimistes pour voquer la philosophie. >, de Basile ValentirU recueilfondamental de douze tableaux indispensables toutphilosophe, comprennent une srie d'eaux-fortes et pour

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  • chacune d'elle une strophe en vers. Le pome, support apte l'allusion, l'allgorie, la parabole, l'anagramme ou le rbusphontique, permet l'crivain de satisfaire ses obgationsde rserves tout en voquant grce ces moyens dtourns,le labeur philosophal de faon prcise. Stolcius pratique, dansle Viridarium chimicum >>, comme Basile Valentin enagrmentant chacune de ses gravures d'un sixain videmmenttoujours sibyllin.

    Si beaucoup de ces compositions demeurent ambigus,certaines plus actuelles refltent bien l'envie d'une meilleurefacilit de comprhension. Pour clore ce chapitre d'initiationau symbolisme, un bon moyen consiste citer des suitespotiques, une ancienne, deux modernes. Les curieux ytrouveront source rflexioru et les tudiants matire travail.

    Le premier est un pome alchimique commentant desoprations du grand Oeuwe, sciemment mlanges dans unfatras symbolique, mais comportant l'tude desrenseignements importants sur (( LA MATERIA PRIMA .

    Ce texte, dont l'auteur m'a demand rester anonyme,ne date pas beaucoup. En effet, le vocabulaire est de facturecontemporaine, le manque de hme du texte, l'absenced'harmonie des vers, mal taills, laisse penser que lecompositeur n'est pas un habitu de l'criture mais qu'il avoulu lisser un message hermtique grce un moyentraditionnel.

    DT,IJIBOEE

    Si du pre des mtaux, tu fais soufrir la gangue,Un vieillard au rameau,avec un air trange,llre et pre la fois, Lune et Soleil,alptre et mercure, d'une couleur brun vermeil,

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  • lngrera Mars et Vnus runis.La salamandre accouche d'un dragon fuinant,lgn par le feu, humide grce au firmament ;Naissance douloureuse ; coction dangereuse.Rmora, monte de l'eau d'esprit ! Au milieu aqueu(Il dessine Ia rale galette. Maintenant, calcine,Dissous, spare, cohobe, fermente, multiplie,Saturne rejoint Hlios, miracle de la vie.

    Unbeau jow,

    Un amateur du gay savoir aura tout de suite reconnu auvocabulaire le sens hermtique du texte. Pour ceux qui ontpar ce texte une premire approche du pome philosophique,I' examen assidu n' apportera pas beaucoup d' claircissements.Les paragraphes qui suivent dissquent en dtail la sudace dupome.

    Le pre des mtaux (l'anctre) est le constituantprimordial du soufre philosophique. Une remarque quant I'orthographe du verbe soufrir. C'est le verbe soufrer, doncdu principe soufre qu'il s'agit. Quant la gangue, il faut endduire que ce mtal est dissimul la vue, au sortir de lamine. Le deuxime vers, plus nigmatique, amne auvieillard, figure emblmatique du commencement du labeuropratoire. La cathdrale de Paris possde une statue d'unalchimiste. Le sourire et le regard perdu, mais scrutateur dupersonnage, est bien trange. Mais, d'un autre avis, lamimique du personnage voqu est volontairement doublesens. L'air signifie plutt le gaz,le vieillard tant un mtal.Un air trange figure donc un dgagement gazertx. Lestroisime et quatrime vers ramnent aux duos traditionnels.Mars, le fer, et Vnus, le cuiwe, sont avals par le pre des

  • mtaux pour clore une opration d'amalgame de troiscomposants.

    Le dbut de la derrime strophe fait apparatre lesfigures du bestiaire alchimique. t a salamanlre reprsente ledbut du grand Oeuvre, le dragon donne lieu plusieursinterprtations. Crachant le feu, il peut reprsenter le feu dufoyer. Mais il est aussi le premier constituant de la Materiaprima >>, selon certains auteurs. Le feu ign est le feuphilosophique, celui sans lequel rien n'est possible.L'humidit du firmament, l'eau du ciel, c'est la rose (bienque I'on puisse se demander ce que vient faire de I'eau dansune fusion). La naissance est diffrcile. Le dbut de la mise enOeuwe est dlicate. La cuisson du compost est dangereuse,les risques d'clatement du vaisseau en cas de trop fortechaleur sont prendre trs au srieux, cause del'chappement de gaz toxiques et des projections.

    I rmora est une figure du bestiaire opratoire; lorsde la cuisson du sel philosophique, I'apparition dans levaisseau aprs condensation du volatil sur les parois d'unpetit minral bleut est le premier signe tangible du bondroulement des oprations. La rale galette, la galette desrois, est l'apparition dans le compost chauft de striesrappelant le gteau des trois rois mages apportant chacunun prsent color I'enfant naissant. Le vers suivant citedes oprations du grand Oeuwe, dans le dsordre d'ailleurs.Quant au dernier vers, message d'encouragement, Saturne estle plomb, Hlios est le soleil. La transmutation va s'oprer.

    Quelquefois, on est en droit de se demander si l'crivainhermtiste est sain d'esprit. L'auteur de ces lignes possdedans sa bibliothque quelques ouvrages dont, apparemment,la comprhension malgr une attention soutenue, demeureimpossible. A croire que ces livres ont t rdigs pourI'auteur lui-mme et un cercle restreint. Un fait est sr: cegenre de liwe a tt fait d'coeurer l'arnateur, et la question

  • lgitime est de savoir si ce n'est pas en fin de compte lafinalit de l'dition de tels bouquins .

    [.a deuxime hlpothse dj cite par des auteurs,serait que, lors du travail au laboratoire, des apprentissolitaires utilisent le mercure pour des preparationsarchimistes. Or, la chauffe de ce mtal demande desprcautions de ventilation du local et exige un excellent tiragedu conduit d'vacuation du fourneau; en cas de rupture oude fuite du contenant, les vapeurs qui s'chappent sonttoxiques et peuvent, en cas d'inhalation prolonge, amener des dlires.

    IJINCf,LOT ID'RAEITT

    Blanc, vtu de blanc,Est le chevalier la grande armure.Vagabond, voleur, frivole et sduisantIl a pour mre la reine des lacs.Lumineux, limpide, luisant,Etincelant, il fuit, s'envole.

    Pour le fixer, on a runi,8on nombre d'amis, blancs comme luiatume-esprit lui donne vieDiane, vierge, veille sur luiOps-Stibia le retient et I'englue.

    De leur action est n le plomb des sages ;Reine blanche qui pourra treta compagne du soufre ardent.Elle aura accs au palais du roi

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  • Pour prendre le bain sacrEt de cette union natra un prince trois fois roi.

    Anonyme.Tir de Le soleil brle la rose de R.Guasco.Editions TELFER

    Le dragon tant mis dans I'oeuf philosophiqueChaleur faisant le feu du lion vertOu feu que de son corps nature tient couvertFait voir incontinent que cet affront le piqueIl s'enflamme, il s'irrite, il sublime, il dissoutEt par I'aimant secret d'un peu de sympathieIl appelle au secours et met de la partieCe feu dont l'univers est pntr partout.Rien n'gale ce feu en sa vertu fecondeQue l'amour employa pour percer le chaosEt tirer de l'horreur de ses vastes cachotsCet ordre harmonieux qui conserve le monde.C'est de ce noble agent qu'une profonde tudeM'a fait voir clairement les inclinationsJe sais qu'elle est la clef de ses productionsJe vetx en vous I'offrant marquer ma gratitudeC'est avec cette clef qu'on rappelle les mortsEt qu'on force Atropos renouer leurs tramesC'est avec cette clef qu'on arrache les mes(lu'on tire les esprits et qu'on ouvre les corps.

    Pome d'un alchimiste du [7"* sicle surla nature du feu philosophique.

    5l

  • Les deux premiers pomes, dont I'origine n'est pascite, sont assez contemporains. Leur tude est facile pourcelui qui a quelque habitude du langage symbolique. Ilscorrespondent bien I'hypothse quant la plus grande clartdes crits alchimiques actuels. Le dernier, datant djreprsente bien l'obscurit des compositions hermtiques dessiecles prcdents. Pourtant, ds que le postulant dbute lelabeur au fourneau, il s'aperoit vite que les manipulationssont longues, mais simples. Le matriel ncessaire n'est pascelui d'un laboratoire de chimie moderne, et de ce fait n'estpas coteur Les Matres n'auraient-ils pas compliqu dessein Ie labeur philosophal, alin de dcourager ds lalecture la maiorit des amateum ?

  • IES CHYT,XtrLS,En premier il faut convenir d'un problme

    d'orthographe, afin de dissiper les ventuels malentendus.Certains mots du vocabulaire hermtique, nouveaux pour lamajorit des lecteurs, prtent quelquefois confusion. Leterme chimie, avec un i, correspond la chimie actuelle et toutes ses applications dans les divers domaines (industrie,agriculture etc.). Lorsque un hermtiste crit chymie, ilvoque I'anctre de toutes les manipulations physiques etphilosophiques de matire. Certains auteurs du quinzime etseizime sicle ne font pas encore la diffirence entre lesdeux orthographes. Ils englobent toutes les rnanipulationsvgtales, minrales, gazeuses ou liquides sous les vocableschymie ou chimie. Afin de clarifier la lecture, il taitinportant que soit dissipe cette aniguit.

    Trois branches d'activit conposent la chymie. L^aspagyrie, I'archimie et bien videmment I'alchimie. Quelquesauteurs ont sous-classifi la spagyrie en utilisant le terme deiatro-chymie, pour qualifier les chercheurs uniquementoccups la preparation de remdes. Cette distinction n'estcitee que pour mmoire, la spagyrie n'tant aborde ici qu'titre documentaire.

    La spagyrie englobe une conception des trois rgnes(vgtal, animal, minral), lesquels sont forms sousl'influence organisatrice avec l'esprit, l'me et le corps encorrespondance avec les trois principes actifs, mercuriels,salins et sulfureux. l spagyrie tait plus I'art deI'apothicaire. C'tait en fait un archimiste qui se cantonnaitau rgne animal et vgtal. Avec ses mthodes dedissolutior\ de fermentatiorl d'extraction, il tait un

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  • fabricant de mdicaments et quelquefois, pow les moinsscrupuleux, de poisons, philtres d'amour et autres. On voitl quels abus ont pu tre commis par des charlatans. Si lesmots comme lixir ou jouvence ont une connotationdouteuse, il faut en rechercher la cause dans lesrnanipulations fallacieuses de spagyristes sans scrupules.

    Pour en finir avec la spagyrie, on peut dire que satheorie s'appliquait selon les trois principes actifs cits plushaut, et des deux principes passifs, le phlegme et la terremorte. Elaborer un remde spagyrique consistait traiter laplante ou I'organe de faon separer les cinq principes etn'en garder que les trois q se rvlent actifs, de rchaufferces principes afin d'obtenir une union de ces trois principes.De cette faon, on obtenait une sparation du pur et del'impur. On conoit aisment que cette thorie, difficilementcomprhensible et admissible pour un esprit contenporain,soit bien loigne du sujet qui motive cet ouwage (11).

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  • LHS CI{YMIflS"

    SPYRIE : Recherche de l'laboration de mdicaments,avec comme principe de base le parallle entre I'esprit,l'me et le corps, en relation avec les principes soufrs,mercuriels et salins.

    RCIIUIIE : Etude des teintures mtalliques et desprocds de transformatiorl d'augmentation oud'extraction des mtaux prcieux. Pratique souventconjointement avec I'alchimie.

    VORCtlADUliIE : Synonyme du prcdent. Rarementusit).

    ITB(}CIIYMIE : (du Grec iatro, mdecin). Mdecinespagyrique et mercurielle.

    CHI[[.T8IE : Synonyme du prcdent.

    LCflIIIE: Art de la transmutation des mtaux vulgairesen mtaux prcieux, grce la pierre philosophale, dansson tat de poudre de projection, et de la mdecineuniverselle. L'tude noble par excellence, appele encorela Voie Royale, dont deux mthodes sont possibles : lavoie sche, la voie humide. Toujours associe laphilosophie hermtique, tape indispensable lachrysope.

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  • LJarchimie, elle, est la science des teintures, la sciencedes transformations minrales et mtalliques, avec desrsultats quelquefois forts rmunerateurs. Dans les tenrpsreculs, I'obtention des teintures pour les besoinsvestimentaires passait par les spagyristes qui extrayaient lescouleurs des vgtaux. Les archimistes taient pluscantonns dans le domaine mtallique et minral.L'extraction de teintes, la sublimatiorU la transformation oul'augmentation de volume des mtaux taient le fait desarchimistes. Mais il est sr que cette discipline, pratiqueempiriquement, ofte une proliration de recettes, par laforce des choses, ou incohrentes ou incompltes.

    Enfin, la troisime branche que le lecteur doitcommencer apprhender, l'alchimie. Les auteursmanifestent souvent la forte diftrence entre les deuxpremires et la troisime. Cela tient au fait que seulel'alchimie envisage une transmutation. Au dbut du travailphilosophal, aprs les oprations d'puration, I'ouwageconsiste en une manipulation qui a potr but d'associer deuxconposants chimiques, de les lier grce un troisime, etd'affermir cette liaison avec le feu philosophique et lachaleur du foyer. L'alchimie envisage le grand Oeuwecomme une recration sur un support salir; d'une union deplusieurs minraux et mtaux. Elle est, des trois activitschymiques, la science noble par excellence.

    Beaucoup de liwes hermtiques parlent de I'archimiecomme tant une science vile, basse. Cela provient du faitque maints manipulateurs et gredins vendaient des mthodesfort chres des esprits crdules (comme l'heure actuelle,subsistent ces gens qui vendent des mthodes >pour gagner au loto ou au tierc des sornmes assezconsquentes ...). Certains escrocs, fort habiles dans I'artarchimique, proposaient de I'or ou de l'argent ayant lescaractristiques superficielles des mtaux prcieux, hormisleur poids specifique et leur rsistance aux acides (12). Il est

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  • sr que ces douteux personnages, plus nombreux que l'onserait amen le croire, ont contribu par leurs mfaits donner une irnage dsastreuse de la chymie en gnral. Il yeut aussi des faux-monnayeurs, qui imitaient fort bien lespices anciennes, dont la precision de la gravure et le poidsde rference n'taient pas aussi pointus que maintenant.

    Beaucoup d'alchimistes sincres, pousss uniquementpar la ralisation du gand Oeuwe, eurent recours l'archimie pour transformer des mtaux prcieux ou enaugmenter le volume. Les recettes, tenues secrtes,permettaient, outre un apprentissage des manipulations aufoyer (e fourneau), le financement des recherchesalchimiques (il faut garder prsent l'esprit, que quelquessicles auparavant, les liwes hermtiques taient rares.Voyager cotait fort cher pour aller les consulter dans lesrares bibliothques, des fois travers l'Europe ou auMoyen-Orient).

    Voil les recettes de deux alchimistes bien connus destudiants de I'Art Ro>ral.

    Blaise de Vigenre (13), dans son trait ile I'eau etdu sel.

    De manire que qui voudroit prendre lapatience de dcuire le plomb en un feu reigl etcontinuel, qu'il n'excdt point sa fusion, c'est dire que le plomb y demeurast toujours fondu,et non plus, y adioustant quelques portionsd'argent vif, et de sublim : au bout de quelquetemps, on trouveroit que le Flamel n'a pasparl fivolement, de dire que le grain ftxecontenu dans le plomb, savoir I'or et I'argent,'y multiplieroient et croitroient ainsi que lefntit lefait sur l'arbre.

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  • Une mise en garde s'impose pour le lecteur tropenthousiaste et empress de raliser une oprationarchimique cornme celle-ci. Si I'expos en parat simple, lapreparation du viargent (mercure) pour sa transformationen mercure sublim est dangereuse. Les dgagementsgtzetu( nocifs ainsi que les risques d'explosion du vaisseausont prendre trs au srieux, lors de la cuissonpreparatoire. De plus, le plomb en vente dans le commercen'est pas pur et propre. Ce problme de la qualit des corpsentrant dans les compositions tait dj un problme majeurpour les archimistes et les alchimistes. C'est d'ailleurs pourcette raison que le plus sr moyen consistait acqurir desminerais directement la source, la mine.

    Une opration archimique de Fulcanelli, dcrite dansles demeures philosophales.

    (( Yersez dans une cornue de vene, haute ettubule, le tiers de sa capacit d'acide azotiquepur. Adaptez un rcipient avec tube dedgagement et agencez I'appareil sur un bainde sable. Oprez sous la sorbonne. Chauffezl'appareil doucement et sans atteindre le degrd'bullition de l'acide. Cessez alors le feu,ouvrez la tubuluie et introduisez une lgrefraction d'argent vierge, ou de coupelle, qui necontienne point de traces d'or. Lorsque cesseral'mission du peroryde d'azote et queI'effervescence se sera calme, laissez tomberdans la liqueur une seconde partie d'argentpur- Rptez ainsi I'introduction du mtal, sanshte, jusqu' ce que l'bullition et ledgagement mandestent peu d'nergie, indicesd'une saturation prochaine. N'ajoutez plusrien, laissez reposer une demi-heure, puis

  • dcantez avec prcaution, dans un bcher, votresolution claire et encore chaude. voustrouverez au fond de la cornue un mince dptsorc forme de sablon noir. Lavez celui-ci I'eau distille tide, etfaites-le tomber dans unepetite capsule de porcelaine. Yous reconnatrezaux essais que ce prcipit est insoluble auxacides chlorhydnques comme il I'est aux acidesnitiques. L'eau rgale le dissous et donne unemagnifique solution jaune, semblable autrichlorure d'or: prcipitez par une lame dezinc, il se dposera une poudre amotphe trsfine, mate, de couleur bntn rougetre, identique celle que donne I'or naturel rduit de lamme

    .faon. Lavez convenablement puisdesschez ce prcipit pulvrulent. En lecompimant sur une feuille de vete ou demarbre, il vous donnera une lome brillante,cohrente d'un bel clat jaune par rflexion, decouleur verte par transparence, ayant I'aspectet les caractristiques superficielles de I'or leplus pur .

    Voila un cas spique d'extraction de I'or d'un mtal.Sous son apparente facilit, cette mthode requiert unebonne pratique opratoire. Il ne faut pas oublier que lamoindre fausse manoeuwe fera chouer I'opration. Leproblme de la puret des matriaux est majeur : le vieuxMatre utilise le terme, argent coupelle. Cela signifie trnargent absolument pur. Avec ce procd, I'exprimentateurobtient ce que les archimistes appellent de l'or naissant, ounatif. Le mtal venant d'tre extrait, il ne possde pasencore toutes les caractristiques de l'or adulte. Il existe unernanire de vieillir cet or jeune, que les anciens archimistesappelaient confirmation.

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  • Pour finir, un procd enrploy par les escrocs etfaux-monnayeurs.

    En faisant un amalgame d'tain, hauteur de soixante grarnmeg avec trentegrammes de mercure ; on le broie ensuite avecvingt grammes de soufre fleur et vingt de selammoniac. Chauffez ensuite la poudre dans unmatros de verre, d'abord doucement, puisprogressivement, jusqu'au rouge sombre, queI'on maintient pendant plusieurs heures. Ontrouve, aprs refroidissement, une matirejaune en cailles d'aspect mtallique. Onl'appelle or mussif... On l'emploie pour bronzerles statuettes et les ornements de pltres.

    On comprend vite que les proportions quelque peuvaries, et avec I'ajout d'autre mtal jaune, (du massicot, dulaiton ?) quel usage put tre fait de cette techniqueprobablernent toujours en usage, mais des fins artistiques...

    Le but, en tentant de donner un panoftuna le plusobjectif possible sur les diftrentes activits chymiques, n'estpas de raviver la polmique pluri-centenaire entre lesalchimistes et les archimistes. Si les premiers ddaignent lesseconds, c'est surtout que les premiers transmutent tandisque les autres transforment. Le fond commun aux troisbranches de la chymie rside dans le fait que toutes les troisutilisent les trois principes fondamentaux, salirq mercuriel etsulfrreux. Mais la diffirence primordiale quant l'laboration du labeur philosophal demeure l'obligationpour I'amateur de chercher et tenir compte des influences,des saisons, du rayonnement cosmique et lunaire pour larecolte de I'eau mercurielle; bien que ... Les hermtistes

  • sont unanimes dire qu'tm archimiste, avec ses sublimationsmtalliques, ne pourra atteindre le grand Oeuwe.

    La littrature hermtique est maille de proverbes. Ce qui est en haut est conrme ce qui est en bas est undes fondements de la philosophie Une ma:iime, par naturetoujours vasive, donne lieu plusieurs interprtations.S'agissant d'un proverbe alchimique, c'est toujours le cas.[,a premire signifie qu'il existerait une troite relation entrele microcosme et le macrocosme. Maintenant que lastructure atomique a liw ses secrets, il apparat que notresystme plantaire ressemble fort un atome. Mais allons unpeu plus loin. Autour du Soleil tournent neuf plantesrpertories: Mercure, Vnus, La Terre, Mars, Jupiter,Saturne, Uranus, Neptune, Pluton. Il convient de rajouter lantasse d'astrodes avec Crs et une autre plantedcouverte assez rcemment (Chiron). Ensuite, il suffit deregarder dans la clbre table de Mendliv quel atomepossde onze lectrons. On trouve le sel. Le systmeplantaire a donc comme copie conforme dans lmicrocosme l'atome de sodium. Lorsqu'on connatI'importance que revt le sel philosophique dansl'laboration philosophale... Basile Valentin dans

  • calendrier pour son travail est primordiale. Le but recherchdu fils d'Herms n'est pas tant de transmuer les mtaux, que6s 1aliser la conjonction de tous les lments et principesqui guident sa queste.

  • t PIERBEPHILOOPHAt

    Il a coul beaucoup d'encre sur la fameuse pierre desphilosophes. Une littrature peu soucieuse de la vrit lui aprt des pouvoirs magiques, que possdaient par la mmeses rares et heureux possesseurs. Afin de dissiper lesmalentendus, l'aide prcieuse des grands Matres voquerala pierre.

    D'abord sa couleur. Description de Basile Valentin :

    (( Sa couleur tire du rougeincarnat sur le cramoisy ou bien decouleur de ntbis sur couleur degrenade. Quant sa pesanteur, ellepoise beaucoup plus qu'elle n'a dequantit.

    Certains auteurs parlent aussi de sa fusibilit,compare celle de la cire (64'). Elle possde de plus lepouvoir de pntration, l'absolue fixit, elle est inoxydable,avec une rsistance extrme au feu, et enfin elle rsiste auxagents chimiques, mme les plus corrosifs. Comme le lecteurs'en aperoit, les composants du grand Oeuvre avec lamanipulation au laboratoire aboutissent une matirecompltement nouvelle, avec des qualits particulires etuniques.

  • [.a pierre philosophale connat trois tats. Celui cit ci-dessus est sa forme finie. Le deuxime tat est la mdecineuniverslle, connue sous sa forme saline, utilisable pour lagurison des rnaladies humaines. C'est la panace, I'orpotable.

    La troisime caractristique de la pierre est que si onla fermente avec de I'or ou de l'argent purs, on obtient lapoudre de projectiorl celle q transmute les mtatx vils enmtaux nobles.

    Voil la pierre, celle qui a fait couler tant d'encre, cellequi a passionn des chercheurs une vie entire, celle qui aemmen des hommes au bcher ou la Bastille. Vousrenufquerez la relecture de ces lignes I'importance dunombre trois : il est la bese et la conduite de toute larenaissance philosophale.

    Pour finir ce feuillet consacr la pierre, unepremire ; un proverbe alchimique de l'auteur :

  • t,tCH[M[EETt qENETISUE"

    Certains savants modernes font des dcouvertesqui viennent confirmer la justesse de lalchimie.

    Les perfectionnements rcents du microscopelectronique permettent de voir les formes que prendI'ADN en action dans la cellule. Celui-ci s'tire et sertreint comme un ressort, et le noyau se boursoufleavant la replication de I'ADN. Mais qui provoque cetteboursouflure ? Certains mtaux I'intrieur de ladouble hlice de I'ADN. Ces mtaux vont fournirInergie pour' ouwir la chane, et une nergieconsidrable. Ces mtaux occupent des endroitsprcis, en plein dans les squences "charabia". QuandI'ADN reste inactif, ces squences se collent lapriphrie du noyau, donc la meilleure place pourrecevoir tout signal dirig vers I'ADN. Ils agissentdonc comme les antennes de I'ADN.

    Rien voir avec I'alchimie. Et bieru parmi lesmtatx qui se trouvent I'intrieur de I'ADN, sept semontrent particulirement actifs. Ce sont : I'or,l'argent, le mercure, le cuivre, le fer, le plomb, l'tain.Les sept mtatx de la symbolique hermtique. Pour lapremire fois, la science a trouv un processus qui lesunpque collectivement. Les mtaux alchimiquespermettent I'ADN de capter et de traiter une

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  • information. En quelque sorte, une transmutationgntique.

    Et il y a plus fort. Une cellule tumorale poussevite, et dvore les mtaux. Elle aspire les mtaux descellules voisines, mis, la diftrence d'une cellulesaine, elle ne s'en sert pas comme antenne, maiscomme blindage. En lui fournissant un mtal pig,comme un isotope radioactif du cuiwe, la cellulecancreuse le gobe et en meurt.

    L'exprience a t conduite au laboratoired'Orsay, sur des souris. Grce la technique du cuiweradioactif, 50 % des souris atteintes du foudroyantcancer ascitique ont pu gurir, alors que quelquesannes auparavant, I'immense majorit mourait.[,t comment le cancer s'introduit-il dans lacellule ? Il profite d'une coupure d'ADN, pendant lapriode de remaniement gntique, suite une trangeagitation qui rgne sur les squences de transmissionlors d'une lsion ou d'un stress.

    i un alchimiste parle de la mdecine universelle,tout le monde rira. Dcrite par quelques Matrescolme ta pierre philosophale fermente, elleassurerait longue vie et bonne sant. Diffrcile croire...

    Pourtant, et au vu de ce qui prcde, et ensachant que le processus de vieillissement consisteraiten un dfaut d'limina'tion des mtaux lourds dansnotre organisme, on peut se demander si cettemlntrieuse mdecine universelle n'est pas unharmo niseur mtallique.

    Lire ce propos I'excellent ouvrage d'EtienneGuill "L'alchimie de la vie" aux Editions du rocher.

  • SECONDEPABTIE"

    LFqMA['TRE"Dans la premire partie, le lecteur a lu des noms de

    Matres qui ont laiss leur empreinte dans I'histoire del'alchimie. Beaucoup de ces Matres ont d'ailleurs excelldans d'autres activits que la vieille sapience, notamment enmdecine, en pharmacie, mais aussi dans des domaines telsque la philosophie ou l'astronomie. Des hommes clbrescorrme Albert le Grand sont connus de l'histoire, non pasgrce I'alchimie, mais en tant que moine thologien,philosophe et savant. Dans la liste, incomplte d'ailleurs, desMatres dont le souvenir est voqu, figure la plupart desactivits de la culture et du savoir des poques rvolues. Est-il besoin d'une preuve supplmentaire pour dmontrer que laphilosophie hermtique est la science par excellence, tudiepar de nombreux adeptes, qui brillaient d'ailleurs dansd'autres disciplines, tel point que leurs noms sont restsdns I'histoire attachs ceux d'hommes ayant apport leurpierre l'difice de l'humanit ?

    Il est de bon ton I'heure actuelle de se gausser dusavoir des anciens, de traiter avec mpris et drision lestraits alchimiques ou phannaceutiques du Moyen-ge etd'avant. S'il est sr que bien des erreurs furent commises parles chercheurs, influencs par la religion (il suffit de penserau combat de Pasteur, qui se dchirait avec une caste

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  • mdicale croyante, pour abattre le mhe imbecile de lagnration spontane, ou Darwur, qui connut les mmessoucis avec sa thorie de l'volution, deux thories allant I'encontre des dogmes catholiques, et cela au dix-neuvimesiecle !) (1), et devant I'impossibilit, au vu des techniquesde recherches et du matriel de l'poque, de constater devisu la vracit des thories, il est plutt surprenant derenufquer que de grandes dcouvertes, vrifies par la suite,aient t faites et que les poques lointaines n'ont pas lemonopole des errements.

    Il est facile de se moquer, cofirme le font les chimistesen riant de I'alchimie. Mais qui a trouv l'acide nitrique,autrefois appel acide azotique ? Qui a dcouvert le zulfatede fer, et le sulfate de cuiwe ? Et l'acide sulfurique ? Et lesbases ? Et les sels ? Et les nitrates ? Q a extrait I'acidebenzoque du benjoin ? En lisant un dictionnaire, un desdcouweurs s'appelle B1aise de Vigenre. Mais videmment,il n'y est pas fait mention de sa qualit d'alchimiste. Lestravaux d'Arnaud de Villeneuve sur les propriets de I'alcoolet la dcouverte de l'alcool anhydre, quand ils furentcouronns de succs, se transformerent d'un coup debaguette en travaux de chimiste.

    Si I'alchimie est une chimre, pourquoi despersonnages conrme Thomas d'Aquin, plus grand thologiencatholique de l'Europe occidentale, esprit d'une intelligencesuprieure, tait-il disciple d'Herms ? Le dicton quel'histoire prte Saint Thomas, son illustre prdcessetr,

  • trangers venus acqurir prix d'or des philtres d'amour,des poisons base de bave de crapaud borgne, ou de veninde vipre rcolt la pleine lune, avec du sperme de pendu.Un nain scrofuleux sert d'aide-laborantr& assistant lesorcier-alchimiste-jeteur de sorts dans ses preparations. Unmatriel rituel et quelques objets insolites compltent cettedescription: l'obligatoire tte de mort, le crucifix retourn,des cornues et alarnbics o mijotent des compositionscolores et odorantes. Des pearx ou exuvies de reptilesornent les murs, ainsi que quelques bocaux aux contenusinquitants disposs sur une tagre poussireuse. Un lutrinsupporte un grimoire jauni, rempli de recettes magiques et designes cabalistiques. N'oublions pas pour finir le rat gris etgaleux qui se faufile prudemment dans ce capharnatinl enqute d'une nourriture hypothtique et suspecte.

    Le laboratoire du chymiste doit aussi beaucoup lasaga des films o la vrit historique cde le pas, pour desraisons commerciales, la ralit. L'image de Geoffrey dePeyrac, dans la clbre saga qui fit le bonheur des cinephilesepris de fresques pseudo-historiques, participe ladformation de la vrit. Extracteur d'or grce unenouvelle mthode de fxation en usant abondamment du viargent, I'ambiguit quant l'origine de sa fortune n'est paskve, dans le film. Dans une scne, le marquis fait visiter enson chteau un laboratoire oir fourmillent des gens occups des oprations de distillations et autres manipulations. Ledtail vestimentaire et caricatural du principal personnage decette scne n'est pas sans voquer l'apprenti sorcier de WaltDisney: grande toge de mage, bijoux cabalistiques, etvidemment la barbe blanche et pointue qui rajoute ladernire note de feerique. Les obligatoires ncessitscommerciales obligent les producteurs exciter l'imaginationds spectateurs quitte laisser ces drives historiquestransformer le rel.

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  • r."alchimiste est difEcilement classifiable. I^a diversitdes grands Maftres donne dj une ide de l'ventail desorigines des adeptes. Actuellement, on peut raisonnablementdire que les praticiens du gay savoir se rencontrent danstoutes les couches de notre socit. Comme d'habitude, despersonnages srieux aux plus fantasques rentrent dans sesrangs et comme I'absence d'initiateurs permet tous leserrements, certains travaillent dans l'erreur; (2) L'image laplus fidle de I'alchimiste contemporain correspond celled'un bre penseur, dgag des tabous et valeurs tatiques oureligieuses q conditionnent la plupt des populations.Certains sont trs qualifis en chimie moderne, mais ellen'est pas un passage oblig pour entreprendre lesmanipulations au fourneau. Il n'existe pas de toute faon unitinraire prcis menant la science du gay savoir. Sil'alchimie est ouverte tous les humains, il est sr que laslection est telle que peu d'entre eux insistent. Aprs desannes de recherche littraire et d'tude dcourageante, lecurieux de la sapience va pouvoir envisager les premiresexpriences au fourneau. On peut lire dans des liwesmanquant pour le moins de srieux, qu'une seule cuisine estncessaire pour les manipulations mtalliques. Sividemment, l'atelier du disciple de la science d'Herms neressemble p. at( laboratoires lgendaires dcrits plus haut,une simpfication excessive du matriel et des lieux estencore plus inepte. Pour dcrire I'alchimiste au travail, mieuxvaut enployer le terme atelier, plus prs de la ralit.

    r."apprentissage des manipulations de mtaux, pour laplupart des gens, est un domaine inconnu. Rares sontmaintenant les professions o la fonte du fer, du cuivre ou del'tain entre dans I'exercice courant de l'activitprofessionnelle. Quelques forgerons font encore leur trempeet leurs slliages. C'est chez les biioutiers, les joailliers et lesorwes que l'on trouve encore des professionnels de lafonte et de l'puration des mtaux, et chez les fabricants de

  • vaisselle d'tain ( l'chelle artisanale, videmment. Lesindustries, par leur gigantisme et leur automatisatior5 nepermettent pas une communication psychique avec lamatire).

    L;'atelier va donc comprendre, en premier, un endroitdgag oir l'tudiant va installer un fourneau pour la fusionde ses matriaux. Pas besoin d'un local luxueux, il suffit qu'ilsoit bien ar, et l'abri des courants d'air (pour viter deschangements brusques de temprature). l-a forge doitdisposer d'un conduit d'vacuation des fumes. L'expriencedmontre, passes les premires apprhensions du travail surdes matieres haute temprature et donc des videntesprcautions que l'tudiant doit absolument respecter, qu'unevritable boulimie d'exercices de fusion prend tout apprentimanipulateur. Travailler le mtal, activit nouvelle, et pourl'alchimiste, vocatrice du dbut de la phase concrte de saphilosophie, amne vite faire des essais dpassant le cadrede sa queste. Cette communion que I'on peroit voir lesmirraux et mtaux se transformer, changer de couleur,viwe enfin sous le regard attentif de I'alchimiste provoqueune envie d'exprimentation accrue. Si le fer ou le cuiwedgagent pendant leur travail une manation agreable,d'autres minraux, mtaux et composants comme le mercureet le soufre mettent des gaz toxiques. D'o l'obligationd'avoir une chemine possdant un tirage efficace, et deprendre toute prcaution quant l'ventualitd'echappements toxiques ou dsagrables (urticants) (3).

    Un deuxime endroit de I'atelier doit rpondre desnonnes strictes de scurit. L'utilisation d'acides estindispensable tout travail philosophique. Comme lesproduits la disposition du commerce sont pour la plupartdilus, l'un des premiers travaux est de les concentrer. Il fautdonc prvoir un petit quipement de chauffage par gaz, afrnde faire vaporer les acides. De mme que pour la chauffedes mtaux, l'apprentissage de ces manipulations de produits

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  • corosifs doit se faire dans le calme et avec prudence. [-apatience, vertu primordiale de l'alchimiste prend au dbut dutravail concret sa vritable dimension, eu gard ladangerosit des matriaux usits et de I'envie lgitime debrler les tapes ncessaires la matrise du travailopratoire.

    Liatelier de I'alchimiste, son petit monde, taitauparavant un ateer bien diffrent de celui actuel. Lamatrise de la forge, conrme du maniement des liquides,exigeait un apprentissage long, trs long. De plus, les mtauxutiliss n'avaient pas la puret requise, et l'adepte devaitobligatoirement purer compltement ses cornposants. Lesacides n'taient pas en vente, et I'obligation pour toutalchimiste d'apprendre les fabriquer exigeait des annes delabeur. Bien souvent, le postulant l'adeptat passait denombreuses annes en prparation, et I'image du Matre fortg tait alors relle. Seuls ceux qui avaient la chance depouvoir travailler auprs d'un alchimiste expriment et doncrompu au labeur concret pouvaient envisager une matriseplus rapide de l'laboration philosophale. Des personnagescomme Etienne Vinache, la tragique destine, ontprobablement appris le gay savoir auprs d'un grand Matre,mais n'ont pas assimil la prime vertu de la philosophiehermtique : la discrtion. Les grands Matres, de raresexceptions prs ont toujours laiss planer le doute quant leur ralisation de I'Oeuwe. Seuls ceux qui, grce l'tendue de leur connaissance, mdicale par exemple, sesavaient I'abri de la cupidit cruelle, attestrent au grandjour et mme ralisrent la transmutation devant destmoins. Bien de ces Matres, heureux possesseurs de lapierre philosophale, ont laiss dans leurs crits la mthoded'laboration, sous une forme dissimule. Chacun a choisi unappui comme trame, variable selon les poques. Dans le

  • civilisation grecque, son prestige intellectuel tait encore unerference obligatoire pour tous les lettrs. Esprit Gobineaude Montluisant, gentilhomme Chartrain, choisit cornmesupport la Cathdrale de Paris, Notre-Dame, pour traiter leGrand Oeuwe, et mettre en parallle la symboliquechrtienne avec la symbolique alchimique. Le chevalierinconnu (encore un adepte qui protgea son anonymat),utilise les douze travaux d'Hercule pour dcrire lesmanipulations. Les textes birmans et chinois prennent leconte et la parabole comme supports leur enseignement.Charles Perrault, que tout le monde connaft avec les contesde [a mre l'oie, fait de mme. Ce conteur attachant, qui anous laiss Cendrillon (dfinition du dictionnaire: personnequi se tient toujours au coin du foyer), le chat bott et autrescontes o