Le Livre Des Psaumes Voie Purgative 001-050

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 LES PSAUMES PSAUME I 1. Heureux l'homme qui n'a point marché dans le conseil des impies, qui ne s'est pas arrêté dans la -voie des pécheurs, et qui ne s'est point assis dans la chaire de pestilence; 2. mais qui a ses affections dans la loi du Seigneur, et qui médite cette loi jour et nuit. 1. Beatus vir qui non abiit in consilio impiorum, et in via peccatorum nonstetit, et in cathedra pestilentiae non sedit ; 2. sed in loge Domini voluntas ejus et in lege ejiis meditabitur die ac nocte. Livre premier. Ps. I Psaume I XL Sort opposé du juste et de l'impi£. Ce psaume n'est précédé d'aucuu titre. Comme Jérémle l'a connu, et en a même paraphrasé un passage (cf. vers. 3-4, et Jer. xvii, 5-8), il est évidemment plus ancien que ce prophète. Quel- ques Pères , plusieurs manuscrits des LXX et un certain nombre d'auteurs modernes l'attribnent à David, et rien, dans le fond ou dans le style, ne contredit cette opinion. Il développe la pen- sée suivante, qui est répétée sous tant de formes dans la Bible, et spécialement au livre des Pro- verbes : Le vrai bonheur ne consiste que dans l'union avec Dieu, par le Adèle accomplissement de la Loi ; partout ailleurs, on ne trouve que profonde misère. Il forme donc comme un excel- lent prologue du psautier (saint Basile : « Prooe- mium brève; » saint Jérôme « Prscfatio Spi- rltus sancti »); cai' le livre des Psaumes, depuis son premier chant Jusqu'au dernier, ne fait que dire « Oui et Amen aux prescriptions de la Loi ». Il se divise en deux parties à peu pi-ès égales : la première, vers. 1-3, décrit le caractère et la condition de l'homme juste ; la seconde , vers. 4-6, prédit le malheur et la ruine éternelle des Impies. Le style est clair, simple, gracieux, éner- gique ; une élégante comparaison met en relief fait (vers. 2).— Qui non... L'idée négative est exprimée d'une manière très énergique, par un tri) le parallélisme, qui se poursuit en gradation ascendante à travers les trois membres de phrase du verset 1. Elle consiste à dire que le a recède a malo » est toujours la règle de conduite des Justes. Premier parallélisme : non abiit, non stetit, non sedit. Ces verbes marquent <r trois degrés de commerce ou d'engagement avec les pécheurs » (Calmet) : le mouvement vex's le mal ; l'action de s'y fixer par des habitudes coupables; l'endurcissement volontaire, accompagné d'une Infernale propagande de mauvaises doctrines. Deuxième parallélisme : in consilio, in via, in cathedra. Trois substantifs qui correspondent aux trois verbes. Troisième parallélisme : im- piorum, eccatorum, pestilentlœ. Dans l'hébreu : les impies (r'Sâ'im : l'expression la plus géné- rale de la langue hébraïque pour désigner l'ini- quité ; elle marque la séparation Intime que le péché établit entre Dieii et l'homme), les pécheurs (hattâ'im : remarquez la forme Intensive oti rédupllcative ; elle dénote des actes extérieurs réitérés, multipliés), les moqueurs (Usim : les libres penseurs qui font ouvertement profession et propagande d'Impiété). Par conséquent, « impli corde, peccatores opère, Irrisores ore, » comme on l'a dit. Les LXX ont traduit lé^im par Xot[j.f7)v, hommes pestilcnts, et la Vulgate a légèrement

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  • LES PSAUMES

    PSAUME I

    1. Heureux l'homme qui n'a pointmarch dans le conseil des impies, quine s'est pas arrt dans la -voie despcheurs, et qui ne s'est point assis dansla chaire de pestilence;

    2. mais qui a ses affections dans laloi du Seigneur, et qui mdite cette loijour et nuit.

    1. Beatus vir qui non abiit in consilioimpiorum, et in via peccatorum nonstetit,et in cathedra pestilentiae non sedit

    ;

    2. sed in loge Domini voluntas ejuset in lege ejiis meditabitur die ac nocte.

    Livre premier. Ps. I

    Psaume I

    XL

    Sort oppos du juste et de l'impi.Ce psaume n'est prcd d'aucuu titre. Comme

    Jrmle l'a connu, et en a mme paraphras unpassage (cf. vers. 3-4, et Jer. xvii, 5-8), il estvidemment plus ancien que ce prophte. Quel-ques Pres

    ,

    plusieurs manuscrits des LXX et uncertain nombre d'auteurs modernes l'attribnent David, et rien, dans le fond ou dans le style,ne contredit cette opinion. Il dveloppe la pen-se suivante, qui est rpte sous tant de formesdans la Bible, et spcialement au livre des Pro-verbes : Le vrai bonheur ne consiste que dansl'union avec Dieu, par le Adle accomplissementde la Loi ; partout ailleurs, on ne trouve queprofonde misre. Il forme donc comme un excel-lent prologue du psautier (saint Basile : Prooe-mium brve; saint Jrme Prscfatio Spi-rltus sancti ); cai' le livre des Psaumes, depuisson premier chant Jusqu'au dernier, ne fait quedire Oui et Amen aux prescriptions de la Loi .Il se divise en deux parties peu pi-s gales :la premire, vers. 1-3, dcrit le caractre et lacondition de l'homme juste ; la seconde , vers.4-6, prdit le malheur et la ruine ternelle desImpies. Le style est clair, simple, gracieux, ner-gique ; une lgante comparaison met en reliefla pense dominante de chacune des deux par-ties.

    10 Premire partie : bonheur du Juste. Vers. 1-3.Ps. L 1-3. Beatus. Suave dbut des Psaumes.

    Celui qui est proclam bienheureux est dpeintd'abord ngativement, d'aprs ce qu'il vite def;\li-e (vers. I),pul8 positivement, d'aprs ce qu'il

    fait (vers. 2). Qui non... L'ide ngative estexprime d'une manire trs nergique, par untri) le paralllisme, qui se poursuit en gradationascendante travers les trois membres de phrasedu verset 1. Elle consiste dire que le a recdea malo est toujours la rgle de conduite desJustes. Premier paralllisme : non abiit, nonstetit, non sedit. Ces verbes marquent

  • 16 Ps. 1 , 3

    3. Et erit tanquam lignum quod plan-tatum est seciis decursus aquarum, quodfriictimi Kuum dabit iu tenipore buo, etfolium ejiis non dcfluet ; et omnia qu?e-cuniqiie facict prosperabimtur.

    4. Non sic imji, non sic; sed tan-qnani pulvis quem projicit ventus a facieteir.

    6. Ideo non rsurgent iiipii in judicio,iiaque peccatores in concilie justorum.

    3. Il sera comme un arbre plant prsd'un cours d'eau, et qui donne son fruiten son temps, et son feuillage ne tom-bera pas ; et tout ce qu'il fera russira.

    4. Il n'en est pas ainsi des impies, iln'en est pas ainsi ; mais ils sont commela poussire que le vent disi)erse dedessus la surface du sol.

    5. C'est pourquoi les im.pies ne ressurciteront point dans le jugement, ni lepcheurs dans l'assemble des justes.

    son affection, ses dlices. Expression qui dnotetoute l'ardeur d'une volont inbranlable. Etin lege... meditabitur... Consquence naturelle decet ainour pour la loi divine ; c'est, du reste, laralisation de ia pressante recommandation deMose tout Isral, Deut. vi, 6-7 : a Les com-mandements... seront dans ton cur ;... tu lesmditeras assis dans ta maison, en voyage, toa

    Pilmiers pantB aa bord d'un cours d'eau. (Fresque gyptienne.)

    oouclier et ton lever. Le verbe hbreu quiexprime ici cette pieuse mditation de la Loi esttrs nergique (yhgeh) : il signifie se parler soi-mme demi-voix , comme on le fait par-fois lorsqu'on est plong dans une intime etprofonde contemplation. Et erif... (vers. 3). Heu-reuse consquence de cotte conduite du juste. Tanquam lignum... Image magnifique et quidit beaucoup. Dans l'Orient, qui est si pauvreen eau, les arbres se desschent et prissent fr-quemment durant les grandes chaleurs : un belarbre, qui se dresse au bord d'une source vive etabondante (.decursus aquarum : deux plurielsexpressifs) n'est donc pas moins prcieux queremarquable. Le verbe satul, employ dans letexte original ( Vulg. : plantatum ) , marque, enoutre, un arbre trs solidement plant, qui apris de profondes racines. Il est probable quele pote sacr avait spcialement en vue le pal-mier

    ,arbre dont a l'amour pour l'eau

    ,la crois-

    sance superbe, le feuillage toujours vert, le frai isavoureux , cadrent trs bien avec ce pissage.Les courants d'eau reprsentent les grces fcon-dantes que le juste puise dans son union perp-tuelle avec Dieu. Eructuin... dabit... L'arbremystique, toujours fertile, produit rgulirementdes fruits dlicieux de vertus, de bonnes uvres. Folium,.. non defluet. Emblme d'une vigueur

    inaltrable et d'une tonnanterichesse de vie. Omnia qux-cumque... La comparaison apris fin

    , et l'ide est exprimesimplement, dans le langageordinaire. Tout russit entreles mains du juste, car tous sesactes sont bnis de Dieu.

    Cette premire partie est la plusbelle des deux : on voit quel'crivain sacr a insist plusvolontiers sur le portrait duJuste.

    2 Deuxime partie : malheurde l'impie. Ver.^. 3-6.

    4-6. Non sic... Saisissantcontraste, qui est introduit avecune vivacit pleine d'lan lyi 1-

    que. Les mots noi sic ne sontpas rpts dans l'hbreu.

    rangua?npwZ lis...Comparaisonfrquente dans la Bible, pourdcrire le peu de consistance

    et la ruine future des impies. Cf. Ps. xxxiv, 5;Job, xxr, 18; Is. xxix, 6; Os. xiii, 3, etc. Leursymbole, c'est, d'aprs le texte hbreu, laglume lgre (ms) qui enveloppe les grainesdes crales, et qui devient si aisment le Jouetdu vent, lorsqu'on vanne le bl en plein air, surun terrain lev, la faon de l'Orient (Atl.arch., pi. XXXIV, flg. 9 ; pi. xxxv, fig. 8). Lemots a fade terre ont t ajouts par la Vul-gte, la suite des LXX. Ideo : cause dela profonde diffrence qu'il y a entre la conduitedes pcheurs et celle des justes. La descriptionse change tout coup en une prdiction ter-rible. Non rsurgent. Plutt, d'aprs rhcbreu :ils ne se tiendront pas debout. Le roi prophtese reprsente Dieu oui juge le monde entier.Devant Dieu, les justes et les mchants : le-justes qui s'lvent vers Dieu, leur juge, tels qu'illes a dcrits, comme des arbres au feuillage vert

    et chargs de fruits ; les mchants qui , aptos

  • Ps. I, 6 II, 2.

    6. Car le Seigneur connat la voiedes justes

    ,et le chemin des impies

    prira.

    17

    6. Quoniam novit Dominas viam justo-rum, et iter impiorum peribit.

    PSAUME II

    1. Pourquoi les nations ont-elles frmi,et les peuples ont -ils form de vainsdesseins ?

    2. Les rois de la terre se sont levs,et les princes se sont assembls contrele Seigneur et contre son Christ.

    1. Quare fremuerunt gentes, et populimeditati sunt inania?

    2. Astiterunt reges terr, et principesconvenerunt in unum adversus Dominum,et advei-sus Christum ejus.

    6'tre abandonns leurs passions, et laiss em-porter et l leur merci, sont maintenantgisants terre, comme les brins de paille quandle vent a cess, sans esprance de se releverBOUS une sentence favorable du divin juge (Patrizi, Cent Psaumes, p. 53 de la trad. franc.).C.--d. qu' ils ne seront pas justifis , commetraduit le Tnrgiira, mais iiTvocablement con-damns. Iti judicio. Non pas les tribunauxhumains, n.ais celui de Dieu mme, lorsque lebon grain sera spar de la menue paille. Cf.Mattl. m, 12. In concilio justorum : les justesseront tmoins et assesseurs du souverain Jugea dernier jour. Cf. I Cor. vi, 2. Le verset 6rsume, pour conclure, toutes les ides du pome.Quoniam retombe tout ensemble sur le verset 3et sur le verset 6. Novit Dominus : nond'une connaissance abstraite, indiffrente, sanseffet; mais d'une connaissance affectueuse, effi-cace, qui protge et qui sauve. Au contraire,lorsqu'il s'agit des pcheurs, c'est l'abandon, puisle chtiment ; de l le trait final si terrible, iter...peribit ; leur voie se perdra dans les plus affreusestnbres, les garant jamais. Cf. Prov. v, 6.Quel contraste avec le a Beatus initial I

    Psaume II

    Vains efforts des royaumes de la terre contrele royaume du Christ.

    Pas de titre. Psaume lyrique par sa forme,mais prophtique par les ides qu'il exprime. Ildcrit, en termes vifs et presss, la rvolte desnations coalises, sous la conduite de leurs chefs,contre Jhovah et son Christ, rvolte qui chouebientt misrablement contre la puiss:mce invin-cible du Seigneur et du Messie. Sa perfectionlittraire est exquise. Admirable drame auxscnes nettement marques, l'action progres-sante, au dnouement parfait. Le pote, ou pluttle prophte, commence et termine le psaume(vers. 1-2,10-13); au centre, apparaissent tour tour les rebelles, Jhovah et son divin Fils,qui agissent et qui parlent. Les rflexions duVoyant forment donc une sorte de cadre. Quatrestrophes gales. Les deux premires (vers. 1-3,4-e) exposent des actions : l'acte insens des rvo-lutionnaires, l'acte de Jhovah oppos au leur.Chacune de ces strophes se termine par des parolesqui expliquent davantage la double action (vers.

    Comment. IV.

    3 et 6 ). Mais ce n'est l qu'un prambule. Lecur du pome se trouve dans les deux stro-phes suivantes (vers. 7-9, 10-13;, qui ne con-tiennent que des paroles, sans action : l'idedominante, nonce d'une manire thorique etobjective dans la troisime strophe ; cette mmeide

    ,reproduite sous une forme pratique et ob-

    jective dans la quatrime strophe. La structureest donc parfaitement rgulire. Mais lamise en uvre potique de cette pice n'est Iciqu'un accessoire... en prsence de la gi-andeuret de la saintet du sujet (Mf Meignan). Cesujet, c'est le Messie et son rgne invincible,universel ds ici -bas; non pas d'une maniretypique et indirecte, mais dh-ectement et exclu-sivement (voyez l'Introduction, p. 11). On avainement essaj' de rattacher le Psaume ii divers faits de l'Ancien Testament ; il ne sauraits'adapter aucun d'eux (comp, surtout les vers.7-9). Le caractre messianique est dmontr d'unefaon premptolre par les crivains du NouveauTestament (cf. Act. iv, 26-28, et xiii, 33 ; Rom.I, 4 ; Hebr. i, 5, et v, 5 ; Apoc. xii, 5 ; xix, 15, etc.),par l'ancienne tradition juive, par toute la tra-dition chrtienne, par les contradictions perp-tuelles des faux critiques qui refusent de l'ad-mettre. L'auteur est David, d'aprs Act. iv, 25,passage dans lequel plusieurs appositions au nomdu grand roi ( notre pre David, votre servi-teur ) montrent que ce nom ne dsigne pas,comme en d'autres textes trs gnraux, le livretout entier des Psaumes.

    1 Premire strophe : les nations essayent envain de se rvolter contre Jhovah et contre sonOint. Vers. 1-3.

    Ps. II. 1-3. Quare... Entre en matire ex abrupto . Ce Pourquoi majestueux, quidomine les deux premiers versets, ne contientpas une interrogation proprement dite : c'estplutt une exclamation ddaigneuse

    ,quivalant

    nos locutions : A quoi bon I C'tait bien lapeine... Le pote est donc sr l'avance del'inutilit complte do la rbellion, car il con-nat la force invincible de Jhovah et du Messie. Gnies ( hbr.: grom) : les nations paenne*,par opposition Isral, le peuple du Seigneur. Fremuerunt... L'agitation des rvolts estdpeinte sous de vives couleurs. En hbreu, ragSuIndique une assemble houleuse et bruyantes

    2

  • 18 Ps. Il, 3-7.

    3. Dirumj)amus vincula eorum, et pro-jicianius a nobis jugum ipsorum.

    4. Qui habitat in cvlis irridebit eo8,et DominuB subsaiiiiabit eos,

    6. Tune ioquetur ad eos in ira sua, etin furore suo conturbabit eos.

    6. Ego autem constitutus sum rex abeo super Sion, montem sauutjm ejac,prdicans prceptum ejus.

    7. Dominus dixit ad me : Filius meuses tu ; ego hodie genui te.

    3. Rompons leurs liens, et jetons loinde nous leur joug.

    4. Celui qui habite dans les cieux se rirad'eux, et le Seigneur se moquera d'eux.

    5. Alors il leur parlera dans sa colre,et il les pouvantera dans sa fureur,

    6. Pour moi, j'ai t tabli roi par lui!sur Sion, sa montagne sainte, afm d'an-'

    I noncer son dcret.7. Le Seigneur m'a dit : Tu es mon

    I Fils;je t'ai engendr aujourd'hui.

    yh'gu (le mme verbe qu'au Ps. i, vers. 2*),des complots ourdis habilement. Mais cela ne metque mieux en relief l'ironie par laquelle se ter-mine ce vivant tableau : inania. Dans le texte :riq, monosyllabe expressif, pour marquer l'ina-nit, le vide. Regea terra;. Les peuples ne sontpoint seuls : leurs rois et leurs chefs (hbr. :rznim , les graves , les vnrables ) ont pris la di-rection de la rvolte. AstlUrunt: d'aprs toutela force du mot hbreu ( itysbu ) , se mettre enposition pour attaquer (cf. I Reg. xvii, 16, etc.),prendre une posture d'arrogant dfi. Convene-runt... : nsdu fait galement image, et rap-pelle une assemble nombreuse, importante, danslaquelle on se presse les uns contre les autres et

    o l'on se parle en secret. Adversus Domi-num... L'objet de la rvolte. C'est contre Dieu,et contre celui qu'il a lui-mme sacr comme sonreprsentant sur la terre, que le monde entierse soulve. Christum : en hbreu, le mot clbremasmh, oint, d'o nous avons fait Messie. L'ap-plication est aise : au temps de Notre-SeigneurJsus -Christ, Hrode, Pilate, les princes desprtres , la grande masse des Juifs ( cf. Act. iv,25-28); plus tard, a tous les empereurs etrois perscuteurs mentionns dans l'histoire del'glise; longue liste qui s'accrot tous lesjours, et qui ne finira qu'aux tyrans prditspar saint Jean dans son Apocalypse (xx, 7, 9). Dirumpamus... Le psalmlste entend et signalela conclusion frmissante des dlibrations desInsurgs. Leur sourde rage est parfaitementimite dans le texte par le rythme et par les sons. Vincula, jugum : images de la servitude;la seconde est propre aux LXX et la Vuigate(hbr. : leurs cordes).

    2 Seconde strophe : Dieu se rit des efforts deses ennemis. Vers. 4-6.

    4-6. Scne du ciel, aprs celle de IB terre. Au-dessus du thtre de cette audace humaine, lepote contemple Jhovah, dans sa majest etta srnit divines , et il entend sa voix terriblequi rpond aux menaces des rebelles insenss. Qni habitat in clis , Dominus (ici, 'Adonadans l'hbreu). Le Tout-Puissant, qui trne ter-nellement dans les hauteurs inaccessibles descieux : tel est l'adversaire que l'on ose provo-quer. Aussi, tout d'abord, n'oppose - 1 - il qu'uncalme ddain aux outrages impies : irridebit,snhsannabit ( mieux vaudrait le prsent : il serit, il se raille). Anthropomorphisme hardi, maissignificatif. Tune. Second degr de la colredu Seigneur.

  • Ps. II, 8-11. 19

    8. Demande-moi, et je te donnerai lesnations pour ton liritage, et pour tondomaine les extrmits de la terre.

    9. Tu les gouverneras avec une vergede fer, et tu les briseras comme le vasedu potier.

    10. Et maintenant, rois, comprenez;

    instruise/.-vous, juges de la terre.11. Servez le Seigneur avec crainte,

    et rjouissez -vous en lui avec tremble-ment.

    8. Postula a me, et dabo tibi genteshereditatera tuam, et possessionem tuamtermines terrte.

    9. Reges eos in virga ferrea, et tanquarovas figuli confringes eos.

    10. Et nunc, reges, intelligite; erudi-mini, qui judicatis terram.

    11. Servite Domino in timor, et exul-tate ei cum tremore.

    prtrit, Je t'ai engendr, et du prsent, Aujour-d'hui : le prtrit montre que la gnration enquestion est accomplie, le prsent dnote qu'elleest porinanente ; acte temel, 4ui n'a ni passni prsent, ni veille ni lendemain. Cf. Ps. cix, 3.Tel est le sens direct et immdiat des mots Ego hodie genut te . Toutefois ils s'appli-quent aussi toutes les manifestations de cettegnration ternelle dans letemps : la naissa'iice de Jsus-Christ, son l-aptme, maisBurtout sa rsurrection ( LeHir, Les Psaumes, p. 4); faitsqui sont pour le Sauveur, d'aprsle plan divin, une suite natu-relle et comme une extensionde sa gnration ternelle (Bossuet). Cf Act. xni, 33 ; Hebr.I, 6. Dabo libi gentes... Cesparoles sont le corollaire desprcdentes. Jhovah tant lecrateur et le matre du monde,le Messie, en tant qu'il est sonFils et son hritier, a droit la domination universelle. Pouren tre investi, il n'a qu' faireun signe, pustvia a me, et ilfait ce signe lorsqu'il s'avance,terrible, contre les rebelles, encitant le dcret de son Pre. Terminos terrce : la terre en-tire. Le Christ ne saurait avoirune domination restreinte ; songlise est catholique. Reges(LXX : Ttotfxxvetc, (f pasees ).D'aprs qnehiues anciens Inter-prtes, le mot hbreu qui corres-pou'l ce premier verbe signifie-rait : Tu les briseras. Virgaferrea. Le sceptre du Messie, ins-trument si doux l'gard aesbons.se transforme contre les m-chants en arme redoutable. Fas^f/uli : emblmed'une ruine facile et irrparable. Cf. Jer. xix, 11.

    4 Quatrime strophe : conclusion pratique ;qne les nations se soumettent promptement auChrist pour viter la ruine. Vers. 10-13.

    10-13. Et "Une : maintenant donc ! De ce qu'ila vu et entendu, le pote tire des conclusionsmorales, qu'il adresse tous les grands de cemonde, rebelles ou non, parce qu'ils sont tousexposs abuser de leur situation contre Dieuet les chosea divines. Judices terra est synonynae

    de reges, car le pouvoir de rendre la justice atoujours t rattach l'autorit souveraine. Intelligite, erudiinini. Littralement d'aprsl'hbreu : Ayez de la sagesse , laissez-vous donnerun conseil. Ce bon conseil est renferm dans lesversets 11-13, et indique la conduite tenir soitenvers Jhovah (vers. 11), soit envers son hrist(vers. 12-13), du moins d'aprs la leon du texte

    Roi d'Assyrie muni du sceptre. (Bas-relief de Ninive.)

    hbreu. Servite... in timor. Avec crainte, cause de sa majest et de sa puissance influies.Alors mme que l'on tressaille d'allgresse ausouvenir de ses perfections et de ses bonts(exultate), on doit le faire avec le tremblementd'un saint respect. pprehendite disciplinam.De mme les LXX et le Targum

    ,qui ont lu

    nas'qu br ; ce qui signifie : baisea, embrassela puret, c.--d. une vie pure et parfaite. SaintJrme a lu bar, purement, comme les tra-ducteurs grecs Aqulla et Symraaque ; de l cette

  • 20 Ps. II, 12 m, 2

    12. Apprehendite dsciplinam, nequan-do irascatur Dominus, et pereatis de viajusta.

    13. Cura exarseiit in brevi ira ejus,beati omnes qui confidunt in eo.

    12. Attachez -vous la doctrine, depeur que le Seigneur ne s'irnte, et quevous ne prissiez hors de la voie droite.

    13. Lorsque bientt s'enflammera sacolre, heureux tous ceux qui ont con-fiance en lui.

    PSAUME II

    1. Psalmus David, cum fugeret a faciebsalom, filii sui.

    2. Domine, quid multiplicati sunt quitribulant me? raulti insurgunt adversum

    1. Psaume de David lorsqu'il fuyaitdevant Absalom son fils.

    2. Seigneur,

    pourquoi ceux qui meperscutent se sont -ils multiplis? Unemultitude s'lve contre moi.

    version dans son psautier hbraqiie (voyez l'In-troduction, p. 910) : Adorate pure. Le chal-den, plusieurs rabbins et de nombreux ex-gtes chrtiens ont lu bar galement; mais ilsont vu dans ce mot le substantif qui a fr-quent en chalden et en syriaque

    ,

    parfois aussien hbreu (cf. Prov, xxx, 1, 2), le sens de a fils ;d'o cette traduction, qui s'harmonise si bienavec l'ensemble du pome, et qui nous parat lameilleure de toutes : Baisez le Fils; manireorientale de dire : Rendez hommage au Fils,adorez le Fils. Dans l'Orient biblique, on rendhommage aux rois et aux princes en leur bai-sant le visage, la main ou le genou. Cf. I Reg.X, 1 ; m Reg. XIX, 18 ; Job, xxxi, 25 (voyez lecommentaire) ; Os. xm, 2 (,AtL arch., pi. lxxix,fig. 2, 3, 6,8,9). Rien de plus lgitime que cethommage rendu au divin et royal Fils de Jho-Tah. Ne Dominus. Le sujet du verbe irasca-tur n'est pas marqu dans l'hbreu ; mais lesLXX et la Vulgate l'ont fort bien suppl. Pereatis de via. L'adjectif justa manque aussidans le texte, qui porte simplement : De crainteque vous ne prissiez hors du chemin, c.--d.que vous ne vous gariez (cf. Ps. i, 6) et netombiez dans l'abme. Cum exarserit... Mieux :car sa colre s'enflammera bientt. Allusion ladescription du verset 6. A ce moment terrible,beati, s'crie le pote, omnes qui confidunt...;d'aprs toute la force de l'hbreu, ceux qui secachent en Dieu, qui cherchent en lui un asile,nn sr refuge. Ligne toute gracieuse, pour nepas laisser le lecteur sous de trop douloureusesimpressions.

    PSATTME III

    Tranquillit de la Joi parmi les assautshostiles.

    1 Le titre. Vers. 1.Ps. III. 1. C'est le premier des titres intro-

    ducteurs, qui jettent souvent tant de lumire suria composition et le sens des psaumes. Voyez lapage 8. Il indique le genre, l'auteur, l'occasionhistorique de ce pome.Psalmus. Hbr. : mizmor,posie lyrique, destine recevoir un accompa-gnement d'instruments cordes. Voyez l'Introd.,p. 1 L'auteur : David. Et l'on reconnat, en

    effet, d'une manire vidente h chaque ligne la majest, le coloris, le style de David . L'occasion : cum fugeret... Absalom. Un assezgrand nombre de psaumes sont dats de la per-scution de Saiil; nous n'en avons relatii'ementque fort peu du temps de la rvolte d'Abi?alom.Tous ses dtails sont en harmonie parfaite aveccette poque de si grandes angoisses pour David :les railleries mordantes (vers. 3), le pril extrme(vers. 6-7), la multitude innombrable des ennemi*(vers. 2, 3, 7). Cf. II Reg. xv, 13; xvi, 7-8;XVII, 1, 11, etc. On conoit aisment que David nefasse aucune allusion au triste rle jou par sonfils ingrat. Lisez en entier le rcit pittoresquede II Reg, xv-xvm, qui forme le meilleur descommentaires. Prire du matin d'un hommeopprim, mais qui se console en Dieu : tel estle rsum du psaume m. Le vers. 6 montre quec'est une oratio matutina . La foi de David yapparat admirable : le roi, dlaiss, poursuivi,humili, en grand danger, est nanmoins certainque tous les complots humains ne russiront jamais frustrer et renverser les plans de Dieu. Quatre strophes trs distinctes, dont la premiredcrit la situation dsole de David ; la seconde,un motif d"c?prer; la troisime, l'esprance mme;la quatrime, la prire.

    2 Premire strophe : la dtresse prsente, odsespoir du ct de la terre. Vers. 2 - 3.

    2-3. Domine. C'est Jhovah que David expose,ds son rveil (cf. vers. 6>), sa poignante misre,sous forme d'exclamation plaintive : Quid mul-tiplicati... ! Plutt, d'aprs l'hbreu : Comme mesoppresseurs se sont multiplis ! Cette pense dunombre toujours croissant de ses ennemis effrayele saint roi plus que tout le reste ; aussi la rpte-t-il deux fois encore coup sur coup : multi insurgunt..., multi... Description vivante de l'apostasiepresque universelle de ses sujets , et mme de sesamis les plus proches. Cf. II Reg. xv, 12-13. Dicunt animce me. Hbrasme pour a mihi .Ou plutt la vraie traduction semblerait tre : de anima mea ; par consquent , de me , mon sujet. Non est salus ipsi. . Rflexionqui devait tre plus amre David que n'im-porte quelle autre insulte. Cf. II Reg. xvi, 8et 68. Ses ennemis , et mme ses rares amis peut-

  • Ps. m, 3-7. 21

    3. Beaucoup disent mon Tune : IlnV a pas de salut pour elle dans sonDieu.

    4. Mais vous, Seigneur, vous tes monprotecteur et ma gloire, et vous relevezma tte.

    5. De ma voix j'ai cri vers le Sei-gneur, et il m'a exauc du haut de samontagne sainte.

    6. Je me suis endormi,

    et j'ai tassoupi ; et je me suis lev, parce que leSeigneur a t mon soutien.

    7. Je ne craindrai point les milliersd'hommes du peuple qui m'environnent.Levez-vous

    ,Seigneur ; sauvez-moi, mon

    Dieu.

    3. Multi dicunt anmae rae : Non estsalus ipsi in Deo ejus.

    4. Tu autem, Domine, susceptor meuses

    ;gloria mea, et exaltans caput meum.

    5. Voce mea ad Dominum c.amavi,ut

    exaudivit me de monte sancto suo.

    6. Ego dormivi, et soporatus sura ; etexurrexi, quia Dominus suscepit me.

    7. Non timebo millia populi circum-dantis me. Exurge

    ,Domine ; salvum me

    fac, Deus meus.

    tre, pouvaient d'autant mieux le croire aban-donn de Dieu, qu'aprs avoir rcemment atteintl'apoge de sa gloire en triomphant des Ammo-nites, II Reg. X, 1 et ss., il s'tait ensuite attirdu Seigneur toute sorte de chtiments par sondouble crime, relatif Urie et Bethsabe. Eten ralit, en ce moment mme, la vie ou dumoins l'autorit du roi ne tenait qu' un fll, et11 tait perdu sans ressource si Absalom et suivil'habile conseil d'Achitophel. Cf. II Reg. xvii, 1et ss. Deo ejus. Le pronom rend l'ironie plusmordante encore; il manque dans l'hbreu. A la fin des vers. 3,5 et 9, nous lisons dans laBible hbraque le mot slah, qui revient jusqu'soixante et onze fois travers le Psautier, et quin'apparat, en dehors de ce livre, que dans lecantique d'Habacuc (trois fois). La Vulgate nele traduit jamais ; les LXX le rendent par l'ex-pression tc('|'a).{xa qui semble marquer une divi-sion, une coupure dans le pome. Saint Jrme, la suite du Targum et d'Aquila, le regarde,mais tort, comme un synonyme de nah, a tou-jours. On a remarqu que tous les chants oil est employ ont une destination musicale, soitqu'ils portent le nom de mizmor (voyez la notedu vere. 1), soit qu'on les adresse au m'nassahou matre du chur (voyez la note du Ps. rv, 1) :il est donc probable qu'il a galement un butmusical. D'aprs les uns, il indiquerait une pausependant laquelle les chantres se taisaient et lais-saient jouer les instruments seuls ; plus vraisem-blablement. Il drive, d'une racine qui signifiemonter, et il quivaut au forte de la musiquemoderne. Mais, comme l'ont compris les LXX,tl marque assez ordinairement un repos ou unchangement dans la pense, et on le rencontre4e temps en temps, comme ici, la fin des strophes.

    30 Seconde strophe : sentiment de vive confianceen Dieu. Vers. 4-6.

    4-5. Dsespr du ct de la terre, o 11 nevoit gure que des ennemis acharns sa perte,David jette ses regards vers le ciel, sa seule issue,et 11 se rassure la pense qu'il possde l-hautun sauveur sur lequel il peut compter. Grandenergie dans le Tu autem... que le saint roioppose la rflexion sarcastique de ses adversaires(vers. S*). Et pourtant, quoi qu'ils disent,

    susceptor meus es. Belle image dans l'hbreu :-9. Exvrge (hbr. : qumah). Domine. Cr'xpressant, magnifique par sa sainte hardiesse. Cesont les premiers mots du chant de triomihequ'entonnait Mose toutes les fois que l'arche selevait, conduisant Isral la conqute de la Terrepromise. Of. Num. x, 36 ; Pb. ucvu, 8. Tu j>ei^

  • 2 1*8. 8 IV, .

    8. Quoniam fu pereecusAsti onines ad-versantes mihi sine causa

    ; dents pec-Ciitoruni contrivisti.

    9. Doraini est salus; et super populuratuum benedictio tua.

    8. Car vous avez frapp tous ceux qui8'oi)posaient moi sans raison ; vousavez bris les dents des ])c}ieur8.

    9. Le sahit vient du Seigneur; et c'estvous qui bnissez votre peuple.

    PSAUME IV

    1. In finera, in carminibus, PsalmusDavid.

    2. Cum invocarem exaudivit me Deusjustiti me ; in tribulatione dilatastimihi.

    Miserere mei,

    et exaudi orationemmeam.

    S.Filii hominum, usquequo gravi corde?

    1. Pour la fin, parmi les cantiques,psaume de David.

    2. Lorsque je l'ai invoqu, le Dieu dema justice m'a exauc ; vous m'avez misau large dans la tribulation.Ayez piti de moi, et exaucez ma

    prire.3. Enfants des hommes jusques

    cussisli. . Autre appel de David son expriencedans le pass. Cf. vers. 6 : toujours le Seigneurl'a dlivr de ses ennemis. L'hbreu est ici beau-coup plus exiiressif que la Vulgate, pour repr-senter le chtiment inflig par Dieu aux injustesoppresseurs de David : Tu as frapp la joue detous mes ennemis. Sanglante humiliation. Cf.III Reg. XXII, 24; Job, xvi, 10; Thren. m, 30;Mich. V, 1, etc. Dents... contrivisti : les trai-tant comme des btes fauves, dont on brisait lesmchoires pour les empcher de nuire.Cf. Ps. lvii,7.David nomme ses ennemis des pcheurs , parcequ'en se rvoltant contre lui ils se rvoltaientcontre Jhovah, de qui il tenait la royaut. Domini... salus. Toujours l'accent de la plus entireconfiance, la certitude d'tre secouru par Dieu. Et f-uper populum... Rien de plus touchantque cette supplication finale. Le bon et saint roi,au lieu de maudire ses sujets rebelles, implore sureux les bndictions du ciel, pardonnant cesgars, comme le fera plus parfaitement encorele second David, du haut de la croix. Cf. Luc.XXIII, 34.

    Psaume IV

    Entour d'ennemis triomphants et d'amis dcati'rages, David mani/este sa pleine confiance enDieu.

    1 Le titre. Vers. 1.Ps. IV. 1. Il contient quatre donnes

    , dontdeux seulement sont nouvelles (voyez la note dePs. III, 1). In flnem. Dans l'hbr., lamnassah,expression que l'on rencontre en tte de cinquante-cinq psaumes, et qui signifie, selon toute proba-bilit : au matre de chur. Les pomes qu'elleprcde devaient donc tre remis au chef de lamusique sacre

    ,pour qu'il les ft chanter par les

    lvites. Les LXX ont lu lansah, h jamais, et ont traduit par- et; xb tsXo;; la Vulgate lesa imits : les anciens commentateurs chrtiensallgorisent l-dessus, et supposent que la locution in finem i> dnote des pomes ayant trait lafin des temps, par consquent prophtiques etmessianiques. In carminibus . Qhr.: bin'gint,sur les instruments cordes. Les six psaumes

    munis de cette Inscription (cf. Ps. vi, hiv, lv,Lxvii, Lxxvi, d'aprs l'hbr.) devaient donc trechants avec accompagnement d'instruments cordes

    ,peut - tre l'exclusion de tout autre

    instrument. Le psaume iv forme la prire dusoir (cf. vers. 5, 9) d'un homme injustement per-scut, mais qui espre en Dieu malgr tout, etqui s'appuie tranquillement sur lui. Il a plus d'uneaffinit avec le prcdent (cf. vers. 6, et Ps. ui, 3 ;vers. 7, et Ps. m, 6); aussi admet -on gnrale-ment, et juste titre, qu'il fut compos dans lamme circonstance, c. --d. durant la rvolted'Absalom

    ,mais quelques jours plus tard

    ,alors

    que le plus grand danger tait pass. David estmoins impressionn de son isolement ; il redressebien haut la tte, et tient un fier langage auxprincipaux rebelles. Cinq strophes, qui com-mencent aux vers. 2, 3, 5, 6^ 9.

    2 Premire strophe : l'invocation. Vers. 2.2. La prire proprement dite occupe dans les

    psaumes les places les plus varies : le commen-cement (ici, aux Ps. vu, xi, etc.), le milieu ( Ps. xhbr., etc.), la fin (Ps. m, etc.); parfois elle lesremplit tout entiers; toujours on remarque unart admirable dans cet arrangement. Caminvocarem... exaudivit. Dans le texte original

    ,

    l'appel Dieu a lieu ds les premiers mots dupsaume : Maintenant que je t'invo'jue, exauce-moi. Deusjnstitia mece. C.--d. Dieu de majuste cause. David a conseience de son innocence,et, par suite, de ses droits la protection divine. In tribulatione (mieux : dans mon angoisse)dilatasti... Image expressive : les chagrins dudedans et les maux du dehors nous resserrent;la dlivrance et le bonheur nous mettent au large.Le saint roi, frquemment dans l'angoisse, avaittoujours t dilat par Dieu. Miserere mei.L'expression hbraque honnni ne renferme pasdirectement l'ide d'un misricordieux pardon;elle signifie plutt: sois-moi favorable (littral.:gracieux.)

    3 Seconde strophe : remontrances de David ses ennemis Vers. 3-4.

    3-4. N'ayant rien redouter de Dieu, quiconnat sa iListice, le pote s'adresse firement

    ,

  • 14 Ps. IV. 4-7.

    ut quid diligts vanitatem, et quritismendacium?

    4. Etscitotequoniam rairificavitDomi-mis Sanctnm saura; Dorainus exaudiet mecum claraavero ad eiim.

    5. Irascimini, et nolite peccare; qudicitis in cordibus vestris, in ciibilibusTeetiii compungimini.

    6. Sacrificate sacrificium justitise, etsperate in Domino. Multi dicunt : Quiaostendit nobis bona?

    7. Signatum est super nos lumen vultustui

    ,Domine ; dedisti ltitiam in corde

    meo.

    quand aurz-vous le cur appesanti ?Pourquoi aimez-vous la vanit, et cher-chez-vous le menson

  • Ps. IV, 8

    8. Ils se sont multiplis par l'abon-dance de leur froment, de leur vin et deleur huile.

    9. Et moi je dormirai et me reposeraien paix

    ;

    10. parce que vous, Seigneur, m'avezaiermi dans une esprance singulire.

    V, 1. 25

    8. A fructu frumenti, vini, et olei sui,multiplicati sunt.

    9. In pace in idipsum dorraiam, otrequiescam

    ;

    10. quoniam tu, Domine, singulaiiterin spe constituisti me.

    PSAUME V

    1. Pour la fin^ pour celle qui obtientl'hritage, psaume de David.

    1. In finem, pro ea quae hereditatemconsequitur, Psalmus David.

    porte aux ennemis de David, et leur bonheurtout profane, bas sur la possession des bienstemporels, est oppos au bonheur surnaturel quiremplissait l'me du monarque.Sur la Joie bruyantedes moissons et des vendanges, comp. Is. ix, 3;Jer. xLviii, 33, etc.

    6 Cinquime strophe ; sentiment de la plusparfaite confiance en Dieu. Vers. 9 - 10.

    9-10. In pace: mot Impoi-tantet souligci par la place qu'il oc-cupe. In idipsum ( LXX : iz'.To aOxb) : en mme temps, lafoi.", comme le dit plus clairementl'hbreu yahdv. Cet adverbe serapporte aux deux verbes quisuivent : dormiam et...; d'aprsl'hbreu : Je me couche et jem'endors. Exemple saisissant quele pote nous cite de sa confianceen Jhovah malgr les angoissesde sa situation : la paix rgnetellement dans son me, qu'peine couch II s'endort, commeun homme dpourvu d'inqui-tudes. Cf. Ps. III, 6. Grandenergie dans le quoniam tu, Do-mine : motif de cette scurit siremarquable en de telles circonstances. Sin-gulariter. Variante dans l'hbreu : a toi seul

    ,

    J>

    sans qu'aucun autre no me vnt en aide, tum'as fait habiter en sret. Dans le texteoridnal, le rythme de ce psaume est admirable-ment cadenc : tout d'abord vari, rapide commeles sentiments mus qu'il exprime, il se calmeet s'endort, pour ainsi dire, vers la fin; mais iln'en reste que peu de traces dans la traduction,t Aussi Dante a-t-11 raison de dire, dans sonConvito, que la suavit de la musique et de l'har-monie du Psautier hbreu n'existent plus dans legrec et dans le latin. CDelitzsch.)

    PSAUMB VPrire contre des ennemis perfides.

    1 Le titre. Vers. 1.Ps. V. 1. Ce titre renferme quatre notions,

    comme celui du psaume prcdent. In finem.La ddicace au matre de chur (voyez Ps. iv, 1,et la note). Psalmus : le genre gnral dupome (note de Ps. in, 1). David : l'auteur.

    Les mots pro ea qiue... consequitur sont trsobscurs dans la Vulgate, et dans les LXX qu'elleImite (iiTzep ty); xXyjpovofxo-jinri) ; ils dsigne-raient, d'aprs les anciens commentateurs, lasynagogue, puis l'glise chrtienne, en tantqu'hritires des faveurs spciales de Jhovah.Mais la locutictt hbraque 'el- hann'hilf nedrive pas ici du rerbe nhal, hriter; selon

    fttendards gyptiens.

    toute probabilit, elle signifie pour les fltes (littral. : les instruments perfors >'), etmarque les instruments qui devaient accompagnerle chant de ce pome. Le psaume v est, commele 111, une prire du matin (cf. vers. 8) ; mais iln'a pas t compos dans la mme circonstance.Prcdemment (Ps. m, 1), David tait en fuite,abandonn du plus grand nombre de ses sujets ;Uest maintenant Jrusalem, sur le point de serendre au sanctuaire, pour y assister au sacrificedu matin, et, quoique ses ennemis soient mul-tiples, acharns sa perte, ils agissent plutt parde sourdes menes que par des violences ouvertes.SI ce psaume appartient, comme le conjecturentd'excellents critiques, h la rvolte d'Absalom, Ildut tre compos dans la priode prliminaire^lorsque le feu couvait encore sous la cendre.D'autres l'attribuent au temps de la perscutionde SaUl. Dans quatre strophes assez nettementdtermines (vers. 2-5, 5>-8, 9-11, 12-13), le psal-miste conjure le Dieu de saintet de renverserIsurs ennemis communs, de manire le saUver

  • 26

    2. Veiba mea auribus percipe, Domine;

    intellige clamorera meum.3. Iiitende voci oratioiiis me , lex

    meus et Deus meus.4. Quoniam ad te otabo, Domine ; mane

    exaudies vocem meam.

    5. Mane astabo tibi, et videbo quo-niam non Deus volens iniquitatem tu es.

    6. Neque habitabit juxta te malignus,neque permanebunt injusti ante oculostuos.

    7. Odisti oranes qui operantur iniqui-tatem

    ;perdes omnes qui loquuntur men-

    dacium.Virum sanguinum et dolosum abomi-

    nabitui Dominus;

    2. Seigneur,

    prtez roreille mesparoles, comprenez mon cri.

    3. Soyez attentif la voix de maprire

    ,mon roi et mon Dieu.

    4. Car c'est vous que je prierai, Sei-gneur ; ds le matin vous exaucerez mavoix.

    5. Ds le matin je me tiendrai devantvous

    ,et je verrai que vous n'tes pas un

    Dieu qui aime l'iniquit.6. Le mchant n'habitera pas auprs

    de vous, et les injustes ne subsisterontpoint devant vos yeux.

    7. Vous hassez tous ceux qui com-mettent l'iniquit ; vous perdrez tousceux qui profrent le mensonge.Le Seigneur aura en abomination

    l'homme sanguinaire et trompeur;

    Ini - mme . et rjouir tous les bons. Une vivemotion rgne partout, mais spcialement lors-qu'il est question des impies et de leurs machi-nations perfides.

    2 Premire strophe : exorde de la prire. Vers.2-6.

    2 - 5. Par des penses trs simples, mais expri-mes en un langage choisi, le pote attire hum-blement sur lui l'attention de son Dieu. Grandevarit d'expressions pour dsigner soit la priremme . soit l'appel fait Dieu. La prire : verbamea, locution trs gnrale (hbr. : 'amrm,mot propre au langage potique et prophtique) ;clamorem (hbr.: hagig , une profonde mdita-tion, accompagne de paroles que l'me exhalepresque sans s'en douter; cf. Ps. i, 2); voci ora-iionis (hbr.: la voix de mon cri, prirevhmente et pressante), vocem meam. L'appel Dieu : aunbus percipe, intende (hbr. : haqsbah,couter en penchant la tte pour bien saisir lesens ) , exaudies... Rex meus et Deus meus.C'est un roi qui prie ; mais il n'est lui - mmequ'un simple sujet en face du Roi par excellence,du Dieu -roi. Le verbe mane est rpt deuxfois de suite (v,ers. 4*> et 5'), pour appuyer surl'ide. Le matin, ds le rveil, la premire pensede l'me pieuse, c'est la prire. Astabo tibi.Expression d'une exquise dlicatesse dans l'h-breu : ''rok l'Jc. Le verbe 'rak est fi-quem-ment usit dans le langage liturgique, pourmarquer le soin minutieux avec lequel les prtresou les lvites disposaient de grand matin, surl'autel des holocaustes, le bois, les membres despremires victimes, etc. Cf. Gen. xxn, 9 ; Lev. i,7, 8, et XVI, 12 ; Num. xxvin, 4, etc. David apporteun soin semblable la prparation de sa prire,qu'il organise avec tout l'art possible, comme unsacrifice d'agrable odeur.Videbo, dit-il ensuite,t l se termine la phrase dans le texte. Commel'archer qui, aprs avoir lanc sa flche, regarde1 elle a atteint le but. Cf. Mich. vu, 7; Hab.n. 1.

    o Seconde strophe : motif sur lequel le potebase son attitude pleine de confiance. Vers. 6'>-8.

    S -8. Dieu est saint, et, comme tel, il dteste

    les impies et II aime les justes : voil pourquoiDavid espre que sa prire sera exauce, car sesennemis sont des hommes tout fait criminels,et il a lui-mme conscience d'tre juste. - Lahaine qu'inspire Dieu la conduite des pcheursest dpeinte de la manire la plus nergique danssix membres de phrase conscutifs, au moyende synonymes expressifs. Les pcheurs et leursactions coupables : iniquitatem (l'hbreu emploiele concret rsah ; note de Ps. i , 1 ) ; ynaiignus(hbr.: ra', le mauvais, le mchant); injusti(hbr.: hol'lim, les insenss; les Hbreux regar-daient bon droit l'impit comme une folie);qui operantur iniquitatem, la pratique habituelledu pch; qui... mendacium; et, pour conclurecette triste numration par l'un des plus grandscrimes, virum sanguinum..., l'homicide lche-ment commis. La haine de Dieu pour ces actionsinfmes : non volens, il les repousse de toute laforce de sa volont; non habitabit juxta te, ouplus explicitement, d'aprs l'hbreu, il ne serapas ton hte, il ne jouira pas auprs de toi del'hospitalit, ni de la protection qu'elle confre ceux qui la reoivent selon les coutumes del'Orient; neque permanebunt..., le divin regardne pouvant les supporter ; odisti, perdes, ahnmi-nabitur, verbes placs en gradation ascendante,comme les substantifs. Ego autem... (vers. 8).Frappant conti*aste. Introibo... Il est admis,lui, en prsence du Seigneur, quoique ses enne-mis en soient exclus. Faveur qu'il doit beaucoupplus la divine misricorde (in multitudine...)qu' sa propre innocence. Adorabo. D'aprsl'hbreu, la prostration l'orientale. Voyez VAtl.arch., pi. xcvi, fig. 7. In timor tuo : avec lacrainte rvrentielle qui convient l'homme enface d'un Dieu si grand. Cf. Ps. ii, 11 ; Hebr. xii,28-29, etc. Plusieurs inteiprtes, prenant la

    lettre les mots in domum tuam, ad tempium san-ctum, ont aflarm qu'ils prsupposent l'existencedu temple, d'o il suivrait que David ne sauraittre l'auteur du psaume v. Cette objection estsans valeur srieuse, car ces deux locutions taientemployes, longtemps avant l'poque de Salomonet i construction du temple, pour dsigner le

  • Ps. V, 8-12. 27

    8. mais rao, grce l'abondance devotre misricorde,

    j'entrerai dans votre maison; j'ado-rerai dans votre saint temple, pntrde votre crainte.

    9. Seigneur, conduisez-moi dans votrejustice; cause de mes ennemis, rendezdroite ma voie en votre prsence.

    10. Car la vrit n'est point dans leurbouche ; leur cur est vain.

    11. Leur gosier est un spulcre ouvert;

    ils se sont servis de leurs langues pourtromper : jugez-les, Dieu!

    Qu'ils chouent dans leurs desseins;

    repoussez-les selon la multitude de leursimpits, parce qu'ils vous ont irrit,Seigneur.

    12. Mais que tous ceux qui esprent

    8. ego autem, in multitudine miseri-cordia) tu?e,

    introibo in domum tuam ; adorabo adtemplum sanctura tuum in timor tuo.

    9. Domine, deduc me in justitia tua;propter iniraicos meos dirige in conspectutuo viam meam.

    10. Quoniam non est in ore eorumVeritas ; cor eorum vanum est.

    11. Sepulcrum patens est guttur eorum;

    linguis suis dolose agebant : judica illos,Deus.

    Dcidant a cogitationibus suis ; secun-dum multitudinem impietatum eorumexpelle eos, quoniam irritaverunt te.Domine.

    12. Et laetentur omnes qui sperant in

    tabernacle de Mose, transfr plus tard Silo,puis, par David, sur la colline de Slon. Cf. Ex.XXIII, 19 ; XXXIV, 26 ; Deut. xxiii, 18 ; Jos. vi, 24 ;I Reg. I, 9, 24; ni, 3, 15; II Reg. xii, 20, etc.

    4 Troisime strophe : la prire proprementdite. Vers. 9-11.

    9-11. Cette prire a deux parties : Daviddemande pour lui-mme le secours de Dieu, quile prsei-vera de tout pch (vers. 9) ; il demandeque ses ennemis soient chtis selon l'tendue deleurs forfaits (vers. 10-11). Deduc me... Lavisite que le saint roi se dispose faire au sanc-tuaire lui rappelle le trajet si difficile de la vie,et il conjure le Seigneur de se faire son guideet son protecteiu*. In justitia tua Dans ledroit sentier, dans la voie des divins comman-dements. Peut-tre doit -on traduire : par votrejustice, au nom de votre justice, qui fait quevous aimez et secourez les bons. Propter ini-micos meos. Hbr. : sr'rim , des hommes qui

  • 28 Ps. V, 13 VI, 3.

    te; in aeternura exiiltabunt, et habitabisin eis.

    Et gloriabuntur in te omnes qui dili-gunt nomen tuum,

    13. quoniam tu benedices justo.Domine, ut scuto bonee voluntatis tuae

    coronasti nos.

    en vous se rjouissent ; ils seront ter-nellement dans l'allgresse, et vous habi-terez en eux.

    Et tous ceux qui aiment votre nom seglorifieront en vous,

    13. parce que vous bnirez le juste.Seigneur, vous nous avez entours de

    votre amour comme d'un bouclier.

    'SAUME VI

    1. In finem, in carminibus, PsalmusDavid, pro octava.

    2. Domine, ne in furore tuo arguasme, neque in ira tua corripias me.

    3. Miserere mei,Domine

    ,

    quoniaminfirmus sum ; sana me , Domine

    ,

    quo-niam conturbata sunt ossa mea.

    1. Pour la fin, parmi les cantiques,psaume de David, pour l'octave.

    2. Seigneur, ne me reprenez pas dansvotre fureur, et ne me chtiez pas dansvotre colre.

    3. Ayez piti de moi. Seigneur, car jesuis sans force; gurissez -moi. Seigneur,car mes os sont branls.

    5 Quatrime strophe : heureux rsultats duchtiment des impies. Vers. 12-13.

    12-13. Lcetentur... Les mchants une fois chtiset rduits l'impuissance , l'glise

    ,

    qu'ils oppri-

    maient, est l'aise et dans l'allgresse. Ton joyeuxdans ces dernires lignes du psaume. Qui spe-rant. Hbr. : ceux qui se cachent (se rfugient)en toi. Habitabis in eis. D'aprs l'hobr. : tules abriteras. Diligunt nomen. Ici et en beau-coup d'autres passages, le nom de Dieu repr-sente son essence, sa nature, ses perfections infi-niment grandes et infiniment aimables. Utscuto... Hbr. : Tu le couronnes (le juste) d'amourcomme d'un bouclier. Ce qui fait une doubleimage. Au lieu d'employer le nom du bouclierordinaire, mgn, le pote se sert du mot sinriah,qui dsigne le grand bouclier. Cf. I Reg. xvu, 7;III Reg. X, 16-17, etc., et VAtl. arch., pi. lxxxiv,flg. 13, 21. La protection divine est ainsi plus par-faitement dpeinte.

    Psaume VI

    Plainte, prire et triomphe.

    1 Le titre. Vers. 1.Ps. VI. 1. Cinq donnes, dont la dernire

    seule est nouvelle (sur les deux premires, voyezPs. rv, 1, et le commentaire). Pro octava(LXX : -jTrp -r,z oyoor,:) est une traduction assezlittrale de la locution hbraque 'al-hass'mint,qu'on retrouve encore en avant du Ps. xi (cf.I Par. XV, 21), et qui ne dsigne pas, comme l'ontcru divers interprtes, un instrument huitcordes

    ,mais plutt ce qu'on nomme en musique

    r ottava bassa , une partie de basse l'octavedu soprano. Ce chant grave et lugubre convenaittrs bien aux Ps. vi et xi, dont le sujet est em-preint de tristesse. Ce pome ouvre la sriedes psaumes dits de la Pnitence (cf. Ps. xxxi,xxxvn, h, CI, cxxix, cxui), et bon droit, car

    nous montre un pcheur qui, grivement cou-

    pable et grivement puni, prouve le plus vifregret d'avoir offens Dieu ; bris de corps etd'me, il conjure le Seigneur d'avoir piti de luiet de lui faire grce. Le langage est celui d'unvrai pnitent. Il est trs vraisemblable queDavid composa ce psaume peu prs la mmepoque que le Miserere (Ps. l), lorsque, avertipar le prophte Gad , il s'veilla de sa lthargiemorale et comprit toute l'tendue de son crime.Cf. II Reg. xn, 1 et ss. Nous le voyons entourd'ennemis qui l'outragent (vers. 8) : allusion sansdoute aux premiers dbuts de la rvolte d'Absa-lom. Trois strophes : dans les deux premires,la plainte et la prire se mlangent : la troisimeclate subitement en accents de triomphe. Onne peut rien imaginer de plus tendre, de plustouchant et de plus profondment triste. {Man.bibl., t. II, n. 678.)

    20 Premire strophe : cri d'angoisse pour dsar-mer la colre divine. Vers. 2-4.

    2-4. Domine... Le pote implore la divine piti,et, pour mieux l'obtenir, il dcrit la peine extrmeque lui fait endurer la pense d'avoir excit contrelui le couiToux du Seigneur. Il appuie visible*ment sur les mots ne in furore tuo, vfqne inira... Coupable, il ne refuse point d'tre chti ;mais il voudrait que Dieu le punt comme unpcheur repentant, auquel il a pardonn, et noncomme .un ennemi contre lequel sa colre s'exercesans connatre de bornes. Cf. Job , v, 17 ; Prov.m, 11-12 ; Jer. x, 24, etc. Miserere... quoniam...A la faon d'un malheureux qui montre ses plaiespour attendrir les passants, David expose l'affreuxtat auquel il a t rduit soit par les chtimentsdivins, soit par la violerce de sa contrition.

    Infirmus. Hbr. : 'umlal, abattu, languissant,fltri. Conturbata... ossa. Ses os , cette char-

    pente si solide du corps humain , sont commepouvants (hbr. : nibh'u) et se dsagrgentpar suite de l'effroi. Cf. Ps. xxi, 14. Anima

  • Ps. VI, 4-11. 29

    4. Et mon me est toute trouble;

    mais vous, Seigneur, jusques \ quand...?6. Revenez, Seigneur, et dlivrez mon

    me : sauvez-moi cause do votre mis-ricorde.

    G. Car il n'y a personne qui se sou-vienne de vous dans la mort; et quidonc vous louera dans le sjour desmorts ?

    7. Je suis puis force de gmir;je

    laverai toutes les nuits mon lit de mespleurs ; j'arroserai ma couche de meslarmes.

    8. Mon il a t troubl par la fureur;

    j'ai vieilli au milieu de tous mes ennemis.9. Eloignez -vous de moi, vous tous

    qui commettez l'iniquit, car le Seigneura exauc la voix de mes larmes.

    10. Le Seigneur a exauc ma suppli-cation

    ;le Seigneur, a agr ma prire.

    11. Que tous mes ennemis rougissentet soient saisis d'une vive pouvante

    ;

    qu'ils reculent promptement, et qu'ilssoient bientt confondus.

    4'. Et anima mea turbata est valde;

    sed tu. Domine, usquequo?5. Convertere, Domine, et eripe ani-

    mam meam ; salvum me fac propter mise-ricordiam tuum.

    6. Quoniam non est in morte quimemor sit tui ; in inferno autem quisconfitebitur tibi ?

    7. Laboravi in gemitu meo ; lavabo parsingulas noctes lectum meum ; lacrymismeis stratum meum rigabo.

    8. Turbatus est a furore oculus meus;

    inveteravi inter omncs inimicos meos.9. Discedite a me omnes qui opera-

    mini iniquitatem,

    quoniam exaudivitDominus vocem tletus mei.

    10. Exaudivit Dominus deprecationerameam; Dominus orationem meam sus-cepit.

    11. Erubescant, et conturbentur vehementer omnes inimici mei ; convertantur,et erubescant valde velociter.

    turbata... L'tre intrieur n'est pas moins atteintque l'organisme extrieur. Notre-Seigneur Jsus-Ciirfpt, pensant sa passion trs procliaine, s'estappliqu et ippropri cette douloureuse parole;cf. Joan. xn, 27. /Sed tu... usque,quo^ Cri quib'chappe du plus profond de l'me; saisissanteet nergique aposiopse. Jusques quand mefrapperez-vous, ou refuserez-vous de m'exaucer?

    3 Seconde strophe : autre prire, mais pluscalme, ix)ur obtenir pardon et dlivrance. Vers.6-8.

    6-8. Conuertcrc. C.--d. reviens. Dieu s'taitdtourn, loign do David coupable

    ;qu'il daigne

    revenir au plus tt auprs du monarque converti,et lui rendre ses bonnes grces. Eripe ani-mam... : c'en est fait de la vie du suppliant,Bi Dieu ne manifeste qu'il lui pardonne. Or, s'ilmeurt, c'en est fait des beaux cantiques par les-quels il procure, lui,

  • 30 Ps. VII 1-4.

    PSAUME VII

    1. Psalmus David, queni cautavit Do-mino pro verbis Chusi, filii Jemini.

    2. Domine Deus meus, in te speravi;

    palviun me fac ex omnibus persequenti-bus me

    ,et libra me

    ;

    3. ne quando rapiat ut leo animamnieam, dum non est qui redimat, nequequi salvum faciat.

    4. Domine Deus meus, si feci istud,si est iniquitas in manibus meis,

    1. Psaume de David, qu'il chanta aaSeigneur cause des paroles de Ciius,fils de Jmini.

    2. Seigneur mon Dieu, j'ai espr envous; sauvez-moi de tous ceux qui meperscutent, et dlivrez-moi

    ;

    3. de peur qu'il ne ravisse mon mecomme un lion

    ,s'il n'y a personne pour

    me dlivrer et me sauver.4. Seigneur mon Dieu, si j'ai fait

    cela, s'il y a de l'iniquit dans mesmains

    ,

    Vocem flcivs. Expression dlicate : la voix de sessanglots bruyants. Eruhescant

    , conturbentur,coii/undantur. Mle beaut de ce dernier verset,surtout par l'accumulation des verbes et desadverbes synonyrues, et aussi , dans l'hbreu

    ,par

    les allitrations et le rythme farouche : ybsuv'ibbhalu..., yasbu, ybsu raga' I

    Psaume VII

    Appel au Juge suprme contre les calomnieset les embches d'hommes pervers,

    1 Le titre. Vers. 1.Ps. VII. 1. Psalmus. Le genre du pome.

    Dans l'hbreu : siggayn; expression assez obscure,de la racine gah, errer, qui parat dsignerune cantio erratica , c.--d. une sorte dedithyrambe, o le pote, en proie une vivemotion, a met peu de liaison dans ses ides etpeu d'uniformit dans son rythme. Tel est enralit le Ps. vii, avec ses transitions rapides,ses sentiments ardents qui alternent entre lacrainte et l'espoir, ses cris passionns, ses imagesfraches et hardies. Quem... pro verbis Chusi...L'occasion historique. Chusi, ou plutt Eus, n'estpas mentionn ailleurs. On a identifi parfois cepersonnage Smi (cf. II Reg. xvi, 6 et ss.),Kus tant le nom hbreu des thiopiens. D'autresinterprtes, notamment saint Jrme dans sonPsautier hbra'que (voy. l'Introd., p. 10), ont re-gard ce mot comme une dnomination de race, etont traduit : Au sujet des pai'olesde l'thiopien. Ces deux explications sont invraisemblables. Onadmet communment que Chusi tait l'un de cescourtisans de Saiil, qui, partageant sa haine contreDavid, calomniaient bassement le jeune princeauprs de leur matre (verbis, des paroles amres,des insinuations perfides), le reprsentaient commeun conspirateur, et excitaient ainsi le roi jaloux se dfaire d'un dangereux rival. Cf. I Reg.XXII, 8 ; XXIV, 9 ; xxvi, 19, etc. Ils appartenaientpour la plupart la tribu de Benjamin {filiiJemini; hbrasme pour Benjaminite. Cf. I Reg.IX, 1 ; xxn, 7, et le commentaire; II Reg. xx, 1,etc.). Le psaume m date donc du temps de laperscution de Saiil, et tous ses dtails sont enparfaite harmonie avec ce que le premier livre

    des Rois nous rapporte de cette priode si rudepour David. Comparez en gnral les chapitresXXIV -XXVI, et, en particulier, vers. 2-3, et I Reg.XX, 1, 31 ; xxiir, 15, etc.; vers. 4-5, et I Reg. xx, I;xxrv, 10-11, 17; vers. 7-9, et I Reg. xxrv, 12, 15,etc. Cinq strophes irrgulires : vers. 2-3, lapressante prire ; vers. 4-6, la protestation d'in-nocence; vers. 7-10, l'appel au jugement divin;vers. 11-14, l'attente pleine de confiance; vers.15-18, la contemplation nrophtique du chtimentdes impies.

    20 Premire strophe : court prambule ; appel Dieu dans un terrible danger. Vers. 2-3.

    2-3. Domine Deu^... Le pote exprime dlica-tement Dieu sa tendre confiance, lui dcrit enabrg son angoisse, et implore ardemment sonsecours. Sorte de pieuse captatio benevolentiae ,comme il eu existe en tte de plusieurs psaumes.Cf. Ps. XV, 1 ; XXX , 1 , etc. Speravi. Hbr. :haslti, je me suis cach. Cf. Ps. n, 13, et souventailleurs. Ex oinnibus persequentibus : Saiil etceux de ses adhrents qui partageaient sou ini-miti jalouse l'gard de David. Cf. I Reg. xxiii, 28;xxrv, 14; xxv, 29, etc. Ne quando rapiat...Transition du pluriel au singulier. Parmi sesnombreux ennemis, le psalmiste en voit un quiest plus que personne acharn sa ruine : lemonarque

    ,videmment. Ut leo. Comparaison

    expressive, frquente dans la Bible, pour marquerdes adversaires puissants et cruels. Cf. Ps. ix(2 partie), 9 ; xvi, 12; xxi, 13, 21, etc. Ani-mam meam : ma vie. Cf. vers. 6. Dum non...redimat. Dans l'hbreu : et me dchire, sans quepersonne ne me sauve.

    30 Seconde strophe : vive et solennelle pro-testation d'innocence. Vers. 4-6.

    4-6. Cette protestation nergique a pour butde toucher plus srement le cur du Dieu sau-veur : le suppliant est perscut d'une manireinjuste. Mme dbut, pieux et pressant, qu' lapremire strophe : Domine Deus meus (cf. vers. 2). Si istud... S'il a commis les crimes dont il taitaccus par le calomniateur Chusi ( vers. 1 ) , etspcialement ceux qui sont signals dans les lignessuivantes. Tniquitas in manibiLS. Locutionpittoresque : les mains sont souvent ls inatlSr

  • Ps. VII. 5-7. SI

    6. si j'ai rendu le mal ceux qui m'enavaient fait, que je succombe, juste-ment et dnu de tout, devant mes enne-mis.

    6. Que l'ennemi poui-suive mon meet s'en rende matre ; qu'il foule terrema vie, et qu'il trane ma gloire dansla poussire.

    7. Levez -vous, Seigneur, dans votrecolre , et soyez exalt' au milieu de mesennemis.

    Levez-vous, Seigneur mon Dieu, sui-vant le prcepte que vous avez tabli ;

    5. si reddidi retribuentibus mihi mala.decidara merito ab inimicis raeis inanis.

    6. Persequatur inimicus animara meara,et comprehendat ; et conculcet in terravitam meam, et gloriam meam in pul-verem deducat.

    7. Exurge, Domine, in ira tua ; etexaltare in finibus inimicorum meorum

    et exurge. Domine Deus meus, inprcepto quod mandasti

    ;

    ments du mal. Comp. I Reg. xxiv, 11, et xxvi, 18,o David se justifie prcisment dans ces mmestermes en face de Satil, Si reddidi... S'il a

    chei-ch tirer personnellement vengeance de sesadversaires. Non , 11 laissait ce soin au Seigneur.Cf. 1 Reg. XXIV, 12. Retribuentibus (dans l'hbr.:Solmi, au singulier) peut se prendre en bonne

    tur, comprehendat... 'Emotion et rapidit qui font

    image. Animam, vitam, gloriam sont troisexpressions synonymes pour dsigner la vie, quiest rattache l'union de l'nie et du corps, etqui est l'ornement le plus prcieux de l'hommeau point de vue naturel. Sur cette expressionpotique, voyez encore Ps. xv, 9; xxix, 13,

    msmmmmmmmmmmsmmLion dvorant. ( Bas relief asssrrien. )

    ou en mauvaise part. Divers commentateurs pr-frent le premier sens et traduisent ce mot parami, bienfaiteur (cf. Ps. xl, 1 ; Jer. xxxvi, 22,etc.) ; le second nous parat de beaucoup le meil-leur. Decidam.. Dans les LXX et la Vulgate,ds ici commencent les imprcations de Davidcontre lui-mme, la faon de l'Ancien Testa-ment, pour le cas o 11 aurait commis les fautesqu'il vl ent de mentionner : Que je succombe, dnude tout (inanis, aprs avoir tout perdu) et l'ayantparfaitement mrit (merito), deTant mes enne-mis. D'aprs l'hbreu, ce memh devers continuela srie des suppositions corjiajwnces au vers. 4 : Et si J' ai dpouill mon adversaire injustement. Allusion dlicate la gnreuse conduite de Davidenvers Satll en deux circonstances distinctes ; cf.I B9g. xxv, i et ss.; xxn, 8 et sa. Persequa-

    Lvi, 9, etc. Conculctt : le broyant et l'crasant. In puiverem : la poussire du tombeau. Dans l'hbreu, un slnh termine cette strophe.Voyez la note du Ps. m, 3.

    4" Troisime strophe : appel au jugement divinVers. 7-10.

    7-10. Exurge, exaltare... Invocations d'unesainte hardiesse, qui tmoignent de la plus con-fiante intimit entre les potes sacrs et leurDieu. Cf. Ps. m, 7; VI, S; IX, 20, etc. Davids'adresse Jhovah en tant que Juge souveraindu monde, et il lui demande justice pour lul-mroeet pour tous les bons. In ira tua. Le contrairedu Ps. VI, 1. L le suppliant avait conscienced'tre en tat de grce ; il s'agit actuellement depcheurs endurcis. In finit/us inimicorum :c.--d. au milieu d'eux, snr leur territoire. Nuanoe

  • 32 Va. VII, 8-14.

    8 et Bynagoga populorum ciicumda-bit t.

    Kt propter hanc in altura regredere.9. Dominns judicat populos.Judicarae, Domine, secundura jnsti-

    tiam meam, et secundum innocentiammeain super me.

    10. Consumetur nequitia peccatorura,et diriges justum, scrutans corda et rens,Deus.

    11. Justum adjutoriura meum a Do-mino

    ,

    qui salvos facit rectos corde.

    12. L)eu8 judex justus,fortis, et patiens.;numquid irascitur per singulos dicR?

    13. Nisi conversi fueritis, gladiumsuum vibrabit; wcum suum tetendit, etparavit illum.

    14. Et in eo paravit vasa mortis ; sagit-tas suas ardentibus effecit.

    8. et l'assemble des peuples vousenvironnera.A cause d'elle, remontez en haut.9. Le Seigneur juge les peuples.Jugez -moi, Seigneur, selon ma jus-

    tice, et selon l'innocence qui est en moi.

    10. La malice des pcheurs prendrafin, et vous conduirez le juste, Dieu,qui sondez les curs et les reins.

    11. Mon lgitime secours me viendradu Seigneur, qui sauve ceux q'U ont lecur droit.

    12. Dieu est un juge quitable, fortet patient ; est-ce qu'il s'irrite tous lesjours ?

    13. Si vous ne vous convertissez,

    il

    brandira son glaive; il a dj, tendu sonarc

    ,et le tient tout prt.

    14. Et il y a prpar des instrumentsde mort : il a rendu ses flches brlantes.

    dans rUbreu : Lve - toi contre les accs de rage(ou cause des accs...' de mes adversaires. Et exurge. Hbr.: Et veille-toi pour moi. Anthro-pomorphisme hardi. Dieu, quand il tolre pourun temps la malice des impics, est cens dormiret ne lias s'en apercevoir. Cf. Ps. Lxxvii, C5, etc. In prcecepto quod... C- - d. : cause du pr-cepte... ; parce que tu as ordonn de protgerl'innocence et de chtier l'impit. Dans l'hbr. :Tu as command le jugement; phrase un peuobscure, qui parat revenir au mme que la tra-duction de la Vulgate : Levez - vous pour medfendre, puisque c'est votre rle de rendre lajustice. Et synagoga... David organise, pourainsi dire, la scne du jugement ; car il dsirene sentence solennelle, prononce en face dumonde entier, pour que son innocence injuste-ment accuse brille d'un plus vif clat (vers. 9),et que ses ennemis soient au contraire couvertsd'une confusion plus grande vers. 10). Popu-lorum : les paens eux-mmes, qu'il prie Dieud'assigner devant son tribunal, comme tmoinsde l'arrt judiciaire. Propter hanc in altum...Passage difficile. Le pronom se rapporte l'as-semble des peuples. L'expression a en haut dsigne, suivant les uns, le trne sur lequel Dieuest invit venir s'asseoir pour juger David etSCS ennemis , et alors le sens serait : Seigneur,pour manifester votre puissance tous les hommes,venez, comme en d'autres circonstances (regre-dere), siger sur votre tribunal de juge suprme;beaucoup mieux, selon les autres, le ciel, oDieu remontera, s'levant et planant avec ma-jest au-dessus (hbr.) de l'assemble des peuples,lorsqu'il aura prononc la sentence. Dominusjudicat (vers. 9). David voit en esprit la rali-sation de son dsir : les peuples sont l, et Dieusur son trne, pour de majestueuses assises. Cf.Ps. IX, 8-9. Judica me secundum... Sr de sonInnocence , il ne craint nullement l'arrt final.

    Innocentiam^. super me. Hbrasme ; l'innocence

    dont il est revtu comme d'un manteau d'hon-neur. Cf. Job, XXIX, 14. Consumetur. Fauteprobable pour consummetur (telle est la leonde saint Augustin). Dans l'hbr.: que prenne fin.La prire s'largit : David demande que les irapiegsoient rduits l'impuissance, et qu'au contraireles justes soient confirms, consolids {{'knen;Vulg. : diriges) dans le bien. Scrutani?... Locu-tion qu'on retrouve dans Jrmie, xi, 20 ; xx, 1?.etc., et Apoc. ii, 23. Elle dsigne Dieu commeun juge parfaitement juste, puisqu'il connat fond les replis les plus intimes de l'me humaine(corda, le sige des penses et de la volont, lecentre de l'homme moral, d'aprs la psjxhologiedes Hbreux; rens, le sige des motion!- sen-sibles).

    50 Quatrime strophe : attente confiante doJugement divin. Vers. 11-14.

    11-14. Cette confiance repose d'une part sur laprotection que Dieu accorde infailliblement auxbons, de l'autre sur sa manire d'agir toujoursterrible envers les pcheurs impnitents. Ju-stum adjutorium... Hbr, : Mon bouclier est surDieu ; c- d. que le Seigneur daigne tenir lui-mme cette arme dfensive pour dfendre sonserviteur. Cf. Ps. m, 4. Judex justus

    ,fortis...

    L'adjectif patiens a t ajout par les LXX etla Vulgate; /ortis est une traduction inexactedu mot 'El, qui signifie Dieu. Hbr.: 'Elohim estun juste juge, et un Dieu CED -^jul s'indigne toutle Jour. Ainsi donc, alors mme qu'il est patientau dehors. Dieu prouve contre le pch uneperptuelle indignation, car sa saintet et sa jug-tice ne sauraient demeurer en repos en face dumal moral. Nisi conversi (vers. 13). Petitevariante dans l'hbreu : Si l'homme ne se dtournepas (de sa voie mauvaise). Vigoureuse descrip-tion des oprations vengeresses du Seigneur, vers.13''-14. Dieu est reprsent comme un guerrierarm de toutes pices, qui s'avance, irrsistible,centre sei ennemis. Cf. Deut. xxxn, 41-42. QU-

  • Ps. VII, 15 VIII, 1. 33

    16. Voici que Vennemi a rais au mondel'injustice; il a conu la douleur, et aenfant l'iniquit.

    IG. Il a ouvert une fosse, et l'a creu-se; et il est tomb dans cette fossequ'il avait faite.

    17. La douleur qu'il a cause revien-dra sur sa tte, et son iniquit retomberasur son front.

    18. Je rendrai gloire au Seigneur selon8a justice, et je chanterai le nom duSeigneur trs haut.

    15. Ecceparturiit injustitiam ; concepitdolorem, et peperit iniquitatem.

    16. Lacum aperuit, et eiodit eum ; etincidit in foveam quam fccit.

    17. Convertetur dolor ejus in caputejus, et in verticem ipsius iniquitas ejusdescendet.

    IS.Confitebor Domino secundum justi-tiam ejus

    ,et psallam nomini Domini

    altissirai.

    PSAUME VIII

    1. Pour la fin,

    pour les pressoirspsaume de David.

    l.In finem, pro torcularibus, PsalmusDavid.

    dium vibrabit; d'aprs l'hbreu : il aiguisera songlaive, Vasa )iiortis : hbrasme; ces instrumentsde mort, ce sont les flches lances par Dieu contrele pcheur. Sa(;tta s ardentibus: traduction ser-vile du texte original; c.--d. il a rendu sesflches brftlantes; allusion aux traits enduits dematires inflammables que lanaient les anciens ;pour Dieu, ces flches ardentes ne sont autresque la foudre (cf. Ps. xvii, 15, etc.).

    6 Cinqui.Tie strophe : rflexions morales surle chtiment des pcheurs ; il est le rsultat naturelde leur conduite. Vers. 15-1 8.

    15-17. Ecc^... Quoique si rudement puni, l'impiene peut se plaindre que de lui -mme, car ils'tait prpar ce traitement par ses crimes. Troiscomparaisons frappantes mettent successivementcette pense en relief. Premire image, vers. 15.Parluriit..., conpit... : le sujet n'est pas men-tionn en propres termes, mais il est vident quec'est le pcheur. La mtaphore est aise com-prendre. Cf. Job, XV, 35. D'abord expose d'unemanire gnrale par le premier des trois verbes(vers. 15), elle est ensuite reprise et dveloppepar les deux autres (IS*). Dolorem : le mal queles mchants se proposent de faire aux justes.Iniquitatem : en hbreu , Sqer, le mensonge, lenant ; expression qui marque le complet checlie ces plans ourdis laborieusement. Deuximeimage, vers. 16. Lacum...: une fosse recouvertede branchages et d'un peu de terre, pige danslequel on espre faire tomber des ennemis ou lesbtes fauves. Effodit dit plus que aperuit: il aprofondment creus. Et incidit... : le mchantest donc lui - mme l'auteur de ses maux. Cf.Ps. LVi, 7 ; Eccl. x, 8. Troisime image, vers. 1 7.Dolor... : le mal qu'il prparait aux autres (cf.vers. 16) retombera (convertetur) sur lui. Cf.I Reg. XXV, 39; Prov. xxvi, 27; Eccli. xxvn, 25.

    18. Conclusion pieuse et joyeuse du cantique. Confitebor... secundum justitiam... C'est uneaction de grces Dieu pour sa justice, si visi-blement manifeste dans sa conduite soit l'garddes bons, soit envers les impies. Altissimi.Hbr. : 'Elyn, l'un des noms divins.

    r.OMMENT. IV.

    Psau;e VIII

    Dieu si grand, et cependant si bon pourl'homme.

    10 Le titre. Vers. 1.Ps. VIII. 1. Les mots pro torcularibus,

    calqus sur up xtbv Xyivwv des LXX, signi-fieraient, d'aprs quelques exgtes anciens etmodernes, que les psaumes en avant desquelsils se trouvent (Ps. vm, lxxx, lxxxiii) devaienttre chants aux ftes joyeuses qui accompa-gnaient dj les vendanges (cf. Jud. ix, 27; Is.XVI, 8-10 ; Jer. xlviii, 33). Opinion dnue de vrai-semblance, car l'hbreu ne dit pas 'al-haggittt,comme paraissent avoir lu les traducteurs d'A-lexandrie, mais 'al-haggittit, expression dont leTargum parat avoir donn le vritable sens dansa paraphrase : sur la guitare que David apportade (eth. Geth tait une ville des Philistins,dans laquelle David avait sjourn quelque tempsau plus fort de la perscution de Saiil. Cf. I Reg.XXVII, 2 et ss. Il en aurait rapport, d'aprs cesentiment aujourd'hui presque universel

    , une

    guitare d'un genre spcial, qu'il introduisit ensuitedans la musique du temple. Il ne faut pas oublierque ce prince, devenu roi d'Isral, avait une gardedu corps compose prcisment de Gthens. Cf.II Reg. XV, 18, etc. Psalmus David. On ignorel'poque de la composition de ce pome. Du vers. 4,qui fait mention de la lune et des toiles, et pointde l'astre du Jour, on a conclu assez frquem-ment qu'il fut crit l'occasion d'une belle ettranquille nuit d'Orient : en dehors de cette opi-nion trs probable, on ne saurait rien dterminerde certain. David y chante d'abord la grandeurinfinie de Dieu, manifeste par la cration ; puisbientt il oppose cette grandeur la petitessede l'homme ; mais de l il s'lance une nou-velle ide, les bonts et les condescendar\cc8 ton-nantes do ce grand Dieu envers l'homme, constitupar lui comme le vice-roi de toute la nature. Lepsalmiste, en chantant ainsi la dignit humaine,a surtout en \'ue l'homme primitif, Adam, tel qu'ilsortit des mains du Crateur; il fait abstractio:*"^!*!^

    i::: [umiAit

  • 34 PS. VIIJ, 2-4.

    2. Domine, Dominus noster, quam*idraiiabile est nomen tuum in univeisaterra !

    Quoniara elevata est magnificentia tuasuper cfelos.

    3. Ex ore infantium etlactentium per-fecisti laudem propter inimicos tuos, ut. Domine, Dominua, Dans Vhhr.: T'ho'vahnotre 'Adona. Deux noms distincts. Noster.Cest le premier passage du Psautier o le poteassocie d'autres hommes son adoration ; il avaittoujours dit Mon Dieu . Il parle maintenantau nom de tout le peuple thocratique. QuamGdmirabile. D'aprs l'hbreu : Combien majes-tueux, magnifique 1 Exclamation qu'arrache aupote la vue des beauts naturelles qu'il con-templait au-dessus de lui, dans un ciel splen-iiide. Nomen tuum. Cf. Ps. v, 11, et la note.Il'empreinte de son essence, que Dieu a laisseBur toutes ses uvres. In universa terra. Par-tout sur la terre, et partout dans le ciel, ainsiqu'il va tre dit, les mille voix de la nature pro-clament ce fait.

    8 Premire strophe : la grandeur de Jhovahse rvlant dans les cieux. Vers. 2 -3.

    2-3. Quoniam... L'enchanement des penses

    est trs simple dans la Vulgate et les LXX :Votre nom est admirable sur toute la terre, etrien d'tonnant ceia, puisque votre gloire, vossplendeurs divines s'talent, incommensurables.

    Jusqu'au-dessus des cieux. Le texte original n'est-pas sans quelque difficult sous le rapport gram-matical. Le Targum, le syriaque, saint Jrmeet beaucoup de commentateurs traduisent : Toiqui as mis ta magnificence au-dessus des cieux( ou sur les cieux ). Selon d'autres : Toi dont lasplendeur s'tend au del des cieux. Le sens estau fond le mme , avec quelques nuances. Exore... Frappant contraste, et mme, sorte de para-doxe, mais pour mieux dmontrer la pense quiprcde. Le nom divin resplendit d'uu tel clat,que les petits enfants eux-mmes le glorifient etle chantent haute voix. Par infantium , il fautentendre d'aprs l'hbreu {^l'lim) des enfantsd'un certain ge, qui ont dj leur libert d'al-lures (littral. : ceux qui jouent, et l'on ne doitpas oublier qu'en Orient les ijnqim Mes nour-rissons, lacteviium) demeurent d'ordinaire lamamelle jusque vers l'ge de deux ou trois ans;ils peuvent donc au moins bgayer. Cf. II Mach.VII, 27. Perfecisti laudem. Variante dans l'h-breu : Tu as tabli une force Vz); ou mme,une citadelle, un puissant boulevard. Ide toutecharmante : ces fraches et gracieuses, mais sifaibles bouches d'enfants, rduisant au silence(Vulg. : ut destruas; hbr.: l'hashit, pour fairecesser, pour faire taire) les pires ennemis du Sei-gneur ! Cf. I Cor. I, 27. Les enfants doivent,eu effet, leur innocence le privilge de recon-natre Dieu les premiers partout o il se montre ;ils le saluent travers les voiles de la nature,et croient navement, mais srement, l o lessavants n'ont que le doute; ils sont plus aptesque personne saisir la vrit surnaturelle, et percevoir les clarts de la rvlation. ( Lestre,le Livre des Psaumes, h. \.) ; et leur tmoignageconfond les adversaires les plus farouches de lavraie religion. Ultorem : des ennemis avidesde vengeance. Lisez, dans saint Matthieu, xxi,15 et ss., une touchante ralisation de ce passageau moment de l'entre triomphale de Notre- Sei-gneur Jsus - Christ Jrusalem.

    4 Seconde strophe : opposition entre la gran-deur de Dieu, manifeste par la splendeur desastres, et sa condescendance h l'gard d'une cra-ture aussi faible que l'homme. Vrs. 4-6.

    4-5. Quoniam videbo est une traduction seivvile de l'hbreu , dont la vraie signification est :Quand je vois. Cselos : le ciel si pur des rgionibibliques, avec leur profondeur immense. Oper^digitorum fuorwm est un bel anthropomorphismepotique : Dieu, wmme un artiste, a faonn

  • Ps. VIII, 5-8. 3fi

    ont l'ouvrage de vos doigts, la lune etles toiles que vous avez cres

    ,

    b. je 711 crie : Qu'est-ce que l'homme,pour que vous vous souveniez de lui ? oule fils de l'iionime, pour que vous levisitiez?

    6. Vous ne l'avez mis qu'un peu au-dessous des anges ; vous l'avez couronude gloire et d'honneur,

    7. et vous l'avez tabli sur les ouvragesde vos mains.

    8. Vous avez mis toutes choses sous

    digitorum tuorum, lunam et stellas quaetu fundasti :

    5 Quid est homo, quod memor esejUH"'' aut filius hominie, quoniam visi-tas eam?

    6. Minuisti eum paulo minus ab ange-lis

    ;gloria et honore coronasti eum

    ,

    7. et constituisti eum super opra ma-nuum tuarum.

    8. Omuia subjecisti sub pedibus ejus,

    l'univers de ses doigts habiles. Lunam : lalune d'Orient, qui est, dit un pote, plus brillanteque le soleil du nord. Slellas. Dans unecontre comme la Palestine, grce la limpiditde l'atmosphre, la lune et les toiles apparaissentavec un clat et une splendeur dont on peut peine se faire une ide. Qux tu fundasti.Chacun de ces astres a son orbite, que le Cra-teur lui a assigne, et dont il ne dvie jamais. Quid est... Ellipse manifeste. Quand je con-temple..., alors je me dis : Qu'est-ce que l'homme...? Homo. Hbr. : 'nos; celui des trois noms del'homme, dans la langue sacre (les deux autresont'iS et gber), qui marque le mieux son impuis-sance et sa caducit. Cf. Ps. m, 3, et la note;eu, 15, etc. Filius hominis ou bn-'adam est aussiune appellation d'humilit, car elle fait allusion l'origine terrestre de l'homme. Cf. 6en. ii, 7,et le commentaire. De cette petitesse, le psal-miste rappi-oche la conduite du Seigneur, quin'en imrat que plus admirablement bienveillante :memor es, il n'abandonne pas lui-mme cet trefragile ; visitas, il l'environne de soins multiples,perptuels, qui sont comme autant d'aimablesvisites de sa bout.

    6 Troisime strophe : grandeur et puissanceque Dieu a daign confrer l'homme. Vers. 6-8.

    6-8. Minuisti... On nous fait remonter jus-qu' la cration de l'homme, pour mieux mettreen relief les qualits dont a t orne sa nature,et l'autorit qui lui a t confie. Paulo minnsa> angelis. Dans l'hbreu : m"at m'Elohim, cequi signifie k la lettre : un peu moins que Dieu ;et tel est le sens adopt par Aquila, Symmaque,Thodotion, saint Jrme, et la plupart deshbrasants modernes. Hyperbole potique, quirappelle la plus prcieuse gloire de l'homme :l'image de Dieu grave sur son front, sur sonintelligence, et davantage encore sur son me(cf. Gen. I, 26-27), de manire faire de lui untre presque divin. La Vulgate a suivi les LXX,qui ont : irap ' yYXou; et telle est aussi latraduction du Targum, du syriaque, et de laplupart des exgtes juifs. Mme ainsi abaiss,le sens demeure encore bien beau, puisque lesanges sont les tres les plus nobles de la cration.Comp. Bossuet, lvations sur les Alyst., 4 sem., 4.Le mot 'Elohim, disent les commentateurs quiadoptent ce sentiment, est quelquefois employdans la Bible pour dsigner mtaphoriquementles grands perionnages qui tiennent ici -bas la

    place de Dieu, tels que les rois et les juges (cf.Ex. XXI, 6; XXII, 7-8; Ps. lxxxi, 6, etc.); ilpeut donc aussi s'appliquer aux anges. Nous pr-frons cependant l'interprtation littrale : paulominus a Deo (S. Jrme). Autre variante propos de l'adverbe m"at, auquel les LXX, etdivers auteurs h leur suite, donnent la signifi-cation de paulisper (ppa^'J ti, pour un peude temps) : ce qui convient fort bien pour l'ap-plication de ce passage Jsus- Christ, que sapassion humiliante abaissa momentanment au-dessous des anges ( cf. Hebr. ii , 6 et ss. ) , maisqui cadre moins avec le sens littral et direct. Gloria et honore... Semblable Dieu par sanature, l'homme lui ressemble aussi par son auto-rit. Le Crateur a dpos sur sa tte une magni-fique couronne royale; mais ce n'est pas un roisans sujets, car la terre entiie, avec tout cequ'elle renferme, a t soumise ds le principe sa domination {suhjccisti suhpedibus; expres-sion nergique, qui dnote un pouvoir absolu).Cf. Gen. I, 26, 28. Puissance tonnante de l'hommesur lu nature, qui va s'agrandissant toujours. Mais tout ceci se vrifie d'une manire infini-ment plus parfaite dans la personne de Jsus-Christ, qui a t couronn d'honneur et de gloiredans le ciel, en rcompense de ses humiliationset de sa mort, et qui a command avec une auto-rit absolue la mort, aux lments et lamaladie ; enfin qui est lev dans le ciel au-dessusde toutes choses... Il nous avertit que toute puis-sance lui a t donne au ciel et sur la terre. (Calmet, h. l.) C'est ce que dit expressment saintPaul, I Cor. XV, 27 ; Eph. i, 19 et ss. (comp. Matth.xxt, 16).

    6 Quatrime strophe : numratlon des prin-cipaux sujets de l'homme, en tant qu'il est levice -roi de Dieu sur la terre. Vers. 8>-9.

    8'-9. Le psalmiste se borne citer quelques,exemples, pour commenter les mots omniasubjecisti ; exemples d'ailleurs trs bien choisisparmi les tres les plus puissants, ou les plusagiles, qui habitent sur la terre avec l'homme. Les animaux sont rangs en trois catgories,comme au rcit de la cration (Geu. i, 28; cf.IX, 2). Sur la terre, les quadrupdes soit domes-tiques ( oves et boves, le menu et le gros btail ),soit sauvages (pecora campi). Dans les airs, lesoiseaux. Dans les eaux, les poissons, que le potecaractrise par une pithte pittoresque (qui per-ambulant...), qui met en saillie la pulssiince de

  • 36

    oves et boveu univereas, insuper et pecoracanipi,

    9. volicres cli, et pisces maris, quiperarabulant semitas maris.

    10. Domine, Dorainus noster, quamadmiiabile est nomen tnum in universatel ra 1

    Ps. VIII, 9 IX, 2.

    ses pieds, toutes les brebis, et tous lesbufs, et mme les animaux des champs

    ,

    9. les oiseaux du ciel,et les poissons

    de la mer, qui parcourent les sentiers del'ocan".

    10. Seigneur, notre matre, que votrenom est admirable dans toute la terre 1

    PSAUME IX

    1. In Cnem, pro occutie fiiii, PsalmusDavid.

    2. Confitebor tibi, DoTiine, in toto cordemeo : narrabo omnia mirabilia tua.

    1. Pour la fin, pour les secrets du fils,psaume de David.

    2. Je vous louerai, Seigneur, de toutmoncur

    ;je raconterai toutes vos merveilles.

    l'homme sur ces tres en apparence Insaisissables.numration qui n'a pas lieu sans un sentimentde fiert.

    7 Le refrain. Vers. 10.10. Domine, Dominus... Le psalmiste ne pou-

    vait mieux conclure qu'en rptant son excla-mation de respectueux tonnement, qui avaitouvert le pome; mais elle a ici, aprs unedmonstration si parfaite, un sens plus beau etplus complet.

    Psaume IX

    Action de grces la suite d'une brillante vic-toire, et prire pour obtenir la ruine d'autresennemis.

    1" Le titre. Vers. 1.Ps. IX. 1. La ddicace au matre de chant :

    lamnassah (Vulg. : in flnem). L'auteur : Da vid. Les mots pro occultis fllii (LXX : 'jiip tiovxp"j{a)v ToO uloO) sont trs obscurs, et ont reudes interprtations trs diverses. Les ancienscommentateurs leur donnent ordinairement unsens mystique , et les appliquent tantt aux mystres de la passion et de la rsurrectiondu Fils de Dieu, tantt la direction mys-trieuse que Jsus-Christ lui-mme donne songlise. D'aprs l'analogie des autres titres, il n'estgure douteux que la locution hbraque corres-pondante Cal-mut labbn; littral.: sur la mort dufils ) ne soit une expression musicale , qui dsigneles premiers mots (^Mut labbn) d'un ancien chant,connu des contemporains ie David, et dont ondevait adapter la mlodie au Ps. ix ('al, sur l'air).C'est au milieu de ce cantique que commence,entre le texte hbreu et la Vulgate (et aussiles LXX), la divergence dans le numrotage despomes qui composent le psautier (voyez l'Introd.,p. 2 ). Un seul psaume d'aprs les deux versions ;deux psaumes d'aprs l'hbre'i, le second com-menant aprs le verset 21. Il est assez difficilede se prononcer soit pour, soit contre l'unit pri-mitive. Le sujet trait semble, premire vue,exiger la sparation ; le psaume ix de l'hbreuet une action de grces triomphante, la suite(l'une victoire remporte par David sur des enne-nil3 extrieurs; le psaume x est une demande

    pressante et plaintive de secours contre des enne-mis du dedans, qui menacent la scurit de l'tatjuif ; et chacune des pices ainsi divises paratfinie et complte en elle-mme. Mais, d'autre part,pourquoi l'absence d'un titre en avant du Ps. x,fait trs rare au premier livi-e du psautier ( lesPs. I

    ,II et xxxm hbr., en sont seuls dpourvus) ?

    Certaines ressemblances frappantes dans les pen-ses, les expressions, le rythme, parlent aussien faveur de l'unit (cf. ix, 10, et x hbr., 1;IX, 20, et X, 12, etc.). De plus, et c'est l l'ar-gument le plus fort contre la division, les deuxparties sont manifestement alphabtiques (cf.t. III, p. 486, n. 5), quoique d'une manire impar-faite : les strophes de la premire commenantpar les lettres Initiales de l'alphabet hbreu;celles de la seconde, par les letti-es finales, partquelques exceptions (voir le commentaire). L'au.teur a donc lui-mme uni et enlac le tout d'unemanire insparable par cette forme acrostiche.Quant la diffrence des sujets, elle est plusapparente que lelle : aprs avoir triomph desennemis du dehors, David dsirait vaincre aussises ennemis intrieurs. La prire existe ds lapremire partie (cf. Ps. ix, 14-15, 18-21), et dansla seconde il est galement fait mention despaens (Ps. x hbr., 16). Cependant les diversesditions de la Vulgate, tout en unissant les deuxparties, les sparent par un titre, et recommencentle numrotage des versets au dbut de la seconde. On ne saurait dire quelle occasion prcisece chant a t compos par David : peut-treentre ses dernires grandes victoires sur lesnations paennes et les premires menes rvo-lutionnaires d'Absalom. Le sujet

    ,c'est la jus-

    tice que le Seigneur manifeste, soit en protgeantses amis injustement vexs et perscuts soiten frappant les iniques et cruels agresseurs.

    Division : deux parties, comme il vient d'tredit. Dix strophes rgulires dans la premire ;probablement onze strophes Irrgulires dans Useconde.

    2 Court prlude ; le pote annonce son des-sein de louer Dieu et de le remercier de seabienfaits. Vers. 2-3.

    2-3. Premire strophe, dont les quatre membres

  • Ps. IX. 3-11. 37

    3. En vous je me rjouirai, et melivrerai l'allgiesse

    ;je chanterai votre

    nom, Trs-Haut

    ;

    4. parce que vous avez fait retournermon ennemi en arrire. Ils vont trepuiss

    ,et ils priront devant votre face.

    5. Car vous m'avez rendu justice , etvous avez soutenu ma cause ; vous voustes assis sur votre trne, vous qui jugezselon le droit.

    6. Vous avez chti les nations, etl'impie a pri ; vous avez effac leur nom jamais, et pour les sicles des sicles.

    7. Les glaives de l'ennemi ont perduleur force pour toujours, et vous avezdtruit leurs villes.

    Leur mmoire a pri avec fracas ;8. mais le Seigneur demeure ternelle-

    ment.Il a prpar son trne pour le juge-

    ment;9. et il jugera lui-mme l'univers avec

    quit ; il jugera les peuples avec justice.10. Le Seigneur est devenu le refuge

    du pauvre, et son secours au temps dubesoin et de l'affliction.

    11. Qu'ils esprent en vous, ceux qui

    3. Ltabor et exultabo in te;psallam

    nomini tuo, Altissime.

    4. In convertendo iniuicum meuraretrorsum ; infirmabuntur, et peribunt afacie tua.

    5. Quoniam fecisti judicium meum etcausam meam ; sedisti super thronum,qui judicas justitiam.

    6. Increpasti gentes, et periit impius.Nomen eorum delesti in seiernum, et insaeculum sculi.

    7. Inimici defecerunt frameae in finem,et civitates eorum destruxisti.

    Periit memoria eorum cum sonitu;

    8. et Dominus in ternum permaiiet.

    Paravit in judicio thronum suum;

    9. et ipse judicabit orbem terrae insequitate, judicabit populos in justitia.

    10. Et factus est Dominus refugiumpauperi; adjutor in opportunitatibus

    ,in

    tiibulatione.1 1

    .

    Et sperent in te qui noverunt nomen

    commencent dans l'hbreu par la lettre aleph.

    Confltebor. Ce verbe a trs habituellement la signi-fication de louer, clbrer. In loto corde : detoutes les forces de l'me, concenti'es dans lecur. Cf. Deut. vi, 6, et, par opposition, Is. xxix, 13. Narrabo...mirabilia : toutes les actions d'clatopres par le Seigneur, soit dans le domaine de lanature, soit dans l'histoire de son peuple. Lseta-boT..., psallam : autres manires dont David chan-tera les louanges de Jhovah.

    3* Motif spcial de louange : Dieu a renversles ennemis de David et de son peuple. Vers. 4-7.

    4-5. Seconde strophe : David victorieux parceque le Seigneur a soutenu son droit. C'est lastance beth dans l'hbreu. lu convertendo...Hbrasme pour recedentibus inimicis meis .Ces mots se rattachent troitement aux versetsqui prcdent : Je louerai, je me rjouirai..,, parceeue mes ennemis ont pris la fuite. Infirma-uniur. Plutt : ils ont trbuch, ils sont tombs. A facie tua. La cause qui a produit ce rsultat.Le visage de Dieu, quand il s'enflamme de colre,est terrible pour les mchants. Cf. xx, 10; Ex.XIV, 24, etc. Anthropomorphisme frquent. Fecisti judicium... Dans la dfaite de ses enne-mis, le pote voit une manifestation de la justicedivine en sa faveur, cause de sa propre justice. Sedisti...: pour juger solennellement David etses adversaires. Cf. Ps. vu, 7-9.

    6-7. Troisime strophe : description de la ruinedes ennemis du roi. Cette strophe commencepar gimel dans l'hbreu. Gentes: les nationspaennes des alentours de la Palestine, contre les-quelles David eut soutenir de frquentes luttes.

    constamment victorieuses. Cf. II Reg. v, viii, x,xu, etc. Periit. Effet immdiatement produitpar la divine rprimande de Jhovah {incre-pasti... et...). Nomen... delesti... Locution trsnergique : la ruine n'a pas t moins complteque rapide. Cf. Deut. ix, 4. Inimici... frameae.Dans l'hbreu : C'en est fait de l'ennemi ; ruins jamais I Concision remarquable. Penit...cum sonitu. Allusion au fracas des batailles, etdes villes s'croulant. Mais d'aprs l'hbreu : Leu'souvenir mme a pri. Cf. Ex. xvii, 14.

    4 Motif plus gnral de louange : Dieu n'aban-donne jamais ses amis dans la dtresse.Vers. 8-13.

    8-9. Quatrime strophe (commenant par vav,la sixime lettre de l'alphabet hbreu ; le dalethest omis, le M parat en tte du vers. 7) : lamajest et la justice inflnle du Dieu vainqueur. Et Dominus... Mais le Seigneur. . L:isereine majest du Juge temel contraste avecles efforts de l'ennemi pour chapper L la ruine. Permanet. Hbr. : il sige, il trne; commeau vers 5. ParavU in judicio. Mieux : pour lejugement, pour juger. In seqnitate, in justitia.Le contraire de ce que faisaient et font encorehabituellement les juges orientaux. Orbemierrse, populos : tous les peuples du globe, et passeulement la nation thocratique.

    10-11. Cinquime strophe (encore le vav) :Jhovah est le dfenseur de tous les opprims,le refuge de tous ceux qui ont confiance en lui. Refugium. Hbr. : un haut lieu, une citadelle,misgab. Cf. II Reg. xxii, 3. Mtaphore expres-sive (cf. Ps. XVII, 2). Ce Dieu, si redoutable pourles mchants, est un asile entirement sr pour

  • 38 V8. IX, 12-18.

    tuum,qiioniam non dereliquisti quserenteste, Domine.

    12. Psallite Domino qui habitat inSion;annuntiate inter gentes studia ejus

    ;

    13. quoniam requirens sanguinem eo-rura recoidatus est ; non est oblitus cla-morera pauperum.

    14. Miserere raei, Domine; vide humi-litateni meam de inimicis meis,

    15. qui exaltas me de portis mortis,lit annuntiem omnes iaudationes tuas iriportis fili Sion.

    16. Exultabo in salutari tuo. InfixeBunt gentes in interitu quem fecerunt

    ;

    in laqueo isto quem absconderunt com-prebensus est pes eorum.

    17. Cognoscetur Dominus judicia fa-ciens. In operibus manuum suarum com-prehensus est peccator.

    18. Convertantur peccatores in infer-

    connaissent votre nom ; car vous n'avezpas abandonn ceux qui vous cherchent,Seigneur.

    12. Chantez au Seigneur qui habitedans Sion : annoncez parmi les nationsses desseins

    ;

    13. car celui qui recherche le sangvers s'est souvenu de ses serviteurs; iln'a pas oubli le cri des pauvres.

    14. Ayez piti de moi, Seigneur ; voyezl'humiliation o mes ennemis m'ont r-duit,

    15. vous qui mb retirez des portes dela mort, pour que j'annonce toutes voslouanges aux portes de la fille de Sion.

    16. Je serai transport de joie causedu salut que vous m'aurez procur. Lesnations se sont enfonces dans la fossequ'elles avaient faite;

    leur pied a t pris dans le pigequ'elles avaient cach.

    17. On reconnatra le Seigneur quirend justice ; le pcheur a t pris dansles uvres de ses mains.

    18. Que les pcheurs soient prcipits

    les bous. rauperem. L'hbreu signifie lalettre : l'cras, le foul aux pieds. Adjutor.Encore misgab dans le texte original. Inopportuniiatibus... Hbr. : aux temps d'angoisse. Qui noverunt nomen... : tous ceux qui ont lebonheur de connatre le vrai Dieu. Non dere-liquisti qucerentes... Voyez le beau commentairede l'Ecclsiastique, n, 7 et ss.

    12-13. Sixime strophe izan) : invitation louer Dieu, qui a veng son peuple. Qui... inSion. La colline de Sion tait la rsidence deJhovah