Le Livre Des Petits

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Les vieux mtiers"NUL NE PEUT SE VANTER DE SE PASSER DES HOMMES" a dit un pote. Tous les mtiers sont utiles, tous contribuent au bien-tre gnral.

Sans le paysan, aurais-tu du pain ? C'est avec le bl qu'on fait la farine ; L'homme et les enfants, tous mourraient de faim, Si dans la valle et sur la colline On ne labourait et soir et matin. Sans le boulanger, qui ferait la miche ? Sans le bcheron, roi de la fort, Sans poutres, comment est-ce qu'on ferait La maison du pauvre et celle du riche ? ... Mme notre chien n'aurait pas sa niche ! O dormirais-tu, dis, sans le maon ? C'est si bon d'avoir sa chaude maison O l'on est table, ensemble, en famille ! Qui cuirait la soupe, au feu qui ptille, Sans le charbonnier qui fit le charbon ? Sans le tisserand, qui ferait la toile ? Et sans le tailleur, qui coudrait l'habit ? Il ne fait pas chaud la belle toile ! Irions-nous tout nus, le jour et la nuit, Et l'hiver surtout, quand le nez bleuit ? Aime le soldat qui doit te dfendre ! Aime bien ta mre, avec son cur tendre ! C'est pour la dfendre aussi qu'il se bat. Quand les ennemis viendront pour te prendre, Que deviendrais-tu sans le bon soldat ? Aimez les mtiers, le mien et les vtres ! On voit bien des sots, pas un sot mtier ; Et toute la terre est comme un chantier O chaque mtier sert tous les autres, Et tout travailleur sert le monde entier ! Jean AICARD (Le livre des petits)

La lgende du forgeronUn forgeron forgeait une poutre en fer, Et les dieux, les esprits invisibles de lair, Les tmoins inconnus des actions humaines, Tandis quautour de lui bruissait par centaines, Les tincelles dor faisaient comme un soleil , Les dieux voyaient son cur la forge pareil, Palpiter, rayonnant, plein de bonnes penses, Etincelles damour en tous sens lancs ! Car, tout en martelant le fer de ses bras nus, Le brave homme songeait aux frres inconnus A qui son bon travail serait un jour utile ... Et donc, en martelant la poutre qui rutile, Il chantait le travail qui rend dure la main, Mais qui donne un seul cur tout le genre humain ! Tout coup la chanson du forgeron sarrte : Ah ! dit-il tristement en secouant la tte, Mon travail est perdu, la barre ne vaut rien : Une paille est dedans, recommenons. Cest bien ! Car le bon ouvrier est scrupuleux et juste, Il ne plaint pas leffort de son torse robuste ; Il sait ce quil doit, cest un travail bien fait, Quune petite cause a souvent grand effet, Que le mal sort du mal, le bien du bien, quen somme ! Un ouvrage mal fait peut entraner mort dhomme ! Les tincelles dor faisaient comme un soleil, Et de ce cur vaillant, la forge pareil, Etincelles damour en touts sens enlaces Jaillissaient le courage et les bones penses. Et la poutre de fer dont louvrier rpond Sert un beau jour, plus tard, aux charpentes dun pont ; Et sur ce pont hardi qui flchit et qui tremble, Voici quun rgiment six cents hommes ensembles Passe, musique en tte ; et le beau rgiment Sent sous ses pas le pont flchir affreusement ... Le pont flchit, va rompre ... Et les six cents penses Vont aux femmes, aux surs, aux belles fiances, Et, dans le cur des gens qui voient cela des bords, la patrie a dj pleur les six cents morts ! Chante, chante ds lheure o ta forge sallume Frappe, bon ouvrier, gament, sur ton enclume ! Le pont ne rompra pas ! le pont na pas rompu ! Car le bon ouvrier a fait ce quil a pu, Car la barre de fer est solide et sans paille ... Chante, bon ouvrier, chante en rvant, travaille ; Rgle tes chants damour sur lenclume, et bat dans ta chanson !... ... Les tincelles dor en tout sens lances,

Cest le feu de ton cur et tes bonnes penses. Lhomme na jamais su, lhomme ne saura pas Combien dhommes il a soutenu le bras Au-dessus du grand fleuve et de la mort certaine ! Et pas un soldat, et pas un capitaine Ne saura quil lui doit la vie, et le retour Au village, o lattend le baiser de lamour. Nul ne dira : Merci, brave homme ! lhome juste Qui fit un travail fort avec son bras robuste ... Mais peut-tre quun jour, quand ses fils pleureront En rejetant le drap de son lit sur son front, Quand la mort lui dira le secret de loreille, Peut-tre il entendra tout coup ... merveille ! ... Il verra les esprits invisibles de lair Lui conter le destin de sa poutre en fer ; Et lorsquon croisera ses pauvres mains glaces, Lui, vivant immortel dans ses bonnes penses, laissant sa vie tous en exemple, en conseil, sentira rayonner son cur comme un soleil !Jean AICARD. Le livre des Petits. (Delagrave, dit.)

LE BOULANGER Que fais-tu l, boulanger ? Je fais du pain, pour manger. Tu vois je ptris la pte. Le monde faim ; je me hte. Mais tu gmis, boulanger Je gmis... sans maffliger : Je geins, en brassant la pte. Le monde faim ; je me hte. Quas-tu fait l, boulanger ? Jai, pour faire un pain lger, Mis du levain dans la pte. Le monde faim ; je me hte. Que dis-tu donc, boulanger ? Jai mes pelles charger, Quand Jaurai coup ma pte Le monde faim ; je me hte Et puis aprs, boulanger ? Dans mon four, je vais ranger

Tous mes pains de bonne pte. Le monde faim ; je me hte. Nas-tu pas chaud, boulanger ? Si ; mais pour mencourager, La chaleur dore ma pte Que je retire en grand-hte. Merci, brave boulanger Le monde pourra manger !

MA MERE

A dire un mot, puis tout dire, Mme sourire. Si je pleure, elle me console D'une parole ; Et vite son baiser charmant Me rend content. Je veux rendre heureuse ma mre, Ma vie entire, Travailler, et l'aimer bien fort Jusqu' la mort!

LE COQ C'est moi le coq ! Coquerico! Ma crte sur mon bec se dresse, Rouge comme un coquelicot. Je fais la guerre la paresse; Je chante avant le jour : Debout ! Coquerico! Je rveille la basse-cour, A mon cri de guerre accourue !

J'appelle, avant le point du jour, Le laboureur sa charrue; Je dis tous : Debout debout! Voici le jour! Et le bon travailleur se lve, Aussi gai que le gai soleil! Dans son lit, le paresseux rve : Sommeil de jour, mchant sommeil! Qui veut vivre cent ans au cri du coq se lve! Je suis le coq! Coquerico! Ma crte sur mon bec se dresse, Rouge comme un coquelicot, Je fais la guerre la paresse, Je chante avant le jour : Debout! Coquerico!

Ba, Be, Bi, Bo, BuC'est l't ; l'cole bourdonne. On dirait une ruche miel. Sur la place, on ne voit personne. C'est du feu qui tombe du ciel. B, A, BA, l'cole bourdonne : On dirait une ruche miel. La salle de l'cole est chaude. B, E, BE, j'aimerais bien mieux Dormir sous un arbre en maraude, Que suivre mes lettres des yeux ! La salle de l'cole est chaude... B, E, BE, j'aimerais bien mieux!... Mais, par la fentre entr'ouverte, B, I, BI, qu'ai-je vu l-bas ? La plaine n'est donc pas dserte ? Non : l'on moissonne tour de bras Par cette fentre entr'ouverte, B, I, BI, qu'ai-je vu l-bas ? Le feu tombe comme d'un crible, B, O, BO, sur le travailleur V hiver, il fait un froid terrible! Ma foi... l't, c'est bien meilleur ! Le feu tombe comme d'un crible, B, O, BO, sur le travailleur.