Le Livre Blanc Sur Le Numerique Educatif

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Le livre blanc de l’Agence universitaire de la Francophonie sur le numérique éducatif dans l’enseignement supérieur

description

L'environnement de l'Université se transforme, l'Université elle-même évolue : l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) repense sa stratégie de manière à accompagner ses membres encore plus efficacement. Le « numérique éducatif », un concept qui dépasse la technologie qui le supporte, ouvre de nouvelles avenues aux universités. Il leur permet de structurer autrement leur action et de faire évoluer la pratique des acteurs du système d'enseignement supérieur.

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    LAgence universitaire de la Francophonie (AUF) publie ce livre blanc pour prciser sa politique en matire de numrique ducatif pour les annes 2014 2017. LAUF ne part pas de rien. En plus de vingt ans, elle a constitu un important capital qui lui permet daborder sereinement les prochaines annes. Sur la base de ses valeurs et principes, et dans le cadre de sa prochaine programmation quadriennale ayant pour thme Luniversit, moteur du dveloppement des socits , lAUF a entrepris de capitaliser son exprience et ses acquis, de sinterroger sur les enjeux du numrique ducatif pour lenseignement suprieur. Aussi, afin de mieux rpondre aux innovations technologiques et pdagogiques qui mergent un peu partout dans le monde de lenseignement suprieur, elle a voulu dresser un tat des lieux. Pour ce faire, un ensemble dacteurs internes et externes a t mobilis. Le rsultat de ce travail constitue le prsent ouvrage, prsent So Paulo en mai 2013 lors de sa XVIe assemble gnrale.

    Ce livre blanc comporte trois parties. La premire dcrit les valeurs intrinsques que lAUF porte et dfend ; la seconde prsente les principes directeurs qui guident lensemble des actions et projets mens par lAgence ; la troisime annonce les engagements que lAUF entend prendre dans le domaine du numrique ducatif.

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  • Le livre blanc de l'Agence universitaire de la Francophonie sur le numrique ducatif dans l'enseignement suprieur

    Prface de Bernard Cerquiglini

  • Copyright 2013 Agence universitaire de la Francophonie

    Tous droits de traduction, de reproduction et dadaptation rservs pour tous pays. Toute reproduction ou reprsentation intgrale ou partielle, par quelque procd que ce soit (lectronique, mcanique, photocopie, enregistrement, quelque systme de stockage et de rcupration dinformation) des pages publies dans le prsent ouvrage faite sans autorisation crite de lAgence universitaire de la Francophonie.

  • Sommaire

    Prface .............................................................................................. 1 Introduction ....................................................................................... 3

    1. Les valeurs .................................................................................... 7

    2. Les principes .............................................................................. 11 2.1. Le partenariat et la coopration ..................................................................... 11

    2.1.1. La coproduction ......................................................................................................... 12 2.1.2. L'exprimentation ...................................................................................................... 12 2.1.3. La co-construction ..................................................................................................... 12

    2.2. L'innovation ..................................................................................................... 12 2.3. Linterdisciplinarit .......................................................................................... 15

    3. Les engagements de l'AUF ......................................................... 17 3.1. Premier engagement envers la gouvernance des universits,

    moteur du dveloppement des socits ....................................................... 17 3.1.1. Objectif 1 : Accompagner la dfinition et la mise en uvre

    d'une politique du numrique des tablissements en direction des usagers et des partenaires de luniversit ...................................................... 18

    3.1.2. Objectif 2 : Plaider pour l'investissement des pouvoirs publics ............................ 20 3.1.3. Les actions ................................................................................................................. 21

    3.2. Deuxime engagement envers la formation, la communaut des enseignants-chercheurs et des tudiants ..................................................... 23

    3.2.1. Objectif 1 : Rpondre aux enjeux de la massification de l'enseignement suprieur francophone .................................................................. 25

    3.2.2. Objectif 2 : Soutenir l'acquisition de nouvelles comptences (pdagogiques et technologiques) par les enseignants ........................................ 30

    3.2.3. Les actions ................................................................................................................. 32

  • 3.3. Troisime engagement envers la recherche dans le numrique ducatif ........................................................................................................... 34

    3.3.1. Les actions ................................................................................................................. 42 3.4. Quatrime engagement : Consolider son autorit dans le numrique

    ducatif ........................................................................................................... 43 3.4.1. Objectif 1 : tre prsent sur la scne internationale dans

    le domaine du numrique ........................................................................................ 44 3.4.2. Les actions ................................................................................................................. 47

    Conclusion....................................................................................... 49 Remerciements ............................................................................... 51

  • Prface

    Bernard Cerquiglini Recteur de l'Agence universitaire de la Francophonie

    L'environnement de l'Universit se transforme, l'Universit elle-mme volue : l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) repense sa stratgie de manire accompagner ses membres encore plus efficacement.

    Le numrique ducatif , un concept qui dpasse la technologie qui le supporte, ouvre de nouvelles avenues aux universits. Il leur permet de structurer autrement leur action et de faire voluer la pratique des acteurs du systme d'enseignement suprieur.

    Trs tt, l'AUF s'est investie dans le numrique ducatif. On peut aujourdhui mesurer les rsultats de cet engagement travers les formations ouvertes et distance, l'accs l'information scientifique et technique, les services offerts par les Campus numriques fran-cophonesmd et les campus partenaires.

    Les technologies de l'information et de la communication ducatives permettent aujourd'hui chaque universit de transformer les mtiers qui la font vivre, mais aussi de s'ouvrir au monde entier tout en participant de manire plus active l'enrichissement intellectuel mondial. Ainsi l'enseignant-chercheur peut plus aisment rompre son isolement, la recherche en rseau peut s'organiser et mobiliser des chercheurs de diffrents horizons gographiques. Les rseaux thmatiques et scientifiques s'tendent et communiquent, et les savoirs se partagent.

    Dans l'environnement dynamique d'aujourd'hui, l'AUF doit renouveler ses engagements vis--vis de ses membres, des enseignants, des chercheurs, des tudiants, des personnels non enseignants, des

  • 2|Prface

    dirigeants des universits et de leurs composantes. Elle doit aussi affirmer ses ides sur les mutations de la gouvernance des universi-ts et reprer les partenariats dont elle a besoin pour exister et remplir ses missions. C'est pourquoi, avec le soutien de son conseil scientifique, l'Agence a prpar ce livre blanc destin au public universitaire et ses partenaires. Les engagements de l'AUF y pren-nent appui sur les besoins particuliers de chaque catgorie de destinataires, et sur des objectifs stratgiques bass sur des pro-blmatiques courtes, mais denses. Pour chacun de ces objectifs, l'on propose des actions dcisives pour que le numrique ducatif per-mette aux membres de l'AUF de remplir efficacement leurs missions. S'tablit ainsi la partie de la programmation quadriennale consacre au numrique ducatif.

    Je dois souligner que, tout au long de cet exercice, l'Agence a souhai-t que ft prise en compte la diffrence de dveloppement de ses membres. On y a constamment rappel la ncessit de favoriser ou de renforcer entre ces derniers des relations bnfiques pour tous la faveur des technologies de l'ducation et de la communication ducative et ce, tant dans le domaine de la formation et de la re-cherche, que dans ceux de la gouvernance, du rayonnement interna-tional et du dveloppement. Aussi, chacun des membres de l'AUF se reconnatra dans ce livre blanc ; il y trouvera des lments utiles au dploiement complet du numrique ducatif dans la francophonie universitaire.

    Je souhaite remercier chaleureusement les membres du groupe de travail sur le numrique ducatif du conseil scientifique, les experts qui se sont mobiliss tout au long du processus qui a abouti la production de ce livre blanc, et bien sr, les personnels de l'AUF qui s'y sont impliqus.

  • Introduction LAUF sest investie depuis plus de vingt ans dans une ambitieuse politique numrique. Celle-ci sinscrit, lorigine, dans le contexte particulier de la crise quont traverse les universits africaines partir des annes soixante-dix.

    Cette crise multiforme a mobilis toute la communaut universitaire internationale et particulirement francophone, de sminaires en colloques et rencontres nationales et internationales pour essayer de trouver des solutions aux dysfonctionnements constats. Mais comment redonner lespoir et la confiance dans des institutions qui pour certaines avaient moins de dix ans ?

    Devant cette situation, ds la fin des annes quatre-vingt, lAssociation des universits partiellement ou entirement de langue franaise (AUPELF), aujourdhui lAgence universitaire de la Franco-phonie (AUF), sest engage rsolument dans la mise en uvre dun vaste dispositif dappui aux universits de la Francophonie du Sud , avec pour priorit l'Afrique, en installant en leur sein des structures technologiques facilitant laccs aux bases de donnes scientifiques pour les enseignants, les chercheurs et les tudiants de 3e cycle.

    Il faut rappeler que le premier domaine touch par le dysfonction-nement des universits fut celui de la formation dont on doutait de la qualit et de la pertinence. Les universits suscitaient de plus en plus dinterrogations de la part des usagers, des familles, des autori-ts, des experts nationaux et internationaux. Quelle valeur avait lenseignement dispens ? Les diplmes dlivrs avaient-ils une reconnaissance internationale ? Sur le march du travail, lintrieur et lextrieur, que valaient leurs diplms ? Bien que la formation professionnelle ne soit pas la fonction exclusive des universits, celles-ci ne pouvaient se dsintresser, dans ce con-texte, du dbat contemporain sur leur implication dans la socit.

    Dans le mme temps, les universits du Nord, parfois stimules par les politiques nationales, investissaient le champ numrique.

  • 4|Introduction

    Dabord par lacquisition de matriel informatique, puis communi-quant peu peu dans lusage pdagogique de ces matriels. La France lanait son plan Informatique pour tous au milieu des annes quatre-vingt ; le Canada et le Qubec commenaient rendre leurs ordinateurs communicants et les bibliothques offraient leur catalogue sur format lectronique.

    LAUF, consciente des dcalages produits par ces nouvelles techno-logies alors naissantes, sest engage briser lisolement des ensei-gnants et chercheurs en dployant les premires formations ou-vertes et distance (FOAD), en mettant en place les Campus num-riques francophonesmd (CNF). Ces lieux collectifs installs dans les universits afin de favoriser laccs linformation scientifique et technique (IST), et aux FOAD. Peu peu, ces centres sont devenus des lieux de production des savoirs numriss.

    Le campus numrique de Dakar fut inaugur le 23 mai 1991, avec un slogan : 25 mtres carrs, 25 millions de rfrences bibliogra-phiques . Certes, c'tait un slogan, mais ce fut aussi une ralit, largement dpasse depuis.

    Depuis deux dcennies donc, l'AUF considre que le moteur de l'innovation repose pour beaucoup sur les technologies de l'informa-tion et de la communication. Elle en a d'ailleurs fait un des lments de son influence et y consacre des budgets importants. Elle a t suivie par la Francophonie institutionnelle et ses bailleurs qui ont privilgi les campus numriques, reflet de la modernit, toute autre structure de terrain, y compris la culture. Les Campus num-riques francophonesmd ont servi de modle bien des projets et ont t trs souvent cits en exemple. L'Agence compte, en 2013, 44 CNF et 22 CNF partenaires sur tous les continents. Ils ont t au cur de nombreux dbats, notamment celui des contenus. Le dis-cours dominant la fin des annes quatre-vingt-dix tait de se consacrer aux contenus, les infrastructures tant du fait des grandes entreprises prives associes aux tats. L'AUF, tout en intensifiant la production de contenus numriques, prsentait au Sommet de la Francophonie tenu l'le Maurice, les six premiers cdroms scienti-fiques et a continu sa politique de dsenclavement numrique. L'avenir ne l'a pas dmenti, les demandes de Campus numriques francophonesmd et partenaires sont toujours aussi importantes.

    Son capital numrique, lAUF la construit en diffrentes phases.

  • Introduction |5

    Cest ainsi que durant les annes quatre-vingt-dix deux mille, l'AUF se situait dans la phase de la technologie pousse (push). C'tait la technologie qui dictait les usages, la demande pdagogique des enseignants n'tait que trs peu prise en compte. partir des an-nes deux mille, la tendance tait l'inversion tout en restant dans une logique de l'offre. On constatait alors des frictions entre innova-tion incertaine et demande mal dfinie. partir de 2005, au moment du Sommet mondial sur la socit de linformation (SMSI), c'est la demande qui primait l'offre et celle-ci devait tre adapte aux be-soins et ne pas venir se substituer aux capacits existantes. Or, contrairement dautres, les technologies de linformation et de la communication (TIC) impactent toutes les sphres de nos socits, il fallait donc prendre le temps de penser le futur pour mieux lanticiper. Et pour anticiper le futur, il faut prendre en compte les acquis.

    Les acquis de l'AUF sont nombreux. L'Agence a pu les prsenter dans de nombreuses enceintes internationales comme les confrences mondiales sur l'enseignement suprieur de l'UNESCO Paris, le SMSI Tunis, le Sommet mondial sur les innovations pdagogiques, le WISE au Qatar. Elle sest alors positionne face au dferlement dexprimentations multiples.

    De la certification des comptences dans les TIC et dans les techno-logies de linformation et de la communication au service de lducation (TICE), en passant par les formations distance, au nombre desquelles on peut compter plus de 80 diplmes homolo-gus par les tats, un rseau de chercheurs de 600 membres, en sarrtant sur l'Initiative francophone pour la formation distance des matres (IFADEM), mene avec l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) qui sappuie sur une des comptences pre-mires de lUniversit, former des formateurs, lAUF rpond son mandat doprateur et au besoin de son rseau associatif. Elle a galement dcid de concentrer au sein dune structure image unique lensemble des comptences acquises depuis deux dcen-nies. Avec lInstitut de la Francophonie pour lingnierie de la con-naissance et la formation distance (IFIC), install Tunis, l'AUF dispose dsormais dun bras numrique arm qui satisfait sa volont de dconcentration et au maintien de sa comptitivit en renforant son positionnement stratgique.

  • 6|Introduction

    LAUF ne part pas de rien, loin de l. Cest ce capital qui lui permettra daborder sereinement les prochaines annes. Il servira de socle sa future contribution au numrique ducatif.

    Sur la base de ses valeurs et principes, et en parfaite relation avec sa prochaine programmation quadriennale ayant pour thme L'uni-versit, moteur du dveloppement des socits , l'AUF a entrepris en 2012 de capitaliser son exprience et ses acquis, de s'interroger sur les enjeux du numrique ducatif pour l'enseignement suprieur. Aussi, afin de mieux rpondre aux innovations technologiques et pdagogiques qui mergent un peu partout dans le monde de l'en-seignement suprieur, elle a voulu dresser un tat des lieux pour bien en apprhender les enjeux.

    Un ensemble d'acteurs internes et externes a t mobilis cette fin. Le groupe de travail du conseil scientifique de l'Agence qui devait valuer les Campus numriques francophonesmd afin de dgager des perspectives d'volution de ce rseau a vu son mandat largi. En consquence, le groupe, renforc par d'autres experts, a rflchi l'laboration d'une politique du numrique pour l'AUF. Le rsultat de ce travail constitue le prsent ouvrage, prsent So Paulo en mai 2013 lors de la XVIe assemble gnrale de l'AUF. Le processus ayant conduit ce rsultat a t marqu par un symposium prpara-toire dont l'objectif tait de dterminer en quoi les TICE interpellent les diffrents champs de laction de coopration de lAUF et com-ment elles peuvent tre un outil performant dacclration du dve-loppement de lducation des acteurs de la Francophonie universi-taire. Les rflexions ont alors port sur linnovation pdagogique, l'insertion institutionnelle et l'impact de ce nouveau champ sur les systmes ducatifs et la pdagogie.

    Cet ouvrage permet l'AUF de prciser sa politique en matire de numrique ducatif pour les annes 2014 2017. Il comporte trois parties. La premire dcrit les valeurs intrinsques que l'AUF porte et dfend ; la seconde prsente les principes directeurs qui guident l'ensemble des actions et projets mens par l'Agence ; la troisime annonce les engagements que l'AUF entend prendre dans le do-maine du numrique ducatif.

  • 1. Les valeurs LExcellence, la Solidarit et le Dveloppement : les valeurs poursui-vies par lAUF trouvent une expression particulire dans le domaine du numrique ducatif, comme dans le reste de ses orientations.

    Le choix de lExcellence, aborde en tant que valeur, affirme lide quil ne peut y avoir deux classes duniversits. Cette valeur suppose que lexigence qui accompagne le travail scientifique, comme le mouvement plus gnral de la pense, sappuie partout sur les idaux de la connaissance : laffirmation simple quen cette matire, il ne peut y avoir de demi-vrit. On raffirme ainsi les caractris-tiques mmes du travail intellectuel : les exigences de prcision et de validation des connaissances, lchange et la rflexion critique comme conditions de la dcouverte. Transpos lensemble de la mission universitaire, cet idal doit trouver une expression dans la qualit de lenseignement et de la recherche ; elle suppose une certaine rciprocit dans la relation qui lie lUniversit avec sa soci-t de rfrence. Elle se mesure la qualit des changes entre enseignants et tudiants, engags conjointement dans le mtier de connatre, entre chercheurs dans lexigence de la coopration scien-tifique ; dans la correspondance entre lidal universitaire et les attentes de la socit o chaque institution volue ; dans la recon-naissance des paramtres qui fondent lidal universitaire lui-mme, quelle que soit la collectivit de rfrence et daccueil laquelle elle est rattache.

    Mais cette reconnaissance mme exige le soutien mutuel des uni-versits. Cest le sens concret de la valeur de Solidarit (base sur le concept des communs ) qui fonde laction de lAUF et lie les uni-versits dans une mme communaut de destin. Cest le rle de la vie associative de crer et dentretenir cette reconnaissance et den tirer avantage. Mais la solidarit ne se dcrte pas et ne trouve son sens que dans laction. Elle suppose la reconnaissance de toutes les parties prenantes, engages dans le cadre de projets dont chacun tire profit. En toile de fond, sexprime lide dune vritable galit de rapports qui est au fondement de la coopration universitaire. Celle-

  • 8|Les valeurs

    ci transite par la continuit des changes entre enseignants et tudiants et entre chercheurs. Le partage des ides et celui de lexprience scientifique sont les formes contemporaines de la mobilit scientifique.

    Ces idaux dExcellence et de Solidarit ne se suffisent cependant pas eux-mmes. Ils sont attachs des vises plus larges, car le travail exigeant de comprendre le monde o nous vivons est consubstantiel dune autre vise : la ncessit de nous comprendre nous-mmes et de rompre avec lide dune destine impose ou dune forme de fatalit. Cest lidal du Dveloppement des socits. Vivre dans de meilleures conditions individuelles et collectives est ainsi devenu, dans la foule des idaux humanistes, la principale finalit de la connaissance. Mais ce travail est galement un travail collectif, car si lactivit intellectuelle exige parfois de se retirer du mouvement des changes quotidiens, elle ne fait pas lconomie dun constant retour de lUniversit vers sa socit de rfrence. LUniversit est dans ce sens le principal outil de dveloppement des socits contemporaines. Elle est la fois produit et production de la socit, lieu dun dchange entre ce que nous sommes et ce que nous voulons tre. Cest pourquoi le dveloppement des socits constitue la troisime des valeurs dfendues par lAUF. Elle affirme le lien qui unit le monde de la pense et celui de laction.

    Le dploiement de la technologie numrique promeut ces valeurs vers dautres expressions et dautres canaux. Il aura un effet durable et encore imprvisible sur la coopration universitaire. Sur le plan de lExcellence, cette technologie donne un accs nouveau et presque instantan au monde mme de la connaissance, sans considration pour les frontires et les cots matriels jusque-l associs la promotion et la diffusion des savoirs. Elle permet un partage rapide des exigences contemporaines de lactivit scientifique et universitaire, et devient un lieu de comparaison des mthodes pdagogiques, des approches didactiques et des contenus mmes des formations dispenses partout dans le monde. Il en rsulte invitablement une comparaison et un accroissement continu des exigences des apprenants vis--vis de leur institution de rattache-ment. Lavnement des communications numriques suppose ainsi, des enseignants et des institutions, une forme de surenchre dans lexcellence en mme temps quil en fournit les moyens.

  • Les valeurs |9

    Or, parce que le monde numrique constitue le lieu dune nouvelle mise niveau des exigences universitaires, il cre les conditions dune forme plus pousse de coopration entre les institutions. Lespace numrique devient ainsi un nouveau lieu de Solidarit qui rappelle, par extension, les relations qui liaient, lpoque de la Renaissance, les penseurs de la priode. Mais ce mouvement, o lAgence entrevoit les nouvelles conditions de la solidarit universi-taire, peut galement se retourner et devenir la cause dun nouveau dcalage entre les universits, accentu, celui-l, par la fracture numrique. LAUF se trouve ainsi confronte une course contre la montre, dans un contexte o dautres communauts linguistiques uvrent activement. Cest le nouveau dfi de la francophonie uni-versitaire. La grande responsabilit de lAgence est de faire de la mutation numrique un processus porteur de coopration et dgalit et, par extension, de solidarit entre les universits.

    Finalement, le monde numrique reprsente, tout comme le monde universitaire, un vecteur de Dveloppement des socits. Espace dinnovation, il est galement le vhicule dune nouvelle circulation des ides et des avances scientifiques et techniques. Si la premire responsabilit de lUniversit est de sapproprier ces technologies et ces savoirs, cest galement sa responsabilit den partager les possibilits avec lensemble de la socit. Les enseignants sont bien sr les premiers agents de cette appropriation institutionnelle et sociale, mais ce sera de plus en plus, aussi, la responsabilit des tudiants, dont les comptences intgreront les exigences du monde numrique. Ce dveloppement modifiera galement de faon consi-drable le fonctionnement de lUniversit elle-mme et ses modes de gouvernance. LUniversit devient ainsi le lieu dune exprimenta-tion pousse de ces outils dont auront besoin toutes les institutions publiques, quel que soit le pays o elles trouvent leur sige. Le dveloppement de la gouvernance universitaire devient encore ici, mais dans un sens nouveau, la condition du dveloppement des socits.

  • 2. Les principes 2.1. Le partenariat et la coopration De par son statut associatif, lAUF a naturellement inclus la notion de partenariat dans ses modalits de fonctionnement. Ce partenariat se dfinit en premier lieu comme lassociation active des tablisse-ments membres qui, tout en conservant leur autonomie, acceptent de mettre en commun leurs efforts en vue de raliser ensemble un objectif reli un problme ou un besoin clairement identifi dans lequel, en vertu de leurs missions respectives, ils ont un intrt, une responsabilit, une motivation, voire une obligation. Pour citer Lo-pold Sdar Senghor, cest le carrefour du donner et du recevoir .

    Le partenariat s'envisage dans le cadre d'alliances le plus souvent formalises. Lorganisation systmatique du partenariat est la base du fonctionnement en rseau. Ce type de fonctionnement est inscrit dans le code gntique de lAUF et la distingue dune association ordinaire dans le sens o les relations oprationnelles quelle entre-tient avec ses membres sont beaucoup plus troites que le seul cadre juridique qui les lie.

    Louverture aux bailleurs de fonds internationaux a permis lAUF de repenser ses modalits de coopration. La relation multipartite entre lAUF, les nouveaux bailleurs quils soient publics ou privs et les bnficiaires (membres) ont renforc la notion mme de partenariat qui sous-entend pour lAUF que chaque partenaire apporte sa contri-bution aux projets qui en dcouleront.

    LAUF a banni la notion de substitution. Elle est passe du rle de pasteur celui de passeur.

    Ces nouveaux modes daction ne se limitent cependant pas la gouvernance de projet ou de programmes, ils impactent les faons de travailler ensemble. De nouvelles mthodes, de nouveaux outils, simposent aux acteurs. LAUF a retenu trois sous-principes daction : la coproduction, lexprimentation et la co-construction.

  • 12|Les principes

    2.1.1. La coproduction Cest autour dexpriences du terrain, releves par les bureaux rgionaux ou leurs composantes que lon fait merger un besoin ; qu'on cherche les acteurs capables dapporter des solutions inno-vantes. On ne transfre pas une innovation sur un territoire indter-min, cest du territoire, de ses singularits, de ses potentialits qumergent de possibles besoins auxquels on travaille collective-ment apporter des rponses.

    2.1.2. L'exprimentation Dans ses projets de dveloppement des TICE, L'AUF dfend lexprimentation in vivo. Cette mthode prsente des avantages certains, notamment en terme de contrle des paramtres suscep-tibles de biaiser lanalyse des mcanismes tudis. C'est aussi une mthode qui offre l'avantage de favoriser l'valuation de l'impact d'un projet.

    2.1.3. La co-construction La majorit des contenus numriques ou se rapportant au num-rique sont co-construits lors d'ateliers en prsence ou distance. titre d'exemple, les rfrentiels de certification aux TICE offerts par l'AUF ont t produits par des experts de diffrents pays. Il n'y a ainsi aucun risque de dmarche descendante et de manquement au principe de diversit de la Francophonie.

    2.2. L'innovation La connaissance est aujourdhui, dans lopinion publique, source despoir pour rsoudre les grandes questions relatives lavenir des socits humaines et plus prosaquement permettre lindividu un plus grand panouissement dans son environnement social. Les populations y croient. Il est donc important de la valoriser et de lui permettre de sexprimer dans le respect de la diversit linguistique et culturelle.

    Dans le triangle de la connaissance constitu par les relations entre formation, recherche et innovation, les techniques de linformation et la communication sont omniprsentes. Elles contribuent directe-ment lvolution des disciplines scientifiques et sont garantes du

  • Les principes|13

    dveloppement de linterdisciplinarit, voire de la transdisciplinarit, indispensables aujourdhui pour progresser dans la comprhension des grandes interrogations socitales qui concernent lavenir de notre plante. Ainsi, information, communication et mdiation sont la base des relations de plus en plus frquentes entre scientifiques et socit. Rpondre la demande sociale en matire de connais-sances, dialoguer avec les forces conomiques et politiques simpose aujourdhui comme un processus incontournable. Cette implication des scientifiques dans ce dialogue socital renouvel doit nanmoins sinscrire dans une logique permettant de garantir lindpendance de la formation et de la recherche ainsi que lautonomie des communauts scientifiques.

    Dans une socit domine par un flux incessant dinformations, une croissance exponentielle des connaissances, des interactions de plus en plus nombreuses entre citoyens, scientifiques, dcideurs, lUniversit doit se doter doutils de plus en plus performants tout en conservant ce qui la caractrise : son regard critique.

    Cest le rle de linnovation pdagogique de contextualiser les con-naissances et de les rendre attractives tant du point de vue de la mthodologie dacquisition que de leur renouvellement.

    La question se pose de dfinir une stratgie dinnovation dans lacquisition des connaissances que dans les rapports ainsi que les enseignants et les tudiants entretiennent avec les environnements et plus largement les socits dans lesquelles ils agissent.

    Trois grands champs dterminent linnovation pdagogique : les caractristiques techniques des outils, celles plus fonctionnelles de linstitution ou de lorganisation et celles du comportement des individus ayant une activit en situation (Albro, Linard & Robin, 2008). Dans cette dernire catgorie, les individus sont dfinis en tant quacteurs. Nous carterons dans ce propos la vitrine technolo-gique : cest la pdagogie quil faut dabord rinventer en sappuyant sur les possibilits offertes par les technologies, car celles-ci ne sont que des moyens au service des finalits de lenseignement.

    Nous devons prendre en compte la fois les injonctions officielles de la puissance publique et le fonctionnement quotidien de linstitution. La voie officielle, dune part, et la voie officieuse, peut-tre empirique, faite dinnovations individuelles, dautre part. Ces

  • 14|Les principes

    deux voies nobissent pas aux mmes logiques, mais concourent linnovation.

    Nous sparons sans les opposer, linnovation institutionnelle de celle, plus intuitive, des pionniers (mme si aujourd'hui il faut aller au-del des pratiques pionnires). La rforme des cursus universi-taires en Europe par lintroduction du processus de Bologne d'une part ; la formation ouverte et distance et l'usage des TICE d'autre part, illustrent ces deux voies. Chacun des exemples permet de prendre en compte deux des lments de transformation de lUniversit au dbut du XXIe sicle.

    Tout en appuyant les grandes rformes universitaires, lAUF souhaite reprer, analyser, accompagner, valoriser les initiatives individuelles. Ainsi, elle permet de favoriser les innovations en cours et den susci-ter de nouvelles. Pour cela, elle sest dote de diffrents outils qui seront explors plus loin. Au titre de ces outils, on peut citer lInstitut de la Francophonie pour lingnierie de la connaissance et la forma-tion distance (IFIC) et le rseau, toujours plus dense, des Campus numriques francophonesmd.

    Un terrain dexprimentation, l'IFIC

    L'AUF renforce le soutien la cration des savoirs en organisant un espace dinnovation favorisant le dveloppement et la modernisation des systmes ducatifs dans les pays de la Francophonie. Cest travers cette politique dinnovation quelle pense pouvoir renforcer le rle de lenseignement suprieur dans latteinte des objectifs du millnaire par le numrique.

    Sa rflexion la amene en 2012 crer lInstitut de la Francophonie pour lingnierie de la connaissance et la formation distance (IFIC) ; il rpond aux enjeux de la fracture cognitive dfinie par le Sommet mondial de la socit de linformation (SMSI) Tunis en 2005 qui additionne les effets des diffrentes fractures obser-ves dans les principaux champs constitutifs du savoir tout en respectant la diversit culturelle et linguistique des populations cibles.

    LIFIC, dont la vocation est interrgionale, fonctionne sur un mode distribu, avec des relais rgionaux dont un en Europe luniversit de Cergy-Pontoise. Cette implanta-tion montre que lAUF qui est trs investie dans les cooprations pour le dveloppe-ment du Sud sest galement engage appuyer les tablissements du Nord.

    LIFIC bas Tunis, structure innovante charge daccompagner les universits membres sur la voie du numrique, a programm ses actions selon trois axes : les services, le conseil et lexpertise, la formation et la sensibilisation, la recherche et la veille.

  • Les principes|15

    Un de ses grands chantiers aujourdhui est dessayer de rpondre au problme de la massification de lenseignement. Les technologies associes linnovation pdago-gique devraient permettre de traiter de grands volumes dapprenants, notamment travers les cours en ligne ouverts tous (MOOC).

    2.3. Linterdisciplinarit Lautre point important de lengagement de lAUF est linterdiscipli-narit.

    Compte tenu de la complexit croissante des problmes qui mer-gent dans les socits daujourdhui, lAUF considre que, dans le domaine des TICE, comme dans dautres, aucune science ne prime sur une autre. LAUF souhaite soutenir des processus dans lesquels est dveloppe une capacit danalyse et de synthse partir de plusieurs disciplines.

    Son objectif est de traiter les problmatiques du numrique ducatif dans leur ensemble, en identifiant et en intgrant toutes les rela-tions entre les lments impliqus. Il sagit de replacer le numrique ducatif dans un cadre systmique large. Tout en respectant la fcondit des disciplines, l'AUF sengage mobiliser des laboratoires et des quipes de recherche de diffrentes disciplines pour les faire travailler sur un nouvel objet commun. En crant le rseau Res@tice qui a t fort de 600 membres reprsentant une vingtaine de disci-plines, lAUF prfigurait son projet de mise en rseau de la recherche dans les TICE ; il sera abord plus loin.

  • 3. Les engagements de l'AUF

    3.1. Premier engagement envers la gouvernance des universits, moteur du dveloppement des socits

    L'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) dfinit sa stratgie pour l'ensemble de ses membres, du Nord comme du Sud. Sa mis-sion est dappuyer le renforcement des tablissements pris indivi-duellement, mais aussi, grce aux technologies de l'information et de la communication pour l'ducation (TICE) et aux outils num-riques, de construire un espace commun dans lequel, il est possible de partager des ressources humaines ducatives, des techniques et des pratiques de gouvernance.

    Les technologies numriques permettent aux tablissements membres de lAUF de senrichir mutuellement. Elles doivent tre utilises pour les aider rsoudre individuellement, mais aussi collectivement les problmes auxquels ils font face. Cependant, au sein du rseau universitaire francophone, on constate des disparits importantes de politiques en matire de TICE. Ces dernires sont trop peu souvent dfinies. L'isolement des universits du Sud se caractrise par une faible ouverture sur l'international de leurs formations, lie en partie l'absence de stratgies et l'insuffisance des structures de relais sur le terrain, mais aussi parfois un certain dsintrt pour la coopration interuniversitaire francophone. Il faut galement rappeler les problmes persistants de faible accs Internet et le cot trop lev des connexions. Plus un pays est pauvre, plus son internet est cher.

    Dans beaucoup dtablissements, il est urgent d'implanter ou de faire voluer les systmes d'information et de gestion informatiss : gestion des curriculums, des tudiants, des parcours, des finances, des infrastructures, etc. ces difficults sajoutent le faible niveau

  • 18|Les engagements de lAUF

    des recherches en matire de TICE et le peu de valorisation de l'outil technologique au service de la recherche et de la formation. Des progrs importants ont t raliss dans ce domaine, mais dans ce qui a t expriment, avec ou sans l'aide de l'AUF, on a constat des impacts limits aussi bien en ce qui concerne le nombre d'insti-tutions engages, la dure des projets, que de leur porte interna-tionale. Il est ncessaire d'aider les universits densifier l'usage de la technologie, notamment pour faire face la massification de laccs au Suprieur et la raret de la ressource enseignante. Trs peu dtablissements du Sud se sont dots d'un projet stratgique incluant les TICE, sont en contrat avec une tutelle (un tat ou une rgion).

    Pour renforcer les expriences et les acquis des universits dans le numrique, pour les aider rsoudre les problmes auxquels elles sont confrontes, l'Agence universitaire de la Francophonie poursui-vra deux objectifs majeurs :

    3.1.1. Objectif 1 : Accompagner la dfinition et la mise en uvre d'une politique du numrique des tablissements en direction des usagers et des partenaires de luniversit

    L'universit volue sans cesse pour rpondre aux besoins de la socit, mais a du mal suivre le rythme des innovations technolo-giques. Il lui faut pourtant sadapter en permanence pour rpondre aux besoins de lensemble des composantes qui la caractrise : les individus (tudiants, enseignants, chercheurs, personnels adminis-tratifs et techniques), les structures dtablissements (facults, units de formation et de recherche, coles), les structures de re-cherche (laboratoires, coles doctorales), les services administratifs et acadmiques (scolarit, cellules TICE, formations continues, communication, centres de documentation). Le numrique doit irriguer l'ensemble de l'universit et lui permettre de remplir ses missions. Pour acclrer la dynamique dintgration des technolo-gies, lAUF devra accompagner les universits dans l'laboration et la mise en uvre de leurs politiques du numrique par la mobilisation de l'expertise internationale francophone.

    Il faut maintenant dpasser le cadre, ncessaire, de lexpri-mentation par de petites quipes pour soutenir l'intgration de la composante numrique dans le projet stratgique d'tablissement.

  • Les engagements de lAUF|19

    Lun des rsultats attendus de la mise en uvre dune politique du numrique sera le renforcement des capacits des universits concevoir des contenus d'enseignement, les mettre en ligne, et les doter de dispositifs dvaluation dans loptique dune diplmation ou dune certification.

    LAUF entend contribuer aux changes d'expriences sur les forma-tions la pdagogie universitaire et sur les usages de la technologie dans l'enseignement et la recherche entre tablissements du Sud et du Nord. Elle appuiera la mise en place d'environnements num-riques de travail, d'outils de travail collaboratif et la cration de dispositifs de formation distance.

    Se fondant sur le partage dexpriences et laccs linnovation, lAUF travaillera rendre accessibles ses membres les modles pdagogiques et les technologies rcentes leur permettant deffectuer des sauts qualitatifs importants, de faire face aux pro-blmes lis la massification des effectifs et l'accs des res-sources pdagogiques en format numrique. Il s'agit par exemple de la promotion de l'apprentissage hybride, de l'usage des rseaux sociaux, de la protection des donnes personnelles, de la mise en place de plateformes distance, de l'usage pdagogique des objets nomades ou des outils de lutte contre le plagiat, tout cela devant contribuer au renforcement des dispositifs de formation et une meilleure communication entre les universits. Celles du Sud parta-geraient leurs expriences et expertises dans la gestion et lenseignement dans un environnement de trs grands effectifs surtout dans les premires annes, alors que celles du Nord met-traient en partage leur trs grande expertise dans les usages pda-gogiques et managriaux du numrique.

    LAUF a bien conscience que lune des conditions de la russite, au Nord comme au Sud, est de susciter dans les universits et les instances acadmiques rgionales, une meilleure valorisation de l'investissement des enseignants-chercheurs dans les FOAD et les TICE. Cela permettra plus facilement de mobiliser le potentiel univer-sitaire francophone pour appuyer les structures de rgulation des questions universitaires l'chelle des pays et des rgions.

    Pour accompagner les membres de l'AUF qui le souhaitent d-ployer leurs offres de formation et de services numriques l'chelle de la francophonie universitaire, il est ncessaire de renforcer les

  • 20|Les engagements de lAUF

    infrastructures. Les dispositifs et les ressources humaines qui sur le terrain permettront un tel dploiement, comme les Campus num-riques francophonesmd et les cellules TICE des universits, les forma-tions et certifications permettant de spcialiser les enseignants en FOAD et TICE.

    Ce dploiement devra saccompagner dun soutien pour la mise en place de systmes d'information et de gestion efficaces, dans le cadre de la mise en uvre du LMD. Lexprience des tablissements du Nord sera ici prcieuse pour ceux du Sud. Mutualiser les acquis est un impratif de la coopration interuniversitaire francophone.

    Cest la qualit de la formation offerte aux tudiants qui doit nous guider. On le constate dans les rsultats des diplmes en termes demployabilit ; cette dernire est meilleure quand les tudiants peuvent se prvaloir dune matrise des technologies.

    Pour mettre en uvre ces actions, lAUF entend acclrer la moder-nisation et ladaptation de ses propres programmes et infrastruc-tures aux besoins de ses tablissements membres. Il sagira no-tamment de poursuivre la rorientation des Campus numriques francophonesmd pour mieux les prparer relayer l'action de l'Agence ; de concevoir de nouveaux ateliers de formation de type Transfer et de poursuivre ceux qui correspondent aux proccupa-tions actuelles ; de concevoir et doffrir de nouveaux programmes de formation et de certification aux TICE et la FOAD ; de relancer les rseaux de scientifiques dans les domaines des TICE travers un appui aux quipes et laboratoires de recherche.

    3.1.2. Objectif 2 : Plaider pour l'investissement des pouvoirs publics

    D'une manire gnrale, ce sont les tats qui donnent les grandes orientations politiques en matire d'enseignement suprieur dans lesquelles s'inscrivent les tablissements publics et privs. Les gouvernements procurent aux tablissements publics la plus grande part de leurs ressources financires ; ils sont les mieux mme de faciliter au niveau national et rgional la construction d'un espace universitaire commun.

    La communaut universitaire attend des tats, des dcisions fortes, porteuses d'avenir pour une plus grande intgration des TICE dans les universits. Ces dcisions concernent aussi bien les rformes

  • Les engagements de lAUF|21

    curriculaires, l'accs Internet et aux rseaux de tlcommunica-tion, la mobilit des tudiants et des enseignants, l'acquisition de matriels, les statuts des enseignants-chercheurs, que le finance-ment des infrastructures et quipements lis aux TICE.

    Il s'agit de mobiliser principalement les ministres en charge de l'Enseignement suprieur, de l'conomie et des Finances, et de la Fonction publique, dans diffrents pays, pour leur faire prendre conscience du potentiel des TICE. Sur ce plan, les instances sous-rgionales et multilatrales dans lesquelles sigent les membres des gouvernements en charge de l'enseignement suprieur seront en-courages complter les efforts qui sont faits au niveau national. LAUF devra organiser des formations spcifiques pour les dcideurs afin de leur faire prendre conscience du potentiel des TICE et de la FOAD. Il est galement important d'aider les universits membres mieux travailler avec les collectivits territoriales dcentralises et le secteur priv des affaires.

    En priorit, et en concertation avec les autres partenaires, l'AUF uvrera pour faire aboutir dans les instances politiques rgionales et internationales, des propositions dactivits en faveur de davan-tage de numrique dans les universits. Cette action trouve son fondement dans la politique associative de l'Agence qui s'appuiera en particulier sur les confrences rgionales des prsidents, recteurs et directeurs des institutions membres.

    Pour mettre en uvre ces actions, lAUF devra aider ses universits membres participer activement aux rencontres nationales, rgio-nales et internationales sur le numrique ducatif. LAUF sattachera, conformment sa mission renforcer les changes et la communication avec les universits sur le numrique ducatif, tout en communiquant plus systmatiquement sur les innovations.

    En rsum, destination de ses tablissements membres, l'AUF entend mettre en uvre douze principales actions.

    3.1.3. Les actions 1. Accompagner les universits dans l'laboration et la mise en

    uvre de leurs politiques du numrique par la mobilisation de l'expertise internationale francophone.

  • 22|Les engagements de lAUF

    2. Soutenir l'intgration de la composante numrique dans le projet stratgique d'tablissement.

    3. Contribuer aux changes d'expriences sur les formations la pdagogie universitaire et sur les usages de la technologie dans l'enseignement et la recherche entre tablissements du Sud et du Nord.

    4. Susciter dans les universits et les instances acadmiques rgionales, une meilleure valorisation de l'investissement des enseignants-chercheurs dans les FOAD et les TICE.

    5. Accompagner les universits membres de l'AUF qui le sou-haitent dployer leurs offres de formation et de services numriques l'chelle de la francophonie universitaire.

    6. Mutualiser les acquis comme un impratif de la coopration interuniversitaire francophone.

    7. Acclrer la modernisation et ladaptation de ses propres programmes et infrastructures aux besoins de ses tablis-sements membres.

    8. Mobiliser principalement les ministres en charge de l'ensei-gnement suprieur, de l'conomie et des finances et de la fonction publique dans diffrents pays pour leur faire pren-dre conscience du potentiel des TICE.

    9. Organiser des formations spcifiques pour les dcideurs et leur faire prendre conscience du potentiel des TICE et de la FOAD ;

    10. Aider les universits membres mieux travailler avec les col-lectivits territoriales dcentralises et le secteur priv des affaires.

    11. Aider les universits membres participer activement aux rencontres nationales, rgionales et internationales sur le numrique ducatif.

    12. Renforcer les changes et la communication avec les uni-versits sur le numrique ducatif, tout en communiquant plus systmatiquement sur les innovations.

  • Les engagements de lAUF|23

    3.2. Deuxime engagement envers la formation, la communaut des enseignants-chercheurs et des tudiants

    Les taux daccs lUniversit progressent dans le monde entier, mais cest en Afrique que la scolarisation dans lenseignement suprieur sest dveloppe le plus rapidement ces quarante der-nires annes1. Alors que les effectifs du suprieur slevaient moins de 200 000 tudiants dans cette rgion en 1970, ce chiffre a t multipli par plus de 20 pour atteindre plus de 4,5 millions dinscrits en 2008. Le taux brut de scolarisation (TBS) dans lenseignement suprieur africain a augment en moyenne de 8,6 % chaque anne entre 1970 et 2008 (avec une pointe 10 % entre 2000 et 2005), tandis que la moyenne mondiale na t que de 4,6 % pour la mme priode.

    Cette progression nefface pas les importantes disparits avec les pays industrialiss. Seuls 6 % dune classe dge accdait lenseignement suprieur en 2008 en Afrique, compare la moyenne mondiale de 26 % ; moyenne qui dpasse les 50 % dans les pays les plus riches. Mais l encore, ces 6 % cachent de grandes disparits. La situation en Afrique francophone est toujours inqui-tante. Si au Cameroun le TBS du suprieur est de 9 %, de 8,4 % en Cte dIvoire et de 8 % au Sngal, il natteint que 3,6 % Madagas-car, 3,4 % au Burkina Faso, 2,7 % au Burundi, 2 % au Tchad, 1,4 % au Niger.

    Des problmes spcifiques sont noter. Si les tudiantes dpassent dsormais en nombre les tudiants dans la plupart des pays indus-trialiss, cest loin dtre le cas en Afrique o pour 100 jeunes hommes scolariss on ne compte que 66 jeunes femmes. Par ail-leurs, de nombreux tudiants vont ltranger pour poursuivre leurs tudes suprieures. En 2008, environ 223 000 tudiants provenant dAfrique subsaharienne taient scolariss dans des tablissements denseignement suprieur situs hors de leur pays dorigine, les 2/3 en Amrique du Nord et en Europe. Ils sont nombreux y rester lissue de leurs tudes. En 2011, en France, les tudiants trangers reprsentaient un inscrit sur huit, en augmentation de plus de 50 %

    1. Sources : Association pour le dveloppement de lducation en Afrique, Banque

    mondiale, UNESCO, ministre franais de lEnseignement suprieur.

  • 24|Les engagements de lAUF

    depuis 2001. Cette proportion augmente fortement avec le cursus : ils reprsentent 11,3 % des inscriptions en licence, 18,6 % en mas-ter et 41,3 % en doctorat. la rentre 2011, prs dun tudiant tranger sur deux tait issu du continent africain : 24 % dentre eux viennent du Maghreb et 20 % du reste de lAfrique.

    Dans les pays en dveloppement, la pression sociale pour accder l'enseignement suprieur place les systmes ducatifs sous tension. Malgr dimportants progrs, les statistiques se traduisent par une carence dencadrement pdagogique, des problmes de finance-ment, des amphithtres surpeupls, des grves rcurrentes, un sous-quipement informatique, une faible intgration des technolo-gies ducatives, une place insuffisante de la recherche.

    En revanche, cest en Afrique que lon parle de plus en plus le fran-ais. Le franais est la neuvime langue parle au monde avec 220 millions de locuteurs (qui savent le lire et lcrire) et la deu-xime langue enseigne avec 116 millions de personnes qui l'ap-prennent. Le franais se dveloppe en Afrique principalement, stagne en Amrique du Nord et dcline en Europe. Dans ses projec-tions, l'Organisation internationale de la Francophonie anticipe que l'Afrique, o vivent dj la moiti des francophones du monde, regroupera, en 2050, environ 85 % des 715 millions de personnes parler franais.

    Cest donc une Afrique de paradoxe, zone de plus forte francophonie et de dynamisme dmographique, mais aussi de moindre dvelop-pement, de moindre structuration de loffre de formation et dusage des TICE.

    Cette vitalit amnera en masse la jeunesse aux portes des universi-ts. Au Nord comme au Sud, lenseignement suprieur joue un rle essentiel dans le dveloppement des socits, cre de nouvelles connaissances, dveloppe linnovation, forme les tudiants qui deviendront agronomes, mdecins, enseignants, ingnieurs Au Sud, lUniversit contribue ainsi fortement la ralisation des objec-tifs du millnaire pour le dveloppement. Ce rle ne lui est plus contest : aprs une priode de dsintrt, tous les grands finan-ceurs internationaux investissent dans le systme universitaire.

    Dans la double dynamique dcrite ci-dessus, daccs au suprieur et daugmentation des jeunes locuteurs francophones, le numrique

  • Les engagements de lAUF|25

    ducatif a un important rle jouer. LAgence universitaire de la francophonie se fixe dans ce domaine deux objectifs :

    1. Rpondre aux enjeux de la massification de l'enseignement suprieur francophone ;

    2. Soutenir l'acquisition de nouvelles comptences (pdago-giques et technologiques) par les enseignants.

    Ces objectifs ne concernent pas que les tablissements du Sud, mme si, solidarit oblige, une attention toute particulire doit leur tre consacre. Cest lune des principales missions de lAUF : orga-niser travers les technologies du numrique la mise en rseau des universits francophones, insrer les tablissements denseigne-ment suprieur et de recherche dans les rseaux numriques de la socit de la connaissance, leur permettre de se construire un patrimoine digital, prparer les tudiants linsertion professionnelle dans une socit en rseau.

    Le dfi est grand. Sur le site qui mesure la prsence et l'impact des universits sur Internet, il ny a aucun tablissement francophone dans les 100 premiers. La premire universit francophone qub-coise apparat au 127e rang mondial, la premire belge au 186e, la premire franaise au 264e, la premire du Maghreb au 2 168e, la premire dAfrique subsaharienne de langue franaise au 2 408e. Ce classement, comme tous ceux du genre, peut tre discut, mais il nous alerte tout de mme sur le dficit de reprsentation internatio-nale de la Francophonie.

    3.2.1. Objectif 1 : Rpondre aux enjeux de la massification de l'enseignement suprieur francophone

    La formation ouverte et distance (FOAD) est un vecteur important daccs lenseignement suprieur pour un public qui ne peut y avoir autrement accs, notamment les salaris ou les personnes qui ne peuvent pour diffrentes raisons sloigner de chez elles. LAUF le constate travers ses appels candidatures pour les licences et masters entirement distance quelle soutient. Chaque anne, 10 000 12 000 personnes dposent une demande dinscription lun des diplmes proposs. Loffre des universits du Sud y est devenue aussi importante que celles du Nord, ce qui tmoigne de la cration dune dynamique. Pour lentretenir et lamplifier, lAUF continuera ses efforts pour appuyer les universits du Sud crer

  • 26|Les engagements de lAUF

    des diplmes en ligne et pour attribuer des allocations dtudes distance aux apprenants les plus mritants. Cest dans les dernires annes du cursus universitaire que le risque de dpart de ltudiant vers un pays tranger est le plus grand. La formation distance sdentarise les talents et contribue lutter contre la fuite des cer-veaux. Pour appuyer les tablissements qui en ont le plus besoin, la cration de consortiums duniversits pour favoriser la reconnais-sance internationale des diplmes sur la base de convention-cadre sera soutenue.

    Si lanimation pdagogique de ces diplmes se droule distance, les examens vrifiant lacquisition des connaissances et des comp-tences continuent dtre organiss classiquement, sous surveillance. Les Campus numriques francophonesmd de lAUF continueront de garantir l'intgrit des examens et des certifications distance. Cependant, les demandes de soutien et de partenariat sont de plus en plus fortes de la part de nos universits membres et de nos partenaires scientifiques, techniques et financiers. Le nombre dtudiants concerns progresse de faon significative chaque anne. Aussi, les CNF mettront-ils en place les partenariats nces-saires avec les tablissements qui les hbergent pour faire face la monte en puissance des dispositifs de formation et de certification distance.

    Faciliter linnovation et les exprimentations Pour lAUF, il est essentiel de favoriser lexprimentation des techno-logies en ducation et linnovation pdagogique. Ces exprimenta-tions deviennent plus faciles mettre en uvre en raison de laugmentation sensible du taux dquipement collectif et individuel en informatique et grce la baisse constante des prix des con-nexions Internet. Les CNF jouent un rle important de sensibilisation, de formation, daccueil et de relais des partenariats entre tablisse-ments du Nord et du Sud et entre universits du Sud. Cependant, les tablissements, pour progresser rapidement, ont un vital besoin de dvelopper leurs propres infrastructures dingnierie de formation. LAUF sattachera apporter de lexpertise pour le dveloppement de cellules TICE dans les universits. Il sagit ainsi pour lAUF de favoriser lintgration des TICE dans une stratgie globale dtablissement, de ne pas dconnecter linnovation des pratiques

  • Les engagements de lAUF|27

    personnelles des enseignants. Il sagit aussi de donner aux tablis-sements la capacit de former massivement les formateurs.

    Pour amplifier le mouvement et rpondre efficacement la de-mande de massification, il faut galement tester de nouvelles moda-lits pdagogiques et de nouvelles voies technologiques. Pour rus-sir lintgration des TICE dans les systmes ducatifs, pour amliorer la qualit de lenseignement dispens, la recherche nous montre que cest toujours lintention pdagogique qui doit primer la techno-logie. La technologie doit tre au service de la mise en uvre de dispositifs pdagogiques centrs sur lapprentissage, les besoins des tudiants et le dveloppement professionnel des enseignants. Pour cela, il nexiste pas de recettes, il faut exprimenter.

    LAUF favorisera lexploration de nouvelles modalits dorganisation des formations distance et notamment des cours en ligne ouverts tous (MOOC) dont le rcent dveloppement peut tre utilis pour amliorer laccs lenseignement suprieur. Cette nouvelle modali-t de formation permet potentiellement linscription simultane de dizaines de milliers dapprenants un cours propos par un profes-seur.

    C'est du moins ce qui apparat dans les exprimentations des grandes universits amricaines runies en consortium. Cependant, l'AUF, si elle souhaite exprimenter ces nouvelles formes de diffusion massive des savoirs, n'y voit pas la solution idale au besoin de formation suprieure des pays de la francophonie. Elle souhaite dans un premier temps ouvrir un public large les formations ou-vertes et distance qu'elle soutient, et, ce dans un souci de dmo-cratisation de l'enseignement suprieur. C'est partir de quelques exprimentations que l'AUF aura la capacit d'analyser les perfor-mances de ce type de formation et d'en tirer les leons qui s'impose-ront. C'est aussi grce aux ressources ducatives dtenues par les universits francophones membres que se feront ces exprimenta-tions de cours en ligne ouverts tous (MOOC) et en franais. Il ne sagit pas de sacrifier des phnomnes de mode, mais plutt d'accompagner les rponses la massification de lenseignement suprieur par une dmarche qualit.

    Cette incursion dans ces innovations rcentes n'empchera pas l'AUF de continuer son appui aux formations ouvertes et distance.

  • 28|Les engagements de lAUF

    La recherche nous montre galement que les tudiants qui suivent des parcours classiques de formation lUniversit sont de plus en plus demandeurs de distance , dintgration de ressources pda-gogiques sous format numrique au sein des cursus traditionnels ; paralllement, les apprenants distance sont demandeurs de prsence et de regroupements. Un phnomne de double hybri-dation semble stre impos. Les universits dveloppent une offre de formation partir de mmes diplmes dlivrs la fois en pr-sence et distance pour toucher un public de plus en plus large ; les diplmes classiques intgrent une partie dusage des TICE pour satisfaire la demande dautonomie des tudiants et mieux corres-pondre leurs comportements sociaux. Lobjectif est de mettre en uvre une combinaison de diffrents dispositifs de formation sappuyant sur les technologies numriques pour amliorer les modes classiques de transmission des connaissances et sadresser diffrentes catgories dtudiants. Au sein des universits franco-phones, il faut donc continuer de multiplier les exprimentations pour crer des enseignements combinant plusieurs modalits pda-gogiques (prsence, distance, modularit, temporalit) et apporter une expertise pour aider les institutions reconnatre ce type de parcours de formation.

    LIFIC et lIFGU2 devront organiser conjointement des ateliers et sminaires destins aux dcideurs sur les enjeux et modalits de lenseignement en ligne. La sensibilisation des politiques, des hi-rarchies scientifiques et administratives des universits est un lment indispensable si lon veut dpasser le stade des pionniers et de linnovation ponctuelle pour aller vers la dfinition de relles stratgies pour rpondre la massification de lenseignement sup-rieur.

    Au titre des nouvelles modalits technologiques, on constate que l'utilisation de l'audiovisuel, qui na jamais russi simposer dans les classes, fait un retour intressant sous la forme de vidos num-riques. Le cours film est une composante essentielle des FOAD et des cours en ligne ouverts tous (MOOC). On observe aussi le web-documentaire et plus simplement la diffusion en diffr de certains

    2. IFGU : Institut de la Francophonie pour la gouvernance universitaire. Site Internet

    de lIFGU : http://www.ifgu.auf.org. Site Internet de lIFIC : http://www.ific.auf.org.

  • Les engagements de lAUF|29

    cours quand les amphithtres ne peuvent accueillir la masse des tudiants en premier cycle. LAUF reconfigurera son projet de Tl-vision numrique des savoirs pour dvelopper lusage de la vido en tant quaide la diffusion de cours.

    Sadapter aux outils la disposition des tudiants et leurs comportements sociaux Les tudiants, quils soient du Nord ou du Sud, ont pris lhabitude de se connecter Internet pour consulter des ressources pdago-giques. Le cours magistral de lenseignant nest plus llment central de la transmission des connaissances. La difficult principale pour les tudiants est de se reprer dans la masse des informations disponibles ; des boussoles sont ncessaires, mais laccs libre la science est un mouvement de fond dans le monde universitaire. LAUF entend dvelopper son site Savoirs en partage3 pour crer un portail multidisciplinaire daccs aux ressources ducatives libres (REL) francophones. Elle le fera en partenariat avec les principaux producteurs de ressources universitaires. LAUF a dj conclu des accords avec Wikimdia France et lInstitut franais pour dvelopper lencyclopdie libre en Afrique, travers linitiative Afripedia4 ; elle fera en sorte de soutenir la production de ressources pdagogiques accessibles par les tudiants. Les cellules TICE des universits ont un rle majeur assumer pour dvelopper un patrimoine numrique au sein des tablissements francophones. Il sagit aussi de rpondre lvolution rapide des connaissances et leur complexit crois-sante. Dans certaines disciplines, la veille et l'innovation sont fon-damentales puisque 50 % des connaissances ont moins de cinq ans. L'enseignant est donc en perptuel recyclage. Les tudiants le savent et vont sur Internet pour le vrifier.

    Sil est ncessaire de favoriser les possibilits daccs aux res-sources ducatives pour les tudiants, il faut aussi tenir compte de leurs pratiques sociales et galement multiplier les modalits daccs ces mmes ressources. Il est aussi question de rpondre au nombre croissant d'tudiants, ce qui appelle entre aussi la diver-sification-spcialisation de l'enseignement qui ncessite le recours des enseignants et des enseignements de plus en plus pointus, d'o

    3. Site Internet : http://www.savoirsenpartage.auf.org. 4. Site Internet : http://www.wikimedia.fr/afripedia.

  • 30|Les engagements de lAUF

    l'intrt des cours en ligne permettant une hybridation entre enseignants du Nord et du Sud. La recherche lobserve : en FOAD, les apprenants ont parfois tendance schapper du cadre strict des plateformes denseignement distance pour se retrouver sur les rseaux et mdias sociaux et ainsi changer, communiquer, cons-truire entre eux des connaissances. Il est ncessaire de tenir compte de ces nouvelles pratiques qui ont des rpercussions sur les modali-ts dapprentissage. LAUF suscitera des exprimentations pour intgrer au sein de dispositifs de formation distance la diffusion des supports pdagogiques sur les rseaux et mdias sociaux. Il faut galement tenir compte de la diversification-spcialisation de l'en-seignement qui ncessite le recours des enseignants et des ensei-gnements de plus en plus pointus, d'o l'intrt des supports en ligne permettant une hybridation entre cours du Nord et du Sud.

    De la mme manire, il faut tenir compte de la mobilit de plus en plus grande des tudiants et des outils leur disposition pour se connecter Internet. Si l'on peut parler de rvolution numrique, elle sillustre notamment dans la multiplication des usages et des ser-vices partir des tlphones intelligents et des tablettes. Le dve-loppement nest bien entendu pas le mme entre pays industrialiss et pays en mergence, mais on constate une vague de fond. L'Afrique est le march le plus dynamique au monde pour la tl-phonie mobile et sa couverture par la fibre optique sacclre. Il y avait 16 millions dabonns sur le continent africain la tlphonie mobile en 2000, 246 millions en 2008, prs de 800 millions en 2013. Cette possibilit de nomadisme, daccs au savoir hors des murs de lUniversit oblige les institutions denseignement suprieur mieux rpondre aux attentes de la jeunesse, native du numrique, en lui offrant des dispositifs de formation adapts leurs compor-tements sociaux. Les dispositifs de formation distance promus par lAUF doivent en tenir compte et permettre laccs aux ressources pdagogiques pour les tudiants sur multisupports.

    3.2.2. Objectif 2 : Soutenir l'acquisition de nouvelles comptences (pdagogiques et technologiques) par les enseignants

    Le dveloppement de nouvelles modalits pdagogiques sappuyant sur le numrique peut se trouver frein pour de multiples raisons. Le faible accs aux moyens informatiques et aux connexions Internet en est une, encore importante dans les universits du Sud. Mais un

  • Les engagements de lAUF|31

    autre obstacle majeur est le sentiment dimpuissance de beaucoup denseignants vis--vis des nouvelles technologies. Ce sentiment est ambivalent ; il se double souvent dune grande envie dacqurir les savoir-faire ncessaires lintgration des TIC dans leurs enseigne-ments. LAUF entend recommander que tout nouvel enseignant arrivant en poste matrise les concepts de base de la pdagogie universitaire et des mthodes et techniques de lenseignement numrique.

    Le dveloppement de loffre de formations ouvertes et distance de lAUF sest accompagn dun fort investissement dans la formation des enseignants. Il est en effet ncessaire de professionnaliser les enseignants pour dvelopper leurs habilets pdagogiques et tech-nologiques si lon veut russir lintgration des TICE et de la FOAD dans lUniversit. LAUF a dj mis en uvre leur intention une double possibilit de se former. Ils disposent tout d'abord du pro-gramme Transfer et plus particulirement de sa composante de technologies ducatives. Sur la base dateliers de cinq jours de formation, les enseignants acquirent de nouvelles comptences pour mettre en ligne un cours, le scnariser, organiser un tutorat. Plusieurs centaines de pdagogues chaque anne sont ainsi pro-gressivement formes la FOAD et aux TICE. Sur la base de cette exprience, en sappuyant sur ses Campus numriques franco-phonesmd, sur lIFIC et sur les cellules TICE des tablissements, lAUF va mettre disposition des tablissements et des enseignants des kits de formation pour faciliter lacquisition de nouvelles comp-tences professionnelles dans lusage pdagogique des technologies ducatives et apporter une expertise pour actualiser et scnariser les cours pour une utilisation en ligne.

    LAUF a galement suscit la cration de diplmes distance de niveau master pour spcialiser les enseignants dans lingnierie de formation et les technologies ducatives. Les inscrits ces cursus proviennent de toutes les disciplines scientifiques, ils ne recherchent pas un diplme, mais une expertise complmentaire ncessaire lexercice renouvel de leur mtier. LAUF sengage poursuivre le soutien aux diplmes de niveau master et doctorat destins aux enseignants souhaitant se spcialiser dans les TICE et la FOAD.

    Face aux besoins, il est cependant ncessaire dsormais de changer dchelle. LAUF doit mettre en uvre des certifications courtes aux

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    TICE, de diffrents niveaux, sinscrivant dans une dmarche de professionnalisation permanente. Les dispositifs crer doivent permettre de former plusieurs milliers denseignants chaque anne. Les universitaires sont prioritaires dans la dmarche de lAUF, mais il ne faut pas oublier que la formation de tous les enseignants est de la mission de lUniversit. Aussi ces nouveaux programmes de for-mation doivent-ils pouvoir concerner les professeurs des secteurs de la formation professionnelle, du secondaire, voire du primaire. Le succs de lInitiative francophone pour la formation distance des matres5 (IFADEM) a t rendu possible en sappuyant sur les acquis de la recherche en FOAD et en mobilisant les enseignants cher-cheurs du Sud comme du Nord des rseaux de lAUF. IFADEM est l pour montrer que lUniversit est un acteur incontournable pour la ralisation des Objectifs du millnaire pour le dveloppement.

    Face au dfi de la massification et de l'mergence des nouveaux mtiers de l'enseignement, l'AUF entend mettre en uvre 21 ac-tions.

    3.2.3. Les actions 1. Aider les universits du Sud crer des diplmes en ligne.

    2. Soutenir la cration de consortiums duniversits pour favo-riser la reconnaissance internationale des diplmes, sur la base de conventions-cadre.

    3. Garantir l'intgrit des examens et des certifications dis-tance.

    4. Favoriser lexprimentation des technologies en ducation et linnovation pdagogique.

    5. Apporter de lexpertise pour le dveloppement de cellules TICE dans les universits.

    6. Exprimenter des cours en ligne ouverts tous (MOOC) et en franais, analyser leur fonctionnement et tirer les leons de leur mise en uvre.

    5. Site Internet : http://www.ifadem.org. LInitiative est mene conjointement

    par lAUF et par lOIF.

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    7. Accompagner les rponses la massification de lenseignement suprieur par une dmarche qualit.

    8. Dvelopper la capacit de lIFIC mobiliser de lexpertise ncessaire au suivi des projets lis au numrique.

    9. Multiplier les exprimentations pour crer des enseigne-ments combinant plusieurs modalits pdagogiques (pr-sence, distance, modularit, temporalit) ; apporter une expertise pour aider les institutions reconnatre ce type de parcours de formation.

    10. Organiser des ateliers et sminaires destins aux dcideurs sur les enjeux et modalits de lenseignement en ligne.

    11. Dvelopper lusage de la vido en tant quaide la diffusion de cours.

    12. Crer un portail multidisciplinaire daccs aux ressources ducatives libres (REL) francophones.

    13. Soutenir la production de ressources pdagogiques acces-sibles aux tudiants.

    14. Intgrer aux dispositifs de formation distance la diffusion des supports pdagogiques sur les rseaux et mdias so-ciaux.

    15. Permettre laccs aux ressources pdagogiques pour les tudiants sur multisupports.

    16. Recommander que tout nouvel enseignant arrivant en poste matrise les concepts de base de la pdagogie universitaire et des mthodes et techniques de lenseignement num-rique.

    17. Professionnaliser les enseignants pour dvelopper leurs ha-bilets pdagogiques et technologiques.

    18. Mettre disposition des tablissements et des enseignants des kits de formation.

    19. Apporter une expertise pour actualiser et scnariser les cours pour une utilisation en ligne.

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    20. Poursuivre le soutien aux diplmes de niveau master et doc-torat destins aux enseignants souhaitant se spcialiser dans les TICE et la FOAD.

    21. Mettre en uvre des certifications courtes aux TICE, de dif-frents niveaux, sinscrivant dans une dmarche de profes-sionnalisation permanente.

    3.3. Troisime engagement envers la recherche dans le numrique ducatif

    Le domaine des TICE se caractrise par un clatement thmatique qui le distribue dans des disciplines aussi varies que les sciences de linformation, les sciences de lducation, les technologies de linformation et de la communication, la psychologie cognitive, linformatique, l'lectronique, la sociologie, les sciences politiques ou lconomie du dveloppement. Ce qui fait sa faiblesse pour une reconnaissance institutionnelle, fait galement sa richesse par linterfcondation de ses constituants : la perspective globale des problmes est enrichie par la multiplicit des perspectives particu-lires , crit Edgar Morin. Une recherche de qualit en TICE se doit dtre un vecteur de transversalit, dinter et de transdisciplinarit.

    Beaucoup de comptences en technologies de lducation ont t formes dans lespace francophone au niveau master. On dnombre plus de six cents spcialistes diplms aujourdhui, issus principa-lement des formations ouvertes et distance (FOAD) soutenues par lAUF. Pourtant, un constat simpose : si ces formations en ligne ont su initier une gnration de jeunes enseignants forms aux TICE et la FOAD dans le cadre des masters distance tels UTICEF - ACRDIT, AIGEME, IPM, MARDIF, ICF et autres, certains de ces enseignants ont rencontr des difficults dans leur environnement, dues en grande partie leur isolement, qui les ont empchs de prolonger cette exprience vers un doctorat et la recherche. On compte peine une quarantaine voire une cinquantaine de docteurs forms ou en cours de formation aujourdhui, en Afrique.

    Par voie de consquence, le nombre de publications signifiantes est loin davoir atteint une masse susceptible de peser sur la recherche internationale en raison dun espace de publication en francophonie francophone limit. Il existe certes des supports spcialiss comme

  • Les engagements de lAUF|35

    Adjectif, Distances et mdiations des savoirs, Frantice, RIPTU, STICEF6, mais ils ne peuvent accueillir quune quarantaine darticles par an.

    Lautre problme majeur est le taux dencadrement des chercheurs en TICE, trs bas, que ce soit dans les universits du Sud ou dans celles du Nord. Or, si les universits comptent russir leur passage au numrique, elles ne pourront faire lconomie d'une recherche de qualit spcialement consacre ce domaine quelles ont encore du mal cerner. Le constat est sans appel : le nombre dcoles docto-rales, de laboratoires ou dquipes de recherche consacrs au domaine est insuffisant.

    Malgr les efforts des chercheurs - un corollaire aux constatations exposes ci-dessus - on peut galement noter que le domaine des TICE et de la FOAD manque encore notoirement dun corpus docu-mentaire structur. Nombre dtudes importantes ont t publies, souvent en dehors des circuits acadmiques, par des organismes internationaux comme lUnion europenne, lUNESCO et la Banque mondiale, ce qui explique en partie le manque de visibilit, d un rfrencement difficile.

    Cela n'implique pas dappel doffres sur la thmatique, au contraire. La gouvernance et lutilisation des TIC dans lducation sont les deux axes les plus reprsents (directement ou indirectement) dans les appels lancs par les bailleurs de fonds concernant lappui aux systmes universitaires. Les rponses ces appels sont souvent le fait de structures isoles et participant faiblement d'une mthodolo-gie distribue qui pourrait prluder une action en rseau et la mise en uvre dune intelligence collective. En consquence, les projets, initiatives, exprimentations ne se capitalisent pas. Chaque nouveau projet sappuie rarement sur ce qui sest dj ralis.

    LAgence universitaire de la Francophonie est consciente de ce problme et de limportance de la thmatique. Lune des premires, elle a soutenu depuis vingt ans des projets en TICE, que ce soit au travers des Campus numriques francophonesmd, du dveloppement de la formation ouverte et distance, du rseau Res@tice, de la

    6. Sites Internet : http://www.adjectif.net ; http://dms.revues.org ;

    http://www.frantice.net ; http://www.ritpu.org ; http://sticef. univ-lemans.fr.

  • 36|Les engagements de lAUF

    cration de la revue Frantice, ou de projets soutenus par les bureaux rgionaux.

    Les sollicitations ne manquent pas, les moyens existent. Mais il subsiste une vritable difficult mettre en rseau les diffrentes ressources pour appuyer de manire structure le dveloppement dune recherche de qualit en TICE.

    Quels sont les enjeux pour les universits ? Une recherche en TICE bien oriente contribuera de manire significative lamlioration de la qualit de lenseignement, par des tudes approfondies de lintroduction des technologies de linformation et de la communica-tion dans les modes dapprentissage et leurs usages. La recherche pourra galement tudier comment lutilisation des TICE peut contri-buer la rsolution du problme de la massification dans les univer-sits et de celui, li, des faibles taux dencadrement des doctorants et des chercheurs, quel que soit le domaine concern. De manire spcifique, la formation et le recrutement de docteurs en TICE en-traneront laugmentation du potentiel de recherche en TICE. Par ailleurs, lintroduction des environnements numriques (plates-formes collaboratives, laboratoires en ligne) dans la recherche et une tude raisonne de leurs usages permettront de favoriser lmergence de nouvelles mthodologies et de nouvelles approches de recherche applicables dans diffrents domaines.

    condition de sengager dans la voie de lexcellence par la ralisa-tion de recherches de qualit reconnues internationalement, on augmentera la visibilit internationale de lUniversit et de ses chercheurs et donc son attractivit grce, une reconnaissance du potentiel dinnovation de ltablissement.

    Pour rpondre aux attentes des universits, lAUF se doit dans un premier temps de mieux connatre le champ de ses futures actions. LAgence propose de lancer progressivement des enqutes rgio-nales sur la recherche en TICE ; elles permettront didentifier les principales structures de recherche engages dans les diverses branches du domaine (laboratoires, quipes, units) et leur thma-tique, ainsi que les acteurs impliqus diffrents niveaux dans les dispositifs soutenus ou non par lAUF. Cette initiative permettra de capitaliser sur les comptences et de les faire fructifier, en particu-lier en constituant des viviers dexpertise au service des universits membres.

  • Les engagements de lAUF|37

    partir de ces enqutes, lAgence pourra sengager dans un appui structurant une recherche en rseau consacre aux TICE, fonde sur un groupe de laboratoires identifis et reconnus internationale-ment. Le rle de lAUF consistera faciliter linstitutionnalisation du processus de mise en rseau, en proposant un modle de conven-tion renforant limplication des universits partenaires via les laboratoires qui sintressent ces problmatiques. Si lAUF propose de soutenir une telle recherche en rseau, cest que cette approche a le principal avantage de rompre lisolement des chercheurs souli-gn plus haut en leur permettant de faire partie virtuellement dune fdration de laboratoires, avec les avantages que cela comporte : sentiment dappartenance une quipe, partage des environne-ments de travail, ressources mutualises, suivi renforc. Ce qui aura pour consquence une amlioration quantitative et qualitative de la production de recherches francophones en TICE.

    Cette approche par rseau permettra par ailleurs ses membres de sengager de manire groupe dans des programmes internationaux francophones ou dautres aires linguistiques et culturelles et de proposer des rponses signifiantes aux diffrents appels doffres dans le domaine. Un effet induit sera le renforcement de la prsence de la communaut francophone des TICE dans le paysage interna-tional.

    La recherche ainsi appuye permettra, dans une logique de re-cherche-action soucieuse dapporter des rponses aux dfis de lUniversit de demain, de dvelopper de nouveaux usages dans les universits, aussi bien pour lenseignement que pour la recherche ou mme la gouvernance, par une adaptation mesure et rflchie doutils et de moyens innovants.

    Cest aujourdhui dans lappui aux recherches servant linnovation dans et par les TICE que lAUF pourra maintenir auprs de ses membres la rputation de prcurseur, de pionnier, quelle a su construire au cours des annes prcdentes.

    Pour dvelopper la recherche en TICE et en FOAD, lAUF se fixe trois objectifs :

    1. Dvelopper la recherche et la publication en TICE ;

    2. Rompre lisolement des enseignants-chercheurs investis dans les TICE ;

  • 38|Les engagements de lAUF

    3. Promouvoir les TICE comme domaine de recherche part entire.

    Afin datteindre ces objectifs, lAUF propose de soutenir et de renfor-cer la recherche en TICE et en FOAD selon deux perspectives :

    1. Une recherche construite en rseau ;

    2. Une recherche responsable centre sur les technologies et les mthodes en adquation avec leur milieu dapplication.

    LAUF propose de favoriser le rapprochement et la structuration, dans une logique de recherche en rseau, dune fdration dquipes de recherche francophone dans le domaine des TICE selon les valeurs rappeles au dbut de cet ouvrage : Solidarit, Excellence, Dveloppement.

    La recherche en rseau est destine fdrer des comptences autour dun projet ou dune thmatique, en mettant en commun un ensemble de ressources sous la supervision dun comit scientifique et stratgique. Le web 2.0., les laboratoires ouverts en ligne, sont autant doutils qui favorisent aujourdhui cette forme de recherche. Capable de fournir une rponse lisolement de certains chercheurs en les incluant dans une communaut virtuelle, la recherche en rseau ne peut nanmoins faire lconomie de points dancrage forts qui viendront, dans une approche hybride, conforter le distanciel par des regroupements prsentiels. Le-recherche ne peut vacuer le prsentiel. Aussi apparat-il ncessaire dans un second temps, en sarticulant avec diffrents oprateurs (CNRS, IRD, CRSNG, FQRNT, CRDI7), en invoquant les moyens dorganismes vise similaire comme les chaires UNESCO, et avec le soutien des laboratoires dj constitus du rseau, dappuyer lmergence dquipes de re-cherche rgionale qui pourront, terme, se constituer en labora-toires. Ces nouvelles quipes, cres dans des rgions o la re-cherche en TICE ne sest pas encore structure, mais o auront t identifies des comptences en devenir, sont destines sintgrer ds leur cration la dynamique de rseau prcdemment mise en

    7. CNRS : Conseil national de la recherche scientifique (France) ; IRD : Institut de

    recherche pour le dveloppement (France) ; CRSNG : Conseil de recherches en sciences naturelles et en gnie (Canada) ; FQRNT : Fonds qubcois de la re-cherche sur la nature et les technologies ; CRDI : Centre de recherches pour le dveloppement international (Canada).

  • Les engagements de lAUF|39

    place et constituer rapidement de nouveaux points dappui la recherche en rseau. Quel que soit le rle des TICE dans cette ap-proche, la mobilit des chercheurs entre quipes et laboratoires devra tre conserve et soutenue, quitte faire appel des sys-tmes originaux de pairage ou dassociation avec les organismes nationaux (chaires croises). LAUF pourra rserver certaines bourses de mobilit en direction des TICE.

    Pour ce qui est des thmatiques fdratrices du rseau, la recherche en TICE et FOAD est lune des plus dynamiques qui soit, car de nouveaux axes de recherche apparaissent rgulirement, associs aussi bien aux technologies quaux usages. En dehors dune re-cherche fondamentale dont la ncessit nest plus prouver, il convient dengager les appuis de lAUF sur un certain nombre de pistes retombes directes : apprentissage mobile, technologies vertes, cours en ligne ouverts tous (MOOC) et laboratoires univer-sels ouverts en ligne (MOOL).

    Ainsi lapprentissage mobile et pervasif constitue actuellement un nouveau mode dapprentissage qui rpond la fois aux besoins des apprenants 2.0, autrement dit des apprenants ns dans un environ-nement numrique qui sont, de plus, connects et ractifs ce genre de dispositif, et aux besoins des apprenants en contexte difficile, par exemple dans les zones o laccs Internet est pro-blmatique. La virtualisation offerte par ces dispositifs a permis de regrouper sur un seul support des outils habituellement distincts (golocalisation, accs Internet, calculatrice, communication, rseaux sociaux). Cette tendance incite les acteurs des TICE concevoir des scnarios plus labors, proposer des modles plus interactifs, imaginer de nouveaux supports tout en sinterrogeant sur lvolution des usages. Mark West conclut dans un rapport de lUNESCO : Du fait de leur omniprsence et de leur portabilit, les appareils mobiles sont bien placs pour exercer sur lenseignement et lapprentissage une influence que nont jamais eue les ordina-teurs personnels8 . Cest dire si cette ventuelle rvolution en marche doit passer au crible de la recherche.

    La consommation dnergie est devenue un souci pour les pays du Nord comme du Sud. La recherche ne pouvant vacuer les proccu- 8. Rapport UNESCO, Mettre en marche lapprentissage mobile Thmes gnraux

    2012.

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    pations sociales, environnementales, et conomiques du monde qui lentoure, il sest ainsi dvelopp une rflexion prnant une techno-logie verte (Green-IT). Lexploitation des ressources en nuage (cloud9), par le regroupement quelle sous-entend, fait partie de cette mouvance qui doit tre prise en compte dans les tudes des chercheurs. De la mme manire que le logiciel libre et ouvert ou les donnes et archives ouvertes font partie de la doctrine de lAgence, les matriels libres et ouverts doivent tre encourags, car ils vhicu-lent ces valeurs de partage et de solidarit qui caractrisent la Francophonie daujourdhui.

    Les cours en ligne ouverts tous (MOOC) font une apparition remar-que dans le panorama ducatif. Les initiatives se multiplient, les modles pdagogiques, conomiques, galement. On y voit souvent un effet marketing pour les grandes universits amricaines et un effet suiveur pour les autres. Cependant, il s'agit de ne pas laisser passer une opportunit de massification et de dmocratisation d'accs de l'enseignement suprieur sous un prtexte idologique. L'AUF, tout en gardant sa distance critique, s'est engage dans un partenariat des fins dexprimentation avec des universits fran-cophones sur des thmes aussi importants que l'ducation, le dve-loppement durable (conomie verte) et la remdiation aux sciences fondamentales. La recherche accompagnera ces exprimentations en tudiant le phnomne et ses diverses dclinaisons pour aider les tablissements membres en tirer le meilleur parti. La dmarche de l'AUF est originale dans la mesure o elle s'appuie sur un large consortium Nord-Sud, certainement le plus important au monde : sa nature associative rend sa dmarche dsintresse. De plus, elle plaide pour une certification par crdits transfrables dlivrs par les universits elles-mmes.

    Il en va de mme pour les laboratoires universels ouverts en ligne (MOOL) qui sont dj des sujets de recherche et lments indispen-sables dune recherche en rseau efficace et conomique.

    Sur la base de ces thmatiques privilgies, lAUF se propose de favoriser la cration dune cole doctorale en TICE appuye sur le rseau des laboratoires et des quipes mentionnes plus haut, dans le but de former des docteurs du domaine. La prsence, dans les 9. Sclater, N. (2010). eLearning in the Cloud , International Journal of Virtual and

    Personal Learning Environments, vol. I, n 1, 10-19, IGI Global.

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    universits, de chercheurs confirms issus de cette cole sera la cl dune introduction russie de ltablissement dans lre du num-rique. Les docteurs en TICE seront les moteurs de linnovation, capables dinterprter les tendances, de les analyser, de les devan-cer mme si ncessaire, et de conseiller les autorits ou et les dcideurs dans lorientation de la politique numrique. La mi