LE CORBUSIER L’appartement-atelier

LE SALON APRÈS RESTAURATION 2018

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LE CORBUSIER

Mondialement reconnu comme une figure majeure de l’architecture du xxe siècle,Le Corbusier, de son vrai nom Charles-Édouard Jeanneret (1887-1965), a aussi élaboré une œuvre plastique où la peinture joue un rôle central. Si les projets d’architecture sont élaborés rue de Sèvres, où lui et son cousin et associé Pierre Jeanneret ont en 1924 installé leur agence, c’est dans son atelier privé que Le Corbusier peint, dessine et écrit. Au moment où il reçoit la commande de l’immeuble de la rue Nungesser-et-Coli, l’architecte a 44 ans. Chef de file du mouvement moderne qui lutte contre l’architecture académique, il reçoit de nombreuses commandes et étudie différents projets d’urbanisme, si bien que le début des années 1930 est un moment de grande productivité.

< SALLE À MANGER

vers 1965

ATELIER 1965

« Chaque journée de ma vie a été vouée en partie au dessin. Je n’ai jamais cessé de dessiner et de peindre cherchant, où je pouvais les trouver, les secrets de la forme. »

CHARLES-ÉDOUARD ET YVONNE AVEC LEUR CHIEN PINCEAU

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L’IMMEUBLE DU 24 NC

Construit entre 1931 et 1934 pour un promoteur privé, cet immeuble, qui renouvelle profondément l’approche haussmannienne, doit pour Le Corbusier amorcer la démonstration que son projet de Ville radieuse procurera au citadin air, lumière et verdure. Il est idéalement situé à la limite entre Paris et Boulogne, à proximité du bois et de nombreux équipements sportifs. Sans vis-à-vis, il arbore des façades entièrement vitrées qui constituent une nouveauté radicale et tranchent avec les immeubles environnants. De même, son ossature en béton armé permet la mise en œuvre du « plan libre ». En conséquence, les appartements, au nombre de deux ou trois par étage, sont livrés avec Les seules installations sanitaires, chaque habitant pouvant cloisonner le sien à sa guise. Le confort moderne inclut ascenseur et monte-charge, chauffage central, buanderie et séchoir, caves et garages en sous-sol et chambres de domestique au rez-de-chaussée.

L’APPARTEMENT- ATELIER

Afin d’aménager son propre appartement, Le Corbusier négocie la jouissance des 7e et 8e étages et s’engage à construire à ses frais la toiture de l’immeuble. Il vient d’épouser Yvonne Gallis, rencontrée en 1922, avec qui il habite à Saint-Germain- des-Prés un appartement ancien et encombré. Le Corbusier veut à la fois un cadre de vie familial pour Yvonne et lui-même, l’employée de maison et le chien Pinceau et un lieu pour ses activités de peinture et d’écriture. Il utilise toute la largeur de la parcelle pour agencer, sur unesuperficie de 240 m2 répartie surdeux niveaux, les quatre espaces principaux que sont l’atelier, l’appartement, la chambre d’ami et le toit-jardin. Tous bénéficient d’une luminosité exceptionnelle, grâce aux façades vitrées, aux fenêtres prenant jour sur les courettes et aux lanterneaux, pour lesquels l’architecte a utilisé toute la gamme des produits Saint-Gobain, dont les fameuses briques de verre Nevada.

« Le ciel est radieux et nous vivons depuis quinze jours dans des nouvelles conditions miraculeuses: un logis qui est céleste, car tout y est ciel et lumière, espace et

simplicité.1 »

Sur les murs de l’appartement-atelier, la polychromie vient structurer les volumes tandis que la continuité spatiale est soulignée par le motif uniforme des carreaux qui recouvrent le sol. À partir de 1934, le couple habitera ces lieux : Yvonne jusqu’à son décès en 1957 ; Charles-Édouard jusqu’en 1965.

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BUREAU DE LE CORBUSIER vers 1960

1. Lettre de Charles-Édouard et Yvonne à Mme Jeanneret,28 mai 1934.

NUMÉROTATION DES PIÈCES SUIVANT L’ORDRE DE VISITE DES ESPACES

1. L’ENTRÉE2. L’ATELIER3. LA CHAMBRE DE

DOMESTIQUE4. LE SALON5. LA SALLE À MANGER6. LA CHAMBRE7. LA CUISINE8. LA CHAMBRE D’AMI9. LE TOIT-JARDIN

MAQUETTE Appartement-atelier 2018 © A-BIME ENTRÉE

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Septième étage

L’ENTRÉE On accède à l’appartement par une coursive que desservent un escalier en colimaçon et un monte-charge. L’entrée principale se trouve à l’épicentre des quatre espaces de l’appartement : dans son cube de verre, l’escalier hélicoïdal sans rampe s’élance vers la chambre d’ami et le toit-jardin.

L’ATELIER Caractérisé par le contraste spectaculaire entre architecture traditionnelle et technologie moderne, l’atelier « de la recherche patiente » se déploie sous une voûte courbe de 12 mètres de long. Le mur mitoyen, dont les moellons et les briques sont laissés apparents, inspirent ces mots à Le Corbusier:

« La pierre peut nous parler, elle nous parle par le mur. Près de nous au contact de nos mains, elle est une peau rude et nette. Ce mur est mon ami de tous les jours. »

La réglementation urbaine l’ayant empêché d’éclairer son atelier de peinture par le haut, ce sont les façades vitrées qui procurent une lumière – si éblouissante que l’architecte ne cessera d’inventer de nouveaux dispositifs pour la contrôler. Les panneaux de bois fixés sur la façade parisienne en sont l’exemple. Ce lieu réservé au maître se caractérise par un foisonnant désordre créatif. Il est prolongé par un bureau où Le Corbusier rédige articles, livres et correspondance privée.

LA CHAMBRE DE DOMESTIQUE Située au fond du couloir menant à l’atelier, la chambre de la domestique est dotée d’un réel confort pour l’époque : paroi vitrée sur cour, éclairage électrique, placard et même lavabo.

LE SALONLe salon s’organise en fonction du caisson masquant la machinerie de l’ascenseur et du volume du monte-charge dans lequel est installée une cheminée. Rapidement revêtu de panneaux de contreplaqué de chêne, il est meublé du canapé et du fauteuil «Grand confort» que Le Corbusier a dessinés avec Pierre Jeanneret et Charlotte Perriand, ainsi que d’une table basse créée exprès. Comme dans le reste de l’appartement, des œuvres d’art (de ses propres mains, mais aussi des peintures de Fernand Léger ou Alberto Magnelli, des sculptures d’Henri Laurens et Jacques Lipchitz) et des objets «à réaction poétique» (coquillages, os, galets…) sont exposés dans les niches et sur les cimaises, selon une disposition qui varie fréquemment.

LA SALLE À MANGERLa salle à manger est largement ouverte sur Boulogne, par une grande baie vitrée modifiée à plusieurs reprises et par un balcon loggia. Le vitrail coloré, de forme géométrique, a été créé à Reims par l’artiste Brigitte Simon et ajouté en 1949. Un tapis de haute laine rouge, tissé à Tlemcen en Algérie, fait ressortir la table en marbre dessinée par Le Corbusier et entourée de quatre fauteuils Thonet.

LA CHAMBRE Passionné par les paquebots, Le Corbusier s’inspire de leurs cabines pour aménager la chambre conjugale. Il invente un lit surélevé qui repose sur deux pieds, dont la hauteur et l’appui-tête fixé dans le mur permettent au couple d’admirer la vue sur Boulogne par-delà le parapet «anti-vertige» du balcon. Madame dispose d’une coiffeuse et de sa propre salle de bains avec baignoire-sabot; Monsieur a sa douche et son lavabo; W.-C. et bidet sont communs. Un miroir en pied est dissimulé derrière une porte jaune. Les vêtements sont rangés dans des meubles ingénieusement conçus, qui relèvent d’une économie domestique particulièrement élaborée.

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LA CUISINELa cuisine communique avec la salle à manger. Elle est équipée d’un mobilier intégré absolument pionnier pour l’époque: deux meubles de rangement structurent l’espace et offrent des plans de travail recouverts d’étain. Dans la zone de préparation des repas, le double évier prend jour sur la courette. Les parois sont revêtues de carreaux de faïence blanche. Cuisinière et réfrigérateur sont logés chacun dans leur propre niche. La porte de service permet de gagner par la coursive la chambre de domestique située de l’autre côté, ce qui préserve l’intimité du couple.

Huitième étage

LA CHAMBRE D’AMILa chambre d’ami est essentiellement destinée aux séjours parisiens de la mère de Le Corbusier. Dotée d’une douche et d’un lavabo, elle est séparée en deux par un meuble de rangement à mi-hauteur sur lequel trône l’installation du chauffage central. Son balcon avec vue sur Paris est abrité par une casquette en aluminium.

LE TOIT-JARDINDans ses projets, Le Corbusier imaginait intégrer la végétation dans l’espace urbain et sur les toits de Paris. Ici, il aménage au sommet de l’immeuble, entre l’arrondi des deux voûtes, un toit-jardin qui offre une vue imprenable sur Boulogne et Paris. Au départ planté d’espèces soigneusement sélectionnées, le jardin évolue par la suite de façon plus aléatoire, Le Corbusier laissant la nature reprendre ses droits dans ce nouvel espace de vie en plein air. «Le jardin un poème. Gazon, lilas, rosiers et autres et quel horizon! 2»

2. Lettre de Charles-Édouard à Mme Jeanneret,29 avril 1934.

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Propriété de la Fondation Le Corbusier, l’appartement-atelier, labellisé Maison des illustres, a été classé monument historique en 1972 et l’immeuble, dans sa totalité, en 2017. Depuis 2016, il fait partie de la série regroupant 17 œuvres de Le Corbusier inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, en tant que premier immeuble d’habitation au monde à façades entièrement vitrées.

1 IMMEUBLE MOLITOR, 2018

2 LE CORBUSIER ET TOTEM SUR LE TOIT-TERRASSE 1950

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GP Mercusot

La restauration récemment entreprise par la Fondation Le Corbusier, sous le contrôle de François Chatillon, architecte en chef des Monuments Historiques, a restitué le dernier état de ce lieu iconique du vivant de Le Corbusier.

PARTENAIRE DE LA FONDATION :

ACCÈS

24 Rue Nungesser-et-Coli

75016 Paris

MÉTROS :10 — Porte d’Auteuil 9/10 — Michel-Ange MolitorBUS PC1 — Arrêt Porte MolitorBUS 52 — Arrêt La Tourelle

FONDATION LE CORBUSIER 8-10 Square du Docteur Blanche75 016 ParisT +33 (0)1 42 88 41 53

www.fondationlecorbusier.fr

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LE CORBUSIER DANS SON ATELIER DE PEINTURE 1960

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INFORMATIONS PRATIQUES

Visites pour les groupes uniquement, sur réservation, jusqu’à décembre 2020.

Visites privées et organisation de petits évènements sur demande.

reservation@fondationlecorbusier.fr T +33 (0)1 42 88 75 72

Toutes les images de l’œuvre de Le Corbusier © FONDATION LE CORBUSIER / ADAGP

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