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Le lapin 107 INTRODUCTION Il ne saurait être question de faire de ce chapi- tre un traité des maladies du lapin. D'une part, il est impossible de décrire une maladie sans faire appel à des notions médicales que l'utilisateur de cet ouvrage n'a sans doute pas; d'autre part, si un grand nombre d'agents pathogènes sont connus et parfois bien décrits chez le lapin, leur presence n'implique pas obligatoirement l'existence d'une maladie. Dans la quasi-totalité des cas, une maladie est la resultante de conditions de milieu ou d'am- biance défavorables et de la sortie d'un germe pathogène (microbe, virus, parasite). Il est donc important, avant d'aborder le chapitre de la pathologie du lapin, de développer cette pre- mière notion. CONDITIONS D'APPARITION ET DE DÉVELOPPEMENT DES MALADIES L'animal Pour lutter contre les agressions de son milieu extérieur, l'animal possède des moyens de defense multiples et interdépendants. On les classe schématiquement et arbitrairement en deux categories: 'Les moyens de défense non spécifiques. Ils peuvent être mobilises très rapidement, voire instantanement («décharge d'adrénaline»), et mettent en oeuvre tous les grands métabo- lismes de l'organisme (mobilisation des sucres et des graisses) et les grandes fonctions (circulation sanguine, respiration, etc.). Les moyens de défense spécifiques. Sous cette etiquette, il faut ranger essentiellement l'immunité. Il s'agit du moyen que possède l'organisme de reconnaître un element (microbe, parasite, virus, protéine) qui lui est étranger et parfois mais pas toujours de s'en débarrasser. Chapitre 5 Pathologie La capacité de defense non spécifique ou spécifique d'un organisme n'est pas illimitée. Le premier rôle de l'éleveur sera donc de pla- cer l'animal dans des conditions telles que celui-ci n'ait pas à lutter en permanence pour survivre. Lorsque c'est le cas, l'animal physiolo- giquement fatigue finit par ne plus se défendre et, en fonction du climat, du milieu et du type d'élevage, telle ou telle maladie apparaistra. Toutes les especes animales ne sont pas égale- ment sensibles aux mêmes agressions. Les prin- cipales conditions de milieu connues que le lapin semble mal supporter seront mention- nées dans ce chapitre. Le patrimoine génétique est sans nul doute un des elements qui peut jouer un rôle dans la sensibilité ou la resistance aux maladies. Cependant, on doit se souvenir que le lapin a été introduit hors du bassin méditerraneen il y a peu de temps (a réchelle de revolution des espèces) et que de nouveaux géniteurs européens ont constamment été réintroduits. La notion de «race locale» doit &Ire abordée avec circonspection. L'environnement Les raisons de l'importance de l'environnement viennent d'être indiquées. Il convient d'en préciser le concept general. L'environnement (ou milieu) est tout ce qui entoure l'animal: habitat, congénères, ali- mentation solide et liquide, microbisme, tem- perature, air, bruit, etc. La notion d'environne- ment peut s'étendre à la ferme, au village, à la region et même au pays. Cette extension cesse d'être une abstraction dès que la quantité d'ani- maux au metre carré, à rhectare ou au kilome- tre cane augmente sans que, parallèlement, les conditions d'hygiène ou les règlements sanitai-

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Le lapin 107

INTRODUCTION

Il ne saurait être question de faire de ce chapi-tre un traité des maladies du lapin. D'une part,il est impossible de décrire une maladie sansfaire appel à des notions médicales quel'utilisateur de cet ouvrage n'a sans doute pas;d'autre part, si un grand nombre d'agentspathogènes sont connus et parfois bien décritschez le lapin, leur presence n'implique pasobligatoirement l'existence d'une maladie.Dans la quasi-totalité des cas, une maladie estla resultante de conditions de milieu ou d'am-biance défavorables et de la sortie d'un germepathogène (microbe, virus, parasite). Il est doncimportant, avant d'aborder le chapitre de lapathologie du lapin, de développer cette pre-mière notion.

CONDITIONS D'APPARITION

ET DE DÉVELOPPEMENT DES MALADIES

L'animalPour lutter contre les agressions de son milieuextérieur, l'animal possède des moyens dedefense multiples et interdépendants. On lesclasse schématiquement et arbitrairement endeux categories:

'Les moyens de défense non spécifiques. Ilspeuvent être mobilises très rapidement, voireinstantanement («décharge d'adrénaline»), etmettent en oeuvre tous les grands métabo-lismes de l'organisme (mobilisation dessucres et des graisses) et les grandes fonctions(circulation sanguine, respiration, etc.).

Les moyens de défense spécifiques. Sous cetteetiquette, il faut ranger essentiellementl'immunité. Il s'agit du moyen que possèdel'organisme de reconnaître un element(microbe, parasite, virus, protéine) qui luiest étranger et parfois mais pas toujoursde s'en débarrasser.

Chapitre 5

Pathologie

La capacité de defense non spécifique ouspécifique d'un organisme n'est pas illimitée.Le premier rôle de l'éleveur sera donc de pla-cer l'animal dans des conditions telles quecelui-ci n'ait pas à lutter en permanence poursurvivre.

Lorsque c'est le cas, l'animal physiolo-giquement fatigue finit par ne plus se défendreet, en fonction du climat, du milieu et du typed'élevage, telle ou telle maladie apparaistra.Toutes les especes animales ne sont pas égale-ment sensibles aux mêmes agressions. Les prin-cipales conditions de milieu connues que lelapin semble mal supporter seront mention-nées dans ce chapitre.

Le patrimoine génétique est sans nul douteun des elements qui peut jouer un rôle dans lasensibilité ou la resistance aux maladies.Cependant, on doit se souvenir que le lapin aété introduit hors du bassin méditerraneen il ya peu de temps (a réchelle de revolution desespèces) et que de nouveaux géniteurseuropéens ont constamment été réintroduits.La notion de «race locale» doit &Ire abordéeavec circonspection.

L'environnementLes raisons de l'importance de l'environnementviennent d'être indiquées. Il convient d'enpréciser le concept general.

L'environnement (ou milieu) est tout ce quientoure l'animal: habitat, congénères, ali-mentation solide et liquide, microbisme, tem-perature, air, bruit, etc. La notion d'environne-ment peut s'étendre à la ferme, au village, à laregion et même au pays. Cette extension cessed'être une abstraction dès que la quantité d'ani-maux au metre carré, à rhectare ou au kilome-tre cane augmente sans que, parallèlement, lesconditions d'hygiène ou les règlements sanitai-

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res soient renforces. Une infinite d'exemplesdans toutes les especes animales ou végétalesdémontre que plus une population croît, pluson doit veiller au respect des règles d'hygiene.

Ce que les responsables agricoles ont tropsouvent voulu ignorer, c'est que cette notionfondamentale est vraie aussi bien au niveau del'élevage que du village, de la region ou de lanature tout entière. Par exemple, dans lesélevages traditionnels français, il fut un tempsoù la pasteurellose était une maladie respiratoiremortelle, qui pouvait décimer les élevages detout un village en quelques semaines.Aujourd'hui, la rarefaction de ces élevagestraditionnels a fait regresser considérablementl'aspect épizootique et mortel de cette maladie.En Europe occidentale, la myxomaiose a décimeen quelques mois la population cunicole, passeulement parce que le virus a été introduit,mais surtout parce que l'ensemble des facteursde l'environnement s'y pretait, et en particulierla surpopulation de lapins sauvages etdomestiques en France à cette période. Dernierexemple enfin, en Espagne, en France et enItalie, l'augmentation du nombre d'élevages àforte densité et des échanges commerciaux afait apparaitre et se repandre simultanementau niveau de ces trois pays des maladies(staphylococcie, dermatomycose, colibacillose0103, etc.) qui étaient auparavant sporadiques.

Le microbisnneLe microbisme fait partie de l'environnement.Une place particulière lui est réservée dans cechapitre parce qu'il constitue l'une desagressions majeures et inévitables au sein detous les élevages.

Le microbisme, c'est la pollution de l'air, desobjets et des sols par des bactéries, des parasites,des virus ou des champignons. Le plus souvent,cette flore ou cette faune microscopique n'estpas intrinsèquement pathogène. Elle le devientlorsque la pollution est élevée et permanente.Des qu'un élevage commence, le microbisme secrée et augmente inéluctablement avec le temps.L'un des rôles fondamentaux de l'éleveur serade faire en sorte que cette augmentation

permanente soit la plus lente possible, d'unepart en respectant les règles d'hygiene, et d'autrepart en n'élevant que le nombre d'animaux qu'ilest capable d'entretenir et de nourrir décem-ment. Un petit élevage tenu correctement rap-porte davantage et plus longtemps qu'un grandélevage mal entretenu; il est aussi moins dange-reux pour les élevages voisins.

Les cultivateurs de tous les pays connaissentl'effet bénéfique de cette pause que constitue lajachère ou l'intéret de la rotation des cultures.Ces pratiques sont bénéfiques car ellesdiminuent, entre autres, le microbisme localqui est spécifique de chaque culture, tout commechaque espèce animale crée son propremicrobisme. Ainsi, quelles que soient lescapacités de l'éleveur, un jour ou l'autre,faudra vider les cages, faire le grand nettoyageet désinfecter pour que le microbisme ambiantretourne à un niveau permettant aux animauxde rester en bonne santé.

La conduite de l'élevageLa conduite de l'élevage fait aussi partie del'environnement, mais ses consequences sur lapathologie sont souvent oubliées. L'évolutiondes méthodes dans les différents pays met enrelief que chacune d'elles peut avoir des effetspositifs et négatifs. L'âge au sevrage est sansdoute la variable qui a le plus de consequences.Sevrer précocement (28 jours) a l'avantage delimiter, voire de supprimer, la transmission decertains agents pathogènes (par exemple lespasteurelles et les coccidies). D'un autre côté, lasuppression du lait maternel arréte une certaineimmunité passive et favorise sans doute lescolibacilloses. Un sevrage trop tardif fatiguerales mères. L'intensification de la production aconduit certains éleveurs à opter pour un rythmede saillies très accéléré (saillie le jour de la misebas) ou pour un déplacement très frequent desfemelles; ces choix aboutissent à une espérancede vie plus courte des reproductrices. Enfin, laconduite en bande, qui se développe dans lesgrands pays producteurs européens, modifieconsidérablement la pathologie cunicole.

En résumé, l'éleveur doit se souvenir, lorsqu'il

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choisit un mode de conduite de son cheptel,qu'à côté des avantages théoriques qu'il y voit,il peut y avoir des repercussions pathologiques.Le pathologiste, de son côté, devra prendre encompte non seulement les symptômes et lesagents pathogènes identifies, mais aussi lesméthodes d'élevage. De la bonne connaissancede celles-ci dépendront les méthodes pro-phylactiques à mettre en ceuvre.

ConclusionCe serait une erreur de considérer que lesrubriques suivantes vont enfin aborder le vifdu sujet. L'essentiel a sans doute déjà été dit,mais il convient de le développer.

C'est d'abord aux capacités de defenseintrinsèques de l'animal que l'éleveur devrafaire appel pour garder son élevage en bonnesanté. La resistance d'un organisme auxagressions du milieu extérieur est d'abordglobale, non spécifique, et depend pourl'essentiel d'une bonne hygiene dans l'élevage.Les règles d'hygiene générales sont d'autantplus simples à mettre en ceuvre et à respecterque le nombre d'animaux est réduit et le materielfacile à entretenir. Une prophylaxie hygiéniquequotidiennement appliquée récluira l'aug-mentation du microbisme et de la pollution del'élevage, et permettra à l'exploitation d'êtrerentable et viable plus longtemps. C'est aussilorsque ces conditions globales de propretéseront réunies que l'éleveur pourra lutter leplus efficacement contre les accidentspathologiques qui surviendront. Ces accidentspathologiques seront abordés non pas enfonction des agents pathogènes spécifiques dulapin, mais en fonction des grands syndromes,Cest-à-dire des ensembles de phénomènesmorbides se traduisant par des symptômescommuns ou proches et ayant un impactéconornique important.

LA PATHOLOGIE INTESTINALE

La pathologie intestinale est sans conteste letype de pathologie qui cofite le plus cher àl'éleveur et qui freine le plus l'expansion del'élevage du lapin. C'est surtout chez les jeunes

lapirts après le sevrage (de 4 a 10 semaines) quela diarrhée revét une importance économiquegrave. Avant le sevrage, celle-ci est rare et entout cas facilement prévenue par un minimumd'hygierte sanitaire et alimentaire.

Il faut noter que les diarrhées des lapins dif-ferent sensiblement de celles des autres mam-miferes domestiques: porcelet, veau, agneauou même levraut. Chez ces especes, les diar-rhées surviennent des les premiers jours quisuivent la naissance. S'il n'y a pas ou s'il y a peude diarrhées néonatales chez les lapereaux, c'estprobablement que, naissant nus et aveugles, ilssont nidicoles et restent longtemps à l'abri desagressions extérieures.

Plus tard, chez les adultes, les diarrhées sontégalement rares; en general, elles ne sont que laconsequence ultime d'une autre affection.

Approche pathogénique globaleIl faut tout d'abord préciser que tout se passecomme si, quelle que soit la nature del'agression, le lapin réagissait par une per-turbation du fonctionnement intestinal. Cetteperturbation se traduit dans la quasi-totalitédes cas par une diarrhée. Cette hypothesepathogénique repose sur plusieurs particularitésdu lapin, énoncées ci-après.

La première est relative au comportementpsychique du lapin: le lapin est un émotif. Sadomestication relativement récente ne lui a sansdoute pas encore permis d'ajuster ses reactionsd'alarme (par exemple, décharge d'adrénaline)selon le niveau de l'agression.

La deuxième particularité est la complexitéde la physiologie intestinale du lapin dont lapratique de la ccotrophie est l'une desémergences. Les reactions hormonales qui pre-sident aux reactions d'alarme ont une incidencedirecte sur le système nerveux de l'intestin:arrêt ou ralentissement du péristaltisme suivid'un ralentissement du transit intestinal et d'unarrêt de la ccotrophie.

La troisième constante des reactionspostagressives chez le lapin an niveau intestinalest l'alcalinisation du contenu du caecum. Cetteaugmentation du pH est liée au ralentissement

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du transit qui modifie le milieu intestinal et enparticulier la flore. Les colibacilles, normalementen faible nombre chez le lapin sain, deviennentdominants. En outre, l'arrét de la consommationdes ccotrophes n'est certainement pas sansconsequences sur cette modification du milieuintestinal et, entre autres, sur l'équilibre desacides gras volatils.

La dernière curiosité du lapin qu'il conviendrade retenir est l'aspect différé des signes cliniquesconsécutifs à une agression. Chez les espècesanimales qui semblent avoir une réactivitépsychique importante (porcs et chevaux, parexemple), les symptômes apparaissent le plussouvent en quelques heures (ulcère, colique,diarrhée, etc.). Chez le lapin, un simple chan-gement d'habitat, une frayeur ou un voyagesont sans consequences immédiates; c'est cinqà sept jours plus tard qu'apparaitra la diarrhée.

Symptömes généraux des troublesdigestifs

La symptomatologie des entérites du lapin estrelativement simple et constante; elle ne permet-tra donc pratiquement jamais de faire un dia-gnostic étiologique. Les premiers signes rare-ment perçus par l'éleveur sont une diminutionde la consommation alimentaire (surtout solide)et de la croissance pendant un à trois jours. En-suite, apparait une diarrhée quelquefois préce-dée d'un arrêt total de l'excrétion fécale ou del'élaboration de ccotrophes qui ne sont plusconsommés.

La diarrhée est discrete et consiste en uneemission d'une quantité réduite de feces assezliquides qui vont souiller les parties postérieuresde l'animal. Des ce stade, la mortalité peut surve-nir, quelquefois même avant que la diarrhée nese manifeste. C'est aussi à ce moment qu'apparaitla deshydratation de la peau.

Deux ou trois jouts après, commence la phaseaigué de la maladie. Celle-ci se traduit par unarrét quasi total de la consommation solide etliquide, une diarrhée et une mortalité im-portantes. Les grincements de dents signalentl'existence de coliques douloureuses et la mortsurvient après plusieurs heures d'un coma agité

de soubresauts spasmodiques. Si l'animal sur-vit une journée à ce coma, la guérison peut étrecomplete en quelques jours.

La guérison est en effet remarquablementrapide. La diarrhée fait souvent place à uneconstipation. Les crottes sont petites, dures, malformées. Chez les animaux de deux à trois mois,il n'est pas rare que cette phase de constipationsoit la seule qui se manifeste. Cep endant,physiologiquement, il y a bien eu diarrhée,comme le révèle la palpation de l'abdomen:pendant la phase aigué, on sent que le ccumest rempli de liquide.

L'autopsie révèle également des lesions, leplus souvent atypiques. Pendant la phase aigué,le contenu intestinal est très liquide, parfoisdécoloré. Le ccum est souvent rempli de gazet contient fort peu de matières alimentaires.

L'intestin est parfois congestionné, parfoiscedémateux. C'est souvent les parois du ccumqui attirent le plus l'attention par leur aspectcongestif ou strie de rouge, en «coup depinceau». Le côlon peut étre rempli d'une geléetranslucide. De plus, il est rare de trouver de lafibrine dans la cavité abdominale, ce qui indiquel'aspect aigu de l'évolution de la maladie.

Approche étiologique des diarrhéesdu lapin

Les causes de diarrhée sont multiples. E. estpratique de dissocier les causes non spécifiqueset les causes spécifiques.

Causes non spécifiques. Comme on l'a déjàmentionne, des agressions de nature très diversepeuvent déclencher des diarrhées. Le lapin sem-ble particulièrement peu apprécier:

les transports, surtout dans la période quisuit le sevrage;les changements de cage en cours d'élevage;la presence de visiteurs inhabituels (per-sonnes, animaux);les bruits inhabituels non identifiables parl'animal, qui persistent quelques heures ouquelques jours (par exemple, travauxproximité de l'élevage).

L'alimentation tient évidemment une place

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importante parmi les causes favorisant les diar-rhées. Un défaut de cellulose, un excès de pro-téines, une mouture trop fine seront des 616-ments défavorables. On se souviendra aussique le lapin régule sa consommation sur laquantité d'énergie de l'aliment. Trop d'énergiepeut entrainer une sous-consommation, et in-versement. Ces divers facteurs peuvent favori-ser le déclenchement de troubles intestinaux.Les changements d'aliments sont trop souventincriminés.

Quand il est prouvé que c'est bien l'alimentqui est responsable, il faut chercher la causedans sa composition plutôt que dans lechangement. En revanche, lorsque les animauxne disposent pas en permanence d'alimentsconsommables, il convient de respecter, quelqu'il soit, le rythme quotidien de distribu-tion de l'aliment. Dans de nombreux casd'«épidémie» de diarrhée dans des élevagesfermiers, une modification de ce rythme a étésuspectée. Cela se comprend d'autant plus lors-que l'on connait la complexité de la physiologieintestinale du lapin (cxcotrophie).

Les défauts d'abreuvement sont, en élevagefermier, très fréquents et probablement l'unedes causes majeures des entérites mucoYdes.faut insister sur le fait que les lapins ont besoind'avoir de l'eau propre à leur disposition.

Enfin, il faut répéter que les causes nonspécifiques qui favorisent l'apparition desdiarrhées sont toutes des phénomènes quiobligent l'animal à se défendre trop longtempscontre son environnement.

Causes spécifiques. Ce sont théoriquementtoutes celles qui permettent isolément dereproduire la maladie. En réalité, dans la plupartdes cas, l'état du «terrain» (état de santé) joueun rôle prépondérant.

Agents chimiques. Certains antibiotiques ontinvariablement pour effet de provoquer desdiarrhées: ampicilline, lyncomycine, clinda-mycine. Les antibiotiques seront toujours à uti-liser avec prudence chez le lapin (en particulierles pénicillines). En ce qui concerne le nitrate, ilsemble que, dans certaines régions, une eau de

boisson trop riche en nitrate soit la cause desdiarrhées chroniques que l'on y constate.

Moisissures. Les aliments moisis (granulés,déchets domestiques, pain, épluchures)provoquent très rapidement des diarrhées chezle lapin, méme en bonne santé au départ.

Virus et bactéries. Bien qu'il existe peu detravaux sur les virus entéro-pathogènes dulapin, on sait que ceux-ci existent. Il est trèsprobable cependant que, comme dans la plu-part des autres espèces animales, l'état du ter-rain animal joue un rôle décisif dans le déclen-chement des diarrhées d'origine virale.L'apparition des rotaviroses est un bon exem-ple du rôle du mode d'élevage. Elles apparais-sent surtout quand il y a conduite en bande(tous les animaux du local ont le méme âge),avec sevrage tardif (35 jours) (suppression del'immunité passive) et après la mise en lots (42jours) des animaux (stress). Il en est sen-siblement de méme en ce qui concerne lesbactéries. Si les salmonelles sont rarementisolées chez les lapins malades, ce n'est pas lecas des Corynebacterium, des Clostridium, despasteurelles et surtout des colibacilles. Endehors de certains Clostridium et de quelquessérotypes de Escherichia coli, il n'est cependantpas possible de reproduire la maladie chez deslapins en bonne santé avec ces différentesbactéries. Néanmoins, méme si ellesn'expriment leur pathogénicité que de fawnfacultative, il faut les considérer comme desagents pathogènes spécifiques pour plusieursraisons:

les plus pathogènes d'entre elles (Clostridiumet certains sérotypes de Escherichia coli)peuvent, au-delà d'un certain seuil de pollu-tion de l'élevage, étre la cause directe desdiarrhées et de leur persistance;très souvent, sinon toujours, elles constituentune complication secondaire d'une entérite qui,sans gravité au départ, devient grave et mortelle;que ce soit des Clostridium ou des Escherichiacoli, leur pathogénicité tient en partie à destoxines qui provoquent rapidement deslésions irréversibles, rendant illusoires lestraitements curatifs.

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Parasites intestinaux. Toutes les grandes fa-milles de parasites existent chez le lapin:trématode (douve), cestode (ténia), nématodes(vers intestinaux), protozoaires (coccidies).

Les coccidies sont les agents spécifiques ma-jeurs des diarrhées du lapin. Compte tenu deleur importance, la rubrique ci-après leur estentièrement consacrée. Les autres parasitosesseront traitées globalement après les coccidioseset les entérites bactériennes.

Coccidies et coccidiosesLes coccidies

Ce sont des protozoaires, phylum le plusprimitif du règne animal, et des sporozoaires,c'est-à-dire des parasites ne comportant ni cil niflagelle, et qui ont à la fois une reproductionsexuée et asexuée. Ceux-ci regroupent un grandnombre de familles, dont celle des Eimeriidaequi se caractérise par un développement indé-pendant des gamètes mâles et femelles.

Presque toutes les coccidies du lapin fontpartie du genre Eimeria, c'est-à-dire qu'ellescomprennent quatre sporocystes contenantdeux sporozoYtes. Elles sont caractérisées parl'oocyste, forme de dispersion et de résistancedes parasites dans le milieu extérieur.

Cycle des coccidies. Les Eimeria sont monoxèneset ont une spécificité très poussée vis-à-vis deleur hôte. De ce fait, le lapin ne peut pas étreparasité par les coccidies d'autres espècesanimales, et réciproquement. Ces Eimeria sedéveloppent dans les cellules des épithéliumsde l'appareil digestif (intestin, foie). Dans lecontenu intestinal et dans les fèces, on trouveles ceufs (oocystes) qui contiennent, aprèsmaturation (oocystes sporulés), huit«embryons» (sporozoïtes).

Le cycle des Eimeria comprend deux partiesdistinctes: une partie interne et une partieexterne. La partie interne (schizogonie +gamogonie) aboutit à une multiplication duparasite et à l'excrétion d'oocystes. Ellecommence dès l'ingestion de l'oocyste sporulé,par la sortie des sporozoRes. Ensuite a lieula multiplication du parasite. Elle peut compor-ter une, deux ou plusieurs schizogonies (repro-

duction asexuée) selon les espèces (exemple: E.media, deux schizogonies; E. irresidua, trois ouquatre schizogonies). Elle peut avoir lieu dansdifférentes parties de l'appareil digestif (exem-ple: E. stiedai, dans le foie; E. magna, dans l'in-testin gréle; E. flavescens, dans le ccum). Ladernière schizogonie aboutit à la formation degamètes. La gamogonie (reproduction sexuée)qui lui succède se termine par la formationd'oocystes qui sont excrétés avec les fèces dansle milieu extérieur. La durée totale de la partieinterne du cycle est une autre caractéristiquedes espèces (exemple: E. stiedai, 14 jours;E. perforans, cinq jours).

Pendant la partie externe (sporogonie),l'oocyste devient infestant après un certaintemps lorsqu'il est placé dans des conditionsfavorables d'humidité, de chaleur etd'oxygénation. Le temps qui sera nécessairecette sporulation est variable avec les espèces(exemple: à 26 °C, E. stiedai, trois jours; E.peiforans, un jour). Les oocystes sporulés sontextraordinairement résistants dans le milieuextérieur. La résistance aux agents chimiquesest particulièrement importante. Etant donnéque l'oocyste est le contaminant qu'il fautdétruire, de nombreux travaux, en particulierceux de Coudert (1981) en France, ont porté surcette partie du cycle. Sur le plan pratique, cetterésistance n'est pas sans poser de problèmes,en particulier pour la désinfection des élevages.Une désinfection par voie chimique étantillusoire, seules la chaleur et la sécheressepermettent actuellement de détruire lesoocystes.

Les espèces. Au moins 11 espèces parasitent lelapin. Une seule parasite le foie, les 10 autressont à localisation intestinale. Une revuecomplète a été faite par Coudert (1989).

La coccidie hépatique: Eimeria stiedai. EnEurope, cette espèce ne provoque depertes économiques qu'au niveau del'abattage. En outre, il est relativementaisé d'éliminer cette parasitose par desmesures d'ordre sanitaire et hygiéniquetrès strictes pendant quelques semaineset par la prophylaxie médicale. Un

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traitement de quatre à six semaines parles anticoccidiens classiques, par exempleDécox, Pancoxin, Lerbek et Robénidine,distribués dans l'aliment à titre préventif,fait pratiquement disparaitre cettemaladie. Sous des climats moins clémentsque ceux de l'Europe et dans les pays oùl'on peut moins facilement se procurerles medicaments adéquats, il est tout àfait possible que la coccidiose hépatiqueait des consequences plus graves. En effet,le foie est un organe qui joue un rôlefondamental dans tous les phénomènesd'homéostasie. Une atteinte hépatiquechronique ne peut que diminuer lescapacités de resistance de l'organisme.Les coccidies intestinales. Elles peuvent seclasser en quatre categories (tableau 48).E. arcicola et E. exigua sont des coccidies

apathogènes. Aucun signe clinique n'estdécelable, méme avec un inoculumcomprenant plusieurs millions d'oocystes.E. perforans est une coccidie peupathogène.Isolément, elle ne provoque jamais dediarrhée ni de mortalité. Il faut desinfestations massives (105 oocystes) pouroccasionner une légère et très brevediminution de la croissance.E. irresidua, E. magna, E. media et E. piriformis

sont des especes pathogènes provoquantdes diarrhées très importantes et un retardde croissance pouvant atteindre 15 à 20pour cent du poids vif, pour des infestationscomprises entre 0,5 et 1 x 105 occystes.Lorsqu'elles sévissent seules, ces coccidiesne provoquent que très peu de mortalité,méme avec des infestations relativementimportantes.E. intestinalis et E. flavescens sont lescoccidies les plus pathogènes. Ellesprovoquent diarrhées et mortalité, mémeà doses très faibles (à partir de 103 oocystes).

RemarquesLe pouvoir pathogène a été jugé ici sur les seulscritères du retard de croissance et de la morta-lité. Il ne faut toutefois pas oublier que les

coccidioses, comme toute maladie, peuvent lais-ser un certain nombre de séquelles, rénales ouhépatiques en particulier, qui ne sont pas sansconsequences soit sur l'état d'engraissementl'abattage, soit sur l'avenir de l'animal si celui-ci est conserve comme reproducteur.

En outre, une maladie se complique souventd'autres affections. En effet, ces observationsont été obtenues sur des lapins élevés dans desconditions particulièrement favorables, c'est-à-dire qu'il n'y avait pratiquement pas desurinfections bactériennes. Par exemple, avecdes coccidies du deuxième groupe (E. inedia),dans un milieu défavorable, la maladie seraitplus grave.

Les lésions. Elles sont de deux sortes:macroscopiques et histologiques.

Lésions macroscopiques. Chaque coccidie a unlieu préférentiel de développement oil elleprovoque une reaction de l'épithéliumintestinal plus ou moins visible selon lesespèces. Le duodenum et le jejunum sontparasites par Eimeria perforans, E. inedia et E.irresidua. Seule cette dernière especeprovoque, à dose élevée, des lesionsmacroscopiques visibles à l'autopsie.L'iléon est le lieu de multiplication d'E.magna, d'E. intestinalis et d'E. vejdovskyi.C'est surtout E. intestinalis qui induit leslesions macroscopiques les plus specta-culaires. L'iléon devient cedémateux etblanchâtre; la segmentation apparait trèsnettement, surtout dans la partie la plusproche du caecum. Avec E. magna, à doseélevée, l'aspect lésionnel est le méme. Leccum est le domaine d'E. flavescens qui, àdose moyerme, provoque aussi des lesionssur le côlon. La paroi du ccum s'épaissit etprésente des aspects variables selon qu'il y asurinfection microbienne ou pas. Son aspectpeut étre blanchâtre en cas d'infestationimportante et sans complications, mais trèssouvent apparaissent des striationsrougeâtres, des plaques de nécrose ou unecongestion généralisée. La vacuité duccum est souvent observée. Le côlon peutétre lésé par E. flavescens et surtout par E.

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114 Pathologie

TABLEAU 48

Pouvoir pathogène comparé des différentes coccidies intestinales du lapin

Note: GMQ = gain de poids moyen quotidien.

piriformis, qui est la seule coccidie du lapinpouvant, a dose moyenne (de 30 000 6. 50 000oocystes), provoquer une entérorragie auniveau du Fusus coli.Lésions h istopathol °gigues. Deux points sontsouligner: les lésions, tant macroscopiquesqu'histopathologiques, sont relativementfugaces: elles apparaissent vers le 8e ou le 9e

jour et disparaissent vers le 12e ou le 13e jour,et cela malgré leur aspect quelquefoisspectaculaire (E. intestinalis, E. flaveseens etE. pirifortnis). Sur le plan histologique, onobserve seulement une hypertrophie descellules de l'épithélium intestinal, lastructure de la cellule restant intacte. D'autrepart, le nombre de cellules parasitées estbien entendu infime par rapport au nombrede cellules de l'épithelium, mais toutes lescellules, parasitées ou non, présentent leméme aspect. Seuls sont détruits quelquesilots cellulaires dans la profondeur descryptes de Lieberldihn.

Les coccidioses. Les coccidies sont des agentspathogenes spécifiques car, inoculées a desla.pins, elles provoquent (pour celles qui sontpathogénes) les mémes lesions et les mêmessymptômes (diarrhée, chute de poids, mortalité)chez 100 pour cent des animaux.

Signes cliniques. La plupart ne sont pas

Aucun signe de maladieou légere chute du GMQPos de diarrhée

Chute du GMQ

Diarrhée inconstantePeu ou pas de mortalité

Severe chute du GMQDiarrhée importanteMortalité élevée

spécifiques des coccidioses intestinales. Lesprincipaux symptômes que l'on peut rencontrerswat: la diarrhée; l'amaigrissement; la sous-consommation d'aliment et d'eau; la contagion;la mort.

L'évolution clinique d'une coccidiose in-testinale est schématiquement représentée 6. lafigure 22.

Diarrhée. Scion les espéces, la diarrhéeapparait entre le 4e et le 6e jour qui suitl'infestation; son intensité est maximale versle 8e-10e jour, puis elle régresse en troisquatre jours. La diarrhée est le premiersymprome visible, avec la déshydratationcutanée qui petit étre appréciée cli-niquement par la persistance du pli de lapeau.

e Gain de poids et consommation d'alitnent. Ilsévoluent de fawn séquentielle et systé-ma tique et suivent tres fidélementl'évolution de la diarrhée. Pendant deux outrois jours, la croissance et la con.sommationd'aliment sont de faible importance puis,entre le 70 et le 10e jour suivant l'infestation,survient une perte de poids pouvantatteindre 20 pour cent du pokis vif en deux

trois jours. La guérison est ensuite assezrapide puisque, deux semaines apresl'inoculation, les animaux peuventretrouver leur croissance initiale.

Pathogénicité Espèce Symptômes

Non pathogéne E. ccEcicolaou peu pathogène F. exigua

E. perfaransE. vejdovskyi

Pathogène E. mediaE. magnaE. irresiduaE. piriformis

Tres pathogène E. intestinalisE. flavescens

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Le lapin 115

FIGURE 22Scliénta de l'evolution clinique d'une coccuitose

Gain de pods (g/jour)

[ Ammaux témoins40

Animaux inoculés

30

20

10

I

e Mortalité. Elle sévit pendant une périoderelativement courte (trois ou quatrejours) etsurvient de faeon brutale le 9e jour aprèsl'infestation.

eFacteurs de variation. L'intensité de cessymptômes généraux varie, bien entendu,en fonction de l'espèce d'Eimeria, de lagravité de l'infestation (effet dose) et del'état general de l'animal. On peut, enutilisant diverses especes à différentesdoses, obtenir exactement les m'èmes effets.On possède peu d'informations sur Yeffet de

plusieurs espèces. II ne semble cependant pasquill y ait synergie entre les espèces, sauf avecE. piriforrnis qui semble augmenter considé-rablement la pathogénicité des autres espèces,ce qui s'explique assez facilement du fait deson lieu d'implantation et du rôle capital ducôlon (voir ci-après Rhysiopathologie»).Il est frequent que, parallèlement aux

Diarrhée

10 14 16

Jours après inoculation

Mortalité

VORNM O.* 111.1.

coccidioses, se développe une florebactérienne qui complique les symptômeset les aggrave. Si les lapins n'ont jamais étéen contact avec les coccidies (animaux nonimmuns), l'âge ne joue pas de rôlefondamental dans la réceptivité auxcoccidies. Chez les animaux de 10 à 11semaines, la maladie est plus breve, ladiarrhée moins importante, mais la chute depoids et la mortalité souvent plusimportantes que chez les lapins plus jeunes.En revanche, après un premier contact avecle parasite, les lapins sont relativement bienimmunises.

Physiopathologie des diarrhees d'originecoccidienne. Le symptôme majeur de la patholo-gie intestinale du jeune lapereau est la diarrhée.C'est par reference au veau et au nourrisson,chez qui les phénomènes diarrheiques sontessentiellement lies à des perturbations

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hydrominérales, qu'a été abordée l'étude desentérites du lapin consécutives aux coccidioses.

Chez le veau ou l'enfant, par exemple, ladiarrhée est dominée par trois phénomènesmajeurs: par définition il y a augmentationimportante des pertes de matières fécales; surle plan métabolique, la pathogénie des diar-rhées s'explique généralement par unedéshydratation extracellulaire et par une acidosemétabolique.

Chez le lapin atteint de diarrhée, comme chezle veau ou l'enfant, les fèces sont certes plushydratées mais l'excrétion fécale est quan-titativement moins importante que chez lesanimaux sains. Il y a donc peu de perte d'eau etde sodium. D'autre part, alors que, dans le casdu veau ou de l'enfant, l'excrétion urinaire estfaible, voire nulle, avec hémoconcentration as-sociée à une déshydratation extracellulaire, chezle lapereau, la diurèse n'est pratiquement pasmodifiée au cours de la diarrhée, et il y ahémodilution. Il n'y a pas de modification dansla répartition hydrique de l'organisme; seule lapeau est fortement déshydratée. Le pH sanguinreste normal. Au niveau plasmatique, la modi-fication la plus notable est une sévèrehypokaliémie.

La pathogénie des diarrhées du lapereauparait donc différente de celles plus qclassi-ques» du veau ou de l'enfant. Cependant, sur leplan intestinal, le primum movens semble com-mun à ces espèces et au lapin. Dans la diarrhéecolibacillaire du veau, par exemple, l'intestingrêle est le siège d'une sécrétion importanted'eau et de minéraux, notamment de sodium,qui seront perdus par l'animal. Chez le lape-reau, on dénote également un défaut deréabsorption (voire une sécrétion) de sodium etd'eau dans les zones de multiplicationparasitaire. Mais, par opposition au veau, lelapin est capable de compenser ces troublesdans les parties distales du tractus digestif (c6-lon), et surtout de mettre en ceuvre un échangeNa-K qui limite au maximum les fuites sodées,les pertes potassiques se faisant aux dépens desréserves corporelles.

Les différents paramètres qui viennent d'être

étudiés évoluent parallèlement aux symptômesdéjà décrits, et leur intensité maximale se situevers le loe jour après l'infestation. Par ailleurs,certains éléments sont généralement mention-nés de fawn constante lors d'entérite chez lelapereau: allongement du temps de rétentiondes ingesta dans l'intestin, flore colibacillaireélevée et pH intestinal tendant vers la basicité.Cela montre que les phénomènes essentiels dela pathogénie des diarrhées semblent être in-dépendants de l'étiologie (agents infectieux oucauses non spécifiques), et que ce syndromediarrhée est un processus complexe conduisantpeut-être à une réponse unique, mais où plu-sieurs éléments sont concernés (digestion, flore,motricité, absorption, sécrétion), aboutissantl'aspect particulier de la diarrhée du lapereau.

On pourrait être tenté également d'attribueraux lésions spécifiques, quelquefois spectacu-laires, la cause du pouvoir pathogène. Ce seraitoublier que toutes ces modifications dumétabolisme hydrominéral, du pH, etc., sontdes phénomènes tardifs, conséquences inéluc-tables d'une agression qui a eu lieu plusieursjours plus tôt.

Coccidioses et terrain. Les élevages sontparasités le plus souvent par plusieurs espècesde coccidies. Toutes les enquêtes montrent quece sont les espèces les moins pathogènes quel'on trouve en plus grand nombre (Eimeriapeiforans et E. media). E. magna est aussi trèsfréquente et souvent en très grande quantité. E.intestinalis, E. flavescens et E. irresidua sont heu-reusement moins fréquentes, car leur seule pré-sence constitue un grand danger pour l'éle-vage. Certaines espèces peuvent être quasimentabsentes dans certains pays: E. piriformis estrare en Europe, et E. intestinalis n'a pas étéidentifiée au Bénin.

Il faut se rappeler en permanence qu'en éle-vage fermier une seule crotte de lapin sain con-tient en moyenne suffisamment de coccidiespour provoquer une diarrhée si elles sont ino-culées à un animal. Et pourtant, tous les lapinsne font pas une coccidiose clinique. Dans lamajorité des cas, tout dépendra des conditionsd'élevage. Si celles-ci sont bonnes, seul un pour-

116 Pathologie

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centage restreint d'animaux mourra de diar-rhée; si elles sont défavorables, la mortalitéchronique sera de 10 a 15 pour cent, ce qui estle cas general.

Que l'environnement soit bon ou mauvais,toute agression pourra déclencher unecoccidiose, quel que soit l'age des animaux.est curieux de constater que la diarrhée frap-pera non seulement les jeunes lapereaux re-cemment sevrés, mais aussi les animaux plusages en contact avec les parasites depuis plu-sieurs semaines. L'immunité spécifique acquisenaturellement est toujours très faible. Un ràlemajeur doit donc ètre attribué aux stress dans ledéclenchement des coccidioses dont le proces-sus de développement est résumé A la figure 23.

Les agressions non spécifiques prises iso-lément ne permettent pas de reproduire unediarrhée clans un élevage oti, par ailleurs, lesconditions sanitaires et de confort physiologi-que sont bonnes. Dans ces cas, Fanimal a puconserver intact son potentiel de defense nonspécifique.

A l'inverse, un simple changement d'alimentdans un élevage où le milieu est &favorablesuffira pour déclencher une diarrhée.

En outre, le seul fait d'élever ensemble cinqou six lapins dans une cage d'un tiers de metrecane et dans un local où il y en a 100 ou 1 000autres constitue une caisse de resonance quiamplifie tous ces phénomènes. Enfin, on nepeut parler de facteurs non spécifiques sanspréciser leur intensité (5 minutes de transportne constituent pas la meme agression que4 heures). Ces agressions constituent le phéno-mene déclenchant, et ce n'est qu'ensuite, dansla plupart des cas, que les agents infectieuxspécifiques interviennent (virus, bactérie,coccidie). Chacun d'eux, par sa simple presencepermanente en quantité faible ou moyenne, peutaussi contribuer à diminuer le potentiel de de-fense de l'organisme sans pour autant qu'ily ait une maladie clinique permanente. Il ensera de mème avec d'autres maladies spécifi-ques chroniques (affections respiratoires,myxornatose) qui, indirectement, seront, par lemème processus d'épuisement des capacités

de defense de l'organisme, l'origine du déclen-chement des coccidioses et des diarthées.

Les cas de coccidiose primaire sont doncprobablement tares. Ils peuvent néanmoinsexister, en particulier lorsqu'on introduit desanimaux étrangers a l'élevage et porteursd'espèces pathogènes.

Le diagnostic. Le diagnostic de coccidiose estsouvent extrèmement difficile à faire. Il ne peutétre pose qu'en laboratoire, en faisant, outre unexamen des vi.scères, un denombrement descoccidies par gramme d'excrément. Pouraffirmer l'existence d'une coccidiose, il faut fairedes comptages non seulement sur plusieursanimaux mais aussi pendant plusieurs jours desuite. Il faut également identifier les especes encause et en connaitre le pouvoir pathogènespécifique.

En ce qui concerne les recherches coprosco-piques, l'examen des excrements de plusieursjours pris sous une cage oil il y a plusieursanirnaux est preferable à celui d.0 conteriu duccum, et il est bien plus fiable. En effet, A uninstant donne (mort ou sacrifice de l'animal),peut résulter:

aucune trace de coccidie et coccidiose: c'estle cas, qui n'est pas rare, des animaux quimeurent avant la fin du cycle des coccidies;

e peu de coccidies et coccidioses: meme casque précédemment, avec une mortalité unpeu plus tard.ive; ce cas se présentefrequemment avec les coccidies trèspathogènes qui provoquent rapidement lamort (Eimeria intestinalis et E. flavescens),méme lors de faibles infestations;beaucoup de coccidies et pas de coccidioseclinique lors des infestations avec lescoccidies peu pathogènes (E. coecicola, E.perforans et E. inedia), liest évid.ent que, dansce cas, la multiplication du parasite sera toutde même un element &favorable.

Malgré ces difficultés, on peut affirmer aumoins que la seule presence d'E. intestinalis,d'E. ,flavescens, et mème d'E. irresidua ou d'E.piriformis, constitue une présomption grave etun danger certain pour les deux premièrescoccidies. L'examen nécropsique est souvent

Le lapin 117

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décevant. Les lesions typiques de coccidiosesn'apparaissent que lors d'infestations massiveset elles ne persistent que deux ou trois jours.

La presence de ponctuations blanchâtres surl'intestin permettra de soupqonner une coc-cidiose, sans pour autant l'affirmer. Dans tousles cas, il est conseillé de faire l'autopsie de tousles animaux morts car un ensemble de facteurs,méme rapidement observes, est bien preferable

un résultat isolé.Le diagnostic de coccidiose hépatique est au

FIGURE 23

Développement d'une coccidiose

AGRESSION NON SPECIFIQUE

Physique transport, bruit, chaleur sèche, from' humide, changement demilieu, manque de tranquillité, frayeurs, etc.

Chimique. air trop chargé en ammoniac et en gaz lourds, médicaments,etc.

Biologique, sevrage, microbisme ambiant élevé, changement d'aliment,affection respiratoire, etc

2 Epuisement des capacités de réaction de l'organisme

4 Contamination par de très fortesquantités de coccidies, qui deviennentalors à elles seules l'agent de lamaladie par contagion persistante

3 Développement des coccidies induisant une coccidiose

5 Développementcolibacillaire,éventuellement

contraire très facile à faire. La presence de peti-tes taches blanc-jaunâtre ou de petits nodulesla surface ou dans le foie est caractéristique decette maladie. Mais seule une coccidiosemassive, provoquant une hypertrophie parfoisspectaculaire du foie et un amaigrissementimportant, peut expliquer la mortalité.

Le pronostic. Faire un pronostic de coccidiosesera sans grand intérét si le praticien ne faitaussi le diagnostic des raisons qui ont provoquéla coccidiose. Tous les lapins sont porteurs de

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Le lapin 119

coccidies. Si la maladie s'est déclarée, ce n'estdonc pas du seul fait des parasites (ils étaientdéjà presents); ce sont les conditions de vie, deresistance de l'animal et de l'élevage qui ontpermis à ces Eimeria de se multiplier. C'estpourquoi il faudra aussi examiner le milieu ettraiter. C'est là que le pronostic est souventassez sombre.

Lutte contre les coccidiosesThérapeutiqueCe chapitre est en general attendu avecimpatience car on croit toujours au miracle. Oril n'y a pas de miracle. Les traitements sontsouvent décevants et onéreux, et cela tient àdeux raisons essentielles:

On ne peut reellement traiter que si onconnait la cause de la maladie. Or, chez lelapin, celle-ci est le plus souvent, à l'origine,la conjonction d'agressions multiples nonspecifiques. C'est donc l'environnementqu'il convient d'abord de modifier.Traiter contre les coccidioses est possiblesur des animaux infectés depuis peu dejours (cinq ou six), mais inefficace sur lesautres. Après un traitement efficace, il fautsavoir que la mortalité et la diarrhéecontinueront pendant quelques jours en-core. Ce qui décoit le plus souvent, c'estqu'après une amelioration d'une ou deuxsemaines, il y a rechute. Il faut biencomprendre que, après quelques jours dediarrhée dans un élevage, il y a des milliersde milliards de coccidies et qu'il suffit dequelques centaines des plus pathogènespour tuer un lapin.

Sulfamidothérapie. Les medicaments les plusfrequents sont les nitrofuranes et les sulfamides. Lespremiers ont été utilises pendant près de 30 ans enpermanence dans l'aliment. Peut-étre faut-il voir làle peu d'action contre les coccidies que l'on constateà l'heure actuelle. 11 est probable, toutefois, que leuractivitébacteriostatique favorise la guerison ou éviteles troubles. Le Bifuran (50 pour cent de furazolidone,

50 pour cent de furoxone), à raison de 200 mg parkilogramme d'aliment, n'est plus employe qu'à titrepréventff.

Les sulfamides sont les plus efficaces sur leplan curatif.

La sulfadimethoxine est la plus efficace et lamieux supportée par les femelles allaitantesou gravides. La dose curative est de 0,5 à 0,7 gpar litre d'eau de boisson, et la dose preven-tive de 0,25 g. L'activité bactériostatique de cesulfamide, en particulier sur les pasteurelles,en fait l'un des meilleurs medicaments de l'éle-vage du lapin. Il ne faut cependant pas enabuser.

La sulfaquinoxaline est très utilisée mais àdes doses supérieures. La dose curative est de1 g par litre d'eau de boisson, et la dosepreventive de 0,50 g.

La sulfadimérazine à 2 g par litre d'eau deboisson est moins efficace.

Ces mémes sulfamides peuvent étre poten-tialises par des antifoliques comme la pyrime-thamine ou la diavéridine, ce qui permet deréduire considerablement les doses à utilisermais augmente aussi la toxicité, en particulierpour les femelles gravides. Chez ces dernières,on évitera l'usage systematique des sulfamides.

Le formosulfathiazole est egalement unexcellent coccidiostatique qui peut étre utilise à0,5-0,8 g par kilogramme d'aliment à titre cura-tif ou 0,3-0,5 g à titre préventif. Il est malheu-reusement insoluble dans l'eau.

Les traitements curatifs devront toujours étreappliqués à tous les animaux en croissance pen-dant quatre à cinq jours consécutifs suivis d'unrepos therapeutique, puis d'une reprise du trai-tement pendant quatre ou cinq jours.

Si le traitement se fait dans l'eau de boisson,on veillera à ce que celle-ci soit toujours trèspropre. Si les animaux sont nourris avec desaliments aqueux (racines et verdure, parexemple), on les remplacera par des alimentssecs, sinon les animaux ne consommeront pasassez d'eau.

Les concentrations de medicament qui sontgénéralement indiquées correspondent grossomodo à une consommation prévue de 100 à 150 gd'eau par kilogramme de poids vif. Lorsque celle-ci &passe ces normes (femelles allaitantes, grandechaleur), il conviendra de diluer davantage le

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médicament. L'inverse n'est guère possible car lelapin risque de refuser le breuvage.

Antibiothérapie. Les antibiotiques n'ont pasd'action curative contre les coccidioses. On peutcependant les utiliser dans le cas de diarrhéesrebelles ou pour éviter les complicationsbactériennes secondaires. Les plus utilisés sontla néomycine (de 0,1 à 0,4 mg par litre d'eau deboisson), la colimycine (de 3 à 4.105UI par litre),les tétracyclines (de 0,2 à 0,3 g par litre).

Toute antibiothérapie commencée doit sepoursuivre trois à quatre jours, sans diminuerla dose, pour avoir quelque chance d'êtreefficace. L'antibiothérapie doit être faite avecprecaution chez le lapin. Certains antibiotiquesqui agissent essentiellement sur la flore grampositive sont toxiques pour le lapin (ampicilline,lyncomycine, clindamycine); d'autres sontdéconseiller par voie orale (chloramphénicol,pénicilline, érythromycine, tylosine).

En dehors peut-être de la néomycine et destetracyclines, l'antibiothérapie chez le lapinprésente toujours un risque de trouble digestif.Dans le cas de diarrhée, sans diagnostic étio-logique, il a été constaté empiriquement que,très souvent, un traitement correct contre lesseules coccidies suffit à rétablir la situation. Demême, de nombreux chercheurs frarKais ouétrangers soulignent l'importance des cocci-dioses intestinales comme facteurs prédispo-sant au déclenchement des entérites, et l'intérêtd'un traitement contre les coccidies. Il faut rap-peler, enfin, que l'usage d'un medicament neconstitue pas, à lui seul, un traitement correct.Prophylaxie

Les agressions non spécifiques et les coccidiosesconstituent les facteurs essentiels des diarrhées.La prophylaxie des diarrhées consistera donc àéviter ces deux types de phénomènes.

Contre le premier type d'agression, laprophylaxie hygiénique sera mise en ceuvre;contre les coccidioses, on associera laprophylaxie médicale.

La prophylaxie médicale. Elle est de deux types:la vaccination et la chimioprévention.

Vaccination. Il n'existe pas (en 1993) devaccins contre les coccidies. Les recherches sont

actives dans ce domaine, et on fonde quelquesespoirs, dans les années à venir, sur des souchesatténuées à cycle court (souches précoces).

Chimioprévention. Les sulfamides utilisésaux doses prophylactiques (voir p. 119) au mo-ment du sevrage, pendant 8 à 10 jours, consti-tuent un bon moyen de prévention dans lesélevages à problèmes.

Les anticoccidiens distribués préventivementdans les aliments complets granulés sont sanscontexte la prophylaxie médicale la plusrecherchée. Un certain nombre de produits sontutilisables chez le lapin. La Robénidine estutilisée comme additif dans l'aliment (66 mgpar kilogramme) depuis 1982. Elle est très effi-cace et très bien tolérée par le lapin. Cependant,10 années d'usage en Europe occidentale ontfini par faire apparaître des chimiorésistances(E. media et E. magna). D'autres produits sontefficaces (Lerbek) ou très efficaces (Salinomycine,Diclazuril, Toltrazuril [hydrosoluble]), mais ilsne sont pas encore (en 1993) utilisés pour lelapin. Les anticoccidiens de la famille desionophores, utilisés en aviculture, sont en ge-neral très toxiques pour le lapin: Narasine,Monensine, Maduramycine. Quelques-uns sontbien tolérés (Salinomycine 20 ppm; Lasalocid50 ppm), mais il faut faire attention ausurdosage. D'autres anticoccidiens très utilisésen aviculture, comme l'Amprolium et le Coyden(méthylchlorpindol), ne sont pas ou sont peuefficaces chez le lapin. Une revue exhaustive deces produits a été faite par Coudert (1981). Leurinconvenient est leur insolubilité dans l'eau, cequi exclut leur utilisation en dehors des ali-ments granulés complets.

Les antibiotiques utilisés à faible dose et en con-

tinu dans l'aliment sont à déconseiller formelle-ment car ils sont inefficaces et dangereux.

La prophylaxie hygiénique. Elle constitue la clef devoilte de la lutte contre les coccidioses et de laréussite de l'élevage du lapin. Son rôle dépasselargement la lutte contre les coccidioses, aussi la finde ce chapitre lui est-elle entièrement consacrée.

L'immunité acquise contre les coccidies estspécifique pour chaque espèce. Il faut signalerque les coccidies ne peuvent pas se développer

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Le lapin 121

chez les jeunes lapereaux avant l'age de 21 à 25jours, c'est-à-dire tant que l'alimentation lactéeest dominante. La présence de coccidies avantl'age de 28 jours est le signe d'une insuffisance del'alimentation lactée ou d'une très mauvaisehygiène générale. Après le sevrage, lorsqu'il y acontamination, l'immunité est acquise en 10-12jours et elle dure jusqu'à l'age adulte. Cepen-dant, les stress importants ou provoquant uneimmunoclépression récluisent cette résistanceacquise.

Entérites d'origine bactérienneEn dehors des coccidioses, deux autres types dediarrhées sont traditionnellement mentionnéschez le lapin. Ceux-ci ont été particulièrementétudiés en France par Renault (1975), qui en adécrit le déroulement et le mécanisme.

Entéritemucorde. Une diarrhée particulière peutétre observée chez des lapereaux en croissanceou chez des lapines allaitantes: les fèces très mollessont mélangées a. une substance gélatineuse trans-lucide appelée mucus.

A l'autopsie, on observe un côlon et un rectumremplis de quantités importantes de gelatine quiressemble à du blanc d'oeuf. De nombreuseshypothèses ont été avancées pour expliquer cettesorte de diarrhée, qui n'est sans doute qu'uneexpression particulière d'entérites d'étiologiestrès diverses, bactériennes (colibacille, par exem-ple) ou nutritionnelles (défaut d'abreuvementet/ou défaut de lest).

Entérotoxérnie, colibacillose et typhlite. Cesdiverses appellations, comme l'entéritemucoïde, recouvrent en fait des entérites quipeuvent avoir des etiologies différentes maisdont les aspects cliniques et nécropsiques sonttrès proches. L'évolution de la maladie est sou-vent rapide (trois ou quatre jours), et la mortprécède quelquefois la diarrhée. Quand lamaladie évolue de fawn enzootique dans unélevage, on peut assister a des phases de diar-rhée mucoYde ou de constipation.

A l'autopsie, les lesions ressemblent a cellesdécrites pour les coccidioses. Tout au plus y

a-t-il plus souvent des gaz dans le ccum, qui estfréquemment strié de marbrures rouges. Le foieet les reins présentent parfois un aspect anormal(foie friable, reins décolorés).

Les bactéries le plus souvent incriminées sontles Clostridium et les colibacilles.

Les Clostridium (Cl. perfringens, Cl. welchii, Cl.septicum) sont assez rarement isolés de lapins encroissance après le sevrage. Peut-être est-ceen partie au fait que ce sont des germes anaérobiesqui nécessitent pour les isoler et les identifier lamise en cruvre de moyens particuliers. Depuisquelques années, Clostridium spiroforme est fré-quemment décrit chez le lapin. Ce type d'enté-rite survient souvent chez des animaux biennourris (il s'agit peut-étre d'un excès de protéi-nes). Il peut concemer aussi bien les jeunes queles reproducteurs. La diarrhée est souvent trèsliquide, et la rapidité de la putréfaction est carac-téristique. Les cadavres sont ballonnés, et a.l'autopsie les viscères ont un aspect verdare. Lestraitements spécifiques des anaérobies peuventétre efficaces (Dimétridazole, Tétracycline +Imidazole, etc.).

Les E. coli, au contraire, sont systématiquementen nombre très élevé chez le lapin atteint dediarrhée, y compris d'ailleurs quand il s'agitd'une coccidiose. Il faut rappeler que le lapinsain héberge très peu de colibacilles (102103 pargramme de fèces), contrairement à toutes lesautres espèces animales.

Certains auteurs ont isolé, à partir de lapinsmalades, près de 200 souches différentes.Heureusement, toutes ne sont pas pathogènes,et le nombre de sérotypes (souches) mis en causeest relativement restreint.

Le sérotype 0103 est pratiquement le seul quisoit considéré comme spécifiquement pathogèneen France. Des études de synthèse ont été faitespar Licois (1992) et par Peeters (1993).

L'entéropathogénicité de ces souches vient destoxines qu'elles sécrètent. Il faut savoir néan-moins que, expérimentalement, la reproductionde diarrhée avec ces seules souches enté-ropathogènes n'a été qu'excepti onn ellem en t réa-lisée (0103). Pour provoquer des diarrhées avecces E. coli entéropathogènes, il faut simultané-

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ment agresser l'animal (alimentation déséquili-brée, coccidies, choc thermique).

La colibacillose au sens strict est surtout unemaladie post sevrage. Avant le sevrage, les diar-rhées des lapereaux ne sont souvent que la con-séquence d'une mauvaise santé des mères. Pources diarrhées néonatales,. comme les lapereauxne consomment que du lait, ce sont donc lesmères qu'il faut traiter. Encore faut-il que l'anti-biotique se retrouve en concentVion suffisantedans le lait; beaucoup d'antibiotues traversentmal la barrière intestinale ou sont rapidementdégradés, et le traitement dans l'aliment devradonc étre complété par un traitement parentéraldes femelles. Après rage de sept ou huit semai-nes, les lapins sont moins réceptifs. Les traite-ments antibiotiques à spectre large (colistine,fluméquine, par exemple) accompagnés desmesures d'hygiène générale peuvent rétablir lasituation dans la mesure où une autre causemajeure (aliment, densité au mètre carré, santédes mères, etc.) n'est pas la cause initiale.

Conclusion sur les entérites bactériennes. Si l'as-pect clinique et nécropsique de ces diarrhéesd'origine non parasitaire diffère quelque peude celui des coccidioses, les conditions de leurapparition ne changent pas: il faut d'abord quele terrain animal se prête à la multiplication del'agent infectieux (colibacille ou coccidie). Parmiles facteurs qui favorisent peut-étre de fawnplus spécifique ce type de diarrhée, il faut citerl'excès de protéines dans la ration (plus de 18pour cent), surtout s'il y a un défaut d'apporten lest (moins de 10 pour cent de cellulose bruteindigestible).

Ces «entérotoxémies», très souvent associéesaux coccidioses, sont fréquemment signaléesdans les élevages fermiers, où les lapins sontaliment& avec des fourrages verts trop ré-

Certams antibiotiques sont très toxiques pour lenotamment les

amoxillines et autres bétalactamines, la vir-giniamycine, la lyncomycine et l'acidc oxoluuque(embryo toxique)

cemment récoltés et en outre souvent distri-bués à méme le sol et soufflés par la litière.

Les traitements curatifs arrivent toujours troptard, compte tenu du caractère aigu de cesentérites. Antibiothérapie et /ou sulfamido-thérapie éviteront l'extension de la maladie, etbien souvent il suffit de remplacer l'aliment(granulés ou fourrage vert) par un bon foin secpour diminuer les pertes. Mais, là encore, sirien n'est changé dans les conditions généralesde l'élevage, les mémes troubles réapparaitrontrapidement. Les pasteurelloses chroniques, sur-tout lorsqu'elles sévissent en engraissement,provoquent également directement ouindirectement des diarrhées et de la mortalité.

Autres parasitoses gastro-intestinalesIl suffit de parcourir un ouvrage de parasitologiepour découvrir que l'on peut trouver plusieursdizaines d'espèces différentes de parasites dansle tube digestif du lapin. Il est d'autant moinsquestion de les passer ici en revue que la plupartd'entre eux sont, soit très rares, soit pathogènesmais dans des circonstances exceptionnelles,soit peu ou pas connus chez le lapin d'élevage.Il est cependant utile, dans le cadre des éleva-ges fermiers, surtout en milieu tropical, de dé-velopper ici quelques données fondamentalessur les conditions biologiques nécessaires audéveloppement de ces parasites.

Dans les élevages rationnels que l'on ren-contre en Europe, deux parasitoses intestinalessont connues: la coccidiose et l'oxyurose. Chezles lapins sauvages vivant dans les mémes ré-gions, on trouve de nombreux autres parasites.

La raison essentielle tient aux divers cyclesdes parasites. Nombre d'entre eux sonthétéroxènes: pour qu'ils puissent se multiplieret se développer, il est nécessaire qu'ils viventsuccessivement chez plusieurs hôtes, parexemple: petite douve du foie: mammifèreescargot fourmi mammifère.

Dans d'autres cas, ils sont monoxènes (unseul hôte), mais la forme larvaire ou la formeadulte ne se développe que dans le milieuextérieur et dans certaines conditions (prairiehumide, eau stagnante, etc.). On comprend dès

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lors que l'élevage rationnel, en coupant le cyclede ces parasites, ait éliminé toutes ces para-sitoses. En élevage fermier, certains de ces pa-rasites subsistent.

Quelques parasitoses intestinales de l'élevagefermierCysticercose (cestode). Fréquemment rencontrée,elle se traduit par de fines stries blanches sur lefoie et des kystes translucides isolés ou engrappe sur le péritoine et les visceres. Lescysticerques sont les larves de ténia des canidésou des félidés. Le lapin se contamine en con-sommant un aliment soufflé par des excrements,et les hôtes définitifs (chien, chat, renard) de-viennent porteurs de ténia en mangeant lesviscères de lapins. Il y a peu de symptômes(diarrhée quelquefois), sauf en cas d'infestationimportante, ce qui n'est pas rare; la vitesse decroissance devient faible. Il n'existe pas de trai-tements curatifs. Il faut traiter les animaux do-mestiques. Les larves de ténia d'autres especesanimales (porc, rat, etc.) peuvent égalementcontaminer le lapin.

Il faut aussi signaler que certains ténias duchien ou du chat ont des larves qui peuvent nonseulement contaminer le lapin, mais égalementl'homme: échinococcose, ccenurose. Les lesionssont des kystes confluents formant des tumeurstranslucides sur les viscères ou dans le cerveau.

Téniasis (cestode). Une demi-douzaine de téniaspeuvent parasiter le lapin, qui se contamine enconsommant des acariens de l'herbe humide.Les signes cliniques sont discrets: légère diarrhée,quelquefois amaigrissement, rarement mortalitépar perforation intestinale. A l'autopsie, ontrouve des vers plats, larges de quelquesmillimetres et de longueur variable selonl'espèce (de 1 cm à 1 m).

Les ténias sont très rarement rencontrés chezle lapin domestique. Les traitements utilisespour les autres especes animales sont utilisables.

Fasciolose et dicrocoeliose (trématodes). Lagrande douve (Fasciola hepatica) ou la petitedouve (Dicrocoelium lanceolatum) se trouventégalement très rarement chez le lapin. Les con-ditions d'infestation sont les mêmes que pour

les ruminants. Les hôtes intermédiaires sontcertains escargots et Yherbe provenant des zonesmarécageuses (fasciolose), ou d'autres escargotset les fourmis (dicrocoeliose). En general, il n'ya pas de symptôme en dehors d'une croissanceralentie. Le traitement est illusoire.

Trichostrongyloses (nématodes). Ce sontégalement de petits vers ronds de 4 à 16 mm. Siles Graphidium (vers de l'estomac) semblent peufrequents en Europe, il n'en est pas de mémepour les Trichostrongylus qui sont bien connusdans les élevages fermiers. La contaminationse fait par la consommation de fourrage vertinfecté par des larves. Le pouvoir pathogèneintrinsèque de ces parasites est relativementfaible, mais il aggrave beaucoup les autresmaladies du lapin et en particulier les diarrhées.Lors d'infestations massives, on peut constaterune forte inflammation de diverses parties del'intestin (estomac, intestin grèle, caecum).

Les anthelminthiques classiques (thiaben-dazole, phénothiazine, tétramisole) sont utilisa-bles chez le lapin. Il est même conseillé de fairedes traitements reguliers tous les mois ou tausles deux mois dans les élevages fermiers con-taminés.

Passalurus (oxyure) et Trichuris. Il faut aussisignaler ces deux autres petits vers ronds fre-quents dans le caecum et le côlon du lapin, maisils ne semblent pathogènes que lors d'infestationsmassives.

Strongyloidoses (nématodes). Ce sont de petitsvers ronds de quelques millimetres qui peuventmigrer à travers tous les organes pourse retrouver dans l'intestin. L'étiologie etl'épizootiologie sont identiques à celles desruminants ou du porc. Quelques contaminationsmassives ont été décrites chez le lapin dans desclapiers sombres, humides et mal entretenus.

Prophylaxie hygiénique et parasitoses gastro-intestinales. Ce parasitisme intestinal est trèsbanal chez le lapin sauvage. Chez le lapin do-mestique, en élevage fermier, il est frequent etsans grande importance économique si les con-ditions sanitaires globales sont satisfaisantes.

Dans les clapiers mal entretenus ou en cas

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d'infestations massives, ces parasites vont favo-riser toutes les autres maladies, intestinales ounon, et leur faire prendre un aspect suraigu,enzootique et mortel.

L'élevage rationnel a fait disparaitre en bloctoutes ces verminoses. La prophylaxie est simpleà mettre en ceuvre: il faut couper le cycle de cesparasites. Cela se résume pour l'essentiel à pren-dre soin des fourrages, c'est-à-dire:

ne pas les récolter dans les zones tropfréquentées par les chiens, les chats et leslapins sauvages;les stocker hors de port& de ces animaux;les cueillir en milieu de journée, quand il n'y aplus de rosée (éviter les zones marécageuses) etsans les couper trop au ras du sol; en effet,beaucoup de ces parasites fuient la sécheresse etla lumière forte;les faire sécher au soleil (préfanage) avant deles donner aux animaux; la sécheresse tue laplupart des vers ou de leurs larves;les distribuer dans des rdteliers oil lesanimaux ne peuvent pas les souiller avecleurs fèces ou leurs urines.

L'intensité du parasitisme peut étre consi-dérablement dirninuée par une évacuation fré-quente des litières, qui doivent par ailleurs étretoujours sèches. L'abattage tardif des animaux àl'engraissement (trois mois et plus) est un 616-ment défavorable, car certains de ces parasitesont un cycle assez long qui est interrompu par unabattage plus précoce (oxyures). On pourra éga-lement faire des traitements réguliers avec desanthelminthiques à large spectre ou avec despréparations à base de sulfate de cuivre dansl'eau de boisson (1 pour cent) pendant un oudeux jours.

LA PATHOLOGIE RESPIRATOIRE

Les affections de l'appareil respiratoire sont fré-quentes chez le lapin domestique. En élevagerationnel, c'est essentiellement une maladie desreproducteurs. En élevage fermier, les lapereauxpeuvent aussi ôtre atteints. A l'état enclémique,les pertes sont surtout à craindre chez les femel-les où la maladie devient chronique, cause desarréts de production et une mortalité importante

chez les lapereaux allaités. Bien que sévissant leplus souvent à l'état endémique, des épizootiesbrutales pouvant décimer un élevage en quel-ques semaines sont quelquefois observées en éle-vage fermier.

Aspects cliniquesLes premiers symptômes sont un écoulementnasal (jetage), clair et fluide, et des éternuementsfréquents. L'attention est souvent attirée par l'at-titude du lapin qui se frotte le nez avec ses pattesantérieures. Sur celles-ci, les poils sont coil& etsales. Il s'agit là du premier stade: le coryzabanal, qui est une atteinte des voies respiratoiressupérieures. Plus tard, le jetage devient jaundtre,épais, purulent. Les éternuements diminuent,mais la toux peut apparaitre. Ce coryza purulentpeut rester stationnaire ou évoluer en pneumo-nie, soit spontanément, soit à l'occasion d'agres-sions spécifiques ou non (entérites, lactation,malnutrition). Lors de pneumonie, le coryza, leséternuements et même la toux peuvent disparai-tre. Les seuls symptômes seront un ralentissementdes mouvements respiratoires bien visibles auniveau des narines et des difficult& d'inspira-tion. Chez les jeunes, la croissance devient faibleou nulle. Les complications sont fréquentes: diar-rhée, ophtalmite, sinusite, otite (torticolis), abcès.Chez les femelles, la mort peut survenirbrutalement pendant la lactation ou la gestation.A l'autopsie, le coryza se manifeste par la pré-sence de pus dans les cornets nasaux et l'atro-phie de leurs muqueuses. Les poumons peuventétre congestionnés et prendre par endroits l'as-pect du foie. Très souvent, on observe de vérita-bles abcès dans les poumons avec un pus caséeuxblanc jaunâtre très abondant, pouvant occuper lamajeure partie de la cavité thoracique.

EtiologieComme dans le cas des diarrhées, les affectionsrespiratoires sont dues à l'association de causesnon spécifiques favorisantes et d'agents infec-tieux.

Les causes favorisantes. De nombreux facteursdéjà cités précédemment jouent également un

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ròle permissif pour qu'unepathologie respiratoires'installe. Dans les élevages d'engraissem.ent enparticulier, la maitrise des entérites chroniquesfera aussi régresser les coryzas. D'autres causesfavorisantes sont directement liées a la physiolo-gie respiratoire du lapin. Les poumons sont pro-tégés par la presence de cornets nasaux trésamplifies et trés complexes chez le lapin. Ceux-ci sont recouverts par la muqueuse pituitaire quijoue le n3le d'un veritable filtre arretant poussie-res et microbes contenus dans l'air. 11 est donecapital de sauvegarder l'in.tégrité de cette mu-queuse. Il convient d'insister sur quelques fac-teurs auxquels cette muqueuse pituitaire est par-ticuliérement sensible:

Les refroidissements brutaux de Fair peuventetre l'unique cause des coryzas banals. Dansce cas, ceux-ci peuvent guérir spontanémentet rapidement si l'environnement sanitaireest satisfaisant.

o La poussiére (granules trop friables, pollen,poussiéres atmosphériques pendant unbalayage a sec, proximité de chemins de terre,etc.) peut, par une action mécanique surla muqueuse pituitaire, provoquer un coryzabanal. Il s'agit du meme cas que pre"-cédemment

La vi.tesse de l'air, l'hygrométrie et latemperature sont trois facteurs de Fen-vironnement qui sont trés lies entre eux etqui jouent un ròle preponderant dans ledéclenchement de ces maladies de l'arbrerespiratoire. Plus la temperature est basse,plus l'air doit etre sec et se déplacer lente-ment. Le lapin semble particulièrementsensible a la vitesse de l'air qui ne pourradépasser 0,30 ni par seconde que sil'humidité est supérieure a 75 pour cent. T1est admis par tous maintenant que, dans lesbatiments clos, les erreurs de ventilationsont la cause majeure des pneumonieschroniques.L'ammoniac et les gaz se dégageant deslitiéres en decomposition ou macérant dansFurine dc,struisent trés rapiclementmuqueuse pituitaire et, de plus, atteignentdirectement les poumons.

Les agents infectieux. Les agents infectieux secaractérisent par l'expression facultative de leurpouvoir pathogéne et par le fait qu'ils sont 110M-breux et interchangeables. Autrement dit, ce n'estque lorsque les muqueuses des voies respiratoiressupérieures sont altérées que les germes pre-sents peuvent se développer et exprimer leurpouvoir pathogéne spécifique.

Bactéries. La pa.steurellose est la plus fréquem-ment citée car les rongeurs et les lagomorphessont particuliérement sensibles a ce germe.pasteurellose peut revetir de multiples formeschez le lapin: abces, mammites, diarrhée, métrite,otite, septicémie. On conwit donc que la pollu-tion de l'élevage par ce microbe puisse devenirtrés importante et quelquefois telle que cespasteurelloses sévissent à l'état ende'mique. Cer-taines souches de pasteurelles sont pluspathogénes que d'autres, et cette pathogérticitépeut s'acquérir pendant une endemie et provo-quer une épizootie dans l'élevage ou clans laregion (Rideau et al., 1992). Néanmoins, si lespasteurelles dominent en gravité et en fréquence,d'autres germes peuvent être isoles de l'appareilrespiratoire d'un lapin malade: pasteurelles,klebsielles, staphylocoques, streptocoques,bordetelles et meme colibacilles, salmonelles oulisteria. Ceux-ci sont le plus souvent des compli-cations secondaires ou des associations (par exem-ple: streptocoques -+- bordetelles).

Tous les élevages de production sora contami-nés par des pasteurelles. 11 n'y a pas toujourspasteurellose respiratoire, mais le risque est tou-jours present et varie avec la pathogénicité de lasouche.

Virus. En dehors de la myxorriatose qui semblede plus en plus fréquemment provoquer despneumonies, aucune virose respiratoire n'a étédécrite. Ii est cependant certain qu'elles existentet, comme chez les autres especes animales, lagravité tient surtout aux complications bac-tériennes qui s'ensuivent.

Parasites. Plusieurs espéces peuvent se déve-lopper dans les poumons (protostrongle,lin ga hale). C'est cependarit relativement rare chezle lapin domestique car, comme pour les versiraestinaux, des hòtes intermédiaires (escargot,

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chien) sont nécessaires. Le diagnostic n'est possi-ble qu'en laboratoire.

Quelques données épidérniologiqueset physiopathologiques

La transmission des pasteurelles se faitessentiellement par contact direct: mère-jeune,mâle-femelle, abreuvoir, mangeoire, mains del'éleveur. Cette bactérie résiste peu de temps endehors de l'organisme, ce qui rend efficaces lesvides sanitaires. D'autre part, la transmissionaérienne est peu fréquente et n'est efficace que sil'air est chargé de particules (poussière, eau).

Dans un élevage sain, on observe que leslapereaux se contaminent difficilement avantl'âge de 21 à 25 jours. La grande majorité desadultes sont des porteurs inapparents. Les si-nus, le vagin et l'oreille moyenne sont les lieuxde colonisation les plus frequents, et à l'autop-sie on observe que plus de 60 pour cent desfemelles font une otite moyenne suppureepasteurellique asymptomatique. Les pas-teurelles arrivent dans l'oreille moyenne etinterne par la voie lymphatique périneurale etcette migration peut se faire dans les deux sens.

D'autres affections pasteurelliques sont fre-quentes: abcès cutané, mammite, vaginite, me-trite. Ces deux dernières sont plus fréquentesdans les élevages pratiquant l'insémination arti-ficielle et qui ne respectent pas les conditionsd'hygiène du materiel. Il faut considérer quetoutes ces formes suppuratives externes sontincurables et que les animäux atteints doiventetre éliminés immédiatement.

Lutte contre la pathologie respiratoireAvant de définir les mesures d'ensemble quidoivent etre mises en ceuvre, nous allons abor-der les elements de cette lutte.

Chimiothérapie. Les tetracyclines sont des anti-biotiques pneumotropes bien tolérés par le lapin.Le chloramphénicol et la sulfadimétho>dne sontefficaces également. Les dosages varient avec lespreparations, mais dans tous les cas le traitementdevra durer trois ou quatre jours, et de prefe-rence par injection intramusculaire. Chaque fois

que la bactérie est isolée en laboratoire, il estfortement conseillé de faire un antibiogramme.Les antibiorésistances sont rares chez lespasteurelles du lapin, les plus fréquemment si-gnalées sont celles à la streptomycine, à laspiramycine et aux sulfonamides.

Il est inutile et dangereux de faire sys-tématiquement des traitements antibiotiquespréventifs.

ProphylaxieVaccination. On trouve de nombreux vaccins

sur le marché; leur efficacité est très aléatoire. Laplupart de ces vaccins sont faits a partir depasteurelles, quelquefois de bordetelles. Or, d'unepart, le lapin s'immunise très mal contre cesdeux germes (quelle que soit la qualité du vac-cin); d'autre part, et surtout, les bactéries ne sontqu'exceptionnellement la cause directe de lamaladie. Ainsi, meme si le lapin est protégé con-tre une pasteurelle, il pourra faire une pneumo-nie a streptocoques ou à staphylocoques.

Compte tenu du très grand nombre de sou-ches de pasteurelle et de la variabilité de leurpathogénicité, on préférera toujours lesautovaccins. En outre, pour étre efficace, il fautque la vaccination soit effectuée juste après lesevrage sur des animaux sains et qu'elle soitsuivie d'au moins un rappel un mois plus tard.ne faut jamais vacciner pendant la maladie nipendant la chimiothérapie.

Prophylaxie hygiénique. Plus encore que dansles affections digestives, elle est la condition sinequa non de la réussite de la lutte contre la patho-logie respiratoire.

En presence d'une pasteurellose endémiquedans une maternité, on devra persuader l'éle-veur qu'une bataille de longue haleine commence.La stratégie suivante lui est proposée.

Chaque fois que possible, le premier réflexesera, avant toute antibiothérapie, de prelever deuxou trois animaux malades pour identifier legerme, faire un antibiogramme et éventuellementpréparer un autovaccin. Ensuite, compte tenuque le succès de la lutte depend de l'importancede l'élimination des malades, l'éleveur devra sedonner les moyens de remplacer les animaux

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élimines. La preparation de nouvelles femellesreproductrices, a partir d'animaux le plus jeunespossible (dès le sevrage) isolés, traités, voire vac-cines, sera le prelude à la lutte contre lapasteurellose.

La première étape de cette lutte sera l'élimina-don immediate des animaux cliniquement mala-des: coryza suppuré, ronflements, difficult&respiratoires, abcès, mammites, écoulementvaginal, etc. La seconde étape sera d'analyserl'ambiance dans la maternité: vitesse de l'air,taux d'ammoniac, hygrométrie, temperature,teneur en poussière. Faute de trouver et de ré-

Plan d'éradication des pasteurelloses:ordre des opérations

Prelever des arumaux vivants pour leaboratoire (antibiogramme et autovaccin).

Préparer un stock de futures reproductricespour remp lacer les animaux qui v ont are amines.Les isoler, les trailer et les vacciner dès que possible.

Eliminer les femelles malades: coryzasuppuré, rontlements, difficultés respiratoires,abcès, etc.

Verifier l'ambiance (vitesse de l'air,ammoniac) et la modifier.

Faire des traitements antibiotiquesraisonnés sur tout le cheptel restant.

Décontaminer l'environnement: laver etdésinfecter (cages, trémies, abreuvoirs, sols,murs).

Continuer l'élimination des porteurs sainspendant plusieurs semaines, voire plusieurs mois:femelles peu ou pas productives (refusd'accouplement,saillies infecondes, avortements).

Renouveler avec des jeunes femellesvaccinées quand la situation s'est améliorée etcontinuer le renouvellement accéléré du chep tel.

soudre les problèmes d'ambiance, toute luttespécifique est vaine. La troisième étape (et sipossible pas la première!) sera l'antibiothérapie(tetracycline, chloramphénicol, etc.), surtout effi-cace si elle est réalisée suffisamment longtempset par injection parentérale.

L'assainissement bactériologique de l'élevagedevra étre complete par une intensification dunettoyage des sols, des murs et de tout le mate-riel d'élevage.

L'élimination des malades devra se poursuivrepar celle des porteurs plus ou moins sains: vieillesfemelles, femelles improductives, femelles refu-sant l'accouplement ou faisant des avortements,femelles présentant du coryza en fin de gesta-tion, etc. On se souviendra que les males sont deredoutables porteurs sains.

L'entrée des nouvelles femelles ne doit se faireque lorsque la situation s'est améliorée, souventplusieurs semaines après le début des interven-tions. Elle ne doit pas signifier la fin de la vigi-lance tant en ce qui concerne le maintien d'unebonne ambiance et d'une bonne hygiene que lemaintien d'un tri très severe des reproducteursconserves.

AUTRES MALADIES DU LAPIN

Il existe de nombreuses maladies autres quecelles de l'appareil digestif et respiratoire. Laplupart ont disparu en élevage rationnel sansque l'on sache toujours pourquoi. D'autressubsistent en élevage fermier mais n'ontqu'exceptionnellement une importance éco-nomique. Il est fait ci-après une rapide enu-meration des maladies qui ne sont pas rares,sans souci de systérnatique ni d'importancerelative.

MyxomatoseC'est une maladie a virus (virus de Sanarelli)qui a décime l'Europe pendant plus de 20 ansaprès qu'elle eut été introduite en France en1952. Le virus de Sanarelli se developpe sansprovoquer de maladie chez certains Sylvilagus(lapins américains dont le Cotontail rabbit) quisont donc de redoutables porteurs sains.

La myxomatose est extrêmement contagieuse,

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et les modes de transmission peuvent être trèsdivers. Les insectes piqueurs (moustiques, pu-ces, etc.) jouent le rôle principal par la rapiditéavec laquelle ils peuvent contaminer les ani-maux et la distance qu'ils peuvent parcourir.La contamination, par contact entre animauxou par du matériel contaminé (cage, trémie,etc.), est également fréquente. Il semble certainmaintenant que, dans les élevages enclaustration, la voie pulmonaire soit possible.

Le virus est très résistant au temps, auxagents physiques (froid, sécheresse, chaleur)et aux désinfectants. Le formol est cependanttrès actif et recommandé pour désinfecter lematériel.

Les symptômes sont d'abord une inflam-mation des muqueuses (paupières, zone géni-tale) qui s'épaississent et forment de petitestumeurs.

On retrouve ces nodules tumoraux sur lesbords des oreilles puis sur tout le corps. Lestumeurs très adhérentes à la peau grossissentet finissent par déformer toute la tête. Enpalpant l'animal, on sent également de nom-breuses nodosités sous la peau du dos.

Les formes respiratoires semblent fréquen-tes également sans aucun autre symptôme. Lediagnostic clinique est alors impossible. Laguérison est rare mais non exceptionnellequand l'animal peut continuer à s'alimenter etqu'il n'y a pas de surinfection. Elle n'est cepen-dant pas souhaitable car l'animal devient alorsun porteur sain de virus. Les traitements n'exis-tent pas et ne sont pas souhaitables.

La vaccination est efficace et peut se faireavec un virus hétérologue (virus de Shope quiprovoque un petit nodule bénin chez le lapin),ou le virus de la myxomatose atténué. En Eu-rope occidentale, c'est le premier qui est leplus populaire; en Hongrie, le second est leplus utilisé. La prophylaxie hygiénique con-siste, dans le respect général de l'hygiène,combattre les insectes, sans oublier les poux etles puces dans les élevages fermiers.

Les éleveurs ou les pays qui achètent desanimaux devront veiller à ce qu'ils soient vac-cinés depuis plus de trois semaines et moins

de deux mois et qu'ils proviennent d'un éle-vage sain régulièrement vacciné.

La maladie hemorragique virale (VHD)Il existe de nombreux synonymes: RVHD(Rabbit VHD), hépatite virale, hépatite viralehémorragique, maladie X, etc.

Epidémiologie. Cette maladie est apparue soussa forme épizootique en 1984 en Chine. Elles'est très rapidement disséminée dans le restedu monde. En 1988, toute l'Europe était atteinteainsi que le continent américain (Mexique,Venezuela, etc.).

Les épizooties étaient les plus spectaculairesdans les pays à forte concentration d'élevagesfermiers ou de lapins sauvages. En Italie, parexemple, on a estimé que plus de 80 pour centdes élevages fermiers ont été entièrementdécimés en quelques mois. Après un ou deuxans, ces formes épizootiques sont plus rares etplus limitées dans l'espace, mais la maladiereste à l'état endémique dans le pays.Néanmoins, lorsque la VHD atteint un paysindemne, son évolution et sa gravité restentdramatiques, comme à Cuba en 1993.

Sur le plan épidémiologique, il est acquis quela viande de lapin chinois congelée a été,l'origine, le mode de contamination de l'Eu-rope occidentale et du Mexique. Actuellement,tous les pays producteurs (viande, sous-pro-duits, reproducteurs, etc.) sont contaminés.

Malgré l'aspect fulgurant des épizooties,faut noter qu'en Europe occidentale peud'élevages industriels (aliments exclusivementsous forme granulée) ont été atteints, sauf enEspagne. Les fourrages récoltés par les éleveurssont fréquemment soupqonnés d'être le vecteurprincipal du virus.

Très généralement, ce sont les animaux deplus de huit semaines, et surtout les adultes,qui sont les plus sensibles à la VHD.

Symptômes et lésions. Lorsque la maladieapparaît dans un élevage, son évolution estsuraigtie et sa diffusion foudroyante. La mortsurvient un à trois jours après la contamination.

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Dans la forme chronique, les survivants gueris-sent en une semaine.

Cliniquement, les symptômes sont peu evo-cateurs: fébrilité, mort brutale quelquefois pré-cédée de convulsions et de cris. L'épistaxis ante-mortem est plus spectaculaire que fréquente. Lediagnostic est assez facile: mortalité foudroyantedans l'ensemble de l'élevage (de 20 à 40 pourcent par jour) et atteignant surtout les adultes.

A l'autopsie, les lésions sont caractéristiques:Syndrome hémorragique généralisé al'appareil respiratoire, au foie et à l'intestin.Congestion des reins, de la rate et duthymus.Hypertrophie souvent tres importante duthymus et du foie; ce dernier presente leslésions les plus constantes: décoloration,aspect de «foie cuit», dessin lobulaire tresmarqué.Défaut évident de coagulation; comme lerevele l'incision des organes de cadavrefrais.Flépatite nécrosante et CIVD (coagulationintra vasculaire disséminée) dans tous lesorganes, lésions les plus caracteristiques,révélées par l'étude histopathologique.

Etiologie. Actuellement, bien que ce virusARN n'ait jamais été cultivé, la plupart desauteurs s'accordent pour le classer dans la fa-mille des Calicivirus. Il est tres résistant à lacongélation, à l'éther, au chloroforme et auxenzymes proléolitiques. Ilpeut être inactivé parle formol ou la fg-propiolactone. Il est détruitpar l'eau de javel, la soude et les phénols.

Les premières cellules cibles dans l'organismesont celles du système réticulo-endothélial. Parla suite, le virus peut se retrouver dans toutesles cellules et surtout dans les hépatocytes. C'est

partir du foie que le virus est purifié pourdormer les vaccins inactives.

Traitement et prophylaxie. Il n'existe aucuntraitement. Les mesures de prophylaxiehygiénique ne se sont avérées efficaces que dansles élevages industriels.

Il existe plusieurs vaccins obtenus a partir devirus inactivés. Ils sont tres rapidement effica-

ces (de deux à cinq jours), et la protection duresix mois ou plus.

En zone d'endémie, la vaccination est unemesure indispensable et efficace. Quand, dansune region, une épidémie se declare dans unélevage, une vaccination dans les heures quisuivent le premier cas de mortalité peut sauverun élevage.

Le plus gros problème dans les pays conta-mines est de disposer d'un stock de vaccinssuffisant pour intervenir immédiatement.

Lors d'importation d'animaux ou d'intro-duction de reproducteurs, à côté des mesureshabituelles (par exemple la quarantaine), deuxpolitiques differentes peuvent étre préconisées:test serologique négatif préalable, ou animauxvaccinés. Aucune des deux méthodes n'est en-tièrement fiable car, d'une part, les tests eux-m'emes donnent des résultats dont la spécificitéest quelquefois discutable et, d'autre part, l'in-cubation de la maladie est tres courte. La vacci-nation serait sans doute la meilleure méthodecar il semble que le virus ne se multiplie paschez les animaux vaccinés. Cependant, ce der-nier point reste a confirmer de façon formelle.

Signalons enfin qu'il est admis que, malgréde tres nombreuses similitudes (virus, symp-tôme, épidémiologie), le syndrome du lièvrebrun europeen (EBHS) n'est pas transmissibleau lapin et reciproquement.

Abcès plantairesLes abcès de la face plantaire des pattes consti-tuent l'affection la plus banale, connue de tousles éleveurs. Les abcès chroniques sont beau-coup plus fréquents sous les pattes postérieu-res. Ils débutent par une tuméfaction peu visi-ble mais que l'on sent à la palpation. Ils peuventse limiter aux tissus cutanes et au tissu conjonc-tif. La peau devient épaisse (parakératose) etcroateuse; l'infection est latente et les plaiessont quelquefois sanguinolentes. Une mauvaisehygiène du sol de la cage peut provoquer unesurinfection. L'abcès gagne alors tous lesmétatarses et devient franchement purulent.

Ces abcès existent aussi bien en élevage fer-mier qu'en élevage rationnel sur grillage; ils

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atteignent surtout les reproducteurs. En éle-vage fermier, sur litière, la cause principale estle mauvais entretien des litières qui deviennenthumides et putrides. Il peut y avoir des infec-tions diverses (staphylocoques, champignons),mais le plus à craindre est un Corynebacteritun(bacille de Schmorl), qui provoque une gangrenenécrosante, malodorante, pouvant gagner latéte et tout le corps et devenir contagieuse(nécrobacillose).

Si cette étiologie est rare en élevage sur grillage,par contre, les maux de pattes (à staphylocoques)sont beaucoup plus frequents qu'en élevage surlitière. Mauvaise qualité, rugosité, fils torsadés,mailles trop larges et rouille sont les défautsessentiels du grillage; ils constituent autant defacteurs favorisant le développement des abcèssous-plantaires. Les races lourdes de lapins s'élè-vent également moirts bien (voire pas du tout)sur grillage que les autres races.

La lutte contre ces maux de pattes est d'abordpreventive. On s'attachera notamment auxfacteurs suivants:

choix de races moyennes et d'animaux dontle dessous des pattes est très fourni en poils,ce qui protege la peau (Néo-Zélandais,Californien);choix d'un grillage à fils épais, souclés etgalvanises, dont la largeur des mailles doitétre comprise entre 13 et 15 mm; le grillagene doit pas irriter la paume de la mainlorsqu'on en frotte la surface;litières toujours seches et propres;lavage et désinfection frequents des cages.

Les traitements sont difficiles. Quand il n'y apas de suppurations franches, on peut traiterles plaies tous les jours, puis tous les deux jours,avec des désinfectants puissants (iode, liqueurde Fehling, essence de pétrole, permanganate).L'activité antifongique de l'iode et du per-manganate ne doit pas étre oubliée si l'élevageest sur litière, ce qui favorise les complicationsavec les champignons. Les pommades antibio-tiques ne sont pas recommandées car le traite-ment est long et onéreux et, de plus, elles ra-mollissent la peau.

Des que ces abcès deviennent purulents ou

que les pattes antérieures sont atteintes,l'affection devient incurable et les animauxdoivent étre éliminés. Si d'autres abcès sontconstatés, sur la téte en particulier (nécro-bacillose), l'animal sera brale ou enterré pro-fondément. Les abcès sous-plantaires rendentla saillie pratiquement impossible pour lesmales.

Malocclusion dentaire (dents longues)La «maladie des dents longues» consiste dansla non-usure des incisives supérieures etinférieures qui ne frottent plus les unes contreles autres. Les incisives poussent sans arrét etfinissent par empécher l'animal de s'alimenter.

Ce phénomène peut étre d'origine génétique(malformation des machoires) ou mecanique(dents qui se cassent sur le grillage). En aucuncas, il n'est en relation avec la possibilité pourle lapin de ronger quelque chose. Il n'y a doncaucune liaison avec le type d'aliment distribué(presence ou non de fourrage, granule plus oumoins dur).

La prophylaxie est uniquement génétique:faut bien regarder les incisives lorsqu'on achèteou que l'on choisit un reproducteur. Le traite-ment consiste à couper les dents avec une pincecoupante au ras des gencives tous les15 à 21 jours.

Gales des oreilles et du corpsGale des oreilles. Elle est très frequente et semanifeste par une otite externe. On constatedes croates jaunes ou brunes dans le cornet del'oreille. L'évolution peut étre très longue; lescroates prennent la consistance de la cire etenvahissent toute l'oreille dont la face internedevient squameuse.

C'est une maladie parasitaire due à un acarien(Psoroptes ou Chorioptes), qui peut frequemmentse compliquer d'infections bactériennes.L'oreille moyenne peut alors étre atteinte etcela provoque un torticolis (la téte de l'animalest constamment penchée d'un côté).

Le traitement peut étre efficace si la m ala di eest trait& tout au début, e/est-à-dire lorsqu'onaperwit de petits dépôts jaune-brun au fond de

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l'oreille. On utilisera alors des produits insecti-cides, en application locale dans l'oreille. Lesorgano-phosphorés (malathion par exemple)seront préférés aux organo-chlorés (DDT,lindane) qui, bien que très actifs, sont dange-reux pour l'homme. La glycerine, ou l'huileiodée ou crésylée, est également efficace en trai-tement frequent.

La prophylaxie consiste .a éliminer lesanimaux dès que les croûtes occupent tout lefond du cornet de l'oreille et à traiter tous lesanimaux de l'élevage plusieurs jours de suite,puis tous les 15 jours. Pendant toute la durée dutraitement, il faut changer la litière trèsfréquemment car les parasites peuvent y resterlongtemps vivants.

L'Ivermectine est sans conteste le produit dechoix: deux injections de 200 jig par kilogrammede poids vif à huit jours d'intervalle ont un effetcuratif spectaculaire. Le produit est trèsrémanant; si on prend soin de traiter tout lecheptel simultanément et ensuite de nettoyerl'élevage, l'efficacité durera plusieurs mois. Cemedicament est très puissant et sera reserveaux reproducteurs car il faut attendre plusieursmois avant de consommer les animaux traités.

Gale de la tete ou du corps. Elle est beaucoupplus rare et ne se rencontre plus que dans lesélevages mal entretenus. Les lesions commen-cent au bord des lèvres, des narines, des yeux,puis envahissent la tete et les pattes antérieu-res, car l'animal se frotte la tete fréquemment.La peau devient sèche, sans poils, squameusepuis croûteuse. Ce sont aussi des acariens quisont en cause, mais de familles différentes deceux de la gale des oreilles: Sarcoptes et Notoedre.

Les traitements sont les memes que précé-demment, mais la prophylaxie (elimination desmalades, nettoyage des cages) doit etre plussevere.

Maladies de la peauTeignes. Les teignes, encore appelées der-matomycoses ou trichophytoses, sont des af-fections de la peau et des poils. Peu fréquentesen éleyage fermier, elles sont très répandues en

élevage rationnel. Elles débutent par desdépilations circulaires, sur le nez le plus souvent.Les poils semblent tondus; la peau est irritée etenflammée. D'autres petites plaques appa-raissent ensuite sur la téte, les oreilles, les pattesantérieures, puis sur tout le corps. Sur les le-sions les plus anciennes, le poil repousse aucentre. C'est une affection très contagieuse,souvent transmissible aux autres animauxdomestiques (chien, chat) et parfois à l'homme.Des champignons microscopiques en sont lacause; ils appartiennent à différentes familles(Trichophyton, Microsporum, Achorion), mais nesont pas spécifiques du lapin. Lorsque cetteaffection reste de faible intensité, il n'y a pas deperte économique.

Les traitements sont longs et onéreux. Onutilisera des antimycosiques dans l'aliment(Griséofulvine) pendant une dizaine de jours.Simultanément, le materiel d'élevage doit etrefréquemment nettoyé et désinfecté (formol à 5pour cent, par exemple). Beaucoup d'éleveursrépandent, avec succès semble-t-il, du soufrecolloïdal en poudre (fleur de soufre) sur le sol,les cages, les boites à nid. Dans les petitsélevages, les traitements locaux avec desantimycosiques en poudre ou liquides sontpossibles (teinture d'iode et autres colorants).Mais, dans ces cas, des mesures d'hygiènedoivent accompagner ces traitements et, entreautres, l'élimination des animaux trop atteintset le traitement des animaux domestiques.

Ectoparasites et trichophagie. En plus des pouxet des puces propres au lapin, des ectoparasitesd'autres espèces animales (volailles en parti-culier) peuvent perturber la quietude des la-pins. Inexistants en élevage rationnel, cesectoparasites de l'élevage fermier peuvent etrela cause de la diminution des performances etsont surtout des vecteurs de nombreuses ma-ladies (myxomatose entre autres). L'hygièneet les antiparasitaires externes permettent ra-pidement de s'en débarrasser.

La trichophagie ou picage s'observe aussi bienen élevage fermier que sur grillage. Les animauxse mangent le poil entre eux et finissent par avoir

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tout le dos et les flancs nus. Toutes les hypo-theses étiologiques ont été émises: déséquili-bre de la ration, trouble du comportement,environnement mal adapté, rythme lumineux,surpopulation, génétique, etc. Ce phénomène,très répandu au début de l'extension del'élevage sur grillage, semble régresser avecl'amélioration générale des conditionsd'élevage (materiel, aliment, souche). Il n'existeaucune prophylaxie precise et aucun traite-ment spécifique.

LES ZOONOSES

Les zoonoses sont des maladies communes a denombreuses espèces animales et en particulierl'homme. La plupart ne présentent aucune par-ticularité chez le lapin et sont rarissimes (rage,tétanos). Il ne sera donc fait mention que dequelques-unes d'entre elles, soit parce qu'ellespeuvent presenter un danger pour l'homme, soitparce que le lapin révèle que la maladie existedans la ferme ou le village.

TuberculoseCette maladie est très rarement signalée chez lelapin. Elle existe néanmoins et peut étre d'ori-gine aviaire, bovine ou humaine (ordre de fré-quence décroissante). Le lapin est très resistantla tuberculose qui évolue donc très lentement.Ce n'est que sur les reproducteurs que l'on pourravoir les lesions, seul moyen de suspecter unetuberculose. C'est essentiellement le poumon quiest atteint, moins souvent le foie, les intestins etle rein, et très rarement la rate.

On observe les classiques nodules tuberculeuxdans le parenchyme de ces organes avec souventa l'intérieur un pus caséeux presque solide.

Pseudotuberculose (rodentiose)Cette maladie est plus fréquente chez le cobaye,le lapin sauvage et le lièvre que chez le lapindomestique élevé sur litière, et elle a pratique-ment disparu avec l'élevage sur grillage. Elle estune des causes des arthrites synoviales del'homme. Le germe, Yersinia pseudo-tuberculosisprovoque de nombreuses lesions nodulairesblanchatres sur les viscères intestinaux (en parti-

culier sur la rate) qui sont hypertrophies. Cesnodules, de la taille d'une lentille a un pois chi-che, parfois amalgamés, sont disseminés danstoute la cavité abdominale mais exception-nellement dans les poumons.

En dehors d'un amaigrissement progressif,il n'y a pas de symptôme qui permette le diagnostic.A l'autopsie, la maladie se reconnait facilement.

TularémieLa tularémie est une maladie très contagieuseet fréquente chez le lièvre. Rare chez le lapin,son importance est due au danger qu'ellereprésente pour l'homme. C'est une maladiebactérienne (Francisella tularensis) qui se traduitpar une forte fièvre, laissant les animaux dansun état semi-comateux. Les lesions consistenten une hypertrophie de la rate, qui est trèscongestionnée. On observe souvent un foieponctué de très nombreuses petites taches gris-blanc de la taille d'un grain de mil (nécrosemiliaire du foie).

ListérioseMoins rare que la tularémie, cette maladie restesporadique en élevage fermier. C'est une infec-tion septicémique due a Listeria monocytogenes.Le diagnostic clinique est très difficile. Onpourra soupgonner la maladie quand il y a dansun méme élevage:

des troubles nerveux: photophobie,spasmes, torticolis;des avortements chez les lapines ou lesbrebis;une nécrose miliaire du foie et de la rate(sans hypertrophie).

ToxoplasmoseCette maladie est sans doute moins rare qu'onne le pense en élevage fermier; elle est due à desstades intermédiaires d'un parasite interne(Isospora) du chat et du chien. Le plus souvent,l'évolution est sans symptôme ou avec desformes nerveuses frustres. Les lesions sont deskystes translucides dans le cerveau ou les mus-cles, ou sur les viscères. La rate est souventhypertrophiée.

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Conclusion sur les zoonosesL'importance des zoonoses est d'ordre sanitairepour l'homme car celles-ci n'ont que tresrarement une incidence économique. Parailleurs, elles sont peu fréquentes en élevagefermier et ne semblent pas avoir été identifiéesen élevage rationnel sur grillage. Cela tient à ceque la contamination se fait essentiellement parles fourrages pollués par les autres especesanimales. Ce sont egalement le plus souventdes maladies d'adultes, et l'abattage précocedes animaux (de 10 à 12 semaines) limite leurextension. Lorsqu'on soulNonne ces maladies,il faut braler ou enfouir les cadavres des ani-maux, et l'homme doit prendre des precautionsd'hygiene renforcées.

Bien que, dans certains cas, des traitementsantibiotiques soient efficaces, il n'est pas sou-haitable de traiter: il vaut mieux se débarrasserde tous les lapins. La prophylaxie est unique-ment hygiénique et, outre les règles de pro-preté habituelles, on veillera à la récolte et austockage des fourrages. Les rongeurs (rats, sou-ris) sont de redoutables propagateurs de cesmaladies. La dératisation est fondamentaleautour des élevages de lapins.

LA TRYPANOSOMIASE

Les informations sur cette maladie sont rares,et celles qui ont été recueillies en Afrique sur lesujet, sans être contradictoires, ne sont pashomogènes. Expérimentalement ou dans desconditions particulières, il est démontre que lelapin peut contracter la trypanosomiase et qu'ilest surtout sensible à Trypanosoma brucei.

Il existe des élevages en zone «à glossine»(par exemple la Côte d'Ivoire), sans qu'il y aitde cas de trypanosomiases spontartées chez lelapin. A l'inverse, au Mozambique, la trypa-nosomiase pose des problèmes. Enfin, il a étésignalé que «les symptômes ressemblent étran-gement à ceux de la myxomatose».

RappelD'autres maladies transmissibles ou communesà l'homme et au lapin ont déjà été citées:

les teignes;

e la gangrene des pattes et de la tête due àSpaerophorus necrophorus;

e l'hydatidose ou la ccenurose dues aux larvesdu ténia du chien ou du chat;

e la trypanosomiase.En revanche, ni la variole du lapin (Pox virus),

ni la syphilis du lapin (Treponema cuniculi) nesont transmissibles à l'homme.

LA PATHOLOGIE DE LA REPRODUCTION

La lapine est capable de produire plus de 60lapereaux par an, mais peu d'éleveurs ont unenvironnement technique et intellectuel leurpermettant d'exploiter complètement ce poten-tiel. La maternité est la source des lapereauxmais aussi de la plupart des problèmespathologiques rencontrés par la suite. Tous lesefforts de l'éleveur devront d'abord se concen-trer sur la maternité et sur la santé des mères,qui est la première garantie de la santé deslapereaux au moment du sevrage. Les facteursde productivité de l'élevage (rythme de saillie,taille de portée, âge au sevrage) dependent del'éleveur, du materiel, de la qualité et de laquantité de l'aliment, etc., au moins autant quedu potentiel de la femelle.

La santé des mères determine la survie deses produits

Toutes les maladies qui viennent d'être évo-quées peuvent atteindre les femelles repro-ductrices. Seuls quelques points particuliers àla reproduction seront donc mentionnés ici,une fois que l'importance relative des grandsphénomenes pathologiques aura été situ&pour les femelles.

Affections respiratoiresC'est la pathologie dominante dans les mater-nités en claustration. En élevage intensif, outreles causes dues à l'environnement déjà citées,il faut mentionner la lactation comme causefavorisante. Chez les jeunes femelles allaitan-tes, des troubles généraux mal &finis peuventse compliquer de pneumonies aiguês ousubaigues, provoquant la mort de l'animal

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avant le sevrage de sa port& ou nécessitant saréforme peu de temps apres.

Affections digestives: entérotoxérnieLes affections digestives ont beaucoup moinsd'importance chez les adultes que chez les la-pins en croissance. Les diarrhées classiques detype coccidiose sont très rares. Le parasitismeintestinal (coccidiose, strongylose) est à l'étatlatent ou chronique, favorisant l'apparition desautres maladies.

L'entérotoxérnie est plus fréquente surtoutdans les élevages fermiers. Avec ou sans en-térite mucoYde, son evolution peut étre trèsrapide (de un à sept jours). Elle survient leplus souvent en fin de gestation ou au milieude la lactation, où elle se superpose quelque-fois avec des signes de pneumonie aigue. Enélevage traditionnel, des complications deparésie ou de paraplégie sont frequentessurtout chez les femelles trop grasses, cartrop nourries et soumises à. un rythme dereproduction trop faible. Dans ce cas, laprophylaxie consistera à adapter le rythmede reproduction aux capacités alimentairesde l'élevage. Il n'existe aucun traitement.

Affections métaboliquesEn élevage intensif, de 25 à 30 pour cent desfemelles meurent sans symptômes prémoni-toires le plus souvent. Cette mortalité survienten milieu de lactation pour les jeunes femellesprimipares ou secondipares et plutôt en fin degestation chez les femelles plus âgées. Bienque souvent appelée «entérotoxemie», cettemaladie n'a certainement pas une origine in-fectieuse, meme si les complicationsbactériennes sont fréquentes. Elle s'apparentedavantage à une maladie métabolique, commela fièvre de lait des ruminants ou l'éclampsiede la femme. L'étiologie est encore mal préci-see, et il n'y a pas de traitement curatif. Quel-quefois, ces mortalités sont réduites par destraitements préventifs .4 base de calcium dansl'eau de boisson ou en injections parentérales(gluconate de calcium) au moment de la misebas.

Abcès et mammitesLes abcès sont très frequents chez le lapin. Ilspeuvent devenir énormes et se développer trèsvite sans que la santé de l'animal semble altérée.Chez la lapine, deux localisations préférentiellessont à signaler: l'espace sous-maxillaire et lesmamelles. Si l'on ajoute les abcès plantaires, cesinfections constituent la cause essentielle deréforme des reproductrices.

Le plus souvent, c'est un staphylocoque doréqui est en cause, mais d'autres germes peuventétre presents; les plus redoutables sont lespasteurelles, qui donnent à la maladie un aspectépizootique plus marque avec de nombreusescomplications (pneumonie, septicémie,avortement). Les mammites sont très fréquentesen élevage sur grillage et sont probablementfavorisées par une congestion due à unrefroidissement local. Quand la mammite enest au stade congestif (mamelle dure, rougemais pas de pus), on peut éviter l'infection parun traitement antibiotique (trois jours) etl'application biquotidienne sur la mamelle detopiques cutanés astringents (vinaigre) pourdécongestionner. Contre les abcès ou lesmammites purulentes, aucun traitement n'estéconomiquement efficace.

ChlamydioseChlamyciia psittaci existe chez le lapin. Lessymptômes cliniques sont multiples: refus desaillie, avortement précoce, hémorragie péri-partum, hydrocéphalie et faible viabilité deslapereaux nouveau-nés. La tetracycline estefficace à titre préventif sur tout le cheptel,mais il peut y avoir des rechutes.

Affections des organes génitauxOrganes génitaux externes. Les organes génitauxexternes (vulve, penis, scrotum) peuvent ètre lesiege d'infections vénériennes spécifiques. Laplus connue est la syphilis du lapin due à unspirochete (Treponema cuniculi). Jamais signa-l& en élevage rationnel, elle n'est pas excep-tionnelle en elevage rural. Les lesions sont detype inflammatoire, puis ulcereux. Le male estsouvent atteint (orchite, balanite) et transmet la

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maladie qui peut devenir enzootique. C'est unealadie bénigne qui géne le ocia mais qui se

soigne aisément par les antibiotiques (pénicil-line, tétracycline).

Il faut faire attention de ne pas la confondreavec un début de myxomatose.

Organes génitaux internes. Les organes géni-taux internes sont aussi le siège d'infections,qui sont bien plus graves car elles sont beau-coup plus fréquentes et empéchent la repro-duction.

Les métrites (infection de l'utérus), souventassociées aux mammites et aux troubles res-piratoires, constituent l'un des phénomènespathologiques majeurs de l'élevage du lapin.

Le diagnostic peut être orienté par une fré-quence anormale, dans l'élevage, de femellesstériles et de mammites. Les cas d'avortement,rares d'ordinaire, peuvent étre plus fréquents.C'est à l'autopsie que la métrite sera reconnue:l'utérus est alors épaissi et mal rétracté; auniveau de l'implantation des embryons de ladernière portée, on peut observer des abcèsqui envahissent parfois tout l'utérus(pyomètre).

L'étiologie est complexe. La gestation et lamise bas représentent évidemment une causefavorisante, mais les conditions hygiéniquessont déterminantes ainsi que l'existence d'unepasteurellose chronique dans l'élevage. Lesgermes les plus fréquents sont non spécifi-ques: staphylocoque, pasteurelle. Les germesspécifiques déjà cités sont beaucoup plus ra-res: toxoplasme, Listeria, Salmonella. Ces infec-tions spécifiques sont à craindre en casd'épizootie d'avortements.

Les traitements antibiotiques ont surtout unintérést pour les animaux au début de la mala-die. Ils ne seront de toute façon efficaces que siles femelles les plus atteintes sont éliminées:femelles maigres ou présentant des mammitespurulentes, ou encore des signes de pneumo-nie et de coryza purulent.

La prophylaxie médicale (vaccination) ne peutétre dirigée que contre les pasteurelloses et ellereste aléatoire (voir les paragraphes consacrés

la pathologie respiratoire). La prophylaxiehygiénique est déterminante.

Troubles non infectieux de la reproductionStérilité. Les stérilités absolues sont relative-ment rares. Les «épidémies de stérilité» sont,dans la plupart des cas, saisonnières et duesune durée d'éclairement trop courte (moins de14 à 16 heures). En dehors de ces cas, les stéri-lités surviennent après une ou plusieurs misesbas. L'élimination des femelles non gravidesaprès trois saillies a, outre sa justification éco-nomique, une justification hygiénique.

Torsion. Les torsions de l'utérus ne sont pasrares. Elles sont découvertes a l'autopsie sur lesfemelles mortes pendant la gestation. Les causesne sont pas clairement connues, mais les taillesde portée très élevées et le manque de quiétudede la femelle sont souvent mis en cause.

Retard de mise bas. Les retards de mise bassont fréquents lorsque la portée ne comprendque quelques lapereaux (de un à trois). Lesrétentions fcetales sont alors souvent observéeset condamnent l'avenir économique de la fe-melle. Dans de très nombreux élevages moder-nes, la mise bas est systématiquement provo-quée par injection d'ocytocine le 33e jour (J33)de gestation (jour de la saillie: JO), si elle n'a pasdéjà eu lieu.

Mise bas en dehors de la bofte à nid. Les misesbas en dehors de la boite à nid sont généralementle fait de jeunes femelles primipares. Le manquede quiétude ou la présence de souris dans laboite à nid sont des causes favorisantes.

Prolapsus du vagin. Les prolapsus du vaginsont des accidents sans traitement possible.

Cannibalisme. Le cannibalisme vrai dû à un com-portement anormal de la femelle est exception-nel. Le plus souvent, la femelle mange ses petitsdans les heures ou les jours qui suivent la misebas, lorsque ceux-ci sont déjà virtuellement mortsmais encore tièdes. Cependant, le manque

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d'abreuvement dans les heures qui suivent lamise bas est q-uelquefois mis en cause dans lesélevages fermiers, peut-étre á juste titre.

Abandon de portée. Les abandons de port&sont le plus souvent le fait de jeunes femellesdont la montée laiteuse ne se fait pas ou se faittrop tard. Si une méme femelle abandonne deuxportées, il faut reliminer.

Le nid et la mortalité des lapereauxavant la quatrième semaine

On peut considerer, comparativement auxautres animaux d'élevage, que le lapereau a lanaissance est pratiquement encore a rétat fcetal.

La survie des nouveau-nes, done la réussitefinale de l'élevage, est étroitement liée a la qua-lité et à l'hygiène de renvironnement immédiatde la portee. Pendant les premiers jours, siqualite et la quantité des matériaux constituantle nid (paille, copeaux, foin, etc.) sont insuffi-santes, les nouveau-nés vont se refroidir, et lamort est alors inauctable. La mere elle-memeintervient peu. Elle fournit du poil pour consti-tuer le nid, allaite une fois par jour et defendquelquefois l'accès au nid, mais elle ne s'oc-cupe pas directement de ses petits. En particu-lier, si la boite à nid est mal conque et que lespetits peuvent dès les premiers jours en sortir,la mere ne les remettra pas à l'intérieur.

Si l'hygiene du nicl est mauvaise (crottes,hurnidité) ou si la femelle est malade (mammite,coryza), les laperea.ux développent en quelqueshe-ures une rhinite obstruant les narines. Or,rolfaction est très importante pour la décou-verte des mamelles. Dans de telles conditions,de petits abcès a staphylocoques peuvent rapi-dement se développer sur le corps des lape-reaux (ventre, aine, tarse).

Dans les élevages modernes franqais, avecdes femelles à forte prolificité, en rythme dereproduction intensif et dans des conditionsd'environnement acceptables, on estime qu'enplus des 5 à 7 pour cent de lapereaux trouvésmorts a la naissance, il est courant que de 16 á20 pour cent des lapereaux meurent entre lamise bas et le sevrage. Un tiers environ de

cette mortalité est consecutive a la mort pré-coce de la femelle. Une partie de ces orphelinspeut etre sa.uvée si on les fait adopter, en petitnombre, par une autre femelle allaitant deslapereaux du meme á.'ge. Le reste des pertes alieu précocement lors des deux premières se-maines de lactation. Quelques portées entieresdisparaissent dans les quatre ou cinq premiersj ours .

L'étiologie de ces mortalités n'est pas con-nue mais semble beaucoup plus liée a rétat dela femelle (lactation) qu'a une pathologic pro-pre aux nouveau-nés.

De ces quelques normes, établies à partir del'ensemble d'un élevage intensif sur une an-née, on retiendra qu'il ne faut pas considerercomme catastrophique une mortalité inférieure

15 ou 20 pour cent. On retiendra en revanchequ'apres les 15 a. 20 premiers jours de lactationla mortalité des lapereaux devrait étre très fai-bl.e. Lorsque ce n'est pas le cas, on observerad'abord la femelle (mammite, coryza) et 1/hy-giene de la cage et de la boite a nid. Avant lesevrage (30-35 jours), les diarrhées sont sou-vent le signe d'une hygiene insuffisante et lescoccidioses d'une hygiene deplorable ou d'unesous-alimentation des mères.

LA PROPHYLAXIE HYGIENIQUE

II a été dit et répété tout au long de ce chapitreque la prophylaxie est nécessaire pour assurerla réussite d'un élevage de lapins. Bienconduite, celle-ci sera suffisante dans la plupartdes cas pour éviter les grandes catastrophespathologiques. Outre la prophylaxie médicale(vaccinations, anticoccidiens, etc.) qui a déjàété évoquée et qui, chez le lapin, se récluitpeu de chose, il convient de développermaintenant les règles essentielles de laprophylaxie hygienique.

Situation et conception de l'élevageB. a été souligné au début de ce chapitre quillfaut dormer au lapin un environnement tel quillWait pas à hitter en permanence contre lesagressions extérieures.

L'élevage lui-méme devra se situer chaque

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fois que possible loin des nuisances, comme lebruit ou les zones poussiéreuses (les poussiè-res transportent les microbes), à l'abri des ventsdominants et, dans les pays chauds, dans lesendroits le moins longtemps exposés au soleil.

Il faut penser aussi aux possibilités dedératisation de l'environnement, car rats etsouris sont de redoutables porteurs sains demaladies auxquelles le lapin est très réceptif.

Lors de la construction de l'élevage lui-méme(bâtiment, cage, etc.), on devra à chaque ins-tant réfléchir aux possibilités ultérieures denettoyage: ce qui n'est pas facilement nettoya-ble, voire désinfectable, est à proscrire. En par-ticulier, l'environnement immédiat du lapin(cage, mangeoire, abreuvoir) doit être amovi-ble pour étre régulièrement sorti de l'élevage,nettoyé, séché et désinfecté. Lorsque les bâti-ments sont entièrement fermés, la ventilationdevra étre soigneusement étudiée, afin que ledébit d'air soit suffisamment important maisla vitesse de l'air la plus faible possible. En casde ventilation dynamique, c'est la ventilationpar surpression (pulsion de l'air > à l'extrac-tion) qui sera préférée, car elle permet de mieuxcontrôler l'entrée des insectes dans l'élevage(grillage) et de mieux régler les rapports débit-vitesse simplement en augmentant ou en di-minuant les lieux et les surfaces de sortie d'air.

Dans les pays tropicaux, certains auteursinsistent sur la nécessité que le local soit suffi-samment protégé pour servir de «tampon»,lors des grandes variations thermiques ethygrométriques, particulièrement en saison despluies, afin de réduire l'incidence des affec-tions pulmonaires. Les couvertures en tôlesdevront étre protégées du soleil pour éviter lachaleur rayonnante.

A titre d'exemple, dans un bâtiment d'éle-vage construit au Burkina Faso avec des mat&riaux locaux (briques de latérite, armature etcharpente en rônier et couverture en paille),les écarts de température quotidiens sont beau-coup moins importants que dans un bâtiment«en d ur» (a ggl omérés de Mon et toiture mé-tallique).

Chaque fois que c'est économiquement

possible, on choisira un matériel métallique,surtout pour l'environnement immédiat (cageen grillage et accessoires), car c'est le plusfacilement nettoyable et désinfectable.

Mesures permanentes d'hygièneHygiène préventive. L'émotivité du lapin estun facteur favorisant des troubles morbides;on évitera les visiteurs inhabituels, les livreursd'aliments, les acheteurs de lapins et autreséleveurs, qui sont des vecteurs de maladiesvenant d'autres élevages. Les lapins devrontétre protégés de l'approche des chiens, chats etautres petits carnivores sauvages.

Hygiène des aliments et de l'eau. Elle est fonda-mentale car les aliments et l'eau sont les vec-teurs de nombreuses maladies du lapin(coccidiose, vers, etc.). L'aliment doit étre stockédans un endroit inaccessible aux animaux do-mestiques. Il doit être distribué aux lapins dansdes mangeoires ou des râteliers, mais jamaissur le sol. Les abreuvoirs ne doivent jamaisétre posés sur le sol. Le lapin boit beaucoupmais jamais de l'eau sale. Les coccidies trou-vent dans l'eau un milieu idéal pour sporuler;l'eau devra donc étre fréquemment changée etles abreuvoirs nettoyés.

Hygiène de la cage et de la boite à nid. Elle estparticulièrement importante chez les repro-ductrices pendant l'allaitement. En élevage surgrillage, la cage sera enlevée et nettoyée pourchaque mise bas; en élevage fermier, la litièresera renouvelée fréquemment.

Après la mise bas, on ne craindra pas deretirer du nid les petits morts et de refairecelui-ci si nécessaire. Contrairement à uneopinion très répandue, la mère n'abandonnepas ses petits quand on y touche. Tout au plus,doit-on empécher l'accès au nid de la femellependant l'opération de nettoyage.

Après le sevrage, si l'élevage se fait aussi surlitière, on devra maintenir celle-ci propre etsèche, mais les difficultés seront accrues du faitdu plus grand nombre d'animaux par cage.Dans tous les cas, grillage ou litière, les sevragesse feront dans des cages parfaitement propres,désinfectées et sèches. Le sevrage est l'un des

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moments cruciaux de l'élevage du lapin. Eviterde transporter les animaux, de mélanger lesportées et d'utiliser des cages douteuses sontdes elements de réussite.

Microbisme. II convient aussi de 1-utter en per-manence contre l'élévation du microbisme. Les'naiades chroniques (atteints de coryza, pneu-monie, mammite, abces), surtout les reproduc-teurs, devront are éliminés rapidement. Unreproducteur malade en élevage cunicole a peude valeur en regard des dangers gull fait courir

l'élevage, du coat et de l'incertitude des trai-tements, et des possibilités d'un rapide rempla-cement (maturité sexuelle à quatre mois).

Dans les élevages entierement clos, la luttecontre le microbisme doit étre complétée par unentretien des MUIS, des plafonds et surtout dessols. Les sols humides ou poussiereux sont unesource permanente de pollution de l'atmosphere.

,Abattage précoce. L'abattage précoce (10 A 12semaines) des animaux destines A la consom-mation est aussi un acte de prophylaxie hygié-nique car, surtout en élevage fermier, beau-coup de maladies mettent plusieurs moisévoluer avant de devenir contagieuses.

Facteur humain. L'homme est le vecteur per-manent le plus dangereux pour les animaux.Cest lui qui, en penetrant dans l'élevage, ap-porte des contaminants extérieurs; il doit doncse laver les mains avant cl'entrer, et mettre deschaussures et un vétement qui ne sortent ja-mais de l'élevage. L'éleveur qui, par exemple,palpe une femelle atteinte de mammite, vaensuite systematiquement infecter toutes lesmamelles des femelles à palper ce jour-là.giene des mains est capitale, surtout lorsqu'onmanipule les animaux et lorsqu'on distribuel'aliment ou le fourrage.

Prophylaxie médicale. La prophylaxie médicaledes maladies parasitaires contribue aussi large-ment au maintien d'une ambiance saine. En ef-fet, de nombreux parasites (vers intestinaux,coccidies, etc.), sans provoquer de pertes directe-ment perceptibles, détériorent l'état de sante desanimaux et favorisent ainsi les infections les plusdiverses. Cependant, l'usage systematique desantibiotiques à titre préventif est a proscrire, et

l'abus des antiparasitaires et en particulier dessulfamides est beaucoup plus nuisibleTOUS les medicaments sont des poisons qu'il faututiliser avec discernement.

Désinfection. De nombreux documents trai-tent cette question; seuls quelques points fon-damentaux seront rappeles ici. En élevage, ladésinfection doit étre un acte de routine qui°belt A des regles simples.

Nettoyage. On ne peut pas désinfectermateriel sale. Il fain laver ou, si l'eau manque,gratter et brosser soigneusement le materiel.

Sechage..Un bon sechage à lui seul constitueun début de désinfection.

Procédés chimiques ou physiques . On n'oublierapas a ce propos que l'exposition au sol.eil pen-dant plusieurs jours d'un materiel bien net-toyé est un moyen simple, gratuit et très effi-cace de désinfection. Les seules conditions pourpouvoir s'en servir sont d'amenager une airede stockage hors de portée des animaux do-mestiques et de prévoir un volant de materielsupplémentaire, qui permette de prendretemps de nettoyer et de désinfecter sans re-duire la capacité de production de l'élevage.

En éleva.ge industriel, les appareils qui four-nissent de la vapeur d'eau sous pression sontdes elements indispensables A la réussite deVentreprise.

Mesures occasionnellesQuelles que soient les precautions d'hygierie,il arrivera un moment (un, deux ou trois ans)où les problemes sanitaires seront de moins enmoins maitrisables. Insensiblement, la pro-ductivité diminuera en &pit des interventionstherapeutiques de plus en plus fréquentes etdu meilleur savoir-faire de l'éleveur. L'origineessentielle de ce phénomene tient à l'augmen-tation du microbisme de l'élevage et, paralle-lement sans doute, à l'installation chez l'ani-mal d'une microflore et d'une microfaunedéfavorables.

Vide sanitaire. Le vide sanitaire est alors indis-pensable. Tous les anima.ux de la cellule d'éle-

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vage seront abattus, et tout le matériel sera net-toyé, remis en état et désinfecté. Ensuite, dans lamesure du possible, on laissera la cellule se repo-ser quelque temps (une à deux semaines) avantd'introduire de nouveaux animaux.

Certains petits élevages fermiers possèdentdeux installations, et tous les ans ils changentd'installation.

C'est une forme de vide sanitaire qui dure unan et qui se révèle très efficace.