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En quoi l’histoire d’un chef militaire carthaginois, trois siècles avant notre ère, peut-elle intéresser le Musée dauphinois ? Jean-Pascal Jospin* : « Si Hannibal n’avait pas traversé les Alpes, territoire d’investigations du Musée dauphinois, je ne m’y serais pas intéressé d’aussi près. Le récit légendaire d’Hannibal et de son passage dans les Alpes fait encore couler beaucoup d’encre, passionne les scientifiques et fait rêver les amateurs d’histoire. Assez naïvement je l’avoue, j’ai cru pouvoir résoudre l’énigme du passage en confrontant les travaux d’éminents spécialistes. Mais je ne suis arrivé à aucune certitude malgré mes présomptions pour un itinéraire. L’objectif pédagogique étant le moteur de toute exposition du Musée dauphinois, je me suis finalement attaché à contextualiser l’histoire dans laquelle s’inscrit Hannibal : deux empires rivaux, Carthage et Rome, la possession de la méditerranée occidentale comme enjeu, le passage des Alpes comme ruse de guerre ». Mais que sait-on d’Hannibal ? « Hannibal naît en 247 avant J.-C. pendant la première guerre punique qui oppose Carthage à Rome pour le contrôle de la Sicile. Fils aîné du général Hamilcar Barca qui sort vaincu de cette guerre, Hannibal aurait juré, à l’âge de 9 ans, de vouer une haine éternelle à Rome. Devenu à son tour chef de l’armée carthaginoise à seulement 26 ans, Hannibal déclenche la deuxième guerre punique contre Rome et échafaude un plan militaire audacieux : il ne livrera pas bataille sur la mer AVRIL 2011 Musée dauphinois Grenoble Numéro 18 LE JOURNAL DES EXPOSITIONS Actualité Hannibal et les Alpes Édito Après avoir réuni les meilleurs experts, archéologues et historiens de l’Antiquité, on espérait que le Musée dauphinois dévoilerait enfin au grand public l’itinéraire par lequel Hannibal a traversé les Alpes, il y a plus de deux millénaires. Il n’en est rien et l’on peut penser que les débats vont se poursuivre, les publications et les conférences s’accumuler pour interpréter les rares données disponibles et désigner le col franchi par l’armée et ses fameux éléphants. Ce que l’exposition nous montre, c’est qu’il y a deux patrimoines à considérer : celui qu’étudient l’histoire et l’archéologie, cette réalité incontestable du parcours d’une colossale armée partant de Carthage pour conquérir Rome ; et d’autre part celui que constitue le mythe d’Hannibal, ce récit légendaire qu’illustrent une abondante littérature, des images innombrables et jusqu’au cinéma hollywoodien… Entre mythe et réalité, le Musée dauphinois assure ainsi sa mission de lieu de réflexion sur la place que tient l’histoire et son interprétation dans la constitution de nos identités collectives d’aujourd’hui. Tout en offrant au plus grand nombre le récit imagé d’une aventure exceptionnelle vieille de deux mille trois cents ans. André Vallini Député de l’Isère, Président du Conseil général de l’Isère

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En quoi l’histoire d’un chefmilitaire carthaginois, troissiècles avant notre ère, peut-elleintéresser le Musée dauphinois ?

Jean-Pascal Jospin* : « SiHannibal n’avait pas traversé lesAlpes, territoire d’investigations duMusée dauphinois, je ne m’y seraispas intéressé d’aussi près. Le récitlégendaire d’Hannibal et de sonpassage dans les Alpes fait encorecouler beaucoup d’encre, passionneles scientifiques et fait rêver lesamateurs d’histoire. Asseznaïvement je l’avoue, j’ai cru pouvoirrésoudre l’énigme du passage enconfrontant les travaux d’éminentsspécialistes. Mais je ne suis arrivé àaucune certitude malgré mesprésomptions pour un itinéraire.L’objectif pédagogique étant lemoteur de toute exposition duMusée dauphinois, je me suis

finalement attaché à contextualiserl’histoire dans laquelle s’inscritHannibal : deux empires rivaux,Carthage et Rome, la possessionde la méditerranée occidentalecomme enjeu, le passage des Alpescomme ruse de guerre ».

Mais que sait-on d’Hannibal ? « Hannibal naît en 247 avant J.-C.pendant la première guerrepunique qui oppose Carthage àRome pour le contrôle de la Sicile.Fils aîné du général HamilcarBarca qui sort vaincu de cetteguerre, Hannibal aurait juré, à l’âgede 9 ans, de vouer une haineéternelle à Rome. Devenu à sontour chef de l’armée carthaginoiseà seulement 26 ans, Hannibaldéclenche la deuxième guerrepunique contre Rome et échafaudeun plan militaire audacieux : il nelivrera pas bataille sur la mer

AV R I L 2 0 1 1 M u s é e d a u p h i n o i s • G r e n o b l e N u m é r o 1 8LE JOURNAL DES EXPOSITIONS

Actualité

Hannibalet les Alpes

ÉditoAprès avoir réuni les meilleurs experts,archéologues et historiens de l’Antiquité, onespérait que le Musée dauphinois dévoileraitenfin au grand public l’itinéraire par lequelHannibal a traversé les Alpes, il y a plus dedeux millénaires. Il n’en est rien et l’on peutpenser que les débats vont se poursuivre, les publications et les conférencess’accumuler pour interpréter les raresdonnées disponibles et désigner le col franchipar l’armée et ses fameux éléphants.Ce que l’exposition nous montre, c’est qu’il y a deux patrimoines à considérer : celui qu’étudient l’histoire et l’archéologie,cette réalité incontestable du parcours d’unecolossale armée partant de Carthage pourconquérir Rome ; et d’autre part celui queconstitue le mythe d’Hannibal, ce récitlégendaire qu’illustrent une abondantelittérature, des images innombrables etjusqu’au cinéma hollywoodien…Entre mythe et réalité, le Musée dauphinoisassure ainsi sa mission de lieu de réflexion sur la place que tient l’histoire et soninterprétation dans la constitution de nosidentités collectives d’aujourd’hui. Tout en offrant au plus grand nombre le récitimagé d’une aventure exceptionnelle vieille de deux mille trois cents ans.

André ValliniDéputé de l’Isère, Président du Conseil général de l’Isère

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comme lors du premier conflitmais portera la guerre sur leterritoire même de l’Italie enpassant par les terres. Arrivéen Italie après avoir traverséles Alpes, il répand la terreurpendant quinze ans etparvient presque à prendreRome. Il gagne de grandesbatailles, Trebie, Cannes, où ilanéantit l’armée romaine.

Épuisé après quinze années decampagne, il est vaincu à son tour.Hannibal reste toutefois unpersonnage de l’histoire militaire etsa stratégie est toujours enseignéedans les académies militairesaujourd’hui ».

Quelles sources scientifiquesétayent votre propos ?« L’histoire des guerres puniques,de l’expédition d’Hannibal et de lafameuse traversée des Alpes sontrelatés dans les textes du grandhistorien grec Polybe, rédigésentre 167 et 146 avant J.-C. Ils sont les seules véritablessources de référence. Le récit dePolybe, personnage singulier, sortede géographe-ethnologue quiconnaît très bien la Grèce maisaussi Rome et Carthage, est dignede confiance. Dans ses écrits, onne relève que deux donnéesgéographiques : le Rhône et Turin.On sait donc qu’Hannibal franchitle Rhône sans précision du lieu detraversée, et qu’il arrive à Turindans l’Italie du Nord alors occupéepar les Gaulois qu’il tentera derallier à sa cause ».

Comment le mythe d’Hannibal etcelui de la traversée des Alpesont-ils résisté au temps ?« Hannibal est redécouvert à laRenaissance, au moment desguerres d’Italie que mène FrançoisIer. Associer le monarque et sonexpédition militaire à un héros delégende, qui a lui-même terrorisél’Italie, transcende la figure du roiet galvanise les troupes.La littérature s’empare à nouveaud’Hannibal au XVIIe siècle etdevient considérable au XIXe.Devenus une source d’inspirationpour les écrivains et les artistes, lepersonnage d’Hannibal, le passagedes Alpes comme l’utilisation deséléphants, déchaînent lescontroverses et alimentent laconstruction du mythe ».

L’exposition brisera-t-elle le mythe de la traversée des Alpes ?« Le Musée dauphinois est un lieud’expertises et sans certitudeabsolue nous ne pouvons rienaffirmer. Nous avons travaillé avecun climatologue pour appréhenderles transformations topographiquesde la montagne depuis 2300 anssans arriver à une conclusion. Mais est-ce si important deconnaître l’itinéraire de l’arméed’Hannibal alors que Polybe lui-même ne s’y attarde pas ? Certains consacrent leur vie à chercher le col. L’entreprise est très probablement vaine car il n’y a pas d’archéologie sur lesujet ».

Publication

Hannibal et les AlpesUne traversée, un mythe

Ouvrage collectifsous la directionde Jean-PascalJospin et LauraDalaine.

L’épisode de laDeuxième Guerrepunique (219-202avant notre ère),avec la fameusetraversée desAlpes par le général carthaginoisHannibal Barca (247-183 avant J.-C.),est un thème très populaire et ôcombien débattu. Un véritable mythes’est construit autour de la figured’Hannibal et de son périple,notamment sur la question du colfranchi par l’armée punique, en raisonde leurs caractères extraordinaires etdu mystère qui les entoure encore.L’art et la littérature se sontrapidement emparés du phénomènequi a nourri au fil des siècles uneproduction florissante. Encoreaujourd’hui, Hannibal apparaît commeun modèle militaire et ses stratégiesfont toujours autorité, sans parler deséléphants de combat qui terrorisèrentalors les soldats ennemis, marquantprofondément les esprits.

Plusieurs spécialistes français et italiens,universitaires, conservateurs ouarchéologues, apportent un éclairagenouveau sur les conditions du passagemontagnard, sur son contexte(archéologie, gravures rupestres,éléments environnementaux, etc.), maisils rappellent aussi les sourceshistoriques qui le mentionnent etl’engouement extraordinaire que cettetraversée suscite depuis plus de vingt-deux siècles. Editions Infolio. Avril 2011, 146 pages, illustré, N&B et couleur, 29 €

DÉCADRACHME

DIT « DE PÔROS »,

VERS 330 AV. J.-C.

© BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE DE

FRANCE

CONFÉRENCE DE

SCIPION ET

D’ANNIBAL,

D’APRÈS JULES

ROMAIN, GESTES

DE SCIPION,

PREMIÈRE MOITIÉ

DU XVIe SIÈCLE.

MUSÉE DU LOUVRE

© RMN/DR

EN COUVERTURE :

HANNIBAL

ASSIMILÉ

À HÉRACLÈS-

MELQART,

237-209 AV. J.-C.

© BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE DE

FRANCE

HANNIBAL

TRAVERSE LES

ALPES AVEC SON

ARMÉE ET SES

ÉLÉPHANTS,

D'APRÈS

H. LEUTEMANN,

(DÉTAIL), 1866.

© MUSÉE

DAUPHINOIS

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Parlez-nous maintenant del’exposition. « La première partie reprendl’histoire des origines mythiquesde Rome et de Carthage. Deuxempires vont se construire àtravers le dynamisme de leur

Des conférencesDurée : 1h30

JEUDI 19 MAI 2011 À 18H30

Hannibal dans les Alpes : la construction d’un récitPar Michel Tarpin, professeur d’histoirede l’art à l’université de Grenoble etdirecteur du Centre de Recherche enHistoire et histoire de l’art. Italie, PaysAlpins (CRHIPA).

JEUDI 16 JUIN 2011 À 18H30

Les thèmes de l'art rupestreen Maurienne (Savoie). Des cupules néolithiques aux guerriers de l'âge du ferPar Françoise Ballet, conservateur dupatrimoine de la Savoie.Conférence organisée aux Archivesdépartementales de l’Isère, enpartenariat avec le Musée de l’AncienÉvêché.

MERCREDI 5 OCTOBRE 2011 À 18H30

Hannibal et les AllobrogesPar Aimé Bocquet, préhistorienspécialiste des Alpes et auteur del’ouvrage Hannibal chez les Allobroges.

MERCREDI 30 NOVEMBRE 2011 À 18H30

Hannibal et lesenvironnements alpinsPar Philippe Leveau, historien etprofesseur émérite d’antiquiténationale à l’université de Provence.

MERCREDI 18 JANVIER 2012 À 18H30

Les éléphants d’HannibalPar Jean-Pascal Jospin, conservateur enchef au Musée dauphinois.

MERCREDI 14 MARS 2012 À 18H30

HannibalPar Giovanni Brizzi, professeur àl’université de Bologne.

EMBARQUEMENT

D’UN ÉLÉPHANT

SUR UN BATEAU,

MOSAÏQUE, IVe

SIÈCLE AP. J.-C.

© BADISCHES

LANDESMUSEUM,

KARLSRUHE

Un film

SAMEDI 17 SEPTEMBRE 2011 À 19H00

Cabiria Réalisé par Giovanni Pastrone (1914, Italie, VO)Pendant la Deuxième Guerre punique,un espion infiltre Carthage… Un des premiers péplums de l’histoiredu cinéma ! Film muet avec unaccompagnement musical.Dans le cadre des Journées duPatrimoine, en partenariat avec laCinémathèque de Grenoble.

Un spectacle

La parade d’HannibalDIMANCHE 13 MAI 2012 À 17H

Par les ensembles musicaux duConservatoire de Voiron (fanfares,percussions urbaines, etc.) sous ladirection de Michel Bordenet, avec lafanfare hip hop « In Your Brass » et laparticipation d’autres artistes.Le public est invité à participer àla parade !Textes, rythmes depercussions et musiques serontaccessibles sur le site du Muséedauphinois www.musee-dauphinois.frquelques semaines avant lamanifestation.Les enseignants du Conservatoirede Voiron animeront des atelierscuivres et percussions ouverts àtous, de 14 h à 16 h 30.Ceux qui le souhaitent pourront sejoindre ensuite aux musiciens de Laparade d’Hannibal.

Ce spectacle, donné sur les terrassesdu Musée dauphinois, s’inscrit dans lecadre de Musiques au cœur des muséesrelevant du Service des pratiquesartistiques/culture et lien social duConseil général de l’Isère.

Autour de l’expositionSauf mentions contraires, ces rencontres, gratuites et ouvertes à tous, sont organisées au Musée dauphinois.

Des ateliers pour les enfantsVacances au muséeMERCREDI 26 OCTOBRE ET JEUDI 22 DÉCEMBRE 2011, JEUDIS 16 ET 23 FÉVRIER 2012 À 15H

A la conquête de RomePour les 11 – 14 ans

JEUDIS 27 OCTOBRE ET 29 DÉCEMBRE 2011, VENDREDIS 17 ET 24 FÉVRIER 2012 À 15H

Dessine-moi un éléphantÀ partir de 8 ans

Ateliers animés par Le Fil d’Ariane.Durée : 2h – Prix : 3,80 € -Réservations : 04 57 58 89 26

Des visites commentéesAnimées par les guides del’association Le Fil d’Ariane

Visites guidées gratuitesDIMANCHES 2 OCTOBRE, 6 NOVEMBRE ET 4 DÉCEMBRE 2011

Visites couplées des expositionsHannibal et les Alpes au Muséedauphinois/Roches de mémoire auMusée de l’Ancien Évêché.Rendez-vous au Musée dauphinois à 15h. Durée : 2h

DIMANCHES 5 FÉVRIER, 4 MARS ET 1er AVRIL 2012 À 16H30

Visite de l’exposition Hannibal et lesAlpes. Durée : 1h

Visites guidées payantesDimanches 16 octobre 2011, 22 janvier et 13 mars 2012 à 15h30Durée : 1h – Tarif : 3,80 €Gratuit pour les moins de 12 ans

commerce et la puissance de leurflotte. Leur politiqueexpansionniste et la constitution denombreuses colonies lesamèneront à se livrer une longuelutte pour la suprématie de laMéditerranée occidentale. Une

grande carte au sol du bassinméditerranéen en illustre l’enjeu.Tout autour, le visiteur découvre desstèles funéraires, des objets religieux,des monnaies et une amphore quitémoigne de l’importance ducommerce à Carthage.

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Loin d’être anecdotique, l’étude sur lerôle des éléphants de guerre permetd’appréhender les techniquesmilitaires carthaginoises et lesconditions dans lesquelles Hannibal aprogressé, depuis l’Espagne jusqu’enItalie.

Polybe raconte notamment, àpropos de la traversée du Rhône,que des éléphants tombés à l’eaumarchèrent sur le fond du lit enutilisant leur trompe comme untuba. Cet épisode laisse supposerqu’Hannibal passa le Rhône enautomne, lorsque le niveau dufleuve est au plus bas.

L’éléphant de guerre est d’origineindienne. Alexandre le Grand auIVe siècle avant notre ère, le roigrec Pyrrhus avant la premièreguerre punique, combattaient avecdes éléphants de guerre perses etindiens. Ceux d’Hannibal sonttoutefois d’une espèce différente.

Les éléphants d’Hannibal sontidentifiés d’après l’iconographie de l’époque (monnaies,céramiques). Ils appartiennent àune espèce africaine de forêt,Loxodonta cyclotis et se distinguentdes éléphants de savane(Loxodonta africana), plus

MERCREDI 18JANVIER 2012 À 18 H 30 AU MUSÉEDAUPHINOISCONFÉRENCEDEJEAN-PASCALJOSPIN,CONSERVATEUREN CHEF AU MUSÉEDAUPHINOIS

répandus, par la taille inférieure etdes pattes proportionnellementplus longues.

Mais l’animal n’est pas aussibonhomme qu’il n’y paraît ! LesRomains remarquèrent que lesbêtes blessées paniquaient etattaquaient aveuglement, leursmaîtres compris. Ils constituèrentalors un corps d’élite, les vélites,chargés de mener des embuscadesafin de blesser les pachydermespour qu’ils se retournent contreleur propre armée. À malin, malin et demi… �

ÉLÉPHANT ET

SON CORNAC,

237-209 AV. J.-C.

© BIBLIOTHÈQUE

NATIONALE DE

FRANCE

ÉLÉPHANTS

AU COMBAT,

CHARGÉS DE

GUERRIERS

PERSES,

CHARLES

LE BRUN,

VERS 1663-1673.

MUSÉE DU

LOUVRE.

© RMN/T. LE MAGE

Un casqueromain du IVe

siècle avant J.-C.symbolise lapuissance del'Empire qui, ensix siècles,parvint à

dominerl’ensemble du

monde méditerranéen.Le parcours emprunte

ensuite un couloir dans lequelde grandes illustrations présententles deux armées rivales se faisantface. Nous sommes au temps de lapremière guerre punique.

La seconde partie de l'expositionnous projette dans la deuxièmeguerre punique, sur les tracesd'Hannibal et dans sa traversée des Alpes. L’armée carthaginoiseest alors une armée hétéroclitecomposée de Numides, d’Ibères,de Gaulois et de quelquesCarthaginois avec un nombreconséquent de mercenaires… et 37 éléphants ! L'expositionprésente des statuettes de cavaliers ibériques enrôlés dans l’armée d’Hannibal, provenant du musée archéologique de Barcelone. La scénographie nous plonge entre les sommets des Alpes,

on y découvre les Gaulois avec leurmobilier, leurs armes et leursparures.Le visiteur est alors invité àpartager les différentes thèses deshistoriens sur l’itinéraire empruntépar l’armée d’Hannibal. Unparcours emporte notre préférenceet nous tentons d’en démontrer lapertinence dans une projectionvidéo qui par ailleurs, confirme enfiligrane la qualité de stratèged’Hannibal. Films documentaires,reconstitutions de batailles,gravures rupestres de Maurienneet du Val de Suze apportentd’autres éclairages, sans réussirtoutefois à découvrir le chaînonmanquant.

Les éléphants d’Hannibal

La troisième et dernière partie del'exposition aborde le mythed'Hannibal. Elle prend place dansun long couloir comme pouraccompagner le héros au fil desrécits, des romans ou des films quirelatent la figure légendaire duCarthaginois. Tous concourent àl'entretien du mythe à l’instar dutableau de Bénédict Masson,Hannibal franchissant les Alpes, unehuile sur toile de 1860 provenantdu musée des Beaux-Arts deChambéry ou encore desnombreux fac-similés de tableauxde Turner, David, ... ». �

* Jean-Pascal Jospin, conservateur en chef au Musée dauphinois, commissaire del’exposition.

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« Les Romains n’y sont pour riendans la construction du mythed’Hannibal, même s’ils l’ont glorifiépour valoriser leur proprevictoire… Dans l’Antiquité en effet, Hannibal est présentécomme un personnage importantde l’histoire, mais vaincu parRome. Très vite, Hannibal devientun “lieu commun littéraire”,surtout évoqué pour prouver qued’autres l’ont dépassé.

Au IVe siècle de notre ère parexemple, voulant flatter unempereur, on prétendit que satraversée des Alpes avec sonarmée fut plus héroïque que celled’Hannibal. Sans préciser bien sûrque les voies n’étaient pas aussiaménagées pour les arméescarthaginoises…

Hannibal, ce héros moderneLongtemps, la tradition littérairereconnaît Hannibal comme ungrand chef de guerre, mais plusstratège que passeur des Alpes.Hannibal passeur des Alpes naîtavec l’actualité des guerres d’Italie à la fin du XVe siècle quand le roi deFrance traverse à son tour le massifavec ses armées et ses canons.L’exploit du passage fait lien, mais Hannibal ouvreur de routes,c’est un peu ça qu’on réinvente àcette époque !

Le XVIe siècle va se passionner deplus belle pour le héroscarthaginois et livrer unefoisonnante iconographie quialimente l'imaginaire commun,d'autant que l'univers philosophiquede la Renaissance puise largementses thèmes dans l'Antiquité.

JEUDI 19 MAI 2011À 18H30HANNIBAL DANSLES ALPES : LACONSTRUCTIOND’UN RÉCIT.PAR MICHELTARPIN.

Tout le monde aujourd’hui connaîtHannibal. Très certainement enraison du mythe moderne qui s'estfinalement ancré, mais peut-êtreaussi parce que la question estdevenue un débat d'érudition dèsle XIXe siècle. On publie un livresur Hannibal chaque année à peuprès, on livre une bataille du savoir,on cherche à le faire passer danssa commune, on s’inonde du mytheet au final, comme pour redresserl'histoire, c'est Hannibal quiapporte sa gloire aux Alpes. » �

* Michel Tarpin, professeur d’histoire de l’artà l’université de Grenoble et directeur duCentre de Recherche en Histoire et histoirede l’art. Italie, Pays Alpins (CRHIPA)

SCÈNE DE

BATAILLE :

HANNIBAL

CONTRE LES

ROMAINS,

CLAUDE-JOSEPH

VERDIER,

XVIIIe SIÈCLE

© MUSÉE DE

GRENOBLE /

J.-L. LACROIX

Le Musée sort de ses réservesLes objets des collections du Muséedauphinois ne trouvent pas toujoursune exposition temporaire pourquitter leur réserve et se montrer au grand jour. Pourtant, du pommeaude selle millénaire dégagé du lac dePaladru à l’ancienne bicyclette decourse, la diversité du fonds est grande

et mérite d'être découverte. Pour répondre à l'injustice faite à cestrésors cachés, le musée réalise une suite de portraits vidéos sur des objets remarquables. Ces séquences, commentées par les conservateurs, enrichiront une galerie en ligne qui complètera les espaces de rencontre avec le public que sont les expositions ou les publications. www.musee-dauphinois.frrubrique collections/vous avez dit objet ?

Le Gant de GrenobleSix siècles et cinq doigts« Il n'est bon gant que de Grenoble » se répétait-on jadis. Des milliersde femmes et d'hommes, dans la ville mais aussi à la campagne, ontcoupé, cousu, orné des millions de gants de peau, vendus à l'échelledu globe. Des boutiques à l'enseigne Au gant de Grenoble ont pris

En brefplace sur les avenues les plus élégantes de New York, de Moscou, de Londres, de Paris et d'ailleurs, fixant l'image d'une production de luxe et d'un savoir-faireincomparable sur la capitale alpine. Innovations techniques à l'origine des grands essors industriels, mais aussi sociales, telle l'entraide mutuelle, sont à mettre au créditdes artisans et industriels gantiers de Grenoble.Cette histoire multiséculaire marque une identité aussi constitutive de l'Isère que l'hydroélectricité, le textile ou la recherche. De cette étonnante aventure humaine aujourd'hui quasiment disparue,il est urgent de conserver la mémoire.Le Gant de Grenoble - Six siècles et cinq doigts par Anne Cayol-Gerin - Editions du Dauphiné Libéré,collection Les patrimoines - février 2011 - 7,90 €

Vive l’Afrique !La mobilisation des acteurs locaux autour du programme Afrique-Isère que le Musée dauphinois a initié est exceptionnelle. Elle rassemble en effet plus d’une centaine de partenaires. C’est dire si l’envie est forte dans ce département de faire connaîtrel’histoire de ce continent, berceau de l’humanité, et l’extraordinairerichesse de ses cultures. De nombreux événements (expositions, conférences, films, contes, pièces de théâtre, concerts, spectacles de danse…) seront encore proposés au publicdans tout le département jusqu’au mois de juillet 2011. �

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Parler d’art préhistorique revientsouvent à évoquer les décors desgrottes paléolithiques, commeChauvet (30 000 ans av. J.-C.). Mais ce mode d’expression ne sauraitfaire oublier l’art rupestre (rupestris :rocher), caractérisé, dans les Alpes,par des gravures réalisées enextérieur sur des roches situées en fonds de vallées ou dans des sitesd’altitude.

Incisés dans la pierre entre la findu Néolithique (3 200 av. J.-C.) et le début de l’époque romaine (Ier siècle av. J.-C.), cestémoignages sont précieux et n’ontpas encore livré tous leurs secrets.

En amoureux de la montagne qu'ilpratique et photographie depuisdes années, Emmanuel Breteau a souhaité capturer dans lesmoindres détails ces motifs érodéspar le temps. Pour cela, il a créédes conditions de studio, opérantde nuit dans les “sanctuaires”d'altitude, muni d'éclairageartificiel. Par le jeu de l’ombre etde la lumière, ses clichés révèlentles traits gravés et la puissanceévocatrice des gravures. Les thèmes représentés évoquentles préoccupations et le quotidiendes hommes sur près de quatremillénaires : ils sont chasseurs puiséleveurs (dessins animaliers),agriculteurs (scènes de labours),

Des traces sans histoire…

TABLE DE

L'ARCELLE NEUVE.

SAVOIE,

LANSLEVILLARD.

Autour de l’exposition...

un programme de découvertesPour en savoir plus, rendez vous sur www.ancien-eveche-isere.fr

puissants guerriers (poignards,hallebardes) mais aussi danseurs…Plus délicate reste la lecture deshommes en prière (les orants), des motifs géométriques ou encoredes pierres à cupules. Les spécialistes témoignent que ce mode d’expression desgens de la montagne relève, au-delà de la simple trace, depratiques magico-religieusesattachées aux représentations du monde et de ses divinités. Plus de soixante photographiesexplicitées sont présentées en unparcours qui sillonne l’arc alpin.Situé à la frontière entre démarcheartistique sensible et savoirsscientifiques, ce travailexceptionnel propose pour lapremière fois une vision élargie et originale de cet art rupestrepréhistorique, et suscite uneextraordinaire curiosité. �

Du 22 avril 2011 au 9 janvier 2012Musée de l’Ancien Évêché2 rue très-Cloîtres38 000 Grenobletél : 04 76 03 15 25

• Très belles expositions ! Attention toutefois de ne pas abuser des installations sonores, tant pour la qualité de celles-ci quepour le volume. Très bellemuséographie tout de même. Merci �Nous comprenons votre réaction, car lepublic, même averti, est plus habitué à visiterun musée dans le silence, qui favoriseconcentration et appropriation des oeuvres et des textes. Mais le son – discours oral,bruits d’ambiance ou musique traditionnelle – fait partie de notre mémoire,au même titre que l’image ou l’objet témoin. Il constitue donc une part importante del’approche muséographique, revendiquée delongue date au Musée dauphinois.D’ailleurs les collections du musée conserventquantité d’heures d’enquêtes ethnographiquesdont les personnes ressources ne sont plus envie ou de musiques populaires qui ontaujourd’hui totalement disparu ; il est du rôlede notre musée de conserver ce précieuxpatrimoine immatériel mais aussi - et surtout- de le restituer au public par le biais desexpositions.Mais nous veillerons bien sûr dans lesprochaines expositions en relation avec notrescénographe, à ce que ces installations sonoressoient utilisées à bon escient et ne perturbentpas le confort ou le plaisir de votre visite.

Le musée est intéressant… mais jetrouve que dans la partie consacrée àl’Afrique, le parti-pris anticolonialisteou antieuropéen est un peu tropperceptible… une plus granderecherche d’impartialité – certesdifficile, mais possible – aurait étépréférable – et ceci n’aurait rien enlevé

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Les musées vivent des mutationsque n’imaginent pas leurs visiteurs.Dont celles qui voient des agentspartir pour de nouveaux cieux,voire se retirer pour une retraitetoujours “bien méritée”. Parexception, l’équipe du Muséedauphinois veut saluer dans sonjournal le départ de son directeur,Jean-Claude Duclos. Il dirigeait eneffet le musée depuis dix ans, maisdepuis bien plus longtemps il eninspirait une large part de sapolitique d’expositions. C’est lui qui avait notammentassuré la riche programmationd’événements du centenaire dumusée (en 2006), rappelant àl’occasion quelle belle descendanceavait permis à cette maison deperpétuer tout au long de son

aux qualités et mérites des Africainssur lesquelles on a voulu insister. �Afin de réaliser ce projet, le Muséedauphinois a souhaité s’appuyer sur lacaution scientifique des meilleurs spécialistesfrançais et africains de l’histoire du continent.Il n’y a donc pas de parti pris, maisseulement la volonté de rappeler sans détoursla réalité de la colonisation et sesconséquences les plus dramatiques. Il noussemble que ce travail d’histoire, quitte à leverle voile sur les aspects sur les plus sombres, estabsolument nécessaire pour favoriser ledialogue entre l’Afrique et l’Europe.

Belle exposition sur l’Afrique mais jeregrette cependant que la part soit faitesi belle à l’homme africain et que lafemme africaine soit si peu présente(surtout dans la partie artistique…). �C’est oublier le magnifique visage de cettejeune femme de l’ethnie surie, photographiéepar Hans Silvester, dans la vallée de l’Omo,en Éthiopie, qui a été choisie pour illustrer lacommunication de cette exposition. Votreimpression peut tenir au fait que le Muséedauphinois a privilégié parmi cesphotographies celles renvoyant aux modes devie pastoraux – thèmes qui nous sont chers –et qui sont pour l’essentiel le quotidien deshommes dans cette société patriarcale.

Cette expo sur l’Afrique estprimitiviste, sans aucune analysepolitique du pourquoi on en est là.Alors on peut s’extasier sur les lieuxcommuns, les peintures corporelles etles gens à poil, mais nulle part n’estvraiment abordé le fait que desavenues de Grenoble portent le nomdu colonialisme que vous prétendez

critiquer. PS : Erreur scientifiquemajeure, Coppens n’a jamais mis lespieds sur le site de Lucy en 1974.C’est une belle imposture. �Le Musée dauphinois espère avoir rappelé lesdéviances de cette idéologie coloniale… Parailleurs, les photographies d’Hans Silvesterinvitent à admirer des peintures corporelles,souvent comparées aux plus belles œuvresd’art produites en Occident. Pourquoi sepriver de les montrer ? Au-delà, ce travailnourrit une réflexion sur les rapports aucorps et à la nature, au moment où nousnous interrogeons sur l’évolution de nossociétés face à la modernisation. En outre lavallée de l’Omo, que les paléoanthropologuesconsidèrent comme l’un des berceaux del’humanité, est aussi l’un des rares territoiresafricains préservés de la colonisation. Quantà l’histoire locale, le musée n’a jamaisparticipé à bâtir un quelconque mythegrenoblois ou isérois (rappelez-vous del’exposition Rester libres !). S’agissant d’YvesCoppens, enfin, nous sommes fiers et heureuxde l’avoir compté parmi les parrains de cetteopération et ne doutons absolument pas de laresponsabilité qu’il eût dans la découverte deLucy.

Sous prétexte de fêter le tricentenairede la naissance de Vaucanson, leMusée dauphinois présente depuis le22 avril 2010 une exposition à lagloire de l’homme artificiel. Laquelleest cofinancée par le Conseil général del’Isère. En juin 2006, son présidentAndré Vallini avouait que « saconscience citoyenne » avait été« alertée » par la manifestation contrel’inauguration de Minatec et lesnécrotechnologies. On voit qu’il s’est

bien remis de ce bref accès delucidité… �Pourquoi affirmer que cette exposition est à« la gloire de Vaucanson » ? En raison du« Tricentenaire Vaucanson », à l’origine decette manifestation ? Une commémoration estsurtout l’occasion de revenir sur les savoirs etles mythes engendrés par certainspersonnages, qui n’en deviennent pas deshéros pour autant.Le propos muséographique retenu est lerésultat de travaux d’un conseil scientifiqueformé d’historiens, d’historiens des techniques,de philosophes et d’anthropologues. Ils ontpermis de montrer de façon objective ladiversité et la portée - mais aussi l’échec - desinnovations de Vaucanson au siècle desLumières. Ainsi, l’exposition évoquenotamment les conflits entre Vaucanson et lesouvriers de la soierie opposés à la nouvelleréglementation économique qui donnait unpouvoir accru aux riches marchandslyonnais. L’exposition a permis par ailleurs à plus de2500 élèves de nourrir un travail avec leursenseignants autour de l’innovation et dudifficile rapport homme-machine au coursdes siècles.Vous aurai-je convaincu de la rigueur quipréside à nos expositions, ne serait-ce quepour atteindre l’objectif pédagogique que sedonne le musée ?

L’exposition sur Vaucanson est toutbonnement scandaleuse : elle assure lapropagande d’un monde artificiel etrobotisé où l’humain n’aura plus saplace. Elle présente comme inéluctablecette évolution, comme si on n’avaitpas le choix de refuser ce mondeartificiel, mécanisé, robotisé, sans les

imperfections qui font l’essence del’humain. Cette absence d’espritcritique est-elle due au fait que leConseil général de l'Isère finance leMusée dauphinois mais aussi le CEA,Minatec & consorts, producteurs deces merdes robotisées ? �Le rôle d’un musée de société n’est passeulement de conserver des objets ou derestituer la mémoire. Il se doit de construiredes passerelles entre les savoirs et le public,entre les sciences et les enjeux sociaux actuels.Et pour cela, observer et questionner lestendances ou les contradictions de notremonde contemporain. Le Musée dauphinois est donc fort éloignéd’une politique propagandiste. Nulleintention de prendre parti ou de manipuler lepublic mais bien au contraire tenterd’amener celui-ci à réfléchir audéveloppement des neurosciences et destechnologies informatiques rendant possiblel’émergence d’objets doués d’ “intelligenceartificielle” qui envahissent notre quotidien. Nous vous rappelons que l’exposition s’achèvepar un texte intitulé « Que serons-nousdemain ? » et par une liste de questionsadressées au public afin que chacun puisseprendre position vis à vis de ces tendances.Sans oublier que ces « m… robotisées »apportent aussi des avancées majeures dansle domaine de la santé (cœur artificiel,implants divers…) et permettent à desmilliers de personnes handicapées debénéficier de prothèses robotisées leur rendantl’usage d’un membre disparu… Exposer, c’est susciter le débat. Pourquoin’êtes-vous pas venus vous exprimer lors d’uneconférence ou pourquoi n’avez-vous pasrépondu à notre invitation à participer auconseil scientifique de l’exposition ?

histoire quelques grands principes.Depuis le fondateur, HyppoliteMüller, c’est en effet une mêmeconception du patrimoine qui aprévalu, faisant la meilleure placeaux hommes et aux femmes quiont vécu sur ce territoire, par delàles objets qui portent témoignagede leur passage. On ne saurait citer les nombreusesexpositions que l’on doit à Jean-Claude Duclos. Des thèmes lesplus larges (comme Gens deL’Alpe), aux sujets plus délicats etnon moins importants (commeEugénie Goldstern, ethnologue dansl’Europe des deux guerres),

la même attention étaitportée aux valeurs quel’histoire et le patrimoinepermettent de transmettre. Mais c’est surtout par lesexpositions consacrées auxcommunautés d’origineétrangère et par la mise en

évidence de leur apport à notrepropre identité régionale que Jean-Claude Duclos a profondémentmarqué la spécificité de ce musée.Les Italiens, les Grecs, lesArméniens, les Maghrébins, lesPieds-noirs, etc. se sont vus ainsireconnus comme membres d’unemême communauté, iséroise,dauphinoise, alpine... et françaisebien sûr.Poursuivant son œuvre, l’équipesouhaite conserver et transmettreces valeurs qui font toute la noblesse des équipementsculturels contemporains et toute

l’utilité des musées dits “desociété”. �

Le courrier des visiteurs

Le départ de Jean-Claude Duclos

Changement

Page 8: LE JOURNAL DES EXPOSITIONS - musee-dauphinois.fr · Devenus une source d’inspiration pour les écrivains et les artistes, le personnage d’Hannibal, le passage ... Un des premiers

Musée dauphinoisOuvert tous les jours sauf le mardi, de 10h à 18h du 1er septembre au 31 mai et de 10h à 19h du 1er juin au 31 août.Fermetures exceptionnelles les 1er janvier, 1er mai et 25 décembre.

30 rue Maurice Gignoux 38031 Grenoble cedex 1Téléphone 04 57 58 89 01

www.musee-dauphinois . fr

Directeur de la publication Jean GuibalConception, coordination Agnès JonquèresRédaction Olivier Cogne, Nicolas Darnault, JeanGuibal, Agnès Jonquères, Laurent Rizzo, CécileSapin, Chantal SpillemaeckerConception graphique Hervé FrumyRéalisation graphique Francis RichardCrédits photographiques : Denis Vinçon, EmmanuelBreteau.Imprimerie des Deux-Ponts/Bresson / Tirage 10 000 ex.Dépôt légal : 2e trimestre 2011 • ISSN en cours

Numéro 18 • avril 2011LE JOURNAL DES EXPOSITIONS

L’entrée est gratuite dans les musées départementaux.

Vaucanson etl’homme artificiel.Des automates aux robotsjusqu’au 30 juin 2011

Ce que nous devonsà l’AfriqueJusqu’au 9 janvier 2012

S’appuyant sur les liens nombreux quiexistent entre notre département etl’Italie, et en relation avec le150e anniversaire de l’Unità, le Muséedauphinois prépare une grandeexposition dédiée à la présenceitalienne dans notre région, depuisl’époque des Allobroges jusqu’àaujourd’hui, qui sera inaugurée lejeudi 20 octobre 2011.

Ce projet s’inscrit dans la lignéedes travaux consacrés par le muséeaux identités locales. Il permettrade faire découvrir les recherchesles plus récentes, tels cesbanquiers et hommes d’affairesqui, venus d’Italie du Nord, ont participé au développement du Dauphiné à la fin du MoyenÂge, ou encore ces patriotestransalpins, favorables aux idées de la Révolution, exilés en France et en Isère à la fin du XVIIIe siècle. Une large place sera faite àl’histoire des dizaines de milliersde migrants italiens arrivés dans ce département du milieu duXIXe siècle jusqu’aux années 1960, pour souligner les apportssocioéconomiques, mais aussiculturels de cette population. De nombreux objets et documentsiconographiques, pour la plupartinédits, issus de collectionspubliques et privées, serontprésentés tout au long de ceparcours.

La richesse de la culture italiennedans notre patrimoine, donttémoignent notamment les pratiques linguistiques etalimentaires des Isérois, seraégalement développée dansl’exposition. Une réflexion autourde l’“italianité” et de sesreprésentations au sein de lapopulation locale aujourd’hui sera proposée, sur la base d’uneréalisation photographique et audiovisuelle.

Un ouvrage collectif, abondammentillustré, offrira un prolongement àce travail avec plus d’une vingtainede contributions d’historiens, de politologues, d’anthropologues,mais aussi des témoignages de primo-arrivants installés dans ce département au cours de la première moitié du siècledernier. C’est enfin un programmede nombreux événements quiauront lieu dans toute l’Isèredurant la saison 2011-2012, avec le concours de plusieurs dizainesde partenaires associatifs, culturels et universitaires locaux. Conférences-débats, projections de films, concerts, spectacles de danse, pièces de théâtre,ateliers pédagogiques seront autant de moments proposés au public pour découvrir l’histoire et la culture italienne. �

Gens de l’alpe

La Grande histoire du ski

Comme un air d’Italie

Prochaine exposition

COUREURS

CYCLISTES

DU CERCLE

SPORTIF

ITALIEN,

1928